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Rapport périodique Original : français CONVENTION POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL COMITÉ INTERGOUVERNEMENTAL DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL Huitième session Bakou, Azerbaïdjan 2 – 7 décembre 2013 RAPPORT PÉRIODIQUE N° 00825/ CÔTE D’IVOIRE Rapport sur la mise en œuvre de la Convention et sur l’état des éléments qui ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité A. PAGE DE COUVERTURE A.1. État auteur du présent rapport Dans le cas d’un rapport au sujet d’un élément inscrit sur la Liste représentative soumis par un État non partie à la Convention, le nom de l’État doit être indiqué, accompagné de la mention « État non partie à la Convention ». Côte d’Ivoire A.2. Date du dépôt de l’instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion Elle peut être consultée en ligne à l’adresse suivante : www.unesco.org/culture/ich. 13/07/2006 Rapport périodique 2013 – n° 00825/Côte d’Ivoire – page 1

RAPPORT SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONVENTION ET

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Rapport périodique

Original : français

CONVENTION POUR LA SAUVEGARDEDU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

COMITÉ INTERGOUVERNEMENTAL DE SAUVEGARDEDU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

Huitième sessionBakou, Azerbaïdjan2 – 7 décembre 2013

RAPPORT PÉRIODIQUE N° 00825/ CÔTE D’IVOIRE

Rapport sur la mise en œuvre de la Convention et sur l’état des éléments qui ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

A. PAGE DE COUVERTURE

A.1. État auteur du présent rapportDans le cas d’un rapport au sujet d’un élément inscrit sur la Liste représentative soumis par un État non partie à la Convention, le nom de l’État doit être indiqué, accompagné de la mention « État non partie à la Convention ».

Côte d’Ivoire

A.2. Date du dépôt de l’instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésionElle peut être consultée en ligne à l’adresse suivante : www.unesco.org/culture/ich.

13/07/2006

A.3. Éléments inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente, le cas échéantVeuillez établir une liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui sont inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente et indiquer en quelle année ils y ont été inscrits ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États sont concernés.

Néant

Rapport périodique 2013 – n° 00825/Côte d’Ivoire – page 1

A.4. Éléments inscrits sur la Liste représentative, le cas échéantVeuillez établir la liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui sont inscrits sur la Liste représentative et indiquer en quelle année ils y ont été inscrits ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États sont concernés.

- Le Gbofé d'Afounkaha, la musique des trompes traversières de la communauté Tagbana (2008);

- Les Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés sénoufo du Mali, du Burkina Faso et de Côte d'Ivoire (2012); élément également concerné par le Mali et le Burkina Faso.

A.5. Programmes, projets ou activités considérés comme les plus conformes aux principes et objectifs de la Convention, le cas échéantVeuillez établir la liste de tous les programmes, projets ou activités de votre pays que le Comité a décidé de promouvoir en vertu de l’article 18, en indiquant en quelle année ils ont été sélectionnés ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États sont concernés.

Néant

A.6. Synthèse du rapportVeuillez fournir une synthèse du rapport, qui permette au grand public de comprendre l’état d’avancement général des mesures prises au niveau national pour mettre en œuvre la Convention.

500 mots au maximum.

En vue de sauvegarder et promouvoir le patrimoine culturel immatériel, l'Etat de Côte d'Ivoire dispose d'un cadre législatif et institutionnel. Au plan législatif, il y a la loi n° 87-806 du 28 juillet 1987 portant protection du patrimoine culturel. Au plan institutionnel, l'Etat de Côte d'Ivoire s'est doté de deux structures techniques qui sont la Direction du Patrimoine Culturel (DPC), créée par le décret n° 78-128 du 16 février 1978 et l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel (OIPC) créé par le décret n° 2012-552 du 13 juin 2012.

Au plan international, la Côte d'Ivoire a ratifié cinq (5) conventions:

-Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, avec règlement d'exécution (ratifiée le 24/01/1980);

- Convention de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (ratifiée le 09/01/1981);

- Convention de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (ratifiée le 30/10/1990);

- Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (ratifiéé le 13/07/2006);

- Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (ratifiée le 16/04/2007).

Ce sont les principales conventions de l'UNESCO ratifiées par l'Etat de Côte d'Ivoire.

Au plan national, des inventaires du patrimoine culturel immatériel sont réalisés par les services techniques du Ministère en charge de la Culture, en collaboration avec les communautés, les groupes et les individus. La Direction du Patrimoine Culturel (DPC) est en train d'établir une liste indicative de formes d'expression culturelle susceptibles d'être proposées pour inscription sur les deux Listes du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. En outre, l'Office Ivoirien du

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Patrimoine Culturel (OIPC) a élaboré et soumis à la Section du Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO la candidature du Gbofé d'Afounkaha en vue de son inscription sur la Liste du Patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

Suite à l'inscription du balafon sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'UNESCO en décembre 2012 à Paris, l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel (OIPC) a élaboré un plan d'action triennal ( 2013-2014-2015) de sauvegarde et de promotion de cet élément. Les activités contenues dans ce plan concerne la sensibilisation, la formation, la recherche, la documentation, la sauvegarde et la promotion. Un festival dénommé "Djéguélé Festival", contenu dans ce plan d'action, sera organisé du 13 au 17 décembre 2013 à Boundiali, chef- lieu de la Région de la Bagoué et mettra en compétition l’ensemble des localités sénoufo ayant en partage la pratique du Balafon Djéguélé.

Le projet d’Arrêté du Ministre en charge de la Culture portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale chargée de la sélection et la promotion des "Trésors humains vivants", en instance de finalisation, constitue une autre mesure de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel; ce projet vise à créer une base de données nationales à partir de laquelle seront publiés des répertoires et catalogues des "Trésors humains vivants" afin de promouvoir les détenteurs et praticiens du patrimoine culturel immatériel.

En vue de promouvoir le patrimoine culturel immatériel, le Ministère en charge de la Culture a initié plusieurs activités allant des cérémonies commémoratives (Journée internationale de la Langue maternelle organisée depuis 2011) aux festivals régionaux.

Dans le cadre de la participation aux instances de la Convention, la Côte d'Ivoire a participé également à plusieurs assemblées et sessions du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel entre 2008 et 2012.

Au niveau local, une franche collaboration existe entre les structures techniques en charge du patrimoine culturel ivoirien et les communautés locales, groupes, individus et organisations non gouvernementales à vocation culturelle, qui définissent et proposent les biens à inscrire sur la liste d'inventaire du patrimoine culturel national.

En ce qui concerne la participation des communautés, groupes et individus à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l'Etat de Côte d'Ivoire, à travers le Ministère en charge de la Culture apporte un soutien financier aux associations/groupements et organisations non gouvernementales à vocation culturelle légalement constituées. A cet effet, un Fonds de Soutien à la Culture et la Création Artistique (FSCCA) a été créé en 2006. Grâce à ce fonds le Ministère en charge de la Culture a apporté en juin 2011 un soutien financier, à hauteur de 9146 Euros à l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes Traversières de Côte d'Ivoire (ASMT-CI) en vue de la réalisation d'un film documentaire sur le Gbofé d'Afounkaha.

Malgré les multiples efforts fournis, les éléments du patrimoine culturel immatériel sont menacés de disparition par plusieurs facteurs notamment le vieillissement des détenteurs et praticiens, les pathologies liées à des pratiques musicales comme le jeu des trompes, le déboisement massif de certaines essences végétales servant à la confection et à la fabrication de certains éléments matériels liées aux expressions culturelles (costumes de masques, tambours, trompes etc.), l'exposition aux intempéries de toutes natures des cases sacrées, des tambours et autres accessoires organiques dans les bois sacrés. D’où le redoublement d'efforts à tous les niveaux.

Le Ministère en charge de la Culture est confronté à une insuffisance de moyens financiers pour la recherche, la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel.

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B. MESURES PRISES EN APPLICATION DE LA CONVENTION

Dans toute la partie B, ci-dessous, on entend par « mesures » les mesures juridiques, techniques, administratives et financières appropriées prises par l’État ou par la société civile – communautés, groupes, voire, lorsque c’est approprié, individus – sous l’impulsion de l’État. L’État doit décrire, chaque fois que c’est pertinent, les efforts qu’il déploie pour assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus qui créent, entretiennent et transmettent des éléments de patrimoine culturel immatériel et pour les impliquer de près dans leur gestion (article 15 de la Convention).

B.1. Capacités institutionnelles de sauvegarde du patrimoine culturel immatérielRapport sur les mesures visant à renforcer les capacités institutionnelles de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, comme indiqué à l’article 13 de la Convention et au paragraphe 99 des Directives opérationnelles.

B.1a Organismes compétents pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatérielChaque État doit « désigner ou établir un ou plusieurs organismes compétents pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire » (article 13). Veuillez indiquer à quelle(s) entité(s) cette responsabilité a été confiée et en communiquer les coordonnées complètes.

La loi n° 87-806 du 28 juillet 1987 portant protection du patrimoine culturel est le seul texte législatif concernant la protection du patrimoine culturel national. Cette loi définit les catégories de biens à protéger ( biens mobiliers, immobiliers et les arts et traditions populaires). L'article 4 de cette loi stipule qu'il est établi un inventaire général du patrimoine culturel mis à jour annuellement et qui porte :

- Inventaire des sites et monuments ;- Inventaire du mobilier ;- Inventaire des arts et traditions populaires.

Suite aux travaux des professionnels du patrimoine, une révision de cette loi est en cours au Service de la Réglementation et du Contentieux (SRC) du Ministère en charge de la Culture en vue de prendre en compte les nouveaux concepts comme " patrimoine culturel immatériel", "patrimoine subaquatique" etc.

Cette loi n'est pas consultable en ligne.

LES ORGANISMES COMPETENTS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL

- Direction du Patrimoine Culturel (DPC)

Créée par le decret n° 78-128 du 16 février 1978, la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) est une direction centrale du Ministère en charge de la Culture. Elle est chargée de façon spécifique de:

-identifier et inventorier les éléments du patrimoine culturel national ;- protéger, sauvegarder et promouvoir le patrimoine culturel national ;- veiller à la diffusion des informations sur le patrimoine culturel national.BPV 39 AbidjanTél: (225) 20 21 53 21Fax: (225) 20 21 12 01/ 20 22 23 59- Office Ivoirien du Patrimoine Culturel (OIPC)

Créé par le décret n° 2012-552 du 13 juin 2012, l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel (OIPC) est un Etablissement Public à caractère administratif. C'est une direction générale du Ministère en charge de la Culture. Elle est chargé de façon spécifique de:

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- proposer les biens à inscrire sur la Liste du Patrimoine mondial et les différentes listes du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO;

- coordonner les projets d’inscription sur ces Listes ;

- coordonner la conservation, la sauvegarde, la valorisation et la promotion des biens inscrits sur la liste du patrimoine national, du Patrimoine mondial et les différentes listes du Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO;

- prendre les mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et financières adéquates pour protéger les biens inscrits sur la liste du patrimoine national, du Patrimoine mondial et les différentes listes du Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

27 BP 643 Abidjan 27

Tél: ( 225) 23 00 03 60

B.1b Institutions de formation à la gestion du patrimoine culturel immatérielIndiquez quelles institutions de ce type ont été créées, sont nées à l’initiative de l’État ou ont été renforcées par lui et communiquez leurs coordonnées complètes.

- Direction du Patrimoine Culturel (DPC) Responsable de l'institution: Mademoiselle N'guessan Okpoby Blanche Marie Chantal (Directeur du Patrimoine Culturel)BPV 39 AbidjanTél: (225) 20 21 53 21/07 84 19 80/ 02 94 57 61Fax: (225) 20 21 12 01/ 20 22 23 59Email: [email protected]

- Office Ivoirien du Patrimoine Culturel (OIPC)Responsable de l'institution: Monsieur AKA Konin (Directeur Général)27 BP 643 Abidjan 27 Tél: (225) 23 00 03 60/ 05 42 20 07/ 01 29 72 99Email: [email protected]

- Ecole de Formation à l'Action Culturelle (EFAC) de l'Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle (INSAAC).

C'est une école supérieure qui assure la formation des professionnels de l'action culturelle dans le domaine de l'animation culturelle, la muséologie (techniciens, assistants-conservateurs et conservateurs de musée), l'archivistique, la bibliothéconomie et la documentation.

Responsable de l'institution:Madame Koffi Dick Mireille (Directrice)08 BP 49 Abidjan 08Téléphone : (225) 22 44 26 73 /22 44 20 31/22 44 03 05

B.1c Institutions de documentation sur le patrimoine culturel immatérielIndiquez quelles institutions de ce type ont été établies par l’État et communiquez leurs coordonnées complètes ; décrivez toute mesure prise par l’État pour faciliter l’accès à ces institutions.

- Direction du Patrimoine CulturelBPV 39 AbidjanTél: (225) 20 21 53 21/ 07 84 19 80/ 02 94 57 61Fax: (225) 20 21 12 01/ 20 22 23 59- Office Ivoirien du Patrimoine Culturel27 BP 643 Abidjan 27Tél: (225) 23 00 03 60/ 05 42 20 07/ 01 29 72 99

- Les Directions régionales de la Culture et de la Francophonie (initialement 13, elles sont passées à 31)

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- Direction régionale du Bélier ( capitale régionale: Yamoussoukro)

- Direction régionale de l'Iffou ( capitale régionale: Daoukro)

- Direction régionale du N'zi ( capitale régionale: Dimbokro)

- Direction régionale de l'Indenié-Djuablin ( capitale régionale: Abengourou)

- Direction régionale du Sud-Comoé (capitale régionale: Aboisso)

- Direction régionale du Folon (capitale régionale: Minignan)

- Direction régionale du Kabadougou (capitale régionale: Odienné)

- Direction régionale du Gôh (capitale régionale: Gagnoa)

- Direction régionale du Lôh-Djiboua ( capitale régionale: Divo)

- Direction régionale de l'Agnéby-Tiassa ( capitale régionale: Agboville)

- Direction régionale de la Mé ( capitale régionale: Adzopé)

- Direction régionale des Grands Ponts (capitale régionale: Dabou)

- Direction régionale du Tonkpi (capitale régionale: Man)

- Direction régionale du Cavally (capitale régionale: Guiglo)

- Direction régionale du Guémon (capitale régionale: Duékoué)

- Direction régionale du Haut-Sassandra (capitale régionale: Daloa)

- Direction régionale de la Marahoué (capitale régionale: Bouaflé)

- Direction régionale du Poro (capitale régionale: Korhogo)

- Direction régionale du Tchologo (capitale régionale: Ferkéssedougou)

- Direction régionale de la Bagoué ( capitale régionale: Boundiali)

- Direction régionale de la Nawa ( capitale régionale: Soubré)

- Direction régionale de San-Pédro (capitale régionale: San-Pédro)

- Direction régionale du Gbôkle (capitale régionale: Sassandra)

- Direction régionale du Hambol (capitale régionale: Katiola)

- Direction régionale Gbêkê ( capitale régionale: Bouaké)

- Direction régionale du Béré ( capitale régionale: Mankono)

- Direction régionale du Bafing (capitale régionale: Touba)

- Direction régionale du Worodougou (capitale régionale: Séguéla)

- Direction régionale du Boukani (capitale régionale: Bouna)

- Direction régionale du Gontougo (capitale régionale: Bondoukou)

- Direction régionale de du Moronou (capitale régionale: Bongouanou)

Toutes ces directions régionales peuvent être contactées à l'adresse du Ministère de la Culture et de la Francophonie: BPV 39 Abidjan

- Bibliothèque Nationale de Côte d'Ivoire (BNCI) (225) 20 21 35 34/20 21 38 72Fax: (225) 20 21 02 76BPV 180 Abidjan- Musée des Civilisations de Côte d'Ivoire (MCCI)(225) 20 22 20 56Fax: (225) 20 21 11 6401 BP 1600 Abidjan 01- Centre National de Recherche sur la Tradition Orale (CNRTO), anciennement Groupe de

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Recherche sur la Tradition Orale (GRTO)Tél: (225) 22 44 11 02

Cet institut dispose d’une documentation (transcription et traduction des enregistrements) sur les contes, les proverbes, la musique traditionnelle, le langage tambouriné, la parole des masques. On y trouve également des documents audiovisuels, des photos, des diaporamas, des films documentaires, des bandes magnétiques enregistrées et mises en fiches.

- Institut d'Ethnosociologie (IES) de l'Université Félix Houphouët- Boigny de Cocody-Abidjan

01 BPV 34 Abidjan 01

Cet institut dispose de plusieurs publications et de documents iconographiques, audiovisuels et sonores sur des éléments du patrimoine culturel immatériel de la Côte d'Ivoire.

- Centre de Recherche sur les Arts et la Culture (CRAC) de l'Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle (INSAAC).

Ce centre est chargé de la recherche en musique et en musicologie africaine, en arts plastiques, art dramatique, danse, communication, cinéma et audiovisuel. Une réforme est en cours en vue de le transformer en Centre Ivoirien de Recherche sur les Arts et la Culture (CIRAC).

08 BP 49 ABIDJAN 08Tél: (+225) 22 44 20 31 / 22 44 26 74Fax: (+225) 22 44 26 73

Toutes ces institutions sont soit des services centraux (Direction du Patrimoine Culturel), soit des services personnalisés (Office Ivoirien du Patrimoine Culturel, Institut d'Ethnosociologie, Centre National de Recherche sur la Tradition Orale, Centre de Recherche sur les Arts et la Culture), soit des services rattachés (Bibliothèque Nationale de Côte d'Ivoire, Musée des Civilisations de Côte d'Ivoire, Directions Régionales de la Culture) de l’Etat. Au niveau de chacune des institutions, il existe un bureau d’accueil et d’orientation en vue de faciliter l’accès des usagers au service, de les informer et de les orienter, de faciliter l’accès à la connaissance du patrimoine culturel, à l’éducation des jeunes et de promouvoir la recherche.

Par ailleurs, toutes ces structures ne disposent pas de sites internet propres. Cela est dû, en grande partie, à des contraintes techniques et financières. C’est pourquoi, à présent, les informations sur les services techniques du Ministère en charge de la Culture (missions, objectifs, activités, difficultés, perspectives) sont diffusées sur le site central du Ministère en charge de la Culture: www.culture.gouv.ci. Cependant, ce site étant encore en construction, toutes les informations sur les différents services ne sont pas disponibles.

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B.2. InventairesVeuillez communiquer l’inventaire ou les inventaires des éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur le territoire de votre État, comme indiqué aux articles 11 et 12 de la Convention et au paragraphe 98 des Directives opérationnelles. Vous pouvez inclure les informations suivantes :

a. la dénomination de chaque inventaire et celle de l’entité qui en est responsable ;

b. les principes de classification utilisés pour structurer l’inventaire ou les inventaires en question, par exemple sur la base des communautés/groupes de gardiens des traditions, des domaines de patrimoine culturel immatériel, de principes territoriaux (niveaux national, régional, local), etc. ;

c. les critères ayant déterminé l’intégration d’éléments du patrimoine culturel immatériel dans votre/vos inventaire(s) ;

d. la prise en compte éventuelle, dans votre/vos inventaire(s), de la viabilité du patrimoine culturel immatériel (par exemple, le patrimoine culturel immatériel menacé de disparition, celui qui nécessite une sauvegarde urgente, etc.) ;

e. la présentation/l’approche retenue pour votre/vos inventaire(s) ;

f. la méthode utilisée pour la mise à jour de votre/vos inventaire(s) et la fréquence de celle-ci ;

g. les différentes manières dont les populations locales sont impliquées dans la détection et la définition du patrimoine culturel immatériel à inclure dans l’inventaire/les inventaires, puis dans leur établissement et leur actualisation ;

h. la participation éventuelle d’organisations non gouvernementales compétentes à la détection et à la définition du patrimoine culturel immatériel.

a)- Le Ministère ivoirien en charge de la Culture, depuis sa création en 1978, n'a jamais été doté d'un budget conséquent lui permettant de mener à bien sa mission. Cette situation a pour corollaire la non réalisation systématique de l'inventaire général de son patrimoine culturel, activité pourtant prévue par la loi 87 portant protection du patrimoine culturel. L'inventaire est donc un processus en cours en Côte d'Ivoire. A cet effet, quelques projets ont été conçus et des activités réalisées dans ce sens:

- Projet d'inventaire des arts et traditions populaires élaboré en 1982: devaient être inventoriés les oeuvres de la technologie et de l'artisanat d'art traditionnels, œuvres de la technologie d'autosubsistance, arts musicaux traditionnels, jeux et sports populaires traditionnels, traditions populaires, vie spirituelle et religions traditionnelles, et les diverses formes de littérature orale.

Ce projet a été conçu par la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) mais n'a pu se réaliser en totalité.

- Inventaire des musiques et instruments de musique traditionnels de Côte d'Ivoire, de 2001 à 2012: ont été inventoriés les musiques et instruments de musiques des peuples agni-n'dénéan, koulango, lorhon, birifor, siti, agni-morofwé, abbey, gban (gagou), éhotilé, abidji, éga, nafana, dégha, ébrié (tchaman), niaboua, n'gain.

L'inventaire des musiques et instruments de musique traditionnels des peuples agni-n'dénéan, koulango, lorhon, birifor et siti a été réalisé en 2001 et 2002 par la Direction du Patrimoine Culturel de Côte d'Ivoire, en collaboration avec le Musée Royal de l'Afrique Centrale (MRAC) de Tervuren (Belgique).

L'inventaire des musiques et instruments de musiques des peuples agni-morofwè, abbey, gban, éhotilé, abidji, éga, nafana, dégha, ébrié, niaboua et n'gain a été réalisé par un conservateur de la Direction du Patrimoine Culturel. Cette activité, soutenue financièrement et matériellement par le MRAC est le prolongement de la collaboration entre la Direction du Patrimoine Culturel et le MRAC. Malheureusement, cette collaboration vient de prendre fin. Les archives audio,

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audiovisuelles, photos sont disponibles au sein des deux institutions.

- Inventaires réalisés dans la région de Bondoukou de 2008 à 2011 au cours du Festival des danses, instruments de musiques et costumes traditionnels dénommé "Festival du Zanzan" et dans la région de Korhogo en 2012 au cours du "Festival des Arts Sacrés de Korhogo".

Ces inventaires ont été réalisés par la Direction du Patrimoine Culturel (DPC), la Direction de la Promotion des Arts et de la Culture (DPAC) et le Centre National des Arts et de la Culture (CNAC), structures du Ministère en charge de la Culture.

- Programme d'inventaire général du patrimoine culturel national élaboré en 2002 et actualisé en 2006 et 2008 : les activités réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme sont l’organisation d’un séminaire de formation aux politiques nationales d’inventaire et de valorisation du patrimoine culturel ivoirien (2006) et d'un atelier préparatoire du colloque international sur l’inventaire général et la valorisation économique du patrimoine culturel (2008).

Les activités liées à ce programme ont été réalisées par la Direction du Patrimoine Culturel.

- Inventaire du patrimoine culturel immobilier et immatériel en janvier et décembre 2012 par la Direction du Patrimoine Culturel.

b)- Comme mentionné en phrase introductive, l'insuffisance des moyens financiers alloués au Ministère en charge de la Culture constitue un handicap majeur pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel. Conséquemment, l'inventaire systématique et général du patrimoine culturel immatériel est en cours. Pour les inventaires réalisés dans le cadre du projet de recherche ethnomusicologique initié par la Direction du Patrimoine Culturel et le MRAC, ils ont porté sur la musique et les instruments de musique traditionnels d'un certain nombre de groupes ethniques inconnus, peu connus voire résiduels de la Côte d'Ivoire. En ce qui concerne les inventaires réalisés en janvier et décembre 2012 par la Direction du Patrimoine Culturel, les éléments ont été inventoriés au niveau régional, en collaboration avec les Directions régionales de la Culture, relais entre la Direction du Patrimoine Culturel et les communautés, les groupes et les individus.

c, d)- Les 25 éléments immatériels inscrits en 2012 sur la Liste d'inventaire du patrimoine culturel national l'ont été en raison de leur spécificité, de la menace qui pèsent sur eux etc. Ces éléments ont été inscrits sur la Liste d'inventaire du patrimoine culturel national par deux arrêtés du Ministre ivoirien en charge de la Culture. Il s'agit de l'arrêté n° 04/MCF/CAB du 19 janvier 2012 et de l'arrêté n° 434/MCF/CAB du 15 octobre 2012.

e)- L’approche méthodologique concernant les inventaires réalisés dans le cadre du projet entre la DPC et le MRAC se présente comme suit:

- Sur la base de la fiche d'inventaire du Service d'ethnomusicologie du MRAC la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) a élaboré une fiche d’inventaire du patrimoine musical en l'adaptant à la réalité du terrain. Les rubriques de cette fiche se présente comme suit:

1. Localisation: Bande

Plage

2. Ethnie

3. Sous-groupe

4. Lieu: Région

Département

Sous-préfecture

Village

5. Date

6. Récolteur Photographe

Matériel d'enregistrement N° film

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Cliché n°

7. Genre musical

8. Titre

9. Langue

MUSICIENS

10. Composition du groupe:

11. Nom (âge+sexe)

INSTRUMENTS DE MUSIQUE

CONTENU, FONCTION, SUJET

TEXTE: LANGUE LOCALE TRADUCTION FRANCAISE

- le programme global du projet a été conçu par la Direction du Patrimoine Culturel et le MRAC. Les groupes ethniques dont le patrimoine musical devait être étudié ont été selctionnés par l'équipe technique de la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) et celle du MRAC; ont été sélectionnés les peuples qui n'ont jamais fait l'objet d'étude anthropologique, les peuples minoritaires, peu connus ou résiduels;

- la recherche documentaire portant sur les monographies de (s) la localité (s) et des groupes ethniques concernés, les rapports scientifiques ou de mission, les mémoires de fin d’études des étudiants, etc a été effectuée par les techniciens de la Direction du Patrimoine Culturel;

- pour minimiser les difficultés éventuelles que l’on pourrait rencontrer sur le terrain, des missions d’information sont réalisées par les enquêteurs du MRAC et de la DPC auprès des autorités administratives et coutumières. Ces missions permettent également d’identifier les localités d’enquêtes, en collaboration avec les répresentants des communautés;

- à l'issue de ces missions préparatoires, un chronogramme de recherche est établi par les enquêteurs du MRAC et de la DPC et communiqué aux autorités administratives et coutumières, qui à leur tour informent les localités d'enquêts concernées;

- au cours des missions proprement dites, la musique vocale et instrumentale est enregistrée à l'aide d'un enregistreur digital, les groupes musicaux filmés, photographiés et les fiches d'inventaire renseignées. Des collectes d'informations orales sur les genres musicaux sont également faites;

- l'archivage des données audio et audiovisuelles sont réalisées au Service d'Ethnomusicologie du MRAC. La copie de ces données, les doubles des photographies sont ensuite transmis et conservés à la Direction du Patrimoine Culturel.

Au terme de ce vaste projet une anthologie de la musique traditionnelle ivoirienne devait être réalisée. Seulement deux CD sur la musique traditionnelle agni-n'dénéan et koulango ont pu être édités.

En ce qui concerne les inventaires réalisés en 2012 par la Direction du Patrimoine Culturel (DPC), les éléments immobiliers et immatériels inscrits sur la Liste d'inventaire du patrimoine culturel ont été identifiés en 2009 et 2010 par la Sous-direction des Musées, des Sites et Monuments et la Sous-direction des Arts et Traditions Populaires de la DPC, en collaboration avec les Mairies et les Directions régionales de la Culture. En 2011, les informations contenues sur les fiches d'identification des éléments concernés ont été enrichies par des informations documentaires et des éléments fournies par les Directions régionales de la Culture, avec le concours des communautés.

Pour ce qui est des inventaires réalisés au cours des festivals régionaux, les techniciens des structures techniques du Ministère en charge de la Culture procèdent à des collectes de données audio, audiovisuelles, photographiques et orales sur les éléments du patrimoine culturel immatériel (danses, musiques, instruments de musique etc.).

f)- Comme nous l'avons signifié, l'inventaire est un processus en cours en Côte d'Ivoire. Pour mettre à jour l’inventaire, un suivi régulier du patrimoine culturel immatériel de la Côte d'Ivoire

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est assuré par la Direction du Patrimoine Culturel afin d’actualiser les caractéristiques des éléments existants et décider ou non d’en inscrire de nouveaux.

g)-Les communautés constituent les acteurs clés dans la réalisation des inventaires du patrimoine culturel immatériel. Elles sont à la fois acteurs et cibles. Elles sont impliquées, à travers leurs représentants, les associations de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et les personnes ressources. Les inventaires régionaux réalisés par les Directions régionales de la Culture ont été faits en collaboration avec ces communautés. Des séances d'information ont permis aux réprésentants de ces communautés de renseigner les fiches uniformisées d’inventaire du patrimoine culturel immatériel élaborées par les techniciens de la Direction du Patrimoine Culturel, et mises à dispositions des Directions régionales de la Culture. L’implication effective des communautés permet donc d’obtenir des résultats probants et d’établir la confiance entre les structures en charge du patrimoine et les communautés. Ce sont ces communautés qui sont les mieux placées pour donner des informations sur la viabilité du patrimoine culturel immatériel: expression culturelle abandonnée, en voie de disparition, tradition vivante, désir de conservation de l'élément, désir de valorisation culturelle, désintérêt d'une partie de la population, désintérêt général à l'égard de l'élément. Cette franche collaboration a permis de définir et d’identifier le Gbofé d'Afounkaha, comme élément menacé de disparition. Ces communautés ont même accepté de proposer et de préparer un dossier de candidature pour cet élément nécessitant une sauvegarde urgente et ont réfléchi à la mise en œuvre d’actions de suivi. Les critères permettant de différencier les sous-catégories du patrimoine culturel immatériel sont donc définis par les communautés.

h)- En Côte d'Ivoire, les associations/groupements à vocation culturelle jouent un rôle très important dans la conservation, la gestion et la promotion du patrimoine culturel matériel et immatériel. Des organisations non gouvernementales comme la "Fédération Nationale des Danses et Arts Traditionnels de Côte d’Ivoire" (FENDATCI), le "Conseil International des Organisations de Festivals de Folklore et d’Arts Traditionnels" (CIOFF- Côte d’Ivoire), la Fondation Georges Niangoran-Bouah, anciennement Centre de Recherches en Drummologie et en Numismatique Africaine (CRDNA), le Centre ivoirien pour la Recherche et la Documentation en Musicologie Africaine (CIRDMA), l’Association Awalet Arts et Culture, le Club des Amis de la Culture (CDAC) travaillent en étroite collaboration avec les structures techniques du Ministère en charge de la Culture ( Direction du Patrimoine Culturel, Direction de la Promotion des Arts et de la Culture). Leurs activités de promotion du patrimoine culturel immatériel permettent à ces structures techniques d'enrichir leurs bases de données sur le patrimoine culturel immatériel.

B.3. Autres mesures de sauvegardeDécrivez d’autres mesures de sauvegarde, notamment celles mentionnées à l’article 13 de la Convention et au paragraphe 98 des Directives opérationnelles, que vous avez prises pour :

a. mettre en valeur la fonction du patrimoine culturel immatériel dans la société et en intégrer la sauvegarde dans des programmes de planification ;

b. encourager des études scientifiques, techniques et artistiques pour une sauvegarde efficace ;

c. faciliter, dans la mesure du possible, l’accès aux informations relatives au patrimoine culturel immatériel tout en respectant les pratiques coutumières qui régissent l’accès à des aspects spécifiques de ce patrimoine.

a)- Le patrimoine culturel immatériel est une composante essentielle de l’identité culturelle des communautés. En Côte d'Ivoire, au-delà de ses aspects rituels, ésotériques, ses valeurs scientifiques et culturelles transmises de génération en génération par des maîtres d’arts ou des initiés, l’élément immatériel est un véritable cataplasme pour la résolution des conflits sociaux et un catalyseur de la paix sociale, du maintien du dialogue des cultures et de la cohésion sociale. Pour preuve, les alliances à plaisanterie qui existent entre tous groupes ethniques de la Côte d'Ivoire ont été abondamment utilisées dans le règlement des conflits intercommunautaires, nés de la crise sociopolitique en Côte d'Ivoire. Un "Séminaire national sur les alliances

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interethniques" avait même été organisé en 2001 par le Ministère en charge de la Culture en marge du "Forum sur la Réconciliation nationale". En vue de promouvoir ce pan important du patrimoine culturel national, le Ministère en charge de la Culture, à travers la Direction de la Promotion des Arts et de la Culture (DPAC) a conçu un vaste programme de festivaux régionaux: " Festival du Zanzan de Bondoukou", " Festival des Arts Sacrés de Korhogo", "Festival des Lagunes d'Abidjan", "Festivals des Lacs de Yamoussokrou", "Festival des Montagnes de Man". Déjà en 2007, cette direction organisait à Abidjan le grand festival des arts pluriels dénommé « N’zassa Festival », dont l'objectif principal était la promotion des danses et musiques traditionnelles de tous les départements de Côte d’Ivoire. A travers le Fonds de Soutien à la Culture et à la Création Artistique (FSCCA) le Ministère apporte un soutien financier à des associations/groupements professionnels et organisations non gouvernementales qui organisent des festivals de danses. En ce qui concerne les actions de sauvegarde, un vaste projet d'inventaire et de sauvegarde des langues maternelles en danger est en cours à la Direction du Patrimoine Culturel. Au niveau des communautés des actions sont également menées dans ce sens. Par exemple, à la suite de la proclamation du "Gbofé d'Afounkaha, musique des trompes traversières de la communauté tagbana" comme chef-d'oeuvre du Patrimoine oral et immatériel de l'Humanité de l'UNESCO, les communautés, en collaboration avec l'expert national, ont élaboré un "Plan d'action décennal de sauvegarde du Gbofé", qui s'articule autour des activités suivantes: création d’un festival dans la ville de Katiola, avec attribution de prix nationaux aux praticiens, ouverture de centres d’information et de documentation, organisation d’ateliers professionnels locaux (danse, musique, artisanat), recueil de données scientifiques sur la musique du Gbofé (vidéo, audio, iconographie), recensement scientifique des expressions culturelles de la musique du Gbofé, élaboration et diffusion de manuels sur la musique et chorégraphie du Gbofé. L'Etat de Côte d'Ivoire s'est aussi engagé pour la sauvegarde et la promotion de l'élément. A cet effet, une cérémonie de distinction des praticiens et détenteurs avait été organisée, en 2001, par le Ministère en charge de la Culture, qui avait également prévu une campagne de sensibilisation et un programme de revalorisation et de sauvegarde du Gbofé; malheureusement la crise socio-politique a freiné la mise en œuvre de ce programme. L'Etat partie s' était aussi engagé à inscrire le plan d'action de sauvegarde du Gbofé dans sa politique culturelle nationale. Ainsi, ce plan devait être inscrit au Programme d'Investissement Public (PIP) au titre de l'année 2012.

b)- Des associations/groupements professionnels ou organisations non gouvermentales à vocation culturelle oeuvrent dans le domaine de la recherche et de la documentation sur le patrimoine culturel immatériel. Dans le domaine des savoirs et savoir-faire traditionnels, le plus connu et plus actif est le Groupe de Recherche sur les Savoirs-Traditionnels (GREST) qui se consacre à l'inventaire et à la documentation de tous les savoirs traditionnels ou "Indigenous knowledge" de la Côte d'Ivoire. Dans le domaine de la recherche et de la documentation sur les langues maternelles, opèrent l'Académie Ivoirienne des Langues Maternelles(AILM), l'ONG Tagbana, le Centre d'Aphabétisation et de Traduction de l'Agni (CATA), le Programme Africain pour la Réunification Linguistique des Ethnies (PARLE), l'ONG Savoir Pour Mieux Vivre (SAPOMIVIE), l’Association Régionale d’Expansion Economique de Bonoua (AREBO). Dans le domaine des arts musicaux, oeuvrent la Fédération Nationale des Danses et Arts Traditionnels de Côte d’Ivoire (FENDATCI), le Conseil International des Organisations de Festivals de Folklore et d’Arts Traditionnels (CIOFF- Côte d’Ivoire), la Fondation Georges Niagoran-Bouah, ex- Centre de Recherches en Drummologie et en Numismatique Africaine (CRDNA), le Centre Ivoirien pour la Recherche et la Documentation en Musicologie Africaine (CIRDMA), l'Association Awalet Arts et Culture, le Club des Amis de la Culture (CDAC). Le Ministère en charge de la Culture apporte à ces associations un appui financier, sous forme de subvention, à l’organisation de leurs activités, notamment les séminaires-ateliers et les conférences. Le Ministère apporte également des soutiens financiers à l'édition d'ouvrages sur les langues maternelles comme les Syllabaires. Plusieurs institutions étatiques ivoiriennes mènent également des études scientifiques, techniques et artistiques sur des éléments du patrimoine culturel immatériel. C'est le cas de l'Institut d'Ethnosociologie (IES) de l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody, qui sous la direction de feu le Professeur Georges Niangoran-Bouah mènent depuis de longues années des recherches sur plusieurs aspects de ce patrimoine intangible. Le Professeur a même fait créer au sein de cet institut un département de "Drummologie", discipline qui se consacre à l'étude du langage des instruments de musique "parleurs" (tambours, xylophones, cloches…). En outre, à l'initiative de l'Office National du

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Tourisme (ONT) de Côte d'Ivoire, un inventaire des sites, cultes, monuments et manifestations culturelles (danses, instruments de musiques etc..) du pays a été réalisé en 1979 par l'IES; les résultats de ce travail ont été publiés dans un document stéréotypé de 157 pages. A côté de l'IES, les chercheurs du Centre National de Recherche sur la Tradition Orale (CNRTO), anciennement Groupe de Recherche sur la Tradition Orale (GRTO) ont mené des études sur les contes, proverbes, musique traditionnelle, langage tambouriné, langage des masques etc. De même, dans le cadre du Projet Études et Recherches sur le Patrimoine Musical de l’Afrique Occidentale (ERPAMAO), initié en 1981 à Boundiali ( Nord de la Côte d’Ivoire), sous les auspices de l’ACCT (Agence de Coopération Culturelle et Technique, aujourd’hui Organisation Internationale de la Francophonie) des chercheurs du Département de Musicologie Africaine (créé en 1975 et qui a fonctionné jusqu'en 1988) de l'ex- Institut National des Arts (INA), ont effectué des recherches ethnomusicologiques dans les régions bété, gouro attié, baoulé. Un premier disque avait été mis en chantier, en pays gouro, en collaboration avec une sociologue française, Madame Ariane Deluz (qui avait effectué des recherches chez les Gouro). Quant aux enseignant-chercheurs du Centre de Recherche sur les Arts et la Culture (CRAC), ils viennent de lancer en 2012 un vaste programme de recherches et d'études scientifiques et artistiques dont un volet a trait au patrimoine culturel immatériel (musique, chants, instruments de musique traditionnels). D'autres chercheurs dans les universités publiques d'Abidjan, de Bouaké, de Korhogo mènent des études sur des éléments du patrimoine culturel immatériel comme le balafon pentatonique des Sénoufo, objet d'étude d'un enseignant-chercheur de l'Université de Korhogo. Il convient aussi de noter que suite aux différents stages et visites d’étude effectués au Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) de Tervuren (Belgique), dans le cadre d'une convention de coopération bilatérale signée en 1996 entre la Direction du Patrimoine Culturel de la Côte d'Ivoire et ledit musée, un conservateur de musée, actuellement Directeur Général de l’Office Ivoirien du Patrimoine Culturel, mène depuis 2001 des recherches sur les traditions musicales ivoiriennes; les résultats de ses recherches ont été publiés sous formes de CD et d'ouvrages scientifiques (voir www.africamuseum.be/publications/publications online). Suite à la proclamation du " Gbofé d'Afounkaha, musique des trompes traversières de la communauté tagbana" comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité de l'UNESCO, un "Plan d'action décennal de sauvegarde du Gbofé", susmentionné (Cf. B.3a) a été élaboré à la base par les communautés, les praticiens et les détenteurs, en collaboration avec l'expert national.

c)- Certains éléments du patrimoine culturel immatériel ont un caractère sacré et dont l'accès est limité par des pratiques coutumières. Toutes les stratégies et/ou politiques de sauvegarde et de promotion des ces éléments tiennent toujours compte de ces pratiques coutumières et celles que préconisent les détenteurs et praticiens. Toutefois, en vue de promouvoir ces éléments, seul l'aspect profane est vulgarisé.

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B.4. Mesures visant à assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatérielDécrivez des mesures que vous avez prises pour assurer une plus grande reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel, en particulier celles visées à l’article 14 de la Convention et au paragraphe 101 des Directives opérationnelles :

a. des programmes éducatifs, de sensibilisation et de diffusion d’informations à l’intention du public, notamment des jeunes (vous pourriez par exemple indiquer si le patrimoine culturel et matériel est intégré dans les programmes scolaires et, le cas échéant, selon quelles modalités) ;

b. des programmes éducatifs et de formation au sein des communautés et des groupes concernés ;

c. des activités de renforcement des capacités en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ;

d. des moyens non formels de transmission des savoirs (vous pourriez par exemple expliquer de quelle manière les modes de transmission non formels sont perçus et reconnus par le grand public et au niveau national) ;

e. éducation à la protection des espaces naturels et des lieux de mémoire dont l’existence est nécessaire à l’expression du patrimoine culturel immatériel.

a,b)- Dans le cadre de la sensibilisation et de la diffusion d’informations, l'Etat de Côte d'Ivoire a pris plusieurs mesures. Au niveau du Ministère en charge de la Culture, la Direction du Patrimoine Culturel, a élaboré, depuis 2009, un projet intitulé " les Journées Nationales du Patrimoine Culturel", une sorte de rencontre d’échanges d’expériences entre les professionnels de la culture, les collectivités décentralisées, les communautés et la société civile sur les problèmes de conservation, de sauvegarde, de gestion et de promotion du patrimoine culturel national. Mais faute de moyens financiers, ce projet n'a pas encore vu le jour. Ces manifestations culturelles qui se veulent annuelles et tournantes visent à promouvoir le patrimoine culturel national (matériel et immatériel), à travers des expositions d'objets d'art, des prestations de danses traditionnelles, des conférences et tables rondes etc. En outre, les services techniques de ce ministère (Direction du Patrimoine Culturel, Direction de la Promotion des Arts et de la Culture…) participent, quant l'occasion se présente, à des émissions radio et télédiffusées sur la connaissance, la transmission et la problématique de gestion du patrimoine culturel. La Direction du Patrimoine Culturel, chargée d'exécuter le projet des "Journées Nationales du Patrimoine" est dirigée par Mademoiselle N'guessan Okpoby Blanche Marie Chantal, Sociologue et Conservateur de Musée. Au niveau du Ministère en charge de l'Education Nationale, le "Projet Ecole Intégrée" (PEI), créé par arrêté n°108/MEN/CAB du 13 novembre 2001, participe pleinement à la formation et à la sensibilisation des nouvelles générations sur les langues maternelles. Avec ce projet l'enseignement en langue maternelle ivoirienne est officiellement introduit dans des écoles primaires publiques en Côte d'Ivoire. Pour l'instant sont enseignées les langues baoulé, attié, agni, abidji, mahou, guéré, yacouba, dioula, sénoufo, koulango et bété. Au total onze langues maternelles ivoiriennes sont expérimentées comme langues d'enseignement dans onze régions du pays. Ce projet vise à donner aux écoliers des cycles primaire (CP1 au CM2) et préscolaire en zones rurales ou semi-urbaines les armes à même de leur permettre d’écrire et de lire dans leur langue maternelle. Il contribue donc à aider à renforcer les racines culturelles de la société en offrant des programmes éducatifs axés sur les coutumes du terroir, des danses et autres formes d’arts du pays. Le responsable de ce projet se nomme Mme Diaby, Enseignante. La Direction de l'Extrascolaire du même ministère devra aussi songer à inclure dans ses manuels scolaires, en collaboration avec la Direction du Patrimoine Cuturel les éléments du patrimoine culturel immatériels inscrits au Patrimoine de l'Humanité, comme le balafon Djéguélé, le Gbofé. Il s'agira dans ces manuels de présenter la zone/région de provenance de l'élément ( peuple, histoire, situation géographique), décrire l'élément (historique, éléments constitutifs), les praticiens (genre, nombre), la chorégraphie (pas et phases de danse), technique de jeu des instruments de musique, menaces

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qui pèsent sur l'élément etc. Au niveau du Ministère en charge de l'Enseignement Supérieur, l'Institut de Linguistique Appliquée (ILA) de l'Université Félix Houphouët- Boigny d'Abidjan- Cocody, institut universitaire ivoirien spécialisé dans les questions de langues et qui, de ce fait, a été expressément désigné par l’État de Côte d’Ivoire, par la loi du 16 août 1977 portant réforme de l’enseignement, est chargé de préparer l’introduction des langues ivoiriennes dans l’enseignement des écoliers des cycles primaires, notamment par leur description, leur codification, l’identification et la consignation de leurs grammaires et lexiques, l’élaboration de manuels scolaires, et le développement des productions littéraires garantissant leur caractère culturel. Cet institut est dirigé par Monsieur Ahoua Firmin, Linguiste, Enseignant-chercheur. En outre, à initiative du Ministère en charge de la Culture, un Comité intersectoriel pour l'Enseignement et la Promotion des Langues maternelles vient d'être mis en place et dont les membres sont de toutes les structures concernées par la sauvegarde et la promotion du patrimoine linguistique national. Ce "Comité Intersectoriel de Conception, de Mise en œuvre et de Suivi-évaluation du Programme pour la Promotion des Langues Maternelles et de la Formation à leur Pratique" a pour objectif de concevoir des stratégies pour la promotion des langues maternelles et de déterminer les besoins pour leur enseignement, à l'intention de toutes les couches socioprofessionnelles. Ce comité est présidé par Monsieur Koffi Kossonou Paul Marie, Inspecteur de l'Enseignant secondaire, Conseiller technique chargé des Arts et de la Culture.

c)- Plusieurs activités concourent au renforcement des capacités en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il s'agit principalement des stages de formation professionnelle et des séminaires. Concernant les stages, dans le cadre de la convention de coopération bilatérale signée en 1996 entre la Direction du Patrimoine Culturel de la Côte d'Ivoire et le Musée Royal de l'Afrique Centrale (MRAC) de Tervuren (Belgique), un conservateur de musée, actuel Directeur Général de l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel a effectué, en 2001, 2002, 2006, 2007, 2009 et 2011 des stages de formation professionnelle et visites d'étude au Service d'Ethnomusicologie du MRAC. Les modules de formation étaient consacrés aux technique de recherche (collecte de données audio, audiovisuelles…) et à l'archivage des documents sonores et audiovisuels. Il est pour l'instant le seul conservateur de musée spécialisé en recherche ethnomusicologique. Il était également prévu dans le plan d'action 2012 de la Direction du Patrimoine Culturel, un atelier-formation en technique de collecte dont l'objectif principal est le renforcement des capacités du personnel technique de ladite direction en vue de l’exécution des différents projets d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la Côte d’Ivoire. En ce qui concerne les séminaires, il convient de citer le "Séminaire de formation aux politiques nationales d’inventaire et de valorisation du patrimoine culturel ivoirien", organisé en 2006 à Abidjan par la Direction du Patrimoine Culturel, l' "Atelier préparatoire du colloque international sur l’inventaire général et la valorisation économique du patrimoine culturel", organisé en 2008 par ladite direction et le "Séminaire sous-régional sur le patrimoine culturel immatériel en Afrique de l’Ouest" en 2004 à Dakar (Sénégal), organisé par la Commission nationale Sénégalaise pour l’UNESCO auquel a pris part la Direction du Patrimoine Culturel de la Côte d'Ivoire.

d)- Une formation appropriée dans le cadre d’un apprentissage direct et traditionnel maître-élève, est essentielle si l’on veut que les connaissances et les savoir-faire des praticiens et détenteurs des éléments du patrimoine culturel immatériel soient transmis aux jeunes générations. Mais les exigences de la modernisation affecte énormément le patrimoine culturel immatériel. La scolarisation constitue par exemple une menace réelle pour les institutions traditionnelles. En effet, il est aujourd’hui difficile pour les jeunes ayant fréquenté l’école de relayer leurs aînés, praticiens et détenteurs des savoir et savoir-faire traditionnels. Séduits et subjugués par la civilisation occidentale, ces jeunes voient dans certaines formes d'expression culturelle des pratiques avilissantes et déshonorantes (cas de certaines institutions initiatiques). Ils conçoivent difficilement qu’on puisse leur demander de se rendre régulièrement dans un endroit dit sacré pour participer à des rituels ou leur demander de porter des masques. Selon eux, seules des personnes illettrées peuvent se prêter à de telles pratiques. Par ailleurs, le savoir qu’ils ont reçu à l’école rend difficile la croyance en des divinités, cachées dans une forêt du village. A cela, il faut ajouter le fait qu’il n’est pas du tout aisé de concilier les exigences scolaires et celles liées à ces expressions culturelles, si bien que les contraintes de temps arrivent bien souvent à dissuader les jeunes scolarisés ayant un penchant pour telle ou telle expression culturelle. Ce manque d’intérêt de la jeunesse pour les valeurs culturelles

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ancestrales est dû à l’orientation de leurs connaissances vers les technologies nouvelles. Toutefois, une prise de conscience fait naître, petit à petit, au sein des communautés de véritables écoles de la tradition où les jeunes, sous la direction des Anciens viennent s’instruire des valeurs traditionnelles. C'est le cas de l'apprentissage des messages tambourinés que l'on observe au sein de la plupart des peuples de source akan. Le mode de transmission des connaissances et savoir-faire liés au Gbofé vient corroborer cette assertion: en vue de péreniser le Gbofé, la transmission des connaissances et savoir-faire qui lui sont liés sont transmis aux jeunes garçons, jeunes filles par leurs pères, leurs mères, ainsi que par d’autres praticiens expérimentés de la communauté. Aujourd’hui, des formations sont organisées pour les tambourinaires, les trompettistes, les danseurs, les chanteuses. Ces séances ont été fructueuses car un jeune de 18 ans vient de rejoindre le groupe des danseurs, portant le nombre à quatre (4). Au niveau de l'Etat de Côte d'Ivoire, le Ministère en charge de la Culture accorde une importance aux modes de transmission non formels utilisés par les personnes âgées. Pour preuve, un projet d'arrêté portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale chargée de la sélection et de la promotion des Trésors Humains Vivants est en cours d'élaboration. L'article 21 de ce texte stipule que " Tout lauréat du titre de " Trésor Humain Vivant " peut bénéficier d’une aide de l’Etat pour la transmission de ses savoirs et savoir-faire".

e)- Au sein des communautés, des campagnes de sensibilisation à la protection des espaces naturels et des lieux de mémoire dont l'existence est nécessaire à l'expression du patrimoine culturel immatériel sont menées à l'intention des populations locales. En pays tagbana, en vue de préserver l'essence végétale "Nangnranhan" (Pterocarpus erinaceus/Papilionacées) dont les racines servent à fabriquer les trompes traversières, le Président de la Jeunesse Communale de Fronan organise régulièrement des rencontres avec les représentants des jeunes de chaque village afin de leur expliquer le bien-fondé de la préservation de cette essence végétale, sans laquelle le Gbofé n'existerait pas. Ces représentants constituent donc des relais. En raison donc du déboisement massif, une campagne de reboisement est même envisagée par la jeunesse communale. En outre, dans certaines régions (pays sénoufo, wè, dan etc.) où existent des institutions traditionnelles sacrées, ces mesures de sensibilsation sont renforcées par des normes coutumières interdissant certaines pratiques sur ces sites et prévoyant des sanctions en cas de violation.

B.5. Coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationaleRendez compte des mesures prises aux niveaux bilatéral, sous-régional, régional et international pour la mise en œuvre de la Convention, y compris les mesures de coopération internationale telles que l’échange d’informations et de données d’expérience, et des initiatives communes, qui sont visées à l’article 19 de la Convention et au paragraphe 102 des Directives opérationnelles. Vous pourriez par exemple mentionner les activités suivantes :

a. partage de la documentation sur un élément du patrimoine culturel immatériel présent sur le territoire d’un autre État partie (paragraphe 84 des Directives opérationnelles) ;

b. participation aux activités relevant de la coopération régionale, par exemple celles des centres de catégorie 2 pour le patrimoine culturel immatériel qui sont ou seront créés sous les auspices de l’UNESCO (paragraphe 85 des Directives opérationnelles) ;

c. développement de réseaux de communautés, d’experts, de centres d’expertise et d’instituts de recherche, aux niveaux sous-régional et régional, pour élaborer des approches communes et interdisciplinaires pour ce qui est des éléments du patrimoine culturel immatériel que plusieurs pays ont en commun (paragraphe 83 des Directives opérationnelles).

a)- Dans le cadre du partage de la documentation sur un élément du patrimoine culturel immatériel présent sur le territoire d’un autre Etat partie, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali tiennent plusieurs rencontres et d’échanges d’expériences sur les pratiques et traditions culturelles liées au balafon de l'espace des communautés sénoufo et cohabitants des trois pays. Les documents produits par les experts lors des rencontres sont partagés entre les

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structures pour observations et amendements et mis à la disposition des communautés détentrices du patrimoine culturel. En outre, dans le cadre de l’inscription d'éléments immatériels sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l’UNESCO, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso étaient porteurs, en 2011 d’un élément commun dénommé « Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés sénoufo du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire »; cet élément ayant été inscrit pour le compte des trois pays. Dans ce même cadre, l'Etat de Côte d'Ivoire envisage de soumettre des candidatures multinationales avec certains pays. C'est le cas par exemple du projet de candidature intitulé "l'Attoungblan, musique des tambours parleurs de l'espace des communautés akan de la Côte d'Ivoire et du Ghana". D'autres projets de candidatures multinationales sont également envisagés avec d'autres pays.

b)- La Côte d'Ivoire participe depuis 2004 au Festival international dénommé "Triangle du Balafon" qui a lieu chaque année à Sikasso (Mali) et qui regroupe le Mali, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Depuis quelques années l'on note la participation de la Guinée, du Sénégal et de l'Angola en tant que pays invités. L'objectif de cet événement culturel est l'établissement entre ces pays de relations culturelles fondées sur des échanges d'expériences, la contribution à la consolidation de l'intégration et de la paix entre les populations. En 2004, la Direction du Patrimoine Culturel a pris part au "Séminaire sous-régional sur le patrimoine culturel immatériel en Afrique de l’Ouest" à Dakar (Sénégal), organisé par la Commission nationale Sénégalaise pour l’UNESCO.

c)- En 1996 la Direction du Patrimoine Culturel de Côte d'Ivoire et le Musée Royal de l'Afrique Centrale (MRAC) de Tevuren (Belgique) ont signé une convention de coopération bilatérale, mise en œuvre de 2001 à 2012 pour l’identification, la documentation, la collecte et l’analyse des instruments de musique, formes musicales et autres éléments des cultures matérielles et immatérielles de Côte d’Ivoire. Le projet de recherche ethnomusicologique issu de cette coopération s’articulait autour des axes suivants:

-Recherche sur le terrain: étude de la musique traditionnelle et des instruments de musique, récolte des différents types d’instruments parmi les ethnies étudiées;

- Au niveau du Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire (anciennement Musée National d'Abidjan): établir une collection d’instruments de musique aussi complète que possible pour le musée, installer une exposition permanente des instruments au musée en collaboration avec les anthropologues et les musicologues ivoiriens;

-Stages pour des chercheurs ivoiriens au Musée de Tervuren: conservation d’instruments de musique, gestion d’une collection organologique, aspects audiovisuels.

En outre, quelques professionnels, chercheurs ivoiriens sont membres du Conseil International de la Musique (CIM), du Comité International des Musées et Collections d'Instruments de Musique (CIMCIM). Il convient également de rappeler que dans le cadre du Projet Études et Recherches sur le Patrimoine musical de l’Afrique Occidentale (ERPAMAO), susmentionné, les chercheurs du Département de Musicologie Africaine de l’ex-Institut National des Arts (INA), ont collaboré avec les chercheurs d’autres institutions similaires africaines; ce projet ayant été initié pour promouvoir la collecte et la sauvegarde du patrimoine musical traditionnel dans dix pays d’Afrique occidentale (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Guinée-Conakry, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo).

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C. STATUT DES ÉLÉMENTS INSCRITS SUR LA LISTE REPRÉSENTATIVE

Veuillez fournir l’ensemble des informations demandées ci-après pour chacun des éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur le territoire de l’État qui ont été inscrits sur la Liste représentative. Pour décrire l’état actuel de l’élément, vous prendrez pour base le dossier de proposition d’inscription et ne rendez compte que des changements pertinents survenus depuis la date de l’inscription sur la Liste ou depuis le dernier rapport établi. Les dossiers de proposition d’inscription et les précédents rapports peuvent être consultés sur le Web (www.unesco.org/culture/ich) ou, sur demande, au Secrétariat.

L’État partie s’efforce d’assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus concernés au cours du processus de préparation de chaque rapport et il lui est demandé au point C.7 ci-après de décrire de quelle manière il y est parvenu.

Nom de l’élément : Le Gbofé d'Afounkaha-la musique des trompes traversières de la communauté Tagbana

Inscrit en : 2008

C.1. Fonctions sociales et culturellesExpliquez les fonctions et les significations sociales et culturelles de l’élément aujourd’hui, dans le groupe de population d’où il est originaire et pour ce groupe, les caractéristiques de ses gardiens et de ses praticiens et décrivez, entre autres, toute catégorie de personnes exerçant un rôle ou des responsabilités spécifiques vis-à-vis de l’élément. Il faut mentionner tout changement pertinent susceptible d’avoir des répercussions sur le critère d’inscription R.1 (« L’élément est constitutif du patrimoine culturel immatériel tel que défini à l’article 2 de la Convention »).

Le Gbofé est une pratique culturelle des peuples de la moitié nord du pays. Chez les Tagbana, sous groupe sénoufo, le Gbofé est pratiqué dans la région du Hambol, notamment à Afounkaha où il est plus dynamique. Seul le village de N'dana (Sous-préfecture de Katiola) est spécialisé dans la fabrication des trompes traversières. Le Gbofé se retrouve également à Sinématiali chez les Nafara et à Ferkessédougou chez les Niarafolo. Il s’étend aussi au peuple manding notamment chez les Malinké de Mankono. Le groupe orchestral du Gbofé d’Afounkaha est constitué de six trompes traversières et deux tambours qui produisent une musique. Le Gbofé est une musique profane exécutée par les hommes, les femmes et les jeunes, lors des grands événements (réception d’une autorité, décès, mariage, baptêmes et grandes fêtes de réjouissances.) Les thèmes chantés du Gbofé sont généralement : louanges des chefs et des hautes personnalités, les satires, les sentiments amoureux, la mort, la reconnaissance, l’enseignement sur les vicissitudes de la vie etc. Ils sont présentés sous la forme de proverbes, de paraboles, de textes engagés, imagés ou hyperboliques. Grâce à la musique du Gbofé, les Tagbana retrouvent leur passé car les thèmes chantés participent non seulement à la dynamique socioculturelle du village, mais surtout à l'éducation de la communauté villageoise; ces œuvres musicales enseignant au peuple tagbana le savoir-faire, le savoir-parler, le savoir-être et mettant en relief son histoire et sa civilisation. Le Gbofé joue un rôle social important en conférant respect et notoriété aux détenteurs de ce savoir traditionnel et en favorisant l'intégration dans la société. Le public du Gbofé est constitué de toutes les couches socioprofessionnelles (travailleurs, paysans, étudians, élèves…). Les praticiens sont constitués de six trompettistes ou Gbofé hienlin (hommes), deux tambourinaires ou Ping hienlin (hommes), de quatres danseurs ou Yoor fèhèlè (hommes), de chanteuses ou Kièlè au nombre variable, et la gardienne protectrice ou Gbossoundjo. La plupart des praticiens sont d’un âge avancé, entre 45 et 68 ans. Suite aux séances de formation dispensées par l'un des praticiens, en l'occurrence le maître des danseurs, un jeune de 18 ans vient de rejoindre le groupe des danseurs, portant le nombre à quatre (4). Lors des performances musicales chaque praticien joue un rôle spécifique:

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- Le joueur du "Djomanhan" (gros tambour) entame le rythme;

- Le joueur du "Pindrè" (petit tambour) entonne sur le rythme du Djomanhan;

- Le joueur de la trompe "Ouattara" (chef d'orchestre) entonne la musique sur un motif instrumental très bref;

- Les joueurs des trompes "Noulal" ou "Nanlal" emboîtent le pas au Ouattara en jouant un motif mélodique qui complète le précédent;

- Les joueurs des "Gbofé plé" ou "Pèl" (petites trompes) emboîtent le pas aux "Noulal" ou "Nanlal";

- Le joueur du "Kpoo" (la grosse trompe) soutient en ostinato le motif des Gbofé plé ou Gbofé pèl afin que le "Ouattara" relance la phrase instrumentale des Gbofé;

Les chanteuses exécutent les textes qui correspondent à la musique instrumentale jouée par les trompes;

Les danseurs qui portent des sonnailles-jambières "Tchotchoro" suivent le rythme du petit tambour "Pindrè" ;

La gardienne-protectrice des danseurs appelée "Gbossoundjo" tient en main un chasse-mouches confectionné en queue de cheval qui aurait des pouvoirs mystiques, elle le balance de la droite vers la gauche autour de la tête des danseurs. Par ce geste, elle les protège des mauvais esprits, les assiste de façon spirituelle tout au long de leur performance musicale et particulièrement dans le mouvement qui traduit l'extase. Elle veille également à ramasser pendant la danse les morceaux de fer qui tombent des sonnailles de chevilles ainsi que les chasse-mouches, lorsqu'il arrive que ceux-ci leur échappent et tombent.

Le "Ouattara" et son instrument ont une grande notoriété. Ils sont les diseurs de vérité sans scrupule, ceux qu'il faut respecter.

En dehors de son caractère profane, des rituels sont liés à la fabrication des trompes traversières et des tambours liés au Gbofé. Avant l'extraction des racines servant à confectionner les trompes, les demandeurs des instruments offrent au sculpteur un vieux et grand coq de plumage blanc possédant des ergots appelé "Tihitchangolo", du vin de raphia rare ou le "Gbè". Le sculpteur s’adresse aux ancêtres et esprits bienveillants, loin des regards indiscrets. Il prononce les paroles suivantes: «Nous vous prions, esprits, de bien vouloir accepter le coq que nous vous offrons afin que les Gbofé soient de bonne facture et produisent de belles musiques. » Quant au fabricant de tambours, il sacrifie un poulet à l’endroit de ses ancêtres défunts afin que ces derniers puissent l’assister dans son ouvrage, c’est-à-dire, l’extraction, la fabrication ainsi que la vente. Après la fabrication des tambours, le scupteur, en buvant un verre de bière ou de vin, convie les esprits qui l’ont soutenu dans la tâche, ainsi que ses ancêtres. En outre, il est important d’indiquer qu’il existe une phase exotérique dans la transmission des savoirs et savoirs-faire liés au Gbofé et donc le contenu pédagogique est tenu au secret. Il n' ya pas de dates précises concernant l'exécution des ces différents types de rituels.

C.2. Analyse de la viabilité de l’élément et risques auxquels il est actuellement exposéDécrivez le degré de viabilité actuelle de l’élément, en particulier la fréquence et l’étendue de sa pratique, la force des modes de transmission traditionnels, la composition démographique des praticiens et des publics et sa durabilité. Veuillez aussi identifier et décrire les facteurs qui, le cas échéant, constituent une menace pour la pérennité de la transmission et de la représentation de l’élément et indiquez le degré de gravité et de proximité de tels facteurs.

-Eléments matériels associés au Gbofé

Plusieurs éléments matériels sont associés au Gbofé. Les six trompes sont classées de la plus grande à la plus petite. Le "Ouattara" mesure 64 à 66 cm de long pour un diamètre de 8 cm. Elle porte, contrairement aux autres trompes, le nom de l'initiateur du Gbofé; certaines sources disent que le nom "Ouattara" est l'appellation attribuée aux griots, alors par analogie, l'on aurait

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donné ce nom à l'instrument principal ayant qualité et fonction d'instrument parleur. Les "Noulal" ou "Nanlal mesurent chacune 60,5 à 65,5 cm de long pour un diamètre variant entre 7 et 8,5 cm. Elles sont placées en troisième et quatrième position devant le "Kpoo" et le "Ouattara"; leur nom signifiant "milieu, ce qui est entre, ce qui sert d'intermédiaire". Les "Gbofé plé" ou "Pèl" mesurent chacune 51,5 à 53 cm de long pour un diamètre de 7 cm; de par leur nom qui signifie "petit, fragile ou dernier", elles interviennent en dernière position. Leur tuyau étroit leur confère un timbre franc, net et médium qui se rapproche de la voix humaine. Le " Kpoo" mesure 70 à 72,5 cm de long pour un diamètre variant entre 7 et 9,5 cm; son nom qui signifie "gros, grande" la définit dans son aspect physique et lui confère une notoriété. Le "Djomanhan" est un gros tambour cylindrique à deux peaux lacées que l'instrumentiste accroche à son cou ou à son épaule et le percute à l'aide d'une baguette boursouflée de caoutchouc à son extremité. Quant au "Pindrè", il s'agit d'un petit tambour en forme de mortier ou de calice à une peau chevillée; il est porté à la hanche du tambourinaire à l'aide d'une corde et le serre entre ses jambes; il est joué avec les mains nues. Les costumes dont se vêtent les exécutants du Gbofé sont variés: les danseurs du Gbofé ou "Yoor fèhèle" portent un foulard qui orne la poitrine et s'étale sur le dos appelé "Wrée bouolo", ont la tête ceinte d'un foulard ou "Youou bouolo", piqué d'une plume d'engoulevent ou "Hii lèm", un cache-sexe ou " Bla", portent aux hanches un attribut vestimentaire en fibre végétale ou "Gbofé tchrou", tiennent en mains un grand chasse-mouche fabriqué en queue de bœuf ou "Sio nan-nan-an". Les trompettistes ou "Gbofé hienlin" portent traditionnellement une sorte de grande tunique de forme sobre, très colorée et tissée appelée "Kanguir". Les chanteuses ou "Kièlè" portent un beau foulard de tête, des belles boucles d'oreilles et au cou un bijour ancien fait de petites perles en or artisanal, sur la poitrine un beau pagne traditionnel (pagne baoulé). La transmission des connaissances et savoir-faire sur ces éléments matériels se fait à travers la formation aux techniques de fabrication de ces éléments par les aînés (père, oncle…).

- Fréquence et ampleur de la pratique

La pratique de l’élément risque de s’éteindre car il y a très peu de maîtres de cet art dans l’ensemble du département de Katiola. Si auparavant le Gbofé avait existé chez plusieurs communautés tagbana, aujourd’hui, il est plus présent seulement dans trois villages, avec pour lieu de prédilection Afounkaha. Les détenteurs et les praticiens du patrimoine sont pour la plupart très âgés puisque les jeunes s’intéressent de moins en moins à l’apprentissage de cette forme d'expression culturelle et regagnent les zones urbaines, minières et la basse côte. Le désintérêt a été accentué avec la crise militaro-politique qu'a connue la Côte d'Ivoire; la majorité des jeunes ayant quitté les villages tagbana, situés en ex-zone assiégée pour se rendre au sud en zone gouvernementale. Cette situation a eu pour effet de provoquer une rupture dans la chaîne de transmission des savoirs et savoir-faire liés au Gbofé; il en résulte incidemment la décroissance des praticiens de cette forme d'expression culturelle. En dépit de ces problèmes, les communautés restent attachées à cette pratique musicale. En outre, la présence de quelques "Trésors Humains Vivants" rencontrés chez les communautés détentrices, qui incarnent au plus haut point des compétences pour la pratique et détiennent des connaissances et savoir-faire sur le Gbofé est un signe d’espoir pour sa sauvegarde et sa promotion pour les générations futures; ces "Trésors Humains Vivants" ayant vivement manifesté leur souci de transmettre leurs connaissances aux jeunes générations. Parallèlement aux efforts de la communauté, le gouvernement a adopté des programmes et des projets qui permettent de sauvegarder cette expression culturelle. En 2010, une mission de sensibilisation effectuée par des experts nationaux, a permis un regain d'intérêt pour l'élément, dans la région du Hambol. Pour preuve, un groupe de Gbofé a vu le jour à Katiola, mis sur pied par les praticiens d'Afounkaha, ce qui confère un accroissement plus large des praticiens.

- Mode de transmission

Pour assurer la viabilité de l’élément, les praticiens transmettent le savoir aux jeunes qui sont en général leurs fils ou filles. Le mode de transmission traditionnel se fait par l’observation et la pratique, le maître guidant constamment l’élève. Une fois qu’ils maîtrisent le savoir et le savoir-faire, ils peuvent intégrer le groupe et continuer à exercer la pratique. Les détenteurs transmettent leurs savoir-faire à un membre au sein de la famille.

- Démographie des praticiens et détenteurs

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Sur une population totale de 700 habitants que compte le village d'Afounkaha, le groupe orchestral compte seulement quatre (4) danseurs, six (6) trompettistes, deux (2) tambourinaires et une dizaines de femmes (chanteuses), avec un manque criard d'apprentis dans la pratique. Une sauvegarde urgente des savoirs et savoir-faire liés au Gbofé s’impose car le degré de transmission est très faible. La plupart des praticiens sont d’un âge avancé, entre 45 et 68 ans et vivent dans la précarité, d'autres sont malades, d’où l’urgente nécessité d’adopter des mesures de sauvegarde pour accroître la participation et la viabilité de l’élément.

- Menaces pesant sur l’élément et les autres éléments matériels associés

Le Gbofé nécessite une action de sauvegarde urgente car la plupart des détenteurs et praticiens de ce savoir et savoir-faire sont exposés à certaines pathologies liées notamment au jeu des trompes. A cela s'ajoutent le vieillissement des détenteurs et praticiens, la paupérisation grandissante, l'exode des jeunes vers les zones urbaines, minières ou la basse côte à la recherche d'un emploi rémunérateur; ce qui crée une rupture dans la pratique de cette expression culturelle. Quant aux jeunes, restés sur place, ils se montrent de moins en moins sensibles à cette tradition. En raison du déboisement massif, les arbres dont les racines servent à la fabrication des trompes se raréfient; cette déforestation pourrait à terme faire disparaître aussi les essences végétales servant à fabriquer les tambours et les accessoires des costumes. En outre, le Gbofé n’est pas promu sur les media modernes.

- Durabilité

Le Gouvernement ivoirien a ratifié les Conventions de 2003 et de 2005 de l'UNESCO afin de donner les moyens aux communautés, organisations non gouvernementales et associations d’inventorier, documenter et assurer la viabilité et la transmission du patrimoine culturel immatériel.

Le projet d’Arrêté portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale chargée de la sélection et la promotion des "Trésors Humains Vivants", en instance de finalisation, constitue une autre mesure de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel; ce projet vise à créer une base de données nationales à partir de laquelle seront publiés des répertoires et catalogues des "Trésors Humains Vivants" afin de promouvoir les détenteurs et praticiens du patrimoine culturel immatériel. A cela s'ajoute l'inscription par arrêté ministériel du Gbofé sur la Liste nationale de l’inventaire.

C.3. Contribution aux buts de la ListeExpliquez de quelle manière l’inscription de l’élément sur la Liste a contribué à assurer la visibilité du patrimoine culturel matériel et à sensibiliser les populations au niveau local, national et international, à son importance, mais aussi à promouvoir le respect de la diversité culturelle, de la créativité humaine et du respect mutuel auprès de communautés, de groupes et d’individus.

Il n'y a aucun doute que l'inscription du Gbofé sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO a largement contribué à consolider les acquis et à renforcer les capacités de gestion des acteurs concernés. D'abord, sa proclamation comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité de l'UNESCO a été suivie par l'élaboration, par les communautés, en collaboration avec l'expert national d'un "Plan d'action décennal de sauvegarde du Gbofé". En outre, les instances nationales, relayées par les médias nationaux et internationaux, ont fait écho considérable de cette distinction octroyée par l'UNESCO. Cela a permis de sensibiliser le public à la valeur de cette forme d'expression culturelle et la nécessité de la protéger des risques de déperdition. Ensuite, son inscription sur la Liste réprésentative a favorisé la prise de conscience de la part des communautés locales, l'Etat de Côte d'Ivoire et les institutions internationales comme l'UNESCO, de la valeur et de la nécessité de sauvegarder cet élément ainsi que toutes les traditions du peuple tagbana. Cette inscription a permis tout d’abord une prise de conscience de la nécessité d’unir les efforts des praticiens, des détenteurs, des associations, des experts nationaux et des collectivités locales en vue de la réalisation d’actions d’identification, de préservation et de mise en valeur de cet élément intangible. Cela s’est traduit au niveau des communautés locales par des actions concrètes telle que la création de l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes traversières (ASMT-CI) et de la

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volonté de créer un Comité local de gestion de l'élement. A cela s'ajoute le désir de ces communautés de voir l'Etat ou des partenaires nationaux ou internationaux, construire une maison culturelle (centre polyvalent) qui assurera la transmission des connaissances et savoir-faire liés au Gbofé.

Il est aujourd'hui admis que l'inscription du Gbofé a contribué, non seulement à promouvoir l'élément au centre de l'animation des activités socioculturelles dans l'espace culturel des Tagbana, Sénoufo et Malinké, mais aussi à soutenir les efforts des responsables politiques, administratifs et coutumiers. Cette reconnaissance internationale a aussi renforcé le dialogue interculturel entre les Tagbana, les Sénoufo et les Malinké de Côte d'Ivoire et a favorisé le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine, ainsi que le respect mutuel entre les communautés, les groupes et les individus répartis dans l’aire géoculturelle qui leur est commune et propre.

C.4. Efforts pour promouvoir ou renforcer l’élémentDécrivez les mesures qui ont été prises aux fins de la promotion et du renforcement de l’élément, en donnant le détail de toutes celles qui se sont révélées nécessaires en conséquence de son inscription.

A la suite de la proclamation du Gbofé comme chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité de l'UNESCO, l'Etat de Côte d'Ivoire s'est engagé à oeuvrer pour sa sauvegarde et sa promotion. A cet effet, une cérémonie de distinction des praticiens et détenteurs avait été organisée, en 2001, par le Ministère en charge de la Culture. La presse locale a largement fait écho de cette cérémonie. L'Etat partie s'est aussi engagé à inscrire le plan de sauvegarde du Gbofé dans sa politique culturelle nationale. Ainsi, ce plan devait être inscrit au Programme d'Investissement Public (PIP) 2012. Mais pour des contraintes budgétaires, il n'a pas pu être pris en compte. L'Etat avait également prévu une campagne de sensiblisation et un programme de revalorisation et de sauvegarde du Gbofé; malheureusement, la crise socio-politique a freiné la mise en œuvre du "Plan d'action décennal de sauvegarde du Gbofé", élaboré par les communautés, en collaboration avec l'expert national. Dans le cadre de la soumission de l'élément pour son inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, un autre plan de sauvegarde et de promotion vient d'être élaboré par l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel, et contenu dans le formulaire de candidature. En 2010, la Commission nationale Ivoirienne pour l'UNESCO a organisé une mission de sensibilisation, en collaboration avec des experts du Ministère en charge de la Culture. Cette mission avait pour objectif de rendre plus viable l'élément afin d'éviter sa déperdition. A la suite de ces actions, une attention particulière est désormais accordée au Gbofé. Pour preuve, les praticiens ont repris les séances de répétiton (deux fois par mois) afin de pérenniser cette pratique musicale. Un jeune d'environ 18 ans vient même t'intégrer le groupe des danseurs. Le Gbofé d'Afounkaha est celui là même qui installe les autres groupes dans la région. C'est le cas du Gbofé de Katiola qui vient d'être créé par les praticiens d'Afounkaha. Une autre mesure/activité contenue dans le plan de suavegarde et mise en place par les communautés est la création en septembre 2010 de l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes traversières (ASMT-CI) et de la volonté de créer un Comité local de gestion. A cela s'ajoute le désir de ces communautés de voir l'Etat ou des partenaires nationaux ou internationaux, construire une maison culturelle (centre polyvalent) qui assurera la transmission des connaissances et savoir-faire liés au Gbofé.

C.5. Participation des communautésDécrivez la participation des communautés, des groupes et des individus à la sauvegarde de l’élément et indiquez s’ils ont la volonté de continuer à le sauvegarder.

Le "Plan d'action décennal de sauvegarde du Gbofé" a été réalisé à la base par les communautés d'Afounkaha, en collaboration avec l'expert national. La participation des communautés à la sauvegarde de l'élément, se traduit également par la création de l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes traversières de Côte d'Ivoire (ASMT-CI) qui regroupe les détenteurs et praticiens de l'élément ainsi que des représentants des autorités administratives et politiques. L'attachement des communautés à l'élément se traduit aussi par

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les répétitions bimensuelles, en vue de le pérenniser; ces séances ont été fructueuses car un jeune de 18 ans vient de rejoindre le groupe des danseurs, portant le nombre à quatre (4). La volonté de pérennisation de l'élément s'est aussi traduite par la création d'un groupe de Gbofé à Katiola, par les praticiens d'Afounkaha. Les communautés ont également participé au processus de préparation de la candidature de l'élément en vue de son inscription sur la Liste de sauvegarde urgente en donnant des idées sur le mode de sauvegarde du Gbofé et toutes les informations complémentaires ainsi que leur accord et consentement au présent dossier. De la recherche documentaire à la collecte d’informations sur le terrain, en passant par les missions d’information et de sensibilisation, les communautés ont participé activement à toutes les étapes d’élaboration du dossier de candidature. Qu’il s’agisse des rencontres individuelles et de groupes, et des contacts et approches personnels et interpersonnels dans les familles. Des réunions d’échanges et d’informations ont eu lieu sur les places publiques avec la participation de toute la population (hommes et femmes, vieux, jeunes et enfants). Toutes ces rencontres ont permis d’impliquer les communautés, de recueillir leurs attentes et opinions et de collecter, à la source, des informations, des notes et des prises de vue (photographies, vidéo) auprès des détenteurs et praticiens du Gbofé pour l’élaboration de ladite candidature. L'engagement pris par les communautés dans la mise en place des futures mesures de sauvegarde se traduit par leur volonté de voir créer un Comité local de gestion du projet, composé des représentants de l’Administration publique, des corporations, des couches socioprofessionnelles, des associations, des détenteurs, des praticiens, des collectivités locales. Ce comité aura pour principales missions la sensibilisation et l'information, la recherche de partenaires au développement pour le financement des projets d’infrastructures, de soutien à l'organisation des festivals, la conception et la mise en œuvre du plan de gestion et de sauvegarde de l'élément.

C.6. Contexte institutionnelInformations concernant le contexte institutionnel de l’élément inscrit sur la Liste représentative, y compris :

a. le ou les organisme(s) compétent(s) impliqué(s) dans sa gestion et/ou sa sauvegarde ;

b. la ou les organisation(s) de la communauté ou du groupe concernée(s) par l’élément et sa sauvegarde.

a)- Au Ministère en charge de la culture, l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel et la Direction du Patrimoine Culturel sont chargés de la sauvegarde, de la gestion et de la promotion du Gbofé. La Direction régionale de la Culture du Gbéké (capitale régionale: Bouaké) a pour mission de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’action culturelle, de patrimoine culturel, de bibliothèque et de lecture publique, de coordonner et d’exercer un contrôle technique dans son domaine de compétence. Dans le domaine du patrimoine culturel, elle est chargée d'inventorier les sites et monuments historiques, les éléments de l’architecture traditionnelle, de veiller à la sauvegarde des éléments du patrimoine culturel immatériel, au respect de la législation nationale sur le patrimoine et collecter les informations sur le patrimoine culturel régional. Elle sera bientôt relayée par la Direction régionale de la Culture du Hambol (capitale régionale: Katiola), nouvellement créée et dont la compétence territoriale couvre la Commune de Katiola et dont le Directeur n'est pas encore nommé. Ces structures sont soutenues par les Services socioculturels du Conseil régional du Hambol et de la Commune de Fronan, placés respectivement sous l’autorité administrative du Président du conseil, du Maire de Fronan et l’autorité technique des Chefs de services. Ils sont chargés d’exécuter les activités des plans et programmes d’action du Conseil régional et de la Commune en matière de bibliothèques, d’action sociale, culturelle et de patrimoine culturel, d'apporter un appui conseil aux collectivités territoriales, aux associations ou organisations dans tous les domaines de la culture, d'inventorier les éléments du patrimoine culturel local et veiller à leur sauvegarde.

b)- Au niveau communautaire, existe l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes traversières de Côte d'Ivoire (ASMT-CI), présidée par Mademoiselle Yégnan Touré Gniniwoyo Angeline, nommée expert national du Gbofé par l'arrêté interministériel n° 091/MEN/CAB/MCF du 10 septembre 2004 signé par les Ministres en charge de la Culture et de l'Education nationale. L'ASMT-CI est une organisation non gouvernementale dont le siège social

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est à Abidjan. Elle regroupe des répresentants des praticiens et détenteurs (Monsieur Traoré Honantchi), des autorités administratives et politiques (le Maire de la Commune de Fronan, le Président du Conseil régional du Hambol), le représentant des cadres de Fronan, de N'dana. Le Secrétaire général de l'ASMT-CI est Monsieur Yégnan Naminhonri Christophe. Le rôle de l'ASMT-CI est la mise en œuvre effective du "Plan de sauvegarde du Gbofé " élaboré en 2001 suite à la proclamation de l'élément comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité de l'UNESCO, en collaboration avec les structures techniques compétentes (Ministères en charge de la Culture, de l'Education nationale, Commission nationale ivoirienne pour l'UNESCO etc.). L'une des activités de l'ASMT-CI est l'inventaire de toutes les formes de musiques de trompes traversières présentes sur toute l'étendue du territoire national. Grâce au soutien financier, en juin 2011 du Ministère en charge de la Culture, cette association vient de réaliser un film documentaire sur les menaces qui pèsent sur l'élément. Créée le 23 septembre 2010 cette association est immatriculée au registre du Ministère en charge de la Culture dans le secteur de la "Promotion de la culture et des Arts musicaux traversiers" sous le numéro SPC/AS.C SMTT.CI 154/MCF/DPAC-2011-BM.

09 BP 1715 Abidjan 09Téléphone: (225) 01 79 22 34/07 13 02 29/ 07 06 19 25E-mail: [email protected]

C.7. Participation des communautés à l’établissement du présent rapportDécrivez les mesures qui ont été prises pour assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus concernés pendant la préparation du présent rapport pour chaque élément concerné.

Dès réception du courrier relatif à l'élaboration du rapport sur la mise en œuvre de la Convention 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et sur l'état des éléments inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité, la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) a informé tous les acteurs concernés de l'importance du document et de la participation active de tous et de chacun à son élaboration. A cet effet, la Commission nationale ivoirienne pour l'UNESCO a mis à la disposition de la Direction du Patrimoine Culturel, le rapport de la mission effectuée en 2010 par l'équipe d'experts nationaux, composée des techniciens du Ministère en charge de la Culture et ceux de la Commission nationale ivoirienne pour l'UNESCO, dans le cadre de la préparation du dossier de candidature pour l'inscription de l'élément sur la Liste de sauvegarde urgente. Ce rapport a été complèté par le rapport de la mission effectuée en novembre 2012 par l'équipe de la Direction du Patrimoine Culturel. Au cours de cette dernière mission, à l'aide d'un questionnaire de recherche, l'équipe technique de la Direction du Patrimoine Culturel a collecté, auprès du Maire de Fronan, Monsieur Basile Coulibaly Tiémoko, de Monsieur Traoré Honantchi (porte-parole des détenteurs et responsable du groupe musical) des informations orales sur l'élément, conformément aux rubriques contenues dans les différentes parties du questionnaire. En outre, lors de l'atelier de validation du dossier de candidature du Gbofé en vue de son insription sur la Liste de sauvegarde urgente, organisé en décembre 2012 par la Direction du Patrimoine Culturel, en collaboration avec l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel, le Secrétaire général de l'Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes traversières de Côte d'Ivoire (ASMT-CI), Monsieur Yégnan Naminhonri Christophe a fourni des informations complémentaires qui ont permis d'enrichir ledit rapport.

En ce qui concerne la contribution des jeunes à la pratique et à la transmission du patrimoine culturel immatériel, il est convient de noter qu'elle est effective dans plusieurs régions de la Côte d'Ivoire. Nous citerons des exemples observés dans les cours royales agni et abron: la danse "Kété" de la cour royale de Niablé ( pays agni) est pratiquée par des jeunes et des enfants et enseignée par ces derniers; à la cour royale de Krékéni, en pays abron, est pratiquée par des enfants (8-12) une danse royale. Cette jeunesse est aussi prise en compte dans le Plan de sauvegarde et de promotion 2013-2014-2015 du Balafon Djéguélé, élaboré par l'Office Ivoirien du Patrimoine Culturel et celui de 2014-2015 contenu dans le dossier de candidature du Gbofé. Dans lesdits plans sont prévus des ateliers pratiques de sensibilisation, d’initiation et de

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formation des jeunes sur la fabrication, le jeu du balafon, du Gbofé, de la danse et des chants liés à ces deux éléments, la création de centres polyvalents pour la pratique régulière, les répétitions, les apprentissages et les ateliers pratiques de fabrication des instruments. Concernant le rôle du genre dans la pratique, la transmission et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, il convient également de noter que les femmes sont très actives dans ce processus. Dans le cas de la pérennisation du Gbofé, les chanteuses transmettent leur art à leurs filles: chaque soir, assises auprès de leurs mères, tantes, les jeunes filles apprennent les chansons du Gbofé; une fois pressenties aptes à interpréter le répertoire, elles sont présentées aux chanteuses attitrées qui, à travers un chant au choix les testent et lorsqu'elles reconnaissent une belle voix et des attitudes de chanteuses chez les jeunes filles, ces dernières sont aussitôt admises dans le rang des chanteuses et au fil du temps, à l'occasion des cérémonies et au contact des trompes musicales puis des chanteuses expérimentées, les jeunes chanteuses acquièrent l'habilité, le réflexe audif qui leur permet de reconnaître au jeu des trompes, les chansons entonnées à exécuter. Ces exemples de formation par les femmes sont légion en Côte d'Ivoire où des traditions musicales féminines comme le "Nôlô" (musique funéraire en pays agni), l'"Alégnin" (musique féminine de génération en pays tchaman) ont été pérennisées grâce au rôle joué par les femmes qui continuent de transmettent leurs connaissances et savoir-faire aux plus jeunes. L'art de la poterie a pu être pérennisé en pays mangoro (commune de Katiola) et en pays dégha de Motiamo (commune de Bondoukou) depuis des siècles grâce au rôle joué par les femmes. En vue de contribuer aux stratégies de sauvegarde du Gbofé, la responsable des chanteuses et la responsable des femmes d'Afounkaha ont été choisies pour faire partir du Comité local de gestion du projet de sauvegarde et de promotion du Gbofé, en cours d'installation.

D.

D. SIGNATURE AU NOM DE L’ÉTAT PARTIE

Le rapport doit se terminer par la signature originale du fonctionnaire compétent pour le signer au nom de l’État, accompagnée de son nom, de son titre et de la date de remise.

Nom : Maurice Kouakou BANDAMAN

Titre : Ministre de la Culture et de la Francophonie

Date : 17 juillet 2013

Signature : <signé>

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