Pourquoi les garçons s'orientent-ils vers les voies scientifiques, par Kamélia Daudel

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    P L A N

    Introduction 2

    I. Justification du sujet 4

    II. La parole donnée aux garçons 5

    II.1. Choix du parcours scolaire et projet d’avenir 6

    II.2. Rôle du cadre familial 11

    III. La différence, une question de sexe ? 13 

    II.1. Vous avez dit sexisme ? 13

    II.2. Filles et garçons, si différents ? 15

    Conclusion 17

    Annexes 18

    Annexe A : Questionnaire 19

    Annexe B : Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ton fils/

    ta fille concernant le choix de son parcours ? 23

    Bibliographie 24

    Remerciements 24

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    Introduction

    Statuer que les mathématiques sont l’apanage des garçons revient à être victime d’un des préjugés les

    plus largement répandus au sein de notre société. Ce préjugé initial se déploie et s’étend à toutes les

    filières comportant un contenu mathématique particulièrement prononcé. Il se retrouve notamment

    dans le milieu des classes préparatoires scientifiques  – entendre par là MPSI et PCSI, qui se déclinent

    lors de la seconde année en MP, PSI et PC  –  et écoles d’ingénieurs, haut-lieu d’excellence

    mathématique. Nombreux sont ceux qui ont cherché à déconstruire ce préjugé, en arguant par

    exemple que les filles ne sont pas moins disposées que les garçons à suivre des études scientifiques et

    que l’excellence scolaire des filles jusqu’au bac indique même le phénomène inverse.

    Il s’agit  alors de comprendre pourquoi les filles nourrissent et entretiennent ce préjugé, en ne

    s’engageant pas dans ces filières, qui leurs sont pourtant a priori accessibles du point de vue des

    capacités intellectuelles. L’interrogation « Pourquoi les garçons s’orientent-ils en classes préparatoires

    scientifiques et en écoles d’ingénieurs ? » peut dès lors sembler secondaire voire dérisoire face à son

    équivalent féminin « Pourquoi les filles ne s’orientent-elles pas en classes préparatoires scientifiques

    et écoles d’ingénieurs ? ». De fait, la première étape de cet écrit s’impose comme étant celle d’une

     justification du sujet choisi.

    Ainsi, l’objectif est  non seulement d’expliquer pourquoi il est tout aussi légitime de poser cette

    question que sa version féminine, mais également de mettre en évidence à quel point il est crucial de

    la poser pour donner un éclairage nouveau aux raisons responsables de la désaffection des filles envers

    les études scientifiques. Grâce à ces éléments, on conviendrait d’une approche différente pour inciter

    les filles à s’engager dans une formation scientifique de haut niveau, les tactiques actuelles n’ayant

    pas mené à un changement significatif des taux de filles rejoignant ces filières.

    Avant cela, il paraît naturel de donner à titre de rappel quelques chiffres qui renseignent sur la

    proportion des filles et des garçons dans le secteur des classes préparatoires et des écoles d’ingénieurs. 

    Quelques chiffres qui attestent des inégalités persistantes

    Les données qui suivent sont extraites du rapport Filles et garçons sur le chemin de l’égalité de l’ école

    à l’enseignement supérieur 1 et permettent d’illustrer les différences entre les filles et les garçons dans

    les choix de filière. 

    Effectifs des classes supérieures par filière en 2012

    1

     Rapport rédigé par la Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance, mars 2014.  

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    En 2012, alors que 42,1% des étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles sont des filles, ces

    dernières ne constituent que 29,7% des élèves en classes préparatoires scientifiques (sachant que l’on

    compte parmi ces filières la filière BCPST, qui est un cas particulier2).

    Part des femmes parmi les diplômés de l’enseignement supérieur en 2011 (%) 

    En 2011, les filles ne constituent que 28% des ingénieurs diplômés.

    Ces chiffres ne seraient pas si difficiles à accepter s’ils ne s’accompagnaient pas inévitablement de la

    constatation que malgré le fait que les femmes représentent 48% de la population active, elles forment

    seulement 15% des présidents d’université et 18% des dirigeants d’entreprise. En effet, nous savons

    tous pertinemment que l’écart se creuse dès l’école, le collège, le lycée et dans l’enseignement

    supérieur.

    Des tentatives pour rétablir ces inégalités

    Plusieurs acteurs s’attachent à réduire ces inégalités. Parmi eux, on peut évidemment citer le ministère

    de l’éducation nationale, la presse, mais également des associations telles « Femmes & Sciences »,

    « Allez les filles ! Osez les sciences ! », « Elles en sciences » ou encore « Grandes écoles au féminin ».

    Pourtant, force est de reconnaître que ces initiatives, bien que porteuses, ne rencontrent pas un succès

    fulgurant. En effet, on peut lire dans le rapport précédemment mentionné qu’«  au rythme de la

    progression actuelle, il faudrait attendre 2075 pour obtenir la parité ».

    Armés de ces éléments factuels, nous pouvons désormais aborder sereinement la première partie surla justification du sujet choisi.

    2 Voir à ce sujet l’article sur le net Qu’est -ce qui fait courir les filles vers la classe préparatoire scientifiqueBiologie Chimie Physique et Sciences de la Terre (BCPST)  ?   Christine Fontanini, 10 octobre 2011.

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    I. Justification du sujet choisi

    Comment expliquer que malgré les efforts fournis pour attirer les filles vers  les voies scientifiques, la

    parité ne puisse supposément être atteinte qu’en 2075 ?

    Une explication plausible mais non soulevée de ce manque de succès des initiatives menées est que,

    comme souvent, dans la presse comme dans les associations, l’attention s’est trop concentrée sur lesfilles. Ceci peut être constaté ne serait-ce que dans l’intitulé de l’article du Monde daté du 18 juillet

    2013 : « Ecoles d’ingénieurs : allez, les filles ! ».

    Autrement dit, trop nombreuses sont les interrogations construites sur le modèle « Pourquoi les filles

    font, ne font pas, sont, ne sont pas, vont, ne vont pas… ? ».

    Sans doute à cause de la supériorité numérique écrasante des garçons dans les filières scientifiques, la

    parole ne leur a que trop peu voire pas du tout été donnée pour s’expliquer sur leur choix de parcours

    scolaire. Alors que le Web fleurit de témoignages de femmes narrant leur parfois difficile et ardu

    parcours en sciences, les hommes n’ont pas le loisir de s’épancher sur les éventuelles difficultés qu’ils

    ont rencontrées lorsqu’ils ont dû faire leur choix  ni une fois leur choix fait. Nous disposons de peud’informations sur ce qui les a motivés à s’engager dans la voie scientifique.  Ont-ils choisi ces filières

    scientifiques simplement parce qu’elles les intéressaient plus que les autres ou existent-ils des motifs

    différents, supplémentaires ? Ont-ils dû renoncer à certaines de leurs aspirations en s’engageant dans

    cette voie ? Si oui, pourquoi ont-ils malgré tout suivi cette orientation ?

    L’idée qui va nous guider au long de cette réflexion est donc que non seulement les garçons ont le droit

    de s’exprimer sur leur choix de parcours, mais que les laisser le faire peut être bénéfique pour les filles.

    Il s’agit de réaliser que parfois, les mêmes sentiments nous animent, les même passions nous habitent,

    les mêmes perspectives nous attirent, que l’on soit homme ou femme. Tâchons de briser le binarisme

    simpliste et dangereux qui consiste à ranger les garçons dans la case « aiment les mathématiques » et

    les filles dans la case « n’aiment pas les mathématiques. »

    Ainsi, l’objectif de cette étude est double. D’une part, en recueillant le témoignage de garçons issus de

    classes préparatoires et/ou d’écoles d’ingénieurs, nous rétablissons en partie l’injustice qui leur a été

    faite. D’autre part, en donnant et en analysant leurs motivations, nous avons l’espoir que des filles

    comprennent qu’elles peuvent emprunter la voie scientifique au même titre et avec la même légitimité

    que les garçons.

    Une dernière précaution avant de nous lancer dans la présentation et l’exploitation des résultats desquestionnaires écrits. La citation suivante, tirée de  A Room Of One’s Own, essai de Virginia Woolf – 

    qui va nous guider dans la réflexion menée ici – en fait état parfaitement :

    “At any rate, when a subject is highly controversial –  and any question about sex is

    that –  one cannot hope to tell the truth. One can only show how one came to hold

    whatever opinion one does hold. One can only give one’s audience the chance of

    drawing their own conclusions as they observe the limitations, the prejudices, the

    idiosyncrasies of the speaker.

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    Nous ne prétendrons pas dans cette étude délivrer une vérité que le lecteur se do it d’accepter ou de

    réfuter, pas plus que nous affirmons donner une liste exhaustive des raisons qui motivent les garçons

    à emprunter la voie scientifique. Cet écrit n’a pour velléité de n’être qu’une invitation à l’intention du

    lecteur à mener sa propre réflexion et à confronter sa propre expérience.

    II. La parole donnée aux garçons

    Be truthful, one would say, and the result is bound to be amazingly interesting.

    V. Woolf

    Démarche suivie

    Nous nous sommes attachés à explorer trois principaux aspects chez les personnes interrogées.

    Dans une première série de questions, nous nous intéressons aux raisons derrière le parcours scolaire

    choisi

    3

    .

    Dans un second temps, nous mesurons l’impact du contexte  dans lequel la personne soumise au

    questionnaire a évolué. Ceci s’exprime notamment à travers les conseils qu’elle a reçus, de la part de

    sa famille ou d’autres personnes extérieures. 

    Enfin, au regard de leur expérience, nous demandons aux garçons interrogés les conseils qu’ils

    dispenseraient s’ils avaient, par le futur, un garçon ou une fille ainsi que leur manière d’expliquer le

    faible taux féminin en classes préparatoires scientifiques.

    Résultats du questionnaire 

    Restitution des informations

    Quelques remarques sur le format de restitution des informations récoltées dans cette partie4. Afin de

    ne pas soumettre les résultats obtenus à notre subjectivité, nous avons fait le choix de ne pas extraire

    les réponses qui nous paraissaient les plus significatives parmi l’ensemble de celles recueillies . Cela

    signifie qu’à chaque question, sur les neuf personnes – aisément distinguables les unes des autres par

    la couleur qui leur est à chacune attribuée – à qui nous avons donné la parole nous avons les réponses

    de chacune d’entre elles.

    Ceci s’explique par la ferme volonté de  ne pas mettre en valeur un parcours plus qu’un autre. Nousavons voulu que tous les profils soient égaux, et que de ce florilège de réponses se dégage à la fois la

    diversité, mais également les similitudes desdits profils interrogés.

    3 En l’occurrence ici tous ont opté pour une classe préparatoire MPSI qu’ils ont poursuivie à l’exception d’une

    personne – partie en PSI – d’une MP, étoilée pour certains. 4 Le questionnaire initial peut être retrouvé en annexe A.

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    Précédemment, il a été mentionné que le cheminement du questionnement pouvait se subdiviser en

    trois aspects. Le troisième aspect ne traitant pas du parcours de la personne interrogée, nous ne le

    traitons pas dans cette partie. De fait, nous l’organisons en deux sous-parties, chacune se référant à

    un des aspects mentionnés. Pour ne pas perturber le déroulement de la lecture des réponses obtenues

    et en conservant l’idée de ne pas introduire prématurément de la subjectivité, nous nous réservons la

    fin de chaque sous-partie comme lieu où faire part de certaines de nos remarques concernant les

    réponses fournies.

    II.1 Choix du parcours scolaire et projet d’avenir :

    Nous attaquons par une série de quatre questions :

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    Analyse des résultats

     As-tu envisagé un autre parcours que celui-ci ?

    Cette première question est signifiante à plusieurs égards. Elle permet déjà de discerner ceux pour qui

    la classe préparatoire sonnait comme une évidence de ceux qui se sont a priori plus interrogés sur le

    parcours qu’ils allaient choisir.

    Ceux qui ont hésité mentionnent les autres voies qu’ils ont songé à emprunter, avant d’expliciter

    pourquoi ils ont privilégié la classe préparatoire scientifique. Observons quelques-unes de leurs

    réponses. L’un d’entre eux affirme qu’avec son profil, il avait le choix en termes de parcours. Pour lui,

    la classe préparatoire scientifique représentait une voie plus généraliste. Pour un autre, la classe

    préparatoire scientifique était une voie plus intéressante, nécessitant une motivation et une confiance 

    dont il se savait pourvu. Pour deux d’entre eux, le coût des études à l’étranger a été un frein. Il est vrai

    que les frais de scolarité à l’étranger sont prohibitifs par rapport à ceux en France. 

    S’ils n’ont pas choisi la classe préparatoire scientifique pour les mêmes raisons, ils n’ont pas non plus

    hésité avec les mêmes parcours : faculté de sciences, écoles d’ingénieurs post-bac, médecine,

    université à l’étranger. Ces parcours restent des parcours scientifiques, mais il fait bon de signaler que

    l’un d’eux avait aussi songé à s’engager dans une filière sur la littérature anglaise.

    Une question nous préoccupe alors. S’il ne s’agissait que de satisfaire une volonté de faire des

    mathématiques ou autres matières scientifiques, pourquoi avoir choisi la classe préparatoire

    scientifique spécifiquement ? Le choix des mots en particulier est très intéressant dans la réponse

    suivante : « Oui. Faculté de sciences ou écoles d’ingénieur post-bac. J’ai été bien orienté en terminale,

     je manquais d’infos avant. » Par bien orienté nous comprenons qu’on l’a aidé à choisir le parcours qui

    lui correspondait le mieux. Pourquoi une faculté de sciences ou des écoles d’ingénieurs post-bac ne

    répondaient pas à ses attentes ? Qu’est-ce qui les différenciaient d’une classe préparatoire scientifique

    à ses yeux ? Quelles informations supplémentaires lui ont été transmises en classe de terminale ?

    Pour ceux qui avaient besoin d’une confirmation, nous sommes confrontés à des personnes qui ne

    sont pas mues par les mêmes motivations et qui ne font pas face aux mêmes choix et alternatives.

    Quelles sont les composantes essentielles qui font que ces profils, pourtant différents, choisissent le

    même parcours ? 

     As-tu des regrets ?  

    Un aspect qui paraissait également pertinent d’explorer était de savoir s’ils avaient ou non des regrets.

    Avec plus ou moins de force, ils affirment tous ne pas en avoir. Ceci peut sans doute s’expliquer auregard des écoles qu’ils ont intégrées, qui se classent parmi les meilleures écoles d’ingénieurs, ainsi

    que par les bénéfices dont ils pensent tirer profit à la suite de leur classe préparatoire. Il n’en reste pas

    moins que le rendu est saisissant. Nous en revenons à l’interrogation soulevée précédemment. Quels

    sont donc les bénéfices qui justifient cette surprenante absence de regrets ?

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    Qu’est -ce qui a motivé le choix de ton parcours ?  

    Dans la lignée des interrogations que soulèvent les deux questions précédentes, cette question tente

    à grands traits de mettre en lumière la manière dont cette voie s’est présentée à eux comme la

    meilleure des voies à choisir.

    On voit tout de suite que les influences sont diverses, mais qu’à l’e xception de deux personnes, tous

    ont au moins coché la case correspondant à l’attrait pour les matières enseignées.  Les plus larges

    opportunités professionnelles semblent également être un critère assez fort de sélection.

    En un sens, il paraît logique de ne s’engager dans une voie aussi exigeante que la classe préparatoire

    que si on a un attrait pour ce qui va y être enseigné. Mais alors le cas de ceux qui ne l’ont pas fait pour

    cette raison ne peut que nous interpeller. On observe que ces deux profils ont en commun d’avoir

    coché que de plus larges opportunités professionnelles les ont motivés. L’un d’entre eux ajoute sa

    famille comme motif supplémentaire. Gardons cela en mémoire jusqu’au moment où  nous nous

    intéresserons aux conseils qu’il a reçus de ses proches.

    Revenons sur le profil qui affirmait avoir été « bien orienté » en terminale. Il a coché la case « Attrait

    pour les matières enseignées » uniquement. Il se trouve qu’il nous a fait le plaisir de revenir vers nous

    après avoir répondu au questionnaire. Voici un extrait de la conversation que nous avons eue :

    « Le système éducatif français est très très porté sur les parcours académiques

    théoriques. Il valorise peu le reste. Peut-être que s'il était différent j'aurais préféré

    d'autres matières que les maths et l'info mais ça on saura jamais.

    - Après, toi tu te ranges dans la catégorie des personnes "j'aime les maths et l'info".

     Je connais d'autres garçons qui se rangent dans la catégorie : "les maths rien à faire,

     j'en ai fait parce que le système éducatif français me le demandait". Et dans les deux

    cas, c'est intéressant.

    - Oui ça m'étonne pas. A l'X il y en a beaucoup. Enfin pas mal. Dans mon cas ce que

     je veux dire c'est que je saurai jamais si j'aurais pas préféré d'autres matières peut-

    être moins théoriques avec un choix plus large. Faut bien avouer que c'est une

    sécurité cette filière prépa + école d'ingé, l'assurance d'un boulot derrière souvent.

    Ca participe à ce biais. »

    Ceci nous permet de remarquer que derrière l’attrait pour les matières enseignées coché initialement

    se cache de nombreuses nuances. Nous ne pouvons qu’admirer le recul de cette personne, qui

    reconnait sans ambages la possible corrélation entre son affection pour les matières scientifiques (ici

    mathématiques et informatique) et un système éducatif qui récompense ceux qui suivent un parcours

    académique théorique. Pourquoi être en quête de reconnaissance de la part du système éducatif ?

    Pour la bonne raison que cela ouvre la voie vers un avenir bien plus reluisant. La classe préparatoire,

    combinée avec une école d’ingénieur de haut niveau apporte de la sécurité, un boulot.

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    Une dernière observation sur ce profil. Nous notons une absence de surprise de sa part à la mention

    de garçons qui n’étaient pas fondamentalement intéressés par les mathématiques ou l’informatique,

    mais qui s’étaient astreints à en faire pour satisfaire aux exigences du système éducatif français. Au

    contraire, il dit lui-même en connaître un certain nombre à l’X5, école dont la réputation et la

    renommée ne sont plus à faire.

    Revenons maintenant sur la façon dont la question a été posée. Nous avons demandé à ceuxrépondant au questionnaire de choisir différentes influences pour leur choix de parcours scolaire. Ils

    pouvaient sélectionner autant d’options qu’ils le désiraient. Si nous nous sommes déjà penchés sur le

    fait que nombre d’entre eux aient opté pour «  Attrait pour les matières enseignées » et « Plus larges

    opportunités professionnelles », nous ne pouvons nier les fortes connexions entre les différentes

    catégories proposées.

    A ce titre, il est assez notable de voir que les garçons ont rechigné à cocher la case « Perspectives

    financières ». Force est pourtant de constater que l’attrait pour les matières enseignées se lie

    inconsciemment voire consciemment aux perspectives financières et aux plus larges opportunités

    professionnelles. Nous tâcherons plus amplement, dans la sous-partie suivante, de voir dans quelle

    mesure la famille bâtit le cadre qui emmène les garçons dans la voie scientifique ainsi que la relationentre la famille et les autres catégories mentionnées ici.

    Toutes les propositions étant étroitement interconnectées, certains pourrons estimer que cette

    question est finalement une sorte de non-question. Pourtant, elle nous en apprend sur la manière dont

    les garçons hiérarchisent supposément ces catégories les unes par rapport aux autres.

    Nous pensons de cette hiérarchie qu’il s’agit là d’un acte de pudeur, et que les garçons, pour la plupart,

    se sont réfugiés derrière les choix « Plus larges opportunités professionnelles » et « Attrait pour les

    matières enseignées ». La question qui clôt la première sous-partie semble en effet aller dans le sens

    de cette conclusion. Partons du postulat suivant : si le critère principal est l’attrait pour les matières

    enseignées, les garçons interrogés vont poursuivre leur carrière dans ces mêmes matières enseignéesen classe préparatoire.

    Comment envisages-tu le futur ?  

    Les garçons interrogés avaient-ils ou non un projet professionnel bien défini avant de s’engager dans

    une classe préparatoire scientifique, voire à l’issue de cette classe préparatoire ?

    La première constatation que l’on peut faire est que dans l’ensemble, les réponses sont plutôt vagues.

    « Aucune idée ! J’espère travailler avec beaucoup d’autonomie et des tâches variées », « Je ne sais

    pas encore. », « Les opportunités sont encore nombreuses, j’imagine partir travailler à l’étrangerquelques temps puis revenir en France. », « Intégrer une PME ou une grande entreprise en tant

    qu’ingénieur d’affaires. »... Pour d’autres, le projet professionnel est  au contraire bien plus précis :

    « Je souhaite développer des systèmes pour de grands projets aéronautiques. », « Recherche et

    enseignement. »

    5 Ecole Polytechnique, https://www.polytechnique.edu/ 

    https://www.polytechnique.edu/https://www.polytechnique.edu/https://www.polytechnique.edu/https://www.polytechnique.edu/

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    11 

    Il semblerait que ces personnes, dans leur quasi-totalité, n’aient pas fait des mathématiques dans

    l’idée qu’elles allaient continuer à en faire pour le restant de leur vie. Ceci illustre bien le constat

    suivant : l’attrait initial pour les matières ne signifie pas qu’ils vont en faire leur métier.  Il y a d’autres

    aspirations qui se dissimulent derrière cet attrait initial.

    Nous aimerions à ce propos revenir sur le cas de la personne projetant de s’orienter dans

    l’aéronautique. Cette passion pour l’aéronautique était déjà présente avant la classe préparatoire MSPI, et cette classe préparatoire ouvrait le chemin vers les écoles d’ingénieur à la pointe en matière

    d’aéronautique. De même pour le garçon souhaitant entrer dans l’armée et qui a intégré l’Ecole

    Militaire de Saint-Cyr. Il a par ailleurs affirmé ne faire que peu de cas des mathématiques théoriques,

    mais qu’elles étaient nécessaires à son admission dans cette école qui, pour le citer, était « un rêve de

    gosse ».

    Ceci nous permet de dégager une idée clef de notre étude : la classe préparatoire est vue comme un

    moyen d’accéder au poste que l’on veut, dans le domaine que l’on veut, accompagné en général

    d’une rémunération honnête.

    En conclusion de cette première sous-partie, la classe préparatoire est la voie qui leur déplaît le moins

    en terme de matières enseignées mais qui surtout leur apporte les plus nombreux avantages. Elle leur

    donne accès à une multitude de carrières possibles (aéronautique, armée, ingénieur en informatique,

    recherche et enseignement, ingénieur d’affaires,...), leur accorde la possibilité de faire un métier

    intéressant et bien rémunéré, qui leur plaît et où ils sont autonomes.

    La suite du questionnaire s’intéresse au contexte familial. 

    II.2. Rôle du cadre familial 

    Nous nous intéressons maintenant aux conseils reçus par l’entourage proche de la personneinterrogée. A titre indicatif, nous mettons, à la suite de cette question sur les conseils reçus, le parcours

    scolaire des membres de la famille des personnes ayant participé au questionnaire.

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    Analyse des résultats

     As-tu reçu des conseils ?

    Sur l’ensemble des personnes interrogées, trois d’entre elles ont répondu que leur famille leur avait

    conseillé de faire une classe préparatoire. Nous observons que ces trois personnes font partie de celles

    qui n’ont pas hésité dans leur choix de parcours. 

    Etre plus ambitieux, intégrer une école d’ingénieur qui soit bien cotée, bien anticiper son avenir...

    Dans la globalité, ce sont des encouragements à aller de l’avant, à donner le meilleur de soi en

    s’engageant dans une voie qui permet d’obtenir une indépendance  financière que ces garçons ont

    reçus. Un exemple est celui des parents qui conseillent à leur fils de faire 5/26 et qui l’avaient déjà

    encouragé à faire une classe préparatoire. Cela signifie qu’ils pensent que leur fils peut obtenir une

    meilleure école que celle qu’il a déjà (malgré le fait que l’école obtenue fût de rang A+7). Ainsi, le

    contexte familial semble plutôt motivant et pousse généralement vers l’excellence  : on parle de

    motivation, d’opportunités, d’ambition, de l’importance de s’assurer un avenir stable tout en faisant

    quelque chose qui leur plait.

    Intéressons-nous au cas des deux garçons qui n’ont pas reçu de conseils familiaux. Alors que l’un

    considère avoir été bien orienté en terminale, visiblement par ses professeurs ou peut-être ses amis,

    et dès lors dit n’avoir aucun regret, l’autre n’a malheureusement pas choisi la voie qui lui convenait le

    mieux (il en fait la remarque dans la deuxième question de la première sous-partie). Nous avons repris

    contact avec lui pour comprendre ce qu’il entendait par là exactement. Etait-ce le choix de la classe

    préparatoire scientifique qu’il remettait en question ? Visiblement non :

    « Il fallait que je fasse un choix. Je n’avais pas d’idée. Ce n’est pas un bon choix ni

    un mauvais choix. Cela aurait pu aussi être une école post-bac ou une prépa

    commerciale. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ce choix, sachant que j’ai un plutôt un

     profil littéraire. Je n’ai pas été influencé je pense. Par exemple, les deux garçons demon village qui sont venus à Paris avec moi en classe préparatoire ont fait une

     prépa commerciale. Je ne regrette pas ce choix. »

    Au sujet de la voie qui ne lui convenait pas le mieux, il faisait en fait allusion à l’école qu’il avait

    intégrée, avec laquelle il avait hésité contre un parcours plus tourné informatique.

    « Cela m’a aidé à savoir ce que je veux faire. L’école que j’ai choisie ne me ferme

     pas de porte. Depuis que je suis tout petit, j’ai voulu faire des sciences. Je me rends

    compte que c’est moins le cas maintenant. Je songe plutôt au conseil. Je ne veux

     pas être de ceux qui font le travail mais plutôt de ceux qui ont une vision plus

    globale, bien que je n’ai pas envie d’ être le leader. »

    6 On appelle 3/2 la deuxième année de classe préparatoire scientifique. Ceux qui le désirent peuvent repasser

    les concours à l’issue de leur première tentative, en redoublant leur deuxième année. Dans le jargon des

    classes préparatoires scientifiques, on dit que l’on fait une 5/2. 7 Les écoles d’ingénieur sont classées selon leur rang. Le rang A+ correspond au rang des meilleures écoles

    d’ingénieur.

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    Sans faire preuve de désintérêt pour les sciences, il a pris conscience du fait que poursuivre une

    carrière purement scientifique ne correspondait pas à ses aspirations. La classe préparatoire suivie

    d’une école d’ingénieur (même qui ne lui correspondait pas) lui ont permis de découvrir ce qu’il désirait

    faire plus tard tout en lui laissant un spectre d’opportunités assez large encore. 

    Comme mentionné précédemment, le schéma suivant renseigne sur le parcours scolaire des membres

    de la famille des personnes interrogées. Nous avons fait de choix de laisser ces éléments à votre

    interprétation seule. Des théories trop longues à développer ici, telle celle de la reproduction8, existent

    déjà et permettent de donner du sens de manière efficace à cet ensemble de données.

    A ce stade de notre étude, nous disposons de plusieurs éléments qui nous permettent d’éclairer les

    raisons derrière les choix de filière des personnes interrogées. Vous pouvez trouver en annexe B la

    réponse assez évocatrice de ces même personnes aux deux questions quasiment identiques suivantes :« Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ton fils/ta fille par rapport à son choix de parcours

    scolaire ? »

    Nous poursuivons notre étude en nous intéressant maintenant de plus près à la perception qu’ont les

    garçons des filles, relativement à leur choix de parcours scolaire.

    8 « La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d'enseignement » coécrit par Pierre Bourdieu etJean-Claude Passeron paru en 1970.

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    III. La différence, une question de sexe ?

    Nous avons observé la différence et la diversité du côté des garçons, tenté d’identifier ce qui les avait

    motivés à emprunter le chemin de la classe préparatoire scientifiques MPSI. Qu’en est-il pour les filles ?

    La diversité est-elle aussi présente ?

    III.1. Vous avez dit sexisme ?

    « Le sexisme est un essentialisme : comme le racisme, d’ethnie ou de classe, il vise à

    imputer des différences sociales historiquement instituées à une nature biologique

    fonctionnant comme une essence d’où se déduisent implacablement tous les actes de

    l’existence. » 

    P. Bourdieu

    La question qui suit a été posée aux garçons : Comment expliques-tu que l'on trouve peu de filles en

    classes préparatoires scientifiques et écoles d'ingénieurs ?

    Voici quelques-unes de leurs réponses :

    «utocensure

     vis-à-vis des sciences ?Pression du groupe

    (mon amie a fait médecine, alors oui, pourquoi pas, je pourrai faire médecine ?) ? »

    « Les garçons sontde n ture plus persévér nts

    que les filles et sontplus résist nts

     (car il en faut du

    courage et de la volonté pour affronter la prépa). »

    « Je pense que ce sont les classes préparatoires les plus difficiles, les sciences nécessitent un travail ardu

    et régulier qui peut rebuter les filles. Je trouve que d’une manière générale les filles préfèrent tout cequi touche au social, la technique que l’on apprend en école d’ingénieur ne va pas dans ce sens bien

    que l’on apprend également l’aspect managérial dans ce métier. »

    « C’est un boulot qui demande du temps. Heureusement qu’il y a encore des femmes qui

    souhaitent avoir une famille et ne pas passer leur vie au travail. »

    « Autocensure etmanque d attrait pour les concours

    , ajouté à une certaine tradition qui est rentrée dans les

    esprits. »

    « Il y a des filières plus attractives (littéraires, commerce). »

    « C’est un cercle vicieux, un biais inconscient collectif . »

    Nous ne voulons pas déchaîner le ressentiment à l’égard des garçons qui ont écrit certaines réponses.

    L’étalage de ces opinions n’est que le support qui permet de prendre conscience de la perception des

    filles pour des garçons qui ont emprunté une classe préparatoire scientifique doublée d’une école

    d’ingénieur, pour la société dans un cadre plus général. Cependant, nous conservons pour plus tard et

    bien précieusement dans un coin de notre esprit les éléments qui, selon ces personnes, font que les

    filles ne s’orientent pas en classes préparatoires scientifiques et écoles d’ingénieur.

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    III.2. Filles et garçons, si différents ?

    “Life for both sexes – and I looked at them, shouldering their way along the

    pavement – is arduous, difficult, a perpetual struggle. It calls for gigantic courage and

    strength. More than anything, perhaps, creatures of illusion as we are, it calls for

    confidence in oneself.” 

    V. Woolf

    Nous avons vu dans la partie II que les choix de parcours des garçons ne se résumaient pas à un vulgaire

    « j’aime les mathématiques ». Il n’y a certes pas de dégoût pour les matières scientifiques, voire même 

    un certain attrait (probablement insufflé dans les jeunes années, comme le cas de ce garçon qui depuis

    tout jeune et malgré son profil littéraire voulait faire des sciences) mais cet attrait est le reflet de

    sentiments et d’aspirations plus complexes. Forte ambition et désir d’exceller se lient indubitablement

    à la diversité et la richesse de l’offre d’emploi à la sortie du parcours choisi  et derrière ceci, à une

    autonomie financière.

    Nous soutenons l’idée que toute femme en quête d’égalité devrait rechercher l’indépendancefinancière, cette composante qui semble si naturelle à obtenir pour la plupart des hommes.

    Pourquoi dès lors ne pas s’orienter dans une filière commerciale, si l’objectif est d’obtenir une

    indépendance financière seule ? La présence forte des filles en filières commerciales est la preuve que

    le souci de s’assurer un avenir stable est dans les esprits. Pourtant, il y a une différence notable entre

    une personne qui suit une classe préparatoire scientifique et une personne qui suit une classe

    préparatoire commerciale. Cette différence a été mise en valeur très justement par un étudiant de

    Telecom Paristech. Lors d’une discussion, il expliquait avoir hésité entre une classe préparatoire

    commerciale et une classe préparatoire scientifique. Mais, alors que le passage de la voie scientifique

    vers la voie commerciale s’effectue aisément selon lui (« on apprend également l’aspect managérial

    dans ce métier [ingénieur]» avions-nous déjà lu plus haut), l’inverse est moins vrai et cet aspect-là enparticulier a conditionné son choix de filière.

    La filière scientifique reste la filière maîtresse, la fameuse « voie royale » dans notre société, et c’est

    par cette filière que se conquiert l’égalité. Nous pensons qu’à l’image de certains garçons, les filles

    doivent savoir accepter de ne pas faire nécessairement ce qui leur paraît attrayant pendant un certain

    temps afin de « bien anticiper [leur] avenir ». En effet, la question ici n’est pas d’aimer ou non  les

    mathématiques, ni d’être une fille ou un garçon, mais de rechercher ou non à être indépendant(e)  

    financièrement. Il s’agit de répliquer par les actes aux « arguments » invoqués précédemment et de

    briser le cercle de la pression du groupe et de l’autocensure. 

    Oui, les filles sont capables de fournir un travail ardu et régulier, comme le demandent les sciences, etcomme le demandent d’ailleurs les classes préparatoires littéraires et commerciales. Non, elles ne sont

    pas de nature moins persévérante et moins résistante que les garçons. Non, toutes ne préfèrent pas

    tout ce qui touche au social. Oui, certaines d’entre elles sont intéressées par la technique que l’on

    apprend en école d’ingénieur.

    Quant à l’objection selon laquelle elles souhaitent avoir une famille et ne pas passer leur vie au travail,

    voici notre réponse : il s’agit là d’une vision archaïque de la famille. Nous défendons le modèle d’une

    famille où les deux parents travaillent à salaire égal. Le poids financier de la famille ne repose pas alors

    sur les épaules d’une seule personne, mais se partage, tout comme se partage le temps passé en

    famille.

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    Le chemin jusqu’à l’égalité est encore long et ardu. “There would always have been that assertion – 

    you cannot do this, you are incapable of doing that  –  to protest against, to overcome.” écrivait V.

    Woolf. Cependant, pour se réaliser pleinement en tant qu’individu et pour donner la pleine mesure de

    son potentiel, chacun doit faire en sorte de pouvoir s’assurer une autonomie financière. Et chaque

    victoire pour les filles est une victoire collective. A ce propos, dans le préambule de la Convention

    interministérielle pour l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système

    éducatif 2013-2018 nous pouvons lire les mots suivants :

    « Les stéréotypes constituent des barrières à la réalisation des choix individuels tant

    des femmes que des hommes. Ils contribuent à la persistance des inégalités en

    influant sur les choix des filières d'éducation, de formation et d'emploi, sur la

     participation aux tâches domestiques et familiales et sur la représentation aux

     postes décisionnels. Ils peuvent également affecter la valorisation du travail de

    chacun. »

    Le dernier élément de réflexion que nous présentons dans le cadre de cet écrit rejoint l’idée de victoirecollective mentionnée précédemment et est soufflé par la citation de Saint-Exupéry dans le roman

    Lettre à un otage : « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. ».

    Il est indéniable que l’expérience du monde faite par les femmes est différente de celle des hommes.

    Cependant, comme l’écrit brillamment V. Woolf dans  A Room of One’ s Own en parlant du pouvoir

    créatif des femmes, l’une n’est en aucun cas moins riche que l’autre :

    « But this creative power differs greatly from the creative power of men. And one

    must conclude that it would be a thousand pities if it were hindered or wasted, for

    it was won by centuries of the most drastic discipline, and there is nothing to take

    its place. It would be a thousand pities if women wrote like men, or lived like men,or looked like men, for if two sexes are quite inadequate, considering the vastness

    and variety of the world, how should we manage with one only? »

    La différence est une force et la poursuite de l’équité permet de la révéler, voire de la faire naître.

    Dès lors, qu’attendons-nous pour conquérir l’égalité ?

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    Conclusion

    Nous espérons humblement être parvenus à vous convaincre de la pertinence de notre sujet et avoir

    retraduit fidèlement la parole des personnes qui ont participé à ce projet d’écriture. Nous n’avons pu

    présenter ici qu’une infime partie de la réflexion que nous avons menée sur le sujet, qui n’e st elle-

    même qu’une ébauche de la réflexion qu’il y a à mener sur le sujet, de notre perspective. 

    En effet, en plus des questionnaires écrits9, nous avons aussi fait passer des entretiens10, qui n’ont pas

    pu être exploités dans le cadre de cette étude. Ce travail n’est toutefois certainement par perdu car il

    fournit des éléments pertinents dans l’optique d’une étude prochaine enrichie sur le sujet. 

    Nous laissons par ailleurs le mot de la fin à un des garçons interrogés :

    « Intéressant que de donner « la parole aux garçons ». A mes concours de classe

     préparatoire, j’avais eu un sujet à l’oral en anglais qui s’étonnait de la sous-

    représentation des garçons dans les matières littéraires. Autocensure ? Pression du

    groupe ? Une matière qui n’est pas faite pour les garçons (j’en doute) ?

    Y-aurait-t-il une dévaluation des matières littéraires vis-à-vis des matières

    scientifiques dans l’inconscient collectif, ce qui ferait qu’on attacherait moins

    d’importance à comprendre pourquoi les hommes y sont moins représentés que les

     femmes que le fait que les femmes soient moins représentées dans les matières

    scientifiques (c’est -à-dire que les femmes seraient en quelque sorte lésées d’être

    sous-représentées dans les matières scientifiques plus que les hommes qui ne le

    sont que dans les matières littéraires ?

    Ouf. Reprenez votre souffle. J’espère que vous avez compris. »

    9 14 questionnaires ont été recueillis en tout, sur une base de 25 personnes sollicitées.10 Au nombre de 4.

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    A N N E X E S

    Annexe A : Questionnaire

    Annexe B : Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ton fils/ta fille

    concernant le choix de son parcours ?

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    Annexe A : Questionnaire

    Ecoles d’ingénieurs et classes préparatoires : Les garçons ont la

    parole

    Les réponses que vous fournissez ne seront pas divulguées à une tierce personne.

    Votre prénom Cliquez ici pour taper du texte. 

    Ecole actuelle Cliquez ici pour taper du texte. 

    I. Parcours individuel

    Question 1

    Quel a été ton parcours post-bac ?

    ☐  Classe préparatoire  Nom de l’établissement  Cliquez ici pour taper du texte. 

    ☐  DUT  Nom de l’établissement Cliquez ici pour taper du texte.

     

    ☐  Université  Nom de l’établissement  Cliquez ici pour taper du texte.

     

    Question 2

    As-tu envisagé un autre parcours que celui-ci ? ☐  OUI ☐  NON

    Si OUI :

    Quel(s) parcours ? Cliquez ici pour taper du texte. 

    A quel(s) moment ? Cliquez ici pour taper du texte. 

    Pourquoi y as-tu renoncé ?  Cliquez ici pour taper du texte. 

    As-tu des regrets ? Cliquez ici pour taper du texte. 

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    Question 3

    Qu'est-ce qui a motivé ton choix de parcours ?

    ☐  Famille☐  Attrait pour les matières enseignées

    ☐  Perspectives financières

    ☐  Plus larges opportunités professionnelles

    ☐  Autre Précisez SVP : Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 4

    Comment envisages-tu ton avenir à l'issue de tes études ?

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 5

    Avais-tu des passions au lycée ? ☐  OUI ☐  NON

    Si OUI :

    lesquelles ?  Cliquez ici pour taper du texte. 

    Les as-tu poursuivies ?☐

      OUI☐

      NON

    Reprises si interrompues ☐  OUI ☐  NON

    Comment te sens-tu par rapport à cela ?  Cliquez ici pour taper du texte. 

    II. Famille

    Question 6

    Quel est le parcours scolaire ? :  Mère Cliquez ici pour taper du texte. 

    Père Cliquez ici pour taper du texte. 

    Quel est le parcours professionnel ? :  Mère  Cliquez ici pour taper du texte. 

    Père Cliquez ici pour taper du texte. 

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    Question 7

     Nombre de frère(s) Cliquez ici pour taper du texte.  Sœur (s)  Cliquez ici pour taper dutexte. 

    Quel est leur parcours scolaire, leur âge ?

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 8

    As-tu reçu des conseils de tes parents, ainé(e)s concernant ton parcours scolaire ? ☐  OUI ☐  NON 

    Si oui, lesquels ?

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 9

    Donnes-tu, à tes proches plus jeunes, des conseils sur leur orientation scolaire ?   ☐ OUI ☐ NON

    Si oui, lesquels ?

    ☐ Ton frère/tes frères  Cliquez ici pour taper du texte. 

    ☐ Ta sœur/tes sœurs  Cliquez ici pour taper du texte. 

    ☐ Tes amis Cliquez ici pour taper du texte. 

    ☐ Tes amies Cliquez ici pour taper du texte. 

    ☐ Ta petite amie/Ton petit copain Cliquez ici pour taper du texte. 

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    III. Questions finales

    Question 10 : Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ton fils par rapport à son choix de

    parcours scolaire ? 

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 11 : Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ta fille par rapport à son choix

    de parcours scolaire ? 

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 12 : Comment expliques-tu que l'on trouve peu de filles en classes préparatoires

    scientifiques et écoles d'ingénieurs ? 

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Question 13 : As-tu une remarque à faire, quelque chose à ajouter qui n'a pas été abordé ? 

    Cliquez ici pour taper du texte. 

    Un grand merci de ta participation  

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    Annexe B : Quels conseils donnerais-tu dans le futur à ton fils/ta fille

    concernant le choix de son parcours ?

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    Bibliographie

    BIANKA Zazzo (1982) : Les conduites adaptatives en milieu scolaire : intérêt de la comparaison entre

    les garçons et les filles. In: Enfance, tome 35, n°4, 1982. p. 267-281.BOURDIEU Pierre et PASSERON

    Jean-Claude (1910) : La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d'enseignement  éditionde Minuit

    BOURDIEU Pierre (septembre 1981) : Epreuve scolaire et consécration sociale [Les classes

    préparatoires aux Grandes écoles]. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol.39. Grandes et

    petites écoles. pp. 3-70.

    BOURDIEU Pierre (1998) : La domination masculine, Edition du seuil.

    FONTANINI Christine : Qu’est -ce qui fait courir les filles vers la classe préparatoire scientifique

    Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre (BCPST) ?, Questions Vives [Online], Vol.8 n°15 |

    2011,. URL : http://questionsvives.revues.org/805 

    LADOUCEUR Lise (1996) : Différence chez les personnes âgées : mise en contexte, Reflets : revue

    d'intervention sociale et communautaire, vol. 2, n° 2, p. 82-97.

    WOOLF Virginia (1929) : A Room of One’s own, New York: Harcourt Brace & Co., 1989.

    (mars 2014) : Filles et garçons sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement supérieur ,

    Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance 

    Remerciements

    Merci infiniment à tous ceux qui ont accepté d’être interrogés, que ce soit sous format de

    questionnaire écrit ou bien d’interview. Ils ont donné la substance de cet écrit.

    http://questionsvives.revues.org/805http://questionsvives.revues.org/805http://questionsvives.revues.org/805http://questionsvives.revues.org/805