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Liens Chambre de Commerce Suédoise en France Décembre 1998 Numéro 9 Prix : 20 F Un essai à transformer Suite en page 13. Les relations entre grands dirigeants suédois et français n’ont jamais été ce qu’elles devraient être. Devant une situation qui freine la coopération entre les deux pays et qui menaçait de s’éterniser, il fallait prendre le taureau par les cornes et créer les conditions d’un dialogue direct. Ils ont finalement été réunis autour du tapis vert - voire de la nappe blanche - de la convivialité. Cela a pris un an. e 22 septembre dernier, l’élite des sphères économiques des deux pays, à quelques exceptions près, s’est ainsi retrouvé en fin d’après-midi à l’ambassade de Suède à Paris, pour un premier face à face suivi d’un dîner informel. En tout 25 messieurs qui avaient répondu, non sans mal, compte tenu Beaucoup de choses à se dire Un tour de table qui pesait ses quelques cen- taines de milliards de francs en termes de chiffres d’affaires avec les P-DG des plus grandes entreprises et institutions bancaires des deux pays, “encadrés” pour ce coup d’en- voi par des personnalités officielles : l’ambas- sadeur Jean-Daniel Tordjman, Délégué aux investissements internationaux auprès du ministère français de l’Economie et Ulf Dinkelspiel, Président du Centre Suédois du Commerce Extérieur. L’animation était par- tagée, pour la partie française, par Jean- Louis Beffa, P-DG de Saint-Gobain, et, pour la partie suédoise, par Bo Berggren, président de la Fédération des Industries Suédoises, qui avaient tous deux activement contri- bué à la réalisation de ce pro- jet. Quant à la présidence, elle était, bien entendu, assurée par le maître de céans, Örjan Berner. Au terme de deux heures trente de dis- cussion ouverte sur l’économie, les in- vestissements et la situation dans les pays affectés par la crise, puis du dîner qui aura permis à chacun de s’entretenir directement avec son homologue, les partici- pants ont constaté qu’ils avaient beaucoup de choses à se dire, que le fait d’être concurrent n’exclut pas la complémentarité et qu’il fallait renforcer contacts et investissements dans les deux sens. Ils étaient unanimes. Pourquoi pas plus souvent ? On peut alors se demander, à la lumière de cette rencontre plutôt positive, pourquoi cela L de leurs emplois du temps compliqués, à l’in- vitation de l’ambassadeur Örjan Berner, ini- tiateur et organisateur de cette manifestation, à ses yeux indispensable. “J’ai pu constater en arrivant en France que si les dirigeants et entreprises de nos deux pays entrete- naient des rela- tions directes, il existait un réel besoin de mieux se connaître. Les Français sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la Suède, mais la Suède n’est pas l’Amérique ou l’Allemagne, et nous devons faire un effort supplémentaire pour nous rapprocher d’eux. C’est sur cette base que nous avons construit la rencontre” explique-t-il. Joyeux Noël et Bonne Année God Iul och Gott Nytt År 1999 PROGRAMME CCSF Jeudi 28 janvier En collaboration avec le Business Club Franco- Danois, dîner-débat au Cercle Suédois à 19 h 30 avec M. Johan Schröder, Président de Hoved- stadens Erhversråd et M. Carl-Johan Groth, Secrétaire permanent du Scania Business Group qui parleront sur le thème “Öresund, nou- velle métropole régionale”. Conférences-débats printemps 99 Février Passage au 35 heures. Mars - Euro. Avril Recrutement du personnel pour l’an 2000. Mai Assemblée Générale. Juin Internet et son influence sur l’entreprise.

Prix : 20 F Un essai à transformer · 2014-08-11 · Les relations entre grands dirigeants suédois et français n’ont jamais été ce qu’elles devraient être. Devant une situation

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LiensChambre de Commerce Suédoise en France

Décembre1998

Numéro 9Prix : 20 F

Un essai à transformer

Suite en page 13.

Les relations entregrands dirigeantssuédois et françaisn’ont jamais étéce qu’elles devraientêtre. Devant unesituation qui freinela coopération entreles deux pays et quimenaçait de s’éterniser,il fallait prendrele taureau par lescornes et créerles conditions d’undialogue direct.Ils ont finalementété réunis autourdu tapis vert- voire de lanappe blanche -de la convivialité.Cela a pris un an.

e 22 septembre dernier, l’élite dessphères économiques des deux pays,

à quelques exceptions près, s’est ainsi retrouvéen fin d’après-midi à l’ambassade de Suède àParis, pour un premier face à face suivi d’undîner informel. En tout 25 messieurs quiavaient répondu, non sans mal, compte tenu

Beaucoup de choses à se direUn tour de table qui pesait ses quelques cen-taines de milliards de francs en termes dechiffres d’affaires avec les P-DG des plusgrandes entreprises et institutions bancairesdes deux pays, “encadrés” pour ce coup d’en-voi par des personnalités officielles : l’ambas-sadeur Jean-Daniel Tordjman, Délégué auxinvestissements internationaux auprès duministère français de l’Economie et UlfDinkelspiel, Président du Centre Suédois duCommerce Extérieur. L’animation était par-

tagée, pour la partie française, par Jean-Louis Beffa, P-DG de Saint-Gobain, et,

pour la partie suédoise, par BoBerggren, président de la Fédérationdes Industries Suédoises, qui avaient

tous deux activement contri-bué à la réalisation de ce pro-

jet. Quant à la présidence, elleétait, bien entendu, assurée par le

maître de céans, Örjan Berner.Au terme de deux heures trente de dis-cussion ouverte sur l’économie, les in-

vestissements et la situation dans lespays affectés par la crise, puis du dîner

qui aura permis à chacun de s’entretenirdirectement avec son homologue, les partici-pants ont constaté qu’ils avaient beaucoup dechoses à se dire, que le fait d’être concurrentn’exclut pas la complémentarité et qu’il fallaitrenforcer contacts et investissements dans lesdeux sens. Ils étaient unanimes.

Pourquoi pas plus souvent ?On peut alors se demander, à la lumière decette rencontre plutôt positive, pourquoi cela

L

de leurs emplois du temps compliqués, à l’in-vitation de l’ambassadeur Örjan Berner, ini-tiateur et organisateur de cette manifestation,à ses yeux indispensable. “J’ai pu constateren arrivant en France que si les dirigeantset entreprises de nos deux pays entrete-naient des rela-tions directes,

il existait un réel besoin de mieux seconnaître. Les Français sont de plus enplus nombreux à s’intéresser à la Suède,mais la Suède n’est pas l’Amérique oul’Allemagne, et nous devons faire un effortsupplémentaire pour nous rapprocherd’eux. C’est sur cette base que nous avonsconstruit la rencontre” explique-t-il.

Joyeux Noël et Bonne Année H God Iul och Gott Nytt År 1999

PROGRAMME CCSFJeudi 28 janvierEn collaboration avec le Business Club Franco-Danois, dîner-débat au Cercle Suédois à 19 h 30avec M. Johan Schröder, Président de Hoved-stadens Erhversråd et M. Carl-Johan Groth,Secrétaire permanent du Scania Business Group

qui parleront sur le thème “Öresund, nou-velle métropole régionale”.

Conférences-débats printemps 99FévrierPassage au 35 heures.

Mars - Euro.

AvrilRecrutement du personnel pour l’an 2000.

MaiAssemblée Générale.

JuinInternet et son influence sur l’entreprise.

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Chambre de Commerce Suédoise enFrance (CCSF), 67 bd Haussmann, 75008 Paris,

téléphone 01 42 66 05 85, fax 01 42 66 63 04 •

Président, Directeur de la publication -Lars Jarnryd • Directrice de l’édition -Gîta Paterson-Carlén • Comité de rédaction -Boel Evander, Tomas Fellbom, Lars Jarnryd,

Britt Noré, Gîta Paterson-Carlén, Claes Rasmusson,

Håkan Skoglund • Rédaction - Françoise Niéto,

Claire Mallet • Création originalede la maquette - W i l d e l l F r a n c e •

Photogravure et impression -IMPRIMERIE SERVIPLUS, Orly • Fichiers dedistribution - Centre Suédois du Commerce

Exterieur • Distribution - France-routage •

Administration, Abonnements etpublicité - A n n M a r i e A n d e r s s o n , C C S F ,

téléphone 01 42 66 05 85, fax 01 42 66 63 04

* * *LIENS est imprimé sur G-Print 115 grs, papier couché,

produit par STORA. Pour en savoir plus, contactez

S to ra F i ne Pape r F rance ,téléphone 01 49 06 47 50, fax 01 49 06 47 79

* * *Ce numéro a été distribué à 6000 exemplaires.

* * *ISSN 1253-3343

interviewMargareta Winberg,ministre suédoisede l’agriculture

p.5

reportage• Ikea : différent,

jusquedans lemanagement ?

p.10,11

bloc-notes• activités CCSF• carnet d’affaires• nominations• du côté de SNS• tous azimuts• nouveaux membres

p.6,7,8

entreprises• Cap Gemini• Universum

p.15,17

chroniqueLes suédoises du Calvados

p.18

e Nouvel Observateur du01/10/98 (n° 1769) parlaitdans un article intitulé “Au

vrai chic suédois” de “Krisprolls, Volvo,H&M, Ericsson... les produits suédois sont à la

mode, et dans un peu tous les domaines. Besoin de“solidité”, de sécurité, “protestantisation de la France”,

comme le disent des sociologues ? Radiographied’un phénomène”. (Fin citation).

Il est possible que nous sommes trop modestesquand nous pensons à notre pays, notre industrie et nos

possibilités d’influencer des pays beaucoup plus grandscomme la France.

Personnellement, je suis convaincu que nous avons très souvent les produitsou les services qu’il faut. La Suède est numéro deux au monde en nombred’abonnements Internet, téléphones mobiles et PC en pourcentage dunombre d’habitants. Nos autorités sont très avancées quant à la modernitédes systèmes administratifs installés etc.Mais il faut savoir vendre toutes ces compétences, il faut convaincre le mar-ché, il faut apprendre des expériences des autres. Et comme nous venons d’untout petit pays, nous devons travailler ensemble.Votre Chambre de Commerce est là pour faciliter votre connaissance du mar-ché français et vous introduire auprès de vos collègues d’autres sociétés sué-doises dont l’expérience est susceptible de vous intéresser. Nous allons aussi organiser des débats sur les 35 heures, nous inviterons desorateurs français et suédois qui vous parleront des sujets d’actualité. Lestemps changent très rapidement : Internet, 35 heures, l’année 2000, Euro,émergence de la société postindustrielle etc. Nous changerons avec eux.La Chambre a nommé un groupe de travail qui est en train d’examiner dif-férentes possibilités pour qu’elle contribue à votre réussite dans ces tempsnouveaux. Les résultats seront présentés à notre Conseil d’Administration le10 décembre prochain.Je reviendrai avec une présentation détaillée de nos projets dans le prochainnuméro de LIENS, mais je peux vous promettre qu’ils seront nombreux ettrès intéressants.Celles et ceux d’entre vous qui ne sont pas encore membres, adhérez dèsmaintenant ! Nous dépendons entièrement de nos membres et nous avonsbesoin du soutien de toutes et de tous.Pour terminer, je vous souhaite un Bon Noël et une très Bonne Année 1999à vous et à vos familles.Amicalement.

Lars JarnrydPrésident CCSF

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I N T E R V I E W

Il y avait foule, le 18 octobredernier, à l’ouverture du SIAL,le Salon international del’alimentation. Dans ce vasteespace de Villepinte tout prèsdes pistes de Roissy, oùles exposants se comptentpar centaines, le stand suédois,avec ses 14 producteurs réunispar Food from Sweden, pouvaitsembler bien petit. Un îlot calmede bois blond dans un archipelcoloré et exubérant.Pour beaucoup, cependant, c’estla Suède qui est exotique. Ainsiau SIAL pouvait-on, entre autresfromages, goûter au saucissond’élan, c’est fort, au renne fuméroulé dans des galettes du paysdes Sames, c’est extra, et auxbières de là-haut, ça ne tue pas.Exception faite de la vodkaAbsolut dont plus personnene devrait aujourd’hui ignorerl’origine, les krisprolls, ces petitspains grillés dont, paraît-il,raffolent les Français, ou encorele Wasa avec ou sans fibres(les céréales - pain et muesli -étaient d’ailleurs à l’honneur surle stand), l’identité alimentairede la Suède a des contours plutôtflous. Mais s’il est un domainedans lequel ce pays travaillesa différence et entend être suividans sa politique, c’est la puretéde l’alimentation. Il en a fait soncheval de bataille à Bruxelles.C’est ce qu’a expliqué pour“Liens” Margareta Winberg, laministre suédoise de l’agriculture,de l’alimentation et de la pêche,également chargée de l’égalitédes sexes - un cocktaildéfinitivement exotique.Elle était venue à Paris pourl’ouverture du SIAL.

des agriculteurs, une organisation, “Emi-liorna” (les Emiliennes), qui a été crééepour aider les femmes à démarrer leurspropres exploitations ou des entreprises liéesà la production agricole. Il faut absolumentles soutenir dans leur démarche, car ellesont plus de mal que les hommes à faireaccepter leurs idées de “business” par lesbanques. Nous assistons ainsi à une aug-mentation du nombre de PME créées pardes femmes dans ce secteur, alors qued’autres pays restent encore sur ce pointtrès conservateurs.

Une dernière question :l’Europe attend-elle les produitsagro-alimentaires suédois ?– Je ne sais pas, ce qui est certain, c’est quenous devons nous faire mieux connaîtrepour que l’on s’intéresse à ce que nous fai-sons. Mais cela demande un travail consi-dérable. En Grande-Bretagne, nous avonsréussi à pénétrer sur le marché de l’alimen-tation avec notre viande de porc et notrepain et nous déployons en ce moment nosefforts en direction de l’Allemagne. Ce que jepeux dire, en tous cas, c’est que les Français,eux, réclament les biscottes suédoises !

Propos recueillispar Françoise Niéto

L’alimentation est un sujetqui nous concerne tous

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– Nous nous efforçons en Suède de produiredes aliments aussi propres et sûrs pour lasanté que possible, mais nous souhaiterionsque toute l’Europe fasse de même. Pourtant,nous ne sommes pas libres d’agir exactementcomme nous voulons. Je parle, par exemple,de la production animale. En 1986, la Suèdea décidé d’interdire sur son territoire lerecours aux antibiotiques en tant que fac-teurs de croissance dans l’élevage. Au sein del’Union Européenne, nous bénéficions ainsid’une dérogation mais elle expire le31 décembre prochain. Nous souhaitonsbien sûr qu’elle soit reconduite et nousespérons que la Commission rendra unavis favorable.

Dans un cadre plus général,que fait la Suède à Bruxellesen matière de politiqueagricole européenne ?– La politique agricole est un domaine inter-national, je dirais, et nombre de décisionssont prises à Bruxelles. Je sais bien que lesSuédois apparaissent souvent comme desextrémistes, mais si nous ne pouvons espérerune déréglementation totale, ce n’est paspossible, du moins aimerions-nous que lapolitique actuelle de subventions soit mo-difiée dans le sens d’un système plus dérégle-menté qui privilégierait l’environnement etla politique régionale. Car, j’y reviens, lapolitique agricole va au-delà de la simplequestion des subventions, même si elles sontvraiment nécessaires. Elle touche à la qualitéde ce que nous mangeons. L’alimentationest un sujet qui nous concerne tous. Et puis,il ne faut pas non plus oublier la question dela rentabilité de l’agriculture. Il faudraittrouver le moyen, dans le système actuel,d’enrayer l’élimination progressive despetites exploitations.

Et les femmes,quelle est leur partdans l’agricultureen Suède ?– Eh bien, justement, ilexiste, au sein de laFédération nationale

Margareta Winberg,ministre suédoisede l’agriculture,

de l’alimentationet de la pêche,

également chargéede l’égalité

des sexes.

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carnet d’affaires

n Plaidoirie pour l’EuropeEn novembre dernier, le célèbre cabinet suédoisd’avocats Lagerlöf & Lehman, qui a aussipignon sur rue à Paris, se lançait dans une coopé-ration européenne unique en son genre : avecquatre autres grands cabinets européens, il fondaitLinklaters & Alliance, qui regroupe désormais pasmoins de 1 900 avocats d’affaires dans 27 des prin-cipaux centres économiques et financiers du mon-de. Ainsi, dès le 1er janvier, Lagerlöf & Lehman seraplus que jamais à même d’offrir à ses clients desprestations véritablement transnationales, qu’ilsoit par exemple question de droit européen, decapitaux, de fiscalité... Bref, la meilleure réponse àla fusion croissante des marchés européens - sansoublier, bien sûr, l’arrivée de l’Euro.

n “Le Catalogue”2/3 français, 1/3 suédois, 698 pages, 200 000exemplaires : c’est “Le Catalogue” de La Re-doute Sverige AB, le premier catalogue in-ternational de mode en Suède, lancé gratuite-ment à grands renforts de publicité dans lapresse suédoise. La Redoute Sverige AB est lanouvelle division de La Redoute France quiavait racheté Ellos, le N° 3 du VPC suédois en1997. La différence avec les autres catalo-gues de mode ? Une gamme plus mode et plus“classe”. The french touch,quoi.

n Deux nouveaux venussur le marché françaisTandis que Facit Furniture (la France ne va pastarder à être meublée entièrement suédois dedans,dehors et au bureau si ça continue) a inauguréson nouveau showroom 41, rue de l’Alma à Cour-bevoie, Audicom a ouvert sa filiale AudicomFrance. Audicom est le N° 1 du marché suédois del’équipement audio-visuel pour salles de confé-rences et a déjà livré un système complet au WorldTrade Center de Nice.

n Saab et Volvo Aero livrentdes composants d’AirbusSi SAS (dans laquelle les Suédois sont majori-taires) n’a toujours pas acheté d’Airbus, Saabet Volvo Aero ont obtenu des contrats avecl’Aérospatiale sur le programme Airbus. Saab, quiavait déjà signé pour la fourniture de structuresde plancher et les trappes de train d’atterrissage, vaégalement fabriquer des mâts de réacteur pourles A340-500/600. Ces commandes représententprès d’1,2 milliard de Francs. Volvo Aero profitepour sa part de l’achat de 59 d’Airbus parBritish Airways (assorti de 129 options) : les appa-reils seront équipés de moteurs V2500 pour les-quels Volvo Aero fournit des composants. Soit uncontrat de quelque 700 000 F. En attendant lechoix de motorisations que fera la compagnieaméricaine UPS.

B L O C - N O T E S

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n CGC reprend Locum DriftAvec le rachat de 50 % du capital de Locum DriftAB, une société suédoise de services spécialiséedans le secteur hospitalier, la société française CGCqui est déjà présente dans 22 pays, met le pied enScandinavie. Par la même occasion, Locum Driftquitte la sphère communale et aura, grâce à sonnouveau propriétaire, accès à un marché mondial.

nominations

Dieter Merz qui apermis à Scania deprendre 10 % du mar-ché français du poids-lourd en 1998, quit-tera son poste deP-DG de Scania Fran-ce en janvier 1999pour l’Italie où il di-rigera la nouvelle fi-liale du Groupe. Ilsera remplacé par

Patrick Mosca qui était depuis sept ans P-DGde Scania Espagne.

Changements aussi à la tête de Volvo TruckFrance : Torsten Dahlberg a quitté pourBruxelles. Il est remplacé par Jean-NoëlThénault, jusque là, directeur commercialde la société.

La branche luxembourgeoise de Svenska Han-delsbanken a élargi ses services auprès des groupesscandinaves établis en France avec l’arrivée, enaoût dernier, d’un spécialiste du marketing en lamatière, Alexander Edström.

Un très grand ami de la Suède, l’Ambas-sadeur Jean-Daniel Tordjman, délé-gué aux investissements internationaux auMinistère de l’Economie, des Finances et del’Industrie, a été fait Officier de la Légiond’Honneur. C’est son ministre, DominiqueStrauss-Kahn quilui a remisla distinc-tion.

Dieter Merz.

activités CCSF

Lors du déjeuner du 30 septembre dernier au Cercle Suédois à Paris, Tomas Fellbom,conseiller commercial près l’Ambassade de Suède et directeur du Centre Suédois duCommerce Extérieur à Paris, et Caroline Meimoun, responsable du service

d’information du CSCE aux sociétés françaises, ont brossé untableau des nouvelles méthodes mises en œuvre pour appuyer ledéveloppement des affaires entre la Suède et la France.Notamment par une plus grande réactivité dans le traitement

des demandes émanant de sociétés suédoises et fran-çaises (6000 par an, la grande majorité, françaises), un

travail relationnel plus approfondi et une base de don-nées internes qui facilite la tâche. Et aussi, un

nombre d’heures confortable sur le terrain.

TomasFellbomet CarolineMeimoun.

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acquisitions en série

n Le groupe Trelleborg vient de racheter ledistributeur français de demi-produits métallur-giques non-ferreux Testas SA (CA de 100 MF,35 personnes), renforçant ainsi la position de safiliale Reynolds sur ce marché (1 Md SEK en 97,175 personnes).

n Médical : le Suédois Getinge a racheté lasociété SMI/BBC, basée à Montpellier, leaderfrançais des équipements de stérilisation et dedésinfection destinés au secteur hospitalier.

n Bilia, principal distributeur suédois deVolvo, s’est porté acquéreur du groupe bretonGoujon, quant à lui premier distributeur depoids lourds Volvo en France (18 % du marchédes camions dans son district). De quoi per-mettre à Bilia de consolider sa place sur le marchéfrançais de la distribution de poids lourds et demiser en France sur un volume annuel d’environ800 véhicules neufs.

coopérations

n Pharmacia & Uppjohn a signé enoctobre dernier un accord de partenariat avecle Français Genset dans un domaine aujour-d’hui très convoité, celui de la génétique. Ils’agit, pour simplifier, d’utiliser les connais-sances de pointe et outils scientifiques deGenset dans le cadre de tests cliniques devantpermettre la mise au point de nouveauxtraitements.

n Dans le même temps, Astra entamait unecoopération avec les laboratoires de recherchefrançais Nicox, choisis pour leurs compétencestechnologiques. Celle-ci concerne la recherche denouveaux anti-inflammatoires utilisés dans letraitement de la douleur. L’accord donne à Astral’exclusivité mondiale (sauf au Japon) des droitsde commercialisation des produits susceptibles devoir le jour grâce à cette alliance.

n Aéorospatiale a passé une commande de40 M SEK à Saab Ericsson Space pour lafourniture des systèmes informatiques et deséquipements de transmission par micro-ondesde “Astra 1K”, le plus gros satellite au mondedans sa catégorie, dont le lancement est prévuà Kourou an l’an 2000. Cette coopération entrel’Aérospatiale et le constructeur suédois n’en estpas à ses premiers pas puisque les deux entités ontdéjà travaillé ensemble sur cinq autres satellitesde télécommunications.

ADVOKATFIRMAN

AvocatsBénédict VIDALGunnar CARLER

Ryane MERALLIMichel BACHELOT

Thierry MONTGERMONT

Stéphane BLANCHARDGreta RAJNAK

Groupement d’avocats comprenant3 bureaux en Suède

1 bureau à Paris depuis 1974

Nous assistons les sociétéssuédoises et françaises

dans leur développement(implantations, acquisitions,

contrats, arbitrage,fiscalité internationale,

droit de la propriété intellectuelle,droit et internet)...

n36, rue Tronchet - 75009 PARIS

Tél. +33 (0) 1 42 66 14 49Fax + 33 (0) 1 42 66 59 45

E-mail : [email protected]//www.carler.se

du côté de SNS

n Volvo a “mis le paquet”Dans le cadre de l’ouverture du Mondial del’Automobile, en octobre dernier, HansWikman, a présenté à SNS le projet S 80 qu’ila dirigé, la réalisation la plus ambitieuse deVolvo jusqu’ici et, ce que H.Wikman appelle un“système”. Soit plusieurs modèles à partird’une même plateforme. “Ce n’est pas nou-veau pour les autres, mais ça l’est pourVolvo” dit-il. Le but : élargir la gamme afind’élargir sa clientèle et accroître ses ventes surle segment post-familial. Un projet qui anécessité 40 mois de travail et quelque 30 mil-liards de SEK. Résultat : un design réussi etune technologie embarquée de haut niveau.

On attend le restede cette premièrefamille Volvo.

n Crise de la démocratieen Suède ?Une participation électorale en baisse lors deslégislatives du 20 septembre dernier (82 % “seule-ment”), le nombre important de bulletins blancsou nuls (113 000), une baisse croissante de laconfiance des électeurs envers les politiciens, demoins en moins de militants dans les associationset les partis qui ont de plus en plus de mal à recru-ter des candidats aux élections : ce nouveau com-portement d’un citoyen suédois qu’on avait connubeaucoup plus intéressé par la chose politique, ade quoi inquiéter. Outre son analyse du scrutin,c’est ce qu’est venu dire à SNS, une semaine aprèsles élections, Olof Peterson, professeur descience politique et président du conseil démocra-tique de ce même SNS.(Guy de Faramond).

Hans Wikmanet Per Norinder,P-DG de Volvo

Automobiles France.

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tous azimuts

n La société d’assurances Skandia a fêté le10ème anniversaire de sa présence à Paris le 1er

octobre dans ses locaux rénovés de la rue Cambon,à Paris. Sur les murs, une série de tableaux depeintres suédois qui vivent et travaillent à Paris.Un exposition de qualité réalisée par HaraldFriberg Conseil (tél. 01 40 29 01 11). Après desannées comme directeur du Cercle Suédois,Harald s’est reconverti à l’Art à plein temps.

Le nouveau gouvernement social-démocratesuédois présenté début octobre, est resté fidèleà son souci d’égalité : 10 femmes dont lavice-premier ministre, Lena Hjelm-Wallén, et10 hommes. En revanche, il a rétréci de deuxportefeuilles par rapport au précédent. Laredistribution des cartes dans la nouvelleconstellation privilégie ainsi les “super minis-tères”. A souligner par ailleurs que le PremierMinistre, Göran Persson, qui tient à faire entrerla Suède dans l’Euro, s’est réservé l’essentiel dudossier européen.

n Les touristesfrançais ont envahiStockholm !Les touristes français ont cette année été plusnombreux que jamais à se rendre en Suède : 38 %de plus que l’an dernier (en nombre de nuitéescommerciales). Soit 36 700 nuitées supplémen-taires, dont environ les deux tiers passées àStockholm. L’objectif de l’office de tourisme, fixéà 200 000 nuitées, a donc été atteint. “S’il est na-turellement difficile de déterminer les raisonsde ce succès, elles sont sans doute liées aufait que Stockholm est Capitale culturelle euro-péenne 98 et à l’importante campagne pressemenée conjointement par Stockholm Infor-mation Service et SAS” estime ainsi CarolinaLilja, qui n’oublie pas non plus la campagne 97de l’office de tourisme (presse et envois d’e-mail),qui a pu porter ses fruits cette année. Et la finde l’année n’a pas été délaissée, StockholmInformation Service et SAS étant repassés à l’offen-sive, cette fois pour inciter les français à se laissertenter par “Noël à Stockholm”.

B L O C - N O T E S

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nouveaux membres 1999

Atlas Copco Crépelle, dirigée par Michel Cuny- AXS Télécom, dirigée par Laurence Barrié -France Espèces S.A., dirigée par LaurentLieutaud - Pricer S.A., dirigée par Göran Witt -Jean-François Lerable.

LASSUS & ASSOCIÉSAVOCATS À LA COUR

Björn Palm-JensenPaul LassusDavid Gage

Stéphane CausséRaphaëlle Pecqueraux

Isabella Micali Drossos

Au service des sociétéssuédoises et françaises

depuis 1981

n

8, AVENUE BERTIE ALBRECHT

F-75008 PARIS

TÉL +33 - (0) 1 53 93 61 61

FAX +33 - (0) 1 42 56 24 39

E-MAIL : [email protected]

n Ruinépour n’avoir pas crudans les Bleus...Le Mondial de football aura coûté 100 000 SEKà un bijoutier suédois qui avait eu la bonneidée, dans une campagne publicitaire lancéeen mai... de s’engager à rembourser les achatsde ses clients “si la France gagnait l’or duMondial” ! Dès le fameux “3-0” de la finale,une cliente n’a par exemple pas hésité à sefaire rembourser les 9 300 SEK qu’avait coûtésa bague en or. Quant au malheureux bijou-tier, il a reconnu avoir “fait ses comptes” dès lepremier but marqué en finale par Zidane...

“La révélation jazz de l’année”, “sontimbre est l’un des plus émouvantsdu jazz vocal actuel”, “cette star dela chanson populaire s’insinue dansle panthéon des génies du jazz”,“simplicité et pureté”, “le charme,une séduction directe”, “la seule diffé-rence entre Lisa Ekdahl et l’éternité,c’est que l’éternité dure moins long-temps”... Bref, la presse française - duMonde à Femme Actuelle en passantpar Marianne, l’Express ou Jazzman -ne tarit pas d’éloges pour Lisa Ekdahl,découverte ici l’an dernier avec son pre-mier album jazz (“When Did You LeaveHeaven”, l’album suédois de jazz le plusvendu de l’histoire !) et ses premiers

concerts au Centre Culturel Suédois puis auclub La Villa (archi-comble). Aujourd’hui,Lisa Ekdahl sort son deuxième album jazz(“Back to Earth”, qu’on s’arrache : il étaitau 20ème rang du top Fnac quelquessemaines à peine après sa sortie) et vient

d’enchanter le New Morning, accompa-gnée par le Peter Nerdahl Trio. Du

côté de sa maison de disques,BMG, on n’en revient pas :

“c’est étonnant ! LisaEkdahl arrive commeun ovni dans le mondedu jazz. Elle est très pro

tout en s’ouvrant à un public pluslarge... Elle va aller loin. Son succès est

parti pour durer”.

Lisa Ekdahl : Paris découvre sa star du jazz

n Une jeune suédoise fondpour les chocolats françaisSara Lindhé n’a que 25 ans. Elle a ouvert cetteannée à Stockholm une boutique de chocolats Ri-chart - la première enseigne Richart de toute laScandinavie. Une belle histoire. Celle d’un voyageà Aix-en-Provence et d’un coup de foudre pour leschocolats de ce fabricant français égalementconnu pour son café. D’une rencontre convain-cante, ensuite, avec Michel Richart. D’une étudede marché révélant qu’aucun commerce compa-rable n’existait à Stockholm. D’une formation enFrance pour connaître tous les secrets de ces frian-dises. D’un prêt bancaire et donc enfin d’une jolieboutique en plein centre. Sara vient même de selancer sur le marché des entreprises (qui pourrontcommander des pralines à leur effigie) et vise celuide la vente par correspondance. Et raffole toujoursautant du chocolat !

n “Paris au tempsdes amants” : c’est letitre de l’ouvrage queKnut Ståhlberg, legrand old man dujournalisme suédoiset Parisien adoption,vient de consacrer àGeorge Sand, “cettefemme dont il n’estpas étonnant qu’onsoit amoureux encorede nos jours”. Le livren’est pas (encore) tra-

duit en français. Son titre suédois : “Paris på deälskandes tid” éd. Norstedts.

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armée de secrétaires...” note Jean-Louis Baillot.

Et puis chezIkea, vive “l’esprit d’équipe”.

Plus qu’un simple slogan, cela semble fairefigure d’école de pensée : “ce qu’on essaie demettre en valeur, c’est plus Ikea que l’indi-vidu. La performance individuelle n’estjugée que par rapport à ce qu’elle apporteau groupe”.

En toute simplicitéCet esprit-là, on le retrouve lorsque Ikea recrute- lorsqu’il s’agit d’opérer un choix parmi lesquelques 50 000 candidatures affluant chaqueannée. Au-delà du diplôme et autres critères desélection classiques, l’entreprise tiendra beau-

coup à la simplicité, à l’esprit d’initiative, à unecertaine modestie (ne pas vouloir “tout, tout desuite”...), sans oublier une pointe d’humour.Les heureux élus sont généralement invités àdémarrer leur carrière sur le terrain. Là,certes, Ikea ne fait pas figure d’exception : lachose est propre à l’ensemble du monde de ladistribution. Inutile par exemple, pour unjeune diplômé, d’arriver en proclamant : “j’aiun diplôme de marketing, je voudraisavoir un poste au siège” ! Il aurait de forteschances de s’entendre dire : “chez nous, çane se passe pas comme ça. Vous allezd’abord travailler sur la surface de vente,et après, on verra si vous irez au siège”.Jean-Louis Baillot précise d’ailleurs que “lesiège ne doit pas être une finalité en soi”,citant le cas de cadres passés d’un magasinau siège puis repartis en magasin, et ven-tant les mérites de ces “passerelles”, de cet“échange constant de compétences” :“c’est surtout la somme de connais-sances que les gens ont acquies dans

leur parcours qui fait qu’ils ont unevaleur pour l’entreprise”.

Une spécialité suédoise ?Ikea France n’a jamais caché ses origines sué-doises, bien au contraire. L’entreprise adressaitpar exemple l’an dernier aux jeunes diplômésce message : “Ikea qui est, comme chacunsait, après les joueurs de tennis, les manne-quins, les Vikings, les rennes et les petitspains, une grande spécialité de la Suède.(...)Alors, si la Suède française vous inspire,venez voir du pays dans le monde Ikea”.Mais au fond, qu’y a-t-il de vraiment suédoisdans tout ça ? On pourrait peut-être parlerd’un savant dosage franco-suédois... Sans

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kea, en France, visiblement, tout lemonde connaît. De ce dimanchepluvieux passé à monter une biblio-

thèque à cette boîte de harengsdénichée à la “boutique sué-doise” - en passant par le studiodu fils aîné qu’il va falloir aména-ger, les cache-pots et bougeoirs quiétaient “vraiment sympas”, lescurieux slogans des grandesaffiches aperçues sur un quai demétro... Tout se passe comme si Ikeaétait bien plus qu’un marchand demeubles. Presque un concept.Et au-delà du consommateur lambda,il semble qu’on connaisse aussi Ikeapour sa culture d’entreprise, pour sonmode de fonctionnement un peu “diffé-rent”... Et donc notamment pour sa poli-tique en matière de ressources humaines.La presse spécialisée s’en fait régulièrementl’écho. Chez Ikea, on en est bien conscient :“Ikea est une société différente et a fait desa différence une force” reconnaît ainsiJean-Louis Baillot, P-DG d’Ikea France.De quoi s’agit-il au juste ? Cela commence pardes choses très palpables. Bureaux paysagersafin que “l’information circule librement”.Tutoiement de rigueur (depuis toujours) pour“des relations plus directes”. Tenue vestimen-taire : exit le costume cravate qui risquerait de“mettre une barrière entre les gens”.Et qu’y a-t-il derrière ces signes extérieurs ? Ils’agit, on le voit, de favoriser la “proximité”entre les salariés. Ce qui implique notammentune hiérarchie nettement moins pesante quecelle de bien d’autres entreprises françaises : iln’y a par exemple pas de “grands postes dedirecteurs et sous-directeurs avec toute une

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Ikea : différent,jusque dans le management ?

Si la star du meuble en kit à l’enseigne jaune et bleueest célèbre pour son catalogue, ses étagères Billy, ses prix,

ses vastes magasins de périphérie où l’on se rend en famille...Ikea l’est aussi pour son “anti-conformisme”.

Et ce, y compris dans la gestion de ses ressources humaines.Ici en France, en quoi consiste ce management “différent” ?

Une simple histoire de culture d’entreprise suédoise ? Pas uniquement...

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oublier l’identité propre au groupe. Jean-LouisBaillot s’interroge : “je ne sais pas si c’est lemodèle scandinave qui prévaut ou si c’estIkea. J’ai plutôt tendance à dire que c’est unpeu les deux. Car Ikea n’est pas une sociétéscandinave au sens strict du terme : quandon voit Ikea fonctionner, il ne faut pass’imaginer que toutes les sociétés suédoisesfonctionnent de la même manière...”. Et sice directeur général “n’aime pas trop sché-matiser, car qu’il y a autant de bon mana-gers en France qu’il n’y en a en Suède”, ilreconnaît toutefois qu’Ikea France a bel etbien “un management plutôt scandinave”et ne nie pas l’héritage d’une certaine “cul-ture” suédoise, d’un certain nombre de“valeurs” venues du Nord.Précisons que dans les faits, chaque filiale dugroupe dispose d’une grande autonomie danssa gestion des ressources humaines : “certainsoutils sont mis en commun, un cadre estfixé pour l’ensemble des unités Ikea, maisdans chacune d’entre elles, on gère les chosesen fonction de la culture de son pays, on faitce qu’on pense être le mieux pour sa filiale”.Or Jean-Louis Baillot est des mieux placés pourévoquer ces questions : après trois P-DG sué-dois à la tête d’Ikea France, il est le premierFrançais à occuper ce poste. Ce changement,intervenu il y a deux ans, marquerait “lavolonté du groupe de mettre en place unmanagement local. A l’heure de l’Europe,ce serait bizarre que Ikea ne puisse être géréque par un Suédois !” estime le Français.

Un temps pour le travailExemple d’innovation, mais aussi de problé-matique marquée par une actualité bien fran-

çaise : la manière dont Ikea France a récem-ment traité la question du temps de travail. Sice temps de travail était déjà établi à 36 h 45pour les employés, un problème continuait àse poser pour les cadres. Dans un secteur d’ac-tivité connu pour ses horaires à rallonge, IkeaFrance a voulu inverser la tendance. Résultat :un accord mis en place en janvier dernier, quifait passer le temps de travail des cadres à unemoyenne de 39 heures hebdomadaires - etinstaure la badgeuse (version moderne de lapointeuse) pour tous afin de mieux maîtriserles choses. Un an plus tard, les conclusionssont mitigées : davantage de temps libre pources cadres. Et une formidable opportunité,dans le sens où tous ont du apprendre à mieuxdéléguer, à partager travail et responsabilités.Mais parallèlement la badgeuse serait deve-nue pour certains une source de “stress sup-plémentaire” (la crainte de ne pas parvenir àremplir sa mission dans le temps imparti) et aparfois été perçue comme une entrave à laliberté de mouvement...Alors, réfléchissant activement à la perspectivedes 35 heures - et ce, “avant que la loi nousoblige à le faire” - Jean-Louis Baillot souhai-terait plutôt trouver un accord permettant desortir de ce système de la badgeuse.

L’épreuve du miroir“Ce que je trouve le plus innovant ? Laremise en question permanente de l’enca-drement. Il y a peu d’entreprises aujour-d’hui, du moins françaises, où on utilisedes outils comme les nôtres”. Jean-LouisBaillot fait ici référence à deux types d’en-quêtes réalisées chez Ikea. A savoir toutd’abord l’étude de “climat social”, initiée parla Suède et menée une fois tous les deux ans,qui consiste à “mesurer, par toute une bat-terie de questions, quel est l’état de ce climatsocial - à demander aux collaborateurs cequ’ils pensent de leurs conditions de tra-

vail, de leur rémunération, leur manage-ment, leurs collègues, la manière dont lasociété est gérée...”. Après l’heure des ques-tionnaires (confidentiels) vient ensuite celledes points à améliorer : workshops, plansd’action... Et ça marche plutôt bien.“C’estsain, assez libérateur : ça fait du bien àtout le monde, une fois de temps en temps,de pouvoir dire tout ce qu’on pense !”confie une salariée du siège.Deuxième enquête : une démarche encoremoins banale, lancée en mars dernier. Cettefois à l’initiative d’Ikea France. Baptisé le“360°”, cet exercice-là, plus ambitieux - maisaussi plus “périlleux” - ne touche que lescadres dirigeants. Un questionnaire portantsur les principales compétences de tout bonmanager. Vingt cadres passés au crible.Chacun s’est auto-évalué (“comment jepense être perçu”) avant de se laisser juger parses collaborateurs directs. “Et là, il peut yavoir des écarts importants, des chocs.Imaginez quelqu’un qui pense être ungrand communiquant et qui s’aperçoitqu’il n’en est rien...” raconte le directeurgénéral, qui estime que cet outil plutôt révo-lutionnaire, certes lourd et cher, a étéconcluant. Mais que celui-ci est à réserver auxentreprises faisant preuve d’une grande“maturité” dans la gestion de leurs res-sources humaines.Au fait, pour boucler la boucle, une petite pré-cision au sujet de cette fameuse réputationd’innovation : “elle est globale tient à souli-gner Jean-Louis Baillot. On aime bien, aulieu de suivre des sentiers tracés, voir s’iln’y a pas d’autres manières de procéder.Dans les ressources humaines, certes, maisaussi dans le marketing, la publicité,l’achat des produits... Une société inno-vante doit l’être à tous les niveaux”.

Claire Mallet

Jean-Louis Baillot a pris la tête d’Ikea France en octobre 1996.Premier français à cette place après le règne de trois P-DGsuédois, Jean-Louis Baillot, 45 ans, marié à une Suédoise,est titulaire d’une maîtrise de gestion. Entré chez Ikea en 1983pour le lancement du magasin d’Evry, il a ensuite fait sonchemin au sein du groupe : directeur des ventes du départe-ment meubles, directeur commercial, départ vers la Suèdepour y être Business Area Manager et retour en France - aprèsun passage chez Lapeyre - au poste de directeur du marketingde la filiale française. Avant donc, d’en devenir le présidentdirecteur général.

Jean-Louis BaillotP-DG d’Ikea France.

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n’a pas été fait plus souvent. “Les chosesévidentes ne viennent pas automatique-ment. C’est une question de conjonctureet de personnes. Cela prouve aussi qu’iln’y a pas suffisamment de liens institu-tionnalisés entre la Suède et la France”répond Erik Belfrage, vice-président de labanque SEB à Stockholm et coorganisateurde la réunion. Des liens institutionnaliséscomme il en existe entre les Suédois et leurshomologues anglo-saxons, plus prochesd’eux que les Français pour les raisonsconnues d’affinités de langage, de cultureet de comportements. Mais tout le mondechange, même la France pourtant considé-rée par beaucoup encore comme “un peuspéciale”. Une nouvelle génération demanagers s’installe aux commandes et lefait européen modifie aussi peu à peu la per-ception que l’on a de l‘autre. Il n’y a qu’à

regarder pour s’en convaincre, la rapide pro-gression des investissements français enSuède depuis que celle-ci est membre del’Union Européenne.

Créer des réseauxde connivences Si cette soirée entre gens qui ne se connais-saient pas très bien a été à la fois trèsagréable et “très utile pour aller au-delà”, selon Bernard Yvetot, de l’équipe deJ-D Tordjman à Bercy, elle ne suffira cepen-dant pas à renverser radicalement la situa-tion et à “débloquer des choses qui ne marchent pas par ailleurs”. Passer dulogos à la praxis demande en effet plus detemps que celui d’une rencontre pouratteindre l’objet-même de la démarche, àsavoir, la création de réseaux de connivencesentre managers, ciment des réalisations

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U N E S S A I A T R A N S F O R M E R

Un essai à transformer

communes, que Français et Suédois culti-vent chacun de leur côté mais pas entre eux.Effectivement, tous sont convenus de pour-suivre ces réunions sur une base régulière.Ainsi, la prochaine devrait avoir lieu avantl’été prochain, à Stockholm, organisée parla Fédération des Industries Suédoises. Unimpératif : rester au niveau des top-mana-gers et ne pas laisser retomber le processusentamé au niveau des “seconds couteaux”.Il s’agit bien de créer et de maintenir unmécanisme dynamique qui devra, parailleurs, continuer de fonctionner sans lesecours des “parapluies” officiels qui a éténécessaire à sa mise en place. Un détail :c’est l’anglais qui avait été choisi commelangue de travail. La preuve qu’il est possiblede communiquer avec des Français.

Françoise Niéto

(suite de la page 1)

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E N T R E P R I S E S

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Alvik, banlieue ouestde Stockholm. La vuesur l’eau est superbeà travers les grandesbaies vitrées del’immeuble de CapGemini AB, la branchenordique du leadereuropéen et numérotrois mondial desservices et d’ingé-nierie en informa-tique. Pas de fébrilitévisible dans lesbureaux au designélégamment fonc-tionnel. Où sont donc cescerveaux rapides ? Chez lesclients pour nombre d’entreeux. Pas de trace non plusde l’appartenance française.Et si identité il y a,elle est transnationale.A l’image de l’informatique.

Nous avons une grande liberté vis àvis de la maison mère. Elle laisse ses

divisions et entités géographiques se développercomme elles l’entendent et tire parti de la coha-bitation de cultures différentes au sein duGroupe. Ce qui compte avant tout c’est le partagedes compétences et du savoir-faire des différentesbranches. Les régions en soi ne sont pas spéciali-sées”. Ola Vettergren apprécie cette relation deconfiance avec Paris. Directeur de la communica-tion à Stockholm, il a rejoint Cap Gemini AB il y aun an et il semble satisfait de son choix. La diffé-rence avec les concurrents nordiques ? “Chez nous,c’est plus informel et plus ouvert. C’est la mêmechose au siège, à Paris, même si l’organisation yest en partie hiérarchisée. Les gens sont dispo-nibles, les relations sont simples, il n’y a pas debarrières”. Vérification faite en jetant un coupd’œil sur le site, www.capgemini.se. : “nous nesommes pas une organisation bureaucratique.Tu es responsable et tu es libre” témoigne unecollaboratrice.

Une entité performanteC’est sur un marché fertile que Cap Gemini a com-mencé à investir il y a plus de dix ans. Avec raison,car les Suédois, très tôt convertis à la téléphoniemobile et à l’informatique, se sont jetés sans états

d’âmes sur les nouvelles technologies - Internet,commerce électronique et autres. Cap Gemini AB estle résultat d’une série d’acquisitions et de fusions.Celle, en 1996, avec Programator a été décisive etc’est son P D-G, Anders Skarin, qui a pris la tête de lanouvelle société. Outre les activités des trois divisionsgéographiques en Suède, Cap Gemini AB englobecelles des voisins danois, norvégiens et finlandais.Avec une responsabilité particulière au sein duGroupe : Stockholm est la base mondiale de la divi-sion “Utilities et Telecom”. Elle assure l’applicationde systèmes dans le domaine des infrastructures(distribution d’électricité...) et des télécoms (factu-ration de la téléphonie mobile...). Sinon, tous lesmétiers du Groupe sont présents dans le nord, aussibien ceux de Cap Gemini, les services en ingénierieinformatique, que ceux de sa sœur, GeminiConsulting, la société de conseil en managementpour les entreprises et les organisations.

Une expansion rapideA l’image du Groupe, Cap Gemini AB se développeau galop. Témoins, son chiffre d’affaires en aug-mentation et les 500 embauches qui ont eu lieu auprintemps 1998 - en grande partie via Internet.Inutile d’ailleurs de demander qui on recrute : “lesmeilleurs, c’est tout”, répond Ola Vettergren. Desjeunes diplômé(e)s de l’enseignement supérieur,ingénieurs en informatique ou télécommunica-tions qui ont entre trois et cinq années d’expé-rience. Mais les compétences techniques ne suffi-sent pas, il faut savoir être autonome et posséderdes qualités relationnelles, essentielles dans lesmétiers de services et de conseil. Ingrédient majeurde la progression de l’entreprise qui donne uneidée de son savoir-faire et de sa rigueur : ce quenotre hôte appelle “l’obsession de la livraison”.L’objectif est de respecter à 100 % les délais delivraison prévus d’un projet. En 1997, Cap GeminiAB a atteint 97 %. Un record.

Marché porteur pour Cap Gemini

Une expertise reconnuepar les plus grandsSes clients sont les plus grandesentreprises publiques et privées del’espace nordique. A titre d’exemple,Cap Gemini AB participe à la déré-glementation du marché suédois del’électricité, a construit un systèmeinformatique unique de gestion despièces détachées pour le réseau deSaab à travers le monde, contribuéà la fusion de deux grandes ban-ques, Nordbanken avec Gota Ban-ken, mis sur pied un système infor-matique de filature qui permet à lapolice de Malmö d’arrêter des délin-quants, construit un système de fi-chage des 1,8 million de vaches sué-

doises dans le cadre du programme européen dedépistage de l’encéphalite spongiforme. C’est aussiavec Cap Gemini que Telia, le premier groupe sué-dois de télécoms, a conclu un partenariat d’exter-nalisation de certaines fonctions de sa filiale TeliaPro Soft et de leur personnel. Cap Gemini est aussi,c’est évident, dans le peloton de tête des as de lavoltige binaire qui se disputent les deux mégachantiers de cette fin de siècle : la conversion infor-matique à l’an 2000 et la conversion à l’Euro.

Un site accueillantQuant au site de Cap Gemini Suède, il est vivant etaccueillant sur toute la ligne, en particulier lapage emploi. “Envie de changer ? Viens cheznous !”. On retiendra cependant la rubrique “letravail n’est pas toute la vie” qui énumèrediverses activités de nature à souder les troupes et àles motiver encore plus pour qu’elles donnenttoute leur efficacité. Cela va du verre au pub aprèsle travail au club d’art, en passant par la muscu-lation et les matchs de bandy en salle - une versionéreintante du cousin écossais du hockey sur glace,mais sans glace et sans patins. Ici, on sent qu’onépaule chaleureusement votre épanouissementproductif dans une carrière sur mesure et quetoutes les possibilités sont ouvertes pour peu qu’onsoit qualifié. Très qualifié.

Françoise Niéto

n Cap Gemini mondeplus de 35 000 employés répartis sur 250 sites enEurope, Etats-Unis et Asie. CA en 1997 : FF 20,2 Mds(12,5 Mds au 1er semestre 1998).

n Cap Gemini Nord4200 employés répartis sur 40 sites, dont 27 en Suède.CA en 1997 : FF 2,3 Mds (en hausse de 26 % au1er semestre 1998 par rapport à la période corres-pondante en 1997).Le Nord assure 13 % du CA du Groupe.

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E N T R E P R I S E S

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Depuis dix ans,Universum aide lesentreprises suédoisesà soigner leur image pourqu’elles puissent recruter legratin des jeunes diplômés.Universum se tourneaujourd’hui vers les grandessociétés françaises prêtesà courtiser les élèvesdes meilleures écoles decommerce et d’ingénieurs.

On pourrait assimiler le suédois Universumà un cabinet de conseil en recrutement.Pourtant, ce n’est pas tout à fait ça. Certes, lafinalité est bien de permettre aux entreprisesde dénicher la perle rare. Mais l’approched’Universum est plutôt originale. Centrée surles jeunes diplômés, elle se fonde sur une idéeprécise : toute entreprise doit commencer parconnaître l’image qu’ont d’elle les étudiants,par comprendre les attentes de ces jeunestalents, pour ensuite améliorer cette image...

Ce n’est qu’à partir de là que l’entreprisepourra espérer renforcer son “attractivité”. Laméthode est elle aussi peu répandue : de vastesenquêtes auprès des étudiants des meilleursécoles ou universités, incluant à la fois ladimension quantitative (l’enquête françaisecomprend les réponses de 2 500 jeunes de25 écoles) et qualitative (questionnaire trèsfouillé). Ce que les entreprises clientesd’Universum achètent, ce sont donc toutd’abord les résultats détaillés de l’enquête.

Les étudiants changentUniversum a commencé, il y dix ans, par son-der les brillants étudiants suédois. En 1995,il s’est intéressé à l’ensemble des meilleurscampus de quatorze pays européens. Ensuite,zoom sur les grandes écoles du Royaume-Uni,d’Allemagne, des autres pays scandinaves, deSuisse, des Pays-Bas, et même des Etats-Unis.Et cette année, donc, cap sur la France.L’enquête française est prête depuis le mois deseptembre. D’ores et déjà, les grands groupesfrançais ont visiblement été séduits par ladémarche. D’ailleurs, “la période de com-mercialisation active est déjà presque ter-minée, nous travaillons déjà sur l’année99” précisent Fabio Ianni, responsable dupôle conseil, et Olivier Marteau, chargé dedévelopper le marché français. Dès 99 en effet,il y aura une nouvelle enquête : “parce queles choses évoluent, de nouvelles interroga-tions émergent, le questionnaire est en par-

tie modifié d’une année sur l’autre.L’an prochain par exemple, nousallons aussi chercher à savoir ce queles étudiants entendent par équilibreentre vie professionnelle et vie pri-vée” racontent-ils.

Question de communicationReprenons. L’enquête permet desavoir qui sont les étudiants, ce queces jeunes souhaitent “faire de leurvie”, quelles sont leurs priorités pro-fessionnelles... Elle évalue aussi com-

ment les entreprises communiquentavec ces étudiants et comment ces der-niers aimeraient être abordés. Enfin,chacun d’entre eux indique, sur une liste

de 138 entreprises, celles qu’il préfère et lesraisons de ce choix.L’entreprise se portant acquéreur de l’en-quête va pouvoir, grâce au logiciel fourni,

segmenter toutes ces données pour les analy-ser plus en détail. Ensuite, si elle le souhaite,Universum pourra intervenir en tant queconsultant afin de l’aider à “trouver lemeilleur compromis entre la réalité in-terne de l’entreprise et l’image idéalequ’elle peut donner d’elle-même” expliqueFabio Ianni. Il pourra par exemple s’agir demodifier la façon de se présenter sur lesforums. Certaines entreprises auraient en effettendance, entre autres, à mettre l’accent surleur historique et leurs résultats, alors mêmeque “là-dessus, les étudiants se sont souventdéjà renseignés”. Ou bien encore, à s’étendresur les perspectives de carrière dans dix ansalors que “les jeunes diplômés veulent sur-tout savoir ce qui se va se passer dès leurentrée dans l’entreprise”.

Un label européenUniversum semble aussi pouvoir faire profiterses clients de son expérience européenne. Parexemple pour inciter les multinationales àadopter une communication cohérente surles campus des différentes pays. Ou pour fairesavoir ce qui se passe ailleurs : faire savoir queles entreprises suédoises - et, plus encore, lesentreprises britanniques et hollandaises - sontcelles qui consacrent le plus de ressources aurecrutement, ont mis au point les techniquesles plus élaborées... Ont compris, résumeOlivier Marteau, que “le recrutement, c’estaussi du marketing”.

Claire Mallet

Universum aide les entreprisesà séduire les jeunes talents

Les entreprises les plus cotées chez les jeunesfrançais sont, dans l’ordre : Danone, L’Oréal,Aérospatiale, LVMH, Canal Plus, AndersenConsulting, France Télécom, EDF, Nestlé,Alcatel-Alsthom, Dassault, Renault, SociétéGénérale, Matra, BDG, Sony, McKinsey,Générale des Eaux, Kraft Jacobs Suchard,Bouygues. Les télécoms et la grandeconsommation y figurent en bonne place(alors qu’aux Etat-Unis par exemple, ce sontle conseil et les banque d’affaires qui fontl’unanimité). Et surtout, il se dégage de cepalmarès une nette domination du “franco-français” - ce qui n’est pas toujours le casdans le reste de l’Europe.

CELLES QU’ILS PRÉFÈRENT...

Olivier Marteau, chargé dedévelopper le

marchéfrançais et

Ola Källqvist,Directeur de la

Communication.

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Ce ne sont pas des touristesblondes venues retrouverles traces de leurs ancêtresscandinaves au pays desNormands, mais desrésidentes bien ancrées :400 maisons arrivées làde Suède qui ont fêté, l’étédernier, leur cinquantièmeanniversaire. Une bellehistoire de solidarité.

héâtre du débarquement de juin 1944et des lourds affrontements entre lesarmées alliées et allemandes, le Cal-

vados, détruit à 90 %, est, à la fin de la guerre,le département le plus sinistré deFrance. Les sans abris se comptentpar milliers. En janvier 1945, leshostilités ne sont pas encore termi-nées et la reconstruction de cetteterre saccagée n’a pas la premièrepriorité. C’est à ce moment-là queVictor Vinde revient en Normandie.A Caen. “Tout était plat, seulesquelques ruines tenaient encoredebout” se souvient aujourd’huison fils, Pierre, âgé à l’époque d’unequinzaine d’années.

L’homme providentielElève de terminale en 1919 aulycée Malherbe grâce à un pro-gramme de bourses pour de jeunesSuédois, Victor Vinde avait passéson bac dans cette ville, puis avait fait desétudes à Paris avant de devenir journaliste.Durant l’entre-deux guerres, il avait été cor-respondant en France du Göteborgs Handels -och Sjöfartstidning, un quotidien farouche-ment antinazi.Emu par l’état indescriptible de la cité nor-mande et de la région en général, Victor Vindealerte les représentants de son pays à Paris, àl’ambassade et à la Chambre de CommerceSuédoise. La Suède, que sa politique de neu-tralité a mise à l’abri du conflit meurtrier, sedoit, estime-t-il, de faire un geste pour secou-rir les habitants du Calvados. Ce qu’elle fera,et généreusement.

Des chalets provisoiresaux vraies maisonsAssez rapidement, le gouvernement suédoisdécide d’envoyer des maisons préfabriquées.Une soixantaine d’industriels prêtent leurconcours. Fin décembre de la même année,135 maisonnettes de bois provisoires arriventau port de Caen à bord de deux cargos sué-

dois. Peut-être pas très grandes, 26 m2, maisavec un équipement de première nécessité,poêle et radiateur compris. Elles sont répartiesdans les zones les plus touchées de la plaine deCaen et montées par une équipe suédoise etdes volontaires français. Le 11 janvier 1945, leprince Bertil, qui a présidé le comité decoordination, inaugure celles du canton deBourguébus.Ce n’est qu’un premier pas. Le 15 mars sui-vant, le gouvernement suédois fait don à l’Etatfrançais de 400 maisons préfabriquées et éga-lement en bois, mais, cette fois, définitives.Erigées à Caen et dans neuf autres localités* duCalvados, elles seront toutes achevées en 1948.

“J’habite la Suède”Pour les locataires de ces maisons jumelées,c’était le paradis. L’architecte Sven Ivar Lind avaiten effet tout prévu : un intérieur spacieux conçu

rationnellement et entièrement équipé avec eaucourante, chauffage central, séjour et coin cui-sine ultramoderne, douche, toilettes à l’inté-rieur, buanderie, deux chambres et la possibi-lité d’en aménager deux autres au grenier. Rienne manquait, du vaisselier avec ses tiroirs et sesbocaux en verre, à la planche à découper amo-vible et à l’égouttoir mural. Un luxe inouï.Conformément aux souhaits des autoritéssuédoises, ces maisons avaient été en outreconstruites dans des zones soigneusement choi-sies, à l’écart des décombres. Il ne restait plusaux autorités locales qu’à baptiser les rues deces Cités Suédoises (à Condé sur Noireau, onavait d’ailleurs vite abrégé en “Suède” ce qui, ducôté des enfants, donnait de curieux “j’habite laSuède”). Aussi portent-elles des noms qui évo-quent le généreux pays donateur : rue de Suède,de Stockholm, de Kiruna, de Sandviken et autresavenue Gustav V.

Mais aussi des crèchesLa générosité suédoise ne s’est pas arrêtée là.Dans la foulée, le Calvados a également reçu

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Les suédoises du CalvadosC H R O N I Q U E

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quatre crèches. “On avait pensé à tout, linge,ustensiles, machines à laver etc. C’étaitmerveilleux !” s’exclame Jeanine Gille, cettegrande dame de Caen à l’origine du nouveaudon. En Suède où elle était allée étudier l’or-ganisation sociale, elle avait fait d’énergiquesdémarches, en particulier auprès de RäddaBarnen (branche suédoise de l’organisationcaritative internationale Save the Children), etréussi à convaincre ses interlocuteurs suédois,mais aussi français, des besoins du Calvadosen matière de crèches. Caen en reçut deux,Colombelles et Condé sur Noireau, une cha-cune. Qui plus est, trois directrices et troisinfirmières puéricultrices bénévoles les ac-compagnaient. Elles resteront un an. En 1949,les crèches étaient officiellement remises

aux autorités fran-çaises. Seule, celle deCondé subsiste au-jourd’hui, bien quereconvertie à d’autresactivités. En attendantde retrouver prochai-

nement sa vocation initiale.

Cinquante anset pimpantesLes crèches ne sont plus mais lesmaisons (classées, depuis, HLM),toujours solides et entretenues avecamour, ont conservé leur identiténordique et témoignent joliment dece bel acte de solidarité. Leur cin-quantième anniversaire a permis àFrançais et Suédois de se retrouver,à l’initiative de deux habitants d’une“suédoise” de la Cité Branting deColombelles, Carol Pitrou et son

époux, Jacques Munerel, auteurs d’un ouvrage(voir encadré) en hommage à ceux qui ont aidéà la reconstruction de leur région. Quatre vieilles dames alertes sont aussi venuestout spécialement de Suède pour l’occasion :la représentante de Rädda Barnen et lesanciennes directrices des crèches.

Françoise Niéto

* Aunay sur Odon (20), Bretteville sur Laize (20),Caen (60), Colombelles (80), Condé sur Noireau(60), Fleury sur Orne (38), Lisieux (60), Mézidon(20), St André sur Orne (20), Thury Harcourt (20).

“1948 - 1998 Les Suédoises du Calvados ontcinquante ans” (128 p., 120 F) de Carol Pitrouet Jacques Munerel, disponible auprès del’Association des Locataires des Suédoises deColombelles, 11, rue de Stockholm, 14460Colombelles. Tél. 02 31 72 17 55.

A L I R E

Une des “suédoises” de Condé-sur-Noireau.