11
L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect Article original Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ? Where do we have to place specific language impairment in infantile psychopathology? Véronika Taly (Psychologue clinicienne) LPCP (EA 40 56), université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, institut de psychologie, 71, avenue Édouard-Vaillant, 92100 Boulogne-Billancourt, France Rec ¸u le 12 ecembre 2011 Résumé La rencontre avec la population d’enfants dysphasiques au sein d’un Centre Référent du Langage a alimenté des questionnements concernant notamment l’articulation avec l’organisation de la personnalité et le projet de soins à proposer. Objectifs. Ce travail de recherche propose d’étudier le fonctionnement psychique d’enfants diagnostiqués dysphasiques âgés entre 6 et 11 ans. L’hypothèse centrale est le caractère transnosographique de ce trouble dans le champ de la psychopathologie infantile malgré les critères d’exclusion établis par les classifications franc ¸aise et internationale. Méthode. La mise à l’épreuve de notre hypothèse s’appuie sur la complémentarité de trois épreuves projec- tives : Rorschach, C.A.T/T.A.T et Scéno-test, afin d’éclairer les problématiques et aménagements défensifs de ces jeunes patients en dégageant à la fois les traits communs et les aspects plus singuliers. L’analyse du matériel s’est faite dans la perspective psychodynamique. Résultats. Au sein de notre population de 23 enfants dysphasiques, nous avons regroupé : 11 enfants rele- vant d’une organisation limite de l’enfance, 7 enfants du registre de la psychose et 5 enfants du registre de l’organisation névrotique. Toute référence à cet article doit porter mention : Taly V. Quelle place pour le trouble spécifique du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ? Evol Psychiatr 2014; 79(2) pages (pour la version papier) ou adresse URL et date de consultation (pour la version électronique). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] 0014-3855/$ see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2013.09.005

Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect

Article original

Quelle place pour le trouble spécifique dudéveloppement du langage oral, ou dysphasie de

l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?�

Where do we have to place specific language impairment in infantilepsychopathology?

Véronika Taly (Psychologue clinicienne) ∗LPCP (EA 40 56), université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, institut de psychologie, 71, avenue Édouard-Vaillant,

92100 Boulogne-Billancourt, France

Recu le 12 decembre 2011

Résumé

La rencontre avec la population d’enfants dysphasiques au sein d’un Centre Référent du Langage aalimenté des questionnements concernant notamment l’articulation avec l’organisation de la personnalité etle projet de soins à proposer.Objectifs. – Ce travail de recherche propose d’étudier le fonctionnement psychique d’enfants diagnostiquésdysphasiques âgés entre 6 et 11 ans. L’hypothèse centrale est le caractère transnosographique de ce troubledans le champ de la psychopathologie infantile malgré les critères d’exclusion établis par les classificationsfrancaise et internationale.Méthode. – La mise à l’épreuve de notre hypothèse s’appuie sur la complémentarité de trois épreuves projec-tives : Rorschach, C.A.T/T.A.T et Scéno-test, afin d’éclairer les problématiques et aménagements défensifsde ces jeunes patients en dégageant à la fois les traits communs et les aspects plus singuliers. L’analyse dumatériel s’est faite dans la perspective psychodynamique.Résultats. – Au sein de notre population de 23 enfants dysphasiques, nous avons regroupé : 11 enfants rele-vant d’une organisation limite de l’enfance, 7 enfants du registre de la psychose et 5 enfants du registre del’organisation névrotique.

� Toute référence à cet article doit porter mention : Taly V. Quelle place pour le trouble spécifique du langage oral, oudysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ? Evol Psychiatr 2014; 79(2) pages (pour la version papier)ou adresse URL et date de consultation (pour la version électronique).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

0014-3855/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2013.09.005

Page 2: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

262 V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

Discussion. – La diversité des registres de fonctionnement de la personnalité repérée au sein de notre échan-tillon tend à conforter notre hypothèse sur le caractère transnosographique de la dysphasie dans le champde la psychopathologie infantile.Conclusion. – La clinique projective se révèle précieuse aussi pour ces enfants dysphasiques puisque de cefait leur prise en charge thérapeutique ne se limite pas à la fonction instrumentale et qu’un soin psychiquepeut être proposé pour nombre d’entre eux.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Enfant ; Trouble du langage ; Trouble spécifique du développement du langage oral (TSDLO) ; Dysphasie ;Test psychologique ; Test projectif ; Rorschach ; CAT ; TAT ; Scéno-test ; Nosologie ; Diagnostic

Abstract

The encounter with a population of dysphasic children in a Language Impairment Centre has raisedquestions notably regarding the articulation with the organisation of each personality and the project of careto be proposed.Objectives. – This research work proposed to study the mental functioning of children aged 6 to 11 anddiagnosed with dysphasia. The central hypothesis was the transnosographic nature of this disorder in the scopeof an infantile psychopathology, despite the exclusion criteria established by the French and internationalclassifications.Method. – The testing of our hypothesis was based on the complementary nature of three projective tests: theRorschach, the CAT/TAT and the Sceno-test, in order to shed light on the problems and defensive adjustmentof these young patients by underlining the mutual characteristics and the most uncommon aspects. Analysisof the material was conducted in a psychodynamic perspective.Results. – Within our population of 23 dysphasic children, we regrouped: 11 having developed borderlinepersonality traits in childhood, 7 children with psychosis and 5 children presenting neurotic personality traits.Discussion. – The diversity of the functioning personality registers discovered in our sample tends to confirmour hypothesis of the transnosographical nature of dysphasia within the infantile psychopathological field.Conclusion. – The projecting clinical picture is precious for these dysphasic children, since their therapeuticmanagement is not only limited to the instrumental function, and mental care can be proposed to many ofthem.© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Child; Language disorder; Specific Language Impairment (SLI); Developmental dysphasia; Psychologicaltest; Personality Test; Rorschach; CAT; TAT; Sceno-test; Nosology; Diagnosis

1. Introduction

Notre rencontre avec une population d’enfants dysphasiques, au sein d’un Centre Référentdu Langage, nous a confrontée à des questionnements théorico-cliniques et nous a conduiteà reconsidérer la place de ce trouble en psychopathologie infantile. Rappelons d’abord que lesCentres Référents du Langage ont été créés au début des années 2000 en France avec pour missionde répondre aux problèmes des troubles des apprentissages et notamment du langage, lesquelstroubles ont été récemment intégrés à la notion élargie de handicap ; l’enjeu étant de réduirel’échec scolaire et l’illettrisme.

Dans l’acception actuelle, ces troubles « dys- » font partie des troubles instrumentaux, pourlesquels il y a l’idée d’un déficit à combler, d’un trouble à réduire ou à rééduquer selon lemodèle théorique neurologique. Cette appréhension du trouble tend à réduire la complexité

Page 3: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 263

psychique contextuelle à l’apparition de ces troubles spécifiques des apprentissages [1], lesquelssont désignés comme des troubles primaires.

Le terme de dysphasie a été proposé dans les années 1960 par J. de Ajuriaguerra [2], pédopsy-chiatre et psychanalyste. Il prônait une lecture dynamique du trouble du langage oral de l’enfanten intégrant la prise en compte globale du sujet en lien avec l’affectivité. Or au fil du temps, laquestion des dysphasies de l’enfant est devenue un objet d’étude très investi par le champ dela neuropsychologie et par contre relativement peu étudié par la perspective psychodynamique.Actuellement, les anglophones ne reconnaissent plus cette entité pathologique, la littérature décritplutôt le specific language impairment composé de syndromes variés, alors que les neuropsycho-logues francophones [3,4] défendent la terminologie de dysphasie développementale. Concernant,la définition de la dysphasie, elle s’est longtemps faite par exclusion, récemment une ouvertureest apparue à travers une nouvelle définition :

« trouble [prédominant] du langage, dans les sphères expressive ou expressive et récep-tive, qui s’observe par des atteintes variables affectant le développement de plus d’unecomposante du langage, phonologie, morphologie, syntaxe, sémantique, pragmatique. Enplus d’une hétérogénéité des manifestations de ce trouble d’un individu à l’autre, il se carac-térise, chez un même individu, par sa persistance, la variabilité du portrait clinique dans letemps, de même que par une forte probabilité qu’il y ait peu d’évolution sans intervention.La dysphasie est souvent accompagnée d’autres signes et peut aussi coexister avec d’autresdéficiences. La dysphasie a des répercussions qui peuvent entraver le développement et lefonctionnement de l’individu sur les plans personnel, social, scolaire et professionnel. Parconséquent, la dysphasie engendre des situations de handicap et des préjudices variablespour l’individu et son entourage selon les circonstances et à tous les âges de la vie » ([4],p. 163–164).

Lorsque nous étudions les classifications nosographiques et la revue de la littérature portantsur ce trouble, nous faisons un constat paradoxal :

• alors que les classifications internationales (DSM-IV [5], CIM-10 [6]) et francaises tendent àexclure du diagnostic de dysphasie toutes les manifestations de désorganisation profonde etsévère de la personnalité, qu’il s’agisse d’autisme, de syndrome d’Asperger ou de psychose(pour la CFTMEA [7]), de nombreuses publications soulignent la présence de traits autistiquesou psychotiques chez des enfants dysphasiques [2,8–14]. D’autres cliniciens évoquent aussi despassages d’une désorganisation profonde de la personnalité vers la dysphasie (« dysphasie post-autistique »1), mais également l’inverse avec des enfants d’abord diagnostiqués dysphasiquespuis autiste d’Asperger (ou syndrome d’Asperger) [4]. Ainsi, les diagnostics différentiels sontdiscutés dans plusieurs articles, qui sont pour certains en faveur d’un rapprochement entredysphasie et autisme, ou dysphasie et psychose ;

• par contre, les organisations névrotiques, qui théoriquement n’excluent pas le diagnostic dedysphasie selon les classifications actuelles, sont peu (voire pas) repérées dans les tableauxcliniques d’enfants dysphasiques. En dehors de quelques auteurs [2,12], la littérature du champpsychanalytique décrit très peu cette association d’un diagnostic de dysphasie chez un enfant

1 Suarez-Labat H. : Communication orale à la Xe Journée de l’Association Clinique des Apprentissages (CLINAP)(06/04/2008).

Page 4: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

264 V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

ayant une personnalité du registre de la névrose ; cette association semble peu courante alorsque les classifications laissent penser qu’il s’agirait de la majorité des enfants dysphasiques ;

• enfin, il nous semble qu’il existe un consensus dans la revue de la littérature pour convenir del’association du diagnostic de dysphasie avec des troubles du registre des pathologies limitesde l’enfance (notamment les dysharmonies évolutives). Ce diagnostic associé s’avère admisdans la classification francaise des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (CFTMEA).Ainsi, les diagnostics associés de pathologies limites de l’enfance et de dysphasie apparaissentsatisfaire nombre d’auteurs et de cliniciens-chercheurs [9,12], à la fois parce que cette associa-tion correspond à leur clinique et parce qu’elle respecte la classification francaise sous-tenduepar la théorie psychanalytique.

Ainsi, le trouble dysphasique reste encore aujourd’hui l’objet de débats, de questionnementset son diagnostic différentiel reste un sujet polémique ; ceci nous a poussés à réinterroger sa placedans le champ de la psychopathologie.

2. Hypothèse

Parmi les hypothèses développées dans notre recherche [15], nous présentons ici l’une d’elle.Nous pensons qu’il peut exister diverses organisations psychopathologiques parmi les enfantsdysphasiques, nous faisons l’hypothèse du caractère transnosographique de la dysphasie dans lechamp de la psychopathologie infantile. À partir de l’étude de l’organisation de la personnalité desenfants dysphasiques, nous pensons retrouver un large éventail de fonctionnements psychiquesallant du registre de la névrose, à celui du registre de la psychose.

3. Patients et méthodes

La recherche a été conduite dans un Centre Référent du Langage (CDL) au sein d’un CHU de larégion parisienne. La pratique institutionnelle au sein de ce CDL propose des bilans approfondis etpluridisciplinaires (pédopsychiatre, orthophoniste, psychologue clinicienne, psychomotricienne,parfois avis neuropsychologique) à tout enfant ayant un trouble du langage et qui ne présente pasde traits autistiques. Le recrutement de la population de recherche s’est fait au fil des rencontresde consultations et des évaluations diagnostiques (à valeur d’expertise puisque émanant d’unCentre Référent Du Langage). Les enfants inclus dans l’échantillon présentaient des troublessévères du langage oral ayant été diagnostiqués dysphasiques par une orthophoniste de l’équipe,en référence à la sémiologie proposée par I. Rapin et D. Allen [16]. Pour les enfants évoluantdans un environnement bilingue, la déstructuration du langage se retrouvait également dans lalangue maternelle. En complément des épreuves orthophoniques, des évaluations intellectuelles(K-ABC ou EDEI-R ou WISC–IV) ont permis d’exclure les enfants présentant une déficienceintellectuelle.

La population de recherche compte vingt-trois enfants dont six filles et dix-sept garcons. Cetéchantillon n’est pas suffisant pour une étude épidémiologique, néanmoins il nous permet dedégager des indices issus de l’exploration clinique (Tableau 1).

3.1. Méthodes et opérationnalisation

Pour mettre à l’épreuve la diversité des organisations sous-jacentes de fonctionnement dela personnalité parmi les enfants dysphasiques (en référence aux organisations de personnalité,

Page 5: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 265

Tableau 1Répartition de l’échantillon selon le sexe et l’âge.

Fillesn = 6

Garconsn = 17

Âgé entre 6 ans et 8 ans 3 11Âgé entre 9 ans et 11 ans 3 6

névrotique, limite et psychotique), nous avons choisi d’exploiter les données recueillies à l’aided’outils projectifs.

Nous avons choisi de prendre appui sur des travaux issus de la perspective psychodynamiqued’interprétation des épreuves projectives notamment en clinique infantile. Cette démarche est par-ticulièrement promue par le Laboratoire de psychologie projective de l’université Paris Descartes,en partenariat avec d’autres universités (dont Paris VII, Paris XIII, Lyon II). Pour chaque enfant,nous avons articulé trois épreuves projectives spécifiques et complémentaires, le Rorschach, leC.A.T (ou le T.A.T en fonction de l’âge de l’enfant) et le Scéno-test ; Deux de ces épreuvesimpliquent l’expression langagière tandis que la dernière n’engage pas nécessairement le langageverbal.

3.1.1. RorschachSon matériel non figuratif met à l’épreuve, de facon privilégiée, l’organisation identitaire,

c’est-à-dire qu’il permet d’éprouver la solidité des processus d’individuation et est donc sensibleà la désintégration de la représentation de soi ; le Rorschach autorise une expression langagièrelimitée.

3.1.2. CAT ou TATLes planches du CAT et du TAT décrivent des scènes où les sollicitations latentes interrogent les

différents registres de l’angoisse et mettent à l’épreuve les représentations de relation. L’analysedes procédés du discours s’est faite avec la grille de dépouillement proposée par M. Boekholt[17], mais sans porter une insistance majeure aux troubles de la syntaxe par contre nous avons étésensibles aux variations chez un même enfant de la déstructuration du langage.

3.1.3. Scéno-testÉpreuve de jeu constituée d’une mallette avec des figurines humaines différenciées en genre et

en génération, des figurines para-humaines, des figurines animales, des objets évoquant la nature,des accessoires et mobilier domestique, des véhicules ainsi que des éléments de construction.L’enfant est invité à jouer, à construire une scène avec le matériel. Le jeu sollicite la motricitéet présente entre autre l’avantage de permettre une construction projective non tributaire descapacités langagières de l’enfant dysphasique. Pour l’analyse, nous avons utilisé l’adaptation queP. Roman propose de la grille des procédés de jeu de M. Boekholt [18].

À partir des protocoles livrés aux trois épreuves projectives, nous dégageons des hypothèsesd’organisation de la personnalité grâce à l’étude de quatre axes :

• Axe 1 : Analyse de la qualité du rapport au réel : bon/mauvais/instable ;• Axe 2 : Analyse de la nature de l’angoisse prévalente : angoisse de castration, angoisse de

séparation et d’abandon, angoisse de morcellement ;

Page 6: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

266 V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

• Axe 3 : Analyse de la qualité des représentations de relation : la relation est marquée parl’érotisation ou l’agressivité mais sur un mode suffisamment contenu ; marquée par la dépen-dance ou l’évitement du conflit, marquée par des fantasmes de persécution, de destruction. . .

• Axe 4 : Analyse de l’organisation identitaire et aspects identificatoires : l’axe identitaire altéré,menacé, ou bien fragile, instable voire marqué par l’insistance sur des traits narcissiques, oubien intègre et stable.

4. Résultats

Au sein de notre population de 23 enfants dysphasiques, nous avons regroupé :

• 11 enfants relevant d’une organisation limite de l’enfance ;• 7 enfants du registre de la psychose ;• et 5 enfants du registre de l’organisation névrotique.

Nous présentons une synthèse des résultats par groupe d’organisation de la personnalité avecquelques exemples cliniques (les prénoms sont des pseudonymes), extraits des études de cascliniques détaillés [15].

4.1. Le groupe des organisations limites de l’enfance (11 enfants)

Ces enfants dysphasiques ont été regroupés à partir des données d’analyse dégagées selon lesquatre axes de notre méthodologie.

La qualité du rapport au réel est insuffisante au sein de ce groupe, mais cette insuffisance nes’exprime pas de facon homogène.

Pour une partie des enfants (six), l’ancrage dans la réalité est insuffisant du fait del’hétérogénéité des indices de socialisation et de la pauvreté de la qualité des réponses formellesau Rorschach. Pour les cinq autres enfants de ce groupe, la qualité formelle des réponses au Ror-schach ainsi que les facteurs de socialisation sont préservés, néanmoins, l’instabilité de l’ancragedans la réalité commune se donne à voir dans la difficulté à reconnaître le contenu manifeste auxépreuves thématiques.

Une diversité d’angoisses : pour certains enfants, la nature de l’angoisse peut varier selonle support (non figuratif ou figuratif) des épreuves projectives, avec une problématique identi-taire marquée au Rorschach tandis que les épreuves thématiques donnent à entendre davantageune angoisse d’abandon. Ainsi, nous repérons la coexistence d’angoisse de morcellement oud’anéantissement avec des angoisses abandonniques chez certains enfants de ce groupe, commedans le cas de Steevy.

« J’ai vu un gros méchant, il veut casser un arbre, avec un couteau, il veut tuer des gens etdes enfants. Des gros pieds, des bras cassés, pas d’z’yeux, pas de nez, pas de bouche, pasde cheveux. »

Steevy, 7 ans, Planche IV du Rorschach.

« Y’a deux lits, un lit pour le petit l’ours, un grand lit pour le parent. Allumé pour fait paspeur. Un jour petit l’ours réveillé, et il voit pas ses parents. Et le père et la mère sont partisdans la forêt et des gens ont tué le père et la mère. Et les petits sont partis dans la forêt etils voient le père et la mère tués, ils ont pleuré. . . (bis) très longtemps. »

Steevy, 7 ans, Planche 5 du CAT.

Page 7: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 267

Pour d’autres, par contre, la fragilité narcissique et l’angoisse de perte d’objet primentdans l’ensemble des épreuves. Ainsi, certains protocoles donnent à entendre la menace del’effondrement narcissique, la fragilité des enveloppes corporelles, la sensibilité dépressive liéeau vécu de solitude qui peut ou non s’accompagner d’une quête d’étayage sur la relation d’objet.Enfin, un enfant, au sein de ce groupe, livre un protocole restrictif qui ne nous permet pas dedégager une angoisse prévalente.

Une hétérogénéité des registres relationnels entre les enfants de ce groupe et parfois chez unmême sujet selon les épreuves projectives voire au sein d’une même épreuve : soit hétérogénéitédes registres relationnels, soit l’évitement relationnel, soit la relation de dépendance, la quêterelationnelle.

Une hétérogénéité de la qualité de l’organisation identitaire. Pour certains, l’organisation iden-titaire est instable, avec la coexistence de représentations identitaires intègres de bonne qualitéavec des représentations plus fragiles, voire altérées. Pour d’autres enfants, l’organisation iden-titaire témoigne plus clairement de fragilité dans la construction de leur axe identitaire avec unedifficulté d’individuation, ou une problématique des limites. Enfin, deux enfants témoignent d’uneorganisation identitaire menacée voire atteinte dans leur intégrité. Enfin, seul un enfant parvientà dégager une organisation identitaire qui semble stable, mais la difficulté réside semble-t-il dansle choix identificatoire.

4.2. Le groupe du registre de la psychose (7 enfants)

Dans l’ensemble, ils présentent un manque d’ancrage dans la réalité commune. Pour sixdes sept enfants, l’ancrage dans la réalité est insuffisant sur l’ensemble des épreuves projectives(qualité insuffisante des formes percues au Rorschach, scotomes de personnages ou bizarreriesperceptives au T.A.T, difficulté à prendre en compte le contenu latent du matériel), tandis quepour l’un d’entre eux, il existe une hétérogénéité avec une possibilité transitoire de bon ancragedans la réalité commune.

L’angoisse de morcellement est prévalente, pour certains elle apparaît explicitement pouvantêtre associée à une angoisse de dévoration, tandis que pour deux autres enfants, elle se lit dans lalutte identitaire déployée dans les réponses projectives.

À l’exception d’un enfant (Miguel) au sein de ce groupe, les représentations de relation sontprincipalement des relations agressives, souvent destructrices ou bien des relations sur lesquellespèse un vécu de persécution.

Pour Andrew, nous pouvons noter une amorce d’ambivalence pulsionnelle bien que les récitssoient en-decà de la résolution œdipienne ; pour Andrew, la relation s’inscrit dans le registre dela destruction, voire de la dévoration :

« Je peux arrêter à 5 là. Euh. . .y’a une femme et un loup. La femme ouvre la porte, « j’aientend ca bouge un truc, j’ai entend un truc ». Toc, toc, toc « Qu’est-ce que ? » « C’est lapetite fille » « entre » « je vais te manger petite mamie » fin, F.I.N. »

Andrew, 10 ans, Planche 5 du TAT.

Dans le cas particulier de Miguel, il y a un évitement relationnel drastique à travers l’isolationdes personnages (C.A.T et Scéno-test) qui certes lui permet de mettre à distance la charge pulsion-nelle mais traduit aussi son incapacité à manier avec souplesse les conflits inhérents aux relationshumaines.

Le doute identitaire, l’instabilité identitaire et identificatoire, le télescopage des rôles coexistentau sein des protocoles des enfants de ce groupe. Nous retrouvons une précarité de l’axe identitaire

Page 8: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

268 V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

chez tous, en effet, les représentations de soi peuvent être tantôt altérées, tantôt menacées ou bienconfuses.

4.3. Le groupe « organisation d’allure névrotique » (5 enfants)

La qualité du rapport au réel est bonne pour l’ensemble des cinq enfants dysphasiques réunisdans ce groupe. Ils présentent de bons indices de socialisation, une bonne qualité formelle desréponses, une bonne reconnaissance du contenu manifeste et une sensibilité au contenu latentdes planches. Pour la majorité des ces enfants, nous percevons une conscience d’interpréter quipeut de facon transitoire se perdre, mais est suivie d’une récupération avec un retour à la réalitécommune.

La problématique dominante se réfère au conflit œdipien sans qu’il entraîne une angoissedésorganisante. Les protocoles des enfants de ce groupe renvoient à la question œdipienne avecdes éléments sexuels, plus ou moins agressifs, et l’expression de conflit de rivalité ; pour Hélène,11 ans, l’angoisse apparaît liée à l’idée d’une transgression, laquelle peut apparaître dans uncontexte de rapprochement érotisé (extrait pl. 6GF « le monsieur il est furieux d’elle. . . elle a faitune bêtise. . . est allée au restaurant avec quelqu’un. . . un monsieur »).

Néanmoins pour plusieurs, nous percevons une problématique de perte encore très active,gênant dans une certaine mesure le dépassement de la problématique de castration.

Les modalités relationnelles s’inscrivent entre un pôle labile, intégrant l’érotisation des rela-tions, tout en restant sensible au poids des interdits, et un pôle rigide, avec une mise à distancedu pulsionnel et un évitement relationnel. Dans ce cas, la défense contre les désirs interdits tendà figer les relations.

L’axe identitaire est intègre. La différence des générations est reconnue et stable pour quatred’entre eux. La question de l’identification sexuelle est établie pour certains tandis qu’il persisteparfois une instabilité identificatoire pour d’autres.

5. Discussion

Nos résultats mettent en évidence la diversité des registres de fonctionnement de la personnalitéau sein d’une population de 23 enfants dysphasiques, ce qui tend à conforter notre hypothèse surle caractère transnosographique de la dysphasie dans le champ de la psychopathologie infantile.Cette idée du caractère transnosographique de la dysphasie a été très tôt motivée par les rencontrescliniques et par le fait que nous ne voulions pas réduire le mode de fonctionnement du sujet àson « symptôme » ou « trouble ». Ainsi malgré une symptomatologie commune, la dysphasieou trouble spécifique du développement du langage oral, nous avons dégagé trois modalités defonctionnement en référence aux organisations de personnalité : névrotique, limite et psychotique.

Nos résultats sont concordants avec les classifications et la revue de la littérature qui recon-naissent la possibilité d’un diagnostic associé entre dysphasie et pathologie limite de l’enfance. Parcontre, les résultats de notre recherche contredisent les classifications nosographiques francaiseset internationales des troubles mentaux qui excluent du diagnostic de dysphasie (ou trouble spé-cifique du développement du langage oral), la présence de signes psychotiques. Nos résultatsvont toutefois dans la même direction que les travaux de certains cliniciens [10,12,13] qui sonten faveur d’un rapprochement entre psychose et dysphasie. Concernant les troubles autistiques(autisme de Kanner, Syndrome d’Asperger) et le rapprochement avec la dysphasie proposé parcertains auteurs tels que L. Danon-Boileau [11], I. Rapin [14] et d’autres, nous n’avons pas derésultats cliniques pour étayer cette position. En effet, les enfants présentant des traits autistiques

Page 9: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 269

n’ont pu être inclus dans notre échantillon de recherche, du fait d’un biais de recrutement car ilsétaient réorientés en pédopsychiatrie sans être recus au Centre Référent du Langage. Néanmoins,nous pouvons penser que le caractère transnosographique de la dysphasie concerne égalementdes enfants avec autisme2.

Nous avons constaté dans notre revue de la littérature qu’il existe peu d’illustrations cliniquesd’enfants dysphasiques relevant d’un fonctionnement névrotique. Toutefois, nos résultats nousont permis de regrouper les protocoles de 5 enfants dysphasiques en raison de la coloration glo-balement névrotique des associations livrées, la problématique œdipienne y est plus présente, elleaffleure, donnant à penser que ces enfants s’organisent dans le sens d’une possible élaboration duconflit œdipien.

L’originalité de notre méthodologie de recherche est d’avoir proposé trois outils projectifscomplémentaires dont l’épreuve de jeu du Scéno-test. Cette dernière épreuve a été introduitespécifiquement pour les besoins de notre recherche afin de disposer d’un matériel projectif moinstributaire des compétences langagières des enfants dysphasiques et offrant un support privilégiéà la symbolisation transitionnelle.

6. Conclusion

Alors que la dysphasie a tendance à être réduite à un trouble « instrumental », un trouble àcombler, un trouble à rééduquer par une rééducation orthophonique intensive, nous pensons quela mise en évidence du caractère transnosographique de la dysphasie vient souligner l’importancede l’évaluation de la personnalité pour ne pas réduire l’enfant à une entité de « Dys- » [19].Par conséquent, bien que la passation d’épreuves projectives puisse sembler mal aisée auprèsde cette population, qui de fait présente des troubles de l’expression verbale, l’évaluation dufonctionnement psychique a toute son importance pour enrichir l’échange pluridisciplinaire surle projet thérapeutique de chaque enfant. Or la majorité des centres référents du langage limitel’investigation psychologique aux seuls aspects cognitifs, ne prenant pas en compte la globalité dufonctionnement psychique de l’enfant. Nous souhaitons défendre l’intérêt de la clinique projectiveauprès des enfants présentant des troubles sévères du développement du langage oral, car lesrésultats issus de notre recherche clinique mettent en évidence la nécessité de proposer pournombre de ces enfants du soin psychique.

En effet, il nous apparaît important que la prise en charge thérapeutique ne se limite pas àla fonction instrumentale, ni à une mise en mots, mais qu’elle emprunte le passage du sensori-moteur, de la représentativité motrice, de la figuration corporelle, qu’elle s’accompagne d’unemise en représentations en passant par le travail émotionnel, par le partage affectif car il importeque ce qui s’éprouve intérieurement puisse trouver une mise en sens. Ainsi, le thérapeute doitendosser la fonction symbolisante de l’objet en faisant aussi appel à la fonction symbolisantede l’affect, à travers notamment des activités de jeu. Par la figuration dans le jeu s’opère uneamorce de symbolisation transitionnelle ce qui permet la création, la co-création d’un espace oùla réalité externe n’est ni prépondérante et où l’activité psychique interne prend appui sur desobjets réels, sur la relation et sur le partage affectif. Ainsi en développant le jeu, le thérapeuteaccompagne le passage de la chose, à la représentation de chose, puis de la représentation dechose à la représentation de mot.

2 La notion d’autisme, au singulier, ne traduit pas la réalité clinique. Il doit être plutôt fait référence à une patholo-gie hétérogène avec des symptômes de gravité variable, au sein du « spectre autistique » avec l’idée d’un continuumsymptomatique.

Page 10: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

270 V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271

Enfin, nous pensons qu’il est important que les parents d’enfants dysphasiques soient aussiintégrés au projet de soins au regard de l’importance des interactions familiales (observableset fantasmatiques) sur le développement du langage, au regard de l’importance de la fonctionsymbolisante de l’objet et de la fonction symbolisante de l’affect. Il peut y avoir plusieurs modalitésde prise en charge des parents, soit sur le mode classique d’entretiens familiaux réguliers, soitsur le mode de consultations thérapeutiques parents-enfants, soit encore sur le mode de soins àdomicile. . . l’idée étant de permettre une nouvelle forme de circulation de la communication dansl’espace intime-familial3.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références

[1] Chagnon JY. La clinique des troubles instrumentaux aujourd’hui au regard du cas de mélodie. Carnet Psy2009;138:31–9.

[2] Ajuriaguerra J, de Bresson F, Fraisse P, Inhelder B, Oléron P, Piaget J. Problèmes de psycholinguistique. Paris: PUF;1963.

[3] Gérard CL. L’enfant dysphasique. Louva: Editions universitaires; 1991.[4] Lussier F, Flessas J. Neuropsychologie de l’enfant (2001). Paris: Dunod; 2009.[5] American Psychiatric Association. DSM-IV-TR. 1re ed Paris: Masson; 2008.[6] Organisation Mondiale de la Santé. Classification Internationale des Maladies – dixième édition. Paris: Masson;

1994.[7] Quemada N, Misès R. Classification francaise des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent R-2000. Paris:

CTNERHI; 2002.[8] Tager-Flusberg H, Kjelgaard MM. An investigation of language impairment in Autism: implications for genetics

subgroups. Lang Cogn Process 2001;16:287–308.[9] Fourneret P. Diagnostic différentiel des dysphasies de développement. ANAE 2001;61:37–40.

[10] Welniarz B. Approche psychopathologique des troubles graves du langage oral chez l’enfant. ANAE 2001;61:44–9.[11] Danon-Boileau L. Des enfants sans langage : de la dysphasie à l’autisme. Paris: Odile Jacob; 2002.[12] Dupuis-Gauthier, et al. Dysphasie et troubles associés chez l’enfant. Étude de 41 enfants d’un centre d’éducation

spécialisé. NeuropsychiatrEnfance Adolesc 1996;44:476–88.[13] Dupuis-Gauthier C. L’enfant dysphasique : un sujet en situation clinique. À propos de la prise en charge psychothé-

rapeutique. Neuropsychiatr Enfance Adolesc 2006;54:396–400.[14] Rapin I. Troubles de la communication dans l’autisme infantile. In: Chevrie-Muller C, Narbona J, editors. Le langage

de l’enfant. Paris: Masson; 2007. p. 540–59.[15] Taly V. Trouble spécifique du développement du langage oral ou dysphasie de l’enfant- contributions de la clinique

projective à l’étude du fonctionnement psychique dans une perspective psychodynamique [Thèse de doctorat depsychologie]. Paris: Université Paris Descartes; 2011.

[16] Rapin I, Allen D. Troubles du développement du langage : perspectives pragmatiques et discursives. In: De Weck G,et al, editors. Troubles du développement du langage : perspectives pragmatiques et discursives. Paris: Delachaux etNiestlé; 1996. p. 23–59.

[17] Boekholt M. Épreuves thématiques en clinique infantile- approche psychanalytique (1993). Paris: Dunod; 1998.[18] Roman P. MPPE Malette Projective Première Enfance. Paris: ECPA; 2004.[19] Chagnon JY. Les TOP, THADA et autres Dys ont-ils un fonctionnement mental ? Perpect Psy 2006;45:314–7.[20] Garrabé J. Approche historique des classifications en psychiatrie. Ann Med Psychol 2011;169(4):244–7.[21] Botbol M, Portelli C. Correspondance et trancodage entre CFTMEA R 2010 et CIM-10. Ann Med Psychol

2011;169(4):265–8.

3 Pour élargir la lecture on peut également se reporter aux articles suivants [20–26].

Page 11: Quelle place pour le trouble spécifique du développement du langage oral, ou dysphasie de l’enfant, dans le champ de la psychopathologie ?

V. Taly / L’évolution psychiatrique 79 (2014) 261–271 271

[22] Dupuis-Gauthier C. Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique. Evol Psychiatr2012;77(4):577–87.

[23] Burztejn C, Raynaud JP, Misès R. Autisme, psychose précoce, troubles envahissants du développement. Ann MedPsychol 2011;169(4):256–9.

[24] Brémaud N. Dysphasie et-ou psychose ? Evol Psychiatr 2011;76(4):658–9.[25] Misès R, Bursztejn C, Botbol M, Garrabé J, Garret-Gloanec N, Golse B, et al. La CFTMEA R 2010, présentation

des modifications de l’axe I. Ann Med Psychol 2011;169(4):248–55.[26] Coincon Y, Durand B, Misès SR, Botbol M, Bursztejn C, Garrabé J, et al. Le transcodage de l’axe II : une avancée

utile. Ann Med Psychol 2011;169(4):260–4.