, Ce guide est à destination des élus, des responsables techniques de l’espace public (urbanisme, espaces verts, VRD) et autres porteurs de projets urbains durables

(agenda 21, zéro pesticide, chartes environnementales…).

L’urbanisation effrénée et ses impacts sur l’environnement et la qualité de vie, amènent aujourd’hui les acteurs de l’espace public à s’interroger sur la gestion des villes de demain.

L’étalement urbain et l’augmentation des surfaces à entretenir deviennent des problématiques majeures dans un contexte où les moyens financiers et humains sont en régression ou, au mieux, en stagnation.

Parallèlement à ces difficultés s’ajoute, notamment pour les collectivités, une réglementation de plus en plus contraignante liée aux impacts sanitaires et environnementaux des méthodes chimiques d’entretien de l’espace public (espace vert, voirie) : la dégradation des milieux naturels, l’érosion de la biodiversité, l’exposition de l’agent technique mais aussi de l’usager (riverain).

Il parait donc essentiel, au regard de ces nouveaux enjeux, de s’inscrire dans une démarche permettant d’intégrer l’ensemble des contraintes liées à la gestion traditionnelle des espaces publics. La transition vers une gestion plus saine et économiquement viable passe nécessairement par la découverte de nouvelles techniques et par la remise en question des pratiques actuelles.

POURQUOI ?

L’intégration des enjeux de développement durable dans l’aménagement et l’entretien des espaces publics nécessite d’engager une démarche sur le long terme. A travers une volonté politique forte, la concertation de tous les acteurs est indispensable afin de répondre aux besoins des usagers tout en s’assurant de l’adhésion des agents techniques.

Ce guide a pour objectif de présenter cette démarche à travers différents points :

, Le végétal et la nature en ville, L’aménagement urbain, La problématique du désherbage, La communication

b EllEs s’EngagEnt …

Dans le but d’illustrer la démarche, les témoignages de deux communes engagées apportent des informations complémentaires, utiles aux décideurs : les raisons, les freins et les étapes du changement.

RaMBERVIllERs, VOsgEs / lorraine

engagée dans la gestion durable depuis 2004

Catherine PaYEUR............................................................................................Directrice des services espaces verts, urbanisme et installations sportives

Nb d’habitants : 5 669Caractéristiques : labélisée 3 fleurs (Villes & Villages Fleuris)Une serre municipale et plusieurs terrains de sports.Surface de gestion : 55 haNb d’agents : 10Consommation de pesticides : 28 l / an

FEGERSHEIM, BAS-RHIN / Alsace

engagée dans la gestion durable depuis 2005

sébastien RIFF............................................................................................Responsable des espaces verts

Nb d’habitants : 5 432Caractéristiques : labélisée 3 fleurs (Villes & Villages Fleuris)Plusieurs terrains de sports.Surface de gestion : 12 haNb d’agents : 3Consommation de pesticides : 5 l / an

3

UnE gEstIOn dURaBlE dE l’EsPaCE PUBlIC

R F

R FInterview RaMBERVIllERs Interview FEgERsHEIM

DE LA GESTION TRADITIONNELLE …

Homogénéité

« Mauvaise herbe »

Pesticides

Milieu aseptisé

Nature domestiquée Entretien régulier

b LES PESTICIDES* sont utilisés pour protéger les plantes des organismes nuisibles ou pour détruire les végétaux indésirables. Ces substances chimiques se dégradent très lentement et peuvent ainsi contaminer eau, air, sol et organismes vivants sur des distances considérables (évaporation, infiltration, ingestion...).

Environ 50 % des eaux souterraines contiennent des pesticides ou leurs métabolites (AERM, 2010).

Environ 95 % des rivières contiennent des pesticides ou leur métabolites, dont plus de 65 % sont des herbicides (AERM, 2010).

Outre la problématique écologique, ces produits portent également préjudice à la santé humaine : allergies, problèmes neurologiques, troubles de la reproduction, ...

Le plan national ECOPHYTO vise à sécuriser et réduire l’utilisation des pesticides, notamment à travers la certification individuelle de tous les utilisateurs professionnels.

L’agence de l’eau Rhin-Meuse propose un appui technique et financier aux communes souhaitant s’engager dans une démarche « zéro pesticide ».

* appelés également produits phytosanitaires ou encore phytopharmaceutiques

Pour 90% des français, le vert est un élément essentiel de la vie quotidienne (Unep-Ipsos 2013).

5

… À LA GESTION DURABLE.

Diversité

« Végétation spontanée »

Techniques alternatives

Biodiversité

Nature valorisée Entretien adapté

b LA BIODIVERSITÉ ou diversité biologique, correspond à l’ensemble des formes de vie sur Terre et aux relations qui existent entre elles et avec leurs milieux. Sa préservation est un enjeu majeur non seulement pour l’avenir de la planète mais aussi pour notre santé.

80% de la population de la planète dépendent des remèdes traditionnels issus d’espèces sauvages (OMS).

Les végétaux participent également à la purification de l’air, en fixant notamment le CO2, et à la régulation du climat.

Pourtant, 165 ha de milieu naturel sont détruits chaque jour en France (MEDDE, 2012). Les pratiques humaines (urbanisation croissante, déforestation, pollutions…) en sont les principales responsables.

Le modèle horticole standard nécessite d’évoluer vers une gestion différenciée des espaces : leurs usages, leur fréquentation et leur potentiel écologique doivent être évalués pour ensuite

permettre de définir des objectifs de gestion précis, qui tiennent compte des moyens humains et matériels disponibles.

La modification de la gestion du paysage doit également se faire en concertation avec les riverains afin de s’assurer que les changements soient en adéquation avec leurs attentes.

Un nOUVEaU REgaRd sUR lEs EsPaCEs VERts Et lE Végétal En VIllE

« UnE REMIsE En QUEstIOn »

Initialement, la commune était divisée en secteurs, chacun géré par une équipe dédiée. L’augmentation de la charge de travail et l’impasse du tout horticole nous a amené à repenser la gestion de manière globale à l’échelle de notre commune. L’intervention extérieure d’un bureau spécialisé, nous a permis de cartographier nos espaces pour mieux appréhender la gestion communale, de former nos agents, de sensibiliser les habitants et surtout d’apporter un regard critique extérieur sur la gestion de nos espaces publics.

Notre sensibilité environnementale en interne et notre capacité à remettre en question nos pratiques ont favorisés cette nouvelle démarche.

« tROP dE COntRaIntEs lIéEs aUx PEstICIdEs »

Avant 2005, tous nos espaces étaient entretenus uniformément avec des pesticides. Les contraintes liées à l’utilisation de ces produits (port des EPI notamment), la lassitude des agents et les vives critiques des particuliers face aux pollutions induites nous ont amené à changer nos pratiques d’entretien. La volonté politique locale et régionale a également été un facteur déterminant.Une gestion différenciée a donc été mise en place, avec l’appui technique d’un bureau spécialisé. Des zones de fauchage ont été installées et un désherbeur thermique acheté. Les bacs et suspensions ont été équipés de réserves d’eau. L’entretien des massifs est hiérarchisé et ils accueillent désormais des plantes vivaces.

Près de 7 européens sur 10 choisissent leur lieu d’habitation en fonction de sa proximité avec un espace vert (Unep-Ipsos 2013)

.........................................................................................................................................................

b déMaRCHE glOBalE : , Engagement politique, Sensibilisation et formation des agents, Communication auprès du grand public

b MétHOdOlOgIE : , Inventorier les espaces à gérer, Classer les espaces selon leurs usages et potentiels écologiques, Adapter un entretien selon les classes définies, Anticiper la gestion future dès la conception de nouveaux espaces

R FInterview RaMBERVIllERs Interview FEgERsHEIM

R F

7

la gEstIOn dIFFéREnCIéE dEs EsPaCEs VERts , En gestion différenciée, l’entretien est adapté aux pratiques et usages d’un espace considéré (en fonction d’un plan de gestion établi). Cette approche économique de l’entretien (puisque réalisé selon les besoins), est également écologique car elle permet de diversifier les habitats écologiques sur des espaces géographiquement proches, et donc de diversifier les espèces animales et végétales (biodiversité).

Valoriser patrimoine et savoir-faire horticole sur les espaces de grande fréquentation à haute valeur patrimoniale. (Ex : massif devant la mairie)

Proposer des ambiances paysagères diversifiées, adaptées aux usages des riverains. (Ex : les quartiers résidentiels)

Protéger et valoriser les zones d’accueil de la biodiversité. (Ex : les berges des cours d’eau)

, Des espaces intermédiaires

, Des espaces de prestige

, Des espaces naturels

AMÉNAGER ET ENTRETENIR DURABLEMENT

« INVESTIR AUJOURD’HUI POUR GAGNER DU TEMPS DEMAIN »

Nos nouveaux aménagements sont adaptés aux techniques alternatives acquises par la commune et intègrent au maximum la problématique d’entretien. Ainsi, nous anticipons pour faciliter l’intervention et limiter la pousse des adventices : signalisation et mobilier urbain intégrés dans les massifs ou sur socle imperméable, voirie sans bordures avec caniveau central, revêtements écologiques (de type éco-sol, qui ne nécessite aucun entretien), semis en pied de mur, …

Même si les techniques alternatives permettent de remplacer les pesticides, il est nécessaire d’avoir une plus grande tolérance envers la présence de végétation spontanée.

« ASSOCIER LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES ET CURATIVES »

Nous mettons en œuvre des techniques préventives pour limiter le désherbage comme le paillage, les toiles biodégradables sur l’ensemble des massifs, des plantes couvre-sol et nous avons élevé notre seuil de tolérance pour accueillir la végétation spontanée, à travers l’enherbement des pavés, gravillons, stabilisés et pieds d’arbre par exemple.

Pour les techniques curatives, nous utilisons la débroussailleuse et le désherbage thermique pour les zones sensibles, à proximité de points d’eau et les voiries. Lors des nouveaux projets, le service technique est consulté pour anticiper et faciliter la gestion de la végétation spontanée dans les futurs aménagements.

b AMÉNAGER AVEC LE VÉGÉTAL : , Anticiper la pousse en couvrant les espaces nus , Enherber pour remplacer le désherbage par la tonte, Eviter les espaces contraignants pour faciliter l’entretien, Utiliser des végétaux adaptés aux conditions de plantation, Adapter le type de fleurissement à la vitesse de déplacement des usagers

ACCUEILLIR LA VÉGÉTATION DÈS QUE POSSIBLE FAVORISER LES CONTINUITÉS DE REVÊTEMENT.........................................................................................................................................................

R FInterview RAMBERVILLERS Interview FEGERSHEIM

R F

lEs altERnatIVEs aU CHIMIQUE :

Les techniques alternatives dites « écologiques » demandent un passage plus fréquent qu’avec un traitement chimique. A l’échelle d’une commune, il est donc difficile d’éradiquer toutes les adventices.

C’est pourquoi ces techniques permettent de faire la transition vers une ville durable, où l’accueil de la végétation spontanée est anticipé dès la conception des aménagements.

b RaPPEl RéglEMEntaIRE : Il est interdit d’utiliser des produits classés toxiques, nocifs ou irritants à moins de 50 m des espaces fréquentés par des personnes vulnérables (maison de retraite, cours d’écoles, aires de jeux, crèches …) – Arrêté du 27 juin 2011

adaPtER l’EsPaCE À l’UsagEIntégRER lE MOBIlIER URBaIn POUR FaCIlItER l’EntREtIEn.........................................................................................................................................................

.........................................................................................................................................................

9

b Des techniques préventives , couvre–sol , paillage

b Des techniques curatives , mécanique , thermique

b Le balayage, à la fois préventif et curatif.

Ces techniques alternatives ne sont pas sans impacts sur l’environnement : rejets de G.E.S, consommation de ressources naturelles… Privilégiez, lorsque c’est possible, la plus écologique : le désherbage manuel. Entretenir sans désherbant chimique, c’est aussi mieux accepter la végétation spontanée. Cette tolérance s’acquière grâce à une communication adaptée.

1

1 2

2

3

2 3

La gestion durable crée des espaces aux fonctions variées, permettant de mettre en avant de nouvelles techniques et offrant des paysages diversifiés. Une bonne communication est primordiale : elle permettra de faire comprendre et accepter cette nouvelle gestion, avec les divers intérêts et changements qu’elle implique.

Communiquer auprès de la population grâce à :

, des panneaux de communication, la formation des agents techniques , l’organisation d’événements (journée de la biodiversité, bourse aux plantes, …), l’implication des habitants à la démarche (jardins familiaux, fleurissement des pieds de murs, …)

COMMUNIQUER

« RECRÉER UN DIALOGUE ENTRE SERVICES ET HABITANTS » Nous avons très tôt essayé d’impliquer la population à la démarche par le biais d’une enquête sur leurs espaces publics. Nous communiquons auprès des adultes comme des enfants régulièrement grâce à des panneaux, des expositions et nous allons chaque année à la rencontre des habitants en tenant un stand au marché. Un travail avec les différentes associations du territoire et les scolaires permet également d’implanter notre démarche qui a permis de recréer du dialogue et un lien social entre les services et les administrés. Certains commencent même à semer leurs pieds de mur !

« COMMUNIQUER AUPRÈS DES ADMINISTRÉS »

Afin de faire accepter aux administrés la présence de la végétation spontanée dans certains espaces, nous avons mis en place différents supports de communication.

Des articles ont été diffusés dans le bulletin communal et sur le site internet de la commune. Des panneaux de communication ponctuels ont permis de décrire les zones d’expérimentation.Nous avons également sensibilisé les particuliers aux bonnes pratiques d’entretien lors de manifestations et d’ateliers.

R FInterview RAMBERVILLERS Interview FEGERSHEIM

R F

ZONE DE

BIODIVERSITÉ

Les pLus :

, Diminution de plus de 70% de la consommation de pesticides , Valorisation du travail des agents , Diversité paysagère et biologique , Gain de temps sur le poste de tonte grâce à la fauche tardive (1 journée par semaine en saison)

Le ressenti :

Il est plus compliqué d’adapter l’entretien aux différents espaces que d’appliquer le même sur l’ensemble du territoire : mais l’augmentation de la charge de travail et la stagnation des budgets nécessitent de remettre du bon sens dans nos actions et d’intervenir de manière raisonnée. La transition vers le « zéro pesticide » implique la compréhension des enjeux et un investissement humain et technique pour pouvoir économiser au long terme et profiter d’un cadre de vie plus agréable.

Les pLus :

, Diminution de 90% de la consommation de de pesticides, Gain de temps sur le poste d’arrosage, Diminution des coûts liés à l’achat de plantes annuelles et des produits phytosanitaires, Quantité de plantes annuelles divisée par 2 pour des achats plus nombreux de vivaces

Le ressenti :

La démarche est onéreuse : en plus d’une main d’œuvre supplémentaire nécessaire pour pérenniser les nouvelles pratiques, elle demande un investissement dans de nouveaux moyens matériels. Les aides de l’agence de l’eau et de la Région permettent cependant de limiter l’impact de ces coûts. Aujourd’hui, la différenciation des espaces s’organise pour satisfaire au mieux les exigences des habitants, mais du recul est encore nécessaire pour faire accepter la végétation spontanée.

retour d’expérience, Le biLan

11

R

F

LA GESTION DURABLE, C’EST :

b PARTENAIRE TECHNIQUE :

b PARTENAIRES FINANCIERS :

FREDON LorraineDomaine de Pixerécourt54 220 MalzévilleTél. : 03 83 33 86 70

, Expertise et accompagnement technique sur le végétal et l’environnement, Communication , Formation , Sensibilisation / www.fredon-lorraine.com

, Guide réalisé par la FREDON Lorraine , Interviews réalisées en partenariat avec la FREDON Alsace , Design graphique & illustrations : www.graphikzoo.com

.........................................................................................................................................................

.........................................................................................................................................................

AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE

VALORISER LE SAVOIR-FAIRE

HORTICOLE

CONCILIER USAGES ET VALORISATION

DE LA BIODIVERSITÉ

AVOIR UNE GESTION HUMAINE ET MATERIELLE

OPTIMALE

Créd

its p

hoto

s : R

ésea

u de F

REDO

N (A

lsace

, Bre

tagn

e, Lo

rrain

e) et

CAUE

63

Imprimé par CFAG avec des encres végétales sur papier recyclé - 2013100030