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Prospection pour l'avenir de la sécurité alimentaire au Burkina Le 26 décembre 2010, Le Pays (Burkina) Il s'est tenu les 20 et 21 décembre 2010 à Bobo-Dioulasso, la bourse nationale aux céréales. Organisée par l'organisme oeuvrant à la sécurité alimentaire APROSSA/Afrique verte en partenariat avec la Confédération paysanne du Faso (CPF), la bourse céréalière de cette édition s'est placée sous le thème : "Rôle et place des organisations professionnelles agricoles dans le dispositif de souveraineté et la sécurité alimentaire". Durant les deux jours, les participants venus de plusieurs pays ont adopté des mesures permettant de garantir la sécurité alimentaire. --- « L'organisation de la bourse céréalière est une initiative à encourager, en ce sens qu'elle est l'œuvre des acteurs eux-mêmes, et qu'elle constitue un début de solution à certaines de nos préoccupations, parmi lesquelles, l'importante question de la mise en marché des productions agricoles et du problème des transferts céréaliers des zones de forte production vers les zones déficitaires ou de grande consommation », a constaté Joachin Somda, secrétaire général du gouvernorat de la région des Hauts-Bassins, dans son mot d'ouverture. La question de la sécurité alimentaire est un sujet préoccupant au Burkina Faso. Face à la crise économique généralisée, plusieurs réflexions sont en débat pour trouver une mesure palliative à la situation. Parmi ces réflexions, la maîtrise de la sécurité alimentaire est plus que vitale pour un Etat qui aspire au développement. Si tout développement passe par l'auto-prise en charge sur le plan alimentaire, la bourse céréalière nationale tenue les 20 et 21 décembre 2010 en est une des solutions pour résoudre les nombreux problèmes suscités en 2008 lors de la flambée des prix des denrées. Deux jours durant, les participants venus du Burkina, du Togo, du Ghana, de l'Afrique de l'Ouest, etc. ont mené les réflexions sur l'évolution des prix au cours du dernier trimestre. Des négociations entre vendeurs et acheteurs, présentation des achats locaux auprès des producteurs, présentation des prix pour le progrès ont été les points focaux sur lesquels ont débattu les participants. Véritable cadre d'échanges et de relations d'affaires entre les différents opérateurs des filières agricoles, la bourse céréalière a été un espace et un temps offerts aux acteurs qui se sont retrouvés pour négocier et envisager des opérations commerciales, toute chose qui concourt au bien-être des populations. Pour Saïdou Sanou, représentant le président de la CPF, l'agriculture est un métier en ce qu'elle occupe 80% des emplois ruraux. Et il faut l'encourager. La CPF qui met la question de la sécurité alimentaire au centre de ses préoccupations, ne peut que se réjouir de la belle initiative. Le secrétaire général de l'APROSSA/ Afrique Verte, Cyrille Sawadogo, a affirmé que la bourse céréalière nationale depuis sa création en 1990, a toujours été un cadre de réflexions pour renforcer les capacités des acteurs et rendre plus compétitifs les produits céréaliers. A l'issue de la rencontre, les transformatrices ont fait des expositions sur le lieu, ce qui confirme une fois de plus le savoir-faire des Burkinabè. Les participants ont constaté effectivement les innovations en matière de souveraineté et de sécurité alimentaire.

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Prospection pour l'avenir de la sécurité alimentaire au Burkina Le 26 décembre 2010, Le Pays (Burkina) Il s'est tenu les 20 et 21 décembre 2010 à Bobo-Dioulasso, la bourse nationale aux céréales. Organisée par l'organisme oeuvrant à la sécurité alimentaire APROSSA/Afrique verte en partenariat avec la Confédération paysanne du Faso (CPF), la bourse céréalière de cette édition s'est placée sous le thème : "Rôle et place des organisations professionnelles agricoles dans le dispositif de souveraineté et la sécurité alimentaire". Durant les deux jours, les participants venus de plusieurs pays ont adopté des mesures permettant de garantir la sécurité alimentaire. ---

« L'organisation de la bourse céréalière est une initiative à encourager, en ce sens qu'elle est l'œuvre des acteurs eux-mêmes, et qu'elle constitue un début de solution à certaines de nos préoccupations, parmi lesquelles, l'importante question de la mise en marché des productions agricoles et du problème des transferts céréaliers des zones de forte production vers les zones déficitaires ou de grande consommation », a constaté Joachin Somda, secrétaire général du gouvernorat de la région des Hauts-Bassins, dans son mot d'ouverture. La question de la sécurité alimentaire est un sujet préoccupant au Burkina Faso. Face à la crise économique généralisée, plusieurs réflexions sont en débat pour trouver une mesure palliative à la situation. Parmi ces réflexions, la maîtrise de la sécurité alimentaire est plus que vitale pour un Etat qui aspire au développement. Si tout développement passe par l'auto-prise en charge sur le plan alimentaire, la bourse céréalière nationale tenue les 20 et 21 décembre 2010 en est une des solutions pour résoudre les nombreux problèmes suscités en 2008 lors de la flambée des prix des denrées.

Deux jours durant, les participants venus du Burkina, du Togo, du Ghana, de l'Afrique de l'Ouest, etc. ont mené les réflexions sur l'évolution des prix au cours du dernier trimestre. Des négociations entre vendeurs et acheteurs, présentation des achats locaux auprès des producteurs, présentation des prix pour le progrès ont été les points focaux sur lesquels ont débattu les participants. Véritable cadre d'échanges et de relations d'affaires entre les différents opérateurs des filières agricoles, la bourse céréalière a été un espace et un temps offerts aux acteurs qui se sont retrouvés pour négocier et envisager des opérations commerciales, toute chose qui concourt au bien-être des populations. Pour Saïdou Sanou, représentant le président de la CPF, l'agriculture est un métier en ce qu'elle occupe 80% des emplois ruraux. Et il faut l'encourager. La CPF qui met la question de la sécurité alimentaire au centre de ses préoccupations, ne peut que se réjouir de la belle initiative.

Le secrétaire général de l'APROSSA/ Afrique Verte, Cyrille Sawadogo, a affirmé que la bourse céréalière nationale depuis sa création en 1990, a toujours été un cadre de réflexions pour renforcer les capacités des acteurs et rendre plus compétitifs les produits céréaliers. A l'issue de la rencontre, les transformatrices ont fait des expositions sur le lieu, ce qui confirme une fois de plus le savoir-faire des Burkinabè. Les participants ont constaté effectivement les innovations en matière de souveraineté et de sécurité alimentaire.

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Semaine scientifique de Johannesburg : Un jeune burkinabè finaliste Le 24 novembre 2010, Sidwaya (Burkina) La ville de Johannesburg en Afrique du Sud abrite, du 22 au 26 novembre, la semaine scientifique agricole. Organisée par le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA), en collaboration avec le NEPAD, cette rencontre va contribuer à l’amélioration des systèmes d’information et de soutien des connaissances en matière de gestion de l’eau agricole pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans les communautés rurales des diverses zones des pays ACP. ---

Plus de 250 experts et acteurs du monde agricole venus d’Afrique et des Caraïbes prennent part à la semaine scientifique organisée chaque année par le CTA. On note une forte participation du Burkina avec une dizaine de participants dont le président de l’Université de Bobo-Dioulasso, M Boly, des experts du CILSS ainsi que des journalistes et communicateurs. Mais celui qui ne peut passer inaperçu est bien Inoussa Traoré, ce jeune burkinabè, étudiant en DEA en macroéconomie à l’Université de Ouagadougou( NPTCI) qui fait partie des 12 finalistes du concours de rédaction sur les jeunes, le développement rural et les TIC (projet ARDYIS) .

« Quelles solutions aux défis de l’agriculture et du développement rural à l’ère des TIC ? Parole aux jeunes » ! Telle était la problématique centrale du concours de rédaction du projet ARDYIS (Agriculture rural development and youth in the information society) mis en œuvre par le CTA, en collaboration avec divers partenaires (FARA, Yam-Pukri, ANAFE, CAFAN, AYF, PAFPN et SPC). Sur les 180 jeunes (35% de femmes) venant de 33 pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) qui ont soumis leurs analyses et propositions, Inoussa Traoré a été retenu au compte de l’Afrique de l’Ouest avec un Nigérian pour prendre part à la finale. Chaque finaliste devra passer devant un jury présidé par la directrice de recherche du Centre d’études d’Afrique noire au CRNS en France, Cheneau Loquay Annie pour expliquer son essai .

Le candidat du Burkina, après avoir énuméré les possibilités offertes aujourd’hui par les TIC pour améliorer l’accès aux marchés des produits agricoles à savoir, entre autres, l’achat-vente par le bien d’internet ou le E-commerce, l’utilisation du système Global positioning system (GPS) pour résoudre le problème de traçabilité des produits, la création d’espaces publicitaires sur la toile, a proposé des solutions pour rationaliser l’utilisation de cet outil et permettre une gestion efficace.

Avec la multitude d’informations, beaucoup de bases de données de diverses sources (FAO, SONAGESS, MAHRH, le CILSS, Afrique Verte, etc.), on peut faire des merveilles avec une meilleure organisation. C’est ainsi qu’il a recommandé la mise en place d’un observatoire des marchés et de produits agricoles (centraliser toutes les informations dans une seule base avec une mise à jour permanente des données). Ensuite, il s’agira de faire en sorte que cette base de données soit accessible partout sur portable pour permettre aux utilisateurs de l’information agricole, notamment les producteurs, de gagner en temps et de prendre rapidement les décisions. Le dénouement du concours est prévu pour le mercredi 23 novembre 2010 dans la soirée.

Fatouma Sophie OUATTARA

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La coopération entre la Région de Mopti au Mali et la Région Centre Novembre 2010, bulletin Centraider (page 8) Le Conseil régional du Centre et l’Assemblée régionale de Mopti (ARM) ont signé en 2005 une convention de coopérationdécentralisée. Dans ce cadre, l’accent a été mis sur la thématique de la sécurisation alimentaire, jugée prioritaire dans le contexte international actuel. ---

Présentation du programme mené par Afrique Verte en association avec Misola

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Novembre 2010, bulletin Centraider (page 9) Amélioration de la sécurité alimentaire dans la Région de Mopti : Promotion des produits alimentaires à base de céréales locales et des farines infantiles de Misola, dans les cercles de Djenné, Bandiagara et Mopti. --- La région de Mopti est confrontée à une mauvaise organisation des filières de production, qui génère des difficultés alimentaires, notamment un taux de malnutrition infantile de 47 % (Programme alimentaire mondial, 2006). Dans le cadre de la Stratégie nationale de sécurité alimentaire (SNSA) du Gouvernement malien, Afrique Verte a mis en place un programme de renforcement des capacités des acteurs et de promotion de la bonne gouvernance de la sécurité alimentaire. L’objectif global du projet est de contribuer à l’amélioration de la situation alimentaire et nutritionnelle dans la région de Mopti. Les objectifs spécifiques s’articulent autour de 3 axes principaux : Structuration et professionnalisation La structuration et la professionnalisation des groupements de transformatrices de céréales visent à améliorer leur production d’aliments transformés pour les consommateurs urbains tout en augmentant leurs propres revenus. La formation et l’appui conseil En plus des 6 sessions de formations dispensées à 42 représentantes des 14 unités de transformation (UT) bénéficiaires, les animatrices d’Afrique Verte effectuent des missions de suivi sur des thématiques connexes comme l’approvisionnement en matières premières de qualité, la conservation des produits transformés, la qualité des emballages et l’étiquetage, mais aussi la tenue de documents comptables et le respect des règles associatives. En outre, les bénéficiaires ont réalisé un voyage d’échange au Sénégal afin d’acquérir ou d’améliorer leur connaissance en matière de technologies de transformation et de stratégies de commercialisation. Acheter du brut, vendre du prêt à l’emploi Dans le domaine de l’approvisionnement et de la promotion des produits transformés, Afrique Verte a invité les représentantes des 14 UT à la bourse aux céréales de Sévaré (décembre 2009). En relation avec les autres acteurs céréaliers (organisations paysannes, commerçants, transporteurs…) les UT ont pu acquérir des stocks de matières premières (mil, fonio, maïs, sorgho, arachide, échalotes…). La production a été ensuite écoulée en partie lors de foires nationales (Kidal, Bandiagara…) ou internationales (JAAL de Ouagadougou, FIARA de Dakar, SIAGRI de Bamako). Les animatrices apportent aussi un soutien pour la promotion et la commercialisation des produits dans la zone de Mopti. Afin de garantir la sécurité des consommateurs, 10 échantillons de produits transformés prélevés dans les UT ont été analysés par le Laboratoire national de la santé. Informer les consommateurs Pour regagner des parts de marché, un effort d’information a été réalisé à travers la distribution mensuelle de bulletins d’information d’Afrique Verte et via les radios locales (émissions de sensibilisation sur le thème « consommons local ») et la diffusion d’un spot de promotion sur la chaîne télévisée nationale en juin 2010. Production et distribution Les femmes des Unités de production artisanale (UPA), de Misola, assurent la production et la distribution de farines enrichies qui contribuent à la réduction de la malnutrition infantile. Des formations professionnalisantes Les responsables d’UPA ont été formées sur : - Les procédures sanitaires (analyse des dangers et points critiques) par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), - la bonne utilisation des outils de gestion, - les techniques de vente et de marketing. Après ces formations, des analyses de laboratoires ont confirmé la bonne qualité des farines Misola commercialisées. Promouvoir la farine Misola

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Afin de sensibiliser les femmes sur les bonnes pratiques nutritionnelles, les animatrices, les relais villageois et les UPA ont organisé 130 séances de démonstration culinaire ou causeries débats dans 11 communes de la région de Mopti. Ces différentes séances ont regroupé plus de 10 000 participants (enfants, femmes enceintes ou allaitantes et personnes âgées). En complément, des sketchs télévisés, des spots radio, des affiches de promotion et d’information sur la farine Misola ont été diffusés. Implication des élus Afin d’obtenir leur soutien au projet, 23 conseillers communaux de la région de Mopti, le vice-président et le président de l’ARM ont participé à une formation sur le thème « élus et sécurité alimentaire ». Partenaires techniques : Assemblée régionale de Mopti (ARM), Cellule d’appui au développement à la base (CADB), direction régionale de l’Agriculture de Mopti, ministère de la Promotion de la Femme, de la famille et de l’Enfant, commissariat à la Sécurité alimentaire (CSA), direction régionale de la Santé de Mopti, centres de référence (CR) et centre de santé communautaire (CSCOM).

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SIAO 2010 : Afrique verte renforce les capacités des transformatrices de produits céréaliers

Le 5 novembre 2010, lefaso.net (Burkina) En marge du 12e SIAO, « Afrique Verte », en collaboration avec la coopération française, organise un atelier de formation des femmes actrices du développement. Cet atelier vise le renforcement des capacités économiques et techniques des femmes. ---

Couscous de maïs précuit, couscous d’igname, fonio précuit, atiéké, haricot, riz, couscous de forima, couscous de riz aux fines herbes, sésame salé ; bref les merveilles des femmes transformatrices des produits céréaliers ne sont pas passés inaperçues à ce 12e SIAO. Et ce n’est pas tout. D’autres produits originaux de belle facture tels que le spaghetti de maïs ou encore les vermicelles d’igname, des brochettes de soja ; les visiteurs ont été épatés.

Diverses associations intervenant dans la transformation des céréales doivent leur participation à « Afrique Verte ». Cet appui a pour objectif de favoriser l’autonomisation économique de ces femmes. Leur souhait : que 50% des Burkinabè consomment des produits locaux. Elles ont libéré leur génie créateur pour offrir ce qu’il y a de mieux.

De Banfora à Dori en passant par Ouagadougou, quasiment toutes les transformatrices de produits locaux du Burkina sont représentés à cette fête de l’artisanat. Cela à l’honneur de Afrique Verte qui a pris un stand au pavillon marron pour ces femmes. Des associations de la sous région, notamment le Mali, le Niger, le Bénin, le Sénégal, le Togo, sans oublier des ONG françaises travaillent en collaboration avec Afrique Verte. Au-delà de ce stand pour ces actrices du développement, Afrique Verte en collaboration avec ses partenaires a organisé un atelier de formation à leur intention.

« Renforcer les compétences professionnelles des transformatrices de céréales en veillant à leur développement personnel ; développer les réseaux nationaux de transformatrices de céréales s’impliquant dans les rencontres sur les politiques agricoles ». C’est l’objectif de cet atelier de réflexion et de concertation organisé les 04 et 05 novembre à l’occasion du 12e SIAO.

Pendant ces deux jours, les actrices du développement vont s’informer sur le commerce agroalimentaire sous régional, échanger leurs expériences et se former sur l’utilisation des outils d’animation genre.

Moussa Diallo

Le coordonnateur d’Afrique Verte, Philippe Ki, et les transformatrices

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SIAO 2010 : « Toute une diversité attrayante » et « Tracer des voies de commercialisation stables pour les femmes » Le 5 novembre 2010, Siwaya (Burkina) En marge des activités de la 12ème édition du SIAO, une cinquantaine de femmes issues d’ONG d’Afrique et d’Europe sont en concertation les 4 et 5 novembre 2010 sur la problématique de l’économie et du genre ---

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Madame Traoré Lingani Asséto, la « déesse » de la gastronomie burkinabè Le 3 septembre 2010, Sidwaya (Burkina) Brochette de soja, vermicelle de riz, spaghettis de maïs, « gonré surprise », etc. Ce sont les fruits de recherche de Asséto Traoré, une créatrice hors pair. Dans le domaine de la transformation des produits agricoles notamment les céréales, elle s’est hissée au plus haut sommet, grâce à son ingéniosité et à son talent culinaire. Madame Traoré est membre du RTCF soutenu par Afrique Verte au Burkina. --- Dans les rayons des supermarchés, il n’est pas rare de voir ses produits « tout super » ou « Faso Balo » fièrement exposés. Difficile de résister à ces délices qui rompent avec la monotonie à laquelle nous ont habitués certains restaurants de la place. Telle une Chimiste dans son laboratoire, madame Traoré ne cesse de faire des expérimentations. Toute chose qu’elle a commencée depuis sa tendre enfance. Aussi, lorsqu’elle est allée à l’école, la petite Asséto n’a pas trouvé son compte. Après le Certificat d’études primaires (CEPE) et une formation de dactylographe, elle a abandonné les bancs pour se consacrer à sa véritable passion : la restauration. D’abord vendeuse de bouillie et de galettes devant sa cour, sa boulimie de la recherche et de l’innovation l’a conduite à expérimenter les grumeaux petits mils séchés pour la bouillie et le dèguè. C’était le début d’une carrière de transformatrice de céréales locales et de produits forestiers non ligneux. En 2005 elle fait sa première apparition dans les médias grâce à l’émission « Bien Manger mieux Vivre ». Mais c’est la première édition des journées agroalimentaire (JAAL) qui la révélera au public ou elle remporte le premier prix du ministère des Ressources animales. Depuis lors, elle multiplie les prix et reconnaissance aussi bien sur le plan national qu’international, avec ses innovations dont la dernière en date est la brochette de soja. Pour la prochaine édition du FRSIT qui se tiendra cette année en décembre à Bobo-Dioulasso, elle promet deux nouvelles recettes. Malgré le succès qu’elle connaît, madame Traoré ne cache pas sa déception. Elle trouve que les autorités ne s’intéressent pas beaucoup à son activité. Pendant les expositions, ce qui les intéresse, dit-elle, ce sont les œuvres d’art, tandis que les braves transformatrices qui contribuent à la sécurité alimentaire du pays sont royalement ignorées. « Je ne suis même pas sûre que le ministre en charge de l’Agriculture connaît mon existence », confie-t-elle, avec regret. Son souhait est de pouvoir rencontrer le Président du Faso ainsi que bien d’autres autorités, afin de faire un plaidoyer pour la transformation et la valorisation des produits locaux.

Son plus beau souvenir, elle le doit au Président du Mali ,Amadou Toumani Touré dit ATT, lors de la

Foire de Bamako, où elle a eu l’occasion de serrer non seulement sa main, mais aussi d’échanger

avec lui. « Il a dit que je faisais honneur au Burkina. Cette nuit-là, je n’ai pas pu dormir. J’étais si fière

et heureuse », note la brave dame.

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Les prix des produits agricoles à la portée de tous 24h / 24 grâce aux TIC Le 2 septembre 2010, Blog Burkina NTIC Après la formation sur « comment collecter et diffuser l’information sur les prix de la filière bétail-viande ? », les projets Agribusiness and Trade Promotion (ATP) et Expanded Agribusiness and Trade Promotion (E-ATP) poursuivent leurs activités de soutien aux populations rurales à travers l’utilisation des SMS et internet pour le développement agricole. ---

Les projets Agribusiness and Trade Promotion (ATP) et Expanded Agribusiness and Trade Promotion (E-ATP) sont financés par l’Agence des Etats Unis pour le développement international (USAID) avec l’implantation du siège au Ghana. Les deux projets sont des initiatives régionales visant à accroître le volume et la valeur des échanges intra-régionaux de produits agro-alimentaires, notamment ceux des filières bétail/viande, volaille, maïs, riz, mil/sorgho et oignon/échalote. Les projets couvrent huit pays ouest africains, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Nigeria, le Sénégal et le Togo.

Des représentants de différentes associations professionnelles agricoles, dont le Comité Interprofessionnel de la Filière Céréales du Burkina Faso (CICB), la représentation nationale au Burkina Faso de l’Observatoire Régional de la Filière Oignon en Afrique de l’Ouest et du Centre, et le Comité Interprofessionnel de Riz du Burkina Faso (CIRB), ont eu l’occasion de bénéficier d’un atelier de formation organisé par les projets ATP et E-ATP les 5 & 6 août 2010 à l’hôtel Excellence de Ouagadougou au Burkina Faso.

Cet atelier de formation a porté sur le système d’information à travers l’utilisation des SMS et Internet dans le milieu agricole et a été assuré par l’Association pour la Promotion de la Sécurité et de la Souveraineté Alimentaire (APROSSA / Afrique Verte), principal partenaire SIM des projets ATP et E-ATP.

« Pendant ces deux jours, les participants ont appris : Comment un producteur peut envoyer une offre de vente ou d’achat sur la plateforme à partir de son téléphone portable ; comment recevoir et interpréter des informations telles que le prix et les offres des ventes ou d’achats des produits agricoles envoyé par SMS sur les téléphones mobiles », nous a confié M. Hebie Issiaka, responsable du programme, chargé de formation à APROSSA / Afrique Verte.

Les enjeux de cet atelier de formation sont divers et d’ordre socio-économique.

L’avènement du téléphone mobile et de l’Internet ont contribué à réduire les distances ainsi qu’à rendre plus commode les échanges et la propagation de l’information. Par ailleurs, plus qu’une nécessité, c’est devenu une exigence d’utiliser les Nouvelles Technologies d’Information et de Communication (NTIC) si l’on veut suivre le rythme de développement de nos pays. Aussi, même si l’Internet reste toujours inaccessible à un bon nombre de personnes, ce n’est pas le cas du téléphone portable vu son expansion jusque dans les zones les plus reculées de nos pays.

C’est dans cette optique que cet atelier de formation a eu pour but principal de montrer aux participants comment mieux se servir de leurs portables et d’Internet afin de s’épanouir dans l’exercice de leurs activités, afin de faciliter les échanges commerciaux des acteurs des filières agricoles en Afrique de l’Ouest.

Il faut également noter que cette formation a été possible grâce à la plateforme Esoko (www.esoko.com). La plateforme Esoko permet de recenser les contacts, les offres d’achat et offres de vente des opérateurs agricoles en vue de constituer des réseaux de mise en relation commerciale à travers un annuaire d’opérateurs de plus de 15 000 utilisateurs dans la sous région. Cette initiative de partenariat public-privé entre ATP/E-ATP et Esoko Networks a débuté en 2009 au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Mali, et sera bientôt élargie au Nigeria et au Sénégal, et progressivement à tous les pays de l’Afrique de l’Ouest avec la collaboration d’autres partenaires tels que la CEDEAO et le CILSS.

Cette formation s’est articulée autour de trois principaux axes :

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Comment un producteur peut-il envoyer une offre de vente ou d’achat sur la plateforme à partir de son téléphone portable et ensuite la diffuser à des centaines voir des milliers d’opérateurs agricoles ?

Comment interpréter une alerte instantanée de SMS sur les prix et des offres d’achat et de vente des produits agricoles dans la sous région ?

Comment faire une requête de prix par SMS afin de recevoir les prix d’un produit agricole spécifique dans plus de 85 marchés de référence en Afrique de l’Ouest ?

Un atelier fructueux pour les producteurs

Avec la mise en œuvre de cette formation, plus besoin de se déplacer pour vendre et acheter les produits agricoles. Pour les critères d’inscription à la plateforme Esoko, il suffit d’avoir un numéro de téléphone ou une adresse email et d’être membre d’un groupe. Face à cette innovation, les participants ont su montrer leur satisfaction et intérêt à l’outil Esoko comme l’a confirmé M. Abdoulaye Moussa, Secrétaire Exécutif de l’Observatoire de la Filière Oignon du Burkina Faso : « Esoko nous a appris comment vendre, avoir les prix, les offres à travers les SMS sans dépenser beaucoup d’argent et en temps réel ».

Gagner plus de temps avec les TIC

Ce nouveau système nous permet de gagner du temps. On est aussi branché au marché régional et sous régional du Ghana, de la Côte d’Ivoire du Mali et très bientôt du Nigéria, Benin et du Togo. Je recommande vivement son utilisation à tous ceux qui œuvrent dans le domaine de l’agriculture. Et j’invite les acteurs à profiter de cet outil que le projet ATP et E-ATP nous accorde.

M. Jean Pierre Yameogo, du Comité Interprofessionnel du Riz du Burkina Faso (CIRB) Nul ne pourrait dire le contraire : cette formation sur le système d’information vient à point nommé soulager nos producteurs agricoles. Ainsi, M. Soumaïla Sanou, Président du Comité Interprofessionnel de la filière Céréales du Burkina Faso (CICB) qualifie ce système d’« outil intéressant pour le secteur agricole en particulier, pour le commerce des céréales et pour la sécurité alimentaire ». Pour lui, il est d’une importance capitale et représente une richesse qui ne doit pas être gardée seulement pour ceux qui étaient présents. En outre, il a des perspectives telles que :

Porter l’information aux autres membres de son organisation,

Sensibiliser ceux qui n’ont pas pu participer à la formation, et

Organiser des séances de formation avec ses membres.

Les attentes ont été comblées, les préoccupations prises en comptent et chaque participant est reparti nanti d’un savoir qu’il peut mettre au service de son organisation ou de sa communauté. Le mot de clôture a été prononcé par M. Soumaïla Sanou qui a tenu à remercier les différents formateurs et a exhorté tous les acteurs présents à travailler de sorte que les formations reçues soient partagées avec tous les autres qui n’ont pu être présents.

ILBOUDO Wendemi Pascaline Yam Pukri

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Soutien aux ONG : projet de zones artisanales et pépinières d’entreprises Bulletin d’information n°1 de juin-juillet (page 6), Ambassade de France au Burkina Faso Afrique Verte bénéficie du soutien du SCAC pour le projet ZAPE (zones artisanales et pépinières d’entreprise) dans la région de Banfora au Burkina Faso. Ce projet a pour objectifs d’accompagner des projets innovants dans le processus d’expansion économique par l’appui la création d’activités génératrices de revenus.

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Souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest : la résistance des peuples contre les agressions Le 28 juin 2010, Pambazuka news (Afrique) Les explications apportées à la crise alimentaire que l’Afrique connaît survolent les véritables causes du problème. Elles les ignorent même souvent. Pour Mamadou Goïta, président d’AMASSA Afrique Verte Mali, le phénomène n’est pas conjoncturel. C’est le point d’orgue d’un processus de déstructuration du secteur agricole africain et de son arrimage au marché international dans un contexte de libéralisme sauvage. Par-delà la description des choix politiques qui ont conduit à une telle situation, notamment avec les Politiques d’ajustement structurel engagées dans les années 1980, Goïta explore les pistes de solution et les décisions à prendre pour aller vers une souveraineté alimentaire en Afrique. ---

En Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest et du centre, l’agriculture (1) occupe la grande majorité des populations. Elle est essentiellement une agriculture familiale et rurale développée autour des exploitations agricoles familiales. Celles-ci sont des entités ou entreprises socio-économiques dont le lien entre les membres est un lien familial. Les membres mettent ensemble leurs moyens en termes de savoirs, savoir-faire et savoir-devenir, mais aussi en termes de ressources financières et matérielles pour produire de la richesse avec la commercialisation du surplus. La production est, dès lors, en priorité, orientée vers l’alimentation de la famille même si elle n’exclue pas les ventes du surplus pour satisfaire d’autres besoins des membres. Elle est différente de l’entreprise agricole de type prive dont le lien entre les membres est le capital (les ressources financières sous forme e contributions de chaque actionnaire ou du seul promoteur individuel).

La première partie de ce texte porte sur une réflexion globale sur les enjeux de l’agriculture dans la perspective d’une contextualisation. Dans un second chapitre, il s’agira de mettre l’accent sur la valorisation des produits locaux et leur sécurisation pour une meilleure promotion dans l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Mali, en Afrique de l’Ouest et du Centre. Enfin, un dernier chapitre sera consacré à l’esquisse de certaines solutions en termes d’alternatives pour prendre en charge les problèmes soulevés.

L’agriculture et ses enjeux pour le développement socioéconomique

En prenant compte la perception de l’agriculture mentionnée dans l’introduction, elle englobe d’autres dimensions qui vont au-delà de la production alimentaire et des activités économiques. Elle a des orientations multiples, et de ce fait contribue simultanément à plusieurs aspirations fondamentales de la société. A titre illustratif, sur le plan social, l’agriculture concourt au soutien de l’emploi et au maintien du tissu social si elle est politiquement bâtie autour de l’exploitation agricole familiale comme cela doit être le cas au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Au point de vue culturel, l’agriculture sous tend la diversité culturelle alimentaire (des aliments selon nos goûts et selon notre culture). Elle préserve la consommation locale et l’agro biodiversité. Cette dimension est l’un des arguments fondamentaux pour la nécessité de valoriser les produits locaux. Ces produits constituent aujourd’hui des alternatives crédibles aux tentatives de changements des habitudes alimentaires notamment des citadins dans la perspective d’une indépendance à la production d’autres pays.

Sur le plan environnemental, l’agriculture peut contribuer au maintien de la fertilité des sols, à la préservation des ressources génétiques et de la qualité des eaux.

A l’indépendance, la majorité des pays africains ont prôné la stratégie de l’autosuffisance alimentaire centrée sur les disponibilités agricoles nationales et leur développement. Avec les politiques d’ajustement structurel (PAS), cette stratégie est abandonnée au profit de celle de la sécurité alimentaire, basée sur la libéralisation du commerce international des produits agricoles. Dans cette stratégie, la question de savoir qui produit la nourriture devient une réflexion secondaire. En Afrique, au plan politique, la libéralisation s’opère dans un contexte de désengagement de l’Etat, de décentralisation et de restructuration des services agricoles. Au plan économique, elle intervient dans un contexte de développement des OGM, de piraterie et de privatisation des ressources génétiques ; et récemment dans une période d’incitation au développement des agro carburants. Au

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plan social, l’analphabétisme reste encore très élevé chez les producteurs agricoles, limitant ainsi leur capacité d’accès à l’information.

La libéralisation tous azimuts du commerce international des produits agricoles a montré ses limites en Afrique : la détérioration des conditions alimentaires des populations, l’effritement de l’emploi rural, l’appauvrissement de la paysannerie et des producteurs, l’exode rural constituent de sérieuses menaces pour la stabilité politique et sociale des pays africains. Aussi, le déficit alimentaire d’une grande partie de la population qui n’a pas les moyens d’accès à la nourriture dans les pays africains reste globalement très préoccupant.

Face a une telle situation, il est nécessaire d’approfondir le débat afin de situer les enjeux et de mieux cerner tous les domaines transversaux lies aux politiques agricoles et rurales.

La récente rencontre de haut niveau des experts de la FAO à Rome sur le thème : « Mettre fin à la faim d’ici 2050 » a une fois de plus constitué une autre tribune pour demander des engagements aux nations dites « riches » détenteurs des capitaux globalisés, destructeurs des économies africaines, de « sauver » le continent de la faim. Une fois encore et comme toujours pour l’Afrique, le monde veut s’attaquer aux conséquences des problèmes en ignorant royalement les causes profondes qui sont à l’origine de ces problèmes.

La crise alimentaire qui a secoué le monde en 2007–2008 a été un fait révélateur des incohérences des institutions internationales et des Etats, pour la gestion des problèmes alimentaires et même agricole auxquels le monde fait face. Plusieurs raisons (2) ont été évoquées par la presse pour justifier la flambée des prix des produits agricoles. La raison la plus évoquée était relative aux responsabilités de la Chine et de l’Inde par rapport À leur mode de consommation. Au fur et à mesure que la crise évoluait, les causes profondes de la crise sont apparues. Il s’agit notamment de l’explosion de la production des agro carburants, de la faiblesse des stocks de produits notamment céréaliers en Europe et aux Etats-Unis et de la spéculation financière, une des caractéristique du modèle néolibéral qui s’est étendue aux produits alimentaires.

La Chine et l’Inde ne sont pas responsables de la crise. Car pour la période 207-2008, tous ces deux pays étaient des exportateurs nets de produits agricoles. Les stocks de céréales de ces deux pays ont augmenté de plus de 10,9 Mt pour la Chine et de plus de 7,8 Mt pour l’Inde. Par contre, les Etats Unis (avec le déficit en poissons) et l’Union européenne (pour les céréales) étaient déficitaires pour la même période devenant des importateurs nets. Les statistiques montrent que les Etats Unis et l’UE sont responsables de 94 % de la baisse des stocks mondiaux de céréales pour la période 2007-2008.

La politique de promotion des agro carburants des Etats Unis et de l’UE, avec l’utilisation du maïs notamment qui est passé de 12 % de la production en 2004 à 23 % en 2007 et avec un objectif de 32 % en 2008 a été un élément déterminant. Cette augmentation s’est faite au détriment de la disponibilité des produits alimentaires, notamment le maïs, la quantité utilisée pour l’éthanol dépassant nettement les exportations des Etats Unis.

La décision de l’UE d’avoir un programme de biodiesel a, quant à elle, contribué à une augmentation très sensible des coûts des oléagineux. La production annoncée des agro carburants, notamment par l’UE, a incité les spéculateurs à s’intéresser aux produits comme le maïs et d’autres oléagineux.

On constate bien alors que la flambée des prix des produits agricoles est essentiellement due à la faiblesse des stocks des produits céréaliers aux Etats Unis et en Europe, l’augmentation de la production des agro carburants et la spéculation financière autour des produits céréaliers et oléagineux.

En plus de ces causes qui sont aussi des conséquences d’une situation plus ancienne, il faut mentionner la responsabilité du FMI et de la Banque mondiale pour le cas de l’Afrique. Après la crise de la dette du début des années 1980, dont l’effondrement du cours des matières premières était un élément déclencheur, le FMI et la Banque mondiale ont contraint les pays africains à adopter des politiques/programmes d’ajustement structurel (PAS) qui se sont prône notamment :

- La réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et la spécialisation dans un ou deux

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produits d’exportation (coton pour le Mali, le Burkina Faso, le Benin, etc., café et cacao pour la Cote d’Ivoire, le Ghana, etc.). Par exemple, pour le Mali, la production du coton est passé de moins de 200.000 tonnes avant le PAS à plus de 620.000 tonnes à la fin des années 1990. Cette augmentation de la production s’est faite à travers l’expansion des superficies et non l’augmentation des rendements qui sont restés presque constants. Le pays a payé un prix fort dans une telle évolution avec des mécanismes d’endettement et le repositionnement de l’assistance technique agro-sylvo-pastoral. Le coton était devenu le seul produit bénéficiant d’une structuration favorable à son développement (production et commercialisation surtout). L’économie est devenue de plus en plus extravertie, avec des stratégies de développement basées sur l’accès au marché international :

- Le retrait de l’assistance technique (conseils agricoles) de proximité aux producteurs,

- L’arrêt (fin) des systèmes de stabilisation des prix ayant constitué de véritables instruments de promotion agro-sylvo-pastorale dans les différents pays africains,

- L’abandon des politiques et stratégies d’autosuffisance en production de céréales,

- L’ouverture sauvage des marchés nationaux aux produits externes contribuant à une marginalisation de certains locaux jadis considérés comme des produits stratégiques dans certains pays, etc.

Toutes ces mesures, couplées avec l’ouverture des marchés africains aux capitaux étrangers, ont contribué à la fragilisation des économies par l’extrême dépendance aux révolutions des marchés mondiaux, la forte réduction des budgets sociaux, la suppression des subventions aux produits de base, la destruction des marchés locaux, nationaux et sous régionaux qui se construisaient. Elles ont mis en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales…

Les populations africaines en grande majorité paient le prix fort aujourd’hui de ces politiques qui ont montré leurs limites très tôt. L’obstination des institutions de Breton Woods a conduit à la catastrophe pour le mode de production des pays africains en particulier et, par conséquent, les modes de consommation.

Dans un processus destructeur qui a été dénoncé par les mouvements sociaux depuis longtemps, la situation est apparue à la face du monde : en un an, les prix du riz et du blé ont doublé, celui du maïs a augmenté de plus d’un tiers. Les stocks céréaliers sont tombés au plus bas niveau depuis 25 ans. Le coût d’un repas a fortement augmenté et les risques de famine sont devenus réels.

Plusieurs marches ont été organisées en Afrique pour protester contre une situation qui a été jugée injuste pour les populations, notamment les populations urbaines : il s’agit de leur donner les moyens de faire face à la flambée des prix de certains produits de première nécessité en général (y compris les produits pétroliers, les céréales, etc.). Des marches similaires ont été organisées en Europe et notamment en France et elles ont été qualifiées de « marches pour le pouvoir d’achat ». Même si ces marches sont différentes, de par leurs formes, les fondements sont les mêmes. Les peuples veulent un meilleur partage des ressources nationales mobilisées. Ils veulent briser la fracture entre les riches et les pauvres. Ils veulent leur part de la croissance économique positive qui est évoquée chaque année par beaucoup de dirigeants du monde pour justifier leurs politiques économiques « néo-libérales ». Oui, le peuple veut sa part de la croissance aussi bien dans d’autres continents qu’en Afrique.

L’insistance de différents acteurs sur la crise alimentaire a amené les mêmes acteurs, qui sont à l’origine des problèmes actuels, à justifier leurs actions qui auront plus de conséquences négatives que positives sur l’alimentation et l’agriculture en Afrique. Ces actions proposées par les acteurs promoteurs du néo-libéralisme sauvage sont entre autres :

- La détaxe des produits alimentaires, notamment le riz, dans beaucoup de pays africains, correspondant à une ouverture (libéralisation) du marché ;

- La promesse de don du président Georges Bush des Etats Unis d’environ 200 millions de dollars sous forme d’aide alimentaire à l’Afrique ;

- La signature d’accords de partenariat entre AGRA (Alliance pour la Revolution Verte en Afrique), (3) la FAO, le PAM et le FIDA ;

- Initiative « Riz » au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Burk ina Faso et le Sénégal, avec un faible dispositif technique et une faible légitimité sociale pour sa mise en œuvre ;

- Des prises de décisions spectaculaires concernant les politiques agricoles dans certains pays où s’opèrent la mise en œuvre de ces politiques fondées sur des approches néolibérales. Le « fast-food »

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politique devient de mise avec cette situation de crise « artificielle », car les décisions sont prises a la hâte ;

- La demande de l’OMC pour une plus grande ouverture des marchés pour « faire le commerce » même s’il se fera sur les « ruines des pays pauvres » et sur les corps des pauvres, notamment les femmes et les enfants.

- La vente effrénée des terres agricoles à des investisseurs étrangers, pour des investissements et la production, connue sous le nom d’«accaparement des terres», etc.

L’ensemble de ces actions constitue une agression contre les sociétés paysannes qui ont un besoin urgent de réforme des systèmes actuels. Cette perception de la crise alimentaire et de la crise agricole actuelle est très réductrice par rapport au combat actuel des peuples engagés à travers leur société civile et notamment les mouvements sociaux. Elle contribue à restreindre :

- l’échelle de réflexion sur la situation (en se focalisant uniquement sur les céréales qui sont devenues chères) ;

- les capacités des interventions pour trouver des solutions durables à la crise actuelle (risques de chercher à résoudre les problèmes des villes et non ceux des campagnes productrices)

La situation telle que décrite par les uns et les autres empêche de réfléchir sur les causes profondes du problème et de formuler des solutions durables respectant l’agenda africain en matière de souveraineté alimentaire. Oui, il y a des problèmes en Afrique sur le plan alimentaire. Oui, l’augmentation des prix de certaines denrées alimentaires sur le marché mondial a affecté l’Afrique. Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? Comment en sortir en prenant les bonnes décisions ? Ce sont là certaines des questions fondamentales auxquelles tout analyste de la situation, quel que soit son niveau d’intervention doit chercher à répondre.

La crise a eu le mérite de faire ressortir les paradoxes de la situation de l’Afrique. La plupart des pays africains étaient excédentaires en termes de production agricoles lors des évaluations de stocks en décembre 2007. En février 2008, la plupart de ces pays ont déclaré des crises importantes : « mensonges d’Etat » concernant les stocks disponibles ou « spéculation » autour des produits céréaliers ? Les deux arguments semblent plausibles.

Il y a des explications à chercher dans le contexte global de la spéculation financière et de la faiblesse des états par rapport au secteur privé pour les investissements. Un autre élément important reste lié à la faiblesse des outils mis en place pour collecter les données et assurer une meilleure planification. Il y a donc souvent des paradoxes qui doivent être pris en charge par les Etats et les autres acteurs du développement socio-économique de ces différents pays.

L’exemple du Mali illustre bien ce paradoxe (…). La production des céréales sèches (mil, sorgho, maïs, fonio) a constamment augmenté sauf pour la campagne 2004/2005 qui a connu des attaques des criquets pèlerins ayant causé des dégâts dans les exploitations. Il faut signaler que pendant toutes ces années, la production globale a toujours été excédentaire avec une moyenne de plus de 500.000 tonnes d’excédent par rapport aux besoins en céréales du pays. La production des céréales au Mali a été estimée à plus de 4 millions de tonnes en 2008 – 2009 et elle a atteint le seuil de 6,3 millions de tonnes pendant la campagne 2009 – 2010, selon les chiffres officiels donnés par les services du ministère de l’Agriculture du pays.

Il est vrai que certaines zones sont chroniquement déficitaires, mais la production globale du pays est suffisante pour nourrir l’ensemble de la production. Le problème à ce niveau reste alors la question de l’accessibilité d’une partie de la population à la nourriture, mais aussi la faiblesse de l’organisation des marchés locaux avec la non valorisation des produits locaux.

Le volume des produits disponibles n’était pas en cause dans l’exemple du Mali, d’autres facteurs sont à prendre en compte. Il s’agit, entre autres :

- De la montée des prix des céréales avec une grande spéculation en lien avec le faible pouvoir d’achat des populations ;

- Des habitudes de consommation qui ont changé, mettant plus de ressources dans l’achat du riz très souvent importé et du blé avec la consommation du pain.

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- La faiblesse de la valorisation des produits locaux pour assurer une consommation des produits dont la maîtrise est locale (ne dépend pas du marché international).

- La faiblesse des prix aux producteurs, incitant les commerçants véreux à acheter des stocks importants pour spéculer après sur les prix.

La valorisation des produits locaux est l’une des réponses indispensables pour non seulement prévenir de telles crises, mais aussi asseoir les bases d’une sécurité et d’une souveraineté alimentaires durables dans les pays. Cette option constitue l’un des six (6) principes de base de la souveraineté alimentaire tels qu’ils ont été définis par les mouvements sociaux lors du Forum Social Mondial sur la Souveraineté alimentaire intitulé « Nyéleni 2007 », organisé à Sélingué, au Mali, en février 2007 comme un espace de résistance. Il y aura difficilement des solutions de sortie de crise pour la grande majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sans la prise en compte de ce principe combien important pour promouvoir de façon générale la production agricole.

La valorisation des produits dans un contexte de souveraineté alimentaire

Depuis les débats de l’agriculture, il y a des milliers d’années, les productrices et producteurs agri-sylvo-pastoraux ont développé des dizaines de milliers de variétés de plantens mais aussi contribué à des améliorations animales. Toutes les variétés mises au point correspondent à de nombreux besoins locaux de consommation, aux variations climatiques et aux usages traditionnels sous différentes formes.

Là où les pratiques agricoles traditionnelles sont toujours utilisées à travers les exploitations agricoles familiales comme le Mali, il est courant de trouver des dizaines de variétés de céréales (mil, maïs, blé, riz,…), de légumes, de fruits et d’autres plantes qui sont issues de ce processus inventif et de recherche participative.

Dans l’expression « produits locaux », l’idée de local renvoie aux habitudes culturelles et de sécularité, non seulement dans la production mais aussi dans la valorisation et dans l’usage multiforme de proximité physique territorialisée et de la commercialisation autour des marchés locaux. Les produits locaux font donc allusion au développement local qui contribue efficacement à l’échelle nationale. Le produit local se démarque donc de ces produits du système alimentaire mondial industriel « transnationalisé », produits « ailleurs » que « chez nous » . (4) Les produits « chez eux » (ailleurs), encouragés par l’urbanisation et l’ouverture sauvage des marchés nationaux, se retrouvant dans nos assiettes par le truchement des politiques destructrices des économies rurales.

Les produits locaux constituent l’un des secteurs les plus dynamiques de la consommation alimentaire de nos pays ces dernières années. Ces produits répondent aux besoins de l’évolution sociale, car la consommation alimentaire est devenue un trait distinctif des identités collectives et individuelles, notamment en milieu rural. C’est ainsi qu’on parle au Mali du Sarakholé avec son « bassi gnoukou na » (5); du Malinké avec son « tigudègè na » (6), du Tombouctoucien avec son « takoula mafé » (7), du Minianka avec son « Jawèrè siké » (8),etc. Ces repas sont des traits de culture. Ils sont les reflets de la valorisation des produits locaux.

Qu’il s’agisse de produits agricoles, animaux ou de cueillette, notre sous-région ouest-africaine dispose de riches potentialités qui, si elles sont rationnellement valorisées et utilisées, pourraient la mettre à l’abri des déficits alimentaires et de la malnutrition.

Du fait de la concurrence déloyale, les producteurs de céréales, de fruits et légumes, des volailles, des animaux de différentes natures sont pénalisés et croient difficilement à l’avenir de leurs productions. Les produits importés venus de « chez eux » sont moins chers que les produits locaux « de chez nous » à cause de l’ouverture des marchés suite aux programmes d’ajustement structurel (PAS) imposés par le FMI, la Banque mondiale et certaines élites africaines complices de la destruction des économies de leur continent. Les subventions des Etats Unis, de l’Union Européenne et autres pays producteurs, accordés pour d’autres produits, cassent les prix et fragilisent les marchés des produits des pays économiquement faibles.

Ce commerce injuste est source d’appauvrissement des producteurs et de nos opérateurs

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économiques privés qui souvent, consciemment ou inconsciemment, jouent le jeu des produits de « chez les autres ». C’est l’économie des pays qui en paye les frais incommensurables.

Les négociations des APE (Accords de Partenariat Economique) risquent de porter un coup de grâce aux quelques espoirs qui existent aujourd’hui. En effet, la demande aux pays ACP d’ouvrir leurs marchés est faite en sachant que ces pays ne peuvent pas exporter leurs produits vers les pays du nord parce que ne remplissent pas les réglementations phytosanitaires et d’hygiène, mais sont aussi moins compétitifs à cause du fait que ces produits ne sont pas subventionnés comme ceux des pays du Nord.

Malgré toutes les difficultés actuelles, il existe toujours une prédominance de la consommation des produits locaux notamment en milieu rural. La crise alimentaire récente a aussi donné un coup d’accélérateur aux options de valorisation des produits locaux dans les centres urbains. Le système agricole local, même s’il est très affaibli, repose sur les variétés locales (animaux, céréales, légumes et fruits) adaptées qui peuvent faire l’objet d’une véritable politique de valorisation dans la perspective de la souveraineté alimentaire.

Il y a certes des risques liés, entre autres, à l’ouverture du marché africain aux produits agricoles subventionnés de l’UE et des Etats Unis et à l’introduction des OGM et autres semences hybrides industriels qui peuvent détruire le peu qui reste de ce système agricole quelque part intimement lié à un mode de vie, mais l’espoir est permis.

Sans des mesures radicales pour valoriser les produits locaux, le système actuel va certainement détruire le tissu productif et installer irrémédiablement et de façon durable les producteurs africains de l’Ouest et du Centre, qui constituent presque 80 % de la population dans certains pays, dans une paupérisation indescriptible.

La valorisation de nos produits locaux est dès lors un impératif pour tous les pays de la sous-région dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture. Cette option, qui doit être politiquement exprimée et programmatiquement réalisable et réalisée, repose sur l’appui à la production mais aussi à la transformation, à la commercialisation et à la valorisation nutritionnelle des aliments. La demande alimentaire des villes africaines constitue une opportunité sans précédent pour les producteurs africains.

Pour ce qui concerne la transformation des produits, qui est l’une des voies de valorisation de la production agricole, des organisations de femmes et certaines ONG spécialisées font la promotion de la transformation de certains produits locaux. Elles sont très mal connues par beaucoup de consommateurs et de consommatrices, car l’essentiel de la production est destinée à une population « élite » à cause des prix appliqués souvent, mais aussi à cause des marchés utilisés (les supermarchés constituent les clients privilégiés au détriment de la consommation de masse.

A côté de ces formes de petites entreprises de transformation, les familles transforment aussi les produits qui sont destinés à la consommation familiale ou à la vente. Ces produits constituent une réponse importante aux besoins alimentaires des populations.

Malgré les nombreux acquis obtenus par des ONG comme l’Association Malienne pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaire (AMASSA/Afrique Verte Mali), les Unions de transformatrices et d’autres organisations, certains problèmes majeurs existent et doivent être pris en compte. Il s’agit, entre autres, de :

- La faiblesse du niveau d’équipement de transformation pour assurer une production continue dans le temps et dans des espaces bien donnés. Beaucoup d’associations sont incapables de s’acheter un séchoir solaire par exemple, sans l’appui d’une organisation extérieure. La stratégie d’équipement des transformatrices, particulièrement, doit être une piste d’actions pour améliorer la situation au niveau national.

- La difficulté à vendre les produits transformés à cause de la concurrence déloyale des produits importés qui ont la préférence de la plus grande partie de la population, à cause, entre autres, de leur prix et de leur disponibilité constante. En plus, la question de conditionnement, notamment l’emballage, pose un problème sérieux aux femmes.

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- La qualité de certains emballages laisse à désirer. En effet, malgré l’importance de l’emballage dans la chaîne de transformation, il ne constitue pas, pour la plupart des transformatrices notamment, une préoccupation majeure.

L’emballage est l’un des outils de communication par excellence entre le vendeur et l’acheteur. A ce titre, il ne s’agit pas d’avoir des emballages chers pour faire comme les autres, mais d’avoir des emballages propres, adaptés, pouvant assurer la conservation et le maintien de la qualité. Certains emballages de récupération utilisés aujourd’hui sur les marchés locaux ne contribuent pas à faire la promotion des produits. En effet, des sacs de ciment aux sachets plastiques, le problème de la qualité sanitaire des aliments est posé. Il ne s’agit pas d’acheter des emballages qui vont contribuer à augmenter de façon très sensibles les prix sur le marché, mais d’avoir des emballages propres, adaptés aux produits et qui garantissent la qualité hygiénique des aliments mis sur les marchés. L’enjeu majeur est de trouver un système qui allie les emballages de qualité (propres, bons conservateurs de produits, maintien de la qualité nutritionnelle,…) et la maîtrise des coûts de production. La maîtrise de ces dimensions permettra de mettre sur le marché des produits de bonne qualité à des prix adaptés aux conditions de vie des populations. Il est important de signaler le fait que la valorisation des produits locaux doit être orientée en priorité vers les marchés locaux pour la souveraineté alimentaire. Dans une telle perspective, les prix aux consommateurs ont une importance capitale.

La question de la sécurité sanitaire est fondamentale dans le débat actuel sur la valorisation des produits locaux. L’un des arguments pour rejeter certains produits locaux reste lié à leur qualité sanitaire. La question reste posée : comment sécuriser les consommateurs tout en préservant des prix qui les permettent de les acheter ? Les tests de produits qui sont proposés aujourd’hui par l’Agence Nationale pour la Sécurité des Aliments (ANSA), pour assurer la certification, constituent une bonne initiative. Mais elle doit être mieux contextualisée pour répondre aux acteurs et actrices de la transformation des produits.

En fait, la certification « individualisée » des produits a un coût opérationnel que la plupart des transformatrices ne peuvent avoir. Il faut trouver une solution pour permettre d’assurer les tests de certification sous forme d’économie d’échelle. Il s’agit de regrouper les productrices et les producteurs individuels et assurer la certification ensemble pour des gammes de produits. Cette forme de certification n’exclut pas des contrôles périodiques. Cette option permet de rassurer les consommateurs, mais aussi de minimiser les charges supportées par les acteurs de la transformation et les consommateurs. C’est le rôle de l’Etat d’assurer la promotion des produits et de s’engager dans la prise en charge de certains coûts, dans une perspective de souveraineté alimentaire. La mise en place d’un fond de valorisation des produits est une nécessité pour régler la question de confiance des consommateurs concernant certains produits locaux.

Il faut signaler le fait que la question des tests de certification des aliments n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour contribuer à la promotion des produits locaux et à leur consommation. Les actions les plus durables consisteront à mieux sensibiliser et à former les transformateurs et les transformatrices sur la question de la qualité pour qu’ils l’intériorisent et en font des usages au quotidien. L’auto certification assistée pourra être une alternative importante pour contribuer à la sécurisation des aliments issus de la transformation des produits locaux.

Quelles alternatives pour une meilleure valorisation des produits locaux ?

La question de la valorisation des produits locaux ne pourra pas être séparée de la question plus globale de la promotion de la souveraineté alimentaire. Les alternatives que nous proposons vont au-delà de la valorisation des produits. Ces alternatives sont entre autres, à moyen et long terme :

- Soutenir l’agriculture familiale pour qu’elle puisse être plus performante et plus moderne dans une optique de durabilité. Il faut signaler qu’en Afrique c’est cette agriculture familiale qui nourrit les populations africaines.

- Soutenir la mise en place des stocks de souveraineté alimentaire avec une priorité à l’approvisionnement avec la production locale.

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- Mettre en place des mécanismes de soutien à l’agriculture africaine (sous forme de subventions à la production et de subvention à la consommation) pour prendre en charge les investissements, la maîtrise de l’eau de façon durable ainsi que d’autres contraintes majeures. Il est impératif de développer les alternatives agro-écologiques au détriment du modèle d’agriculture industrielle. Les mouvements sociaux en Afrique doivent combattre cette forme d’agriculture prônée par les multinationales et certains pays riches qui ne pourraient que être destructrices, car exclusive pour l’exploitation agricole familiale qui est la forme dominante de l’agriculture en Afrique.

- Assurer une meilleure organisation des marchés locaux, sous régionaux et régionaux de céréales à travers les bourses de céréales (9) qui mettent les producteurs et les consommateurs en lien et qui ne sont pas des bourses spéculatives.

- Donner des prix rémunérateurs aux producteurs pour assurer des investissements dans les exploitations, mais aussi pour les permettre de prendre en charge les besoins liés aux services sociaux de base.

- Promouvoir la sécurité sociale pour les producteurs et mettre en place des fonds de calamités.

- Mettre en place des fonds de transformation/valorisation des produits locaux et assurer la promotion de ces produits.

- Mettre en place des programmes de recherches participatives et les intégrer dans le dispositif national de la recherche. La souveraineté de la recherche doit être affirmée.

- Régler les questions foncières ou agraires en prenant en compte les réalités de chaque pays. Il sera important d’éviter la « titrisation » des terres qui ne peut que conduire à la privatisation du patrimoine foncier national. Le bradage du patrimoine foncier ne peut que conduire à des conflits difficiles à gérer. Il faut avoir un moratoire sur la vente des terres des pays africains qui devient un phénomène inquiétant dans les différents pays.

- Re-nationaliser les industries agro-alimentaires qui sont des outils stratégiques pour le développement agricole au sens large. La question de l’industrialisation sera déterminante pour l’avenir de l’agriculture de l’Afrique.

- Elaborer et mettre en œuvre des politiques agricoles basées sur la souveraineté alimentaire qui fait de l’alimentation, la production et d’autres sujets liés, des questions de droits humains

La prise en charge de ces propositions permettra de trouver des solutions à moyen et à long termes pour le développement agricole durable de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il faut tirer les leçons du passé et réagir assez vite pour éviter que des mesures inappropriées ne soient prises par les Etats et certains de leurs partenaires pour gérer la situation dans une approche de « fast-food politique ».

NOTES 1) Quand nous parlons d’agriculture il s’agit de l’ensemble des activités agro-sylvo-pastorales incluant la production agricole (végétale), l’élevage, la pêche, la foresterie.

2) 2) Cette partie de la note de communication s’inspire d’un article rédigé par l’auteur (Mamadou GOITA) en novembre 2008 intitule « La comédie dramatique de la crise alimentaire ».

3) Regroupant entre autres les fondations Bill et Melinda Gates, Rockfeller … et présidé par Koffi Annan Ex-Secrétaire General des Nations Unies.

4) Le “chez nous” socialisé et territorialisé à l’échelle du local, du régional ou provincial, du national ou éventuellement du sous-régional ou du continent en parlant de l’Afrique.

5) Couscous avec une sauce feuilles en Bamanankan.

6) Sauce arachide en Bamananaka

7) Pâte de farine de blé avec la sauce tomate

8) Pâte de mil ou petit mil avec sauce feuilles de haricot et le beurre de karité

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9) Expérience mise au point par Afrique Verte dans trois pays du Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger) et qui a démontré toute sa pertinence et son efficacité dans ces pays. AMASSA au Mali ; APROSSA au Burkina Faso et AcSSA au Niger ont pris le relai d’Afrique Verte pour continuer les actions. * Mamadou Goïta est Directeur Exécutif de l’Institut de recherches pour des alternatives au développement/Afrique, Président du Conseil d’administration de l’Association Malienne pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaire (AMASSA/Afrique Verte Mali)

* Cette communication a été présentée lors du colloque organisé par la Fondation Gabriel Peri et le Parti de l’indépendance et du travail-Sénégal, à Dakar, les 18 et 19 mai 2010. M. Blamangin a fait cette contribution en tant qu’«observateur, extérieur au continent africain mais en relation de coopération avec des organisations syndicales»

Mamadou Goïta

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Spectre de retour de la famine sur le Sahel Le 28 avril 2010, Marchés tropicaux et méditerranéens (France) Le gouvernement du Niger et de nombreuses ONG sonnent l’alerte. Après une mauvaise campagne agricole en 2009, le Sahel s’enfonce dans la crise alimentaire. Il est temps de mobiliser l’aide pour soutenir les agriculteurs et les éleveurs des régions les plus touchées. --- Les populations rurales de la zone sahélienne sont menacées par l’insécurité alimentaire. Le Niger et le Tchad sont particulièrement touchés. On estime à environ 10 millions le nombre de personnes vulnérables dans ces deux pays et des milliers d'autres sont également menacées par la faim dans le Nord du Burkina Faso et le Nord-est du Mali. En 2009, la production céréalière au Niger a baissé de 26 % par rapport à 2008 et celle du Tchad a chuté de 34 %. Depuis le mois de novembre, des migrations importantes vers les villes et vers l’étranger sont signalées au Niger. L’ONG Oxfam estime qu’il faudra cette année prendre en charge 378 000 enfants atteints de malnutrition sévère. « Les stocks céréaliers s’amenuisent rapidement, les marchés sont insuffisamment alimentés et les prix, déjà élevés, risquent de fortement augmenter dans les semaines à venir. Ainsi, près de la moitié des Nigériens se trouve dans un état de vulnérabilité considéré de modéré à sévère. Le risque de fortes pertes dans le cheptel ajoute à cette précarité inquiétante », constate pour sa part Afrique Verte.

La situation n’a pas été aussi grave depuis 2005. En revanche, la gestion de la crise semble nettement plus appropriée. Alors qu’en 2004-2005, le gouvernement de Mamadou Tandja avait essayé d’imposer le silence, aujourd’hui la junte qui a pris le pouvoir en février dernier a lancé un appel à l'aide internationale. A l’époque, le président Tandja avait tenté de contrôler l’information sur le sujet, expulsant les journalistes étrangers trop curieux et s’en prenant aux organisations humanitaires trop bavardes. Si en décembre dernier, il semblait avoir changé de position en faisant appel à l’aide internationale, celle-ci tombait en partie à l’eau puisque les financements de l’Union européenne étaient déjà suspendus pour cause de référendum jugé non constitutionnel.

En août 2009, le président Tandja avait organisé un référendum pour prolonger son second mandat. Un calcul qui n’a pas payé, puisqu’en février, il a été renversé par une junte qui a tout de suite lancé un appel à l’aide pour faire face à la crise alimentaire. Quelque € 130 millions sont nécessaires pour financer le plan d'urgence préparé par le gouvernement, précise Oxfam. Sur cette somme, seulement € 43 millions sont effectivement financés.

Du côté de l’Union européenne, € 80 millions d’aide pour la période 2009-2010 restent bloqués dont 22 millions concernent les activités de sécurité alimentaire, souligne Oxfam. « Même si les processus de suspension sont provisoires, les processus de réouverture de l’aide restent longs », se désespère Etienne du Vachat, d’Oxfam-Niger. De son côté, le bureau de l’Union européenne à Niamey précise que « la mobilisation de l'aide alimentaire et de l'aide humanitaire de la Commission se poursuit et n'est pas concernée par les mesures conservatoires. […] Au stade actuel, la mobilisation de plus de € 50 millions a été décidée par la Commission à travers les différents instruments à sa disposition (y compris l'Office Humanitaire de la Commission - ECHO) pour contribuer à faire face à la situation alimentaire et nutritionnelle au Niger. »

L’ensemble des agences des Nations unies participent aussi au plan humanitaire. Cependant, « Haïti a ponctionné beaucoup de fonds de la communauté internationale et nous sommes inquiets face à un sous-financement possible de la crise », s’inquiète Etienne du Vachat. « Le PAM présente de gros gap de financement et nous craignons des ruptures dans l’approvisionnement, notamment à partir de juin » , ajoute-t-il.

Les volumes disponibles – 6 600 tonnes pour le PAM et 20 000 tonnes pour le gouvernement – ne permettent d’assurer qu’un seul mois de distribution. Oxfam préconise une aide plus adaptée aux besoins et au contexte notamment à travers l’achat de céréales sur les marchés régionaux d’autant que les pays côtiers ont connu une bonne récolte 2009. Le Bénin disposait par exemple en mars de 240 000 tonnes de maïs commercialisable.

C’est la démarche suivie par Afrique Verte, qui constitue des stocks de céréales achetées sur les marchés régionaux puis les mets à disposition des organisations paysannes. Ces dernières procèdent alors à des ventes à prix social (à mi-tarif par rapport au marché) dans les zones touchées par la pénurie. Les recettes dégagées par ces ventes servent alors à acquérir de nouveaux stocks écoulés selon ce même processus. Ainsi, un stock de 557 tonnes de céréales a été constitué au Niger. En

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outre, pour préparer la campagne agricole de juin, Afrique verte prévoit l’apport de 180 tonnes de semences de céréales et de 230 tonnes d’engrais qui sont prêts à être fournis à des organisations paysannes. Il s’agit à tout prix d’éviter que la prochaine campagne ne soit pénalisée par le manque de semences. Une mauvaise campagne 2010 et la situation alimentaire serait catastrophique.

Sylvie Rantrua

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Mêmes causes, mêmes effets Le 14 avril 2010, Jeune Afrique (Afrique – France) Encore une fois, le Sahel est menacé par la disette. L’alarme est sonnée mais les fonds manquent encore. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pourtant, selon Caroline Bah, directrice d’Afrique Verte, « cette fois la mobilisation semble au rendez-vous […] et les mécanismes d’urgence sont opérationnels ». --- Des pluies capricieuses, une pénurie d’eau dans les champs, un déficit fourrager pour les troupeaux… Et c’est toute la région sahélienne qui est de nouveau menacée par une crise alimentaire. Comme en 2005, lorsque la période de soudure s’était transformée en drame humanitaire au Niger. Les besoins pour ce seul pays ont été évalués par les agences des Nations unies et les ONG à 190 millions de dollars.

« Il y a cinq ans, on avait eu les criquets, et toute l’attention internationale s’était portée sur le tsunami en Asie. Il avait fallu attendre que la situation devienne vraiment critique pour que l’aide se mette en place. Cette fois, la mobilisation semble au rendez-vous, et les mécanismes d’urgence – comme le recours aux stocks de sécurité et la vente de mil à prix modéré – sont opérationnels », explique Caroline Bah, directrice de l’organisation Afrique verte, qui travaille avec 120 regroupements paysans au Niger.

Le recensement des villages en souffrance est en cours. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Unicef, l’ONG internationale Oxfam… Tout le monde est d’accord sur le constat et pour tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. À 16 millions de tonnes, la production céréalière en Afrique de l’Ouest a baissé de 9 % par rapport à 2008, mais ce chiffre cache de fortes disparités. Plus de 10 millions de personnes sont menacées, dont 8 millions au Niger, où le stock de vivres disponibles ne couvre que 48,7 % des besoins alimentaires, selon les autorités.

« Heureusement, la production céréalière est en hausse au niveau mondial. Les prix internationaux – et donc l’addition sur les importations – ne devraient pas s’envoler, épargnant ainsi les villes. Mais dans les régions rurales reculées, les céréales sont rares, donc chères. Cela renvoie au problème structurel de la paysannerie africaine paupérisée et incapable de se nourrir dès que les greniers sont vides », analyse Marc Dufumier, professeur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, Agro Paris Tech. Au Niger, des mouvements de population sont déjà perceptibles, notamment parmi les éleveurs en transhumance vers le sud à la recherche de pâturages moins secs. Absence d’engrais, irrigation insuffisante, faibles rendements, accès difficile aux marchés urbains… Les retards de cette agriculture traditionnelle et autarcique sont parfaitement identifiés. Au moindre aléa climatique, ils constituent les germes d’une catastrophe

Philippe Perdrix

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Au Niger, la famine sort de l’ombre Le 7 avril 2010, Libération (France) Au Niger, la situation alimentaire n’a pas été aussi grave depuis 2005. La junte militaire, qui a pris le pouvoir le mois dernier, vient de lancer un appel à l’aide internationale, rompant avec le silence imposé par l’ex-président Mamadou Tandja. --- Selon l’ONG Action contre la faim (ACF), 20% de la population serait d’ores et déjà «dans une situation alimentaire grave», et 38,2% «dans une insécurité alimentaire modérée». Soit plus de la moitié des Nigériens.

Pays le plus pauvre de la planète, le Niger souffre d’un déficit alimentaire chronique face à une croissance démographique exponentielle. Le taux de fécondité y est le plus élevé au monde, avec 7,1 enfants par femme. Le moindre accident pluviométrique prend donc des proportions catastrophiques. C’est le cas cette année. Ce pays du Sahel a connu des précipitations erratiques durant la saison des pluies (de juin à octobre). Les paysans ont dû semer le mil à plusieurs reprises. «On a récolté 3 millions de tonnes de céréales, or les besoins sont estimés à 3,4 millions», note Caroline Bah, de l’association Afrique verte. Les stocks du gouvernement n’excèdent pas les 50 000 tonnes. «La crise a commencé, s’inquiète Abou Maman, directeur du quotidien de Niamey le Républicain. Dans la région de Maradi, des villages ont été désertés, les gens sont partis au Nigeria, d’autres ont rallié Niamey où ils s’entassent dans les bidonvilles, en espérant trouver un petit boulot.»

Selon le réseau d’alerte précoce sur les questions de sécurité alimentaire (Fews Net), monté par l’agence américaine Usaid, le nombre d’enfants malnutris admis dans les centres d’allaitement a augmenté de 60% en janvier par rapport à janvier 2009. Le pic de la crise est attendu en juin. Traditionnellement, les paysans nigériens, qui pratiquent une agriculture extensive avec des méthodes archaïques, font face à de graves difficultés entre les deux moissons, durant la période dite de «soudure». Mais cette année, le terme est, pour Abou Maman, inapproprié : «Il n’y a rien à souder !»

Dès la fin de la saison des pluies, cette crise était prévisible. Mais il a fallu attendre la chute de Mamadou Tandja pour qu’elle soit évoquée publiquement. «Le mot famine n’est plus tabou», juge Abou Maman. Depuis 2005, la question de la malnutrition était devenue un enjeu stratégique. L’ancien régime, qui craignait d’être mis en cause et déstabilisé, contrôlait l’information à ce sujet. Les journalistes étrangers trop curieux étaient expulsés, et MSF a même fini par être bannie, une punition à retardement suite aux critiques émises en 2005 sur la gestion de la crise par le pouvoir. Ce châtiment a tétanisé les autres ONG - ainsi que les agences de l’ONU, que l’ex-président n’hésitait pas à mettre en cause. Quant au dispositif d’alerte local, rattaché au bureau du Premier ministre, il ne se faisait pas davantage entendre.

Le principe d’aide internationale est en train de monter en puissance. L’appui du Programme alimentaire mondial (PAM), qui concerne 1,2 million de personnes, pourrait toucher 2 millions, voire «à terme»3 millions de personnes. Les ONG ACF et Alima, créée par des anciens de MSF et qui travaille avec l’association locale Befen, ont lancé des appels aux dons. La course contre la faim a commencé.

THOMAS HOFNUNG

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Burkina Faso : Sécurisation alimentaire - Un projet pour accompagner les efforts des producteurs Le 2 Avril 2010, Sidwaya (Burkina) Dans le cadre du renforcement du système de sécurisation alimentaire, l'Union Européenne a subventionné le « Projet d'amélioration durable de la production et de promotion de l'accès aux céréales de base au Burkina Faso ». Le vendredi 26 mars 2010, à Bobo-Dioulasso, un atelier regroupant les différents acteurs des régions concernées (Plateau Central, Sud-ouest et Hauts-Bassins) a marqué le lancement dudit projet sous l'égide de l'ONG italienne CISV, avec l’appui d’Afrique Verte sur le volet commercialisation. --- Pour un montant de 1 282 401 Euros (environ 840 millions de F CFA) dont 1 152 231 Euros par l'Union européenne et 70 000 par la région Piémont (Italie), ce projet qui court de janvier 2010 à octobre 2011 vise l'augmentation substantielle et durable de la production et l'accès des populations aux céréales de base tels que le riz, le maïs, le mil et le sorgho.

Pour une efficacité d'actions, sa mise en oeuvre s'effectuera par un consortium d'acteurs, notamment les ONG italiennes CISV-chef de file - et LVIA (Association de solidarité et coopération internationale), la Confédération paysanne de Faso (CPF), l'Union nationale des producteurs de riz du Burkina Faso (UNPRB) et la Fédération des caisses populaires du Burkina (FCPB).

Elle impliquera fortement les producteurs eux-mêmes à travers la Coopérative de services agricoles « COOBSA » de Founzan (Sud-Ouest), l'Association Song Kooadba de Donsé (Plateau Central) et l'Union des coopératives rizicoles Faso Djigui de Kou (Hauts-Bassins). Selon le coordonnateur du projet, Matteo Cortese, la mise en oeuvre de ce projet concernera trois volets essentiels.

Il s'agit notamment de l'amélioration de la productivité céréalière de 9 000 producteurs, la mise en place d'un système de warrantage efficace qui permettra à 1 500 producteurs d'accéder aux crédits des caisses populaires et, enfin, l'amélioration du réseau d'information sur les marchés des céréales et les politiques agricoles dans les zones concernées.

Le premier volet concernera des activités d'appui à la production, de fertilisation organique des sols (fosses fumières et compostage), de conservation des eaux de ruissellement et de formation des producteurs sur les itinéraires techniques.

En cela, la construction de deux centres de production de semences certifiées à Bama et Boni et le renforcement d'un troisième à Oronkua, la distribution de 150 tonnes de semences certifiées à 9 000 producteurs, la fertilisation de 1 500 hectares de terres avec des engrais organiques et la réalisation d'ouvrages de conservation des sols sur 1 500 hectares de terre sont au menu.

Du stockage à la microfinance

Pour ce qui est du second volet du projet, Andrea Ghione, coordinateur national de la CISV, soutient que le warrantage est une innovation institutionnelle en milieu rural qui consiste en une collaboration entre les banques de céréales et les caisses populaires. « Testé à 100% avec environ 500 producteurs dans le Sud-Ouest, il permettra aux petits producteurs de stocker leurs récoltes et de recevoir des crédits pour réaliser des activités économiques.

Avec les revenus de ces activités, il pourront rembourser les crédits pendant la période de soudure et récupérer ainsi leurs récoltes pour éviter de les brader au moment où les prix sont les plus faibles », a-t-il poursuivi. Cet aspect du projet sera géré par la Fédération des caisses populaires du Burkina en partenariat avec les trois organisations paysannes que sont la COOBSA, Faso Djigui et l'ASK.

Le troisième volet, quant à lui, se réfère à l'information commerciale à travers l'organisation de 6 bourses céréalières pendant lesquelles les producteurs rencontreront les acheteurs professionnels.

Cela permettra aux premiers d'écouler leurs productions à des prix rémunérateurs et aux seconds d'avoir des informations précises sur la disponibilité des céréales. Géré par la CPF avec l'appui d'Afrique Verte, ce volet intègrera aussi l'organisation de 15 ateliers régionaux de concertation qui traiteront des grands thèmes des politiques agricoles en zone UEMOA et CEDEAO, de l'accès aux intrants, du crédit rural, de la transformation des céréales et de la question du genre en matière de titres fonciers.

Soucieux des changements climatiques et de ces effets sur la vie des populations rurales, le projet accorde enfin une importance capitale à la question environnementale longtemps ignorée par les politiques agricoles. Pour M. Andrea Ghione, tout autant que ce projet vise la valorisation des

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organisations paysannes et leur autosuffisance, il est également attentif à l'impact environnemental de l'agriculture.

Ainsi la récupération des sols par des techniques de valorisation du savoir-faire local (zaï, diguettes, cordons pierreux, andropogon...) et les fosses fumières participent de cette volonté. Pour le président de la CPF, Bassiaka Dao, le projet suscite un grand espoir dans les zones concernées en ce qu'il participera à l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire en facilitant l'accès des Burkinabé à la nourriture.

Dans le même ordre d'idées le secrétaire général de la région des Hauts-Bassins, Joachim Somda, représentant le gouverneur, estime que la qualité des différents partenaires constitue la première force de ce projet. A cela, il ajoutera la cohérence entre les objectifs de cette initiative et ceux de la politique agricole actuelle du Burkina Faso, qui met désormais l'accent sur la responsabilisation des acteurs à la base, et sur l'utilisation des ressources disponibles de la façon la plus efficace possible. Ils visent aussi à ce que les actions menées soient facilement reproductibles par d'autres bénéficiaires.

Jean-Marie TOE

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Pour un rééquilibrage entre hommes et femmes Le 25 février 2010, Le Pays (Burkina) Un atelier pour l'intégration de l'égalité femmes-hommes dans une quinzaine de projets économiques, notamment des projets d’unités de transformation agroalimentaire soutenus par Afrique Verte, dans 6 pays de la sous-région s’est tenu à Ouagadougou du 23 au 26 février 2010. Cela rentre dans le cadre du programme mobilisateur "genre et économie, femmes actrices du développement". --- Soixante dix membres d'organisations de la société civile du Nord et du Sud sont en concertation à Ouagadougou du 23 au 26 février dans le cadre du programme "Genre et économie, les femmes actrices du développement". Cette rencontre vise à un réel rééquilibrage entre hommes et femmes dans les activités économiques et une amélioration de l'autonomisation des femmes en termes d'accès et de contrôle aux facteurs productifs, de pouvoir de décision sur les activités et dans les instances de gouvernance, de maîtrise des revenus des activités et à l'amélioration de leur bien-être. En effet, il ressort des statistiques que les femmes dans le monde effectuent les deux tiers du nombre d'heures de travail et produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10% du revenu total, possèdent moins de 2% des terres, reçoivent moins de 5% des prêts bancaires. En Afrique particulièrement, les femmes sont largement impliquées dans l'économie de leur pays et disposent de nombreux savoir-faire. Mais, elles ne sont pas assez reconnues et leurs potentialités sont insuffisamment mises en valeur. Ainsi, les femmes n'ont pas un accès et un contrôle égal des ressources ni le même pouvoir de décision et ne tirent pas la même reconnaissance sociale de leurs activités que les hommes. C'est dans ce sens que le projet oeuvre à un rééquilibrage entre femmes et hommes.

Ce programme concerne une quinzaine de projets économiques dans 2 consortiums que sont le secteur agro-alimentaire et celui de l'artisanat et de l'entrepreneuriat. Il s'intéresse à 6 pays de la sous-région à savoir le Burkina, le Bénin le Niger, le Togo, le Sénégal et le Mali. C'est un atelier organisé par Equilibres et populations et Enda Europe avec la participation d'Adéquations, Aster et Asfodevh avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères et européennes. Marie Lise Semblat, responsable de Aster indique que les objectifs de l'atelier sont entre autres, de renforcer la connaissance entre les acteurs ; faire connaître le programme ; élaborer des différences entre les pays et les activités ; avoir une vision commune sur la perspective du genre dans les activités économiques ; valider et consolider les plans d'actions de chaque projet en veillant à ce que les objectifs et activités visant un rééquilibrage des pouvoirs et des responsabilités des hommes et des femmes soient intégrés. C'est un programme qui ne marginalise pas les hommes, ont souligné Pauline Chabbert du ministère français des Affaires étrangères, Kane Aïchatou Boulama de SAFEM Niger, Adama Aïssa Coulibaly Tall de Afrique verte du Mali

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Burkina Faso: 2è Edition de la Bourse céréalière et perspectives après PPASA Le 18 janvier 2010, Sidwaya (Burkina) La 2ème édition de la bourse céréalière du Nahouri a eu lieu le mardi 12 janvier 2010 sous la présidence du Haut commissaire Mme Madeleine Bonzi. Le Programme post inondation d'appui à la sécurité alimentaire (PPASA) s'était assigné pour mission l'organisation de deux bourses pour faciliter l'accès des céréales aux zones déficitaires à des prix abordables. --- La 1ère Edition tenue en février 2009 avait permis à plus de six cent ménages des villes de Pô, Tiébélé et même de Ouagadougou de couvrir leurs besoins alimentaires pendant un certain temps pour six cent sacs (600) achetés à 2.000.000 de francs CFA, ce qui a motivé l'organisation de cette seconde Edition qui a encore enregistré une forte participation des acteurs de la filière, opérateurs, services techniques, producteurs de plusieurs localités grâce à un accompagnement de l'ONG Afrique verte. Cette ONG ayant une grande expérience en matière d'organisation des bourses au niveau national et régional, son Chargé des programmes Issaka Hébié a avant l'ouverture proprement dite de la Bourse, fait une communication sur la méthode d'approche dans les négociations.

Ce qui a permis aux participants d'aborder le marché avec plus de sérénité. Au total trois contrats ont été signés. M. Jacques Ilboudo a vendu à l'Union des producteurs de Tiébélé, 10 tonnes de céréales et à celle des producteurs de commercialisation de Tenkodogo 20 tonnes et 6...... sacs vendus par Mme Cécile Batta à SOS/santé développement.

Selon la coordonnatrice du Programme post inondation à la sécurité alimentaire, Mlle Mariam Topan confiant ses sentiments après la Bourse sont mitigés car pour un besoin d'achat de près de 110 tonnes exprimés, seulement 30 tonnes ont été disponibles donc tout le monde n'a pas trouvé son compte.

Mais elle espère que les négociations se poursuivront après la bourse aussi, les producteurs du Nahouri n'arrivent pas à s'accorder sur les sacs, eux ils parlent sur de sac de 120 kg alors que les autres raisonnent en sac de 100kg.

Pour elle tout ceci est un problème d'organisation et le travail doit se poursuivre pour amener les producteurs à s'harmoniser sur les mesures pour les éditions à venir, car même si le PPASA a atteint son objectif en organisant les deux éditions et en faisant participer les producteurs de sa zone d'intervention à autres bourses, l'organisation doit se poursuivre car le programme triennal prendra fin bientôt et l'importance des marchés de céréales n'est plus à démontrer.

Elle a salué la participation cette année du PNGT II phase II et souhaité que la bourse s'inscrive dans la durée et sa continuité grâce au concours de tous les partenaires financiers et techniques qui interviennent au niveau de la région.

Elle a aussi remercié les autorités pour leur disponibilité. Au préalable, le Haut commissaire Mme Bonzi a pour sa part dressé le bilan et les statistiques agricoles de l'agriculture et des ressources Halieutiques qui sont satisfaisants dans l'ensemble. Elle a saisi l'occasion pour féliciter les acteurs qui ont à "uvré à l'atteinte de ces bons résultats, puis les a exhortés à plus d'ardeur au travail pour des lendemains meilleurs. Pour elle, la Bourse constitue une opportunité pour les producteurs des zones déficitaires de faire leur provision. Elle a traduit la reconnaissance de la province à l'Union européenne, Christian Aid, SOS/Santé développement et surtout le PPASA qui ne ménage aucun effort pour accompagner les populations dans leur quête permanente de bien être.

Elle a terminé en joignant sa voix à celle de la Coordonnatrice pour lancer un appel à tous les partenaires au développement à s'approprier ladite Organisation pour le bonheur des populations.