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QUELQUES TENDANCES DE L'ÉVOLUTION RÉCENTE DES PRATIQUES EN SERVICE SOCIAL DES GROUPES Author(s): Daniel Turcotte Source: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 13, No. 1 (Winter/hiver 1996), pp. 53-74 Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE) Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669611 . Accessed: 15/06/2014 06:55 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Association for Social Work Education (CASWE) is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.79.62 on Sun, 15 Jun 2014 06:55:35 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUELQUES TENDANCES DE L'ÉVOLUTION RÉCENTE DES PRATIQUES EN SERVICE SOCIAL DES GROUPES

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QUELQUES TENDANCES DE L'ÉVOLUTION RÉCENTE DES PRATIQUES EN SERVICE SOCIAL DESGROUPESAuthor(s): Daniel TurcotteSource: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 13, No. 1(Winter/hiver 1996), pp. 53-74Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669611 .

Accessed: 15/06/2014 06:55

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QUELQUES TENDANCES DE

L'ÉVOLUTION RÉCENTE DES

PRATIQUES EN SERVICE

SOCIAL DES GROUPES

Daniel Turcotte

Le CADRE de distribution des services sociaux a considérablement changé au Québec au cours des dix dernières années. Outre la transfor- mation récente des Centres de services sociaux (CSS) en Centres de pro- tection de l'enfance et en Centres jeunesse (CPEJ), d'autres bouleverse- ments ont marqué les années 80 : soulignons, par exemple, la modifica- tion de la mission des Centres locaux de services communautaires (CLSC), le développement du secteur communautaire et la réduction du budget des organismes publics. Par ailleurs, certains problèmes, nouveaux pour certains, redéfinis pour d'autres, occupent de plus en plus d'espace dans le champ des problématiques sociales. On n'a qu'à penser au SIDA, à la violence familiale, aux abus à l'endroit des per-

Abstract In light of the considerable changes that have taken place in the delivery of social services in Quebec over the past 10 years, this descriptive study examines current characteristics and practices of social work with groups. Using the responses of group animators to a written questionnaire, the author compares the results of his survey with those obtained by Home and Darveau-Fournier in 1981 and by Pâquet-Deehy et al. in 1982. The results reveal group approaches in which the objectives and the program are established in large part by the anima- tor, emphasis is placed more on the experience of group members than on the task to be accomplished, the animator's central role becomes more peripheral as the group develops, and intervention is oriented toward the development of mutual aid among group members. Compared to those described by the earlier studies, current practices appear to be characterized by intervention that is more structured: actions are planned, leadership is more directive, duration of the group is shorter, meetings are more regular, and there is a marked interest in evaluating results.

Daniel Turcotte est professeur à l'École de service social de l'Université Laval.

Canadian Social Work Review, Volume 13, Number 1 (Winter 1996) / Revue cana- dienne de service social, volume 13, numéro 1 (hiver 1996) Printed in Canada / Imprimé au Canada

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sonnes âgées, aux rapports interethniques et à la pauvreté. Ces problé- matiques sont d'autant plus préoccupantes qu'elles se situent dans un con- texte de transformations sociales marquées, entre autres, par la prolifé- ration de la technologie, les changements démographiques et la décrois- sance économique (Lindsay, 1990). Face à des pressions conflictuelles de rapidité d'intervention, de réduction des coûts et de développement des services (Middleman et Goldberg, 1987), les intervenants doivent ajuster leurs pratiques en essayant de « faire plus avec moins ».

Dans un tel contexte, sous quelles formes les pratiques en service social des groupes se présentent-elles? Dans quelle mesure ces pratiques se distinguent-elles de celles qui prévalaient au début des années 1980? Quelles sont les difficultés qui se posent aux intervenants qui utilisent cette méthode? Voilà les principales questions auxquelles nous avons voulu répondre en réalisant une étude descriptive sur les pratiques actuelles en service social des groupes.

Ce texte fait état des principaux résultats qui se dégagent de cette étude. La première partie présente les éléments conceptuels qui ont servi d'assises à l'élaboration du questionnaire et à l'analyse des don- nées. La seconde décrit la méthodologie utilisée et trace un portrait des informateurs à l'origine des données. La troisième porte sur les résultats en regard des caractéristiques de la pratique et des difficultés éprouvées par les intervenants et les intervenantes. La conclusion traite de la portée des résultats et dégage quelques répercussions pour l'enseigne- ment et la pratique du service social des groupes.

Fondements conceptuels Nature du service social des groupes Selon Toseland et Rivas (1984), l'intervention de groupe se définit comme une action réalisée auprès d'un petit groupe de personnes afin de les aider à satisfaire leurs besoins sociaux et émotifs, ou à accomplir certaines tâches. Cette action prend place au sein d'un organisme de distribution des services et elle est orientée autant vers les membres à titre individuel, que vers le groupe comme entité. Cette définition générale, bien que partagée par d'autres auteurs (voir Zastrow, 1994), ne fait pas l'unanimité dans la mesure où elle ne fait pas ressortir le caractère particulier de la pratique du service social. Ainsi, pour Home et Darveau-Fournier (1980), l'intervention en service social se distingue sous plusieurs aspects des pratiques de groupe qui se retrouvent dans les autres disciplines :

elle s'en différencie par sa clientèle variée, son contexte de milieu de vie quotidienne, son utilisation de diverses ressources intérieures et extérieures au groupe et par le rôle du travailleur social axé sur l'utili- sation consciente et polyvalente de soi et de son activité et sur la recherche de l'autonomie de l'individu et du groupe, (p. 30)

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Dans leur article sur le modèle du courant central, Papell et Rothman (1983) relèvent certaines caractéristiques communes au service social des groupes : objectif commun, aide mutuelle et expériences variées, utilisation de révolution spontanée du groupe, extériorité du groupe, encouragement à l'autonomie des membres et flexibilité dans l'action de l'intervenant.

Dans le même sens, Middleman et Goldberg (1987) distinguent le service social des groupes et la thérapie de groupe. Ils estiment que les groupes de rencontre et les groupes de thérapie ne peuvent pas être considérés comme du service social, bien qu'il soit possible de retrouver une dimension thérapeutique dans le service social des groupes. A leur avis, pour être rattachée au domaine du service social des groupes, une intervention doit respecter quatre critères : 1) l'intervenant doit aider les membres du groupe à former un système

d'aide mutuelle; 2) il doit comprendre et utiliser les processus de groupe tout en aidant

les membres à en faire autant; 3) il doit s'efforcer de développer le plus possible l'autonomie des

membres; 4) au terme de l'intervention, il doit leur permettre de prendre cons-

cience de ce qu'ils ont vécu dans le cadre de leur expérience de groupe.

Il se dégage de ces indications que le service social des groupes se présente comme une perspective d'intervention qui est basée sur les notions d'aide mutuelle, de responsabilité partagée et de solution col- lective aux problèmes, où les membres peuvent à la fois s'aider eux- mêmes et s'aider les uns les autres (Brown, 1991; Heap, 1987; Middle- man, 1990). Tout en reprenant ces éléments de base, certains modèles d'intervention insistent sur l'importance de développer le pouvoir des membres afin de leur permettre d'agir sur leurs conditions socio- économiques (Breton, 1993, 1994; Mullender et Ward, 1991).

Pour les fins de la présente étude, une conception générale du service social des groupes a été privilégiée. Ainsi, l'intervention de groupe a été définie comme toute action s'adressant à un regroupement de trois per- sonnes ou plus qui se réunit régulièrement, sous la responsabilité (ou la co-responsabilité) d'une personne ayant une formation collégiale ou universitaire en travail social, dans le but de résoudre ou de prévenir des problèmes personnels, organisationnels ou sociaux.

Dimensions retenues pour V étude des pratiques Afin de permettre la comparaison des résultats, les dimensions qui ont été retenues pour cerner les caractéristiques des pratiques s'inspirent de celles qui ont été utilisées dans la recherche de Home et Darveau-

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Fournier (1981, 1982) et dans celle de Pâquet-Deehy et coll. (1982, 1983, 1985). Ces dimensions portent sur les objectifs du groupe, le pro- cessus d'intervention, la structure du groupe et les rôles respectifs des praticiens et des membres.

Objectifs : La documentation présente de multiples façons de classifier les pratiques de groupe à partir des objectifs visés. Par exemple, Papell et Rothman (1978) distinguent quatre motifs qui peuvent sous-tendre l'intervention de groupe : 1) favoriser le changement d'attitude ou de comportement chez des

personnes qui font face à des situations problématiques de même nature;

2) engager le changement social en augmentant la participation des personnes dans leur milieu ou en développant des ressources;

3) favoriser le développement personnel, la socialisation et l'action préventive;

4) influencer les organismes dans le sens d'une plus grande humanisa- tion et d'une meilleure efficacité des services.

Allant dans le même sens, Brown (1991) dégage quatre catégories de groupes en service social : les groupes de traitement, les groupes d'édu- cation, les groupes d'action sociale et les groupes à caractère administra- tif. Dans leur recherche, Home et Darveau-Fournier (1981) ont utilisé une classification qui rejoint ces deux typologies. Les pratiques d'inter- vention de groupes y sont divisées en quatre catégories : les groupes met- tant l'accent sur le changement personnel, les groupes privilégiant le développement, les groupes axés sur le changement social et les groupes mettant en valeur l'efficacité et l'humanisation des services.

Toseland et Rivas (1984) distinguent six types de groupes qu'ils divi- sent en deux grandes catégories : les groupes de traitement qui peuvent viser des objectifs de croissance, d'éducation, de changement personnel et de socialisation, et les groupes de tâches qui peuvent être formés autour des besoins de l'organisation ou en fonction des besoins des clients. D'autres auteurs (Klein, 1972; Northen, 1988; Zastrow, 1994) y vont de typologies comportant des catégories encore plus nombreuses. Dans la présente étude, nous avons retenu la classification de Home et Darveau-Fournier (1981) qui a été également utilisée par Pâquet-Deehy et ses collaborateurs (1982).

Processus d'intervention: Le processus d'intervention correspond à la démarche structurée et ordonnée qui guide l'action de l'intervenant; il fait référence au mouvement par lequel se réalise l'intervention. Le pro- cessus d'intervention en service social des groupes se décompose en quatre phases : la phase pré-groupe ou planification, la phase de début, la phase de travail et la phase de terminaison. Ces différentes phases im- pliquent la réalisation d'activités particulières par l'intervenant et, conséquemment, font appel à des habiletés précises.

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Considérant la difficulté de reconstituer l'ensemble du processus d'in- tervention, compte tenu de la multiplicité et de la complexité des élé- ments en cause, l'étude de cette dimension fut réalisée par l'analyse de quatre volets : la formation du groupe, sa structuration, la nature de la programmation et l'évaluation des résultats. La formation fait référence au type de membres, aux modalités de recrutement et aux critères de sélection. La structuration correspond à la taille du groupe, de même qu'à la durée et à la fréquence des rencontres. La programmation porte sur la nature des activités et sur la façon de déterminer, de réaliser et de modifier le programme. Finalement, Y évaluation s'intéresse aux mo- ments, aux objectifs et aux modalités privilégiés par les intervenants pour mesurer l'intervention.

Structure du groupe : La troisième dimension retenue touche la struc- ture du groupe. Les variables considérées à ce niveau font référence à la présence de rôles formels, à la nature des interactions entre les mem- bres et à celle des normes explicites. Précisons que les normes corres- pondent aux croyances et aux attentes partagées par les membres sur les façons appropriées de se comporter dans le groupe. Comme elles contri- buent à stabiliser et à réglementer les comportements dans le groupe, elles sont étroitement associées à la participation (Northen, 1988; Tose- land et Rivas, 1984).

Position du praticien et des membres : La dernière dimension considérée pour l'analyse des pratiques concerne la place de l'intervenant et l'en- gagement des membres aux diverses étapes du processus d'intervention. La place de l'intervenant est abordée sous deux angles : sa position et son rôle. La position correspond à la place occupée par l'intervenant au sein du groupe. Cette position, qui devrait se transformer au fil de l'évolution du groupe (Middleman et Goldberg, 1987), peut se situer sur un continuum allant d'une position centrale à une position périphérique, selon le degré d'engagement dans le groupe. Selon Henry (1992), au début, l'intervenant devrait occuper une position cen- trale pour favoriser l'engagement des membres. Il devrait ensuite se situer de plus en plus en périphérie pour revenir à la fin de la démarche d'intervention à une position centrale lui permettant de faciliter la clô- ture du groupe et de s'assurer que l'expérience se termine sur une note positive.

L'évolution de la position occupée par l'intervenant devrait aller de pair avec la transformation de son rôle au sein du groupe. Ce rôle peut se situer sur un continuum allant d'un rôle de premier plan à un rôle de facilitateur, selon sa fonction et les modalités d'intervention qu'il privilégie (Henry, 1992). Bien que la documentation présente une grande variété de rôles (voir Brown, 1991; Toseland et Rivas, 1984), dans la présente étude, on en a exploré quatre :

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1) thérapeute , rôle dans lequel l'intervenant aide le groupe à développer un climat d'entraide qui facilite la réalisation de changements per- sonnels et la résolution de problèmes;

2) faálitateur d'aide mutuelle , rôle qui consiste à aider le groupe à devenir plus compétent et autonome et à intervenir au niveau des interac- tions entre les membres et entre le groupe et l'environnement;

3) personne-ressource , rôle dans lequel l'intervenant fournit des informa- tions et assiste le groupe dans la recherche d'un fonctionnement effi- cace;

4) enseignant , rôle où l'intervenant a comme fonction principale la transmission d'informations ou la réalisation d'un programme pré- établi.

Difficultés éprouvées au niveau de l'intervention : Une autre préoccupation à l'origine de cette étude portait sur la détermination des difficultés aux- quelles font face les intervenants. Ces difficultés ont été explorées sous deux angles : les situations problématiques et les contraintes organisa- tionnelles. Les premières rejoignent ce que Goldberg (1989) appelle les défis de la pratique (practice challenges); il s'agit des situations qui font obstacle à l'atteinte des objectifs du groupe ou qui perturbent le fonc- tionnement des membres et face auxquelles l'intervenant doit réagir. Deux modalités ont été utilisées pour les reconnaître : une question ouverte invitant les répondants à décrire des situations problématiques vécues dans le cadre de leurs interventions et une question fermée comprenant une liste de situations dont les répondants devaient évaluer le niveau de difficulté (élevé, moyen, faible ou absent). Cette liste a été développée à partir de la recherche de Goldberg (1989).

Les contraintes organisationnelles ont été dégagées par la reconnais- sance des obstacles auxquels se butent les intervenants lorsqu'ils font de l'intervention de groupe et par l'évaluation de l'influence de certaines caractéristiques de l'organisation sur leurs pratiques (budget, temps al- loué, supervision, équipements).

Méthodologie Comme cette étude a été réalisée avec le souci de pouvoir établir une comparaison avec les résultats des recherches de Home et Darveau- Fournier (1981) et de Pâquet-Deehy et coll. (1982) qui portaient respec- tivement sur les pratiques de groupe dans la région de Québec, dans un cas, et à Montréal, dans l'autre, la démarche méthodologique et les instruments de mesure s'en inspirent largement. Cependant, il ne s'agit pas à proprement parler d'une étude de vérification ( replication study), puisque la population à l'étude, la méthode de sélection des répondants et les modalités de collecte des données en diffèrent sensiblement. La comparaison des données appelle donc des nuances.

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Échantillon Cette étude a été réalisée auprès d'un échantillon non aléatoire de volontaires identifiés à partir de la liste des participants aux colloques sur le service social des groupes tenus en 1992 et 1993 dans le cadre des Journées Simone-Paré. Cet échantillon initial a été élargi grâce à la tech- nique de la «boule de neige»; ainsi, les personnes rejointes ont été invitées à fournir le nom de personnes qui, à leur connaissance, faisaient de l'intervention de groupe. Cette stratégie a permis de rejoindre 54 répondants. Évidemment, un tel échantillon ne permet pas de préten- dre à la généralisation des résultats, mais comme il est sensiblement de la même taille que celui de la recherche réalisée par Home et Darveau- Fournier, il nous apparaît suffisant pour établir des comparaisons entre les résultats des deux recherches1.

Les données ont été recueillies à l'aide d'un questionnaire élaboré à partir de l'instrument utilisé dans la recherche de Home et Darveau- Fournier (1981). La formulation et le mode de présentation de cer- taines questions en furent toutefois légèrement modifiés afin, d'une part, de permettre aux répondants de pouvoir le remplir individuelle- ment plutôt que dans le cadre d'un entretien dirigé et, d'autre part, pour corriger des ambiguïtés qui avaient été relevées lors de la recher- che initiale. Cette version révisée fut pré-testée auprès de cinq inter- venants ayant une expérience variée et oeuvrant dans des milieux de pratique différents. Dans sa version finale, le questionnaire comporte 65 questions regroupées en deux sections. La première porte sur les caractéristiques du répondant et sur ses conditions de pratique; ces volets concernent les facteurs susceptibles d'influencer la pratique. La seconde section regroupe les questions qui traitent des caractéristiques de la pratique et des situations problématiques.

Les données ont été traitées dans l'optique d'une analyse comparative avec les résultats des recherches antérieures. Ainsi, la codification des questions ouvertes a été basée autant que possible sur les catégories uti- lisées dans ces recherches. Le traitement des données a conduit à la pro- duction de tableaux de fréquences permettant d'obtenir une vue d'ensemble des données. Dans un deuxième temps, une analyse du degré d'association entre certaines variables a été réalisée à l'aide de tableaux croisés.

Profil des répondants Sur les 80 personnes jugées admissibles, qui avaient accepté de parti- ciper à l'étude, 54 ont retourné le questionnaire, ce qui se traduit par un taux de réponse de 67,5 %. Au cours des deux dernières années, ces per- sonnes ont animé ou co-animé 71 groupes. La plupart des 54 répon- dants (90,7 %) sont des femmes. La majorité (64,8 %) travaille dans des CLSC, alors que les autres se répartissent principalement dans les orga-

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nismes communautaires (12,9 %), les centres de protection de l'enfance et de la jeunesse (5,5 %), les centres d'accueil (3,7 %), les centres hospi- taliers (3,7 %) et dans divers autres organismes (9,3 %). En ce qui a trait au type de problématique, c'est dans le secteur enfance-famille que se retrouvent le plus grand nombre de répondants (53,7 %), les autres oeu- vrant avec les adultes et les personnes âgées (24 %), dans le domaine de la santé et de la santé mentale (16,6 %) et en milieu scolaire (5,5 %). Par rapport à l'étude de 1981, il y a une diminution marquée du nombre de répondants qui proviennent du milieu scolaire (5,5 % par rapport à 23 %) alors que la proportion des répondants qui se retrouvent dans le secteur enfance-famille est plus importante (53,7 % par rapport à 30 %). D'après nous, ce phénomène peut s'expliquer par les transformations structurelles du réseau des services sociaux, notamment la réinstallation des intervenants du milieu scolaire au sein des équipes « famille » des CLSC. Sur le plan géographique, la majorité des répondants résident dans la région de Québec, mais il s'en trouve également qui viennent du Saguenay, du Bas du fleuve, du Centre du Québec, de la Mauricie et de la région de Montréal. Compte tenu de l'origine géographique plus diversifiée de ses répondants, la présente étude se distingue donc des recherches de Home et Darveau-Fournier (1981) et de Pâquet-Deehy et coll. (1982) qui couvraient respectivement la région de Québec et celle de Montréal.

Caractéristiques des pratiques de groupe Les groupes qu'animent ces intervenants présentent une grande diver- sité quant à leur cible d'intervention et à leur problématique. Environ un groupe sur trois (31 %) porte sur l'éducation des enfants et s'adresse aux parents de jeunes enfants ou aux parents d'adolescents. Un groupe sur cinq (18,3%) vise le développement des habiletés sociales; ce type de groupe touche tous les groupes d'âge. Les autres groupes portent sur la violence conjugale (14,1 %), l'aide face aux pertes et aux transitions (14,1 %), le soutien aux aidants naturels (11,3%), l'accompagnement des victimes d'abus sexuels (5,6 %) et d'autres problématiques (5,6 %).

Objectifs Les groupes de la présente étude se distinguent nettement des groupes identifiés en 1981 et en 1982 au niveau des objectifs. Dans l'étude de Home et Darveau-Fournier (1981), il y avait une répartition à peu près égale des groupes de traitement, des groupes de développement et des groupes axés sur l'action sociale, tandis que la pratique actuelle apparaît s'orienter nettement vers l'utilisation de groupes visant le développe- ment. Dans ce type de groupe, les membres et le groupe sont la cible de l'intervention et les activités sont orientées principalement vers la crois- sance de la personne, le développement de ses habiletés et l'enrichisse-

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ment de son réseau de soutien social. Huit groupes sur dix se classent dans cette catégorie. Par ailleurs, il n'y a qu'un seul groupe dont l'objec- tif premier est l'action sociale.

Bien que fort inférieure à celle de la recherche de 1981, la proportion de groupes d'action sociale se rapproche des résultats de l'étude de Pâquet-Deehy et coll. (1982). Dans cette dernière étude, seulement 6,8 % des groupes recensés visaient des objectifs d'action sociale, alors que la moitié des groupes étaient axés sur le changement personnel. A l'époque, les auteurs expliquaient l'écart entre les deux études par l'in- fluence des coupures budgétaires et des changements de priorités gouvernementales survenus entre 1981 et 1982. Si les données actuelles laissent croire que ce mouvement s'est accentué au profit d'une ten- dance plus forte à utiliser l'intervention de groupe dans un objectif de développement où l'accent est mis sur l'entraide et le soutien mutuel, certaines nuances s'imposent. En fait, il est possible que cette différence tienne au fait que les groupes de changement personnel et les groupes d'action sociale soient davantage animés par des personnes qui n'ont pas de formation en service social ou qui ne s'associent pas au service social des groupes. Compte tenu des modalités de constitution de l'échantillon, ces personnes n'auraient pas été rejointes dans le cadre de la présente étude.

TABLEAU 1 Objectifs des groupes

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145)

Type d ' objectifs primaires Changement personnel 19,7 30,5 50,0 Développement 78,9 36,6 42,0 Action sociale 1,4 32,9 6,8

Processus d'intervention Au niveau du processus d'intervention, la majorité des groupes sont fermés, c'est-à-dire que les membres débutent, réalisent et terminent leur expérience ensemble (Henry, 1992). La quasi-totalité (98,6%) ont été formés par les intervenants, principalement à partir des demandes de service adressées à leur organisme. Dans huit groupes sur dix (82,9%), des critères de sélection sont utilisés. Ces critères se rappor- tent presque toujours (91,3 %) à la nature de la situation vécue par les membres potentiels; les groupes sont donc formés sur la base de l'homo- généité des problèmes éprouvés. Les données sur la formation des groupes présentent plusieurs similitudes avec celles de la recherche de

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1981, sauf en ce qui a trait au type de recrutement; actuellement, un plus grand nombre de groupes sont formés par les intervenants.

Au niveau de la structuration, la plupart des groupes (73,2 %) comp- tent moins de dix membres; à cet égard, la pratique ressemble à ce qui a été observé en 1981, mais diffère du portrait de Montréal (1982). Toutefois, une différence est perceptible au chapitre de la durée de l'intervention et de la fréquence des rencontres; la pratique actuelle présente une utilisation plus marquée du groupe à court terme avec des rencontres plus fréquentes. Sur cet aspect, elle colle davantage à la réalité qui avait été observée dans les groupes de la région de Montréal.

TABLEAU 2 Formation et structuration des groupes

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145) Formation

Type de groupe Ouvert ou semi-ouvert 40,8 40,2 58,3 Fermé 59,2 59,7 41,7

Type de recrutement Par les membres 1,4 28,7 8,5 Par les intervenants 98,6 71,3 71,9

Critères de sélection Absence de critères formels 17,1 16,6 24,3 Présence de critères formels 82,9 83,7 75,7

Structuration Taille du groupe

Petit groupe (5-9 membres) 73,2 62,2 42,2 Grand groupe (10-19 membres) 26,8 28,8 57,8

Durée du groupe Courte (moins de 7 rencontres) 25,7 14,5 - Moyenne (8-15 rencontres) 57,1 40,6 82,0 Longue (16-23 rencontres) 10,0 5,8 11,1 Groupe permanent 7,1 39,1 6,9

Fréquence des rencontres Fréquent (1-2 fois/semaine) 73,2 50,7 72,1 Moins fréquent (1-2 fois/mois) 26,8 49,3 27,9

Programmation L'étude de la démarche de planification et de réalisation des activités révèle que les membres sont engagés dans la planification du pro- gramme dans la majorité des groupes (52,2%). Cette planification se fait le plus souvent dans le cadre d'une participation conjointe avec l'intervenant. Par ailleurs, si généralement ce sont les intervenants qui

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assument le leadership en matière de réalisation du programme (68,6%), les décisions reliées à la modification du programme sont prises, le plus souvent, de façon conjointe par l'intervenant et les mem- bres. Comparativement aux résultats des études de 1981 et de 1982, les données actuelles révèlent une participation plus active des intervenants dans la réalisation du programme d'activités du groupe.

Le dernier volet du processus d'intervention qui a été exploré touche l'évaluation de la démarche d'intervention. Les données révèlent que dans presque tous les groupes (95,6%), il y a un souci d'évaluation du processus et des résultats de l'intervention. Cette évaluation se situe à différents moments de la démarche d'intervention : à la fin de chacune des rencontres (60 %), à mi-chemin de la démarche (48,6 %) ou à la fin de l'ensemble des rencontres (87,1 %).

L'évaluation à chaque rencontre se fait le plus souvent verbalement (65,2 %) et l'information obtenue est utilisée principalement pour me- surer le degré de satisfaction et les progrès réalisés par les membres. L'évaluation à mi-chemin se fait également le plus souvent de façon ver- bale (68,4%) et sert à vérifier la satisfaction des membres, à ajuster le contenu des rencontres subséquentes et à mesurer les progrès réalisés. Enfin, l'évaluation finale est généralement à la fois écrite et verbale (80,9 %). Elle porte sur la mesure des progrès réalisés par les membres et sur le niveau de satisfaction. Des grilles d'évaluation élaborées locale- ment sont les instruments privilégiés pour réaliser cette évaluation.

TABLEAU 3 Programmation des groupes

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145) Détermination du programme

Surtout par les intervenants 47,7 34,1 41,6 Par les intervenants et le groupe 37,3 45,7 43,5 Surtout par le groupe 14,9 19,8 14,9

Réalisation du programme Surtout par les intervenants 68,6 36,7 50,3 Par les intervenants et le groupe 26,8 41,8 36,6 Surtout par le groupe 4,5 21,5 13,1

Modification du programme Surtout par les intervenants 11,8 11,1 22,9 Par les intervenants et le groupe 72,0 45,7 55,6 Surtout par le groupe 16,1 37,1 21,6

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64 Revue canadienne de service social, volume 13 (hiver)

TABLEAU 4 Évaluation

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145) Utilisation de revaluation

Présence d'une évaluation formelle 95,6 89,0 88,8 Absence d'évaluation 4,4 10,0 11,2

Structure En regard de la structure, les données indiquent que dans presque tous les groupes (90%), l'intervenant encourage l'adoption de normes vi- sant à en régir le fonctionnement. Cette proportion est plus élevée que dans les études de 1981 (65,8 %) et de 1982 (76,6 %). L'analyse du con- tenu de ces normes révèle qu'elles touchent des aspects comme l'ap- partenance (88,7 %) (ponctualité, assiduité, règles d'abandon), les con- duites à l'extérieur du groupe (84,5 %) (confidentialité, contact avec les membres en dehors du groupe) et le fonctionnement interne (60,6%) (tâches, rôles). Par ailleurs, même si l'intervenant assume l'animation des rencontres dans presque tous les groupes (94,4%), dans trois groupes sur quatre, il laisse libre cours aux interactions spontanées dans la mesure où elles sont reliées aux objectifs du groupe. Les données indi- quent donc que l'intervenant s'assure de mettre en place un cadre pro- pice au fonctionnement harmonieux du groupe et, une fois ce cadre en place, il laisse libre cours aux interactions entre les membres dans la mesure où ces interactions sont reliées aux objectifs du groupe.

TABLEAU 5 Structure des groupes

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145) Normes du groupe

Normes encouragées par l'intervenant 90,0 65,8 76,6 Normes apparues spontanément 8,6 15,8 Absence de normes explicites 1,4 18,4 23,4

Souplesse des interactions Interactions dirigées par l'intervenant 14,5 37,0 15,6 Interactions spontanées liées

aux objectifs 76,9 49,4 56,5 Interactions complètement libres 8,6 13,6 27,2

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Canadian Social Work Review, Volume 13 (Winter) 65

Position de l'intervenant et des membres La majorité des intervenants (65,7 %) occupent une position centrale dans le groupe en agissant comme responsables de la planification et du déroulement des rencontres. Les autres se voient comme des anima- teurs qui orientent les discussions et facilitent la participation (21,4 %), ou comme des formateurs qui transmettent un contenu aux membres (11,4%). Comparativement aux données des recherches antérieures, on dénote une tendance chez les intervenants à adopter une position plus centrale dans le groupe.

En ce qui a trait à leur rôle principal, les intervenants se définissent majoritairement (72,7 %) comme des thérapeutes, rôle qui était pré- senté dans le questionnaire comme quelqu'un « qui aide le groupe à dé- velopper un climat d'entraide dans lequel les membres peuvent réaliser des changements personnels et solutionner les problèmes qu'ils rencon- trent». Ce portrait du rôle de l'intervenant diffère radicalement des résultats des recherches de 1981 et 1982 où les répondants se situaient davantage comme des « facilitateurs » ou des «enseignants». Cepen- dant, comme les groupes actuels sont le plus souvent formés de per- sonnes qui partagent une problématique commune, il n'est pas éton- nant que les intervenants se définissent principalement comme des per- sonnes qui essaient de mobiliser le potentiel d'entraide présent dans le groupe pour la solution des problèmes vécus par les membres.

Pour ce qui est de l'engagement des membres, la participation ob- servée présente les mêmes tendances que dans les deux études anté- rieures: les personnes sont généralement très engagées dans l'atteinte des objectifs du groupe. En fait, les principales interventions des mem- bres sont davantage orientées vers l'aide aux autres membres que vers la réalisation de tâches concrètes. Cette différence nous apparaît s'expli- quer en grande partie par le fait que les groupes actuels sont davantage axés sur le développement des membres que sur l'action sociale.

Les recherches de 1981 et de 1982 avaient dégagé une relation entre le type de groupe (établi à partir de l'objectif primaire) et des aspects comme le rôle de l'intervenant et des membres, le programme d'activi- tés, la structure et les normes du groupe. Les données actuelles sont différentes. L'étude de la relation entre le type de groupe et différents aspects de l'intervention indiquent que les deux types de groupes relevés (changement personnel et développement) présentent le même profil, sauf en ce qui a trait à la position de l'intervenant. Sur ce plan, dans les groupes de changement personnel, les intervenants sont plus enclins à occuper une position centrale axée sur la présentation d'un contenu structuré, alors que dans les groupes de développement, ils se situent davantage en retrait : leur intervention vise surtout à solliciter la participation des membres et à orienter les échanges.

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66 Revue canadienne de service social, volume 13 (hiver)

TABLEAU 6 Position de l'intervenant

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145) Position dans le groupe

Planifie et dirige le groupe (centrale) 65,7 28,0 32,7 Oriente les discussions, la participation

(peu centrale) 21,4 36,6 50,3 Présente un contenu structuré (centrale) 11,4 12,2 7,2 Participe comme les autres (périphérique) 1,4 29,3 4,6

Rôle principal Thérapeute 72,7 30,0 23,1 Enseignant 15,0 16,7 23,1 Personne-ressource 7,6 15,0 12,2 Facilitateur 4,5 30,0 40,8

TABLEAU 7 Engagement des membres

% des groupes 1994 1981 1982

(N = 71) (N = 82) (N = 145)

Engagement dans l'atteinte des objectifs Très engagés 80,0 69,5 61,6 Plus ou moins engagés 20,0 30,5 38,3

Principales interventions réalisées par les membres

Aide directe aux autres membres 85,9 29,3 60,3 Interventions axées sur le groupe (cohésion) 8,4 23,2 14,7 Contribution aux tâches du groupe 5,6 42,7 24,7

Conditions d'exercice de l'intervention de groupe De l'avis des répondants, les conditions de pratique exercent une in- fluence très nette sur leur décision de recourir à l'intervention de groupe. En ce sens, la reconnaissance de la valeur de cette méthode par l'organisme, l'appui du supérieur immédiat et l'ouverture des collègues sont des éléments qui contribuent à son utilisation. Au niveau des con- traintes, la lourdeur de la charge de travail (nombre de cas à traiter et manque de temps) est le facteur le plus fréquemment invoqué par les répondants (60%) pour expliquer pourquoi ils n'utilisent pas davan- tage cette méthode. Les autres motifs tiennent à l'absence d'équipe- ments, au mode d'intervention privilégié dans l'organisme, à l'absence

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Canadian Social Work Review, Volume 13 (Winter) 67

TABLEAU 8 Comparaison entre les groupes selon leur objectif primaire

Changement personnel Développement (N = 14) (N = 56)

Détermination des objectifs Surtout le praticien ou l'organisme 64,3 72,2 Surtout le groupe 35,7 27,8

Rôle principal Thérapeute 76,9 69,8 Enseignant 23,1 15,1 Personne-ressource - 9,4 Facilitateur - 5,7

Principales actions de l'intervenant Aide le groupe (cohésion, entraide) 35,7 47,4 Aide directement les membres 57,1 42,1 Aide le groupe face aux tâches (objectifs,

décisions) 7,2 10,5 Centralité par rapport au groupe *

Planifie et dirige le groupe (central) 50,0 69,1 Présente un contenu structuré (central) 35,7 5,4 Oriente les discussions, la participation

(moins central) 14,3 23,6 Participe au même titre que

les autres (périphérique) - 1,8 Structure formelle des rôles

Aucun rôle formel 45,5 45,8 Rôle d'animateur assumé par l'animateur ou

les membres 54,5 54,2 Détermination du programme

Surtout le praticien 53,8 47,2 Surtout le groupe (praticien peut aider) 46,2 52,8

Perception de la capacité des membres Moins capables de participation 50,0 50,0 Capables d'une certaine participation 35,7 42,8 Capables de prendre le groupe en main 14,3 7,2

* P<0,05.

de soutien et de supervision et à la préférence de la clientèle pour l'intervention individuelle. L'absence d'une supervision professionnelle suffisante est un élément particulièrement préoccupant, si l'on con- sidère qu'à peine plus de la moitié des répondants (55,5%) estiment que leur formation est suffisante pour leur permettre de faire convena- blement de l'intervention de groupe.

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68 Revue canadienne de service social, volume 13 (hiver)

TABLEAU 9 Nature des contraintes de l'intervention de groupe

Facteurs Éléments mentionnés %*

Charge de travail Manque de temps 57,4 Pression pour liquider la liste d'attente Surcharge de travail

Absence de soutien Manque de soutien technique 22,2 et de supervision Pas de supervision appropriée

Absence de soutien des autres intervenants

Manque d'équipements Absence de locaux convenables 22,1 Manque d'espace

Modalité d'intervention Exigence de faire de l'intervention 20,4 de l'organisme individuelle

Nécessité de démontrer la rentabilité du groupe Peu d'intervenants croient au groupe

Attentes de la Préférence pour l'intervention 13,0 clientèle individuelle

Clientèle lourde qui répond mieux en individuel Personnes réfractaires à se joindre à un groupe

* Le total est supérieur à 100 car les répondants pouvaient indiquer plus d'une réponse. Il ressort de ces données que les conditions actuelles de pratique ne

sont pas nécessairement propices à l'intervention de groupe. Pourquoi alors ces intervenants choisissent-ils, malgré tout, de recourir à cette méthode? Pour la moitié (52,8%), ce choix s'appuie sur la possibilité d'utiliser le potentiel d'aide mutuelle qui est présent dans un groupe. Pour les autres, cette décision découle de leur intérêt personnel pour cette méthode (15,1 %), de la possibilité de rejoindre plusieurs per- sonnes à la fois (12%), de la diversité des moyens d'intervention qui peuvent être utilisés en groupe (12 %) et de l'intérêt de leur organisme pour ce type d'intervention (9,1 %).

Comme les autres méthodes, l'intervention de groupe n'est pas exempte de difficultés. Les plus importantes tiennent à la participation problématique des membres réfractaires ou résistants (manque d'assi- duité, retards, conflits, absence d'engagement, mode d'expression ina- déquat), aux demandes répétées de certains membres à l'endroit de l'intervenant pour obtenir une solution à leurs problèmes personnels, au recrutement de personnes intéressées et à la mise sur pied du groupe.

Le tableau 10 présente l'évaluation des répondants du degré de diffi- culté des 25 situations mentionnées dans le questionnaire. Ces situations

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Canadian Social Work Review, Volume 13 (Winter) 69

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70 Revue canadienne de service social, volume 13 (hiver)

ont été inspirées par la recherche de Goldberg (1989) sur les incidents critiques. Pour chaque situation, les répondants devaient indiquer si elle représentait pour eux un niveau de difficulté élevé, moyen, faible ou absent. Le score de la colonne de droite a été établi en attribuant la cote 3 pour un niveau élevé, 2 pour un niveau moyen et 1 pour un niveau fai- ble. Il en ressort que les aspects généralement les plus problématiques pour les répondants sont la présence de membres réfractaires ou résis- tants au sein du groupe, la présentation de situations incitant à faire de l'intervention individuelle dans un cadre de groupe, la difficulté de cer- tains membres à s'exprimer et le recrutement d'un nombre suffisant de personnes pour démarrer le groupe. Ce dernier aspect est moins répan- du que les précédents, mais il représente un plus haut degré de diffi- culté pour les personnes qui y font face. Par ailleurs, les interventions d'ordre éducatif ou informationnel, le travail avec les membres entre les rencontres et la co-animation sont des aspects qui apparaissent moins problématiques pour les répondants. Dans le cas de la co-animation, c'est une observation significative, si l'on considère que la plus grande partie (77,5 %) des interventions signalées par les répondants se font en co-animation.

Pour faire face à ces situations problématiques, les intervenants recourent à des stratégies diverses. Les plus répandues se présentent ainsi : l'intervenant invite les membres à aller plus avant dans la présen- tation de faits et d'opinions ou dans l'expression de sentiments; il précise le cadre de fonctionnement du groupe (spécification du mandat et des rôles de chacun, établissement et mise en vigueur de normes); il réoriente la discussion. Voici quelques exemples de ces stratégies.

Invitation à aller plus avant dans la présentation de faits ou dans l'expression de sentiments :

Il arrive qu'une personne propose rapidement une « recette » à une autre. Nous revenons alors sur la situation et demandons à la per- sonne de décrire davantage son problème.

Précision sur le cadre de fonctionnement du groupe :

Lorsque le groupe a de la difficulté à se situer, je rappelle le but du groupe et j'aide les membres à réfléchir à leurs besoins. Pour faire taire la personne très bavarde, je suis revenu sur ce qui avait été dit à la première rencontre, soit : faire en sorte que chacun ait du temps pour s'exprimer.

Réorientation de la discussion :

Certaines personnes s'éloignent du sujet; je les ramène en leur demandant de s'exprimer sur le bon sujet.

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Canadian Social Work Review, Volume 13 (Winter) 71

Il y avait une participante non acceptée. Après réflexion, plutôt que d'intervenir individuellement, nous avons décidé d'agir auprès de l'ensemble du groupe en exprimant notre malaise et en dégageant avec les membres des solutions possibles.

Globalement, les données font ressortir que les conditions de prati- que exercent une influence sur l'intervention à deux niveaux: d'une part, par les moyens offerts aux intervenants qui recourent à l'interven- tion de groupe (ressources matérielles, ouverture des collègues, supervi- sion professionnelle) et, d'autre part, par les caractéristiques de la clien- tèle, lesquelles apparaissent en lien direct avec les situations problémati- ques qui sont vécues en intervention (résistance, absentéisme, difficulté d'expression, demande d'aide individuelle). Bien que les intervenants en arrivent à développer des stratégies efficaces pour faire face aux con- traintes et aux difficultés avec lesquelles ils doivent composer, il y a lieu de s'interroger sur la lourdeur que peut représenter pour eux cet exer- cice, si l'on considère que plusieurs ne se sentent pas suffisamment préparés pour faire de l'intervention de groupe et, qu'au surplus, ils esti- ment ne pas pouvoir compter, dans leur milieu de travail, sur une super- vision professionnelle suffisante face à cette méthode d'intervention. On peut donc en déduire que les conditions actuelles de pratique ne facilitent pas l'utilisation de l'intervention de groupe ce qui exige, de la part des intervenants qui privilégient cette méthode, de faire preuve de conviction et de ténacité.

Conclusion Les pratiques qui ont été relevées dans cette étude se présentent comme des démarches d'intervention dotées des caractéristiques suivantes : les objectifs et le programme sont établis en majeure partie par l'inter- venant, l'accent est davantage placé sur la démarche du groupe et le vécu des membres que sur la tâche à accomplir, la position centrale occupée par l'intervenant au début devient plus périphérique à mesure que le groupe évolue et l'action de l'intervenant est orientée vers le dé- veloppement de l'aide mutuelle entre les membres. Les pratiques ac- tuelles correspondent donc assez fidèlement aux quatre critères aux- quels se réfèrent Middleman et Goldberg (1987) pour définir le service social des groupes, à savoir l'accent sur l'aide mutuelle, l'utilisation du processus de groupe, le développement de l'autonomie des membres et la prise de conscience du vécu dans le groupe.

Si l'on compare ce profil avec ceux qui avaient été dégagés dans les recherches de Home et Darveau-Fournier (1981) et de Pâquet-Deehy et coll. (1982), les pratiques actuelles se distinguent par une plus grande structuration de l'intervention : les actions sont davantage planifiées, l'animation est plus directive, la durée est plus limitée, les rencontres plus régulières et il y a une préoccupation marquée pour évaluer les

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résultats de l'intervention. En fait, les pratiques actuelles présentent plusieurs des caractéristiques qui se retrouvent chez les groupes à court terme : spécificité des objectifs, utilisation structurée du temps, direc- tivité de l'intervenant, plus grande intensité des relations (Alissi et Casper, 1985).

Cette transformation dans le sens d'une plus grande structuration de l'action ne serait pas particulière au service social des groupes. En effet, au terme d'une étude de la documentation sur les pratiques d'interven- tion de groupe dans diverses disciplines, Zimpfer (1984) a relevé une tendance de plus en plus marquée pour le recours à des pratiques con- crètes, structurées et limitées dans le temps. Ces pratiques correspon- dent à ce que McKay et Paleg (1992) définissent comme les groupes cen- trés {focal groups). Ces groupes sont très structurés, ils ont une cible d'in- tervention précise et limitée, leur action est très orientée vers l'objectif et ils s'appuient sur une volonté de provoquer rapidement des change- ments.

Bien qu'il soit difficile de cerner avec exactitude les facteurs qui expli- quent ce mouvement, on peut penser que le contexte de travail y est pour quelque chose, puisque l'influence des facteurs organisationnels est mentionnée par plusieurs intervenants. L'effet combiné de la réduc- tion des services et de l'alourdissement de la charge de travail force les intervenants à agir plus rapidement et à se centrer sur des objectifs d'intervention très circonscrits. Par ailleurs, l'utilisation de plus en plus répandue de l'intervention de groupe auprès de populations difficiles à rejoindre et de personnes résistantes ou non volontaires entraîne des problèmes qui soulèvent la nécessité de développer de nouvelles mé- thodes non seulement au niveau du recrutement, mais également au niveau de la gestion des situations problématiques qui peuvent se pro- duire dans un groupe. Des actions en ce sens ont déjà été amorcées par plusieurs personnes (Breton, 1991, 1994; Brown, 1989, 1991; Rothman et Papell, 1990); il faut les poursuivre tout en s'assurant que le contenu des programmes de formation tienne compte de cette nouvelle réalité.

A l'instar des autres méthodes d'intervention, le service social des groupes doit adapter ses méthodes pour répondre à des situations de plus en plus détériorées. Toutefois, si pour trouver des réponses innova- trices aux défis actuels, comme le mentionne Breton (1990), «il nous faut intégrer le changement social et l'engagement politique à tous nos modèles de pratique » (p. 24) , la tendance relevée dans cette étude, qui va dans le sens d'une diminution des interventions visant l'action so- ciale, doit amener les milieux de pratique et les milieux de formation à se remettre en question. Dans un contexte de diminution des ressources et d'aggravation des problèmes sociaux, intervenants, formateurs et chercheurs doivent conjuguer leurs efforts pour développer des modes de pratiques qui sauront répondre, non seulement de façon immédiate,

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mais dans une perspective de développement social, aux besoins des personnes en difficulté.

NOTE 1 La recherche de Home et Darveau-Fournier a été réalisée auprès de 60 praticiens oeu- vrant auprès de 82 groupes de clients.

RÉFÉRENCES Alissi, A. S. et M. Casper. «Time as a Factor in Social Groupwork», Social Work

with Groups 8, n° 3/4, 1985, p. 3-16. Breton, M. «Leçons à tirer de nos traditions en service social des groupes»,

Service social 39, n° 1, 1990, p. 13-26. Breton, M. «Toward a Model of Social Work Practice with Marginalized Popula-

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p. 13-19. Breton, M. «Plaidoyer contre les monopolisations professionnelles», dans

D. Turcotte, éd., Actes du colloque les Journées Simone-Paré 1994 , Québec, École de service social, Université Laval, 1994, p. 9-26.

Brown, L. N. « Group Work with Oppressed and Vulnerable Populations », Actes du onzième symposium annuel de l'Association pour l'avancement du service social des groupes, Montréal, Comité de coordination du 11e symposium sur le service social des groupes, 1989, p. 632-641.

Brown, L. N. Groups for Growth and Change , New York, Longman, 1991. Darveau-Fournier, L. et A. Home. « Les groupes de service social à Québec :

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Heap, K. La pratique du travail social avec les groupes , Paris, Éditions ESF, 1987. Heap, K. « The European Groupwork Scene: Where Were We? Where Are We?

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Pacific Grove, Californie, Brooks/ Cole, 1992. Home, A. « Le passage de l'intervention auprès des petits groupes et des collec-

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Page 23: QUELQUES TENDANCES DE L'ÉVOLUTION RÉCENTE DES PRATIQUES EN SERVICE SOCIAL DES GROUPES

74 Revue canadienne de service social, volume 13 (hiver)

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