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Q U E L L E S C O N D I T I O N SD E P R A T I Q U E P O U RL E S J O U E U S E S D EPREMIÈRE DIVISION ÉLITE ?
J u i l l e t 2018
ÉDITOÀ travers cette enquête sur les conditions de pratiques des joueuses de première division élite, Provale a souhaité faire un état des lieux pragmatique de la situation des joueuses de rugby qui évoluent au plus haut niveau français.
Notre objectif n’était évidemment pas de comparer ou d’opposer la situation actuelle des joueuses de première division élite à celle des joueurs professionnels, ni de présager de ce que sera le futur statut de la joueuse. Nous souhaitions présenter, objectivement, la réalité de la pratique du rugby féminin de haut niveau en France en 2018.
Avec la récente réforme du championnant féminin, actée lors de l’Assemblée Générale de la FFR du 4 juillet 2018, nous envisageons dès à présent de poursuivre cette étude avec les équipes qui ne jouaientpas en division élite cette saison, pour qu’elle soit la plus complète possible.
Enfin, nous souhaitons remercier toutes les joueuses qui ont participé auxvisites dans les clubs et qui ont pris le temps de répondre au questionnaire.Sans elles, ce document n’aurait jamais vu le jour.
C ela fait maintenant plusieurs mois/années que l’on constate une appétence de plus en plus importante du grand public et des médias pour les compétitions sportives féminines. Cet intérêt grandissant s’accompagne, depuis le mois de septembre 2017, d’une volonté politique, forte et affirmée*, de construire un véritable plan de développemment du sport féminin en France.
C’est dans ce contexte que nous avons décidé de mener une grande enquête sur les conditions de pratique des joueuses de première division élite, au moment où l’ambition de la Fédération Française de Rugby est de créer un statut pour les joueuses.
Pour la première fois de son histoire, Provale a organisé une tournée des clubs féminins, entre février et juin 2018, qui a permis de rencontrer l’ensemble des joueuses et de leur administrer un questionnaire. Au total, ce sont plus de 200 réponses qui ont été récoltées, permettant ainsi d’établir une cartographie précise des conditions de pratique en première division élite.
Aujourd’hui, les joueuses qui évoluent dans l’élite française ne vivent pas professionnellement de leur sport, hormis 25 joueuses sous contrat avec la Fédération Française de Rugby (CDD à 75%).Pourtant, le championnat de première division élite exige une assiduité exemplaire de la part des joueuses, avec des contraintes d’entraînement quasi quotidiennes.
Loin de nous l’idée de dire que l’on doit appliquer au secteur féminin le modèle du rugby professionnel masculin que l’on connaît aujourd’hui. Il convient très probablement de s’intéresser en priorité à l’amélioration des conditions matérielles de pratique des joueuses avant même de parler de professionnalisation du championnat.
Face à des joueuses tiraillées entre des exigences sportives toujours plus grandes et des structures de club et de championnat qui évoluent peu, il était donc priomordial de mener ce travail de fond et de faire des préconisations, afin d’apporter aux joueuses des solutions pour favoriser leur épanouissement personnel sur et en dehors du terrain.
édito
Safi N’Diaye - Secrétaire générale de ProvaleRobins Tchale-Watchou - Président de Provale
*(Installation de la conférence permanente du sport féminin : http://www.sports.gouv.fr/accueil-du-site/a-la-une/article/Installation-de-la-Conference-permanente-du-sport-feminin)
introduction
LES PROBLÉMATIQUES IDENTIFIÉES
DES BLESSURES CONTRAIGNANTES1UNE CHARGE DE TRAVAIL CONSÉQUENTE2DES CONDITIONS MATÉRIELLES DEPRATIQUE INSUFFISANTES3
4des contraintes financières importantes
L’analyse des résultats de l’enquête aura permis de mettre en lumière sept grandes problématiques auxquelles sont attachées les joueuses, et qui demandent à être traitées de manière prioritaire. Cette liste est bien entendu non exhaustive, mais reflète ce que vivent les joueuses de première division élite en 2018.
UN CALENDRIER INADAPTÉ7
UN ÉPANOUISSEMENT SOCIALMITIGÉ6
DES SACRIFICES SUR LE PLANPROFESSIONNEL5
Provale - Juillet 2018 1
23 ans âge moyen
60 %s’entraînent entre 3 et 4
fois par semaine
41 %ont déjà eu
des sélectionsinternationales
3 saisons
50 % ont a minima un Bac +2
51 % sont employées
44% sont étudiantes
87 % des joueusesont déjà connuune blessure
28 kmsde trajet quotidien moyen pour aller s’entraîner
Évoluent dans le championnatdepuis en moyenne
CHIFFRES CLÉS DES JOUEUSES DE PREMIÈRE DIVISION ÉLITE?
Provale - Juillet 201822
RENFORCER L’ e n q u ê t e f o u r n i r a l e s é l é m e n t s e s s e n t i e l s à i n s é r e r d a n s l a c r é a t i o n d ’ u n s t a t u t p o u r l e s j o u e u s e s d e l a d i v i s i o n é l i t e . L’ a s p e c t f i n a n c i e r n e s e r a p a s p r i v i l é g i é v i s - à - v i s d ’ a u t r e s p r o b l é m a t i q u e s t o u t e s a u s s i i m p o r t a n t e s p o u r l e s j o u e u s e s .
PROTÉGER
CRÉERS i a u j o u r d ’ h u i l e r u g b y fé m i n i n e s t d e p l u s e n p l u s
m é d i a t i s é , c e t t e m é d i a t i s a t i o n d o i t s e f a i r e e n c o n n a i s s a n t e t r e s p e c t a n t m i e u x l e s a c t r i c e s d u j e u
a f i n d e l e u r p e r m e t t r e d e m e n e r d e f r o n t p l u s i e u r s a c t i v i t é s c o m p l é m e n t a i r e s .
POURQUOI CETTE ENQUÊTE ?
C e t t e e n q u ê t e e s t l a p r e m i è r e d e s o n g e n r e à ê t r e r é a l i s é e d a n s l e c h a m p i o n n a t é l i t e fé m i n i n . N o u s s o u h a i t o n s q u e l e s j o u e u s e s s ’ e m p a r e n t d e s r é s u l t a t se t n o u s a i d e n t à f a i r e é v o l u e r l e u r e n v i r o n n e m e n t .
INFORMER
87 % des joueusesont déjà connuune blessure
L e r u g b y fé m i n i n n ’ é c h a p p e p a s a u x b l e s s u r e s , s o u v e n t l o u r d e s , q u i e x i s t e n t d a n s n o t r e s p o r t . L a p r o t e c t i o n d e
l a s a n t é d e s j o u e u s e s , t o u t c o m m e l a p r i s e e n c h a r g e d e s b l e s s u r e s , e s t u n e n j e u p r i o r i t a i r e .
Provale - Juillet 2018 3
des
BLESSURESCONTRAIGNANTES1
Ont déjà eu une blessure de plus de 2 mois au cours des
3 dernières saisons
68%
€
Ont déjà dû supporter les coûts liés à la prise en charge d’une blessure
61%
Ont subi une blessure qui les a empêchées de se rendre sur leur
lieu de travail /cours
46%
Ont vu un médecin pour faire un bilan médical en
début de saison
76%
Enjeu majeur souvent présenté au travers du prisme du rugby masculin, le rugby féminin n’est pas épargné par les problèmes de santé de ses pratiquantes. Le constat est même encore plus alarmant lorsqu’il s’agit de la question de la prise en charge des blessures.
Dans la mesure où les joueuses ne sont généralement pas salariées pour jouer au rugby, elles ne bénéficient pas du régime protecteur de l’accident du travail. Seules les joueuses sous contrat avec la fédération en bénéficient. Pour les autres, la situation peut se révéler souvent complexe, qu’elles soient salariées ou étudiantes.
Suivant les cas, les conséquences peuvent se situer à plusieurs niveaux :
Financier : les joueuses salariées qui se blessent et qui ne peuvent pas se rendre sur leur lieu de travail sont susceptibles, en fonction du milieu professionnel dans lequel elles évoluent, de subir une perte de revenu. De plus, les coûts liés à la prise en charge de ces blessures ne sont pas toujours remboursés à 100%.
Médical : les blessures que subissent les joueuses peuvent laisser des séquelles importantes, parfois irréversibles. Celles-ci peuvent impacter leur vie quotidienne à court, moyen et long terme en fonction des pathologies.
Professionnel ou scolaire : denombreuses joueuses qui seblessent ne peuvent plus se rendresur leur lieu de travail ou suivredes cours pour celles qui sontétudiantes. Bien évidemment, detelles absences sont susceptiblesd’altérer les relations de travailpour les unes et la réussite aux examens pour les autres. Dans ces deux cas, des absences répétées liées à une blessure contractée hors du cadre habituel de leur travail peut mettre en péril leur avenir professionnel ou scolaire.
87% DES JOUEUSES ÉLITE ONT DÉJÀ CONNU UNE BLESSURE LES EMPÊCHANT DE S’ENTRAÎNER OU
DE DISPUTER UN MATCH
« Quand je me suis rompu les ligaments croisés du genou, je n’ai pas pu passer le concours
de professeur d’EPS. Cela a retardé d’un an mon entrée
dans le monde professionnel » Une joueuse de Bayonne
Provale - Juillet 201824
Lors des entraînementsLors des matchs
22%
PRÉSENCE DU STAFF MÉDICAL
57%
Alors que l’intégralité des joueuses élites a déjà consulté un kinésithérapeute et que la plupart a effectué un bilan médical en début de saison, les joueuses ne sont que 4/10 à être suivies quotidiennement par un staff médical. C’est un constat alarmant qui ressort de cette enquête.
52,2%
Durant lesentraînements
Durant lesmatchs
16,5% 4,5%
19%
À chaque fois
jamais
accès aux soins médicaux
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
Provale a sensibilisé les joueuses sur l’importance du choix de leur assurance au moment de la souscription à une licence FFR, en leur expliquant précisément les niveaux de garanties du système de prévoyance GMF lors de la tournée des clubs
Provale a mis à disposition des joueuses une personne ressource au sein de son service juridique afin de répondre à leurs interrogations concernant leur problématique d’assurance
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Pérenniser les visites dans tous les clubs de la première division élite en début de saison pour sensibiliser les joueuses aux problématiques d’assurance
Créer un document support expliquant simplement le système d’assurance inclus dans la licence FFR
Instaurer des échanges réguliers avec la GMF, actuel assureur fédéral
Renforcer les obligations des clubs en matière de suivi médical
Mettre en place d’une assurance perte de licence en complément des garanties GMF Pour les joueuses salariées
Clarifier et améliorer les relations entre les employeurs des joueuses et les clubs, afin notamment de leur garantir une sécurité de l’emploi en cas de blessure
Rationnaliser l’emploi du temps des joueuses salariées, en prenant en compte leurs obligations sportives et professionnelles, sans perte de salaire
Provale - Juillet 2018 5
une charge de
travailconséquente2
des joueusess’entraînent au moins3 fois par semaine70%68 % des joueuses ont
des entraînements qui durent environ 1H30
0%
25%
50%
75%
1 à 2 3 à 4 5 à 6 + de 6
combien de séances d’entraînement par semaine pour une joueuse ?
Une des conséquencesdirectes de cet emploi du temps “surchargé” semesure directement sur l’âgemoyen des pratiquantes.
Après 25 ans on constate clairement que les joueuses font un choix entre leur sport et leur vie professionnelle tant les deux sont difficilement conciliables.Il convient donc de trouver des mécanismes qui permettent aux joueuses de se maintenir dans l’emploi le plus longtemps possible tout en gardant une activité sportive intense, et donc d’allier leur vie personnelle et professionnelle à leur vie de joueuse de rugby de haut niveau.
Entre les entraînements collectifs, les séances de préparation physique, la musculation ou encore les entraînements spécifiques (skills), les joueuses de l’élite ont un emploi du temps sportif extrêmement complet, qui demande un investissement de tous les instants, et ce tout au long de l’année. On note aussi qu’une saison dite “normale” en championnat élite se couple généralement avec une saison de rugby à 7 pendant les mois de mai, juin et juillet.
La pratique du rugby de haut niveau exige normalement des temps de récupération. Pourtant, les joueuses de la première division élite ne bénéficient pas forcément de ces plages de récupération nécessaires. En effet, lorsqu’elles ne jouent pas au rugby, elles sont soient étudiantes, soit salariées et, dès lors, ne peuvent pas prétendre à des périodes de repos nécessaires.
quels sont les différents types de séances ?
A
u m
oins
3 sé
ance
s de p
hysique/semaine Séances individuelles complémentaires
1 à 2 séances de spécif que/semaine Aucune sé
ance d
e kiné
48%
57%
62%
34%
Comprend technique individuelle de passe, plaquages, jeu au pied...
Dont 50% n’ont pas accès aux infrastructures du club pour ces séances
Comprend musculation et PPG
« On a le droit d’être absente des entraînements, mais si c’est le cas, on prend le risque de ne
pas jouer le week-end » Une joueuse du Bobigny
Provale - Juillet 201826
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
Nous avons engagé des discussions avec la LNR dans le cadre du plan stratégique 2016 - 2023 qui portent notamment sur l’obligation pour les clubs de LNR de disposer d’une équipe féminine à 7
Nous avons échangé avec la FFR sur les problématiques que rencontraient les joueuses
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Permettre aux joueuses de pouvoir effectuer leurs séances complémentaires dans des structures mises à disposition par le club, soit pour les clubs ne disposant pas d’équipements, sceller des accords avec des clubs sportifs de leur environnement direct dans lesquelles les joueuses pourraient effectuer leurs séances complémentaire sans coût additionnel
Prévoir des temps de repos et de préparation suffisants entre les saisons à XV et à 7
Prévoir des plages suffisantes de repos en tenant compte des contraintes professionnelles et/ou scolaires des joueuses
Réaliser une étude épidémologique sur les joueuses pluriactives, afin de mesurer leur niveau de fatigue
L’analyse des résultats nous montre également que les équipes féminines qui sont affiliées à des structures professionnelles évoluant en LNR ont bien souvent accès à des infrastructures de meilleure qualité que les autres équipes de l’élite féminineLes joueuses Montpellier Hérault Rugby, du Stade Toulousain ou de l’A.S Romagnat, peuvent utiliser les infrastructures des équipes masculines, ce qui leur permet de réaliser leurs séances physiques individuelles,
complémentaire ou collectives, directement au sein du club.A contrario, pour les joueuses qui jouent dans des clubs qui n’ont pas d’affiliation avec des clubs masculins, elles doivent par exemple prendre un abonnement dans une salle de musculation (à leur charge) pour réaliser leurs séances complémentaires qui sont nécessaires, et bien souvent obligatoires.
un championnat à deux vitesses
Provale - Juillet 2018 7
L’enquête a mis en lumière d’importants manques matériels qui nuisent au bien-être et à l’équilibre des joueuses sur le court terme, mais également à la performance sportive sur les moyen et long terme. 95,1 % des joueuses réclament des conditions minimales de pratique pour la première divison élite.Si elles en sont que 5% à ne pas avoir un lieu d’entraînement régulier, elles ne sont un peu plus de 27% à ne pas avoir constamment accès à un vestiaire après les entraînements. Ce chiffre peut sembler peu important malgré tout lorsque l’on pratique un sport de haut niveau mais, on peut imaginer qu’après chaque entraînement on doit pouvoir tout le temps avoir accès à un vestiaire.Lorsqu’on parle aux joueuses de l’évolution de leur statut, ce nesont pas des demandes concernant de possibles rémunérations qui arrivent en premier mais des demandes beaucoup plus matérielles,
des conditions matériellesde pratique
insuffisantes3
0%
25%
50%
75%
100%1 accès à un vestiaire
2 Accès illimité à un staff médical
3 lieu d’entraînement unique
Repas aprèsl’entraînement
4
Quelles priorités pour les joueuses ?
telles que l’accès au vestiaire, suivi de près par un accès facilité aux soins médicaux. A l’échelle locale, il est difficile de savoir précisément ce que les clubs proposent aux joueuses en terme d’aménagement et d’infrastructures. Néanmoins, ce que l’on observe, c’est que presque une joueuse sur deux dit avoir déjà abordé l’encadrement sportif de son club ausujet des conditionsd’entraînement et de pratique, et plus d’untiers d’entre elles ontété jusqu’à rencontrerl’encadrement administratifpour les mêmes raisons.
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
Une étude pour faire ressortir les principaux points contraignants pour les joueuses en termes de pratique sportive
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Favoriser les échanges entre les représentants des clubs, les représentants de joueuses et la FFR
Mettre en place “un cahier des charges club” pour la première division féminine élite dans lequel la FFR, les clubs et les joueuses conviendront ensemble des standards matériels minimaux applicables à tous les clubs
Renforcer les relations avec les collectivités locales pour permettre aux joueuses d’utiliser les équipements sportifs municipaux dans les meilleures conditions possibles tout au long de la saison
« On ne demande pas des jacuzzis et des bains froids pour la récupération, mais seulement
d’avoir accès à un vestiaire propre, avec de l’eau chaude,
après chaque match et chaque entraînement »Une joueuse de Blagnac
Provale - Juillet 201828
des contraintes
financièresimportantes4
450 euros* par anSelon nos estimations, c’est le coûtde la pratique pour une joueuse(équipement, chaussures...)
Salaire76% des joueuses élites
ne touchent aucune forme de revenuRemboursements des frais médicaux61% des joueuses payent elles-mêmesles coûts liés à leurs blessures
220 euros par anPrix fixe de la licence
Frais kilométriques*450 euros par an
Estimation du coût à l’année
9/10 joueuses ne voient pas leurs frais de déplacements être remboursés a posteriori
Tenue & équipement99% des joueuses doivent s’acheter leurs équipements
* Coût moyen estimé de la pratique
mesure où 99% desjoueuses pratiquent lerugby en amateur.Malgré son succèspopulaire grandissant,le rugby féminin peine à attirer les investisseurs,ce qui empêche les clubs d’imdemniser les joueuses à hauteur de leur investissement. Enfin, on note que le statut de sportive de haut niveau, qui permet à certaines joueuses de bénéficier d’une aide financière complémentaire ou d’aménagements de scolarité, est assez peu répandu dans le rugby féminin.
MOINS DE 30% DES JOUEUSES PERÇOIVENT UNE COMPENSATION FINANCIÈRE DIRECTEMENT TIRÉE DE LEUR
PRATIQUE SPORTIVE
À première vue, la pratique du rugby féminin semble être plus accessible que la pratique d’autres disciplines sportives. Pourautant, la nature du jeu oblige les joueuses à s’équiper en conséquence afin d’éviter tout risque de blessures. Cet investissement (tenues de protection, casque, protège-dents, etc) vient s’ajouter au prix déjà important de la licence, et aux frais de déplacements engagés. Ceci constitue un budget majeur pour les joueuses tout au long de la saison. Certes, le coût de la pratique à l’année pour les joueuses peut varier en fonction de leur situation individuelle. Cependant, notre analyse des résultats montre que ce coût est souvent supérieur à 1 000 euros par an, et ce sans aucune compensation financière, dans la
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
L’étude qui nous permet d’évaluer l’impact financier de la pratique du rugby pour les filles
Donner la possibilité aux clubs de contacter Provale dès lors qu’ils souhaitent mettre en place des systèmes de rémunération pour les joueuses
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Travailler avec la FNASS au renforcement de la visibilité du sport féminin
Travailler avec la FFR et les clubs au développement médiatique et économique de la première division élite
Encourager les clubs et la FFR à prendre en compte la charge financière qui pèse sur les joueuses pour pratiquer le rugby
Accompagner les clubs afin qu’ils connaissent mieux les différentes possibilités offertes pour rémunérer les joueuses
Provale - Juillet 2018 9
On observe que la majoritédes joueuses de premièredivision élite ont entre 18et 25 ans et qu’il y a, au-delà,une forte baisse despratiquantes.
Pour celles qui sont convoquées en équipe nationale et qui ne sont pas sous contrat avec la FFR, leur situation devient beaucoup plus complexe à gérer. Les absences liées aux stages de préparation et la participation aux compétitions internationales les obligent, dans le meilleur des cas, à devoir demander des congés sans solde supplémentaires (qui peuvent de surcroît être refusés) sur de longues périodes (tournoi des 6 nations par exemple). Les absences répétées à leur poste de travail peuvent mettre en péril leur avenir professionnel. Parmi les joueuses salariées, 1/3 ont déjà eu à changer de travail pour pouvoir continuer à pratiquer le rugby.Il convient dès lors de trouver des mécanismes qui leur permettent de s’épanouir pleinement dans ces deux domaines.
des sacrificessur le plan
professionnel5Si on exclut les 25 joueuses sous contrat fédéral des 200 joueuses interrogées, seules 3 d’entre elles vivent professionnellement du rugby en première division élite. Cela signifie que toutes les autres sont soit salariées ou étudiantes. Elles doivent donc apprendre à composer entre leurs études ou leur travail et la pratique du rugby à haut niveau.
Pour les joueuses de première division élite, les contraintes liées à la pratique entraînent beaucoup de sacrifices. Le nombre croissant des entraînements et des périodes de préparation physique complexifient grandement la gestion d’un double projet sportif et professionnel. Il n’est pas rare de voir des joueuses obligées de changer de situation professionnelle ou d’accepter un travail de nuit ou en horaires décalés, afin de satisfaire aux exigences du rugby de haut niveau, et aux contraintes d’entraînements. Malheureusement, dans le rugby féminin, il existe toujours un moment où la pratique sportive devient un obstacle à la carrière professionnelle. Quel choix faut-il faire alors? Prioriser sa carrière au dépend de ses ambitions professionnelles ou lâcher du lest et risquer de voir sa carrière s’envoler?On constate après 25 ans qu’une joueuse aura tendance à prioriser son avenir professionnel au dépend de sa carrière de joueuse derugby.
« Quand j’ai signé dans ma première boîte, j’étais en équipe
de France. Au bout de 2 mois, j’ai demandé 15 jours de congés sans solde pour faire le Tournoi
des 6 nations, et ça m’ a été refusé »
Une joueuse de Lille
rater des cours75%
être obligée de prendre des congés payés59,3%
être obligée de prendre des congés sans solde42,8%
renoncer à un travail55,7%
Démissionner / changer de travail36,3%
partir du travail plus tôt80%
Quelles conséquences d’une carrière de joueuse de rugby de haut niveau sur sa situation professionnelle ?
Provale - Juillet 2018210
Ce constat associé aux résultats de notre enquête (voir ci-contre) nous amène à penser que la diminution drastique du nombre de joueuses élites à partir de 25 ans s’explique par le fait que pendant leurs études, les joueuses arrivent plus facilement à gérer leur double projet lorsqu’elles entrent de plein pied dans la vie active.
Comment les joueuses envisagent-elles leur vie professionnelle sans le rugby ?
La majorité des joueuses ont une perspective d’emploi pour leur après-carrière. Cependant, certaines d’entre elles rencontrent desdifficultés à définir ou à choisir leur projet professionnel. Ces joueuses sont généralement :
- des étudiantes pour lesquelles l’avenir n’est pas encore totalement déterminé - des joueuses salariées qui ont choisi un métier en fonction des contraintes imposées par le rugby
Il n’est donc pas rare de voir des joueuses se poser des questions sur leur avenir professionnel dès le moment où elles arrêteront leur carrière sportive. C’est pour cela que l’accompagnement des joueuses pendant leur carrière sportive est fondamental.
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
L’étude qui nous permet d’évaluer l’impact de la pratique du rugby sur la situation professionnelle des joueuses salariées
La participation de Provale au groupe de travail sur le sport professionnel féminin
La mise à disposition des salariés de Provale Formation pour accompagner les joueuses dans la gestion de leur double projet
CE QU’IL RESTE À FAIRE Renforcer les échanges entre les clubs et les entreprises qui emploient des joueuses de première division élite, pour faciliter la gestion des emplois du temps
Renforcer le dialogue avec les universités et organismes de formation, qui acccueillent des joueuses de rugby, afin d’améliorer le suivi scolaire et permettre la réalisation du double projet
Pour les joueuses internationales non salariées par la FFR, créer une relation entre la fédération et leurs employeurs. Cette relation renforcée aura pour objectif d’aménager au mieux leur emploi du temps professionnels, dans la perspective d’échéances sportives majeures
Présenter à l’ensemble des joueuses tous les services de Provale Formation
51,5%
43,6%
4,9%
Sans emploi
Étudiantes
Employées
27%des joueuses n’ont pas deperspective d’emploi pour leur après-carrière
situation professionnelle des joueuses
Provale - Juillet 2018 11
joueuses qui est impacté. Par exemple,97% des joueuses éliteont déjà raté des événements qui leurtenaient à cœur. Il convientdonc de trouver des solutions pour faire en sorte que les joueuses puissent allier vie professionnelle, sportive et personnelle.
Le sport de haut niveau ne se conjugue pas souvent avec une vie sociale épanouie. Le rugby n’échappe pas à cette règle et c’est encore plus vrai pour les filles du championnat de première division élite. En effet, en plus de leur pratique de haut niveau, elles ont des contraintes professionnelles très importantes qui compliquent la possibilité d’avoir une vie sociale et personnelle équilibrées. Au travers des chiffres qui sont présents dans le graphique ci-dessous, on s’aperçoit clairement que c’est l’ensemble de la vie sociale des
« C’est compliqué de voir d’autres personnes ou même sa famille quand on s’entraîne cinq fois par semaine, et que l’on a une activité professionnelle en
parallèle » Une joueuse de Romagnat
un épanouissementsocial
mitigé6
ont dû passer moins de temps avec leur famille et leurs amis98%
ont dû rater des événements qui leur tenaient à coeur96%
ont été dépassées par le rythme imposé91,5%
ont déjà ressenti du stress et de l’anxiété92,5%
ont eu des problèmes conjugaux60%
Quel impact le rugby de haut niveau a-t-il sur la vie sociale des joueuses ?
Provale - Juillet 2018212
CE QUE NOUS AVONS MIS EN PLACE
Donner la possibilité aux joueuses de bénéficier de l’accompagnement de la cellule de soutien psychologique «C dans la tête»
Former le service «Réseau» de Provale à l’accompagnement des joueuses
Établir un planning de la tournée des clubs féminins pour la saison 2018 - 2019, afin de mesurer l’évolution de ces problématiques
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Mettre en place un calendrier sportif qui soit moins facteur de stress pour les joueuses, leur permettant de trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et/ou scolaire, leur vie sociale et la pratique de leur sport à haut niveau
Renforcer le dialogue avec les clubs afin de mieux prendre en compte l’impact de la charge d’entraînement sur la vie personnelle
Mettre en place des formations de gestion du stress dans les clubs pour l’ensemble des joueuses concernées, par l’intermédiaire de Provale Formation
Décerner le trophée de la meilleure joueuse de la saison lors de la cérémonie de la Nuit du Rugby, organisée par la LNR, FFR, Provale et
Tech XV
un
calendriersportif inadapté7
CE QUI A ÉTÉ MIS EN PLACEPrésenter la problématique du calendrier et les retours des joueuses à la FFR
CE QU’IL RESTE À FAIRE
Évaluer l’impact du changement de structure du championnat sur le calendrier
Favoriser les discussions avec les clubs et la FFR sur l’aménagement du calendrier au sein d’un groupe de travail spécifique
Engager des discussions au travers de l’IRPA avec World Rugby sur le développement des championnats nationaux de rugby féminin, et sur la programmation du circuit international à 7
de janvier à mai 2018, un rythme effréné pour les joueuses
championnat élite
équipe de france à xv
équipe de france à 7
* Changement de la structure du championnat élite avec un passage à 16 clubs à compter de 2018-2019
L’organisation du calendrier est une problématique complexe. D’une part, le championnat se déroule sur une période allant de septembre à mai et n’est composé que de huit équipes*.
Cela signifie qu’une joueuse qui dispute le championnat élite ne jouera, en moyenne, qu’un match toutes les deux à trois semaines. On ajoute à cela un problème de lisibilité, dans la mesure où les matchs d’une même journée peuvent être programmés à plusieurs mois d’intervalle. Cela complexifie la lecture du championnat. Par exemple, lors de la saison 2017-2018, un match de l’avant dernière journée a été programmé au mois de janvier. Dès lors, il est difficile pour le championnat de trouver sa place auprès du grand public, et d’obtenir une plus grande couverture dans les médias.
Une autre difficulté se présente au moment de concevoir le calendrier : l’articulation entre le championnat élite avec l’ensemble des compétitions internationales à XV ou à 7.
Le Tournoi des 6 nations monopolise l’ensemble des joueuses
internationales (équipes de France U20 et Sénior) pendant deux mois, de mi-janvier à mi-mars. Durant cette période, le championnat est quasiment à l’arrêt, obligeant les joueuses non internationales à observer de longues périodes sans matchs.
Enfin, depuis trois saisons, le circuit mondial à 7 retient également des joueuses, souvent les plus talentueuses, pour des périodes de préparation et de tournoi durant la saison. Ces autres compétitions, qui ont lieu pendant la saison, ont pour conséquence de freiner le développement du rugby de club en limitant la participation des meilleures joueuses aux entraînements et des compétitions nationales avec leur club.
La concordance entre lescalendriers est dès lors unenjeu majeur de la stratégiede développement duchampionnat de premièredivision élite, tout comme laplanification des horaires desrencontres, qui a fait l’objet d’une demande spécifique de la part des joueuses (notamment les joueuses salariées).
69% DES JOUEUSES PENSENT QU’IL FAUT RÉFORMER LE
CALENDRIER ET LAPROGRAMMATION DES
COMPÉTITIONS
« Quand je vois qu’une rencontre de l’avant dernière journée du championnat est
jouée en plein mois de janvier, c’est difficile de s’y retrouver »
Une joueuse de Rennes
JANVIER FÉVRIER MARS AVRIL MAI
13 janvierJ9
20 janvierJ10
13 maiFinale
16 marsvs Pays de Galles
12-13 maiLangford
26-28 janvierSydney
03 févriervs Irlande
10 févrierÉcosse
24 févriervs Italie
10 marsvs Angleterre
24 mars J12
01 avrilJ13
08 avrilJ14
28 avril1/2 finale
21-22 avrilJapon
06 mai1/2 finale
18 févrierJ11
Provale - Juillet 2018 13
DÉTAILS DE L’ENQUÊTE
Provale - Juillet 2018214
1. Pour quelle équipe jouez-vous ?
2. Depuis combien de saison(s) jouez-vous en première division élite ?
3. Depuis combien de saison(s) jouez-vous dans votre club actuel ?
4. Est-ce que vous avez déjà participé à des compétitions internationales avec l'équipe de France (7 ou XV) ?
5. Pensez-vous qu'une réforme du calendrier et de la programmation des différentes compétitions (circuit mondial à 7, compétitions internationales à XV et première division élite) est nécessaire ?
6. Combien de fois par semaine vous entraînez-vous avec votre équipe ?
7. Quelle est la durée moyenne des entraînements de rugby ?
8. Combien d'autres séances (PPG, muscu, etc..) avez-vous par semaine ?
9. Avez-vous des séances à effectuer individuellement ?
10. Combien de kilomètres (A/R) devez vous faire en moyenne pour vous rendre à l'entraînement?
11. Vos frais de déplacement sont-ils remboursés ?
12. En plus d'un éventuel remboursement de vos frais, percevez-vous une rémuné-ration (en salaire ou frais de déplacements, IK) ?
13. Avez-vous une alimentation particulière pour améliorer vos performances (nutritionniste, repas particuliers, protéines...) ?
14. Avez-vous des tenues pour vous entraîner ?
15. Devez-vous acheter vous-même vos équipements de protection (casque, protège-dents ...) ?
16. Avez-vous déjà eu une blessure qui vous a empêché de vous entraîner ou de jouer un match depuis que vous êtes arrivée dans votre club ?
17. Combien de fois avez-vous été arrêtée plus de 2 mois pour une blessure lors des 3 dernières saisons ?
18. Cette blessure vous a-t-elle empêché de continuer de travailler ou de suivre des cours ?
19. Les coûts liés à la blessure ont-ils été pris en charge ?
20. Depuis que vous jouez en première division élite, de quelles personnes avez-vous déjà utilisé les services ?
21. Depuis que vous jouez au rugby en première division élite avez-vous ? - Passé moins de temps avec les amis ou la famille - Raté des événements qui ous tenaient à coeur - Eu des problèmes conjuguaux - Été dépassée par le rythme imposé - Été stressée - Été obligée de prendre des congés sans solde - Dû partir du travail plus tôt - Raté des cours - Renoncé à un travail - Démissionné / changé de travail
28. D'après vous, quels devraient être les standards minima pour les joueuses de première division élite ? (de 1 très important à 5 moins important)- Accès illimités au staff médical- Remboursement des frais kilométriques- Repas après l’entraînement- Accès à un vestiaire- Lieu d’entraînement unique- Un statut pour les joueuses
22. Avez-vous un lieu d'entraînement régulier ?
23. Vous avez accès à un vestiaire après les entraînements ?
24. Quel est votre niveau d'accès aux soins médicaux ?
25. Qui paye pour vos soins médicaux ?
26. Est-ce que vous ou vos coéquipières avez déjà dû faire les choses suivantes ? - Rencontrer l’encadrement sportif du club au sujet des conditions d’entraînement et de pratique- Rencontrer l’encadrement administratif du club (président, bureau) au sujet des conditions d’entrainement et de pratique
27. Pensez-vous qu'il faut avoir des conditions minimales d'entraînement et de pratique pour les équipes de première division élite ?
29. Seriez-vous prête à représenter les filles de votre équipe ?
30. Si oui à la question précédente, donnez-nous votre adresse mail si vous le souhaitez.
31. Quel est votre âge ?
32. Quelle est votre situation professionnelle ?
33. Si vous êtes salariée, quel est votre métier ?
34. Votre pratique du rugby (dans la première division élite, en équipe nationale) vous a-t-elle permis de décrocher des opportunités professionnelles ?
35. Avez-vous une perspective d'emploi pour votre après-carrière ?
36. Quel est votre plus haut niveau de diplôme ?
37. Avez vous autre chose à ajouter ? Vous pouvez parler de n'importe quel sujet.
P A R C C L U B D E S 7 D E N I E R S
7 8 C H E M I N D E S 7 D E N I E R S
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