10
208 Protection des monuments d'architecture traditionnelle et mus& d'ethnographie de plein air en Hongrie Friderika Biró L'article qui suit a pour intérit, tout d'abord, de rendre compte de l'euiire qui s'acconzplit dam la République populaire de Hongrie, p o w présenter, étmlier et mettre eia valerir le riche patrimoine d'architectwe popnlaàre traditionnelle de ce p q s . Il le faìt, ce est encore ph4s important, selon mi déroidement à la fois ritros-ectf et prospectif : msée-village de Göcsty, désormais achevé ; nzusée-vìlhge de Vas, en cours de réalisatìoii ; msée de Sóstó, en projet. Non sans nzontrer comnietit, dans chaque étape, l 'expé- rience de l'étape précédente est capitalisée. IJne œuvre immense, 2 la vérif fp, à méditer par bien des pqs. (N.D.L.R.) Monuments historiques rustiques Ct industriels rcstaures Alusees d'ethnographie de plein air; musces individuels de maison dgionale. O surplnce. A Collections ethnogr2phiques r6ginnalcs. hiusCe central de plein air. 1 23 Le voyageur qui visite la Hongrie dans l'intention de découvrir les couches profondes de la civilisation nationale et historique sera témoin d'une activité de recherche et de construction aux multiples aspects. Depuis vingt ans déjà, la protection des monuments ethnographiques, histo- riques, artistiques, prend des proportions de plus en plus larges. Cette protec- tion est du ressort de l'État et de la communauté. Le décret-loi no 13 de 1949 et ses additifs ont considérablement élargi les tâches ethnographiques et muséologiques de @,,tat et des conseils locaux ; les monuments d'architecture populaire et leurs dépendances, intéressants du point de vue historique, eth- nique et esthétique, et, en tant que tels, représentatifs de l'histoire de la vie

Protection des monuments d'architecture traditionnelle et musées d'ethnographie de plein air en Hongrie

Embed Size (px)

Citation preview

208

Protection des monuments d'architecture traditionnelle et

mus& d'ethnographie de plein air en Hongrie

Friderika Biró

L'article qui suit a pour intérit, tout d'abord, de rendre compte de l'euiire qui s'acconzplit dam la République populaire de Hongrie, p o w présenter, étmlier e t mettre eia valerir le riche patrimoine d'architectwe popnlaàre traditionnelle de ce p q s .

I l le faìt, ce pì est encore ph4s important, selon mi déroidement à la fois ritros-ectf e t prospectif : msée-village de Göcsty, désormais achevé ; nzusée-vìlhge de Vas, en cours de réalisatìoii ; msée de Sóstó, en projet. Non sans nzontrer comnietit, dans chaque étape, l 'expé- rience de l'étape précédente est capitalisée. IJne œuvre immense, 2 la vérif fp, à méditer par bien des p q s . (N.D.L.R.)

Monuments historiques rustiques Ct industriels rcstaures

Alusees d'ethnographie de plein air; musces individuels de maison dgionale.

O surplnce.

A Collections ethnogr2phiques r6ginnalcs.

hiusCe central de plein air. 1 23

Le voyageur qui visite la Hongrie dans l'intention de découvrir les couches profondes de la civilisation nationale et historique sera témoin d'une activité de recherche et de construction aux multiples aspects.

Depuis vingt ans déjà, la protection des monuments ethnographiques, histo- riques, artistiques, prend des proportions de plus en plus larges. Cette protec- tion est du ressort de l'État et de la communauté. Le décret-loi no 13 de 1949 et ses additifs ont considérablement élargi les tâches ethnographiques et muséologiques de @,,tat et des conseils locaux ; les monuments d'architecture populaire et leurs dépendances, intéressants du point de vue historique, eth- nique et esthétique, et, en tant que tels, représentatifs de l'histoire de la vie

Architecture traditionnelle et musées. d'ethnographie de plein air en Hongrie 209

rurale et populaire, sont déclarés d'intérêt national et protégés par la loi. A priori, on considère les (( œuvres d'architecture populaire D et les (( monuments d'art populaire )) dans leur complexité en faisant valoir leur corrélation orga- nique avec les formes régionales d'implantation, les structures d'économie, de production et de technologie industrielle et agricole de l'époque donnée, ainsi qu'avec l'aménagement coutumier des intérieurs domestiques.

La protection des monuments d'art populaire stipulée par la loi relève de l'Intendance nationale des monuments et des musées ethnographiques. Le travail de ces institutions comprend à la fois l'inventaire, la conservation, la reconstruction et la restauration. Par suite de ces activités on a dressé au cours des dix dernières années le registre des monuments d'art populaire d'après lequel, en 1966-1967, on a répertorié en Hongrie 77 édifices d'importance primordiale, 709 d'importance secondaire et I 164 édifices caractéristiques de la physionomie rurale. Indépendamment de ce registre, les musées ethnogra- phiques sont de vrais centres de documentation, rassemblant les données scientifiques sur l'architecture, l'habitat et l'aménagement intérieur populaires. La décennie passée de la protection organisée des monuments d'art populaire a donné un nouvel essor à ce genre de recherches encouragées à la fois par les exigences de la muséologie, de l'éducation populaire et du tourisme.

Dans la pratique, le travail de protection des monuments d'art populaire et de muséologie ethnographique portant sur l'habitat populaire vise deux objec- tifs : a) entretien et éventuellement reconstruction historique des monuments d'architecture populaire sur leur emplacement original (hameaux, villages, villes) en tant qu'édifices et complexes d'édifices indépendants ou, plus rare- ment, en tant qu'ensembles d'architecture populaire (ensembles architecturaux, centres de villages, rues caractéristiques du passé), indépendamment de leur utilisation pratique (maison d'habitation, magasin, syndicat d'initiative, maison de la culture) ou même de leur affectation muséologique ; par la même occasion, leur ameublement avec des objets originaux respectant autant que possible les données scientifiques ; b) application, par suite de la modernisation rapide des conditions d'existence, de solutions nouvelles en matière de conservation et d'exposition, notamment réalisation loin de leur emplacement original, mais à proximité des centres culturels et touristiques - la capitale et les chefs-lieux de département - de complexes architecturaux embrassant toute l'histoire des modes de vie paysanne et populaire: musées ethnographiques de plein air, musées de villages, villages-musées, ou bien musées indépendants dans une maison régionale. La science ethnographique et la politique culturelle hon- groises ont adopté ces méthodes en s'inspirant, d'une part, des expériences et des antécédents nationaux, d'autre part, des autres exemples européens. Les conditions d'évolution favorable de la bourgeoisie d'Europe occidentale et septentrionale ont permis, surtout au XIX" siècle, d'absorber, d'intégrer les déments populaires dans la culture nationale (la mentalité culturelle, après avoir dépassé les stades des théories romantiques et illusoires, est rapidement par- venue au niveau scientifique) et de jeter les bases scientifiques de la muséologie, y compris celles des musées ethnographiques. Par suite de cette évolution, parmi les nombreuses variantes des tendances muséologiques, dès la fin du X I X ~ siècle, apparaissent les établissements artificiels, c'est-à-dire les villages où se trouvent concentrées les œuvres régionales les plus spkcifiques et les plus représentatives de l'architecture et du mobilier populaires et nationaux. C'est ainsi que se développe la forme la plus pratique de ces établissements artificiels : le musée ethnographique de plein air, le (( skansen n, le musée-village. Les muséologues d'Europe centrale et orientale ont, avec un certain retard, pris connaissance de ces méthodes, mais en dépit de l'intérêt, des efforts de propa- gande, des initiatives qu'elles ont suscités - et malgré quelques résultats - les conditions historiques et sociales concrètes ne permettaient pas leur mise en œuvre. I1 fallut, dans ces pays, attendre l'avènement de l'ère des États populaires nés après la seconde guerre mondiale pour pouvoir en faire l'application pratique. Ainsi en fut-il en Hongrie aussi.

23 Carte de la Hongrie indiquant l'emplacement des monuments historiques et des musees ethnographiques en plein air mentionnks dans le texte. 24 MAISON PALÓC, Parád, bltie dans la premikre moitié du X I X ~ sitcle, restaurée et transformie en musee en 1963164.

ifò Friderika Biró

Résultats de la protection des monuments d'art populaire

Grâce à la protection organisée et scientifique des monuments d'art populaire, des centaines de maisons rurales, d'immeubles d'habitation, de bâtiments de ferme et d'ateliers artisanaux sont sauvegardés (fig. 23). A titre d'exemple, mentionnons tout d'abord la Maison palóc (Parád, département de Heves) (fig. 24), gardant le cadre de la vie paysanne de la région montagneuse du Nord au milieu du X I X ~ siècle. I1 s'agit d'une maison d'habitation divisée en trois parties, avec une installation intéressante de chauffage, une cour sur laquelle s'ouvrent une grange et une étable typiques de cette région, un puits à bascule

- et une palissade. L e bâti en bois illus&une technique architecturale rurale du bas moyen âge. L'installation intérieure reconstituée avec des objets originaux montre le type d'habitat d'il y a près d'un siècle.

Parmi les ateliers artisanaux villageois reconstitués, il convient de mention- ner une forge du XVIII~ siècle (Verpelét, département de Heves) (fig. 2j7 26), et une (( maison de teinture D datant d'un demi-siècle plus tard (Szendr6, département de Borsod-Abauj-Zemplén). La forge aménagée avec des outils contemporains fait ofice de musée. La <( maison de teinture >) - atelier de teinture en bleu - est la reconstruction d'un atelier d'époque. Les décorations peintes extérieures sont uniques en Hongrie (fig. 27).

On amelle réserve DoDulaire de Tihanv l'ensemble d'édifices situés à l'en-

.

28

29

LI. L L

droit le plus pittoresque du lac Balaton, dans un vieux village de la péninsule de Tihany (département de Veszprém), qui préserve un passé séculaire : c'est la maison de la corporation des pêcheurs de Tihany (Disanós) datant de la fin du XVIII~ siècle (fig. 28, 29) - une chaumière en pierres brutes avec mobilier contemporain, à côté d'elle une cuisine G enfumée )>, c'est-à-dire une maison sans cheminée avec ses dépendances. Le mobilier contemporain a été recueilli dans le village et ses environs.

L'une des plus belles réussites de la protection de l'art populaire local est la réserve d'architecture populaire de Hollók6. I1 s'agit du centre d'une agglo- mération rurale riche en costumes et autres traditions populaires dans la région montagneuse du Nord (Hollók6, département de Nógrád) (fig. 30). Quelque 18 é a c e s vieux de cent cinquante à deux cents ans ont été reconstruits dans leur forme originale ; ils représentent bien le style architectural caractéristique des palóc, ainsi que l'aspect des villages de l'époque. Un seul des édifices a été aménagé en musée (fig. p.), les autres servent de maisons d'habitation ou, pour la plupart, sont utilisés au profit de la commune et du tourisme comme maga- sins, ateliers d'industries d'art, maisons d'artistes, chalets pour touristes.

Architecture traditionnelle et musées d'ethnographie de plein air en Hongrie 21 I

Nous pourrions encore longuement énumérer la liste de nos monuments populaires reconstruits ; nous nous contenterons de mentionner les différents types d'édifices : moulin pendu, moulin à eau, plusieurs moulins à vent, dif- férents types de maisons d'habitation, édifices de ferme et dépendances, hangar en bâti de bois (dit (( kástu D), églises, chaises de clocher.

Musées ethnographiques de plein air

Les premières réalisations de ce genre muséologique spécial ont été les maisons- musées régionales créées dans les années trente; à l'origine, elles avaient été cons-? truites comme spécimens du type architectural de telle ou telle région ethnique, tout près des musées régionaux (créés dans les départements ou les centres régionaux caractéristiques). Nous en connaissons deux types : la maison palóc de Balassagyarmat (département de Nógrád) (fig. 32), édifice du début du X I X ~ siècle transporté de son emplacement original dans le chef-lieu du dépar- tement et pourvu de meubles de la fin du siècle. Plus tard on y a ajouté des bâtiments de ferme et des machines agricoles. La maison de Bakony (Veszprém, département de Veszprém) est une reconstitution ; prototype de la maison et

2/ Forge datant du XVIII" sikcle. VerpelCt. 26 L'installation de la forge représente le niveau technique du métier à cette époque. Restaurée en 1964. 27 L'atelier de teinture en bleu à SzendrG, l'un de nos monuments industriels les plus originaux. Transformé en musée en 1964/65. 28 Face de la maison de la corporation des pScheurs de Tihany (Disznós). 29 Resserre B outils de la corporation des pkheurs de Tihany. 30 HollókG avant la restauration qui est en cours depuis 1963.

de l'ameublement de la région de Bakony, elle regroupe les caractéristiques de la maison populaire. Les meubles sont d'origine. En Hongrie, ce genre muséolo- gique ne s'est guère répandu ; à part les deux exemples cités, on n'a déplacé de nos jours de son site original qu'un seul édifice artisanal : il s'agit d'un mou- lin à vent (fig. 33) transféré à côté du musée de IGskunfél-egyháza (département de Bács-IQskun).

On cite souvent comme musée-village le village ethnographique construit dans le cadre de la grande exposition organisée pour le millénaire de la Hongrie,

212 Friderika Biró

33

32 31 MUS& DE HOLLÓKB. Hollókh. Inttrieur. Restauré en 1965. 32 MUS& DE PLEIN AIR. Ballassagyarmat. 33 Moulin à vent. Kiskunfél-egyháza. Reconstruit dans la cour du musée en 1960. 34 Détail de l'exposition ethnographique milltnaire. Maisons de Büdszentmihály et Zebeck. (Reproduction de Efhraogra$hia, I 8 9 6.)

34 en 1896. En réalité, ce n'était pas un musée ethnographique de plein air pour deux raisons : d'une part, ce n'était qu'un mélange d'édifices (en majorité des maisons d'habitation) créé sans idée directrice, une pure curiosité en somme, même en admettant que, pour l'époque, il était original, instructif et intéressant ; d'autre part, ce village ne survécut pas à l'exposition (fig. 34).

Collections ethnographiques régionales : musées-villages

Les véritables musées-villages hongrois se sont construits - et se construisent encore - à la lumière de l'expérience des musées de plein air modernes en Europe. Achevé cette année, le premier d'entre eux est le musée-village de Göcsej, installé à Zalaegerszeg, chef-lieu du département de Zala. L'architec- ture populaire bicentenaire d'une unité régionale <( fermée )) du point de vue historique et ethnique (Göcsej, département de Zala) y est présentée dans le cadre d'un musée ethnographique de plein air c o n p d'une manière ingénieuse. Pour l'essentiel, on y trouve tous les édifices populaires caractéristiques d'un village de Göcsej vers le tournant du siècle : maisons d'habitation, bâtiments de ferme, ateliers d'artisans, édifices de culte et édifices communautaires rassem-

Architecture traditionnelle et musées d'ethnographie de plein air en Hongrie 213

37

blés pour donner l'impression d'un village homogène (fig. 31, 36). Dans cette agglomération artificielle, c'est la construction en bois et ses techniques les plus diverses qui dominent dans leurs variantes plutôt primitives. Les formes historiques et ethnographiques contemporaines et postérieures à l'époque con- sidérée sont relativement peu représentées. Vu la configuration du site - le village est entièrement dans la plaine - l'atmosphère de la région vallonnée de Göcsej n'a pu être rendue que dans une faible mesure. Les intérieurs, confor- mément au caractère des bâtiments, montrent surtout des exemples d'un ameu- blement plutôt primitif (fig. 37-39). L'agglomération se divise en habitations individuelles dont elle présente, selon les possibilités, toutes les dépendances. Les six habitations du musée-village comprennent 3 I bâtiments différents ; en plus, on voit des ateliers artisanaux, des Cdifices de culte, des bâtiments de ferme hors terrain et des décorations architecturales détachées (fig. 40-42).

Le musée-village de Vas (Szombathely, département de Vas) actuellement en construction se propose de donner une image plus différenciée de l'archi- tecture populaire que celui de Göcsej. Cette ambition s'explique déjà par le fait qu'il s'efforce de montrer plusieurs unités régionales, ethnographiques et histo- riques, d'un ensemble administratif dans un village homogène, et ceci aussi

31 MUSÉE-VILLAGE DE G~CSEJ. Zalaegerszeg. Rangée de malsons. 36 ~~USÉE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Pignon décorb d'une maison construite à I<hvás en I 8 7 I. L'un des plus beaux exemples de la décoration architecturale en Hongrie occidentale. 37 MLJSÉE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Cuisine de la maison de Kávás avec le vaste four. La vaisselle représente la culture culinaire de la fin du siècle dernier. 3 8 MUSÉE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Fumoir de Felsijszenterzsbbet, datant de la fin du XVIII~ sitcle. L'immeuble comprend une seule pièce habita- ble dont l'installation fut recons- truite suivant le style de l'époque.

214 Friderika Biró

39 MUSSE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Intérieur d‘une cave. La presse et le mobilier sont typiques du style paysan de la fin du siècle dernier. 40 MUSÉE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Beffroi couvert de bardeaux en bois. 41 MUSSE-VILLAGE DE GÖCSEJ. Zalaegerszeg. Sculpture en bois datant de 1910. 42 MUSÉE-VILLAGE. Szombathely. Plan des lieux : I. Moulin à eau ; 2. Ruisseau ; 3. Collection piscicole ; 4. Terrain de Hegyhát ; 5 . Terrain croate ; G. Terrain de Kemenesalja I ; 7. Forge ; 8. Terrain de Völgység ; 9. Terrain de la Petite Plaine I ; IO. Terrain de la vallée du fleuve Rába ; I I. Terrain allemand ; 12. Terrain de Kemenesalja II ; 13. Terrain de. la Petite Plaine II ; 14. Jardin avec

8rség ; 18. Beffroi de Molnaszecsöd ; 19. Hangar à étage ; 20. Maison de la région wende ; 21. Beffroi II ; 22. Caves dans les vignobles ; 23. Cimetière, I : entrée ; II : logement de fonction ; III : étang poissonneux ; IV-V : entrées de la ferme ; VI : bâtiment de l’exposition.

range ; I j . Maison de la région

39

Architecture traditionnelle et musées d'ethnographie de plein air en Hongrie 21.5

bien du point de vue du style architectural que, d'après les projets, de celui de l'ameublement. Sur un terrain de quatre hectares il cherche à représenter toute l'architecture du département de Vas, celle des agglomérations de la région plate consues en rues aussi bien que celle des régions vallonnées où les agglomérations se sont dEveloppées en groupes de maisons. D'après sa conception, ce musée-village, tout comme l'autre, réunit des habitations, forme des rues, compose des quartiers et un centre de village, donne une impor- tance accrue à l'artisanat rural, aux édifices de culte et aux exemples architectu- raux offrant une image plus différenciée des villages (fig. 43, 44). I1 prend en considération l'architecture des populations non hongroises du département. A côté des modes primitifs typiques de constructions en bois, on pourra voir également la technique et le style d'édifices plus récents construits avec d'autres matériaux. Les dernières variantes de l'architecture populaire locale y trouve- ront également leur place. Bref, ce sera une collection complète des tendances de l'architecture populaire de la région présentées sous leur aspect historique et social. C'est ici qu'on se rend compte combien il est important de mettre en valeur les points de vue d'éducation populaire aussi bien que touristiques.

Au village ethnographique de Sóstó près de Nyiregyháza (département de Saabolcs-Szatmár) on s'efforce d'utiliser les expériences des deux musées- villages que nous venons de décrire. Ici, les œuvres typiques de l'architecture régionale et historique seront présentées d'une manière encore plus différenciée et embrasseront l'art populaire de plusieurs départements. On y accentuera également la différenciation historique et sociale, comme elle se présente dans la réalité de l'architecture et de l'habitat. On cherchera à montrer le mieux possible la vie paysanne et populaire. Le plan prévoit la reconstruction de 9 5 bâtiments.

Le musée-village central du pays, en construction à Saentendre

Au cours des cinq dernières années la construction du musée central de plein air est devenue une affaire de portée nationale (Saentendre, département de Pest). Le plan sera exécuté sur un terrain de 40 hectares, non loin de Budapest, à proximité immédiate de Szentendre, dans la courbe du Danube - un des paysages les plus pittoresques du pays. D'après le projet, on se propose d'y réunir les spécimens bicentenaires de l'architecture et de l'ameublement popu- laires et, en général, des objets historiques, artistiques et utilitaires, de la vie populaire, en tenant compte de leur différenciation historique et ethnique, d'une part, et de leur intégrité populaire et nationale, d'autre part. Le projet trouve moyen de faire ressortir l'influence des changements de structure économique et sociale du pays sur l'architecture et l'ameublement populaires et n'oublie pas, non plus, l'architecture et le mobilier historiques des mino- rités nationales.

En réalisant le projet, on a pris en considération les méthodes d'organisation les plus modernes des musées ethnographiques de plein air européens, aussi bien que les expériences scientifiques, muséologiques et techniques, accumulées dans ce domaine en Hongrie.

Le musée-village central présente en réduction la structure géographique et les données régionales du pays - les plaines, les régions vallonnées et mon- tagneuses, les bassins fluviaux - afin de montrer dans un cadre aussi authen- tique que possible les différents types d'agglomérations et les monuments caractéristiques de leur architecture. Aussi les réalisateurs ont-ils envisagé de représenter I I unités géographiques et ethniques régionales, chacune comprenant 3 à j terrains bâtis d'après des méthodes confirmées : cela signifie que chaque région ethnographique caractéristique du pays sera représentée par 20 à 2 j édifices différents (maisons d'habitation, bâtiments de ferme, dépendances). Ce village ethnographique consistera donc en zoo à z j o édifices et l'on a prévu un centre traditionnel avec mairie, école, églises, magasins. Le village possédera également un cimetière, des monuments de culte et, en

,

._ 43

44

43 MLJS~E-VILLAGE. Szombathely. Beffroi en construction, provenant de Molnaszecsöd. A l'arrikre-plan, une maison transférée à Szombathely et reconstruite en 1968 169. 44 MUSÉE-VILLAGE. Szombathely. Maison datant des annees 1790, reconstruite en 1969.

216 Friderika Biró

4J Maison à IGspalád, destinée au musée-village de Szentendre. 46 La maison de Kispalád, en démolition. 47 La même maison en reconstruction à Szentendre. 48 MUS~E-VILLAGE. Szentendre. Maison d'habitation de Kispalád. 49 Maison d'habitation de Szalaf6 (Hongrie occidentale) destinée au musée-village de Szentendre. J O Maison de Szalafo" en démolition.

47

Architecture traditionnelle et musées d'ethnographie de plein air en Hongrie 217

dehors de l'agglomération, des bâtiments de ferme. Ce sera un vrai village. Conformément aux plans acceptés, on y créera un décor naturel avec jardins caractéristiques, parcs, chemins, réseaux de transport, pour répondre aux exi- gences et du tourisme et de l'éducation populaire. Par l'arrangement pratique des grandes masses et des détails, l'agglomération ethnographique vise à reproduire l'agréable atmosphère esthétique d'un vrai village hongrois du passé. La majorité des maisons d'habitation et des bâtiments de ferme seront transportés directement de leur site original. Le choix des édifices adéquats a été précédé d'un travail scientifique, muséologique, de plusieurs années. Le démontage et le transfert de ces édifices s'effectuent selon des techniques modernes (fig. 4 j - j ~ ) . Pour la reconstruction, entre un quart et trois quarts des matériaux originaux sont utilisés. Le style architectural, la technique de cons- truction et les éléments décoratifs sont pleinement mis en valeur. Maisons d'habitation et bâtiments de ferme sont équipés en partie de meubles, d'usten- siles et d'outils d'époque ou, dans les limites admises par la science, d'objets plus récents.

Le musée-village est en voie de construction ; les édifices d'une de ses unités régionales caractéristiques - celle de Szatmár (département de Szabolcs-

49

Statmár) - commencent à se dresser. Quelques années encore et les monuments architecturaux historiques, aussi bien que les objets d'ameublement produits par la culture populaire hongroise, illustreront dignement l'aspiration et le savoir-faire esthétiques, créateur de formes, de ce peuple.

I Traduit du hotgrois]