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De Emmanuel Mouret. France. 2020. 2h02. Avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne… Dans la filmographie d’Emmanuel Mouret, il y aura incontestablement un avant et un après Mademoi- selle de Joncquières. D’abord parce que ce film aura donné au réalisateur une belle notoriété par son succès public et critique, mais surtout parce qu’il semble avoir agi comme un puissant activa- teur de son cinéma, révélant le meilleur de son talent, affirmant sa maîtrise de la mise en scène, offrant un solide écrin pour son écriture, si particu- lière, si littéraire. Qui l’a suivi depuis ses premiers films pourra sans nul doute mesurer le chemin parcouru et se rendre à l’évidence qu’il fait aujourd’hui partie des grands peintres/cinéastes du sentiment amoureux. Senti- ment qui demeure, pris sous toutes ses formes et à travers toutes ses lumières, une inépuisable source d’inspiration. Et quand il s’exprime à tra- vers le regard espiègle et kaléidoscopique d’Em- manuel Mouret, c’est une fois encore un ravisse- ment. Parce qu’il faut bien l’admettre : quand le texte est beau, minutieusement travaillé, sans pour autant sonner faux, ou creux, ou pédant, c’est du miel pour nos oreilles. Qui entraînent nos yeux dans la danse. Et de miel, en ce moment, on en a bien besoin. Mademoiselle de Joncquières nous montrait des personnages éminemment modernes bien qu’en costumes du XVIII e siècle, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait raconte des cou- ples d’aujourd’hui qui n’auraient pas déparé dans les salons éclairés à la bougie d’un siècle révolu. Ils possèdent tous un art de se raconter, une affini- té singulière pour penser et décrire ce qu’ils res- sentent qui semblent venus d’une autre époque. Une époque où l’art de la conversation n’avait pas abandonné le terrain au tout numérique, une épo- que où l’on tendait vraiment l’oreille à ces frag- ments d’un discours peut-être déjà, ou pas tout à fait encore, « amoureux ». Comme souvent, le cinéaste a pris le parti non pas d’une seule narration, mais d’un entrelacement de récits qui se choquent, se croisent, s’interrogent et s’interpellent, comme une poupée russe révélerait ses multiples secrets. Daphné, enceinte de quelques mois, est en vacan- ces avec François, amoureux d’il y a peu. Contraint de s’absenter quelques jours pour son travail, François la laisse seule accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’a jamais vu… Un garçon tout ce qu’il y a de plus charmant, délicieusement ti- mide, et quelque peu impressionné par la sémil- lante future mère. Chacun se livre alors et les his- toires se déroulent. Comment Maxime est tombé amoureux de Victoire qui a craqué pour son meil- leur ami Gaspard… Comment Daphné, éperdue secrètement d’un réalisateur charismatique, est tombée sous le charme de François, un homme marié… Et comment Louise, épouse bafouée, a fièrement réécrit l’histoire de sa propre trahison. Au son délicieux d’une Valse de l’adieu de Chopin, d’une arabesque de Debussy ou d’une sonate de Haydn, on en saura bien plus encore… Ce que chacun a dit sans le faire, ce que chacune a fait sans oser le dire… Tous les personnages, senti- mentaux, cruels, lâches ou flamboyants, sont ani- més d’un même élan amoureux et pour cela, on leur pardonnera tout. De Christian Petzold. Allemagne, France. 2020. 1h30. VOST. Avec Paula Beer, Franz Rogowski, Maryam Zaree… Pour incarner Ondine et Christoph, les deux prota- gonistes principaux de l’aventure, Christian Pet- zold reprend les acteurs de son film précédent, le génial Transit. C'est un bonheur de retrouver Franz Rogowski, toujours aussi désarmant et im- pressionnant de violence rentrée, d’intensité rete- nue, et la lumineuse et inquiétante Paula Beer dont la beauté transperce l’écran. Leur couple touche au mythe et incarne les amours impossi- bles, prisonnières du destin et du temps qui les rattrapent… Dès la première scène, on se demande si Ondine, sous ses airs de rousse naïade, n’est pas un peu folle. Après tout, annoncer froidement à son amou- reux, en cette matinée ensoleillée à la terrasse d’un café, qu'il va devoir mourir puisqu'il la quitte n’est pas une attitude très moderne et ouverte à une époque ou l’on peut changer d’amant comme de portable. Les temps où l’on se promettait la fidélité pour l’éternité, où l’on n’hésitait pas à em- poisonner ou à poignarder ses rivales, semblent un brin révolus, non ? D’ailleurs Johannes, à qui elle demande de l’attendre une petite demi-heure le temps qu’elle aille travailler, s’éclipsera à l’an- glaise sitôt qu’elle aura les talons tournés, sans manifester trop de remords. Quand Ondine reviendra au café, elle le cherchera désespérément et ce sera pour se casser le nez sur Christoph, un garçon sorti tout droit de nulle part, tel un mirage inespéré. À compter de cet ins- tant, elle le suivra follement, inconsidérément, comme s’il était le rivage où se poser, la bouée ultime à laquelle se raccrocher pour échapper à sa destinée. Entre cette historienne spécialisée dans l’urbanisme et le scaphandrier subjugué, qui la ramènera vers son élément aquatique, se tisse immédiatement un fil lumineux, évident. Les voilà qui se découvrent, goûtent la saveur d’un baiser, puis d’un autre encore, avant d’aller plonger dans la sensualité des algues, taquiner le silure qui contemple les hommes et leur vanité depuis les eaux sombres et inquiétantes dans lesquelles tra- vaille Christoph, chargé de s'assurer de la solidité des fondations des ponts. Leur passion naissante sera d’abord sans vagues, loin des embruns, des tempêtes dévastatrices. Elle se nourrira de ten- dresse et d’espoir. Mais les fantômes surgis du passé referont surface, menaçant de faire chavirer la fragile embarcation qui transporte ces deux coeurs esseulés enfin réunis… www.cinema-eldorado.fr À L’AFFICHE > LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT de Emmanuel Mouret > ONDINE de Christian Petzold > ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES de Caroline Vignal > FAMILY ROMANCE, LLC de Werner Herzog > ÉNORME de Sophie Letourneur > ADOLESCENTES de Sébastien Lifshitz > ROCKS de Sarah Gavron > LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF de Quanan Wang > TENET de Christopher Nolan > EFFACER L’HISTORIQUE de B. Délépine et Gustave Kervern SÉANCES SPÉCIALES > Le film est une arme : soirée dédiée au cinéma du groupe Medvedkine > 2 films de David Cronenberg : CRASH & SCANNERS CINÉ-MÔMES > LES MAL-AIMÉS de Hélène Ducrocq Programme du 16 au 29 septembre PROCHAINEMENT Josep de Aurel (30 sept.) - Les héros ne meurent jamais de Aude-Léa Rapin (30 sept.) - Rétro Ida Lupino (30 sept.) - Chien Pourri, la vie à Paris ! de Durand, Patar, Aubier (7 oct.) - Drunk de Thomas Vinterberg (14 oct.) - Un pays qui se tient sage de David Dufresne (14 oct. + rencontre le 14/10 à 20h15) - Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé (14 oct. + AVP ciné- goûter le 04/10 à 16h) Petit Vampire de Joann Sfar (21 oct. + AVP ciné- goûter le 11/10 à 16h) - La Baleine et l’Escargote (21 oct.) - City Hall de Frederick Wiseman (21 oct.)

Programme du 16 au 29 septembre · gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète

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Page 1: Programme du 16 au 29 septembre · gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète

De Emmanuel Mouret. France. 2020. 2h02. Avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne… Dans la filmographie d’Emmanuel Mouret, il y aura incontestablement un avant et un après Mademoi-selle de Joncquières. D’abord parce que ce film aura donné au réalisateur une belle notoriété par son succès public et critique, mais surtout parce qu’il semble avoir agi comme un puissant activa-teur de son cinéma, révélant le meilleur de son talent, affirmant sa maîtrise de la mise en scène, offrant un solide écrin pour son écriture, si particu-lière, si littéraire. Qui l’a suivi depuis ses premiers films pourra sans nul doute mesurer le chemin parcouru et se rendre à l’évidence qu’il fait aujourd’hui partie des grands peintres/cinéastes du sentiment amoureux. Senti-ment qui demeure, pris sous toutes ses formes et à travers toutes ses lumières, une inépuisable source d’inspiration. Et quand il s’exprime à tra-vers le regard espiègle et kaléidoscopique d’Em-manuel Mouret, c’est une fois encore un ravisse-ment. Parce qu’il faut bien l’admettre : quand le texte est beau, minutieusement travaillé, sans pour autant sonner faux, ou creux, ou pédant, c’est du miel pour nos oreilles. Qui entraînent nos yeux dans la danse. Et de miel, en ce moment, on en a bien besoin. Mademoiselle de Joncquières nous

montrait des personnages éminemment modernes bien qu’en costumes du XVIII

e siècle, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait raconte des cou-ples d’aujourd’hui qui n’auraient pas déparé dans les salons éclairés à la bougie d’un siècle révolu. Ils possèdent tous un art de se raconter, une affini-té singulière pour penser et décrire ce qu’ils res-sentent qui semblent venus d’une autre époque. Une époque où l’art de la conversation n’avait pas abandonné le terrain au tout numérique, une épo-que où l’on tendait vraiment l’oreille à ces frag-ments d’un discours peut-être déjà, ou pas tout à fait encore, « amoureux ». Comme souvent, le cinéaste a pris le parti non pas d’une seule narration, mais d’un entrelacement de récits qui se choquent, se croisent, s’interrogent et s’interpellent, comme une poupée russe révélerait ses multiples secrets. Daphné, enceinte de quelques mois, est en vacan-ces avec François, amoureux d’il y a peu. Contraint de s’absenter quelques jours pour son travail, François la laisse seule accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’a jamais vu… Un garçon tout ce qu’il y a de plus charmant, délicieusement ti-mide, et quelque peu impressionné par la sémil-lante future mère. Chacun se livre alors et les his-toires se déroulent. Comment Maxime est tombé amoureux de Victoire qui a craqué pour son meil-leur ami Gaspard… Comment Daphné, éperdue secrètement d’un réalisateur charismatique, est tombée sous le charme de François, un homme marié… Et comment Louise, épouse bafouée, a fièrement réécrit l’histoire de sa propre trahison. Au son délicieux d’une Valse de l’adieu de Chopin, d’une arabesque de Debussy ou d’une sonate de Haydn, on en saura bien plus encore… Ce que chacun a dit sans le faire, ce que chacune a fait sans oser le dire… Tous les personnages, senti-mentaux, cruels, lâches ou flamboyants, sont ani-més d’un même élan amoureux et pour cela, on leur pardonnera tout. �

De Christian Petzold. Allemagne, France. 2020. 1h30. VOST. Avec Paula Beer, Franz Rogowski, Maryam Zaree…

Pour incarner Ondine et Christoph, les deux prota-gonistes principaux de l’aventure, Christian Pet-zold reprend les acteurs de son film précédent, le génial Transit. C'est un bonheur de retrouver Franz Rogowski, toujours aussi désarmant et im-pressionnant de violence rentrée, d’intensité rete-nue, et la lumineuse et inquiétante Paula Beer dont la beauté transperce l’écran. Leur couple touche au mythe et incarne les amours impossi-bles, prisonnières du destin et du temps qui les rattrapent… Dès la première scène, on se demande si Ondine, sous ses airs de rousse naïade, n’est pas un peu folle. Après tout, annoncer froidement à son amou-reux, en cette matinée ensoleillée à la terrasse d’un café, qu'il va devoir mourir puisqu'il la quitte n’est pas une attitude très moderne et ouverte à une époque ou l’on peut changer d’amant comme de portable. Les temps où l’on se promettait la fidélité pour l’éternité, où l’on n’hésitait pas à em-poisonner ou à poignarder ses rivales, semblent un brin révolus, non ? D’ailleurs Johannes, à qui elle demande de l’attendre une petite demi-heure le temps qu’elle aille travailler, s’éclipsera à l’an-glaise sitôt qu’elle aura les talons tournés, sans manifester trop de remords. Quand Ondine reviendra au café, elle le cherchera désespérément et ce sera pour se casser le nez sur Christoph, un garçon sorti tout droit de nulle

part, tel un mirage inespéré. À compter de cet ins-tant, elle le suivra follement, inconsidérément, comme s’il était le rivage où se poser, la bouée ultime à laquelle se raccrocher pour échapper à sa destinée. Entre cette historienne spécialisée dans l’urbanisme et le scaphandrier subjugué, qui la ramènera vers son élément aquatique, se tisse immédiatement un fil lumineux, évident. Les voilà qui se découvrent, goûtent la saveur d’un baiser, puis d’un autre encore, avant d’aller plonger dans la sensualité des algues, taquiner le silure qui contemple les hommes et leur vanité depuis les eaux sombres et inquiétantes dans lesquelles tra-vaille Christoph, chargé de s'assurer de la solidité des fondations des ponts. Leur passion naissante sera d’abord sans vagues, loin des embruns, des tempêtes dévastatrices. Elle se nourrira de ten-dresse et d’espoir. Mais les fantômes surgis du passé referont surface, menaçant de faire chavirer la fragile embarcation qui transporte ces deux cœurs esseulés enfin réunis…�

www.cinema-eldorado.fr À L’AFFICHE

> LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT de Emmanuel Mouret

> ONDINE de Christian Petzold

> ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES de Caroline Vignal

> FAMILY ROMANCE, LLC de Werner Herzog

> ÉNORME de Sophie Letourneur

> ADOLESCENTES de Sébastien Lifshitz

> ROCKS de Sarah Gavron

> LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’ŒUF de Quanan Wang

> TENET de Christopher Nolan

> EFFACER L’HISTORIQUE de B. Délépine et Gustave Kervern

SÉANCES SPÉCIALES

> Le film est une arme : soirée dédiée au cinéma du groupe Medvedkine

> 2 films de David Cronenberg : CRASH & SCANNERS

CINÉ-MÔMES

> LES MAL-AIMÉS de Hélène Ducrocq

Programme du 16 au 29 septembre

PROCHAINEMENT

Josep de Aurel (30 sept.) - Les héros ne meurent jamais de Aude-Léa Rapin (30 sept.) - Rétro Ida Lupino (30 sept.) - Chien Pourri, la vie à Paris ! de Durand, Patar, Aubier (7 oct.) - Drunk de Thomas Vinterberg (14 oct.) - Un pays qui se tient sage

de David Dufresne (14 oct. + rencontre le 14/10 à 20h15) - Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé (14 oct. + AVP ciné-goûter le 04/10 à 16h) Petit Vampire de Joann Sfar (21 oct. + AVP ciné-goûter le 11/10 à 16h) - La Baleine et l’Escargote (21 oct.) - City Hall de Frederick Wiseman (21 oct.)

Page 2: Programme du 16 au 29 septembre · gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète

EFFACER L’HISTORIQUE De Gustave Kervern et Benoît Delépine. France. Belgique. 2020. 1h46. Avec Blan-che Gardin, Denis Podalydès…

Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Marie (Blanche Gardin), qui a des fins de mois difficiles subit un chantage à la sextape. Un étudiant fauché et sans scrupule (Vincent Lacoste) menace, en effet, de diffuser les images de leur nuit d’amour dont elle n’a aucun souvenir tant elle avait bu. Bertrand (Denis Podalydès), lui, se désespère de sauver sa fille du harcèlement qu’elle subit au collège par le biais de vidéos humiliantes. Enfin, il y a Christine (Corinne Masiero), chauffeuse VTC, qui ne comprend pas pourquoi sa voiture ne recueille qu’une étoile de satisfaction sur Internet, en dépit de tous les efforts qu’elle déploie pour accueillir ses clients. Au bord de la crise de nerfs devant les frasques de leurs écrans, ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants du Net. Une bataille foutue d’avance, quoique… �

LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’ŒUF

De Quanan Wang. Mongolie. 2020. 1h40. VOST. Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se proté-ger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’en-quête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé. �

TENET De Christopher Nolan. USA. 2020. 2h30. VOST. Avec John David Washington, Ro-bert Pattinson, Elizabeth Debicki…

L’intensité et la gravité de John David Washington (que l’on avait aimé dans un autre registre dans BlacKkKlansman) est pour beaucoup dans l’envoûte-ment ressenti face à Tenet. En même temps qu’il découvre le rôle qu’il a à jouer comme espion-soldat, il découvre la possibilité physique qu’ont les objets et les êtres humains de traverser le temps en sens contraire. Un groupe d’êtres humains marche à l’en-droit et un autre à l’envers, et selon le point de vue, l’envers et l’endroit s’inversent bien sûr ! L’enchevêtrement des scènes d’action est ainsi ren-du complexe et nerveux dès le départ. Le monde se trouve menacé d’attaques venues du passé ou du futur, il est en état d’instabilité permanente, comme en ébullition, tout comme nous, spectateurs, à la fois éblouis par la virtuosité des séquences et étourdis par le caractère presque indéchiffrable de ce qui se déroule sous nos yeux. Et pourtant, dans ce chaoti-que fracas, une permanence : le corps campé, le regard intense et la voix grave de Washington nous laissent entrevoir un petit fil ténu, celui de la poésie fragile de ce film, comme une idée de la texture du temps et de la délicieuse absence de tout dieu. C’est un peu tout Nolan, non ? Ne montrer presque que de la lourdeur et de la gravité pour finalement nous par-ler de finesse et de légèreté. C’est un peu comme, désirant montrer de l’herbe, il ne filmait que des sur-faces de béton. Il finirait par la trouver ! Et nous, au final, ce type d’entreprise, ça nous plaît beaucoup !�

De Caroline Vignal. France. 2020. 1h35. Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte… Antoinette jubile à l’idée d’une semaine de vacan-ces en amoureux promise par son amant. Sauf que l’épouse de Vladimir a prévu une surprise qui contrecarre tous leurs plans : une randonnée fami-liale dans les Cévennes, sur les traces de Steven-son et de son fameux journal de voyage. Antoi-nette encaisse le coup mais ne fait pas de scène, Vladimir pense s’en être tiré à bon compte, sans tapage. Mais en fait l’amante déçue décide de ne pas lâcher l’affaire et de s’élancer sur les traces cévenoles de son chéri ! C’est en parfaite parisienne absolument pas pré-parée qu’Antoinette débarque dans les Cévennes et se confronte à ce monde étrange de randon-neurs chevronnés, rompus aux rituels de la mar-che au long cours. Pour sa part elle a choisi l’op-tion « avec âne » et se retrouve flanquée d’un qua-drupède bâté répondant (si l’on ose dire) au nom de Patrick qui, comme tous ses congénères insou-mis de nature, ne chemine que lorsqu’il le veut bien. Au-delà des gags cocasses liés à l’inadapta-tion totale d’Antoinette à la randonnée, au-delà de sa relation compliquée avec Patrick, au-delà de la situation vaudevillesque de la maîtresse malheu-reuse qui va finir par croiser la petite famille de son amant, au-delà du charme bien réel de la balade, le film s’avère beaucoup plus profond et délicat

qu’une simple comédie décalée. Car au long des sentiers, au fil des paysages qui changent insensi-blement à la vitesse du pas laissant toute sa place à la méditation, à mesure que les rencontres im-promptues s’enchaînent, Antoinette se reconstruit, redéfinit son rapport à la vie, aux hommes. Et le film prend des accents aussi touchants que poéti-ques, aussi mélancoliques que burlesques. On ne saurait conclure sans dire tout ce que le film doit à son actrice principale, la formidable Laure Calamy, qui trouve ici le grand rôle qui la met défi-nitivement en lumière. Laure Calamy, c’est le mé-lange quasi unique dans le cinéma français d’un potentiel comique ravageur, d’une sensualité so-laire digne des actrices italiennes de la dolce vita et d’un talent exceptionnel pour décliner toute la gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. �

De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète regorge de vie, et il nous appartient de la sauvegarder. Mais cette protection peut-elle exister ou être efficace alors même que nous igno-rons le rôle et le fonctionnement de la plupart des espèces, ou pire, que certaines nous font peur ? Ce programme de 4 courts-métrages montre avec douceur et tendresse l’univers de certains de ces « mal-aimés » auxquels les contes et légendes ou simplement les préjugés ont malheureusement donné une mauvaise réputation. LUPIN : Un jeune loup s’aventure hors de son terrier pour la première fois à l’insu de sa mère. Perdu, apeuré, il trouve un abri dans le jardin d’un village. Jeanne, Gaston et Louis, les enfants des chasseurs le découvrent et décident de le ramener chez lui. COMMENT J’AI VAINCU MA PEUR DES HU-MAINS : As-tu peur des araignées ? Parce que Dédalia super peur des humains ! C’est une arai-gnée de maison. Avec sa meilleure amie, elles ont le rêve d’aller à New York... pas facile pour Déda-

lia : New York, c’est plein d’humains ! MARAUDE & MURPHY : Maraude se perd dans la tempête, Murphy sort de sa caverne pour l’aider à retrouver son gîte, et grignoter des moustiques... Une nuit ordinaire pour deux chauves-souris ! TERRE DES VERS : Savez-vous ce que les vers de terre chantent ? Collez votre oreille contre l’herbe et écoutez ! « Tout nu, tout gluant tout ram-pant / Sans patte sans griffe et sans dent / On creuse sans malice pour vot’ bénéfice / À votre service et sans artifice / C’est nous les vers de terre, amis et solidaires ! ». �

De Werner Herzog. USA. 2020. 1h29. Avec Ishii Yuichi, Mahiro Tanimoto… Quelque part à Tokyo… sous les cerisiers en fleurs d’un rose enjôleur, une jeune fille de douze ans, Mahiro, a rendez-vous avec son passé : un père fantasmé qu’elle n’a plus revu depuis sa ten-dre enfance. Un rêve soudain exaucé qui semble presque trop beau pour être vrai. Comme ni le titre, ni le nom du prolifique cinéaste (majeur !) allemand ne l’annoncent, autant le faire tout de suite. Cette « romance familiale » surprenante est intégralement tournée en japonais, une langue que Werner Herzog ne maîtrise pas, mais dont il par-vient à capter le ton juste. Sacré Herzog ! Qui aura décidément passé sa carrière à être là où on ne l’at-tend pas. D’Aguirre la colère de Dieu à Grizzly Man, en passant par Le Pays où rêvent les fourmis vertes, pour atterrir dans La Grotte des rêves perdus… Ma-gnifiquement filmé, tantôt à hauteur d’humanité, tantôt la surplombant, Family Romance, LLC fait souvent oublier qu’il est une fiction. Le film est empreint d’une telle part de réalité qu’on se retrouve immédiatement troublés, délicieusement perdus comme ses protago-

nistes, entre chimère et pragmatisme, entre natura-lisme et artificialité, entre ce qu’on aimerait croire vrai, ce qui doit l’être… Nos constructions et fantasmes propres viennent s’imbriquer à ceux des personna-ges. Il ne reste plus qu’à ouvrir son esprit, s’enhardir à suivre les indices oniriques qui tracent un pont entre le visible et l’invisible avec une véritable délicatesse poétique. Les pistes sont d’autant brouillées que l’ac-teur principal, Yuichi Ishii, joue son propre rôle, inspi-ré de sa vie et d’un phénomène de plus en plus ré-pandu au Japon. On n’en dira pas plus sur le sujet, histoire de ne pas le déflorer. �

Page 3: Programme du 16 au 29 septembre · gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète

De Sophie Letourneur. France. 2020. 1h41. Avec Marina Foïs, Jonathan Cohen, Jacqueline Kakou… Claire, pianiste de renommée internationale, a la quarantaine rugissante. Altière, fière et bosseuse, sûre de son talent, elle fait vibrer des salles de concerts enthousiastes aux quatre coins du globe. Autant elle est vive, fonceuse et perfectionniste dans son art, autant la vie quotidienne lui semble une terre étrangère à la langue inconnue, parse-mée d’inextricables contingences matérielles et d’obscures obligations tantôt sociales, tantôt admi-nistratives devant lesquelles elle a vite fait de per-dre pied… Les choses étant tout de même bien faites, pour lui permettre d’avancer dans ce brouil-lard, Claire a trouvé en Frédéric la perle rare : mari passionné, agent intraitable, secrétaire méticuleux, garde du corps intransigeant, comptable scrupu-leux, amant attentif, ami plein d’humour… Cette belle mécanique bien huilée aurait pu permettre à nos deux tourtereaux-voyageurs de filer des jours

heureux ainsi que le parfait amour si, par un de ces hasards dont la Providence et les scénaristes ont le secret, Frédéric ne s’était pas retrouvé au cours d’un vol de nuit à assister maladroitement un toubib pour un accouchement un peu précipité. Dès lors, le désir de paternité va devenir pour lui une obsession grandissante, tandis que Claire, dont la fibre maternelle n’est pas extrêmement développée, ne comprend pas bien pour quelle impérieuse raison il faudrait transformer leur cou-ple en famille. �

De Sarah Gavron. Grande-Bretagne. 2020. 1h33. VOST. Avec Bukky Bakray, Kosar Ali, D’angelou Osei Kissiedu… Olushola, jeune londonienne de 15 ans que toute sa bande d’amies soudées et hautes en couleurs surnomment Rocks, est taillée comme elle est, toujours à faire la pitre, à coup de réparties irrésis-tibles, on ne peut songer une seconde que quoi que ce soit puisse l’ébranler. C’est sur ses solides épaules que son petit frère Emmanuel, 7 ans, vient se réconforter… et sur ces mêmes épaules que sa propre mère va s’appuyer, une fois de plus. Rocks s’y est habituée, assurant quand il faut assurer, jouant les mamans auprès de son frérot quand la véritable fait défaut. Elle sait que ça passera… Emmanuel, malin et vif comme un singe, suit le mouvement. Quelle belle complicité entre ces deux-là ! Tout un temps nul ne se doutera des chamboulements qui se produisent dans la vie de la jeune fille. Seule la perspicace et attentive Sou-maya, nouvelle arrivée dans le pays, ne sera pas dupe et essaiera d’extirper des confidences à Rocks : autant essayer de faire parler une pierre…

C’est un scénario tel qu’un adulte n’aurait pu l’ima-giner seul. Il y aurait plaqué sa logique, sa rationa-lité, oubliant la capacité de vision de l’enfance. La réalisatrice et ses deux coscénaristes ont cons-truit le récit, son style, ses mots, avec les adoles-centes du film, dont la plupart sont actrice pour la première fois. Durant les nombreux ateliers qui ont précédé l’écriture, les filles ont fourni le matériau, leurs anecdotes, pour bâtir ensemble le scénario. Le résultat est bluffant, parfaitement maîtrisé, le fruit d’une alchimie délicate pleine de fraîcheur et de profondeur.�

De Sébastien Lifshitz. France. 2020. 2h15. Sébastien Lifshitz est un super-héros, il a le don de se rendre invisible. Comment expliquer sinon qu’il parvienne si bien à se fondre dans le décor. Sa caméra se fait si discrète que ceux qu'elle filme semblent oublier jusqu’à son existence. On ima-gine la délicatesse du cinéaste, sa patience hors norme pour parvenir à saisir tant d’instants subtils, criants de vérité. Au sommet de son art, il nous offre ici une plongée au cœur de l’adolescence, un véritable bain de jouvence. Comme dans ses pré-cédents et magnifiques — Les Invisibles (justement !), Bambi, Les Vies de Thérèse —, il nous dévoile une humanité sans fards tout en res-tant à une distance respectueuse, jamais voyeuse. Il trouve toujours le ton juste, attentif à ne pas dé-florer trop de l’intimité de ses protagonistes tout en nous les rendant incroyablement proches. Si, lors des premiers repérages, le réalisateur avait prévu de suivre les pas d’un jeune garçon, le voilà qui bifurque et se met à filmer deux ado-lescentes, Emma et Anaïs, qu'il va suivre pen-

dant cinq ans. Et c'est d'abord ce temps long qui rend le film exceptionnel. Voir les deux filles, au long de ces cinq années, de leurs treize ans à l’heure du redoutable baccalauréat, s’épanouir sous nos yeux, abandonner leurs chrysalides, va devenir tout aussi prenant qu’émouvant. Cette chronique initiatique du passage de l’en-fance à l’âge adulte, qui capte l’essence de no-tre époque, témoin de l’évolution de notre socié-té, se révèle de bout en bout passionnante, pleine de surprises et de chocs imprévus. �

Le court-métrage présenté avant votre film

Du 16 au 22 septembre Saber perder de Sergio Milàn 4'20

Du 23 au 29 septembre Rien à sauver de V. Hérault, J. Aveque 4'17

� Tous les jours à 12h00 & 14h00 : 4,50€

� Groupes (scolaires...) : 4€

� Carte Culture Étudiant : 3,50€

� Jeunes (jusqu’à 18 ans) : 4,50€

� Cartes d’abonnement 10 places : 52€

� Tarif réduit : 6,50€

� Tarif Plein : 8€

Vendredi 25 septembre, enchaînez les 2 films ! 18h15 : Scanners 20h15 : Crash , présenté par Archimède 9€ le double programme, verre offert à l’entracte !

CRASH. Canada. 1996. 1h40. VOST. Avec James Spader, Holly Hunter… James Ballard, producteur de films publicitaires, et sa femme Catherine mènent une vie sexuelle très débridée. Suite à une grave collision avec le doc-teur Helen Remington ayant entraîné la mort de son mari, James se lance dans l’exploration des rapports étranges qui lient danger, sexe et mort. Grâce à leur rencontre avec Vaughan, un étrange photographe fasciné par les accidents de la route, le couple Ballard va finir par trouver un chemin nou-veau mais tortueux pour exprimer leur amour. Adaptation grandiose du roman de J.G. Ballard (1973), Crash décortique brillamment les liens entre érotisme et technologie. Cinéaste fasciné par les rapports entre l’humain et la machine avec des films comme La Mouche (1986) ou eXistenZ (1999), le Canadien David Cronenberg dépeint ici un monde où les hommes alignent leur esprit, leur corps et leur sexualité à la technologie automobile. Épaulé par une distribution impeccable (James Spader, Holly Hunter et Elia Koteas en tête), Cro-nenberg filme de manière extrêmement sensuelle un univers froid et vide de désir, entre autoroutes, parkings et garages ! Présenté en compétition offi-cielle au festival de Cannes de 1996, Crash obtient le Prix spécial du jury pour « son audace, son sens du défi et son originalité ». À sa sortie, le film fait scandale. Près de 25 ans après, alors que Crash est désormais disponible dans sa sublime restaura-tion 4K, force est de constater que l’œuvre de Da-vid Cronenberg reste tout aussi audacieuse et trou-blante. �

SCANNERS. Canada. 1981. 1h43. VOST. Avec Stephen Lack, Jennifer O'Neill... Inspiré par le scandale de la thalidomide dans les années 1950, Scanners est le septième long-métrage de Cronenberg. Il met en scène un télépa-the qui peut lire dans les pensées d’autrui et s’intro-duire dans le cerveau des autres pour le comman-der à distance. Comme tous ses congénères, nés de mères ayant consommé lors de leur grossesse un médicament toxique, l’Ephemerol, Vale, doulou-reusement saturé par les voix qu’il ne peut cesser de capter, est inapte à la vie en société. Le docteur Ruth, fondateur d’une société secrète ConSec, qui tente d’identifier les « scanners » en liberté, le re-crute pour mettre la main sur Darryl Revok, un télé-psychopathe qui rêve d’éliminer le genre humain en faisant un usage sanglant de ses propres dons. « Chez moi, l’horreur ne vient jamais de l’extérieur mais toujours de l’intérieur. Ce qui fascine ou fait peur, ce ne sont pas des aliens ou des monstres, mais le fait même d’avoir un corps. » Ainsi répond David Cronenberg, à Marcos Uzal dans le numéro des Cahiers du cinéma de juillet-août, à l’occasion de la reprise estivale de ses films Scanners et Crash. On ne saurait mieux dire que par les pro-pres mots de l’auteur pourquoi cet artiste de l’hor-reur contemporaine, dont l’inspiration configure des images qui menacent notre intimité mentale et or-ganique, est l’un des plus effrayants qui soit. �

Page 4: Programme du 16 au 29 septembre · gamme des sentiments. Elle est irrésistible, et le film avec elle. De Hélène Ducrocq. France. 2020. 40 min. À partir de 3 ans. Notre planète

LE FILM EST UNE ARME Soirée dédiée au cinéma du

GROUPE MEDVEDKINE Lundi 28 septembre à 20h30

en présence d’Henri Traforetti , membre du groupe Medvedkine de Besançon et de Geoffroy Gesser , musicien membre du collectif COAX. Expérience exceptionnelle dans l’histoire du ciné-ma, et dans la suite de Mai 68, un groupe d’ou-vriers en grève, d’abord à Besançon, dans l’usine de la Rhodiaceta, puis à Sochaux chez Peugeot, se lient d’amitié avec techniciens et cinéastes et fon-dent un collectif : le groupe Medvedkine. La rencontre a d’abord lieu entre les ouvriers et de jeunes cinéastes, parmi lesquels Chris Marker, Jean-Luc Godard, René Vautier, venus filmer la grève. Les ouvriers vont alors s’emparer des outils du cinéma pour réaliser sur une période courte une quinzaine de films d’une grande liberté et d’une énergie folle. Nous présenterons 5 films courts, conçus entre 1968 et 1971, qui montrent la naissance fulgurante d’un cinéma de combat, de guérilla qui confine à la poésie brute.

La Charnière (1968, 13 min) Écho d'un débat intense après la projection d'À bientôt j'espère, le film La Charnière des groupes Medvedkine rend très bien compte de ces moments où les travailleurs expriment leur mécontentement quant à la manière dont ils ont été représentés.

Classe de lutte (1968, 40 min) Le premier film réalisé par les ouvriers du Groupe Medvedkine. Il suit la création d’une section syndi-cale CGT dans une usine d’horlogerie par une ou-vrière dont c’est le premier travail militant en 1968. Comment Suzanne réussit à mobiliser les autres femmes de l’entreprise, malgré la méfiance des dirigeants syndicaux et les intimidations du patro-nat.

Rhodia 4×8 (1969, 4 min) Colette Magny, chanteuse engagée, chante le fla-menco de la Rhodia.

Sochaux 11 juin 68 (1970, 20 min) 11 juin 68. Après 22 jours de grève, la police inves-tit les usines Peugeot à Sochaux : deux morts, cent cinquante blessés. Des témoins racontent.

Lettre à mon ami Pol Cèbe (1971, 17 min) Où le ruban d’une autoroute se met à enregistrer les pensées. Premier « road-movie » ouvrier...

Séance organisée à l’initiative de Geoffroy Gesser et du Tribu Festival

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20h30 : Soirée Medvedkine