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Thème 1 introductif : Des cartes pour comprendre un monde complexe : Chapitre 1 : Des cartes pour comprendre le monde 1 I. Le monde, lecture géopolitique Problématique : En quoi les cartes permettent de mettre en évidence les relations entre Etats, leurs rapports d’influence, leurs conflits leur alliance dans un monde où l’Etat semble concurrencer par d’autres formes d’organisation du monde ? Documents à utiliser : carte 1 p. 32-33, cartes des organisations régionales et des alliances dans le monde (Atlas du monde global 2010), carte des puissances et des alliances dans le monde (manuel Hatier). Document 1 : Organisations régionales et alliances dans le monde Source : P. Boniface, H. Védrine, Atlas du monde global, 2010 Document 2 : Puissances et alliances dans le monde

Problématique : En quoi les cartes permettent de mettre ... · La carte p. 32-33 est une carte en projection Mercator centrée sur l’Atlantique. ... démographique et politique

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Thème 1 introductif : Des cartes pour comprendre un monde complexe : Chapitre 1 : Des cartes pour comprendre le monde

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I. Le monde, lecture géopolitique Problématique : En quoi les cartes permettent de mettre en évidence les relations entre Etats, leurs rapports d’influence, leurs conflits leur alliance dans un monde où l’Etat semble concurrencer par d’autres formes d’organisation du monde ? Documents à utiliser : carte 1 p. 32-33, cartes des organisations régionales et des alliances dans le monde (Atlas du monde global 2010), carte des puissances et des alliances dans le monde (manuel Hatier). Document 1 : Organisations régionales et alliances dans le monde

Source : P. Boniface, H. Védrine, Atlas du monde global, 2010

Document 2 : Puissances et alliances dans le monde

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Source : Manuel Terminale L/ES Hatier

Questions : 1. Pour chacune des trois cartes, donnez le type de projection et relevez les principales

informations qu’elles apportent sur la structure géopolitique du monde. La carte p. 32-33 est une carte en projection Mercator centrée sur l’Atlantique. Elle met en évidence les principales zones d’insécurité du globe, soit les zones marquées par des dissensions internes aux Etats et l’omniprésence des groupes armées qui défient l’autorité de l’Etat. Elle présente les zones de présence des groupes armées et des tendances sécessionnistes ou autonomistes dans le monde qui sont souvent concomitantes des zones d’insécurité. Enfin, la carte présente les principales régions de tensions interfrontalières, conflits généralement anciens qui ont ou qui sont susceptibles de basculer en un conflit armé. Le document 1 est une carte en projection semi-polaire qui met en évidence les principales organisations régionales et les alliances qui ont été mises en place entre les différents pays en termes de défense continentale. Elle met donc en évidence l’idée d’une tendance forte au regroupement des Etats pour se donner plus de force au niveau international aussi bien au niveau économique, militaire que diplomatique. Ainsi, les Etats semblent se fondre dans ces organisations régionales et internationales et avoir moins de poids de leur propre chef. Le document 2 est une carte en projection polaire. Elle met en évidence l’importance des budgets de défense militaire des Etats, montrant ainsi que la défense n’est pas qu’une question de coopération entre Etat au sein d’organisations internationales comme l’OTAN. Elle met aussi en avant l’enjeu de la force de frappe nucléaire en prouvant que malgré les traités de non-prolifération, la recherche de l’arme nucléaire reste encore importante pour certains pays,

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notamment ceux qui prétendent lutter contre la menace occidentale. La carte montre aussi l’importance et l’omniprésence de l’OTAN, et par-dessus tout de la puissance militaire américaine dans le monde. Enfin, la carte montre aussi l’enjeu de la conquête spatiale et l’intérêt stratégique de posséder des bases de lanceurs spatiaux sur son territoire. 2. Certains pays dominent-ils la planète plus que d’autres ? Sur quoi semble se fonder leur

domination ? Les pays possédant l’arme nucléaire semble dominer la planète plus que les autres comme le laisse supposer le document 2. Parmi eux, les EU semblent, de par leur puissance militaire et nucléaire, et par le rôle de leader de l’OTAN, contrôler le monde de manière encore plus importante. Ils ont notamment des bases disséminés dans le monde entier et des flottes sur tous les océans du globe. Enfin, ils ont le plus gros budget militaire au monde. Cependant, cette carte mérite d’être nuancée car la puissance américaine et celle des autres Etats dominant actuellement le monde ne se fonde pas que sur la seule puissance militaire ; la puissance économique est une variable importante comme le montre le regroupement dans les organisations économiques régionales. 3. Prouvez que la multiplication des organisations régionales reflète une nouvelle échelle de

coopération entre les Etats du monde. A l’aide de vos connaissances personnelles, montrez qu’elles n’ont pas toute la même puissance.

Les organisations régionales reflètent une nouvelle échelle de coopération internationale entre les Etats. En effet, les Etats ne se contentent plus d’accords bilatéraux. Ils s’inscrivent dans des organisations régionales qui leur permettent d’accroître la coopération et la compétitivité entre les pays membres (cas de l’UE – voir cours de première). Elle permet aussi de renforcer le poids économique, démographique et politique de ces organisations et donc des pays qui en sont membres. Elles permettent de prendre une place plus importante dans les négociations internationales, en devenant une véritable aire de puissance pour la partie du monde dans lequel elle se trouve, permettant de concurrencer les autres organisations à l’échelle mondiale. Elles ne sont pas toutes de la même puissance car elles ne reposent pas toutes sur le même niveau d’intégration :

- La plus intégrée est l’UE, coopération économique et organisation supranationale, bien qu’imparfaitement intégrée sur le plan politique et diplomatique

- L’organisation de libre échange : l’Alena - La coopération douanière : le Mercosur.

4. Au début des années 1990, le politologue Francis Fukuyama parlait de « fin de l’histoire » en expliquant que les conflits géopolitiques étaient impossibles après la fin de la Guerre Froide ; les cartes que vous avez sous les yeux confirment-elle cette thèse ?

La thèse du politologue Francis Fukuyama selon laquelle, avec la fin de Guerre Froide, le monde entrait dans la « fin de l’histoire », semble s’infirmer aux vues des documents, notamment la carte p. 32-33. En effet, les conflits ne sont pas éradiqués de la surface de la planète comme le montre la carte des conflits. Ils sont encore présents en Afrique et en Asie. La carte ne montre d’ailleurs pas les zones de conflits européennes qui sont tout aussi sensibles notamment dans les Balkans notamment. Les conflits ouverts ont cependant lieu en Afrique saharienne, la zone la moins intégrée à la mondialisation. Quant aux tensions en Asie, elles relèvent de mouvement séparatiste, les autres tensions géopolitiques n’ayant pas donné lieu à des conflits depuis environ 30 (Cachemire), voire plus entre les deux Corées, malgré des passes d’armes régulières entre les différents pays. 5. Les Etats ont-ils perdu toute autonomie et leurs frontières sont-elles toutes devenues des

interfaces ? Beaucoup de frontières, notamment au sein des organisations régionales sont devenues des interfaces. Pour autant, la carte des conflits montrent que les frontières sont encore des enjeux majeurs dans différentes parties du globe, voire qu’elles demeurent fermées comme entre les

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deux Corées. Les Etats tiennent au maintien de leur souveraineté et la frontière reste un enjeu pour tous les pays du monde, notamment si on regarde les politiques migratoires. Les Etats n’ont donc pas perdu leur autonomie dans la mondialisation. Ils restent maître de nombreuses questions, de nombreux aménagements qui leur permettent de rendre attractifs leur territoire ou au contraire de lui donner un caractère répulsif. 6. Depuis les années 1990, les géopoliticiens hésitent entre la thèse d’un monde unipolaire et

d’un monde multipolaire ; les cartes de l’ensemble de documents tendent-elles à montrer que le monde est plutôt unipolaire, multipolaire ou marqué par une évolution de l’un à l’autre ?

Après 1991, les EU restent la seule superpuissance, que l’on a pu qualifier « d’hyperpuissance », et le pôle central du monde. Certains parlent alors d’un « monde unipolaire ». Mais les EU sont parvenus à cette situation plus par un enchaînement de l’histoire que pour l’avoir expressément voulu. Le statut de seule superpuissance restante, additionné à leur arsenal nucléaire, à leur suprématie militaire absolue, à leur puissance économique, au poids du dollar dans l’économie internationale, à leur rôle moteur dans l’expansion mondiale de l’économie de marché, à leur soft power (culture, langue, cinéma, mode de vie, universités, influence intellectuelle) : tout concourt à faire d’eux, dans les années 1990, le pôle central d’un monde unipolaire. Le 11 septembre 2001 apporte la preuve que même une hyperpuissance est vulnérable à un terrorisme suicidaire. La situation en Irak rappelle qu’une hyperpuissance peut se fourvoyer. Néanmoins, beaucoup d’Américains (et d’autres) continuent de penser que, même avec la montée des émergents, les EU resteront – et doivent rester – dans l’intérêt du monde, la puissance dominante, un pôle au-dessus des autres. Pour certains, le monde n’est pas ou plus unipolaire, il est ou va devenir « multipolaire ». Dans les faits, l’émergence de nouveaux mastodontes économiques est une évidence : Chine, Inde, mais aussi Brésil, Afrique du Sud et retour en force de la Russie (Les BRIC de Jim O’Neill – Brésil, Russie, Inde, Chine). L’affirmation de ces pôles s’observe déjà au sein de l’OMC et ailleurs. Les pays émergents réclament une augmentation de leur droit de vote au sein du FMI. Plusieurs pays sont candidats pour devenir membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU. A l’automne 2008, sous l’effet de la crise et de l’action de la France, les membres du G7/G8 ont dû accepter de s’élargir en un G20 qui symbolise le monde multipolaire et sera le cadre des compétitions à venir. Mais l’émergence de nouvelles puissances ne fait pas pour autant un monde multipolaire stable. Toutes les hypothèses sont possibles en l’état actuel des choses. II. Le monde, lecture géoéconomique Problématique : Comment les cartes montrent-elles que l’organisation actuelle de l’espace mondial est marquée par les inégalités de développement, de puissance économique et d’intégration dans les phénomènes économiques mondiaux ? Documents à utiliser : document 6 p. 39, du G6 au G20 une nouvelle gouvernance mondiale (manuel Hatier), développement et inégalités de revenus (manuel Hatier), pôle et organisations économiques (manuel Hatier)

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Document 1 : Du G6 au G20, une nouvelle gouvernance mondiale ?

Source : Manuel Hatier

Document 2 : Développement et inégalités de revenus, une division Nord/Sud ?

Source : Manuel Hatier1

1 Indice de Gini : L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d'inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie...). Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les salaires, les revenus, les niveaux de vie... seraient égaux. A l'autre extrême, il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires (les revenus, les niveaux de vie...) sauf un seraient nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé.

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Document 3 : Pôle et organisations économiques

Source : Manuel Hatier2

Questions : 1. Pour chacune des cartes, donnez le type de projection et relevez les principales

informations qu’elles apportent sur la structure géoéconomique du monde. La carte 6 p. 39 est une carte en projection polaire. Elle met en évidence le commercial mondial de marchandises aussi bien interne aux zones continentales, qu’entre les différentes zones continentales. Elle met en avant l’importance des échanges entre trois aires de puissance : l’aire de l’UE, l’aire nord américaine et l’aire de l’Asie Orientale. Ces trois aires de puissance dominent les échanges. Aucun continent ne semble laisser totalement en dehors de la mondialisation. Cependant, il est à noter que l’Afrique et l’Amérique latine sont moins intégrées dans ces échanges commerciaux mondiaux et sont marquées plus par une extraversion de l’économie que par les échanges continentaux. Le document 1 (projection Mercator Atlantique) met en évidence l’évolution des différentes organisations qui prennent les principales décisions en matière économique à l’échelle mondiale. Ce sont des organisations qui regroupent les pays les plus puissants de la planète. Elles sont en perpétuelle changement et aujourd’hui, le G20 qui comprendre les pays les pus riches de la planète, les pays émergents, les BRIC, les pays occidentaux non membres du G8, les CIVET et l’Arabie Saoudite montre que les grandes puissances d’hier ne peuvent plus prendre les décisions sans l’accord des puissances émergentes, notamment la Chine, l’Inde et le Brésil. Le document 2 (projection semi-polaire) montre les inégalités de développement et de revenue dans le monde. Le Sud de l’Afrique, l’Amérique latine font partie des pays dont le

2 Abréviations de la légende : FMI (Fond Monétaire International), OMC (Organisation Mondiale du Commerce), BRIC (catégorie créée par James O’Neill pour désigner le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine), CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud, soit des pays à la population jeune, à forte croissance et à situation politique assez stable), E7 (la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Mexique, l’Indonésie et la Turquie qui formerait un nouvel ensemble d’économies émergentes capables de concurrencer le G7)

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niveau de développement est intermédiaire mais dont les écarts de richesse au sein des Etats sont extrêmement forts. Les pays les plus développés sont ceux où les inégalités sociales semblent les moins criantes, qu’elles qu’en soit la perception des populations. La situation des pays les plus pauvres de la planète est plus hétérogène, car certains sont marqués par une très grande pauvreté qui touche l’ensemble de la population, d’autres sont marqués par d’importants écarts de revenus entre les différentes populations, mais pour beaucoup, situés en Afrique, l’absence de données rend difficile toute analyse. Le document 3 (projection Mercator pacifique) met en évidence les 20 plus grandes puissances, les puissances émergentes et les difficultés de classification (3 pour les seules puissances émergentes). Il permet aussi de montrer l’implication des puissances dans les organisations internationales et de montrer que les organisations régionales peuvent jouer un rôle dans l’émergence de nouvelles puissances économiques ou de nouvelles aires de puissance. 2. Montrez que les inégalités de développement persistent dans le monde. Peut-on cependant

dire que la limite Nord/Sud reste pertinente aujourd’hui ? Les inégalités de développement persistent aujourd’hui dans le monde. En effet, seules quelques puissances (les membres du G20 auquel on peut adjoindre les membres de l’UE) concentrent la majorité des richesses entre leurs mains. Ils dominent l’économie mondiale avec une mention particulière pour les EU, l’UE, le Japon et la Chine, voire l’Inde qui sont parmi les plus grands pôles et les plus compétitifs à l’échelle mondiale. Une grande partie des pays du monde restent donc à l’écart et les populations ont du mal à atteindre un niveau de développement important. Cependant, l’émergence de certains pays comme la Chine ne veut pas dire que les inégalités internes aux Etats se résorbent ; au contraire, elles ont parfois tendance à s’accroître comme cela apparaît au Brésil par exemple. Cependant, aujourd’hui, la limite Nord/Sud ne semble plus aussi pertinente. On peut désormais souligner la diversité des situations au sein des pays dits en voie de développement et même développés. Il est désormais plus pertinent d’utiliser le pluriel : des « Nords » et des « Suds ». Beaucoup de pays considérés comme des Suds, il y a quelques années comme les NPI1 sont aujourd’hui intégrés au nord. Les puissances émergentes prennent une place de plus en plus importante dans la massification des échanges. Pour autant, il ne semble pas que le développement soit arrivé entièrement au niveau des pays du nord comme le montre notamment les inégalités internes. 3. Parlez de la Triade comme le pôle économique le plus puissant paraît-il encore pertinent ?

(Justifiez votre réponse) La Triade définit comme étant la combinaison des EU, de l’UE et du Japon ne semble plus aussi pertinente aujourd’hui. En effet, ces trois pôles restent les plus puissants de la planète mais ils sont intégrés dans des aires de puissances plus larges : l’Amérique du Nord, l’Asie Orientale. Les puissances émergentes sont de nouveaux pôles qui apparaissent sur la scène internationale et dans la massification des échanges comme le montre la Chine, 1er exportateur mondial et 2ème puissance économique mondiale. 4. Les Etats du Nord ont-ils encore le monopole de la gestion économique du monde ? Les Etats du Nord, et notamment la Triade, n’a plus le monopole de la gestion économique du monde comme le montre l’importance accrue du G20 dans les décisions concernant l’économie mondiale et notamment la crise et les remèdes à lui apporter. Même si le G8 se réunit encore, il est souvent suivi d’une réunion du G20 qui comprend, certes, majoritairement des pays développés, notamment les membres de la Triade mais aussi les principales puissances émergentes de la planète qui entendent participer aux décisions et non plus les subir. 5. Quels sont les principaux concurrents des pays de la Triade à l’heure actuelle ? Peut-on

parler d’un changement du centre économique mondial ?

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Les principaux concurrents de la Triade sont les pays émergents notamment la Chine, l’Inde et le Brésil. Cependant, malgré ce, ces pays sont encore dépendants des décisions économiques, notamment celles des firmes transnationales des pays de la Triade. L’émergence en fait des puissances, mais des puissances encore en devenir. Si certains économistes parlent de décentration du centre économique autour de l’Asie orientale et de l’aire pacifique dans les années à venir, il est encore trop tôt pour parler d’un changement de centre économique mondial, d’autant que les principales organisations économiques mondiales restent dans les pôles de la Triade (OMC, FMI, Banque mondiale). III. Le monde, lecture géoculturelle Problématique : Les cartes du monde permettent-elles de mettre en évidence une uniformisation culturelle de la planète ou un maintien de la diversité culturelle ? Documents à utiliser : Document 5 p. 43, les langues dans le monde (Atlas d’un monde global, 2010, p. 40), les pays organisateurs de la coupe du monde depuis 1934 (carte du professeur), carte du « choc des civilisations » fondé sur la théorie de Samuel Huntington (Atlas d’un monde global, 2010 p. 28). Document 1 : Les langues dans le monde

Source : P Boniface et H. Védrine, Atlas d’un monde global, 2010

Document 2 : Les pays organisateurs de la coupe du monde :

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Document 3 : Un « choc des civilisations »

Source : P Boniface et H. Védrine, Atlas d’un monde global, 2010

Questions : 1. Pour chacune des cartes, mettez en évidence les principales informations apportées

concernant l’organisation géoculturelle du monde.

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Le document 5 p. 43 présente l’importance de la communauté Internet en 2008 et met en évidence l’existence d’une fracture numérique à l’échelle mondiale qui reprend mais en partie seulement la division Nord/Sud de la planète. Les pays développés sont ceux où l’utilisation d’Internet est la plus important dépassant largement 50 % de la population. En revanche, dans les Suds, les situations sont plus disparates mais le nombre d’Internautes tombent souvent au-dessous des 25 % de la population et ce, pour des raisons variées : pauvreté (Afrique), censure (Chine, Birmanie) ce qui montre que l’utilisation des outils numériques restent l’apanage des Nords. Le document 1 montre la diversité linguistique mondiale. Il montre que l’Anglais domine largement par le nombre de pays et le nombre de locuteur qui sont plus nombreux à l’utiliser que le nombre de locuteurs natifs. Il montre que les autres langues sont disséminées à l’échelle du globe. Cependant, même si l’Anglais reste dominant, il n’y a pas d’uniformisation. Le document 2 montre que les événements internationaux comme la coupe du monde, même s’ils intéressent l’ensemble de la planète par le nombre de participants, restent polarisés par les pays développés en termes d’organisation, en dehors de l’Amérique latine. L’ouverture vers l’Afrique et l’Asie est récente. Il montre cependant que les EU restent en retrait du phénomène par rapport aux pays européens, contrairement à ce qui a pu se passer pour les JO par exemple. Le document 3 montre la division en civilisations réalisée par S. Huntington, une division fondée sur des critères essentiellement religieux, qui montrent des menaces entre civilisations et un risque de clash. 2. Les grandes manifestations internationales à caractère universel comme la coupe de

monde de football sont-ils le reflet d’une uniformisation des pratiques à l’échelle mondiale ?

Les manifestations à caractère universel, comme la coupe du monde de football, touche l’ensemble des pays du monde, notamment par la télédiffusion des matchs et par le nombre de pays qui y participent. Cependant, l’organisation reste l’apanage des puissances occidentales et de quelques puissances émergentes. Ces pratiques se diffusent dans le monde, notamment en Asie, où, à l’origine, le football n’est pas un sport très développé. Il n’en reste pas moins que l’uniformisation reste encore en deçà des possibles. 3. La multiplication de l’intégration des individus dans des réseaux permet-elle de dire,

comme l’affirme l’éditorialiste américain Thomas Friedman, qu’il existe un monde « plat ».

Selon Thomas Friedman, éditorialiste politique américain et chantre de la mondialisation, le monde est « plat » car la révolution numérique accélère le processus de globalisation en abolissant les frontières commerciales et politiques. Ce ne sont plus les Etats ou les firmes qui entrent en concurrence, mais directement les individus qui forment des réseaux via Internet. Cependant, la carte du livre montre bien pour ce qui est des réseaux Internet que la polarisation se fait essentiellement entre les pays développés occidentaux. Il est donc difficile de penser que l’uniformisation se fait par l’intermédiaire des réseaux. Elle se fait dans le monde occidental, et même si ces réseaux permettent le développement de toutes les idées, y compris les idées fondamentalistes, il n’en reste pas moins que la fracture numérique et la fracture de la mondialisation existe. Friedman reconnaît qu’il existe un monde « non plat », la moitié de la planète serait exclue des « avantages » de la globalisation. 4. Certains scientifiques, comme Samuel Huntington, parlent de « choc des civilisations »

qui s’opposerait à l’uniformisation culturelle. Critiquez cette théorie en vous appuyant sur la carte 3. Quel regard critique pouvez-vous alors porter sur la manière dont on réalise les cartes ?

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Samuel Huntington fonde sa théorie sur des critères religieux. L’essentiel du découpage se fait selon les grandes religions mondiales : civilisation occidentale chrétienne, slave-orthodoxe, la civilisation islamique, hindouiste, bouddhiste. Ce découpage est sujet à contestation. Par exemple, Huntington a différencié la civilisation occidentale et la civilisation latino-américaine. Cette séparation n’a pas lieu d’être compte-tenu de l’origine européenne des populations américaines. L’auteur a peut-être souhaité séparer l’Amérique « blanche » anglo-saxonne et protestante de celle « latino »… Mais, c’est surtout pour le monde musulman que ce découpage est le plus contestable. Alors que l’auteur a différencié les courants chrétiens, il fait du monde musulman un seul bloc alors qu’il est divisé religieusement, politiquement et également par le peuplement. Aujourd’hui, l’essentiel des conflits sont avant tout des conflits d’intérêt d’ordre territorial (Tchétchénie par exemple, inégalités de développement) ou économique (Première guerre du Golfe). Ainsi, ils mettent souvent en jeu des alliances qui dépassent le cadre des civilisations (exemple : l’alliance Arabie-Saoudite/ Etats-Unis). A ces conflits, s’ajoute la menace du terrorisme qui est alimenté au-delà des divisions religieuses par les inégalités de développement et les revendications nationalistes ou régionalistes. La tendance actuelle est de découper le monde en civilisations selon un critère religieux. Ce découpage est critiquable (voir exercice). En fait, s’il y a bien plusieurs civilisations, il n’y a pas de véritable choc entre ces civilisations. Ceux qui utilisent cet argument, le font souvent avec des arrière-pensées politiques :

- Huntington et les dirigeants américains pour justifier la lutte contre le terrorisme islamiste

- Les adversaires de l’adhésion de la Turquie à l’U.E pour avoir un argument porteur dans l’opinion publique

- Vladimir Poutine pour contrôler la Tchétchénie - Al Qaida et les islamistes pour recruter et motiver leurs troupes face à l’Occident.

Une carte est le résultat de choix techniques qui en conditionnent la lecture (exemple : fixation de seuils de discrétisation d’une série statistique, sélection de figurés). De plus, elle est toujours influencée par les représentations mentales de son concepteur (exemple : choix d’un fond de carte centré sur une partie du monde plutôt qu’une autre), voire par ses positionnements idéologiques ou politiques. Une carte n’est ainsi jamais qu’un point de vue sur le monde. IV. Le monde, lecture géoenvironnementale Problématique : En quoi les cartes permettent-elles de mettre en évidence le développement durable de l’espace mondial et les inégalités de l’accès aux ressources ? Documents à utiliser : carte de la projection de la population mondiale (Atlas d’un monde global, 2010 p. 38), carte des enjeux écologiques et énergétiques dans le monde (Atlas d’un monde global, 2010 p. 60), carte des ressources en eau (Atlas d’un monde global, 2010 p. 62)

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Document 1 : La projection de la population mondiale 2005-2050

Source : P Boniface et H. Védrine, Atlas d’un monde global, 2010

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Document 2 : Les enjeux écologiques et énergétiques dans le monde

Source : P Boniface et H. Védrine, Atlas d’un monde global, 2010

Document 3 : Les ressources en eau, enjeu de demain

Source : P Boniface et H. Védrine, Atlas d’un monde global, 2010

Questions : 1. Pour chacune des cartes, donnez les informations apportées pour la lecture

géoenvironnementale du monde.

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La première carte montre une croissance globale de la population mondiale sur la période 2005-2050 avec une très forte augmentation pour l’Afrique et l’Asie mais avec des disparités intra-continentales, notamment pour l’Asie avec un net ralentissement de la croissance pour la Chine alors que l’Inde continue à croître. Cela pose le problème de l’accès aux ressources pour une population toujours plus importante. La deuxième carte traite des enjeux environnementaux à l’échelle mondiale. Elle montre que les pays ne cessent d’accroître leur consommation d’énergies fossiles malgré une augmentation sensible de l’utilisation des énergies renouvelables, y compris dans les pays du Sud. Cependant, si l’augmentation freine dans les pays développés, même aux EU depuis quelques années, l’augmentation est patente dans les BRIC ce qui pose la question de la croissance de la consommation énergétique dans ces Etats dans les années à venir. La dernière carte montre les ressources en eau et les pénuries et le stress hydrique qui touchent de nombreux pays du Sud, dans une perspective où la consommation va continuer à augmenter dans les années à venir en raison de la croissance de la population. 2. En comparant croissance démographique et ressource en eau, montrez que certains pays

entrent ou sont entrés dans des situations de pénurie qui vont s’aggraver. En quoi est-ce un enjeu pour la stabilité géopolitique de certaines régions ?

Beaucoup de pays du Sud, du fait de leur positionnement géographique dans des zones à faible ressource pluviométrique et à forte chaleur sont dans des situations de stress hydrique fort ou de pénuries avérées. De plus, ces pays sont ceux qui sont ou vont être touchés par une très forte explosion démographique dans les années à venir ce qui veut dire que la demande en eau sera encore plus forte. La croissance urbaine, de plus en plus forte dans ces pays, va encore accroître la demande. Ces pays sont dans des situations d’hyperconsommations, comme beaucoup de pays développés par ailleurs. Les pays qui sont marqués par le stress hydrique et les pénuries d’eau vont donc chercher des approvisionnements importants ailleurs ou augmenter la consommation d’eau des fleuves et des nappes ce qui provoque une véritable bataille des fleuves (Turquie, Syrie, Irak) ou des nappes (Israël et ses voisins, notamment la Jordanie). Cela peut donc renforcer les tensions dans des zones géopolitiquement instables. 3. Après avoir défini à nouveau le développement durable, montrez en quoi le débat sur les

émissions des gaz à effet de serre peut poser un problème entre pays dits du Nord et pays dits du Sud.

Au cours des années 80, est apparue la notion de développement durable, qui est défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » (rapport Brundtland aux Nations Unies en 1987). Il prend donc en compte conjointement les volets environnemental, social et économique du développement. Le débat sur les émissions de gaz à effet de serre nécessiterait une réduction de la part de tous, y compris des pays du Sud, notamment les puissances émergentes. Cependant, la question se pose de savoir pourquoi et comment priver les pays du Sud, qui ont pour beaucoup des difficultés de développement, d’un modèle de développement au coût environnemental important mais au coût financier moindre alors que les pays du Nord l’ont utilisé pendant plusieurs siècles. Le débat avait tenté d’être tranché à Kyoto en 1997 puisque le protocole ne s’attachait qu’aux pays du Nord afin de laisser les pays du Sud se développer à leur rythme, sans amputer les risques de développement. Cependant, la carte 2 montre aussi que beaucoup de pays d’Afrique notamment utilisent déjà des ressources renouvelables, même si ce sont souvent des pays qui ont encore des difficultés de développement. 4. En quoi les questions de développement durable rendent-elles nécessaires une autre prise

en compte des rapports nord-sud et une autre gouvernance mondiale dans le cadre du développement durable ?

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Quelles que soient les prévisions écologistes et des experts du changement climatique, réalistes, alarmistes ou catastrophistes, les enjeux environnementaux sont forts, notamment pour l’accès aux ressources comme l’eau ou la nourriture. Les pénuries sont de plus en plus importantes dans un grand nombre de pays notamment les pays du sud qui n’ont pas toujours les moyens de mettre en place les nouvelles techniques parfois coûteuses (désalinisation de l’eau de mer par exemple). Il faut donc une coopération étroite entre les Nords et les Suds, des décisions conjointes à respecter. Il faut convertir les modes de production, industriels et agricoles, les modes de vie pour permettre ce que certains appellent la « croissance verte » et non la croissance prédatrice. Cela nécessitera donc des coopérations scientifiques internationales pour faire des percées scientifiques (cas du solaire), des efforts économiques, politiques et civiques.