Honoré Vinck

Problèmes d'éducation posés dans les Colonies par les différences racialesAuthor(s): René PHILIPPESource: Aequatoria, 20e Année, No. 2 (1957), pp. 68-70Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25838608 .

Accessed: 14/06/2014 07:59

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Probl&mes d^ducation pos?s dans les

Colonies par les differences raciales.

Dans le numero 3&f Annee IX de la Revue ?Archivos del Institute de Bstudios

Africanos ? editee par le Conseil Superieur de la Recherche Scientifique a Madrid, don

Ricardo Ibarrolla, sous le titre ? Problemes d'education poses dans les Colonies par les

differences raciales ? etudie les bases psychologiques dont devraient deriver les aspects de

l'enseignement specifiques a Tune et 1'autre race. L'A. decrit d'abord les differentes con

ceptions de l'enseignement a travers l'histoire, conception trouvant leurs racines dans la

psychologie des peuples. Ainsi Protagoras et apres lui Platon batissent un systeme edu

catif qui a comme but final le developpement harmonieux du corps et de l'esprit. Le

systeme aristotelicien ne trahit pas la mentalite essentiellement esthetique du peuple grec. A l'oppose les Romains, avant tout pratiques et materialistes, eduquent la jeunesse avec

comme unique fin de la rendre ? utile a la patrie ?. Pour ce faire ils appliquaient lit

teralement la formule ? Non scholae sed vitae discimus ?. A son apogee l'empire romain

avait mis au point et reussi la politique de la plus grande assimilation coloniale de tous

les temps. Cette politique etait basee sur les deux grands principes de liberte et de pro tection. Toujours et partout ils ont laisse en place l'administration locale et respecte les

coutumes autochtones. Apres la chute de l'empire, l'enseignement se cantonne dans les

eg Uses monacalas, cathedrales et episcopates ou il se developpe dans tout ce qu'il peut

presenter d'utile a la religion. A la meme epoque nait l'education chevaleresque et ceur

toise qui forme de parfaits chevaliers, a l'antipode des hommes de lettres.

Avec la fondation des universites apparait I'humanisme qui provoque la scission

confessionnelle de l'Europe chretienne et donna naissance au concept de liberte en ma

tiere de conscience religieuse. Bien que divisee, l'Europe demeure chretienne, son enseig nement etant empreint de culture classique.

Par le truchement de la Renaissance surgit le siecle de l'Encyclopedie dont les fins ont

ete resumees par Pestalozzi: ? Rendre 1'horn me heureux par Teducation*. Sur le plan

pedagogique, revolution entamee au XIXe siecle par Herbast, l'influence de la philo

sophie allemande et le developpement scientifique des connaissances naturelles ont donne

naissance au concept de l'ecole active respectant et aidant le developpement spontane de

la personnalite infantile. ?Toute notre education, tout notre systeme d'enseignement est

fonde sur le classicisme, le christianisme et 1'humanisme, qui correspondent a notre civi

lisation, notre religion et nos coutumes, dont l'sffinite sous un denominateur commun eu

ropeen occidental est evidente ?.

Ensuite l'A. analyse les methodes pedagogiques eppliquees en Amerique centrale

et meridionale par les Espagnols et les Portugais, lesquelles ont jete les bases de la

communaute culturelle europeo-americaine d'aujourd'hui, dont les caracteristiques sont, au

dela des nationalismes : l'unite* de conception phenomenologique du monde, de principes ethico-moraux, de bases philosophiques.

L'A. avant d'aborder le probleme tel qu'il se pose en Afrique passe rapidement en revue les diverses phases de Tbccupation lente mais progressive du Continent africain

depuis les Egyptiens jusqu'au XXe siecle.

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Une difference d'orientation de l'expansion coloniale du monde iberique aurait chan

ge la face des choses en Afrique qui se trouverait sans doute dans la situation del'A

merique latine contemporaine. Au lieu qu'actuellement les differentcs religions viennent

compliquer les differences raciales. Sur 150 millions d'habitants, 60 millions sont maho

metans, 3 millions catholiques, 3 millions protestants et 85 millions paiens. Ces religions sont reparties suivants des aires geographiques plus ou moins precises. Un seul point est

commun a la civilisation de l'Afrique totale: la technicisation, la mecanisation, donnec

predominance de notre epoque<

Les nations colonisatrices ont compris qu'il fallait assimiler les races autochtones

par une action educatrice et culturelle exercee avant tout sur les enfants a qui doit etre

enseignee la langue metropolitaine de meme que la culture, 1'organisation sociale et po

litique du pays protecteur. C'est en effet de cette assimilation que depend la permanence du statu quo. A contrario, la these de l'A. nous montre que le chernin vers l'emanci

pation des pupilles ne passe pas par {'assimilation pure et simple, pas plus d'ailleurs que la fusion harmonieuse des deux parties de la population. Nous pouvons en inferer que telle n'est pas la voie a suivre en pedagogie si Ton veut rester dans 3a ligne de la

politique tracee par Monsieur ie Gouverneur General Petition.

Nos instruments pedagogiques etant specifiques de la civilisation humaniste chretien

ne occidentale ne peuvent convenir comme tels a des evolues de races, religions et structures

sociales differentes. Ces systemes doivent etre revises, modifies, eventueliement i! faudra

en creer de nouveaux.

Une premiere distinction doit etre operee entre les sciences naturelles et les scien

ces culturelles: comme telles peuvent etre enseignees les premieres sans modification fon

damentale, l'observation ayant un fondement physique mathematique qui donne un ca~

ractere universel a la base de toute technique. L'influence de 1'etude des sciences na

turelles s'exerce beaucoup plus sur le plan cognitif que dans le domaine educatif. Les

sciences cosmologiques developpent les potentialites de l'homme, mais n'auront aucune

influence sur cet autre aspect du caractere humain qu'est le devoir, ce role etant joue essentiellement par les sciences philosophico-historiques. En d'autres mots, ce sont ces

dernieres qui ont une valeur educative reelle. La langue et l'dcriture jouent en cette ma

tiere un role de premiere importance ?en tant qu'instrument d'acquisition et d'expres sion modelant parfaitement la maniere d'etre du sujet. ?

L'individu a une tendance naturelle a ajouter foi a ce qui lui est communique dans

son idiome maternel, celui de sa premiere education et de ses premiers balbutiements

religieux. L'action pedagogique en langue etrangere obtient des resultats infimes compa res a ceux qu'obtiendrait 1'enseignement en idiome maternel. L'A. en est arrive ainsi

a opposer ce que les nations colonisatrices considerent comme leur interet et l'interet reel

des populations colonisees.

Quant aux sciences historiques elles necessitent une doctrine interpretative donnant

naissance a des contextes divers x ainsi Interpretation economique de Thistoire au mar

xisme. D'ailleurs la formule simpliste de 1'enseignement actuel de l'histoire dans les ecoles

n'est-elle pas derivee de cette conception qui veut exalter tout ce qui est national et

mepriser tout ce qui est etranger ? C'est de telles conceptions que derive l'esprit de xe

nophobie a l'origine des conflits internationaux. C'est dans cette perspective que 1'en

seignement en territoire colonial trouve sa pierre d'achoppement. En effet, si Ton exalte

l'histoire du territoire colonial on nie la necessite de la tutelle et si Ton exalte celle

du pays protecteur on cree un sentiment d'inferiorite qui provoque la haine et l'esprit

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de revanche. D'apres l'A. la solution consiste a enseigner l'histoire des collaborations

humaines et des apports de tous les pays a la civilisation: un resultat socialement positif decoulerait d'une telle methode.

L'A. insiste pour que dans reorganisation d'un enseignement colonial une instruction

adequate- c'est-a~dire pedagogiquement valable dans le milieu - soit dispensee d'abord au

personnel enseignant et qu'ensuite les programmes eux-memes soient elabores en tenant

compte du caractere propre de ces memes milieux tant au point de vue racial que re

ligieux et social. ? La pedagogie est un probleme de psychologie differentiate, 1'effica

cite de Faction de l'enseignement depend de son adaptation aux conditions de celui qui le regoit?. L'A. affirme ensuite que la reussite de certains etablissements provient avant

tout de la selection operee parmi les eleves : ne sont retenus que ceux qui repondent aux methodes employees. Pour l'A., l'eleve noir, intelligent au depart, perd cette qualite au fur et a mesure de sa croissance. II attribue ce phenomene a la degradation des rap

ports affectifs entre le maitre et l'eleve pour echapper finalement a son influence. L'A.

donne ensuite une definition de l'intelligence selon Stein : ? L'intelligence est la capacite

generate de l'individu a ajuster consciemment son raisonnement a des situations nouvel

les, ou encore, la capacite d'adaptation mentale a des problemes nouveaux ou a des con

ditions nouvelles de vie ?. Et plus loin : ? l'intelligence consiste a faire dans chaque cas

ce qui convient le mieux a la situation donnee ?. D'ou intervention de facteurs non in

tellectuels.

'A egalite il serait interessant d'etudier le comportement d'un europgen en face des problemes habituels du noir. Nous avons d'autant plus a nous mefier que notre civi

lisation a produit la sur-intellectualisation et la ? deshumanisation ? de l'homme. De la

aucune difficulty a conclure que nous ne pouvons plus etablir de comparaison valable

entre le blanc et le noir, chacun etant pris au sein de ses problemes particuliers. La ne

cessity se fait de plus en plus sentir de solides etudes de psychologie sociale comparee. L'A. conclut en distinguant les deux enseignements: technique et culture!. Le bien

etre de la population etant fonction de la qualite de sa main-d'eeuvre, e'est l'enseigne ment technique qui doit reeevoir le plus rapide developpement pour s'adresser a la masse

et en relever le niveau de vie. En outre, la qualite et le nombre d'ecoles professionnelles

peuvent avoir une serieuse repercussion sur la situation economique du pays. La pro motion artisanale et technique est plus urgente que la disparition de l'analphabetisme.

L'enseignement purement intellectuel ne doit etre dispense qu'a une minorite choisie, constituant l'elite de la population a laquelle on pourra inculquer la notion de collabo ration interraciale en incluant au programme d'etudes les elements constitutifs essentiels

des deux civilisations. 'A relire l'article recense ici, nous ne pouvons que regretter le manque de diffusion

de la litterature espagnole en la matiere parmi les specialistes eux-memes. (Rene PHILIPPE).

Progres et tradition.

... La religion et la realite du passe enseignent au contraire que les structures so

ciales, comme le mariage et la famille, la communaute et les corporations professionnelles, 1'union sociale dans la propriete personnelle, sont des cellules essentielles qui assurent la

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