12
La sécurité des villes du point de vue des adolescentes Les résultats de l’Étude du Programme Urbain Parce que je suis une fille au Caire, Delhi, Hanoi, Kampala et Lima @ Plan

Rapport - La sécurité des villes du point de vue des adolescentes

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

1

La sécurité des villes du point de vue des adolescentes

Les résultats de l’Étude du Programme Urbain Parce que je suis une fille au

Caire, Delhi, Hanoi, Kampala et Lima

@ P

lan

2

Pour la première fois dans l’histoire, il y a plus de gens vivant dans les villes que dans les zones rurales. Chaque mois,cinq millions de personnes s’ajoutent aux villes des pays endéveloppement, et il est estimé que d’ici 2030, environ1,5 milliard de filles vivront dans les zones urbaines.1

Les filles dans les villes confrontent la dualité de l’augmentation des risques et l’augmentation d’opportunités. D’une part, elles sont confrontées à l’harcèlement sexuel, l’exploitation et l’insécurité lorsqu’elles naviguent le milieu urbain, tandis que d’autre part, elles ont plus de chances d’être éduquées, sont moins susceptibles d’être mariées à un jeune âge, et sont plus susceptibles de participer à la politique. En dépit de ces tendances importantes, très peu d’informations sont disponibles sur les filles et les jeunes femmes qui habitent ou parcourent les milieux urbains. En particulier, les chercheurs et les institutions de développement ont large-ment ignoré l’intersection entre le sexe, l’âge, la sécurité et l’urbanisation, et les filles ont tendance à être négligées dans la programmation soit destiné aux «jeunes» ou aux «femmes».

À propos du Programme Urbain BIAAG Le Programme Urbain, Parce que je suis une fille est unecollaboration entre Plan International, Femmes et VillesInternational et ONU-HABITAT qui a pour but de construire des villes sécuritaires, inclusives et responsables avec et pour les adolescentes dans toute leur diversité. Cette collabora-tion a été réalisé dans cinq capitales à travers le monde: Le Caire, en Egypte ; Delhi, Inde ; Hanoi, Vietnam; Kampala, en Ouganda, et Lima, au Pérou, et a été créé pour mettre en œuvre les recommandations du rapport Parce que je suis une fille: La situation des filles dans le monde : Nouvelles technologies et villes en mutation : risqueset opportunités (2010).2

Le Programme Urbain BIAAG est un programme novateur qui vise à combler les lacunes existantes entre la programma-tion urbaine ciblant les «jeunes» ou les «femmes», en met-tant l’accent sur les adolescentes qui font souvent partie des populations les plus vulnérables dans une ville, mais qui sont aussi souvent les plus exclues des processus urbains. Ce pro-gramme offre aux filles une espace pour discuter des enjeux auxquels elles sont confrontées et à proposer leurs propres idées innovatrices pour apporter des améliorations à leurs villes. Avec une augmentation du niveau de violence basée sur le genre et l’insécurité urbaine dans le monde, ce programme survient à un moment crucial.

« Je veux donner mon opinion pour faire des changements pour le futur. » Fille, Caire.

Sommaire exécutif

Le résultat transversal du Programme Urbain BIAAG est d’augmenter la participation active et significative des filles dans le développement urbain et au sein dela gouvernance.

D’autres résultats sont les suivants:

1 Augmenter la sécurité des filles et leur accès aux espaces publics 2 Augmenter la mobilité autonome des filles dans/autour de la ville 3 Améliorer l’accès des filles aux services municipaux de qualité

1 Plan International (2010). Parce que je suis une fille: La situation des filles dans le monde : Plan International. http://plan-international.org/girls/pdfs/BIAAG_2010_FR.pdf2 Ibid.

@ P

lan

3

Le Processus de Recherche duProgramme Urbain BIAAG

En 2012, une étude pour comprendre le niveau de sécurité et d’inclusion des filles dans les villes a été conduite dans les villes du Caire, Delhi, Hanoi, Kampala et Lima. La recherche est l’un des premiers de son genre. L’examen de la position unique des adolescentes en milieu urbain d’une manière ac-tive et participative à partir d’un large éventail d’intervenants est une approche innovante pour se plonger dans un nouveau domaine de recherche. Les outils sont uniques et inclu-sifs, et ont le potentiel de s’appliquer à d’autres phases du programme et aller au-delà d’une évaluation rapide vers une approche et des recherches plus approfondies.

Une évaluation rapide de la situation (RSA) a fournit le Pro-gramme Urbain BIAAG avec des informations sur les priorités locales, des sujets importants et des idées sur les façons de concevoir un programme global qui est conduit localement et qui maximise son potentiel de changement positif pour les filles en milieu urbain. Les questions de recherche posées étaient:

1 Comment est-ce que les adolescentes perçoivent leur ville en terme de sécurité et d’inclusion, et comment est-ce que cette vue est différente de celle des parties prenantes dans la communauté ?

2 Comment est-ce que les cinq villes se comparent, les unes aux autres, et quelles sont les tendances globales qui apparaissent ?

3 Quelles actions devraient être prise par le Programme Urbain BIAAG pour améliorer la situation des adolescentes dans chaque ville ?

Les objectifs premiers de l’étude étaient les suivants:

• Fournir un instantané de la situation présente des adolescentes dans chacune des cinq villes afin d’informer les futurs programmes ;

• Identifier des opportunités clé et des obstacles au Programme Urbain BIAAG dans chaque ville ;

• Explorer les perceptions de la sécurité des adolescentes de la part d’un éventail d’intervenants, y compris les adolescentes, et identifier les incohérences dans les perceptions à travers les différents acteurs;

• Renforcer les capacités des filles et des garçons adolescents à parler et à agir sur les questions de sécurité et d’inclusion, et

• Identifier les intervenants clés et construire des relations avec les multiples partenaires dans le support du Programme Urbain BIAAG.

Plus de 1400 filles (1000) et garçons (400) adolescents ont participé dans cette étude à travers les cinq villes. Ensuite, un total de 153 intervenants ont été interrogés dans le cadre des Entrevues avec des informateurs clés. Alors que le Programme Urbain BIAAG définit «l’adolescence» comme étant de 13 à 18 ans, cette définition ne reflète pas toujours les distinctions d’âge fait au niveau local, de sorte que la tranche d’âge réelle des participants à l’étude est de 11 à 23 ans.

Survol des outils

L’étude a été composée de cinq outils.

1. Parties prenantes, Programme, Analyse des politiques La première étape a consisté à effectuer des recherches doc-umentaires pour élaborer un profil du contexte local de la ville (y compris les données démographiques et statistiques sur la criminalité) dans lequel pourrait se comprendre la sécurité et l’intégration des filles. Mener des recherches documen-taires afin d’identifier les principales parties prenantes et les politiques et programmes existants dans chaque ville a fournit à l’équipe du Programme Urbain BIAAG une compréhension du contexte local de la sécurité et de l’intégration des filles au début du programme et a servi à définir les lacunes existantes que le Programme Urbain BIAAG pourrait aider à combler.

2. Entrevues avec des informateurs clés Les entrevues avec un large éventail de parties prenantes comme les membres de la communauté, des responsables gouvernementaux et des experts ont aidé le ProgrammeUrbain BIAAG a comprendre comment les membres de la communauté perçoivent la situation de la sécurité et de l’inclusion des adolescentes dans les cinq villes. Ces entrev-ues ont aussi été utilisés pour identifier les défis et opportuni-tés perçues par les filles dans leurs villes respectives.

@ P

lan

4

3. Cartographie socialeLa cartographie sociale est une manière créative et pratique de comprendre les expériences et visions des filles pour leurs villes. Il y a deux parties à cet outil: la première demande aux filles de dessiner une carte pour montrer les espaces qu’elles utilisent (les endroits où elles se promènent et les routes qu’elles prennent) et la façon dont elles se sentent le long de ces chemins, et la seconde est une carte de groupe où les filles travaillent en petits groupes et dessinent leur vision d’une ville idéale. Pour cet outil, des exercices parallèles ont également été réalisés avec la participation des garçons, et les perspectives des filles et des garçons ont été comparées les uns aux autres.

4. L’Étoile d’autonomisation des filles L’Étoile d’autonomisation des filles pour des villes sécuritaires et inclusives est un outil qui implique les filles dans une série de discussions de groupe autour de 7 points de sécurité et d’inclusion. Les filles sont d’abord invitées à partager leurs évaluations personnelles de comment elles se sentent par rapport à la sécurité et l’inclusion pour chaque point (par exemple, une fille peut noter qu’elle ne se sent «jamais» en sécurité lorsqu’elle utilise le transport en commun). Elles s’engagent ensuite dans une discussion de groupe sur lesdifférents points et partagent ce qui doit se faire pour queles évaluations s’améliorent pour leur ville.

5. La Marche de sécurité des filles La marche de sécurité des filles est une marche de groupe à travers un endroit particulier de la ville où les filles évaluent, avec l’aide de leur échelle d’évaluation, les éléments particu-liers de l’environnement sociale et construite qui peuvent contribuer ou nuire à leur perception de sécurité. Les filles donnent ensuite un compte rendu de leurs observations, identifiant les questions prioritaires qu’elles voudraient voir aborder et offrant des recommandations pour rendre leurs communautés plus sécuritaires et plus inclusives.

@ P

lan Vietnam

@ P

lan

Per

u

« Dans les espaces publics et dans la rue, la ville est très dangereuse. Il y a des gangs, des vols, des aggressions; on peut se faire kidnapper, on peut être suivi, harcelé sexuellement, [et] violée. Marcher dans la rue est dan-gereux, surtout dans les zones isolées, et c’est encore plus dangereux la nuit quand il y a peu de lumière. »Fille, Lima

À Lima, seulement 2,2% des filles ont déclaré se sentir toujours en sécurité lorsqu’elles marchent dans les espaces publics.

5

Ce que les filles ont à dire à proposde leur sécurité et leur inclusion

Bien que les résultats de l’étude ne sont pas représentatifs de l’opinion des filles dans les villes à travers le monde ou même au sein de ces cinq villes, les conclusions font appa-raitre quelques expériences partagées qui sont importantes d’analyser afin de répondre avec succès aux besoins de sécu-rité des adolescentes et à construire des villes sécuritaires et inclusives. Dans chaque ville, les filles partagent des expéri-ences semblables d’insécurité, de harcèlement sexuel et un sentiment d’exclusion. Elles partagent aussi des visions de villes futures qui sont bien éclairés, bien planifiée et bien entre-tenues et où elles reçoivent l’espace pour participer dans les activités de la communauté. C’est sans doute la cohérence de la vision exprimée par les adolescentes à l’intérieur et à travers les villes qui est la plus intrigante.

Principales conclusions des cinq villes

% de filles qui ont déclaré se sentir en sécurité lorsqu’elles marchaient dans les espaces publics 3

« L’absence de lumières dans les parcs et autres lieux publics est un gros problème. »Fille, Delhi

3 Note à propos des données: Le Caire n’a pas inclut de réponse ‘rarement’ comme option pour les filles, et les données pour Kampala ont été prises d’un moyen de chaque paroisse.

À Kampala, 80% des filles ne se sententpas en sécurité.

@ P

lan

La sécurité et l’accès des filles auxespaces publics Très peu de filles dans l’étude ont dit qu’elles se sentaient «tou-jours» en sécurité lorsqu’elles marchaient dans les espaces pub-lics. La question de l’éclairage a émergé dans chacune des villes comme ayant un impact important sur la façon dont les adoles-centes se sentaient par rapport à leur sécurité dans les différents espaces de la ville. Les filles connaissaient les rues et chemins qui étaient bien éclairés et ceux qui ne l’étaient pas, et ces con-naissances influençaient ensuite les chemins qu’elles essayaient d’éviter la nuit. À Kampala et à Lima, les filles partageaient que lorsque leur vision est obstruée, elles estimaient que les espaces de la ville devenaient plus dangereux pour elles. Les filles ont aussi fait remarquer que l’usage social des espaces de la ville évoluait au cours de la journée. À Delhi, les filles dans les zones résidentielles évitaient les après-midi et tard le soir car les espaces se vidaient de monde et les filles se sentaient moins à l’aise.

Inversement, à Kampala, les filles ont mentionné que les chemins et les ruelles de leur communauté sont particulièrement bondés durant la soirée, et les filles se sentent en danger. Les filles de Lima et Hanoi ont estimé que l’abus de drogue et d’alcool sont des éléments communs dans le paysage social. Les filles de Ha-noi ont expliqué qu’elles craignaient d’être volés ou violées dans les parcs. Les filles de Lima ont réfléchi sur comment la présence de gangs et de violence domestique a affecté comment elles se sentaient dans les espaces publics urbains. La conclusion fut que ce n’était pas seulement ceux et celles qui usaient d’un espace actuel qui causait l’insécurité, mais c’était aussi la réputation de l’espace et les utilisateurs de l’espace qui affectaient le sentiment de sécurité des filles.

Toujours

Souvent

Des fois

Rarement

Jamais

6

% de filles qui ont déclaré se sentir en sécurité lorsqu’elles utilisent les transports en commun

La mobilité autonome des fillesdans la ville

Les obstacles à la mobilité autonome des filles à travers les villes sont notamment l’absence d’un système de transport en commun propice à voyager en toute sécu-rité. En fait, le transport public dans toutes les villes était une préoccupation importante pour les filles, et elles ont déclaré se sentir mal à l’aise, en danger et manqué de respect lorsqu’elles utilisaient des transports. Elles ont souligné un comportement abusif de la part des autres passagers et des conducteurs, et l’inaction générale de la part d’autres personnes qui ont été témoins de tels actes. À Hanoi, les adolescentes ne pouvaient que rarement marcher d’un endroit à l’autre, et se plaignent de la surpop-ulation, de l’harcèlement sexuel et le vol comme étant des questions de sécurité importantes qui les concernaient sur les transports en commun. À Kampala, Lima, et Delhi, les filles ont également souligné que le manque de signalisa-tion dans la ville limitait leur capacité de savoir où elles étaient et où elles allaient, limitant ainsi leur mobilité. Au Caire, il a été souligné que les familles de certaines filles ne leur permettaient pas de se déplacer dans les espaces publics par elles-mêmes, et elles devaient toujours êtreaccompagnées.

« Le vol et l’harcèlement sexuel se produisent sur les buses. J’ai été touchée sexuellement intentionnellement – et on ne peut même pas faire confiance aux vendeurs de billets. » Fille, Hanoi

« Nous ne noussentons pas ensécurité allant à l’école car nous devons quitter tôt et nous ne sommes pas en compagnie d’autres filles. À cette heure, lesrues sont vides. Fille, Delhi

@P

lan

Seulement 3.3% de filles disaient se sentir toujours en sécurité lorsqu’elles utilisaient les transports publics au Delhi.

@ P

lan

Toujours

Souvent

Des fois

Rarement

Jamais

7

L’accès des filles aux servicesmunicipaux de qualité

Il est important pour le sentiment de sécurité d’une fille qu’elle puisse accéder à une ville bien planifiée et bien entretenue, ainsi que des services de base et d’urgence. Le manque de services de base tels que les systèmes de drainage et de col-lecte d’ordures peut limiter les sentiers pédestres et accroitre le sentiment d’insécurité chez les filles. Les filles au Kampala, Caire, Delhi et Lima ont tous dit à quel point les tas d’ordures peuvent bloquer leurs chemins ou causer le débordement des drains, limitant l’espace qu’elles ont à parcourir. À Delhi, les filles ont sou-ligné que souvent elles n’ont pas de toilettes individuelles et que

les toilettes publiques étaient rares et mal entretenus, les forçant à utiliser les espaces ouverts, les mettant à risque d’harcèlement sexuel et d’agression. En matière de services d’urgence, les filles dans la plupart des villes ont commenté sur l’absence de gardes de police ou de sécurité dans leurs communautés. Dans les cinq villes, les filles se sont demandées si se sera même utile de parler avec la police à propos de leurs problèmes, car ces derniers étaient souvent insensibles, peu fiables, ou situés trop loin pour répondre dans un temps opportun. Au Caire, il est important de noter que la révolution récente et les troubles qui l’ont accom-pagnés ont augmenté le niveau de «banditisme» et de violents combats, qui sont aussi exacerbés par le manque de présence de sécurité et de police.

% de filles qui ont déclaré avoir accès aux services d’urgence, y compris la police

% de filles qui ont déclaré avoir accès aux services de base y compris l’eau potable et l’assainissement

À Hanoi, les filles estiment qu’elles ont « rarement » (36%) ou « très rarement » (23%) accès aux services d’urgence – notammentla police.

« Les rues sont longues et noires, si nous appelons à l’aide, personne ne viendra. » Fille, Hanoi

Au Caire, 44% des filles estiment qu’elles n’ont jamais eu accès aux ser-vices d’urgence ou de base.

Toujours

Souvent

Des fois

Rarement

Jamais

Toujours

Souvent

Des fois

Rarement

Jamais

8

Participation active et significative de la part des filles dans ledéveloppement urbain et ausein de la gouvernance

Les filles sont souvent exclues de la possibilitéde participer de façon significative aux prises dedécisions qui les concernent. Au Caire, les filles ont très fortement souligné l’importance de «l’inclusion et la prise de décision», en particulier pendant l’Étoile d’autonomisation des filles, et ont souvent parlé du sentiment d’être sous-estimées, et d’avoir leursopinions souvent négligés ou ignorés. Cette questiona été soulevée au Caire autant de fois que lesquestions de sécurité et les cas de l’harcèlementsexuel. À Delhi, «les filles ont partagé que l’inclusion dans l’école, la communauté et les systèmes de gouvernance était une réalité lointaine car elles ne se sentaient même pas inclues dans leurs propres familles. La majorité d’entre elles estimaient que leurs frères ont été priorisés au-dessus d’elles. » Les filles ont postulé que parce qu’elles sont jeunes, filles etpauvres, leurs opinions ne sont pas valorisés de la même manière que les autres opinions dans lacommunauté. Dans plusieurs villes, les filles ontsouligné que leur participation à cette étude fut la première fois qu’elles étaient interrogées sur leurs expériences et que leurs idées pour leurs villes soient prises en compte.

% de filles qui ont déclaré se sentir incluses dans les prises de décisions autour des questions de sécurité qui les concernent 5

4 Plan Inde (2013), Rapport sur les résultats de l’Étude du Programme Urbain Parce que je suis une fille, au Delhi (non publié). 5 L’équipe au Kampala ont fait la collecte de données sur les sujets de ‘prise de décision’ et ‘inclusion’, tandis que les autres villes ont combinés ces deux indicateurs.

Au Caire, 32% des filles disaient qu’elles ne pouvaient jamais parler avec quelqu’un à propos de leurs problèmes de sécurité.

A Lima, une jeune fille a dit que le mépris fréquent pour ses opinions l’a faisait sentir « hon-teuse, triste, et abaisse mon estime de soi. »

@P

lan

Toujours

Souvent

Des fois

Rarement

Jamais

9

En général, les villes ont noté que les données n’étaient pas généralement ventilées par sexe ni par âge, ce qui rendait difficile la recherche d’information qui donnerait un aperçu de la vie des filles adolescentes. Cela confirme des recherches antérieures complétées par Plan, FVI et ONU-HABITAT qui

ont identifié ces mêmes lacunes.6 Les équipes ont reliées ces lacunes à celles des politiques et programmes et n’ont pas réussi à offrir une attention particulière aux besoins des filles. Par exemple, le Plan de Développement Physique du Kampala (2012-2040) ne comprend pas de considérations des prob-lèmes de sécurité, ni ne considère les adolescentes comme des acteurs importantes. Enfin, le fait qu’il y a un manque de données précises sur les adolescentes dans chacune des villes, combiné avec le fait que l’examen particulier de leurs besoins n’est généralement pas pris en compte dans les politiques et la programmation nous amène à conclure que les filles ne représente tout simplement pas une population prioritaire aux yeux des municipalités du gouvernement et des autres décideurs clés. Les adolescentes, étant trop jeunes pour voter et avec peu de fortune indépendante, ont très peu

d’influence sur les processus décisionnels.

Contexte externe: dynamique croissante?

Au niveau mondial, il a été noté qu’il existe d’importantes con-ventions, notamment la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CDE) et la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), et d’autres initiatives telles que la Cam-pagne UNiTE du Secrétaire-général, la Campagne ‘One Billion Rising’, le travail de l’UNESCO et de l’ONU-HABITAT autour des droits à la ville, et le Plan d’action de 8 points de Plan sur le droit des filles à la ville, qui renforcent l’importance de travailler pour construire des villes sécuritaires et inclusives avec et pour les adolescentes. Dans le cadre de l’outil de cartographie des par-ties prenantes, des programmes et des politiques, les villes ont identifié les politiques, programmes et plans nationaux avec des objectifs qui sont alignés sur les efforts du Programme Urbain BIAAG, comme, par exemple, le Plan National du Pérou qui fait face à la violence contre les femmes (2009-2015) et qui vise à éradiquer la violence contre les femmes et les filles, y compris le harcèlement sexuel. Des documents similaires en forme de lois, de plans et de programmes d’action ont été identifiés auniveau local.

Il est important de noter que le Programme Urbain BIAAG survient à un moment où il y a une attention sans précédent et une mobilisation autour des questions de violence basée sur le genre. Cela est particulièrement vrai pour deux des villes du Programme Urbain BIAAG - Le Caire et Delhi. Au Caire, à la fois pendant et après la révolution, l’attention internationale s’est tournée vers le phénomène de l’harcèlement sexuel. Même si une étude de 2008 a révélé que 83% des femmes égyptiennes et 98% des femmes étrangères étaient victimes de harcèlement

sexuel en Egypte,7 ce n’est que depuis la révolution de 2011 que ces problèmes ont été largement reconnus. Un certain nombre d’initiatives locales ont vu le jour depuis ce moment afin de documenter la question (par exemple : HarassMap), des groupes d’autodéfense qui tentent de réagir ou d’empêcher l’harcèlement lorsque celui-ci survient, ou qui travaillent sur des formes plus subtiles de sensibilisation, comme des campagnes de graffitis. À Delhi, à la suite d’une agression sexuelle brutale sur une jeune femme dans un bus en Décembre 2012, le peuple est descendu dans les rues de Delhi, en Inde, et dans les villes autour du monde pour exiger la fin de la violence contre les femmes et les filles. Cela a mis beaucoup de pression sur le gouvernement pour montrer qu’ils allaient prendre ces sujets au sérieux.

Thèmes importants à travers les villes

6 Plan, WICI, UN-HABITAT (2012). Les filles adolescentes créant des villes plus sécuritaires : Exploiter le potentiel de la communication pour le développement (C4D). Disponible en anglais seulement : http://plan-international.org/girls/pdfs/adolescent-girls-safer-cities.pdf7 Le Centre Egyptien pour les droits des femmes. Des nuages dans le ciel de l’Egypte. Le Caire: Le Centre Egyptien pour les droits des femmes, 2008. Web. (p.17)

«Personne ne se soucie de nous. » Fille, Caire

@P

lan

10

À quoi ressemble une ville idéale ?

Les filles et les garçons ont dessiné des cartes illustrant leurs visions d’une ville idéale, et ces villes se ressemblaient beau-coup. Plus spécifiquement, les éléments qui revenaient dans chaque image étaient les suivants :

• Accès aux services d’urgence : hôpitaux, centres de soins et des cliniques, la provision des soins de santé reproductive, la sécurité, plusieurs stations de polices, plus de femmes policières;

• Accès aux services de base : toilettes publiques, de l’eau propre par le biais de l’installation de robinets dans les espaces publics et à travers les communautés, des réservoirs d’eau ;

• Espaces de jeu et de loisirs: aires de jeux, y compris des jardins de fleurs, des petits parcs propres avec des arbres, de l’herbe, des bancs, des espaces culturels, des bibliothèques, des cinémas, des gymnases, des librairies, des boulangeries, des piscines;

• Infrastructure routière: feux de circulation dans les zones résidentielles, des trottoirs pour les piétons (libre de vendeurs et de flâneurs), de larges routes, des feux de signalisation, des passages supérieurs, et des passages pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles;

• Marchés et centres commerciaux: avec des prix raisonnables pour les personnes pauvres, des grands centres commerciaux;

• Écoles: un système d’école pour tous les niveaux d’élèves dans leurs communautés ;

• Les voies de transit: les stations de bus dans leurs communautés;

• Propreté: poubelles à chaque coin de rue;

• Logement: organisée (à la différence des bidonvilles où beaucoup d’entre eux vivent), avec des routes prévues, un bon éclairage, et

• Institutions religieuses: des temples, mosquées et églises.

Fait intéressant, les cartes des garçons ont montré qu’ilsmettaient davantage l’accent sur des endroits pour des loisirs et des jeux. Par exemple, toutes les cartes des garçons à Kampala, Hanoi et Lima comprenaient des éléments tels que des clubs, des centres commerciaux, des zones de loisirs, des terrains de football et des arcades, des espaces qui étaient largement absentes des cartes des filles. Les cartes des filles, en revanche, ont beaucoup porté sur l’infrastructure, en veillant, par exemple, que les hôpitaux, les écoles, les marchés, lesterrains de jeux et les bus étaient facilement accessible.

@P

lan@

Plan

Les filles ont soulignés que leur participa-tion dans cette étude fut la première fois qu’elles ont été consultés pour leurs idées et expériences à propos de leurs villes.

11

Chaque ville a réussi à répondre à toutes les questions de recherche et les objectifs fixés pour cette étude. Plus précisé-ment, chaque ville a réussi à capturé un instantané de la situ-ation actuelle de la sécurité et de l’inclusion des adolescentes dans les cinq villes. Grâce à l’étude, les équipes ont également pu identifier des intervenants clés du gouvernement et des communautés avec qui s’engager, et avec qui identifier les di-verses opportunités et défis à relever, promouvoir un dialogue important et combler l’écart entre les filles et les autorités locales, et renforcer les capacités des adolescents et des ado-lescentes pour parler et agir sur les questions de sécurité et d’inclusion. Plus précisément, certaines des recommandations sont les suivantes:

• Accroitre la mobilité autonome des filles dans la ville

• Fournir un système de transport sécuritaire et efficace.

• Formaliser les systèmes de transports en commun, y compris avoir des bus qui ramassent et déposent les passagers aux arrêts autorisés.

• Offrir une formation sensible au genre pour tout ceux et celles travaillant dans les services de transports en commun.

• Améliorer l’accès des filles aux services municipaux, y compris les services d’urgence et de base.

• Construire des toilettes propres, gratuites, sécuritaires et accessibles et assurer que ces toilettes sont bien éclairées.

• Assurer que les parcs sont propres, sécuritaires et plus accessibles aux filles adolescentes, et assurer que les parcs sont bien éclairés.

• Améliorer la qualité et accroitre la quantité des mesures de sécurité et du travail policier dans les espaces urbains.

• Accroitre la participation active et significative des filles dans le développement urbain et dans la gouvernance.

• Fournir des opportunités d’inclure les filles dans des processus de prise de décisions au niveau municipal et national du gouvernement.

• Fournir des plateformes et opportunités pour les filles adolescentes de parler de leurs expériences et de partager leurs préoccupations.

• Appuyer le développement des clubs de filles dans les communautés.

Réflexions finalesL’utilisation d’une méthodologie de recherche innovante et participative pour obtenir des informations sur la sécurité et l’inclusion des adolescentes dans cinq villes - Le Caire, Delhi, Hanoi, Kampala et Lima - a fourni un aperçu important de la situation actuelle des jeunes filles dans les milieux urbains. Ces outils ont fournis aux filles un espace pour s’exprimer sur les problèmes auxquels elles sont confrontées et à proposer leurs propres idées créatives pour apporter des améliorations à leurs villes et communautés. Pour beaucoup d’entre elles, ce fut la première et la seule fois où elles avaient été invitées à partager leurs expériences et leurs idées.

Les résultats de la recherche montrent clairement qu’il y a une nécessité pour mettre en oeuvre le Programme Urbain BIAAG dans les villes à travers le monde d’aujourd’hui. Les adolescentes sont trop souvent ignorées ou sous-représen-tées dans les politiques et programmes actuels et sont les plus exclues du développement urbain et des processus de gouvernance. Leurs voix, mises à l’écart et réduites au silence, doivent être mises en avant et écoutées afin de con-struire des villes qui tiennent compte des filles, qui répondent à leurs besoins et priorités et où elles se sentent en sécurité de se déplacer librement.

Le Programme Urbain BIAAG s’emploie à inciter ce change-ment important dans cinq villes différentes. Cette initiative novatrice est un programme mis en œuvre localement et qui uni globalement plusieurs partenaires pour atteindre un objectif commun – mettre les adolescentes au centre de la transformation des villes à devenir des lieux d’inclusion, de tolérance, et de possibilité pour tout le monde. En réunissant des fonctionnaires de la ville et des adolescentes ensemble il y a une réelle opportunité pour créer un changement économique et social au sein de ces sociétés qui profiteraient à tous les citoyens.

Le rapport complet : La sécurité des villes du point de vue des adolescentes : Les résultats du Programme Urbain Parce que je suis une fille, sera finalisé en Avril 2013 et sera disponible à travers les sites web des partenaires.(www.plan-international.org/girls/reports-and-publications)

Pour regarder « Des villes plus sécuritaires: Le point devue d’une fille vivant dans la ville, » veuillez visiter http://youtube.com/user/planinternationaltv

Veuillez contacter Alana Livesey pour plus de détails. [email protected]

Porter le regard vers l’avenir

12

Siège de Plan InternationalDukes CourtDuke StreetWokingSurrey GU21 5BHReino UnidoTel: +44 (0) 1483 755155Fax: +44 (0) 1483 [email protected]/girls

Femmes et Villes International309-6465 Avenue DurocherMontréal, QC, Canada, H2V 3Z1Tel: (+1) [email protected]

ONU-HABITATTwo United Nations PlazaRoom DC2-0943New York, N.Y. 10017Tel: +1 (212) 963-4200Fax: +1 (212) [email protected]

2013