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Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008) Stratégie de Gestion Intégrée de la Zone Côtière Sud du Grand Sfax -.-.-.-.-.-.-.- Collecte des données Rapport préliminaire R t e r o p r t R t e d e G a b ès ro p o rt S f ax- Th yn a A r r on d . Cit é EL Habib Commune Thyna Arrond. Sfax El Médina L e s S a l i n s d e S f a x R o c a d e K m 1 1 Rte Tunis Rte Mahdia Rte Téniour C e i n t u r e P K 4 0 5 K i l o m e t e r s Co mmune T hy na Ar rond. Ci té E l Habib Ar rond. Sfa x El Médina Phosphogypse Ae roport Sali ns Oued E l Oued Chemin de fer Ré se au ro ut ier Zo ne d' étude N Lége nde : Jalel BOUZID Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax Octobre 2006 TUNISIE

Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008) Stratégie de Gestion Intégrée de … · 2009-09-27 · Ø Des remarques et constations présentées par les techniciens du comité de pilotage

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Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008)

Stratégie de Gestion Intégrée

de la Zone Côtière Sud du Grand Sfax

-.-.-.-.-.-.-.-

Collecte des données

Rapport préliminaire

Rte Aéroprt

Rte de G

abès

Aéroport

Sfax-Thyna

A r r on d . Cit é EL H a bib

C ommu n e Th yn a

A r r o n d . Sf a x E l M éd in a

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ns

de Sfax

Ro cad e Km 11

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Co mmune T hy naAr rond. Ci té E l HabibAr rond. Sfa x El Médina

Phosphog ypseAe roportSali nsOued E l OuedChemin de ferRé se au ro utierZo ne d' étude

N

Légende:

Jalel BOUZIDEcole Nationale d’Ingénieurs de Sfax Octobre 2006

TUNISIE

________________________________________________________________________________________

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Préambule

Dans le cadre du Programme d’Actions Prioritaires a Court et a Moyen Termes dans

le domaine de l’Environnement, au sein du Partenariat Euro Méditerranéen de la

Commission Européenne, SMAP III est la troisième étape du programme, dans

laquelle la gestion intégrée de la zone côtière (GIZC) est considérée comme haute

priorité.

Le Projet SMAP III - Tunisie « Stratégies de Gestion Intégrée de Zones Côtières

pour la Région du Kroumirie et Mogods et les Municipalités du Grand Sfax -

Tunisie » vise l’élaboration de deux plan d’action pour la gestion intégrée des zones

côtières (GIZC) des deux zones pilotes qui pourront être utilisés comme modèle

pour le développement d’un plan GIZC national.

La première action entamée dans le cadre du SMAP III Tunisie du Grand Sfax a

concernée la collecte de données, étape préliminaire, principale et préparatoire pour

les actions ultérieures en particulier le SIG et le diagnostic.

La collecte des données a démarré vers la mi- Août 2006. Elle a permis de disposer

d’un certain nombre d’études et de travaux ayant été effectuées principalement dans

le cadre de la stratégie de développement du grand Sfax et du PAC avec ses

différentes composantes. A cela se sont ajoutés les études universitaires publiées et

des données INS de 2004, dont essentiellement un travail concernant Sfax publié

mi- octobre 2006.

Plusieurs courriers ont été adressés aux différents responsables et opérateurs

économiques représentant particulièrement les administrations locales. Des

entretiens avec la plupart de ses responsables visent à compléter, à finaliser et à

mettre à jour dans la limite du possible les informations disponibles.

L’ensemble des travaux et études consultés a permis de ressortir un squelette et un

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moule formant une synthèse d’un ensemble important de données. Un premier

travail provisoire a d’ores et déjà été remis au comité de pilotage du projet vers la

fin septembre 2006 conformément au cahier de charge. Le rapport présenté dans ce

qui suit a été constitué sur la base :

Ø Des remarques et constations présentées par les techniciens du comité de

pilotage pour le rapport provisoire

Ø Des améliorations apportés au rapport provisoire,

Ø Des entretiens complémentaires avec les responsables de l’ONAS, de l’AFI,

des communes de Thyna et Cité El Habib, de l’APIP, de la SONEDE, de la

STEG, du CRDA, de l’INS, de la direction de la pêche, du port de commerce

…….

Certes, cette version de l’action de collecte de données a permis d’apporter des

améliorations sur le fond et la forme du rapport provisoire, néanmoins beaucoup

reste à faire surtout en matière de mise à jour et de saisi de nouvelles données. Des

difficultés subsistent encore surtout dans la collecte de données spécifiques des trois

communes qui constituent la zone d’étude. Même l’INS (2004) ne dispose pas de

ces données. A titre d’exemple, eu égard au fait que les zones industrielles ne sont

pas toutes aménagées, l’AFI ne contrôle que la zone industrielle de Thyna, de

Madagascar et 3 % de la zone industrielle de Sidi Salem. La zone industrielle du

port de pêche a été aménagée par l’APIP. La zone industrielle d’El Maou et la

majorité de la zone industrielle de Sidi Salem ne relève de la compétence d’aucun

organisme en terme d’aménagement. A cela s’ajoute toutes les difficultés inhérentes

à la localisation d’un nombre important d’entreprises disséminées dans le tissu

urbain. Pour pallier à ces difficultés, une fiche d’enquête (annexe) a été réalisée et

communiquée aux différentes communes pour l’inventaire dans la mesure du

possible de l’essentiel de ces industries.

Cette enquête permettra non seulement de présenter une image assez réelle des

activités industrielles dans la zone d’étude, mais aussi de fournir à l’expert SIG les

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4

données de base lui permettant la création de sa base de données cartographique et

attributaire.

Des recoupements et des extrapolations seront apportés pour approcher les données

souhaitées.

Il y a lieu de rappeler que nous tenons à adresser tous nos remerciements à

l’ensemble des responsables régionaux qui ont bien voulu nous aider à concrétiser

ce travail. Q’ils trouvent là, l’expression de notre haute considération.

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SOMMAIRE

Préambule

IntroductionI - Sfax : Historique et évolutions

II- Le littoral Sfaxien

III- Présentation de la zone d’étude

IV- L'environnement côtier terrestre

IV. 1 - Caractéristiques physico-naturelles

IV. 1-1 - Topographie

IV. 1-2 - Géologie, sol et enjeux

IV. 1-3 - Les ressources en eaux

IV. 1-3-1 - Les eaux de surface

IV.1-3-2 - Eaux souterraines superficielles

IV. 1-3-3 - Les eaux souterraines profondes

IV. 2 - Les conditions climatiques de la zone côtière de Sfax

V- L’environnement côtier marin

V.1 - La morphologie sous-marine et la nature du fond

V. 2 - Les caractéristiques océanographiques

V. 2-1 - Les courants généraux méditerranéens

V. 2-2 - La marée et les courants de marées

V. 2-3- La houle et les vagues

V. 3 - Les végétaux et les animaux marins

V. 3-1- La flore

V. 3-2- La faune

V. 3-2-1 - Le benthos

V. 3-2-2 - Les invertébrés à importance commerciale

V. 3-2-3 - Les poissons

V. 3-2-4 - Faune herpétologique

V. 3-3 – Les oiseaux d’eau

V. 3-3-1 -Les facteurs attractifs des espèces ornithologiques de la Zone Humide de Thyna

(ZHT)

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V. 3-3-2 - Importance quantitative et qualitative des oiseaux de Thyna

V. 3-4- Le Phytoplancton et les blooms phytoplanctoniques

V. 3-4- Qualité physico-chimique de l’eau de mer

VI- Situation environnementale

VI. 1 -La pollution atmosphérique

VI. 1-2 - Pollution atmosphérique liée à la circulation

VI. 2 La pollution hydrique

VI. 2-1 -Effet polluant de la station d’épuration des eaux usées

VI. 2-2 - Effet polluant des margines

VI. 2-3 - Effet polluant des rejets hydriques de la SIAPE

VI. 2-4 -Pollution due aux eaux pluviales

VI. 2-5 -Pollution engendrée par les eaux agricoles

VI. 2-6 - Pollution causée par les rejets solides

VI. 2-6-1 - Le stockage de grignons épuisés

VI. 2-6-2 - Le dépôt de phosphogypse

VI. 2-6-3 - La décharge municipale de Sfax

VII- les principales composantes de l’occupation du sol

VII. 1- Projet d’aménagement de l’ancien port de pêche (chott el kreknah)

VII. 1- Le site archéologique de Thyna

VII. 2- Les salins de Thyna

VII. 3 - Le Parc urbain de Thyna

VII. 4 – Autres espaces verts

VII. 5 –Zones industrielles

VII. 6 – La zone agricole

VIII-Les infrastructures

VIII. 1- L’assainissement

VIII. 2- La voirie

VIII. 3- Le port de pêche

VIII. 4- Le port de commerce

VIII. 5- La saline de Sfax

VIII. 6- Abattoir de Sfax

________________________________________________________________________________________

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VIII. 7 - Etude d’opportunité pour l’implantation de plates-formes logistiques du GrandSfaxVIII. 8- Transport

VIII. 8 -1 - Transport local

VIII. 8 -2 - Transport National et International

VIII. 8 -2 -1 Transport Terrestre

VIII. 8-2 -2 Transport Ferroviaire

VIII. 8-2-3 Transport Aérien

VIII. 8 -3 - Transport Maritime

VIII. 8-3-1 - Liaison Sfax-Kerkena

VIII. 8-3-2 -Le cabotage

VIII. 8-3-3 -Liaison avec l’étranger

IX- Analyse socio-économique

IX. 1- Situation démographique et emplois

IX. 1.1 - Situation démographique

IX. 1.1.1- Population

IX.1.1.2- Taille des ménages

IX.1.1.3- Logements

VII.2.1.3- Densité de la population, densité des ménages

IX. 2. 2 – Emplois

IX. 2- Activités économiques

IX. 2-1 L’activité de l’extraction de sel

IX. 2-2 -L’activité industrielle

IX.2.2.1- Zone industrielle Madagascar

IX.2.2.2- Zone industrielle Sidi Salem

IX.2.2.3- Zone industrielle Port de pêche

IX. 3 - Activité de la pêche dans la ville de Sfax

IX. 4 - Activité portuaire

IX. 5 - Les activités récréatives

IX. 5. 1 - Tourisme culturel

IX. 5. 2 - Tourisme écologique

Bibliographie

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Abréviations

APAL : Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral

APNES : Association de la Protection de la Nature et de l’Environnement de

Sfax

DPH : Domaine Public Hydraulique

GCT : Groupe Chimique de Tunisie

JICA : Japonise Agency

ONAS : Office National d’Assainissement

NPK : Société de fabrication d’Azote, de Phosphore et de Potassium

PAC : Plan d’Aménagement Côtier

PAU : Plan d’Aménagement Urbain

PNT : Parc National de Thyna

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SDA : Schéma Directeur d’Aménagement

SDGS : Stratégie de Développement du Grand Sfax

SIAPE (B) : Société Industrielle d’Acide Phosphorique et d’Engrais

STEP : Station d’Epuration

SONEDE : Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux

ZHT : Zone humide de Thyna

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Listes des tableaux

Tableau 1 : Etat du littoral de Sfax relatif à la zone d’étudeTableau 2 : Qualité physico-chimique de l’eau de mer au niveau de la zone Sfax-

Kerkennah

Tableau 3 : Résultats d’analyses d'hydrocarbures totaux effectués au niveau de la zone Sfax-

Kerkennah

Tableau 4: Comparaison des émissions atmosphériques dans la ville de Sfax avec d’autresvilles tunisienne

Tableau 5: Bilan des émissions atmosphériques de quelques sources fixes à Sfax

Tableau 6 : Polluants rejetés par les différentes activités de la SIAPE

Tableau 7 : Bilan des métaux lourds émis par l’unité TSP de la SIAPE

Tableau 8 : Principales sources de pollution hydrique

Tableau 9 : Les bases de calcul pour le dimensionnement de la STEP sud

Tableau 10 : Caractéristiques physico-chimiques des margines

Tableau 11: Caractéristiques chimiques des margines

Tableau 12: Estimation de la charge polluante déversée en mer (Tonnes/an)

Tableau 13: Concentration du Phosphore total et du Cadmium dans les eaux interstitielles des

sédiments côtiers au niveau de l’exutoire des rejets et de la SIAPE

Tableau 14 : Concentration du P total et du Cd dans les sédiments côtiers au niveau de

l’exutoire

des rejets et de la SIAPE

Tableau 15 : Les superficies des zones industrielles du littoral sud de Sfax

Tableau 16 : Caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la zone d’étude

Tableau 17 : Les équipements de froid du port de pêche de Sfax

Tableau 18 : Les caractéristiques physiques et structurelles u port de pêche de Sfax

Tableau 19 : Principales composantes du port de pêche de Sfax.

Tableau 20: Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax

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Tableau 21 : Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax

Tableau 22 : Répartition des déplacements motorisés dans le Grand Sfax

Tableau 23 : Etat de la population dans la zone d’étude

Tableau 24 : Représentation des deux sexes dans la population relative à la zone d’étude

Tableau 25 : Nombre et taille des ménages dans la population relative à la zone d’étude

Tableau 26: Logements et Ménages dans la zone d’étude

Tableau 27 : Rapport ménage/logement

Tableau 28 : Densité de la population et densité des ménages

Tableau 29 : Taux d’activité selon le genre (%) de la zone d’étude

Tableau 30 : Répartition de la population active par secteur d’activité

Tableau 31 : Population au chômage par tranche d’âge dans la zone d’étude

Tableau 32 : Population au chômage par niveau éducatif dans la zone d’étude

Tableau 33 : Répartition des lots et leurs surfaces selon le domaine d’activité

Tableau 34 : Répartition de l’occupation du sol de la ZISS

Tableau 35 : Répartition de la superficie suivant le secteur industriel.

Tableau 36 : Production de pêche de Sfax

Tableau 37 : Flottille de pêche du port de Sfax

Tableau 38 : Production de pêche du gouvernorat de Sfax

Tableau 39 : Trafic global de marchandises en t/an (conteneurs inclus)

Tableau 40 : Principaux produits enregistrés au niveau du port de Sfax (T/an)

Tableau 41 : Trafic conteneurs du port de Sfax (T/an)

Tableau 42 : Trafic conteneurs du port de Sfax (EVP)

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Listes des photos

Photo 1: Thernes des mois

Photo 2 : La maison de dyonysos

Photos 3 : La zone agricole de Thyna

Photos 4 : Saline de Sfax

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Listes des figures

Figure 1 : Présentation de la zone d’étude du projet SMAP III

Figure 2 : Morphologie et bathymétrie sous-marine de la zone côtière

Figure 3 : Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles

Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Flot.

Figure 4 : Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles

Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Jusant.

Figure 5 : Origine géographique des oiseaux d’eau migrateurs hivernants et nicheurs dans

la zone humide de Thyna.

Figure 6 : Plan d’implantation de la station d’épuration sud de Sfax après réhabilitation

Figure 7 : Aménagement de Chott Kreknah

Figure 8 : Carte de localisation des salins de Sfax

Figure 9 : Les principales composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna

Figure 10 : La répartition des différentes composantes de l’espace urbain de la commune

de Thyna

Figure 11 : Carte des salins de Sfax

Figure 12 : Plan d’aménagement de l’abattoir de Sfax

Figure 13 : Localisation de la plateforme logistique de Sfax

Figure 14 : Carte de localisation des sites industriels dans la zone d’étude

Figure 15 : Carte de répartition actuelle des usines de la zone industrielle Madagascar

Figure 16 : Carte de classification des usines suivant leur degré de pollution

Figure 17 : Carte d’occupation du sol de la zone industrielle Sidi salem

Figure 18 : Carte de répartition des unités industrielles de la zone industrielle de Sidi Salem

suivant le secteur d’activité

Figure 19 : Zone industrielle du port de pêche

Figure 20 : Zone industrielle de Thyna

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Projet SMAP III- Tunisie (2006-2008)

Stratégie de Gestion Intégrée de la Zone côtière Sud

du Grand Sfax

Introduction

Le littoral méditerranéen, berceau de plusieurs civilisations, constitue une des plus

exceptionnelles richesses du monde. Ce littoral a toujours été considéré depuis les temps

les plus reculés comme un espace et un cadre idéal de vie favorable pour satisfaire les

besoins de ses habitants et assurer le développement harmonieux de leur activité. Tout au

long de l’histoire, les zones méditerranéennes aménagées et exploitées s’avèrent être des

plus convoitées par les populations qui les habitaient.

Devant les avantages portés par le développement économique au cours des siècles passés,

la sagesse et la conscience humaines se sont trop souvent endormies, laissant l’Homme

abuser des ressources naturelles de ces milieux fragiles.

Le développement qu’ont connu les pays du bassin méditerranéen sur les dernières

décennies n’a malheureusement pas tenu compte de l’impact à long terme des activités

économiques. Plus de 50% de la population des pays méditerranéens est concentrée sur le

littoral. Ce phénomène est appelé à s'intensifier pour toucher les deux tiers de la population

en l'an 2020. Cette concentration essentiellement urbaine engendre diverses atteintes à

l'environnement (pollutions atmosphérique, hydrique, terrestre, résorption des ressources

naturelles, destruction du patrimoine culturel...) fragilisant de plus en plus les écosystèmes

et plus spécialement le littoral. De nombreux exemples de ce type de situations ont été

relevés particulièrement dans les pays de la rive sud méditerranéenne, d’où la nécessité de

mettre en place des actions correctrices et des stratégies de gestion durable du milieu et de

ses ressources.

Heureusement, avec le temps, les décideurs se sont rendus compte qu’il était impératif de

corriger les impacts négatifs de ses activités, de renverser les processus conduisant à la

dégradation des zones côtières et d’agir avec modération et prudence à sauvegarder ce

patrimoine pour les générations avenirs.

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La gestion intégrée des zones côtières est définie comme un processus flexible de gestion

pérenne des ressources capable d’assurer aux générations futures un développement

efficient, soucieux de la préservation des équilibres naturels et durable dues

essentiellement aux activités économiques.

Pays à orientation maritime, la Tunisie s’est fixée comme objectif de répondre aux

exigences d’une gestion moderne de ses zones côtières qui, sur une longueur de 1300 Km,

hébergent 63,5 % de la population totale et concentrent la plupart des activités

économiques du pays.

Les côtes de la Tunisie s’étendent sur près de 1.300 Km avec deux façades maritimes,

Nord et Est. Le littoral tunisien présente plusieurs formes paysagères bien différenciées: les

plages sablonneuses qui occupent environ 600 Km, représentent le paysage le plus présent

sur les côtes tunisiennes et abritent la majeure partie des établissements humains.

Contexte et Objectifs

La ville de Sfax, située sur le littoral sud de la Méditerranée à environ 300 km au Sud de

Tunis, représente le deuxième grand pôle d’activités économiques de la Tunisie avec une

population d’environ 500 milles habitants.

La concentration des activités urbaines et économiques sur le littoral de la ville et en

particulier dans sa partie Sud, l’insuffisance des mesures et des outils de protection de

l’environnement et l’utilisation inadéquate de l’espace, ont contribué d’une manière

significative à la dégradation de la qualité de la vie et de l’environnement.

De ce fait, l’aménagement et la valorisation du littoral ont occupé une place de choix dans

la fixation des grandes orientations du schéma directeur d’aménagement du Grand Sfax.

C’est ainsi que les travaux de dépollution et de réhabilitation des côtes Nord de la ville ont

été décidés et l’aménagement est déjà programmé dans le cadre du projet présidentiel

Taparura. Cet ambitieux projet est en mesure d’apporter une amélioration nette de

l’environnement et de la qualité de la vie dans la ville. Quant au littoral Sud qui s’étend du

port de commerce jusqu’aux limites sud de la commune de Thyna, il présente des sources

de nuisances considérables mais aussi des potentialités naturelles et culturelles

importantes. Des études générales relatives à l’exploration de la situation

environnementale dans le littoral Sud de la ville de Sfax ont été effectuées dans le cadre du

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15

Programme d’Aménagement Côtier de la zone côtière de Sfax (PNUE/PAM, 1994-1998).

Cependant, des études relativement détaillées sur certaines options d’aménagement et de

gestion des côtes Sud restent à entreprendre. La stratégie de développement du Grand Sfax

élaborée par la commune de Sfax et les six communes avoisinantes (2003-2005),

s’appuyant sur l’approche participative a retenue quatre axes stratégiques de

développement parmi lesquels figure l’aménagement urbain conçu dans une perspective de

métropolisation privilégiant le développement littoral et plus particulièrement sa partie Sud

visant à l’aménager et le valoriser.

Partant de toutes ces considérations, le projet de l’élaboration de la stratégie de gestion

intégrée de la zone côtière Sud du Grand Sfax a été mis en œuvre en bénéficiant de l’appui

de l’Agence National de Protection de l’Environnement (ANPE) en tant qu’intervenant

privilégié et également du soutien de l’Agence de Protection et d’Aménagement du

Littoral (APAL) chargée principalement de gérer les espaces littoraux, de suivre les

opérations d’aménagement, de veiller à leur conformité avec les règles et les normes qui

régissent ces espaces et les mettre en cohérence avec les projets et les programmes

d’action sur le littoral. Et c’est dans ce cadre que s’est inscrit le projet SMAP III initié par

la communauté européenne et portant entre autres sur la composante stratégique de

Gestion Intégrée de Zones Côtières pour les Municipalités du Grand Sfax. Il vise

principalement les objectifs suivants :

§ Elaborer un plan de gestion intégrée des zones littorales des Municipalités du

Grand Sfax : ce plan sera utilisé comme un modèle pour le développement d'un

plan national de gestion intégré du littoral.

§ Stimuler l’utilisation durable de la zone côtière sud des Municipalités du Grand

Sfax, au sud-est de la Tunisie.

Ce travail devra être conduit selon les principes d'une intégration maximale des besoins en

développement et des impératifs de conservation du patrimoine naturel.

Il sera mené de façon à servir de modèle dans l'application de l'approche participative et

l'implication des différents acteurs concernés, y compris la population locale dans les

processus de planification et de gestion de zones côtières.

Partenaires du ProjetPlusieurs partenaires sont associés à ce projet dont principalement :

________________________________________________________________________________________

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§ Le WWF Programme Méditerranée et Panda Service - Bureau de WWF

Programme Méditerranée (Rome) ;

§ L’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL),

§ l’Entitat Metropolitana de Serveis Hidraulics i Tractament de Residus, (Secrétariat

Général de MEDCITIES, Barcelone ),

§ Les Municipalités du Grand Sfax,

§ La Société d'Etudes et d'Aménagement des Côtes Nord de la ville de

Sfax,

§ L’Ecole Nationale d’ingénieurs de Sfax (ENIS) de l’Université de Sfax,

§ Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)

I - Sfax : Historique et évolutions

La ville de Sfax a été édifiée au IX siècle entre les anciennes cités romaines de Taparura au

Nord et de Thyna au Sud. De ce passé historique, seul l’ossature foncière de la ville et la

médina garde encore leur configuration originelle. Cette ossature a pris forme à partir des

cadastres romains de forme géométrique régulière, limites des jardins de Sfax. Ces jardins

ont été soumis depuis les dernières décades à un processus de morcellement, rappelant les

nombres de 400, puis de 800 enfin de 1000 évoquées par les chroniqueurs en parlant des

"jneins" de Sfax avant le XXè siècle.

L’architecture de base de ces jneins a pu être conservée grâce au système de clôtures

naturelles en talus appelées "tabias" constituant pour ces jneins un système efficace de

conservation des eaux et du sol tout en favorisant également la condensation occulte des

vents humides soufflant de la mer vers les jneins, et en les protégeant contre les vents secs

issus du Sud (J. Poncet 1976).

L’accroissement numérique des jneins de Sfax est le produit de deux phénomènes majeurs:

les lois successorales et la dilatation du périmètre de l'agglomération.

Ce processus d’accroissement s'est largement accéléré durant le vingtième siècle, période

au cours de laquelle il n'est plus totalement improvisé puisque endigué, depuis, par les

instruments et les outils de la planification urbaine (Plan d'urbanisme de 1929 . Plan

________________________________________________________________________________________

17

directeur de 1961 et Plan Directeur d'Urbanisme de 1977).

L'extension urbaine de Sfax a suivi l'évolution spatio-temporelle permettant de dégager les

étapes suivantes :

§ A la fin du XIXè siècle, Sfax comprenait la Médina, un quartier franc situé au Sud,

un port rudimentaire et l'auréole des jardins,

§ Dans les années 30, la ville européenne est déjà en place, le port édifié, la

Médina déborde formant les premiers faubourgs non contigus, les radiales

sont progressivement bitumées. Le morcellement des jardins est entamé

perceptiblement avec apparition des premiers noyaux urbains

périphériques (Merkez),

§ Dans les années 50, la Médina, la ville européenne avec son port agrandi

et les faubourgs constituent un ensemble marquant le développement d'une

grande ville avec une ceinture de jardins à caractère encore rural,

§ Dans les années 80, la ville grandit, la zone péri-urbaine enregistre

un processus de densification accéléré essentiellement autour des Merkez

érigés en communes qui sont actuellement au nombre de sept. Cette

densification s'effectue par essaimage de constructions improvisées à l'intérieur

de l'auréole des jneins.

L'agglomération actuelle de Sfax englobe près de 480 000 habitants s'étalant sur environ

20000 ha. La faible densité qui en résulte pose de multiples problèmes quant à

l'aménagement de la ville et aux conséquences financières rendant onéreux les

équipements et les infrastructures indispensables à son développement. La typologie de son

habitat dévoile l'existence, principalement de 6 types de tissus urbains :

Ø la Médina : habitat traditionnel,

Ø la ville moderne : habitat collectif vertical,

Ø les lotissements : logements en villas (400 m² / lot généralement),

Ø les cités populaires : habitat groupé à l'horizontale,

Ø les faubourgs de la Médina : habitat traditionnel,

Ø les jardins : larges au début puis devenant serrés en passant de 2500 à 1000

et enfin à 500 m² par lot actuellement,

Cette évolution urbaine de la ville se caractérise en outre par une centralisation des services

________________________________________________________________________________________

18

et un développement des activités industrielles dans des zones aménagées à cette fin.

II- Le littoral SfaxienLe Plan de gestion intégrée de la zone côtière de Sfax selon la démarche proposée par le

SMAP III enregistre deux étapes au niveau de son élaboration. La première s'intéresse au

rôle du littoral quant au développement de Sfax dans l'optique de la durabilité

environnementale alors que la seconde porte sur le plan de gestion intégrée de la zone

côtière de Sfax-Sud proprement dit.

Cette démarche nécessite ainsi le placement de la zone de Sfax dans un cadre géographique

plus vaste afin de cerner ses éléments constitutifs et de comprendre son fonctionnement et

ses possibles évolutions.

Il est évident que le développement socio-économique et spatial du littoral de

l'agglomération en général et de la zone sud en particulier sont conditionnés par des

facteurs externes issus de son arrière pays voire même d'espaces plus lointains. Ainsi

l’association de la topologie, de la géographie, et de l'aménagement explique le rôle

dévolu à ce littoral et les interrelations qui se manifestent entre celui-ci et le reste de

l'espace urbain.

L'existence d'un littoral qui se prête à l'implantation d'infrastructures portuaires aux portes

de la Médina a orienté le développement économique de la ville qui a pu afficher

clairement son internationalité liée à la présence et à la prolifération d'industries

manufacturières dynamiques. Il a également conditionné son développement spatial.

En plus d'avoir été un lieu de localisation privilégié des unités industrielles, le littoral a

constitué un espace fort attractif pour d'autres activités de toutes natures (services

productifs services administratifs), se positionnant ainsi comme centre fondamental des

activités et principal foyer de l'emploi. Quotidiennement, il draine la majeure partie de la

population active de l'agglomération et suscite de multiples besoins, en transport entre

autres.

En conséquence, les zones côtières de Sfax ont été transformées en réceptacle de

nuisances en tout genre (pollutions, congestionnent...) dont l'ampleur ne cesse de

progresser en fonction du développement de l'agglomération.

________________________________________________________________________________________

19

III- Présentation de la zone d’étudeLe littoral de Sfax s'étale sur près de 50 km linéaires, du village de Sidi Mansour au Nord

à celui de Chaffar au Sud, et sur une profondeur moyenne de l'ordre de 5 km.

La zone d’étude proposée (Fig 1) dans le cadre du SMAP III occupe une superficie

d’environ 5600 ha soit 25% à peu prés de l’ensemble de l’agglomération Sfaxienne, elle

est définie :

§ au Nord par la limite sud du projet Taparura

§ au Sud par la limite sud de la commune de Tyna (Rocade km 11)

§ à l’Ouest par la route de Gabès et la voie ferrée,

§ à l’Est par la limite est de l’île Kerkennah.

Administrativement, cette zone appartient à la commune de Sfax (arrondissements Madina

et El Habib) et celle de Thyna. Par ailleurs, le parcours de la zone d’étude permet de

distinguer principalement la nature et la composition des activités côtières:

§ le parc archéologique de Thyna

§ le parc urbain de Thyna,

§ la zone humide de Thyna,

§ les ensembles industriels de Thyna, d’El Maou, de Sidi Salem, du Port de pêche et

de Madagascar,

§ les noyaux d’habitats populaires d’El Moez et d’El Habib,

§ le dépôt de phosphogypse de la SIAPE

§ la décharge sauvage des déchets urbains et les bassins de stockage des margines

§ la station d’épuration de Sfax Sud

§ les bassins des salines de la COTUSAL

§ le centre ville avec ses composantes : la Médina, la ville moderne (Bab El Bhar)

§ les zones portuaires (ancien et nouveau port de pêche et le port de commerce)

L’analyse physique de l’état du littoral le long de la zone d’étude de Sfax (Tableau 1)

permet de relever la différenciation et les caractéristiques entre les ensembles qui

jalonnent la frange côtière.

IV- L'environnement côtier terrestreA la lumière de cette brève description de la zone d’étude et afin de déterminer sa

contribution pour un développement durable de Sfax, il est nécessaire d’analyser de plus

près son profil environnemental tant physique qu'écologique, le contexte socio-

économique ainsi que l'occupation, l'affectation et l'utilisation de l'espace côtier de cette

agglomération.

________________________________________________________________________________________

20

Figure 1 : Présentation de la zone d’étude du projet SMAP III

________________________________________________________________________________________

21

Tableau 1: Etat du littoral de Sfax relatif à la zone d’étude

Section littorale Type de côteEtat actuel de la mise en valeur

Site de l’ancienne NPK Côte basse, vaseuse et sableuse Abrite la friche industrielle de la

NPK, le site de l’ancien dépôt

d’hydrocarbures, le port

d’embarquement des phosphates et

de déchargement du soufre. Abrite

autres dépôts et usines.

Port de commerce Côte aménagée Sert pour les exportations (quai des

phosphates, quai de chargement du

sel etc) et d’importation de

marchandises diverses, en plus du

quai des conteneurs.

Chott-El-Krekna Ancien port de pêche. Site

quasi central à environ

100 mètres de la

municipalité.

Plans d’eau laissés après le

transfert du port de pêche.

Alentours aménagés en esplanades.

Fonds dépollués.

Du port de pêche jusqu’à

l’embouchure de l’oued

El-Maou..

Côte basse Comprend essentiellement l’espace

initialement réservé à l’extension

du port de pêche (projet

abandonné) et en cours de

remblaiement, ainsi que les

cristallisoirs des salines.

De l’embouchure de

l’oued El -Maou jusqu’à

la prise d’eau des marais

salants

Côte basse, avec zone

intertidale importante

Côte fortement polluée par le rejet

liquide très chargé de la SIAPE et

de la STEP sud.

Dépôt proche de la mer de

phosphogypse dépassant 40 ha.

Côte interdite à la baignade. Pêche

côtière de faible rendement.

________________________________________________________________________________________

22

De la prise d’eau des

marais salants jusqu’au

sud du site

archéologique de Thyna

Côte basse, avec zone

intertidale importante.

aménagée actuellement en aires

d’évaporation pour les salines de

Thyna. Abrite une très forte

population de limicoles et

échassiers, un important site

archéologique romain (Thaenae)

et un parc urbain en constitution.

IV. 1 - Caractéristiques physico-naturelles

IV. 1-1 - Topographie

Du point de vue physique, la zone d’étude du projet ne constitue pas en elle-même une

région physique bien individualisée, mais appartient à un ensemble naturel plus vaste

constitué par les plaines littorales orientales ou basses steppes.

Topographiquement, la zone d’étude correspond à une vaste plaine côtière, de très faible

dénivellation. L’altitude ne dépasse 10 mètres qu’à partir de 3 ou 4 Km de la côte, et

n’atteint 20 mètres qu’en dehors du périmètre de l’étude. Cette platitude est en fait

caractéristique de toute la partie orientale des basses steppes tunisiennes.

Les faibles altitudes ne pouvaient favoriser qu’une faible inclinaison des surfaces

topographiques, surtout qu’il s’agit d’un terrain côtier. Dans la ville et ses jnens, les pentes,

dirigées fondamentalement vers la mer, sont à peine sensibles puisque généralement

comprises entre 0,3 et 1%. Des pentes encore plus faibles existent, notamment au voisinage

du rivage, surtout dans la partie nord de la ville. C’est ce qui explique la grande extension

des terrains humides du type sebkha et chott tout le long de la frange littorale. La côte est

d’ailleurs toujours basse et formée d’une alternance de microfalaises vives, de très petites

plages et des marais maritimes plus ou moins étendus. La plaine côtière de la région de

Sfax s’étend dans le domaine marin avec une faible pente donnant lieu à une plaine

littorale quasiment plate.

IV. 1-2 - Géologie, sol et enjeux

La plaine littorale et les collines qui l’encadrent du côté interne ont une géologie peu variée

et dominée par les roches tendres. Les collines sont faites essentiellement de formations

argileuses et sableuses attribuées à l’ère tertiaire. Une croûte calcaire, attribuée au

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23

Quaternaire ancien, moule parfois leur surface, mais elle reste assez discontinue. Les

formations superficielles, qu’on observe en circulant à travers la plaine sont récentes et

appartiennent au Quaternaire supérieur. Elles correspondent le plus souvent à des alluvions

tendres et perméables, faites essentiellement de sables et limons, qui comblent les cuvettes

subsidentes (Burolet, 1956).

Les horizons inférieurs présentent généralement une certaine compacité, sont parfois riches

en concrétions calcaires et sont, donc, moins tendres.

Du point de vue tectonique la région de Sfax, faisant partie de la plate forme du sahel, se

caractérise par une stabilité assez remarquable. Les structures plio-quaternaires ont une

structure inverse de celles de l’éocène et du miocène qui ont connues des épisodes

compressifs (Haller, 1983).

Au bord de la mer, la place peut être donnée, très localement, à des affleurements rocheux

qui correspondent à une croûte calcaire ou à des grès coquilliers d’origine marine

généralement attribués au cycle tyrrhénien surmontés par des faciès dunaires souvent bien

consolidés. Ces derniers se trouvent toujours à des altitudes très basses, souvent inférieures

à 1 m. Or leur équivalent sur les autres parties des côtes du pays apparaissent généralement

à des altitudes variant entre 5 et 10 m. C’est la preuve que le terrain sur lequel est installée

l’agglomération sfaxienne a connu une subsidence active au cours du Quaternaire

supérieur.

L’importance des affleurements tendres, l’âge très récent des sédiments de la plaine et la

subsidence sont des données importantes sur lesquelles l’aménagement ultérieur doit tenir

compte. Cette subsidence peut expliquer le niveau d’érosion associé à une forme plus au

moins spectaculaire d’avancée marine observée que se soit à Kerkennah ou à Chaffar.

Avec l’Elévation Accélérée des Niveaux de la Mer, une telle évolution devrait

vraisemblablement se poursuivre, voire s’accélérer. Ainsi, avec les scénarios de cette

élévation de 0,50 et 0,55 m, à l’horizon 2100, l’archipel de Kerkennah risque même de se

transformer en un grand nombre d’îlots et les sebkhas côtières peuvent être connectés, de

façon permanente à la mer.

Le traitement des enregistrements marégraphiques du port de Sfax montrent une remontée

marine à un rythme de trois à quatre fois la moyenne mondiale (0.5 cm/an) et ceci depuis le

début du siècle. L’effet cumulé de la subsidence du sol et la remonté marine à l’échelle du

globe peuvent expliquer cette remontée spectaculaire du niveau marin au niveau de Sfax

________________________________________________________________________________________

24

(MEAT, 2001).

Ces phénomènes, subsidence et remonté marine, méritent une attention particulière

surtout pour le développement touristique prévu pour ces deux zones.

IV. 1-3 - Les ressources en eaux

IV. 1-3-1 - Les eaux de surface

La partie Sud de la zone du projet est drainée par d’importants oueds. L’Oued Agareb

draine les eaux de ruissellement de toute la partie Nord-Ouest et Ouest du secteur d’étude.

Il coule dans une direction presque méridienne aux confins ouest de l’agglomération de

Sfax, recoupant ainsi plusieurs de ses radiales. A partir de son parcours en amont de la

route de l’Aéroport, le lit de cet oued a été réaménagé et recalibré : deux digues limitent

son cours et l’orientent à travers les deux cités populaires d’Essâada et d’El Habib, pour

être relié ensuite à l’Oued El Maou, dont le lit s’élargit très sensiblement à l’aval (90 ha)

avant d’arriver en mer, au Sud des cristallisoirs des salines. Plus à l’Ouest et plus au Sud,

les oueds deviennent plus ravinés suite à l’érosion régressive subie par leurs berges,

particulièrement dans leurs secteurs amont. Il s’agit de l’Oued Ash-Sharshar qui draine le

secteur situé entre Mdas- El Hammam et As-Swalah, pour se jeter ensuite à environ 2 km

au Sud du parc archéologique de Thyna, à travers les marais salans qui bordent la côte.

L’Oued Gargour et l’Oued Chaffar drainent la partie Sud de notre secteur d’étude.

L’examen des principales composantes du bilan hydrologique de la région de Sfax permet

de dégager les faits suivants (PAC 1998) :

Ø Compte tenu de la quantité moyenne des précipitations sur la région de Sfax

(210 mm/an) sur une superficie de l’ordre de 2000 km2, ces précipitations sont

évaluées à 420 Millions de m3 /an. Les extrapolations avancées au niveau de la

zone d’étude permettent d’avancer le volume des précipitations à peu prés de 11

Millions de m3 /an sur la base d’une superficie de 56 km2.

Ø Le volume d’eau ruisselé pour la région est estimé à 45 Millions de m3 /an,

contre un million au maximum pour la zone d’étude.

Ø Les apports directs des eaux pluviales infiltrés vers la nappe de surface de la

région sont estimés à 7 Millions de m3 /an. Toutefois, et compte tenu du

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25

caractère très urbanisé de la zone d’étude, nous pouvons estimer un volume

comme 50 000 de m3 /an au maximum d’eaux pouvant atteindre les eaux

souterraines correspondant à la zone d’étude.

A l’image de la pluviométrie, l’écoulement dans ces oueds est irrégulier et instable. Les

débits moyens sont faibles mais à l’occasion de certaines averses les quantités d’eau

écoulées sont énormes et les risques de débordement peuvent entraîner des dégâts

considérables au niveau du milieu naturel et au niveau des équipements et aménagements

installés sur leur chemin.

En effet, les petits oueds, négligeables en temps ordinaires, peuvent, à l’occasion des crues

exceptionnelles, devenir très violents et assurer le transfert de très grandes quantités d’eau

en un temps très court. Les inondations d’octobre 1982, dont il faut tirer des enseignements

pour l’évolution future, ont été très instructives à cet égard.

Ces inondations ont également révélé le caractère très instable et changeant des sections

des oueds. Les sections utilisées par les eaux des crues ordinaires sont très peu larges. Mais

pendant les crues exceptionnelles, comme celles de 1969 et de 1982, elles s’élargissent

considérablement. C’est en fonction de ce dernier type de section que doit se faire

l’occupation du terrain; à défaut des mesures de protection s’imposent.

Une densification non contrôlée et non suivie des aménagements peut favoriser la

multiplication des obstacles sur le chemin de l’écoulement et donc accentuer les problèmes

liés aux eaux de ruissellement. D’autre part, nous avons constaté que certaines habitations

ont été implantées, au cours des rares dernières années, au coeur même des sections des

oueds. Même là où les cours d’eau montrent un certain encaissement des problèmes sont à

craindre, car les berges sont toujours taillées dans des roches tendres et peuvent reculer

rapidement suite aux phénomènes de sapement.

IV.1-3-2 - Eaux souterraines superficielles

La région de Sfax est généralement caractérisée par des ressources en eau peu abondantes.

Les caractéristiques de ces ressources dépendent essentiellement des conditions

climatiques, géologiques et hydrogéologiques. D’un autre côté les besoins en eau pour

l’agriculture et la croissance rapide de la population aggravent le problème de la nappe

phréatique de Sfax-Agareb appelée également nappe urbaine de Sfax en modifiant ses

________________________________________________________________________________________

26

caractéristiques naturelles. Elle est surexploitée dans les secteurs d’El-Hajeb et Sidi-Abid,

et présente aujourd’hui des indices d’intrusion d’eau salée en provenance de sa bordure

maritime. La profondeur du plan d’eau varie de 5 à 30 m, selon la topographie de surface.

La nappe de Sfax - Agareb est captée dans les secteurs d’El Hajeb - Sidi Abid à 15 m de

profondeur environ. Les eaux douces de cette nappe sont en relation avec une

alimentation directe par les eaux de pluies et par les crues des oueds. Le sens

d'écoulement principal de ces eaux est de direction NW-SE (Beni Akhy et al., 1995).

La région de Sfax présente une forte densité de puits dont la répartition n’est pas

homogène dans l’espace. La majeure partie de ces puits se concentre dans la zone avale

(côtière) de la nappe et essentiellement dans les secteurs de Sidi Abid, El Hajeb, Sidi

Bouakkazine et Gargour. Depuis une vingtaine d’année, la nappe connaît une remonté

sensible qui pourrait être expliquée par :

• La recharge artificielle de la nappe par la réutilisation des eaux usées traitées au

niveau des périmètres d’El Hajeb (3 Million de m3/an). La remonté enregistrée est

voisine de 1m/an (Ben Marzouk, 2000, Kallel, 2002).

• Le déversement direct des eaux usées urbaines et parfois industrielles dans des puits

perdus dans les zones non connectées au réseau d’assainissement (7,7 Millions

de m3/an). Ces eaux ont entraîné la contamination biologique et chimique de la

nappe. La contamination de la nappe phréatique est plus sensible en aval du coté

sidi Mansour (Bouzid J. 1992). L’extension du réseau de l’ONAS dans ces

communes permettra de limiter la pollution biologique de cette nappe et permettra

une meilleure gestion de ces ressources.

La salinité de cette nappe varie généralement de 1 g/l en amont à 12 g/l en aval du côté de

la mer. En ce qui concerne les ressources exploitables de cette nappe, elles s’élèvent à 6

Mm3/an (PAC de Sfax 1998).

IV. 1-3-3 - Les eaux souterraines profondes

La nappe profonde de Sfax s’étend du Nord vers le Sud sur une distance de l’ordre d’une

centaine de Km. Au niveau de la ville de Sfax le système aquifère se trouve à une

profondeur voisine de 400 m. L’artésianisme se manifeste tout le long du littoral ainsi

qu’aux îles de Kerkennah. La salinité de la nappe évolue du NE vers le SW qui passe de 2

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27

à 10g/l de l’amont vers l’aval. Les alimentations de la nappe ont été estimées à 34,5

Millions de m3 /an correspondant à un débit fictif continu de l’ordre de 1100 l/s.

L’exploitation par forage profond atteint 570 l/s, soit 25,1 Millions de m3/an. (Amouri,

1996 et Maliki 1996). La SONEDE exploite se système aquifère par un forage au niveau

de la route de Gremda. La salinité de l’eau au niveau de ce forage est de l’ordre de 3,5 g/l.

Son utilisation est particulièrement réservée pour les périodes sèches marquées par une

forte demande en eau et en même temps par un approvisionnement d’eau limité provenant

de Sbeitla - Jelma et du Nord. A Kerkennah cette même nappe est exploitée par un forage

artésien qui alimente la station d’osmose inverse qui desserve l’île en eau potable.

Une étude a été réalisée pendant les trois dernières années sur les ressources en eaux

souterraines de la région de Sfax. Elle a été élaborée dans le cadre de la coopération

Tuniso-Italienne, et a permis de proposer un schéma meilleur pour la gestion de ces

ressources en eaux.

IV. 2 - Les conditions climatiques de la zone côtière de Sfax

Le littoral de Sfax jouissant d'un ciel souvent bien dégagé, est marqué également par un

nombre élevé d'heures d'insolation par an (3185 heures) correspondant à un indice moyen

d'insolation de 72%.

Le climat thermique est de type méditerranéen assez chaud. La moyenne annuelle de la

température s'élève à 19°C, avec des températures moyennes de l'ordre de 11,5°C en

janvier, et de 25,6°C en juillet. Fortement contrasté par rapport à l'hiver, l'été se caractérise

surtout par ses fortes chaleurs. L'effet modérateur de la mer intervient pour assurer un léger

rafraîchissement par rapport aux régions intérieures et ce grâce aux brises de mer, si

fréquentes durant cette saison. Le réchauffement diurne de l'air devient nettement

perceptible dès le mois de mai (24,2°C en moyenne) et atteint son maximum en août avec

une moyenne maximale de 30,4°C. La chaleur estivale persiste d'ailleurs jusqu'en

septembre (29,4°C en moyenne).

Les vents prédominants dans la région de Sfax demeurent incontestablement ceux des

secteurs Est et Ouest. En dépit de cette prédominance, ces vents restent faibles, de vitesses

souvent inférieures à 4m/s. Le renforcement de la composante Est des vents se confirme

pleinement en été où l'on enregistre une nette prédominance des vents d'Est, de Nord-Est et

________________________________________________________________________________________

28

de Sud-Est. Ce qui traduit en particulier l'importance des brises de mer dans une saison

estivale fortement marquée par les calmes anticycloniques (Zouari et al, 1997). Les vents

humides du Nord-Ouest amènent la plupart des précipitations surtout en automne (41 % du

total annuel) et en hiver (30 % du total annuel). A l'échelle annuelle, on constate que le

vent souffle pratiquement de toutes les directions et ce, dans des proportions quasi

uniformes tant pour les fréquences que pour les vitesses. Il constitue aussi un facteur

important dans la dynamique littorale, en ce sens qu'il est le principal générateur de la

houle et des courants de surface. La saison estivale se caractérise également par des

advections sahariennes parfois très puissantes qui se manifestent en faveur du Sirocco ou

"Chehili": c'est un vent chaud et très sec soufflant du Sud et du Sud-Ouest, responsable des

élévations très notables de températures dépassant largement 40°C. Toutefois, la mer joue

un rôle non négligeable en adoucissant les amplitudes.

Quant à l'évaporation, elle est élevée sur toute la région de Sfax et tout le long de l'année,

même en hiver où elle atteint sa valeur minimale de 127 mm. Le maximum est enregistré

en été avec une valeur voisine de 602 mm, accentuant ainsi d'avantage la sécheresse

(Maliki, 1994).

Quant aux précipitations, les données météorologiques de la station d'El Maou, présentent

une moyenne annuelle de 216 mm pour la période (1901-1990). Après la sécheresse

estivale, les pluies commencent en Septembre, mois qui enregistre une moyenne de 24

mm, et se prolongent en Octobre (environ 40 mm en moyenne). Relativement, les mois de

l’hiver et du printemps sont moins pluvieux que ceux de l’automne (21 mm en Janvier, 23

mm en Mars). Ainsi, l’automne peut être considéré comme étant la saison la plus pluvieuse

(92 mm en moyenne, 42% des pluies annuelles), l’hiver et le printemps enregistrent

respectivement 62,9 mm et 52,2 mm.

Il est toutefois important de noter la très forte variabilité des pluies, puisque le coefficient

de variation atteint 45% au niveau des pluies annuelles et augmente au fur et à mesure que

l’on considère les quantités mensuelles et/ou saisonnières. Les types de temps résultant

d’un flux de Nord-Est, ou d’un flux Nord ou résultant de perturbations sahariennes sont

responsables de 90 % des pluies annuelles. Les pluies dues à une circulation d’Ouest ou de

Nord-Ouest ne représentent qu’un infime pourcentage dans le total annuel des

précipitations.

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29

V- L’environnement côtier marin

V.1 - La morphologie sous-marine et la nature du fond

La plaine côtière de la région de Sfax se prolonge dans le domaine marin selon la même

tendance donnant lieu à un plateau quasiment plat avec une faible pente et également une

très faible profondeur ne dépassant pas généralement les 15 m (Fig 2) qui ne permet pas

toujours un brassage suffisant pour diluer les charges polluantes terrigènes. Cette

morphologie particulière a un effet considérable sur l'hydrodynamisme, la zonation

biologique, le transfert et l'accumulation des polluants. Le plateau continental qui s'étend

tout au long du golfe de Gabès, remonte au niveau des îles de Kerkannah et met ainsi en

place un canal peu profond. Les conditions géomorphologiques (bathymétrie faible,

rayonnement solaire suffisant et apports anthropiques riches en éléments nutritifs) ont

donné lieu à de vastes prairies de végétation sous-marines spécifiques favorisant le

développement d'une richesse halieutique bien connue dans la région.

Dans le détail, la zone portuaire de la ville donne sur une cuvette montrant une pente

relativement forte à partir de la courbe bathymétrique 5 m. Elle rejoint le canal de

Kerkennah à une dizaine de mètres de profondeur.

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30

Figure 2- : Morphologie et bathymétrie sous-marine de la zone côtière

Cette cuvette est plus ouverte du côté Sud, ce qui n'est pas le cas du côté Nord entre la zone

portuaire et Sidi Mansour. Ceci explique la différence de l'étendue de la zone intertidale de

part et d'autre de la ville.

Les sédiments du fond sont en majeure partie constitués de sable, sable vaseux et sable

coquillé avec une forte densité de végétaux. Cette structure s'étend à partir des plages

jusqu'à peu près 20 m de profondeur. Les sables vaseux constituent le sédiment le plus

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31

répandu de ce plateau. Ce sédiment est le substrat des prairies mixtes de Cymodocées et

des posidonies. En certains endroits (Sud de Kerkennah), des zones à graviers ou à

concrétionnement d'algues calcaires sont distinguées. Au niveau des îles Kerkennah, ce

plateau est caractérisé par la présence de hauts fonds sableux très étendus.

V. 2 - Les caractéristiques océanographiques

Les courants rencontrés en mer sont de diverses origines. On distingue les courants

généraux permanents, les courants de marées, les courants dus à l'action des vents et les

courants de houles. Ces derniers n'existent que dans la zone de déferlement de la houle.

Les courants de marées sont superficiels et dépendent généralement de l'amplitude

maximale des pleines mers en relation avec la zone considérée.

V. 2-1 - Les courants généraux méditerranéens

Les eaux marines tunisiennes appartiennent pour une partie au bassin occidental et pour

l'autre partie au bassin oriental de la Méditerranée. Le courant atlantique parvenant par le

détroit de Gibraltar est important du point de vue des échanges d'eau sur les côtes du Nord

de la Tunisie. Il engendre des contre-courants dans le sens direct au niveau du Golfe de

Gabès qui entraînent des systèmes de courants côtiers de faibles amplitudes. Sur la côte Est

de la Tunisie, il existe un courant général de direction Nord-Sud avec des vitesses de

l'ordre de 0,2 à 0,3 m/s. Ces courants généraux concernent surtout les eaux au large à

plusieurs kilomètres des côtes et, en conséquences, ils n'interviennent que peu ou pas au

niveau des aménagements côtiers.

V. 2-2 - La marée et les courants de marées

Le Golfe de Gabès est le siège d'une marée semi-diurne, c'est-à-dire qu’elle présente deux

périodes de haute mer et deux périodes de basse mer par jour. Le marnage ou amplitude de

la marée est maximal au Sud du golfe de Gabès (maximum de 2 m en période de vives

eaux) et décroît sur sa périphérie. L’hydrodynamisme de tout le golfe de Gabès est en fait,

sous la dépendance des vents dans les zones profondes et de la marée le long du littoral

(Guillaumont et al., 1995). Les marées observées au port de Sfax présentent les

dénivellations moyennes suivantes par rapport au zéro hydrographique:

Ø pleine mer de vives-eaux : + 1,60 m,

Ø basse mer de vives-eaux : + 0,30 m,

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32

Ø pleine mer de mortes-eaux : + 1,10 m,

Ø basse mer de mortes-eaux : + 0,70 m.

A ces marées, il convient d'ajouter les dénivellations dues à l'action des vents et aux

variations pressiométriques. Le flux et le reflux engendrent des courants de marées connus

sous les noms de flot et jusant. Sous l'action du flot, le niveau du plan d'eau augmente au

niveau de la côte, entraînant le déplacement des zones d'action des courants côtiers

engendrés par la houle (Fig 3), alors que sous l'action du jusant, la masse d'eau s'évacue

vers le large provoquant des courants de reflux (fig 4). Pendant la basse mer des vives-

eaux, la mer se retire 700 à 800 m de la ligne du rivage, ce qui entraîne l'émersion d'une

grande partie de la zone littorale par endroits.

Il est à noter que plus cette partie émergée (désignée parfois par estran) est étendue et vaste

plus le transport sédimentaire par la marée est important (Seurat, 1934 in Hamza, 1997).

D'une façon générale, la marée n'a pas une grande influence sur la morphologie littorale ;

par contre les courants créés par celle-ci, localisés surtout dans le chenal Sfax-Kerkennah,

peuvent jouer un rôle important dans le transport et la dispersion des polluants le long du

littoral. Les courants de marées peuvent être masqués et même contrariés par les vents

dominants créant parfois des contre-courants assez violents. La direction des courants de

marées est variable suivant les saisons (Amari, 1984):

§ Au printemps comme en hiver, les courants de surface varient de 330° N à

270° N en période de flot et gardent une direction voisine de 160° N en période

de jusant,

§ En automne, la direction moyenne est de 25° N en flot et de 120° N en jusant.

Du point de vue économique, l'importance de l'amplitude des marées et l'étendue de

l'estran sur le littoral de Sfax favorisent une activité de pêche artisanale : les pêcheries fixes

tels que les "Zroubs" et les "Chrafis" et la pêche à pieds pour la collecte des palourdes

Ruditapes decussatus (lamellibranche très demandé sur le marché international) sont très

répandues dans la zone.

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33

Figure 3 – Circulation générale des courants de marées dans le bassin entreles îles Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Flot. (Amari, 1984)

Figure 4 – Circulation générale des courants de marées dans le bassin entre les îles Kerkennah et le littoral de Sfax en période de Jusant. (Amari,1984)

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34

V. 2-3- La houle et les vagues

La houle présente en fait l'agitation résiduelle de la surface de la mer provoquée par une

dépression météorologique lointaine. Pour la zone d'étude, les vents dominants sont de

secteur Est et Ouest alors que les vents forts sont de secteur NW. En général, les courants

de houle sont 2 à 5 fois plus forts que les courants de marées, sauf dans les chenaux et les

fosses où les marées sont violentes (2,5 m/s). Bien que le domaine d'étude ne marque pas

de houle à forte amplitude, il peut être le siège de cinq types de houles qui peuvent avoir

des effets non négligeables sur les mécanismes de transport et de dépôt (Amari, 1984):

§ les houles d'Ouest sont engendrées par les vents d'Ouest qui représentent 21% du

total annuel des vents. Les vagues naissent parallèlement à la côte et parcourent le

bassin méditerranéen de l'Ouest à l'Est. Ces houles sont fréquentes de Novembre

à Avril;

§ les houles d'Est arrivent de la mer pélagienne et sont amorties sur le haut fond de

l'île de Kerkennah où elles se réfractent et atteignent la côte sous forme de faibles

agitations par les deux passés Nord et Sud;

§ les houles du Nord-Ouest résultent des vents soufflant du NW qui sont les vents

les plus violents sur toute la côte tunisienne. Ces houles prennent naissance dans

la baie de Chebba, elles parcourent le bassin méditerranéen du NW au SE et sont

très fréquentes du mois de Mai au mois de Juillet;

§ les houles du Nord à Nord-Ouest proviennent aussi bien des vents locaux que des

perturbations marines lointaines et parcourent le bassin du NE au SW en

pénétrant par le détroit de Chebba;

§ les houles du Sud et du Sud-Sud-Est sont issues des vents venant du golfe de

Gabès et de Jerba. C'est par le détroit de Sfax-Gharbi que ces houles atteignent la

plate-forme de Sfax. Amari (1984) a montré que sous l'action des vents locaux et

ceux du large, la houle est assez instable dans cette région, mais les courants

qu'elle induit sont 2 à 5 fois plus forts que les courants de marées. De ce fait, elle

y joue un rôle important dans le transit sédimentaire puisque l'agitation est

accompagnée de transport de sédiments. La houle est généralement définie par sa

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35

hauteur et sa période. Leurs fréquences d'apparition sont presque les mêmes que

celles des vents qui les engendrent. Il est à noter que les houles les plus fortes

sont celles du large et elles sont liées à des systèmes dépressionnaires globaux.

Les houles et surtout celles du large s'amortissent énormément en face de Sfax en

raison des faibles profondeurs et des fonds en pente douce. Elles sont également

freinées par les herbiers assez bien développés.

V. 3 - Les végétaux et les animaux marins

Les conditions du milieu régnant au niveau du plateau de Sfax-Kerkennah (faible

profondeur, forte évaporation, fort ensoleillement, etc...) ont permis l'installation de

peuplements végétaux et animaux diversifiés. Au centre de ces peuplements se situent les

posidonies dont l'extension ou la régression peut renseigner sur l'état de l'écosystème

marin.

V. 3-1- La flore

Le profil végétal dans la partie sous-marine du plateau de Sfax-Kerkennah est marqué par

la succession et l'alternance d'herbiers des plus caractéristiques de la Méditerranée. Il faut

noter que les posidonies (Posidonia oceanica), phanérogames marines, sont les plus

importants. Elles jouent un rôle primordial dans le maintien de l'équilibre de l'écosystème

marin. En effet, cet herbier est un facteur important de stabilité des fonds meubles d'autant

plus qu'il contribue remarquablement à la production de l’oxygène et favorise également la

sédimentation et la concentration de la matière organique. Il constitue ainsi, d’une part, un

abri où vient s'installer une riche flore et faune sous ses feuilles et ses rhizomes, et d’autre

part, une nurserie et une frayère pour les poissons. En allant du rivage de Sfax-Sidi

Mansour à ceux de Kerkennah, les prairies de posidonies commencent à se manifester vers

les profondeurs de 4 m. Cet herbier est de forme tigrée récifale et souvent en cordon.

Dans quelques endroits du golfe de Gabès, cet herbier a disparu pour laisser place à desfonds envasés ou en état de dégradation à la suite des diverses activités humaines(pollutions diverses, techniques de pêche, etc...). Les fonds dégradés ne sont plusreprésentés que par des mattes mortes envasées, souvent colonisées par des chlorophycéeset par quelques algues brunes. Il est à noter que toute la végétation du fond avait déjàdisparu des points d'évacuation des grandes unités industrielles polluantes implantées sur lelittoral de la région. Notons par ailleurs, que cet herbier peut jouer un rôle d'indicateurbiologique de pollution de fait de sa forte sensibilité à toute forme de pollution. De part et

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d'autre de la ville de Sfax, aux alentours des îles Kerkennah et au niveau des Kneiss, lesposidonies se caractérisent par des structures et des recouvrements spécifiques. Les limitesd'extension, souvent régressives varient d'un lieu à un autre (Ben Mustapha et Hattour,1992).

A côté de l'herbier à posidonies vivent des cymodocées (Cymodocea nodosa), autrephanérogame marine recouvrant de grandes étendues du plateau de Sfax-Kerkennah etcontribuant avec les posidonies au maintien de l'écosystème marin. La répartition desposidonies et des cymodocées s'observe souvent sous forme de cordons larges de quelquesdizaines à quelques centaines de mètres, et longs de plusieurs kilomètres voire plusieursdizaines de kilomètres. Il faut noter que près des côtes et à faible profondeur, les sommetsde ces cordons peuvent émerger à marée basse. Ils sont très bien connus par les pêcheursde la région sous la nomination de "Tsirs".

A coté des cordons qui forment des structures surélevées, les posidonies et les cymodocéesforment de vastes prairies (ou pelouses) sous-marines, souvent associées à d'autres algues,à partir de 5 et jusqu'à 20-25 mètres de profondeur. Elles remontent parfois à desprofondeurs plus faibles sous forme de mattes dispersées aux abords des rivages. Lesprairies de Cymodocées se présentent généralement vers 1,5 m de profondeur (environ600-800 m du rivage) et colonisent le littoral. Au-delà de cette profondeur prennentnaissance les prairies de posidonies.

En plus des principaux herbiers de posidonies et de cymodocées marquant la partie sous-marine du plateau de Sfax-Kerkennah, le peuplement végétal est caractérisé parl'abondance des algues vertes, rouges et brunes qui se répartisse sur le plateau en fonctionde leur distribution bathymétrique et de leurs affinités au substrat. Au niveau de l'étageinfralittoral, s'observent les algues vertes des genres Valonia, Chaetomorpha,Enteromorpha, Cladophora, Ulva, Codium. Parmi les algues brunes, on note la présencedu genre Cystoseira. Les algues rouges sont représentées par les genres Lithophyllum,Laurencia, etc...

A proximité de la zone intertidale (zone de balancement des marées), le phytobenthos esttrès peu varié. Sur les rivages de Sfax, on note notamment la présence d'algues verteséchouées (Ulva, Valonia) couvrant de vastes étendues de cette zone. L'horizon supérieur decette zone (étage supralittoral) est marqué généralement par des amas de feuilles mortes decymodocées rejetées par la mer et formant de véritables banquettes.

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37

V. 3-2- La faune

V. 3-2-1 - Le benthos

La zone intertidale, découverte à marée basse, est caractérisée par la présence d'une faunediversifiée, représentée notamment par des annélides polychètes, des mollusques bivalvescomme Ruditapes decussata, des mollusques gastéropodes comme Murex, Cerithes,Conus, Pirenella, des crabes, etc... Les phanérogames abritent également une faunecaractéristique. A coté de grands groupes de mollusques, se trouvent les bryozoairesnotamment ceux qui sont épiphytes des feuilles de posidonies ou de cymodocées.

Au cours de prospections de terrain réalisées par Serbaji (2000), des Pina nobilis ont été

rencontrées du coté des îles Kerkennah.

V. 3-2-2 - Les invertébrés à importance commerciale

Les invertébrés à importance commerciale rencontrés en abondance dans la région sont les

crevettes (Crustacés), les seiches, les poulpes et les palourdes (Mollusques) et enfin les

éponges.

V. 3-2-3 - Les poissons

Plusieurs espèces de poissons sont pêchées dans la zone de Thyna. Nous nous limitons à ce

niveau à citer celles déjà mentionnées dans une étude sur la répartition des alevins de

Mugilidés en Tunisie. Vichy et Franc (1987) ont constaté que 96% des larves de Mugilidés

récoltées à Thyna sont celles de Liza saliens.

Parmi les espèces qui entrent avec l’eau de mer dans les avants pièces des salines de Sfax,

nous citons la daurade Sparus auratus, le loup Dicentrarchus Labrax qui supportent une

salinité d’environ 44 %0, plusieurs espèces de Mugilidés arrivent accidentellement aux

bassins de salinité avoisinant 52 %0, dans les bassins d’eau de salinité plus importante vit

uniquement le petit poisson Cyprinodon fasciatus (Khemakhem, 1988). Dans les bassins

des salines de Sfax, le même auteur a noté la présence des larves de diptères, des larves et

des adultes de Coleoptères ainsi qu’un grand nombre d’infusoires.

V. 3-2-4 - Faune herpétologique

Les tortues marines, espèces dont les populations sont en danger, fréquentent le golfe de

Gabès qui constitue même une zone d’hivernage pour les populations nidifiantes et la rive

nord méditerranéenne de caouanne Caretta caretta, espèce la plus commune (Laurent et

al., 1990). Les captures et recaptures de cette espèce par les différents engins de pêche y

sont estimées à environ 10 000 par an (Bradaï, 1992 et 1995) dont plus que la moitié est

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38

capturée par la flottille rattachée aux ports de Sfax et celui de Mahrès (RAC/SPA, 1993).

La tortue luth Dermochelys coriacea est observée 3 à 4 fois par an, la tortue verte Chelonia

mydas est rarement observée.

V. 3-3 – Les oiseaux d’eau

Plusieurs sites appartenant aux côtes du golfe de Gabès sont réputés, au moins depuis

1924, comme étant un carrefour de passage des oiseaux migrateurs en provenance de

l'Europe. Pour notre secteur d'étude nous citons la zone humide de Thyna qui constitue une

zone de nidification pour de nombreuses espèces d'oiseaux de mer (Goelands railleurs,

Avocettes, Sternes naines, Sternes Hansel, Sternes Pierregarin, Gravelots à collier

interrompu, Echasses blanches, Aigrettes garzettes, Tadornes de Belon, Chevaliers

gambettes,...). En mai 1994, 3600 couples nicheurs ont été observés. Le nombre d'oiseaux

observés à Thyna est en constante évolution passant de 5000 unités au printemps 1976 à

près de 15 000 au printemps 1992 et à 42 000 en hiver 1994 (APNES, 1994).

La zone humide de Thyna correspondant aux salines de Sfax, jalonne la côte méridionale de

Sfax en front de mer, dont 400 ha sont rattachés administrativement à la commune de Sfax et

1100 ha à celle de Thyna. Il s’agit en fait d’une zone à structure foncière sans problèmes

majeurs puisqu’elle est située sur un Domaine Public Maritime (DPM) et sur un Domaine

Public Hydraulique (DPH) du lit d’oued El Maou (Chaker, 2000).

Cette zone humide, constitue un lieu privilégié de gagnage et de repos pour une multitude

et une diversité d’espèces ornithologiques vivant généralement en symbiose et venant

d’horizons divers. Cette importante population avifaune est tantôt hivernante, tantôt

nicheuse voire sédentaire. Cet écosystème naturel spécifique à la région constitue un

milieu très favorable à la croissance d’une faune macrobenthique importante très appréciée

par les oiseaux migrateurs.

Il est à noter que cet espace côtier a fait déjà l’objet d’études menées entre autres par

l’association de protection de la nature et de l’environnement de Sfax (APNES, 1994 et

1995) ayant pour objet le diagnostic de la zone, l’analyse de ses composantes historiques et

récréatives adjacentes à la zone humide en vue d’un aménagement intégré de ses 3

composantes (zone humide, parc urbain et site archéologique) pour aboutir à la création d’un

Parc National de Thyna (PNT).

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39

V. 3-3-1 -Les facteurs attractifs des espèces ornithologiques de la Zone Humide de

Thyna (ZHT)

Les facteurs attractifs qui agissent sur la population avifaune de la ZHT sont

essentiellement :

ü Un climat propice,

ü Une flore halophile essaimée,

ü La présence des salines,

ü Une richesse macrobenthique constituant une nourriture abondante.

Ø Climat propice pour la population avifaune

Le climat méditerranéen de la région de Thyna offre une saison chaude étalée de mai à

septembre octobre soit une période suffisante pour répondre aux divers besoins de la

population avifaune et un hiver à températures assez douces avec quelques pics de froid à

l’occasion du passage occasionnel de masses d’air polaire, mais ne constituant point une

forte gêne ou force répulsive pour les oiseaux.

Ø Flore halophile

Le régime pluviométrique et la texture du sol ont favorisé la poussée d’une végétation

halophile, flore annuelle pérenne, ne couvrant toutefois pas la totalité de l’aire de la zone.

Ce tissu végétal offre à ces oiseaux un abri contre les éléments naturels (vent, amplitude

thermique) et un moyen de camouflage de la progéniture vis-à-vis des prédateurs. La partie

aval du lit de l’oued El Maou, couvrant une superficie de près de 90 hectares a favorisé

l’émergence d’un couvert de roseaux d’un grand secours pour d’autres espèces d’oiseaux

d’eau (Tadornes, Sarcelles, Poules d'eaux, Foulques Macroules…) et terrestres (Busards,

Faucons,…).

Ø Les salines : havre de paix pour la population avifaune

Les digues de la saline mettent les eaux intra-bassins à l’abri de la mouvance et de la

turbulence, se caractérisant par une stabilité du niveau de l’eau, stabilité fort appréciée par

la population avifaune présente

La prise d’eau alimentant les diverses tables salantes permet le passage de ressources

halieutiques appréciables convoitées tant par certaines espèces (Grands Cormorans,

Goélands, Mouettes…) que pour les multiples pêcheurs attirés par la facilité de capture.

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40

Ø Richesse macro benthique importante

La présence d’une vasière et d’une zone intertidale bien étendue offre un contenu riche en

substances nutritives (petits organismes dont l’artemia salinica, vers et clovisses

minuscules ou cerastoderma).

La présence des tables salantes avec ses digues séparatives, ainsi que les systèmes

dynamiques utilisés pour alimenter ces tables par apport sans cesse renouvelé des eaux de

mer, constituent des éléments vitaux pour la population ornithologique trouvant aisément

sa ration alimentaire quotidienne. Ces salines constituent ainsi une composante importante

sinon déterminante pour la biodiversité authentique locale.

V. 3-3-2 - Importance quantitative et qualitative des oiseaux de Thyna

L’année 2004 a permis d’accueillir dans la ZHT 90.000 oiseaux entre hivernants, nicheurs

couples, sédentaires et migrants. Si on compare ce chiffre aux résultats obtenus en 1994

(60.000 oiseaux), on mesure l’évolution positive du site de Thyna quant à son attrait sur la

population avifaune, chaque année plus nombreuse mais aussi qualitativement distinguée.

La population avifaune de la ZHT est aussi importante par:

Ø le nombre d’espèces: 65 hivernantes, 22 nicheuses, 15 sédentaires en 2003

Ø 10 espèces dépassent 1000 individus dont notamment: flamants roses (8

000), bécasseaux (12 000), goélands railleurs (4 000), grands cormoran (2

000)…

Ø les limicoles constituent plus de 40% de la population avifaune de la ZHT.

La ZHT compte une espèce globalement menacée: la sarcelle marbrée (Marmaronetta

angustirostris) et renferme plusieurs espèces qui se caractérisent par leur beauté: flamants

roses, avocettes élégantes, tadornes de belon, goélands railleurs…

De par sa position géographique, la ZHT fait la jonction entre deux pôles émetteurs

d’oiseaux :

Ø le pôle septentrional formé par les pays de l’Europe du Nord, le Groenland et la

Sibérie, les pays de l’Europe occidentale, la Russie et l’Europe de l’Est,

Ø le pôle méridional représenté par l’Afrique sub-saharienne par lequel arrive à

Thyna essentiellement les Glaréoles à collier et les sternes.

Le graphique de la figure 5 reflète l’image des principales voies de migration empruntées

________________________________________________________________________________________

41

par la population avifaune choisissant Thyna comme site d’accueil.

V. 3-4- Le Phytoplancton et les blooms phytoplanctoniques

De nombreuses études ont noté la richesse des côtes du golfe de Gabès en microalgues ;

l’abondance d’espèces consommatrices de ces organismes témoigne de telle situation (ex. :

éponges, ascidies, palourdes…).

Par ailleurs une cartographie, par télédétection de la répartition de la chlorophylle dans le

bassin méditerranéen (1979-1985) révèle la particularité et la richesse des eaux en

phytoplancton dans cette zone. Les faibles profondeurs et l’importance des herbiers dans

ce milieu semblent être à l’origine de cette eutrophie.

Les blooms phytoplanctoniques connus généralement dans les milieux lagunaires et fermés

ont gagné cette dernière décennie la mer. Depuis 1988, ce phénomène est devenu

perceptible chaque été dans le golfe de Gabès. En cette période de l’année, ce golfe est

similaire à un milieu fermé ; ses eaux deviennent presque immobiles et subissent une

Figure 5 : Origine géographique des oiseaux d’eau migrateurs hivernantset nicheurs dans la zone humide de Thyna. (Chaker 2000)

________________________________________________________________________________________

42

intense évaporation sous l’effet d’un fort ensoleillement.

L’essor industriel de sa frange côtière et la dégradation de ses herbiers ont augmenté la

charge organique du milieu, condition favorable à la prolifération et à la manifestation de

telles masses phytoplanctoniques.

Les efflorescences à Cyanophycée, suivis de 1988 à 1993, étaient essentiellement régies

par les paramètres climatiques (température et vents) en présence d’une forte charge en

phosphates larguée directement en mer par les industries d’engrais et véhiculée par une

courantologie assez complexe (Hamza et El Abed, 1995).

Les apparitions des eaux colorées toxiques (à Dinoflagellés) l’année 1994 en plusieurs

points du golfe de Gabès (Sfax, Kerkennah, Skhira et Boughrara) sont probablement

conditionnées par des caractéristiques spécifiques de chaque région. Sur le littoral sfaxien,

l’été et l’automne 1994 ont été marqués par l’apparition des eaux colorées à dinoflagellés

ichtyotoxiques (Hamza, 1994).

V. 3-4- Qualité physico-chimique de l’eau de mer

Au cours de plusieurs campagnes de prospection et d'échantillonnages effectuées par

Serbaji (2000), quatorze stations ont été sélectionnées au niveau du platier Sfax-les îles

Kerkennah pour suivre la qualité physico-chimique du milieu marin :

§ Cinq stations du coté Sfax (n°3, 4, 9, 11 et 12) à des profondeurs de 1 à

4 m, longent le littoral de la ville pour suivre l'impact direct des apports

telluriques;

§ Deux stations (n° 1 et 10) à des profondeurs entre 4 et 6 m, au large de

la ville de Sfax;

§ Trois stations (n°2, 8 et 13) localisées dans le chenal de Sfax-

Kerkennah à des profondeurs comprises entre 10 et 23 m;

§ Quatre stations (n°5, 6, 7 et 14) sont placées du coté des îles

Kerkennah.

Les caractéristiques des différentes stations sont consignées dans le tableau 2. La présence

d'oxygène dissous dans les eaux de surface joue un rôle primordial dans le maintien de la vie

aquatique et dans l'auto-épuration. Parmi les paramètres qui influent sur la teneur en

________________________________________________________________________________________

43

oxygène dissous, on peut citer la température, la salinité et l'activité photosynthétique de la

flore. Les résultats obtenus révèlent des concentrations normales sur l'ensemble des stations

étudiées. Il est à signaler que ces paramètres, en particulier, peuvent varier avec les saisons

et les conditions océanographiques (courantologie, vents, marées,...) ce qui traduit le

changement de la qualité de l’eau de mer observé au cours des différentes campagnes

d’échantillonnages.

A partir des résultats d’analyses se dégagent les faits suivants :

§ Les valeurs élevées de turbidité et de la MES, et les faibles mesures de DS au

niveau des stations 11, 12, 9 et 4 situées le long de la côte nord de Sfax, traduisent

l’état turbide des eaux par la présence de fines particules en suspension dans la

tranche d'eau. Cette turbidité est due aux rejets industriels et aux apports telluriques

importants de fines particules provenant du dépôt de phosphogypse existant en

contact direct avec la mer. On ne peut toutefois exclure l'hypothèse d'une re-

suspension et d'un remaniement des particules du fond sous l'action conjuguée des

courants et de la faible bathymétrie. Pour les autres stations la turbidité est faible,

§ Le COD et les sels nutritifs présentent des valeurs plus importantes à proximité

des côtes de Sfax que du coté des îles Kerkennah. Les concentrations des nitrates et

du phosphore total s'avèrent également normales au large mais présentent quelques

anomalies au niveau des côtes de Sfax. Une telle répartition est liée aux apports

telluriques dus au développement des activités humaines et surtout à l'augmentation

des volumes des eaux usées domestiques rejetées en grande partie dans la nappe

phréatique de Sfax, par l'intermédiaire des puits perdus, et qui finissent par rejoindre

les eaux côtières. Les études ont montré, en effet, que le volume annuel transféré de

la nappe vers la mer le long de la côte Nord de la ville est l’équivalent d’une tranche

d’eau de 0,4 m d’épaisseur qui longe la côte sur une distance de 12 Km et s’étale au

delà de 100 m vers le large (Illou, 1999). C’est ainsi que les concentrations des

nutriments montrent des valeurs importantes surtout au niveau des stations 11, 12, 9,

4 et 3, dépassant les teneurs moyennes rencontrées dans l'eau de mer [0,07 mg l-1

pour le phosphore total, d'après Goldberg (1963)], qui provoquent parfois un

développement explosif de micro-algues responsables en partie de la forte turbidité,

§ La logique dégagée par les répartitions du COD et des sels nutritifs se retrouve

dans la distribution spatiale de la chlorophylle-a. En effet, les concentrations sont

faibles au niveau des huit stations 1, 13, 2, 8, 14, 5, 6 et 7 situés au large et du coté

________________________________________________________________________________________

44

des îles Kerkennah. Elles sont inférieures à 1 µg/l et témoignent d'un milieu stable.

Les concentrations sont par contre plus importantes aux environs de Sfax sans pour

autant atteindre des valeurs élevées pouvant engendrer des phénomènes

d'eutrophisation et de prolifération phytoplanctonique sauf dans des conditions

particulières.

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45

Tableau 2 – Qualité physico-chimique de l’eau de mer au niveau de la zone Sfax-Kerkennah (Serbaji, 2000)

Station

Coordonnées DS Prof.

MES

Turb

Od NO3 Ptot COD Chla Fe Pb Cr Zn Cd Hg Ni Cu Co Mn

(1)

m

(2)

m

(3)

g m-3

(4)

NTU

(5)

mg l-1

(6)

mg l-1

mg l-1

mg l-1

(7)

µgm-3

(8)

µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1 µg l-1

01 N 34°43'20"/ E10°51'07"

4,1 4,1 3,4 1,5 8,30 0,19 0,12 6,12 0,45 2,0 ND* ND* ND ND ND* 1,1 ND* ND* ND*

02 N 34°43'09"/ E10°53'32"

6,8 23,0

8,0 1,2 8,30 0,35 0,01 5,6 0,86 1,6 ND ND ND ND ND 1,0 ND ND ND

03 N 34°43'49"/ E10°45'50"

2,2 2,5 12,0 10,0 8,26 0,70 0,24 9,9 6,20 5,6 ND ND 3,4 0,11 ND 1,9 ND ND ND

04 N 34°42'47"/ E10°45'50"

3,2 3,2 13 11,0 8,00 0,31 0,25 10,9 4,88 78 ND ND 17 0,40 ND 1,9 5 ND 2,1

05 N 34°43'58"/ E10°59'26"

3,2 3,2 1,0 0,5 8,32 0,19 0,03 6,6 0,54 1,4 ND ND ND ND ND 1,8 1,7 0,5 0,6

06 N 34°40'37"/ E11°05'16"

1,6 1,6 6 2,0 8,30 0,19 0,02 6,6 0,58 1,4 ND ND ND ND ND 1,5 1,8 0,1 0,3

07 N 34°38'19"/ E10°58'52"

1,3 1,3 11,2 2,1 8,30 0,31 0,01 9,6 0,80 6,8 ND ND ND ND ND 1,7 1,4 0,2 0,1

08 N 34°44'19"/ E10°56'46"

6,2 16 5,0 2,8 8,20 0,19 0,03 5,1 0,77 2,8 ND ND ND ND ND 1,3 ND ND ND

09 N 34°44'35"/ E 1.3 1.3 13,2 12,0 8,40 0,45 0,49 10,3 5,26 104 ND ND 10 3 ND 4,1 3 3,6 7,7

________________________________________________________________________________________

46

10°48'03"

11 N 34°45'32"/ E10°47'58"

1.0 1.0 19,5 30,0 8,12 3,73 0,23 20,1 17,67

11,0 ND ND 0,4 ND ND 4,0 1,7 1,9 3,2

12 N 34°47'12"/ E10°52'00"

18 27 8,30 0,25 0,25 18,2 18,20

36 ND ND 1,1 0,7 ND 2,9 0,8 1,5 1,8

13 N 34°46'37"/ E10°56'11"

6,2 10 3,1 0,5 8,30 0,36 0,03 5,4 0,53 1,8 ND ND 3,6 1,3 ND ND 0,8 ND 0,2

14 N 34°35'23"/ E10°55'21"

4,6 4,6 1,1 0,7 8,30 0,18 0,04 6,3 0,54 4,2 ND ND 0,3 ND ND 1,9 ND 0,4 1,2

(1): Voir carte de la figure V.10 pour la localisation des stations ; (2): Disque de Secchi en m ; (3): Profondeur en m ; (4): Matière en suspensionen g m-3 ; (5): Turbidité en NTU ; (6): Oxygène dissous en mg l-1 ; (7): Carbone organique dissous en mg l-1 ; (8): Chlorophylle-a en µg m-3 ; * :

Non détecté (ND)

47

§ La logique dégagée par les répartitions du COD et des sels nutritifs se retrouve

dans la distribution spatiale de la chlorophylle-a. En effet, les concentrations

sont faibles au niveau des huit stations 1, 13, 2, 8, 14, 5, 6 et 7 situés au large et

du coté des îles Kerkennah. Elles sont inférieures à 1 µg/l et témoignent d'un

milieu stable. Les concentrations sont par contre plus importantes aux environs

de Sfax sans pour autant atteindre des valeurs élevées pouvant engendrer des

phénomènes d'eutrophisation et de prolifération phytoplanctonique sauf dans

des conditions particulières,

§ Le dépouillement des résultats d'analyses des métaux lourds dans les

échantillons d'eau de mer a permis d'identifier des teneurs anormales en Fer

(Fe), Nickel (Ni), Cobalt (Co) et Manganèse (Mn) au niveau des stations 9, 11

et 12. Ces concentrations s'atténuent vers le large. Pour le Plomb (Pb), le

chrome (Cr) et le mercure (Hg), les concentrations sont très faibles pour toutes

les stations d’échantillonnages, ce qui a rendu difficile leur détection au

spectromètre d'émission par plasma (Serbaji, 2000),

§ Vu sa position dans la mer méditerranéenne et étant donné les nombreuses

activités d'exploitation et de transport de pétrole et des produits de raffineries,

la région de Sfax est particulièrement exposée à la pollution marine par les

hydrocarbures qui risque d’affecter d'une manière irréversible son

environnement marin. Le déballastage en haute mer, encore fréquent, et le

nombre insuffisant de stations de traitement dans les ports tunisiens, ne

peuvent qu'accentuer les craintes de contamination de l’écosystème marin et de

modification de l’équilibre naturel du milieu. Plus inquiétante encore est

parfois l’absence de réelle perception des effets dévastateurs que peut avoir

une pollution du milieu marin par les hydrocarbures sur les activités vitales

dans le pays, notamment les industries du tourisme et de la pêche.

Les études spécifiques développées au niveau de la zone côtière de Sfax ont permis d’évaluer

la pollution par les hydrocarbures des eaux et des sédiments marins (Serbaji, 1991 et Louati,

1997). Le développement de l’utilisation des produits pétroliers a accru les risques de

contamination du milieu marin par des rejets de déchets chroniques ou accidentels liés à

l’exploitation et au transport de ces produits. Plusieurs facteurs peuvent influencer l'évolution

48

des hydrocarbures dans le domaine marin. La dispersion, l'évaporation et la dégradation

biologique contribuent largement à l'atténuation de cette pollution dans l'écosystème marin.

Ces facteurs dépendent étroitement des paramètres suivants :

Ø les propriétés physiques du pétrole déversé (densité, viscosité, etc.) ;

Ø les conditions et propriétés chimiques du pétrole ;

Ø les conditions océanographiques (état de la mer, le rayonnement solaire, la

température, les courants marins, etc.)

Cependant, les hydrocarbures peuvent être présents sous différentes formes: agglomérées, en

émulsion ou sous forme de mince film surnageant.

Les résultats d’analyses des hydrocarbures totaux effectuées sur les échantillons d’eau et de

sédiment prélevés au cours de la campagne du 7-8/5/1997 sont groupés dans le tableau 3.

Tableau 3- Résultats d’analyses d'hydrocarbures totaux effectués au niveau de la zone Sfax-Kerkennah (campagne du 7-8.5.1997)

Station

Coordonnées Eau Sédiment.

(1)

HC totaux (mg l-1)

(2)

HC totaux (mg Kg-

1)

(3)

01 N 34°43'20"/ E10°51'07"

1,85 13,5

02 N 34°43'09"/ E10°53'32"

1,50 11,5

03 N 34°43'49"/ E10°45'50"

4,80 148

04 N 34°42'47"/ E10°45'50"

86,90 605

05 N 34°43'58"/ E10°59'26"

2,40 16,8

06 N 34°40'37"/ E11°05'16"

6,15 15,8

07 N 34°38'19"/ E10°58'52"

2,00 19,5

49

08 N 34°44'19"/ E10°56'46"

1,80 14,0

09 N 34°44'35"/ E10°48'03"

4,70 268,5

11 N 34°45'32"/ E10°47'58"

3,12 164,5

12 N 34°47'12"/ E10°52'00"

2,87 45,2

13 N 34°46'37"/ E10°56'11"

1,95 19,8

14 N 34°35'23"/ E10°55'21"

2,10 12,6

(1): Voir carte de la figure V.10 pour la localisation des stations ; (2): Hydrocarbures totaux en mg l- (3): Hydrocarbures totaux en mg Kg-1 de sédiment sec.

Il apparaît, d’après ces résultats, que mis à part le port de pêche de Sfax (station 4) avec

présence de petits bassins où viennent s’ancrer plusieurs dizaines de bateaux de pêche

générant des polluants de différente nature et plus particulièrement des huiles usagées et des

hydrocarbures et, à un degré moindre, les environs du champ de production de Cercina

(station 6) et celles du port de commerce (stations 3 et 9) où il y a la zone de stockage

d’hydrocarbures, le reste des stations révèle la présence de faibles concentrations

d’hydrocarbures totaux dans l’eau de mer. Quant aux analyses d’hydrocarbures totaux

effectuées sur les sédiments marins, des concentrations élevées dépassant 250 ppm ont été

trouvées dans les stations 4 et 9.

VI- Situation environnementale

L'activité humaine a connue ces dernières années, un développement si intense et varié que la

mer ne pourra plus jouer son rôle de réceptacle vaste et insensible pour de nombreux polluants

d'origine domestique, industrielle et agricole. Le domaine marin répond en fait, à des équilibres

écologiques fragiles. La sensibilité est plus marquée dans des bassins relativement fermés

comme la Mer Méditerranée.

A l’instar des autres villes côtières du pays, Sfax a connu ces dernières années un

développement industriel remarquable notamment le long de la zone côtière. L'un des aspects

négatifs d'une telle évolution est l'augmentation des volumes des rejets gazeux, liquides et

solides.

50

Les eaux usées, rejetées en grande partie dans la nappe phréatique par l’intermédiaire de puits

perdus (absence d'un réseau d'assainissement couvrant toute la région) transitent par la nappe

pour rejoindre la mer, principal exutoire de celle-ci.

Ces différents apports terrigènes ont provoqué dans la plaine littorale de sérieuses perturbations

touchant le pH, l'oxygène dissous, l'augmentation de la turbidité et l'apparition de quantités

importantes de composés métaboliques. Les conséquences biologiques sont considérables et on

assiste à un changement brutal de la flore le long de la plaine littorale et à un développement

d'algues caractéristiques des zones menacées dû à un apport excessif en éléments nutritifs

(particulièrement l’azote conduisant au phénomène d’eutrophisation.

Les rejets gazeux particulièrement concentrés dans la partie sud du littoral, représentent un

risque certain pour l’aggravation de la dégradation de la qualité de l’air de cette zone

géographique en particulier et de la ville de Sfax en générale. En effet, les hauteurs actuelles de

la majorité des cheminées dressées tout au long de la zone d’étude, sont incapables de réduire

les retombées de quantités considérables de polluants gazeux (SOx, NOx, etc…) et de

dégagements excessifs de poussières.

S’ajoutant à cette pollution de sources fixes, la pollution atmosphérique issue du trafic

automobile est également non moins négligeable.

Outre, cette pollution qui est directement liée aux différentes activités industrielles de la zone,

on note un deuxième apport de pollution particulièrement lié à la présence de la décharge

sauvage municipale du grand Sfax.

VI. 1 -La pollution atmosphérique

La région de Sfax a connu ces dernières années un développement industriel important

notamment le long de la zone côtière. L’extension urbaine, liée à l’accroissement

démographique a nécessité le renforcement du réseau routier pour servir un trafic automobile

de plus en plus intense. Par ailleurs, l’atmosphère de la région, particulièrement dans la zone

sud du littoral, est soumise à des rejets gazeux et particulaire générés par des sources fixes

(unités industrielles) et mobiles (gaz émis par les échappements de voitures). En outre,

l’embarquement du TSP et le débarquement du souffre provoquent souvent en fonction de la

vitesse et de la direction des vents un nuage poussiéreux fortement nuisant.

51

Selon une étude réalisée pour le compte du Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement

du Territoire en 1995, Sfax est la deuxième ville polluée après Tunis (Tableau 4).

L’analyse des rejets gazeux et particulaires (poussières, éléments traces, aérosols, etc…) issus

de ces cheminés fait état de la présence de polluants primaires composés essentiellement de

CO, NO, NO2, SO3, CH4 et de composés organiques volatils (COV) qui tendent à perturber le

mécanisme réactionnel existant dans l'atmosphère. Les diverses études réalisées sur la qualité

de l’air du littoral sud montrent que les polluants présents dans l’atmosphère dépassent la

plupart du temps les normes mise en vigueurs (SDA, 1998 ; JICA, 1993).

Tableau 4: Comparaison des émissions atmosphériques dans la ville de Sfaxavec d’autres villes tunisienne (Tonnes/an)

Tunis Ben Arous Sousse SfaxVille

Source Fixe Mobile Fixe Mobile Fixe Mobile Fixe Mobile

NOx 2560 10700 8080 3340 5800 2845 1070 5320

CO 8000 30550 24600 6580 3270 7000 8600 13560

CO 8 000 30 550 24 600 6 580 3 270 7 000 8 600 13 560

COV 1 230 6 560 3 300 1 285 520 1 410 975 2 720

Particules 4 000 890 2 700 190 3 080 245 7 750 430

CO2 880000 1028000 3100000 195000 2375000 452000 622000 236000

SOx 4 040 1 440 8 330 310 4 700 720 11 300 390

Sources MEAT – 1995

VI.1-1-Pollution atmosphérique liée à l’activité industrielle

Le long de la zone d’étude, on recense plusieurs zones industrielles (Thyna, El Maou, Sidi

Salem, Port de pêche et Madagascar) composées d’unités fortement polluantes comme

l'industrie d'acide phosphorique (SIAPE), la savonnerie SIOS-ZITEX, la fonderie de plomb.

Le bilan total des émissions atmosphériques captés dans la région de Sfax révèle des quantités

excessives en particules et en SOx provenant des sources fixes (Tableau 5).

52

Tableau 5: Bilan des émissions atmosphériques de quelques sources fixes à Sfax (Tonnes/an)

Unité industrielle Poussières dégagées (T/an)

Groupe chimique de Tunisie (SIAPE) 1610

Savonneries : SIOS-ZITEX 1915

Fonderie de plomb 610

Total 4235

Source Azri - 2000

C’est l’usine de traitement des phosphates (SIAPE) qui occupe une place privilégiée dans la

dégradation de l’air de la ville (Tableau 6). Ces émissions atmosphériques sont en relation avec

le volume de production en acide sulfurique (370 000 T/an), de l’acide phosphorique (138 000

T/an) et du Triple Super Phosphate TSP (335 000 T/an).

Tableau 6 : Polluants rejetés par les différents activités de la SIAPE

Unité productio

n

T/an

Débit gaz

(m3/h)

H2SO4

(Kg/h)

H3PO4

(Kg/h)

SOx

(ppm)

Fluor

(Kg/h)

Acide Sulfurique. 70 000 35 000 0.2 - 4100 -

Acide Phosphorique 138 000 75 000 5.9 1 53

TSP 335 000 115 000 - - 550 50

Source : SDGS - 2003

Faisant références à quelques études traitants la qualité de l’air dans la ville de Sfax

(Zouari , 2005 ; Kallal , 2003 ; MEAT, 1995), on peut dégager ce qui suit :

Ø Les concentrations en SOx émises par l’unité d’acide sulfurique sont 5 à 20 fois

supérieures à la normale,

Ø Les concentrations en fluor émises par l’unité d’acide phosphorique sont 600 à 800 fois

supérieures à la normale ;

Par ailleurs, l’étude réalisée par Azri, 2000, l’unité TSP de la SIAPE décharge dans

l’atmosphère des flux de métaux lourds très élevés (Tableau 7)

53

Tableau 7 : Bilan des métaux lourds émis par l’unité TSP de la SIAPE (kg/an)

Métaux lourds Ni Cd Pb Cu Zn

Flux émis par le réacteur TSP en (kg/an) 1046 653 94 1065 3132

Source Azri - 2000

Selon les conditions météorologiques (vent et température), les polluants atmosphériques

peuvent s’accumuler dans le milieu environnant ou se disperser. Selon l’étude réalisée par le

MEAT, 1995, on relève :

Ø en hiver, compte tenu des directions dominantes Nord Ouest du vent hivernal, une

importante partie des gaz dégagés par les hautes cheminées est dispersée dans la

direction de la mer. Seules les zones d’habitation très proches des cheminées sont

touchées par cette pollution,

Ø En été, les vents dominants proviennent du Sud ou du Sud-Est et dans ce cas les zones

d’impacts sont plus étendues. En effet, l’élévation de la cheminée de l’unité TSP de

30m à 70m, réalisée par la SIAPE en 1997, a provoqué une sensibilité aux gaz produits

au niveau du grand Sfax, alors qu’auparavant seul l’environnement immédiat était

concerné.

VI. 1-2 - Pollution atmosphérique liée à la circulation

La vague d’industrialisation qui a touché la zone côtière sud, a eu pour conséquence une

urbanisation accrue conduisant à une surconcentration côtière et subcotière accélérant par là, la

dégradation de l’éco-système littoral. Il est à noter que les deux communes contiguës à la mer

(communes de Sfax et de Thyna) regroupent 55 % de la population communale du gouvernorat,

56 % de ses ménages et 57 % de ses logements, soit respectivement 250.000 habitants, 57.000

ménages et 66.000 logements.

La pollution atmosphérique sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones d'activités, non

seulement par suite de la concentration des industries et des foyers domestiques, mais aussi à

cause de la circulation des véhicules à moteur.

54

Tout comme le reste du littoral, la partie sud souffre de la présence d’autres occupants, non

moins pollueurs notamment la marée de voitures particulières et les motocycles considérée

comme étant cause et conséquence d’une concentration excessive des activités sur le littoral.

Ces modes de transport prennent le pas sur le transport en commun, aggravant le problème

environnemental surtout dans la partie centrale et péricentrale lors des heures de pointe.

Les valeurs moyennes annuelles des concentrations des polluants liés au trafic dans la station de

surveillance de la qualité de l’air sont très élevées pour H2S (6 fois la valeur limite et 24 fois la

valeur correspondant au bien être social) et pour SO2 (avec un dépassement de la valeur guide

soit 67 µg/m3 au lieu de 50 µg/m3).

Conséquences

Les effets négatifs de la pollution atmosphérique sur l’environnement sont incontestables et ont

déjà été soulignés par différentes analyses et études. La pollution atmosphérique affecte le

bien-être à cause des odeurs nauséabondes et la laideur des nuages de polluants. Elle est aussi

une menace pour la vie et la santé humaine et pour la vie végétale. Pour s’en rendre compte, il

suffit devoir l’état dans le quel se trouve le sol, les plantes et les quelques arbres dans un rayon

de quelques centaines de mètres autour de l’usine de la SIAPE. Outre le voile grisâtre (partie

de la matière provenant des cheminées) que porte ces arbres ou qui couvre les toits et les murs

des habitations des quartiers au voisinage de la SIAPE, l’examen de la végétation exposée à

cette pollution a permis de voir des feuilles brûlées et nécrosées comme le cas des figuiers,

amandiers et vignes. Il a été signalé dans le rapport du SDA, 1995 des dépassements des taux

de fluor de 10 fois chez certaines espèces végétales (200 ppm au lieu de 10 à 20) avec

notamment des records (2000 ppm) enregistrés chez les raquettes de figues de barbarie.

Cette pollution n’a pas épargné la santé humaine puisque des études ont montré que la

population résidant à Sfax a commencé depuis plusieurs année, a être touchée par les maladies

qui intéressent les grandes villes industrielles (SDA, 1998). Ce sont en fait les habitants des

quartiers de la partie méridionale de la ville, jusqu’à Thyna, qui souffrent le plus de cette

pollution atmosphérique.

VI. 2 La pollution hydrique

L’accroissement démographique, l’accélération de l’industrialisation et de l’urbanisation, sont

responsables par les importantes quantités d’eaux usées quotidiennement produites et rejetées

dans le milieu récepteur.

55

La pollution des réserves hydriques par les eaux usées (ménagères et industrielles) constitue un

problème sérieux particulièrement pour les eaux souterraines vulnérables.

Les diverses industries regroupées en quatre principales zones industrielles (Madagascar : 18

ha ; Sidi Salem :149 ha ; Nouveau port de pêche : 29.5 ha et Thyna : 42 ha) génèrent

actuellement des quantités considérables de rejets liquides souvent très pollués (Tableau 8). Si

l’on se réfère au rapport de Kallel (2003), et à l’exception de la SIAPE qui déverse directement

ses effluents en mer, environ 70% des eaux usées industrielles (Cadastre ONAS, 1999)

subissent un prétraitement avant leur rejet dans le réseau de l’ONAS (environ 60%) soit dans le

milieu récepteur (40%). Cette gestion des eaux usées a mis la ville de Sfax face à de sérieux

problèmes environnementaux ayant des répercussions négatives sur le milieu naturel,

notamment le domaine marin.

En outre, étant l’exutoire naturel de la nappe phréatique, les eaux côtières de la ville de Sfax

sont constamment enrichies en polluants chimiques, organiques et microbiologiques.

En effet, depuis fort longtemps cet aquifère constitue le récepteur d’une grande partie de

l’ensemble des effluents domestiques et industriels et par conséquent le moyen de transfert des

polluants vers le domaine marin.

Tableau 8 : Principales sources de pollution hydrique

Origine Caractéristiques Milieu menacé

SIAPE Effluents liquides très acides et fortement chargés

en polluants.

Physique et marin

Terril phosphogypse

(SIAPE)

Eaux de percolation chargées en

éléments chimiques divers

Physique et marin

Décharge publique

sauvage

Lixiviat chargé en éléments

chimiques et organiques divers

Physique et marin

Station d’épuration des eaux

usées urbaines

Eaux pluviales et eaux usées urbaines et

industrielles épurées et/ou non épurées

Marin

Unités de conditionn-

ement des produits

de la mer (Madagascar)

Rejets concentrés en matières

organiques et minérales

Physique et marin

Bassins d’évaporation

des margines

Effluents chargés en matières organiques

Et minérales

Physique

Apports de la nappe

Phréatique polluée

Polluants provenant surtout des puits

perdus et des rejets industriels non

Physique et marin

56

contrôlés.

Les apports d'oueds Pollués par les ordures ménagères et

des déchets industriels variés,

Physique et marin

Les fuites diverses

comme les hydrocarbures

Stockage de pétrole dans le port de

Sfax et les rejets urbains et industriels

Physique et marin

VI. 2-1 -Effet polluant de la station d’épuration des eaux usées

La station d’épuration de la ville de Sfax est de type biologique (lagunage aéré), elle

fonctionne depuis 23 ans. Située à proximité de l’usine SIAPE A, entre la décharge municipale

et les salines, elle reçoit un débit moyen par jour de 24000 m3 permettant l’élimination de

12 300 kg de DBO5 correspondant à 310 000 équivalent habitant. Le temps de séjour des eaux

usées dans les bassins d’oxydation est de l’ordre de 5,2 j. Son dimensionnement a été basé sur

une estimation des paramètres regroupés dans le tableau 9.

Tableau 9 : Les bases de calcul pour le dimensionnement de la STEP sud

Paramètres Charge souhaitée (Kg/j)

DBO5 total

§ DBO5 domestique

§ DBO5 industriel

12 300

9 900

2 400

DCO 33 500

MES 12 200

Source : Ouali - 2004

Depuis des années, la station d’épuration souffre d’un disfonctionnement lié essentiellement à

l’augmentation des dépôts solides dans la lagune. Cette situation a donné lieu à plusieurs

problèmes :

§ une réduction du volume efficace de la lagune, ce qui a provoqué une diminution de

temps de séjour et du rendement de la station

§ une surconsommation en oxygène qui affecte le bilan énergétique ;

§ Une fermentation anaérobie engendrant des odeurs nauséabondes provoquées par le

relargage et le dégagement de gaz indésirables (CH4, H2S, NH4, acides gras

volatiles…) ;

57

§ A coté de ces problèmes qui conduisent à rejeter en mer un effluent insuffisamment

épuré, s’ajoute deux autres problèmes contribuant à amplifier la pollution du littoral

de cette zone :

§ les pluies saisonnières torrentielles engendrent des eaux très chargées. Les premières

eaux de ruissellement sont généralement très polluées et une fois collectées par le

réseau d’assainissement, elles influent considérablement sur le fonctionnement de la

lagune;

§ l’accroissement industriel qu’a connu Sfax et précisément le littoral, s’est traduit par

l’absence quasi-totale de suivi de règles et de normes qui relèvent du respect de

l’environnement et des possibilités de suivi et de contrôle. Le fonctionnement de la

station est donc étroitement lié aux activités industrielles, puisque l’entrée dans la

station d’effluents industriels concentrés et de composition inconnu a donné lieu à

des phénomènes de toxicité pour les organismes épurateurs de la lagune.

§ L’évacuation clandestine par les producteurs ou les transporteurs de margines dans

le réseau de l’ONAS pour se débarrasser d’environ 10% de production annuelle de

margine oblige les gestionnaires de la station d’épuration de contourner le rejets à

l’entrée de la STEP vers le domaine marin pour préserver la biomasse épuratrice du

bassin d’oxydation.

Conséquences

Ø Une augmentation continue dans le temps de la moyenne mensuelle de la DBO5

entrante liée à l’enrichissement des eaux en matière organique de :

§ 1984 à 1989 : DBO5 évolue de 200 à 300 mg d’O2/l ;

§ 1990 à 1993 : DBO5 proche de 400 mg d’O2/l ;

§ 1994 et 1996 : DBO5 de l’ordre de 700 mg d’O2/l

Ø Une même tendance est observée également à la sortie :

§ 1984 à 1990 : taux d’abattement de la DBO5 de 90% ;

§ 1991 à 1996 : période marquée par une charge organique très

importante à l’entrée et à la sortie de la station dépassant de loin

les normes de rejet : surexploitation de la station :

En conclusion, Les eaux usées traitées par la station d’épuration s’enrichissent d’année en

année par une charge polluante à la fois organique et minérale dont l’apport est non seulement

domestique mais également industriel. Cette nouvelle caractéristique des eaux usées à l’entrée,

58

associée à une baisse du rendement de la station a conduit à une qualité d’effluent souvent non

conforme aux normes de rejet mis en vigueur, participant ainsi à la dégradation du littoral déjà

affecté par d’autres sources de pollution.

La réhabilitation de la station a été déjà envisagée et entreprise afin de justifier l’étendu du

réseau et d’assurer une qualité d’eaux usées traitées conformes aux normes de rejets mises en

vigueur.

Dans cette même vision, la construction d’une nouvelle station d’épuration au Nord de la ville a

permis de pallier aux difficultés posés dans la gestion d’un débit d’eaux usées de plus en plus

important. Elle permettra de traiter au maximum 18 000m3/jours correspondant à 278 000

équivalents habitants jusqu’à l’échéance 2016.

Pour les projets avenirs, l’Office National d’assainissement de Sfax (ONAS) a planifié

d’améliorer pour les municipalités prises en charge le taux de raccordement au réseau public

d’assainissement pour le porter de 78% à 87% à la fin du dixième plan (2002-2006).

Ceci permettra d’améliorer également le cadre de vie et l’hygiène publique au niveau de la

ville. Ces différents projets concernent principalement, l’achèvement des travaux engagés pour

l’assainissement de la zone industrielle de Sidi Salem, l’assainissement de 8 quartiers

populaires, la réhabilitation et l’extension de la station d’épuration sud de Sfax pour

augmenter sa capacité de traitement à 49 500 m3 par jour et éliminer une pollution de 21 600

kg DB05 correspondante à 407 200 équivalents habitants jusqu’à l’horizon 2016. L’ancien

procédé par lagunage aéré a été abandonné au profit d’un traitement par boues activées associé

à une dénitrification biologique (fig 6).

Les deux stations permettront de porter la capacité de traitement annuelle des eaux usées à 25

millions de m3. Notons au passage qu’actuellement le potentiel réutilisé en agriculture d’eaux

usées épurées est de l’ordre de 3 Millions de m3/an.

VI. 2-2 - Effet polluant des margines

De l’analyse des caractéristiques phisico-chimiques des margines (Tableaux 10 et 11), il ressort

que les eaux végétatives produites par l’extraction de l’huile d’olive sont très acides, très salins,

très organiques, Visqueuses et d'une coloration brune noirâtre.

59

Les margines sont caractérisées par une odeur acide peu agréable rappelant les olives en

décomposition et renferment une grande quantité en polyphénols rendant ainsi presque

impossible si non très onéreux leur traitement par voie biologique.

Tableau 10 : Caractéristiques physico-chimiques des margines

pH DCO (g/l) DBO5 (g/l) MES (g/l) RS (g/l) Pt (g/l) Nt (g/l)

4 - 5 90 - 200 40 - 80 20 - 30 100 - 200 0,5 - 1 1,0 - 2,0

Source:GEOPLAN 1994.

Tableau 11: Caractéristiques chimiques des margines

Ca2+ (g/l) Mg2+ (g/l) Na+ (g/l) K+ (g/l) Cl- (g/l) SO42+ (g/l)

0,5 - 1,5 0,2 - 0,8 1,0 - 2,0 2,0 - 4,0 2,0 - 4,0 1,0 - 2,0

Source: Belaid 2006

60

Figure 6 : Plan d’implantation de la station d’épuration sud de Sfax après réhabilitation

Ainsi donc, en l’absence de solutions économiquement acceptables, des bassins d’épandage

(superficie totale d’environ 20 ha) furent aménagées à proximité de la station d'épuration des

eaux résiduaires, du terril de phosphogypse de la SIAPE et de la décharge municipale pour

stocker les margines.

Selon la saison, les volumes collectés varient entre 80 000 et 180 000 m3/an (Kallel 2000)

véhiculant ainsi une DCO de 80 à 160 g d’O2 /l et une DBO5 de 40 à 80 g d’O2/l.

Bien que le stockage de cet effluent a été déplacé vers la localité d’Agareb depuis 1997, les

longues années d’utilisation de ces bassins ont conduit à une pollution de la nappe phréatique et

du littoral (Shabou et al. 2002) à côté de la formation d’une croûte (pâte de margine) qu’il faut

récupérer et traiter.

VI. 2-3 - Effet polluant des rejets hydriques de la SIAPE

L’activité de la SIAPE consiste à produire le Triple Super-Phosphate (T.S.P.) à partir du

phosphate brut. Il s’agit d’un engrais qui nécessite pour sa production des produits

intermédiaires: l'acide sulfurique et l'acide phosphorique préparés sur place.

Les sous produits semi solides de cette réaction, (phosphogypse) sont stockés à proximité de

l'usine formant un grand dépôt sur le littoral Sud de Sfax donnant lieu à un écoulement de

lixiviat vers la mer.

61

L'effluent liquide déversé en grande partie en mer, avec un débit estimé à 225 m3/h, est très

acide (pH=1 à 2), riche en fluor, en phosphate et en métaux lourds. L'estimation de la charge

polluante comparée aux normes tunisiennes (Tableau 12) rend compte d'une situation critique

(Serbaji et al., 1993).

Tableau 12: Estimation de la charge polluante déversée en mer (Tonnes/an)

Paramètres Quantité rejetée

en tonnes/an

Maximum Admissible

en tonnes/an

Fluor 2642 29

phosphates 1944 0.58

Cadmium 0.58 0.03

Fer 58 5.80

Aluminium 37.7 29

Source: Serbaji - 1993

Cette pollution s’est même propagée vers le large délimitant une zone à forte contamination, à

proximité du rejet, qui diminue en s'éloignant de la côte. D'autre part, elle est plutôt orientée

vers le Sud, ce qui est probablement dû à l'effet des courants marins de direction dominante

Nord-Sud (Tableaux 13 et 14).

Tableau 13: Concentration du Phosphore total et du Cadmium dans les eaux interstitielles

des sédiments côtiers au niveau de l’exutoire des rejets et de la SIAPE

Rejet

Distance au large (m)

Phosphore total

(mg/l)

Cadmium

(µg/l)

200 203 107

500 11,5 < 30

Echantillon de référence

(Nakta-chaffar)

1.6 < 30

Source: Serbaji - 1993

Tableau 14 : Concentration du P total et du Cd dans les sédiments côtiers au niveau de l’exutoire

des rejets et de la SIAPE

62

Rejet

Distance au large (m)

Phosphore total

(mg/kg)

Cadmium

(mg/kg)

200 235 6

500 1290 5

Echantillon de référence

(Nakta-chaffar)

50 < 1

Source: Serbaji – 1993

Les tonnes de métaux lourds rejetées en mer depuis plus de 4 décades ont perturbé l'écosystème

marin de la région entraînant la diminution des richesses halieutiques du littoral.

Cette pression qui menace l'équilibre biologique et écologique du milieu marin rend compte de

la nécessité d'une intervention urgente à divers niveaux (technique, économique, législatif...)

pour interdire tout rejet industriel non conforme aux normes en vigueur.

VI. 2-4 -Pollution due aux eaux pluviales

A Sfax, les précipitations sont principalement limitées à l’automne et l’hiver. Quoique, la

moyenne des averses soit faible, des averses occasionnelles de grande intensité se produisent au

cours de ces deux saisons. Durant ces averses, les systèmes d’évacuation des eaux de pluies et

des eaux usées peuvent être débordés (réseau unitaire et réseau séparatif), provoquant ainsi

d’importantes perturbations dans les activités économiques de la ville. La maintenance de ses

ouvrages est essentiellement à l’origine de ses sérieux problèmes générés en entres par les eaux

qui charrient avec elles des déchets solides déposés dans les oueds, dans les canalisations des

eaux pluviales, sur terre et dans les rues. Les eaux pluviales lessiveront au cours de leur transit

les chaussées et la voirie et se chargeront en pollutions diverses dont principalement les

hydrocarbures capables de provoquer de fortes nuisances au fonctionnement des stations

d’épurations.

VI. 2-5 -Pollution engendrée par les eaux agricoles

Les rejets polluants d’origine agricole sont constitués essentiellement par les fertilisants et les

produits phytosanitaires apportés au sol sans être consommés. L’évaluation des quantités de

polluants véhiculées vers les eaux souterraines est très difficile à évaluer d’une manière

63

systématique. Certaines études (Ministère de l’Agriculture, 2004), ont montré que le suivi de

la qualité des nappes phréatiques ont révélé la présence de concentrations de nitrates

quelquefois excessives dans certaines zones irriguées (jusqu’à 200, voire 300 mg/l). Cependant,

les pesticides ne sont généralement pas mesurés.

VI. 2-6 - Pollution causée par les rejets solides

Il ressort de l’ensemble des différentes études réalisées dans la ville de Sfax sur les déchets

solides (Karray et al, 1998 ; Kalle l, 2003) les caractéristiques suivantes :

§ L’absence, à l’instar du reste du pays, d’une organisation capable de prendre en

charge la collecte, le traitement, la mise en décharge et la valorisation des différentes

catégories de déchets. Ces insuffisances sont dues au manque de moyens matériels,

techniques et surtout financier pour permettre aux communes d’assumer pleinement

leurs tâches ;

§ L’absence de décharges spécialisées pour les déchets spéciaux et toxiques (hôpitaux,

abattoirs, …)

§ L’absence de données fiables relatives à la nature et à la quantité des déchets solides

existants ;

§ La multiplication de dépôts sauvages dans les zones vulnérables.

Tout au long de la zone d’étude quatre principaux sites de stockage de déchets solides sont à

relever : le dépôt de phosphogypse de la SIAPE, la décharge sauvage de la municipale de Sfax

et le site de stockage des grignons épuisés de la savonnerie “Sios-Zitex“ et la décharge de

déchets de construction contiguë à la COTUSAL. Ils sont en très grande partie à l’origine d’une

importante pollution très diversifiée : atmosphérique, visuelle, olfactive, hydrique et autres.

La nouvelle décharge contrôlée implantée à El Gonna (délégation d’Agareb) devra permettre

une réduction importante des nuisances enregistrées actuellement au niveau de la décharge

sauvage située dans la zone d’étude.

VI. 2-6-1 - Le stockage de grignons épuisés

Des dépôts de grignons d'olives de la SIOS Zitex sont stockés à une dizaine de Km au Sud de la

ville de Sfax sur la route nationale 1. Outre le préjudice qu'ils portent directement au paysage,

ces stocks présentent des risques de pollution hydrique par la contamination des eaux de surface

par les composés phénoliques qui peuvent être lessivées par les eaux pluviales. Ils sont

64

également capables de produirent et de générer des nuisances diverses à travers leur dispersion

sous forme de particules très fines et des poussières dans l’air.

VI. 2-6-2 - Le dépôt de phosphogypse

Le phosphogypse produit par la Société Industrielle d'Acide Phosphorique et d'Engrais (SIAPE)

est estimé à 1.1 million de tonnes par an. Il est déposé en terril sur une hauteur à peu près

de 30 m et couvre une superficie d’environ 40 hectares. On estime à quelques 12 millions

de m3 le volume stocké de ce phosphogypse. Ce dernier est constitué par du sulfate de calcium

hydraté, d’acide fluorhydrique, de sels de métaux de Plomb, de Zinc, de Mercure, de Cuivre et

de Cadmium, et de traces d’éléments radioactifs.

La lixiviation et la percolation des eaux météoriques à travers les dépôts de phosphogypse

relativement perméables (10-2 à 10-3 cm/s) et l'absence d'organes étanches entre le terril et le

sol naturel, sont des facteurs favorisant une forte contamination des eaux souterraines et

marines. Rien que pour le talus de phosphogypse, la manière de son stockage constitue des

risque pour l’environnement eu égard aux émissions radioactives potentielles: Le

phosphogypse produit une augmentation de la concentration du radon dans l'air environnant.

Néanmoins cette radiation supplémentaire est considérée comme faible (SCET-Tunisie-

NEDECO, 1994).

VI. 2-6-3 - La décharge municipale de Sfax

L’unique dépôt de déchets solides urbain produit par le grand Sfax est situé dans la zone

d’étude. Il est situé entre le terril de phophogypse de la SIAPE et la station d’épuration sud des

eaux usées urbaines. Couvrant une superficie de 20 ha, cette décharge est localisée dans une

Sebkha à quelques centaines de mètres de la mer et à environ 5 Km du centre de la ville. Non

contrôlée, elle reçoit quotidiennement pas moins de 500 tonnes (Rapport Mairie 2000-2005)

d’ordures ménagères et de déchets industriels de différentes natures et autres (hospitaliers,

abattoirs..). Ce mélange de déchets industriels (dangereux et banal) subissait, au meilleur des

cas, le même sort que les ordures ménagères. L’incinération par les foyers de feu spontanée

génère des pollutions hydriques et atmosphériques graves au milieu naturel et aux populations

avoisinantes. On évalue actuellement à plus de 1 million de m3 le volume des déchets stockés

(SCET/Tunisie- NEDECO, 1994). Techniquement, les déchets solides reçus sont déposés en

blocs puis étalés et tassés par un Bulldozer pour former des couches qui dépassent par endroits

65

8 m de hauteur. Il n’existe aucune couche de couverture. Ce mode de traitement est

constamment à l’origine de multiples atteintes dont principalement :

§ Des dégagements de fumées noirâtres (combustion incomplètes des déchets) et des

odeurs nauséabondes qui d'une part, en raison des vents dominants d’Est affectent les

quartiers d'Ain-Fallet et de Sidi Abid et d'autre part, nuisent à l'atmosphère terrestre. La

combustion à basse température des produits plastifiés qu’on y trouve, dégage des

composés chlorés assez fortement nocifs dont probablement des dioxines. Cet impact

peut être qualifié de fort et ne doit pas être toléré.

§ Une atteinte aux eaux souterraines causée par les lixiviats générés par l'infiltration des

eaux à travers les déchets solides. Certains composés organiques et minéraux sont aussi

dissous à partir des déchets décomposés. La composition chimique des lixiviats du

dépotoir et des eaux souterraines révèle une contamination de la nappe phréatique

caractérisée par des teneurs élevées en micropolluants minéraux. L'état actuel de la

végétation dans les environs de la décharge confirme également l'importance de la

charge polluante que véhiculent ces lixiviats. Des traces d'hydrocarbures sont visibles. Il

s'agit aussi d'un impact fortement prévisible.

VII- les principales composantes de l’occupation du sol

L’espace côtier de la zone d’étude, situé au Sud de l’agglomération sfaxienne, regroupe les

principales composantes suivantes :

VII. 1- Projet d’aménagement de l’ancien port de pêche (chott el kreknah)

Ce projet prévoie l’implantation des équipements d’animation et de loisirs autour d’un vieux

port qui sera aménagé en un port de plaisance de type « Marina ». Pour une meilleure

intégration du Chott El Kreknah, le projet prévoie aussi l’élargissement des principales voies

reliant ce Chott au centre ville ainsi que l’aménagement de nouveaux espaces verts (Fig 7).

Les objectifs principaux du projet prévoient de:

Ø Désenclaver la zone,

Ø Transformer un bassin d’eau « stagnante et polluée » en un port de plaisance,

Ø Créer des espaces communs urbains (places, espaces verts, lieux de loisirs…),

66

Ø Assurer le stationnement des véhicules le long des voies, à l’intérieur des îlots,

Ø Déplacer les activités nuisantes.

VII. 1- Le site archéologique de Thyna

Le nom de la ville n’a pratiquement pas changé depuis l’antiquité : (Thaînat) à l’époque

punique, Thaénae (Thenae) à l’époque romaine et byzaitaine, puis Henchir Thina et Thyna à

l’époque moderne (APNES, 92) . Ce toponyme serait d’origine libyque. Les sondages entrepris

en 1986 ont révélé l’importance de la ville dès le IVème siècle avant J.C. Ville libre à l’époque

d’Auguste, fut promis au rang de colonie par Hadrien en l’an 128. Thaenae a dû connaître

quelques troubles au IVème siècle mais demeura importante jusqu’au VII siècle après J.C.

Son enceinte de 83 ha englobant le champ des ruines de l’antique ville; bien que le plan

d’aménagement urbain de Thyna fait état d’une superficie de 219 ha correspondant

vraisemblablement au site archéologique et les espaces de fouilles qui entourent la zone. Les

remparts du site sont longs de 3.500 m environ et ne constituent pas sa limite. Seuls des

établissements thermaux et quelques maisons ont été partiellement dégagés. Nous n’en

connaissons ni le forum (place publique) ni les temples. La fouille dite « du cheval » serait

vraisemblablement un temple.

67

Fig 7 : Aménagement de Chott Kreknah

Ø La maison de Dionysos

On peut visiter la maison de Dionysos (Photo 1) , dont le plan est clair, bien que l’entrée soit

encore inconnue. Cette demeure doit son nom a une peinture représentant dionysos sur une

panthère (Musée du Bardo-salle Uthina). C’est une maison péristyle incomplet ne comportant

que trois portiques : deux d’entre eux se prolongent par deux couloirs encadrant le Triclinium

(salle à manger). Toutes les salles étaient pavées de mosaïque dont certaines sont exposées au

musée archéologique de Sfax (à l’hôtel de ville).

Le tapis central de Triclinium est décoré d’une composition de couronne de vigne est

d’acanthe aux couleurs chatoyantes. Les couronnes de vigne et d’acanthe semblent

caractéristiques des ateliers de Thyna.

Ø Les thermes des mois

Cet établissement thermal (Photo 2) doit son nom à la découverte d’une mosaïque

fragmentaire représentant les mois de l’année : il s’agit d’un monument luxueux où les mûrs

68

étaient soit revêtus d’un placage de marbre, soit peints. Les sols étaient pavés de mosaïques

polychromes.

Ø La nécropole

Classée comme monument historique, de part se richesses : « elle rappelle celle de Pompei ».

Cependant, il n’en subsiste, actuellement, que quelques témoignages : mosaïques funéraires,

urne en verre et cippes peints (au Musée de Sfax).

Ces vestiges historiques témoignent du trait distinctif et privilégié de la frange côtière pour

l’économie Sfaxienne. Le pouvoir attractif de la bande côtière sur les hommes et les activités

socio-économiques s’est distingué au fil des siècles, confirmant ainsi cette tendance à la

littoralisation qui s’est prolongée à travers le temps.

Ce site archéologique est peu valorisé puisqu'il n'est pas encore intégré dans des circuits de

visites organisées d’autant plus qu’il n'est pas desservi par les moyens de transports collectifs.

Photo 1: Thernes des mois Photo 2 : La maison de dyonysos

VII. 2- Les salins de Thyna

En bordure de côte se trouve les salins de Thyna (Fig 8), qui est une zone péri-urbaine ayant

une superficie de 1500 hectares et 13 km de longueur sur la côte de la mer méditerranéenne.

69

Ces salins sont tronqués par l’oued El Maou en deux espaces. La partie Nord relève de la

commune de Sfax et celle du Sud fait partie de la commune de Thyna. Il se situe au Nord-

Ouest du golfe de Gabès, connu par sa richesse biologique et son importance économique.

Ces salins présentent des intérêts économiques et écologiques importants. En effet, la

quantité produite de sel est d’environ 300 000 tonnes par an, en plus de quelques milliers de

tonnes de saumures spéciales. Ils sont classés aussi parmi les zones humides à grande

importance pour la conservation des oiseaux.

Figure 8 : Carte de localisation des salins de Sfax

VII. 3 - Le Parc urbain de Thyna

le parc urbain de Thyna est considéré comme le poumon vert de la ville de Sfax pour combler

le déficit en espace vert. La zone de Thyna initialement affectée a une superficie de l’ordre de

800 ha, se localise au niveau de la RN1 Sfax-Gabès entre les Kilomètres 8 et 12 environ. On y

accède par la piste menant au phare de Thyna au niveau du Km10.

Mais la forte poussée urbaine connue par la ville de Sfax a fait que sur les 800 ha initialement

affectés, en zone agro-forestière, il n’en reste que la moitié, du fait de la construction des cités

populaires dans cette zone (cités El Moez, Thyna El Jadida, Ennahdha…) et de l’édification

d’unités industrielles sur l’axe de la GP1 prolongeant de façon quasi continue la zone

industrielle de SFAX El Maou, au-delà du périmètre urbain de la commune de Thyna, outre la

nouvelle zone industrielle du Kilomètre 10.

70

L’ensemble de ces faits urbains a favorisé l’apparition d’un noyau urbain de près de 20.000

habitants (selon le recensement d’avril 1994) érigé en commune de Thyna en avril 1994. Le

parc urbain de loisir, longeant la piste menant vers le phare de Thyna et se trouvant au niveau

du kilomètre 10, fait partie du domaine public forestier.

La zone du parc urbain se limite actuellement à deux composantes foncières principales à

savoir :

Ø le domaine public forestier géré par le service des forets du ministère de l’agriculture,

d’une contenance totale de 53 ha et sur lequel 20 ha ont déjà été plantés.

Ø Une portion du domaine public maritime prolongeant au nord les salines et d’une

contenance de 100 ha environ. Le reste de la zone agro-forestière est occupé par :

• Le site archéologique (83 ha)

• La nouvelle zone industrielle de Thyna (42 ha).

VII. 4 – Autres espaces verts

L’étude de la situation des espaces verts collectifs existants, publics et non publics, aménagés

on non au sein du Grand-Sfax réalisé par le service régional du Ministère de l’Environnement

et du Développement Durable, indique que le taux de ces espaces a enregistré ces dernières

années une croissance très importante. La superficie verte publique par personne est passée de

0.6 en 1986 à 1.6 m2 en 1993 puis à 6 m2 en 1996 (SDA ; 1998). Toutefois vue la rareté des

terrains publics, les possibilités d’extension des espaces verts ont été limitées. Au total on est

passé de 108 ha de verdure collective en 1996 à 295 ha en 2002 (10.4 m2/hab). Compte tenu

de la croissance démographique, le taux des espaces verts en 2005 se situe aux alentours de

12 m2/hab. L’objectif de l’Etat dans ce contexte est d’atteindre un taux de 15 m2/hab. en 2009.

La zone d’étude du littoral sud de Sfax dispose déjà de différents espaces verts réparties

comme suit :

Ø le parc urbain de Thyna : ce parc, couvrant une superficie de 57 ha, se trouve sur le

littoral sud à 10 km de la ville et à proximité du parc archéologique de Thyna.

Ø le parc de l’enfant et de la famille : Il s’agit d’un nouveau parc de loisir familial

aménagé en 2003, situé à proximité de la médina du côté Nord-Est et couvre une

superficie de 3 ha.

71

Ø le jardin Wahran : Il s’agit d’un espace vert qui longe les romparts de la Médina du côté

Est et couvre une superficie de 0.7 ha.

Ø le jardin Public : Situé sur la route de l’aéroport à 0.5 km de la ville, il couvre une

superficie de 9 ha. Il dispose d’un espace de jeux pour enfants, d’un parc zoologique

et d’un parcours de santé.

VII. 5 –Zones industrielles

Après consultation des données disponibles sur les différentes zones industrielles de la zone

d’étude et à la suite de multiples réunions effectuées avec les opérateurs publics dans ce

domaine ( APIP, AFI) appuyés par des visites de terrain, il se dégage que :

Ø L’AFI gère les zones industrielles de Madagascar, de Thyna et 3% uniquement de la

zone industrielle Sidi Salem,

Ø L’APIP contrôle la zone industrielle du port de pêche,

Ø Le GMG de Sidi Salem assure la gestion de la majeure partie de la zone industrielle

Sidi Salem.

L’unique zone industrielle qui échappe à tout contrôle est celle d’El Maou, situé au sud de

l’Oued El Maou et dont les unités industrielles sont totalement disséminées dans le tissu

urbain. L’absence d’autorité compétente pour la gestion de cette zone semble être à l’origine

des dysfonctionnements, du délabrement et des nuisances observés au niveau du littoral sud.

Un enquête est d’ores et déjà en cours de réalisation en étroite collaboration avec la

commune de Thyna pour l’inventaire de l’ensemble des unités industrielles te la

caractérisation du degré de pollution générée par ces activités.

La saisi, la compilation et le traitement spécifique des données basés essentiellement sur la

plan d’aménagement de la commune de Thyna (2003) a permis de dégager un plan détaillé

des différentes composantes de l’espace urbain de cette commune (Fig 9 et 10).

Cet inventaire permettra entre autres la mise en place d’une base de données géoréférencées.

Le tableau 15 présente les superficies occupées par les différents sites industrielles de la

zone d’études.

Tableau 15 : Les superficies des zones industrielles du littoral sud de Sfax

Zone Industrielle Superficie (ha)

Zone industrielle de Madagascar 18

72

Zone industrielle du port de pêche 29.5

Zone industrielle de Sidi Salem 149

Zone industrielle d’El Maou -

Zone industrielle de de Thyna 42

VII. 6 – La zone agricole

La zone agricole de Thyna occupe une superficie de 470 ha, les visites effectuées dans cette

zone ont de relever l’importance de l’occupation anarchique d’habitations non concordantes

aux règles les plus élémentaires en terme d’aménagement urbain. On note à ce jour plus de

500 habitations sans aucune autorisation préalable (Photo 3).

Photos 3 : La zone agricole de Thyna

73

Figure 9 : Les principales composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna

74

Figure 10 : La répartition des différentes composantes de l’espace urbain de la commune de Thyna

75

VIII-Les infrastructures

VIII. 1- L’assainissement

Le réseau d’assainissement de la zone d’étude se compose de trois conduites principales :

§ La première permet de raccorder l’aéroport de Sfax au réseau d’assainissement

de la ville ;

§ La deuxième longe la RN1 entre la cité El Moez et la station d’épuration ; elle

permet de desservir directement le centre de la commune de Thyna et par des

ramifications transversales les cités El Moez et Touta.

§ La troisième longe la route de Ain Fellat et permet de brancher la cité de Thyna

El Jadida. Deux stations de pompage permettent le refoulement des eaux usées

vers la station d’épuration située en contre pente.

Le tableau 16 présente quelques caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la

commune de Thyna et aux arrondissements de Cité El Habib et de Sfax El Medina.

Tableau 16 : caractéristiques du réseau d’assainissement relatif à la zone d’étude

Nombre de

branchements

Nombre de

regards

Longueur du réseau

(km)

Taux de

branchement

%

Commune de Thyna 3889 1712 54 69

Arrondissement

Sfax El Medina

4538 2488 69 92

Arrondissement

Cité El Habib

9 087 4095 122 96

Total de la zone

d’étude

17 514 8 295 245 -

Grand Sfax 60 021 32 942 966 72

Au total, le réseau d’assainissement de la zone d’étude a une longueur de 245 Km et compte

8295 regards et 17 514 branchements.

76

VIII. 2- La voirie

Le réseau de voirie du périmètre d’étude est constitué par la RN1, principal axe routier du pays

qui traverse longitudinalement la zone et constitue de ce fait un axe préférentiel de

développement des équipements, des commerces et services et de l’industrie. Au Sud de cet axe

se branche la route locale RL 926, reliant Thyna à la ville d’Agareb.

VIII. 3- Le port de pêche

La zone portuaire de la ville donne sur une cuvette montrant une pente relativement forte à

partir de la courbe bathymétrique 5 m. Elle rejoint le canal de Kerkennah à une dizaine de

mètres de profondeur. Cette cuvette est plus ouverte du côté Sud, ce qui n'est pas le cas du côté

Nord entre la zone portuaire et Sidi Mansour. Ceci explique la différence de l'étendue de la

zone intertidale de part et d'autre de la ville.

Le port de pêche de Sfax dispose d’un potentiel important au niveau de la capacité de

production et de stockage inhérentes aux différentes activités portuaires dont principalement

celle lié à l’export (Tableau 17).

Tableau 17 : les équipements de froid du port de pêche de Sfax

PropriétéDésignationAPIP PRIVE

Complexe frigorifique ( Nombre) 01 41

Capacité d'entreposage en Tonnes ( 0°C) 0 145

Capacité de stockage en Tonnes (-25°C) 250 1252

Capacité de Tunnel de congélation (Tonnes/j) 05 83

Capacité de stockage de la glace (Silo) (Tonnes/j) 90 450

Les différents éléments structurels définissant l’infra et la suprastructure du port de pêche de

Sfax sont présentées dans le tableau 18.

77

Tableau 18 : Les caractéristiques physiques et structurelles du port de pêche de Sfax

? Date d’exploitation 1981

Extension 1999 / 2000

Position géographique 35° 40' Nord et 10° 40' Est

Type Port hauturier

Digue de protection 5170 m

Quai 580 m à -4,5 m

Appontement 450 m à – 4,5 m

+ 2200 m à -2,5m

Bassin 37,5 ha

DPP (Terre plein ) 29,5 ha

Balise à l’entrée du port 03 (01 verte et 02 rouges)

Balise dans le chenal d’accès 05 (03 verte et 02 rouges)

Clôture 2000 m

Assainissement : 3300 m

Eclairage public: 140 candélabres(14 postes transfo)

Projecteurs :14

Eau potable : 10 distributeurs

Réseaux

Electricité : 04 distributeurs

2 Portiques de 250TEquipement de hissage1 Portique de 150 T

Marché de gros mis à niveau 3000 m2

Marché de gros des produits destinés àl’exportation 800 m2

78

Aire de ramendage 440 m2 et

Aire aménagée 2000 m2

Station de gasoil 02 capacité de 500 m3

Le tableau 19 présente également les principales composantes en terme d’occupation du sol des

activités secondaires du port de pêche de Sfax.

Tableau 19 : Les activités secondaires du port de pêche de Sfax

Nature de l’activité Nombre

Atelier pour lavage des casiers 01

Chantier de construction et réparation navale 19

Atelier mécanique 28

Atelier électronique 07

Atelier électrique 05

Atelier de forge 04

Atelier de maintenance des équipements de froid 02

Atelier de soudure 02

Atelier de travaux maritimes 01

Atelier de cycliste 01

Point de vente de matériel de pêche 21

Vente de lubrifiants et graisses 03

Dépôt d’armement de pêche 204

Atelier de montage de filets 02

Bureau mareyeur 12

Local administratif 11

Bureau d’organismes nationaux 04

79

VIII. 4- Le port de commerce

Le transport maritime a toujours été un moyen avantageux de relier l’économie locale à des

espaces extranationaux plus ou moins éloignés (africains, européens, moyen-orientaux,

asiatiques et américains). Le port de commerce de Sfax, de par son site central et couvrant 57

ha, constitue une plaque tournante et une composante fondamentale du système économique

sfaxien. Cette dernière se trouve ainsi connectée aux cinq continents par son port affichant

une spécialisation (Tableaux 20 et 21) aussi bien en exportation qu’en importation.

Tableau 20: Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax

Nom Quai de commerce Quai dit Extension

Spécialité Divers et huiles Divers et céréales

Longueur (m) 520 667

Nombre de postes à quai 3 5

Profondeur maximum (m) 10.50 10.50

Superficie des terre-pleins (ha) 7.5 16.5

Equipements Stations de pompage deshuiles

Passerelle mobile Ro/Ro

Capacité de stockage 9.5 ha

Tableau 21 : Caractéristiques des quais de commerce du port de Sfax

Nom des terminaux Quai de phosphates Quai NPK

Spécialité Phosphates et dérivés Soufre et TSP

Longueur totale des quais 827 m 370 m

Profondeur des quais 10.50m 10.50m

Capacité de réception des navires 4 2

80

VIII. 5- La saline de Sfax

Au Sud de la ville de Sfax, entre le nouveau port de pêche et le site archéologique de Thyna,

s’étend la saline de Sfax appartenant à la société COTUSAL sur environ 14,5 Km (1628 ha).

La production annuelle est voisine de 300 000 tonnes d'halite commercialisable destinée à la

consommation et à l'industrie chimique. La majeure partie de cette production est destinée à

l'exportation (340 000 tonnes en 1996) soit 85 % de l'ensemble du sel produit.

En outre ces salines produisent environ 15 000 tonnes de saumures magnésiennes issues de la

maturation des solutions sortantes des cristallisoirs. La saline de Sfax (Fig. 11) est constituée

par :

§ les bassins préparatoires, qui comportent les avants pièces, les partènements

extérieurs, les partènements intérieurs et les avants pièces maîtresses;

§ les bassins de réserve, qui comportent les pièces maîtresses, les bassins de stockage

hivernal des eaux mères "R" et les longuettes "L";

§ les tables salantes ou cristallisoirs;

§ les bassins de préparation des saumures magnésiennes (les "S").

D'autre part, cette côte méridionale de la ville de Sfax, aménagée depuis 1929 en marais

salants, constitue la zone humide de Thyna qui est en faveur d'une biodiversité attirant une

multitude d'espèces ornithologiques, essentiellement des limicoles.

VIII. 6- Abattoir de Sfax

L’abattoir de la ville de Sfax crée en 1938 est localisé sur la côte sud à 1 km du centre de la

ville. Les rejets liquides sont évacués dans le canal de sidi Salem.

Le nouvel abattoir (Fig 12) prévu pour la ville sera implanté sur la route Sidi Salem, à 1 Km

de l’actuel abattoir. Il aura une capacité d’abattage horaire de 25 têtes bovines et 200 têtes

ovines, correspondant à un potentiel de 10.000 tonnes par an sur la base d’un cycle journalier

de 4 heures de travail, extensible à 20.000 tonnes par an.

Ce nouvel abattoir moderne devra répondre parfaitement aux performances de rendement, de

rentabilité et de qualité exigées, conformément aux conditions et spécifications d’installation,

d’équipement, d’hygiène, de fonctionnement, d’environnement et enfin de sécurité définies

par les normes CE, HACCP et International Halel Inspection.

81

Ces conditions permettront au nouvel abattoir d’être agréé et certifié en vue de la production

et la mise sur le marché de viandes fraîches et de tous autres produits finis (bovin, ovin et

caprin).

82

Figure 11 : Carte des salins de Sfax

83

Fig 12 : Plan d’aménagement de l’abattoir de Sfax

84

VIII. 7 - Etude d’opportunité pour l’implantation de plates-formeslogistiques du Grand Sfax.

Site 1 : Sud ouest de l’aéroport

Le site 1 est situé au Sud-Ouest de l’aéroport, et couvre une superficie de 200 ha. Ce site est

traversé par une route le reliant à la RN1 et qui se trouve en état de piste. L’eau et l’électricité

sont disponibles sur le site.

Site 2 : à proximité de la zone industrielle de Thyna

Le site 2, choisie pour l’implantation de la plate forme logistique (Fig 13), est situé au Sud-

Ouest de la ville de Sfax et s’étale sur 200 ha. Il est limitrophe de la zone industrielle de

Thyna. Il est limité du côté Nord-Est par la ligne de chemin de fer et la RN1, du côté Nord par

la RV96 menant à Agareb, du côté Sud-Est par les terres agricoles et la rocade km11.

Le site se présente comme un terrain pratiquement plat, favorable à tout aménagement. Il est

actuellement occupé par :

• une pépinière longeant la GP1. Sur une surface de 7.5ha ;

• 15 ha sont occupés par des petits métiers (petite usine, mécaniciens) longeant la

GP1, qui peuvent être éventuellement intégrés aux fonctions de la plate-forme.

En cas de besoin, les possibilités d’extension peuvent se faire du côté Sud-Est aux dépend des

terres agricoles (oléiculture), soit une superficie de 100 ha. Le site appartient à des privés.

Le site 2 est desservi par la RVE 926 et la GP1. Il est également traversé par la ligne de

chemin de fer et se trouve dans une zone alimentée en électricité et en eau potable. Sur le plan

des infrastructures de transport, le site 2 ne présente pas des contraintes majeures. Il est

desservi par la RV926, la RN1 et le chemin de fer. Il est à 500m de la rocade km11. Il peut

être desservi aussi par la bretelle projetée par le Plan d’Aménagement Urbain de Thyna et le

SDA du Grand Sfax. La route prévue en bordure des salines assure entre le site et le port de

Sfax.

La gare de marchandise de Sidi Abid (projetée) est intégrée au site de la plate-forme.

Toutefois, pour assurer une circulation plus fluide autour de la plate-forme et une accessibilité

plus facile, des ouvrages d’art et des nouvelles voies doivent être prévus (Ministère de

l’Aménagement du territoire 2006).

85

Figure 13 : Localisation de la plateforme logistique de Sfax

Etude d’opportunité pour l’implantation du complexe sportif du Grand Sfax

86

Le complexe sportif projeté est situé à proximité du site 2 proposé pour la plate forme

logistique du côté sud –ouest. Il est desservi par la GP1

VIII. 8- Transport

VIII. 8 -1 - Transport local

La ville de Sfax s’est affirmée pôle industriel depuis pas moins de trente ans. La zone d’étude

s’étalant du port de commerce jusqu’à la limite sud de la commune de Thyna accueille au

moins 40% du nombre d’unités industrielles regroupé dans les 3 zones industrielles ;

Madagascar, route de Gabès et Thyna totalisant près de 50% des emplois. Il va s’en dire que

cette situation est génératrice de déplacements et de circulations et par conséquent une forte

demande en moyens de transport. Outre le déplacement des ouvriers, l’opération de

production suppose la mobilité des matières premières, des produits finis et/ou semi-fins, ce

qui est à l’origine de la genèse des flux de transports.

En outre, l’absence de service d’accompagnement dans ces zones industrielles (assurances,

réseau bancaire, transitaires, etc….), est à l’origine d’une élévation du nombre de

déplacements au sein de cette zone.

A l’instar du reste de la ville de Sfax (Tableau 22), l’élargissement de la portée des

déplacements au sein de l’agglomération de Thyna, et la multiplication de leur fréquence

(déplacements obligés, déplacements liés aux diverses activités sociales : écoliers, liens

sociaux, loisirs, culturels, et autres) n’ont pas été suivi par une évolution des moyens de

transport en commun, ce qui a contraint le citoyen à se rabattre de plus en plus vers le moyen

de transport particulier : la voiture et les deux roues.

Conséquences de cette nouvelle situation :

§ Augmentation du parc voiture et des deux roues.

§ saturation quasi permanente du tronçon « route de Gabes » et les environs du centre

ville ;

§ demande de plus en plus de carburants ;

§ pollution atmosphérique de plus en plus grandissante

Tableau 22 : Répartition des déplacements motorisés dans le Grand Sfax

87

1984 (1) 1994 (1) 1996 (2)Mode de

déplacement déplacement

s

% déplacements % déplacement

s

%

Voiture Particulière 80 000 20,9 168 100 34,9 246 840 37,4

Deux Roues 138 000 35,9 167 200 34,7 227 700 34,5

Transport Collectif 166 000 43,2 146 700 30,4 185 460 28,1

Total 384 000 100 482 000 100 660 000 100

Sources : (1) PAC - 1994. 2) SIDES -1996.

L’analyse des résultats du tableau 21 permet de dégager les constations suivantes :

§ le nombre de déplacements est en augmentation continuelle puisqu’il est passé de

384 000 en 1984 à 660 000 en 1996.

§ Le citoyen sfaxien cherche de plus en plus son indépendance de transport en utilisant

même les deux-roues ; un ménage sur deux possède un deux-roues (recensement

1994)

§ Ce dernier moyen de transport a presque doublé en l’espace de 20 ans. Il a passé de

40316 unités en 1984 à 75 232 unités en 1994 (INS Recensements généraux) ;

§ Le nombre des voitures particulière a connu lui aussi une monté sensible puisque le

nombre de ce type de voiture a presque triplé au bout de 10 ans. Le recensement de

1994 fait état d’une voiture tous les 5 ménages.

§ Les faiblesses affichées par les transports en commun (confort, sécurité, rapidité,

ponctualité et fréquence ont poussé les gens d’avoir son propre moyen de transport. Ce

constat est confirmé par la régression des transports en commun puisqu’ils ne représentent

que 28 % du total des transports urbains à Sfax en 1996.

L’analyse des études relatives au transport et à la circulation rend compte de l’ampleur du

volume des flux de personnes se déplaçant à l’intérieur de l’agglomération sfaxienne pour les

multiples raisons citées ci-dessus.

Dans l’état actuel des choses, et malgré les efforts déployés, le réseau routier n’est pas en

mesure d’assurer la fluidité souhaitée et souhaitable : sous - dimensionnement de certaines

radiales, inexistence de pistes cyclables, transport en commun non prioritaire, carrefours sans

88

fonction de sas, état défectueux de certains axes. La sécurité s’en ressent également comme le

dégage la montée du nombre annuel d’accidents de la route.

VIII. 8 -2 - Transport National et International

De tout temps, Sfax second ville du pays exerçait une attraction sur sa périphérie pour

plusieurs raisons :

§ Opportunités d’emplois

§ Activités commerciales, industrielles et tertiaires

§ Ville universitaire

§ Ouverture sur la mer

Ces caractéristiques drainent quotidiennement ou occasionnellement des flux mobilisant des

moyens de transports très variés : routier, ferroviaire, maritime et aérien.

VIII. 8 -2 -1 Transport Terrestre

Outre les moyens de transport particuliers, la liaison inter-régionale ( Sfax avec sa périphérie

immédiate) et intra-régionale (Sfax avec sa périphérie) est assurée par des moyens de

transports collectifs faisant appel aux bus ou aux louages.

Selon l’étude sur les déterminants de l’évolution du système de transport (El Habaieb 2003),

60 bus ont assuré quotidiennement le déplacement d’environ 5000 voyageurs entre 1994 et

2002 entre Sfax et ses différentes délégations. De plus, environ 310 taxis collectifs extra-

urbains ont conforté le réseau de la SORETRAS au cours de cette même période dont 110

unités entre Sfax et Mahrès.

VIII. 8-2 -2 Transport Ferroviaire

Deux lignes caractérisent le transport ferroviaire dans la région de Sfax : la ligne nord : Sfax-

Sousse-Tunis et la ligne Sud ; Sfax-Gafsa-Gabes passant par la zone d’étude.

Outre le transport des voyageurs, le transport de marchandise est très développé par le chemin

de fer particulièrement celui du phsphate entre Sfax et Gafsa. A titre d’exemple, 8 166 588

tonnes de phosphates ont été déplacées entre 1998 et 2002. (El Habaieb, 2003).

89

En outre, le mode ferroviaire est présent au port de commerce assurant la liaison entre la gare

de Sfax et ce port pour la plus part des marchandises embarquées et débarquées.

VIII. 8-2-3 Transport Aérien Bien que l’aéroport ne se situe pas dans la zone d’étude, nous

avons jugé utile d’en faire référence compte tenu de son importance entant qu’élément

important dans le développement économique de la ville. L’aéroport de Sfax se situe à

environ 6 km au NW de la ville. Occupant une superficie de 327 ha. Son infrastructure de

base est constitué d’une salle de voyageurs de 2000 m2 pouvant recevoir jusqu’à 200 000

voyageurs par an. En plus d’une zone de fret de 2000 m2 de superficie destinée à l’export avec

une capacité de 3000 tonnes par an. Son activité ne représente pas plus que 1% de l’ensemble

de l’activité nationale en terme de transport aérien de voyageurs (Charfi, 2003).

Visiblement disproportionné eu égard à la taille, aux besoins de la ville et à son

développement (sous dimensionnement de l’infrastructure, faiblesse du trafic et des

connexions…) nécessite des actions de renforcement en faisant une véritable infrastructure

d’envergure internationale contribuant à la recherche et au renforcement de la compétitivité

de la ville, servant la grande réussite des grands projets programmés (technopole,

taparura…aménagement des cotes sud..). un projet d’extension et d’élargissement est en cours

de réalisation.

VIII. 8 -3 - Transport Maritime

La aussi, ce mode de transport est utilisé pour des liaisons intra-régionae (Sfax-Kerkena),

inter-régionales (Sfax et les autres villes côtières) et internationales (Sfax et les pays

étrangères).

VIII. 8-3-1 - Liaison Sfax-Kerkena

Le transport maritime entre Sfax et les îles de Kerkena est assuré par la Société Nationale de

Transport des Iles de Kerkena (SNTK). Cette liaison connaît de fortes concentrations de flux

durant la saison estivale. Le trafic de passagers et de voitures connaît une évolution régulière

d’une année à l’autre. Dans une étude publiée en 2003 sur le transport dans la région de Sfax,

on note un taux d’accroissement annuel moyen de 3,7 % pour les passagers clients de la

SNTK, 3,7 % pour les voitures, 3,2 % pour les camions et 22,2 % pour les autres engins.

D’ailleurs ce trafic est appelé à s’intensifier en raison des perspectives touristiques que

développeront les îles de Kerkena dans les années à venir.

VIII. 8-3-2 -Le cabotage

90

Parallèlement à cette jonction avec les îles de Kerkena, la ville de Sfax entretient des liaisons

avec quelques ports tunisiens, principalement avec Bizerte. Mais depuis le transfert des dépôts

de carburants vers Skhira, ce type de trafic a chuté d’au mois de 90%.

VIII. 8-3-3 -Liaison avec l’étranger

Les fonctions commerciales connus pour la ville de Sfax ont permis à son port de commerce

d’occuper le deuxième rang derrière le port de Tunis- la Goulette (El Habaieb 2003) pour les

raisons suivantes:

§ Port très spécialisé (phosphate, céréales et soufre) ;

§ Importance du trafic maritime ; navires spéciaux, vraquiers, conventionnels, pétroliers,

etc… 1/4 des échanges nationaux d’import-export (2002) en tonnage ont transité par le

port de Sfax ;

§ 37% du total des exportations transitant par les ports tunisiens ;

§ Très importante recette spécifique : 12 milliards par an ;

§ Création d’une panoplie d’activité tertiaire de service d’accompagnement ;

§ A l’origine de la création de deux zones industrielles portuaires (Madagascar et port

de pêche) contiguës ;

§ A l’origine de la genèse de plusieurs activités d’accompagnement (assurances,

négoces, banques, etc….) ;

IX- Analyse socio-économique

IX. 1- Situation démographique et emplois

IX. 1.1 - Situation démographique

IX. 1.1.1- Population

A la lumière des résultats des différents recensement de l’INS : 1984, 1994 et 2004, la

population de la zone d’étude est passée de 64 505 habitants à 104 584 habitants en l’espace

de 20, soit une augmentation de 62%. Cette part est stable, elle représentait 21,16% en 1984

contre 21,98% en 2004. La répartition de la population dans la zone d’étude montre une

prédominance de l’arrondissement de Cité El Habib puisque à lui seul, il totalise plus que la

moitié, soit environ 54% de la population totale formant la zone d’étude suivi par Thyna avec

25,5% et Sfax El Medina avec 20% (Tableau 23).

Tableau 23 : Etat de la population dans la zone d’étude

91

Population Taux de croissance

1984 1994 2004 84-94 94-04 84-04

Arrondissement

Sfax El Médina 31767 19202 21293 -6,54% 0,98% -2,46%

Arrondissement

Cité El Habi 20726 47496 56656 8,65% 1,60% 3,17%

Commune

de Thyna 12012 18835 26635 4,60% 3,53% 2,74%

Total Zone d’étude 64505 86533 104584 2,54% 1,72% 1,92%

Grand Sfax 304742 395277 475649 2,64% 1,87% 1,79%

Sources : INS 2004 ; Zouari S. 2005

Sur la période 1984-94, le taux de croissance démographique de la zone d’étude est inférieur à

celui observé dans le grand Sfax : 2,54% contre 2,64%. Néanmoins, ce taux est presque deux fois

moins que celui enregistré par la commune de Thyna et plus que trois fois moins que celui de la

cité El Habib. Au cours de la décennie 94-2004, on assistait à un frein démographique dans toute

la zone d’étude dont la croissance démographique, très sensible dans la cité El Habib (de -6,54% à

0,98%) est devenue inférieure à celle observée dans le grand Sfax.

Ce pendant, et contrairement à la tendance globale, l’arrondissement El Habib et Thyna, la

commune la plus récente, observent une forte pression démographique en raison des opportunités

de logements et de terrains à prix modérés comparés aux restes des communes du grand Sfax. En

outre, la proximité des campus universitaires et la présence de multiples zones industrielles ont

dynamisé ces espaces.

Contrairement à la commune de Thyna et à l’arrondissement El Habib, l’arrondissement El

Médina s’est carrément dépeuplé et a perdu sa vocation de lieu d’habitat au profil des activités

commerciales, artisanales et de service. En effet, entre 1984 et 1994 El Médina a connu une

régression démographique avec un taux de croissance était de -6, 54%, suivi d’un redressement

pendant la période1994-2004.

La répartition entre les deux sexes, montre que la population de la zone d’étude se caractérise par

un rapport de masculinité de 53,9% conséquence probable d’une population de migrants masculin

92

à la recherche d’emplois. A l’intérieur de la zone d’étude, c’est Sfax El Medina qui se dégage du

lot par un taux nettement élevé de l’ordre de 55,44% (Tableau 24).

Tableau 24 : Représentation des deux sexes dans la population relative à la zone d’étude

Homme Femme Masculinité

Commune de Thyna 13668 12967 51,32%

Arrondissement

Sfax El Medina

11806 9487 55,44%

Arrondissement

Cité El Habib

29846 26810 52,70%

Total zone d’étude 55320 49264 53,90%

Grand Sfax 244171 231478 51,33%

Source : INS 2004

IX.1.1.2- Taille des ménages

On définit la taille des ménages comme étant le rapport « population sur nombre de ménages.

Elle représente un indicateur de pression sur l’environnement et l’économie puisque toute

évolution de ce rapport doit être prise en compte dans l’évaluation des besoins en logements et en

infrastructures.

En 2004, le nombre de ménage dans la zone d’étude est estimé à 26664, soit 22,4% de l’ensemble

des ménages formant grand Sfax. 53,2% de ces ménages appartiennent à la cité El Habib, 24,2% à

Sfax El Medina et 22,6% à Thyna.

Hormis l’arrondissement El Habib, la commune de Thyna et l’arrondissement El Médina ont

observent une diminution de la taille de leurs ménages à l’instar du Grand Sfax. En moyenne la

taille du ménage dans la zone d’étude est passée de 4,08 personnes en 1984 à 3,92 personnes en

2004. La densification qu’a connue la cité El Habib, particulièrement entre 1984 et 1994, était

accompagnée par l’arrivée de familles nombreuses (4,6 personnes). Cependant, au cours de la

dernière décennie, on assiste à une réduction de la taille de ses ménages, en passant ainsi à 3,9

personnes par ménages, valeur très proche de la moyenne de la zone d’étude et même inférieur à

celle du Grand Sfax (Tableau 25).

L’arrondissement d’El Médina semble intéresser plutôt les familles moins nombreuses

(célibataires ou jeunes couples), puisque la taille moyenne de ses ménages n’a cessé de diminuer

au cours du temps : 4,5 personnes en 1984, 3,8 personnes en 1994 et 3,3 personnes en 2004.

93

La commune de Thyna enregistre non seulement la baisse de la taille des ménages la plus faible

dans toute la zone d’étude mais également la taille la plus élevée à la fois par apport à la zone

d’étude et au grand Sfax.

Tableau 25 : Nombre et taille des ménages dans la population relative à la zone d’étude

Nombre de ménages Taille des ménages

1984* 1994* 2004** 1984 1994 2004

Arrondissement

Sfax El Médina 6999 5109 6453 4 ,5 3,8 3,3

Arrondissement

Cité El Habib 6451 10359 14187 3,2 4,6 3,9

Commune de

Thyna 2352 4081 6024 5,1 4,6 4,4

Total Zone

d’étude 15802 19549 26664 4,08 4,43 3,92

Total Grand

Sfax 61440 88617 118946 5,0 4,5 4,0

Sources : * Zouari 2005 ; ** INS 2004

IX.1.1.3- Logements

Le nombre de logements de la zone d’étude représente 23,34% du parc total du grand Sfax. La

répartition de ces logements entre les différentes zones communales formant la zone d’étude

montre qu’au moins la moitié de ces logements sont localisés dans la cité El Habib avec 50,48%,

suivi par Sfax El Medina avec 28,25% et Thyna avec 21,26% (Tableau 26).

Tableau 26: Logements et Ménages dans la zone d’étude

Logements Densité en logements

Commune de Thyna 6858 2,25

Arrondissement

Sfax El Medina

9111 15,3

Arrondissement

Cité El Habib

16279 15,24

Total zone d’étude 32248 6,85

94

Grand Sfax 138161 9,05

Source : INS 2004

Dans la zone d’étude, les arrondissements El Habib et El Médina présentent une densité en

logements (nombre de logements par ha) très proche de la moyenne nationale en zone urbaine : 15

logements par ha.

La densité en logements dans la commune de Thyna est très faible, soit 2,25 logements par

hectare. Elle reflète un état d’étalement urbain pouvant être à l’origine de diverses pressions sur

l’environnement telles que la consommation de terrains agricoles, de coûts très élevés

d’aménagement et d’infrastructure, de difficultés d’organisation de transport collectif et par

conséquent au recours au moyens de transports particuliers amplifiants ainsi les sources de

pollutions.

Confronté au nombre de ménages, le nombre de logements dans la zone d’étude dépasse au moins

de 17%. Il est largement supérieur à l’excédent de logement dans le grand Sfax qui est de l’ordre

de 14% (Tableau 27). A l’intérieur de la zone d’étude, c’est dans l’arrondissement de Sfax El

Medina que l’excédent est le plus élevé : 29,17% soit 1,41 logements par ménage.

Cette situation est la conséquence de l’accroissement du parc de logements qui s’est fait à un

rythme très élevé créant un déséquilibre du marché de l’immobilier.

Tableau 27 : Rapport ménage/logement

Ménages Logements Logements/ménages

Commune de Thyna 6024 6858 1,14

Arrondissement

Sfax El Medina

6453 9111 1,41

Arrondissement

Cité El Habib

14187 16279 1,15

Total zone d’étude 26664 32248 1,21

Grand Sfax 118946 138161 1,16

Source : INS 2004

VII.2.1.3- Densité de la population, densité des ménages

95

La densité de la population est le rapport entre le nombre des habitants d’une zone géographique et

sa superficie (ha) à un moment donné, alors que la densité des ménages c’est le rapport entre le

nombre des ménages d’une zone géographique et sa superficie à un moment donné.

Globalement, les densités sont croissantes dans toute la zone d’étude mais reste tout de même

inférieure au rythme de densification enregistrée par le Grand Sfax (Tableau 28). Ainsi la densité

moyenne en population est passée de 13,7 en 1984 à 22,2 habitant à l’hectare en 2004, soit une

augmentation de 62% en 20 ans. La densité des ménages est passée de 3,36 en 1984 à 5,7 ménages

à l’hectare en l’espace de 20 ans : soit une augmentation de 69,6%.

Ce pendant, si nous analysons chacun des secteurs géographiques formant la zone d’étude, hormis

la commune de Thyna qui détient les densités les plus faibles (8,8 habitants et 2,0 ménages à

l’hectare), les deux autres arrondissements présentent des densités plus élevées que le Grand Sfax.

C’est l’arrondissement El Habib qui présente les densités les plus élevées : 52,1 habitants et 13,3

ménages à l’hectare. Elle a plus que doublé en l’espace de 20 (entre 1984 et 2004). Néanmoins, il

faut souligner que la densité en population d’El Médina a très peu évolué (34,7 en 1984 et 35,8 en

2004 ; soit une augmentation de 3%), alors que sa densité en ménage a sensiblement progressé (7,6

en 1984 à 10,8 en 2004 ; soit une augmentation de 42%)

Tableau 28 : densité de la population et des ménages dans la zone d’étude

Ménages Population

1984* 1994* 2004 1984* 1994* 2004

Arrondissement

Sfax El Médina 7,6 8,6 10,8 34,7 32,3 35,8

Arrondissement

Cité El Habib 6 7,9 13,3 19,4 44,5 52,1

Commune de

Thyna 0,8 1,3 2,0 4,0 6,2 8,8

Total Zone

d’étude 3,36 4,2 5,7 13,7 18,4 22,2

96

Total Grand

Sfax 4,0 5,8 7,8 20,0 25,9 31,2

Sources : * Zouari 2005 ; ** INS 2004

IX. 2. 2 – Emplois

En raison de l’absence de données spécifiques sur l’emploi et le chômage dans la zone

d’étude, nous allons donc les déduire à partir des statistiques publiées par l’INS 2004 et

relatives aux délégations de Sfax.

Sachant que la population de l’arrondissement de Sfax El Médina représente 20% de celle de

la délégation de Sfax El Médina, que la population de l’arrondissement El Habib représente

54% de celle de la délégation de Sfax Ouest et que celle de la commune de Thyna représente

58% de la population totale de la délégation de Thyna, nous allons exploité ces proportions

pour déduire quelques caractéristiques de la population active et le taux de chômage dans la

zone d’étude. Il est claire que les valeurs ne sont que approximatives et doivent donc être

prises avec prudence.

Taux d’activité : Il est défini comme étant le rapport entre la population active et la population

âgée de plus de 15 ans. Au niveau de la zone d’étude, le taux d’activité en 2004 est faible

(20,73) comparé à celui du gouvernorat (44,9) et à l’échelle du pays (45,8) (Zouari, 2005). Au

sein de la zone d’étude, les taux sont dans l’ensemble élevés et dépassent même le niveau

régional et national. C’est le cas de l’arrondissement El Médina avec 48,14% et la commune

de Thyna avec 52,47% (tableau 29).

Tableau 29 : Taux d’activité selon le genre (%) de la zone d’étude

Population activeHomme femme

Total

plus de 15 ansHomme femme

Total

Taux d’activité (%)Homme femme Total

ArrondissementEl Médina 5520 2433 7953 8332 8189

16521 66,2 29,7 48,14

ArrondissementEl Habib

14004 5343 19347 23290 21325 44615 60,13 25,05 43,4

Communede Thyna

6463 3538 10001 9238 9137 19060 67 38,72 52,47

Zoned’étude

25987 11314 37301 101899 60005 179904 25,5 18,85 20,73

Source : INS 2004

97

La répartition de la population à travers quelques secteurs d’activités (Tableau 30 ) montre

que ce sont surtout l’industrie de transformation, le bâtiment, le commerce et l’administration

et l’enseignement les plus occupés par la population active de la zone d’étude. Ce sont surtout

les habitants de la cité El Habit qui taille la part du lion dans ces différents activités. A titre

indicatif, sur les emplois offerts par l’industrie de transformation, près de la moitié sont

occupés par les habitants de la cité El Habib. La présence des zones industrielles tout proches

de la cité EL Habib sont pour grand-chose dans cette répartition. Par contre, plus de 50% des

emplois offerts par le secteur agricole et la pêche dans la zone d’étude reviennent à la

population de Thyna.

Seuls, les emplois du bâtiment et des travaux publics recensés dans la zone d’étude sont

presque partagés entre la commune de Thyna et l’arrondissement El Habib.

Par ailleurs, le nombre de chômeurs âgés de 18 à 59 ans déduit à partir de notre hypothèse de

travail serait de l’ordre de 3200 dans la zone d’étude. Plus de la moitié de la population en

chômage se trouve à la cité El Habib. Le reste est presque partagé entre la commune de Thyna

(868 e 2004) et 616 chômeurs à la cité El Habib (Tableau 31).

Tableau 30 : Répartition de la population active par secteur d’activité

Commune de ThynaHomme Femme Total

Arrondissement El HabibHomme Femme Total

Arrondissement El MédinaHomme Femme Total

Totalzone

Pêche et agriculture 760 55 815 459 22 481 117 2 119 1415Ind. transformation 1957 1424 3381 3215 1782 4997 1295 770 2065 10443Mine et énergie 128 4 132 338 37 375 139 14 153 660Batim. + trav. Publi 1236 13 1249 1441 43 1484 17 472 489 3222Commerce 766 128 894 1874 403 2277 893 175 1068 4239Transport 448 24 472 1129 92 1221 421 48 469 2162Adm.Enseig. santé 688 208 896 2305 1432 3737 858 705 1563 6196Autres activités 756 177 933 2014 749 2763 861 380 1241 4937Sect. Non déclarés 75 20 95 152 64 216 95 40 135 446

Population au chômage (18-59 ans)Zone d’étude 573 295 854 1018 687 1813 314 275 691 3358

98

L’analyse par tranche d’âge, montre que le chômage est perceptible pour les moins de 30 ans,

plus précisément entre 20 et 30 ans (tableau tranche d’âge). Dans cette tranche d’âge, le

nombre le plus élevé de chômeurs se trouve à la cité El Habib. Ils représentent 55% de la

population totale des chômeurs dans la zone d’étude et pas moins de la même population dans

la cité El Habib. C’est dans l’arrondissement d’El Médina qu’on enregistre le moins de

chômeurs. Soit 11,5% de toute la population de chômeurs de la zone d’étude.

Tableau 31 : Population au chômage par tranche d’âge dans la zone d’étude

18-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 Total

El Médina 40 144 164 104 70 43 30 15 6 616

El Habib 118 473 515 241 200 92 64 31 25 1759

Thyna 112 303 213 124 76 70 42 31 12 983

Total zoned’étude

270 920 892 469 346 205 136 77 43 3358

Par niveau éducatif, ce sont les exclus du primaire et du secondaire qui sont les plus

demandeurs d’emplois (Tableau 32). Ces deux catégories représentent plus de 70% de

l’ensemble des chômeurs de la zone d’étude. Elles sont très perceptibles à El Habib et à

Thyna.

Les diplômés du supérieur demandeurs d’emplois sont très présents dans la zone d’étude. Ils

représentent environ 24% (soit environ un chômeur sur quatre) de la population des

chômeurs.

Tableau 32 : Population au chômage par niveau éducatif dans la zone d’étude

Néant Primaire Secondaire Supérieur Total

El Médina 26 161 243 411 884

El Habib 73 531 569 324 1700

Thyna 115 464 278 63 983

Total zoned’étude

214 1156 1190 798 3358

99

IX. 2- Activités économiques

IX. 2-1 L’activité de l’extraction de sel

De par son rôle économique (satisfaction des besoins du marché local et d’exportation)

écologique (facteur d’attraction des espèces ornithologiques pour hivernation et

sédentarisation) physico-naturel (source de richesses alimentaires de type macro- benthique) et

social (création d’emplois directs et indirects), l’activité des salines est à conserver voire même

à protéger même si elle crée une coupure dans l’utilisation de la côte et un écran quant à

l’accessibilité de la mer (Photo 4). Cette activité ne pose pas de contrainte sérieuse quant au

développement durable de la zone. Des mesures juridiques de protection sont à envisager afin

d’éviter une délocalisation facile de cette activité dans un autre site du pays.

IX. 2-2 -L’activité industrielle

Actuellement l'industrie sfaxienne compte environ 2300 entreprises, ce qui représente environ

20% du tissu national. En fait la ville de Sfax s'est affirmée ville industrielle depuis les années

60 (Karray et al, 1998).

Les salins de Sfax sont entourés sur plus de ses deux tiers par des agglomérations dont la

majorité sont des zones industrielles (Fig 14):

§ Zone industrielle Madagascar,

§ Zone industrielle Sidi Salem,

§ Zone industrielle de Thyna.

100

Photos 4 : Saline de Sfax

101

Figure 14 : Carte de localisation des sites industriels dans la zone d’étude

102

IX.2.2.1- Zone industrielle Madagascar

La ZIM est située au Nord des salins et à proximité du port de pêche. Dans cette zone les lots,

pouvant être définis comme étant des usines limitrophes, sont au nombre de 90. En se basant

sur la carte de classification des usines établie selon leur domaine d’activité on peut ressortir

diverses informations. Ces dernières peuvent être résumées dans le tableau 33.

Tableau 33 : Répartition des lots et leurs surfaces selon le domaine d’activité

Activité industrielle Nombre de lots Superficie (%)

Conservation de poisson 10 11,34

Industrie mécanique 22 16.6

Menuiserie 7 7,09

Entreposage non frigorifique 3 5.42

Manutention 5 3.49

locaux administratifs 3 2.97

Dépotoirs 4 2,78

Industrie en arrêt 3 2,31

Divers 33 48.13

Il en découle de ces informations que les industries installées dans la ZIM (Fig 15) sont

diversifiées mais les activités sont directement liées au port de pêche. La majorité des industries

sont installées pour répondre aux besoins des pêcheurs. En fait environ 1/3 des lots est occupé

par des industries mécaniques et des minuteries (fabrication et entretien des barques) alors que

10 lots sont réservés à la conservation des produits de mer.

L’élaboration de la carte de classification des usines selon le degré de pollution est basée sur la

nature et la quantité des rejets pour chaque usine (Fig. 16). L’examen de cette carte permet de

ressortir les informations suivantes:

§ Unités non polluantes : 30 lots ;

§ Unités faiblement polluantes : absentes ;

§ Unités moyennement polluantes : 15 lots ;

§ Unités très polluantes : 45 lots.

103

Figure 15 : Carte de répartition actuelle des usines de la zone industrielle Madagascar

Figure 16 : Carte de classification des usines suivant leur degré de pollution

104

On peut alors signaler que les lots dont la classe est très polluante sont les plus fréquents.

En se basant sur les conditions de raccordement au réseau de l'Office National

d’Assainissement (ONAS) obligeant les industries polluantes de disposer de stations de

prétraitement de leurs rejets, on peut ressortir les informations suivantes :

§ Les lots connectés au réseau sont au nombre de 77, ce qui représentent 85% du

nombre total des usines;

§ Les usines qui continuent à évacuer leurs rejets en milieu naturel, (autre que la

mer) sont au nombre de 12 ce qui représente presque 14% du nombre total;

§ Une seule usine continue de rejeter ses eaux usées dans la mer, correspondant

ainsi à 1% du nombre total.

Malgré l'effectif relativement élevé des usines raccordées au réseau de l'ONAS, la présence de

15% d'usines encore non connectées pose des problèmes de pollution non négligeable à

l'environnement. En fait le raccordement au réseau d’assainissement pour cette catégorie

d’industries nécessite un prétraitement des rejets hydriques, étant donné la présence de

polluants pouvant causer des dommages du réseau lui même ou bien pour la fonctionnement de

la station d’épuration.

IX.2.2.2- Zone industrielle Sidi Salem

Elle longe la côte des salins de Sfax au niveau des tables salantes et occupe environ 149

hectares (Fig. 17). La superficie de la zone est occupée majoritairement par des usines. Sur un

total de 270 lots seul 67.7 % sont des lots industriels. Pour le reste des lots 20.3 % sont des

terrains nus, 6.66% sont des habitats et 5.2% sont occupés par l’abattoir et le cimetière

(Tableau 34).

105

Figure 17 : Carte d’occupation du sol de la zone industrielle Sidi salem

Tableau 34 : Répartition de l’occupation du sol de la ZISS

Nature de lot Nombre de lot Superficie (ha) Superficie (%)

Abattoir 1 0.9 0.6

Cimetière 3 5.5 3.7

Dépotoir 10 2.1 1.4

Habitation 13 7.7 5.2

Industrie 183 111 74

Sol nu 55 22 15

106

Sur les 183 lots occupés par des industries, qui représentent 74,2% de la superficie totale, les

domaines d’activités présents sont diversifiés, caractéristiques de toute l’industrie sfaxienne

(Fig. 18). 14 principaux secteurs sont présents dans la ZISS (Tableau 35). Le secteur le plus

important est l’industrie mécanique (34 industries mécaniques et 15 lots destinés à l’entretien).

Tableau 35 : Répartition de la superficie suivant le secteur industriel.

Nature de l’industrie Nombre de lots Superficie (ha) Superficie (%)

Agro-alimentaire 4 4.90 4.38

Bois 10 5.45 4.87

Cuir et chaussure 4 1.26 1.12

Entreposage non frigorifique 10 9.46 8.45

Filature, tissage et textile 5 4.34 3.87

Huiles et corps gras 6 5.67 5.06

Imprimerie 1 3.66 3.27

Ind. chimique 14 3.81 3.40

Ind. mécanique 34 17.26 15.42

Marché (commerce) 16 13.40 11.97

Parc et garage d'entretien 15 10.00 8.93

Plastique 11 5.67 5.06

Produit de carrière 3 1.27 1.13

Verreries 9 1.76 1.57

Autres 41 24.00 21.44

107

Figure 18 : Carte de répartition des unités industrielles de la zone industrielle

de Sidi Salem suivant le secteur d’activité

108

IX.2.2.3- Zone industrielle Port de pêche

La gestion de la zone industrielle du port de pêche relève de l’APIP. Sa superficie est de l’ordre

de 29.5 ha. La figure 19 illustre l’occupation du sol des différentes activités de cette zone

industrielle. A l’instar de la région de Sfax, la production halieutique relative à ce port de pêche

connaît une chute progressive liée principalement à l’exploitation anarchique par l’application

de mauvaise pratique de la pêche. Cette production halieutique pour le port de pêche représente

72 % de la production régionale de Sfax pour l’année 2005. Le tableau 36 présente l’évolution

dans le temps de la production du port de pêche.

Tableau 36 : Production de pêche de Sfax

Année 2002 2003 2004 2005

Production du port de pêche de Sfax

Tonnes/an 17 127 15 651 17 082 16 011

Source : APIP, 2006

IX.2.2.4- Zone industrielle Thyna

Cette zone d’une superficie de 42 ha a été aménagée par l’AFI. 139 lots dont 22 % sont

consacrés aux activités artisanales et petits métiers sont destinés à la vente. Ces lots occupent

une superficie de 35ha. Les espaces verts aménagés dans cette zone occupent 2ha. La figure 20

présente les aménagements réalisés dans la zone industrielle de Thyna.

109

Fig 20 : Zone industrielle de Thyna

110

IX. 3 - Activité de la pêche dans la ville de Sfax

Seul l’espace côtier de Gargour est support de l’activité de la pêche avec l’existence d’une petite

crique abritant une pêche côtière et une culture de palourdes qui s’étale aux zones environnantes

propices. S’il est anti-économique d’envisager l’aménagement d’un port de pêche avec toutes ses

infrastructures d’accompagnement du fait de la proximité immédiate des ports de Sfax et

Maharès, il est néanmoins indispensable d’éviter le vivotement de l’activité de la pêche dans la

zone littorale Sud. De ce fait, il est indispensable de doter Gargour de moyens infrastructurels et

techniques permettant de soutenir les activités existantes voire les développer dans un cadre

organisé et ce par la consolidation de la crique actuelle et l’édification d’une jetée de protection.

Quant à la culture de palourde, elle nécessiterait un soutien financier et institutionnel afin de

mieux garantir l’écoulement de la production.

Le Golfe de Gabès est caractérisé par un plateau continental très étendu est doté d’une richesse

biologique importante.

Cette zone est considérée comme la région la plus importante pour la pêche maritime

tunisienne. Cependant, en plus de la pollution anthropique fréquente dans la région, elle soufre

d’une exploitation anarchique par l’application de mauvaise pratique de la pêche. Ces pratiques

ont entraîné la surexploitation du stock benthique et la diminution de certaines espèces

particulièrement présentant une forte valeur marchande.

A Sfax premier port de pêche en Tunisie, la production nationale a atteint en 1990, 26800

tonnes présentant ainsi un taux de 30% de la production nationale (88613t/an). La pêche côtière

prédomine dans le golfe de Gabès, elle présente 53% de la production (Bradaï, 1992).

Les données statistiques relatives à la flottille active au niveau du port de pêche à Sfax (données

port de pêche de Sfax), montre une stabilité au cours de cette dernière décennie (Tableau 37).

Tableau 37 : Flottille de pêche du port de Sfax

Année 1980 1990 1995 2000 2005

Chalutier 125 249 260 266 262

Thonier 1 12 32 25 37

Barque à moteur 125 216 248 - 213

Barque à voile et rampe 76 82 73 - 82

111

A partir de 1974 et suite aux encouragement de l’état du secteur de la pêche, le nombre de

chalutier a atteint 109 en 1976. Depuis les années 90 le nombre de ces derniers s’est stabilisé à

des valeurs voisines de 260. La production halieutique du gouvernorat de Sfax a atteint des

valeurs maximales à la fin des années 80, elle est de l’ordre de 27000 tonnes en 1990. Le

tableau 38 présente la production halieutique lié au port de pêche de Sfax.

Tableau 38 : Production de pêche du gouvernorat de Sfax

Année 1980 1990 1995 2000 2005

Production Tonnes/an 19 000 26 847 21 200 24 760 22 240

Source : APIP, 2006

A partir de la mise en vigueur de la nouvelle réglementation en 1994 relative à la taille des

poissons pêchés, la production de la région de Sfax fluctue entre 22000 et 24000 t/an.

les principales espèces débarquées par chalutage benthique, on distingue la crevette royale

Penaeus kerathus, la sèche commune Sepia officianalis, le rouget blanc Mullus barbatus, le

rouget rouge Mullus surmeletus et le pageau commun Pagellus erythrinus.

En 1981, le rouget rouge et le rouget blanc étaient les espèces les plus pêchées. Ils représentent

23.5% de la production totale, suivie par le pageau (15%), la crevette royale (12%) et la seiche

(9.5%). La pêche de cette dernière a progressé à 19.5% en 1988, (Bradai 1991).

Cette progression est expliquée en partie par la pratique d’une pêche dirigée vers les espèces

exportables (crustacés et céphalopodes) donc fort rémunératrices et à écoulement sur.

Cette exploitation dirigée sur certaines espèces destinées à l’exploitation est réalisée au

détriment des poissons et espèces de faible valeur marchande.

Ces poissons ou ces espèces de valeur commerciale importante, présentaient au début des

années 80 une production de l’ordre de 10% par rapport à la production totale. Actuellement et

suite à cette pêche ciblée la part de ces espèces ne dépasse pas ces dernières années un taux de

4%.

112

IX. 4 - Activité portuaire

Le port de commerce de Sfax, avec son infrastructure spécialisée a assuré, en 2000, 25% des

échanges nationaux en tonnage et 20% en 2004 (Tableau 39). Il témoigne de l’importance de

l’ouverture de Sfax sur la sphère internationale.

Tableau 39 : Trafic global de marchandises en t/an (conteneurs inclus)

2001 2002 2003 2004 2005

Import 2.258.000 2.530.000 2.216.000 2.056.000 2.287 238

Export 2.515.000 2.365.000 2.268.000 2.186.000 2.241 182

TOTAL 4.773.000 4.895.000 4.484.000 4.242.000 4.528 420

Les phosphates correspondent à 72% du tonnage exporté en 2004 alors que les céréales et le

soufre représente 60% du tonnage importé. En 2005, les phosphates représentent pratiquement

le même taux du tonnage exporté alors que la part du céréale et du soufre atteint 73% du

tonnage importé (Tableau 40).

Tableau 40 : Principaux produits enregistrés au niveau du port de Sfax (T/an)

2001 2002 2003 2004 2005IMPORTCéréales 720 321 967 108 661 300 528 833 707 499Soufre 616 343 698 846 784 353 687 171 678 088Bois 141 405 143 144 135 746 162 695 161 457Divers 342 729 309 004 293 867 281 665 331 999

EXPORTPhosphate &dérivés

Taux /National

1.872 353

74 %

1.958 214

82 %

1.707 211

75 %

1.577 437

72 %

1.630 485

73,5 %Sel 425 802 267 190 376 575 248 145 364 787Huile d’olive 74 497 15 826 33 125 166 510 83 363Divers 87 956 92 849 151 632 194 454 138 576

113

La composante phosphate et dérivés renferme :

§ le phosphate nature du CPG (Compagnie phosphate de Gafsa),

§ le Triple Super Phosphate (TSP) du Groupe Chimique Tunisien (GCT),

§ le phosphate granulé de la société GRANUPHOS avec production moyenne de

35 000 t/an.

Avec la bonne récolte oléicole, les expéditions d’huile d’olive ont connu au cours de l’année

2004 un essor remarquable de 458% atteignant 194 000 tonnes contre 35 000 en 2003. Ce

produit chargé en quasi-totalité à partir du port de Sfax est destiné à concurrence de 75% pour

l’Italie (OMMP, 2004).

La présentation de certains indicateurs est révélatrice du poids de cette infrastructure portuaire

(El Hbaieb, 2003) :

§ Le port accueille près du 1/5 des navires accostant en Tunisie. Leur répartition

par type montre qu’il s’agit à 42,2% de navires spéciaux, à 28,2% de navires

vraquiers et 26,3% de navires conventionnels, mais seulement à 2,4% de porte

conteneurs (Tableaux 41 et 42).

§ Il assure ¼ des échanges extérieurs nationaux (pour la période 1998-2002) se

positionnant, par là, au second rang des ports tunisiens après Tunis la Goulette -

Rades.

§ Les produits tunisiens exportés embarquent à hauteur de 37% de Sfax.

Tableau 41 : Trafic conteneurs du port de Sfax (T/an)

2001 2002 2003 2004 2005

Import 37 836 51 564 59 779 81 216 91 429

Export 1 420 12 017 45 762 54 863 68 912

TOTAL 39 256 63 581 105 541 136 079 160 341

Tableau 42 : Trafic conteneurs du port de Sfax (EVP)

2001 2002 2003 2004 2005

Import 2 636 4 607 5 887 7 263 8 343

Export 2 443 3 467 5 512 6 870 7 385

TOTAL 5 079 8 074 11 399 14 133 15 728

114

EVP : Equivalent vingt pieds (6m)

IX. 5 - Les activités récréatives

Le littoral Sud offre à la population sfaxienne la possibilité de s’adonner à des activités

balnéaires (la plage de Chaffar). Par ailleurs, cette zone offre d’autres potentialités récréatives

de premier ordre dont notamment, au niveau de Thyna, le parc urbain, la zone humide avec sa

riche réserve ornithologique, et le site archéologique de l’antique Thaïna témoin du passé

civilisationnel romain et byzantin (130 ha riches en monuments et vestiges prestigieux).

Malgré leur dimension supra - locale, ces potentialités ne sont pas encore suffisamment

connues par la population de la zone, car non suffisamment mises en valeur.

IX. 5. 1 - Tourisme culturel

La ville de Sfax, riche en histoire, possède des sites permettant une lecture civilisationnelle

riche d’enseignements et notamment le site archéologique de Thyna. Celui - ci, noyau primitif

de la ville sur son littoral sud, facilement repérable par le phare de Thyna, permet une étude

des civilisations ayant défilé à travers les âges. Ce site peut être valorisé pour le touriste par

d’autres potentialités historiques telle celles offertes par la Médina. Celle - ci, riche en fresque

du IXe siècle avec ses remparts, entièrement conservés, sa grande mosquée, ses souks

spécialisés, son cachet arabo-musulman typique et ses ateliers d’artisanat utilitaire ancestral

garde jusqu’à nos jours ses spécificités fonctionnelles et urbanistiques attractives. La période

coloniale a en outre donné à la ville un cachet particulier toujours vivace notamment dans les

quartiers de Bab El Bhar et du vieux port de pêche (Chott El Krekna) ayant dernièrement fait

l’objet d’une opération de restauration.

IX. 5. 2 - Tourisme écologique

La zone d’étude disposant à Thyna d’une zone humide, aire de nichage et de sédentarisation

de diverses espèces ornithologiques dont certaines sont rares (aigrettes, garzettes phase

foncée) ou menacées (grandes aigrettes, spatules blanches, glaréoles à colliers, sternes hansel,

grands cormorans, courlis à bec grêles) alors que d’autres sont réputées pour leur beauté

(flamants roses, avocettes, goélands). La zone humide est renforcée de façon adjacente par le

parc Urbain de Thyna et qui dans sa forme définitive (57 ha) pourra jouer le rôle d’un ballon

d’oxygène utile et nécessaire pour la ville et une aire d’attraction pour la population locale et

115

extra - locale. En vue de leur promotion touristique, ces deux entités gagneraient à être dotées

d’équipements de base et d’installations minimales permettant l’accueil, l’information et la

formation de visiteurs concernés ou à intéresser par les particularités de la faune et de la flore

existantes (observatoire scientifique, miradors, éco-musées, circuits de visites...).

L’existence de deux autres entités limitrophes, à caractère écologique distinctif, peut

consolider encore plus cette vocation touristique à développer. En effet, la zone humide de

Thyna regarde de près deux autres sites naturels particuliers, celui de Gremdi à Kerkennah et

l’île de Kneïs au large du golfe de Gabès qui peuvent consolider fort avantageusement l’idée

d’un développement touristique écologique.

116