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chancelle Warren W. Wiersbe Des réponses pour ceux qui souffrent. Quand la vie

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Q u a n d la v ie Des réponses pour ceux qui souffrent. Warren W. Wiersbe Quand la vie chancelle Q u a n d la v ie Des réponses pour ceux qui souffrent. Warren W. Wiersbe

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chancelleWarren W. Wiersbe • Professeur et conférencier américain mondialement connu, il a été pasteur de plusieurs Églises aux États-Unis, dont l’Église Moody à Chicago. Il est l’auteur de nombreux livres, dont Soyez toujours fidèle, Supérieur aux anges, Tous égaux devant Jésus et une série de Commentaires des livres du Nouveau Testament.

Pourquoi dois-je souffrir ?Y a-t-il une raison à ma souffrance ?Pourquoi de mauvaises chosesarrivent-elles aux « gens bien » ?

Les hommes se posent ces questions depuis la nuit des temps. Par une réflexion approfondie, l’auteur essaie d’apporter des réponses à ces questions essentielles qui nous tenaillent. Il nous propose un point de vue biblique sur les raisons et le but de la souffrance.« Souffrir sans espoir, c’est vivre dans le désespoir », nous dit W. Wiersbe. Avec sensibilité et compassion, il cherche à aider ceux qui sont troublés par les surprises douloureuses de la vie. Il montre comment réagir quand notre vie vole en éclats.

ISBN X-XXXX-XXXX-X / No ELB XXX XXX-X

Éditeurs de Littérature Biblique asbl

Chaussée de Tubize, 4791420 Braine-l’Alleud Belgique

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Des réponsespour ceux qui souffrent.

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chancelle

Warren W. Wiersbe

Des réponses pour ceux qui souffrent.

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Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :When Life Falls ApartBaker Book House • Box 6287 • Grand Rapids • MI • 49516-6287 • USA© 1984 Warren Wiersbe Tous droits réservés.

Édition en langue française : © 2005 Éditeurs de Littérature Biblique479 chaussée de Tubize • 1420 Braine-l’Alleud • BelgiqueTous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Daniel et Pemmy BordreuilLa plupart des notes de ce livre proviennent des traducteurs et de l’éditeur.

Couverture, mise en page et impression :AES • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France

Les citations bibliques sont tirées de La Nouvelle Version Segond Révisée (dite de la Colombe) © 1978 Société Biblique Française.

D. 2005/0135/3No ELB 004 141-6ISBN 2-8045-0141-8

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Dédicace

Dédié à mon ami de longue date, le pasteur Richard Hensley et à sa femme Betty.

Dick (Richard), l’existence que toi et Betty avez vécue au sein de la souffrance, de la douleur, du handicap, et le minis-tère que vous avez dispensé aux autres constituent ensemble le plus grand sermon que vous ayez jamais prêché. Vous avez été pour moi une aide et un encouragement, et je vous dédie ce livre, à toi et à ton épouse, en remerciement pour votre amitié.

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Note de l’éditeur

Dans les trois premiers chapitres de ce livre, W. Wiersbe amène le lecteur à réfléchir de façon approfondie sur les ques-tions essentielles concernant Dieu, la vie, le mal, la souffrance. À titre d’exemple, voici un extrait du premier chapitre :

Nous avons été créés à l’image de Dieu, et cela signifie que nous devons réfléchir. Nous devons poser les bonnes questions si nous voulons espérer recevoir les bonnes réponses. Cela signifie que nous devons tous devenir des philosophes et poser des questions sur nos propres ques-tions.

Nous proposons aux lecteurs qui ne désireraient pas entrer dans ces considérations d’ordre philosophique de com-mencer leur lecture à partir du chapitre 4.

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Chapitre 1

À vous qui souffrez

« Soyez bon, car tous ceux que vous rencontrez ont leur propre combat ». J’ignore qui a dit cela pour la première fois, mais c’est certainement un bon conseil. Chacun de nous livre ses propres batailles et porte ses fardeaux, et nous avons déses-pérément besoin de toute l’aide que nous pouvons obtenir. La dernière chose dont nous ayons besoin est quelqu’un qui ajou-terait à nos problèmes.

Ce ne sont pas les exigences normales de la vie qui nous brisent, ce sont les surprises douloureuses. Nous nous retrou-vons combattant dans une guerre que nous n’avons jamais déclarée, et portant des fardeaux pour des raisons que nous ne comprenons pas. Je ne parle pas de « moissonner ce que nous avons semé », parce que la plupart d’entre nous sont assez malins pour savoir quand et comment cela arrivera. Si nous violons les règles, nous devons en accepter les conséquences ; mais parfois, les choses arrivent même quand nous ne le fai-sons pas.

Lorsque la vie nous présente de douloureuses surprises, nous commençons à nous poser des questions. Nous nous demandons si, peut-être, on nous a trompés. Nous commen-

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çons à douter que la vie ait un sens. Des choses mauvaises arrivent au peuple de Dieu, et quand ces événements arrivent, notre réponse normale est de demander : Pourquoi nous ?

Ce livre est l’effort d’un homme pour essayer d’aider les nombreuses personnes qui souffrent, des gens qui, au sein de leur douleur, se posent des questions fondamentales sur la vie même. Y a-t-il un Dieu ? S’il existe, quelle sorte de Dieu est-il ? Selon quelles règles joue-t-il le jeu de la vie ? Est-il libre ou est-il menotté par son propre univers ? Met-il un plan à exécu-tion ou est-il si limité qu’il ne puisse intervenir dans les affaires de la vie ? Cela sert-il à quelque chose de prier ? Possédons-nous une information émanant de Dieu et concernant Dieu, ou devons-nous nous contenter de nos propres conclusions limitées, fondées sur des fragments, des lambeaux que nous laissent les expériences qui ont brisé notre vie ?

Ce sont des questions importantes, et elles doivent rece-voir une réponse.

Ce livre, Quand la vie chancelle, concerne les problèmes que le rabbin Harold Kushner 1 a abordés, lui aussi, dans son ouvrage Quand de mauvaises choses arrivent aux gens bien. Ces deux écrits font partie de ce que le philosophe Mortimer Adler appellerait « La grande conversation », cette discussion fascinante qui s’est poursuivie pendant des siècles, partout où des hommes et des femmes ont médité sur le problème du mal dans ce monde. Puisque le rabbin Kushner et moi-même envisageons ces questions à partir d’arrière-plans et avec des points de vue différents, il est logique que nous aurons des différences dans nos applications et nos conclusions. Je pense cependant que nous avons à l’esprit un même but : aider les gens qui souffrent et qui sont troublés par les problèmes qu’ils affrontent dans leur vie.

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11À vous qui souffrez

En dépit de nos différences, j’ai lu avec profit l’ouvrage du rabbin Kushner. J’ai été impressionné par son courage et sa franchise, tandis qu’il exprimait honnêtement ses sentiments et osait même se mettre en colère ! Sa femme et lui ont payé le prix fort pour en arriver à ce qu’il écrive son livre, et nous devons admirer leur consécration.

La compassion de cet auteur m’a aidé. Sa lutte en ce qui concerne sa foi ne l’a pas isolé, comme c’est souvent le cas dans ce genre de combat. Il était disposé à partager ses découvertes avec d’autres, espérant que les leçons apprises à l’école de la souffrance encourageraient quelque autre compagnon de peine.

Il m’a également aidé en me forçant à repenser mes propres convictions. Cela est une bonne chose, car on ne peut faire confiance à une foi qui n’est pas testée. Pendant plus de trente ans, j’ai été engagé dans un ministère pastoral, essayant d’aider les gens à utiliser les vastes ressources que Dieu met à notre disposition. J’ai dû, moi aussi, me poser quelques ques-tions fondamentales. Ai-je appliqué correctement les remèdes adéquats aux maladies concernées ? Mon diagnostic de la situation a-t-il été correct ? Que sais-je vraiment du Dieu à pro-pos duquel j’ai prêché et écrit pendant toutes ces années ? Ai-je le genre de foi qui me fait avancer sur le champ de bataille de la vie ?

Tandis que je me débattais avec ces questions et bien d’autres, je suis parvenu à quelques conclusions qui seront don-nées en détail dans les chapitres suivants. Mais, pour que vous sachiez dès à présent vers quoi nous allons, les voici résumées :

1. Nos réponses aux problèmes de la souffrance doivent être honnêtes intellectuellement

Nous avons été créés à l’image de Dieu, et cela signifie que nous devons réfléchir. Nous devons poser les bonnes questions

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si nous voulons espérer recevoir les bonnes réponses. Cela signifie que nous devons tous devenir des philosophes et poser des questions sur nos propres questions. Nous ne pouvons pas l’éviter, car, dès l’instant où nous essayons de répondre à une question sur la vie, nous devenons des philosophes !

2. Les gens vivent de promesses et non d’explications

Ce point fait équilibre avec le point 1. Personne ne peut répondre à toutes les questions ; même si nous le pouvions, les réponses ne garantiraient pas de nous rendre la vie plus facile, ou la souffrance plus supportable. Dieu ne s’explique pas par un syllogisme, et la paix de l’esprit ne réside pas non plus dans la conclusion d’une controverse. Dans chaque domaine de la vie, il doit y avoir un élément de foi : mariage, affaires, science et décisions ordinaires et quotidiennes. Ce que vous croyez détermine votre comportement, mais vous ne pouvez pas toujours expliquer ce que vous croyez et pourquoi vous le croyez. « La foi est l’une des forces par lesquelles vivent les hommes », écrivait le romancier Henry James, « et son absence totale signifie l’effondrement ».

3. Nous devons vivre !

La vie est un don de Dieu, et nous devons la garder pré-cieusement, la protéger et l’investir. Nous pouvons décider de retarder des décisions mais nous ne pouvons pas retarder le fait de vivre. « La vie ne peut attendre que les sciences aient pu expliquer l’univers scientifiquement », écrivait l’Espagnol José Ortega Y Gasset. « Nous ne pouvons reculer le moment de vivre jusqu’à ce que nous soyons prêts. […] La vie est tirée sur nous à bout portant ». Ou bien nous empoignons la vie et la faisons fonctionner le mieux possible, ou nous abandonnons. L’abandon ultime est le suicide. Dans la vie, la question la plus

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13À vous qui souffrez

importante n’est pas : Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles aux gens bien ? mais : Pourquoi l’espèce humaine est-elle sur la terre ? Quel est le but de la vie ? Quelqu’un le sait-il ?

4. Nous devons vivre pour les autres

La souffrance peut nous rendre égoïstes ou portés à l’ab-négation. Cela peut faire de nous une partie du problème ou une partie de la solution. John Keble avait l’habitude de dire : « Quand vous vous trouvez dominé par ce qui semble être de la mélancolie, le meilleur moyen d’y échapper est de sortir et de faire du bien à une personne ou une autre ». Bon conseil ! L’apôtre Paul expliquait aux personnes souffrantes de son époque que Dieu « nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trou-vent dans toutes sortes d’afflictions ! » (2 Corinthiens 1 : 4). Nous avons été créés, je pense, pour être des canaux et non des réservoirs, pour penser aux autres et non pas seulement à nous-mêmes.

5. Les ressources pour une souffrance créatrice sont ouvertes à tous

Tout, dans la nature, dépend des « ressources cachées », et il en est de même pour nous. L’histoire humaine brille des témoignages de personnes qui auraient pu être des victimes mais qui ont décidé d’être des vainqueurs. « Bien que le monde soit rempli de souffrances », écrivait Helen Keller 2, « il est également plein de ceux qui les ont vaincues ». La souffrance sera votre maître ou votre serviteur, et cela dépendra de la façon dont vous gérerez les crises de la vie. Après tout, une crise ne fait pas une personne, elle révèle de quoi elle est faite. Ce que la vie accomplit en notre faveur dépend de ce qu’elle

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trouve en nous. Les ressources sont disponibles, si seulement nous les utilisons.

Quand nous considérerons ces choses, nous devrons dégourdir nos esprits et réfléchir sérieusement. En même temps, nous devons ouvrir nos cœurs au genre de vérités spi-rituelles qu’on ne peut examiner en laboratoire ou manipuler sur un ordinateur. Mais, par-dessus tout, nous devons être prêts à obéir à la vérité, où qu’elle nous mène. Il ne suffit pas que votre esprit soit illuminé ou que votre cœur soit enrichi ; votre volonté doit être rendue capable de servir les autres. La souf-france n’est pas un sujet à spéculation ; c’est une occasion pour la compassion et l’engagement. L’esprit grandit en assimilant, mais le cœur s’élargit en donnant aux autres.

« Il a déjà tort à moitié, celui qui spécule sur la vérité et ne la pratique pas », disait un homme qui connaissait la souf-france et mourut jeune encore. « La vérité est donnée non pour être contemplée, mais pour s’exercer. La vie est une action et non une pensée ».

Mais pour que l’action soit intelligente, elle doit com-mencer par la réflexion. Notre responsabilité première, donc, est d’essayer de répondre à La question vraiment importante.

1 Kushner (Harold S.) : When bad things happen to good people (Quand de mauvaises choses arrivent aux gens bien), New York, Schocken, 1981. Ce best-seller a été écrit quand l’auteur fut confronté à la mort de son fils.

2 Keller (Helen Adams) (1880-1968) : pédagogue américaine ; devenue aveugle, sourde et muette lorsqu’elle était bébé, elle a réussi à force de volonté à apprendre à lire, écrire et parler, et à obtenir des diplômes univer-sitaires ; elle a publié plusieurs ouvrages.

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Chapitre 2

La question vraiment importante

Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles aux gens bien ?

Peut-être n’en êtes-vous pas conscient, mais poser cette question révèle beaucoup de choses sur ce que vous croyez. Derrière cette question apparaît un certain nombre d’hypo-thèses que vous pensez être vraies, et par lesquelles vous gérez votre vie. Chacun d’entre nous possède un credo personnel, et celui-ci se révèle au travers des questions que nous posons.

Chaque personne croit quelque chose concernant l’uni-vers, la vie, la mort, le bonheur, Dieu, la bonté, le mal, les autres gens. Ces croyances sont comme les axiomes en géo-métrie ; ils sont difficiles à prouver mais, si vous les rejetez, vous ne pouvez résoudre les problèmes. « Il est strictement impossible d’être un humain et de ne pas avoir quelques idées sur l’univers dans son ensemble », écrivait Aldous Huxley.

Quelles suppositions se cachent derrière la question : Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles aux gens bien ?

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1. Pour commencer, en posant cette question, nous sup-posons qu’il existe des valeurs dans la vie. Certaines choses sont « bonnes » et d’autres « mauvaises ». Pendant des siècles, les philosophes ont discuté le sens de « bonté » et ce qu’est une « vie bonne », et ils ne sont toujours pas d’accord. Mais au moins une chose est sûre : vous et moi préférerions avoir une vie agréable plutôt que de souffrir de « mauvaises choses » qui pourraient nous arriver. Nous préférons avoir la santé plutôt que la maladie, du succès en affaires plutôt qu’une faillite, du bon temps et non de la tristesse.

2. Il existe une autre hypothèse derrière notre ques-tion. Nous supposons qu’il y a un ordre dans l’univers. Nous croyons qu’il existe une cause aux « mauvaises choses » qui arrivent dans la vie des gens. Quand survient la tragédie, nous pensons : « Vraiment, il y a là quelque chose qui cloche, ceci n’aurait jamais dû arriver ! » Notre protestation laisse entendre que nous croyons en un univers ordonné, qui a un sens.

La naissance d’un enfant handicapé ou le meurtre d’une jeune mariée, par exemple, nous paraît inconcevable.

3. Une troisième hypothèse est que l’être humain est important. Peu de personnes parmi nous se demandent si de mauvaises choses arrivent à des tulipes, à des poissons d’aqua-rium ou à des lapins. Il leur en arrive certainement mais nos soucis concernent prioritairement les humains. Nous considé-rons que l’homme est différent des plantes et des animaux, et que cette différence est importante.

4. Notre quatrième hypothèse est, je pense, plutôt évi-dente : nous croyons que la vie mérite d’être vécue. Après tout, si la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, pourquoi se préoccu-per de se poser ces questions ? Pourquoi ne pas simplement en finir ? Albert Camus affirmait froidement : « Il n’existe qu’un

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seul problème philosophique vraiment sérieux, c’est celui du suicide. Le fait de juger si la vie mérite ou non d’être vécue équivaut à répondre à la question fondamentale de la philoso-phie ». Le fait que nous nous débattions avec ces problèmes prouve à l’évidence que nous pensons que la vie mérite d’être vécue et que nous ne sommes pas « dans un quotidien ingrat qui mène vers nulle part » (pour utiliser une expression du comédien Fred Allen).

5. Nous pouvons ajouter une cinquième hypothèse : nous croyons être capables de trouver quelques réponses et d’en tirer profit. Nous pensons que nous sommes des gens ration-nels, avec des intelligences qui fonctionnent, et que l’univers rationnel dans lequel nous vivons nous fournira quelques réponses. Nous pouvons ne pas être capables de tout com-prendre ni de tout expliquer, mais nous en apprendrons assez pour être encouragés à faire face aux luttes de la vie et à conti-nuer d’avancer. Sur cette supposition repose notre conviction que nous sommes libres de poser des questions et de recher-cher la vérité. Nous ne sommes pas des robots.

Si vous vous demandez sincèrement : Pourquoi de mau-vaises choses arrivent-elles à des gens bien ? Alors, voici ce que vous croyez :

– il existe des valeurs dans l’univers– l’univers est logique et ordonné– l’être humain est important– la vie mérite vraiment d’être vécue– nous pouvons trouver des réponses qui nous aideront

Mais le simple fait d’affirmer nos hypothèses ne résout pas instantanément nos problèmes. En fait, ces suppositions nous amènent à créer une nouvelle série de questions que nous n’avons pas le droit d’éluder. S’il existe des valeurs dans l’uni-

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vers, d’où sont-elles venues ? Qu’est-ce qui rend le « bien » bien et le « mal » mal ? Si l’univers est rationnel et ordonné, et si nous pouvons en comprendre la cause et l’effet, comment est-il devenu ainsi ? Si les hommes sont différents des plantes et des animaux, qu’est-ce qui fait la différence ? Pourquoi l’être humain est-il important ? Qu’est-ce qui rend la vie digne d’être vécue ?

Je crois que toutes ces questions importantes peuvent être résumées en ce que je pense être la question la plus grande de toutes : Quel est le but de la vie ? Si je sais qui je suis, pourquoi je suis ici, et comment je me trouve à ma place dans le schéma de l’univers, alors je peux mieux comprendre et traiter la diffi-cile expérience de la vie. Comme l’a écrit Nietzsche : « Si nous avons notre propre pourquoi de la vie, nous nous débrouille-rons avec presque tous les comment ». Ou bien, comme dit le proverbe romain : « Lorsque le pilote ne sait pas vers quel but il se dirige, aucun vent n’est le bon ».

Ainsi, la question vraiment importante n’est pas : Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles aux gens bien ? mais : Quel est le but de la vie ? Nous ne pouvons pas honnê-tement répondre à la première question si nous n’avons pas au préalable répondu à la seconde. À moins de connaître le but de la vie, nous ne pouvons déterminer quelles expériences sont « bonnes », et lesquelles sont « mauvaises ».

Une belle histoire de l’Ancien Testament illustre ceci. Les frères de Joseph étaient jaloux de lui et le haïssaient, aussi le vendirent-ils comme esclave. Le père de Joseph, Jacob, crut que son fils bien-aimé était mort ; mais en réalité, Joseph était en servitude en Égypte. Il passa plusieurs années éprouvantes en prison puis, grâce à une série de circonstances merveilleuses, il devint le deuxième dirigeant du pays. Cette situation nouvelle eut pour résultat que le jeune homme put protéger son père et ses frères durant la terrible famine (voir Genèse 37-50).

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Selon notre perspective humaine, ce qui arriva à Joseph était « mauvais ». La jalousie et la haine sont mauvaises. Ce n’est pas une bonne chose que d’être séparé de son père âgé et d’être vendu comme esclave. C’est une mauvaise affaire que d’être faussement accusé et jeté en prison. Mais, à la fin, tous ces événements ont concouru au bien de tous. Joseph dit à ses frères : « Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux » (Genèse 50 : 20).

En d’autres termes, nous avons intérêt à être prudents en identifiant les expériences de la vie comme étant « bonnes » ou « mauvaises », car nous pourrions nous tromper ! Le croyant chrétien s’en tient à Romains 8 : 28 : « Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ».

Mais quel est le but de la vie ?Bien des gens croient sincèrement que le bonheur est le

but de la vie. Je ne parle pas des hédonistes, qui ne vivent que pour manger, boire et être joyeux. Je me réfère plutôt aux per-sonnes respectables qui veulent simplement jouir de l’amitié et de l’amour, gagner leur vie, payer leurs factures, peut-être élever une famille et avoir part aux « bonnes choses » de la vie.

Je peux me tromper, mais il me semble que le bonheur n’est pas le but majeur de la vie, mais plutôt un sous-produit magnifique. La plupart des gens que je connais, et qui ont fait du bonheur leur but, ont terminé leur vie de façon misérable ! Par contre, ceux qui ont investi leur vie dans des occupations valables ont découvert un certain degré de bonheur. À mesure que nous progressons en maturité dans notre vie, nos idées du bonheur changent ; souvent, avec cette maturité nous vient une compréhension plus profonde de l’affliction.

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Faire du bonheur le but de la vie pourrait aussi conduire à l’égoïsme. Mon bonheur pourrait devenir votre malheur !

Quel que soit le but qui motive votre vie, il doit être assez grand et assez noble pour rendre valable votre investissement. La vie est trop courte et trop difficile pour qu’on la perde en banalités. « Bien des gens ont une fausse idée de ce qui consti-tue le vrai bonheur », écrivait Helen Keller dans son journal. « On ne l’atteint pas au travers d’une recherche de satisfaction personnelle mais par la fidélité à un but valable ».

J’ai la conviction que la vie mérite d’être vécue, mal-gré les problèmes et les difficultés, parce que l’homme est engagé dans un projet hautement valable. Bertrand Russell appelait l’homme « un accident curieux dans un marécage », et le cynique H. L. Mencken qualifiait l’être humain d’« une maladie locale du cosmos ». Mais l’homme porte l’image de Dieu et fut créé pour partager sa gloire. L’ancien catéchisme affirme magnifiquement ce « but valable » : « L’homme a été créé pour glorifier Dieu et pour jouir de sa présence à jamais ».

Le prophète Ésaïe avait à l’esprit ce même dessein lorsqu’il écrivait : « Fais venir mes fils de loin et mes filles de l’extrémité de la terre, quiconque s’appelle de mon nom, et que pour ma gloire j’ai créé, formé et fait » (Ésaïe 43 : 6, 7).

Le malheur n’arrive pas seulement aux gens bien, mais également à un groupe choisi de gens bien : le peuple de Dieu. Le fait que nous connaissions Dieu comme notre Père et Jésus-Christ comme notre Sauveur ne nous dispense pas des soucis normaux de la vie, ou de certaines épreuves qui nous surpren-nent parfois. En fait, notre foi pourrait même faire de nous une cible spéciale pour les attaques de l’ennemi.

Les cinq suppositions que nous avons étudiées précédem-ment semblent donner une évidence à la réalité de Dieu dans notre univers.

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C’est Dieu qui a placé les valeurs dans l’univers et qui détermine ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais ». C’est Dieu qui a fait l’homme et qui a donné à l’homme sa place importante dans la création. C’est Dieu qui maintient l’ordre dans l’univers, même quand vous et moi concluons que quelque chose a mal tourné. C’est Dieu qui rend la vie digne d’être vécue.

Il y a ceux qui voudraient substituer « l’évolution » à Dieu. Même le rabbin Kushner suggère que la souffrance et les handicaps physiques pourraient signifier que l’homme d’au-jourd’hui n’est que le dernier stade d’un long et lent « proces-sus évolutionnaire ».

Mais si le but de la vie est de voir se réaliser les progrès inhérents à l’évolution, alors « les mauvaises choses » ne peu-vent arriver à tout le monde. En fait, nous ne pouvons même pas utiliser les mots « mauvais » et « bon », car tout ce qui arrive dans le « processus évolutionnaire » est bon. Les tra-gédies de la vie ne font qu’aider l’homme à monter plus haut sur l’échelle évolutionnaire. Qui plus est, l’homme n’est plus important en soi mais seulement en tant qu’agent dans le lent et long « processus évolutionnaire ».

Je doute sérieusement que beaucoup de gens trouvent réellement du réconfort dans leur malheur, ou de la force dans leurs souffrances, en croyant cela. De telles idées sont bonnes pour le laboratoire ou la tour d’ivoire, mais elles perdent leur sens dans une salle de soins intensifs à l’hôpital ou au bord d’une tombe ouverte.

De plus, si l’évolution peut aider à expliquer des anoma-lies à la naissance ou d’autres problèmes physiques, elle ne peut jamais expliquer l’existence du mal moral dans ce monde. Si votre fille est née avec quelque défaut, c’est une chose, mais si elle est kidnappée, violée et assassinée, c’est tout autre

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chose. Ces actes pervers sont-ils aussi une partie d’un « long et lent processus évolutionnaire » ? L’homme accomplissant de tels actes serait-il un vrai criminel condamnable, ou seulement un agent du progrès évolutionnaire ?

Je ne suggère pas que, lorsque nous introduisons Dieu dans la discussion, nous résolvons automatiquement tous les problèmes. En fait, nous introduisons quelques problèmes nouveaux, comme nous le verrons dans les chapitres suivants. Mais j’affirme que le fait de laisser Dieu en dehors de la dis-cussion rend la discussion inutile. Nous avons des problèmes avec le mal dans ce monde, non à cause de notre incrédulité mais en raison de notre foi !

Le célèbre enseignant de la Bible anglais G. Campbell Morgan l’affirme de la façon suivante : « Les hommes de foi sont toujours des hommes qui ont à affronter des problèmes. Effacez Dieu, et vos problèmes prendront fin. S’il n’existe pas de Dieu au ciel, nous n’avons alors aucun problème avec le péché et la souffrance. […] Mais dès l’instant où vous admet-tez l’existence d’un Dieu qui gouverne avec toute-puissance, vous vous retrouvez face à face avec vos problèmes. Si vous dites que vous n’en avez aucun, j’ai des réserves sur la force de votre foi ».

S’il existe un Dieu, alors, quelle sorte de Dieu est-il ?Pourquoi n’est-il pas assez puissant pour faire quelque

chose concernant les « mauvaises choses » qui arrivent aux gens, y compris à son propre peuple ?

Dans quelle mesure Dieu est-il grand ?

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Chapitre 3

À quel point Dieu est-il grand ?

La présence de la souffrance et du mal moral dans le monde a fait s’élever un argument classique contre l’existence de Dieu, ou en tout cas d’un Dieu qui ferait quoi que ce soit en faveur des hommes. Différentes personnes l’ont exprimé de diverses manières, mais le contenu était toujours constitué des mêmes éléments. Voici la façon dont s’exprime le philosophe grec Épicure :

Dieu, ou bien il souhaite enlever le mal et n’en est pas capable ; ou il en est capable et ne le veut pas ; ou il n’est ni disposé ni apte à le faire ; ou encore il est à la fois disposé et capable de l’accomplir. S’il est disposé mais incapable, il est faible, ce qui n’est pas en accord avec le caractère de Dieu. S’il en est capable mais non consen-tant, il est jaloux, ce qui est en contradiction avec Dieu. S’il n’est ni consentant ni apte, il est à la fois jaloux et faible, et il n’est donc pas Dieu. S’il est à la fois consen-tant et capable, ce qui est la seule hypothèse appropriée pour Dieu, de quelle source proviennent les maux ? Ou

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pourquoi ne les enlève-t-il pas ?

Lorsqu’un étudiant en philosophie de deuxième année rencontre cet argument pour la première fois, il lui paraît très attractif. La raison voudrait suggérer que, ou bien il n’y a pas de Dieu, ou que ce Dieu est, d’une façon ou d’une autre, limité et incapable de faire quoi que ce soit contre les maux du monde.

Il y a au moins deux raisons pour lesquelles nous devons discuter la personne et la nature de Dieu. Comme je l’ai men-tionné au chapitre premier, toute solution à laquelle nous arri-vons concernant le problème du mal doit être intellectuelle-ment juste. Si notre raisonnement est malhonnête ou imma-ture, nous ne faisons que compliquer un problème déjà diffi-cile. La seconde raison est également liée à quelque chose que j’ai dit dans le chapitre 1 : nous vivons de promesses et non d’explications ; mais ces promesses sont aussi bonnes que la personne qui les a faites.

Si Dieu n’existe pas, alors les promesses sont inutiles, et le fait de les croire conduit à se prêter à une superstition sans espoir. S’il existe mais est incapable d’agir, alors, ses pro-messes sont vaines. Si Dieu ne peut, par sa puissance, tenir ses promesses, alors, pourquoi lui faire confiance ? Vous ne faites qu’endosser des chèques tirés sur une banque en faillite !

Le rabbin Kushner plaide une forte défense en faveur d’un Dieu limité : « Dieu voudrait que les gens obtiennent ce qu’ils méritent dans la vie », écrit-il, « mais il ne peut pas toujours l’organiser ». Il nous encourage à pardonner à Dieu et à l’aimer, bien que nous sachions qu’il n’est pas parfait et, affirme-t-il, « il y a certaines choses que Dieu ne contrôle pas ». Le rabbin Kushner utilise des termes comme « destin » et « manque de chance ». Ceux-ci suggèrent un Dieu qui est un

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spectateur intéressé mais pas un participant actif qui se tient à nos côtés dans la souffrance.

Je pense comprendre pourquoi le rabbin Kushner a opté pour un Dieu limité. Quiconque essaye de résoudre le problème du mal en ce monde doit faire face à un dilemme. Vous devez changer ou supprimer le péché, si vous voulez garder votre foi en Dieu, ou changer et supprimer Dieu, si vous admettez la réalité du mal. Je l’approuve de refuser de minimiser la réalité du mal. Ceux qui nous disent que le mal est seulement une illusion de l’esprit nient les expériences concrètes de la vie. Dans mon corps, le même système nerveux qui communique la douleur me communiquerait aussi le message que la douleur n’est pas réelle ? Pourquoi un message est-il une illusion alors qu’un autre message serait réel ?

Je suis aussi reconnaissant au rabbin Kushner de n’avoir pas essayé de résoudre le dilemme en disant que la souffrance n’est pas importante. Par contre, je suis embarrassé par le fait que certains chrétiens adoptent ce point de vue. En affirmant que la souffrance n’est pas importante, ils éloignent d’eux ceux qu’ils auraient pu aider et perdent ainsi toute crédibilité dans leur témoignage. Dire que nous ne devrions pas accorder d’attention à la souffrance parce que, un jour, nous serons au paradis, c’est mal comprendre aussi bien la souffrance que le ciel.

Tout ce qui arrive au peuple de Dieu maintenant est impor-tant pour lui et pour Dieu, et nous ne devons pas l’ignorer.

Cela ne veut pas dire que notre espérance par rapport au futur n’a aucune part dans nos rapports avec la souffrance, car elle en a ; mais essayer de minimiser la souffrance actuelle sur la base d’une espérance future, c’est la priver de sa capacité à forger le caractère et à accomplir les desseins de Dieu dans ce monde.

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Donc, si nous n’éliminons pas la souffrance ou si nous ne la changeons pas, nous devons être honnêtes et, soit éliminer Dieu, soit changer la compréhension que nous avons de sa personne. Nous ne voulons pas éliminer Dieu, car cela crée un nouvel ensemble de problèmes, dont le moindre ne serait certes pas d’essayer d’expliquer le bien et le mal uniquement sur la base de l’évolution. Mais si nous conservons notre foi en Dieu, alors, quel est ce Dieu en qui nous croyons ? La logique nous amènerait à penser que nous pouvons croire seulement en un Dieu limité qui soit incapable de faire grand-chose pour résoudre le problème du mal dans le monde.

Le concept d’un « Dieu limité » n’est pas nouveau. Les philosophes grecs anciens luttaient avec les problèmes de changement dans le monde. L’idée de base était que chaque chose dans le monde est une partie du processus, Dieu y com-pris. Le philosophe anglais Alfred North Whitehead fut, parmi les penseurs, le fer de lance de cette approche. « Le processus lui-même est la réalité » était son fameux sommaire de cette philosophie. Dieu fait partie du processus. Il est fini et non infini, mais il a le « potentiel pour devenir infini ». Vous pou-vez encore croire en Dieu, mais n’attendez pas trop de lui.

Je suis stupéfait d’entendre des gens qui, ayant accepté cette approche, prétendent qu’elle a « restauré leur foi en Dieu ». Je voudrais leur rappeler que la valeur de la foi est directement proportionnelle à l’objet de la foi. Si l’objet de votre foi est un Dieu limité, quelle est la valeur de votre foi ? Au lieu de « restaurer » votre foi, cette approche remplace votre foi par une confiance aveugle en une théorie.

J’ai de sérieux problèmes avec l’idée d’un Dieu limité, parce que cette approche est contraire à la raison, et également opposée à la Révélation.

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27À quel point Dieu est-il grand ?

Supposons que Dieu soit une partie du « processus » et qu’il soit donc limité, mais qu’il ait le « potentiel » pour deve-nir plus grand. Depuis quand Dieu est-il occupé à devenir ? Six mille ans ? Un million d’années ? Combien de temps lui fau-dra-t-il pour atteindre le stade où il pourrait agir ? Le mal est-il plus fort que Dieu ? Y a-t-il deux « dieux » dans l’univers, un bon mais faible et un mauvais mais fort ? Partout où il y a un processus, il y a du changement.

Dieu peut-il changer ? Qu’est-ce qui peut changer Dieu ? Tout ce qui le change doit être plus puissant que lui-même, et ceci signifie que nous avons deux dieux ! De plus, tout ce qui est engagé dans le processus peut reculer aussi bien qu’avan-cer. Qu’est-ce qui empêche Dieu de régresser en caractère et en puissance ?

Quelques-unes de ces questions peuvent nous sembler aussi concrètes que celle-ci : Combien d’anges peuvent-ils danser sur une tête d’épingle ? Mais, je vous l’assure, ces questions sont importantes. Si Dieu est limité et ne peut inter-venir dans les affaires du monde ou de votre vie, il est alors incapable de juger le mal. Cela signifie que la moralité est peu importante parce que Dieu ne peut jamais juger le péché. Un Dieu qui est trop faible pour maîtriser le mal est trop faible pour le juger.

Si Dieu faisait partie du processus, nous ne pourrions jamais vraiment connaître quoi que ce soit de définitif à son sujet parce qu’il serait changeant. Ceci supprime la possibilité d’une révélation sûre de Dieu et sur Dieu.

Un Dieu limité ne peut rien faire concernant l’avenir car, après tout, les événements futurs dépendent des décisions du présent. Si Dieu doit nous assurer un quelconque espoir pour l’avenir, il doit s’en occuper dès maintenant. Un Dieu qui ne peut pas contrôler l’avenir ou le présent ne mérite pas qu’on le prie, car il est incapable d’intervenir.

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Nous terminons en posant la question que l’écrivain anglais Thomas Hardy a posée dans son poème pessimiste (et agnostique), Le questionnement de la nature :

Nous nous étonnons, toujours nous étonnonsDe la raison pour laquelle nous nous trouvons ici !Est-ce que quelque Immense ImbécillitéPuissante pour construire et mélanger,Mais impuissante pour garder,Nous a formés par une plaisanterieEt nous laisse maintenant avec le hasard ?

Si nous sommes enclins à croire en un Dieu limité, nous devons alors admettre que nous donnons un sens nouveau au mot « Dieu », parce que, par définition, Dieu doit être éternel, incréé, parfait en amour, en puissance et sagesse ; et, parce qu’il est incréé, il est invariable et immuable. Si nous voulons être honnêtes dans notre mode de pensée, nous n’avons pas le droit de changer le sens du mot « Dieu » pour ensuite l’utiliser comme si son sens n’avait pas changé.

Par exemple, comment puis-je adorer un Dieu limité ? Toutes les louanges et l’adoration que je trouve rapportées dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, ainsi que dans l’hymnologie, sont centrées sur la grandeur de Dieu. Il m’apparaît que l’adoration est hors de propos si Dieu n’est pas digne de notre louange.

Ou encore, prenez la question de la prière. Comment puis-je prier un Dieu qui permet à ma vie d’être victime du hasard ou le jouet de la chance ? Sur laquelle de ses nom-breuses promesses vais-je pouvoir m’appuyer, s’il n’est pas capable de les réaliser ?

Votre attitude personnelle est également impliquée.

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29À quel point Dieu est-il grand ?

Pourquoi s’inquiéter de faire le bien si tout (Dieu inclus) est en évolution ? Peut-être les standards traditionnels change-ront-ils dans la suite de ce processus. Même si vous « péchez », il est improbable que vous serez jugé. Les forces mauvaises dans l’univers ne vous jugeront pas puisque vous les assis-tez et Dieu est apparemment incapable de faire grand-chose concernant le mal.

Bref, nous sommes intellectuellement et moralement malhonnêtes si nous utilisons le mot « Dieu » pour désigner un être limité et imparfait. Les partisans du « processus évo-lutionnaire » (philosophes et théologiens) ont changé la signi-fication de « Dieu » mais ils veulent que nous continuions à l’utiliser dans le sens traditionnel, et ceci est mauvais.

Avant de penser à la question de la Révélation, nous devons nous occuper de l’argument d’Épicure qui a ouvert ce chapitre. Est-il aussi étanche qu’il apparaît ? Pas vraiment, pour la simple raison que le philosophe a déjà pris position sur la question par la façon dont il l’a présentée. Il a commencé avec la présupposition, non prouvée, selon laquelle la seule façon d’admettre l’existence de Dieu serait de concevoir un univers où le mal n’existerait pas. Quel droit a-t-il de faire une telle supposition ? « Si le mal existe dans le monde », objecte-t-il, « c’est la preuve que Dieu, soit n’existe pas, soit ne peut rien y faire. Mais s’il ne peut faire quoi que ce soit, alors, il n’est pas Dieu. Conclusion : Dieu n’existe pas ».

En fait, c’est la présence même du mal dans le monde qui nous assure qu’il y a un Dieu et qu’il est assez grand pour le laisser exister, sans pourtant en être gêné dans ses œuvres.

À quel point Dieu est-il grand ? Il est bien plus grand que ce que l’esprit limité de l’homme peut concevoir ! Après avoir lu les arguments des philosophes et des théologiens concernant le « processus évolutionnaire », je désire leur poser la question

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que Dieu a posée à Job : « Qui est celui qui obscurcit mes des-seins par des propos dénués de connaissance ? » (38 : 2).

Dieu s’est révélé lui-même à nous dans la Création (y compris dans la personnalité de l’homme), dans l’Histoire (par ses « œuvres puissantes »), dans la vie et le ministère de Jésus-Christ et dans la Bible. Tous ces témoins s’unissent pour décla-rer que Dieu est grand. « Dieu est grand, mais nous ne savons pas le reconnaître » (Job 36 : 26). « Car toi, tu es grand et tu opères des miracles ; toi seul, tu es Dieu » (Psaume 86 : 10).

Le prophète Ésaïe fut certainement captivé par la gran-deur de Dieu :

Ne le reconnaissez-vous pas ?Ne l’entendez-vous pas ?Ne vous l’a-t-on pas annoncé dès le commencement ?N’avez-vous pas compris ce que sont les fondementsde la terre ?C’est lui qui habite au-dessus du cercle de la terre,Dont les habitants sont comme des sauterelles ;Il étend les cieux comme une étoffe légère,Il les déploie comme sa tente pour en faire sa demeure.À qui me comparerez-vousPour que je lui ressemble ? dit le Saint.Levez les yeux en haut et regardez !Qui a créé ces choses ?C’est celui qui fait sortir leur armée au complet.Il les appelle toutes par leur nom,Par son grand pouvoir et par sa force puissante :Pas une qui fasse défaut.Ne l’as-tu pas reconnu ?Ne l’as-tu pas entendu ?C’est le Dieu d’éternité, l’ÉternelQui a créé les extrémités de la terre ;

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31À quel point Dieu est-il grand ?

Il ne se fatigue ni ne se lasse ;Son intelligence est insondable.Il donne de la force à celui qui est fatiguéEt il augmente la vigueur de celui qui est à boutde ressources.Les adolescents se fatiguent et se lassent,Et les jeunes hommes trébuchent bel et bien ;Mais ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellentleur force.Ils prennent leur envol comme les aigles ;Ils courent et ne se lassent pas,Ils marchent et ne se fatiguent pas.ÉSAïE 40 : 21-22, 25-26, 28-31

Asaph, le psalmiste, put dire ceci concernant le Dieu qu’il connaissait :

Je me rappellerai les actes de l’Éternel,Car je me rappelle surtout ton miracle d’autrefois ;Je méditerai sur toute ton action.Je réfléchirai sur tes hauts faits.Dieu, ton chemin est dans la sainteté ;Quel dieu est grand comme Dieu ?C’est toi, le Dieu qui opère le miracle ;Tu as parmi les peuples fait reconnaître ta puissance.Par ton bras tu as racheté ton peuple,Les fils de Jacob et de Joseph.Les eaux t’ont vu, ô Dieu !Les eaux t’ont vu, elles ont bouillonné ;Oui, les abîmes se sont agités.PSAUME 77 : 12-17

Habaquq est l’un de mes prophètes favoris de l’Ancien Testament. S’il y eut jamais un homme de foi qui a lutté avec le

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problème de Dieu et du mal, c’est bien lui, car il a vu sa propre nation submergée par les forces idolâtres de Babylone. Mais son petit livre ne finit pas par un hymne funèbre, il se termine par un chant de louange ! Tout en méditant sur la faiblesse humaine, Habaquq se réjouit de la grandeur de Dieu.

Dieu vient de TémânLe Saint vient de la montagne de Parân.Sa majesté couvre les cieux,Et sa louange remplit la terre.C’est comme l’éclat de la lumière ;Des rayons partent de sa main ;La voilà, sa force cachée !Devant lui marche la peste,La fièvre sort sur ses pas.Il se dresse et prend la mesure de la terre,Il regarde et fait sursauter les nations ;Les montagnes éternelles se disloquent,Et s’effondrent les collines antiques,Les antiques sentiers.HABAQUQ 3 : 3-6

Comment le prophète a-t-il répondu au mal dévastateur que les Babyloniens ont apporté avec eux ? A-t-il abandonné sa foi en Dieu, a-t-il déduit que son Dieu était trop faible pour faire quoi que ce soit ? Au contraire ! Le petit livre d’Habaquq atteint son point culminant avec l’un des plus grands témoi-gnages de foi que l’on puisse trouver dans la littérature reli-gieuse :

Car le figuier ne fleurira pas,Point de vendange dans les vignes ;La production de l’olivier sera décevante,Les champs ne donneront pas de nourriture,

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33À quel point Dieu est-il grand ?

Le petit bétail disparaîtra de l’enclos,Point de gros bétail dans les étables.Mais moi, j’exulterai en l’Éternel,Je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut.L’Éternel, mon Seigneur, est ma force,Il rend mes pieds semblables à ceux des bichesEt me fait marcher sur les hauteurs.HABAQUQ 3 : 17-19

Essayez de transcrire ce témoignage en termes contem-porains :

Même si la Bourse s’effondre,Et s’il n’y a plus d’argent dans la banque ;Même si les réserves de carburant diminuentEt les mécanismes de la société se grippent et s’arrêtent ;Même si nos bévues écologiques ruinent les récoltesEt que, dans les magasins, les étagères sont vides,Néanmoins, je me réjouirai dans le Seigneur,Je serai joyeux en Dieu mon Sauveur !

Après avoir médité sur les voies de Dieu dans l’Histoire, l’apôtre Paul chanta un hymne de louange qui exaltait la gran-deur de Dieu.

Ô profondeur de la richesseDe la sagesse et de la connaissance de Dieu !Que ses jugements sont insondablesEt ses voies incompréhensibles !En effet, qui a connu la pensée du Seigneur,Ou qui a été son conseiller ?Qui lui a donné le premier,Pour qu’il ait à recevoir en retour ?Tout est de lui, par lui et pour lui !

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À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !ROMAINS 11 : 33-36

Pouvez-vous imaginer élever ce genre de louanges à un Dieu imparfait et en cours de processus pour devenir infini ?

Seul un Dieu infiniment parfait est digne de notre ado-ration.

Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles furent créées.APOCALYPSE 4 : 11

Si quelqu’un avait le droit de s’interroger sur la puissance de Dieu, c’était bien le vieil apôtre Jean, exilé dans l’île de Patmos. Il avait été un serviteur fidèle, et pourtant il semblait que l’Église perdait la bataille, et que le paganisme de l’Em-pire romain la gagnait. La vérité n’était pas seulement « sur l’échafaud », mais elle semblait être déjà morte et enterrée ! Pourtant, ce fut Jean qui écrivit ce cantique de louange :

Tes œuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu Tout-Puissant ! Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations ! Seigneur, qui ne craindrait et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que ta justice a été manifestée.APOCALYPSE 15 : 3-4

Aucun de ces écrivains ne semble insinuer que Dieu ait été injuste, ou que la vie les ait privés de ce qu’ils méritaient. Seules leur souffrance et leur lutte personnelle contre le mal

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ont pu fortifier leur cœur et ouvrir leurs lèvres pour la louange ! Ils étaient submergés par la grandeur de Dieu.

Que savaient-ils de Dieu, et qu’avons-nous aujourd’hui besoin de savoir ? C’est que Dieu est plus grand que le mal et qu’il triomphera un jour de lui. Ils croyaient que la présence même du mal dans l’univers est un témoignage à la grandeur de Dieu. En effet, seul un Dieu libre et souverain peut diriger, contrôler tout ce mal et réaliser ses desseins éternels. Nous pou-vons ne pas comprendre tous les buts et les voies de Dieu, mais cela n’est pas important. Nous savons qu’il fait concourir toutes choses à notre bien et à sa gloire, et c’est tout ce qui importe.

Une tâche demeure, avant que nous avancions au chapitre suivant. Si Dieu est tout-puissant (le terme théologique est « omni-potent »), pourquoi n’exerce-t-il pas cette puissance et n’agit-il pas contre le mal dans le monde ? S’il est vraiment souverain, il possède non seulement la sagesse pour savoir ce qu’il faut faire mais également la puissance et la capacité de le réaliser.

Nous ne voulons pas retomber dans notre raisonnement épicurien erroné et, d’un examen du caractère de Dieu, tirer une conclusion. Mais, voyons cela sous un autre angle : bien des gens ne comprennent pas vraiment ce que signifie l’omni-potence (ou la souveraineté) de Dieu. Il est évident que Dieu ne peut pas faire quelque chose qui soit contraire à sa nature même ou à la nature de la vérité qu’il a conçue dans son uni-vers. Il ne peut faire un cercle carré ; il ne peut créer un rocher si lourd qu’il ne puisse le soulever.

Cela ne signifie pas que Dieu soit la victime de sa propre nature ou qu’il soit restreint par l’univers qu’il a créé. Il n’est pas non plus devenu la victime de la liberté de choix qu’il a donnée à l’homme. Parmi d’autres choses, l’omnipotence de Dieu implique que, dans un monde gouverné par la loi natu-

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relle et la liberté humaine (toutes deux décidées par Dieu), il est capable d’accomplir sa volonté parfaite et pourtant de demeurer fidèle à son caractère et aux principes qu’il a édictés dans son univers. Le fait que Dieu se soit imposé à lui-même quelques limites (par exemple : il ne manipule pas les gens et ne viole pas leur liberté de choix), ne restreint en aucune façon sa capacité à accomplir ses desseins.

Dieu est plus grand que nos problèmes. Il est plus grand que nos sentiments. Dieu est plus grand que les pensées que nous avons sur lui, ou que les mots que nous utilisons pour par-ler de lui ou pour le louer. Et c’est sa grandeur qui fait naître en nous le genre de foi et de courage qui nous fera aller de l’avant quand la route est pénible.

Il guérit ceux qui ont le cœur brisé et panseleurs blessures.Il compte le nombre des étoiles,Il leur donne à toutes des noms.PSAUME 147 : 3, 4

Qu’en dites-vous ? Le Dieu des galaxies est celui qui sait quand votre cœur est brisé, et il peut le guérir ! Il peut comp-ter et nommer toutes les étoiles, et cependant il veille sur son peuple personnellement et individuellement ! Il n’est pas éton-nant que le psalmiste continue en disant :

Notre Seigneur est grand, d’une force immense,Son intelligence n’a point de limite.PSAUME 147 : 5

Cependant, la grandeur de Dieu n’est pas simplement un thème de spéculation philosophique ou théologique. Si nous le croyons, nous devons faire quelque chose à ce sujet.

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37À quel point Dieu est-il grand ?

Allons-nous discuter et essayer de limiter Dieu, ou allons-nous croire et nous soumettre à lui ? L’archevêque anglican William Temple a donné une définition correcte lorsqu’il a écrit : « Le cœur de la religion n’est pas de proposer une opinion sur Dieu, comme pourrait le faire la philosophie à la conclusion de son raisonnement ; le cœur de la religion, c’est une relation per-sonnelle avec Dieu ».

Il est des moments où la souffrance met cette « relation personnelle » sous tension, comme ce fut le cas pour Job.

Aussi avons-nous intérêt à prendre le temps de faire la connaissance de Job et de nous laisser instruire par ses expé-riences.

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Chapitre 4

Des réponses venant d’un tas de cendres

Pendant que je m’occupais du rangement de ma biblio-thèque pour notre déménagement de Chicago 1 à Lincoln (Nebraska), je retrouvai un carton de dissertations et autres mémoires datant de mes études à la Faculté de Théologie. Là se trouvait une dissertation savante sur le livre de Job. Je tres-saillis en lisant la déclaration suivante, sous la plume du blanc-bec que j’étais : « Le thème fondamental du livre de Job est la souffrance. Il cherche à répondre à la question obsédante : Pourquoi le juste souffre-t-il ? »

Il y avait plus de trente ans que j’avais écrit ces mots innocents. Maintenant, après bien des années et beaucoup de larmes, je m’aperçois que je dois les réviser. Le thème central du livre de Job est Dieu et non la souffrance, et le livre répond à bien peu de questions. Cependant, cet ouvrage est un docu-ment important pour notre propos, à savoir que Dieu est assez grand pour nous aider quand notre vie est ébranlée.

L’Ancien Testament est riche en enseignements sur la souffrance. Vous n’y trouverez pas une théologie de la souf-

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france complexe, mais bien plutôt un partage des expériences de gens qui ont connu la souffrance.

Jacob a souffert parce qu’il avait désobéi à Dieu ; il avan-çait dans la vie en perturbant les autres et en les faisant tré-bucher. Joseph a souffert parce que ses frères le haïssaient ; cependant, ses souffrances le préparèrent pour ses grandes responsabilités en Égypte. La souffrance est une punition ; cependant, elle peut être aussi une préparation.

Le peuple d’Israël a beaucoup souffert, principalement parce qu’il avait désobéi à la loi de Dieu et violé son alliance. Mais ses souffrances furent aussi une révélation au monde que son Dieu l’aimait suffisamment pour le discipliner lorsqu’il s’écartait de la vérité. Loin d’être un mystère, la souffrance est souvent une aveuglante révélation de la vérité, à laquelle nous devons nous laisser confronter honnêtement. Pour paraphraser Mark Twain 2, ce n’est pas ce que nous ne savons pas sur Dieu qui devrait nous troubler, mais ce que nous savons de lui. Le malheur qui survient est souvent la voix de Dieu nous criant de faire demi-tour et de revenir.

Mais ce n’était pas le cas de Job. C’était un homme moral, religieux, avec une réputation sans tache.

Dieu admit qu’il n’avait aucune raison d’affliger Job (Job 2 : 3), et pourtant, il le conduisit dans des épreuves qui auraient brisé un homme plus fragile. Les images que Job uti-lise pour décrire sa condition nous aident à avoir de la com-passion pour lui :

Et si j’ose la redresser (la tête), tu me pourchasses comme un lion, tu me frappes encore par des miracles (Job 10 : 16).Car les flèches du Tout-Puissant m’ont percé, et mon esprit en boit le venin ; les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi (6 : 4).

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Suis-je une mer, ou un monstre marin, pour que tu éta-blisses une garde autour de moi ? (7 : 12).Il m’a barré la route, et je ne puis passer ; il a mis des ténèbres sur mes sentiers (19 : 8).Il me renverse de toutes parts, et je m’en vais ; il a arraché mon espérance comme un arbre (19 : 10).J’étais tranquille, et il m’a secoué, il m’a saisi par la nuque et m’a brisé. Il m’a redressé pour lui servir de cible. Ses projectiles m’environnent de toutes parts (16 : 12, 13).

Il n’est pas étonnant que Job veuille mourir ! Et il n’est pas incompréhensible que sa femme l’ait encouragé à le faire ! Il avait perdu ses richesses et ses enfants, puis sa santé lui avait été enlevée. Il avait foi en Dieu mais quand il se tourne vers lui pour obtenir de l’aide, il ne le trouve pas. Les conseils critiques de ses amis n’étaient pas ce dont Job avait besoin. « Mais moi je vais parler au Tout-Puissant, je veux défendre ma cause devant Dieu » (13 : 3). Il éleva sa face vers un ciel silencieux et s’écria : « Pourquoi caches-tu ta face et me prends-tu pour ton ennemi ? » (13 : 24).

Si nous voulons jamais saisir le sens de ce vieux livre, nous devons le dépouiller jusqu’à ses éléments de base : Dieu, Satan et Job. Dieu et Satan étaient tous deux intéressés par Job ! Le Seigneur avait prouvé son intérêt pour Job en le bénis-sant abondamment, et ce furent ces bénédictions qui éveillè-rent l’intérêt de l’Adversaire.

Satan accusa Job d’être ce qu’aujourd’hui des mission-naires ont l’habitude d’appeler un « chrétien de riz », ce qui veut dire que Job servait Dieu uniquement parce que Dieu servait Job. Dieu fournissait à son serviteur d’abondantes bénédictions matérielles, lui donnait une belle famille (chose importante en Orient), puis mettait une barrière autour de

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lui pour le protéger. « Tu prétends que Job te sert parce qu’il t’aime et a foi en toi », dit Satan en ricanant. « As-tu jamais osé le tester pour voir si ton évaluation est correcte ou non ? »

L’accusation de Satan touche le cœur même de l’adora-tion et de la vertu. Dieu est-il digne d’être aimé et obéi, même s’il ne nous bénit pas matériellement et ne nous protège pas de la souffrance ? Dieu peut-il gagner le cœur de l’homme indé-pendamment de ses dons ? En d’autres termes, c’est la per-sonne même de Dieu qui est en cause dans cette lutte !

Une autre question est également soulevée : c’est la défini-tion même de la vertu. La vertu est-elle vraiment « de l’égoïsme éclairé » ? Nous est-il possible de servir Dieu et nos contempo-rains avec amour, indépendamment de ce que nous pourrions en tirer pour nous-mêmes ? Satan répondrait : « Absolument pas ! La vertu authentique n’est pas possible parce que Dieu n’en est pas digne et l’homme n’en est pas capable ! »

Maintenant, nous pouvons comprendre pourquoi le livre de Job est un ouvrage juif. Car seul un écrivain croyant, fils d’Israël, se serait préoccupé de faire face à de tels problèmes. La foi hébraïque déclare qu’il y a un seul Dieu, et que ce Dieu est bon, juste et souverain dans tout ce qu’il fait. De plus, la décla-ration de foi du judaïsme inclut le fait que Dieu se préoccupe des individus. Il est « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ».

Si l’écrivain avait cru en deux dieux, l’un bon et l’autre mauvais, son problème aurait été résolu. Ou s’il avait cru en un Dieu limité, au lieu d’un Dieu souverain, il n’aurait eu aucune difficulté à expliquer l’état de Job. Comme nous l’avions noté précédemment, c’est notre foi qui crée pour nous ces problèmes, mais c’est également notre foi qui nous aidera à les résoudre.

En un sens très réel, Job « a aidé Dieu » à imposer silence à Satan et à établir une fois pour toutes que Dieu est digne de notre adoration et de notre service. Notre foi et notre obéis-

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sance ne doivent pas être une relation « commerciale » entre nous et Dieu. Nous devons aimer le Donateur et pas seulement les dons, car aimer les dons et ne pas aimer le Donateur, c’est l’essence de l’idolâtrie.

Comment pouvons-nous découvrir si notre relation avec Dieu est sincère ou purement « commerciale » ? Eh bien, com-ment réagissons-nous vis-à-vis de Dieu quand nous perdons quelques-unes de nos bénédictions : notre travail, nos investis-sements, nos êtres chers, notre santé ? Ceci explique pourquoi Job a dû supporter des pertes aussi grandes. En effet, jusqu’à ce qu’il soit laissé sans rien, à part Dieu, il n’aurait jamais su quelle sorte de foi était la sienne. Si un ou deux de ses enfants avaient péri, ou quelques douzaines de moutons, cela n’aurait pas été un test réel de sa foi et de son amour. Il devait tout perdre.

À propos, vous êtes-vous jamais arrêté à considérer l’énorme prix que Job a dû payer pour vous et pour moi ? Parce qu’il a tout perdu et que, par ses souffrances, la preuve a été faite que Satan avait tort, vous et moi n’avons plus à tout perdre. Dieu peut nous tester sur une base beaucoup plus petite parce que maintenant, la bataille contre les mensonges de Satan a été gagnée par Dieu.

Il vaut la peine de noter que Job n’a pas contesté le fait de sa souffrance mais son étendue. Il ne se sentait pas au-dessus des expériences difficiles de la vie car, après tout, il était un être humain. Mais il était troublé par la quantité terrible de souffrances qu’il devait supporter. Et, s’ajoutant à sa confu-sion, il ressentait que Dieu était loin de lui et qu’il était inca-pable de communiquer avec lui.

Une forte impression de « climat juridique » se manifeste tout au long du livre de Job : Dieu est le Juge, Job est l’accusé

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qui déjà subit sa sentence, mais un accusé qui n’a aucun moyen de présenter sa cause devant le tribunal ! « Et moi, comment lui répondre ? » demande Job. « Quelles paroles choisir devant lui ? » (9 : 14). « Mais moi je vais parler au Tout-Puissant, je veux défendre ma cause devant Dieu » (13 : 3). « Si je crie à la violence, nul ne répond ; si j’appelle au secours, point de jugement ! » (19 : 7).

Avec son fardeau sur le cœur, Job a appelé un avocat : « Il n’y a pas entre nous d’arbitre, qui pose sa main sur nous deux » (9 : 33).

Cependant, il était de la plus grande importance que Job n’ait pas la possibilité de défendre sa cause devant Dieu car cela aurait donné l’avantage à l’Adversaire. Tout ce qui restait à Job, c’était sa foi en Dieu et il n’était pas sûr de l’endroit où se trouvait Dieu, ni de ce qu’il faisait !

Si Job avait connu le conflit qui prenait place derrière la scène, cela aurait certainement influencé ses réponses. Il était important que Job ne soit pas au courant.

Mais nous, aujourd’hui, nous le savons ! Grâce à la bonne volonté de Job de souffrir et de réfuter les accusations de Satan, nous pouvons aujourd’hui souffrir par la foi et savoir que Dieu réalise ses parfaits desseins. Certaines souffrances sont la triste conséquence de notre propre désobéissance. D’autres sont liées à la préparation à un ministère futur, comme ce fut le cas pour Joseph. Certaines autres vicissitudes nous sont données simplement pour la gloire de Dieu, pour réfuter l’accusation de Satan qui consiste en ceci : nous n’obéissons à Dieu que pour échapper aux épreuves et pour jouir des bénédictions. Il y a souvent un enjeu bien plus grand que nous-mêmes dans les difficultés que nous sommes appelés à supporter.

Le poète américain Robert Frost le dit parfaitement dans son poème Un masque de raison quand il fait dire par Dieu à Job :

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Mais c’était l’essence même de l’épreuve que tu ne la comprennes pas à ce moment-là.Il fallait que cela paraisse un non-sens pour enfin avoir du sens.

Pourquoi ? Parce que là où il n’y a pas d’explication, il faut de la foi. Si nous avons foi en Dieu, cela doit être parce que nous savons qu’il est le genre de personne en qui on peut mettre sa confiance, même si nous ne comprenons pas ce qu’il fait.

La pieuse Madame Guyon 3 écrivait : « Au commence-ment de la vie spirituelle, notre tâche la plus dure est d’être indulgent avec notre voisin ; au cours du temps, nous appre-nons à être indulgent avec nous-même et, à la fin, à être indul-gent avec Dieu ».

Maintenant, nous pouvons mieux comprendre le but poursuivi dans ce drame par les amis de Job. Sans s’en rendre compte, ceux-ci sont les auxiliaires de Satan, ses agents opé-rant sur la terre. Ils ont une conception « commerciale » de la foi : si vous obéissez à Dieu, il vous bénira ; si vous lui déso-béissez, il vous punira. Sur la base de ce dogme, ils en sont venus à la conclusion que Job devait être un pécheur en secret, sinon Dieu n’aurait pas permis qu’il souffrît tellement.

Leur plaidoyer récurrent dans leurs discours verbeux était : « Job, mets-toi en règle avec Dieu ! Confesse ton péché et il te rendra ta prospérité ! »

Mais cette philosophie est celle de l’enfer ! « Fais ce qui est bien et tu échapperas à la souffrance, et tu seras béni ! » Est-ce la raison pour laquelle nous obéissons à Dieu ? La vertu est-elle simplement un égoïsme enrobé d’un vernis religieux ?

Ou bien obéissons-nous à Dieu parce que nous l’aimons, en dépit de l’importance des souffrances qu’il peut permettre dans nos vies ? Voyez-vous, quand une personne pratique

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la piété « commerciale », elle n’a que deux options lorsque sa vie chancelle. Elle peut marchander avec Dieu et amener celui-ci à changer les circonstances, ou bien elle peut blâmer Dieu d’avoir rompu le contrat, et donc refuser d’avoir davan-tage affaire avec lui. Les amis de Job utilisèrent cette première option, et la femme de Job, la seconde. Les amis pressèrent Job de négocier avec Dieu, de confesser ses péchés et de mar-chander son retour dans la voie des bénédictions. Sa femme lui dit : « Maudis Dieu, et meurs ! » (2 : 9). Chacune de ces options cadrait parfaitement avec le plan de Satan.

Mais Job a rejeté ces deux options. Au lieu de maudire Dieu, il l’a béni : « L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! » (1 : 21). Au lieu de confesser ses péchés, Job a gardé son intégrité, et Dieu l’a complimenté pour cela (42 : 7). « Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu’à ce que j’expire, je ne renoncerai pas à mon intégrité » (27 : 5), dit Job à ses amis qui l’accusaient. Il ne prétendait pas être sans péché, mais il refusait d’être malhonnête avec lui-même, ses camarades et son Dieu, uniquement pour échap-per à la souffrance. Il ne voulait pas marchander avec Dieu car, en le faisant, il aurait diffamé le caractère même de Dieu. Et c’était ce que Satan voulait justement qu’il fasse ! Job ne se défendait pas seulement lui-même, il prenait la défense de Dieu.

Maintenant que nous comprenons mieux le cadre et le sens de ce livre complexe, nous pouvons nous concentrer sur la personne de Job. Celui-ci a souffert, il n’y a aucun doute à ce sujet. Il a souffert lorsqu’il a perdu ses richesses car, en Orient, la position sociale d’un homme était déterminée en grande partie par ses possessions. Job avait utilisé sa position pour aider les autres (voir son témoignage au chapitre 29 du livre de Job) ; maintenant, il était lui-même sans appui. Job avait

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souffert plus encore lorsqu’il perdit sa famille, car le deuil est comme l’amputation : il semble ne jamais pouvoir guérir. Cependant, tant qu’un homme a la santé, il peut retrouver sa richesse et fonder une nouvelle famille. Puis la santé de Job lui fut enlevée. À l’exception de Jésus-Christ, aucun homme cité dans la Bible n’a peut-être autant souffert que Job.

Gardez ceci à l’esprit quand vous lisez quelques-uns des éclats pathétiques de Job. Il maudit le jour de sa naissance, se demandant pourquoi il est né. Il prononce des paroles rudes sur ses amis (qui les avaient peut-être méritées), et il insinue même que Dieu va un peu trop loin. En fait, cet homme a été jusqu’à vouloir mourir et en finir pour toujours ! Pourquoi ? Parce que la vie semblait n’avoir aucun but. « Je souhaiterais l’étrangle-ment, oui, la mort plutôt que ces os ! Je les méprise !… je ne vivrai pas toujours… Laisse-moi, car mes jours ne sont que vanité » (7 : 15, 16).

Mais, après tout, Job n’était qu’un simple être humain, et à aucun moment, Dieu ne l’a condamné pour cela. Il souffrait profondément et il était normal qu’il manifeste ses sentiments.

Ses amis qui essayaient d’expliquer et de défendre Dieu furent, à la fin, accusés par le Seigneur. « Ma colère est enflam-mée contre toi et contre tes deux amis », dit Dieu à Éliphaz, « parce que vous n’avez point parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job » (42 : 7). Les paroles de Job étaient honnêtes et sincères, et elles venaient d’un cœur brisé.

Quelque chose d’autre a fait la différence : Job désirait une relation avec Dieu, tandis que ses camarades cherchaient des raisons pour expliquer sa condition. Job savait que le peuple de Dieu vit de promesses et non d’explications. En fait, il était une menace pour ses amis. Son expérience défiait la validité de leur théologie toute faite ! « Si Job est en règle avec

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Dieu, pensaient-ils, alors quelque chose ne va pas dans notre foi ! » Ceci voulait dire que ce qui était arrivé à Job pouvait aussi bien leur arriver ! Ils étaient plus préoccupés d’éliminer un problème que d’encourager un ami.

Job admit qu’il était embarrassé, mais ses amis étaient persuadés qu’ils avaient toutes les bonnes réponses. « La communion de la perplexité est une bonne communion, bien supérieure à la communion des réponses faciles », a écrit le philosophe et théologien Elton Trueblood.

La seule chose que le Nouveau Testament ait mention-née sur Job est qu’il était un homme persévérant. « Vous avez entendu parler de la fermeté de Job et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde » (Jacques 5 : 11). L’une des choses les plus difficiles à supporter dans la vie est d’attendre sans raison apparente.

« Même s’il voulait me tuer, je m’attendrais à lui » (Job 13 : 15). Le mot hébreu traduit par « espoir » (dans la version anglaise : « j’aurai espoir en lui ») signifie « attendre dans la confiance ». Job a persévéré quand il avait toutes les raisons d’abandonner. En fait, il était persuadé que la mort même ne l’empêcherait pas de voir Dieu : « Mais je sais que mon rédempteur est vivant », affirmait-il « et qu’il se lèvera le dernier sur la terre, après que ma peau aura été détruite ; moi-même en personne, je contemplerai Dieu. C’est lui que moi je contemplerai, que mes yeux verront et non quelqu’un d’autre ; mon cœur languit au-dedans de moi » (Job 19 : 25-27).

Job a interrogé Dieu et il l’a même accusé d’être injuste ; mais il n’a jamais perdu sa foi en Dieu. En fait, les questions et les accusations de Job étaient en elles-mêmes des preuves qu’il croyait en un Dieu juste et bon qui, un jour, éclaircirait tous ses problèmes et ses sujets de confusion. Son témoignage

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de foi en 23 : 10 est l’un des plus grands que l’on puisse trouver dans toute la littérature religieuse :

« Il connaît pourtant la voie où je me tiens ; quand il m’aura mis à l’épreuve, j’en sortirai pur comme l’or ».

L’apôtre Pierre avait à l’esprit cette même idée quand il écrivit : « Vous en tressaillez d’allégresse, quoique vous soyez maintenant, pour un peu de temps, puisqu’il le faut, affligés par diverses épreuves, afin que votre foi éprouvée – bien plus précieuse que l’or périssable, cependant éprouvée par le feu – se trouve être un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la révélation de Jésus-Christ » (1 Pierre 1 : 6, 7).

La patience et la persévérance sont importantes si nous voulons que nos vies soient couronnées de succès. La personne qui n’apprend pas la patience aura de la difficulté à apprendre quoi que ce soit d’autre. Seul celui qui pourrait contrôler les gens et toutes les circonstances de la vie n’aurait pas besoin de patience, mais un tel être n’existe pas.

Si une telle personne existait, elle serait l’égoïsme per-sonnifié, car elle accomplirait toujours sa propre volonté. C’est là la philosophie de Satan.

Peut-être la chose la plus importante que nous puissions dire sur la foi de Job est celle-ci : il n’a jamais remis en cause la souveraineté de Dieu. Le Seigneur en qui il se confiait avait la charge de l’univers (Satan y compris) et était pleinement capable de gérer la situation. Le livre de Job s’ouvre dans la salle du trône du ciel et, à mesure que progresse l’histoire, Dieu n’abandonne jamais ce trône. Le nom qui est utilisé pour Dieu plus que tout autre dans ce livre est le « Tout-Puissant ». On trouve ce nom 48 fois dans l’Ancien Testament tout entier, dont 31 fois dans le livre de Job.

Au début de ses souffrances, Job exprima sa confiance dans la grandeur de Dieu : « À lui la sagesse et la toute-puis-

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sance : qui lui résisterait impunément ? » dit-il. « Seul, il étend les cieux, il marche sur les hauteurs de la mer. […] Il fait des choses grandes et insondables, des merveilles sans nombre » (9 : 4, 8, 10).

À la fin de ses épreuves, Job croyait encore en la gran-deur de Dieu ! « Je reconnais que tu peux tout, et qu’aucune réflexion n’est inaccessible pour toi » (42 : 2).

Job aurait eu de la peine à croire que Dieu ne contrôle pas ou qu’il ne peut contrôler certaines choses. Après avoir décrit la puissance impressionnante de Dieu dans la nature, Job s’écrie :

« Si telles sont les moindres de ses actions – et combien léger est l’écho que nous en percevons –, alors qui comprendra le tonnerre de sa puissance ? » (26 : 14).

Il aurait eu également de la difficulté à comprendre ceux qui qualifiaient Dieu d’« injuste ». Il savait que tout ce qu’il avait possédé (et qu’il avait perdu) lui venait de la bonté et de la grâce de Dieu. « L’Éternel a donné et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! » (1 : 21). Il dit à sa femme : « Nous recevrions de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! » (2 : 10).

Au cours de mon ministère pastoral, j’ai entendu des gens dire, au milieu d’une tragédie : « Ce n’est pas juste ! » ; c’est la réponse normale d’un cœur brisé. Mais, dans une période de calme réflexion, nous comprenons tous que l’équité est une dangereuse philosophie de la vie. Servir Dieu pour ce que nous pouvons en obtenir peut mener à la philosophie du diable. « Seigneur, je jouerai loyalement avec toi si tu joues loyale-ment avec moi ». Et voilà, nous marchandons encore !

Il y a eu des moments où Job a mis en question la justice de Dieu. « Si je crie à la violence, nul ne répond ; si j’appelle au secours, point de jugement ! » (19 : 7). En d’autres mots, toute l’expérience semblait être unilatérale, Dieu pouvait agir vis-à-vis de Job, mais celui-ci n’avait pas d’accès auprès de Dieu !

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« Si je recours à la force : c’est lui qui est puissant », disait l’être souffrant. « Si c’est au droit : qui me fera comparaître ? » (9 : 19). Avez-vous jamais essayé d’assigner Dieu en justice ?

Mais Job apprit que Dieu ne commet pas d’erreur dans sa manière d’agir avec son peuple : « Le discutailleur va-t-il faire un procès au Tout-Puissant ? » demanda Dieu à Job. « Veux-tu réellement annuler mon jugement ? Me condamneras-tu pour te justifier ? » (40 : 2, 8). Quand je me plains auprès de Dieu et dis : « Ce n’est pas juste ! », en réalité je dis : « Dieu, j’en sais plus à ce sujet que toi ! » Mais ce n’est pas le cas !

Il y a quelques années, l’une de nos filles s’est plainte auprès de moi d’une décision que sa mère et moi avions prise : « Ce n’est pas juste ! » dit-elle, et elle accompagna de larmes ses paroles. Je répondis calmement : « Veux-tu que ta mère et moi nous gérions notre foyer uniquement sur la base de ce qui est juste ? » Elle réfléchit pendant un instant puis répondit : « Non, je suppose que non ! » Elle s’est souvenue que, dans notre foyer, nous insistons sur l’amour et la grâce, et non sur la justice. Si Dieu faisait ce qui est « juste », je me demande où chacun d’entre nous serait !

L’une des raisons pour lesquelles Dieu n’a pas répondu aux cris de Job pour que justice soit faite est qu’il voulait continuer ses relations avec Job sur la base de la grâce. Dieu ne voulait pas que son serviteur ait une « foi commerciale » fondée sur un contrat céleste. Il voulait que Job ait foi en un Dieu doué d’une telle richesse de caractère – amour, miséricorde, grâce, bonté, bienveillance – que rien ne puisse interférer dans leur relation.

La question clé dans le livre de Job n’est pas : « Pourquoi le juste souffre-t-il ? » mais « Adorons-nous un Dieu qui est digne que nous souffrions pour lui ? » C’est là la foi courageuse de Chadrak, Méchek et Abed-Nego, lorsqu’ils durent choisir entre la soumission et la mort par le feu : « Si cela doit être,

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notre Dieu que nous servons peut nous délivrer : il nous déli-vrera de la fournaise ardente et de ta main, ô roi. Sinon, sache ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux et que nous n’ado-rerons pas la statue d’or que tu as dressée » (Daniel 3 : 17, 18).

Il n’y avait pas là de « foi commerciale ». Ils adoraient un Dieu qui valait la peine que l’on mourût pour lui !

À la fin de son temps d’épreuve, Job fut guéri et sa famille et sa fortune lui furent restituées. En fait, il eut le double de ce qu’il possédait auparavant ! « L’Éternel bénit la dernière par-tie de la vie de Job plus que la première » (42 : 12). C’étaient des bénédictions et non des récompenses. Le Seigneur avait donné, il avait repris et il avait donné à nouveau. C’était de la pure grâce du début jusqu’à la fin.

Avant que nous quittions Job sur son tas de cendres, lais-sons-nous instruire par quelques leçons pratiques qui pourront nous aider dans les moments difficiles de notre vie.

1. Notre relation personnelle avec Dieu est bien plus importante que des raisons et des explications. Il nous aime trop pour nous faire du mal ; peu importe la quantité de souf-france qu’il nous donne à subir. Il est trop sage pour commettre une erreur. Si vous connaissez Dieu personnellement par la foi en Jésus-Christ, les périodes de souffrance peuvent être alors l’occasion d’un approfondissement de la foi et un moyen de vous rapprocher encore de lui. Peu importe ce que Satan peut dire : Dieu est digne de notre adoration et de notre service.

2. Les desseins de Dieu nous sont souvent cachés. Il ne nous doit aucune explication. Nous lui devons notre total amour et notre entière confiance.

3. Nous devons être honnête avec nous-même et avec Dieu. Dites à Dieu ce que vous ressentez ; il le sait de toute

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façon, mais cela vous fera du bien d’être ouvert et honnête avec lui. Le fait de maintenir une façade pieuse quand vous souffrez profondément ne fait qu’accentuer la souffrance.

4. Méfiez-vous des théologies simplistes qui réduisent les voies de Dieu à des formules toutes faites qui permettent de vivre sans risques. Dieu agit souvent de façon inexplicable juste pour nous tenir en alerte – et nous garder aussi à genoux ! « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies » (Ésaïe 55 : 8).

5. La souffrance n’est pas toujours une punition pour le péché. Parfois, elle l’est, mais pas toujours. Cela ne nous fait pas de mal d’examiner nos cœurs, mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par l’erreur des trois amis de Job.

6. Au cours de toutes ses souffrances, le peuple de Dieu a accès auprès de lui. Job demandait à grands cris un « arbitre » entre Dieu et lui, mais cette requête ne fut pas agréée. « Il n’y a pas entre nous d’arbitre, qui pose sa main sur nous deux » (Job 9 : 33). Cependant, une telle personne existe ! C’est Jésus-Christ le Sauveur, qui représente aujourd’hui les croyants devant le trône de Dieu. « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ-Jésus homme » (1 Timothée 2 : 5). Parce que Jésus-Christ est à la fois Dieu et homme, il est capable de « poser sa main sur nous deux » en sorte que les hommes et Dieu puissent se rencontrer. Il est un Grand Prêtre fidèle et miséricordieux, intercédant en notre faveur au ciel. À cause de Christ, le trône de Dieu n’est pas celui du jugement ; il est pour les siens un trône de grâce.

Le journaliste Christopher Morley a écrit : « J’avais un million de questions à poser à Dieu ; mais quand je l’ai ren-

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contré, elles ont toutes quitté mon esprit, et cela n’avait plus d’importance ».

Il y a plus de trois cents questions dans le livre de Job parmi lesquelles beaucoup sont posées par Job lui-même. Mais quand il rencontra Dieu, il dit : « Voici : je suis peu de chose ; que te répli-querais-je ? Je mets la main sur ma bouche. J’ai parlé une fois, je ne répondrai plus ; deux fois, je n’ajouterai rien » (Job 40 : 4, 5). Après avoir entendu Dieu parler de sa grandeur dans la création, Job répondit : « Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre » (42 : 5, 6).

Lorsque vous et moi souffrons profondément, ce dont nous avons vraiment besoin, ce n’est pas d’une explication mais d’une révélation de la part de Dieu. Nous avons besoin de voir combien Dieu est grand, de retrouver la perspective que nous avons perdue sur la vie. Les choses prennent des propor-tions anormales quand nous souffrons ; il nous faut une vision de quelque chose de plus grand que nous-même pour que les dimensions de la vie reprennent leur juste place.

Dans la Bible, nous avons une révélation de Dieu. Nous avons aussi une révélation – une série d’images – de ce que signifie la souffrance d’un point de vue divin. Si nous com-prenons « ces images de souffrance », cela peut nous aider à mieux gérer les difficultés de la vie.

1 L’auteur a été pasteur de l’Église fondée par l’évangéliste D. Moody, à côté du collège biblique du même nom, à Chicago (Illinois) USA.

2 Twain (Mark) (1835-1910) : de son vrai nom Samuel Langhorne Clemens, journaliste, premier grand écrivain de l’Ouest américain, auteur des aven-tures de Tom Sawyer et Huckelberry Finn.

3 Bouvier de la MoTTe (Jeanne-Marie) : mystique française connue sous le nom de Madame Guyon (1648-1717), elle fut emprisonnée pour ses doctrines quiétistes ; elle fut amie et inspiratrice de Fénelon.

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Chapitre 5

Images de souffrance

On a dit avec raison que l’esprit de l’homme n’est pas une salle de débats mais une galerie de tableaux. Peut-être ne nous en rendons-nous pas compte, mais la plupart de nos pensées et de nos sentiments tournent autour de certaines images, ou métaphores, qui frappent l’imagination des hommes. Certaines images que nous rencontrons dans l’art, la musique et la litté-rature constituent une base commune dans notre manière de considérer la vie.

Des poètes font d’un voyage vers un port lointain une métaphore de la vie. Henry Wadsworth Longfellow, poète américain du xixe siècle, a écrit :

Toi aussi, vogue, ô navire de l’État !Vogue, ô Union, grande et forte !

Walt Whitman, autre poète américain, semblait combiner les deux idées – la personnelle et la politique – quand il traça ces lignes à l’occasion de la mort de Lincoln 1 :

Ô capitaine ! Mon capitaine ! Notre effrayant voyage est terminé !

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Le navire a surmonté toutes les tourmentes,Le prix que nous recherchions est gagné…

Chaque fois que l’on utilise des phrases telles que : « il est noyé dans les dettes » ou « toute l’affaire va sombrer », on compare la vie à un voyage.

Certaines personnes voient la vie comme une bataille, une guerre. Parfois on se salue par ces mots : « Alors, on se bat tou-jours ? » Hamlet comparait la vie à une bataille dans son fameux monologue « to be or not to be » (être ou ne pas être) quand il évoquait « les frondes et les flèches du révoltant destin ».

En fait, il mélangeait deux métaphores – militaire et navale – quand il envisageait de prendre « les armes contre une mer de difficultés ».

La grossesse et la naissance nous inspirent une autre série de métaphores. Ne parlons-nous pas de « donner naissance à une idée », ou peut-être disons-nous d’un projet qu’il est « mort-né ». Des personnes à l’esprit créateur disent souvent qu’elles « passent par les douleurs de l’enfantement », tandis qu’elles s’efforcent de concrétiser leur œuvre.

Pourquoi utilisons-nous ces métaphores, et bien d’autres, lorsque nous discutons des choses importantes de la vie ? Tout d’abord, ces images nous aident à comprendre certaines expé-riences complexes. Il est bien plus facile de parler des « tem-pêtes de la vie » que d’entrer dans de pénibles détails.

Même les scientifiques modernes utilisent des métaphores (ils les appellent des « modèles ») pour essayer de comprendre et d’expliquer ce qui se passe dans l’univers.

Ces images s’adressent à nos sentiments aussi bien qu’à notre intelligence. Elles nous évitent de débattre des fonde-ments de la vie de façon froide et détachée.

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Henri Wadsworth Longfellow aurait pu dire : « Des dif-ficultés arrivent dans la vie de chacun », et il aurait eu raison. Mais, au contraire, il écrivit :

Sois tranquille, cœur triste, et cesse de te plaindre ;Derrière les nuages, le soleil brille toujours ;Ton sort est le sort commun à tous,Dans la vie de chacun, de la pluie doit tomber.Certains jours doivent être sombres et sinistres.

Il utilise l’image de la tempête, non seulement pour trans-mettre une vérité à nos esprits, mais aussi pour atteindre nos cœurs.

Les métaphores nous donnent aussi bien l’illumination – elles nous aident à voir la vie – que l’interprétation – elles nous aident à comprendre la vie. Si la vie est un combat, alors j’ai intérêt à apprendre à me battre ! Si elle est un voyage, il vaut mieux que j’apprenne à nager ! Si Shakespeare a raison et si « le monde entier est une scène de théâtre », alors il est impor-tant que je lise le texte et découvre l’intrigue de la pièce avant que le rideau ne tombe !

J’ai dit tout cela pour introduire le sujet de ce chapitre, à savoir les métaphores de la souffrance et du chagrin utili-sées dans la tradition judéo-chrétienne, telles qu’elles sont rapportées dans la Bible. Aucun livre n’est plus riche que la Bible pour illustrer la vie, mais ces métaphores vivantes ne sont pas une simple décoration poétique. Elles sont impor-tantes comme une révélation que Dieu nous fait sur le sens de la vie, de la souffrance et de la mort. Quand nous aurons terminé d’étudier quelques-unes des métaphores principales, nous comprendrons mieux, je pense, pourquoi Dieu permet la souffrance de son peuple.

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Le livre de Job est particulièrement riche en métaphores. À l’exception des deux premiers et du dernier chapitre, le livre de Job est un poème ; et cela est significatif en soi. Au lieu de nous donner une série de conférences sur la souffrance, l’écri-vain nous présente une suite d’images frappantes. Quelqu’un a appelé la poésie de « l’émotion distillée » et c’est une bonne définition. Elle s’applique particulièrement à Job parce que le dialogue, dans cet ouvrage, exprime les sentiments profonds des participants, spécialement de Job, l’homme souffrant.

Il est intéressant de découvrir les images que Job donne de sa propre vie de douleur. Dans le chapitre 7, il se compare lui-même à « un salarié (qui) attend sa rémunération (v. 2) » ; « mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand » (v. 6). Sa vie n’est « qu’un souffle » (v. 7). « La nuée s’éva-nouit ; elle s’en va » (v. 9) ; ainsi un jour, il mourra et l’on ne le verra plus. Dans le chapitre 9, Job considère ses jours comme « plus rapides qu’un coureur » (v. 25) ; « ils passent comme les navires de jonc, comme l’aigle qui fond sur sa proie » (v. 26). « L’homme a poussé comme une fleur et il est coupé. Il prend la fuite comme une ombre et ne s’arrête pas » (14 : 2).

Ces images de la fragilité et de la brièveté de la vie humaine ont été utilisées de nombreuses fois par les auteurs, et continueront de l’être. « Toute chair est comme de l’herbe », écrivit Ésaïe le prophète, « et tout son éclat comme la fleur des champs. L’herbe sèche, la fleur se fane, quand le vent de l’Éternel souffle dessus. Certes le peuple est comme de l’herbe » (Ésaïe 40 : 6, 7). Maintenant, considérons quelques-unes de ces images illustrant la souffrance.

La fournaiseSouvent, lorsque la nation israélite passait par la souf-

france, son expérience était comparée au fait d’être dans une

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fournaise. L’expression familière « creuset de l’affliction » vient d’Ésaïe 48 : 10 : « Je t’ai fait fondre, mais non pour retirer de l’argent ; je t’ai éprouvé au creuset de l’adversité ». Le prophète se référait à la captivité de la nation à Babylone, et la même image se retrouve dans Jérémie 9 : 7 et Ézéchiel 22 : 18-22.

Mais la fournaise leur rappelait aussi leurs années de souffrance en Égypte. « Mais vous », dit Moïse au peuple, « l’Éternel vous a pris et vous a fait sortir de la fournaise de fer de l’Égypte, afin que vous soyez un peuple qui soit son héri-tage, comme vous l’êtes aujourd’hui » (Deutéronome 4 : 20).

Certains prophètes ont entrevu une « fournaise » pour Israël, dans un temps à venir, un temps de tribulations intenses. Le prophète Zacharie a écrit : « Alors dans tout le pays, – oracle de l’Éternel –, les deux tiers seront retranchés, périront, et l’autre tiers y restera. Je mettrai ce tiers dans le feu : et je le ferai fondre comme on fait fondre l’argent, je l’éprouverai comme on éprouve l’or » (Zacharie 13 : 8, 9). Vous trouverez la même image dans Malachie 3 : 2, 3, un message que Haendel a utilisé dans son oratorio « Le Messie ».

La métaphore de la fournaise pour parler de la souffrance porte en elle un certain nombre de leçons pratiques. Pour com-mencer, il y a toujours un but derrière la souffrance. Le fondeur met le minerai dans le creuset pour l’épurer. Du métal fondu, il retire les scories. Avec le métal, le forgeron fabrique un objet usuel. Les périodes de souffrance sont des temps d’épreuve : est-ce que notre « minerai » vaut vraiment quelque chose ? « Car tu nous as sondés, ô Dieu ! Tu nous as éprouvés comme on éprouve l’argent » (Psaume 66 : 10).

Cependant, ce processus de raffinage n’est pas automa-tique. Nous qui souffrons, nous devons être d’accord de coo-pérer avec Dieu. Celui-ci a dit au prophète Jérémie à propos du peuple de Jérusalem : « Le soufflet est brûlant, le plomb disparaît au feu… C’est en vain qu’on s’obstine à épurer, les

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scories ne se détachent pas. On les appelle de l’argent mépri-sable, car l’Éternel les a méprisés » (Jérémie 6 : 29-30).

Maintenant, nous pouvons mieux comprendre l’affir-mation célèbre de Job : « Il connaît pourtant la voie où je me tiens ; quand il m’aura mis à l’épreuve, j’en sortirai pur comme l’or » (23 : 10). Job était prêt à coopérer avec Dieu pour que son expérience de la souffrance puisse faire de lui une personne meilleure. « Le creuset est pour l’argent, et le four pour l’or ; mais celui qui éprouve les cœurs, c’est l’Éternel » (Proverbes 17 : 3).

Ce que la vie nous apporte dépend pour beaucoup de ce qu’elle trouve en nous. Au cours de mon propre ministère pastoral, j’ai vu quelques personnes bénir Dieu pour leurs épreuves, et d’autres le maudire. Lorsque nous avons mis notre confiance en Dieu et que nous dépendons de sa grâce, nous pouvons vraiment nous réjouir dans les périodes de souf-france, même si cela nous fait mal. « Vous en tressaillez d’al-légresse », s’écrie l’apôtre Pierre s’adressant à quelques chré-tiens souffrants, « quoique vous soyez maintenant, pour un peu de temps, puisqu’il le faut, affligés par diverses épreuves, afin que votre foi éprouvée – bien plus précieuse que l’or périssable, cependant éprouvé par le feu – se trouve être un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la révélation de Jésus-Christ » (1 Pierre 1 : 6, 7).

L’apôtre écrivit aussi : « Bien-aimés, ne soyez pas sur-pris de la fournaise qui sévit parmi vous pour vous éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange. Au contraire, réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de sa gloire » (1 Pierre 4 : 12, 13).

La fournaise de la souffrance est une façon de tester l’au-thenticité de notre relation avec Dieu. Notre foi est-elle réelle ?

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L’aimons-nous pour ce qu’il est ou seulement pour ce qu’il fait pour nous ? Y a-t-il dans nos vies des domaines qui doivent être nettoyés ? Y a-t-il de ces domaines qui ont besoin d’être forti-fiés ou mûris ? La nation d’Israël a été forgée et façonnée dans la « fournaise » d’Égypte. Lorsqu’elle a désobéi à Dieu, elle a été raffinée dans le « creuset » de la captivité babylonienne ; dans l’Histoire, peu de nations ont souffert autant que les Juifs.

Si nous croyons en Dieu et comptons sur sa grâce, notre caractère personnel peut se développer au travers des épreuves. « … nous nous glorifions même dans les tribulations, » écri-vait l’apôtre Paul, « sachant que la tribulation produit la per-sévérance, la persévérance une fidélité éprouvée, et la fidélité éprouvée l’espérance » (Romains 5 : 3, 4). Quelques-unes des personnes les plus optimistes et enthousiastes que vous puis-siez rencontrer sont celles qui ont traversé d’intenses souf-frances. C’est une chose remarquable !

La tempêteLe poète Longfellow avait raison : « Dans chaque vie,

un peu de pluie doit tomber ». L’image de la tempête et des inondations a été utilisée presque universellement pour décrire les épreuves et les chagrins. Naturellement, à la tempête on associe l’obscurité, et ceci est aussi une partie de l’image de la souffrance.

Durant une période de grand danger, David s’écria :

Un abîme appelle un autre abîme au bruit de tes cascades, toutes tes vagues et tous tes flots passent sur moi.PSAUME 42 : 8

Au cours d’une autre expérience, il écrivit :

Sauve-moi, ô Dieu !

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car les eaux me viennent jusqu’à la gorge.J’enfonce dans la fange profonde, sans pouvoir me tenir,je suis parvenu au tréfonds des eaux, un courant me sub-merge.PSAUME 69 : 1, 2

« Lui (Dieu) qui m’assaille comme par une tempête », disait Job (9 : 17). « Il me renverse de toutes parts, et je m’en vais ; il a arraché mon espérance comme un arbre » (19 : 10). « Dieu a brisé mon courage, le Tout-Puissant m’a rempli d’épouvante. Car ce ne sont pas les ténèbres qui me rédui-sent au silence, ce n’est pas l’obscurité dont je suis couvert » (23 : 16, 17). « Tu m’emportes sur le vent que tu me fais che-vaucher, et tu me fais frémir au fond de moi-même » (30 : 22).

Les tempêtes sont destructrices. Les tornades et les cyclones possèdent en eux-mêmes une force qui peut se com-parer à celle des bombes. Parfois les tempêtes frappent soudai-nement, et les gens ont peu de temps pour s’y préparer. Il est vrai que certains cyclones peuvent être annoncés à l’avance, mais nombreux sont ceux qui refusent de prendre les avertisse-ments au sérieux. Même si nous pouvons prévoir les tornades, nous ne pouvons pas les contrôler.

Quand j’étais jeune, ma famille prenait des vacances annuelles à Door County, dans l’État du Wisconsin, où nous allions à la pêche pendant une semaine. Comme je n’ai jamais été un bon nageur, je ne me suis jamais senti à l’aise dans un bateau. Un soir, nous étions à la pêche dans la baie, et nous vîmes une tempête arriver sur l’eau. Mon frère aîné a lancé le moteur du bateau, et nous avons fait la course avec cette tempête à travers la baie ! Nous sommes arrivés au quai juste à temps pour rassembler notre équipement, couvrir nos têtes avec les coussins du bateau et courir au cottage avant que le déluge n’éclate.

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Mais nous n’avons pas toujours la chance d’échapper à la tempête. Quelquefois, nous devons la subir. Qu’en est-il alors ?

L’image de la tempête nous enseigne que, en fin de compte, Dieu contrôle les circonstances. Il existe quelques tornades que nous attirons sur nous-même. Jonas est un bon exemple de cette vérité : « Tu m’as jeté dans un bas-fond au cœur des mers, et les courants d’eau m’ont environné ; toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi » (Jonas 2 : 4). Il a fallu une tempête pour faire revenir Jonas à la raison et à l’obéissance.

Mais il y a certains orages que Dieu envoie pour notre bien.

« Nous avions passé par le feu et par l’eau », écrivait le psalmiste, « mais tu nous en as fait sortir pour nous donner l’abondance » (Psaume 66 : 12). Lorsque David regardait une période passée de sa vie, difficile et orageuse, il concluait en disant : « Je t’aime, Éternel, ma force ! » ; « Les voies de Dieu sont parfaites » ; « Vive l’Éternel et béni soit mon rocher ! Que le Dieu de mon salut soit exalté » (Psaume 18 : 2, 31,47). David fut un homme meilleur après la tempête.

Nous devons garder à l’esprit que Dieu contrôle les per-turbations atmosphériques : « Feu et grêle, neige et brouillard, vent de tempête, exécuteur de sa parole » (Psaume 148 : 8). Il sait quand nous entrons dans la tempête, il veille sur nous dans la tourmente, et il peut nous en sortir quand ses desseins ont été réalisés. Au bon moment, il peut dire aux éléments : « Silence, tais-toi ! Le vent cessa et un grand calme se fit » (Marc 4 : 39). En attendant, il promet : « Sois sans crainte, car je t’ai racheté, Je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi ! Si tu traverses les eaux, je serai avec toi, et les fleuves, ils ne te submergeront pas » (Ésaïe 43 : 1, 2).

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Dieu ne nous promet pas de nous préserver des cyclones et des inondations, mais il nous assure de nous soutenir au sein de la tempête, puis il nous en retire au bon moment, pour sa gloire, quand l’orage a accompli son œuvre.

Avant de laisser cette métaphore, il vaut la peine de noter que Dieu a parlé à Job au milieu de la tempête (Job 38 : 1 et 40 : 6). Apparemment, après le long discours d’Élihou, Dieu a assombri les cieux, a fait lever le vent et a amené l’orage à l’endroit où les hommes étaient en train de converser. Dieu nous parle au travers des tempêtes de la vie. Certains des plus beaux morceaux de littérature, de musique ou d’art, de même que de grandes œuvres humanitaires sont sortis d’expériences orageuses de la vie, quand Dieu parla à l’un de ses enfants. L’important est que nous lui fassions confiance et que nous gardions nos oreilles attentives pour recevoir son message.

En conclusion, rappelons que notre Seigneur Jésus a uti-lisé l’image du baptême pour annoncer ses souffrances à venir (Marc 10 : 38-40). Il aurait certainement pu dire : « Toutes tes vagues et tous tes flots passent sur moi » (Psaume 42 : 8 ; Jonas 2 : 4).

La guerre« Sa colère s’est enflammée contre moi », dit Job, « Il m’a

considéré comme l’un de ses adversaires. Ses troupes survien-nent ensemble, elles se sont frayé leur chemin jusqu’à moi, elles ont établi leurs camps autour de ma tente » (Job 19 : 11, 12). Il décrit Dieu comme un archer en action : « Car les flèches du Tout-Puissant m’ont percé, et mon esprit en boit le venin » (6 : 4). « Pourquoi m’as-tu pris pour cible ? » demanda-t-il à Dieu (7 : 20). « Il a fait en moi brèche sur brèche, il court sur moi comme un guerrier », se lamentait Job (16 : 14). « Une armée prend la relève pour m’assaillir » (10 : 17).

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Le prophète Jérémie utilisait des illustrations similaires quand il décrivait le jugement de Dieu sur la ville de Jérusalem lors de sa destruction par Babylone. « Il (le Seigneur) a tendu son arc comme un ennemi ; sa droite s’est dressée comme celle d’un adversaire ; il a tué tout ce qui charmait les yeux ; […] Le Seigneur est devenu comme un ennemi ; il a englouti Israël » (Lamentations 2 : 4, 5).

L’apôtre Paul a souvent utilisé les images militaires dans ses écrits : « Souffre avec moi comme un bon soldat du Christ-Jésus » a-t-il écrit à Timothée (2 Timothée 2 : 3).

Il a aussi exhorté son jeune collègue à combattre « le bon combat » (1 Timothée 1 : 18). Si le peuple de Dieu veut gagner la bataille de la vie, il doit utiliser par la foi l’équipe-ment que Dieu lui a fourni ; et cet équipement est expliqué en Éphésiens 6 : 10-18.

Il y a dans nos vies des temps difficiles, où les lamenta-tions semblent d’actualité : « Le Seigneur est devenu comme un ennemi » (Lamentations 2 : 5). Parfois, à cause de notre désobéissance, c’est nous qui avons déclaré la guerre à Dieu ! « Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (Jacques 4 : 4).

Mais, quelquefois, Dieu permet que des batailles se présentent à nous afin de nous discipliner et de nous équiper pour un service plus efficace. Paul raisonnait en soldat quand il écrivit : « Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous » (1 Corinthiens 16 : 13).

Dieu n’a jamais promis de choyer et de protéger son peuple. Il s’est engagé à nous fortifier pour le combat et à nous aider à gagner la victoire. « Ne priez pas pour avoir des vies faciles », disait Phillips Brooks, célèbre prédicateur amé-ricain du xixe siècle, « Priez pour être des hommes plus forts. Ne priez pas pour avoir des tâches équivalant à vos capaci-tés. Priez pour avoir les talents correspondant à vos tâches ».

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L’apôtre Jean fit écho à cette exhortation lorsqu’il écrivit : « … et voici la victoire qui triomphe du monde : notre foi » (1 Jean 5 : 4).

La moissonUn certain nombre d’illustrations du monde agricole ont

trait au thème de la souffrance. Le « vannage des céréales » est souvent utilisé comme image du jugement : « Il a son van à la main, il nettoiera son aire », avertissait Jean-Baptiste, « il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas » (Matthieu 3 : 12).

Les difficultés de la vie sont aussi comme un passage au crible, comme lorsqu’un cultivateur sépare le grain de la balle.

Jésus dit à Pierre : « Simon, Simon, Satan vous a récla-més pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Luc 22 : 31, 32). Le prophète Amos utilisa cette même image en décrivant les épreuves auxquelles Israël devrait faire face dans le monde (Amos 9 : 9).

Bien sûr, l’une des leçons évidentes de cette métaphore empruntée au monde agricole est que nous moissonnons ce que nous semons. Éliphaz rappela à Job ce principe fondamental de la vie : « Comme je l’ai vu, ceux qui labourent l’injustice et qui sèment ce qui est pénible en moissonnent les fruits » (Job 4 : 8).

Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair, moissonnera de la chair la corrup-tion ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle.GALATES 6 : 7, 8

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Nous ne récolterons pas seulement ce que nous semons, mais nous récoltons aussi en proportion de ce que nous semons.

« En fait, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème en abondance moissonnera en abondance » (2 Corinthiens 9 : 6). Cependant, la récolte peut ne pas venir immédiatement ni même durant notre vie. Mais le Seigneur fera en sorte que les bonnes semences que nous avons semées produisent du fruit.

La semenceJésus a utilisé l’image de la semence pour illustrer ce que

signifie le fait de vivre sa vie pour la gloire de Dieu. Laissez-moi citer le passage entier parce qu’il est important pour notre étude.

Jésus leur répondit : l’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui a de la haine pour sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éter-nelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera. Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ?… Père, sauve-moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. Père, glorifie ton nom !JEAN 12 : 23-28

Par elle-même, une semence n’est pas une chose magni-fique et le fait d’être enterrée dans le sol n’est certainement pas une perspective encourageante. Mais les résultats à venir com-pensent ces difficultés. La semence accepte le présent parce qu’elle vit pour l’avenir fait de beauté et de fécondité. Les

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souffrances et la mort de notre Seigneur n’étaient en aucune façon des « expériences magnifiques » ; pourtant, elles ont conduit à la gloire, non seulement pour Dieu mais pour tous ceux qui mettront en Jésus leur confiance.

« Pourquoi êtes-vous allé vous enterrer dans cet endroit perdu ? » demandait un homme à un missionnaire parti outre-mer. « Je n’ai pas été enterré, répondit le missionnaire, j’ai été planté ! »

Cela fait toute la différence ! Si nos souffrances font par-tie de la « plantation » de Dieu, nous pouvons alors les accep-ter par la foi et savoir que parmi toutes nos expériences, il fera paraître celles qui aideront les autres (beauté et fécondité) et qui glorifieront son nom. Si vous vivez par la foi, vous n’êtes jamais « enterré », vous êtes « planté ». Vous ne prierez pas « Père, sauve-moi ! » mais vous direz plutôt : « Père, glorifie ton nom ! » (Jean 12 : 27, 28). Si nous sauvons notre vie pour nous-même, nous la perdrons ; si nous offrons notre vie, nous la sauverons et nous la multiplierons.

La vigneUne autre image empruntée à l’agriculture, souvent ren-

contrée dans la Bible, est celle de la vigne. En Jean 15, Jésus a comparé sa relation avec ses disciples à celle du cep et des sarments : nous devons demeurer en lui et tirer de lui la puis-sance spirituelle dont nous avons besoin pour notre vie et notre service. Ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons être féconds et nourrir les autres. Jésus a dit que son Père était le vigneron qui prenait soin des sarments, et l’une des respon-sabilités du vigneron est de tailler les sarments – ce sont les rameaux productifs qu’il taille. Jésus a dit : « … et tout sar-ment qui porte du fruit, il l’émonde afin qu’il porte encore plus de fruit » (Jean 15 : 2).

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Si les branches pouvaient parler, je suis sûr qu’elles se plaindraient quand elles sont émondées. Mais sans cet élagage, il y aurait peu de fruit. Quelquefois, notre souffrance est un processus d’émondage. Comme le vigneron, Dieu n’enlève pas les mauvaises choses mais les bonnes qui nous empêchent de connaître le meilleur, l’excellent. Le vigneron coupe le bois et les feuilles des sarments qui sont de trop, afin que la plante puisse produire un fruit de choix.

La souffrance n’est pas toujours une punition sanctionnant le péché, malgré ce que les amis de Job peuvent dire. Parfois, notre souffrance est une expérience d’émondage, durant laquelle Dieu enlève avec soin les bonnes choses pour que nous puis-sions devenir plus utiles pour lui et pour les autres.

Et même après la production de raisins mûrs, la vigne connaît une autre « épreuve » : le pressoir. Dans la Bible, il est souvent utilisé comme une image de jugement. Dans la destruction de Jérusalem, Jérémie a vu le Seigneur « fouler » son peuple « au pressoir » (Lamentations 1 : 15). Dans le juge-ment de Dieu sur les nations à la fin des temps, Ésaïe cite Dieu : « J’ai été seul à fouler à la cuvée, […] je les ai foulés dans ma colère, je les ai écrasés dans ma fureur » (Ésaïe 63 : 3). L’apôtre Jean utilise cette image dans sa description d’Harma-guédon dans Apocalypse 14 : 14-20.

L’image de la coupe est associée au pressoir. Ésaïe vit la captivité babylonienne comme si Israël buvait une coupe de colère de la main de Dieu (Ésaïe 51 : 17-22) et Jérémie a répété l’image (Jérémie 25 : 15-29). Mais Jésus a utilisé le fait de boire une coupe, comme l’image d’une soumission à la volonté de Dieu. Quand Pierre tira une épée et essaya de défendre Jésus dans le jardin, le Seigneur dit : « Remets ton épée au fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée ? » (Jean 18 : 11).

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Le contraste entre l’épée et la coupe est intéressant : d’un côté combattre la volonté de Dieu et de l’autre l’accepter. Pouvons-nous avoir peur d’une coupe que le Père nous prépare et nous donne avec amour ?

Comme il est étrange que les gens acceptent les lois de la nature, – semailles et moisson ou élagage – et apprennent à coopérer avec elles, et cependant rejettent ces mêmes prin-cipes quand ils sont appliqués à la vie spirituelle. Si je prends plaisir à mon petit-déjeuner : jus de fruit, café, tartines, c’est parce que quelques semences sont « mortes » et ont produit une récolte. Serais-je assez égoïste pour refuser à Dieu la permission de me « planter », de me moudre au moulin, ou de m’écraser dans le pressoir, afin que ma vie puisse nourrir d’autres personnes ?

Le tribulumAvant que nous quittions les illustrations agricoles, nous

devrions noter que le mot « tribulation » vient du latin tribulum. Un tribulum était un lourd cadre de bois avec des pointes métal-liques fixées sur le dessous. Ce cadre était tiré par des bœufs à travers l’aire de battage, afin de séparer le grain du chaume. (Le mot latin tribulare signifie frotter le grain pour en enlever l’en-veloppe, et donc faire souffrir. Aussi, la prochaine fois que vous parlerez de vos « tribulations », gardez à l’esprit cette image.)

Enfantement et naissance« Car j’entends des cris comme ceux d’une femme en tra-

vail » écrivait Jérémie, « des cris d’angoisse comme dans un premier enfantement » (Jérémie 4 : 31). Le prophète vit l’inva-sion imminente par Babylone comme une « expérience d’accou-chement » pour son peuple. Jésus a utilisé la même image quand

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il a décrit la tribulation qui va venir sur la terre : « Tout cela ne sera que le commencement des douleurs » (Matthieu 24 : 8). L’apôtre Paul amplifia cette déclaration : « Quand les hommes diront : Paix et sécurité ! C’est alors que soudainement la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thessaloniciens 5 : 3).

Il est intéressant de noter la façon dont Jésus s’est servi de cette image concernant ses propres souffrances, sa mort et sa résurrection ; en effet, il réconforta ses disciples en disant : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira : vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie. La femme, lorsqu’elle enfante, a de la tristesse, parce que son heure est venue ; quand elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se sou-vient plus de sa douleur, à cause de la joie de ce qu’un homme soit venu au monde. Vous donc aussi, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, votre cœur se réjouira, et nul ne vous ôtera votre joie » (Jean 16 : 20-22).

Le travail d’accouchement est douloureux mais il est aussi intentionnel, et c’est l’achèvement de cet heureux dessein qui rend ce travail significatif et valable. Le même bébé qui cause la souffrance apporte aussi la joie ! Christ nous donne la joie, non par substitution mais par transformation. Il n’enlève pas toujours la souffrance, mais il utilise celle-ci pour donner nais-sance à la joie.

Je n’ai pas encore trouvé un seul recueil de cantiques qui ne contienne au moins un hymne écrit par Fanny J. Crosby 2. À cause de la maladresse d’un médecin, elle est devenue aveugle à l’âge de six semaines. En grandissant, elle vit dans cet « acci-dent » la main providentielle de Dieu. Elle écrivit son premier poème à huit ans. Le voici :

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Ô combien je suis heureuse !Bien que je ne puisse voir ;En ce monde, je suis résolueÀ être toujours contente.Je jouis de tant de bénédictionsQue d’autres gens ne connaissent pas !Aussi pleurer et soupirer parce que je suis aveugle,Je ne le puis ni ne le veux.

Son « enfantement » mit au jour les dons de poésie et de chant qui ont enrichi des millions d’adorateurs dans les églises du monde entier. À cause de sa foi en Christ, ce qu’elle aurait pu vivre comme un handicap devint un instrument qu’elle uti-lisa pour donner à beaucoup joie et encouragement.

Paul utilisa l’image de l’enfantement pour décrire la condition actuelle de la création. « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Romains 8 : 22). La création, Dieu la fit bonne : « Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici : c’était très bon » (Genèse 1 : 31). Mais, aujourd’hui, c’est une création gémissante, à cause des effets de la désobéissance de l’homme à Dieu. Cependant, un jour, elle sera une création glorieuse quand « cette même création sera libérée de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Romains 8 : 21).

Les gens demandent parfois : « Comment un Dieu d’amour peut-il causer la maladie, les tempêtes et d’autres désastres qui suscitent tant de dommages et de chagrin ? » Ils oublient que le monde que nous connaissons n’est pas celui que Dieu a créé à l’origine. Ce fut la désobéissance de l’homme qui plongea la création dans l’esclavage du péché et de la mort.

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Mais même cet esclavage est marqué par l’enfantement : un jour, il y aura une nouvelle naissance de liberté.

Paul n’était pas découragé par des épreuves personnelles ou des catastrophes naturelles – et il en a expérimenté un bon nombre ! « J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu » (Romains 8 : 18, 19).

De même qu’il ne peut y avoir d’enfantement sans les douleurs de l’accouchement, de même il ne peut y avoir de gloire sans souffrance. La semence est prête à « souffrir » en anticipation de la gloire future. La mère est prête à souffrir en anticipation de la joie de tenir son bébé bien-aimé.

Ce principe est illustré par un épisode poignant dans la vie de Jacob. En voici le récit :

Ils partirent de Béthel, et il y avait encore une certaine distance jusqu’à Éphrata, lorsque Rachel accoucha. Elle eut un accouchement pénible ; et pendant les douleurs de l’accouchement, la sage-femme lui dit : Sois sans crainte, car tu as encore un fils ! Comme elle allait rendre l’âme, car elle était mourante, elle l’appela du nom de Ben-Oni (« Fils de ma douleur ») ; mais son père l’appela Benjamin (« Fils de la droite »).GENèSE 35 : 16-18

Imaginez passer votre vie avec un nom comme « Fils de ma douleur » ! Chaque fois que quelqu’un s’adresserait à vous, il vous rappellerait que votre naissance avait causé la mort de votre mère ! Par la foi, Jacob renomma le bébé « Benjamin ». Il lui donna un nom qui comportait la dignité et le triomphe.

Dans nos expériences d’enfantement, nous avons besoin de faire confiance à Dieu et d’oser croire que les résultats seront un triomphe et non de la tristesse, sans tenir compte de

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la somme de nos souffrances. La tribu de Benjamin devint un peuple noble en Israël et donna à la nation son premier roi. Elle a également donné au monde l’apôtre Paul.

Faire la courseDes affirmations telles que « il a fini la course » ou « elle

a terminé sa course » apparaissent souvent comme épitaphes, parce que nous décrivons la vie d’un homme comme une course : elle a un commencement, une durée, une fin et – nous l’espérons – une récompense. Cela implique de la discipline et de la persévérance pour rester dans la course et la terminer avec succès, en dépit des obstacles en chemin.

Les Grecs et les Romains étaient brillants en sports, aussi cette image se trouve-t-elle souvent dans le Nouveau Testament, mais il y a aussi quelques références dans l’Ancien Testament. Peut-être la plus fameuse se trouve-t-elle en Ecclésiaste 9 : 11 : « J’ai encore vu sous le soleil que la course n’est pas aux plus agiles, ni la guerre aux plus vaillants ». Pour l’Ecclésiaste, la vie était une course au travers d’un champ de bataille ! Le point qu’il voulait souligner était simplement que personne ne pou-vait dépendre uniquement de ses capacités naturelles ; elles ne sont pas une garantie de succès. L’un de mes textes favoris sur la « course » est le passage de Jérémie 12 : 5 où Dieu dit à son prophète découragé :

Si tu cours avec des piétons et qu’ils te fatiguent, com-ment pourras-tu lutter avec des chevaux ? Et si tu n’es en sécurité que dans un pays paisible, que feras-tu lors de la crue du Jourdain ?

En d’autres termes : Si tu penses que la course est dure maintenant, Jérémie, attends seulement ! La course va devenir

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plus dure. Mais c’est le seul moyen par lequel je peux te pré-parer pour ce qui va arriver !

Chaque nouvelle exigence de vie nous aide à grandir.Nous ne sommes pas vraiment en compétition avec des

fantassins ou des chevaux ; nous sommes en compétition avec nous-mêmes. Au cours d’une interview à la télévision, on demanda à un vainqueur des Jeux Olympiques : « Observiez-vous vos concurrents ? » Il répondit : « Je n’observe jamais la compétition. Je regarde l’horloge. Je suis en compétition avec moi-même, non avec les autres ».

Le prophète Ésaïe a une grande promesse pour nous qui nous efforçons de courir la course de la vie : « Mais ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent leur vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent pas, ils mar-chent et ne se fatiguent pas » (Ésaïe 40 : 31).

Le Nouveau Testament utilise souvent la course comme une image de la vie et du service. Jean-Baptiste a achevé sa course (Actes 13 : 25) et il le fit courageusement. Ce fut le grand désir de Paul : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse avec joie ma course, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus… » (Actes 20 : 24). À la fin de sa vie, il écrivit : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Timothée 4 : 7). Il regardait sa vie comme une course à laquelle Dieu l’avait appelé, avec une récompense promise (Philippiens 3 : 12-14).

Mais la course n’est pas facile ! Elle est le thème d’Hé-breux 12, cette épître écrite pour quelques membres du peuple de Dieu qui passaient par la souffrance. Dans le chapitre pré-cédent, l’auteur souligne que tous les membres du peuple de Dieu ont souffert d’une façon ou d’une autre, et cependant leur foi les a amenés à la victoire.

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L’exemple le plus grand est Jésus-Christ qui a « sup-porté la croix » (Hébreux 12 : 2) et est aujourd’hui assis dans la gloire. À cause de sa victoire, il peut nous aider à gagner la course et obtenir le prix. À la lumière de ces nombreuses victoires de la foi, « courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée » (Hébreux 12 : 1).

L’un des mots-clés d’Hébreux 12 est la discipline, mot qui signifie littéralement « formation de l’enfant ». Il était d’usage que les enfants grecs et romains soient enrôlés dans les gymnases locaux et participent aux concours d’athlétisme. Cela faisait partie de leur préparation à la vie d’adulte. Si la vie est une course, un concours d’athlétisme, nous devons alors nous discipliner si nous voulons être des vainqueurs. « Supportez la correction : c’est comme des fils que Dieu vous traite » (Hébreux 12 : 7). En d’autres termes, « si vous voulez mûrir, attendez-vous à quelques épreuves. Elles font partie de la course de la vie ».

Malgré le fait que mes deux frères se soient toujours inté-ressés aux sports, et que mes quatre enfants aient tous une inclination pour l’athlétisme, je ne suis pas un athlète. Jouer au golf me semble être un très bon moyen pour effectuer une bonne marche à pied. Des sports de compétition me pren-draient le temps que j’aimerais consacrer à des choses que je préfère de beaucoup. Mais concernant l’athlétisme, je sais au moins une chose, c’est que si vous jouez bien, vous en tirerez un bénéfice car être en position de pouvoir gagner est bien plus important que de gagner.

Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais plus tard elle pro-cure un paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés.HÉBREUx 12 : 11

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Les épreuves que j’expérimente dans la course de la vie peuvent ne pas me paraître bonnes aujourd’hui, mais Dieu pro-met qu’elles me seront profitables plus tard. Je ne dois pas me contenter de courir avec les fantassins, je dois me mesurer aux chevaux si j’espère me développer vraiment. Il est facile de courir sur un terrain plat mais je ne vais pas mûrir si je ne me mesure pas à certains obstacles de la piste. Si je veux grandir, je dois accepter des défis.

Le jugementL’image judiciaire est très forte dans le livre de Job.

Dans sa souffrance, il se voyait lui-même comme une victime impuissante, arrêtée par Dieu, condamnée, n’ayant aucune possibilité d’appel. « Si j’appelais et qu’il me réponde », se lamentait Job, « je ne croirais pas qu’il ait prêté l’oreille à ma voix » (9 : 16). « C’est moi qui serai le coupable ! Pourquoi me fatiguer en vain ? » (9 : 29). « Mais moi je vais parler au Tout-Puissant, je veux défendre ma cause devant Dieu » (13 : 3).

Nous avons déjà considéré cet aspect de la souffrance quand nous survolions le livre de Job. Mais il y a quelques leçons associées à l’image judiciaire que nous devons envisa-ger brièvement.

Comme l’ont fait les « consolateurs » de Job, quand la tra-gédie nous frappe, nous pensons immédiatement à la culpabi-lité. Qui faut-il blâmer ? Même les disciples de notre Seigneur n’étaient pas immunisés contre ce genre de pensée : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jean 9 : 2). En tant que pasteur, j’ai dû souvent conseiller des gens qui, devant la souffrance, n’éprouvaient qu’un sentiment de culpabilité et étaient prêts à se laisser condamner. En cer-tains cas, c’était la bonne approche, parce qu’ils avaient délibé-

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rément désobéi à Dieu et qu’ils souffraient des conséquences. Mais cette attitude n’est pas appropriée dans tous les cas.

Dieu fait respecter les lois qu’il a établies dans cet uni-vers. Mais chaque loi est une épée à deux tranchants : si nous coopérons avec elle, elle agira pour nous ; si nous la violons, elle agira contre nous. Le feu peut produire chaleur et puis-sance ; il peut aussi provoquer des brûlures et la destruction ! La dose appropriée d’un médicament peut aider à la guérison ; une dose trop forte peut tuer le malade. Le même Dieu a déter-miné les deux résultats ; si nous voulons jouir des avantages, nous devons respecter les dangers. Dieu nous a donné une intelligence et il s’attend à ce que nous l’utilisions.

Il arrive que nos périodes de souffrance soient aussi des temps de jugement, même si nous ne sommes pas coupables de désobéissance à Dieu. Nous sommes mis « à l’épreuve » comme si c’était le cas, pour prouver que notre foi en Christ est authentique. Dieu a tous les droits pour nous mettre à l’essai, afin que nous puissions apprendre davantage sur nous-même et sur nos relations avec lui. C’est en ce sens que Dieu a testé Abraham quand il lui demanda de sacrifier Isaac sur l’autel (Genèse 22).

Cependant, quand les enfants de Dieu sont « appe-lés devant le tribunal », nous devons nous rappeler que « notre Père est le Juge ». « Comme un père a compassion de ses fils, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent » (Psaume 103 : 13).

Ceci ne signifie pas que Dieu fasse un clin d’œil au péché ou qu’il choie des enfants rebelles. Mais cela veut dire qu’il n’agit pas vis-à-vis de nous sur la base de la loi seule, mais aussi sur celle de la grâce. « L’Éternel est compatissant et il fait grâce, il est lent à la colère et riche en bienveillance ; il ne conteste pas sans cesse, il ne garde pas sa colère à toujours ;

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il ne nous traite pas selon nos péchés et ne nous rétribue pas selon nos fautes » (Psaume 103 : 8-10).

« Nos pères selon la chair, en effet, nous corrigeaient pour peu de temps, comme ils le jugeaient bon ; mais Dieu nous cor-rige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté » (Hébreux 12 : 10).

En d’autres termes, le jugement n’a pas pour but notre condamnation mais notre bien personnel. Dieu ne veut pas nous emprisonner, il veut nous rendre libre, pourvu que nous ayons appris comment utiliser avec maturité cette liberté.

En conclusionCes illustrations sont donc quelques-unes des plus impor-

tantes « images de souffrance » trouvées dans la Bible. Il existe quelques images mineures, mais il n’est pas nécessaire de les considérer maintenant. Tout ce qu’il nous reste à faire actuellement, c’est réunir quelques-unes des leçons pratiques que ces illustrations nous enseignent, leçons qui nous aideront quand nous passerons par la souffrance.

1. Dieu ne nous a pas promis de nous donner une vie confortable mais il a voulu nous mettre en conformité avec sa pensée ; il nous mettra dans la fournaise pour enlever les scories et pour nous rendre malléables entre ses mains. Mais gardez ceci à l’esprit : quand vous êtes dans la fournaise, votre Père garde les yeux sur l’horloge et la main sur le thermostat. Il sait exactement ce que nous pouvons supporter.

2. Les batailles de la vie ne sont pas faciles mais Dieu nous a donné l’équipement dont nous avons besoin pour vaincre. Chaque victoire nous prépare pour l’assaut suivant.

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La course de la vie n’est pas simple mais, à mesure que nous acceptons chaque nouveau défi, nous grandissons et pou-vons accomplir davantage.

3. Nous avons besoin de patience. La moisson n’arrive pas immédiatement. Dieu ne nous enterre pas, il nous plante. Il promet que notre expérience produira une récolte.

4. Les périodes de souffrance peuvent être des temps d’en-fantement. La souffrance d’aujourd’hui peut signifier la gloire de demain. Dieu n’accomplit pas tous ses plans aujourd’hui, et il n’explique pas tous ses projets. Nous n’avons pas à accoucher d’un Ben-Oni ; nous pouvons donner naissance à un Benjamin.

5. Les tempêtes sont effrayantes, mais Dieu peut nous parler du sein du tourbillon. Même les tempêtes peuvent accomplir sa volonté.

6. Cédez au sécateur de l’émondeur ; cela vous rendra plus fécond. Acceptez la coupe que le Père vous donne à boire.

Dans ce chapitre, je me suis souvent référé à la captivité babylonienne des descendants de Juda, l’une des expériences les plus humiliantes et éprouvantes que cette noble nation ait jamais subies. Après que la captivité eut commencé, le pro-phète Jérémie envoya aux exilés une lettre d’encouragement ; et dans cette missive se trouve une promesse du Seigneur :

Je connais, moi, les desseins que je forme à votre sujet, – oracle de l’Éternel –, desseins de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir fait d’espérance.JÉRÉMIE 29 : 11

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La prochaine fois que vous vous trouverez au sein d’une tempête, d’une bataille, que vous vous sentirez en jugement, au travers des souffrances semblables à celles d’un enfante-ment, ou souffrant dans la fournaise, méditez cette promesse. Voici ce qu’elle dit : Dieu pense à vous personnellement ; il fait pour vous des plans par des voies que vous ne pourriez jamais comprendre et encore moins imaginer. Laissez-le faire. Votre avenir est en sécurité si vous lui faites confiance.

Si vous vous plongez dans une situation où vous aurez pitié de vous-même, ces images de souffrance seront comme des miroirs où vous ne verrez que vous-même. Mais si vous faites confiance à Jésus-Christ et si vous vous abandonnez entre ses mains, ces images deviendront des fenêtres au travers desquelles vous verrez Dieu et les vastes horizons de bénédic-tions qu’il prépare pour vous.

Que choisirez-vous ? Miroirs ou fenêtres ?

1 lincoln (Abraham) (1809-1865) : devint président des États-Unis en 1860. Il fut assassiné par un fanatique. Il lutta pour l’abolition de l’esclavage.

2 crosBy (Fanny J.) (1823-1915) : poète et musicienne aveugle, auteur de plus de 8 000 cantiques. Elle fut associée à des chanteurs célèbres comme Ira D. Sankey qui accompagnait Moody dans ses campagnes d’évangélisation.

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Chapitre 6

Le Dieu qui se préoccupe de nous

« J’ai trouvé le verset biblique qui décrit parfaitement ma vie », m’annonça un homme d’un air égaré au cours d’une session de consultations. Il saisit ma Bible sur mon bureau et l’ouvrit à Job 5 : 7 :

« Tenez, lisez ça !Je lus le verset à haute voix :– L’homme est né pour la peine, comme les étincelles

s’élèvent pour voler.– Je suis né pour avoir des problèmes, se lamentait-il. Je

vis dans les problèmes et je mourrai probablement dans les problèmes ! Il y a toujours une nouvelle gerbe d’étincelles, et elles me brûlent terriblement !

Ce dut être un éclair de direction divine : je lui redonnai la Bible et lui dis :

– Il y a un autre verset qui va de pair avec Job 5 : 7. C’est 1 Pierre 5 : 7, lisez-le !

Il lut :– Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend

soin de vous.

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Il fut silencieux pendant un moment, puis il dit, sans même lever les yeux :

– Oui, mais comment puis-je être sûr que Dieu est vrai-ment concerné par ma personne ? »

Si nous pouvions être assurés qu’il existe un Dieu concerné par nous et veillant sur nous, concerné par nos souf-frances et nos problèmes, nous aurions tous beaucoup plus de facilité quand nous sommes confrontés à la vie. Mais quel-quefois, les problèmes que nous rencontrons et les souffrances que nous supportons semblent contredire 1 Pierre 5 : 7. Soyons honnêtes, à notre corps défendant, nous nous découvrons en accord avec Gédéon lorsqu’il demanda à l’ange de l’Éternel : « Ah ! Mon Seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? » (Juges 6 : 13).

Naturellement, il serait facile de citer quelques-unes des grandes promesses de la Bible prouvant que Dieu est concerné ; mais il y a des moments où même ces promesses familières semblent se moquer de nous. Je ne vais pas ignorer ces pro-messes, mais avant que nous les consultions, il y a quelques autres questions dont il faut nous occuper d’abord.

Si vous étiez Dieu, comment vous y prendriez-vous pour convaincre les gens que vous êtes vraiment concerné par eux et pour eux ?

Tout au long des années, j’ai reçu différentes réponses à cette importante question. L’une des plus fréquentes est : « J’aurais commencé par créer un monde meilleur ! » Cela veut dire, bien sûr, un monde sans péché et sans souffrance.

Réfléchissons à cette réponse. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un « monde meilleur » dès le commencement ? Alors que Dieu n’est pas l’auteur du mal, il lui a permis d’appa-raître sur scène, et il ne l’a pas encore éliminé de son monde.

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Assurément, il aurait pu faire un meilleur travail : à un moment donné, il aurait dû dire : « Revenons à la planche à dessin ! »

La première chose que nous devons comprendre est que nous traitons une question hypothétique, et les questions hypo-thétiques ne trouvent pas facilement une réponse, si tant est qu’il y en ait une. Personne ne peut prouver qu’un quelconque autre monde serait nécessairement un monde meilleur. En fait, chacun de nous apporte à cette question une idée préconçue de ce que signifie le mot « meilleur ». Ce qui peut être un « monde meilleur » pour un Adolf Hitler serait certainement un « monde pire » pour la plupart des autres personnes. Si vous avez jamais essayé de préparer des vacances pour quatre enfants, vous avez une idée de ce que c’est que d’essayer de plaire à tous !

Mais ce qui est vrai aussi, c’est que les standards et les valeurs auxquels nous pensons pour ce « monde meilleur » sont venus, en fait, du monde dans lequel nous vivons main-tenant.

Nous n’avons pas trouvé ces « meilleures idées » en visi-tant une autre planète ou en recevant une communication de l’espace. Ceci signifie, naturellement, que nous sommes en contradiction avec nous-mêmes : nous prenons de ce monde nos standards, et cependant nous disons que nous voulons un monde meilleur. Nous admettons donc que Dieu a placé cer-taines choses bonnes dans le monde, après tout !

Cela ne nous aide pas beaucoup, je pense, de spéculer sur le monde que Dieu aurait pu créer. Quand vous avez mal, vous devez affronter des réalités. Cependant, quand nous sommes face à ces réalités, il nous faut être honnêtes et réalistes. Pour la plupart, nous avons tendance à nous laisser dominer par notre imagination, en période de crise ou de tragédie.

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Les situations les plus difficiles qu’un pasteur puisse être amené à affronter sont la mort d’un enfant ou le suicide d’une personne jeune. Tous les ministères auprès des affligés sont difficiles, mais ces deux situations-là semblent exiger le plus de sagesse. Pourquoi un enfant innocent meurt-il ? Pourquoi un adolescent plein d’avenir se supprime-t-il ? « Qui sait ce que ce bébé aurait pu devenir ! » murmure quelque membre de la famille aux funérailles. Pourtant, franchement, nul ne sait ce que ce bébé serait devenu ! Il aurait pu devenir un grand inven-teur ou un criminel endurci. Nous ne savons pas ; et, parce que nous ne savons pas, il est sage de ne pas spéculer. Un réconfort durable ne peut se baser sur des suppositions.

Ce qui est vrai de la mort d’un bébé ou du suicide d’un jeune est vrai concernant le monde ; spéculer ne fait que compliquer la situation. Puisque ce monde est celui que Dieu a créé, je dois croire qu’il savait ce qu’il faisait : « Avec qui (le Seigneur) a-t-il délibéré, pour en recevoir de l’instruction ? demandait Ésaïe, Qui lui a appris le sentier du droit ? » (Ésaïe 40 : 14). Le fait de spéculer sur un « monde meilleur » hypothétique peut gonfler mon ego, mais il ne pourra jamais résoudre mes problèmes ou m’aider à gérer ma souffrance de façon créative.

D’autres personnes pensent que, bien que Dieu ne soit pas responsable du mal dans le monde, il pourrait agir davantage pour l’éliminer. « Si j’étais Dieu, répondent-ils, je ferais savoir aux gens que je suis concerné, en intervenant et en éliminant du monde tout ce qui est mauvais et qui cause de la souffrance ».

Bien sûr, personne n’est opposé aux idéaux élevés pro-posés par cette réponse. Je me souviens combien ma femme et moi avons été heureux quand le vaccin du Dr Salk a été mis au point et que nous avons pu protéger nos enfants de la polio. Chacun de nous remercierait Dieu si quelqu’un arrivait avec une assurance de guérison du cancer ou du diabète.

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En tant que peuple de Dieu, nous ne pouvons pas accepter calmement le statu quo avec un pieux « Dieu le veut ! » Le fait que Jésus ait guéri des personnes lorsqu’il se trouvait sur la terre est un argument suffisant pour que nous fassions tout notre possible pour promouvoir ce qui contribue à la bonne santé de l’homme.

Mais suggérer que Dieu intervienne et « nettoie la mai-son » présente quelques difficultés d’ordre pratique. D’abord, ce n’est pas vraiment une suggestion nouvelle ; cela nous ramène à la case départ. Chacun de nous a sa propre idée sur « un monde meilleur » et, comme je l’ai mentionné plus haut, nous tirons nos idées du monde tel que Dieu l’a créé et le contrôle. Que le Seigneur ait, au commencement, créé le monde comme nous le désirons, ou qu’il soit intervenu et ait rectifié les choses après coup, cela revient au même.

Il y a une seconde considération : que signifie vraiment pour vous ce souhait que « Dieu intervienne dans les affaires du monde » ? Suggérez-vous qu’aujourd’hui, Dieu est en dehors de ce monde ? S’il est une leçon que Jésus a essayé de faire comprendre dans son enseignement, c’était la présence de Dieu le Père dans le monde. Le Père donne leur gloire aux lys, et il est là quand le passereau tombe mort. Il n’est pas un Roi absent ; il est un Ami toujours présent.

Ici, nous devons faire très attention, car Dieu n’est pas le monde. Ce serait du panthéisme et une fausse définition de la relation de Dieu à la création. Dieu n’est pas non plus « fait » par le monde, comme une partie du processus de créa-tion. Cela, c’est encore la théorie de notre vieille ennemie la « théologie du processus évolutionnaire », et elle est fausse. L’Ancien et le Nouveau Testament enseignent clairement que Dieu est le Créateur et, de ce fait, est extérieur au monde, au-

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dessus de lui et transcendant ; mais il est aussi présent dans le monde, réalisant ses desseins, et il est donc immanent.

« Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied », disait Dieu par la bouche de son prophète Ésaïe. « Toutes ces choses, ma main les a faites. […] Voici sur qui je porterai mes regards : sur le malheureux qui a l’esprit abattu, qui tremble à ma parole » (Ésaïe 66 : 1, 2).

Le Dieu qui demeure au ciel est également prêt à habi-ter le cœur de l’humble croyant ! Il est au-dessus de nous et en nous, transcendant et immanent, pour utiliser des termes théologiques.

Si donc nous demandons à Dieu d’« intervenir », nous suggérons également que des choses qui arrivent peuvent le prendre par surprise, ce qui l’oblige à agir soudainement, de peur que tout son plan ne soit gâché. Nous en faisons un Dieu « Superman », le deus ex machina grec et romain, le dieu qui fond sur la terre, juste au bon moment et résout rapidement le problème. Mais le Dieu que j’adore n’a pas besoin d’être amené sur le théâtre des opérations pour résoudre les problèmes. Il a écrit le scénario ! À vrai dire, il dirige le drame et il s’assure que tout marche bien, car il est aussi l’un des acteurs de la pièce.

La suggestion que Dieu intervienne et arrange tout pré-sente un autre problème : comment faites-vous pour que tout se passe bien ? Pouvez-vous forcer la bonté ? Dieu peut-il for-cer un homme à aimer sa femme et abandonner sa maîtresse ? Dieu est-il libre de violer la liberté qu’il a donnée à l’homme, une liberté qui fait partie de l’image de Dieu en l’homme ?

D’accord, il serait relativement simple pour Dieu de chan-ger les choses matérielles plutôt que de changer les créatures morales. Tout dans la nature obéit au Créateur, comme l’a démontré Jésus quand il exerçait son ministère sur la terre. Dieu peut parler aux cellules cancéreuses et les enlever. Il peut guérir les malades et les corps brisés ; je l’ai vu l’accomplir et je l’ai

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expérimenté dans ma propre vie. Un conducteur ivre a heurté mon automobile à quatre-vingt-dix miles à l’heure (135 km/h). Quand je suis arrivé à l’hôpital, l’aumônier a dit à ma femme : « Il ne passera pas la nuit ! » Mais notre Église se réunit pour prier et, deux semaines plus tard, j’étais de retour à la maison.

Dieu peut changer les choses ; mais c’est une tout autre affaire pour lui de changer les gens. Et, dans ce monde, bien du mal est provoqué par les gens, et non par les choses. Même si Dieu enlevait toutes les maladies qui nous tourmentent aujourd’hui, et tout ce qui procure de la souffrance, nous n’au-rions pas nécessairement un monde meilleur. Nous aurions exactement les mêmes personnes vivant dans un monde plus confortable – et l’absence de souffrance pourrait permettre de pécher plus facilement !

Quand nous discutons de ces choses, il m’arrive de cho-quer des gens en leur demandant : « Pourquoi voulez-vous voir changer le monde et voir l’élimination de toutes les choses mauvaises ? » Ils répondent habituellement : « Pour que nous puissions mieux jouir de la vie ! » Alors, je leur demande : « Pensez-vous que vous seriez une personne meilleure si vous jouissiez davantage de la vie ? » Trop souvent, on ne répond pas à cette question !

Le but de la vie n’est pas le plaisir, mais la formation du caractère et tout ce qui contribue à la gloire de Dieu. Nous n’avons aucune garantie qu’un meilleur environnement pro-duirait des gens meilleurs, que l’absence de maladie et de souf-france signifierait aussi l’absence de haine et de tromperie. Combien de fois n’ai-je pas entendu ces mots dans un service de réanimation de l’hôpital : « Pasteur, si le Seigneur me per-met de m’en sortir, je serai la meilleure personne que vous ayez jamais connue ! » Dans quelques cas, le Seigneur a per-mis à ces gens de se rétablir, mais ils ne se sont pas toujours manifestés comme des personnes meilleures.

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J’ai le sentiment que les « mauvaises choses » qui traver-sent nos vies accomplissent des desseins que nous ne pouvons comprendre entièrement aujourd’hui. Seul un Dieu grand et souverain pourrait – je parle comme un homme – « prendre le risque » de permettre le mal en ce monde, tout en réalisant encore son plan parfait. Nous ne pouvons pas expliquer chaque cas indi-viduel, mais le modèle général semble clair : Dieu est au contrôle et il réalise ses desseins pour notre bien et pour sa gloire. Comme avait l’habitude de le dire le vieux puritain Thomas Watson : « Là où la raison ne peut passer à gué, la foi doit nager ! »

Nous voilà revenus à notre première question : si vous étiez Dieu, comment feriez-vous pour convaincre les gens de votre préoccupation réelle pour eux ? Le feriez-vous d’une manière différente de la façon dont vous manifestez actuelle-ment votre souci pour les gens que vous connaissez et aimez ?

Puisque nous avons été créés à l’image de Dieu, notre préoccupation pour les autres est probablement une sorte de reflet de son souci pour nous. En tant que parents et grands-parents, nous exprimons notre sollicitude en pourvoyant aux besoins, en prononçant des paroles d’amour et d’encourage-ment, enseignant, avertissant, aidant à porter les fardeaux, et, à l’occasion, en ouvrant le portefeuille et en payant les factures. Nous essayons d’éviter de gâter et de surprotéger nos enfants et petits-enfants, car nous savons qu’ils doivent accepter des défis s’ils veulent grandir en sagesse.

Imaginez un enfant disant à ses parents : « Je n’arrête pas de m’écorcher les genoux sur le trottoir ! Si vous m’aimez vraiment, vous devriez enlever de là ce misérable trottoir ! » Nous n’enlevons pas le trottoir mais nous aidons l’enfant en lui enseignant comment marcher, faire du patin à roulettes ou rouler à bicyclette avec adresse et prudence. Traverser une rue est une entreprise redoutable mais nous n’aidons pas l’enfant en éliminant les véhicules, au contraire, nous plaçons des feux

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de signalisation, nous enseignons à l’enfant à regarder des deux côtés et nous l’avertissons que les conséquences de la négligence sont douloureuses.

Dieu manifeste qu’il se préoccupe de nous en nous envoyant le nécessaire. Il nous a donné un monde rempli de tout ce dont nous avons besoin pour notre vie et notre santé. « … quoiqu’il (Dieu) n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est par ses bienfaits, en vous donnant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous comblant de nourriture et de bonheur dans le cœur » (Actes 14 : 17).

Les mesures prises par Dieu sont des dons ; nous ne pou-vons ni les mériter ni les gagner. « … il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes », a dit Jésus (Matthieu 5 : 45).

Ces talents sont un don de Dieu. La façon dont nous les utilisons est notre don pour lui. Dieu ne doit certainement pas être blâmé pour les problèmes économiques et écologiques qui nous menacent aujourd’hui. Si l’humanité avait suivi les prin-cipes donnés par Dieu, les problèmes auraient pu être évités. L’homme déchu essaie de gérer une création en souffrance, une création souffrant les douleurs de l’enfantement, et il ne peut pas accomplir un travail réussi sans la sagesse et l’aide de Dieu.

Dieu montre qu’il se préoccupe de nous en nous envoyant le nécessaire. Il montre aussi qu’il s’intéresse à nous par son œuvre providentielle dans le monde. « Providence » est, je l’ad-mets, un mot démodé, mais c’est encore un mot valable. Il vient du latin et signifie « voir à l’avance ». Dieu n’est jamais pris par surprise ; il va devant et prépare la voie. La providence est cette œuvre merveilleuse de Dieu, de telle sorte que tous les événe-ments dans son univers accomplissent les desseins qu’il avait à

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l’esprit. « L’Éternel a établi son trône dans les cieux et son règne domine sur toutes choses » (Psaume 103 : 19). Ceci ne décrit pas un Dieu limité qui serait en cours de devenir infini !

C’est en raison de la providence divine que nous pou-vons avoir des promesses qui nous encouragent, car Dieu est capable d’accomplir ce qu’il a promis. Sa providence est éga-lement un encouragement à la prière ; en effet, s’il ne contrôle pas le monde, nous n’avons aucune raison de lui parler de nos besoins.

Dieu « opère tout selon la décision de sa volonté » (Éphésiens 1 : 11), même si vous et moi ne comprenons pas toujours ce qu’il fait ou pourquoi il l’accomplit. Croire autre-ment, c’est se mettre soi-même dans un univers inorganisé qui opère sur la base effrayante du hasard et de la chance.

Ceci explique pourquoi le peuple de Dieu évite l’utili-sation des mots « chance » ou « sort », car aucun de ces mots n’appartient au vocabulaire de la personne qui met sa confiance en un Dieu assez grand pour régner sur l’univers.

Dieu se préoccupe de nous de la même façon que nous le faisons les uns pour les autres. Il pourvoit à nos besoins ; il fait des plans à l’avance et réalise ses desseins de façon provi-dentielle ; et il nous parle pour nous rassurer. Après mon acci-dent d’auto, lorsque je me réveillai au service des urgences de l’hôpital, un verset biblique martelait sans cesse mon esprit : « L’Éternel est grand et très digne de louange, sa grandeur est insondable » (Psaume 145 : 3). Dieu me parlait et me rappelait qu’il était suffisamment grand pour gérer la situation !

Chaque fois que ma femme et moi avons dû prendre une « décision en temps de crise », Dieu nous a donné une parole précise des Écritures, une promesse pour nous rassurer. J’ai découvert que bien des enfants de Dieu ont fait la même expé-rience. Ma femme et moi connaissons un couple ami qui tient

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un journal quotidien des promesses bibliques que Dieu leur a données au cours de périodes de difficultés et d’épreuves – et ils en ont eu leur part, croyez-moi !

Mais nous devons être prudents dans notre usage de la Bible quand nous traversons des épreuves. À moins de lire la Parole de Dieu régulièrement, d’écouter quotidiennement la voix de Dieu, nous avons peu de chance de l’entendre nous parler beaucoup lorsque le plafond nous tombe sur la tête. Il ne nous parlera pas beaucoup non plus si nous nous contentons d’attraper la Bible et de l’ouvrir au hasard. (Un de mes amis appelle cette pratique la « roulette religieuse ».)

L’enfant qui est en relation étroite avec ses parents quand le soleil brille trouvera leur présence et leurs paroles encore plus significatives dans l’obscurité. Les promesses de Dieu ne sont pas des bouées de sauvetage célestes que le Seigneur jette aux étrangers dans la tempête. Elles sont les expressions de son amour et de son attention, données à ses enfants qui marchent avec lui et désirent lui obéir.

Cependant, c’est lorsque nous traversons des difficultés que les promesses de Dieu prennent pour nous un sens nou-veau.

Le célèbre prédicateur anglais Charles Spurgeon 1 avait l’habitude de dire que les promesses de Dieu ne brillent jamais avec autant de splendeur que dans la fournaise de l’affliction ; et cela est vrai ! Des versets de la Bible que nous avons connus depuis notre enfance deviennent soudainement frais et exal-tants quand nous les lisons au travers de nos larmes et au sein de notre souffrance.

Récemment, alors que je feuilletais quelques-unes de mes Bibles, mon regard se porta sur les dates écrites dans les marges à côté de certains versets. Seul le Seigneur et moi savons ce qui est arrivé ces jours-là et pourquoi ces versets avaient un sens si particulier à ce moment-là. Je peux rendre témoignage que mon

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Père céleste a toujours eu une parole d’encouragement pour moi chaque fois que j’en ai eu besoin. Il s’occupe de nous en nous parlant et en partageant avec nous ses promesses.

Mais les promesses ne sont efficaces que si nous les connaissons et avons confiance en elles. C’est pourquoi il est important pour le peuple de Dieu de lire la Bible et d’apprendre à connaître le cœur et l’esprit de Dieu. Nous avons également besoin de croire les promesses de Dieu et de les revendiquer pour nous-mêmes.

« Toutes les promesses de Dieu sont ce oui en lui (Jésus-Christ). C’est donc aussi par lui que nous disons à Dieu l’amen pour sa gloire » (2 Corinthiens 1 : 20). La promesse de Dieu est son « oui » et notre « amen » est notre « oui » à sa promesse. C’est notre foi qui libère la puissance dans les promesses de Dieu.

Laissez-moi vous rappeler à nouveau que je ne décris pas une « relation de crise » avec Dieu. Je dépeins une relation quotidienne qui s’approfondit à mesure que nous sommes en communion avec Dieu dans la prière et dans la méditation de sa Parole. Je ne suggère pas que Dieu ne répondra pas aux besoins au cours d’une crise subie par ceux qui le négligent habituellement, mais ce n’est pas la meilleure approche. Nous aurons plus de facilité à mettre notre confiance en Dieu dans l’obscurité si nous avons marché avec lui dans la lumière.

« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis car il prend soin de vous » (1 Pierre 5 : 7). Quelle grande promesse ! J’aime la façon dont J. B. Phillips 2 traduit ce texte : « Vous pouvez poser le poids de toutes vos anxiétés sur lui, car vous êtes tou-jours l’objet de ses soins ».

Comment pouvons-nous faire cela ?

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Pour commencer, nous devons avoir cette relation per-sonnelle avec Dieu par la foi en Jésus-Christ. Nous devons savoir qu’il est notre Père et que Christ est notre Sauveur.

Puis, nous devons accepter d’admettre que nous ne pouvons régler nos problèmes sans une aide divine. Un peu plus haut dans son épître, Pierre écrit : « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux humbles. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève en temps voulu » (1 Pierre 5 : 5, 6).

Une fois pour toutes, nous devons nous abandonner au Seigneur avec nos problèmes et nos anxiétés. Ceci est un pas de la foi. Nous revendiquons ses promesses, nous nous donnons nous-même à lui et nous croyons qu’il tiendra parole. Nous faisons ceci, non pour échapper à la vie, mais pour que Dieu puisse nous aider à faire face à la vie. Vous serez étonné du soulagement que vous éprouverez dans le cœur lorsque vous donnerez à Dieu tout contrôle. Une puissance nouvelle, ainsi qu’une nouvelle espérance prendront place dans votre vie.

Par la prière, la lecture des Écritures et la méditation, vous entrerez dans une relation intime avec votre Père céleste.

Que fait Dieu pour ceux qui s’abandonnent sincèrement à lui jour après jour ?

1. Pour commencer, quand vous abandonnez entre ses mains toutes vos anxiétés, Dieu vous donne le courage de faire face honnêtement à la vie. Nous en avons besoin car nous avons tendance, soit à essayer de fuir, soit à devenir amer. Quand arrivent les choses désagréables, certains se tournent vers la boisson ou la seringue ; et quand ils se réveillent, les problèmes sont encore là, mais ces gens sont en bien moins bonne condition pour les gérer.

Dieu nous donne le courage dont nous avons besoin pour faire face honnêtement à la situation et non pour essayer d’y échapper.

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« Faire face honnêtement à la situation » peut signifier aussi devoir accepter un handicap, une souffrance ou même la mort. Si nous voulons jouir des bénédictions de la vie, nous devons aussi vouloir accepter les fardeaux qui les accompa-gnent. Le même petit enfant qui réjouit notre cœur peut aussi le briser. C’est ainsi que va la vie, et se battre contre elle ne réus-sira qu’à nous blesser nous-mêmes et ceux qui nous entourent.

L’un des couples les plus courageux que j’aie jamais ren-contrés était membre d’une Église dont j’étais le pasteur. Des années avant mon arrivée, leur petit garçon avait contracté une maladie du cerveau qui l’avait laissé invalide. Il a passé toute sa vie au lit, incapable de parler, de lire ou d’utiliser ses mains de façon créative. Lorsque j’ai visité leur foyer pour la première fois, le garçon était devenu un homme, mais il était toujours étendu sur son lit, muni de langes, et il avait constam-ment besoin de quelqu’un auprès de lui.

« Pasteur, ne nous plaignez pas à cause de Kenny, me dirent ses parents. Les gens pensent qu’il est une charge, mais pour nous, il est une bénédiction de Dieu. Nous avons tant appris sur la grâce de Dieu en prenant soin de Kenny ! »

2. Lorsque vous vous abandonnez au Seigneur, vous-même aussi bien que vos inquiétudes, il vous donne non seu-lement le courage de faire honnêtement face à la vie, mais aussi la sagesse de comprendre ce qui doit être fait. Ceci ne veut pas dire que le Seigneur nous tend un mode d’emploi nous expliquant le pourquoi de tout ce qui nous arrive et quels projets le Père envisage de réaliser. Généralement, Dieu nous guide un pas à la fois, un jour à la fois. Nous n’entendons pas de voix et n’avons pas de visions mais, d’une façon ou d’une autre, nous semblons savoir ce qu’il veut que nous fassions.

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97Le Dieu qui se préoccupe de nous

Voici une promesse que ma femme et moi avons revendi-quée bien des fois, et cela n’a jamais failli :

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée » (Jacques 1 : 5). Au lieu de tourner en rond sans aucun but, faisant des reproches à celui-ci et suppliant celui-là, l’enfant de Dieu attend tranquillement que son Père céleste le dirige dans les décisions de la vie. Ceci ne veut pas dire que nous ignorerons les conseils des autres, car Dieu utilise souvent d’autres personnes pour nous guider, mais cette expérience même arrive parce que nous nous attendons au Seigneur.

3. Quand vous déposez devant le Seigneur toutes vos inquiétudes, il vous donne la force de faire ce qu’il veut que vous fassiez. « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4 : 13). J. B. Phillips a exprimé l’excitation de cette promesse dans sa traduction : « Je suis prêt à tout, grâce à la force de celui qui vit en moi ».

Tout dans la nature dépend des ressources cachées. Le peuple de Dieu dépend également de ressources divines cachées à l’œil humain. Nous avons nos racines dans l’éternel.

« Celui qui habite sous l’abri du Très-Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant. Je dis à l’Éternel : Mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie ! » (Psaume 91 : 1, 2).

« Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui se trouve toujours dans la détresse » (Psaume 46 : 1).

Une force divine est accordée à ceux qui se soumettent au Père céleste et obéissent à ce qu’il nous dit de faire.

Tout au long des siècles, les prophètes et les saints ont rendu témoignage au fait que Dieu aide ceux qui lui font confiance et j’ai vu ce témoignage apporté par des centaines de

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croyants de toutes provenances, qui ont connu la souffrance, d’une façon ou d’une autre.

Dieu donne le courage de faire face à la vie avec honnê-teté, la sagesse pour comprendre ce qu’il veut que nous fas-sions, et la force de l’accomplir.

4. Le quatrième ministère que le Seigneur exerce pour ceux qui lui abandonnent leurs soucis est le suivant : il donne la foi, pour être patient tandis qu’il réalise sa volonté parfaite dans votre vie. Combien de fois n’ai-je pas cité, pour moi-même et pour ceux qui sont sous la responsabilité de mon ministère, le psaume 37 : 5 : « Remets ton sort à l’Éternel, confie-toi en lui, et c’est lui qui agira ».

Il faut de la foi pour être patient, mais il faut aussi des épreuves pour forger notre patience ! Les épreuves sans foi vont susciter l’impatience, mais des épreuves et la foi en plus peuvent créer en nous une patience qui permettra à Dieu de faire ce qu’il veut faire. Personnellement, j’ai tendance à être impatient, à vouloir me précipiter en avant pour faire des choses selon mes idées. « Arrêtez, et reconnaissez que je suis Dieu » (Psaume 46 : 11) est une affirmation à laquelle je me suis sou-vent heurté. Le mot hébreu traduit par « Arrêtez » signifie lit-téralement : « Détendez-vous ! Enlevez vos mains ! »

Dieu répond à nos besoins, non pas en agissant à notre place ou malgré nous, mais en travaillant en nous, au travers de nous, et pour nous. Tant que nous l’aimons et cherchons à réaliser ses desseins, il amène toutes choses – même celles qui semblent être des tragédies – à travailler ensemble pour le bien.

Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.ROMAINS 8 : 28

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99Le Dieu qui se préoccupe de nous

Comment pouvons-nous être assurés que Dieu se préoc-cupe de sa création ?

L’univers entier est la preuve constante de ses mesures prises en notre faveur. Le Dieu qui donne aux fleurs leur beauté et aux oiseaux leur nourriture quotidienne procure aussi aux siens tout ce dont ils ont besoin, exactement au moment où ils en ont besoin.

Dieu agit dans ce monde et dans nos vies de façon provi-dentielle. Les événements de la vie sont des rendez-vous, non des accidents, tandis qu’il réalise son plan parfait.

Dieu nous a donné ses promesses pour nous rassurer et nous encourager dans les jours sombres de la vie. Les paroles que Dieu a données à Israël par la bouche de Moïse sont vivantes et puissantes pour le peuple de Dieu aujourd’hui.

Fortifiez-vous et prenez courage ! Soyez sans crainte et sans effroi devant eux ; car l’Éternel, ton Dieu, marche lui-même avec toi, il ne te délaissera pas, il ne t’aban-donnera pas.DEUTÉRONOME 31 : 6

Mais la plus grande preuve que Dieu s’intéresse à vous est ce qu’il fit sur une croix à l’extérieur des murs de Jérusalem.

La plus grande – et dernière – réponse de Dieu à la souf-france humaine et à la présence du mal dans ce monde est le Calvaire.

1 spurgeon (Charles Haddon) (1834-1892) : pasteur calviniste baptiste anglais, qui fut longtemps responsable du Metropolitan Tabernacle de Londres. Il fonda une école de formation pour pasteurs, un orphelinat et plusieurs associations. Auteur de nombreux livres et sermons qui ont fait le tour du monde.

2 phillips (J. B.) : auteur d’une traduction du Nouveau Testament parue en 1959, The New Testament in Modern English for Schools.

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Chapitre 7

Le Dieu qui souffre

Un groupe de missionnaires chrétiens visitait le mahatma Gandhi pour discuter de leur travail en Inde. Avant leur départ, Gandhi leur demanda de chanter pour lui un de leurs cantiques chrétiens.

« Lequel chanterons-nous ? demandèrent-ils.Et il répondit :– Chantez celui qui exprime le mieux ce que vous

croyez ! » Ils chantèrent ensemble :

Quand je contemple cette croixOù tu mourus, Prince de gloire,Combien mon orgueil d’autrefoisM’apparaît vain et dérisoire.

Aujourd’hui, nous considérons comme évident le sym-bole de la croix. Nous oublions que, du temps de Jésus, la croix était une chose méprisable, réservée aux plus vils délinquants que la société pouvait condamner. Personne dans l’Empire romain n’aurait écrit un chant sur la croix, pas plus que nous n’écririons aujourd’hui un cantique sur la potence, la chambre à gaz ou la chaise électrique.

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Non seulement Jésus a accompli quelque chose sur la croix, mais il a fait quelque chose de la croix ! D’un symbole de souffrance, il a fait un symbole de victoire et de gloire. Et, indépendamment de ce qu’une personne peut penser de Jésus-Christ, quiconque examine sérieusement le sujet de la souf-france se trouve confronté au Calvaire. « Contrairement à tout autre, il (Jésus) se tient devant nos yeux comme un exemple et un avertissement », écrit l’auteur juif Sholem Asch. « Il exige de nous, il nous harcèle, il nous presse de suivre son exemple et de mettre en pratique ses enseignements ».

Quand vous lisez les quatre Évangiles, vous découvrez une chose remarquable : Jésus n’a pas expliqué la souffrance mais il l’a expérimentée, et il a fait tout ce qu’il pouvait pour la soulager autour de lui. Au travers de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, la souffrance et la croix sur laquelle il a souffert ont acquis un tout autre sens.

Si puissant a été l’impact de Jésus que, vingt ans environ après la crucifixion, Paul pouvait écrire : « Quant à moi, certes non ! Je ne me glorifierai de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Galates 6 : 14). Dans l’Empire romain, jamais la crucifixion n’était mentionnée dans le beau monde. Pourtant, voici Paul vantant la Croix !

S’il est un message clair que Jésus nous donne sur Dieu et la souffrance, c’est bien celui-ci : Dieu s’est identifié à nous dans notre souffrance et peut nous rendre capable de changer la tragédie en triomphe. Quand nous combattons dans une bataille, ou quand nous nous trouvons face à la fournaise, Dieu n’est pas un spectateur indifférent ; il nous accompagne dans nos souffrances.

« Dans toutes leurs détresses – qui étaient pour lui (aussi) une détresse – l’ange qui est devant sa face les a sauvés » (Ésaïe 63 : 9).

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103Le Dieu qui souffre

Le Dieu de la Bible, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, n’est pas le « manager insensible » des philosophes. Lorsqu’il se révéla à Moïse dans le buisson ardent, Dieu dit : « J’ai bien vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu son cri à cause de ses oppresseurs, car je connais ses douleurs » (Exode 3 : 7). Durant la période difficile des Juges, à nouveau le Seigneur rassura son peuple en suscitant des libérateurs : « … car l’Éternel avait pitié de leurs gémissements devant ceux qui les opprimaient et les tourmentaient » (Juges 2 : 18).

Dans la vie et le ministère de Jésus-Christ, nous voyons très clairement le souci de Dieu pour son peuple et pour toute l’humanité souffrante. Né dans un foyer pauvre, Jésus connais-sait le sens de la pauvreté et du sacrifice. Il travaillait comme charpentier. Il faisait partie d’une race haïe, et il vivait à une époque où la Palestine était un état policier. Il eut faim et il eut soif, il fut fatigué, il pleura et il mourut. Il fut arrêté et privé de ses droits, condamné sur des accusations forgées de toutes pièces et cloué sur une croix. Personne ne pourra jamais accu-ser Jésus de Nazareth d’être un spectateur indifférent dans le drame de la vie !

Pourquoi a-t-il souffert tout cela ? D’abord, il nous révé-lait le cœur d’un Dieu aimant. « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14 : 9). Quand vous regardez Jésus dans les écrits évangéliques, vous voyez Dieu avec un enfant dans les bras, Dieu avec des larmes dans les yeux, Dieu rompant le pain pour des paysans affamés, Dieu saignant et mourant pour un monde dans le besoin. Jésus est un argument très convaincant, pour faire savoir que Dieu se soucie des hommes.

Les souffrances de Jésus sur la terre avaient encore un autre but : elles le préparaient à s’identifier à nos souffrances

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d’aujourd’hui : « Car du fait qu’il a souffert lui-même quand il fut tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2 : 18). « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur incapable de compatir à nos faiblesses ; mais il a été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir misé-ricorde et de trouver grâce, en vue d’un secours opportun » (Hébreux 4 : 15, 16).

Je comprends l’embarras de ceux qui confessent hon-nêtement : « Nous ne comprenons pas ce que signifie pour Dieu de souffrir ». Nous sommes tellement enclins à identi-fier la souffrance à la douleur – les sensations physiques – que nous sommes perplexes quand nous pensons que Dieu, qui est Esprit, pourrait ressentir la douleur. Nous comprenons que Jésus puisse la ressentir, parce qu’en lui, la nature divine et la nature humaine sont réunies, et qu’il fut un homme. Mais Dieu ?

En même temps, cependant, les gens qui doutent que Dieu puisse souffrir n’ont aucun problème avec le fait que Dieu puisse aimer. Quiconque a jamais aimé d’une façon mature sait que l’amour implique la souffrance. Certainement, la sympathie fait partie de l’amour. En fait, plus l’amour est pur, plus grande est la possibilité de souffrir. La souffrance de Dieu n’affecte en aucune façon sa joie suprême ; elle n’ajoute ni n’enlève quoi que ce soit à sa nature divine. Jésus n’était pas moins le Fils de Dieu quand il pleurait que lorsqu’il prêchait.

En réalité, même les jugements et la discipline de Dieu sont des preuves qu’il se soucie de nous. « Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur, et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend. Car le Seigneur corrige celui qu’il aime et frappe de verges tout fils qu’il agrée » (Hébreux 12 : 5, 6). Un de mes amis, qui travaille avec des adolescents marginaux,

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m’expliqua un jour que leur premier pas vers la rébellion était causé par le manque de discipline de la part de leurs parents. « S’ils s’étaient mis en souci pour nous », lui disaient ces jeunes, « ils nous auraient disciplinés et nous auraient empê-chés d’essayer de nous rebeller ».

Notre Père céleste ne nous fera jamais de mal mais il nous fera souffrir pour nous empêcher de nous faire du tort à nous-même.

La plus grande preuve que Dieu nous aime est la Croix de Jésus-Christ. « Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5 : 8). Dieu s’est soumis lui-même aux mêmes lois de l’univers que l’homme. L’écrivain anglais contemporain Dorothy Sayers l’affirme clairement :

« Quelles que soient les raisons pour lesquelles Dieu a choisi de faire l’homme comme il est – limité, faible, sujet aux souffrances – il avait l’honnêteté et le courage de prendre son propre remède. Il a gardé ses propres règles et joué franc-jeu ».

Le mot « juste » entre généralement dans les discussions sur la souffrance et la tragédie. « Ce n’est pas juste que notre fils ait été tué ! », s’écriait une mère en colère. « J’étais sur le point de prendre ma retraite, et ma femme est morte ! » dit un mari d’un air égaré. « Ce n’est vraiment pas juste ! »

Était-il juste pour Jésus d’être calomnié, couvert de men-songes, arrêté sur de fausses charges, ridiculisé, abusé, fouetté brutalement, humilié publiquement et enfin crucifié comme un ignoble voleur ? Bien sûr que non ! Cependant, il accepta volontairement la coupe que le Père avait préparée pour lui parce qu’il savait que c’était le seul moyen par lequel le pro-blème de la souffrance et du mal dans le monde pourrait fina-lement être résolu.

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Qu’est-ce que la Croix de Jésus-Christ nous enseigne sur la souffrance ?

1. Pour commencer, la Croix nous fait comprendre que la souffrance et l’amour ne sont pas incompatibles. Le Père aime le Fils et pourtant le Père décide que son Fils mourrait sur une croix. Jamais Jésus n’a mis en question l’amour de son Père.

Et cet amour consiste non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et qu’il a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés.1 JEAN 4 : 10

« Dieu m’a abandonnée et ne m’aime plus », me dit une chère chrétienne âgée quand je la visitai à l’hôpital. « S’il m’aimait, il ne me laisserait pas souffrir ainsi !

– Je me demande si le Père aimait Jésus quand il souffrait sur la croix, demandai-je.

– Bien sûr qu’il l’aimait ! répondit-elle aussitôt.Puis elle sourit et dit :– Oui, je suis sûre que Dieu m’aime. Mais cela fait encore

mal ! »

2. La Croix nous enseigne une deuxième leçon : la souf-france n’est pas toujours une punition pour nos péchés. Étant comme nous le sommes des êtres enclins au péché, lorsqu’une tragédie nous frappe, nous nous sentons immédiatement cou-pables, et nous commençons à supputer pour quels péchés Dieu est en train de nous punir ! Mais une telle logique ne peut s’appliquer au Calvaire. « Lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est pas trouvé de fraude » (1 Pierre 2 : 22 ; Ésaïe 53 : 9). Il était là, non à cause de ses péchés, car il n’en avait pas, mais à cause de nos péchés. « Lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2 : 24).

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Nous avons appris qu’une partie de nos souffrances vient du fait que nous vivons dans un « monde qui gémit ». À cause du péché, la création vit dans l’esclavage et le labeur d’enfan-tement. Dieu dut juger sa propre création lorsque l’homme tomba dans le péché. Il ordonna aux épines de sortir du sol. Il décida que l’homme devrait travailler à la sueur de son front et qu’il reviendrait un jour à la poussière. Jésus s’identifia lui-même avec ces jugements. Dans le jardin de Gethsémané, il « priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gru-meaux de sang, qui tombaient à terre » (Luc 22 : 44). Il porta une couronne d’épines, et il mourut, expérimentant pleine-ment ce que signifiait faire partie de « la poussière de la mort » (Psaume 22 : 16). Quand il mourut, toute la nature parut com-patir avec lui, car le soleil s’obscurcit, il y eut un tremblement de terre, et quelques-uns des sépulcres s’ouvrirent.

Notre monde est devenu trop tolérant au péché, au point que ce fut un psychiatre et non pas un évangéliste qui écrivit le livre : Qu’est-il arrivé au péché ? Nous sommes tellement habitués à voir des criminels s’en aller libres et des politiciens être blanchis, que le péché ne mérite plus qu’on s’en préoc-cupe. Après tout, nous ne sommes pas aussi coupables que les gens vus à la télévision ; aussi, le Seigneur ne sera certaine-ment pas trop dur à notre égard !

Le péché n’est pas une chose neutre, une simple absence du bien. Le péché est une force active – une force mauvaise – dans le monde d’aujourd’hui ; un Dieu saint doit haïr le péché. Dieu peut transformer la souffrance en gloire mais il ne peut pas transformer le péché. Il doit le juger, et c’est ce qu’il a fait sur la croix. Comment cela est-il arrivé ? Nous ne pouvons l’expliquer, mais la Bible affirme que c’est vrai. Lorsque Jésus mourut sur la croix, il mourut pour les péchés du monde entier.

D’une manière mystérieuse, il devint le substitut innocent pour le monde coupable.

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Qu’est-ce que cela signifie pour nous, concernant notre souffrance ? Cela veut dire que personne ne peut jamais accu-ser Dieu de ne pas se soucier de nous. Comme l’a exprimé l’écrivain anglais Dorothy Sayers, Dieu « a pris lui-même le remède qu’il avait prescrit ». Et quand il le fit, il maîtrisa une fois pour toutes la puissance du péché dans le monde. De plus, il libéra en Jésus-Christ la seule puissance qui puisse transfor-mer la souffrance en gloire.

Il existe quelque chose de pire que la souffrance, c’est le péché. Ne prenez pas en pitié Jésus sur la croix. Ayez plutôt pitié de Caïphe, le personnage religieux menteur et intrigant ; ou de Pilate, le politicien romain sans honneur ; ou encore de Judas, le voleur accapareur d’argent, qui a gâché l’occasion unique de sa vie.

Nous avons pleuré, et avec raison, pour une personne aimée tuée dans un accident, mais trop souvent, nous ne pleu-rons pas pour le conducteur ivre qui a causé cette mort. Nous laissons nos souffrances nous aveugler face à la cause réelle de la souffrance dans le monde, qui est la rébellion de l’homme contre Dieu.

3. Ceci nous amène à une importante troisième vérité : la Croix nous enseigne que la souffrance peut accomplir des desseins pour les autres. Joseph a souffert pour pouvoir sauver sa famille. Moïse a souffert pour pouvoir conduire son peuple vers la liberté. David a souffert pour être capable d’établir un royaume juste en Israël. Les prophètes ont souffert afin de pouvoir délivrer la vérité divine à une nation pécheresse. Jésus a souffert afin de pouvoir sauver « son peuple de ses péchés » (Matthieu 1 : 21).

Aucun d’entre nous ne peut souffrir pour les autres de la même manière que Jésus, c’est-à-dire comme un substitut

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innocent, pour accomplir leur rédemption. Mais nous pouvons souffrir selon la volonté de Dieu en faveur des autres et, au travers de la puissance divine, les aider à changer de vie.

Si un chrétien souffre volontairement, même injustement, il peut ainsi libérer la puissance de Dieu, et celle-ci peut alors accomplir des choses merveilleuses dans la vie et le carac-tère de personnes de son entourage. Quel jour merveilleux dans une famille quand les enfants prennent conscience que l’amour parental coûte quelque chose. « Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15 : 13).

Il peut arriver, donc, que nous souffrions comme Jésus a souffert – pour l’amour des autres. Cela transforme la souf-france en un ministère et sanctifie la douleur que nous devons supporter. La Croix nous rappelle qu’il n’y a pas de plus bel appel que celui-là, à savoir que Dieu utilise notre souffrance pour qu’elle soit une aide et une bénédiction pour les autres. C’est probablement ce que Jésus avait à l’esprit lorsqu’il dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Marc 8 : 34).

La Croix de notre Seigneur nous assure que la souffrance selon la volonté de Dieu conduit toujours à la gloire. Je veux préciser que la souffrance en elle-même ne conduit pas auto-matiquement à la gloire. Elle ne le fait que si nous sommes dans la volonté de Dieu et dépendant de sa grâce. Le ven-dredi saint, un jour d’humiliation, a été suivi du dimanche de Pâques, un jour d’exaltation, parce que Jésus a accompli la volonté de Dieu.

Par ses souffrances, sa mort et sa résurrection, Jésus a transformé la croix : d’une arme vile de la cruauté humaine, il a fait un outil divin pour un ministère céleste. La croix sym-bolisait la honte, mais maintenant elle représente la gloire.

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Auparavant, elle était un signe de faiblesse, mais maintenant, elle symbolise la force. La Croix ne nie pas la réalité de la souffrance humaine, elle la transforme.

Lorsque notre Seigneur était cloué à la croix, il prononça sept paroles remarquables. Si ces paroles nous éclairent sur le salut offert par Dieu à l’homme, elles révèlent aussi quelque chose sur la façon dont nous pouvons, à cause de la Croix, traiter la souffrance humaine :

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34). Il n’y avait pas d’amertume dans le cœur de Jésus contre ceux qui causaient sa souffrance. L’amertume ne fait que rendre la souffrance plus cruelle, elle ferme les canaux spirituels au travers desquels Dieu peut déverser sa grâce. Quelquefois, quand nous souffrons, nous avons besoin de pardonner à ceux qui ne souffrent pas, ou peut-être à ceux qui, comme les consolateurs de Job, essaient de nous dire pourquoi nous souffrons.

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23 : 43). Jésus dit ces paroles à un cri-minel croyant, pendu à une croix voisine. La souffrance peut nous rendre très égoïste, mais Jésus, lui, pensait aux autres. Il a donné de l’espoir à un condamné.

« Femme, voici ton fils. […] Voici ta mère » (Jean 19 : 26, 27). Il dit ces mots à sa mère, Marie, et à son dis-ciple Jean. Notre souffrance ne devrait pas nous empêcher de nous occuper des responsabilités normales de la vie, si nous le pouvons. Nous devons prendre soin de ceux que nous aimons.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27 : 46). Il cria ces mots quand la croix fut voilée

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par l’obscurité. Quand nous souffrons, nous connaissons des périodes de ténèbres et de solitude. Il y a des heures d’angoisse et d’isolement. Mais elles sont suivies par des moments de communion plus étroite avec Dieu. Jésus fut abandonné pour un temps, afin que nous puissions ne jamais être abandonnés.

« J’ai soif » (Jean 19 : 28). Un moyen pour échapper aux souffrances humaines normales de la vie serait de cesser d’être humain. Jésus a expérimenté un besoin, et d’autres ont dû répondre à ce besoin en lui donnant à boire.

Souvent, nos souffrances nous font croire que nous sommes impuissants ; nous repoussons le besoin que l’on s’oc-cupe de nous comme des enfants. Mais notre Sauveur était d’accord qu’un spectateur anonyme lui humecte les lèvres. Il a servi les autres en leur permettant de le servir. Quand quelqu’un nous donne un verre d’eau froide au nom de Jésus, il le donne au Sauveur (Matthieu 25 : 40).

« Tout est accompli ! » (Jean 19 : 30). Ses souffrances ne sont pas vaines. Il accomplit l’œuvre que le Père lui avait donné à faire. Nos souffrances ne sont pas vaines si nous les lui consacrons et cherchons à les utiliser à sa gloire. Nous pou-vons ne pas toujours comprendre les desseins accomplis par Dieu ; mais si nous coopérons avec lui et lui faisons confiance, il réalisera ses desseins, et nous aurons part à la récompense.

« Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23 : 46). La souffrance ne dure pas toujours, et la mort n’est pas la fin. Quand les enfants de Dieu souffrent, le Père est près d’eux, partageant leur douleur. Jésus mourut comme il a vécu, se remettant entre les mains de Dieu. Notre souffrance peut se terminer par la mort, ou par la guérison. D’une façon ou d’une autre, nous sommes entre les mains du Père.

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Ceci nous amène à la leçon finale que nous pouvons apprendre sur la souffrance liée à la Croix : la souffrance créa-trice exige que nous nous abandonnions entre les mains de Dieu.

Je crois qu’il est significatif que Jésus soit mort sur une croix. Les Juifs utilisaient la lapidation pour des offenses graves et les Romains décapitaient souvent les criminels ; mais Jésus est mort sur la croix. La crucifixion est une forme de mort qu’on ne peut s’infliger à soi-même. Cela demande un abandon total de la part d’un crucifié.

Bien qu’une résistance rageuse puisse être une réponse normale à la douleur, ou à la perte d’un être cher, nous n’osons pas garder cette attitude, car nous ne ferons que nous détruire nous-même et nous priver de l’enrichissement que Dieu nous a préparé. Pour le peuple de Dieu, la reddition n’est pas la rési-gnation fataliste face à un maître cruel. C’est plutôt une sou-mission aimante à un bon Père. La « résignation » signifie que « nous nous rendons » mais que nous combattons encore Dieu en notre for intérieur. La « reddition » signifie que nous avons accepté sa volonté et que nous faisons confiance à sa puissance pour nous en sortir. La reddition ne signifie pas que nous aban-donnons la lutte ; au contraire, arrêtant de nous débattre avec notre sagesse, nos capacités, nous nous appuyons sur lui.

Deux symboles vivants illustrent la différence entre le fait de combattre la volonté de Dieu et celui de l’accepter : l’épée dans la main de Pierre et la coupe dans la main de Jésus. Cela peut nous paraître courageux de défier Dieu et de faire savoir à tout le monde que nous sommes maîtres de notre des-tin, le capitaine de notre âme ; mais une telle attitude ne fait qu’aggraver la situation. Nous ne sommes pas moins coura-geux en nous soumettant, parce qu’il faut beaucoup de courage pour remettre sa vie entre les mains de quelqu’un d’autre, et spécialement quand on n’est pas sûr de connaître le « plan

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d’ensemble ». Si nous prenons l’épée, nous périrons ; si nous buvons la coupe, nous triompherons.

Avoir du plaisir et être protégé contre la souffrance ne sont pas les choses les plus importantes dans la vie.

Délibérément, Jésus s’est placé dans des situations qui lui attirèrent la souffrance d’une façon ou d’une autre. Sa tâche la plus importante dans la vie était de faire la volonté de Dieu, quel que soit le prix à payer.

La résurrection de Jésus-Christ est la preuve évidente fournie par Dieu que ce qui est arrivé sur la croix était accom-pli, accepté et triomphant. Nous devons toujours regarder à la croix depuis le point de vue du tombeau vide. Ensemble, le bois de la croix et le tombeau vide nous disent : « Vous n’avez pas souffert en vain ! »

Que sera-ce pour vous : l’épée ou la coupe ?

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Chapitre 8

Quand la vie chancelle, comment priez-vous ?

Une de nos bonnes amies s’est retrouvée dans un océan de problèmes. Son mari était devenu aveugle, puis il avait été atteint d’une maladie incurable. Elle-même eut une légère attaque qui la força à abandonner son poste de secrétaire pour devenir « les yeux de son mari » à plein temps. Ils avaient de nombreux amis, mais ils n’avaient pas d’enfant.

Un jour que j’essayais de l’encourager, je lui dis :« Je veux que vous sachiez que nous prions pour vous.– J’apprécie cela, me répondit-elle, que demandez-vous

à Dieu de faire ?Tandis qu’elle attendait ma réponse, j’étais là à me deman-

der quelle réponse mature je pourrais lui apporter. Jamais auparavant je n’avais été confronté à pareille question. Après tout, quand les gens souffrent, nous prions pour leur guérison (si c’est la volonté de Dieu), pour des forces, pour une grâce spéciale dans la souffrance, etc. C’est ce que je lui dis.

– Merci, me répondit-elle, mais, s’il vous plaît, priez pour un sujet de plus. Priez pour que je ne gaspille pas toute cette souffrance ! »

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Pour la première fois dans mon ministère, je fus frappé par le fait que nos périodes de souffrance peuvent devenir des temps d’investissement si nous apprenons comment prier à ces occasions. Peut-être la chose la plus importante que nous puissions faire est de prier ; mais, trop souvent, nous ne savons pas comment le faire. En fait, il peut y avoir des moments où nos prières semblent futiles et où Dieu nous paraît sourd. En tant que pasteur, j’ai fait l’expérience que les prières non exau-cées en périodes de souffrance ont amené plus de personnes à douter de la puissance et de la bonté de Dieu que, peut-être, aucune autre expérience.

Nous allons apprendre des choses à partir d’une expé-rience que l’apôtre a faite lorsqu’il a prié pour sa souffrance. Mais, tout d’abord, je pense qu’il serait utile que nous nous attaquions à quelques-uns des problèmes que rencontrent certaines personnes quant à la prière, et qu’on appelle des « problèmes intellectuels ». Franchement, j’ai étudié depuis des années ce sujet de la prière, et il y a bien des questions auxquelles je ne puis répondre moi-même, d’autres non plus, probablement. Je ne suis pas découragé par ce que je ne sais pas sur la prière, parce que je suis tellement encouragé par ce que je sais d’elle !

Si cette affirmation vous dérange, gardez simplement à l’esprit qu’elle exprime exactement ce que les scientifiques disent lorsqu’ils étudient et appliquent les lois écrites dans notre univers. Il y a bien des choses qu’ils ne connaissent pas sur l’atome mais ils trouvent qu’ils progressent lorsqu’ils agissent d’après ce qu’ils savent. Un jour, ils opèrent selon la « théorie ondulatoire » de la lumière et le jour suivant sur celle des « particules ». Quiconque prétend que les « lois de la nature » sont « scellées dans le ciment » se réfère à un vieux manuel, et il a intérêt à s’en procurer un nouveau !

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Ce principe nous aide à répondre à l’argument pseudo-scientifique suivant : « la prière n’agit pas car, si elle le fai-sait, elle violerait les lois de la nature ». C’est ce qu’affirmait un homme, alors que nous prenions l’avion pour Chicago. Pendant tout le voyage, il ne cessait d’argumenter, et notre énorme « jet » à réaction était en train de violer les lois de la nature ! Dieu répond à la prière, non pas en violant ses propres lois, mais en mettant en jeu des lois plus complexes que nous ne pouvons entièrement comprendre.

« Ne croyez pas que je sois contre la prière ! me lancent souvent les sceptiques. Je crois que cela fait du bien aux gens de prier même si Dieu – s’il y a un Dieu – ne répond pas ! »

Mais comment cela peut-il faire du « bien » à une per-sonne d’être engagée dans un mensonge religieux ? Quel bénéfice une personne souffrante peut-elle espérer obtenir quand elle prie à elle-même ? Sans doute y a-t-il des gens qui se sentent bien après ce genre de prière, mais ils se sentiraient tout aussi bien s’ils s’étaient assis et avaient parlé à leur voi-sin. Le but de la prière n’est pas pour moi de me sentir bien, mais d’être bien et le caractère ne peut se construire sur une tromperie. Il existe certainement des « résultats réflexifs » à la prière, mais ce n’est pas la chose la plus importante. La chose primordiale est que la prière nous met réellement en contact avec Dieu. Ceci signifie que nous avons accès à sa puissance lorsque nous luttons avec les fardeaux de la vie.

Avant que nous considérions l’expérience de Paul, lais-sez-moi vous rappeler que la prière authentique signifie bien plus que de demander à Dieu de nous donner ce dont nous croyons avoir besoin. Nous avons le droit de lui dire ce dont nous pensons avoir besoin, mais nous ne venons pas à son trône pour présenter des requêtes. Il a été dit avec raison que le but de la prière n’est pas d’accomplir la volonté de l’homme

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au ciel mais que la volonté de Dieu soit faite sur la terre. J’ai vécu suffisamment longtemps pour être reconnaissant pour les prières non exaucées et aussi pour connaître l’importance qu’il y a à suivre l’exemple de Jésus quand il priait : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite » (Luc 22 : 42). Maintenant, écoutons l’apôtre Paul et apprenons comment prier à propos de nos souffrances :

Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souf-fleter, pour que je ne sois pas enflé d’orgueil. Trois fois j’ai supplié le Seigneur de l’éloigner de moi et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses, pour Christ ; en effet quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.2 CORINTHIENS 12 : 7-10

Dieu a permis à Paul de connaître des expériences spiri-tuelles au-dessus et au-delà de tout ce que tout autre croyant avait jamais connu. Mais, avec ces expériences, il courait le danger d’orgueil ; aussi Dieu devait-il les équilibrer de façon à empêcher Paul de chuter. En un certain sens, c’était à nouveau l’histoire de Job : Dieu permettait à Satan de tourmenter Paul et ainsi de le garder humble. Nous ne savons pas exactement quelle était « l’écharde dans la chair » de Paul, et il n’est pas vraiment nécessaire pour nous de la connaître. Quelle qu’elle fut, elle fit souffrir Paul ; et, cachée dans l’obscurité, la tenta-tion pour Paul de diminuer son ministère à cause de ses souf-frances physiques était bien là.

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Quand la vie chancelle, comment priez-vous ?

Comment prions-nous pour nos afflictions ? À mon avis, il existe trois approches possibles :

1. Pour commencer, nous pouvons prier afin d’échapper à la souffrance. Cette réponse est normale et personne ne devrait nous critiquer pour cela. Paul a prié trois fois – comme le fit Jésus dans le jardin – afin que cette écharde lui soit enlevée. Il ne nous le dit pas, mais peut-être a-t-il consulté son cher ami le docteur Luc, afin de voir s’il existait des moyens envoyés par Dieu et disponibles pour soulager sa douleur ou enlever son écharde. Je ne vois pas de mal à utiliser les ressources que Dieu nous a données pour notre bien-être physique. Lorsque le roi Ézéchias fut malade, le prophète Ésaïe lui conseilla d’ap-pliquer un cataplasme sur l’infection, et le roi guérit.

Nous devons nous souvenir que Paul était juif de naissance, membre d’une nation en alliance avec Dieu. Celui-ci avait fait aux Juifs des promesses de bénédictions tant physiques que matérielles. Si cette nation lui obéissait et observait ses lois, Dieu lui enverrait la pluie en sa saison, il lui donnerait d’abon-dantes récoltes, ses troupeaux se multiplieraient, ses familles grandiraient, et ses ennemis seraient vaincus. « L’Éternel écar-tera de toi toute maladie » (Deutéronome 7 : 15 ; voir aussi les chapitres 7 à 16). Quelle base merveilleuse à une prière pour la guérison !

Mais Dieu donne-t-il aujourd’hui à son peuple la même base de prière ? Et pourquoi Dieu a-t-il donné à Israël ces pro-messes en premier lieu ?

Laissez-moi répondre à ces deux questions en partageant avec vous une expérience que j’ai faite en visitant une per-sonne atteinte d’un cancer dans une clinique privée. Quand j’entrai dans la pièce, je trouvai cette malade en pleurs. Elle venait d’ouvrir son courrier et aurait dû se réjouir des nom-

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breuses manifestations d’affection que ses amis lui avaient envoyées. Au contraire, elle pleurait, et dans sa main se trou-vait une brochure.

Essayant de sourire, elle me prit la main et dit :« Pasteur, vous ne pouviez venir à un meilleur moment.

Regardez ça ! et elle me donna la brochure.J’en ai oublié le titre, mais le thème en était la guérison

divine. L’auteur essayait de prouver que Dieu guérit toujours lorsque nous avons la foi, car c’est ce qu’il a promis dans la Bible.

– Parcourons ce livre et vérifions les passages de l’Écri-ture qu’il cite », suggérai-je.

En le faisant, nous avons noté une chose intéressante : la plupart des citations concernant la « guérison » étaient tirées de l’Ancien Testament. Lorsque l’auteur citait le Nouveau, les versets ne mentionnaient pas de façon spécifique la gué-rison et, s’ils le faisaient, c’étaient des citations de l’Ancien Testament ! Dieu a promis la guérison et la prospérité à Israël mais il n’a pas fait de telles promesses à l’Église du Nouveau Testament.

J’ai expliqué à mon amie pourquoi Dieu a fait ces pro-messes à Israël. Sa nation était en enfance, et comme tout enfant, elle devait apprendre principalement grâce à des récompenses et des punitions. La promesse divine était la sui-vante : « Si vous m’obéissez, je vous bénirai. Si vous me déso-béissez, je vous châtierai ». Mais il arrive un jour où les enfants doivent être capables d’obéir, non pas parce que l’obéissance est source de profit, mais parce qu’elle est juste. Ils doivent obéir grâce à une contrainte intérieure, par amour, et non pas par coercition externe et par crainte.

Quand Jésus est venu accomplir les promesses de l’An-cien Testament, cela signifiait que la nation d’Israël était

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devenue majeure. « Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous rece-vions l’adoption » (Galates 4 : 4, 5). Il y a une différence entre « enfants » et « fils ». Les enfants sont immatures et doivent être contrôlés par des récompenses et des punitions. Les fils sont matures et ont le privilège de la liberté, parce que leurs « contrôles » se trouvent dans leurs cœurs. La discipline exté-rieure a fait place à un caractère intérieur.

Alors qu’il est normal et naturel pour nous de prier pour échapper à la souffrance, nous devons faire attention à ne pas dire à Dieu qu’il a l’obligation de répondre à notre prière. Le caractère et les principes d’action de Dieu ne changent pas de siècle en siècle, mais ses méthodes dans ses relations avec les hommes évoluent. Son but concernant son peuple est la maturité.

Dieu veut que nous soyons des fils et filles matures, et non des enfants irresponsables qui doivent être sans cesse récompensés ou punis. Dieu désire des enfants qui lui obéis-sent parce qu’ils l’aiment, et non parce qu’ils espèrent obtenir de lui quelque faveur.

Nous voilà revenus au tas de cendres de Job. Ce fut Satan qui accusa Job de n’obéir à Dieu que parce que celui-ci l’avait richement béni. Les amis de Job se joignirent à cette accusa-tion, en accord avec le diable : si seulement Job voulait confes-ser ses péchés secrets, Dieu le bénirait à nouveau. Les gens qui, aujourd’hui, pressent les chrétiens souffrants « d’avoir davantage de foi » ou « de se mettre en règle avec Dieu » sont inconsciemment d’accord avec Satan et les amis de Job. Ils nous demandent de retomber en enfance au lieu de croître en maturité.

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Qu’il soit bien clair que Dieu peut imprimer sur nos cœurs une promesse de l’Ancien Testament et nous amener à croire qu’il la réalisera. Bien que toutes les promesses de la Bible n’aient pas été écrites pour nous, elles nous ont été néanmoins adressées ; et Dieu peut les appliquer à nos vies, s’il le considère approprié. Mais nous devons être assurés que notre foi est un don de sa part et non quelque chose que nous avons élaboré nous-mêmes. Quand les gens souffrent, il est facile de faire jaillir en eux une « foi émotionnelle » et de leur inspirer des revendications exagérées qui, plus tard, se révéle-ront embarrassantes.

Dieu n’a pas exaucé la prière de Paul. L’écharde ne fut pas enlevée. La prière de l’apôtre en vue d’échapper à certaines personnes resta sans réponse. Lorsque ceci arrive à certains, ils deviennent amers à l’égard de Dieu ; et cette amertume est souvent la preuve qu’en fait, ils n’ont pas prié du tout avec foi. Car la foi nous met en relation avec les ressources divines, et celles-ci nous donnent la possibilité de changer la déception en victoire. S’il y a de l’amertume dans le cœur, c’est qu’au-paravant il y avait probablement de l’égoïsme. Nous voulions que les choses se passent selon notre volonté, et non selon celle de Dieu.

Un dimanche, je prêchai dans ce sens, et un homme m’ar-rêta, après le culte, pour manifester son désaccord.

« N’avez-vous jamais lu Hébreux 11 ? me demanda-t-il. N’avez-vous pas remarqué les choses merveilleuses que Dieu a faites pour le peuple qui mettait en lui sa confiance ?

Je l’assurai que, effectivement, j’avais lu Hébreux 11 bien des fois et que j’étais tout à fait conscient de ce que Dieu avait accompli pour les grands hommes et femmes de foi dont les noms sont mentionnés dans ces pages. Puis, je lui demandai :

– Avez-vous noté le mot « d’autres » dans ce chapitre ?J’ouvris ma Bible dans Hébreux 11 : 35 et je lui lus :

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– D’autres furent torturés et n’acceptèrent pas de déli-vrance, afin d’obtenir une résurrection meilleure. D’autres éprouvèrent les moqueries et le fouet, bien plus, les chaînes et la prison. Ils furent lapidés, mis à l’épreuve, sciés, ils furent tués par l’épée, ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, opprimés, maltraités.

– Qu’est-ce que cela a à voir avec le sujet ? me demanda mon accusateur.

– Juste ceci, repris-je. Ces gens avaient autant de foi que les héros mentionnés dans la première partie du chapitre, cependant Dieu ne les a pas délivrés de leurs souffrances ! Étaient-ils des citoyens de deuxième classe dans le royaume de Dieu ?

– Je suppose que non, murmura l’homme.– Voyez-vous, mon ami, lui expliquai-je, quelquefois

notre foi nous libère des difficultés, et parfois elle nous délivre au sein même des difficultés. De toute manière, Dieu honore notre foi et il en reçoit la gloire. En fait, j’ai tendance à croire que Dieu peut recevoir parfois une plus grande gloire en nous donnant la grâce de vivre avec nos souffrances plutôt qu’en nous donnant la puissance pour leur échapper ! »

2. Notre prière concernant la souffrance peut avoir une deuxième approche : nous pouvons prier pour supporter la souffrance. Paul était juif de naissance, mais il était citoyen romain, et les Romains en savaient beaucoup sur l’endurance. Quand le Titanic était en train de couler, le capitaine n’eut le temps de donner qu’un bref message à son équipage, tout ce qui était nécessaire : « Soyez britanniques ! » Ils savaient ce que leur capitaine voulait dire. Au temps de l’apôtre Paul, « Soyez romains ! » aurait eu le même impact.

Les Romains étaient influencés par la philosophie stoï-cienne qui mettait l’accent sur l’obéissance au devoir, le cou-rage et l’indifférence devant la douleur. Nous savons que Paul

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connaissait les écrits stoïciens, car il cita deux de leurs poètes, Aratus et Cléante dans son discours aux philosophes grecs sur la colline de Mars à Athènes (voir Actes 17 : 28). Nous avons toutes les raisons de croire que Paul était un homme courageux, et qu’il avait pu apprendre à supporter la souffrance sans se plaindre.

Mais le fait de compter sur l’endurance présente quelques problèmes. Pour commencer, tout le monde ne possède pas la force intérieure nécessaire pour être un stoïcien. Nous sommes tous différents et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que chacun ait la force morale d’un Paul ou d’un Marc Aurèle (empereur romain stoïcien du iie siècle).

J’ai lu un article sur un jeune prédicateur qui prêchait dans une réunion organisée par une mission en faveur des sans-logis. À un moment de son sermon, il décida de citer le fameux poème Si de Rudyard Kipling, qui commence ainsi :

Si tu gardes la tête froide, quand tous autour de toi la perdent et t’en blâment…Si tu peux forcer ton cœur, tes nerfs et tes muscles pour prendre ton tour longtemps après qu’ils aient disparu…

Et il conclut :

À toi sera la Terre et tout ce qui s’y trouve,Et, ce qui est plus important, tu seras un Homme, mon fils !

Aussitôt que le pasteur eut fini de lire le poème, un homme au fond de la salle – l’un des rares à être éveillé et sobre – lui cria : « Eh oui, et si nous ne le pouvons pas ? »

Même si vous le pouvez, le recours à l’endurance crée un deuxième problème : il tend à glorifier l’homme plutôt que

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Dieu. Nous sommes fiers de notre force et de notre courage. Nous sommes les maîtres de nos destinées ! La raison pour laquelle Dieu a donné à Paul son écharde dans la chair était de le préserver de l’orgueil. L’endurance humaine, aussi mer-veilleuse soit-elle, n’aurait pas résolu le problème de Paul ; cela l’aurait seulement rendu pire.

Il faut également considérer que chacun d’entre nous possède un certain bagage de force intérieure, et qu’il ne faut pas beaucoup de temps pour l’épuiser. Si j’utilise toute ma force intérieure uniquement pour endurer ma souffrance, rien ne m’est alors laissé pour la vie de tous les jours. L’un des problèmes posés par l’approche humaniste de la vie est qu’elle ne fournit à l’homme aucune ressource en dehors de lui-même. Que fait-on quand ces ressources s’épuisent ? Si je canalise en endurance toute mon énergie, où trouverai-je alors la puissance pour m’occuper de ma femme et de mes enfants, pour être aimable avec mes voisins et pour donner à la vie ma contribution ?

Finalement, le recours à l’endurance nous conduit à une forme subtile d’hypocrisie. Nous faisons « bonne figure » quand les gens nous regardent, et puis nous nous écroulons lorsque nous nous trouvons enfin seuls.

En dehors du danger de méconnaître nos limites et d’un jour nous trouver dans une impasse, il y a un problème beau-coup plus grand, celui de vivre dans le mensonge. La bonne utilisation de la souffrance peut fortifier le caractère mais une vie de simulation ne peut qu’éroder le caractère, même si notre simulation a pour but de protéger ceux que nous aimons.

3. L’effort d’endurance est peut-être la seule approche que les incroyants peuvent donner au problème de la souffrance, mais les enfants de Dieu connaissent une voie meilleure : nous

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pouvons prier pour enrôler notre souffrance et la faire tra-vailler pour nous.

Si je prie pour échapper à la souffrance, je dis alors que la souffrance est mon ennemie et je dois l’éviter. Mais alors je risque de contrecarrer le plan de Dieu. Si je prie pour supporter la souffrance, je dis que celle-ci est mon maître ; je me trouve en état de servitude, alors que Dieu m’a créé pour être libre.

Si la souffrance ne doit être ni mon ennemie ni mon maître, quelle doit alors être ma relation avec la souffrance ? La réponse que Dieu a donnée à Paul est la suivante : la souf-france doit devenir votre servante.

En d’autres termes, si vous priez pour échapper à la souf-france et si Dieu n’exauce pas, ne priez pas seulement pour supporter la souffrance. Priez pour enrôler votre souffrance. Faites-la travailler pour vous, et non contre vous !

Tandis que je me rétablissais après l’accident de voiture dont j’ai déjà parlé, je me mis à recevoir des lettres dactylogra-phiées d’un homme qui m’était totalement étranger et qui avait entendu parler de mes expériences. Ses lettres étaient pleines d’humour, sages et encourageantes. Elles furent à l’origine, non seulement d’une correspondance suivie, mais d’une ami-tié réelle. Je découvris que l’auteur, Georges Hipshire, faisait partie d’une communauté voisine, qu’il était aveugle, diabé-tique et qu’il avait une jambe artificielle.

Nous avons bavardé plusieurs fois au téléphone, puis, quand je fus en état de conduire à nouveau, j’allai le rencon-trer personnellement. Notre amitié s’approfondit, et, souvent, j’allais le chercher et nous allions déjeuner ensemble. Je suis capable de me perdre même dans un parking, aussi Georges devait-il toujours me guider vers divers restaurants que nous

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fréquentions. C’était littéralement le cas d’un aveugle condui-sant un autre aveugle !

Georges était un homme remarquable. Il avait toutes les raisons de renoncer à la vie, et pourtant, il possédait une joie de vivre qui faisait honte aux personnes en bonne santé. Il me faut ajouter que, tout en s’occupant de ses propres besoins, il prenait soin de sa mère âgée ! Il écrivait d’excellentes poésies, jouait assez bien du piano et savait chanter. Il possédait un humour espiègle qui me tenait en haleine. Plus d’une fois, je suis allé encourager Georges, et je suis revenu à la maison ayant reçu plus d’encouragements que je n’en avais donnés !

Plus tard, le diabète de Georges s’aggrava et il perdit l’autre jambe. Il vivait désormais dans un fauteuil roulant, mais cela n’affecta pas pour autant son bon esprit ; cela ne limita pas non plus son ministère. Il continua de visiter des Églises et des groupes culturels, partageant chants et poèmes et proclamant sa foi en Christ. Si quelqu’un manifestait de la pitié pour lui, Georges le remettait à sa place immédiatement. Nous avions déménagé de cette région lorsque Georges fut rappelé à Dieu, mais des amis communs m’ont dit qu’il était parti dans la gloire de façon triomphante.

Georges Hipshire n’était pas parfait. Il avait des coups de cafard comme chacun de nous. Mais l’apport principal de sa vie fut un service joyeux pour les autres. Il avait appris à enrôler sa souffrance et à la faire travailler pour lui. Je ne sais si Georges entendit jamais parler de Harold Russell qui perdit ses mains durant la Seconde Guerre mondiale et qui devint un acteur et un auteur fameux, en même temps qu’il fut un encouragement pour les handicapés ; mais Georges aurait été certainement d’accord avec la philosophie de Russell : « Ce qui compte, ce n’est pas ce que vous avez perdu mais ce que vous avez gardé ! »

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Comment donc devons-nous faire pour enrôler notre souffrance afin qu’elle travaille pour nous et non contre nous ? À partir de l’expérience de Paul, nous pouvons découvrir quelques-unes des étapes que nous pouvons traverser.

Premièrement, nous devons accepter notre souffrance comme étant un don de Dieu. « Il m’a été mis une écharde dans la chair » (2 Corinthiens 12 : 7), écrivit Paul. Quel cadeau étrange ! Laissez-moi vous rappeler que l’acceptation n’est pas la résignation, l’abandon. La résignation est une attitude pas-sive qui avoisine le fatalisme. L’acceptation est une coopéra-tion active avec Dieu et cela inclut toujours la gratitude. Je puis ne pas être toujours capable d’être reconnaissant pour ce qui est arrivé, mais je puis être reconnaissant au sein même de ce qui est arrivé. C’est cette attitude de gratitude et d’accepta-tion qui enlève le poison de la souffrance, et nous préserve de l’amertume contre Dieu.

Tout ceci est naturellement un acte de foi, et cela doit venir du cœur. Si nous ne sommes pas encore prêt à accepter ce que Dieu nous a donné, nous devons alors lui demander de nous rendre capable de le vouloir. Plus longtemps nous nous opposons à Dieu, plus nombreuses sont les occasions que nous manquons pour recevoir ses bénédictions et servir les autres.

Deuxièmement, il nous faut abandonner ce qu’il nous a donné et le lui rendre. C’est seulement quand nous considé-rons notre expérience comme un don de Dieu que nous pou-vons le lui rendre comme notre cadeau. Placer notre douleur sur l’autel comme un acte d’adoration à la gloire de Dieu est une chose possible. Dieu peut sanctifier la souffrance aussi facilement qu’il peut sanctifier le service, si nous le laissons faire.

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Troisièmement, nous devons écouter son message. Au début, Dieu ne dit rien à Paul, bien qu’il eût prié trois fois avec ferveur. Mais le silence de Dieu ne doit pas nous décourager. Même quand il est silencieux, il souffre avec nous et nous prépare à recevoir sa parole spéciale. Finalement elle parvint à Paul : « Ma grâce te suffit car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12 : 9). L’apôtre apprit combien il était faible, et combien Dieu était fort. Il découvrit que la grâce et la puissance de Dieu étaient suffisantes pour enrôler sa souffrance et la faire travailler pour lui.

J’ai dit plus haut que le défaut fatal dans l’approche huma-niste de la souffrance était qu’elle nous forçait à être indépen-dant et autonome. Tandis que notre force physique s’enrichit par l’usage de ressources extérieures, il n’en est pas de même en ce qui concerne la force spirituelle. Il arrive un temps où nos propres ressources s’épuisent ; alors, que faisons-nous ?

Le peuple de Dieu possède, dans la grâce de Dieu, une réserve inépuisable de tout ce dont il a besoin. Notre Père est le « Dieu de toute grâce » (1 Pierre 5 : 10). La promesse est qu’« il donne une grâce supérieure » (Jacques 4 : 6). La grâce signifie ceci : quoi que nous recevions, nous ne le méritons pas, nous ne le gagnons pas et nous n’y avons pas droit. La grâce de Dieu coule librement de son cœur aimant en raison de ce que Jésus-Christ a accompli pour nous sur la croix.

Quand vous savez que vous êtes fort, vous êtes faible ; mais quand vous savez que vous êtes faible, vous êtes fort. Confesser notre faiblesse ne revient pas à admettre la défaite, c’est au contraire s’ouvrir à la victoire ! « … quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 12 : 10).

Nous devons accepter notre souffrance comme un don de Dieu, et puis le lui rendre. Nous devons écouter le message du Seigneur et, en le faisant, dépendre de sa grâce. Finalement,

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nous devons vivre pour la gloire de Dieu. L’expression clé en 2 Corinthiens 12 : 10 est « pour Christ ».

« Dieu, ne me dis pas pourquoi je souffre, car sans aucun doute je suis indigne de savoir pourquoi », disait une vieille prière des Juifs pieux hassidiques, « mais aide-moi à croire que je souffre pour l’amour de toi ! »

Dieu peut susciter aujourd’hui une gloire à partir des souffrances de son peuple, mais il peut aussi promettre pour l’avenir « louange, gloire et honneur, lors de la révélation de Jésus-Christ » (1 Pierre 1 : 7). « Car un moment de légère affliction produit pour nous au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire » (2 Corinthiens 4 : 17).

Quand de mauvaises choses arrivent au peuple de Dieu, celui-ci doit absolument prier. Mais nous devons prendre garde à ne pas essayer de manipuler Dieu en vue de faire notre volonté au lieu de la sienne. J’ai retrouvé ce texte du pasteur anglican du xixe siècle F. W. Robertson qui résume parfaite-ment ce que j’ai essayé de dire sur la prière :

« Elle est très sainte, cette vie au sein de laquelle il y a moins de demandes et de désirs, et plus d’attente de Dieu ; dans laquelle la demande devient le plus souvent de la reconnais-sance. Priez jusqu’à ce que la prière vous fasse oublier votre propre désir, et le laisser, ou le mêler à la volonté de Dieu. La sagesse divine nous a donné la prière, non pas comme moyen pour obtenir les bonnes choses de la terre, mais pour que nous apprenions à vivre sans elles ; non pas un moyen par lequel nous échapperions au mal, mais par lequel nous deviendrions forts pour lui faire face ». Phillips Brooks aurait été d’accord avec lui.

« Ne priez pas pour des vies faciles. Priez pour être des hommes plus forts. Ne priez pas pour avoir des tâches équiva-lant à vos capacités. Priez pour avoir les talents correspondant à vos tâches ».

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Comment la souffrance et la grâce de Dieu peuvent-elles faire de nous des « hommes et des femmes plus forts » ? Tel est le thème de notre prochain chapitre.

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Chapitre 9

Le caractère

Le défi central, dans nos vies, n’est pas d’expliquer la souffrance mais plutôt d’être de ceux qui peuvent faire face à la douleur, et la faire agir en notre faveur et non contre nous.

« Si les afflictions épurent les uns, elles détruisent les autres », disait le prédicateur puritain Thomas Fuller et il avait raison. Personne ne niera que ce qui nous arrive est important ; or, ce qui se passe en nous est également important, car c’est cela qui détermine l’effet que nous produisons.

Je parle, bien sûr, de notre caractère ; s’il est vrai que je ne désire pas que ce chapitre apparaisse comme un discours de rentrée des classes, je m’aperçois que je ne peux pas traiter de la souffrance en passant à côté de l’étude du caractère. Celui-ci est le matériau brut de la vie. Comme le disait le chirurgien français Alexis Carell : « L’homme est à la fois le marbre et le sculpteur ». La réputation est ce que vous pensez que je suis, mais le caractère est ce que Dieu et moi savons que je suis. Dans un sens, la souffrance aide à façonner un homme ou une femme, mais dans un autre sens, la souffrance révèle de quoi ils sont faits.

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Certains traitent les épreuves en les fuyant, soit physique-ment soit émotionnellement. Ils tendent la main pour prendre les clefs de la voiture ou un billet d’avion, ou bien une pilule, une seringue ou une bouteille – ou encore une arme à feu. D’autres ne font rien lorsqu’une tragédie les frappe, ils sont paralysés. Nous devons les prendre par la main comme des petits enfants et essayer de les sortir de leur marasme.

La plupart des gens toutefois manifestent une certaine forme de résistance, même s’il ne s’agit que de se plaindre ou de tendre le poing vers le ciel. Comme attitude, la résis-tance est meilleure que ce genre de résignation qui consiste à abandonner sa foi en Dieu, sa confiance en la vie, confiance dans les autres et dans tout espoir d’amélioration. Au moins, celui qui souffre et qui résiste maintient une sorte de contrôle actif. C’est lorsque nous devenons passifs que les vrais ennuis commencent. Une approche passive de la souffrance ne peut jamais construire un caractère. L’homme doit, avec l’aide de Dieu, être le sculpteur.

Ceci signifie que notre attitude doit être celle de l’ac-ceptation, sachant qu’une croissance en sera le fruit. S’il nous faut retirer quelque chose de nos épreuves, nous devons aussi y mettre quelque chose. « Là où les âmes sont éprou-vées et mûries, de n’importe quelle manière banale et simple, dit Phillips Brooks, là Dieu taille les colonnes de son temple. Quoi qu’une personne puisse avoir d’autre, si elle n’a pas du caractère, elle ne possède rien ».

Par elle-même, la souffrance ne peut pas produire du caractère. Le même soleil qui fait fondre la glace durcit aussi l’argile. Chacun de nous a besoin d’« aide extérieure », et cette aide ne peut venir que de Dieu. Quand David écrivit le Psaume 18 et qu’il regarda en arrière vers les années difficiles de persécution et d’exil, il dit à Dieu : « … ta mansuétude

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me fait devenir grand » (v. 36). David possédait un formidable potentiel qui ne pouvait être libéré que par la souffrance et la grâce de Dieu.

Le processus par lequel Dieu construit le caractère est résumé dans Romains 5 : 1-5 : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ; c’est à lui que nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glo-rifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tri-bulation produit la persévérance, la persévérance une fidélité éprouvée, et la fidélité éprouvée l’espérance. Or, l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».

Le processus par lequel Dieu forme le caractère de ses enfants commence avec la souffrance. Le mot grec utilisé ici signifie « pressions, restrictions, détention, être pressés ensemble ». Il peut décrire des pressions, des ennuis externes ou une angoisse interne. Le mot a été utilisé pour parler de l’écrasement des raisins et des olives dans les pressoirs.

Que Dieu puisse ou non façonner le caractère dans ce monde en dehors de la souffrance est une autre question hypo-thétique, qui ne doit pas nous retenir. Dans le monde que nous connaissons, en tout cas, il faut des épreuves pour que nous arrivions à faire quelque chose de beau et d’utile à partir des matériaux bruts de la vie. En s’efforçant de comprendre, d’ana-lyser, l’étudiant développe son intelligence ; l’effort de l’ath-lète pour battre des records et surpasser ses adversaires l’aide à développer ses muscles et à coordonner ses mouvements ; le travail du musicien aux prises avec des partitions de plus en plus difficiles développe la dextérité de son jeu ; et le combat de l’âme avec les épreuves de la vie façonne son caractère.

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Une des raisons, je crois, est liée au fait que les exigences de la vie nous aident à développer la discipline et la maîtrise de soi. La plupart des événements qui surviennent autour de nous dépassent notre contrôle ; mais nous pouvons contrôler ce qui arrive à l’intérieur de nous. Paul appelait cela la persévérance, qui signifie « endurance patiente, capacité à tenir bon et à ne pas tomber en miettes ».

Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu’un héros, et celui qui se domine vaut mieux que celui qui prend une ville.PROVERBES 16 : 32

Cette « endurance patiente » produit le caractère, c’est-à-dire « ce qui a reçu l’approbation ». Vous avez réussi l’exa-men ! Job avait ceci à l’esprit lorsqu’il dit : « Il connaît pour-tant la voie où je me tiens ; quand il m’aura mis à l’épreuve, j’en sortirai pur comme l’or » (Job 23 : 10). Quand un prospec-teur faisait tester son échantillon de minerai par un chimiste, l’échantillon n’était pas la chose importante. Le rapport du chimiste était l’élément important, car s’il disait qu’il s’agis-sait vraiment d’or, alors le chercheur d’or était riche. C’est ainsi que le test positif a abouti à découvrir toute une mine d’or, bien plus importante que le premier échantillon !

Il en est de même pour le caractère qui se forge au travers des épreuves : il nous ouvre les ressources de Dieu. Le mot traduit par « fidélité éprouvée » (caractère) en Romains 5 : 4 a été utilisé au temps de Paul pour décrire, tantôt l’or testé dans le feu, tantôt les soldats qui ont prouvé leur valeur au combat. Quel effet formidable pour un entraîneur que de voir un jeune athlète vaincre de nouveaux obstacles et développer de nou-velles capacités, ou pour un professeur de voir un musicien perfectionner sa maîtrise et vaincre de nouveaux défis !

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Mais Dieu a-t-il le droit de faire souffrir d’autres per-sonnes pour m’amener à développer mon caractère ? Le prix n’est-il pas un peu trop élevé ?

Peut-être pouvons-nous fermer les yeux sur le bétail perdu par Job, mais nous ne pouvons passer à côté du fait que les enfants et les employés de Job (à l’exception des mes-sagers) ont été tués, et cela, à cause de la controverse entre Dieu et Satan. Nous concevons que Dieu permette à Satan d’arracher à Job richesse et santé, mais pourquoi les enfants et les serviteurs ont-ils perdu la vie, dans le seul but de faire de Job un homme meilleur ? Ce processus pour la formation du caractère donnerait à croire en un Dieu irresponsable.

Nous devons faire très attention lorsque nous utilisons le mot « responsable » en référence à Dieu. Responsable vis-à-vis de qui ? Certainement pas vis-à-vis d’une puissance plus haute, car il ne peut y avoir de puissance plus haute que Dieu. Responsable vis-à-vis de son peuple ? Il est certainement res-ponsable de tenir ses promesses, mais il ne nous a jamais promis une vie facile. Et il nous faut prendre garde de ne pas adopter la philosophie de vie de Satan qui requiert de Dieu qu’il nous pro-tège des ennuis en réponse à notre amour et notre obéissance.

Le rabbin Kushner a exprimé le sentiment de bien des gens perplexes lorsqu’il écrivait : « J’ai vu des gens qui ne méritaient pas d’être malades, d’être blessés, de mourir jeunes ». Certes, je confesse que nous avons tendance à res-sentir les choses de cette manière ; néanmoins, une réflexion approfondie me dit que, en raisonnant ainsi, nous n’apportons rien de positif à la vie de la personne qui souffre. En fait, ce point de vue se rapproche de la position dangereuse consistant à prendre la place de Dieu dans la vie des gens.

Car, après tout, si j’ai la capacité de décider quels sont les gens qui ne méritent pas – les gens qui sont supposés ne

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pas devenir malades, ne pas être blessés ou mourir – alors je suis aussi habilité à décider qui sont les personnes soi-disant justes ! Certains peuvent vouloir assumer cette terrifiante res-ponsabilité, mais personnellement, je ne serai pas parmi eux. Je suis prêt à laisser les questions de vie et de mort entre les mains de Dieu et être en accord avec la déclaration de foi don-née par Abraham : « Celui qui juge toute la terre n’agira-t-il pas selon le droit ? » (Genèse 18 : 25).

Accuser Dieu de mal agir parce que des gens innocents sont morts pour qu’un seul homme puisse développer son caractère est, je pense, un peu présomptueux de la part de qui-conque. Des millions d’hommes et de femmes merveilleux ont donné leur vie au cours de guerres, afin d’apporter des changements beaucoup moins permanents, et pourtant nous les honorons pour leurs sacrifices. Dans le cas de Job, il n’était pas tout seul engagé dans ce conflit : en effet, l’expérience de Job a été une aide et un encouragement pour des millions de personnes souffrantes pendant de nombreux siècles. Puisque nous ne mesurons pas les expériences pénibles d’un homme en termes de « consommateurs satisfaits », nous ne pouvons pas non plus ignorer les effets à long terme de l’épreuve de Job.

Quand nous commençons à poser des questions telles que : « Pourquoi Dieu a-t-il permis aux dix enfants innocents de Job de mourir dans une tornade ? », nous soulevons des interrogations qui créent le brouillard plutôt que le soleil. Nous avons tout autant le droit de demander : « Pourquoi ces enfants sont-ils nés si Dieu savait qu’un jour ils seraient tués dans une tempête ? » Du temps de Job, la naissance de dix enfants bien portants était considérée comme une bénédiction ; mais, dans cette vie, tout ce qui peut bénir mon cœur peut aussi le briser. Job n’a jamais soulevé aucune de ces questions. Il a dit sim-plement : « L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! » (Job 1 : 21).

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Dieu connaît les meilleurs outils pour façonner nos vies. Certaines personnes font face à des épreuves plus dures dans la prospérité que dans l’adversité. Il a été dit avec raison qu’il n’est pas facile de porter une coupe pleine. Nous savons que Dieu, dans son amour et sa sagesse, nous permet de souffrir, et que cette souffrance peut produire une endurance patiente qui, en retour, produit le caractère. Le mot caractère vient d’un mot grec qui signifie « un outil à graver, une matrice pour imprimer une image ». Il est utilisé une fois seulement dans le Nouveau Testament quand Jésus-Christ est décrit en Hébreux 1 : 3 comme « le Fils, qui est le rayonnement de la gloire de Dieu, l’expression de son être ».

En d’autres termes, le caractère ne s’obtient pas à bon compte ! Les épreuves de la vie peuvent être des outils dans la main de Dieu pour graver son image dans notre caractère. Les expériences peuvent ne pas être agréables, mais elles ont le pouvoir d’être profitables.

Paul affirme que la « fidélité éprouvée » produit l’espé-rance. Dans la Bible, « l’espérance » n’est pas ce que l’enfant éprouve à Noël, lorsqu’il « espère que ». L’espérance biblique est la confiance dans l’avenir. Si nous avons éprouvé la fidé-lité de Dieu dans les afflictions de la vie, alors nous savons qu’il peut contrôler tout ce qui peut arriver dans l’avenir. En fait, « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Romains 5 : 2). Quand on est dans la volonté de Dieu, il est impossible de séparer la souffrance et la gloire ! Ceux qui ont un caractère façonné par Dieu ne sont ni des optimistes ni des pessimistes, mais des réalistes qui ont confiance en Dieu.

Le processus qui sert à forger le caractère n’est pas facile ; aussi, Dieu a mis à notre disposition des moyens pour nous permettre de grandir. Ces « provisions » spirituelles appartien-

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nent à tous les enfants de Dieu, parce qu’ils ont mis leur foi en Jésus-Christ.

La première provision est la paix avec Dieu, parce qu’il nous a acceptés au travers de Jésus-Christ. Précédemment, nous étions ennemis de Dieu, mais, en acceptant l’œuvre de Christ sur la croix, nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu (Romains 5 : 10). Cela signifie que Dieu est notre Père et que nous ne sommes plus en guerre avec lui. Lorsque nous vivions notre vie pour notre propre plaisir, nous étions en dehors de la volonté de Dieu, et tout agissait contre nous. Mais maintenant, nous sommes dans sa famille, et il fait en sorte que toutes choses concourent en notre faveur, afin que nous puissions accomplir ses desseins.

La deuxième provision est l’accès à Dieu : « … c’est à lui (Jésus-Christ) que nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes » (Romains 5 : 2). Le poète Eugène Field écrivait : « L’homme est né brisé, il vit grâce aux réparations. La grâce de Dieu en est la colle ».

L’un des problèmes majeurs de Job était son sentiment de ne pas avoir accès à Dieu. « Pourquoi des temps ne sont-ils pas mis en réserve de la part du Tout-Puissant ? » deman-dait-il, suggérant que Dieu devrait avoir des heures de bureau régulières pour écouter les doléances. « Pourquoi ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours ? » (les jours où il exer-cera ses jugements) (Job 24 : 1). Mais l’erreur de Job était de vouloir accéder à Dieu afin de pouvoir lui dire ce qu’il devait faire, et non d’apprendre ce que Dieu voulait qu’il fasse.

Notre accès à Dieu nous fournit la grâce de Dieu, les res-sources spirituelles dont nous avons besoin pour transformer les épreuves en victoires. « Dieu n’a pas aboli la réalité du mal. Il l’a transformée », écrivait Dorothy Sayers. « Il n’empêcha

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pas la crucifixion de son Fils, mais il le ressuscita des morts ». Nous désirons que Dieu résolve les problèmes de la souffrance par la méthode de la substitution – donne-nous la santé au lieu de la douleur, la richesse au lieu de la pauvreté, l’amitié au lieu de la solitude – alors que la véritable approche consiste à uti-liser la méthode de transformation. Il a transformé la faiblesse de Paul en force et ses souffrances en gloire.

L’une des femmes les plus extraordinaires qui ait jamais été au service de Dieu et de l’humanité souffrante fut Amy Carmichael 1. En 1895, elle quitta une maison confortable en Grande-Bretagne pour aller en Inde comme missionnaire, et elle demeura là-bas pendant cinquante-six ans ! Elle risqua sa vie pour sauver des petits enfants de l’esclavage superstitieux qui les détruisait en tant que « serviteurs du temple ». En 1931, elle fit une chute grave et, pendant les vingt années suivantes, elle vécut recluse dans sa chambre. Pendant cette période, elle fut presque toujours souffrante, et pourtant elle géra le travail de la mission et fut l’auteur de treize livres. Voici ce qu’elle écrivit :

« Nous devons apprendre à prier bien plus pour une vic-toire spirituelle que pour une protection des blessures reçues dans la bataille, pour le secours devant leurs dégâts, et le sou-lagement des souffrances occasionnées… Ce triomphe n’est pas la délivrance de l’épreuve mais la victoire dans l’épreuve, et cela n’est pas intermittent mais permanent ».

La troisième provision est l’amour de Dieu. « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5 : 5). Dieu a démontré son amour à la croix quand Jésus est mort pour des pécheurs perdus, mais il partage aussi son amour avec nous personnellement.

Lorsque je me réveillai dans la section des soins intensifs de l’hôpital après mon accident de la route, je me retrouvai

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souffrant, attaché à de nombreux appareils qui contrôlaient les fonctions hésitantes de mon corps, et pourtant j’étais rem-pli de l’assurance de l’amour de Dieu. Au cours de ces jours critiques, j’ai expérimenté cet amour, et ce fut pour moi une grande source d’encouragement.

L’amour est une grande force pour construire le caractère. L’amour est personnel, il se sacrifie. L’amour est patient. Dieu peut créer des galaxies par sa seule puissance, mais il faut de l’amour pour construire des gens. Le fait de savoir que Dieu nous aime nous aide à ôter, de la douleur, le poison et, de la souffrance, l’égoïsme. Ce n’est pas un sentiment que nous fabriquons ; c’est plutôt un don que l’Esprit partage avec nous et en nous.

Le peuple de Dieu est habité par l’Esprit de Dieu, et celui-ci reproduit le caractère de Dieu dans la vie de ceux qui lui appartiennent.

« Mais le fruit de l’Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi ; » (Galates 5 : 22). Certaines personnes, lorsqu’elles souffrent, font preuve d’égoïsme et non d’amour, de plaintes et non de joie, d’agitation et non de paix. Elles sont souvent impa-tientes, peu aimables, (spécialement envers ceux qui s’occu-pent d’elles), irritables, rudes et difficiles à vivre. Pourquoi ? Parce qu’elles cèdent à leurs propres sentiments au lieu de les abandonner au Saint-Esprit qui habite en elles. En dehors de la puissance divine, les enfants de Dieu sont incapables de jamais forger leur caractère à partir de la souffrance.

Tout ceci nous conduit à la liberté, l’une des plus grandes bénédictions du caractère engendrées par la souffrance. Quand quelqu’un a affronté l’affliction et l’a surmontée, il a déve-loppé le genre de caractère qui conduit à la liberté. Le pianiste

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qui s’est discipliné en s’astreignant aux gammes aura un jour la liberté d’improviser. L’athlète qui a pratiqué son entraînement avec discipline, a la liberté d’exercer son sport et de gagner. L’artiste ou l’écrivain qui s’est soumis à l’enseignement d’un maître développe la liberté de créer son propre objet d’art.

La souffrance est un outil dont Dieu se sert pour déve-lopper l’utilisation mature de la liberté. Les marionnettes et les robots ne souffrent pas ; les gens créés à l’image de Dieu souffrent. Nous sommes libres de nous soumettre ou de nous rebeller. La façon dont nous répondons déterminera si la souf-france nous cassera ou nous construira. Si j’abandonne, alors la souffrance devient mon maître et je perds ma liberté. Si je me soumets et fais confiance à Dieu, la souffrance peut devenir mon serviteur et je grandirai dans ma liberté.

J’espère que je ne vous ai pas donné l’idée que tout était très facile, car ce n’est pas le cas. Les choses qui importent le plus – comme le caractère – coûtent toujours le plus. J’espère aussi que je ne vous ai pas induit à penser que les enfants de Dieu ne chancellent ou ne tombent jamais durant leurs expé-riences douloureuses, car cela arrive. Nous commettons des erreurs, mais nous devons continuer de marcher. Au moment où nous pensons avoir la situation en main, un nouveau pro-blème surgit.

Pourtant, au milieu de tous ces ennuis, nous avons la paix de Dieu, l’espoir de sa gloire et le témoignage intérieur de son amour.

Tout ceci nous appartient en raison de ce que Jésus-Christ a accompli au Calvaire. Il est mort non seulement pour nos péchés, afin que nous puissions devenir enfants de Dieu, mais aussi pour nos souffrances, afin que nous puissions partager le caractère et la gloire de Dieu. Et s’il a accompli tout cela pour nous, alors que nous étions des pécheurs et des ennemis de

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Dieu, combien plus agira-t-il pour nous maintenant que nous sommes ses enfants !

« Pourquoi Dieu m’a-t-il faite ainsi ? demandait à son pasteur une femme handicapée et souffrante.

Avec sagesse, celui-ci répondit :– Dieu ne vous a pas faite, il est en train de vous façon-

ner ! »Le Maître Artisan est un Père qui nous aime. Nous sommes

les matériaux bruts. La souffrance est l’outil. Le caractère en est le chef-d’œuvre.

1 carMichael (Amy) (1867-1951) : irlandaise, missionnaire en Inde avec la société missionnaire anglicane Zenana, puis avec la Dohnavur Fellowship. Elle a sauvé de nombreux enfants de la prostitution dans les temples. Handicapée par l’arthrite, elle eut une vie spirituelle ardente et communica-tive.

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Chapitre 10

Vous ne souffrez jamais seul

Les souffrances que vous et moi expérimentons ont pour effet, soit de nous engager avec d’autres, soit de nous isoler. Nous construisons des murs ou des passerelles selon l’attitude que nous prenons. J’ai vu des gens bâtir des murs de pitié de soi, de ressentiment, d’amertume et d’incrédulité ; et derrière ces murs, ils ont dépéri dans la solitude, l’immaturité, la pau-vreté, tant spirituelle qu’émotionnelle.

Par ailleurs, j’ai vu des personnes souffrantes construire des passerelles et tendre des mains aimantes vers d’autres personnes souffrantes. J’ai vu ces personnes mûrir et grandir dans une communion plus profonde avec Dieu et avec leurs semblables. Ils ont connu une expérience enrichissante et encourageante parce qu’ils pensaient aux autres. « Nous les affligés, nous ne sommes pas seuls », écrivait Helen Keller, « nous appartenons au plus grand rassemblement dans le monde entier – le rassemblement de ceux qui ont connu la souffrance. […] Dans la mesure où vous avez pu adoucir la souffrance de quelqu’un, la vie n’a pas été vaine ».

L’apôtre Paul avait la même pensée quand il écrivit les mots suivants inspirés par sa propre expérience d’homme

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souffrant : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père compatissant et le Dieu de toute consolation, lui qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans toute sorte d’afflictions ! […] Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, de telle sorte que nous désespérions même de conserver la vie. Mais nous, en nous-mêmes, nous avions accepté notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts. C’est lui qui nous a délivrés et nous délivrera d’une telle mort. Oui, nous espérons qu’il nous délivrera encore, vous-mêmes aussi nous assistant par la prière ; ainsi plusieurs personnes auront obtenu pour nous cette grâce, et plusieurs en rendront grâces à notre sujet » (2 Corinthiens 1 : 3-4, 8-11).

Il paraît incroyable qu’un grand apôtre comme Paul puisse désespérer de survivre et être près d’abandonner ! Mais il n’a pas abandonné, car il savait que Dieu était avec lui et que ses amis priaient pour lui. À partir de cette expérience, Paul acquit une plus grande sensibilité aux douleurs des autres, et il se trouva plus à même de les réconforter. Il apprit à éviter la pitié de soi et à rechercher les occasions pour aider quelqu’un d’autre dans le besoin. Il essaya de pratiquer ce qu’il écrivit dans Romains 12 : 15 : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent ».

Quand nous souffrons, nous sommes facilement égoïstes. Généralement, le plaisir nous fait nous concentrer sur quelque chose d’extérieur à nous-mêmes, mais la douleur est une « affaire intérieure ». Le plus souvent, nous pouvons partager avec les autres nos plaisirs, mais il est très difficile de faire par-

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tager la souffrance. Si nous n’y prenons garde, nous risquons de nous trouver progressivement isolés des autres personnes ; et cela peut conduire à un isolement par rapport à la réalité et à la vie. En périodes d’affliction, nous avons besoin des autres tout autant que les autres ont besoin de nous.

Cependant, nous ne voulons pas donner cette sorte de « réconfort » que les amis de Job lui ont fourni ! « Vous êtes tous des consolateurs pénibles ! », leur dit Job (16 : 2). Il les appela aussi « des médecins de néant » (13 : 4), qui se trom-paient dans leur diagnostic et dans leurs remèdes. Job les com-parait aux oueds, ces cours d’eau du désert qui sont secs sauf pendant la saison des pluies. « Celui qui souffre a droit à la bienveillance de son ami », disait Job, mais « mes frères m’ont trahi comme un torrent, comme le lit des torrents qui dispa-raissent […]. Au temps de la chaleur, ils tarissent, aux feux du soleil, ils se dessèchent sur place » (voir Job 6 : 14-20).

Ne pouvez-vous pas entendre le ton sarcastique de Job lorsqu’il dit à ses amis : « Comme tu sais bien venir en aide à celui qui n’a pas de force ! Comme tu sais bien sauver le bras qui n’a pas de puissance ! Comme tu sais bien conseiller celui qui n’a pas de sagesse ! Quelle puissance de raisonnement tu fais connaître ! » (Job 26 : 2, 3).

Nous devons donner crédit à ces hommes d’avoir au moins gardé le contact avec Job et su qu’il était en difficulté. Nous les admirons aussi d’avoir voyagé sur de longues distances pour partager avec leur ami ses épreuves. Ils s’assirent en silence pendant une semaine et partagèrent sa douleur. Il n’est pas toujours nécessaire de parler pour encourager quelqu’un. Le fait d’être là et de montrer sa sympathie est une grande aide pour les personnes souffrantes.

Mais qu’est-ce qui a mal tourné ? Pourquoi ces bons amis se transformèrent-ils en une partie du problème au lieu de faire

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partie de la solution ? Que pouvons-nous apprendre de leurs erreurs afin d’être plus à même de partager l’amour et le récon-fort de Dieu avec les gens qui souffrent ?

Leur première erreur fut de réagir aux paroles de Job plu-tôt que de répondre à ses sentiments. Ils se trouvaient en pré-sence d’un homme ravagé par son épreuve, et ils entamèrent une discussion avec lui ! Pourquoi ? Parce qu’ils écoutaient avec leurs oreilles et non avec leur cœur.

La souffrance a des effets fort étranges chez les gens, même chez des personnes pieuses et matures, qui pensent vrai-ment tout maîtriser dans leur vie. La douleur brise la résistance d’un être, et cela le conduit à la peur. L’homme en souffrance commence par se demander : « Suis-je en train de perdre le contrôle de ma vie ? » La peur conduit à l’insécurité, et alors tout devient pour lui une menace. Ceci nous aide à comprendre pourquoi les personnes souffrantes se montrent parfois presque violentes, se retournant contre ceux qu’elles aiment. Sauf si vous avez eu vous-même une certaine expérience de la souf-france, vous pouvez avoir de la peine à accepter ce que disent et font des personnes affligées.

Il y a une raison au fait que les amis de Job étaient sur la défensive : Job représentait une menace pour eux. Ces hommes avaient leur théologie soigneusement emballée et cela leur donnait un sentiment de sécurité. Mais l’expérience de Job non seulement ouvrit leur paquet bien ficelé mais elle en éparpilla le contenu par terre, tout autour de lui. Ils ne pouvaient s’ex-pliquer pourquoi un homme de Dieu pouvait souffrir, et ceci signifiait que ce qui arrivait à Job pouvait leur arriver aussi !

Dieu ne nous a pas appelés à être des procureurs mais des témoins de sa grâce et de son réconfort. « Dieu nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que

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nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans toute sorte d’afflictions ! » (2 Corinthiens 1 : 4). Dans la souffrance, nous devons être des canaux, non des réservoirs. Nous devons partager avec d’autres ce que Dieu a fait pour nous. Si, dans mes propres épreuves, j’ai été ouvert et honnête avec Dieu, je n’aurai alors aucun problème à laisser les autres s’ouvrir et être honnêtes avec moi quand ils souffrent.

Rien n’éprouvera mieux notre propre relation spirituelle avec Dieu que d’être confronté à un homme comme Job ! Ses amis avaient une relation commerciale formelle avec Dieu. Et cette relation fut brisée par les expériences et les arguments de Job. Leurs formules, leurs explications simplistes, leurs « cli-chés » bon marché sont partis en fumée en présence d’un homme qui leur lançait le défi de connaître Dieu personnellement.

Si vous voulez réconforter les autres, laissez Dieu vous réconforter d’abord, et ensuite partagez le réconfort. Gardez à l’esprit que le réconfort est plus fort que la « sympathie ». Le mot réconfort vient de deux mots latins qui signifient « ensemble » et « avec force ». Le mot grec que Paul a uti-lisé signifie « venir à côté de quelqu’un pour aider ». Notre mot « encouragement » signifie « mettre le cœur dans ». En d’autres termes, nous réconfortons les gens, non pas par des arguments auxquels ils ne peuvent répondre, mais par un amour et une disponibilité inépuisables.

Ceci nous conduit à la deuxième erreur que firent les amis de Job : ils expliquèrent au lieu d’encourager. Ils transformè-rent le tas de cendres sur lequel il était assis en une salle de débats, au lieu d’en faire un lieu très saint. Les gens qui souf-frent posent des questions, mais ils ne cherchent pas toujours des réponses. Ils essayent de voir si nous sommes cette sorte d’amis qui les laisseront poser des questions sans les critiquer.

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Ils nous testent pour voir si nous discernons les sentiments derrière les questions. Les amis de Job n’ont jamais compris cela : « Cette multitude de paroles ne trouvera-t-elle pas de réponse ? », demanda Tsophar. « Et suffira-t-il d’être loquace pour avoir raison ? » (Job 11 : 2).

J’ai dit dans le chapitre premier que les gens ne vivent pas d’explications ; ils vivent de promesses. Des personnes sont venues à moi avec des questions, et j’ai dû souvent répondre : « Eh bien, je ne sais pas ! » Cela les choque parfois ! Mais ensuite, je puis dire : « Je ne sais pas la raison pour laquelle cela vous est arrivé, mais je puis vous donner quelques pro-messes de Dieu qui peuvent vous aider ». Dans les premiers temps de mon ministère pastoral, je croyais avoir une réponse à tout ; mais maintenant que je suis plus mûr, j’ai changé d’atti-tude. Et je crois savoir pourquoi. Dans ces années de jeunesse, je me protégeais moi-même, comme les trois amis de Job, et je construisais ma vie chrétienne sur de simples formules plutôt que sur base d’une relation grandissante avec Dieu.

Il est bien vrai qu’il n’y a pas d’explication à certaines des choses qui arrivent dans la vie ; et nous ne sommes pas dans l’obligation d’en imaginer. Les gens ont bien plus besoin de Dieu que d’explications. Ils ont besoin de faire confiance au Dieu que Paul rencontra à l’heure de sa détresse, « le Père com-patissant et le Dieu de toute consolation » (2 Corinthiens 1 : 3). En nous occupant des autres, nous montrons que Dieu s’oc-cupe d’eux. Quand nous écoutons, nous les assurons que Dieu écoute. Quand nous partageons avec eux son réconfort, nous les aidons à grandir dans leur relation personnelle avec Dieu.

« Mais je ne suis jamais passé par ces mêmes épreuves, pouvons-nous objecter, comment puis-je les aider ? »

Il est une chose merveilleuse concernant le réconfort que donne Dieu : c’est un bon médicament, quelle que soit la maladie. Dieu nous rend capables, par la consolation que nous

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recevons nous-mêmes de sa part, de « consoler ceux qui se trouvent dans toute sorte d’afflictions » (2 Corinthiens 1 : 4). Même si nous avons expérimenté des épreuves similaires à celles des autres, il est dangereux de s’appuyer sur elles, car il n’existe pas deux expériences identiques. En fait, l’une des pires choses que nous puissions faire est de comparer nos expériences avec celles des autres, car cela peut se terminer en subtile compétition. Les gens qui souffrent ne croient pas vraiment que quelqu’un d’autre ait ressenti exactement ce qu’ils ressentent.

La meilleure chose à faire lorsqu’on réconforte quelqu’un est simplement de se concentrer sur Dieu, le Dieu de tout encouragement. Notre tâche n’est pas de défendre Dieu mais plutôt de montrer qui il est par notre comportement. Nous devons être les canaux du réconfort divin pour aider les gens à avoir le courage de faire face honnêtement à la vie, la sagesse de comprendre ce qu’il faut faire, la force de l’accomplir et la foi et l’espérance pour attendre que Dieu fasse le reste. Si nous avons expérimenté l’aide de Dieu dans nos propres vies, nous n’aurons aucun problème à partager cette aide avec les autres.

Au cours de mes lectures, j’ai trouvé une vieille citation gaélique, qui m’a frappé comme étant applicable au sujet qui nous occupe. Elle dit ceci : « Moi aussi, je tournerai mon visage face au vent et je jetterai ma poignée de semences vers le ciel ».

Quand je l’ai lue, j’ai pensé à ce qu’écrivit Salomon dans Ecclésiaste 11 : 4 : « Qui observe le vent ne sèmera point, qui fixe les regards sur les nuages ne moissonnera pas ».

Ici, nous voyons deux philosophies de la vie qui se contre-disent. L’une dit : « Cette journée n’est pas bonne pour semer ou pour moissonner, le vent souffle et une tempête se pré-pare ». L’autre répond : « Nous n’aurons jamais un jour aussi idéal pour semer ou moissonner. Je ne laisserai pas le vent ou

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la tempête m’effrayer. Je ferai face au vent avec courage et je jetterai vers le haut ma poignée de semences ».

Et lorsque vous jetez votre semence, vous ne savez jamais où Dieu fera croître et comment il utilisera cette semence pour aider d’autres personnes ! Il peut sembler que vos efforts soient « emportés par le vent » mais le Seigneur veillera à ce que ce qui a été semé ne soit pas perdu.

Il existe de nombreux « consolateurs médiocres » en ce monde, des gens armés de clichés usés jusqu’à la corde, qui ne feront qu’approfondir nos blessures au lieu de les apaiser…

Des clichés comme :« Les choses pourraient être pires ».Le pourraient-elles ? Elles semblent tellement mauvaises,

aux yeux de celui qui souffre.« D’autres personnes souffrent plus que vous ! »Est-ce vrai ? Comment le savez-vous ? De toute façon,

est-ce que cela me ferait du bien de savoir que d’autres souf-frent plus que moi ?

« Pensez aux souvenirs merveilleux que vous avez ! »Avez-vous jamais essayé de vivre sur vos souvenirs ?

Parfois mes joies passées ne font qu’exacerber mes souf-frances actuelles.

Job avait une bonne parole pour cette sorte de « récon-fort » :

« Ce que vous rappelez, ce sont des maximes de cendre » (Job 13 : 12).

Les promesses de Dieu sont un remède pour le cœur brisé. Laissez-le vous réconforter. Et, après qu’il vous a réconforté, essayez de partager ce réconfort avec quelqu’un d’autre. Cela vous fera du bien à tous les deux.

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Chapitre 11

La question des désastres

Le 25 mai 1979, le vol 191 des « American Airlines » quitta l’aéroport international O’Hare de Chicago en direction de Los Angeles. Le DC-10 avait à peine commencé son ascen-sion qu’il s’écrasa au sol, tuant 275 passagers. Nous habitions près de cet aéroport, à l’époque, et je me souviens comment l’annonce de l’accident interrompit une partie de base-ball et alerta tous les spectateurs qu’un désastre aérien venait d’arri-ver à l’aéroport le plus chargé du monde.

Peu de temps après, je pris le vol 191 pour Los Angeles, et nous eûmes un excellent voyage. Nous avons survolé la scène du « crash », mais rien ne rappelait plus la tragédie qui avait eu lieu à cet endroit. Depuis cette époque, j’ai entendu dire que la compagnie aérienne a mis « à la retraite » le vol 191 et lui a donné un autre numéro. L’équipage et les passagers ressen-taient un malaise sur ce vol.

Maintenant que la couverture des informations est très bonne, chaque désastre qui survient dans le monde entre dans notre salon : nous avons vu la procession funéraire qui a trans-porté les corps de ces quarante-quatre écoliers français tués dans un accident d’autobus le 31 juillet 1982, nous avons vu les images de ce bateau qui a heurté le pont de Tampa Bay,

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précipitant des voitures dans l’eau. « Des désastres instanta-nés », c’est ce que nous voyons, que ce soit un cyclone aux Philippines, l’incendie d’un bâtiment scolaire à Chicago, ou encore une explosion dans une usine.

Parfois, les désastres dramatiques nous font oublier les tragédies silencieuses. Pendant une semaine de janvier 1982, le temps extrêmement froid a causé la mort de 230 personnes aux États-Unis. Quand les gens meurent un à la fois dans l’iso-lement, ils concernent des statistiques locales. Mais lorsqu’ils meurent publiquement et en groupe, leur mort constitue un désastre. Parfois nos valeurs sont un peu déséquilibrées. Je suppose que la chose qui nous trouble vraiment concernant un désastre n’est pas tellement son ampleur, ou même sa soudai-neté, mais son apparent manque de signification. Si quarante-quatre hommes sont tués dans une embuscade, cela fait partie de la guerre. Mais quand quarante-quatre enfants sont tués au cours d’un voyage scolaire, cela met en évidence des questions qui nous dérangent.

Espérant impliquer Jésus dans une discussion polémique, quelques personnes lui demandèrent de commenter une tragé-die qui venait de se produire à Jérusalem.

En voici le texte :

En ce temps-là, quelques personnes vinrent lui raconter ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. Il leur répondit : Pensez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ? Non, vous dis-je. Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même. Ou bien, ces dix-huit sur qui est tombée la tour de Siloé et qu’elle a tués, pensez-vous qu’ils aient été plus coupables que tous les autres habitants de

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Jérusalem ? Non, vous dis-je. Mais si vous ne vous repen-tez pas, vous périrez tous pareillement.Il dit aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n’en trouva pas. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ? Le vigneron lui répondit : Maître, laisse-le encore cette année ; d’ici-là je creuserai tout autour et j’y mettrai du fumier. Peut-être à l’avenir produira-t-il du fruit ; sinon, tu le couperas.LUC 13 : 1-9

Jésus n’a pas nié le fait que les désastres frappent des gens. Ils arrivent à des personnes religieuses et à des travailleurs sur leur lieu de travail. Ils peuvent être causés par des hommes mauvais, comme Pilate, ou être « des actes de Dieu » (ou de la nature, selon votre croyance) qui sont hors de notre contrôle. Mais quelles que soient les raisons ou les circonstances, les désastres laissent des places vides dans les foyers et dans les cœurs. Les événements mentionnés plus haut ont tous deux eu pour conséquence qu’il y eut des veuves endeuillées, des parents affligés et des enfants en pleurs.

À partir de l’interprétation par notre Seigneur de ces événements, nous pouvons découvrir au moins trois avertis-sements, auxquels il nous faut prêter attention si un désastre se produit aujourd’hui :

Pour commencer, nous devons nous garder de juger les victimes. Il est si facile de conclure : « Eh bien, quelqu’un a dû pécher, et voilà la punition de Dieu ! » Éliphaz aurait regardé ce terrain carbonisé, bouleversé près d’O’Hare et aurait dit : « Souviens-toi donc : quel est l’innocent qui a péri ? » (Job 4 : 7).

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Les disciples auraient pu demander : « Qui a péché, ces passa-gers ou leurs parents, pour qu’ils meurent dans ce « crash » ? » (voir Jean 9 : 1, 2). Ni vous ni moi n’avons à juger les victimes de désastres. Seul Dieu connaît leurs cœurs. Nous savons bien que des gens pieux sont aussi victimes de tragédies ! Comment expliquons-nous leur mort ? Ne ressuscitons pas les amis de Job, ne dressons pas un tribunal. Les désastres frappent des gens reli-gieux dans le Temple et des gens affairés sur leur lieu de travail, et Dieu seul sait tout ce qui est impliqué dans ces drames.

Non seulement nous ne devons pas juger les victimes, mais nous ne devons pas juger Dieu. Certainement, Dieu peut empêcher des soldats d’assassiner des adorateurs, empêcher que des tours écrasent des maçons. Il peut empêcher des bus scolaires d’être impliqués dans des accidents mortels. Il peut éviter à des avions de s’écraser. Pour être justes, nous devons confesser que personne ne sait combien de fois Dieu a fait ces choses. Tout ce que nous savons à ce sujet est le nombre de fois où il ne l’a pas fait.

Nous avons développé ce thème précédemment, mais nous avons besoin de nous rappeler que Dieu respecte la liberté humaine. En dehors de la liberté, il ne peut y avoir ni caractère ni moralité authentiques. Parfois, la liberté humaine conduit à l’erreur : des bus se heurtent et des avions s’écrasent ; mais il est évident que Dieu ne doit pas être blâmé pour cela. Il prouve sa souveraineté, non en intervenant constamment pour empê-cher ces événements, mais en les dirigeant et les supervisant, afin que même les tragédies se terminent en accomplissant ses desseins ultimes.

« Si Dieu est responsable, où donc Pilate a-t-il sa place dans l’affaire ? Peut-il s’excuser et dire : « Le Seigneur me l’a fait faire ? »

Si c’est le cas, alors nous avons intérêt à fermer tous nos tribunaux parce que personne ne serait coupable excepté Dieu.

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– Mais alors, pourquoi Dieu n’a-t-il pas changé Pilate, afin qu’il ne soit pas un meurtrier ? »

Je suis sûr que Dieu aurait été heureux de voir Pilate se repentir et vivre une vie pieuse, mais Dieu ne force un homme en aucune manière. Une moralité forcée n’est pas une moralité du tout. Une fois de plus, nous en revenons au grand respect divin pour le libre choix de l’homme.

L’avertissement saisissant que Jésus nous a enseigné à partir de ces deux événements est le suivant : nous devrions nous juger nous-mêmes honnêtement ! Les hommes qui sont morts dans le Temple et sous les ruines de la tour n’étaient pas de plus grands pécheurs que nous. Cependant, nous sommes encore vivants ! Aussi, la question majeure n’est-elle pas « pourquoi sont-ils morts ? » mais plutôt « pourquoi vous et moi sommes encore vivants ? »

C’est ici que prend place la parabole de notre Seigneur. Je suis sûr qu’il avait à l’esprit la nation d’Israël quand il raconta cette histoire. Il avait exercé auprès d’elle un ministère pen-dant trois ans, et pourtant, les chefs religieux l’avaient rejeté. Dans sa miséricorde, Dieu épargna la nation et donna au peuple l’occasion de se repentir.

Mais il y a aussi une application personnelle : quel bien est-ce que j’accomplis dans le monde de Dieu pour prouver que je suis digne de rester en vie ? Trouve-t-il que je produis du fruit dans ma vie et mon ministère ? Si j’étais « retranché », cela ferait-il une différence pour l’œuvre du Royaume divin dans ce monde ?

Il est si facile de juger les autres en périodes de désastres. Le psychiatre Carl Jung a écrit : « Seul un imbécile s’intéresse à la culpabilité des autres, puisqu’il ne peut pas la changer. Le sage n’apprend que de sa propre culpabilité ».

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Le fait de critiquer les autres, Dieu y compris, est un bon moyen pour éviter de faire face à nos propres péchés et de les juger !

Je peux avoir tort, mais j’ai le sentiment que beaucoup de gens réagissent à de prétendus désastres d’une façon superfi-cielle et temporaire. Le bulletin de nouvelles n’est pas plutôt terminé que les téléspectateurs reviennent à un match de foot-ball, peut-être après avoir dit : « C’est terrible ! Pensez aux gens qui attendent à l’aéroport de Los Angeles ! » Peu d’entre nous seront bouleversés au point de manquer un repas ou de perdre le sommeil ; et le lendemain, à l’heure du café, nous discuterons de l’accident d’avion et du match de football sans transition.

Aussi, je considère que les débats des non-croyants sur la question des désastres de la vie ne sont que des prétextes et que les boulets qu’ils lancent visent la mauvaise cible. C’est pour eux l’occasion de blâmer Dieu, alors qu’eux-mêmes ne font rien ou peu de chose pour aider ceux qui ont été person-nellement frappés par la tragédie.

Finalement, Jésus a dit clairement que ce qui importe n’est pas de savoir comment nous mourrons mais si nous sommes prêts à mourir. Sommes-nous assurés d’une vie après la vie d’ici-bas ? Pouvons-nous éviter la mort après la mort ? Ce sera notre sujet dans le prochain chapitre, le chapitre le plus important de tout le livre.

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Chapitre 12

L’espérance

Deux citations familières sur le thème de l’espérance sont celle du célèbre orateur romain Cicéron « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », et les lignes du poète anglais Alexander Pope, publiées en 1733 : « L’espérance jaillit éternellement du cœur humain : sans jamais l’être, l’homme s’attend toujours à être béni ».

Pope ne croyait pas vraiment qu’il était nécessaire que nous sachions quelque chose concernant l’avenir. En fait, pensait-il, moins nous en savons, et plus nous pouvons être heureux. Il écrivait : « Espère humblement ; élève-toi dans les airs avec des ailes tremblantes ; attends le grand Enseignant, la Mort, et adore Dieu ».

Il n’est pas étonnant que Pope ait écrit à son camarade le poète John Gay ce qu’il appelait la « neuvième béatitude » : « Heureux celui qui n’attend rien, car il ne sera jamais déçu ».

Je doute sérieusement que de nombreuses personnes puissent vivre heureuses selon cette philosophie. « Tout ce qui est accompli dans le monde est réalisé par l’espérance », disait le réformateur allemand Martin Luther, et il avait raison : c’est

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avec de l’espoir que le cultivateur sème sa semence et c’est pleins d’espérance que le marié et la mariée engagent leur foi. Les trois grandes vertus sont, selon 1 Corinthiens 13 : 13, la foi, l’espérance et l’amour. La foi monte vers Dieu, l’espé-rance regarde à l’avenir et l’amour tend la main à ceux qui nous entourent ; et ces trois vertus s’accordent ensemble. Au lieu de dire : « Là où il y a de la vie, il y a de l’espoir », nous devrions affirmer : « Où il y a de la foi, il y a de l’espoir ». John Bunyan 1 écrivait : « L’espérance n’est jamais malade, quand la foi va bien ».

Mais la vraie espérance n’est pas seulement un tendre sou-hait qui étreint notre cœur. L’espérance authentique bâtit sur un meilleur fondement que : « souhaitez seulement, et cela se réalisera ». Dans son discours sentimental, « À la tombe d’un petit garçon », l’orateur agnostique Robert Green Ingersoll, qui fut populaire en son temps, disait : « De l’aide pour les vivants, de l’espoir pour les morts ». Mais il ne nous dit jamais ce qu’était cette aide et où l’on pouvait l’obtenir, ni quel était le fondement de « l’espoir ».

Souffrir sans espoir, c’est vivre dans le désespoir. Dans ce domaine, Job traversait des hauts et des bas. « Quelle est ma force pour que j’attende ? » (Job 6 : 11). « Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand ; ils s’évanouissent : plus d’espérance ! » (Job 7 : 6). Cependant, dans un élan de foi, il pouvait dire : « Même s’il voulait me tuer, je m’attendrais à lui ; oui, devant lui je défendrais ma conduite » (Job 13 : 15). (Dans la version anglaise : « je mettrai en lui mon espérance ».)

Job utilise une image frappante lorsqu’il dit : « Il a arra-ché mon espérance comme un arbre » (Job 19 : 10). Une espé-rance qui a été enracinée est une espérance qui est vivante et qui grandit, mais un espoir qui est déraciné est mort. Vous ne pouvez nourrir une plante, quelle qu’elle soit, si elle n’a pas

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de racines. L’apôtre Pierre a pu avoir cette image à l’esprit lorsqu’il écrivit à quelques chrétiens éprouvés : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une espérance vivante » (1 Pierre 1 : 3). Nous avons une espérance vivante parce que nous faisons confiance à un Sauveur vivant.

La réalité d’une vie future de félicité pour les croyants est quelque chose que le rabbin Kushner remet en question : « Ni moi ni aucun autre être vivant ne peut savoir quoi que ce soit sur la réalité de cette espérance », écrit-il et, en une seule phrase, il efface le témoignage de grands hommes et femmes de Dieu, depuis Abraham jusqu’à l’époque actuelle.

Bien sûr, il est possible que la doctrine de la vie future devienne un stupéfiant qui endort les gens et les pousse à accepter le statu quo (esclavage, mauvaises conditions de tra-vail, cancer) et à ne rien faire à ce sujet. Mais le désespoir peut être tout autant paralysant. Je pense que les gens sincère-ment motivés par l’espoir sont plus nombreux que ceux que le désespoir anéantit, et une partie de l’espérance (en dépit des doutes du rabbin) est l’assurance de la gloire future avec Dieu pour ceux qui lui appartiennent.

L’un de nos endroits favoris à Londres est la « National Portrait Gallery » (Galerie Nationale de Portraits). Ma femme et moi avons passé bien des heures agréables et profitables à regarder les portraits exposés. Hébreux 11 est la galerie de portraits de Dieu, de grands héros et héroïnes de la foi. Qu’est-ce qui a motivé Abraham, le fondateur de la nation juive ? Ou Moïse, le libérateur et le législateur ? Ou les grands conquérants, comme Josué, Samson et David ? Ou les grands

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enseignants et prophètes comme Samuel, Ésaïe et Daniel ? Ils étaient tous motivés par l’espoir des choses à venir.

« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, en confessant qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie. Et s’ils avaient eu la nostalgie de celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. Mais en réalité, ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu ; car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11 : 13-16).

Ces gens vivaient dans le temps futur et cela leur donnait du courage pour tirer le meilleur du présent. Ils n’étaient pas des fugitifs fuyant la maison ni des vagabonds soupirant après un foyer. Ils étaient des étrangers sur la terre parce qu’ils étaient loin de chez eux, et des pèlerins parce qu’ils étaient en marche vers la Maison. Ils étaient capables de supporter les sacrifices, la souffrance et même la mort, parce qu’ils savaient où ils allaient.

L’un des nombreux symboles chrétiens que l’on trouve dans les catacombes est l’ancre. C’est un symbole d’espoir.

« Cette espérance, nous l’avons comme une ancre solide et ferme, pour notre âme » (Hébreux 6 : 19). Le philosophe grec Épictète a dit : « On ne doit pas attacher un bateau à une seule ancre, ni la vie à une seule espérance ». Mais le peuple de Dieu a toujours attaché sa vie à une seule ancre, l’assurance de voir un jour Dieu au ciel.

Pour Jésus-Christ, le ciel n’était pas simplement une des-tination ; c’était une motivation. Lorsqu’il fit face à la croix, il dit : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glo-rifié » (Jean 12 : 23). Glorifié ! J’aurais dit « crucifié » ! Mais Jésus regardait au-delà de la souffrance et il voyait la gloire qui

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suivrait. Le fait de savoir qu’il allait revenir au ciel était dans sa vie une forte motivation : « … sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde au Père, Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13 : 1).

Cicéron disait : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’es-poir », mais Paul écrivait : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheu-reux de tous les hommes » (1 Corinthiens 15 : 19). En tant que peuple de Dieu, nous ne disons pas « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! » Au contraire, nous nous écrions avec confiance : « Parce que la vie réside en Christ, nous avons une espérance vivante ! »

Le philosophe de Harvard, Alfred North Whitehead demanda un jour à un ami : « En ce qui concerne la théolo-gie chrétienne, pouvez-vous imaginer quelque chose de plus incroyablement idiot que l’idée chrétienne du paradis ? » Avec tout le respect que j’ai pour un homme brillant, je préfère tenir de Jésus-Christ mon idée du ciel. Voici ce qu’il a dit :

Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Sinon, je vous l’aurais dit ; car je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. Et où je vais, vous en savez le chemin.JEAN 14 : 1-4

Jésus a décrit le ciel, non pas comme « la cour d’un despote oriental », comme le prétendait Whitehead, mais comme une maison où un Père aimant souhaitait la bienvenue à ses enfants à la fin de leur voyage. L’apôtre Jean a ajouté à cette image les mots suivants : « Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort

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ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21 : 4).

L’un de mes auteurs favoris sur la nature est Joseph Wood Krutch. Ses livres sont magnifiquement écrits et témoignent de sa grande sagesse. Mais je ne puis être d’accord avec Krutch lorsqu’il écrit : « Il n’y a aucune raison de supposer que sa vie à lui (celle de l’homme) ait plus de sens que celle de l’insecte le plus modeste qui rampe d’un anéantissement à un autre ».

Si le seul avenir pour l’homme est l’annihilation, pour-quoi attendre ? L’écrivain et philosophe Albert Camus aurait raison après tout : la fin logique est le suicide.

Mon ministère pastoral m’a mis en relation avec des gens dont la situation semblait sans issue selon une perspective humaine, et pourtant, ils surmontèrent leurs obstacles et han-dicaps et, à la fin, ils furent vainqueurs. Pour eux, l’espérance n’était pas une perspective lointaine ; c’était une puissance toujours présente. Ils imitaient l’attitude de Paul qui écrivait : « … je cours vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ-Jésus » (Philippiens 3 : 14).

Comment cet espoir dans le futur nous rend-il capables de porter les fardeaux et les peines d’aujourd’hui ? Il nous assure que nous ne souffrons pas en vain. D’un point de vue humain, comme en témoigne le livre de l’Ecclésiaste, la vie n’est qu’une suite de déceptions et tout est « vanité ». Mais ce n’est pas le point de vue chrétien ! Paul a parachevé son grand chapitre sur la résurrection avec ces mots :

Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébran-lables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur.1 CORINTHIENS 15 : 58

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Ceci signifie que le peuple de Dieu ne se sacrifie pas et ne souffre pas en vain. Notre souffrance présente est un inves-tissement dans la gloire future. Pour nous, le ciel n’est pas « un gâteau dans le ciel de l’avenir », la carotte attachée à une ficelle devant un âne. Nous sommes citoyens des cieux ici et maintenant et nous partageons déjà la vie du ciel dans nos cœurs.

Paul a décrit parfaitement notre expérience actuelle dans l’une de ses bénédictions :

Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit !ROMAINS 15 : 13

Peu importe ce que peut être notre philosophie de la vie, ou notre croyance religieuse, chacun de nous fait face à la mort. Le monde dans lequel Jésus est né n’avait pas d’espé-rance pour une vie après la mort. L’attitude de la plupart des gens de cette époque se reflétait dans cette épitaphe :

Je n’étais pas.Je fus.Je ne suis plus.Je m’en moque.

Les enfants de Dieu n’utiliseraient jamais ce genre d’épi-taphe, car Jésus-Christ « a réduit à l’impuissance la mort et mis en lumière la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile » (2 Timothée 1 : 10). Il a promis à ses disciples, « moi je vis, […] vous aussi, vous vivrez » (Jean 14 : 19). Pour les enfants de Dieu, la vie n’est pas une impasse.

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Par sa mort et sa résurrection, Jésus n’a pas seulement vaincu la mort, il en a même changé le sens. Pour le croyant, la mort est un sommeil. Le corps dort, mais l’esprit va auprès du Seigneur. Quand Jésus-Christ reviendra, « les morts en Christ ressusciteront en premier lieu. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4 : 16, 17).

Paul a utilisé un mot intéressant pour la mort : il l’a appelé « départ » (2 Timothée 4 : 6). Le mot grec est un terme militaire qui désigne l’action de démonter sa tente et la changer de place. Voilà ce qu’est la mort pour le peuple de Dieu, qui abandonne simplement sa tente usée pour entrer dans des quartiers meilleurs et plus glorieux ! C’était aussi un terme naval : « lever l’ancre et mettre les voiles ! » Il n’y aura pas de tempête sur cette mer-là.

Les cultivateurs utilisaient également ce mot pour « déte-ler le joug des bœufs ». Pour le croyant, la mort signifie que les fardeaux sont enlevés et le travail terminé. « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dès à présent ! », dit une voix venant du ciel. L’apôtre Jean entendit la réponse. « Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent » (Apocalypse 14 : 13).

Comme je regardais les pierres tombales dans un vieux cimetière désaffecté, je trouvai une épitaphe que j’avais sou-vent entendu citer mais que je n’avais jamais vue moi-même. La voici :

Faites une pause, mon Ami, qui passez,Ce que vous êtes maintenant, je l’ai été aussi.Ce que je suis maintenant, vous le serez aussi.Préparez-vous, Ami, à me suivre !

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J’ai appris que quelqu’un avait ajouté une note au bas de cette épitaphe, dans un cimetière :

Vous suivre n’est pas mon intention,Jusqu’à ce que je sache de quel côté vous êtes allé !

Nous sourions devant ces vers de mirliton, mais ceux-ci portent un message puissant, ils posent une question pertinente : « où irez-vous quand votre vie se terminera ? » Les enfants de Dieu connaissent la réponse : ils iront dans la Maison du Père pour être avec lui pour toujours.

« Mais, est-ce que toutes les bonnes gens ne vont pas au ciel ? » peut-on demander. Je dois confesser que le mot « bon » me gêne quelque peu. Nous parlons de mauvaises choses arri-vant à de « bonnes gens » et je me demande qui peuvent bien être ces « bonnes gens ». Apparemment, on peut supporter que de mauvaises choses arrivent à de « mauvaises gens », mais pas que des mauvaises choses arrivent à de « bonnes gens ». Dites-moi : qui détient l’autorité pour décider qui de nous est « mauvais » et qui est « bon » ?

L’un des arguments du rabbin Kushner concernant le fait que Dieu n’est pas responsable des « mauvaises choses » qui arrivent est que, s’il avait le contrôle du monde, il nous trai-terait mieux. « Il peut savoir que nous sommes des gens hon-nêtes et bons qui méritent mieux ».

La plupart des croyants avec qui j’ai eu des contacts, y compris des gens qui ont beaucoup souffert, m’ont dit que Dieu leur avait fait plus de bien qu’ils ne le méritaient. En fait, les grands saints dans le judaïsme et le christianisme ont tous confessé qu’ils étaient des pécheurs indignes qui dépendaient entièrement de la grâce et de la miséricorde de Dieu.

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« … moi qui ne suis que poussière et cendre », disait Abraham à Dieu (Genèse 18 : 27). Job a eu une confession similaire : « C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre » (Job 42 : 6). Écoutons David : « Car je reconnais mes crimes, et mon péché est constamment devant moi » (Psaume 51 : 5).

Le prophète Ésaïe n’avait pas honte de reconnaître sa culpabilité : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures » (Ésaïe 6 : 5).

L’apôtre Pierre dit à Jésus : « Seigneur, éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur » (Luc 5 : 8).

Même le fameux apôtre Paul ne se faisait aucune illusion sur lui-même. C’est sans fausseté qu’il écrivit : « Le Christ-Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier » (1 Timothée 1 : 15).

Au risque de blesser l’« ego » de quelques-uns, je cite-rai en conclusion cette affirmation plutôt négative de l’apôtre Paul (citation du psaume 36) : « Il n’y a pas de juste, pas même un seul ; […] Il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Romains 3 : 10, 12).

Dans l’un de ses livres, feu le Dr Martyn Lloyd-Jones, qui fut pasteur à Londres pendant de nombreuses années, ana-lyse la différence entre une vie authentiquement inspirée par le salut en Christ et une vie inspirée par une simple morale religieuse. Il souligne que celui qui est simplement « une bonne personne » aime à se vanter de sa moralité, tandis que le chrétien sait combien il est pécheur et qu’il doit dépendre entièrement de la grâce de Dieu. Il ne se vante pas et n’essaie pas de se défendre devant Dieu. « Sa bouche a été fermée », écrivait le Dr Lloyd-Jones, et il ajoute : « Votre bouche a-t-elle jamais été fermée ? »

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169L’espérance

Un homme très religieux, un leader dans sa foi, feuille-tait des livres dans la section « Religion » de la bibliothèque ; il tira par hasard d’une étagère le livre du Dr Lloyd-Jones et commença à le lire distraitement. Il en arriva à cette question pénétrante : « Votre bouche a-t-elle jamais été fermée ? » Cela le frappa avec une telle force qu’il dit en réponse : « Eh bien, non, ma bouche n’a jamais été fermée ! » Plus il réfléchissait à la question, et plus il réalisa qu’il dépendait de sa propre justice et non de la grâce de Dieu.

Avant de remettre le livre sur son étagère, l’homme confessa à Dieu qu’il était un pécheur, qu’il n’était pas assez bon pour aller de lui-même au ciel, et qu’il avait besoin du Sauveur. Dieu l’a rencontré dans la bibliothèque, et sa vie en fut transformée.

Alors, je vous pose la même question : « Votre bouche a-t-elle été fermée ? »

La bouche de Job fut fermée. Dans toute sa souffrance, il eut l’impression que Dieu lui faisait « un mauvais coup », et il se mit à souhaiter pouvoir rencontrer Dieu et se défendre lui-même. Mais quand, finalement, Job se trouva face à Dieu, voici ce que fut sa défense :

« Voici : je suis peu de chose ; que te répliquerais-je ? Je mets la main sur ma bouche » (Job 40 : 4).

La pire chose qui puisse vous arriver n’est pas la mort d’un être aimé, une maladie de longue durée ou un accident douloureux. La pire chose qui puisse vous arriver serait de souffrir pour rien, de mourir et d’être perdu pour toujours.

Ceux que Dieu reconnaît pour siens souffrent pour quelque chose – pour Quelqu’un – et quand les croyants meurent, ils entrent dans le ciel où tout leur investissement en souffrance est transformé en gloire.

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Quand la vie chancelle170

Votre bouche a-t-elle jamais été fermée ?Si cela a été le cas, alors vous êtes un candidat au salut par

Jésus. Ouvrez cette bouche et demandez à Dieu de vous sau-ver ! La promesse de Dieu est : « Alors quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera délivré » (Joël 3 : 5 et Actes 2 : 21).

1 Bunyan (John) (1628-1688) : prédicateur baptiste qui passa 12 ans en prison pour sa foi. Auteur du célèbre Voyage du Pèlerin.

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171

Annexe 1

Questions que vous vous posez peut-être

Chaque fois que j’ai prêché sur le sujet de la souffrance, des personnes sont venues me voir après la réunion pour m’ex-poser leur problème particulier. Parfois elles sont venues avec leur question, mais souvent la question a été soulevée par ce que j’avais dit dans mon sermon. Certaines de ces questions sont reprises ici, parce qu’elles sont communes aux chrétiens qui réfléchissent.

Comme j’ai eu plusieurs fois l’occasion de le dire, le thème central de ce livre – et de mon ministère – est le suivant : nous vivons de promesses et non d’explications. Toutefois, cela ne nous empêche pas d’utiliser l’intelligence que Dieu nous a donnée, pour chercher à comprendre ses pensées à tra-vers sa révélation. « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu », dit Moïse au peuple d’Israël, « les choses révélées sont à nous et à nos fils, à perpétuité, afin que nous mettions en pra-tique toutes les paroles de cette loi » (Deutéronome 29 : 28). Dieu ne révèle pas la vérité aux curieux mais aux sérieux, ceux qui veulent lui obéir.

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Quand la vie chancelle172

Question : Il est réconfortant de savoir que Dieu souffre avec nous, mais je ne suis pas sûr de comprendre ce que cela signifie. J’ai toujours pensé que Dieu était au-dessus de la souffrance, qu’il vivait dans une félicité éternelle.

Réponse : Chaque fois que nous parlons de Dieu, nous devons utiliser le langage humain et parler de ce que nous savons. Les mots que nous utilisons pour « décrire » Dieu ne correspondent pas à la véritable nature de Dieu. Pour apprendre à connaître Dieu, nous n’avons à notre disposition que notre langage humain, limité comme le sont toutes les langues.

Quand nous pensons à la souffrance, nous l’associons habituellement à la douleur physique. Dieu n’a pas de corps, parce que Dieu est Esprit ; de ce fait, la douleur physique ne l’atteint pas. Cependant, les personnes matures savent par expérience que les plus grandes souffrances ne sont pas tou-jours physiques. Un cœur brisé peut faire beaucoup plus mal qu’une jambe cassée. Il existe une « souffrance spirituelle » ressentie dans l’être intérieur, et cette souffrance est aussi réelle qu’une douleur du corps.

Dieu s’associe pleinement avec nous dans notre souf-france. Il ne nous ignore pas, ou ne nous juge pas. Si Jésus-Christ a souffert comme il l’a fait quand il était sur la terre, c’était pour le préparer à nous assister depuis le ciel pendant nos périodes de difficultés (Hébreux 2 : 14-18 et 4 : 16, 18).

Le fait que Dieu ne change pas ne doit pas nous poser un problème. Dieu n’est pas « prisonnier » de ses attributs divins. Il est libre et souverain, et capable d’agir, d’entrer en relation avec nous et de nous répondre selon son désir. Dieu ne change pas dans son essence, dans son être mais, dans ses relations avec la création, les créatures et l’homme, Dieu exerce sa liberté.

Parce que Dieu est parfait, il vit dans une joie parfaite ; mais ceci ne l’empêche pas de participer à nos épreuves et nos

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173Questions que vous vous posez peut-être

larmes. En fait, l’une des raisons pour lesquelles il s’associe pleinement à nos peines est qu’il veut pouvoir nous donner sa joie. La peine et la joie ne sont pas contradictoires. Plus grande est votre joie, plus grande est la possibilité de connaître la tristesse. Mais l’une ne s’oppose pas à l’autre. Jésus était un « homme de douleur », et pourtant il était éminemment joyeux.

Le mystère de l’Être divin, aucun philosophe ou théo-logien ne peut le pénétrer de ce côté-ci du ciel. Les mots que nous utilisons sont inadéquats, mais nous n’en possédons pas d’autres. La Bible affirme que Dieu s’identifie avec son peuple quand celui-ci souffre, et nous devons accepter cette révéla-tion, que nous la comprenions totalement ou pas : « Dans toutes leurs détresses – qui étaient pour lui (aussi) une détresse – » (Ésaïe 63 : 9). Le Seigneur est près de nous quand nous souf-frons, et il comprend nos sentiments. Quand nous prions, il est sensible à ce que nous disons. Pour moi, ceci est un grand encouragement ; ce n’est pas parce que j’ai de la peine à com-prendre ce concept que je me priverai du réconfort qu’il me donne quand je mets en pratique sa vérité.

Question : Pourquoi des bébés et des enfants innocents doivent-ils souffrir ?

Réponse : Parce qu’ils font partie de la race humaine et que la race humaine (depuis Adam) est née dans le péché. Paul expose cette importante doctrine dans Romains 5. Il explique qu’Adam est la « tête » de la race humaine, et que, de ce fait, la race tout entière était soumise au péché. Quand celui-ci est tombé, la race tout entière est tombée aussi.

Cependant, notre salut est rendu possible : Jésus-Christ est venu comme la Tête d’une race nouvelle. Par sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ a non seulement annulé tout ce qu’avait causé Adam, mais il a accompli bien plus. Maintenant,

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Quand la vie chancelle174

tous ceux qui croient en Jésus-Christ sont pardonnés de leurs péchés, sont rendus justes en lui et deviennent participants de la nouvelle création de Dieu en Christ (voir 2 Corinthiens 5 : 17).

Les bébés naissent avec une nature pécheresse. Ceci signi-fie qu’ils sont prédisposés à tous les ravages du péché qui font partie de notre création « soupirante » (Romains 8 : 18-22). Nous remercions Dieu pour tout ce que la science médicale accomplit pour assurer aux bébés des naissances normales, et nous devrions encourager cette recherche dans toute la mesure du possible. Cependant, nous sommes des pécheurs dans un monde perdu, et il y aura encore des tragédies et des cœurs brisés.

Je pourrais ajouter que les plus grandes tragédies dont j’ai été témoin dans le courant de mon ministère ne sont pas celles qui ne peuvent pas être expliquées, mais celles qui le peuvent. Quand des jeunes, immatures, ont infecté leur corps avec des maladies vénériennes ou des drogues toxiques, et qu’ensuite des femmes ont mis au monde des bébés mal formés ou en mauvaise santé, vous ne pouvez vous empêcher d’être navrés pour les bébés. Personne ne peut « blâmer Dieu » pour de telles conséquences !

Quand les bébés meurent, ils vont au ciel. Lorsque le petit enfant du roi David mourut, le roi dit : « Puis-je le faire reve-nir ? Moi, j’irai vers lui, mais lui ne reviendra pas vers moi » (2 Samuel 12 : 23). Où devait aller David en dernier lieu ? « Je reviendrai dans la maison de l’Éternel pour la durée de mes jours » (Psaume 23 : 6) (version Segond : « jusqu’à la fin de mes jours » ; versions anglo-saxonnes : « forever », c’est-à-dire pour toujours).

Il peut sembler cruel que d’innocents petits enfants souf-frent tellement, mais nous devons croire que Dieu contrôle toutes choses et sait ce qu’il fait. On ne doit certainement pas blâmer Dieu pour le mal que des hommes et des femmes

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175Questions que vous vous posez peut-être

pécheurs font à leurs enfants ; Jésus prononça quelques paroles cinglantes contre de telles personnes (Matthieu 18 : 1-10).

Question : Vous abordez la souffrance d’une façon tel-lement défaitiste ! Vous voulez que nous nous contentions d’abandonner la lutte, de ne pas nous battre ! Je ne suis pas d’accord avec cette façon de voir.

Réponse : Si je vous ai donné l’impression que je conseille aux personnes souffrantes d’abandonner, je le regrette vive-ment, parce que ce n’est pas du tout ce que je recommande, et ce n’est pas non plus ce que dit la Bible. Quand vient la souf-france, nous devons combattre – mais nous devons faire atten-tion à nous battre contre le véritable ennemi, avec les vraies armes et pour une bonne cause.

Comme je l’ai mentionné au chapitre 8, l’acceptation de la souffrance est différente de la résignation. L’acceptation fait partie du « combat ». Nous disons au Seigneur : « J’accepte le défi ! Toi et moi allons transformer cette souffrance en une servante, et non en un maître ». La résignation est une chose passive ; elle est le signe que nous avons abandonné. Mais l’ac-ceptation est active ; elle est le signe que nous avons confiance en Dieu : il nous fera la grâce de nous aider à transformer une tragédie apparente en un triomphe.

Supposons que nous décidions de nous « défendre » dans le sens usuel du terme. Quel ennemi allons-nous combattre en priorité ? La douleur ? La futilité apparente de l’expérience ? Les médecins ? Dieu ? Mon expérience propre m’apprend que mon plus grand ennemi, c’est moi-même. Tant que je n’ai pas eu la victoire sur moi-même, je ne suis pas en état de déclarer la guerre à qui ou à quoi que ce soit !

Non, l’approche de la souffrance par le chrétien (que j’ai décrite dans le huitième chapitre) n’est pas du tout une attitude

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Quand la vie chancelle176

défaitiste. Elle demande une très grande dose de foi et de cou-rage, car vous ne pensez plus à vous-même, vous pensez à la gloire de Dieu et au bien des autres.

Question : Que se passe-t-il pour une personne qui n’est pas une « âme courageuse » avec beaucoup de foi ? Comment peut-elle gérer « les choses mauvaises » ?

Réponse : Vous commencez là où vous êtes. L’une des belles caractéristiques de la foi chrétienne est que Jésus nous accepte tels que nous sommes. Nous n’avons pas à nous qua-lifier pour le connaître ! Avec honnêteté, admettez tout simple-ment ce que vous êtes et où vous êtes, et demandez-lui de faire de vous ce qu’il veut. Les « grands saints » de l’Histoire n’ont pas débuté au sommet : ils ont tous commencé quelque part près du fond, et ils ont laissé Dieu développer leur foi et leur caractère. Souvenez-vous toujours que ce n’est pas la force de votre foi qui compte, mais bien l’objet de votre foi. Si vous faites confiance à Dieu, vous recevrez alors tout ce que Dieu veut vous donner.

Question : Un de nos amis déclare que « l’expiation inclut la guérison », et que chaque chrétien a le droit de récla-mer la guérison et une parfaite santé à cause de la Croix. Êtes-vous d’accord ?

Réponse : Non, je ne suis pas d’accord, et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cet enseignement est contredit par l’ex-périence. Paul avait son « écharde dans la chair », et pourtant, il était un croyant consacré. Timothée avait apparemment des problèmes d’estomac (1 Timothée 5 : 23) et Épaphrodite faillit mourir à Rome lorsqu’il servait Paul (Philippiens 2 : 25-30).

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177Questions que vous vous posez peut-être

Paul a fait l’éloge d’Épaphrodite pour sa piété, aussi, nous ne pouvons pas dire qu’il ait été malade en raison de sa désobéis-sance ou de son manque de foi. J’ai étudié bien des biographies chrétiennes pendant plus d’un quart de siècle, et je puis vous affirmer que beaucoup de grands serviteurs et servantes de Dieu ont souffert dans leur corps et que, cependant, ils ont servi Dieu fidèlement.

Je rejette aussi cet enseignement pour des raisons doc-trinales. Le passage biblique généralement cité pour prouver « la guérison dans l’expiation » se trouve dans Ésaïe 53 : 4-6. Quand Christ mourut sur la croix, il mourut certainement pour nos péchés et porta les conséquences de nos fautes. Ce salut qu’il nous a acquis nous assure également qu’un jour nous aurons un corps glorifié, au ciel (Philippiens 3 : 20, 21). Mais nous ne possédons pas encore ce corps glorieux ; nous « sou-pirons » encore dans notre corps actuel (Romains 8 : 22, 23).

Si la guérison physique était actuellement une partie de notre salut, alors chaque pécheur qui met sa foi en Christ devrait être guéri instantanément de n’importe quelle maladie ou handicap dont il souffre. Et ce n’est tout simplement pas ce qui se passe. La « guérison » mentionnée dans Ésaïe 53 : 5 (« et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ») est principalement spirituelle – il s’agit de la maladie du péché – tout au moins, c’était la façon dont Pierre l’interprétait (1 Pierre 2 : 21-24).

Sincèrement, je déplore cet enseignement parce qu’il conduit à la confusion et au désespoir. Quand les gens s’atten-dent à ce que Dieu fasse quelque chose qu’il n’a pas promis de faire, ils risquent de devenir amers, ou d’abandonner leur foi quand Dieu n’agit pas selon « sa promesse ». Si la guérison fait partie de l’expiation et si je réclame cette guérison mais ne la reçois pas, alors peut-être n’ai-je jamais reçu l’expiation

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Quand la vie chancelle178

elle-même ! Je peux encore être un pécheur perdu ! Vous voyez les problèmes que cela entraîne.

Laissez-moi ajouter ceci : cet enseignement de la « gué-rison dans l’expiation » est en accord avec la philosophie de Satan et des amis de Job. Il donne une priorité plus grande au physique qu’au spirituel. « Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ? » (Job 1 : 9). Dans ce cas, les gens met-traient en Christ leur confiance, non pas parce qu’ils sont des pécheurs perdus ayant besoin d’être sauvés, mais parce qu’ils veulent tout simplement retrouver la santé.

Il vaut la peine de noter que Matthieu a appliqué Ésaïe 53 : 4 au ministère terrestre de notre Seigneur (Matthieu 8 : 14-17). Quand Jésus guérissait les malades, il portait leurs afflictions, non pas dans le sens d’un substitut mais en tant que divin Médecin. Jésus n’était pas encore mort sur la croix, et pourtant Matthieu appliqua Ésaïe 53 : 4 à son ministère !

La guérison définitive et la glorification du corps font cer-tainement partie des bénédictions du Calvaire pour le chrétien croyant. La guérison immédiate n’est pas garantie. Dieu peut guérir toute maladie – excepté la dernière ! – mais il n’est pas obligé de le faire.

Question : Et la Shoah ? (l’extermination des Juifs)

Réponse : Je ne sais pas très bien à quoi vous vous référez dans cette question. Voulez-vous dire : « Pourquoi cela est-il arrivé ? » ou « Pourquoi Dieu ne l’a-t-il pas arrêté ? »

Dans l’Histoire, il y a toujours eu des tragédies, et la Shoah est l’une des plus grandes. Les principes que j’ai énon-cés dans le chapitre 11 s’appliquent ici. La grande question n’est pas : « Pourquoi six millions de Juifs sont-ils morts ? » mais « Pourquoi vous et moi sommes-nous encore vivants ? »

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179Questions que vous vous posez peut-être

Il ne fait aucun doute que la Shoah révèle la méchanceté du cœur humain. Un humaniste optimiste aura beaucoup de mal à expliquer pourquoi cela est arrivé. Au lieu de blâmer Dieu, nous avons besoin de nous tourner vers lui et de nous repentir ! J’espère que la tragédie de la Shoah sera un rappel constant pour l’humanité que l’éducation, la science et même la religion ne rendent pas une nation moralement intègre. Il doit y avoir une foi vivante en Dieu. La nation qui a perpétré cette tragédie était celle qui était héritière de la Réforme !

Le pire jugement que Dieu puisse porter sur un individu ou une nation est de lui permettre de suivre sa propre voie. Le commentaire à ce sujet se trouve dans Romains 1 : 18-32, et je vous recommande de le méditer.

Question : Comment puis-je être le mieux préparé pour faire face à une tragédie, qui arriverait soit à moi, soit à ceux que j’aime ?

Réponse : En faisant confiance à Jésus-Christ et en mar-chant avec lui jour après jour ; en passant du temps à méditer sa Parole afin que votre foi soit dynamique et en progrès, en ten-dant les mains vers les autres ; en établissant des rapports enri-chissants avec votre famille et vos amis, en faisant confiance à Dieu pour les « petits problèmes » de la vie et en le regardant régler ces problèmes.

Mais laissez-moi ajouter cet avertissement : n’adoptez pas, face à la vie, une attitude craintive et pessimiste ! Si vous avez peur de la vie, vous commencerez à créer vos propres problèmes, que vous le vouliez ou non ! « Dieu est amour ; celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. […] Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte… » (1 Jean 4 : 16, 18).

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Quand la vie chancelle180

Faites face à la vie avec un esprit enthousiaste ! Dieu a prévu de grandes choses pour ses enfants. Votre Père céleste vous prépare toujours pour ce qu’il a en vue pour vous ; restez donc près de lui. Servez les autres et aidez-les à porter leurs fardeaux. Vous serez prêt si la souffrance survient, et Dieu vous aidera à la traverser.

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Annexe 2

Une petite anthologie

Tout au long des années, au cours de mes lectures et de mon ministère personnel, j’ai découvert quelques affirma-tions de choix sur des vérités spirituelles et philosophiques qui m’ont beaucoup aidé. Chaque fois que j’en ai fait part à d’autres, dans la relation d’aide ou la prédication, elles ont fait beaucoup de bien. Je les partage donc maintenant avec vous.

Ah, si vous saviez quelle paix on trouve dans une douleur acceptée.

Madame Guyon

Il est plus important de prier pour la conversion de la douleur que pour sa suppression.

P. T. Forsythe

Faites de vos épreuves des amies, comme si vous deviez toujours vivre avec elles.

Saint François de Sales

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Quand la vie chancelle182

C’est l’œuvre de la foi que de réclamer et d’interpeller des bontés dans les coups les plus rudes de Dieu.

Samuel Rutherford

Nous devons laisser à Dieu tout ce qui dépend de lui et penser seulement à être fidèle dans tout ce qui dépend de nous.

François Fénelon

Dieu, rends-moi brave à vieOh, bien plus brave que ceci !Laisse-moi me redresser après la douleurComme un arbre se redresse après la pluie,Brillant et charmant à nouveau.Dieu, rends-moi brave à vieOh, bien plus brave que ceci !Comme l’herbe poussée par le vent, élevons-nousAu-dessus du chagrin, les yeux tranquillesSachant que ta voie est sage.Dieu, rends-moi brave. La vie apporteTant de choses aveuglantesAide-moi à garder la vueAide-moi à bien regarderAfin que hors des ténèbres jaillisse la Lumière.

Grace Noll Crowell

Vous ne pouvez guérir votre douleur en la soignant ; mais vous pouvez la guérir en soignant la souffrance de quelqu’un d’autre.

George Matheson

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183

Il n’y a aucun avantage à marcher tristement. Tout l’avan-tage qu’un homme reçoit vient de sa joie. Les avantages des feux de la souffrance ne se trouvent pas dans les choses qu’ils consument. Le plus doux de tous les usages de l’adversité est de me montrer la joie qu’elle ne peut m’enlever.

George Matheson

Le Dieu d’Israël, le Sauveur, est parfois un Dieu qui se cache, mais jamais un Dieu qui s’absente ; parfois il se trouve dans l’obscurité mais jamais à distance.

Matthew Henry

Personne n’a jamais sombré sous le fardeau quotidien. C’est lorsque le fardeau de demain est ajouté à celui d’au-jourd’hui que le poids est plus lourd que ce qu’un homme peut supporter. Ne vous chargez jamais autant. Si vous vous retrouvez ainsi chargés, souvenez-vous au moins de ceci : c’est votre œuvre, non celle de Dieu. Il vous supplie de lui laisser l’avenir et de vous occuper du présent.

George Mac Donald

Dans l’embarras – quand nous ne savons que faire – quand nous ne pouvons comprendre ce qui se passe autour de nous, restons calmes, assurés et patients à la pensée que ce qui nous est caché ne l’est pas pour lui.

Frances Ridley Haversal

Ne vous imaginez pas que vous pourriez être quelque

Une petite anthologie

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chose si seulement vous aviez un sort et une sphère dif-férents qui vous soient assignés. Les choses que vous désapprouvez le plus, comme des limitations ou obstruc-tions fatales, sont probablement celles que vous désirez le plus. Ce que vous appelez obstacles, empêchements, découragements, sont probablement les occasions que Dieu vous envoie.

Horace Bushnell

Vous n’avez pas à rechercher Dieu ; vous n’avez qu’à vous rendre compte de son existence.

Gerhart Tersteegen

Réfléchissez et ne vous préoccupez en aucune façon de ce qui arrivera. Aimez et souffrez dans le moment présent, en pensant plus à Dieu et à sa puissance qu’à vous-même et à votre faiblesse. Si la souffrance augmente, la grâce s’accroîtra aussi.

Gerhart Tersteegen

La souffrance sans amour est bonne pour les damnés. L’amour sans souffrance est pour les bénis. Ici sur terre, nous honorons Dieu de deux façons, comme enfants de l’amour et comme crucifiés.

Gerhart Tersteegen

Je ne prie pas pour un fardeau plus léger mais pour un dos plus solide.

Phillips Brooks

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Tout ce que j’ai vu m’enseigne à faire confiance au Créateur pour tout ce que je n’ai pas vu.

Ralph Waldo Emerson

Un peu de foi enverra votre âme au ciel, mais beaucoup de foi amènera le ciel dans votre âme.

Dwight L. Moody

Dieu a jugé qu’il valait mieux tirer le bien du mal que de ne pas permettre au mal d’exister.

Saint Augustin

Là où se trouve votre plaisir, là aussi se trouve votre trésor ; là où se trouve votre trésor, là aussi est votre cœur ; là où est votre cœur, là se trouve votre bonheur.

Saint Augustin

Ne méprise pas ton école de souffrance, ô mon âme ; elle te donnera une part unique dans le chant universel.

George Matheson

Dieu a donné des fardeaux, mais aussi des épaules.Proverbe Yiddish

Les joies fécondent ; les souffrances enfantent.William Blake

Une petite anthologie

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Quand la vie chancelle186

La souffrance est étroitement liée à la liberté. Rechercher une vie dans laquelle il n’y aura plus de douleurs, c’est rechercher une vie dans laquelle il n’y aura plus de liberté.

Nicolas Berdiaeff

La prière, c’est pour quoi ? Pour mettre chaque pensée en relation avec celle de Dieu ; pour regarder chaque chose comme son œuvre et son rendez-vous ; pour lui soumettre chaque pensée, chaque souhait et chaque résolution ; pour sentir sa présence afin qu’elle nous maîtrise même dans nos joies les plus folles. C’est cela, la prière.

Frédéric W. Robertson

Notre souffrance ne mérite pas d’être appelée souffrance. Quand je considère mes croix, tribulations et tentations, je suis honteux presque à en mourir en pensant à ce qu’elles sont en comparaison des souffrances de notre bien-aimé Sauveur Jésus-Christ.

Martin Luther

L’aide la plus véritable que nous puissions apporter à un homme affligé n’est pas de lui enlever son fardeau mais de faire appel à sa plus grande énergie afin qu’il soit capable de porter ce fardeau.

Phillips Brooks

Pourquoi devrais-je trembler devant la charrue de mon Seigneur, qui trace des sillons profonds dans mon âme ? Je sais qu’il n’est pas un cultivateur oisif ; il compte avoir une récolte.

Samuel Rutherford

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L’adversité est la poussière de diamants avec laquelle le Ciel polit ses joyaux.

Robert Leighton

Dieu possède un Fils sans péché, mais aucun sans souf-frances.

John Trapp

Nous pouvons sentir sur nous la main de Dieu en tant que Père quand il nous frappe aussi bien que lorsqu’il nous caresse [N.D.T. : Il y a un jeu de mots entre les verbes he strikes, il frappe, et he strokes, il caresse].

Abraham Wright

Ô combien de gens ont pu être entraînés vers l’enfer dans les chariots des plaisirs terrestres, tandis que d’autres ont été poussés vers le Ciel avec le fouet de l’affliction !

John Flavel

Une petite anthologie

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Encouragements tirés des Écritures

Celui qui juge toute la terre n’agira-t-il pas selon le droit ?Abraham – GENèSE 18 : 25

Le Dieu d’éternité est un refuge, sous toi se trouvent des bras éternels.

Moïse – DEUTÉRONOME 33 : 27

Ne t’ai-je pas donné cet ordre : fortifie-toi et prends cou-rage ? Ne t’effraie pas et ne t’épouvante pas, car l’Éternel ton Dieu, est avec toi partout où tu iras.

JOSUÉ 1 : 9

Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort.

David – PSAUME 23 : 4

Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu sur moi ? Attends-toi à Dieu, car je le célébrerai encore ; Il est mon salut et mon Dieu.

Fils de Koré – PSAUME 42 : 12

Sois sans crainte, car je suis avec toi ; n’ouvre pas des yeux inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite victorieuse.

ÉSAïE 41 : 10

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189Une petite anthologie

Si tu traverses les eaux, je serai avec toi et les fleuves, ils ne te submergeront pas ; si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas et la flamme ne te consumera pas. Car je suis l’Éternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur.

ÉSAïE 43 : 2, 3

Quand les montagnes s’ébranleraient, quand les collines chancelleraient, ma bienveillance pour toi ne sera pas ébranlée, et mon alliance de paix ne chancellera pas, dit l’Éternel, qui a compassion de toi.

ÉSAïE 54 : 10

À celui qui est ferme dans ses dispositions, tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi.

ÉSAïE 26 : 3

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.

MATTHIEU 11 : 28-30

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TABLE DES MATIÈRES

Dédicace ............................................................................ 5

Note de l’éditeur ................................................................. 7

Chapitre 1 À vous qui souffrez ............................................................ 9

Chapitre 2 La question vraiment importante .................................. 15

Chapitre 3 À quel point Dieu est-il grand ?  ..................................... 23

Chapitre 4 Des réponses venant d’un tas de cendres ...................... 39

Chapitre 5 Images de souffrance  ...................................................... 55

Chapitre 6 Le Dieu qui se préoccupe de nous  .................................. 83

Chapitre 7 Le Dieu qui souffre ........................................................ 101

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Quand la vie chancelle192

Chapitre 8 Quand la vie chancelle, comment priez-vous ? ........... 115

Chapitre 9 Le caractère ................................................................... 133

Chapitre 10 Vous ne souffrez jamais seul ......................................... 145

Chapitre 11 La question des désastres ............................................. 153

Chapitre 12 L’espérance .................................................................... 159

Annexe 1Questions que vous vous posez peut-être ................... 171

Annexe 2Une petite anthologie ................................................... 181

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chancelleWarren W. Wiersbe • Professeur et conférencier américain mondialement connu, il a été pasteur de plusieurs Églises aux États-Unis, dont l’Église Moody à Chicago. Il est l’auteur de nombreux livres, dont Soyez toujours fidèle, Supérieur aux anges, Tous égaux devant Jésus et une série de Commentaires des livres du Nouveau Testament.

Pourquoi dois-je souffrir ?Y a-t-il une raison à ma souffrance ?Pourquoi de mauvaises chosesarrivent-elles aux « gens bien » ?

Les hommes se posent ces questions depuis la nuit des temps. Par une réflexion approfondie, l’auteur essaie d’apporter des réponses à ces questions essentielles qui nous tenaillent. Il nous propose un point de vue biblique sur les raisons et le but de la souffrance.« Souffrir sans espoir, c’est vivre dans le désespoir », nous dit W. Wiersbe. Avec sensibilité et compassion, il cherche à aider ceux qui sont troublés par les surprises douloureuses de la vie. Il montre comment réagir quand notre vie vole en éclats.

ISBN X-XXXX-XXXX-X / No ELB XXX XXX-X

Éditeurs de Littérature Biblique asbl

Chaussée de Tubize, 4791420 Braine-l’Alleud Belgique

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Des réponsespour ceux qui souffrent.

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