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RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE (Résultats préliminaires des études de l’ORATE et de la Commission européenne) DG POLITIQUE RÉGIONALE

RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE · 2018. 10. 4. · 3ième Rapport sur la Cohésion économique et sociale adop-té par la Commission européenne le 18 Février

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  • RAPPORT INTERIMAIRE SURLA COHÉSION TERRITORIALE(Résultats préliminaires des études de l’ORATE

    et de la Commission européenne)

    DG POLITIQUE RÉGIONALE

  • De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur l’internetvia le serveur Europa (http://europa.eu.int).

    Une fiche bibliographique figure à la fin de l’ouvrage.

    Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2004

    © Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, 2004Reproduction autorisée, moyennant mention de la source

    Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’Union européenne.

    Un nouveau numéro unique gratuit:

    00 800 6 7 8 9 10 11

  • Introduction

    Le présent rapport constitue une synthèse des premiersrésultats des études lancés par l’Observatoire des réseauxd’aménagement du territoire (ORATE) ainsi que par la Di-rection Générale de Politique Régionale de la Commis-sion européenne, en matière de développement territorialet urbain. Certains de ces éléments ont été repris dans le3ième Rapport sur la Cohésion économique et sociale adop-té par la Commission européenne le 18 Février 2004.

    Ce rapport reflète des analyses provisoires qui serontcomplétées au fur et à mesure de l’avancement des tra-vaux, notamment dans le cadre de l’observatoire ORATE.

    Le rapport présente dans un premier temps un état deslieux du territoire de l’Union, dans le contexte de l’élar-gissement, mettant en évidence les principaux déséquili-bres, qu’il s’agisse de la répartition démographique, de larichesse relative ou des handicaps permanents, à deséchelles d’analyse adaptées et dans une perspective de dé-veloppement polycentrique. Dans une seconde partiesont analysées les dotations territoriales en facteurs decompétitivité, à travers l’examen de la situation relative àla recherche et à l’innovation ou l’accessibilité aux ré-seaux de transports, de TIC ou d’énergie, qui déterminentles disparités territoriales mises en évidence dans le cha-pitre précédent. Parallèlement sont examinés les princi-paux moyens d’intervention de l’Union dans ces domai-nes, tant au niveau des politiques sectorielles que dans lecadre de la Politique régionale et des Fonds structurels.

    Une synthèse des principaux éléments du rapport est ef-fectuée ci-après.

    Cohésion territoriale et polycentrisme

    La cohésion territoriale, entendue comme la répartitionéquilibrée des activités humaines sur le territoire, com-plète la cohésion économique et sociale. Elle représentedonc la traduction territoriale de l’objectif de développe-ment soutenable et équilibré assigné à l’Union (Article 2du Traité). La cohésion territoriale implique notammentl’accès équitable des citoyens et des acteurs économiquesaux Services d’intérêt Economique Général (SIEG), indé-pendamment du territoire auxquels ils appartiennent(Art 16 du Traité).

    Afin de promouvoir la cohésion territoriale, les ministrescompétents de l’aménagement du territoire ont adopté en1999 le Schéma européen de développement de l’espacecommunautaire (SDEC) qui donne entre autres commeorientation la promotion du polycentrisme dans l’Unioneuropéenne. Il s’agit au niveau européen de créer des pô-les de développement alternatifs aux pentagone ou seconcentre la moitié de la richesse et 40% de la population

    sur 18% du territoire. Au niveau national/régional lepolycentrisme implique la promotion de réseaux devilles, complémentaires et interdépendantes, alternatifsaux grandes métropoles/villes capitales et de villes petiteset moyennes qui puissent assurer l’intégration du milieurural.

    Les déséquilibres territoriaux dansl’Union élargie

    Déséquilibres centre-périphérie

    Les déséquilibres territoriaux de l’Union élargie serontimportants et d’une nature assez différente. Il y aura unrenforcement des écarts entre la périphérie et le centre entermes de population, richesse, accessibilité aux SIG, autransport, énergie, télécommunication et société de l’in-formation, recherche et capacités d’innovation.

    En ce qui concerne la démographie, on constate une per-te de population dans l’Est en faveur de l’Ouest, à l’ex-ception de certaines parties du Nord-ouest de la péninsu-le Ibérique, du centre de la France, des parties de l’Ecosseet de la Sardaigne. Parmi les exceptions dans l’Est, setrouvent le Nord de la Pologne, les régions frontalières dela Slovaquie avec l’Ukraine et la Slovénie ainsi que la ré-gion de Budapest, Chypre et Malte. En revanche, en ter-mes de PIB, les principales villes en Pologne, et notam-ment les régions capitales des 10 pays adhérentsconnaissent une croissance plus importante que l’Unionactuelle, bien qu’elles restent très au dessous de lamoyenne communautaire. Londres, Espagne, Italie, Ir-lande et quelques régions finlandaises connaissent égale-ment une importante croissance de leur PIB par rapport àl’ensemble de l’Europe élargie.

    Les zones urbaines

    En ce qui concerne la configuration des systèmes urbains,le contraste entre la zone centrale pentagone et les zonesurbaines de la périphérie est important. Un bon nombrede grandes métropoles (MEGAs) du centre jouent un rôleimportant au niveau européen et/ou international etcontribuent à la compétitivité de la zone d’intégrationglobale, que constitue le pentagone. Des MEGAS compé-titives existent dans la périphérie mais elles sont isoléesde leur entourage géographique et ne sont pas intégréesdans des systèmes urbains. En dehors du pentagone ontété détectés 45 MEGA potentielles, qui pourraient deve-nir, avec des politiques appropriées, des noyaux de pôlesde développement durables et alternatifs au pentagone etcontribuer ainsi au polycentrisme européen. Ceci est par-ticulièrement le cas de Lyon, Marseille, Birmingham,Manchester, Glasgow, Valencia, Bologne etc, qui sont en-

    Résumé

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

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    Résumé

  • tourées de zones urbaines et dont elles pourraient consti-tuer le moteur de développement de la région.

    A une échelle inférieure, les écarts entre les villes du cen-tre et de la périphérie et les écarts entre quartiers à l’inté-rieur d’une même ville sont intenses. Les niveaux d’édu-cation, recherche et services de haute qualité sont plusimportants dans les grandes villes du centre, mais celles-ci souffrent aussi de problèmes d’environnement et decriminalité. Ces problèmes, liés à ceux d’inclusion socia-le et chômage, se concentrent à l’intérieur de certainsquartiers. L’écart du taux de chômage par quartier le plusélevé et le plus bas se situe dans un bon nombre de villesentre 3 et 5 fois. A titre d’exemple en Marseille le taux duquartier le plus élevé se situe à 58% contre 20% enregis-tré dans le centre ville.

    Des changements très importants et complexes se sontproduits dans les relations villes-milieux ruraux, allant dela sub-urbanisation du milieu rural jusqu’à l’isolementcomplet des zones les plus dépeuplées. Des politiques di-versifiées doivent dès lors être appliquées afin de renfor-cer les partenariats ville-campagne, qui prennent encompte les problèmes de désertification, d’intégration etaccessibilité des zones rurales, ainsi que le renforcementdes activités économiques des zones rurales par la valori-sation de leur potentiel et patrimoine naturel.

    Territoires à handicap

    Des territoires dans l’Union connaissent des difficultésparticulières à savoir : les montagnes, les îles et les régionsultrapériphériques, dont la plupart sont également desîles et des montagnes, qui souffrent d’un fort éloignementdes centres institutionnels décisionnels et des marchés del’Union.

    Les zones de montagnes les plus périphériques telles queles régions nordiques, les zones de montagne de l’Ecosse,du Nord de l’Irlande et du Sud de l’Espagne connaissentune perte continue de population, peu de diversificationde leurs économies et des taux de chômage croissants.Les situations les plus extrêmes en population sont évi-demment les régions sub-arctiques de la Finlande et laSuède, telles que Kainuu (4.2 hab/km2), Laponie (2.1hab/km2), Norbotten (2.6 hab/km2) et Jämtland (2,6hab/km2).

    En ce qui concerne les îles, les principaux handicaps setrouvent dans les îles ou un seuil minimal de population,3000/4000 habitants, n’est pas atteint. Ces îles, connais-sant une population décroissante, voient empirer leurconditions d’accessibilité aux infrastructures physiques etsociales et aux autres services d’intérêt général.

    Le problème d’accessibilité au marché et l’intégrationdans leur entourage économique est évidement plus im-portant dans les régions ultrapériphériques, ou le taux dechômage peut toucher jusqu’à un tiers de la populationactive et le PIB/hab se situer en dessous de 50% de lamoyenne communautaire.

    Le renforcement des facteurs de compétitivité, la diversi-fication des activités économiques, parfois l’améliorationdes conditions environnementales et, en général, le ren-

    forcement des conditions d’accessibilité constituent lesprincipaux axes d’intervention en faveur de ces territoi-res.

    Le renforcement des facteurs decompétitivité en faveur de la cohésionterritoriale

    Ayant examiné les principaux déséquilibres de l’Uniondans la distribution de la population et la richesse ainsique les handicaps géographiques de certains territoires, lerapport analyse les déséquilibres territoriaux s’agissantdes facteurs de compétitivité, susceptibles de corriger lesdéséquilibres examinés dans la première partie.

    La recherche et l’innovation

    Les indicateurs de recherche et innovation, montrent uneforte concentration territoriale dans la moitie nord del’Europe, tant au niveau de dépenses publiques en re-cherche et dépenses de la part des entreprises, qu’au ni-veau du capital humain, de la formation de troisième cy-cle, et de l’emploi dans la R&D et la haute technologie.Certaines régions des futurs Etats membres, notammentles régions capitales, ont des indicateurs en rechercheplus favorables que les régions actuelles de l’objectif 1.Les dépenses en R&D dans la région de Prague représen-taient 2.5% du PIB/hab, 2% à Budapest, alors qu’ellesétaient en dessous de 1% dans toutes les régions de Grè-ce, Espagne et Portugal.

    Cependant, tout comme dans Eur-15, il y a des grandesdifférences à l’intérieur des futurs Etats membres, entreles régions capitales et le reste des régions; les centres derecherche et technologie se concentrant dans les capitalesou certaines grandes villes .

    Les Programmes cadre de Recherche ont apporté une im-portante valeur ajoutée à certains territoires, notammenten termes de capacité d’innovation, de développement deréseaux d’innovation, d’intégration de nouvelles techno-logies, de la création de partenariat entre villes et entreentreprises et universités. Cependant les régions de l’ob-jectif 1 n’ont bénéficié que marginalement de ce pro-gramme, et leur participation est bien loin de leur impor-tance en termes de population et PIB. La situation sembletoutefois s’améliorer à partir du 6ième Programme cadre,particulièrement avec une participation accrûe de certai-nes régions grecques, de Lisbonne et de l’Irlande.

    Pour leur part, les Fonds structurels, autant dans l’objec-tif 1 que dans l’objectif 2, ont constitué le principal outilpour la promotion des capacités de recherche et innova-tion dans les régions les plus défavorisées. Les interven-tions des Fonds se sont de plus en plus diversifiées et desinvestissements en infrastructures de recherche sont ac-compagnés d’actions concernant l’environnement de l’en-treprise, des actions conseil et des projets d’innovation etde coopération entre PME.

    Résumé

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

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  • Résumé

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

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    L’accessibilité

    Transport

    En ce qui concerne l’accessibilité en termes de moyens detransport, de forts écarts sont mis en évidence entre lecentre et la périphérie, tant pour le transport routier queferroviaire.

    L’index d’accessibilité routière montre trois cercles sur lacarte de l’Europe : le cercle central qui a une accessibilitésupérieur à la moyenne Eur 27, le cercle intermédiaireentre 100 et 40% et le cercle périphérique ayant une ac-cessibilité en dessous de 40% de la moyenne. Certaineszones périphériques (les régions nordiques, le sud de laGrèce, l’Ouest de l’Irlande) ont une accessibilité en des-sous de 10%, alors que des zones centrales du Luxem-bourg, Belgique, Allemagne de l’Ouest ont une accessibi-lité du double de la moyenne.

    L’index d’accessibilité par voie ferroviaire donne une dis-tinction plus importante entre centre et périphérie. Lesdisparités régionales augmentent considérablement etl’accessibilité diminue par rapport au transport routier enGrèce, Roumanie, Bulgarie, Espagne (sauf zones liées parTGV Seville-Madrid), sud et centre d’Italie et le nord duDanemark.

    Le transport aérien permet une amélioration de l’accessi-bilité dans certaines grandes villes de la périphérie maisn’améliore pas la situation de l’arrière pays de ces métro-poles. Enfin la connectivité des réseaux secondaires auxréseaux transeuropéen est très faible non seulement dansla périphérie mais aussi dans certaines zones centrales etrurales du pentagone.

    L’analyse de l’impact des investissements en transport,ainsi que des investissements prévus dans les TENs pourles 15 prochaines années, montre une forte augmentationde l’accessibilité et des effets positifs sur la productiondans les régions périphériques et celles de l’objectif 1.

    Télécommunications

    La dotation en moyens de télécommunications montredes disparités territoriales beaucoup plus intenses quedans les infrastructures traditionnelles de transport. Il y ades retards importants dans l’introduction et l’utilisationd’internet par les familles et les entreprises de certainesrégions. Les réseaux de large bande sont très déficitairesen dehors du pentagone et surtout dans les villes moyen-nes, les zones rurales et les zones dépeuplées, à l’excep-tion des régions nordiques.

    C’est précisément dans le domaine des télécommunica-tions que les interventions publiques deviennent in-dispensables pour ne pas aggraver les déséquilibres terri-toriaux dans l’accès à la société de l’information. L’analysede l’impact des investissements en télécommunicationsdémontre des effets très positifs, autant en accessibilitéqu’en croissance économique, sur les régions défavoriséeset les zones rurales facilitant ainsi le désenclavement deces zones.

    Energie

    L’accès à l’énergie, bien qu’il présente certains déséquilibresen termes d’approvisionnement et demande, ne montrepas d’inégalités importantes. Pareillement la libéralisationde ce secteur n’a pas suscité d’inégalités territoriales en ter-mes d’accessibilité, le coût de l’énergie ne représentant pasune partie importante des coûts de production. Toutefois,l’efficacité de la consommation d’énergie par unité de pro-duction, ainsi que l’introduction des énergies renouvela-bles montre un certain retard dans les futurs Etats memb-res et dans la plupart des régions de l’objectif 1.

    Conclusions

    Cette analyse préliminaire des disparités territoriales dansl’Union, montre la nécessité d’une coordination entre lesdifférentes politiques communautaires ayant un impactterritorial et avec les politiques nationales. L’objectif decohésion territoriale suppose donc que se mette en placeune coopération tant au niveau horizontal (entre poli-tiques) que vertical (entre acteurs et autorités de diffé-rents niveaux géographiques), et doit devenir une préoc-cupation transversale, par l’intégration de la dimensionterritoriale dans la conception et la mise en œuvre des po-litiques communautaires et nationales.

    Dans le cadre des Fonds structurels, plusieurs domainesd’intervention doivent être privilégiés en vue de la cohé-sion territoriale et du renforcement des facteurs de com-pétitivité des régions, tout en favorisant l’accessibilité desterritoires périphériques, dépeuplées et des zones rurales.La programmation régionale des Fonds structurels de-vrait par ailleurs assurer l’intégration des zones ruralesdans l’économie régionale et les partenariats ville-campa-gne.

    Les investissements des Fonds structurels doivent doncprivilégier le développement des réseaux transeuropéens(objectif 1) ainsi que des réseaux secondaires (objectif 2).Les infrastructures de télécommunication, les interven-tions en matière d’innovation et recherche sont d’autantplus nécessaires pour réduire les écarts entre centre et pé-riphérie et entre ville et milieux ruraux et afin de garantirl’égalité d’accès à l’information et à la connaissance. Fa-voriser les énergies renouvelables ainsi que le transportsoutenable et propre dans les villes devient aussi priori-taire pour assure l’équilibre environnemental de notreterritoire.

  • Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

    Origine et contexte des études . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

    PREMIÈRE PARTIE: DÉSÉQUILIBRES TERRITORIAUX, INTERACTIONSET NOUVEAUX DÉFIS DANS LE CONTEXTEDE L’ÉLARGISSEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

    1. Déséquilibres sur le territoire européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

    1.1. Questions relatives au centre et à la périphérie dans le contexteeuropéen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

    1.2. Changements d’ordre démographique et économiqueau niveau NUTS 3 (y compris dans les pays candidats) . . . . . . . . . 13

    1.3. Systèmes urbains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171.3.1. Concentration dans les capitales et les conurbations

    centrales; situation dans les pays candidats . . . . . . . . . . . 171.3.2. Définition de pôles de développement en dehors du cœur

    de l’Europe; coopération et création de réseaux pourcontrebalancer cette concentration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

    1.3.3. Disparités sociales entre les villes du centre etde la périphérie; disparités intra-urbaines (Audit urbain). . . . 23

    1.4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

    2. Interactions et défis entre les zones ruraleset urbaines (à l’échelle régionale) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

    2.1. Caractéristiques de l’interdépendance croissanteentre zones urbaines et rurales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

    2.2. Typologie territoriale liée à l’interaction urbaine-rurale . . . . . . . . . . 29

    2.3. Identification des zones de déclin démographique . . . . . . . . . . . . . 30

    3. Régions souffrant de handicaps géographiques et d’autres contraintesspécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

    3.1. Zones montagneuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

    3.2. Îles et régions ultrapériphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

    3.3. Zones de faible densité démographique (< 10 habitants/km2) . . . . 38

    3.4. Nouvelles inégalités dans les zones transfrontalières . . . . . . . . . . . 39

    3.5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

    SECONDE PARTIE: REMÉDIER À LA RÉPARTITION DÉSÉQUILIBRÉE DESFACTEURS DE COMPÉTITIVITÉ POUR PARVENIRÀ LA COHÉSION TERRITORIALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

    1. Promouvoir l’innovation et la répartition équitable des facteursde compétitivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

    1.1. Capacité de R&D et compétitivité territoriale. . . . . . . . . . . . . . . . . 441.1.1. Intensité de R&D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441.1.2. Personnel de R&D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

    Sommaire

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 6 ]

  • 1.1.3. Ressources humaines en science et technologie (RHST) . . . 451.1.4. Relations entre les activités de RDT et le PIB par habitant . . 45

    1.2. Capacité d’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 471.2.1. Emploi dans les industries de transformation de haute

    et moyenne technicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 471.2.2. Emploi dans les services de haute technicité . . . . . . . . . . . 471.2.3. Infrastructure de recherche et d’innovation . . . . . . . . . . . . 471.2.4. Impacts territoriaux de l’actuelle politique

    communautaire de RDT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

    2. Améliorer l’accessibilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

    2.1. Accessibilité: transports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 512.1.1. Disparités de l’infrastructure des transports. . . . . . . . . . . . 512.1.2. Conséquences de ces disparités sur l’accessibilité à l’échelle

    européenne et l’organisation des principaux flux . . . . . . . . . 562.1.3. Accès effectif aux services de transport: disparités territoriales

    de la connectivité aux principaux réseaux et rôle des réseauxsecondaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

    2.1.4. Impact territorial de l’actuelle politique des transportsde l’UE (résultats du modèle SASI). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

    2.2. Accessibilité: télécommunications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 732.2.1. Déséquilibres territoriaux en ce qui concerne

    la pénétration de la technologie de l’informationet de la communication (TIC). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

    2.2.2. Modèle centre/périphérie pour les réseauxde fibres optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

    2.2.3. Impact territorial de la TIC (résultats du modèle STIMA) . . . 77

    2.3. Accessibilité: énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 812.3.1. Modèles territoriaux dans le secteur de l’énergie . . . . . . . . 812.3.2. Impact territorial de la politique de l’énergie

    de l’UE et des TENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

    Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

    Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

    Sommaire

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 7 ]

  • IntroductionL’un des objectifs centraux de l’UE, exposé à l’article 2 duTraité, est de parvenir à un développement harmonieuxet durable, grâce au renforcement de la cohésion écono-mique et sociale. Cela implique un aménagement équili-bré du territoire, qui tienne compte de la grande diversi-té des régions au sein de l’Union européenne.

    En l’absence de politiques correctrices, cette diversitépourrait facilement susciter des disparités profondes,souvent cumulatives, en ce qui concerne la dotation desterritoires en capital physique et humain. Cela entraîne-rait finalement des divergences considérables en termesde richesse relative, de densité de la population et de fluxdémographiques, aggravant les inégalités déjà présentesde la croissance économique.

    Plusieurs études confirment que ces déséquilibres peu-vent être observés à tous les niveaux de l’analyse territo-riale. À l’échelle européenne, le modèle pentagone/péri-phérie persiste. De plus, les interactions entre les sphèresurbaine et rurale ou les disparités existant au sein de lasphère urbaine sont trop souvent négligées au niveau in-trarégional. Par ailleurs, les caractéristiques géogra-phiques du territoire, telles que l’éloignement, l’altitudeet le dénivellement, l’insularité ou le faible niveau de peu-plement représentent de sérieuses contraintes qui créentdes handicaps spécifiques.

    La cohésion territoriale représente une condition préala-ble essentielle au succès économique et politique du pro-cessus de construction communautaire. À cet égard, l’é-largissement représente un défi spécifique vis-à-vis de lacohésion territoriale dans la mesure où il redessine la car-te européenne et accroît la diversité des territoires (en ter-mes de développement et de dotation en capital). Deplus, la convergence économique atteinte par les nou-veaux États membres a amplifié les asymétries internesentre les principaux centres urbains (les capitales en gé-néral) et les autres régions.

    La première partie du présent rapport analysera donc lesdéséquilibres territoriaux caractérisant l’UE élargie. Cettepartie se concentrera sur les principaux pôles urbains,leur rôle économique et démographique, le phénomènede concentration, et l’analyse de quelques modèles de dé-veloppement polycentrique. Cette partie examinera éga-lement les questions intra-urbaines et les interactions en-tre les zones urbaines et leur arrière-pays rural. Lesrégions souffrant de handicaps spécifiques (montagnes,îles, régions ultrapériphériques et régions faiblementpeuplées) feront également l’objet d’analyses spécifiques.

    Les disparités territoriales sont souvent le simple reflet defortes inégalités des facteurs de compétitivité, inégalitésqui mènent progressivement à des déséquilibres dans larépartition du capital physique et humain. Toutefois, l’UEpeut exercer un impact significatif sur cette évolution grâ-ce à ses instruments structurels et ses politiques sectoriel-les. En particulier, les services d’intérêt général et l’accèseffectif à ces services constituent des facteurs détermi-nants d’attractivité et donc de perspectives de développe-

    ment. C’est pourquoi leur rôle dans la cohésion territo-riale est souligné dans le Traité.

    La seconde partie de ce rapport se consacre à l’examendes disparités des facteurs de compétitivité (capacités deR&D ou d’innovation, accès aux réseaux de transport, detélécommunication ou d’énergie), et analyse, le caséchéant, l’impact des politiques sectorielles communau-taires liées. Les conclusions devraient donc orienter lamise en œuvre de la future politique de cohésion, dont laréforme est actuellement à l’examen.

    Origine et contextedes étudesLe présent rapport se fonde sur les conclusions certifiéesou provisoires des études suivantes:

    • Études lancées par la Commission depuis 2001: ellesconcernent pour l’essentiel les régions insulaires et ul-trapériphériques, les zones montagneuses et l’Audit ur-bain II.

    • Études entreprises par l’Observatoire en réseau de l’amé-nagement du territoire européen (ORATE), qui représen-tent la majeure partie de ce rapport. ORATE est un réseaueuropéen créé à Tampere dans le cadre du Schéma de dé-veloppement de l’espace communautaire (SDEC), quifournit une analyse approfondie de plusieurs aspects ter-ritoriaux. À ce stade du programme ORATE, des rapportsachevés ou bien avancés peuvent servir de base à plu-sieurs études traitant des aspects suivants:(1) identification des facteurs favorisant un territoire

    européen plus polycentrique; (2) développement des typologies et des indicateurs

    territoriaux, afin de mesurer les tendances du déve-loppement et de contrôler l’objectif politique d’unterritoire européen plus équilibré;

    (3) mise au point d’outils pour observer les difficultésstructurelles fondamentales et potentielles;

    (4) enquête sur l’impact territorial des politiques secto-rielles et structurelles de l’UE, telles que la politiquedes Fonds structurels;

    (5) mise au point d’autres outils intégrés en faveur d’unaménagement du territoire équilibré et polycen-trique, tels que les «scénarios territoriaux» de 2015et 2030.

    Les études d’ORATE se fondent sur deux concepts clésliés au développement équilibré du territoire européen: lacohésion territoriale et le développement polycentrique.

    • Cohésion territoriale:

    C’est une condition nécessaire et un complément de lacohésion économique et sociale dans le cadre du déve-loppement durable. Elle est incluse dans les objectifs fon-damentaux de l’Union européenne:

    Introduction

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 8 ]

  • Introduction

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 9 ]

    • L’article 2 du Traité définit la promotion d’un dévelop-pement équilibré et durable comme objectif central del’UE, ce qui implique un aménagement équilibré du ter-ritoire.

    • L’article 16 reconnaît que les services d’intérêt généraldevraient particulièrement promouvoir la cohésion so-ciale et territoriale, afin de fournir un accès égal à cesservices à tous les citoyens, quel que soit leur lieu detravail ou de résidence dans l’Union.

    La cohésion territoriale a également été incluse dans leprojet de Constitution européenne (article 3), afin decompléter les objectifs de cohésion sociale et écono-mique.

    L’introduction d’une dimension territoriale de la cohésionsouligne la nécessité de tenir compte de la diversité ducontinent européen, afin de parvenir à une significationriche et complexe du terme de cohésion. Chaque territoi-re présente des atouts et se heurte à des contraintes queles politiques du développement doivent évaluer et pren-dre en compte pour être efficaces.

    Il est donc nécessaire d’adopter une vision plus large dela cohésion, qui comprenne de nombreux aspects du dé-veloppement territorial et les interactions associées. En cesens, un défi majeur consiste à améliorer la coordinationdes politiques sectorielles et relatives au développementqui ont un impact territorial. Un autre défi importantconsiste à mieux intégrer les territoires européens en ren-forçant leur coopération et la mise en place de réseaux.

    Développement polycentrique

    Les ministres responsables de l’aménagement du territoi-re ont introduit en 1999 le principe de «développementterritorial polycentrique et équilibré au sein de l’UE»dans le SDEC, afin de parvenir à un développement équi-libré et durable du territoire européen. Ce principe inviteles villes d’importance démographique et économiquesuffisante de l’ensemble de l’Europe à entrer directementen contact avec les principaux centres de décision euro-péens et mondiaux, et à promouvoir une intégration ac-crue entre les zones centrales et périphériques. En effet, leSDEC estime que les systèmes urbains polycentriquessont plus viables et plus équitables que les systèmes ur-bains monocentriques ou les petites zones d’habitationdispersées.

    La mise en œuvre d’un modèle de développement poly-centrique exige que les politiques actuelles européennes,nationales ou locales s’écartent de l’organisationcentre/périphérie. L’aide ciblée des politiques structurel-les de l’UE, la création de régions fonctionnelles transna-tionales, le soutien aux réseaux spécialisés, la spécialisa-tion des zones urbaines, la création d’institutions et lesliens au niveau des transports et de la communicationsont des éléments importants pour réaliser une Europeplus polycentrique.

    Le concept de polycentrisme recouvre trois niveaux géo-graphiques et doit être analysé en fonction de ces trois ni-veaux:

    Au niveau européen/transnational, le principal déficonsiste à stimuler le développement des régions exté-rieures au «pentagone», afin qu’elles deviennent des zo-nes d’intégration globale capables comme le pentagoned’exister à un niveau international. Une structure pluspolycentrique, avec plusieurs régions urbaines d’impor-tance européenne ou mondiale, peut contribuer à amé-liorer la compétitivité de l’Europe et à accroître la cohé-sion entre les différents territoires. Les zones d’intégrationéconomique globale offrent des fonctions et services éco-nomiques de grande qualité, qui garantissent des revenusélevés et une infrastructure bien développée. Les régionsmétropolitaines accessibles depuis le monde entier sontdes éléments importants de ces zones. Ces régions mé-tropolitaines se caractérisent par leur accessibilité, la pré-sence de sièges d’entreprises et d’institutions internatio-nales, la concentration des pouvoirs de décision, et unesolide intégration au sein des marchés mondiaux.

    Au niveau national/transfrontalier/interrégional, le déficonsiste à passer de la domination d’une ville (souventune capitale) à un réseau plus équilibré de villes, en amé-liorant les performances et les services économiques parla fusion ou la création de réseaux entre les villes voisines,et en coordonnant les politiques nationales (de part etd’autre des frontières notamment). Cela implique que desservices de qualité et des infrastructures physiques et so-ciales minimales soient disponibles dans toutes les partiesdu pays afin de stimuler la compétitivité économique etd’améliorer la cohésion territoriale. Les centres urbainsjouent à cet égard un rôle important puisqu’ils sontresponsables d’une grande partie des activités écono-miques. Les politiques devraient donc se concentrer surl’amélioration de la compétitivité des villes voisines et deszones urbaines fonctionnelles (par la fusion, la mise enplace de réseaux, etc.) et la création d’un équilibre entreles régions les plus prospères et le reste de la structure ur-baine. Dans les pays monocentriques, cela implique clai-rement de mettre l’accent sur les villes de second plan.

    Au niveau régional/local, le défi consiste à passer d’un oudeux centres régionaux dominants à plusieurs centres detaille moyenne ou réduite fournissant des services régio-naux, grâce à des alliances stratégiques entre les villesd’une même région (notamment lorsque la masse critiquefait défaut), et grâce à des partenariats ville/campagne quiexplorent les projets de développement communs, réelsou potentiels.

  • [ Première partie I ] Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux

    défis dans le contexte de l’élargissement

  • [ ]Les déséquilibres territoriaux sont nombreux et importants dans le contexte euro-péen. Leur nature est très diverse, et ils seront accentués par l’élargissement immi-nent. Des déséquilibres considérables existent en ce qui concerne la densité de lapopulation, avec des densités aussi élevées que 8778 habitants/km2 dans le centrede Londres et aussi faibles que 3,3 habitants/km2 à Oevre Norrland (Suède). Denombreuses régions des pays candidats ont une densité démographique inférieureà la moyenne des 15 États membres de l’UE. De manière générale, on observe unegrande variété de concentration géographique, à la fois en termes de population etde richesse économique.

    La diversité territoriale concerne également l’infrastructure régionale des transports(routes, autoroutes, voies ferroviaires, aéroports et ports), à l’origine de déséquilib-res en termes de connectivité et d’accessibilité. Dans de vastes parties des pays can-didats et dans les zones périphériques du nord, la densité des autoroutes et desvoies rapides (par rapport à la population) est inférieure à 40 % de la moyenne del’UE des 27, tandis que le noyau européen et un nombre limité de zones plus péri-phériques (Espagne, Lettonie, est de la Bulgarie, centre de la Grèce) offrent unedensité élevée (supérieure à 140 % de la moyenne de l’UE des 27).

    Dans la mesure où la société de la connaissance est concernée, le potentiel de R&Det les progrès des technologies de télécommunication modernes créent des niveauxet des modèles très différents parmi les régions européennes, avec un retard relatifdans plusieurs pays candidats.

    Les déséquilibres territoriaux existent également en ce qui concerne de la structu-re des systèmes urbains. L’intégration européenne a favorisé la croissance de nom-breuses villes situées dans les parties centrales de l’Europe. Par ailleurs, les grandesvilles et notamment les capitales des pays et régions périphériques sont égalementdevenues plus compétitives et plus attrayantes, mais dans un contexte géogra-phique plus isolé.

    Les douze pays candidats souffrent de systèmes urbains insuffisants, mal reliés en-tre eux et avec l’UE, ce qui rend la croissance territoriale polycentrique particuliè-rement difficile. Cette structure urbaine s’est dégradée en raison de l’accélérationrécente de la croissance de leurs capitales, au détriment des autres zones urbainesqui finissent par reproduire le modèle déjà observé dans les pays périphériques del’UE des 15.

    Au sein des zones urbaines, des déséquilibres prononcés existent entre les diversesagglomérations et conurbations. Ces déséquilibres sont particulièrement notablesentre les villes et les zones urbaines environnantes.

    En ce qui concerne l’interdépendance entre les zones urbaines et rurales, un certainnombre de zones rurales isolées ne bénéficient pas de l’impulsion générée par l’ac-tivité urbaine et subissent de graves contraintes en termes de développement. Il ya donc des déséquilibres territoriaux marqués en ce qui concerne les interactionsville/campagne. Ces déséquilibres sont accentués dans les pays adhérents qui n’ontqu’une expérience limitée (héritée de leur ancien régime) dans le domaine des re-lations ville/campagne.

    En dernier lieu, un certain nombre de régions telles que les montagnes, les îles oules régions ultrapériphériques souffrent de handicaps géographiques, tandis qued’autres sont confrontées à des contraintes spécifiques telles qu’une très faible den-sité de la population ou des zones frontalières présentant de fortes inégalités socio-économiques.

    Les déséquilibres territoriaux sont observés à divers degrés. Certains sont d’une na-ture presque permanente (régions souffrant de handicaps géographiques), d’autresont un caractère de longue durée (déséquilibres de densité de la population). Endernier lieu, les disparités peuvent concerner les facteurs de compétitivité tels quel’éducation, la recherche, l’accessibilité des transports et les télécommunications.Ces facteurs sont susceptibles d’évoluer, notamment lorsque les politiques adéqua-tes sont appliquées.

    [ 11 ]

  • 1.1. Questions relatives au centre et à lapériphérie dans le contexte européen

    Les déséquilibres territoriaux entre le centre et la péri-phérie de l’Europe sont les caractéristiques les plus frap-pantes des déséquilibres à l’échelle européenne. Commel’ont démontré plusieurs études sur les élargissementssuccessifs des Communautés européennes/de l’Union eu-ropéenne, ce processus a renforcé le centre. D’après leSDEC, il n’y a actuellement qu’une seule grande zonegéographique d’intégration économique globale au cent-re de l’UE: le « pentagone » délimité par Londres, Paris,Milan, Munich et Hambourg. Cette zone offre des fonc-tions et services économiques de qualité à une échelleglobale, qui garantissent des revenus élevés et une infras-tructure bien développée.

    Les déséquilibres entre le centre et la périphérie peu-vent être observés dans divers domaines. D’un point devue démographique, les régions de densité élevée setrouvent généralement dans le pentagone: Bruxelles(5 932 habitants/km2), Île-de-France (912), Düsseldorf(995), Hambourg (2 255), Hollande méridionale(1 182), tandis que les régions ou pays de faible densi-té démographique se trouvent généralement à la péri-phérie: Aragon (24,6), Castille la Manche (21,5), Corse(30), zones frontalières et Midlands en Irlande (29,7),Alentejo (19,5). Les cas les plus extrêmes sont les den-sités très faibles des Highlands et des îles écossaises(9,3), et de la périphérie septentrionale (Pohjois Suomi(4,3) ou Oevre Norrland (3,3)). Certaines zones de lapériphérie européenne offrent toutefois une densité depopulation élevée: Campanie (425), Attiki (906), Ma-drid (636), Bucarest (1 238) ou Kibris Praha (2 399).Toutefois, loin d’être nombreuses comme dans le pen-tagone, ces zones constituent alors des parcelles isolées.

    Les déséquilibres entre le centre et la périphérie sontégalement importants sur le plan de l’accessibilité. L’in-dice de l’accessibilité multimodale (par rapport à la po-pulation) est de trois à quatre fois plus élevé dans devastes zones du pentagone que dans la plupart des ré-gions périphériques. À titre d’exemple, la situation esttrès différente en Andalousie ou en Galicie (environ

    50 % de la moyenne de l’UE des 27) et au Bade-Wur-temberg ou en Hollande méridionale (environ 150 %de la moyenne de l’UE des 27). Plusieurs régions cen-trales (Bruxelles, Francfort, Amsterdam) offrent mêmedes valeurs dépassant 160 % de la moyenne de l’UE des27, tandis que des régions plus périphériques et encla-vées (Estrémadure, Highlands, Finlande orientale) ontdes indices inférieurs à 40 % de la moyenne de l’UE des27.

    Les mêmes observations s’appliquent à l’accessibilitédes chemins de fer. Dans ce cas, les zones de faible ac-cessibilité sont plus étendues en Espagne, en Bulgarieet en Roumanie. Seule l’accessibilité aérienne échappeau strict modèle centre/périphérie, certaines régionsmétropolitaines de la périphérie offrant des niveauxd’accessibilité satisfaisants grâce à la présence degrands aéroports. Il faut souligner que seule l’accessibi-lité en termes de transport de personnes a été prise encompte. L’accessibilité en termes de commerce et detransport des marchandises montrerait des résultats as-sez différents, avec une accentuation du caractère péri-phérique, car l’accessibilité fournie par le transport aé-rien deviendrait marginale.

    La répartition territoriale des fonctions de R&D révèleégalement des déséquilibres importants entre les ré-gions centrales et périphériques. Une forte concentra-tion géographique est observée dans les domaines del’intensité de R&D, de l’emploi dans les services dehaute technicité et de l’infrastructure de R&D. À titred’exemple, alors que la moyenne de l’intensité de R&Datteint 1,93 % dans l’UE des 15, ce pourcentage varieconsidérablement, de 4,5 % pour diverses régions alle-mandes à 0,77 % pour les pays candidats (à l’exceptionde Malte).

    L’importance prépondérante du pentagone dans lecontexte européen pourrait être confirmée dans d’autresdomaines des fonctions territoriales (infrastructure cultu-relle, niveau des réseaux de transport public, localisationde très grands ports et aéroports, etc.).

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 12 ]

    I. Déséquilibres sur leterritoire européen

  • 1.2. Changements d’ordre démographiqueet économique (1995-2000) (1)

    Les années 1990 ont été le théâtre de changements im-portants en ce qui concerne la structure économique etdémographique de l’Europe. Étant donné qu’une obser-vation statistique suffisante de l’espace ORATE/Europedes 29 (2) n’est actuellement disponible que pour les an-nées 1995-2000, il est presque impossible de tirer desconclusions concernant un cycle économique à long ter-me. La contribution de chaque région NUTS 3 à l’ensem-ble de la zone d’étude de l’ORATE (en termes d’évolutiondu poids démographique et économique) a servi de baseà la présente analyse.

    a) Changements concernant le poidsdémographique

    Durant la seconde moitié des années 1990, il y a eu undéplacement prononcé vers l’ouest de la densité de la po-pulation, (3) suivant une ligne passant par Trondheim(Norvège), Copenhague, Munich, Rome et Valetta à Mal-te (voir la carte 1). Ce déplacement vers l’ouest comportedes exceptions, liées notamment au dépeuplement dunord-ouest de la péninsule ibérique, du centre de la Fran-ce, et de certaines parties de l’Écosse et de la Sardaigne.De la même manière, le déplacement en provenance del’Europe de l’Est comporte des exceptions. En particulier,la plupart des régions-capitales accueillent une propor-tion croissante de la population de l’ensemble de la zoned’étude de l’ORATE.

    Le territoire de l’UE des 15 comporte plus de régions decroissance relative par rapport à la population totaleORATE que les pays adhérents et candidats. Le gain dé-mographique relatif le plus homogène a été observé dansla zone du pentagone. Londres, les Pays-Bas, les frontiè-res nord-ouest de l’Allemagne et du Danemark, le sud dela Norvège forment une zone étendue de densité accruede la population, ce qui aggrave les problèmes de concen-tration des grandes zones urbaines. L’ensemble de l’Irlan-de contribue de manière exceptionnelle à la croissancedémographique européenne.

    D’autres zones de croissance démographique se trouventdans les régions côtières du sud-ouest de l’Europe, tellesque la côte portugaise dans son ensemble, le sud-est descôtes espagnole (Costa del Sol) et française, et la côte at-lantique française. En Espagne, la région de Madrid ren-force sa position au détriment de nombreuses autres zo-nes de l’intérieur du pays. Cette tendance s’observeégalement au Portugal et en France.

    En Suède, de vastes régions connaissent une tendanceau déclin avec une structure clairement monolithique:(4) la part de Stockholm dans la population continued’augmenter, tandis que la situation des régions de l’ex-trême nord s’aggrave. La croissance démographique dela Finlande émane de plusieurs centres: le triangle Hel-sinki-Tampere-Turku et la région de Oulu. Des régionsplus ou moins monolithiques du centre de l’Europe ontvu leur population augmenter (Berlin et sa région parexemple). Tel a également été le cas de la Pologne.

    Les trois pays baltes ont souffert d’un déclin démogra-phique significatif durant la dernière décennie (à l’ex-ception du comté de Taurage), et leur part dans la po-pulation totale ORATE a diminué. La contribution desrégions de la Pologne à la population totale de l’UE des29 est variée. Les régions de la côte de la mer Baltiquevoient leur part augmenter, tandis que de nombreusesparcelles intérieures, (5) notamment la zone qui s’étendde Varsovie à la frontière tchèque, voient leur popula-tion décroître. Mêmes les parcelles des futures frontiè-res extérieures de l’UE des 25 à l’est (frontières avec laBiélorussie et l’Ukraine) suivent cette tendance décli-nante. Certains monolithes, tels que Varsovie, Poznánet Gdansk, perdent de leur importance. Les régions voi-sines contrebalancent toutefois cette tendance. L’exten-sion du système urbain du pentagone de l’UE des 15 àla République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et laSlovénie forme un territoire homogène de perte relati-ve. Une parcelle slovaque à la frontière ukrainienne suitune tendance inverse, jusqu’à la frontière polonaise etaux zones voisines de Cracovie. La perte d’importancedu monolithe de Budapest semble être contrebalancéepar le poids de la région qui l’entoure. Ce schéma seretrouve en Pologne. La Slovénie est le seul pays de lazone de l’élargissement qui connaisse un léger reculdémographique relatif dans toutes ses régions, bien queLjubljana améliore sa position dans la zone d’étude del’ORATE.

    La Roumanie et la Bulgarie, qui font partie du territoire endéclin du sud-est s’étendant jusqu’à la Hongrie, connais-sent un recul démographique presque général. Les par-celles proches de la frontière orientale connaissent toute-fois une situation plus favorable, notamment enRoumanie. C’est là que se trouvent les seules régions derelative croissance de la population, hormis la capitalebulgare de Sofia, monolithe croissant sur le plan démo-graphique.

    Malte et Chypre ont connu une croissance démogra-phique incontestable durant la seconde moitié des an-nées 1990, Chypre appartenant au groupe des régionsqui ont considérablement amélioré leur position.

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 13 ]

    (1) Cf. le projet ORATE 1.1.3. «Options pour un développement terri-torial équilibré dans le cadre de l’élargissement de l’Union euro-péenne» (ODEN), mené par l’Institut royal de technologie de Suè-de (Division des études urbaines).

    (2) L’espace ORATE inclut l’Europe des 27 + la Norvège et la Suisse.(3) Changements du poids démographique des régions de l’Europe des

    29 au niveau NUTS 3 (1995-2000).

    (4) Monolithe = région d’importance européenne ou nationale, dont lacontribution croissante ou décroissante au total révèle un change-ment d’importance d’un système régional monocentrique.

    (5) Les parcelles caractérisent les régions voisines (dans un même paysou dans les zones frontalières) qui offrent des contributions trèscontrastées au total dans une UE élargie.

  • Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 14 ]

    En résumé, l’UE des 15 connaît moins de difficultés sur le plan démographique que les pays candidats.Ceci est la principale raison du déplacement vers l’ouest. Les grandes exceptions à l’ouest sont le nord-ouest de la péninsule ibérique, le centre de la France et certaines parties de l’Écosse et de la Sardaigne,qui connaissent un déclin démographique. À l’est, les principales régions d’exception (dont lacontribution démographique augmente) sont les régions du nord de la Pologne, les régions voisines desfrontières de la Slovaquie avec l’Ukraine et la Slovénie, les environs de Budapest, ainsi que Chypre etMalte.

    Carte 1

    Cette carte ne reflètepas nécessairementl’opinion du comitéde suivi ORATE

    Veränderung des Bevölkerungsanteils an der EU-29 Gesamt-bevölkerung während des Zeitraums 1995-2000, 1 Einheit = 0,001%

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

    Statistische Daten: Eurostat, Nationale Statistische Ämter;

    Quelle: ESPON-DatenbankRelativer Zuwachs Relative Abnahme> 1,5

    1,0 - 1,50,5 - 1,0

    0 - 0,5

    0 - -0,5-0,5 - -1,0-1,0 - -1,5

    < -1,5

  • b) Changements concernant le poids dans le PIB

    L’évolution du PIB, contrairement à l’évolution démogra-phique, montre une contribution décroissante de l’Alle-magne, de la Belgique et de la France (à l’exception decertaines zones côtières) au total européen (cf. carte 2).D’autres zones géographiques importantes souffrent d’undéclin significatif du PIB. Elles se trouvent en Écosse, no-tamment dans les villes, et en Suède, à l’exception dumonocentre économique de Stockholm. La Laponie etd’autres zones finlandaises de la frontière orientale ontégalement connu un déclin modéré comparé aux progrèsconsidérables du triangle Helsinki-Tampere-Turku et deOulu. Le sud de l’Angleterre, l’Irlande, les Pays-Bas et lacôte espagnole voient leur part dans le PIB total de la zoneORATE augmenter rapidement, parallèlement à leur partdans la population totale. La contribution de la quasi-to-talité des régions d’Espagne, du Portugal, d’Italie et deNorvège à l’économie de l’ensemble de la zone ORATE in-dique un développement plutôt polycentrique en termesde croissance du PIB.

    Plusieurs régions des trois pays baltes ont connu unecroissance économique significative, entraînant unehausse de leur contribution au PIB de l’ensemble de lazone ORATE. Ce succès repose toutefois principalementsur la croissance des régions-capitales, tandis que d’aut-res parties des pays n’ont pas réellement progressé. Cettestructure monocentrique est particulièrement évidenteen Lettonie où la région de Latgale a connu un déclin re-latif de ses revenus plus prononcé que toutes les autres ré-gions des pays baltes. En Lituanie, la zone de croissances’étend autour de la capitale de Vilnius, mais la côte bal-tique lituanienne pourrait améliorer sa contribution.

    La situation de la Pologne diffère considérablement de lasituation d’autres pays de la zone d’élargissement. En ter-mes de contribution économique à l’ensemble de la zone

    ORATE, la quasi-totalité du territoire polonais a progres-sé. La contribution de la Pologne a augmenté non seule-ment grâce aux régions entourant les grandes villes, maisaussi grâce à la croissance de la quasi-totalité des régionset de différents centres, tels ceux situés le long de la fron-tière allemande, ou encore ceux situés près des frontièresavec la Biélorussie et l’Ukraine (ces derniers ayant toute-fois connu quelques reculs mineurs). Deux zones decroissance majeures semblent actuellement émerger enPologne, le long de deux axes nord-sud passant par Poz-nán et Varsovie.

    La République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie jouentdes rôles divers en matière de contribution économique.Alors que la contribution du territoire tchèque a forte-ment décliné, à l’exception de la croissance monolithiquede Prague, la Slovaquie et la Hongrie ne connaissent pasune telle structure de croissance monocentrique. Cespays ont connu des reculs et des progrès mineurs, pluséquilibrés sur l’ensemble du territoire. En Slovaquie, lesprogrès sont liés à l’axe de croissance polonais nord-sudautour de Varsovie, et se concentrent donc sur la frontiè-re ukrainienne. La zone de croissance de la Hongrie se si-tue au contraire sur sa frontière avec l’Autriche. Budapestconsolide toutefois sa position en termes de contributionà la prospérité, car elle est la seule zone réalisant des gainséconomiques relatifs élevés. L’ensemble de la Slovénie, etnotamment le centre de Ljubljana, connaît une prospéri-té croissante.

    La Roumanie et la Bulgarie peuvent être considérées com-me des zones de déclin économique dans le contexte del’ORATE. Varna, sur la côte de la Mer noire, est la seuleexception, puisqu’elle voit son poids économique conti-nuer à augmenter dans l’espace ORATE. Chypre et Malteont connu des évolutions divergentes de leur participa-tion au PIB total, Malte progressant légèrement tandis queChypre connaissait un déclin plutôt marqué.

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 15 ]

    En résumé, la part des pays de l’est dans le PIB total augmente principalement grâce aux contributionsélevées de vastes zones polonaises et des régions-capitales de l’UE des 10 (pays adhérents). Les régionsorientales de l’Europe, notamment les trois petits pays baltes et la République tchèque, ont connu unecroissance plus monolithique dans le contexte de la zone ORATE. Toutefois, la part totale du PIB del’UE des 10 dans la zone ORATE reste réduite comparée à celle de l’UE des 15. Outre l’axe Londres-Pays-Bas, les contributions significatives à la croissance totale (à l’exception du cœur de l’Europe)émanaient principalement de l’Espagne, de l’Italie, de l’Irlande, du Danemark et de certaines régionsfinlandaises. Le cœur de l’UE des 15 (Allemagne et France par exemple) connaît donc un recul de sacontribution majeure à la prospérité de la zone ORATE. La part des régions suédoises dans le PIBdécroît rapidement, si l’on excepte la croissance monolithique de Stockholm.

  • Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 16 ]

    Carte 2

    Cette carte ne reflètepas nécessairementl’opinion du comitéde suivi ORATE

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

    Statistische Daten: Eurostat – Regio

    Quelle: ESPON-DatenbankRelativer Zuwachs Relative Abnahme> 1,5

    1,0 - 1,50,5 - 1,0

    0 - 0,5

    0 - -0,5-0,5 - -1,0-1,0 - -1,5

    < -1,5

  • 1.3. Les systèmes urbains

    1.3.1. Concentration dans les capitales et lesconurbations centrales; situation dans lespays candidats (6)

    La description du système européen urbain nécessite dedéfinir des critères communs. Les critères fonctionnels serévèlent, à de nombreux égards, plus adaptés que les cri-tères physiques (nombre d’habitants, région). L’UE s’estdonc efforcée de trouver une définition et une descriptioncommunes des Zones urbaines fonctionnelles (7) (ZUF).Cette définition commune a permis d’identifier1 595 ZUF dans l’UE des 27+2 (UE des 27 + Norvège etSuisse).

    L’analyse de ces 1 595 ZUF a confirmé l’existence d’unestructure urbaine dense au centre de l’Europe, qui part duRoyaume-Uni, des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allema-gne occidentale et de la France septentrionale, et se pour-suit à l’ouest des Alpes pour inclure l’Italie et à l’est pourinclure la République tchèque, le sud de la Pologne, laSlovaquie et la Hongrie. Les pays situés plus au nord etplus au sud sont moins peuplés et ont des systèmes ur-bains moins denses. Cela s’applique particulièrement àl’Irlande, au nord du Royaume-Uni, à la Norvège, à laSuède, à la Finlande, à l’Estonie, à la Lettonie et à la Li-tuanie, mais également à certaines parties de l’Espagne, laGrèce, la Bulgarie et la Roumanie.

    Sur le plan démographique, de vastes ZUF (carte 3) seconcentrent dans le pentagone, mais sont également par-fois présentes dans le sud de l’Italie et l’Europe centrale etorientale, où se concentrent de vastes agglomérations ur-

    baines. Dans l’Europe périphérique, la plupart des gran-des agglomérations urbaines ont un caractère plus insu-laire. Dans le domaine des investissements privés et pu-blics, les caractéristiques démographiques constituent unélément fondamental par rapport à la localisation decer-tains services et équipements.

    Les principales fonctions économiques des ZUF seconcentrent dans le pentagone:

    – la capacité d’influence d’un système urbain ne dépendpas seulement de son poids démographique, mais éga-lement de son attrait économique pour les investisseursprivés. (8) Les sièges des entreprises se situent dans deslieux facilement accessibles et proches de services auxentreprises. Les ZUF dont les fonctions décisionnellessont importantes demeurent très concentrées dans lepentagone, et Stockholm est la seule zone extérieure aupentagone qui appartienne au groupe des plus impor-tantes ZUF (cf. ZCEM).

    – les réseaux de transport les plus denses se trouvent dansle pentagone. Aucun pays candidat n’a un réseau detransport de dimension européenne.

    – de nombreuses ZUF industrielles exportent dans lemonde entier. Le pentagone compte néanmoins desZUF de toutes les tailles, de la plus petite à la plus gran-de. La valeur ajoutée brute est souvent faible dans lespays candidats, à l’exception des régions-capitales et dela Pologne.

    Les fonctions liées au savoir sont réparties de manièreplus équilibrée dans les ZUF en raison de la localisationdes universités dans l’ensemble de Europe. Un schéma si-milaire peut être appliqué aux fonctions administratives,qui créent de fortes hiérarchies au sein des systèmes ur-bains nationaux, les capitales étant les principaux centresdu système administratif européen. Le tourisme seconcentre dans les régions côtières méditerranéennes,illustrant un schéma spécifique de division du fonction-nelle du travail à l’échelle de l’UE. Les fonctions liées auxtransports se concentrent quant à elles dans les régionsles plus au nord du centre de l’Europe.

    Une typologie des ZUF (carte 4) a été élaborée selon leurimportance fonctionnelle dans le contexte européen (po-pulation,(9) transport,(10) tourisme,(11) industrie,(12) sa-voir,(13) prise de décisions,(14) administration(15). Trois ca-tégories de ZUF ont été identifiées, en fonction de leurinfluence aux différents niveaux géographiques (cf. la car-te 4 «Typologie des Zones urbaines fonctionnelles»):

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 17 ]

    (6) Cf. le projet ORATE 1.1.1. « Rôle, situation spécifique et potentieldes zones urbaines en tant que nœuds du développement polycen-trique », conduit par Nordregio, et le projet ORATE 1.1.3. « Op-tions pour un développement territorial équilibré dans le cadre del’élargissement de l’Union européenne » (ODEN), mené par l’Insti-tut royal de technologie de Suède (Division des études urbaines).

    (7) La plupart des pays européens ont défini les Zones urbaines fonc-tionnelles ou des concepts similaires, tels que les bassins d’emploi,les régions de recrutement des navetteurs ou les régions urbainesfonctionnelles. Les chiffres se fondent alors sur les statistiques na-tionales. Toutefois, l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, la Ré-publique tchèque, la Bulgarie et (dans une moindre mesure) l’Espa-gne et du Portugal n’ont pas de définition officielle. Dans ces casprécis, l’identification des ZUF se fonde seulement sur les élémentsfournis par les experts nationaux. Les définitions utilisées danschaque pays permettent d’identifier les ZUF suivantes:– ZUF de plus de 50 000 habitants et centre urbain (agglomération)

    de plus de 15 000 habitants (cette définition exclut les zones ur-baines qui se sont étendues de manière artificielle et possèdent uncentre urbain mineur).

    – ZUF comptant plus de 0,5 % de la population nationale et centreurbain (agglomération) de plus de 15 000 habitants (cette défini-tion permet d’inclure des ZUF plus petites dans les pays moinspeuplés).

    – Des ZUF plus petites ont été incluses lorsqu’elles avaient une im-portance locale au niveau des transports, de la connaissance ou dela prise de décisions, ou une importance régionale au niveau desfonctions administratives, touristiques ou industrielles.

    (8) La localisation des sièges des plus grandes sociétés européennes estun indicateur de l’attrait économique.

    (9) Population de plus de 50 000 habitants.(10) Aéroport ayant accueilli plus de 50 000 passagers en 2000; port où

    le transport par conteneurs a dépassé 20 000 EVP en 2001.(11) Nombre de lits dans les hôtels ou établissements similaires en 2001.(12) Valeur ajoutée brute dans l’industrie en 2000.(13) Principales localisations des universités et nombre d’étudiants.(14) Nombre de sièges des plus grandes sociétés européennes.(15) Évaluation fondée sur les systèmes administratifs nationaux et les

    villes occupant des fonctions administratives à divers niveaux: ca-pitales nationales, centres de province, centres régionaux, etc.

  • – Les Zones de croissance européennes métropolitaines(ZCEM);

    – Les ZUF transnationales/nationales;

    – Les ZUF régionales/locales;

    Ces typologies ne représentent qu’une hypothèse spéci-fique, où tous les indicateurs fonctionnels sont évalués demanière égale. D’autres hypothèses impliquant différentssystèmes de pondération sont également envisageables etdevraient être étudiées.

    Parmi les 1 595 ZUF, 76 ont été classées comme ZCEM.La plupart des capitales sont des ZCEM et 18 d’entre el-les se trouvent dans le pentagone. Seuls les six pays lesplus peuplés comptent plus de trois ZCEM, et onze paysn’ont qu’une seule ZCEM.

    La diversité des situations dans les pays candidats en cequi concerne l’évolution démographique des ZUF (cf. an-nexe 3) reflète l’importance relative de divers facteurs telsque l’évolution démographique générale au niveau natio-nal, la reconversion de l’économie des villes moyennes et

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 18 ]

    Carte 3

    Cette carte ne reflètepas nécessairementl’opinion du comitéde suivi ORATE

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

    Statistische Daten: Nationale Statistische Ämter, Nationale Experten

    Quelle: Nordregio> 5 Millionen Einwohner1-5 Millionen Einwohner250 000 – 1 Million Einwohner50 000 – 250 000 Einwohner< 50 000 Einwohner

  • grandes, ou la déconcentration démographique des gran-des villes au-delà des frontières des ZUF.

    Si l’on tient compte de leur potentiel dans plusieurs sec-teurs (économie, transport, enseignement supérieur,etc.), Budapest et Prague jouent incontestablement unrôle international considérable (« villes européennes »),Bratislava et Ljubljana ont un important rôle transnatio-nal/national, tandis que les autres grands pôles ont unrôle transnational plus ou moins important. Les quatre

    grandes villes citées sont plus fortes et plus intégrées (surle plan interne) que les trois petits pays baltes et la Polo-gne, la Bulgarie et la Roumanie.

    Contrairement à la situation dans les autres ZUF des payscandidats, les liens entre ces quatre villes et les villes del’UE des 15 sont déjà importants. Budapest et Prague, enparticulier, constituent déjà des centres puissants du sys-tème urbain d’Europe centrale, et leur rôle pourrait s’am-plifier rapidement. Bratislava et Lubljana, tout en étant

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    [ 19 ]

    Carte 4

    Cette carte ne reflètepas nécessairementl’opinion du comitéde suivi ORATE

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

    Statistische Daten: Nationale Statistische Ämter, Nationale Experten

    Quelle: Nordregio

    Europäische Wachstums-Metropolregionen (MEGA)

    Transnationale / nationale FUA

    Regionale / lokale FUA

  • des villes plus petites, sont très intégrées dans le systèmeurbain d’Europe centrale.

    Si l’on considère le système urbain d’Europe centrale àune échelle plus vaste, le potentiel de croissance et les dé-fis des vieilles régions industrielles sont particulièrementapparents dans la macrorégion centrale des pays adhé-rents qui inclut Varsovie (à l’est), Poznán (et éventuelle-ment Berlin à l’ouest), Cracovie, Dresde et la Saxe, Pra-gue, Bratislava, Vienne et Budapest (au sud). Cettemacrorégion constitue une entité transnationale spéci-fique qui comprend la majeure partie des pôles de crois-sance et du potentiel d’innovation d’Europe centrale (lescapitales et leur région), ainsi que les vieilles régions in-dustrialisées des pays adhérents et les régions en pleine

    mutation structurelle, telles les régions rurales. Ce trian-gle, (16) qui réunit les principales villes présentant un po-tentiel de développement, pourrait devenir dans un ave-nir proche une zone d’intégration globale comparable à lamacrorégion européenne du nord-ouest de l’Europe.

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    [ 20 ]

    Monocentricité et polycentricité des systèmes urbains dans les pays candidats

    Systèmes urbains plutôt monocentriques Systèmes urbains plutôt polycentriques

    Lettonie: Riga (760 000 habitants) abrite 32 % de la po-pulation totale. Daugavpils (110 000 habitants) joue unrôle national.

    Lituanie: Vilnius (540 000 habitants) abrite 16 % de lapopulation totale. Kaunas (380 000 habitants) joue unrôle transnational/national.

    Hongrie: Budapest (1,78 million d’habitants) abrite17 % de la population totale. Huit villes (Debrecen, Mis-kolc, Szeged, Pécs, Gyõr, Nyíregyháza, Kecskemét etSzékesfehérvár) de 100 000 à 210 000 habitants ont unrôle national, et un rôle transnational plus ou moins im-portant.

    Slovénie: Ljubljana (260 000 habitants) représente13 % de la population totale. Maribor (90 000 habi-tants) pourrait avoir un rôle transnational significatif.

    Malte: l’ensemble du territoire de Malte constitue unerégion urbaine unique.

    Pologne: Varsovie (1 610 000 habitants) abrite seule-ment 4 % de la population totale. Onze villes ont unepopulation comprise entre 250 000 et 800 000 habi-tants. Toutes ces villes jouent un rôle national impor-tant. Sept d’entre elles (Katowice, Wroclaw, Lódz,Gdansk, Cracovie, Poznán et Szczecin) ont un rôletransnational significatif. Les trois autres et d’autresvilles moins peuplées ont un rôle transnational relative-ment moins important.

    République tchèque: Prague (1 180 000 habitants),Brno (380 000 habitants) et Ostrava (320 000) exercentun important rôle national et transnational (presque« européen »), tandis que Plzen (170 000 habitants) etOlomouc (100 000) ont un rôle national réel et un rôletransnational relativement moins important.

    République slovaque: Bratislava (430 000 habitants)abrite 8 % de la population totale. Ko?ice (240 000 ha-bitants) joue un rôle transnational/national relativementimportant.

    Roumanie: Bucarest (1 920 000 habitants) abrite 9 % dela population totale. Treize villes de 150 000 à320 000 habitants ont un rôle national et, dans la plu-part des cas, un rôle transnational plus ou moins im-portant.

    Bulgarie: Sofia (1 100 000 habitants) abrite 14 % de lapopulation. Plovdiv (340 000 habitants) et Varna(310 000) ont un important rôle national et un rôletransnational modéré. Burgas, Ruse, Stara et Pleven(120 000 à 190 000 habitants) ont un rôle national réelet un rôle transnational moins important en comparai-son.

    Chypre: Nicosie (200 000 habitants) abrite 29 % de lapopulation. L’île compte trois autres villes de relative im-portance: Limassol, Larnaka et Paphos.

    (16) Il a déjà été identifié par Gorzelak en 1995 et cité dans le projetORATE 2.2.2 «Analyse de l’impact de l’aide de préadhésion parl’IRS, l’EPRC et le CRT».

  • 1.3.2. Définition de pôles de développement endehors du cœur de l’Europe; coopération etcréation de réseaux pour contrebalancercette concentration

    L’actuel système urbain européen est considéré commemonocentrique, dans le sens où il existe une seule gran-de zone urbanisée affichant une taille et un potentiel éco-nomique suffisants pour être intégrée dans l’économiemondiale. Le principal défi à l’échelle européenne consis-te donc à stimuler le développement des régions au-delàdu pentagone, afin d’en faire des zones d’intégration glo-bale.

    Une structure plus polycentrique, reposant sur plusieursrégions urbaines solides d’importance européenne etmondiale, peut contribuer à la compétitivité de l’Europeainsi qu’à la cohésion entre les différents territoires.Afinde continuer à examiner le potentiel de développementdes régions polycentriques à l’extérieur du pentagone, les76 ZCEM (17) ont été classées d’après leurs résultats dansquatre domaines: la taille, la compétitivité, la connectivi-té et la base de connaissance (cf. annexe 2). Des ZCEMimportantes ont été identifiées dans le voisinage immé-diat d’autres ZUF, dans des régions présentant un poten-tiel de coopération et de spécialisation fonctionnelle. Les45 ZCEM restantes (potentielles ou faibles) doivent être

    consolidées afin d’offrir un contrepoids au pentagone(carte 5).

    L’évolution démographique des ZCEM à l’extérieur dupentagone est généralement positive (voir le tableau del’annexe 4) pour les zones situées dans l’UE des 15, avecune croissance notable de la population durant les an-nées 1990 (à l’exception de Dresde, Berlin et Barcelone):Copenhague +7 %, Malmö +8 %, Lyon +9 %, Marseille+13 %, Bordeaux +11 %, Athènes +7 %, Porto +5 %, Lis-bonne + 7 %, Madrid +10 %, Stockholm + 11 %, Edin-burgh +7 %. Les ZCEM situées dans les pays candidatssouffrent au contraire d’un déclin démographique (à l’ex-ception de Bratislava +2 %): Sofia –4 %, Prague –2 %,Gdansk –2 %, Cracovie –1 %, Katowice –7 %, Bucarest–7 %. Ces résultats suggèrent que le processus de mise àniveau des zones extérieures au pentagone a été plus effi-cace dans l’UE des 15 que dans les pays candidats.

    Si l’on réunit ces ZCEM et leurs ZUF voisines, il est pos-sible d’envisager des contrepoids polycentriques aux sys-tèmes urbains dans le pentagone (cf. annexe 4): Man-chester + Derby, Sheffield, Liverpool, Leeds,Tyneside-Newcastle-Gateshead et Huddersfield, ou Lyon+ Saint-Étienne, Chambéry, Annecy, Grenoble, Valence,Genève et Lausanne, ou Gênes + La Spezia, Pise, Floren-ce, Livourne.

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 21 ]

    (17) Les points forts des ZCEM sont analysés sur la base de leur taille(population et PIB), de leur compétitivité (PIB par habitant, siègesdes plus grandes sociétés européennes), de leur connectivité (trans-port aérien, accessibilité) et de leur base de connaissance (niveauéducatif, part des effectifs de R&D dans l’emploi total).

    Pour résumer le chapitre 1.3, la répartition globale des 1 595 ZUF forme, dans le centre de l’Europenotamment, une structure urbaine dense, dans la mesure où les ZUF assumant des fonctionséconomiques importantes sont concernées. Dans l’Europe périphérique, la plupart des grandesagglomérations sont plus isolées. Les « ZCEM potentielles » et les « ZCEM faibles » sont plusnombreuses dans les régions périphériques, tandis que les centres internationaux et les ZCEMpuissantes dominent dans le pentagone. Dans les pays candidats, beaucoup de grandes agglomérationsconnaissent un déclin démographique qui freine leur processus de mise à niveau. Un nombrerelativement important de ZCEM (45 + 4 capitales) pourraient offrir un contrepoids au pentagone si lespolitiques appropriées étaient mises en œuvre. Cela s’applique particulièrement à des villes telles queLyon, Marseille, Birmingham, Manchester, etc., qui sont entourées de nombreuses autres ZUF.

  • Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

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    [ 22 ]

    Carte 5

    Cette carte ne reflètepas nécessairementl’opinion du comitéde suivi ORATE

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

    Statistische Daten: Eurostat, Nationale Statistische Ämter, Nationale Experten

    Quelle: ESPON-Datenbank

    MEGA mit europäischer Zugpferdfunktion Eckpunkte des PentagonStarke MEGAMEGA mit Entwicklungspotential Pentagon-GebietSchwache MEGA

  • 1.3.3. Disparités sociales entre les villes du centreet de la périphérie; disparités intra-urbaines(Audit urbain) (18)

    a) Disparités entre les villes du pentagone et de lapériphérie

    En premier lieu, l’Audit urbain montre l’impact sur65 villes du pentagone et 124 villes extérieures au penta-gone des disparités territoriales et de la concentration dela population et des richesses au sein de l’Union euro-péenne (EUR 15).

    Les villes du pentagone sont à la tête de l’innovation, dela croissance et de la création d’emplois. Les perspectivesd’emploi et de revenus dans ces villes attirent de nomb-reux immigrants et les personnes ayant suivi un ensei-gnement supérieur. Toutefois, la concentration des ri-chesses et de l’activité économique dans ces villes aégalement un impact négatif: elles souffrent d’un niveaunettement plus élevé de criminalité et de pollution.

    Certaines grandes villes de la périphérie ont réussi à sur-monter la distance physique les séparant du cœur del’Europe en combinant des services de grande qualité, laproximité d’un grand aéroport et une main-d’œuvre trèsqualifiée. À titre d’exemple, à Edinburgh et Helsinki,respectivement 29 % et 28 % des résidents ont un diplô-me universitaire, tandis que la moyenne de l’Audit urbainest de 17 % seulement. De telles villes attirent égalementdavantage d’immigrants. Les villes moyennes de la péri-phérie souffrent des désavantages les plus marqués.

    S’agissant de la différence entre la ville et la zone urbainequi l’entoure, les villes n’appartenant pas aux régions del’Objectif 1 ont presque toujours un taux de chômageplus élevé que leur zone urbaine. Ce décalage ne s’ap-plique en revanche qu’à 62 % des villes des régions del’Objectif 1. Ces divergences montrent que les villes desrégions de l’Objectif 1 ont un rôle de moteur du dévelop-pement, et que dans les régions plus riches les chômeursse concentrent dans les quartiers urbains.

    Environnement

    Le smog d’été (les journées d’alerte à l’ozone) suit le sché-ma centre-périphérie. En moyenne, les villes du pentago-ne connaissent 13 jours annuels de smog d’été, contre6,5 jours pour les villes périphériques. De manière sur-prenante, la taille de la ville ne semble pas avoir d’impactsur le nombre de jours de smog d’été: en moyenne, les

    grandes villes ont le même nombre de jours de smog queles villes moyennes.

    Criminalité

    Malgré un taux de chômage inférieur, la criminalité seconcentre dans le pentagone. Toutefois, la taille de la villeimporte également. En effet, dans le pentagone commedans la périphérie, le taux de criminalité est plus élevédans les grandes villes que dans les villes moyennes. Lenombre d’infractions signalées pour 1 000 habitants at-teignait 118 dans les grandes villes du pentagone contre92 dans les grandes villes extérieures au pentagone. Cenombre s’élevait à 109 dans les villes moyennes du pen-tagone contre 69 dans les villes moyennes à l’extérieur dupentagone. En conséquence, le nombre d’infractions si-gnalées par habitant est presque deux fois plus élevé dansles grandes villes du pentagone que dans les villes moyen-nes de la périphérie (118 contre 69).

    Grandes villes contre villes moyennes

    Les personnes titulaires d’un diplôme universitaire préfè-rent vivre dans les grandes villes. Parmi les onze Étatsmembres signalant ce phénomène, seules les villesmoyennes allemandes accueillent une proportion élevéede résidents diplômés de l’enseignement supérieur. Dansles autres États membres, la part de ces résidents est sou-vent nettement plus élevée dans les grandes villes. À titred’exemple, au Portugal 9 % des habitants des villesmoyennes ont un diplôme universitaire contre 16 % dansles deux grandes villes. Cette préférence des diplômés del’enseignement supérieur pour les grandes villes freine laparticipation des villes moyennes à l’économie de laconnaissance.

    Les habitants qui n’ont pas dépassé l’enseignement se-condaire n’affichent pas de préférence pour les grandesvilles. Seules les grandes villes de deux des onze Étatsmembres (Grèce et Portugal) accueillent une proportionélevée de résidents ayant suivi un enseignement secon-daire seulement.

    L’offre d’emplois attire les étrangers dans les grandesvilles. Dans chaque État membre, la proportion d’é-trangers est plus élevée dans les grandes villes que dansles villes moyennes. Dans l’ensemble, les villes desÉtats membres du centre et du nord de l’Europe attirentdavantage d’étrangers. Il est surprenant de constaterque 80 % des étrangers viennent de pays tiers. Les ci-toyens de l’UE ont la liberté de s’installer dans tous lesautres États membres, mais peu d’entre eux utilisentcette possibilité.

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 23 ]

    (18) L’Audit urbain a été lancé par la Direction générale de la Politiquerégionale, et couvre 258 villes moyennes et grandes dans l’UE des27 (carte 6). Les villes ont été sélectionnées en collaboration avecEurostat, les offices statistiques nationaux et les villes. Les villes sé-lectionnées sont dispersées sur le plan géographique. La populationtotale de ces 258 villes s’élève à 107 millions d’habitants, soit plusde 20 % de la population de l’UE des 27. Ce vaste échantillon ga-rantit l’extrême fiabilité des informations de l’Audit à propos de l’é-tat actuel des villes européennes. Les résultats présentés ici neconcernent que l’UE des 15; les résultats concernant les pays can-didats seront disponibles prochainement.

  • Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

    [ 24 ]

    Carte 6

    © EuroGeographics Vereinigung der Vermessungsämter

  • b) Disparités intra-urbaines

    Les carences urbaines demeurent un problème majeurpour les villes européennes et affectent les villes de toutetaille sur le territoire européen. Le projet pilote d’Auditurbain (19) a révélé que les différences de taux de chôma-ge étaient beaucoup plus marquées au sein d’une mêmeville qu’entre différentes villes ou régions. L’Audit urbaina confirmé l’existence de fortes disparités entre les quar-tiers dans de nombreuses villes: 40 % des villes comptentdes quartiers où le taux de chômage atteint plus du dou-ble du taux de chômage moyen de la ville. À Marseille parexemple, le taux de chômage atteint 58 % dans le quar-tier le plus touché, contre une moyenne de 20 % dansl’ensemble de la ville.

    La majorité des grandes villes comprennent des quartiersoù le taux de chômage atteint au moins le double de lamoyenne de la ville, même dans les villes où le taux dechômage est bas. Dans les villes moyennes, la concentra-tion du chômage est plus fréquente dans les villes dont letaux de chômage dépasse 10 %.

    Les comparaisons effectuées au Royaume-Uni, en Alle-magne et en France (20) montrent que les disparités destaux de chômage entre les quartiers sont nettementplus élevées en France. En Allemagne, les villes desnouveaux Länder (ex-RDA) se distinguent par leur tauxde chômage nettement supérieur et les disparités plusaccentuées entre les quartiers. Le taux de chômage at-teint 5 % au Royaume-Uni, ce qui représente un tauxtrès inférieur à celui de l’Allemagne et de la France (21)(8 % et 12 % respectivement). Néanmoins, de nom-breuses villes britanniques (et notamment celles où lechômage dépasse la moyenne nationale) souffrent d’u-ne forte concentration du chômage dans certains quar-tiers.

    La différence entre les taux de chômage des quartiers lesplus prospères et des quartiers les plus défavorisés donne lapleine mesure des disparités urbaines. Dans 50 % des villesde l’Audit urbain, (22) le taux de chômage atteint dans les pi-res quartiers plus du triple du taux des quartiers les plus fa-vorisés; dans 20 % des villes, cet écart passe de un à cinq.La persistance du problème des carences urbaines dans lesvilles européennes apparaît donc clairement.

    Première partie I: Déséquilibres territoriaux, interactions et nouveaux défis dans le contexte de l’élargissement

    RAPPORT INTERIMAIRE SUR LA COHÉSION TERRITORIALE

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    (19) Le projet pilote d’Audit urbain 1997-2000 étudiait la possibilité deréunir des statistiques urbaines comparables pour 58 grandes villeseuropéennes. Ce projet a été couronné de succès.

    (20) Les chiffres concernant la France datent de 1999, année où le tauxde chômage atteignait 12 %. En 2001, le taux de chômage nationaln’atteignait plus que 9 %: les disparités entre les quartiers seraientdonc probablement plus réduites durant cette année, mais reste-raient toutefois vraisemblablement plus marquées qu’au Royaume-Uni et en Allemagne.

    (21) S’agissant de la France, le taux de chômage donné est celui de 1999,afin de permettre la comparaison avec les taux de chômage desquartiers.

    (22) 105 villes ont communiqué les taux de chômage de leurs quartiersen 2001 suffisamment tôt pour qu’ils puissent être inclus dans cet-te publication. Le taux de réponse de la publication finale de l’Au-dit urbain sera nettement plus élevé.

    Arbeitslosigkeit: Disparitäten zwischen Stadtvierteln2001

    Höchste in einem Viertel gemessene ArbeitslosenquoteDurchschnittliche Arbeitslosenquote

    Mittlere Städte Großstädte

  • Presque toutes les villes représentées dans l’Audit urbainaccueillent une proportion élevée de résidents étrangers,célibataires et titulaires d’un diplôme universitaire, ainsique les chômeurs et les pauvres.

    Toutefois, la concentration dans les villes d’individus ré-pondant à ces caractéristiques a des effets mitigés. Il estvrai que l’afflux de personnes étrangères, célibataires et ti-tulaires d’un diplôme universitaire a ralenti le déclin dé-mographique de nombreuses villes. En revanche, ce typede concentration tend à renforcer les modèles d’exclusionsociale dans des quartiers spécifiques en augmentant lapauvreté, (23) le taux de criminalité et le chômage danscertaines parties des villes.

    La présence d’une proportion accrue de diplômés de l’en-seignement supérieur (qui tendent à avoir des revenusplus élevés et à être plus mobiles) indique que les villesparviennent encore à attirer des résidents très sélectifs.

    Les personnes qui n’ont pas dépassé l’enseignement se-condaire sont généralement moins mobiles et réparties demanière équitable entre la ville et la zone urbaine envi-ronnante. Une catégorie continue néanmoins à quitter laville: les ménages avec des enfants de moins de 18 ans. Denombreux facteurs favorisent cette tendance, y compris laconcentration de la criminalité et de la pollution, et lecoût élevé du logement.

    Les ressortissants de pays tiers préfèrent généralement lesgrandes villes du centre et du nord de l’Europe. Les habi-tants non originaires de l’UE sont peu nombreux dans lesvilles des régions de l’Objectif 1. Les villes des régions del’Objectif 1 et de l’Objectif 2 comptent respectivement3,2 % et 5,2 % de ressortissants de pays tiers, tandis queles villes des autres régions en comptent 8,8 %. Les poli-tiques de l’immigration devront do