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Rapport de Mission
Birmanie
6 – 21 novembre 2015
Cécile Harl
SOMMAIRE
MISSION
Déroulement de la mission
Rendez-vous clefs
THÈMES PRINCIPAUX ABORDÉS
Élections : période pré-électorale, jour des élections, résultats, irrégularités etc.
Perspectives et enjeux post électoraux
État Kachin
Processus de paix en Birmanie
Rohingyas et élections
Prisonniers politiques et élections
Myistone et de Letpadaung
Medias et liberté d’expression
Déroulement de la mission
DATE ACTIVITES
6 novembre Sharemercy – Wayan Tin Maung Win
7 novembre U Yin Htway candidat New Society Party dans la circonscription de Mayangone Township, Yangon
U Win Htein, secrétaire personnel d’Aung San Suu Kyi U Tin Oo, ancien commandant en chef des forces armées birmanes et
l'un des dirigeants de la LND
Interview radio Europe 1
8 novembre : jour
des élections
Observation des bureaux de vote dans le centre historique de Yangon
Observation des votes dans 2 villages d’intervention de Sharemercy avec ses observateurs locaux
Interview Arte et RFI
Soirée devant le siège de la NLD interview sympathisants
9 novembre Association d’Assistance aux Prisonniers Politiques (AAPP) - Bo Kyi
Ti Ha - Observateur local de Share Mercy
Interview RCF et Europe 1
10 novembre Women Peace Network Arakan - Wai Wai Nu
Kristina - Programme Orphelinat Dala - Share Mercy
New Myanmar Foundation - Mya Nandar
11 novembre : Mission dans le Kachin
Sutngai Malibumsan - Kachin Baptist convention
Ms Nang Pu - Sha ite – Observation des élections dans l’État Kachin
Mcleod kevin – réalisateur du film « The Dissapearance of Roi Ja »
12 novembre - Myitkyina
Father noel - Karuna Myanmar Social Services (KMSS)
Visite d’un camp de déplacé interne
Dr tun ja - Ex chairman for KIO et chairman du parti Kachin KSDP
13 novembre - Myitkyina
Sean Bain – KMSS
Conférence de presse sur le processus électoral dans le kachin - Humanity institute. Interview d’observateurs internationaux UE
Nang Pu et Htu sam - HTOI Women Comitee For Peace Interview RCF
14 novembre - Myitkyina
Patrick Tu Tu – électeur kachin
Minzai – Program manager de la TAT (Technical Advisory Team) de la KIO
Ja Seng Hkawn - Candidate Kachin KSDP élue pour la circonscription de Njang Yang Yang
15 novembre - Myitkyina
Visite du village déplacé de Myistone – Interview du révérend de l’église
Kareng Shalip - Burmabike partnership
Retour à Yangon - Commémoration des attaques de Paris avec l’ambassadeur Français en Birmanie
16 novembre - Yangon
Conférence de presse sur la sortie d’un livre d’un membre de Génération 88 : interview nay phone latt, autres elus, Koko Gyi
ChamTha Kyaw - Pandita institute development
Than Win Htut – Démocratic Voice of Burma
Ko Zarni - Movement For Democratic Current Forces
17 novembre Mya Nandar – New Myanmar Foundation
Togetherness Education and Policy Research Unit – NLD - Nay Chi
Andrea Valentin - Tourisme transparency
18 Novembre Tebbakh sonia et Yves marry - Ambassade de France
Moe Thway – Generation Waves
Wai Lu – Activiste Letpdaung
19 novembre Nyein Chan - Future Light Center (FLC) et candidat non élu de New Society Party
People's Alliance For Credible Election (PACE) - Sai Ye Kiaw Sar Myint
Sein win - Myanmar Journalism Institute
20 novembre Mae Sabe Phu - Gender Equality Network et femme kachin
Smile Education - Myo Win Martin huard, Emilie Lopez,Florent Vergnes - Journalistes français
Rendez-vous clefs :
Democratic Voice of Burma (DVB) - Thein Win htut est « optimiste sur la situation mais avec
précaution » il faudra attendre le transfert du pouvoir et la composition du gouvernement. Il apporte
une analyse politique toujours très intéressante.
Génération Wave (GW) – Moe Thway : impliqué via GW dans le processus d’observation des
élections auprès des femmes ainsi qu’auprès des jeunes via National Youth Congress (dont il est le
secrétaire général). Il est satisfait de l’organisation des élections malgré les exclusions des rohingyas
mais n’est pas pour autant rassuré sur la suite des événements. Très ambitieux, Moe Thway connait
beaucoup de monde et est très informé ce qui en fait un interlocuteur tres intéressant mais il faut
prendre avec précaution ses informations !
Association d’Assistance aux Prisonniers Politiques de Birmanie (AAPPB) - Bo Kyi est content des
élections, bien qu’il n’ait pas pu y participé en tant qu’ancien réfugié politique. Il pense qu’ASSK est la
seule à pouvoir rassembler et estime que s’il elle compose réellement avec les minorités et l’armée,
le résultat pourrait être vraiment bénéfique pour le pays. Bo Kyi a toujours une analyse intéressante
et du recul (sauf sur le sujet rohingya) il est toutefois beaucoup critiqué pour le manque de
gouvernance démocratique chez AAPP. Il est président depuis des années sans organiser d’élections
ni sans laisser la possibilité aux autres d’occuper des postes importants.
Sein Win – Journaliste : « On ne peut pas attendre une réelle démocratisation, peut-être la
libéralisation mais c’est tout. On a voté pour la LND car on n’avait pas le choix ». Spécialiste de la
presse en Birmanie mais connait bien les enjeux politiques et fait part de sa propre analyse
facilement. Très critique.
Wai Wai Nu – Leader Rohingya. Elle est devenue très pessimiste et a perdu en énergie. Elle ne peut
pas se rendre dans l’Arakan et semble avoir des relations tendues avec son père, elle est donc moins
au courant qu’avant sur ce qu’il se passe sur le terrain mais est experte sur les questions de
Plaidoyer.
Myo Win – SMILE : Très informé, très ouvert à tout type de discussions, très intéressant ! C’est un
activiste musulman qui parle facilement des tensions interreligieuses tout en prenant du recul et en
menant des actions de plaidoyer efficaces.
Nay Chi - Togetherness Education and Policy Research Unit : Proche des leaders de la LND, il a
beaucoup d’information sur les fonctionnements internes de la LND tout en ayant un avis extérieur
et relativement critique. 8 des membres de son Think Thanks ont été candidats aux élections pour la
LND, 7 ont obtenu un siège.
Sai Ye Kiaw Sar Myint : Echanges toujours très utiles. Il a une analyse extrêmement intéressante et le
recul nécessaire à une vision long terme. Spécialiste des questions relatives aux élections, mais
connait également bien la constitution et les enjeux politiques.
ChamTha Kyaw - Pandita institute development : organisation qui vise à renforcer les capacités des
jeunes leaders. Très dynamique et agréable, est entouré d’un grand réseau.
Wayan Tin Maung Win - Sharemercy : Très compétent sur les questions liées à la terre, mais
également sur la constitution et plus généralement la politique. Wayan envisage d’être candidat aux
élections de 2020.
ETAT KACHIN :
Minzai – KIO TAT (Technical Advisory Team): Contact extrêmement intéressant à rencontrer à
Myiktiyna, est très informé et ouvert à parler des activités/visions de la KIO/KIA.
Father noel – KMSS : habitué à parler avec les medias et les ONGs internationales, il sait exactement
quelles type d’informations ils ont besoin. Passionant.
Nang Pu et Htu sam – HTOI : Deux femmes très impliquées et chaleureuses. Avec lesquelles la
conversation peut dévier vers des sujets habituellement tabous. Spécialistes des questions de genre
et de la place des femmes dans le Kachin.
Sutngai Malibumsan - Baptist convention : Spécialiste des questions de déplacés internes et d’accès
humanitaire dans le kachin. Réseau d’activistes important sur place.
Élections 2015
Les élections législatives de novembre 2015 ont été les premières élections générales
organisées depuis la sortie de la dictature et les premières élections libres depuis 1960. En
1990, la junte avait invalidé la victoire écrasante du parti de l'opposition, la Ligue Nationale
pour la Démocratie (LND) et en 2010, les élections ont été qualifiées de « mascarade ». Les
élections partielles de 2012, quoique plus libres, n’ont remis en jeu que 45 sièges, dont 43
remportés par la LND. Trois ans plus tard, les militaires et le parti issu de l’ancienne junte
militaire, le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP) cumulaient toujours
plus de 78% des sièges. Bien que 25% des sièges du Parlement soient réservés aux militaires,
les élections de novembre constitue un tournant historique pour la Birmanie.
PERIODE PRÉ ELECTORALE
Désignation des candidats : Pour Nay Chi, membre de la LND et directeur du Think Thank
Togetherness Education, la LND aurait choisi ses candidats en fonction de leur capacité à
obéir aux directives du parti et de leurs ressources pour financer leur campagne électorale
(La LND n’ayant pas les moyens de financer les campagnes de ses plus de 1000 candidats). La
popularité des candidats, leur compétences, leur expérience et la connaissance de leur
circonscription ne semblent donc pas avoir fait partie des critères principaux du parti. La LND
a en effet appelé le peuple à voter « pour le parti, pas pour le candidat » et des candidats
très populaire, comme Ko Ko Gyi (de Génération 88), n’ont pas été retenus.
Campagne électorale : L’USDP et la LND ont mené des campagnes importantes au niveau
national avec des rassemblements dans tout le pays. Aung San Suu Kyi a parcouru 7 000
miles en 2 mois. Toutefois, au niveau local, l’ampleur des campagnes des candidats de la LND
était très variable. Il dépendait surtout des capacités financières et techniques de chacun. Les
petits partis politiques concouraient souvent pour la première fois aux élections générales
car une grande partie d’entre eux étaient interdits lors des élections précédentes ou se sont
divisés depuis 2010. Alors que leurs campagnes électorales étaient particulièrement
importantes, ils n’avaient pas le budget pour mener une réelle campagne et n’ont pas eu le
temps de se faire connaitre. Les campagnes des partis ethniques ont été extrêmement
réduites, elles n’ont pas suffi à convaincre les minorités. Les partis ethniques vont apprendre
de leurs erreurs, en 2020 ce sera différent.
Financements des campagnes électorales : Les partis politiques avaient le droit de recevoir
des donations en argent ou en nature (ex : voiture) mais ils devaient les déclarer à l’État.
Toutefois le public n’a pas accès à ces informations et ne sait donc pas combien ils ont
dépensé. ASSK est réputée pour être très proche de ses sous. Les candidats NLD devaient se
débrouiller seuls pour trouver des financements et faire campagne. Certains candidats des
deux partis principaux ont trouvé des ressources financières auprès des cronies. Toutefois
comme il s’agissait d’une étape historique pour le peuple birman, beaucoup de candidats
auraient considéré que dépenser toutes leurs économies valait la peine. (Nay Chi) Chaque
candidats ne pouvait pas dépasser le montant de 10 millions de Kyats (6 900 euros) pour
faire campagne. Après les élections, les candidats avaient 45 jours pour déposer des recours
auprès de l’UEC s’ils estimaient que certains candidats avaient dépassé les montants
autorisés pendant leur campagne électorale.
Les médias n’ont pas été très objectifs pendant la campagne. Ils voulaient que la LND gagne
donc étaient clairement partis pris. Ils n’ont par exemple absolument pas étudié le
financement de la campagne de la NLD alors qu’ils s’y sont interessés pour l’USDP. (Sein Win)
JOUR DES ELECTIONS Selon la plupart des activistes rencontrés pendant la mission, les élections se sont bien passées. Le
jour des élections a connu quelques irrégularités mais aucun incident majeur. Sur les 10 élections
générales organisées en Birmanie depuis l’Indépendance du pays, aucune n’a été aussi libre que les
élections de 2015. Toutefois on ne peut toujours pas considérées que ces élections aient été
équitables.
Bilan de l’observation des élections du 8 novembre. Les observateurs nationaux et internationaux
considèrent que les élections se sont déroulées dans l’ordre et le calme. Les observateurs européens
ont notamment indiqué que dans 95% des bureaux de vote observés, les élections s’étaient « bien ou
très bien » passées. Toutefois, tous ont reconnu que des irrégularités systémiques avaient eu lieu.
Celles-ci concernent principalement les votes par anticipation – que les observateurs n’ont pas eu le
droit d’observer – et les procédures de résolution des litiges. « La Commission électorale devra faire
en sorte que ces irrégularités ne se reproduisent pas lors de prochaines élections » ont-ils déclaré.
PROBLÈMES ATTENDUS QUI N’ONT PAS EU LIEU PENDANT LES ELECTIONS La Commission Electorale (UEC) n’a pas essayé de bloquer l’observation des élections : Elle a été
beaucoup plus coopérative que lors des élections passées et a globalement accepté de jouer le jeu et
de travailler avec les organisations de la société civile locale et internationale : Les accréditations
pour les observateurs ont notamment été remises sans difficultés majeures car l’UEC souhaitait
réellement que les CSO participent à l’observation des élections pour que celles-ci soient jugées
crédibles. (Moe Thway). Les problèmes constatés concernaient davantage les sous-commissions
électorales qui ont fait trop de zèle.
Annulation des élections ou irrégularités majeurs. Il y avait beaucoup de rumeurs quelques jours
avant les élections au sujet d’émeutes potentielles le jour des élections. La crainte était que les
militaires en profitent pour interrompre le processus électoral mais les électeurs ont été très calmes,
rendant toute intervention militaire, inutile. De plus les craintes d’irrégularités majeures le jour du
scrutin n’ont pas été avérées, notamment car les observateurs et les médias étaient présents, mais
également car les citoyens ont été attentifs au moindre dérapage pendant toute la journée.
Tensions inter religieuses : Il y avait une vraie crainte que Ma Ba Tha ne crée des problèmes le jour
des élections ou que des tensions n’éclatent dans l’État d’Arakan ou dans les grandes villes.
Toutefois, aucun incident de ce type n’a perturbé les élections. Toutefois, trois membres de
l’organisation ont été arrêtés le jour des élections car ils étaient déguisés en moines et distribuaient
des brochures anti ASSK. Par ailleurs 6 camions seraient arrivés dans un des bureaux de vote de
Mandalay, mais comme personne ne connaissait ces électeurs prétendus, le personnel électoral les a
refusés. Ils étaient vraisemblablement de Ma Ba Tha (Bo Kyi). Wirathu avait déclaré à la BBC, avant
les élections, que si la LND l’emportait, il irait en Thailande. Il est resté très discret suite aux élections.
Annulation des votes à cause des inondations de cet été : Les conséquences des inondations n’ont
pas conduit à l’annulation des élections dans certaines circonscriptions comme beaucoup de CSO le
craignaient. Toutefois les bureaux de vote qui ne pouvaient plus être utilisés ont parfois été déplacés
trop loin ou étaient très difficile d’accès pour les populations. (Kiaw Sar)
Annulation des votes dans une circonscription, si la participation est inférieure à 51% : De
nombreuses CSOs ont eu peur que cette règle ne serve à annulé le vote des minorités ethniques dans
les zones concernées par les conflits armés, mais il s’agissait finalement d’une mauvaise
interprétation de la loi électorale. Cette mesure n’a pas du tout été utilisée avec cet objectif par
l’UEC.
IRREGULARITES CONSTATEES Les élections se sont, à la surprise de tous, très bien passées. Toutefois, pour Mya Nandar, il y’avait
une intention de tricher à l’échelle nationale, mais cela n’a pas été réellement possible. Les militaires
ont essayé de nombreuses techniques et cela n’a pas trop fonctionné car les citoyens étaient
attentifs et actifs : ils observaient, posaient des questions et informaient les partis politiques. De plus
l’essentiel des manipulations ont été préparées avant les élections pour leur permettre de ne pas
trop tricher le jour des élections car ils auraient été trop visibles étant donné le nombre
d’observateur présents et l’attention internationale.
Malgré le succès des élections de nombreuses irrégularités ont été reportées, sans qu’elle ne
fausse le processus électoral dans sa globalité :
Le manque d’indépendance de la Commission Électorale (UEC) : Les CSO ont estimé que l’UEC
manquait d’indépendance et avait été plus collaborative avec les observateurs internationaux
qu’avec les observateurs locaux. Plus particulièrement :
Problèmes liés à la mauvaise gestion des listes électorales : La gestion des listes électorales a été
catastrophiques mais personne ne sait estimer le nombre de personne qui ont été exclues du vote à
cause de ces erreurs. La Commission et les CSO vont devoir travailler la dessus pour arranger le
problème bien avant la prochaine élection. La DVB a reçu plus de 1 000 appels de personne n’ayant
pas pu voter faute d’avoir été inscrits sur les listes électorales. Beaucoup d’entre eux n’avaient
toutefois pas fait l’effort de vérifier suffisamment en amont la présence de leurs noms sur les listes,
ou n’ont pas vérifié après s’être plaint, que leur noms avaient bien été ajouté sur les listes révisées
par l’UEC.
Difficulté de faire un recours auprès de l’UEC en cas de problème sur les listes électorales : En cas
d’erreur, il fallait remplir le formulaire 3A mais beaucoup de personnes n’ont pas eu l’information ou
ont rencontrées des difficultés à le remplir. Parfois les sous-commissions des zones rurales n’avaient
pas ces formulaires le personnel électoral écrivait seulement les modifications demandées sur des
papiers et rayait les noms à la main sur les registres sans systématiquement rajouter les noms
demandés (Mya Nandar).
Le personnel électoral manque d’indépendance. Alors que le personnel est censé être indépendant
(la plupart sont instituteurs) beaucoup était issu de l’USDP, de famille de membres du parti ou
d’anciennes autorités.
Recommandations pour l’avenir :
Les lois électorales ne sont pour l’instant que des ordres émanant du gouvernement, elles
n’ont pas été adoptées en tant que lois, et ne font pas partie de la Constitution. Elles peuvent
donc être modifiées, il faut au contraire les entériner et les renforcer. Les procédures
administratives en termes d’information et de communication doivent également être plus
transparentes.
Actuellement c’est le président de la Birmanie qui nomme le président de l’UEC pour un
mandat équivalent au sien. Cette décision ne peut pas être équitable dans la mesure où le
président sera toujours amené à désigner quelqu’un de loyal à son parti ou à ses intérêts
personnels. Pour que l’UEC soit indépendante, le président doit être nommé par quelqu’un
de neutre (qui n’est pas membre d’un parti ou d’une organisation politique (Bo Kyi/ Ko Saï).
La gestion des listes électorales doit être améliorée. Les listes finales doivent être publiées
beaucoup plus tôt, avant les élections.
Vote par anticipation : Les votes par anticipation des militaires et des fonctionnaires n’ont pas pu
être observés par les observateurs internationaux et les observateurs locaux ont seulement pu
observer le dépouillement des votes qui étaient presque exclusivement en faveur de l’USDP. Ils ont
pourtant représenté 5 à 6% des votes pour chaque chambre du Parlement. Dans près de 50
circonscriptions, ce sont ces votes qui ont fait pencher la balance pour le vainqueur. Cela a
notamment été le cas dans les régions reculées, comme dans l’État Karenni, l’État Shan et le Kachin.
Les votes par anticipation ont également mis des heures (des jours dans certains cas) à arriver alors
qu’ils étaient censés être dans les bureaux de vote avant leur fermeture (16h). Certaines plaintes
déposées à l’UEC ont permis d’annuler ces voix, mais pas dans la plupart des cas. De plus certains des
noms sur les listes des votes par anticipation étaient faux. Pour Bo Kyi, ces votes sont
particulièrement injustes et devront être mieux gérés dans l’avenir. En 2010, ils étaient déjà la
principale source de triche ce qui peut sembler d’autant plus injuste que les militaires bénéficient
déjà de 25% des sièges et qu’il n’est pas possible de faire campagne dans les zones militaires. Pour
que ce soit plus juste, les militaires ne devraient pas être autorisés à voter ou alors ils ne devraient
pas avoir 25% des sièges (Bo Kyi).
Une observation des élections incomplète : Le personnel électoral de l’UEC était composé de 1000
personnes pour 330 township, cela revient à 3 observateurs par township alors que chacun est divisé
en plusieurs bureaux de vote, c’était donc insuffisant pour observer chacun d’entre eux. Les partis
politiques, notamment les plus petits, n’ont pas non plus pu assurer des observateurs dans tous les
bureaux de vote, faute de ressources humaines et logistiques pour atteindre les zones les plus
reculées. Certains observateurs locaux ont été forcés par les sous commissions de l’UEC de quitter
leurs bureaux de vote l’après-midi, et n’ont donc pas pu observer l’ensemble des votes notamment
dans l’État Shan et sur Coco Island (Moe Thway).
Manque d’expérience du personnel électoral et disparité importante entre les différents bureaux
de vote. Tout le personnel électoral n’a pas bénéficié de formation (notamment les observateurs des
partis politiques, peu ciblés par les formations des CSO), beaucoup n’ont donc pas été en mesure de
constater les erreurs de procédures. Dans certains bureaux les électeurs n’ont pas été invités à
signer le registre électoral prouvant leur passage et permettant de déterminer combien de
personnes avaient voté. Certaines personnes, pas enregistrées sur les listes ont été accepté dans
certains bureau de vote (risque de double vote), dans un certain nombre il y a eu plus de vote que
d’inscrits, enfin 6% des bulletins de vote ont été invalidés (dont 10 à 20% dans certains bureaux de
vote reculés, notamment à cause du manque d’information des électeurs qui ont tamponné
plusieurs fois ou pas du tout.)
De nombreux cas d’intimidation des militaires et du personnel électoral sur les électeurs ont été
reportés (Moe Thway)
Double vote : l’encre indélébile n’a pas toujours été utilisée (remplacée par des marqueurs) car
lorsqu’il y avait beaucoup de monde faisant la queue, le personnel électoral n’a pas pu vérifier les
doigts de tous ceux qui faisaient la queue, il était donc possible de voter plusieurs fois en se faisant
passer pour quelqu’un d’autre.
Irrégularités spécifiques aux zones géographiques
Erreurs sur les listes électorales ou dans les bureaux de vote concernant les vote des
minorités ethniques : Près de 18 000 chin vivant dans le district de Kale, 20 000 karen de
l’État Shan et des milliers d’autres minorités ne vivant pas dans l’État de leur groupe
ethnique, n’ont pas eu la possibilité de voter pour leur représentant des affaires ethniques à
cause d’erreurs sur les listes électorales. Les 1,5 millions d’électeurs éligibles dans l’État Mon,
seulement la moitié ont été en mesure de voter le 8 novembre. : Enfin, au moins 2 villages
entiers de l’État Karen n’ont pas pu voter car les autorités locales auraient égarées les listes
électorales.
État d’Arakan : La minorité musulmane des Rohingyas n’a pas été autorisée à voter
(plusieurs centaines de milliers de personnes).
Dans l’État Kachin : Les principaux problèmes du processus électoral concernent les votes
par anticipation qui ont été amenés dans les bureaux de vote en retard (après leur
fermeture). Dans certaines circonscriptions, la LND était censée gagner mais lorsque les
votes par anticipation ont été ajoutés, l’USDP l’emportait. Toutefois l’UEC a déclaré certains
de ces votes par anticipation inéligible, la NLD a donc gagné. Gestion liste électorale : l’UEC
n’a pas toujours pris en compte les recours fais pour ajouter des noms ou modifier les
informations sur les listes. Des rumeurs disent que l’USDP aurait payés les partis ethniques
pour leur donner les moyens de faire campagne et ainsi diviser les votes du peuple entre la
LND et les partis ethniques, à l’avantage de l’USDP. (Father noel)
Élections dans la région en conflit du Kokang. La commission Électorale a annulé les
élections dans 600 villages à travers le pays pour « des raisons de sécurité ». Elle a toutefois
autorisé le vote dans presque tous les villages Kokang (État Shan) pourtant en proie à un
conflit entre l’armée birmane et l’armée kokang depuis février. Les 46 945 kokang
enregistrés sur les listes électorales ne représentaient cependant qu’un tiers de la population
en âge de voter, étant donné que des dizaines de milliers de personne ont fui les
affrontements. Le parti au pouvoir, l’USDP a remporté les 7 sièges dans cette zone
administrée par les kokang. Une semaine après les résultats, il a décidé de mettre fin à l’État
d’urgence en vigueur dans la région depuis la reprise du conflit armé en février. Des
affrontements auraient repris à la fin du mois de novembre dans la région.
État Shan : Des milices auraient distribuées des cartes d’électeurs demandant au peuple de
voter pour l’USDP (DVB) de plus, les militaires sont venus en bus dans leur zone du coup
certains électeurs ont eu peur et ne sont pas allé voter. A Taungy et Lashio (USDP a gagné) et
dans d’autres bureaux : il y avait plus de vote que d’inscrits pour les votes par anticipation.
Mandalay : 6 camions seraient arrivés dans un des bureaux de vote de Mandalay, mais
comme personne ne connaissait ces électeurs prétendus, le personnel électoral les a refusés
(vraisemblablement de Ma Ba Tha) Bo Kyi.
Coco Island : Cette ile était un enjeu particulièrement important car l’un des candidats était
un général et si NLD gagnait il y aura pu y avoir des secrets dévoilé car il s’agit d’une ancienne
base d’écoute chinoise avec des satellites. De plus, il était facile de tricher car les habitants
dépendent largement des militaires pour leur approvisionnement notamment en nourriture
et ne peuvent odnc pas vraiment se plaindre. Enfin, il y avait 3 sièges en jeu (conséquent par
rapport au nombre d’habitant peu élevé).
Irrégularités du vote : Les candidats n’ont pas pu arriver sur place assez tôt donc ils ont fait
campagne que pendant 1 mois + géné par l’article 144 : interdit de sortir après 18h et
interdit de se déplacer librement (imposé par les militaires qui n’ont pas donné de raisons).
Des menaces ont été constatées auprès des électeurs – notamment les employés des gros
projets– on leur a dit de voter pour l’USDP. Il y a une ile très proche habitée par les militaires,
qui auraient voté en avance aussi sur coco Island donc auraient votés 2 fois. L’observation n’a
pas été possible toute la journée dans tous les bureaux de vote (Observateurs priés de sortir
à midi après avoir signé le registre pour dire qu’ils avaient bien observé).
Résultat : USDP a gagné les 3 sièges, la NLD malgré les pressions a gagné 200 votes.
RESULTATS La participation au scrutin du 8 novembre a été de 69% des électeurs inscrits. Sur les 91 partis
politiques qui ont participé, seulement 22 partis ont obtenu des sièges. Il y a eu un véritable « raz-de-
marée » électoral pour la LND. Les 69 autres partis, dont certains très importants comme le National
Development Party, le National Democratic Force, ou le Myanmar Farmers Development Party
avaient respectivement présentés 354, 274 et 268 candidats, mais n’ont pas obtenu un seul siège.
Cela s’explique, en partie, par le système « first-past-the-post ».
Pour bénéficier d’une majorité au Parlement, le parti d’Aung San Suu Kyi devait obtenir au moins
67% de l’ensemble des sièges en jeu, il en a remporté près de 77% des sièges en jeu et comptera une
majorité absolue au Parlement National avec 59% des sièges (une fois les 25% des sièges réservés
aux militaires pris en compte). En 2016, la NLD pourra ainsi contrôler les 2 chambres du Parlement,
élire un de ses membres au poste de Président et former le prochain gouvernement.
Une victoire de la NLD était attendue mais les organisations de la société civile locale, le parti au
pouvoir, les partis ethniques et les analystes politiques ne s’attendaient pas à un tel succès. Même
dans la capitale, Nay Pyi Taw - en majorité composée de militaires et de fonctionnaires - la LND a
gagné tous les sièges sauf un. Dans la division de Rangoun, la LND a gagné 43 constitutions sur 45.
Les anciens militaires encore au pouvoir s’attendaient à une victoire de l’opposition, mais pas à un tel
échec pour l’USDP. Les circonscriptions de militaires ont voté pour l’USDP mais même la police et les
fonctionnaires ont plutôt choisi la LND. Ils estimaient avoir fait beaucoup d’efforts depuis la sortie de
la dictature, ils avaient préparé ces élections depuis 5 ans (notamment grâce à leur « road map » et à
la constitution de 2008) et comptaient sur le soutien des groupes bouddhistes nationalistes. Ils
pensaient que ce serait suffisant pour remporter une importante partie des sièges. Ils vont donc
devoir réfléchir à ce qu’il s’est passé car le message envoyé au gouvernement a été très clair : le
peuple souhaitait un réel changement et n’a pas suivi l’appel de Ma Ba Tha à voter pour l’USDP. Le
rejet du gouvernement en place a été plus fort que tout sentiment anti-musulman ou de rédemption
des militaires.
Ces élections ont aussi montré que la stratégie de la LND d’appeler le peuple à voter pour le parti
plutôt que pour le candidat a très bien fonctionnée : un grand nombre de candidats LND ne se sont
pas organisés pour mener une réelle campagne électorale, ils ont pourtant été élus. Les
déplacements d’ASSK dans le pays pendant la campagne électorale ont été très efficaces : la NLD a
eu beaucoup plus de succès dans les zones où elle est allée. Finalement même dans ces régions
ethniques elle a remporté beaucoup plus de voix que prévu (c’est d’autant plus surprenant dans
l’État Kachin, Shan et Arakan). (DVB).
Le vote des minorités ethniques
Toutefois le vote des minorités ethniques ne s’agissait pas d’un vote de soutien, mais d’un vote
contre l’USDP. Le faible score des partis ethniques, s’explique par la crainte que ces partis ethniques,
non expérimentés et disposant de peu de ressources financières, ne puissent faire le poids face à
l’USDP. De plus plusieurs partis ethniques s’étant présentés dans les mêmes circonscriptions, les
leaders communautaires et religieux ont préféré appelé leur peuple à voter à l’unisson pour la LND
pour ne pas risquer de diviser leurs votes et laisser l’USDP remporter les sièges, comme cela a
finalement été le cas dans certaines circonscriptions de l’État Shan. Les Mon se sont mieux organisé
que les Kachin pendant les élections, ils n’ont proposé qu’un seul parti, stratégie beaucoup plus
payante. Les partis kachin eux se sont tous divisés, du coup la population ne savaient pas pour qui
voter et a préféré voter NLD pour être sur de battre l’USDP. Les Shans ont remporté plus de sièges
que dans le Kachin, mais ils ont subi une importante défaite également et il y a eu beaucoup
d’irrégularités. (Minzai)
REACTIONS SUITE AUX ELECTIONS Réactions du pouvoir : Les héritiers de la junte ont rapidement reconnu leur défaite face à
l’opposante Aung San Suu Kyi. Kyi Win, ancien colonel et haut responsable du parti au pouvoir a
déclaré : « Notre parti a totalement échoué. La LND est victorieuse. C’est le destin de notre pays »,
lançant un signal fort dans un pays sans tradition d’aveu d’échec de la part du pouvoir. Le président
Thein Sein et le Chef des armées, Min Aung Hlaing, ont assuré qu’ils allaient transférer le pouvoir
démocratiquement et tout faire pour que la passation entre les parlementaires se passe au mieux.
Inquiétudes du peuple birman : Malgré la reconnaissance des résultats par les militaires, le peuple
pense toujours qu’ils seront tentés de ne pas transférer le pouvoir. Certains estiment qu’ils vont
vouloir régler leurs affaires/business de corruption avant de céder leur place et vont donc essayer de
décaler le plus possible le transfert en s’appuyant notamment sur les conflits armés. D’autres
estiment que le Conseil National de Sécurité leur permettra de déclarer l’État d’Urgence et de
récupérer le pouvoir prochainement.
Prudence et discrétion de la LND quant aux résultats : Aung San Suu Kyi a jugé les élections « en
grande partie libres », tout en déplorant quelques « intimidations résiduelles ». Dans un souci de
maintien de la paix, elle a appelé ses sympathisants au calme et au respect des perdants. Très
prudents, les dirigeants de la LND sont eux même restés discrets sur les résultats et leur vision de
l’avenir du pays. Ils attendent notamment la fin du délai de 45 jours qui permet aux partis politiques
de déposer des recours auprès de la Commission Électorale et éventuellement d’influer sur le
résultat final des élections. En effet, des candidats du parti au pouvoir (USDP) tenteraient de
disqualifier certains candidats LND en les accusant d’avoir dépassé les montants des dépenses
autorisés pendant leur campagne électorale. Enfin, bien que les responsables gouvernementaux et
militaires aient reconnu la victoire du parti d’Aung San Suu Kyi, des doutes demeurent encore quant
à leur volonté de transférer le pouvoir début 2016. L’optimisme est donc toujours prudent en
Birmanie.
Beaucoup de groupes armés ethniques ont félicité ASSK et semblent satisfait des élections
Réactions internationales : La communauté internationale a également salué la tenue des élections
du 8 novembre que de nombreux dirigeants politiques ont qualifié « d’étape cruciale vers la
transition démocratique ». Ils ont toutefois mis en évidence la persistance des violations des droits
de l’homme qui freinent le progrès des réformes et impactent la crédibilité globale des élections et
ont indiqué que sans réformes constitutionnelles, les élections ne pouvaient pas être véritablement
libres. Etaient ainsi pointés du doigt les 25% de sièges du Parlement réservés au militaires,
l’impossibilité d’Aung San Suu Kyi d’accéder à la présidence malgré la victoire de son parti, la
disqualification de plusieurs candidats sans raison ou encore la privation des droits civiques et
électoraux des Rohingyas. Plusieurs dirigeants ont demandé au gouvernement de prendre des
mesures pour garantir la liberté d’expression, libérer les prisonniers politiques, ou encore redonner
aux Rohingyas leurs droits fondamentaux comme l’a exprimé Ban Ki-moon dans une déclaration du
12 novembre.
Perspectives et enjeux post électoraux
QUEL ÉCHIQUIER POLITIQUE APRES LES ELECTIONS ? Un soutien populaire infaillible pour la LND: Le peuple semble désireux de suivre tout ce qu’ASSK
dira. On l’a vu ces derniers mois : Elle leur a dit de voter pour la NLD puis de rester calme après le
résultat des élections. Il a suivi ses règles, cela ne changera pas de sitôt. Une petite partie des
sympathisants de la LND ne voit toutefois pas les choses de la même façon, car ils n’apprécient pas
les penchants dictatoriaux d’ASSK (Moe Thway).
La fin de l’USDP ? Pour Moe Thay, l’USDP est fini, ils ne feront jamais partie de l’opposition et ne
pourront plus rien faire sous ce nom car ils sont trop détestés. Cela s’est déjà passé avec le parti
Tasania, qui était un concurrent de la NLD en 1990, depuis plus personne ne parle d’eux ils ont
totalement disparu car étaient extrêmement impopulaire sous ce nom. Pour les militants LND, leurs
membres manquent de passion, ils font de la politique car ils en reçoivent l’ordre, cela ne peut pas
fonctionner.
Quel futur pour la NDP ? Le National Democratic Party est l’un des partis les plus connus en Birmanie
(il s’agit d’une branche issue d’un des mouvements de Thein Sein). Il a mené une campagne assez
importante au niveau national mais n’a toutefois obtenu aucun siège. Ce parti, composé de proches
des militaires, semble également voué à la disparition.
Ce que l’on a pu retenir de ces élections, c’est que les partis politiques birmans ne portent encore
aucune idéologie et ne se placent pas sur un système d’échiquier politique traditionnel comme en
Europe : entre la gauche et la droite. Ils se positionnent uniquement en fonction de leur adhésion ou
non au contrôle du gouvernement par les ex militaires. Les birmans ne votent donc pas pour une
orientation politique mais pour l’histoire et la figure principale du parti.
Au-delà de la réputation des leaders des partis politiques birmans, la LND semble s’approcher d’un
parti néo libéral, tandis que DPNS serait plus ou moins centre gauche – social démocrates. C’est
actuellement tout mais lors des prochaines élections, en 2020, les partis devraient se différencier
davantage sur leurs programmes économiques et sociaux. De plus, la Birmanie va avoir besoin de
nouveaux partis politiques plus forts pour créer une opposition et un débat politique constructif.
Generation 88 devrait créer un nouveau parti, avec à sa tête Ko Ko Gyi. Le problème est que Ko Ko
Gyi a des discours xénophobes, pas partagés par tous les activistes. Pour l’instant avec la LND se sont
les deux organisations les plus populaires. Il sera difficile de leur faire concurrence mais ce serait
intéressant qu’il y ait d’autres courants, notamment un parti vert. Toutefois cela contribuerait à
diviser les votes de la population.
LA MAIN MISE DE L’ARMEE SUR LA POLITIQUE N’A PAS PRIS FIN AVEC LES ELECTIONS
L’armée a assuré ses arrières : le processus de sélection présidentielle (1 président et 2 vice-
présidents) est construit tel qu’il garantit la place de vice-président à un militaire, non élu par le
peuple, et la constitution interdit à Aung San Suu Kyi d’accéder au poste de Président, ses enfants
étant de nationalité étrangère.
En plus de cela, l’armée garde la mainmise sur les organes politiques car la constitution permet aux
militaires de :
- conserver 25% des sièges et de bloquer tout amendement de la Constitution.
- garder le contrôle des trois ministères clés, aux plus gros budgets : l’Intérieur, la Défense, et
la Gestion des frontières.
- de reprendre le contrôle direct du pays si le National Security Council décide que « l'unité
nationale est menacée ».
Le Conseil National de Défense et de Sécurité (C.N.D.S.) est l’organe le plus puissant du pays : Il est
contrôlé (constitutionnellement) en majorité par l’armée qui possède 6 membres sur 11. Il est
responsable de toutes les décisions liées à la sécurité du pays et aux questions sensibles mais
personne ne connait précisément son rôle car la constitution reste très floue sur ses fonctions. C’est
ce comité qui a, par exemple, le pouvoir d’assumer tous les pouvoirs si le président déclare l’État
d’urgence et qui peut prononcer les amnisties (le président peut seulement déclarer des pardons
présidentiels). Il est composé du président, des 2 vices présidents, des 2 portes paroles du
Parlement, du commandant en chef des armées et de son vice commandant, des ministres de la
défense, des frontières et de l’intérieur et du vice-ministre de la défense. Pour beaucoup d’activistes,
le président de la Birmanie n’est pas très puissant, c’est le commandant en chef qui désigne les
postes clés, le président doit juste approuver ses décisions. Ceux qui détiennent le vrai pouvoir sont
les militaires qui composent le Conseil National de la Sécurité et il a craindre que ce dernier ait un
rôle à jouer beaucoup plus important dans l’avenir. En effet, pendant le mandat de Thein Sein, ce
comité n’était pas très actif car ses membres étaient également au gouvernement. Le public ne savait
jamais quand il se réunissait ni ce qu’il faisait. C’est le CNDS qui a par exemple donné l’ordre de
réprimer les protestations étudiantes de mars 2015. La LND pourra nommer 4 de ses membres, ce
qui permettra certainement plus de transparence.
Le personnel administratif est presque entièrement composé de militaires : Le personnel qui
compose les ministères ne va pas changer car la NLD a remporté les élections. Or, il se trouve que
tous les postes clés des ministères sont occupés par des militaires depuis longtemps, tout comme la
grande majorité des postes administratifs. La cohabitation entre les ministres et leur cabinet risque
donc d’être compliquée et il ne sera pas possible de renvoyer les militaires : il s’agit de milliers de
personnes en poste depuis des années. Cela va être très dur de changer les mentalités et jusqu’à ce
qu’ils partent à la retraite, la LND devra donc composé avec ce personnel militaire.
RISQUES ET ENJEUX POUR LE GOUVERNEMENT DE LA LND Un « mono parti » au pouvoir : Pour beaucoup d’activistes, ASSK réfléchi de la même façon que
l’armée et est butée. Pour eux, elle se positionne juste différemment mais a cette même tendance à
l’autoritarisme. Aung San Suu Kyi a affirmée qu’elle avait « un plan », et qu’elle serait « au-dessus du
président ». Cette déclaration, associée au 59% des sièges détenus par la LND, inquiètent les
analystes politiques, notamment la DVB, et les partis ethniques : aucune opposition forte n’aura la
possibilité d’imposer un débat politique au sein du Parlement car tous les parlementaires de la NLD
pourraient voter d’une même voix, sans confrontations de points de vue. En effet, les parlementaires
désignés par la LND sont des personnes qui ont notamment été choisies pour leur capacité à suivre
les ordres et Aung San Suu Kyi a fait campagne en répétant au peuple de « voter pour un parti plutôt
qu’un candidat », sous entendant notamment que ce serait les leaders de la LND qui prendraient
toutes les décisions. Le pays pourrait donc de nouveau être gouverné par un « mono parti », qui bien
que plus démocratique, pourrait sembler autoritaire puisque ce seront toujours les mêmes
personnes qui prendront les décisions (armée et leaders LND).
Un manque de capacité des parlementaires NLD élus : Tous les activistes redoutent que le manque
d’expérience et de compétences des parlementaires NLD élus ne devienne un handicap de taille pour
l’avenir de la Birmanie. L’équipe d’Info Birmanie en a rencontré plusieurs et a été frappé par leur
dépendance affichée aux futures consignes des leaders du parti. Sur des enjeux essentiels comme
l’éducation, la santé ou l’économie, ils n’avaient souvent aucune idée des politiques envisagées par
le parti à court et long terme. On ne sait donc pas dans quelle mesure les nouveaux députés de la
LND seront actifs et force de proposition au sein du Parlement. La LND va devoir profiter des 3 mois
de transition pour former ses élus et leur permettre de renforcer leurs capacités. Entre fin novembre
et décembre, elle a organisé des formations pour l’ensemble de ses parlementaires pour leur
expliquer le fonctionnement des différentes chambres du Parlement. Cela en dit long sur le manque
de connaissances de ceux-ci et malheureusement, aucune autre formation n’est actuellement
prévue.
Un besoin de composer avec les différentes parties prenantes de la scène politique actuelle : Il
s’agira pour la LND de trouver un équilibre habile au sein de son gouvernement entre académiciens,
experts, minorités et militaires. En effet, les 25% de militaires siégeant au Parlement ne risquent pas
d’être évincés de sitôt et il serait difficile de gouverner la Birmanie avec trois ministères en désaccord
avec le reste des autres ministères. Il faudra donc composer avec l’armée dont une partie s’est déjà
dit prête à « coopérer » avec la LND. ASSK a elle-même parlé d’un gouvernement « de réconciliation
nationale », elle devrait donc opter pour cette stratégie mais devra choisir les bonnes personnes. Par
exemple Shwe Mann n’est pas apprécié du Commandant des armées, il serait donc un mauvais choix
(Moe Thway). Par ailleurs il y a des chances que les élus USDP ne forment plus un bloc homogène
avec les militaires comme auparavant, ils devront donc être pris séparément. Enfin, bien que les
partis ethniques n’aient pas eu le succès escompté, ils devront être pris en compte pour que la LND
ne fasse pas regretter leur vote au 40% de la population issue des minorités ethniques qui ont choisi
de voter en sa faveur (notamment, déjà, en vue des élections de 2020). La LND a déclaré qu’elle
s’entourerait de personnes extérieures à son parti, et notamment d’anciens militaires, de leaders des
partis ethniques etc. ASSK a invité le gouvernement, les minorités et tous ceux qui le souhaitent à
participer au prochain gouvernement pour travailler sur la réconciliation et le développement. C’est
la seule qui a la confiance de tous, cela pourrait donc être une bonne chose pour le pays. Toutefois
personne ne sait encore dans quelle mesure ni par quoi cela se traduira.
Quoi qu’il en soit, la LND est composée d’anciens membres des organisations de la société civile
birmane et connait leurs recommandations. Elle a par ailleurs tout à fait conscience des attentes de
la communauté internationale et devrait faire attention à ce que son gouvernement ne reprenne pas
les mauvaises habitudes de corruption, issues de la junte militaire. Comme le dise les birmans « cela
ne pourra pas être pire qu’avec l’USDP au pouvoir ».
LE PEUPLE BIRMAN ATTEND BEAUCOUP DE LA LND
Le peuple birman qui a voté massivement pour la LND attend beaucoup de cette transition
démocratique. En effet, La LND va devoir mener des réformes rapidement et efficacement. Étant
donné la configuration du pouvoir au sein de la LND et de son obligation de négocier avec les
militaires, tout repose finalement sur la capacité d’influence d’Aung San Suu Kyi et sur sa volonté
d’œuvrer pour un véritable changement.
Réformes démocratiques : Le peuple birman a voté massivement pour la LND pour que la transition
démocratique amorcée, donne lieu à de véritables réformes : liberté d’expression, liberté religieuse,
respect des droits fondamentaux, fin de l’impunité et des violations des droits de l’homme, accès à
l’éducation et à la santé etc. Pour cela la LND va notamment devoir tout faire pour amender la
constitution, à l’origine d’un grand nombre des violations des droits de l’homme en Birmanie.
Violations des droits de l’homme : La NLD va avoir la responsabilité de faire des réformes concrètes
contre les violations des droits de l’homme sinon le peuple risque de s’impatienter et de protester.
Les manifestations pourront toutefois être réprimées par la police dont la LND n’a pas le contrôle et
par l’armée dans les zones de minorités ethniques. La question qui se pose est de savoir si elle pourra
y arriver alors qu’elle ne contrôle pas les ministères de l’intérieur, de la défense et des frontières.
Développement économique : ASSK est très attendue par le peuple sur le développement
économique. Elle devra relever l’immense défi du développement de son pays et de la redistribution
des richesses des ressources naturelles, encore majoritairement contrôlées par l’armée. Un birman
sur trois vit sous le seuil de pauvreté, et 70% n’ont pas accès à l’électricité. L’essor économique reste
cantonné aux villes, alors que la population rurale, majoritaire (66% de la population), souffre du
manque d’accès à l’eau courante et à l’électricité. Beaucoup de personnes pensent qu’avec la LND au
pouvoir, leur niveau de vie va s’améliorer rapidement. Toutefois il s’agira d’encadrer davantage les
investissements pour que l’ouverture économique n’aggrave pas davantage la situation. En effet il
est à craindre qu’une arrivée importante d’investisseurs étrangers se fasse dans un contexte peu
propice (manque de transparence, peu de lois et de cadre pour protéger l’environnement et les droit
des communautés locales, conflits liés aux contrôle des ressources naturelles etc.) et n’aggravent les
violations des droits de l’homme dans le pays. (Moe Thway)
Réconciliation nationale et paix : Alors que les bamars aspirent à la démocratie, les minorités
ethniques se préoccupent avant tout de la paix. La guerre civile qui oppose l’armée birmane aux
groupes ethniques armés est le plus long conflit de basse intensité au monde et les civils sont bien
sûr les premières victimes. Il y a forte attentes des groupes armés ethniques pour que la LND travaille
véritablement en faveur de la fin des conflits armés et pour un véritable dialogue politique.
Discriminations des minorités religieuses : Les minorités religieuses attendent du gouvernement
national qu’il agisse enfin, en leur faveur: réformer le secteur de la sécurité et de la justice, protéger
les personnes les plus vulnérables, réduire les politiques discriminatoires etc. La xénophobie étant de
plus en plus importante à travers le pays, la LND devra notamment également œuvrer en faveur
d’une réconciliation entre bouddhistes et musulmans en favorisant les initiatives de dialogue
interreligieux. La LND pourrait convaincre les arakanais d’opter pour la réconciliation, si elle parvient
à amener un développement économique dans l’État cela pourrait changer leur attitude.
Attentes des CSO : Il y a un réel espoir pour les CSO qu’il sera plus simple de travailler avec le
gouvernement et les parlementaires de la NLD. Elles estiment qu’ASSK est très engagée et très active
et pensent donc bénéficier d’une meilleure écoute et voir les conflits avec le gouvernement
diminuer. Toutefois les CSO ne voient pas d’un bon œil le fait qu’ASSK soit aussi dominante au
Parlement tout en reconnaissant que cela lui donnera la majorité aux parlement pour passer des
réformes comme par exemple l’amendement de l’article 18. (Moe Thway).
Justice transitionnelle : Un véritable travail de lutte contre l’impunité et de justice transitionnelle est
attendu. Toutefois, les militaires ne vont pas vouloir aller devant la Cour Pénale Internationale. Ils
souhaitent protéger leurs familles et leurs affaires, c’est ce qui explique notamment le fait qu’ils
aient gardé les positions clés et le contrôle politique. Pour les activistes si la LND essaie de lutter
contre l’impunité des militaires pour leurs crimes passés, cela pourrait se solder par une déclaration
d’État d’urgence et donc une récupération du pouvoir par les militaires. Tant que le processus de
démocratisation continue, la communauté internationale considère que la situation est acceptable
(comme en Thaïlande par exemple) et ne poussera pas la Birmanie à travailler sur son passé. Il y a
donc très peu de chance qu’un travail de justice transitionnelle soit entamé pendant ce prochain
mandat.
VERS UN AMENDEMENT DE LA CONSTITUTION ? Tout changement constitutionnel dépendra des discussions entre ASSK et l’armée et surtout de
l’influence de celle-ci sur les militaires. Pour Moe Thway comme pour Than Win Htut, elle a une vraie
carte à jouer, puisqu’avec le commandant des armées, elle est aujourd’hui la plus influente personne
en Birmanie. Pour amender la constitution il va falloir changer les mentalités de l’armée et leur
enseigner la démocratie. Malheureusement ils n’accepteront cette possibilité que si elle ait des
compromis. Si elle décide de lutter contre la corruption par exemple, la situation avec les militaires
sera conflictuelle alors que si elle opte pour le développement économique sans toucher aux lois sur
l’investissement, ils seront plus enclins à accepter ses amendements. Elle ne pourra donc pas pousser
trop loin les militaires car elle doit compter sur leur présence et donc, dans une certaine, mesure sur
leur coopération. De plus Thein Shwe est toujours actif et influent au sein de l’armée…
Pour les militaires les articles les plus importants de la Constitution sont ceux qui concernent le
fédéralisme, les 25% de militaires réservés au parlement et les 75% des voix nécessaires pour
amender la constitution. Sur ces articles ils feront tout pour bloquer tout amendement. Il y a ensuite
l’article 59F, auquel ils ne souhaiteraient pas toucher pour maintenir l’idée qu’ils défendent depuis
toujours : ASSK est une marionnette de l’occident et ils pourront bientôt le prouver au peuple mais
également parce qu’ils n’ont pas envie de travailler avec elle. Il s’agit toutefois d’un enjeu essentiel
pour ASSK qui pourrait être prête à faire des concessions importantes sur d’autres points (justice
transitionnelle, conservation de certains articles de la constitution, économie etc.) et qui compte de
toute façon déjà sur le soutien du peuple. Elle pourrait donc réussir à convaincre l’armée de
l’amendement de cet article, et finalement devenir présidente de la Birmanie. (Sein Win)
QUEL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ? La NLD a préparé un certain nombre de réformes liées à l’économie (consultables dans son
programme). La direction prise vise à mettre en place des règles qui soient les même pour tous les
entrepreneurs et investisseurs (DVB). Bien que la ligne politique de la NLD ne soit pas encore claire,
elle se rapprocherait d’une vision néo libérale, qui consisterait à avoir une politique d’ouverture
économique large, invitant tous les investisseurs à s’implanter dans le pays. Pour Moe Thway, si la
LND se concentre sur les droits de l’homme, cela retardera le développement économique et
contrariera les militaires, si elle se concentre sur le développement économique, les violations des
droits de l’homme continueront. Il faudra donc trouver un équilibre pour plaire au plus grand
nombre. Étant donné que l’économie est dans les mains des cronies et des militaires, ils auront de
toute façon leur rôle à jouer également. Par ailleurs, pour l’instant la Birmanie n’a aucune politique
des affaires étrangères mais seulement une diplomatie liée au business et aux droits de l’homme. Il
va falloir aller plus loin.
Ces élections devraient toutefois avoir un impact positif sur l’économie car les investisseurs vont être
rassurés que le processus se soit passé sans incident majeur et que la LND ait obtenu la majorité du
Parlement. De plus, un certain nombre d’activistes devraient revenir dans le pays avec de nouvelles
connaissances, ressources et expériences acquises à l’étranger (Mya Nandar).
Corruption : Actuellement il y a une impression générale qu’il y aura moins de corruption sous le
gouvernement de la LND. Toutefois les administrations sortent de décennies de corruption, les
habitudes des fonctionnaires ne sont donc pas prêtes de changer. Lutter contre la corruption devra
nécessairement se faire avec l’aide de la police, ce qui risque d’être compliqué étant donné qu’elle
est sous les ordres du ministère de l’intérieur, lui-même sous la direction d’un militaire.
Mission dans L’État Kachin
ORGANSATION DE LA KIO/KIA
La TAT : Avant, la KIO négociait directement avec l’armée sans consulter le peuple Kachin. En 2002, la
KIO a organisé une conférence publique avec les civils de l’Etat Kachin et a créé la Kachin Consultate
Assembly, une assemblée du peuple Kachin. Aujourd’hui la TAT - composée de 10 membres issus des
CSO kachin et de 5 membres de la KIO – permet d’inclure les civils aux négociations avec le
gouvernement. La KIO travaille également avec les CSO par thématique (IDP, accès humanitaire etc.)
et pour toutes les questions techniques, les CSO invitent des experts et rencontrent le comité central
de la KIO.
Ressources de la KIA :
- Business : sucre etc.
- Système de taxes sur les activités économique et notamment l’extraction des ressources naturelles
comme le jade, le bois, les ressources minières, l’électricité produite par la KIO etc.
- Les taxes frontalières : la frontière de Laiza avec la Chine est un passage clé qui génére de revenus
importants.
Éducation : La KIO contrôlait 400 écoles et lycées sur les territoires contrôlés par l’armée kachin,
mais depuis la reprise des conflits, la moitié ont dû cesser leur activités. Il n’y avait encore aucune
universités, la première vient d’être créée, il s’agit d’un gros projet très couteux. En 1994, le
gouvernement et la KIO travaillait ensemble pour que les diplômes kachin soit reconnu en territoire
birman. Ce n’est plus le cas mais cela pourrait le devenir si un accord était passé.
Soutien populaire : Les kachin soutiennent largement la KIO et sa branche armée. Toutefois ceux-ci
ne gouvernent que les zones sous contrôle de la KIA, ceux qui vivent en territoire contrôlés par le
gouvernement ont peu d’information sur leurs politiques et façon de fonctionner. Depuis que la KIO
travaillent avec les CSO (2011), ils ont plus d’information.
France et processus de paix dans l’État Kachin : Une entreprise française a voulu vendre des drones
à la Birmanie, les kachin ont eu peur et ont dénoncé, le gouvernement français aurait répondu que ce
serait pour les besoins humanitaires mais cela n’a pas levé les craintes des Kachin car ces drones
pourraient rejoindre les opérations militaires. Thierry Mathou (ancien ambassadeur français) s’est
plus intéressé au niveau d’armement de l’armée birmane par rapport au passé qu’aux violations des
droits de l’homme commises contre le peuple kachin.
RAISONS DE LA REPRISE DES CONFLITS DANS LE KACHIN EN 2011
L’État Kachin est riche en ressources naturelles : jade, or, bois, or etc. Le gouvernement
souhaite contrôler ces ressources et restreindre ainsi celles de la KIO (tout le monde est
d’accord avec cette interprétation) ;
En 2009, l’armée birmane a fait pression sur l’armée Kachin pour qu’elle se reconvertisse
uniquement en garde-frontière. La KIO a refusé ce que l’armée birmane n’a pas apprécié.
(Minzai)
La KIA est très influente notamment au sein de l’alliance des groupes armés ethniques
(UNFC) dont l’un des leaders est le vice chairman de la KIO. Le gouvernement birman s’en
méfie et n’apprécie pas qu’elle forme les autres groupes armés sur son territoire. (Minzaï)
Le gouvernement continue d’affronter les groupes armés ethniques de cette région car il
souhaite couper le Nord shan du Kachin et diviser les groupes armés notamment pour les
affaiblir (Father Noel)
Le gouvernement birman se bat pour birmaniser les minorités ethniques et montrer que
l’armée birmane a fait du pays une nation forte qui parvient à contrôler ses minorités
ethniques. (Father Noel)
PROCESSUS DE PAIX ET ACCORD DE CESSEZ LE FEU DANS LE KACHIN
Avant, la KIA négociait directement avec l’armée sans consulter le peuple Kachin. Mais l’accord de
cessez-le-feu signé en 1994 sans consultation populaire n’a pas fonctionné et la KIA a changé de
stratégie, elle travaille désormais avec les CSO, cela pourrait donc mieux se passer.
Lors du dernier accord de cessez- le-feu le gouvernement birman avait promis aux Kachin que le
dialogue politique commencerait une fois que le gouvernement militaire deviendrait un
gouvernement civil. Toutefois 2 mois après la désignation de Thein Sein en tant que président,
l’armée birmane a rompu le cessez-le-feu et les combats ont repris. La KIO a alors organisé une
consultation du peuple sur la reprise du conflit.
Aujourd’hui le peuple kachin est plus informé et ne veut surtout pas que la situation ne se reproduise
avec le nouvel accord de cessez-le-feu (NCA).
La KIO avait approuvé le texte du NCA en août bien qu’il ne comporte aucune garantie pour le
dialogue politique en espérant que la coalition des groupes armés ethniques serait suffisamment
forte pour négocier un État Fédéral et de véritables droits pour les minorités.
Toutefois la KIO a refusé de signer le NCA en octobre pour différentes raisons :
Le gouvernement a refusé un accord inclusif limitant ainsi le poids des groupes armés
ethniques parties prenantes au dialogue politique et risquant d’éliminer les petits groupes
armés ethniques non inclus ;
il n’y avait aucune garantie pour le peuple - comme le retrait des troupes de l’armée
birmane par exemple qui devait être discuté plus tard – et sans accord inclusif, il aurait été
difficile de négocier ces garanties.
La KIO avait également déclarée qu’elle avait besoin de temps pour consulter le peuple
kachin, mais le gouvernement birman a souhaité accélérer le processus de négociation de
paix pour obtenir une signature des groupes armés ethniques avant les élections ;
De plus, la militarisation accrue des troupes birmanes sur le territoire Kachin n’étaient pas
cohérente avec une réelle volonté de l’armée birmane de mettre fin aux conflits armés.
L’armée birmane se justifie en déclarant qu’il ne s’agit que de déplacement de troupes mais
l’armée birmane serait passée de 46 bataillions dans l’État Kachin et le Nord de l’État Shan,
avant 2011 a plus de 100, dont beaucoup sont venus du sud du pays ces derniers mois.
L’église, bien qu’elle ne le reconnaisse pas est assez impliquée dans le processus de réconciliation
nationale, notamment pour les questions humanitaires. Par contre les leaders musulmans, Hindous,
bouddhistes ne le seraient pas beaucoup.
Les leaders chrétiens ont lancé un programme pour que les leaders religieux s’impliquent davantage
car ils sont très influents dans le pays. L’objectif vise à les sensibiliser pour qu’ils fassent connaitre la
situation au peuple et lui demande son avis afin de proposer à la KIA des propositions concrètes.
(Father Noel)
Si le prochain gouvernement propose un accord plus inclusif avec plus de garanties politiques, la KIA
signera le NCA sans problème. Le problème c’est que la LND n’est pas parfaite et après 50 ans de
dictature elle manque d’expérience et dans ce cas il y a beaucoup de problématiques différentes à
gérer.
Myanmar Peace Center (MPC) : Le fait que l’armée birmane ne négocie plus directement (par la
force) avec les groupes armés ethniques, mais passe par une structure qui intègre des conseillers
techniques et des leaders ethniques a témoigné d’une volonté réelle de faire des efforts. Toutefois
le MPC a vite été perçu comme pro gouvernemental par les groupes armés ethniques et son bilan est
en dessous des attentes. De son côté, le Myanmar Peace Center a l’impression d’avoir réussi sa
mission car 8 groupes armés sur 15 ont accepté de signé, ce qui constitue une majorité.
Influence de la Chine sur le NCA : Le gouvernement aurait accusé la Chine d’avoir poussé les groupes
armés ethniques à refuser de signer alors que pour Minzai, la Chine a davantage d’influence sur
l’armée birmane que sur les armées ethniques. En effet elle était, avant 2010, son seul allié
économique ce qui lui donnait la possibilité de faire ce qu’elle voulait dans le pays.
Pour Minzai, la Chine souhaitait que ces groupes signent l’accord, elle aurait même envoyé un
représentant pour les convaincre. Ses intérêt sont d’ordre économique, puisque la majorité de ses
projets, notamment de barrages, sont dans l’État Kachin et la Chine souhaite que le projet de route
entre l’Inde et la Chine se matérialise bientôt.
Observation des négociations de paix KIO – Armée birmane : La KIO a demandé aux Nations Unies,
aux USA, à la Chine et au Royaume Unis (UK) d’observer les négociations de paix entre le
gouvernement et la KIO. Toutefois la Chine aurait refusé, souhaitant garder une certaine hégémonie
sur le territoire birman et craignant que des troupes étrangères ne s’installent autour de ses
frontières. Le gouvernement birman, déjà largement dépendant de la Chine aurait refusé pour ne pas
risquer de développer de nouvelles dépendance aux pays occidentaux. Toutes les parties devant être
d’accord pour valider la participation des observateurs, les USA et le UK n’ont pas pu participer à
l’observation de ces négociations.
DEPLACES INTERNES (IDP) DANS LE KACHIN
Il y a 168 camps de déplacés au total dans l’État Kachin et le nord de l’État shan.
L’aide humanitaire a beaucoup baissé ces derniers temps, mais l’aide au développement augmente,
les CSO locales doivent donc ajuster les programmes pour s’adapter sur le long terme.
La Joint Strategy team regroupe 9 organisations (dont KMSS) qui coordonnent l’accès humanitaire
des IDPs. Les IDPs ne souhaitent pas rentrer chez eux tout de suite car il n y a aucune opportunité
pour eux.
Il y a ceux qui veulent rentrer dès que possible : Les CSO vont essayer d’améliorer leur
conditions en leur trouvant des logements individuels avec des petits terrains pour 2 ans,
principalement sur les terrains appartenant aux églises. Il s’agira également de former des
groupes ou communautés autour d’activités (épicerie, plantations etc.). Au bout de 2 ans, ils
pourront soit renouveler leur contrat soit rentrer chez eux.
Ceux qui veulent s’implanter maintenant de façon permanente et abandonnent l’idée de
rentrer chez eux : Les CSO achètent des terrains (entre 60 et 100 dollars) et leur propose un
contrat : ils peuvent rester autant qu’ils le souhaitent et y faire ce qu’ils souhaitent mais ils
ne pourront pas vendre le terrain et devront l’occuper.
La KIO travaille depuis 2 ans sur un document avec les noms des villages dans lesquels les déplacés
internes pourraient revenir s’installer. Ils ont produit un document avec des guidelines sur les règles
à suivre pour favoriser un retour des déplacés. Toutefois il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet
avec le gouvernement car c’est toujours très sensible et les conflits continuent. De plus, beaucoup de
mines anti personnelles sont encore dispersées sur le territoire. Malgré l’existence de programme de
l’UNICEF et de CSO locales sur cette problématique, le problème n’est pas près d’être résolu. Le
processus de retour des IDPs prendra des années, au moins 10 ans selon Minzai.
VISION DES FEMMES DANS L’ETAT KACHIN
La résolution 1325 des Nations Unies souligne l’importance de la participation des femmes aux
processus de paix. Elle n’est pas suffisamment respectée par les kachin, tout comme la résolution
1820. De plus la convention sur l’élimination des discriminations des femmes a été signée par le
gouvernement birman, mais n’est pas appliquée.
Les femmes kachin sont discriminées par leur culture, mais aussi par les lois et la pratique politique
du pays et de l’État. Elles font face à différents type de discriminations :
Culturelles : dans la tradition kachin, les femmes doivent servir et se taire
Économiques : les seules personnes qui font des affaires sont des hommes, ce sont eux qui
détiennent les licences et titres de propriété des business donc les femmes ne peuvent pas
être reconnues comme responsables d’affaires. Les hommes contrôlent donc tout
Religieuses : + de 90% des kachin sont chrétiens (Baptiste ou Catholique). Tous les leaders
religieux sont des hommes et ceux-ci sont très influents.
Politiques : Constitutionnellement, les postes haut placés sont occupés par les hommes. Le
président doit par exemple être qualifié en défense mais il est difficile de travailler sur le
sujet en tant que femme. De plus, les salaires des femmes sont beaucoup moins importants
que ceux des femmes (différence du simple au double pour un travail équivalent). Le peuple
qui manque d’éducation et de sens critique, accepte sans sourciller. Les femmes sont
officiellement au second plan et la famille doit suivre les ordres du père.
Depuis 2011 et la reprise des conflits dans l’État Kachin, au moins108 femmes ont été violées ou ont
disparues dans des affaires en liens avec des militaires. Les violences sexuelles sont très élevées dans
l’État Kachin. Ces discriminations sont aggravées par l’impunité dont bénéficient les soldats,
notamment dans les zones de conflits. Même quand les victimes de violences sexuelles connaissent
le nom et l’immatriculation de leur agresseur, il est presque impossible de les faire condamner.
Certains viols sont également commis, plus rarement, par les soldats de la KIA. Ceux-ci perdent un
grade s’ils sont identifiés, mais pas plus. La KIO ne se sent pas concernée et ne fait pas grand-chose
pour lutter contre les violences sexuelles dans l’État Kachin. Les femmes espèrent qu’ASSK
s’attaquera enfin à ce problème.
Dans le nord de Myitkyina, la capitale de l’État Kachin, les femmes qui habitent près du centre
militaires sont victimes d’un harcèlement quotidien : vêtements arrachés, violences sexuelles,
provocations etc. Même dans Myitkyina certains cas de viol par des militaires ont été rapportés. Les
femmes ont peur de les dénoncer mais également honte d’être leurs victimes. Celles qui s’expriment
sont victimes du jugement de la communauté qui estime qu’elles ont cherché l’agression et que ce
sont des mauvaises kachin.
Dans les camps de déplacés internes, la situation est encore plus compliquée car les femmes ont
l’impression d’avoir moins de droit et font face à un accès limité à la santé et à l’éducation.
Les CSO qui essaient de sensibiliser les kachin aux questions du genre ont beaucoup de difficultés à
s’adresser au peuple qui estime qu’il s’agit de personne trop éduquées et qui ne veulent pas les
écouter.
Rapports sexuels et contraception : Les leaders catholiques ont interdit l’utilisation des préservatifs
et les leaders catholiques conseillent de ne pas utiliser de moyens de contraception. Tous les
dimanches à la messe, ils encouragent les familles à faire beaucoup d’enfants. La décision de garder
ou non un enfant ne leur appartient pas car « les enfants sont une bénédiction de dieu », la refuser
leur créerai des problèmes. Les femmes se sentent comme des « machines à produire des enfants »
selon Htoi.
Par ailleurs la plupart des hommes souhaitent des femmes vierges, ils n’hésitent donc pas à leur
promettre le mariage pour avoir des rapports sexuels, mais à les abandonner si elles tombent
enceintes. Ces femmes deviennent souvent la risée de leur village. Enfin, si un homme kachin sans
famille viole une femme, les leaders religieux arrangent le mariage pour normaliser la situation, sans
consulter la femme.
Le sexe est un sujet tabou dans l’État Kachin, il est très compliqué pour les CSO de mener des actions
de sensibilisation pour changer les habitudes. La loi sur les mariages, adoptée en 2015 suite aux
propositions de Ma Ba Tha est une loi qui concerne uniquement les femmes bamars donc ne
concerne pas directement les femmes kachin, mais est très discriminante pour les couples de femme
bouddhiste et d’hommes chrétiens.
Processus de Paix en Birmanie
CONFLITS ARMES ET GROUPES ETNIQUES
Le dernier recensement n’a pas permis d’accéder aux zones contrôlées par les groupes ethniques
armés. Les chiffres officiels parlent de 40% de la population ethnique mais selon certains leaders
ethniques: l’État Shan et Karen hébergeraient 10 millions de personnes, l’État d’Arakan 6 millions et
l’État Kachin 3 millions. Le nombre de population ethnique pourrait être donc beaucoup plus
important. (Minzai) Toutefois, pour May Sabe Phyu, il est impossible de savoir combien de personnes
vivent dans les minorités ethniques puisque même les responsables ethniques ne savent pas.
Conflit Arakan Army (AA) : L’AA combat l’armée birmane pour se faire entendre et reconnaitre en
tant que groupe armée et participer aux discussions de paix. Le gouvernement birman a exigé pour
cela que l’AA se regroupe avec les 2 autres groupes armés arakanais mais ceux-ci n’ont pas de soldats
et ils ne sont pas d’accord avec un grand nombre de leurs positions. Autre condition, l’AA doit
s’engager à ne pas revenir dans l’Arakan, car le gouvernement craint que les tensions interreligieuses
ne s’aggravent. Donc pas de négociations de paix possible avec le gouvernement. Pour l’instant la
plus grosse partie de l’AA est dans le kachin. Au sein de l’AA, certains ont effectivement envie de
protéger la « race rakhine », mais pas tous. Certain membre de la KIA considère également que les
rohingyas sont des envahisseurs.
L’armée Wa est très forte en homme mais aussi en équipements (elle disposerait notamment de
missiles). C’est notamment pour cette raison que depuis plus de 20 ans, il n’y a pas eu de conflit
armé entre l’armée birmane et l’armée Wa.
Relations tendues entre groupes armés ethniques : Pour Minzai, les négociations entre groupes
armés ethniques se sont bien passées et il n’y aurait pas encore de réelles tensions entre les groupes
signataires et non signataires qui devraient se rencontrer bientôt. Début décembre, deux groupes
shans (RCSS : signataire et SSA-N non signataire) ont commencé à s’affronter début décembre pour
des motifs encore peu clairs. Des tensions pourraient également apparaitre par la suite entre
d’autres groupes armés ethniques. En effet, les Wa commencent, depuis peu, à revendiquer leur
propre État. Toutefois celui-ci se trouve en plein milieu de l’État Shan, cela pourrait donc donner lieu
à des problèmes lors du dialogue politique qui abordera les questions de fédéralisme
Différents groupes armés dans l’État Kachin : À l’origine, la KIA était composée de 5 brigades mais
elles se sont ensuite divisées et plusieurs ont quitté la Kachin Consultate Assembly quelques années
après la rupture du cessez le feu. La Kachin Defense Army (nord de l’État Shan) et la New Democratic
Army (garde-frontière) sont notamment aujourd’hui des milices qui travaillent avec le gouvernement
pour surveiller les frontières et/ou avec les hommes d’affaires pour protéger leurs business. EIles
n’ont pas le soutien du peuple Kachin ni celui de la KIO. Il y a également une tribu kachin, les Rawang,
avec qui les relations avec la KIO se passent mal. L’armée birmane les a convaincu de se dissocier des
kachin autour de 2012 et depuis ils se détestent.
INTENSIFICATION DES CONFLIT ARMÉS APRES LA SIGNATURE DU NCA ET DES
ELECTIONS
Les kachins et les shans ont conscience que l’armée a toujours une main mise sur la politique et que
la victoire de la NLD ne sera pas suffisante pour mettre fin aux conflits. Leurs craintes ont été
confortées peu avant les élections, car malgré la présence de plus d’un millier d’observateurs
internationaux du monde entier dans le pays, l’armée birmane lançait de nouvelles offensives dans la
région. Alors qu’un accord de cessez-le-feu (NCA) avait été signé le 15 octobre avec 8 groupes
ethniques armés, le mois qui a suivi, les attaques aériennes, viol et torture ont conduit plus de 10 000
nouvelles personnes à fuir leurs villages et à rejoindre les plus de 120 000 personnes qui vivent déjà
dans des camps de déplacés dans la région. Les dirigeants du monde entier ont félicité le
gouvernement birman pour le NCA et la crédibilité des élections du 8 novembre, mais semblent avoir
fermés les yeux sur les crimes de guerre qui ont eu lieu au même moment.
L’article 17 continue d’être utilisé pour arrêter les minorités accusées (souvent à tort) de travailler
avec les organisations ethniques politiques ou leurs branches armées, toujours considérée comme
des organisations illégales car elles n’ont pas signé le NCA. Les personnes arrêtées sont souvent
torturées. Pour les activistes, il s’agit d’une stratégie destinée à effrayer les communautés locales.
En plus Ma Ba Tha est en train de venir dans le Kachin avec ses discours de protection du
nationalisme bamar, ils se fichent des minorités tout est pour les bamars. Cela fait penser aux
campagnes de nationalisation des années 62 à 65 ou ils ont tenté de modifier le système éducatif en
confisquant par exemple toutes les écoles kachin (en Birmanie centrale) au profit des bouddhistes.
Aujourd’hui encore pas le droit d’étudier la littérature ni l’histoire kachin à l’école. Dans l’avenir il y
aura probablement des problèmes de haine des minorités ethniques contre les bamars. (Father Noel)
PERSPECTIVES DE PAIX AVEC LE NOUVEAU GOUVERNEMENT
Les militaires n’ont pas l’intention de cesser d’affronter les groupes ethniques armés car ils se
fichent de la paix puisqu’ils contrôlent déjà tout. Ils essaient au contraire de conserver leurs contrôle
des ressources naturelles et leurs contrats avec la Chine et les entreprises birmanes plutôt que d’être
contraints de redistribuer leurs revenus au peuple kachin et Shan. De plus, s’il n’y a plus
d’affrontements armés, ils n’ont plus de légitimité pour exister. Ils n’ont jamais respectés leurs
promesse de paix jusqu’à maintenant et tout ce qu’ils ont fait dans cette direction était pour
satisfaire la communauté internationale. Les groupes ethniques armés qui ont accepté le NCA l’on
fait car leurs leaders avaient des intérêts personnels à signer (ils ont eu de nouvelles voitures, des
accords sur des business etc.) (May Sabe Phyu).
Comme l’armée contrôle des trois ministères clés, aux plus gros budgets : l’Intérieur, la Défense, et la
Gestion des frontières, si les militaires ne consentent pas à faire des compromis, il ne pourra pas y
avoir de processus de paix. La poursuite des conflits va donc dépendre de la capacité d’ASSK à
influencer les militaires (Moe Tway). Pour beaucoup si la LND n’arrive pas à obtenir un accord inclusif
pendant son mandat, personne n’y arrivera.
Officiellement, la LND, semble avoir la confiance de plusieurs leaders de groupes ethniques armés.
Paradoxalement, le peuple kachin et les Shan ne fait pas confiance aux bamars et ne pensent pas que
la LND permettra de résoudre les conflits. En effet ils ont l’impression que ni ASSK ni les médias
bamars ne parlent des violations des droits de l’homme dans les zones ethniques, ni des problèmes
avec les IDPs. Pour May Sabe Phyu, ils ne comprennent pas ces problèmes car cela ne les concernent
pas mais aussi car les médias manquent d’expérience et ne parlent que des sujets qui intéressent les
bamars. Il s’agirait également d’un manque d’information sur ce qu’il se passe dans les autres régions
car beaucoup de kachins ne sont pas au courant non plus des problèmes dans l’Arakan.
Les élections ne vont donc pas tout changer, mais pour Htoi, le nouveau gouvernement va essayer de
faire bouger les choses. Le processus de paix prendra des années. Il pourrait s’accélérer si les CSO
travaillent avec la LND. La Communauté internationale doit continuer de faire pression sur le
gouvernement birman pour encourager l’adoption d’un NCA inclusif et d’un vrai dialogue politique.
ASSK aurait des plans différents des militaires en termes de négociations de paix. Elle souhaiterait
notamment réformer le Mynmar Peace Center (MPC). (DVB) Quoi qu’il en soit la NLD va devoir
repartir du même texte car 8 groupes sont déjà engagés, et les négociations se poursuivront avec
l’armée birmane. Ce n’est pas la fin du processus de réconciliation nationale, c’est seulement le
début.
Reconfiguration des alliances et des stratégies des groupes armées ethniques face à l’échec des
accords de Naypyidaw. Début novembre, 11 groupes armés ethniques tenus à l’écart des accords du
cessez-le-feu national se sont regroupés pour établir une nouvelle coalition, pour se démarquer de la
précédente coalition d’organisations armées ethniques (l’UNFC) qui n’avait pas permis d’arriver à
une « véritable union fédérale » et qui commence à cristalliser les tensions. Mi-novembre L’UNFC a
en effet décidé de suspendre temporairement deux groupes armés qui avaient accepté de signer
l’accord de cessez-le-feu national, pour ne pas perturber les discussions des groupes non-signataires
de l’accord. La nouvelle coalition inclura les deux plus grands groupes armés ethniques de l’est de
l’État Shan (l’UWSA et le NDAA) qui n’étaient pas parties prenantes de l’UNFC. La nouvelle coalition a
publié début novembre une déclaration pour demander la tenue d’élections libres, exhorter l’armée
à mettre fin aux conflits et favoriser la réconciliation nationale, appeler le futur gouvernement à
travailler pour la paix et l’établissement d’une union fédérale et demander l’amendement de la
Constitution. La LND a assuré qu’elle allait continuer à travailler sur l’accord de cessez-le-feu
national.
Rohingyas et élections
Pendant sa campagne électorale, la NLD n’a pas abordé le sujet des rohingyas. Lors d’un débat
organisé par la DVB, les discussions ont davantage porté sur le nom à utiliser pour désigner la
minorité que sur le fond du problème.
Un mois avant les élections, les forces de sécurité se sont rendues dans les villages rohingyas et ont
confisqué tout ce qui pouvait servir d’arme (il semblerait qu’ils aient pris aussi des objets de valeur).
Le jour des élections la police était positionnée partout, ne laissant aucune chance à d’éventuelles
protestations. Dans l’Arakan il y a eu des manifestations contre les quelques candidats musulmans
juste avant les élections, la plupart des musulmans n’ont pas pu voter et les candidats n’ont pas pu
faire campagne sur place. Même la LND n’a pas bien été reçue dans le nord de l’Arakan. Il était donc
totalement impossible pour les musulmans de remporter des sièges.
De 300 000 à 500 000 rohingyas n’ont pas pu voter. Les groupes extrémistes ont clairement appelé à
voter pour l’USDP seul « garant de la protection de la race et de la religion » mais les résultats des
élections du 8 novembre, donnant une très large majorité à la LND, ont montré que le peuple birman
n’a pas suivi l’appel de Ma Ba Tha de voter pour l’USDP. Le rejet du gouvernement en place fut
finalement plus fort que tout sentiment anti-musulman. Aucun candidat musulman n’a toutefois été
élu.
Ma Ba Tha et son leader Wirathu sont restés très silencieux après les élections. L’organisation a
prudemment salué la victoire écrasante de la LND, mais a mis en garde contre toute tentative de
modification des lois controversées pour la « protection de la race et de la religion ». Pour la DVB ils
attendent que quelque chose se passe ou le moindre pas de travers de la minorité pour se
manifester: émeutes, scandales ou relancer leur campagne de haine.
La campagne électorale du parti arakanais (l’ANP – Arakan National Party) ouvertement anti
musulman a toutefois fonctionné à merveille : l’ANP est le parti ethnique qui a obtenu le plus de
sièges (45 en tout). Il a surtout remporté 23 des 47 sièges de l’assemblée régionale, échouant de peu
à en obtenir la majorité. Le président de la Birmanie nommera les premiers ministres de chaque
région et ceux-ci formeront ensuite leur gouvernement régional. Le parti arakanais a déclaré que si la
LND souhaite bénéficier du soutien de l’ANP pour ses prochaines réformes, le parti d’Aung San Suu
Kyi devra nommer un membre de l’ANP à la tête de la Région de l’Arakan, permettant à ce dernier de
former son propre gouvernement (Myo Win).
Les défenseurs des droits des minorités musulmanes craignent que ces élections n’aggravent la
situation des Rohingyas de l’Arakan. En effet, les responsables de l’ANP ont répété pendant toute la
période électorale que s’ils parvenaient à obtenir le pouvoir, ils « les mettraient sur des bateaux pour
les expulser loin de l’État d’Arakan ». En pratique les parlementaires de l’ANP n’auront pas ce pouvoir
car ces décisions dépendent des autorités centrales mais sur le terrain, celles-ci ne pourront pas
forcément contrôler ce que la police, la justice et les autorités locales feront.
Les responsables de la LND ont confié à l’équipe d’Info Birmanie que s’ils bénéficiaient du soutien
populaire, ils amenderaient la loi sur la citoyenneté – à l’origine d’un grand nombre de
discriminations à l’encontre des rohingyas – mais ont rajouté qu’il ne s’agirait pas d’une priorité du
nouveau gouvernement. Le peuple birman étant largement xénophobe, cet amendement parait donc
encore bien incertain. Aung San Suu Kyi, très attendue par la communauté internationale sur ce
sujet, a déclaré que son gouvernement souhaitait protéger les musulmans et garantir l’égalité de
traitement pour tous. Il est cependant encore difficile de savoir si la LND mettra en place de réelles
mesures pour améliorer le sort des Rohingyas et surtout quand et comment elle s’y prendra.
Wai Wai Nu est contente des résultats des élections mais se demande si la NLD va vraiment
permettre d’améliorer les conditions de vie des Rohingyas en leur redonnant des droits. Elle
considère que la NLD ne se soucie pas réellement des minorités et que beaucoup de membres NLD
sont racistes. Le sujet est toujours très sensible, il semblerait que la position de la LND dépendra de
celle de la population. Elle souhaite toutefois être optimiste car personne ne sait comment les choses
vont se passer dans l’avenir. Elle se demande par contre dans quelle mesure le gouvernement actuel
continuera d’utiliser le nationalisme dans ses campagnes et tant qu’il est toujours au pouvoir.
Le nouveau gouvernement n’entrera au Parlement qu’en février ou mars 2016, en attendant et
malgré la défaite de l’USDP, le nationalisme bouddhiste semble en effet toujours de mise.
Les dernières lois préparées par Ma Ba Tha et étudiées par le gouvernement encore au pouvoir,
concernent l’abattage des animaux. Ils souhaitent qu’il soit réservé aux bouddhistes car ils
n’apprécient pas les méthodes des musulmans. Deux semaines après les élections, la Cour de
Pazundaung a condamné cinq personnes à une amende de 800 dollars pour avoir publié un
calendrier sur les Rohingyas. À l’origine de cette dénonciation, un moine extrémiste du mouvement
Ma Ba Tha. Ces 5 personnes risquent aujourd’hui une peine de prison de plusieurs années. Enfin, le 8
décembre, un rohingya qui transportait des denrées alimentaires en camion a été tué par balle par
les autorités arakanaises après avoir refusé de payer un pot de vin aux officiers.
Malgré ces élections jugées « historiques », les Rohingyas ne s’attendent pas à une amélioration de
leur condition de vie dans un futur proche. Avec l’arrivée de la saison sèche, leur exode qui avait ému
la communauté internationale en mai 2015, a repris, dans l’indifférence générale.
Prisonniers politiques et élections
Les prisonniers politiques bénéficient d’une cellule individuelle, ont le droit de sortir le matin et
l’après-midi. Par contre les prisonniers qui sont emprisonnés sous des prétextes différents, sont
considérés comme des criminels et sont incarcérés dans les mêmes cellules qu’eux. Ils sont
également beaucoup moins bien traités. C’est notamment le cas des activistes incarcérés en vertu de
l’act electronic (pour les posts facebook par exemple).
Le Comité de révision des PP est contrôlé par le Ministère de l’Intérieur et comprend 28 membres :
des CSOs, des partis politiques et des membres du gouvernement. Il n’est pas crédible dans la
mesure où le Ministère de l’intérieur est justement celui qui a incarcéré les étudiants et d’autres
activistes qui sont aujourd’hui considérés comme des prisonniers politiques comme ceux de
Letapdaung par exemple. De plus, le comité ne se réuni pas assez pour que le sujet avance. Il faudrait
créer un nouveau comité qui soit réellement indépendant. C’est le président qui a cette
responsabilité, mais il devrait la déléguer aux CSOs « qui ne sont pas des ennemies mais juste les
oreilles et la voix du peuple » (Bo Kyi).
Il y avait un réel espoir que le président libère les prisonniers politiques après les élections, pour
honorer cette étape mais cela n’a pas abouti. ASSK a été sous résidence surveillée pendant plus de
15ans et a beaucoup été entourée de PP. Plus de 100 MP élus le 8 novembre sont d’anciens PP, qui
se connaissent bien et certains vont occuper des postes ministériels importants. Cela devrait être
positif pour le futur car il y aura plus de voix pour demander la libération des PP toujours incarcérés
et réviser les lois répressives, la loi sur les prisons etc. Les militaires vont devoir sérieusement y
penser, d’autant que la communauté internationale continue de faire pression sur ce sujet.
Où en sont les projets de Myistone et de
Letpadaung ?
LE BARRAGE DE MYISTONE
Il s’agit d’un barrage hydroélectrique géant financé par la Chine ( 3,6 milliards de dollars). Situé sur
un confluent du fleuve Irrawaddy dans l’État Kachin. L’électricité produite par ce barrage était
destinée à plus de 90 % à la Chine et le projet était à la source d’impacts sociaux et
environnementaux désastreux. Une large campagne contre la construction de ce projet a été lancée
en 2010 par des organisations de la société civile, des journalistes, artistes, écrivains et hommes
politiques kachins et birmans notamment pour « sauver l’Irrawaddy ».
Les kachins ont été rejoints dans leur combat contre le barrage par Aung San Suu Kyi, qui avait
demandé à la Birmanie et à la Chine de « réexaminer » ce projet pour éviter des « conséquences qui
pourraient mettre en danger des vies et des habitations ». Au-delà de l’importance économique et
écologique de l’Irrawaddy pour le pays, le barrage de Myistone était devenu le symbole de la lutte
pour plus d’autonomie des groupes ethniques minoritaires.
Le 30 septembre 2011 le gouvernement birman a annoncé que les travaux du barrage seraient
suspendus jusqu'à la fin de son mandat. « Nous devons respecter la volonté du peuple puisque notre
gouvernement est élu par le peuple ». La décision du président a constitué une véritable surprise
pour les observateurs de la région.
La construction du barrage et la campagne contre le projet ont contribué à alimenter le
développement d’un sentiment anti-chinois en Birmanie.
Malgré les demandes du gouvernement chinois, la construction du barrage n’a toujours pas repris.
Les 3,6 milliards dépensé par la Chine, sont pour l’instant gelés sans aucunes garanties. La société
civile locale est convaincue que le projet de reprendra jamais, mais personne ne sait ce qu’Aung San
Suu Kyi envisage de faire lors du mandat qui s’annonce. La Chine qui attendait ces élections avec
impatience, a eu de multiples rencontres avec la leader de la LND, sans que le peuple ne sache si la
reprise du barrage avait été évoquée. Seul l’avenir nous le dira !
Interview du Révarent Po Kan – leader de la communauté des villageois de Tanghpre. En 2002 Une entreprise japonaise a commencé à s’intéresser au confluent Myistone, qui rejoint la
rivière Irrawaddy. La population n’a pas été informée sur le projet, on lui a simplement dit qu’il
s’agissait de tests météorologiques. Au bout de quelques mois les villageois de Tanghpre, vivant au
confluent, ont compris qu’un projet s’annonçait mais n’ont toujours pas su de quoi il s’agissait. Des
activistes se sont alors adressés directement au Japon pour essayer d’en savoir plus. L’entreprise leur
a dit qu’elle leur répondrait prochainement mais finalement elle n’est jamais revenue en Birmanie et
a semblé abandonner son projet.
Les villageois ont pensé qu’ils étaient tirés d’affaires mais en 2007-2008 une entreprise chinoise est
arrivée. La Birmanie était alors encore contrôlée par la junte militaire et les habitants n’ont pas pu
faire grand-chose. Ceux qui protestaient trop ouvertement étaient torturés et emprisonnés ou tués.
En 2009, l’entreprise chinoise a construit une route reliant Myiktyina à Myistone un énorme pont sur
la rivière et un village avec des centaines de maisons préfabriquées sans donner aucune information.
Les médias et les ONGs internationales ont alors commencé à s’intéresser au projet. Les problèmes
environnementaux provoqués par le barrage étaient clair : la montée des eaux auraient été
responsable de la disparition d’un grand nombre d’espèces animales et végétales. L’interruption du
flot de la rivière auraient également condamné les poissons de la rivière.
En 2010, l’entreprise chinoise, accompagnée des autorités birmane, ont forcé les villageois de
Tanghpre à emménager dans le village en échange de maigres compensations. 300 familles
représentant environ 2000 personnes se sont alors installées, de force à Aung Min Tha. Certains ont
réussi à rester sur place.
Le message officiel était « Grace à nous, ces villageois ne vivent plus dans maisons de bambous, ils
ont des vrais maisons, avec même 2 étages et nous leur avons donné 2 acres par famille. » L’équipe
d’Info Birmanie s’est rendue dans le village et a constaté que la réalité sur place était bien différente.
La qualité des maisons est extrêmement sommaire, les murs se dégradent rapidement et pendant la
saison des pluies, l’eau tambourine sur le toit - effrayant les villageois - et s’infiltre par les murs,
empêchant les villageois de dormir. Situé au pied de montagne et loin de la ville, il n’y a aucune
opportunité de travail.
Les 2 acres de terrain qui ont été distribués à chaque famille ne sont pas propices aux cultures. La
terre est extrêmement rocheuse et seules les plantations d’arbres comme le teck sont possibles. Il
s’agit ainsi de plantations de long terme, qui ne permettent pas aux familles de répondre à leurs
besoins immédiats. Le village est entouré de plantations de caoutchouc appartenant à de grosses
entreprises influentes.
Mais surtout les villageois ont été forcés de quitter un village qui leur permettait de chasser, pécher,
et de mener une vie qui les comblait. Dans ce nouveau village, ils ne sentent pas en sécurité et ils ne
peuvent pas subvenir à leur besoin comme ils avaient l’habitude de le faire.
Le nouveau village est situé à 45 minutes en voiture de leur village d’origine, mais depuis que le
projet de barrage a été suspendu, les villageois y retournent chaque semaine du lundi au vendredi
pour chasser, pêcher, chercher de l’or et des minerais. Toutefois L’école et l’hôpital ont été déplacés
dans le nouveau village, obligeant les enfants à vivre dans le nouveau village, ainsi qu’un des parents
à y rester.
Alors que le projet a été suspendu il y a 4 ans, les habitants espèrent pouvoir retourner dans leur
village d’origine. Pour l’instant tout retour définitif est impossible et la zone du projet est interdite,
même à la visite mais ils espèrent que le nouveau gouvernement les autorisera à retourner chez eux
et cessera définitivement le projet. On ne sait toutefois pas encore ce qu’il va se passer étant donné
que la fin du mandat du gouvernement est en cours et que la Chine a une influence très importante
sur la Birmanie.
LETPADAUNG : OU EN EST LE PROJET D’EXTRACTION DE CUIVRE ? En vue des élections, suite au décès d’une villageoise lors d’une manifestation et probablement suite
à une demande venant du gouvernement birman, l’entreprise chinoise qui gère l’extraction du cuivre
à Letpadaung (Wanbao), a suspendu la construction de barrières autour du projet, les villageois ont
donc arrêté leurs protestations pour le moment. L’entreprise chinoise continue toutefois ses activités
sans les étendre davantage.
L’impact environnemental du projet n’a par contre pas cessé. Wanbao, fait exploser des pans de
montagnes puis dissous les matériaux avec un acide pour obtenir le cuivre qui s’infiltre dans les sols.
L’air est également contaminé et les habitants sont par exemple obligés de faire sécher leur linge
sous des bâches de plastique sinon, il en ressort abimé. Les problèmes de santé sont naturellement
nombreux.
Le 29 novembre sera la commémoration du 3 ème anniversaire de la répression des manifestations
qui avaient fait un grand nombre de brulés. Il n’y a plus de villageois en prison mais 1 activiste purge
une peine de 3ans de prison pour avoir organisé les protestations et 9 sont en fuite. Par ailleurs des
charges ont été ouvertes contre 30 villageois, sans qu’ils n’aient été arrêtés jusqu’à présent.
Les activistes n’ont jamais demandé à ce que le projet soit interrompu totalement, ils militent
seulement pour que les villageois soient consultés. Le projet de la mine de cuivre de Letpadaung n’a
pas bénéficié du même soutien que celui de Myistone car le peuple birman se sent moins concerné.
En effet, le barrage sur la rivière de l’Irrawady concerne un fleuve célèbre qui représente l’identité du
pays, ait présent dans les livres d’enfant et d’histoire etc. Ce n’est pas le cas pour les montagnes de
Letpadaung. Toutefois les activistes qui travaillent contre le projet de Myistone, collaborent avec les
activistes qui travaillent sur Letpadaung.
Wai Lu est sorti de prison le vendredi 13 novembre, (à la place du 6 novembre – juste avant les
élections probablement car le gouvernement préférait éviter qu’il ne crée de problèmes) après 11
mois en prison (et une autre peine plus tôt de 4 mois). Il a été traité correctement en prison car il
était considéré comme un prisonnier politique, ce qui n’est pas le cas de tous.
Les villageois sont toujours sur place, mais ils sont victimes de moins de pression car le projet ne
s’étend plus et suite au décès de la villageoise en décembre 2014, les autorités ont essayé de calmer
le jeu.
Medias et liberté d’expression
LIBERTÉ EXPRESSION
Il n’est pas sûr que la liberté d’expression s’améliore suite aux élections car ASSK veut tout contrôler
et elle est très habituée à la centralisation. De plus Il sera plus difficile de critiquer ASSK que de
critiquer le gouvernement actuel car le peuple la soutien donc les journalistes ne prendront pas le
risque de devenir impopulaire. ASSK n’est pas transparente et ils n’oseront pas poser trop de
questions. Ils n’ont probablement pas de mauvaises intentions mais n’ont pas l’expérience
démocratique suffisante. Les minorités auraient plein de critiques sur la LND mais ils manquent de
ressources humaines et de capacités. Seul les arakanais n’hésitent pas à la critiquer ! (Sein Win)
ETAT DES LIEUX DES DIFFÉRENTS MÉDIAS
Le journalisme s’améliore peu à peu en Birmanie : Meme s’ils ne produisent pas beaucoup d’articles,
il y a un véritable travail d’investigation dans Myanmar now par exemple. Par contre les autres
medias ne peuvent toujours pas investir dans des enquêtes d’investigation pure.
Tous les médias travaillent ensemble sauf Eleven et irrawaddy mais depuis 2012 les journaux sont
beaucoup plus critiques, les uns accusant les autres. Eleven c’est en gros une seule personne
anciennement cronies et ils essaient de supprimer tous ceux qui ont un avis différent du leur. Par
exemple en essayant de poursuivre ceux qui critiquent leurs articles. Même mentalité que le
gouvernement.
Irrawaddy a des problèmes financiers, ils ne peuvent pas se transformer en model commercial
Mizzima a stoppé ces publications mais a étendu ses activités de producteurs de télé et radio
Tous les journaux (Eleven Media, Seven daily etc.) perdent leur profit sur leur publication mais font
de l’argent sur leurs activités d’impression et autres activités liées.
LES MÉDIAS ÉTATIQUES
Le prochain ministre de l’information sera nommé par la LND il va y avoir beaucoup de changement
pour la presse d’état. Les responsables des médias étatiques veulent changer les règles et la
structure du ministère de l’information pour faire en sorte que ces médias, contrôlés par le
gouvernement, soient privatisés ou ferment. Leur objectif est de limiter la propagande et de
normaliser leur média dont le budget, les éditos et le contenu sont contrôlés par le gouvernement.
Par contre ils veulent rester publics tout en ayant un management indépendant.
Les médias étatiques sont des journaux qui fonctionnent très bien et qui existent pour certains
depuis 100ans (ex : Halin = light). Ils sont rentables grâce à la publicité (publication à 200 000
exemplaires). Les entreprises font la queue pour publier des pubs dans leurs journaux ! Ils feraient 1
millions de dollars par an avec seulement 2 journaux. Le public les lis car ils sont facile à trouver,
économiques et bien que ce soit en partie de la propagande, il est possible de comprendre les
politiques et ce qu’il se passe vraiment. Pendant les élections : la couverture était relativement
neutre. Les journalistes qui travaillent pour ces médias sont fonctionnaires, ils ont un petit salaire
mais bénéficie d’une sécurité de l’emploi et d’une retraite. Par contre ils vivent à Nay Pyi Daw.
Les militaires ont leur propres medias avec leurs propres règles : journaux, radio, TV et site internet :
Myawaddy . Ils sont en vente un peu partout mais ça ne marche pas ! Il suffit de la télé pour
comprendre les messages principaux et globalement seul le commandement en chef s’exprime.