R D Heureuse année 2018 · 2020. 5. 4. · vanska, Viorica Cortez ainsi que de la chef de chant Janine Reiss. Pour le répertoire baroque, elle travaille avec Nicolau de Figueiredo

Alakyaz

Mensuel des culturesarméniennes

N°59 – JANVIER 2018

D.R.

Heureuse année2018 !

2Alakyaz - Janvier 2018

Un parcours musical remarquable

La soprano d’origine arménienne est née en 1981 à Tbilissi, enGéorgie, au sein d’une famille qui a encouragé ses dispositions pré-coces pour la musique et en particulier pour le piano et le violonqu’elle a commencé à étudier à l’Ecole de musique centrale de saville natale. Encore très jeune musi-cienne, ses dons exceptionnels sontrapidement remarqués, elle se produiten concerts, donne des récitals et faitses débuts de soliste avec orchestre.Elle poursuit sa formation et intègre en1999 la classe de violon au Conserva-toire d’Etat de Tbilissi. Pendant cesannées d’apprentissage de l’instrument,elle a la révélation du chant. En 2001,elle s’oriente alors vers l’étude de l’artvocal et des pratiques de la scènelyrique.

Après avoir reçu en Géorgie unenseignement fondamental qui réunitles différentes disciples musicales, piano,violon, chant, Anna Kasyan choisit en2003 de vivre à Paris. Elle complète saformation à l’Ecole normale de musiquede la capitale. Son cursus est couronné de diplômes: art lyrique en2004, exécution en 2006 et concertiste en 2008. Elle suit les mastersclasses de chanteurs éminents, comme Tom Krause, Raina Kabai-vanska, Viorica Cortez ainsi que de la chef de chant Janine Reiss.Pour le répertoire baroque, elle travaille avec Nicolau de Figueiredoet le claveciniste Jory Vinikour.

Aujourd’hui Anna Kasyan mène une carrière brillante sur lesscènes prestigieuses à travers la planète lyrique tant par son activitéscénique que par ses récitals. Sous la direction de chefs d’orchestreéminents tels Kent Nagano, Riccardo Muti ou Alan Curtis, Marco Gui-darini, elle chante les meilleurs rôles du répertoire lyrique qui valorisentles qualités de sa voix de soprano d’une grande agilité, au phraséraffiné, à l’émission claire, sa tessiture très longue, son timbre develours, habité d’émotion qui rendent chacune de ses interprétationssi personnelles par leurs qualités musicales portées par un engage-ment et une présence scénique empreinte de ferveur. Elle est invitéeen Europe, la France, l’Italie, la Belgique apprécient particulièrementsa technique et ses dons de belcantiste, mais elle est également ova-tionnée en Russie, aux Etats-Unis, au Canada et jusqu’au Sultanatd’Oman où elle interprétera en février prochain le rôle d’Aldalgisa dansNorma, le chef-d’œuvre de Bellini. L’Italie l’accueille dans ses meilleuresmaisons d’opéra, le Danemark lui ouvre l’Opéra de Copenhague oùelle sera dès mars la piquante et espiègle Rosine du Barbier de Sévillede Rossini. Paris, à son tour la recevra sur la scène du Théâtre du Rane-lagh le 27 mars 2018 dans un spectacle consacré aux Amants deNohant, entendez Chopin et George Sand dont la liaison amoureusea eu comme cadre régulier la maison de l’écrivaine à Nohant.

Une superbe palette de couleurs vocales

Après avoir enregistré en 2013 le rôle de la servante Despina duCosi fan tutte de Mozart sous la direction du maestro grec TeodorCurrentzis pour Sony Classical, elle a gravé un nouveau CD réjouis-sant pour tout amateur de musique, dans les bacs depuis novembre

dernier, Shades of love* qui réunit cinqcantates italiennes de Händel sous lelabel Evidence.

Au cours de l’hiver 1706-1708,Händel (1685-1759) quitte l’Allemagneet part en Italie. Plus qu’un voyage deformation alors en vogue, le jeunemusicien ambitieux espère conquérir lapéninsule à une époque où la musiqueitalienne règne sur l’Europe. Il découvreavec émerveillement les centres où lamusique baroque s’épanouit auprèsd’un public fervent, Rome, Florence,Naples et Venise. Il est partout accueillitriomphalement par l’aristocratie, àRome en particulier où son génieprécoce est vite repéré, mais à Veniseégalement, capitale de l’opéra où ildonne en 1709 son Agrippina qui rem-

porte un vif succès. Le climat effervescent du monde musicalstimule son imagination créatrice. Il compose un oratorio sublime,La Resurrezione (avril 1708) que dirigera à Rome Corelli dans lepalais Bonelli du fastueux mécène, le marquis Ruspoli, des cantates,des opéras, un ensemble d’œuvres très variées dont de nombreusescantates brèves pour voix solo accompagnées d’une petite forma-tion instrumentale pour assurer le continuo. Ces cantates destinéesà une élite de connaisseurs étaient données souvent pour les soiréesmusicales organisées dans les grandes demeures des nobles pro-tecteurs de Händel. Outre qu’elles représentaient un succédané àl’opéra, elles formaient un genre majeur qui permettait aux poètes,auteurs des textes, aux musiciens et aux interprètes de donner lamesure de leurs talents.

Anna Kasyan à son tour fait preuve de son grand art vocal pourexprimer les tourments de l’amour et les passions du cœur qui par-courent ces mélodies. Tout en instaurant un dialogue musical fécondavec les instruments, sa voix sensible met en scène par ses intona-tions expressives les affects et les émotions de chacune des piècesqu’elle caractérise en les théâtralisant par une merveilleuse palettede couleurs vocales: l’éveil et les joies du sentiment amoureux, ladouleur de la perte de l’être aimé, le désespoir de l’abandon parfoissuivi haine envers le traître, source de tous les tourments.

lMarguerite Haladjian

* Un CD enchanteur que tout mélomane devrait voir figurer dans sa disco-thèque. Händel, Shades of love, Anna Kasyan, soprano, label Evidence. Envente chez tous les disquaires, en grandes surfaces et sur les sites internet

Anna Kasyan, cantatrice à la voix de velours


Le 31 août 2018 marquera le 110e

anniversaire de la naissance deWilliam Saroyan.

Cet anniversaire et lesnombreuses années passées à Fresnoseront célébrées par l’inaugurationofficielle de la Maison Musée WilliamSaroyan — 2729W. Griffith way.

Cette maison bâtie en 1963 a étéhabitée par William Saroyan jusqu’àsa mort en 1981. Il y a écrit 16 de sesœuvres et c’est là qu’ont étédécouvertes ses peintures.

La Fondation Renaissance Intel -lectuelle, créée par Arthur Janibekyan,a acheté la maison de Saroyan en2015, projetant de la tranformer enun Centre pour les personnes qui àtravers le monde, voudraientapprofondir leur connaissance de lavie et de l’œuvre de Saroyan.

Le directeur de cette opération Avag Simonian était àFresno en octo bre 2017 pour entreprendre la restaurationet y retournera pour suivre l’avan cement des tra vaux jouraprès jour. Les étudiants californiens qui participaient auProgramme d’études estivales 2017 en Arménie ont pu serendre au siège de la Société responsable à Yerevan etavoir une vue d’ensemble du projet.

Les travaux extérieurs ont déjà commencé. Bientôt larestauration intérieure de la maison va démarrer. MéroujanMinassian du Studio d’architecture Storaket basé à Yerevan,a établi les plans du musée.

Il est prévu un hologramme de William Saroyan aucentre de la maison permettant une interface interactive

des visiteurs avec l’écrivain. AinsiSaroyan pourra parler avec lesvisiteurs et leur montrer la maisonmusée, une expérience intéressantepour le public, de même lespersonnages des oeuvres de Saroyanapparaîtront dans les murs de cettemaison où Saroyan a vécu.

Pour leur semestre d’automne2017 à l’Université de Fresno, lesétudiants du professeur RebeccaBarnes ont eu à faire face au défiproposé par le coordinateur duprogramme des études arméniennesde l’Université, le professeur Barlowder Mgrdichian, « faire un dessinpour la campagne menée pourl’ouverture de la Maison-MuséeWilliam Saroyan ». Les résultats

seront annoncésen fin de se -mestre et le des -sin gagnant serautilisé pour cettecampagne.

Bonne chancepour ce projettrès actuel qui semble grandiose !

lA.T. Mavian

Source : Hye Sharjoum (action arménienne) FresnoVous pouvez consulter : saroyanhouse.com, https://irf.am.

Une maison musée William Saroyanà Fresno (Californie)

La maison où Saroyan a vécu.


Henry Cuny, ancien ambas-sadeur de France en Arménie etfondateur de l’Université fran-çaise à Yerevan, revient sur lascène littéraire avec la parutionrécente de son dernier roman,Les heures de sable qui explorede façon originale le mythe deFaust.

Un homme de cinquante ansremonte peu à peu le temps,d’abord à travers ses souvenirs,puis en effaçant progressive-

ment les années jusqu’à redevenir un jeune homme de vingtans, à l’âge de tous les possibles. Cette lente métamorphoselui permet de réaliser ses rêves de jeunesse, de retrouver lafraîcheur des premières amours et de se consacrer à lamusique avec passion. Cependant, cette transformation del’être n’est pas sans risque, il y a un prix à payer. Abolir letemps qui passe, revenir en arrière, retrouver sa vigueur et sesplus belles performances tout en gardant la connaissance etl’expérience de son âge réel : où conduit cette folle échappée?Que se passe-t-il quand on s’éloigne de plus en plus de sa vie,quand on n’est plus reconnu de personne, et qu’on tend à sedissoudre dans la matrice originelle?

La question du Temps, celui qui passe et celui dont on vainverser le cours, est au cœur du roman. La présence dusablier montre la fragilité de l’être dont la vie s’écoule commele sable à travers le verre. Dans l’obsession du temps qui file,apparaît la nostalgie de ce que l’on recherchait sans avoir pu

le réaliser, le regret de ceux que l’on a aimés, idéalisés, pasassez connus. Les personnages aux noms bibliques sontemblématiques de la quête pour remonter jusqu’aux origines.La musique, présente à chaque page, est la sublimation desréalisations humaines : le piano, les œuvres, les mouvements,la fougue de l’interprète, l’enthousiasme du public transmet-

tent une véritable énergie aulecteur qui se laisse emporterdans la mélodie impétueuse oudouce vibrant au fil des pages.

Méditation sur le Temps quipasse, Les Heures de sable estécrit dans une langue poétiqueet sensuelle, subtile et élégante.Dans cette recherche du tempsperdu de la jeunesse, nous noushasardons dans les profondeursde l’être en goûtant au volup-tueux plaisir des mots, et aurythme d’une phrase qui s’étireafin de mieux nous envelopper

dans le monde incertain des rêves qui pourraient être lesnôtres. Après avoir ressenti le souffle de fraîcheur, la nostalgie,l’angoisse, nous nous retrouvons sereins devant l’âge quiavance.

l Anahid Samikyan

Henry Cuny, Les heures de sable, éd Pierre-Guillaume deRoux, 23 €

Les heures de sableHenry Cuny

L E C T U R E

Nous venons d’apprendre avec bonheur et soulagement que la PÉNICHE ANAKOPOURRA FINALEMENT RESTER AMARRÉE SUR LE BASSIN DE LA VILLETTE !Nous remercions chaleureusement tous ceux qui nous ont soutenus tout au long de ces derniersmois : artistes, amis, voisins, associations, personnalités, médias, ainsi que la Mairie de Paris etle jury de cet appel d’offre, qui ont consenti à nous offrir la chance de poursuivre nos activitéset avec qui nous espérons mettre en œuvre une collaboration amicale et fructueuse au traversde nos projets à venir, notamment ceux impliquant différents acteurs du quartier.

Au plaisir de vous accueillir très bientôt à bord et avec nos meilleurs vœux pour la belle annéequi débute !

Visitez http://penicheanako.org


Je viens d’apprendre avec retard lamort de Hmayag Bdeyan ce maîtresculpteur que j’avais rencontré d’abordà Paris lors de l’exposition de sesœuvres à la Galerie Guillet en 2003,puis chez David Erevantzi à Choisy-le-Roi dont il avait été le maître enArménie, puis par deux fois à Yerevanoù il m’avait reçu toujours avec unegrande courtoisie.

Notre première rencontre avait ététrès émouvante, puisque sans leconnaître j’étais allée voir son exposi-tion et m’étant présentée nous avionsdécouvert que Hmayag connaissaittrès bien mon père Mihran Mavian.Hmayag m’avait alors embrassée ensouvenir des voyages qu’il avait effec-

tués avec mon père en France pourvisiter les églises romanes d’Au-vergne, nous sommes devenus amis.

Lors de ma dernière visite àYerevan en 2016, nous avions pris untaxi, avions traversé la ville et Hmayagme montrait tous les bas-reliefs,monuments dont il était l’auteur,datant des années de l’Arménie sovié-tique et soudain le chauffeur de taxis’était retourné s’excusant de ne pasavoir compris qu’il promenait un

maître-sculpteur. Hmayagétait toujours à l’écoute desautres et chaque fois il medemandait de petits servicespour des familles qu’il aimaitbien et qui avaient des pro-blèmes de santé, servicessouvent difficiles à rendre !

Lorsque vous regardez sesœuvres, vous y trouvez defaçon permanente ce retouraux sources et en mêmetemps ce regard insistant surle présent et l’avenir, inventantdes motifs évocateurs très

stylisés, atteignant l’abstraction, tou-jours ce mélange tradition et contem-poranéité du plus petit objet sorti desmains de Hmayag aux décorationsmonumentales. Hmayag a certaine-ment changé l’idée arménienne de lacéramique et de la décoration.

l A.T. M.

Hmayag Bdeyan, ce maître (1925-2017)

Né à Tbilissi en Géorgie en 1925, combat-tant de 1943 à 1945, il ne s’inscrit aux Beaux-arts de Tbilissi qu’en 1947 et s’intéresse toutparticulièrement aux arts décoratifs et à lacéramique. En 1959 il s’installe à Yerevan pourcontinuer à faire des recherches et à renou-veler l’art de la céramique, tradition armé-nienne ancestrale. En tant que membre del’Union des peintres de l’URSS, ses œuvressont exposées dans toutes les manifestationsnationales ou internationales. Il est nomméprofesseur à la fameuse école d’art Terleme-zyan et en 1972 il enseigne à l’Académie desbeaux-arts de Yerevan. Parallèlement il décore les monuments de Yerevan avecdes céramiques, le Madénataran, le Théâtre Soundoukian, le Palais des Echecsen sont des exemples remarquables. Il est reconnu Artiste peintre émérite d’Ar-ménie puis Artiste populaire d’Arménie, la médaille Mesrop Mashtots lui seradonnée, (un peu tard) en 2016 pour l’ensemble de son œuvre.

Si 1985 a été une année charnière pour Bdeyan puisqu’il a eu une expositionpersonnelle très importante à Yerevan réunissant toutes les facettes de son ins-piration : peinture, sculpture, graphisme, bas-reliefs, il est aussi exposé enEurope, au Moyen-Orient et même en Asie.


La lecture du magnifique romanL’architecte du sultan d’Elif Shafak m’apoussée à faire part à nos lecteurs de lacarrière exceptionnelle de Sinan, cebâtisseur hors pair. La romancière nousle fait connaître à travers les péripétieset l’ascension incroyable de sonapprenti Jahan.

QUI ÉTAIT SINAN?

Mimar Sinan (1490-1588) fut l’archi-tecte en chef et l’ingénieur des sultansSoliman le Magnifique, Selim II etMourad III ; il fut responsable de plus de300 constructions d’envergure et ausside projets plus modestes. Ses apprentisallaient d’ailleurs faire les plans de lamosquée du Sultan Ahmed à Istanbul,le pont Stari Most à Mostar et aider auxplans du Taj Mahal.

Sinan, fils de maçon, suivit d’aborddes études techniques et devint ingé-nieur militaire. Il se distingua rapide-ment devint d’abord officier puiscommandant des Janissaires avec letitre honorifique d’Aga. Il affina sonsavoir en architecture et en ingénierieau contact des Janissaires devenantexpert en construction de fortifications,

routes, ponts et aqueducs. Vers 50 ansil fut nommé architecte royal en chef,appliquant le savoir technique acquis àl’armée à la création de belles construc-tions religieuses et de structures civilesde toutes sortes. Il garda ce postependant presque 50 ans.

Son chef-d'œuvre est la mosquéeSelimiye à Edirne, même si son bâti-ment le plus connu est la Mosquée Suli-maniye à Istanbul. Il est considérécomme le plus grand architecte de lapériode classique de l’architecture otto-mane et a été comparé à Michel-Ange,son contemporain d’Occident. Les plansde Michel-Ange pour Saint Pierre deRome étaient connus à Istanbul puisqueLéonard de Vinci et Michel-Ange yavaient été invités en 1502 et 1505 parla Sublime Porte pour y soumettre leursplans pour un pont sur la Corne d’OR.

Quelques imprécisions sur la datede naissance de Sinan subsistent 1489?1491 ? voire 1494 ou 1499 selon lestravaux des chercheurs. De même il y ades incertitudes sur son origine, armé-nienne ? grecque ? arméno-grecque ?albanaise ? ce qui est certain c’est saconversion à l’Islam parallèle à sonascension. Il était né près de Kayseri enAnatolie. L’Encyclopédie britanniqueopte pour son origine arménienne ougrecque prenant pour preuve un décretde Selim II de 1573 selon lequel à lademande de Sinan, le Sultan auraitépargné à ses parents, faisant partie dela communauté arménienne de Kayseri,l’exil à Chypre ; selon d’autres érudits safamille serait grecque de Cappadoceparce que les seuls chrétiens ortho-doxes de la région étaient grecs, d’autrepart son père s’appelait Christos, nomgrec courant. Par contre un documentretrouvé dans les archives impériales etd’autres témoignages prouvent sonorigine arménienne, alors que l’empe-reur mogol Babur invita quelquesélèves de Sinan ce «génie albanais» àréaliser ses projets architecturaux.

Sinan grandit aidant son père dansson travail et lorsqu’il est appelé à laconscription, il a déjà de bonnes basesdans la pratique du Bâtiment. Dans sesmanuscripts il se réfère à son père en

tant que « serviteur de celui qui estgénéreux et compatissant » « Abdul-mennan », titre utilisé chez les Otto-mans pour parler du père nonmusulman d’un chrétien converti.

En 1512 Sinan est un conscrit dépen-dant du système du devchirmé*, il estenvoyé à Constantinople en tant qu’of-ficier du corps des Janissaires** etconverti à l’Islam. Ayant dépassé l’âged’admission à l’Ecole impériale Enderun,il est envoyé à une école auxiliaire. Ilapprend d’abord les mathématiques etla charpenterie, mais vu ses qualitésintellectuelles et son ambition il devientvite assistant-architecte et est formépour être architecte.

Il est aussi formé pour être officierchez les Janissaires et rejoint Selim Ierdans sa dernière campagne militaire,puis sous Soliman le Magnifique il estpromu Capitaine de la Garde royale. Ildevient maître archer et voit en mêmetemps les points faibles des travauxpublics lorsqu’il est en charge de leurdestruction.

Quand Le Caire est conquis, Sinan estpromu cette fois architecte en chef et ale privilège de détruire tout ce qui dansla ville ne correspond pas aux plansétablis. Il bâtit des ponts, transforme deséglises en mosquées, construit des

Sinan, architecte des sultans


navires pour traverser le lac de Van. Ilparvient à un rang équivalent à celuid’Aga (commandant) chez les Janis-saires. En 1539 il est nommé au Bureaud’architecte du palais du sultan, c’est ledébut d’une carrière incroyable où sonpouvoir est immense: plans et construc-tions de travaux publics, directeur ducorps des architectes formant une équiped’adjoints, d’assistants, d’étudiants.

Son savoir en tant qu’ingénieur mili-taire lui donne une approche empiriqueplutôt que théorique. Il a été l’architected’au moins 374 structures dont de trèsnombreuses mosquées, des écoles dethéologie, des mausolées, des hôpitaux,

des aqueducs, des ponts, des caravan-serails, des palais, des thermes. Il devaitsuperviser toute construction de l’em-pire ottoman.

Trois oeuvres maîtresses, LaMosquée Sehzade et la Mosquée Sûley-maniye à Constantinople puis laMosquée Selimiye à Andrinople (Edirne).Tout l’art développé à la Selimiye montreque Sinan atteint son apogée : plans,architecture, décorations, à partir de1570 et jusqu’à sa mort, Sinan y met toutson savoir, toute son expérience, il latermine à plus de 80 ans. Quant auxponts, le plus long qu’il ait construitmesure presque 635 mètres. Il améliore

le système de distri-bution d’eau, il bâtitdes aqueducs àarches. Au début dela carrière de Sinan,les constructions nefaisaient querépéter le passé etreposaient sur desplans rudimentaires,de plus les archi-tectes peu sûrs deleurs bâtiments pre-naient une gran demarge de sécuritéce qui impli quaitune trop grandedépense en maté-riaux et en travailhumain. Sinanchangea tout,essayant d’atteindrela perfection.

Quand il meurtl’architecture otto-mane classique està son apogée, lacréativité s’évanouitet le déclin s’installejusqu’à l’arrivée des

Balian, ces générations d’architectesarméniens qui embelliront eux aussiConstantinople sur 5 générations auxxVIIIe et xIxe siècles !

l A.T. M. (sources encyclopédiques)+ Global Armenian Heritage

* Le devchirmé « impôt sur le sang »prélevé sur la population chrétienne entemps de paix et à l’intérieur des fron-tières : les fils aînés étaient enlevés à leursfamilles, ils ne devaient pas être tropjeunes pour supporter les déplacementsle long des routes ni trop âgés afin qu’ilspuissent perdre leur culture et changer dereligion.

** Les Janissaires étaient les soldats d’élitede l’Armée ottomane, fantassins disciplinés,faits prisonniers ou raflés dans les familleschrétiennes. Le corps des janissaires a étécréé en 1334 par Orkhan. Chaque famillechrétienne était tenue de livrer un garçonsur 5. Ils étaient enlevés avant l’âge de 13ans, réduits au statut d’esclave, dans la foimusulmane et l’obéissance au sultan.Sinan (à gauche) surveillant la construction du mausolée de Soliman

le Magnifique. (Miniature ottomane du XVIe siècle)

Livre de photos d'Ara Güler


Comédien, scénariste ou metteur enscène, Lévon Minasian est un jeune réa-lisateur venu d’Arménie qui comptedéjà plusieurs courts-métrages remar-qués et récompensés à son actif :

L’Homme de l’Île Sandwich (2015), LePiano (2011), Lux Aeterna et Terra Emota(2000) coécrit avec Serge Avedikian,Moskvitch, mon amour (2015) coécritavec Ester Mann, réalisé par Aram Shah-bazian.

Bravo Virtuose se passe en Arménieet raconte l’histoire d’Alik, un jeunemusicien d’orchestre classique qui veutréunir les fonds nécessaires pour lacréation d’un concerto composé parson grand-père. Tout bascule quand lemécène de l’orchestre est assassiné etqu’Alik se retrouve en possession del’arme d’un tueur à gages surnommé«Virtuose», alors qu’il veut absolumentsauver l’orchestre de la faillite.

Pour son premier long-métrage,L. Minasian réalise un film ambitieuxdestiné à tous les publics, où il mêlecomédie, action, aventure et histoired’amour, voulant évoquer avec humouret légèreté les difficultés actuelles del’Arménie. Le film est écrit comme un

conte, les personnages aux traitsgrossis pourraient être ceux d’unebande dessinée. L’opposition entre desoligarques mafieux et le jeune artisteplein d’audace et d’innocence montre

les espoirs mis dans la jeunesse pouraffronter les problèmes et trouver uneautre voie dans l’avenir incertain dupays.

La musique joue un rôle essentieldans le film pour en devenir finalementun personnage à part entière. Elle estconfiée à Tigran Hamasyan et MichelPétrossian qui apportent l’un et l’autredes tonalités très différentes : le premierdonne des couleurs particulières aux

humeurs des personnages et aux situa-tions qu’ils traversent dans des nuancescomplexes, le second est l’auteur duconcerto pour clarinette et orchestrefinal ; ensemble ils donnent au film sonindispensable univers sonore, obscur oulumineux, tendre ou violent.

Nourri des maîtres du cinéma russeet soviétique tels que Paradjanov, Tar-kovski, Mikhalkov ou Péléchian, L. Mina-sian leur emprunte parfois leur lyrismeou leur ton contestataire qui donnentune certaine poésie au film. Malgré debons atouts, le propos du film, des lieuximprobables, des scènes inattendues,des plans larges de Yerevan la nuit quidonnent des moments de respirationdans la tourmente, les personnagesmafieux ou même celui de la jeunefemme sont tellement caricaturés qu’onne peut guère croire à leur réalité. Alikse débat dans leur lourdeur, sans com-prendre les règles de leur milieu. Larépétition de ses mésaventures pro-voque parfois un relâchement de la

tension et un essoufflement du rythmede la narration. Dommage !

A voir cependant pour comprendrele regard d’un jeune cinéaste sur lemonde actuel.

l Anahid Samikyan

Sortie en salle : le 14 février

Bravo VirtuoseUn film de Lévon Minasian

C I N É M A


Le 6 janvier L’UCFAF Nièvre Bour-gogne présidé par Thierry Hanemian afêté le Noël arménien. Plus de 130 per-sonnes étaient présentes dans la salledes fêtes de la Chapelle-Saint-André ar-chi comble pour la circonstance. Le re-pas était suivi par la prestation artistiquedu duo Djampa qui a comblé les pré-sents en voyageant au travers de la mu-sique et des chants arméniens et dumonde sans oublier les plats préparéspar Margarita, Anahit, Maria, Anait etSylvie. Les bénéfices de cette soiréeiront en soutien aux réfugiés.

Énormément de personnes, d’asso-ciations et d’élus se mobilisent autour dela situation dramatique vécue par les ré-fugiés qui sont venus jusqu’à nous, sou-vent au prix d’un périple mettant en dan-ger leur vie. Le vœu exprimé en ce débutd’année est de trouver des solutions per-mettant de débloquer leur situation enespérant une issue positive pour la ré-

gularisation des dossiers en cours, mal-gré la volonté affichée de durcir les lois.

Leur régularisation par les autoritéscompétentes est, pour les organisateursde cette soirée une opportunité pourcontribuer à repeupler et à revitaliser nosvillages et nos campagnes avec des per-sonnes qui ont très souvent la volontéet les compétences pour occuper desemplois qui ne trouvent pas preneurs.

Devant cette situation inhumaine lesorganisateurs font appel aux autoritésfrançaises en qui ils témoignent leurconfiance à faire preuve de discerne-ment pour trouver une solution positiveà la situation dramatique qui plonge lesréfugiés dans le désarroi et dans uneprofonde détresse.

Une soirée engagée pour une causehumaine qui fut une belle réussite.

L’UCFAF Nièvre-Bourgognea fêté le Noël arménienà la Chapelle-Saint-André

Le 21 décembre dernier et ce jusqu’àla fin du mois, Lori La Armenia était àl’affiche du spectacle mis en scène etchorégraphié par Ruben Molina. Lui-même danseur, il a su montrer avec lesdeux danseuses Lori La Armenia etPaloma Lopez que son spectacle « estle résultat d’un travail de recherche etde mise en lumière du patrimoineculturel espagnol » et que c’est une«vision unique et originale du flamencoalliant danse, musique et dramaturgie».

Lori La Armenia voyage corps etâme au pays du Flamenco et nous ne luien voudrons pas car elle déploie tantd’énergie, de fougue et de passionqu’elle semble avoir revêtu cette autreculture, sans oublier la sienne, unenrichissement pour tous.

Lori vit ces danses de l’intérieur, sonvisage, en plus des mouvements trèsaccomplis des bras et des mains,exprime sa grande concentration et ses

sentiments de douleur, de joie, desérieux et de légèreté. Les danses,chants, musiques de styles et d’époquesdifférents ont conquis le public du Caféde la Danse ce 21 décembre 2017,aficionados, élèves et amateurs.

Les 3 danseurs, la guitare de DanielBarba et la voix de Juan Debel ont faitde cette soirée un momentexceptionnel.

l A.T. M.

Lori La Armenia à la Nuit flamenco Acte II

D.R.


LE PROGRES DE LYON du 9 janvier 2018Paul CHEMEDIKIAN président de l'UCFAF Lyon-Rhône-Alpes

a été nommé Citoyen d'honneur de la ville d'Artik.


Manifestations culturelles janvier 2018 (à partir du 15)Cueillies par l’équipe d’Alakyaz

PARIS-ILE-DE-FRANCEREPAS DU CCAFlLundi 30 janvier - Hotel des Collectionneurs.Voir pub p. 13.

CONFERENCESlMercredi 24 janvier - 20h30 - Le livre Monpère, le magicien du bois présenté par l’auteurAnnie Pilibossian, entrée libre. Péniche ANAKO.

lSamedi 20 janvier – 15h – Film d’Arto Pehli-vanian d’après le livre d’Annie Pilibossian -Mon père, le magicien du bois suivi d’un débatdédicace avec l’auteur, Centre Culturel SaintMesrob 10 bis rue Thouin 75005 Paris, métrosMonge, Cardinal-Lemoine RER B Luxembourg,entrée libre, cocktail. Voir annonce page 14.

lVendredi 9 février – 20h – Rendez-vous desNAM – Conférence avec Dorothée Schmid« Quelle diplomatie France Turquie » CentreCulturel Alex Manouguian 118, rue de Courcelles– 75017 Paris,

lJeudi 25 janvier 2018- 20H - Débat-dédicaceDiasporalogue, livre de Serge Avédikian etMaxime Yégavian-UCFAF - 6 cité du Wauxhall- 75010 Paris - métro République. (v. pub p. 12)

POESIElMardi 23 janvier – 19h15 – Lecture musicalepar Marianne Auricoste , De sang et de lumièede Laurent Gaudé et L’obscur vertige desvivants de Michel Baglin, libre participation,L’Entrepot – 7 rue Francis de Pressensé -75014

JUMELAGElVendredi 26 janvier 2018 - 20h - Histoired’Artachat de sa création à aujourd’hui. (villejumelée de Clamart) par Claude Mutafian, orga-nisé par le comité de jumelage de Clamart.MAISON DES SPORTS -salle bleue- Place Hune-belle . entrée libre . bus 190 depuis métro Mairied’Issy.

CONCERTlLundi 29 janvier - 20h30 - Le doudouk et sessonorités envoûtantes avec Haig Sari-kouyoumdjian (doudouk) Alexandre Sahakyan(tar) Gaguik Mouradian (kamantcha). Théâtredes Abbesses - 31 rue des Abbesses - Paris 18e.Tél 0142742277 - places 19€, Tarif Réduit 14€

lSamedi 27 janvier à 20h30 et Dimanche 28janvier à 18h - concert Medz Bazar - Réserva-tion obligatoire www.weezevent.com PénicheANAKO.

EXPOSITIONlDu 28 mars au 5 août 2018 - L’épopée duCanal de Suez des pharaons au XXIe siècle -IMA - 1 rue des Fossés Saint-Bernard Paris 5e.

CINEMAlDepuis le mercredi 29 novembre – La Villa deRobert Guédiguian et La Promesse de TerryGeorge.

lDepuis le 4 janvier le film Passade de GoruneAprikian est disponible sur les plateformesVOD - ARAPROD [email protected]

lAprès la présentation du court métrage d’Ar-naud Khayadjanian Nous sommes nos mon-tagnes, le cinéaste fait appel aux dons pour lelong métrage toujours sur l’Artsakh The mostpowerful woman on earth (voir appel p. 17).

lMercredi 17 janvier - 20h30 - Tu n’es pas unpoisson, après tout de Mihran Tomasyan -Commémoration de l’assassinat de Hrant Dink- Péniche Anako face au 61 quai de la Seine75019 Paris, métros Stalingrad, Jaurès.

lVendredi 19 janvier – 21h – La promesse, filmsur le génocide de Terry George en v.o. Atriumde Chaville entrée 8€.

lA partir du 14 février Bravo Virtuose deLévon Minasian (voir page 8).

BALADE MUSICALE À SENLIS (OISE)VOUS AIMEZ ECOUTER, MARCHER,CHANTER.Les samedis 20 et 27 janvier, 3et 10 février.Venez à SENLIS pour unebalade sensitive et chantante en forêt de 11 hà 12h, conduite par le musicien ThierryMARIETAN. RV gare routière de Senlis (arrêtdu car). infos: 0625044644. Air, sport etculture! (tél. pour le transport).

MARSEILLESOIRÉE LITTERAIRElJeudi 18 janvier - 20 h - Diasporalogue deSerge Avédikian et Tigrane Yégavian, livre pré-senté par les auteurs -Centre culturel de la JAF- 47 avenue de toulon - 13006 MARSEILLE tél.04 91 80 28 20 [email protected]

CONFERENCElJeudi 22 février - 20h - A l’occasion de lasortie du livre de Guillaume Perrier , présenta-tion par l’auteur de Dans la tête de RecepTayyip Erdogan (editions Acte Sud - sorti le 10janvier). Centre culturel JAF - 47 avenue deToulon - 13006 Marseille.

TOURCOINGExpositionlDu 23 Février au 11 juin 2018 - Chrétiensd’Orient 2000 ans d’histoire- Musée desBeaux-Arts de Tourcoing - 2 rue Paul Doumer .tél. 03 20 28 91 60

ARMENIE lJusqu’au 9 février 2018- Exposition desœuvres de Rouben Najarian - Au-delà de lacouleur. Musée-Institut Komitas - Yerevan.

LE CALENDRIER UCFAF 2018EST ARRIVÉ !Il illustre cette année

l’œuvre du photographe Rajak OhanianIl peut être expédié par la poste

commandez-le àUCFAF 6, cité du Wauxhall 75010 Paris

1 calendrier : 13,50 €/2 calendriers : 25€3 calendriers : 35, 50€/4 calendriers : 46,50€

5 calendriers : 56,50€Merci.





FESTIVAL DE GARGILESSE2018


APPEL AUX LECTEURSChers lecteurs,

Voici le numéro 59 d’Alakyaz

Cinq ans… c’est peu et c’est énorme.

Certains d’entre vous nous remercient, nous encouragent, d’autres ne disent rien mais ne refusent pas.

Même si le journal vous parvient gratuitement, un budget minimal de fonctionnement est nécessaireaussi pour ceux qui nous ont négligés nous leur demandons un GESTE DE SOUTIEN.

ENVOYEZ VOS DONS (à partir de 30 euros…)à notre trésorière Madame J. KARAYAN

2, chemin des Postes – 93390 Clichy-sous-Bois.Chèque à l’ordre du Cercle des Amis d’Alakyaz, vous recevrez un CERFA.

ENVOYER LES OUVRAGES ÀMme Samikyan

19, rue du Chalet, 75010 Paris

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R D Heureuse année 2018 · 2020. 5. 4. · vanska, Viorica Cortez ainsi que de la chef de chant Janine Reiss. Pour le répertoire baroque, elle travaille avec Nicolau de Figueiredo