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Rédacteur invité – Charles-Mathieu Brunelle · Innover, c’est se (re)connecter à ce qui nous entoure. C’est se mouvoir dans la toile complexe de relations qui animent notre

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3 Éditorial 4 Rédacteur invité – Charles-Mathieu Brunelle 5 Entrevue avec le ministre Clément Gignac

Dossier relève et innovation 7 L’industrie forestière sort des sentiers battus 8 Une rentrée sous le signe du commerce équitable10 Une dose de créativité menant à une victoire collective12 Se donner les moyens de rêver pour le développement coopératif

Dossier relève et innovation – National et international14 Les coopératives de nouvelle génération : l’autre modèle de coopératives agricoles16 Au-delà les gains financiers, l’amitié18 Un quartier, 80 coopératives20 La Central Cooperativa Agropecuaria : un exemple de coopération Nord-Sud22 Lèt Agogo : un autre modèle de distribution de lait24 Un arbre magique, des femmes d’exception, un potentiel de milliers de coopératives féminines

Cahiers régionaux28 Cahier Montréal38 Cahier Laval45 Cahier Lanaudière53 Cahier Outaouais60 Cahier Laurentides

67 Les ressources de la Zone de coopération

Revue annuelle 2011 | Volume 10

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PubNap-Art

Comité de rédactionAbderrahimIzirriClaudineLalondeFrédéricPlanteIsabelleGodboutLouis-DavidMaloNadaElkouzi

Coordination – contenu et publicitésIsabelleGodbout

Stagiaire en journalisme – rédacteur principalGaétan-PhilippeBeaulière

RédactionAbderrahimIzirriAndrée-AnnePotvinClaudineLalondeFrançoisLéveilléFrédéricPlanteIsabelleGodboutLouis-DavidMaloNadaElkouziSandieLetendreZamzamAkbaraly

Collaboration spécialeCharles-MathieuBrunelleClaireLeBelGeoffroiGaronRichardLaframboise

RévisionChristineParéIsabelleGodbout

ImpressionNap-Art imprimeurs

Conception graphique

Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du QuébecDépôt légal - Bibliothèque et Archives CanadaISSN 1715-412X

Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) contribue financièrement aux activités des trois coopératives de développement régional par l’entremise d’un programme administré par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM).

Revue annuelle 2011 | Volume 10

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3ÉDITORIAL

L’aventure a commencé en 2001 grâce àl’initiative de monsieur Guy Bisaillon, àl’époque directeur général de la Coopérativededéveloppementrégional (CDR)Montréal-Laval. Qui aurait cru que nous atteindrionsle cap de la dixième année? La CDRMontréal-Laval a produit seule les quatrepremières parutions. La revue a ensuite étédéveloppée conjointement avec ses voisines,la Coopérative de développement régional(CDR) de Lanaudière et la Coopérative dedéveloppement régional (CDR) Outaouais-Laurentides, par l’entremise de la Zone decoopération. La revue Coopoint est un outilimportant dans la réalisation de la missiondes trois CDR, à savoir la promotion de lacoopération et de l’intercoopération sur leurterritoirerespectif.

Au fil des années, la revue Coopoint asu s’imposer comme une des vitrines dumouvement coopératif québécois. L’exemplede la Coopérative de solidarité Auberge dejeunesse de la Petite-Nation en Outaouaisest un exemple de mobilisation de près de600  personnes bénévoles, développeurséconomiques et partenaires marquantl’engagement de toute une communauté à larestaurationd’unédificehistorique.

D’une parution à l’autre, la revue s’estaméliorée, tant sur le plan du contenu quesur celui du contenant. Le mérite revientbien sûr aux employés des trois CDR qui yont collaboré, aux rédacteurs stagiaires, auxcollaborateurs occasionnels, mais aussi auxnombreux annonceurs qui ont soutenu cettepublication depuis ses débuts et sans lesquelsnousn’aurionspuenarriverlà.

Cenumérotraitededeuxthèmes :larelèveetl’innovation.GeoffroiGaron,jeuneMontréa-laisde lacoopérativedesolidaritéInnov X.0,

nousparledelarelèvedanssonarticle.Selonlui,le modèle des coopératives convient le mieuxà l’entrepreneuriat social. Il insiste égalementsurlesdéfisdelarelèveentrelesgénérations :baby-boomers, X, Y et C. Pour traiter dupositionnement des coopératives devant lesdéfis de l’innovation qui nous attendent,la CDR de Lanaudière a rencontré troiscoopérants,unvétéran,unjunioretunefuturecoopérante.

Ce numéro présente aussi des initiativesinspirantes de coopératives à l’international.Les cahiers régionaux de nos territoiresrespectifs traitent de coopératives bieninstallées,decoopérativesendémarrageetdeprojetsémergentsdescommunautésculturelles.

L’assemblée générale des Nations unies aproclamé l’année 2012 année internationaledes coopératives pour reconnaître le modèleet l’apport de l’entrepreneuriat collectif dansledéveloppementsocioéconomiqueàl’échellemondiale.Àlaveillede2012,lescoopérativesont de plus en plus d’incidence sur ledéveloppementsocioéconomique.Leurchampd’activités’élargitdeplusenplus,carellessontfondéessurdesvaleursetsurdesprincipesquimettentl’humainetl’environnementaucentredudéveloppement.

Nous sommes fiers de présenter ce dixièmenuméro de la revue Coopoint qui contribueraà augmenter la visibilité du mouvementcoopératifetquisauradonnerlegoûtàplusieursdefonderdescoopératives,carlesgenssaventdésormais que les coopératives contribuent àcréerdelarichesseetaussiàlapartager.

Bonne lecture et longue vie à notre revueCoopoint !

Par Abderrahim Izirri

LA REVUE ANNUELLE COOPOINTA10ANS!

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4 RÉDACTEUR INVITÉ

Je venais d’être embauché par le Cirque duSoleil,l’ÉcolenationaledecirqueetEnpiste,le regroupement des arts du cirque, pourconstruirecequidevaitalorss’appeler laCitédesartsducirque…

Une autoroute à gauche. Un site d’enfouis-sement des déchets à droite. Et tout autourdemoi,cequiétaitconsidérécommel’undesquartierslesplussensiblesauCanada…Juchéenhautde la terrassedes bureauxduCirquedu Soleil, je me demandais, en observant lepaysage, comment nous allions bien pouvoirfairepourquecetendroitdeviennecequ’ilsedevaitabsolumentd’être  :unfleurondesartsducirque.

C’est alors que j’ai pris conscience que jem’imposaisdescontraintesavantmêmed’avoirne serait-ce qu’une petite idée de ce qu’allaitêtre, au final, cette fameuse Cité des arts ducirque. J’ai donc décidé de m’ouvrir à ce quim’entourait,deme laisser influencerparmonenvironnement.Commelefontcesartistesdecirque,nomades,toujoursenquêted’équilibre.Etl’idées’estimposéed’elle-même.DuchaosétaitnéelaTohu!Concilierlecirque,laterreet l’humain est ce qui a fait le succès de laTohu, cequi a permisde ladistinguer sur lascène internationale. Un bâtiment vert, desévénementséthiquesetenvironnementaux,desemployésissusduquartier,desreprésentationsgratuites pour les résidents et, bien sûr, lepetitgraindefoliecircassienetdesspectaclesd’envergure internationale : le public sereconnaît dans cet endroit hybride, remplide paradoxes qui se bousculent sans cesseles uns et les autres, mais qui cohabitentharmonieusement.

Depuis mon arrivée dans ces institutionsscientifiques que sont le Jardin botanique, leBiodôme, l’Insectarium et le Planétarium, cequi était pour moi une intuition est devenuune certitude. Comme tous les éléments duvivant,nousavonsunevéritableprédispositionàl’adaptation.

Charles Darwin l’a dit : « Les espèces quisurvivent ne sont pas les espèces les plusfortes,nilesplusintelligentes,maiscellesquis’adaptent le mieux aux changements. » Lanatureestunsystèmeenéquilibredanslequelnousévoluonsetdanslequelnoussommesenconstante interaction avec d’autres espèces.Selon moi, il est essentiel que chaque êtrehumain puisse se réconcilier avec la natureet saisir ce que nous apprend ce modèleinspirant.C’est à cette tâcheque s’emploient,à chaque instant, les centaines de passionnésqui travaillent dans nos institutions. C’est lesensdecefutur«Espacepourlavie»quiunirabientôt physiquement nos quatre musées déjàunis par leur mission commune. Un espacequiauraété imaginéparnosgens,maisaussiparnotrevoisinageetparlesMontréalais.Unespaceenconstanteévolutionquiserafaçonnéet animé par nos visiteurs venus du mondeentier. Un espace dont les ramifications necesserontdes’étendre.

Jesuisprofondémentconvaincuquelavéritableinnovationnevientpasdenullepart.Elleestancréedansunmilieu,dansunehistoire.Elleestunmouvement,unactederenouvellement.Innover, c’est se (re)connecter à ce qui nousentoure.C’estsemouvoirdanslatoilecomplexede relations qui animent notre univers. C’estrendre poreux tout ce qui ressemble à uncarcan.C’estréconcilierdesidéesetdesintérêtsàpremièrevuedivergents,lestranscender.

Nous sommes de plus en plus nombreux àvouloircultiverunenouvellefaçondevivre.

Cette préoccupation sans cesse grandissantequ’ont les jeunes à l’égard de leur environ-nement, de leurs concitoyens et de ce qu’ilslégueront aux générations futures laisseentrevoirunavenirenthousiasmant,oùilferabonvivreensemble.

Par Charles-Mathieu Brunelle

OSER SE LAISSER INFLUENCER

Charles-Mathieu Brunelle, membre fondateur et vice-président du conseil d’administration de la Tohu de 1999 à 2008, possède une large expertise en gestion des organismes et des entreprises culturelles. Directeur général des Muséums nature de Montréal (Biodôme, Insectarium, Jardin botanique, Planétarium) depuis août 2008, il s’est vu confier par la Ville de Montréal le mandat de donner une nouvelle impulsion à cette institution. Relève et innovation constituent des thèmes inspirants pour monsieur Brunelle.

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5ENTREVUE

Coopoint : Quelle est la place descoopératives au sein du développementéconomiqueduQuébec?

Clément Gignac : Les coopératives sont desentreprises innovantes et dynamiques quicontribuent activement au développementéconomique et social du Québec. Elles fontpartie intégrante de la relance économiqueet de la culture entrepreneuriale au Québec.L’entrepreneuriat coopératif québécois estdynamiqueàplusieurségards.En2008,alorsque la population québécoise représentait24  %, 63  % des nouvelles coopérativesconstituéesauCanadaprovenaientduQuébec.Au chapitrede l’emploi, les coopératives fonttrèsbienégalement.De1997à2007,lenombred’emploisdanslescoopérativesnonfinancières1a progressé de 5,4  % en moyenne par année.Pendantlamêmepériode,lenombred’emploisauQuébecprogressaitde2,1 %parannée.

Dois-jerappelerégalementquelescoopérativesprésententuntauxdesurvieenvirondeuxfoisplusélevéqueceluidesautresentreprises?

L’entrepreneuriat coopératif est donc un belexempledepriseenchargequiafaitsespreuvesetquiestplusquejamaisactuel.

C:Quelleestlaplacedudéveloppementetdelapérennitédescoopérativesauseindevotreministère?

C. G. : En 2003, le ministère du Dévelop-pement économique, de l’Innovation et del’Exportation (MDEIE) a mis en place unePolitique de développement des coopératives,laseuled’ailleursauCanada.Danslecadredecettepolitique,nousavonsconcluuneententede partenariat avec le mouvement coopératif.Cetteententeapermisderevoirlecadrelégalcoopératif, d’améliorer les outils financierset fiscaux à l’intention des coopératives, desoutenir davantage les projets structurantscoopératifs et de bonifier l’aide technique

au démarrage, particulièrement l’aide ausuivi et au développement d’affaires. Plus de20  réseaux régionaux et sectoriels représentésparleConseilquébécoisdelacoopérationetdelamutualité(CQCM)adhèrentàcetteentente.

Le MDEIE vient de reconduire pour2010-2011et2011-2012l’ententedepartena-riat (10,2 M$,dont9 M$dugouvernement),cequitémoignedenotrefoidanslepotentielde développement économique et socialdes coopératives. Ce gouvernement est fierd’avoirappuyéleCQCMavecdesententesdepartenariatdepuis2003.

Finalement, il ne faudrait pas oublier laprésence d’une équipe de personnes qui, à laDirectiondescoopérativesdenotreministère,soutiennent le développement coopératif surunebasequotidienne.

C : Sachant que les divers modèlescoopératifs développés au Québec ainsique les différentes lois les régissantsont reconnus un peu partout au monde,qu’entend faire le Ministère pour accroîtrecettereconnaissance?

C.G. : Au Québec, les coopératives ont dusuccèsdansplusieurs secteurs, comme l’épar-gne et le crédit, les assurances, l’agroalimen-taire et les services à la personne, pour nenommer que ceux-là. Dans certains secteurséconomiques, la formule coopérative estcependantmoinsconnueetmoinsconsidérée.Il faudra continuer à faire en sorte que lesparticularitéscoopérativessoientmieuxprisesencomptedanslesprogrammes,mesures,lois,politiquesetstratégies.

Les coopératives doivent s’implanter dans denouveaux secteurs. Il faut créer un contextefavorable et lever, dans certains cas, lesembûchesréglementairesetautresquipeuventdésavantagerlescoopératives.

ENTREVUE AVEC LE MINISTRE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, DE L’INNOVATION ET DE L’EXPORTATION

CLÉMENTGIGNAC

1CequiexclutleMouvementDesjardinsetlesmutuellesd’assurance.

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6 ENTREVUE

C.:LeMinistèreamissurpiedlaStratégiequébécoise de la recherche et del’innovation2010-2013.Quelleseralaplacedes coopératives au sein de ce large pland’action?

C. G. : Les mesures visées par la Stratégievisent toutes les entreprises, ce qui inclut lescoopératives.

J’encouragelemouvementcoopératifàprendrepleinementsaplaceetàprésenterdesprojets.

C.:EnquoilescoopérativesdéveloppéesauQuébecsont-ellesinnovantes?

C.G.:LeQuébecainnovéenintroduisantlescoopératives de solidarité qui permettent deregrouper différents types de membres et derépondreàdifférentsbesoins.

On retrouveaussi auQuébec les coopérativesde travailleurs actionnaires qui constituentun partenariat original, puisqu’elles mettentàcontributionlesforcesdel’entrepriseprivée,autantquecellesdel’entreprisecoopérative.

Les coopératives sont aussi très innovantesdans leurs activités, qu’on pense aux produitsforestiers non ligneux, aux produits agroali-mentairesde toutes sortesetauxservicesà lapersonne,parexemple.

C. : La relève demeure un enjeu de taillepour les différents secteurs coopératifs.Qu’entendfaireleMinistèrepourpromouvoirlaformulecoopérativeauprèsdesQuébécoisetàl’étranger?

C.G.:Touteslesentreprisessontconfrontéesauxdéfisdelarelève.Ilyad’abordledéfideconstituerunebonnerelèvedanslesentrepriseselles-mêmes, par une formation efficace etcontinuedelamain-d’œuvre,notamment.

Il existe aussi un défi lié au départ despropriétaires au cours des prochaines années.Les coopératives représentent une solutionefficace à cetteproblématique.Par la formulecoopérative, la relève peut être assurée par

les travailleurs, les consommateurs ou lesproducteurs. On voit aussi de plus en plusde partenariats entre les travailleurs et lesinvestisseurs privés, comme dans les coopé-rativesde travailleursactionnaires (CTA).LeMDEIE a aussi contribué à développer deuxoutils liés à la relève, soit le Guide CTA et leGuide Relais (reprised’entreprises).

Nous continuons à promouvoir activement laformule coopérative auQuébecpar différentsmoyens, dont l’entente de partenariat oul’associationavecdifférentsprojetsstructurantscoopératifs.

Pour répondre à la dernière partie de votrequestion,l’expertisequébécoiseencoopérationestmondialementreconnue.LeMDEIEreçoittrès fréquemment des missions du Canadaanglais, des États-Unis, de l’Amérique duSud et de l’Europe, qui viennent s’enquérirde l’approche québécoise en développementcoopératif. Nous sommes fiers de rendreaccessiblesnotreexpérienceetnotreexpertiseauxétrangers.Cetteexpertise,nouslarendonsaccessible également à des organisations dedéveloppement international telles que laSociétédecoopérationpourledéveloppementinternational(SOCODEVI).

Ilnefautpasnégligerl’apportdescoopérativespourl’économieenrégion.Lescoopérativesetlesmutuellesontbiensaisitoutel’importanceque revêt la mobilisation du milieu. Ellesmisent ainsi sur des valeurs et des principesmoteurs, tels que la mise en commun desressourcesetlagestiondémocratique.

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7RELÈVE ET INNOVATION

Lentementetpatiemment,l’industrieforestièretravailleàseredéfinir.LaFédérationquébécoisedescoopérativesforestières(FQCF)sesitueaucœurdecerepositionnementvisantàchangerlafaced’unsecteurdurementéprouvéaucoursdesdernièresannées.Comment?Enfavorisantl’utilisationderésidusdecoupedeboispourlechauffageetlaproductiond’épicesàpartirdeplantesdelaforêtboréale,notamment.

Onnecomptepluslescimes,branchesettroncslaissésderrièreparlesproducteursforestiers.Ilestpourtantpossiblededonnerunedeuxièmevieàcesrésidusdesactivitésderécolteenforêt,aussi appelés biomasse forestière résiduelle.Une solution de rechange aux combustiblesfossiles de plus en plus promue par l’Agencedel’efficacitéénergétiqueduQuébec.Eneffet,depuis2009,l’Agenceoffredel’aidefinancièrepour favoriser la conversion de systèmes dechauffage des bâtiments institutionnels,commerciauxoureligieux.

« AuQuébec,noussommesunesociétéfores-tière, mais comparativement aux autres soci-étés,onn’ajamaisutilisélabiomasseforestièrepourchaufferdesbâtiments »,expliqueJocelynLessard,directeurgénéraldelaFQCF.Pour-tant, il est possible de mieux exploiter cettesourced’énergie.Àpreuve, «  lespaysdans lenorddel’Europecomblentpratiquement25%deleursbesoinsénergétiquesàpartirdelabio-masseforestière ».

LorsquelescoopérativesmembresdelaFQCFrécoltent du bois pour l’industrie forestièrede transformation,plusieurspartiesde l’arbrepeuvent être converties en combustiblede chauffage. Cela exige en revanche ledéveloppementd’une« expertisepour le fairedefaçonefficace ».UncomitédelaFQCFaétémandaté pour se pencher spécifiquement surcettequestion.

Lescoopérativesytrouventleurcomptelorsqueleurs bâtiments sont chauffés à la biomasseforestière. «  C’est un créneau qui complète lagamme d’activités déjà réalisées en forêt etquipermetdediminuerlecoûtdesopérationscourantes.Sanscompterqu’ilcréedesemploissupplémentaires »,révèleJocelynLessard.

Lorsquel’approvisionnementpeutêtreeffectuésurdepetitesdistances, ce typede chauffageest une option «  très intéressante  » pourl’organisme ou l’institution, puisque «  mêmeauxcoûtsactuelsdel’électricitéetdupétrole,nous sommes capables de réaliser des projetsrentables pour les communautés, tout enréduisant leur insécurité énergétique et leurscoûts ».

Épices de la forêt boréaleAutrecréneauquelaFQCFdéveloppedepuisquelquesannées:lesproduitsalimentairesissusde la forêt boréale. L’idée originale provientde la Coopérative forestière de Girardville etdu biologiste Fabien Girard, qui ont lancé lamarque d’Origina, Être Boréal. Aujourd’hui,«  cinq coopératives différentes, réparties unpeu partout dans la province, cueillent suffi-samment pour qu’on puisse compter sur unapprovisionnement stable  », dit monsieurLessard,quipréciseque ledéveloppementdetelsproduitsforestiersnon-ligneux,c’est-à-direautresquelebois,« nesefaitpasenclaquantdesdoigts ».Selonlui,prèsdedixansdetravailont été nécessaires avant que les épices negagnentunecertainepopularité.

Enmatièrederespectdel’environnement, lesrèglessuiviessonteffectivementstrictes,cequia exigé une certaine adaptation de la part del’industrie forestière. «  Même les insecticidesquelestravailleursforestiersemploientparfoispour se protéger ne peuvent être utilisés parles cueilleurs. La plante doit être exactementcommeelleétaità l’étatnaturel »,ditJocelynLessard.

Commeils’agitd’untypederécolteinédit,deseffortsconsidérablesontégalementétédéployéspar la FQCF pour «  développer les procédésde prospection  », c’est-à-dire de repérage, decueillette et de transformation des plantes.Touscesprocédésseveulent« durables ».Toutcomme l’engouementpour les épices boréalesd’ailleurs,quinesemblepasprèsdesetarir.

Par Gaétan-Philippe Beaulière

L’INDUSTRIE FORESTIÈRE SORT DESSENTIERSBATTUS

LaCoopérativeforestièredeGirardvillecommercialiseunegammed’épicespréparéesàpartirdeplantesdelaforêtboréale,souslamarqued’Origina,ÊtreBoréal.

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8 RELÈVE ET INNOVATION

Par Gaétan-Philippe Beaulière

Quiaditquel’uniformitédevaitêtreconven-tionnelle?Cetautomne,cinqécolessecondairesquébécoisesontchoisideconcevoirunegammed’uniformescertifiésbiologiquesetéquitables,unepremièreenAmériqueduNord.Derrièrecetteinnovation,ilyal’entreprisecoopérativefibrEthik,quisespécialisedansl’importationetlapromotionducoton« bioéquitable ».

Laproductiondecotonpeutêtreétonnammentpolluante. Une réalité à laquelle le consom-

mateur occidental moyen reste aveugle aumomentd’acheterdesvêtements.Or,leseffetsduchoixdecesécolessurl’environnementsontnotables :cesont9 000litresdepesticidesetautres produits toxiques de moins quiserontdéversésdansleschampsdecoton.Sanscompter les150 tonnesdeCO2quineserontpas produites.  La mission de fibrEthik estcertes d’importer du coton biologique etéquitable, mais également d’«  apprendre auxgens qu’acheter des vêtements n’est pas un

gestesianodinqu’illesemble;laproductiondevêtements pollue énormément  », explique lefondateur et coordonnateur général defibrEthik,monsieurMarc-HenriFaure.

Plus que de l’importationChaque année, fibrEthik est appelée àprononcerune trentainedeconférences sur lecommerce équitable, généralement devant lesemployésouélèvesquivendrontouporterontles produits de coton bioéquitable. On y

UNE RENTRÉE SOUS LE SIGNE DU COMMERCEÉQUITABLE

L’équipedefibrÉthik:DenisGoudreault,Marc-HenriFaure,AlejandraNavarro,DidierReynaudetJulieTremblay(absentesurlaphoto).

COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ FIBRETHIK

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9RELÈVE ET INNOVATION

abordenotammentlesavantagesducommerceéquitable pour les coopératives et entreprisesd’économie sociale indiennes avec lesquellesfibrEthik fait affaire. Selon monsieur Faure,les employés ont le sentiment de «  participerà un effort collectif d’amélioration du mondeen général  ». C’est pour eux  un fort outil demotivation qui les amène à être plus fiers deleurentreprise.

Adopter le coton «  bioéquitable » pour lesuniformes d’entreprise ou scolaire, c’est bien.Maispourquois’arrêterlà?fibrEthiktablesurunepremièreconscientisationpouramenersaclientèle plus loin en lui offrant des services-conseils en développement durable. «  Au-delà des produits, nous offrons de l’aide aux

entreprises qui veulent prendre le virage vertet agir de façon responsable », explique lecoordonnateur général. «  Par l’entremise duvêtement, nous leur faisons voir les impactsqu’ellesont àd’autres égards,que ce soit leurconsommationd’énergie,depapierouautres.Lecotonbioéquitable,c’estnotreported’entréepour les amener vers quelque chose de pluslarge. »

Un souci de réciprocitéLa coopérative de solidarité vend aussi unegamme variée de produits de coton, dontdes draps, serviettes et robes de chambre àdes institutions du secteur hôtelier. Le touten suivant scrupuleusement des règles deproduction respectueuses de l’environnement.RèglesquelacoopérativefibrEthiks’est,dansunelargepart,elle-mêmeimposées.

« Dansunecertainemesure, les certificationséquitablesimposentdesrèglesauxproducteurs,mais n’en imposent que trop peu auxgens dans le Nord  », affirme Marc-HenriFaure.« Sionimposedesconditionsstrictesauxgensdans leSud–derespectde l’environne-ment,notamment–,ilfautselesimposeraussiauNord.Sinon,çanesertàrien,oncontinued’exploiter les gens pour notre bonneconscience ».

Chez fibrEthik, pas de t-shirts emballésindividuellement.Àquelquesraresexceptions,l’importation depuis l’Inde se fait par voiemaritimeplutôtqueparavion,lebateauétant36foismoinspolluantquel’avion.

C’esten raisondecemêmesoucide récipro-cité que le choix du modèle coopératif s’estimposédelui-même,aumoment de fonder lacoopérative  : «  Si tuveux créer une entre-prise de commerceéquitable, que tu lacrées de toutes pièceset que tu sais qu’ondemandeauxgensdanslespaysduSuddes’or-ganiserencoopérative,créer une entrepriseprivéed’uneformetra-ditionnelle pour faireducommerceéquitablen’estpascohérent.Lesgens du Sud s’organi-sentencoopératives,iln’y a pas de raison dene pas s’organiser encoopérativesici. »

Lorsqu’on demande àMarc-Henri Faure oùen sera la coopérativedans dix ans, il voitgrand. «  Il y aura uneéquiped’unequinzainede personnes. Jepense qu’il y auradeux fibrEthik  : un

fibrEthik qui va continuer à développer desproduits bioéquitables de marque privée oùlamarquefibrEthikn’apparaîtranullepart etunfibrEthikquivendradesserviettesdebain,des draps de lit, des t-shirts sous la marquefibrEthik. Et peut-être des jeans.  » Pourquoipas? Après tout, nombreux étaient ceux quiprédisaientune courte vie àfibrEthik. « Trèssouventdepuisquatreans, jemesuisfaitdirepar des gens  que j’allais me casser la gueule,queçanemarcheraitpas.Cesgens-là,jelesairevus,et ilsm’ontdemandésimonentrepriseexistaitencore.Oui,çafonctionnetoujours,etçafonctionnebien. »

CoopérativedesolidaritéfibrEthik5425,ruedeBordeaux,local500Montréal(Québec)H2H2P9514 563-1195www.fibrethik.org

PUBDesjardins assurances générales

- Manquante -

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10 RELÈVE ET INNOVATION

Le16juindernier,dansl’usinedelanouvelleLaiterie de l’Outaouais, les félicitationsfusaientde toutespartset lesvœuxdesuccèsnetarissaientpas.L’ouvertureofficielle,enfin!Après trois années et demie de péripéties,le comité de relance atteignait son but. OntrinquaitavecdesverresremplisdelaitproduitenOutaouais.

La fébrilité des acteurs du milieu rassembléspour l’occasion n’était pas feinte. En soi,maintenirlaproductionlaitièrerégionaleétaitunaccomplissementdignedecescélébrations.CarsesubstitueràlalaiterieChâteau,ferméeen 2007, n’a pas été une mince affaire. Il afallu notamment construire une usine d’unesuperficie de 13  500 pieds carrés, au coût detrois millionsdedollars.

L’élaboration du montage financier a parailleursétéparticulièrementcomplexe.LeshuitfuturstravailleursdelaLaiteriedel’Outaouais,réunis en coopérative de travailleurs action-naire, ont investi 3  000  $ chacun dans leprojet.Dixautrespartenairesfinanciers,dontquelques ministères provinciaux et fédéraux,ont contribué pour que soient obtenus les2,6 millionsdedollarsquenécessitait lamisesurpieddelalaiterie.

L’établissement de la structure de l’entrepriseproprementditeaaussiexigéunebonnedosede créativité. «  Lorsque nous avons lancé lacampagne de mobilisation auprès du public,nouscherchionsunmodèlejuridiquesimpleetefficace,sanslourdeurstructurelle,commelesanciennes sociétésdeplacementenentreprise

du Québec (SPEC)  », explique AntoineNormand, membre du comité de relance etdu conseil d’administration de la laiterie. Lasolution retenueprévoyait la créationdedeuxcoopérativesdistinctes.Dansunpremiertemps,« lemodèledecoopérativedeconsommateurss’estimposésansaucunequestion ».Puis,cettecoopérative a été «  associée à la coopérativedestravailleursactionnairedansunesociétéàcapital-actionsfermée.Nousavonsmaintenantune structure souple, imaginative et, surtout,inclusive »,résumemonsieurNormand.

Une région « mature »Lors de l’ouverture de la Laiterie del’Outaouais, tous s’entendaient pour dire quela relance revêtait également un caractèreparticulierpourlarégion.L’ouvertureofficielle

Par Gaétan-Philippe Beaulière

LAITERIEDEL’OUTAOUAIS: UNE DOSE DE CRÉATIVITÉ MENANT À UNE VICTOIRE COLLECTIVE

LespremierslitresdelaitdelaLaiteriedel’Outaouaisontétébuslorsdel’inaugurationofficielle,le16juindernier.

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marquait bien plus qu’une simple réussiteentrepreneuriale. «  Je pense qu’aujourd’huinousvoyonsunexempledecequ’onpeutfairequandontravailleensemble. […]Nousavonsdémontréquenoussommesdesbâtisseurs,enOutaouais »,adéclarétriomphalementmadame

Paulette Lalande, mairesse dePlaisance et présidente de laConférence régionale des élus(CRÉ) de l’Outaouais. Cela aen outre contribué, selon elle,à faire en sorte que les gensde l’Outaouais ont retrouvé« cetteidentitéqu’onrecherchesouvent ».

Laconsolidationd’unecertainefierté régionale serait donc àcompter au nombre des effetsintangibles de la création dela Laiterie de l’Outaouais. Leprésident de la coopérativede consommateurs, monsieurMaxime Pedneaud-Jobin,partage ce point de vue.«  L’arrivée de ce lait marquele début d’une nouvelle èredans le développement de larégion. Comme région, nousnous affirmons politiquement,socialement et économi-quement depuis longtemps.Mais j’ai l’impressionqu’aujourd’hui, nous accédonsàunniveaudematuritéjamaisatteint[…] »,a-t-ildéclarélors

de l’ouverture officielle, rappelant du mêmesouffle que «  sans l’engagement de toute lesforces vives de l’Outaouais, rien n’aurait étépossible ».

… et mobiliséeCette maturité, enpartie liée à la mobi-lisation que le comitéde relance de la lai-terie a patiemmentstimulée, est un succèsindéniable. En effet,5 000 familles,citoyensetentreprises,ainsique25 centres de la petiteenfance (CPE), se sontengagés à boire le laitdelalaiterieens’inscri-vantsurlesiteInternet :la iter ieoutaouais.ca.Tous les détaillantsindépendants de larégion ont promis delui faire une place surleurs tablettes. Lacoopérativedeconsom-mateurs a recruté700  membres, qui sesont tous procuré despartssocialesaucoûtde200 $. Chose rare, lesmédias ont égalementdonné leur appui enlibérant l’équivalent de125 000 $ en publi-

citéafindepromouvoirlarelancedelalaiterie.Dansdetellescirconstances,quis’étonneradufaitquelaréussitedelarelancesoitprésentéecommeunevictoirecollective?

LedirecteurgénéraldelaCDROutaouais-Laurentides,monsieurPatrickDuguay,leprésidentdelacoopérativedeconsommateurs,monsieurMaximePedneaud-Jobin,ledéputédePapineauetministreresponsabledel’Outaouais,monsieurNormanMacMillan,etlemairesuppléant,monsieurJoseph Da Silva,lorsdel’ouvertureofficielledelaLaiteriedel’Outaouais.

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12 RELÈVE ET INNOVATION

« NoussouhaitonssoutenirlapromotionetledéveloppementdescoopérativesenOutaouais,parce que nous croyons fermement que lacoopération contribue à la qualité de viedes milieux et des personnes  », expliqueAlainRoy, présidentde laFondationpour ledéveloppementdescoopérativesenOutaouais.« C’estpourcetteraisonquenousavonsmisenplacelaFondation! »

C’esten2008,à l’initiativedelaCoopérativefunérairedel’Outaouais(CFO),quelaFonda-tionavulejour :« Nosbonnespratiquesetnotreperformancenouspermettentderetourneràlacollectivitédel’Outaouais,souslaformed’uneristournecollective,unepartiedenossurplus,raconte monsieur Alain Roy. Le conseild’administration a estimé que le tempsétait venu de mettre en place un instrumentd’appuispécifiquementvouéaudéveloppementdes coopératives en s’inspirantdenos valeursd’autonomie, d’intercoopération et d’engage-ment dans le milieu pour proposer de créerune fondation. Ce projet a été fortement

appuyé, soit par plus des deux tiers desmembres de la CFO réunis en assembléegénérale! »Lacoopérativefunéraireaalorsmisenplacelespremiersjalonsdufondsdedotationetainvitélespartenairesdumilieucoopératifà participer au projet. Depuis le début, leurparticipation vabien au-delàdufinancement.En effet, en contribuant, les coopérativesdeviennent membres; elles exercent alors unpouvoir sur les orientations de la Fondationet peuvent même participer au comitéd’investissement.

La Fondation administre donc un fonds dedotation et seuls les intérêts produits parce fonds seront utilisés pour soutenir ledéveloppement d’un secteur coopératif forten Outaouais. « À leur tour, l’ensemble descoopératives pourra contribuer à l’émergenceouaudéveloppementd’autrescoopérativesenOutaouais,etainsiparticiperàunmouvementde solidarité  », explique monsieur Roy. Onconnaît déjà des fonds qui sont réservés àl’économie sociale; la Fondation pour le

développementdescoopérativesenOutaouaisvient en quelque sorte bonifier leur offre desoutien financier, parce que souvent, un peud’argentinvestiaubonmomentfaitladifférencedanslesuccèsdesprojets.Avantmêmel’annonceofficielledelacréationdelaFondation,prèsde10coopérativesdel’Outaouaissesontengagéesà contribuer au fonds. La Fondation pour ledéveloppementdescoopérativesenOutaouaisseraofficiellementlancéeàl’automne2010.

Solidarité et intercoopérationLa Fondation pour le développement descoopératives en Outaouais, c’est en quelquesorte l’expression des valeurs fondamentalescoopératives  : prise en charge, responsabilitésmutuelles et solidarité. Elle concrétise aussiles principes coopératifs. Monsieur PatrickDuguay, directeur général de la CDROutaouais-Laurentides et administrateur delaFondation,expliqueque« l’idéeestd’encou-rager chaque coopérative à prendre un enga-gement à contribuer au fonds chaque année.Biensûr,parcequetoutesnepoursuiventpasles

Par Claudine Lalonde

SE DONNER LES MOYENS DE RÊVERPOURLEDÉVELOPPEMENTCOOPÉRATIF

FONDATION POUR LE DÉVELOPPEMENT DES COOPÉRATIVES EN OUTAOUAIS

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13RELÈVE ET INNOVATION

PUBINVEST QC

mêmesobjectifsetnedisposentpasdesmêmesressources,chacunelefaità lahauteurdesescapacités.Unecoopératived’habitationpeut s’engager à verser dix dollars par logement, tandis qu’unecoopérativedetravailleursplusfortunéepourraitchoisirdeverser5 %ou10 %desestrop-perçus.L’essentielconsisteàs’engagerpourdévelopperensemblenotremilieu. »

LeprojetdelaFondationseveutunexercicedesolidarité.« IlestdepuislongtempsétabliquetouslesdocumentsayantserviàlamisesurpieddelaFondationserontpartagésavectouteslesrégionsquisouhaitent lancerunprojetsemblable.Noussouhaitonsvraimentque l’idée fasse des petits ailleurs.  Nous commencerons par unpremier appeldeprojets.Àpartirde là, onpeut rêverbeaucouppourledéveloppementcoopératif!»,soulignePatrickDuguay.

Pour en savoir plus : www.fondationoutaouais.coop.

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Depuis plusieurs années, les coopératives denouvelle génération (CNG) sont fermementenracinéesdanslepaysageagricoleduCanadaanglais et des États-Unis. Ce modèle permetauxproducteursmembresd’accéderàuneplusgrandepartdesrevenusàlaconsommationenréalisant, par l’entremisede la coopérative, latransformationdeleurmatièrepremière.

LetraitdistinctifdesCNGestsanscontreditles parts de livraison (delivery rights), dontl’achatpar lesmembresscelleuncontratbienparticulieraveclacoopérative.Enseprocurantces parts, souvent très onéreuses, chaquemembre s’engage à fournir une quantité etune qualité déterminées de matière premièreà la CNG. En contrepartie, la coopérativeaura l’obligation d’acheter le produit au prixconvenu.

« Surleplandelacapitalisation,ladifférenceavec les coopératives traditionnelles résidedanslefaitquelesdroitsdelivrersontliésauniveaudecapitalisation »,expliqueAlainRoy,gestionnaire des programmes et partena-riats pour le Secrétariat aux coopératives duCanada. Les coopératives agricoles tradition-nelles, rappelle-t-il, établissent«  lescontribu-tionsnécessairespourobtenirunplanfinancierquipermetteundémarrage. Ensuite,onsefieaux activités de la coopérative pour produire

à la fois des surplus et une partie de la capi-talisation future, qui provient des ristournesréinvesties. »

Une capitalisation plus facileLa North American Bison Cooperativeconstitueunbonexemplede la formule.Elleproduitde laviandedebisonqu’ellevendsurle marché européen et à certains restaurantsraffinés nord-américains. Lors du démarragede la coopérative, la vente de 5  000 partsde livraison – accordant chacune le droit delivrerunbisonpar année – apermisdebâtirune usine pouvant transformer 5  000 bisonspar année, soit la quantité que les quelque250membrescanadiensetaméricains se sontengagésàfournir.

Les entreprises de transformation agro-alimentaire sont «  extrêmement sensibles autauxd’utilisation », expliqueMauriceDoyon,professeur d’économie agroalimentaire àl’Université Laval. Monsieur Doyon estimequelacapacitéqu’ontlesCNGdeprévoiravecune relative précision leur production est unélément très avantageux pour  la réalisationd’unpland’affaires.Lesbanques,parexemple,consentent des prêts plus aisément. «  Avecun plan d’affaires qui rassure les créanciers– parce qu’il y a obligationde livraisonde lapartdesproducteurs–, la coopérativeobtient

un pourcentage de capitalisation intéressant.L’accèsauxcapitauxs’entrouvedoncfacilité.Ils’agit de l’un des gros avantages de la coopé-rativedenouvellegénération »,analyse-t-il.

Un écueil récurrent : le transfert intergénérationnelParadoxeétonnant,lescoopérativesdenouvellegénérationontsouventpeineàvivrelepassageintergénérationnel.C’estdumoinslaconclusionà laquelle aboutissent les recherches récenteseffectuées par Maurice Doyon sur différentes« structurescoopérativesalternatives »,dontlesCNG.

« LespartsassociéesàuneparticipationdansuneentreprisedetransformationquiseraituneCNGprennentdelavaleur.Maisencréantune

Par Gaétan-Philippe Beaulière

LES COOPÉRATIVES DE NOUVELLE GÉNÉRATION : L’AUTREMODÈLEDECOOPÉRATIVESAGRICOLES

NATIONAL ET INTERNATIONAL

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15NATIONAL ET INTERNATIONAL

marque de commerce, par exemple, la valeurréelle des parts sera difficilement calculée  »,explique-t-il.Dansuntelcontexte,latentationde convertir la coopérative en entrepriseincorporéepubliquepeutêtregrandepourlesproducteursenfindecarrière.Cela,biensûr,intéresse beaucoup moins les plus jeunes, quiontplusieursannéesdeproductiondevanteux.Ensomme,lesproducteursendébutdecarrièreet ceux aux abords de la retraite «  peuventavoir des intérêts divergents à certainesoccasions »,résumelespécialistedel’économieagroalimentaire.

Un modèle intéressant pour le Québec ?Cesquelquesdifficultés inhérentesaumodèlen’enlèvent rien, ou très peu, à sa popularitédans l’Ouest canadien et aux États-Unis. Au

Québec,parcontre,l’engouementn’estpasaurendez-vous.

«  On fait beaucoup de gestion de l’offre auQuébec »,rappelleleprofesseurdel’UniversitéLaval.Or,lesCNGontétédéveloppéespourpallier les contraintes des marchés spécialisésou déréglementés, entre autres. «  Il n’est pasnécessairedecréeruneCNGdansuncontextede gestion de l’offre, surtout si on a un bonmodèle d’affaires. Les producteurs québécoissont déjà à l’abri des pires fluctuations dumarché en raison des nombreuses politiquesagricoles en place au Québec. La stabilité duprixestassurée,lamargedeprofitestgarantieet ainsi de suite. Ces éléments rendent lemodèledesCNGmoinsintéressant »,affirmemonsieurDoyon.

AlainRoysoulignequantàluiquecemodèles’accompagne« despressions,descontraintes »qui peuvent dissuader les agriculteurs del’adopter pour les productions non régle-mentées. «  Par exemple, l’engagement delivrer une certaine qualité et quantité obligele membre de cette coopérative de nouvellegénération à aller acheter sur le marché cequ’iln’apasétécapabledeproduirechezlui »,dit-il.Lecontratseraainsihonoré,maispourle membre, «  les revenus pour les opérationsd’affairesneserontpasaussiimportants ».Celaexpliquepourquoilejeunesemblepasenvaloirla chandelle pour les agriculteurs québécois.Dumoins,paspourl’instant!

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En dix ans d’existence, la coopérative La Récolte de Chez Nous s’esttaillé une place enviable dans le marché de l’alimentation du sud-estnéobrunswickois.Uneplace consolidéepar les succès qu’elle a connus,maisaussiparsesmultiplesprojetsenfriche.Et,surtout,safructueusecultured’entraide.Portraitd’uneentrepriseflorissante.

Lorsqu’ilsont investidebonmatin lemarchédeDieppe leprintempsdernier,lesrésidentsdesenvironsdecettepetitevillevoisinedeMonctonn’ont sûrement rien remarqué de nouveau au moment de faire leursemplettes. Mais derrière leurs étals, les producteurs membres de lacoopérative La Récolte de Chez Nous, eux, savaient bien que quelquechose avait changé. Le marché où affluent tous les samedis quelque6 000 personnesétaitmaintenantgérépar leurcoopérative.Unpasdeplusfaitparl’entreprisepourassurerunemiseenmarchéplusefficacedesproduitsmaraîcherscultivésparsesmembres.

« C’estungrandpaspour lacoopérativequedegérercemarché-làenespérant qu’il va aider à mieux promouvoir les produits du terroir etproduiredesrevenusquenouspourronsinvestirdansd’autresprojetspourlesfermiers »,ditledirecteurgénéral,monsieurMathieuD’Astous.« Jepensequec’estungrosprojetquipermetà lacoopératived’évoluerdemanièresubstantielle. »

La coopérative a pourtant déjà considérablement grandi depuis safondation,en2000.Ellecomptaitsixmembresàsesdébuts.Cesdernièresannées, le nombre de membres a oscillé entre 25 et 30 producteurs.Surtout, elle a atteint l’objectif que ses fondateurs s’étaient donné :améliorerlapromotionetlaventedeproduitslocaux.

L’undecesfondateurs,LéopoldBourgeois,expliquequel’éliminationdesintermédiairesabienservilesproducteursetlesconsommateurs.« Nousvendonsnosproduitsàdemeilleursprixqueceuxdesgrandeschaînesdemagasinsd’alimentation,cequinouspermetderéaliserde25 %à30 %deprofit.C’estgagnant-gagnant »,révèle-t-il.

L’hiver,desformationssontoffertesparlacoopérativesurdesthèmestelsque la vie associative ou l’agriculture respectueusede l’environnement,questiond’aiguiserlesfacultésdescommerçants,desproducteursetdescoopérateursmembres.

Etplusieursautresprojetsélaborésdanslemêmeespritsontprésentementengestation:lacréationd’unfestivaldel’agriculture,lamisesurpiedd’unprogrammedepaniersde fruitset légumes, l’ouvertured’uneboutiqueoùseraientvendusdesproduitstransforméspar lesfermiers,commelaconfiture...

Développement durableEn soi, la promotion du «  manger local  » est liée au développementdurable.LaRécoltedeChezNousn’estpasenrestepourautant.« Undesaspectsvraimentimportants desactivitésdelacoopérativeestdefaireen

Par Gaétan-Philippe Beaulière

AU-DELÀ LES GAINS FINANCIERS, L’AMITIÉ

Levice-présidentdelacoopérative,KentCoates,avecsafille.

LA RÉCOLTE DE CHEZ NOUS

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sortequ’onpuisseréduireauminimuml’impactsurl’environnementet,enmêmetemps,prendresoindecetenvironnementpourquelafertilitésemaintienne »,selonMathieud’Astous.

L’entreprisecoopérativeanotammentlancé,ilyatroisans,unemarque,Éco-Logik, qui atteste les efforts consentis par les producteurs à uneculture maraîchère «  durable  » lorsque la certification bio est hors deleur portée. «  La réalité de plusieurs producteurs, c’est qu’ils n’ont pasaccès aux mêmes produits qu’ailleurs, comme aux États-Unis  », dit ledirecteurgénéral.« Nousessayonsdefairedenotremieuxpourréduireauminimuml’utilisationdespesticides,parexemple.»

MonsieurD’Astoussignaleparailleursqu’unefermeexpérimentaleseraéventuellementcrééeenpartenariat avec legouvernement fédéralpourévaluer l’efficacitédedifférentes structures, comme les abris-parapluiessurlaculturedefruitsetlégumesbiologiques.

Lacoopérativesembledoncvouéeàunavenircommercialprometteur.En revanche, le bilan des dix années d’activité de l’entreprise fait parLéopold  Bourgeois laisse voir une facette tout autre de la coopérative.Depuisl’ouverturedeLaRécoltedeChezNous,« leplusgrandchange-ment que nous avons observé, c’est l’amitié qui s’est créée entre lesproducteurs. »Selonlui,lacoopérativeapermisàunespritdecollaborationde succéder à la compétition féroce que se livraient les producteursauparavant.« Nouséchangeonsdesproduits,nouséchangeonsdesidées.Lesunsvendent lesproduitsdesautresdans leurskiosquesetdans lesmarchéspublics »,illustre-t-il.

Sommetoute,leplusbeausuccèsdeLaRécoltedeChezNouséchappepeut-être aux calculs comptables. À en croire Léopold Bourgeois,l’authentiqueespritdecoopérationquepartagentlesproducteursn’apasdeprix.

LaRécoltedeChezNous,MarchédeDieppe232,cheminGauvinDieppe(N.-B.)E1A1M1506854-8557

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DanslequartierSants,àBarcelone,lacoopé-ration a pignon sur rue. Pas moins de80  entreprises y font du commerce dans lerespect des principes coopératifs. Le quar-tier Sants n’a pourtant qu’une superficied’un kilomètre carré… Une étonnanteconcentration, qu’une initiative récente,Barri Sants Cooperatiu, vise à consolideret àmettre àprofit.LeCoopoint enadiscutéavec madame Olga Ruiz, qui fait partie del’équipe de communication de la Fédérationdes coopératives de travail de la Catalogne(FCTC), un organisme qui est intimementassociéauprojet.

Coopoint : Comment êtes-vous liée à Barri Sants Cooperatiu ?

Olga Ruiz  : Je fais partie de l’équipe de laFCTC.Enplus,j’habitelequartier!

C. : Pourquoi a-t-on créé Barri Sants Cooperatiu ?

O. R. :BarriSantsCooperatiuaétélancéeaudébut de 2009 par la FCTC et une librairieindépendante,LaCiutatInvisible,quiestelle-mêmeunecoopérative.Leprojetaétécrééavecl’objectif de «  contaminer  »de coopération lequartieroùsetrouvelaFCTC,lequartierdeSants.

C’estensoiunquartieravecunetraditiondeluttesouvrièresauXIXesiècleetd’expériencescommunautaires importantes. Le quartier deSantsestl’unedeszonesdeBarcelonecomptantleplusgrandnombredecoopératives.

Notre objectif, c’est de créer des liens entreles entreprises qui partagent des valeurscoopératives, ainsi que de répandre l’esprit

coopératif dans une zone fertile qui a déjàmontré sa réceptivité aux dynamiquescollectives.

C. : Pouvez-vous décrire en quelques mots le projet Cooperatiu ? J’ai cru comprendre qu’il s’agit d’abord de promouvoir la coopération.

O. R. :BarriSantsCooperatiuestunprojetquiveutpromouvoir lesvaleurset les expériencescoopératives sur les plans local et commu-nautaire. Le projet cherche à stimuler lacréationde coopérativesdans la zonechoisie,Sants,etàétablirourenforcerlesliensentrelescoopérativesexistantes. Le projet cherche aussi à favoriser unecomplicité entre les coopératives qui existentsur le territoire d’implantation et établir desliens entre les entreprises et leur entourage

Par Gaétan-Philippe Beaulière

UN QUARTIER, 80COOPÉRATIVES

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social. Nous avons aussi un site d’information (www.sants.coop) quirépertorielescoopérativesdeSantsetquelquescampagnesdanslesquellesnoussommesimpliqués. C. : Le site parle de la pertinence de la coopération en temps de crise. On sait que l’Espagne est assez durement touchée par la crise et que le taux de chômage y est assez élevé. Concrètement, comment la coopération a-t-elle aidé les résidents du quartier Sants à passer à travers la crise ?

O. R. :Biensûr, lescoopérativesn’échappentpasà lacriseglobalequinousassaille.Parcontre,àl’imagedecequisepassedanslerestedelaCatalogneetdel’Espagne,lescoopérativesduquartierontmisenplacedesmécanismesqui leurpermettentde résister etd’êtreplus fortes entempsdecrise.Lenombredecoopérativescrééesaaugmentéde15 %en2009parrapportà2008.Onattribuecetteformidableaugmentationàlacrisequipousselesgensàs’uniretàcoopérerentempsdedifficulté.ÀSantsseulement,onaobservélacréationdecinqnouvellescoopérativesen2009. 

C. : Quels sont les objectifs de Cooperatiu pour les prochaines années ? Où sera Cooperatiu dans cinq ans ?

O. R. : Nous espérons que dans cinq ans, on parlera d’un réseau decoopérativesetdedifférentescollectivitéslocales,oumêmed’institutions,qui partagent une vision sur les avantages de la coopération. Noussouhaitonstransformerlequartierenhautlieudelacoopération,insufflerladynamiqueparticipativeet,biensûr,créerdavantagedecoopérativesdans le quartier.Ainsi, dans cinq ans, nous souhaitonsnon seulementqueSantsaitbiendéveloppésonprojet,maisaussiqued’autreszonesdeBarceloneoumêmed’autresvilles« copient »nosobjectifsetélaborentdesformescréativespourpromouvoirlesvaleursetlespratiquescoopérativesdansleurscommunautés. 

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Un projet d’appui à la production et à la mise en marché collective du lait au El Salvador1

Créée en 1997 et située à San Luis Talpa,dans la région de La Paz, la CentralCooperativa Agropecuaria (CCA) estconstituée de 13 coopératives regroupant untotal de 1  745  membres. Chaque coopérativecompte entre 45 et 450 membres qui gèrentensemble diverses activités de production. Lacomposante laitière est importante pour sixde ces coopératives.Elle représenteune forceéconomique et offre des emplois stables etréguliersdouzemoisparannéepourplusieursmembres.

Leprojetd’appuià laproductionetà lamiseenmarchécollectivedulaitviseàrenforcerlaCCA afin qu’elle mette en place un meilleurencadrement technique à la production etdes mécanismes appropriés pour la mise en

marché collective du lait. Cet appui d’UPADéveloppement international (UPA DI)2

devraitpermettreauxpaysannesetpaysansdevivreplusdécemmentdufruitdeleurlabeur.

Par ailleurs, la CCA cherche également àrenforcersonfonctionnemententantqu’orga-nisationdémocratique,toutendéveloppantunmodèledegestionquipermettraitauxcoopé-ratives de mieux s’entraider, tant sur le plande la production agricole que sur celui de lacommercialisationdesproduits.

Un modèle de coopération « de paysans à paysans »À l’automne 2007, UPA DI a animé, pourles dirigeants de la CCA, un séminaire surl’économie et les systèmes collectifs de miseen marché des produits agricoles. La CCA achoisi le laitpourtenterunepremièreexpéri-mentation d’un système collectif de mise en

marché. Les présidents de six coopérativesde producteurs laitiers et deux dirigeantsde la CCA ont participé, à un stage auQuébec pour se familiariser avec un modèlede mise en marché collective du lait. Pourdes motifs de proximité géographique, lescoopérativeslivrentactuellementtoutleurlaità la même entreprise, soit Petacones, pour latransformation en «  queso blanco » (fromageblanc).L’augmentationdescoûtsdeproductiona fait chuter le volume quotidien de lait livréde 6 000 à 4 000 litres entre 2007 et 2009,représentant18%au lieude35%duvolumetransforméparPetacones.

Vers une meilleure mise en marché collective du laitAvantdemettreenplaceunsystèmecollectifdemiseenmarchéetd’entamerunenégociationcollective avec les acheteurs, les producteursdes six coopératives participantes devaient

Par Zamzam Akbaraly

LA CENTRAL COOPERATIVA AGROPECUARIA : UNEXEMPLEDECOOPÉRATIONNORD-SUD

1Larédactiondecetarticleaétérenduepossiblegrâceàlacontributiondesmembresdel’équiped’UPADI,quiontpartagédesdocumentspubliéssurleprojet.

2UPADéveloppementinternational(UPADI),labrancheinternationaledel’Uniondesproducteursagricoles(UPA),s’estdonnépourmissiondesoutenirlafermefamilialecommemodèled’agriculturedurableenappuyantlesorganisationspaysannesdémocratiques,lessystèmescollectifsdemiseenmarchédesproduitsagricolesettouteautreinitiativestructurantl’avenirdel’agriculturedanslespaysenvoiededéveloppement.

Lamécanisationdelatraitedesvachesdansunecoopérativelaitière.

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d’abordamélioreretmieuxgérerl’offre.Pourcefaire,uneséried’actionsaétémiseenplace :

Diminuer les coûts de production, principalement en améliorantl’alimentationdubétail.

Valoriserlesfumiersdestroupeauxenachetantensembleunépandeuràfumieretencréantunecoopératived’utilisationde lamachinerieagricole(CUMA).

Adopterunmodèledecomptabilité simplifié,quipermetdesuivreplus efficacement les résultats et qui fait ressortir les élémentsréellementpertinentspourlaprisededécisionstechniques.

S’entendrepréalablementsuruncertainnombredepointsstratégiquesettechniquesdevantfairepartiedesdiscussionsavecl’acheteur.

LaCCAestmaintenantenmesuredemettreenœuvresastratégiedenégociationpourobtenirdemeilleuresconditionsdeventedulaitàtraversunemiseenmarchécollective.Afindefaciliterl’atteintedecetobjectif,la CCA s’est dotée d’un certain nombre d’outils communs, dont unmécanismed’évaluationdelaqualitédulait,unepolitiquedetransport,unoutildecollecteetd’analysededonnées,unestratégied’autofinancementdeladémarche,etc.Deplus,un«comitélait»,forméd’unreprésentantdechacunedescoopératives,aétémisenplacepourparticiperactivementàladéfinition,àlaréalisationetausuividesactivités.

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Par Isabelle Godbout

LÈT AGOGO : UNAUTRERÉSEAUDEDISTRIBUTIONDELAITENHAÏTI

Depuis de nombreuses années, les Haïtiensvivent dans l’instabilité sociale et politique,sans compter la violence… La situationéconomiquedupaysestégalementtrèstouchée.Dans le secteur du lait, toutes les usines detransformationont été ferméesaucoursde ladécennie s’étendant de 1995 à 2005, rendantainsitrèsprécaireslesréseauxdefabricationetdedistribution.

À cette époque, le réseau laitier souffrait dedeux handicaps  : la concurrence étrangèreprovenant principalement de l’Europe et duCanadaetlesdifficultésdecommercialisation.«  Le lait local était très marginalisé parcequ’iln’étaitpastransformé,etunefaiblepartiede laproductionétaitvendueuniquementpardesmarchandsambulantsdansdesconditionsd’hygiène déplorables  », explique RosanieMoiseGermain,directricedeVETERIMED.

VETERIMED,uneorganisationnongouver-nementaled’aideaudéveloppement,s’estdonnécomme mission de contribuer à la définitionet à l’application d’une politique nationale dedéveloppementdel’élevageenHaïtienvuedereleverleniveaudeviedesHaïtiensetdespetitspaysans. L’approche de l’organisation consisteà améliorer, par étapes, le système d’élevagetraditionnel afind’en assurer sa viabilité et sadurabilité.

En 2000, à la suite de nombreuses études etcollectesd’information,VETERIMED, avec

l’appui de partenaires, dont l’InterventionGéographique Spécialisée (IGS) Nord/Nord-Est et OXFAM-Québec, élabore la phase 1du programme Lèt Agogo avec la réalisationde différentes études complémentaires quiontnotammentpermisde cibler la contraintemajeure de la filière du lait, soit la mise enmarché.

Par la suite, VETERIMED a mis sur piedun atelier démonstratif de transformationdu lait. Une fois transformé en un produitde qualité, le lait local allait répondre auxexigences du consommateur. En partenariatavecdeséleveurs,uneproductioncommercialede yogourt a commencé. En 2002, de façoninattendue, l’expérience a été répétée dansd’autres régions du pays par des partenaireslocauxdeVETERIMED.LeréseaunationalLètAgogoaainsiprisnaissance.

Actuellement,« autourdechaquelaiterie,nouscomptonsenmoyenne80paysanséleveursquifournissent le lait et 8 personnes travaillantà plein temps  », raconte madame Germain.«  Lèt  Agogo compte 22 laiteries comprenant1 760paysanséleveurset176personneslocalesforméesetemployées »,ajoute-t-elle.

«  Les entreprises de Lèt Agogo ne sont pasenregistréesentantquecoopératives.Ellessontplutôt des franchisées qui bénéficient d’appuitechnique de la part de VETERIMED,commelasupervisiontechnique,laformation,

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lecontrôledequalité… »,spécifiemadameGermain.« Desassociationsdeproducteursde lait partenairesdeVETERIMED,oupropriétésd’une association socioprofessionnelle peuvent aussi s’associer à lamarqueLètAgogo. »

«  Dans le cas des associations de producteurs, la laiterie est géréepar un conseil d’administration composé des représentants de cesorganisationscopropriétaires.Unepartiedesbénéficesproduitsvontauxproducteurssousformederistournesenfind’annéeetsousformedesoinspourlesanimaux.Notonsaussilepouvoirdecontrôlequ’ilsontdansl’entrepriseentantquecopropriétaires »,spécifie-t-elle.

Aujourd’hui,LètAgogovoitgrand.Bienquesamissiondemeurelamême,l’organismes’esttoutdemêmedonnédesobjectifsambitieuxpourlesannéesàvenirdont :

Agrandirlesunitésdetransformationpourrépondreauxoffresdeproductiondelaitdansleszonesàhautpotentiel;

Augmenter le nombre de laiteries à 150 dans les 10 prochainesannées;

Améliorer la technologie utilisée pour augmenter la productiondans le respect des normes agroalimentaires et en protégeantl’environnement;

Réduiredemanièresignificativel’importationdesproduitslaitiers.

« NonseulementLètAgogoapermisauxéleveursdevendreleurlaitet d’avoir accès à un revenu sur leurs activités de production, maisle lait local est aussi associé àunemarque synonymedequalitéquiredonne au produit sa valeur et la confiance des consommateurs  »,mentionnemadameGermain.Elle tient toutefois à ajouter queLètAgogodoitencorereleverdenombreuxdéfispourlesannéesàvenir,dont  «  l’approvisionnement de certains intrants et les problèmes dechaînedefroiddessupermarchésquiralentissentlacommercialisationdesproduitsfrais ».

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Depuis des siècles, les femmes amazighes(berbères) produisent et commercialisentcollectivement l’huile d’argan. Ces activitésleurpermettentdegagnerunepartimportantedurevenudeleurfamille.

L’arganier est un arbre très résistant auxrameauxépineuxde8à10 mètresdehautetquipeutvivrede150à300 ans.Ilestparfaitementadapté à l’aridité du sud-ouest marocain, oùil pousse exclusivement depuis 80 millionsd’années.Onl’appelleaussi« arbredefer »enraisondeladuretéexceptionnelledesonbois,qui est essentiellement utilisé comme boisde chauffage.Ses feuilles et ses fruits serventquantàeuxdefourragepourleschèvres.

L’huile d’argan est utilisée par la populationamazighe depuis des siècles. Reconnue pourses vertus alimentaires et cosmétiques, elle setaille lentement une place parmi les produitsdebeautéoccidentaux.L’huiled’argan,encoreméconnueilyaquelquesannéesenOccident,est devenue un produit phare des rayonscosmétiques.Appliquéepure,ensoindebeautéà part entière, ou utilisée comme ingrédientdansdescrèmes,desshampooings,desbaumesou des gels douche, elle fait beaucoup parlerd’elle.

L’arganier a, outre l’avantage de fournir unehuileprécieuse,desatoutsécologiques,carsonsystème racinaire très développé contribue àfixerlessolsetàlesprotégerdel’érosion.CetarbrepermetainsidelimiterladésertificationduMaroc,unerégiontrèssèche.Ilad’ailleursété classé en 1998 au patrimoine mondial del’UNESCO.

Enchiffres,l’arganier,c’est :

800 000hectaresplantés,soit15 %delaforêtduMaroc;

de10à30 kgdefruitspararbreannuellement.Ilfautenviron38 kgdefruitspourproduireunlitred’huile;

uneproductionannuellede2500à4 000 tonnesd’huile,selonlestempératures;

uneressourcequifaitvivreprèsde3 millionsdepersonnes.

L’arganeraieconstitueledernierrempartdansla région contre l’avancée du désert. Or, ellerégresse en termes de superficie (en moyennede600 hectaresparandepuisledébutdusiècledernier) et surtout de densité. En effet, enmoinsd’undemi-siècle,ladensitémoyennedel’arganeraienationaleestpasséede100 arbresà30 arbresparhectare.

La docteure Zoubida Charrouf, professeureà l’Université Mohamed V de Rabat, auMaroc,ettitulaired’undoctoratsurl’étudedel’arganier,tentedeluttercontreladéforestationde l’arganier. Estimant que l’arganier est uneressource vitale pour le Maroc et qu’il joueun rôle socioéconomique important, elle aconsacréplusde16ansde savieàmettreenplace les premières coopératives féminines detraitementdel’huiled’argan.

Ces coopératives marocaines féminines con-sacrées exclusivement à  la production d’huile

Par Abderrahim Izirri

UN ARBRE MAGIQUE, DES FEMMES D’EXCEPTION, UNPOTENTIELDEMILLIERSDECOOPÉRATIVESFÉMININES

NATIONAL ET INTERNATIONAL

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d’arganregroupentplusde2 000femmesdeslocalités. Le regroupement de ces femmessous forme de 400 coopératives leur garantitunrevenuéquitable,leurpermetd’êtremieuxorganiséesetdeperpétuerlatraditionplusquemillénaire de la fabrication de l’huile d’arganartisanale pressée à la main. La formulecoopérative a permis de valoriser le savoir-fairedesfemmesrurales,derompreuncertainisolement, de stabiliser les populations deszones rurales et, par le fait même, de freinerl’exode rural. De plus, en étant regroupées,lesfemmespeuventplusfacilementsuivredesformationsetseprendreencharge.

PourladocteureZoubidaCharrouf,lasolutionà la disparition de l’arganier passe par lavalorisationdesesproduits.C’estpourquoi,enplusdelacréationdenombreusescoopératives,ellefaitcampagnepourunemeilleuregestiondes produits de l’argan et pour obtenir uneappellation d’origine contrôlée (AOC) pourl’huile d’argan. L’huile produite par lescoopératives respecte les normes de santéinternationales et est certifiée biologique.Le travail exceptionnel des membres de lacoopérativeaétéreconnulorsquelacoopérative

Amal de Tamanar a reçu le Prix pour labiodiversité 2001, accordé par le mouvementinternationalSlowFood.

Pour d’autres, la solution passe aussi parl’assouplissementdesprocédurespour lamisesurpieddescoopérativesparetpourcesfemmeset la création d’un fonds destiné uniquementaux coopératives féminines qui s’occupent del’arganier. La multiplication du potentiel decoopérativesfémininesrestenéanmoinstimide.

Une nouvelle dynamique est en route grâceà l’essor du marché de l’huile d’argan, maissurtout en raison de la volonté des femmesqui pensent aux différentes avenues offertesparlacoopération.Cesfemmesjouentunrôleprimordial par leur solidarité et leur volontécollective.Ellessontlepointderencontredesdifférentes pratiques de l’économie socialeet de la coopération à travers les générations.Aujourd’hui,ellesjouentunrôledechangementsociétal,ellespensentautrementetrevendiquentle droit de s’organiser autrement. Bref, ellesrevendiquentledroitd’êtreinnovatrices…

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28 CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

Collaboration spéciale de Geoffroi Garon

LES GÉNÉRATIONS ET LECHANGEMENTSOCIALEn 2010, nous vivons dans une économie mondialisée,sujetteauxturbulencesetauxcrises,jouraprèsjour,icietailleurs,quiontdes impactsdirects sur chacundenous,autant individuellement que collectivement. La qualitédevieacquiselorsdelaRévolutiontranquilledesannées1960 a permis à la société québécoise de faire un grandpas en avant grâce au soutiende l’Étatdans l’économie.Depuis les années 1980, c’est le modèle économique dunéolibéralisme,basésurlacroissanceetlaconsommation,quiguidelessociétés.Cemodèleaaussipermisdecréerde la richesse, mais au détriment de l’environnement(pollution,énergie,etc.)etdelasociété(répartitiondelarichesse,spéculationfinancière,emploi,etc.).

Aujourd’hui, la société est en difficulté (santé, emploi,éducation, etc.) et il est illusoire de garder ce cap pourl’avenir. Il estdevenuessentielde repensernotremodèlededéveloppement et de société. Je suis certainquenoussommesbeaucoupàsentirquenousvivonsdansunsystèmequi s’accélère, qui est devenu très complexe et sur lequelnous avons très peu de prise. Qui participera à cettetransformationimportante,voireradicale,denotresociété?

La rencontre des générations Dansl’histoire,cesontlesbaby-boomers(nésentre1943et1959)1quiontgrandementparticipéaudéveloppementduQuébectelqu’onleconnaîtaujourd’hui,autantencequiatraitauxbonscoupsqu’auxmoinsbons.Engénéral,ilsontmisletravailetl’accumulationderichessesaucentredeleurspréoccupations.Maintenant,ilsprennentprogressivementleurretraiteetquittent lespostesdécisionnels.Or,beau-coupneserontpasaussiaisésfinancièrementqu’onpourraitlecroire.Ilslaissentauxgénérationssuivantesunsystèmeéconomiqueetsocialdysfonctionnel.

LagénérationX(néeentre1960et1975)prendraitdumieuxsurlesplansdessalairesetdelaqualitédevie,maisauprixd’unendettementconsidérable,parcequ’elleadûattendrela fin de la vingtaine pour fonder une famille et acheterune maison. Les membres de la génération X occupentdavantagedepostesdécisionnelsetsontconfrontésàfairedeschoixparfoiscontradictoires.

La génération Y (née entre 1976 et 1984) est celle desnatifs numériques (digital natives), puisqu’elle est néeavec les micro-ordinateurs, les jeux vidéo, l’Internet…Comparativement à leurs parents baby-boomers, les

membresdelagénérationYsontbeaucoupplussoucieuxdes questions environnementales, de la qualité de vie etde la famille. Plusieurs vivent la naissance de la sociétécivile comme riposte aux grandes entreprises et auxgouvernements.

LagénérationC(néeentre1985et1995)estladeuxièmevague des natifs numériques, qui considèrent le mondenumérique (le Web) comme omniprésent. C’est lagénérationdelacommunication,delacollaborationetdelacréation,quivitàtraversInternet.

Maisquiprendralarelèveetcommentchangerlemodèleéconomique?

Entreprise socialeSelonmoi,ilfautaussisortird’unevisiondualiste(entre-priseetorganismeàbutnonlucratif),pouryajouteruneformule hybride, celle des entreprises sociales. Cetteformulepermetàlafoisdecréerdelarichesse,d’innover,tout en favorisant le respect de l’environnement et lechangement social. Ce modèle économique attireraune relève importante parmi les générations X, Y et C,qui veulent changer le monde, avoir un impact sur leurenvironnementetjouerunrôledécisifdanslasociété.Ellessont créatives et instruites, elles savent mieux collaboreret utilisent amplement les technologies. Je suis aussiconvaincu que plusieurs membres de la génération desbaby-boomers embarqueront dans le bateau, par intérêt,maisaussiparnécessité.

Le modèle des coopératives est selon moi celui quiconvientlemieuxàl’entrepreneuriatsocial.Ilesthybrideentrel’économiesocialeetl’entrepriseclassique.C’estunestructurefortrépandueauQuébec,quiprenddel’ampleur,etce,dansplusieurssphèresdenosvies.Deplus,l’ONUadécrétéque2012seral’annéedescoopératives.Ilrevientdoncauxdifférentsacteursdumilieudelacoopérationdepromouvoircemodèleetd’accompagnerceuxquiveulents’yintégrer.

Chaquegénérationaeudesdéfisconsidérablesà relever,chacune à son époque. Mais aujourd’hui, nous devronstousyparticiperparcequenousmettonsenpérillaplanèteentière en poursuivant le modèle de développementsocioéconomiqueactuel.Larelève,c’estnoustous!

1LesréférencesenlienàlaclassificationgénérationnelleénoncéedanscetexteproviennentdeWikipédia :www.fr.wikipedia.org.

GeoffroiGaron,M.A.ExpertconseilInternetetanthropologueduWebsocialwww.geoffroigaron.com

PrésidentdelaCoopérativedesolidaritéInnovX.0,coopératived’expertseninnovationWebwww.coopinnov.com

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LES GÉNÉRATIONS ET LECHANGEMENTSOCIAL

29CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

Par Nada Elkouzi

NOULA COOP DE SOLIDARITÉ

LECAFÉÉQUITABLEAUGOÛTD’HAÏTI

Haïtiestunpaysproducteuretexportateurdecafédepuisplusdetroissiècles.Or,enquelquesannées,saproductionachuté,particulièrementdanslesannées1980.Plusieursfacteurs sont en cause, dont la baisse des cours du cafédans les marchés boursiers, le manque d’infrastructuresetd’investissementdanscetteculture, l’absencedecréditagricolepourlesproducteurs,lapressionparasitaire,pourneciterqueceux-là.

Depuis les années 1990, les producteurs de café d’Haïtiexportent leurs produits sur le marché équitableinternational après s’être organisés en associations et encoopératives pour relancer la filière du café en assumanttotalementleprocessusdetransformationdontilsavaientété exclus jusqu’alors.  Depuis les années 2000, cesorganisationspaysannessesontstructuréesensixplates-formes régionales, représentéesmaintenantau seind’uneplate-forme nationale. En octobre 2008, la Plate-FormeNationaledesProducteursdeCaféd’Haïti(PNPCH)aétéofficiellement constituée avec pour mission de défendre,promouvoiretcommercialiserlecaféd’Haïti.

Cet organisme représente près de 200  000 familleshaïtiennesquiviventdelacultureducafé,dontuninfimepourcentage (1,25  %) est écoulé sur le marché équitable

avec, pourdestinationsprincipales, l’Europe et le Japon.Un petit pourcentage de la production est exporté versl’Amérique du Nord. Augmenter ce pourcentage  : c’està cetobjectifque la jeune coopérativenOula a choisides’attaquerenimportantducafééquitablehaïtiendequalitésupérieureetenlecommercialisantauQuébec,cequifaitd’elle la seule coopérative canadienneà importerducafééquitabled’Haïti!

« LacoopnOulan’estpasuneentreprisedecafé »,expli-quentsescofondateursetmembrestravailleurs,GuylainePelletier et Jean-Christophe Stefanovitch. Sa missionconsisteàêtreunpontentreHaïtietleQuébec,unlieuderencontre,deréseautageetdejumelagepourlapaysanneriehaïtienneetlescitoyensduQuébec.« Noussommesàquatreheuresàpeined’aviond’Haïti,nouspartageonslamêmelangue,enplusd’avoirunegrandeprésencedeQuébécoisd’origine haïtienne  », souligne monsieur Stefanovitchpourexpliquerlechoixdes’approvisionnerenHaïti.MisesurpiedparungroupedeQuébécois,dontcertains sontd’origine haïtienne, cette coopérative exprime la volontéde ses membres d’encourager la production nationalehaïtienneetdecontribueràaméliorerlesconditionsdeviedepetitsproducteursdecaféenmaximisantleursrevenusàtraversdeslienscommerciauxplusjustes.

Chargementd’unconteneurdecaféendirectionduQuébec.

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30 CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

Un travail d’éducation et de sensibilisationLacoopérativenOulaentretientdes liensdirectsavec lesproducteursdecaféregroupéssousleRECOCARNO,unréseaudehuitcoopérativescaféièresdunorddupays,maisaussi avec la PNPCH, afin de garantir que les relationsd’affairesétabliesparnOulaenHaïticadrentbiendansleplanglobaldedéveloppementdelafilièreducaféétabliparlesproducteurseux-mêmes.D’ailleurs,surlesiteInternetdelacoopérative,onretrouveleportraitdequelques-unsdecesproducteurs,histoirederappelerqu’ilyadesêtreshumainsderrièrelaculture.

LacoopérativenOulanefaitpasseulementducommerce,elle fait aussi de l’éducation à travers le travail desensibilisation et de mobilisation qu’elle effectue auQuébecauprèsdelacommunautéd’originehaïtienne,aussibienquedugrandpublic.Àpreuve,deuxdocumentairesfaisant la promotion de la filière haïtienne du café et ducommerceéquitableontétéréalisésparlecinéasteAndréVanasse,unautremembrefondateurdelacoopérative.Cesdocumentairesserontdiffusés,entreautres,danslesécolespour sensibiliser les jeunes à l’importance du commerceéquitableetàsesretombéespositivessurlesproducteurs.

Une exportation sous le signe de l’espoirAprèsplusieursmoisd’effortsconjointsdepartetd’autre,lapremièreexportationdecafééquitabledupaysaprèsleséismedejanviers’estfaitepourlecomptedenOula.Bienque lenorddupaysn’aitpas été touchépar le séisme, letransportmaritimeaétémonopolisépendantplusieursmoisparl’affluencedel’aideinternationale.Lepremierconteneurde café acheté par nOula en mars 2010 est finalementarrivéàMontréalquatremoisplustard,augrandbonheurdesQuébécoisd’originehaïtienne,pourquicettepremièreTriageducaféàTomgato.

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31CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

exportation signifie une certaine reprise de l’économienationale.Loind’êtredécouragésparlesdélaiscausésparla situationextraordinairedudébut 2010, lespromoteursde nOula ont le vent en poupe et réfléchissent déjà à denouveauxprojetspourlacoopérative.

Après le café, le sel, le cacao et les fruits séchés!À court terme, la coopérative veut continuer àcommercialiser le café auprèsdesmarchandsdeproduitshaïtiens. À moyen et long terme, elle veut diversifierson offre de produits en important d’autres denréestelles que le cacao, le sel et les fruits séchés, toujours ens’approvisionnantexclusivementauprèsdecoopérativesdeproducteurscertifiées« équitables ».Deplus,ellecomptebénéficierdesliensqu’elleaétablisaunordcommeausudafindepromouvoir les activitésde tourismeéquitable enHaïti, notamment «  la Route du café  », dont le sentierest déjà tracé pour faire du tourisme communautaire lavoie solidaire pour diversifier les sources de revenus descaféiculteurs.

nOulaCoopdesolidaritéwww.noulacoop.com

Séchageducafé.

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Par Gaétan-Philippe Beaulière

CONTRERL’INSÉCURITÉALIMENTAIREDES NOUVEAUX IMMIGRANTSQui dit immigration dit adaptation et adoption denouvellesmœurs.N’empêche,onchangerarementtoutesseshabitudesenchangeantdepays.PartoutàMontréal,les communautés culturelles restent friandes de fruitset de légumes communs dans leur pays d’origine, maispeu accessibles ici. Dans certains quartiers pauvres etmulticulturels de Montréal, ce fait contribue à fragiliserunesécuritéalimentairedéjàprécaire.Uneproblématiqueà laquelle la coopérative émergente Les Serres du DosBlancadécidédes’attaquer.

La solution préconisée est d’une admirable simplicité  :cultiverdesproduitsmaraîchersenserreenpleincœurduquartiervisé, soitPlaceBenoît,dans l’arrondissementdeSaint-Laurent. C’est dans le cadre du programme ProjetQuartier21,financéentreautresparlaVilledeMontréalet visant à promouvoir l’agriculture urbaine, que lacoopérativeaétémisesurpied.

« L’objectifprincipaldelacoopérativeestdeproduiredesfruitsetdeslégumespourlesmembres.Enquoileprojetconsiste-t-il? Tout d’abord, il vise l’employabilité, parceque lesecteurcompteunemajoritéd’immigrantsdont letaux de diplomation est très élevé, mais qui n’occupentsouventpasd’emploi.Ensuite,ilviseàfavoriserlasécuritéalimentaire. Il faut permettre aux gens d’obtenir desaliments de qualité, à un très bas prix  », expose IssiakaSanou,chargéduProjetQuartier21etmembreduconseild’administrationdelacoopérativedesolidarité.Autermedeladémarche,dupoissonainsiquedeslégumespriséspar

lescommunautésculturelles,maisgénéralementimportés,comme l’amarante, une plante dont on peut manger lesfeuilles,maisaussilesgraines,quisontrichesenprotéinesetpeuvent être transforméesenfarine.

La solution est simple, mais son application demandeun travail de longue haleine. Officiellement créée enaoût  2009, la coopérative espère produire ses premierslégumesen2012.D’ici là, il faudraélaborerunmontagefinancieretconstruiredesserresdontlasuperficieseradeprèsde6 000 mètrescarrés.

La recherche : un aspect centralDans un premier temps, la coopérative produiraprincipalement des tomates. Six serres seront consacréesà la culturede ce légumedont la vente est très rentable.«  Mais l’objectif à long terme est de diversifier laproduction »,précisemonsieurSanou,agronomedeforma-tion. Graduellement, la coopérative introduira «  d’autrestypesdeculturesquinesontpasgénéralementdesculturestrèsconnues ».

Pour y parvenir, la coopérative mise sur la recherche.Carneproduitpas l’amaranteet le lalouquiveut. « Lesagriculteurs ne vont pas s’engager dans la culture d’unproduit tant qu’ils n’en connaissent pas la technique deproduction.Commeiln’yapasdecentrespécifiquementvoué à ce type de recherche, ces produits demeurentmarginaux »,expliquemonsieurSanou.

Agronomedeformation,IssiakaSanouestresponsableduProjetQuartier21etmembreduconseild’administrationdelacoopérativedesolidaritéLesSerresduDosBlanc.

COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ LES SERRES DU DOS BLANC

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CONTRERL’INSÉCURITÉALIMENTAIREDES NOUVEAUX IMMIGRANTS

33CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

Le cégep de Saint-Laurent prendra doncen charge une «  serre de recherche  » pourexpérimenter des techniques de productionde« toutcequiestconsomméparlescommu-nautésculturellesetquipourraitêtreimplantéici, mais qui n’est pas encore disponible surlemarché ».C’estpar ailleurs sur les terrainsdu cégep que les serres seront bâties. Uneseconde« serrederecherche »serapilotéeparun organisme affilié au cégep, le Centre detechnologiedel’eau.

Défi La recherche et l’innovation seront doncessentiellesausuccèsduprojet.IssiakaSanouvajusqu’àdireque« touteslesfacettesduprojetreposentsurl’innovation,etc’estcequifaitensortequ’onprendbeaucoupdetempsàmettreleprojetsurpied ».LesSerresduDosBlancseproposentdeprofiterpleinementdesavantagesdelacoopérativedesolidaritéentablantsurun« partenariatmultisectoriel ».End’autresmots,un ensemble de partenaires diversifiés seront

mobilisés.OnpenseaucégepdeSaint-Laurentou à l’arrondissement du même nom, quiinterviennent comme membres de soutien dela coopérative. S’ajoutent aussi les membresutilisateursetlesmembrestravailleurs.

La structure particulière de l’entreprise exigepar ailleurs que le montage financier soitélaboréavecsoin.IssiakaSanoureconnaîtquecelaconstitueundéfi,leplusimportantauquella coopérative est actuellement confrontée.«  Jusqu’à présent, tout fonctionne très bien,même au-delà de nos attentes, mais établirunmontagefinanciersolideestl’étapelaplusdifficile ». Cequinesemblepaslepréoccuperoutre mesure. Il semble plutôt y voir uneconfirmation de l’intérêt de la démarcheentreprisepar la coopérative : « Partout où ily a de l’innovation, il faut des gens qui sontcapablesderéfléchir,puisd’inventeretd’ajusterletir.Onnefaitpasducopier-coller;c’estunprécédentqu’onestentraindecréer. »

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36 CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

Depuis sept ans, l’entreprise de nouvelles technologiesTEC (Technology Evaluation Centers) a en son seinune coopérative de travailleurs actionnaire (CTA). Unpartenariatquiavantagetantl’entreprisequesesemployés,selonleprésidentdelaCTA,monsieurPascalPerry.

L’idéedecréeruneCTAestd’abordvenuedesdirigeantsde TEC. Pascal Perry, qui assume la présidence de lacoopérative depuis sa fondation, se souvient qu’«  ils ontentenduparlerdumodèledelaCTAetdetouslesavantagesqu’elleprocurait,aussibienpour l’entreprisequepour lesemployés  ». Le personnel a adhéré avec enthousiasme àla proposition de fonder une telle coopérative. La CTAadoncétémisesurpiedavec l’aidede laCoopérativededéveloppement régional (CDR) Montréal-Laval. Le touts’est fait dansune volontédepermettre aux employésdebénéficierdelacroissancedel’entreprise.

C’étaiten2003,etl’entreprisevenaittoutjustederéaliserune importante restructuration pour se concentrer surl’évaluation de progiciels, des logiciels spécialisés gérantles processus opérationnels d’une entreprise, commela comptabilité. TEC a alors mis au point un systèmedisponibleen lignequipermetàsesclientsdechoisir lesprogiciels convenant le mieux à leurs besoins selon unensemblede critèresdétaillés. « Un serviceutile, comptetenuducoûtélevédel’implantationdecesprogiciels,quipeut aller de plusieurs centaines de milliers à plusieursmillionsdedollars »,selonPascalPerry.

D’emblée, les employésn’ontpas voulu faire les choses àmoitié. « Ladirectionaproposécemodèle,maisce sontles employés qui ont pris la décision finale en assembléegénérale.  Toutefois, il était essentiel pour nous que toutle monde embarque dans le même bateau et cotise aumaximum.  » Les participations à la CTA ont donc été«  plafonnées  » au maximum admissible et l’adhésion desnouveauxemployésàlacoopérativeestdevenueobligatoireunefoisleurpermanenceconfirmée.

Depuis, les employés cotisent 18  % de leur salaire ou lemaximumfixéparRevenuQuébec,quis’élevaitàenviron22000$en2010.BillCarson,secrétairedelaCTAparintérim,yvoitunavantagepourlesmembresdupersonnel,quin’ontd’autrechoixquedecommenceràépargnerpourleursvieux jours.« Laplupartdesgensattendent jusqu’àla quarantaine et même la cinquantaine pour contribuerà un REER. C’est trop tard! Il faut commencer dans lavingtaine »,affirme-t-il.

Animation et renforcement L’entreprise a vite grandi, le nombre de membres de laCTAapresquedoublé.De46aumomentdelafondation,il est passé à environ 100. Pascal Perry et ses collèguesdoivent réaliser un important travail d’«  animation et derenforcement »auprèsdesmembresdelacoopérativeafindepromouvoirlesavantagesdecemodèle.BillCarsonnecachepas quebeaucoupd’employés ontde la difficulté àsaisir le fonctionnement de la CTA et ses avantages sur

Par Gaétan-Philippe Beaulière

MAÎTRES DE LEUROUTILDETRAVAIL

LeprésidentdelaCTAmonsieurPascalPerryencompagnieduprésidentdelacompagnieTEC,monsieurYvesPayette.

COOPÉRATIVE DE TRAVAILLEURS ACTIONNAIRE TEC

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37CAHIER RÉGIONAL MONTRÉAL

leplanfiscal : « L’idéeque tout lemondepuissedevenirpropriétairedelacompagniesembleincroyable! »

«  Il faut vendre la CTA presque tous les jours  », révèlemonsieurPerry,quidoitfréquemmentrassurerlesgensetleurgarantirqueleurcontributionvisenonpasàenrichirlaCTAoulacompagnie,maisbienàaccumulerunREER,dansunpoolquipermetàlacoopératived’êtreactionnairedel’entreprise.« Maisquandonrencontrenosemployésenpersonne,unàun, ils comprennentdavantage », racontemonsieurCarson.

Chaque mois, la CTA verse 50 000 $ à TEC, soit600  000  $ annuellement. Aujourd’hui, elle détient plusde 50 % des actions de l’entreprise, comparativement àenviron10%aumomentdesacréation.Peut-onconsidérerque la coopérative représente une forme de relève pourl’entreprise?« Cesontlesemployésquideviennentmaîtresdeleuroutildetravail.Sic’estcequ’onentendparrelève,oui »,ditleprésidentdelaCTA,quiindiqueaupassagequ’ellecontinueraàacquérirdesactionsdel’entreprise.

LesavantagesquelaCTAprocureàl’entreprisesontévi-dents:« C’estautantd’argentqu’ellen’apasàallercher-chersousformededébentures,deprêtsoudeparticipationd’investisseursextérieurs,etc. »,expliquePascalPerry.

Ce qu’en retirent les employésMaisquelsavantageslesemployésenretirent-ils?Ont-ilsleurmotàdiredanslagestiondel’entreprise?« Toutàfait »,répondPascalPerry.Ils’empressed’apporterunbémol :« Ilfautquandmêmemodérerlachose.Lesemployésnesontpaslàpourdireàl’entreprisecommentgérersesaffaires.Lesemployésnesontpasresponsablesdelagestiond’uneentreprise. Ce n’est pas parce que les employés estimentqu’ilfautprendretelleoutelleorientationquel’entreprisedoitautomatiquementlefaire.Undirigeantd’entrepriseacertainescapacitésquelaCTAn’apasnécessairement. »

En plus des gains réalisés sur leurs investissements, lesemployés ont un accès privilégié à l’information, selonle président. «  Les employés ont une vision transparentedelasituationfinancièredel’entreprise.Ilspeuventdoncavoirconfianceenlesdécisionsquisontprises »,révèle-t-il.PascalPerryestimequecelapeuts’avérerprécieux,surtoutenpériodedecriseéconomique,où l’incertitudequantàlasantéfinancièredel’entreprisepourlaquelleontravaillepeutêtreangoissante.Quioseraitlecontredire?

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38 CAHIER RÉGIONAL LAVAL

Collaboration spéciale de Claire Le Bel

VOGOU, ENTREPRISE LAVALLOISE D’ÉCONOMIE SOCIALE

AUTOURD’UNCAFÉ

Le café L’Entraide (Pont-Viau et Laval-des-Rapides) estné en 1993. Il a amorcé ses activités au deuxième étaged’un immeublesituésur la rueProulxOuestduquartierLaval-des-Rapides.Ilmettaitalorssonlocalàladispositiondes personnes et des organismes du quartier pour leurfaciliter la tenue d’événements rassembleurs. Il s’agissaitd’unlieuderencontreetd’animationpourrêver,imaginerets’entraider.

Uncaféd’entraideoùdesêtresbigarréscirculaient :par-fois un transsexuel en quête de sa nouvelle identité, unenévroséequivenaitattendrelàquesonthérapeutelaren-contre,unancienprisonnierauregardtimide,unevieilledame venue briser sa solitude et, déjà, des représentantsd’organismesduquartier.C’étaitledébutd’unebelleaven-ture,undébutmodeste,maisnécessaire,comptetenudufaitqueL’Entraideprenaitunélan,sonélan,pours’inscriredanslaréalitélocale.

Undébutmodestepouruneidéequiallaitdevenirgran-diose :uncaférencontregénérateurd’actions,d’animationetcréateurd’emplois,oùlesvaleursdémocratiquesseraientàlabasedel’améliorationdesconditionssociales,écono-miqueset environnementales,plus souventen faveurdesmoinsnantis.

C’était l’amorce d’un projet d’économie sociale dans unlocalaussihautquelong.

Septembre 2010. L’Entraide a pignon sur la rue Saint-André,dans lequartierPont-Viau,dans l’ancienne écoleRaymond-Labadie.Uneinvitationvousestlancée.

Vousarrivezàmidi.L’endroitportelenomdeLaMaisonCoqlicorne. En façade, rien ne vous suggère que ce lieuestvaste,maislorsquevousfranchissezleseuildelaported’entrée,votreregardfixésuruneligned’horizonlointainemesure sa réelle dimension, son ampleur et le travailcolossal qu’il aura fallu pour l’aménager. À gauche, enentrant,c’estLeCaféVogou.Vousentrezmaintenantdanscerêveimaginéen1993,ilestlàdevantvouset,plusvousvousyengouffrez,plusvousêtesassurédevivreunegrandeexpérience.

Unemusiquecubainevousreçoitenmêmetempsquedeuxresponsables tout aussi cubains. Les deux ont appris le

françaisici,ilsontétéaccueillisàL’Entraide.Inauguréenjanvier2009,cecaféestchaleureux.Desarômesviennentvoussurprendreetvouscharmer;desarômesdecafébienentendu, mais aussi ceux provenant de la cuisine. Vousêtesenappétit.Desfemmessontassisessilencieusesàunepremièretable,certainesportentunvoile.Vousapercevezdeschefsenformationdel’ÉcolehôtelièredeLaval,ilsyreçoiventleurformationthéoriqueetpratique,cesonteuxquigèrentlacuisine;ilssontencadrésparleursprofesseurs.

D’autres personnes de diverses origines tiennent desdiscussions dans des langues que vous n’auriez jamaisimaginéentendreici.VousêtesàLaval,maisenfermantlesyeuxvouspourriezêtreauMaroc,auMexiqueoudansundespaysdel’Est.EnRoumanieaussi.Vousapprenezàapprécierl’endroitetvospasvousmènentàlarecherched’unechaiseoùvouspourrezvousasseoir.

Àune table, des travailleursduCSSS commandent leurrepas. À une autre, des parents côtoient des bénévolesdu Relais communautaire, un organisme du quartier.Quelqu’unvousinviteàvousasseoiràsescôtésavecunfortaccentroumain.C’estundesemployésdeL’Entraide.Ilestenchargedescoursdefrancisationdiffusésdansdeslocauxde La Maison Coqlicorne. Vous l’écoutez d’une oreilledistraite,carlesnombreuxva-et-vientvousempêchentdevousconcentrer.Vouscompreneztoutefoisqu’ilgèreneufclassesde francisation regroupantchacuneunevingtained’étudiants. Il vous dit que ces étudiants fréquententassidûment le Café Vogou. Il vous dit aussi que plus de250 personnescirculenticietlàquotidiennement,quelecaféestdevenuunlieuderalliementpourlequartier.

Parfois,ilvousarrivedeneplusl’écouteretvotreattentionse porte sur lemenu.Vous faites un choix et vous com-mandez.Votrevoisinroumaincontinuedevousinformermalgrévosabsencestemporaires;ilvousmentionnemain-tenantquedestravauxderénovationetd’agrandissementontétéexécutésafinderépondreauxbesoinsgrandissantsetà l’arrivéedenouvellesclientèles. Ilvousditaussiquepour mieux définir ce projet, autant en ce qui touche saportéesocialequesescoûts,ilafallul’appuidescitoyens,des gouvernements, du secteur bénévole et communau-taire,desétablissementsd’enseignementetd’autresparte-naires.Selonlui,c’estunepreuvequeL’Entraideadesassisessolides dans la communauté lavalloise. Vous êtes servi.

ClaireLeBelestdirectricegénéraledeL’EntraidePont-ViauetLaval-des-Rapides

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39CAHIER RÉGIONAL LAVAL

Pendantquevoussavourez,votreregardseportemainte-nant au-delà des fenêtres d’un local qui ressemble à uneserre.C’estl’annexenouvellementconstruite.

Vous comprenez alors que ce Café Vogou n’est pas seu-lement un lieu de rencontre, d’accueil, il favorise l’inté-gration des nouveaux immigrants et il constitue un lieud’apprentissage.LeCaféaaménagédenouveauxespaces,denouvellesactivitésquiontenrichilacommunautélocaleenaugmentantl’offredeservicesetencréantdenouveauxemplois.Desorganismeslouentcesespaces,ytiennentdesévénements.Denouveauxservicesy sontofferts,commecette «  halte allaitement  ». Le Café réalise de nouveauxrevenus,rendantpossiblelatenuedenouvellesactivités.Unlevierpourl’avenir. LeCaféVogoucollaboreétroitementaveclespartenairesd’économiesociale,dontlaCoopéra-tivededéveloppementrégional(CDR)Montréal-Laval.

De 1993 à 2010. Deux cafés à des époques différentes,dansdescontextesdifférents.En1993,L’Entraidetentaitdeprendreracinedansunecommunautétraditionnelle.En

2010,LeCaféVogous’activeenétantouvertsurlemonde.Ilfaitladémonstrationdelamaturitédel’organismequiluiadonnénaissance, il faitaussi ladémonstrationde larigueurdesinterventions.Toutcetravailcolossaln’aurapasétévain,ilaurapermisdegrandiraveclafermeconvictionque les rêvesdeviennent réalité lorsqu’ils sontportéspartoutelacommunauté.

Aprèslerepas,jesalueceluiquim’aguidéeetjeressorsdecetendroitavecl’intentiond’yrevenir.Etvous?

Information :CaféVogouTéléphone :450 663-8039

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40 CAHIER RÉGIONAL LAVAL

Par Abderrahim Izirri

ENTREVUE RÉALISÉE AVEC MADAME CHRISTINE PUMBU, PRÉSIDENTE DE LA COOPÉRATIVE DES MARAÎCHÈRES AFRICAINES AU QUÉBEC (CMAQ)

FEMMESIMMIGRANTESAUQUÉBEC,EXPÉRIENCEDERELÈVEENAGRICULTURE

Abderrahim Izirri : D’où est venue l’idée de faire la culture maraîchère au Québec ?

Christine Pumbu : La Coopérative des maraîchèresafricaines auQuébec (CMAQ ) est unprojet qui émaned’uneexpériencequej’aivécue,depuis1997,danslecadred’activités socioculturelles, dont les jardins commu-nautaires, dans le quartier Saint-Roch, à Québec. C’estdanscecontexted’échangesocioculturelqu’asurgi l’idéede faire la culture maraîchère. J’ai expérimenté pourla première fois la culture de légumes africains, dontles amarantes, l’oseille, la morelle, et d’autres variétésasiatiques et latino-américaines, comme le haricot rougeoulelégumeasiatiqueappeléliserond’eauouonchoy.

Lerêvedeproduireetdecommercialiser les légumesduSudensolquébécoiss’estimposéenl’an2000.L’idéededémarreruneentrepriseagricoledefemmesimmigrantesdu Québec commençait à se concrétiser en 2001, quandnous l’avons partagée avec Laval Technopole, qui nousa accompagnées dans l’élaboration du plan d’affaires.NousavonsaussitrouvéuneportiondeterreauprèsdelafermeQualitéde vie.Nous y avons vécuune expérienceconcluante; les grains d’amarante, d’oseille et de morellesemésavaientdonnédebellesplantesqu’onasavouréesenfamille.Maisilfallaittrouverunterrainàexploiter.A. I. : Pour quelles raisons avez-vous démarré ce projet ?

C. P.  :Lebutétaitetrestedefaire faceà laprécaritédela vie, d’atteindre l’autonomie financière et de créer desemplois pour des femmes immigrantes. Comme nousn’avionspasde terrainàexploiter, leprojetaétémis surlaglacejusqu’en2010.Entre-temps,j’étaispartietravaillercommecoopérantevolontaireenAfriquedansdesprojetsdedéveloppementavecdesAfricainesjusqu’en2009.

A. I. : Comment avez-vous relancé votre projet ?

C. P. :Leprojetde faire laculturemaraîchèreaconcrè-tementprisunenouvelleformequandnousavonsfrappéà la porte de la Coopérative de développement régional(CDR) Montréal-Laval, en avril dernier, et y avonsrencontrésonéquipe.C’étaitunerencontreémouvanteetpleine d’espoir. Nous sommes passées de Femmesmaraîchères universelles à Coopérative des maraîchèresafricainesauQuébec,unecoopérativedetravailayantpourobjectifsdecréerdesemploisaux immigrantes,d’assurerleur autonomie financière et de produire localement deslégumes traditionnellement importés. À moyen terme,nouscomptonstransformeretconservernosproduits.

DèsquenousavonstrouvéunterrainàLaval,avecl’aidedelaCDR,nousavonsentamélesdémarchesdeconstitutionlégale. Le soutien technique et moral fourni par laCDR Montréal-Laval nous a non seulement tonifiées,encouragées,maisnousasurtoutpermisderéalisernotrerêve. Grâce aux conseils de la CDR, nous avons obtenuun prêt d’Investissement-Femmes-Montréal, qui nousa permis de louer et d’acheter l’outillage nécessaire pourdémarrerlesactivitésdelacoopérative.

Parceprojet,nousavonspuprouverquelessemencesdelégumes africains sont cultivables et commercialisableschez nous, au Québec. Malgré un retard considérabledans le démarrage des activités, toutes les semences ontgermé.Larécoltedesamarantes,del’oseille,desfeuillesdepatatedouce,desfeuillesdecourgeetdelamorellesefaitprésentementàmerveille.

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41CAHIER RÉGIONAL LAVAL

A. I. : Quelles sont les forces et faiblesses du projet ?

C. P.  : Quand nous avons commencé nos opérations, enjuindernier,lasaisonagricoleétaitdéjàbienentamée.Enraisondeceretard,nousn’avonspuexploiterqu’unepetiteportiondeterre.Parcontre,nousavonsconsacrélequartdu terrainà laproductionde la semencedes légumesdel’Afrique utiles pour la prochaine saison agricole et quenousn’auronspasbesoind’importer.

Bien que le réseau de distribution reste à développerauprèsdesmarchandsde fruits et légumesexotiques, lescommunautésafricaineetcongolaise,enparticuliercellesvivantàMontréal,constituentnotreprincipalmarché.

A. I. : Quelles sont vos perspectives pour l’avenir ?

C. P.  : Amorcer la saison agricole à temps, défricher leterrainetpréparerlechamppourlessemisafind’augmenterla production de légumes africains, obtenir un systèmemodernepourmélanger la terreet le fumier, ainsiqu’unsystèmed’arrosageapproprié.

Trouver un local et des équipements nécessaires pour leconditionnementetlalivraisondelégumes.

Signerformellementdesententesavec lesgrossistespourécoulerlesproduitsdelacoopérativeettrouverlesmoyensfinancierspoursoutenirnosambitionsdedéveloppement!

1.DeuxdespromotricesdelaCMAQautourdeplatspréparésàpartirdelégumescultivésparlacoopérative.

2.LespromotricesdelaCMAQàl’œuvredanslechamplavalloisencompagniedemonsieurFroylan,bénévole.Degaucheàdroite :mesdamesAntoinetteMakusanaKabuku,MarianeKanyikietChristinePumbu.

3.MadameChristinePumbu,unedesmembresfondatricesdelaCoopérativedesMaraîchèresafricainesauQuébec(CMAQ )encompagniedemonsieurAbderrahimIzirri,directeurgénéraldelaCDRMontréal-Laval.

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42 CAHIER RÉGIONAL LAVAL

Par Gaétan-Philippe Beaulière

DESPROJETSNEUFSPOUR UNE POPULATION VIEILLISSANTE

En plus de regrouper 440 coopératives d’habitationauxquelleselleoffredesservices,entreautres,deformationet d’aide à la gestion, la Fédération des coopérativesd’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain(FECHIMM) agit aussi comme développeur. Un rôlequ’elle exerce notamment à Laval, où elle a réalisé unprojetd’habitationnovateurl’étédernier.LeCoopoint enadiscutéavecledirecteurdudéveloppement,monsieurNeilMcNeil.

« Onnecréepasunecoopératived’habitationàpartirduhaut,maisbienàpartirdelabase. »Voilà,enquelquesmots,la philosophie du développement coopératif qui guide letravail quotidien de Neil McNeil. Mais, concrètement,qu’est-cequeçasignifie?« S’iln’yapersonnequilademande[lacoopératived’habitation],nousnelaconstruisonspas.LaCoopérativeintergénérationnellelavalloiseavulejourparcequedesgensl’ontdemandée »,signale-t-il.

La Coopérative intergénérationnelle lavalloise, c’est ledernier-nédesprojetsd’habitationcoopérativemissurpiedparlaFECHIMM,enétroitecollaborationaveclegroupede ressources techniques (GRT) Réseau 2000+. Tout adonccommencéparledésirdequelquesindividusdevivreencoopérative.Ilssontvenussolliciterl’appuidel’équipedemonsieurMcNeilenleurproprenomouenceluideleurfamille.

Desservir la population aînéePlusieurs familles, mais aussi un groupe de personnesaînées,ont faitpartde leur intérêtà l’égardduprojet. Iladoncétéconvenuque lacoopérative réuniraitplusieursgénérations…endeuxphases.

« Onamélangélesdeuxtypesdelocatairespourréaliserunseulprojetenplusieursphases.Lapremièrephaseestdestinée aux familles tandis que la phase deux seraconsacrée à une clientèle de personnes aînées [en perted’autonomie].  » Deux des sites sont dédiés aux familles.Letroisièmeseraconstruitdanscinqansenfonctiondesbesoinsdesmembresaînés.

«  Au départ, ce qu’on veut créer, c’est une microsociétécomposéede familles,depersonnes seules,depersonnesaînées ou en perte d’autonomie. On ne veut pas créerdes coopératives destinées uniquement aux familles ouuniquement aux personnes aînées  », explique monsieurMcNeil.D’iciàlacréationdutroisièmesite,lespersonnesaînéesqui jouissentde leurpleineautonomieviventavecles familles et pourront un jour se tourner vers l’autrecoopérative,toutenétantassociéesauxdifférentesétapesdelaréalisationdeladeuxièmephaseduprojet.

« Le vieillissementde lapopulation existe aussi dans lescoopératives d’habitation  », remarque Neil McNeil. Une

AlexandreFutin,ImeldaEspinoza,NeilMcNeil,AzizDennouneetClévisCabrerafontpartiedel’équipeduGRTRéseau2000+etdelaFECHIMM,àLaval.

FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES D’HABITATION INTERMUNICIPALE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN

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43CAHIER RÉGIONAL LAVAL

évidence.Mais elle est toutefois lourdede conséquences.«  La perte d’autonomie peut commencer beaucoup plustôtqu’onlepense.Parexemple,unepersonnepeutêtreenperted’autonomieà55ans »,fait-ilvaloir.C’estpourquoilaFECHIMMetleGRTdoiventfairepreuvedecréativité.

PourladeuxièmephasedelaCoopérativeintergénération-nellelavalloise,ilspensents’inspirerdumodèleadoptéparune coopérative d’habitation de Saint-Jérôme, Le BourgSaint-Antoine, «  qui est assez avant-gardiste dans safaçondevoir levieillissement »,selonmonsieurMcNeil.Unmodèleauxantipodesdustyle« hôtel »adoptéparlavastemajoritédescomplexesimmobilierspourpersonnesaînées.Unexemple: « Lesrepasneserontpasdonnésdansune cafétéria, mais bien dans une cuisine collective. Lesgensferontleursachatsensembleetapprendrontàcuisinerdesrepassantéensemble ».

De grosses coopérativesLa Coopérative intergénérationnelle lavalloise marqueaussi le choix d’une approche récente en matière dedéveloppement qui consiste à créer de très grossescoopératives regroupant plusieurs dizaines de logements.À elle seule, la première phase compte 104 unités, dontplusieurs6½oùviventdesfamilles.

Leprincipalavantage :l’accèsàdesressourcesfinancièresplusimportantes.« Cetteformulenousoffrelapossibilitéde compter sur du personnel permanent, comme undirecteurgénéral,unplombier,unmenuisier,etc. »,révèleNeilMcNeil.« Ilestdeplusenplusdifficiledecréerdepetites coopératives, parce que le coût des terrains et delaconstructionestassezélevé.Pourparveniràréaliserunprojet,ilfautobtenirunmaximumdedensité. »

DepuisqueleprojetdelaCoopérativeintergénérationnellelavalloise a été amorcé, il y a trois ans, Neil McNeil n’areçu aucune autre demande de création de coopératived’habitation.« C’estunpeuparticulier,parcequ’ilyadesbesoins », indique-t-il.C’estpourquoi laFECHIMMetleGRTRéseau2000+veulentaccorderplusdetempsàlapromotiondelacoopérationaucoursdesprochainsmois.Questiondefouetterl’intérêtdecette« base »siessentielleaudéveloppementdecoopérativesd’habitation.

FECHIMM3155,rueHochelaga,bureau202Montréal(Québec)H1W1G4514 843-6929

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44 CAHIER RÉGIONAL LAVAL

Par Abderrahim Izirri

ENTREVUE RÉALISÉE AVEC MONSIEUR ALAIN PAQUET, ÉCONOMISTE, DÉPUTÉ DE LAVAL-DES-RAPIDES, ADJOINT PARLEMENTAIRE AU PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC ET PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES FINANCES PUBLIQUES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

Abderrahim Izirri : Comment voyez-vous le rôle joué par la Coopérative de développement régional (CDR) Montréal-Laval dans l’entrepreneuriat collectif, notamment à Laval ?

Alain Paquet  : Depuis 25 ans, la CDR Montréal-Lavals’engageavecuneardeuretunengouementcontagieuxàpromouvoirlaformulecoopérativesursonterritoire.Elleestà l’origined’unepanoplied’initiatives, telles l’organi-sationdupremiercolloquesurlescoopérativesdutravailoulamiseaupointduconceptdecoopérativedetravailleursactionnaire (CTA). Partageant le souhait de soutenir ledéveloppement économique des entreprises, la CDR seveutunvéritablecarrefourdel’entrepreneuriatcollectif,oùsontoffertsuneexpertiseetunaccompagnementadaptésauxbesoinsspécifiquesdesentreprisescoopératives.

LaCDRamisdel’avant,àLaval,l’idéededévelopperlaformulecoopérativedeCTAauservicede l’essorécono-mique des entreprises lavalloises. Les CTA constituentdes outils fort utiles pour nos entreprises qui souhaitentmainteniretrenforcerlesentimentd’appartenancedeleursemployésetservirderégimed’intéressementetderetraite.Ellesencouragentlerenouveauetl’échanged’idéesentrelesdifférentescoopérativesdelarégiontoutenfournissantducapitalprécieuxpourlarelève.JecroissincèrementquelaformuleCTAestuneoptionquimérited’êtredavantageconnue et considérée comme une façon de répondre auxdéfisdetransfertd’entreprisesetderelèveentrepreneuriale.

A. I. : La CDR Montréal-Laval va fêter ses 25 ans. D’après vous, quels défis majeurs l’attendent ?

A.P. :L’undesdéfismajeursdu21esiècleauxquelslaCDRet l’ensemble des acteurs du milieu devront faire faceest l’intégrationdescommunautésculturelles,quiformentun tissu collectif et économique en pleine expansion.Pourquel’ensembledelapopulationpuisseenbénéficier,il faut absolument rejoindre ces gens par l’entremise del’entrepreneuriat,tantindividuelquecollectif.

Le besoin de relève entrepreneuriale constitue unautre défi majeur, dans l’éventualité où 15,2  %des entreprises envisagent d’ici les cinq  prochainesannées de transférer leur direction ou leur propriétéà la relève. Ces deux défis sont des élémentsdu défi plus large d’accroître la prospérité de tous lesQuébécois.

A. I. : Comment voyez-vous le projet Coopérative Entreprise Partagée pour Laval ?

A.P.  : Au cours des dernières années, Laval a bénéficiélargement de la venue des nouveaux immigrants auQuébec.CetoutilsupplémentairedéveloppéparlaCDRet ses partenaires de l’économie sociale contribueracertainementàrépondreàunbesoinexpriménotammentpar les femmes entrepreneures issues de l’immigration.L’entreprise collective permet de combiner les forces dechacune d’entre elles afin d’accroître la force de vente,optimiser les dépenses liées à l’administration et allerchercherdufinancementàmeilleurstaux.

A. I. : Au sortir de la crise économique qui a secoué la planète, comment entrevoyez-vous l’avenir ?

A.P.:IlestreconnuqueleQuébecamieuxtraversécettecrise. Il faut maintenant réussir la reprise, miser sur nosforcesetlesdéployerpourcréerdelarichesse.Créerdelarichessevaau-delàdessignesdedollars.C’estaussicréerdelarichessehumaineenpermettantàdesfemmesetdeshommes de rêver et d’avoir des aspirations et de réaliserdesprojetslégitimes.J’osecroirequ’auQuébec,onpuissepromouvoir laparticipationpleineetentièredescitoyensà la prospérité afin que tous puissent en retirer et enpartager les fruits.Par sonengagement et ses actions, laCDRMontréal-Lavalestunacteurclépourrépandrecetesprit et rendre disponibles des outils d’entrepreneuriat,démontrant ainsi l’interdépendance indissociable dudéveloppement économique et social, et ce, de façondurable. 

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45CAHIER RÉGIONAL LANAUDIÈRE

ARMANDLAJEUNESSE,UN ARTISAN DE LA COOPÉRATION ET UN GRAND COOPÉRANTLaCoopérativededéveloppement régional (CDR)deLanaudière tient à remerciermonsieurArmandLaJeunessepourses25ansdeserviceauprofitdudéveloppementcoopératifdanslarégiondeLanaudière.

Noussaluonscepionnier,cebâtisseur,cetéveilleurdeconscience,dont le rôleet letravailincarnentlesvaleursdelacoopérationetdel’entraide.

Merci,Armand!

ArmandLaJeunesse,fondateuretdirecteurgénéraldelaCDR deLanaudière,de1985à2010.

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46 CAHIER RÉGIONAL LANAUDIÈRE

AVIS D’UN VÉTÉRAN COOPÉRANT, D’UN JUNIOR ET D’UNE FUTURE COOPÉRANTE

COMMENTSEPOSITIONNENTLESCOOPÉRATIVESDEVANT LES DÉFIS DE L’INNOVATION ?

NORMAND MASSE travaille pour la Coopérative de radiodiffusion MF 103,5 de Lanaudière depuis 15 ans, dont 10 ans à titre de directeur général. Monsieur Masse est notre vétéran.

JACQUES LEBLANC est coordonnateur au développement pour Profid’Or, coopérative agricole, depuis trois ans. Il est également le représentant régional de l’Alliance des jeunes coopérateurs et mutualistes du Québec, secteur agricole. Monsieur Leblanc est notre coopérant junior.

MICHÈLE JOLY a été élue secrétaire du comité provisoire d’une coopérative en démarrage. Elle travaille actuelle-ment dans le secteur financier. Madame Joly est notre future coopérante.

Les entreprises sont de plus en plus confrontées à la nécessité d’innover  : il faut se démarquer et répondre à des attentes de plus en plus pré-cises. Comment les coopératives peuvent-elles répondre à ces défis ? La Coopérative de dévelop-pement régional (CDR) de Lanaudière a rencon-tré trois coopérants, un vétéran, un junior et une future coopérante, afin de connaître leur vision.

Pour innover, il faut être à l’écoute de ses clients et desesemployés.Dans lesdeuxcas, ils fournissentdes idéesde nouveaux produits ou encore des suggestions pouraméliorer les processus, ce qui se traduit par une plusgrandeproductivité.

Créer de nouveaux produits ou services« L’implicationsocialedescoopérativesfavoriseledévelop-pement de nouveaux produits ou de nouveaux services  »,lancelafuturecoopérante,MichèleJoly.« Lescoopérativessoutiennentleurcommunautéetentretiennentuneculturedefonctionnementenréseauavecleursmembres,etmêmeaveclesnonmembres.Ellessontdoncplusprochesetplusà l’écoute des nouvelles idées qui émergent des clients  »,soutient-elle.

Jacques Leblanc abonde dans le même sens, tout enprécisant que l’innovation dépend beaucoup du gestion-naire. «  Le lien de proximité que nous entretenons avecnosmembresfaitensortequenousavonsplusdefacilitéàcréerunliendeconfianceetàétablirundialogueaveceux.Cecinouspermetdecernerplusrapidementlesbesoinsetlesattentesdenosconsommateurs,maisàconditionquelegestionnairesoitfavorableàcetteapproche »,explique-t-il.

En effet, certaines coopératives créent des comitésd’innovation qui mettent les développeurs de produits etservices en relation avec les consommateurs. C’est le caschezProfid’Or,àJoliette.« Grâceàlarelationdeproximitéquenousentretenonsavecnos clients,nousarrivonsplusfacilementàlesintéresseraudéveloppementdenosproduits.De fait, l’entreprise et les clients en sortent gagnants.Pour nous, c’est une économie de temps en recherched’information sur les besoinsdenos consommateurs.Deplus,puisqu’ilsparticipentaudéveloppementdesproduits,noussommesrassuréssurlesinvestissementsàréaliserdanslaproductionetlacommercialisationdeproduitsnouveauxouadaptés »,expliquemonsieurLeblanc.

Innover dans les pratiques d’affairesPour innover, les entreprises doivent mettre en place despratiquesd’affairesquifavorisentlaflexibilitéetlarapiditédans la prise de décision. À ce titre, les coopérativesentretiennent une culture d’entreprise qui favorise laparticipation des employés. «  Dans une coopérative,plus particulièrement dans une coopérative avec desmembrestravailleurs,lesemployéssontimpliquésdanslaprise de décision. Le nombre fait la force; la somme desconnaissances de chacun vient soutenir notre capacité ànous améliorer, à mieux répondre à nos clients  », ajouteNormandMasse.

Michèle Joly voit dans la gestion participative un outilprivilégiépouraccélérerleprocessusdel’innovation.

Pour Jacques Leblanc, les coopératives sont égalementbienpositionnéespour implanterdesprocessusde travailqui permettent de dégager des tâches à valeur ajoutée,commedans lecasdu lean manufacturing.Uneentrepriselean analyse sesprocessusdeproductionoudeprestationdeservicesafind’éliminer lesgoulotsd’étranglementqui

Par Louis-David Malo

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ralentissent la production. Les employés sont appelés às’impliquer dans toutes les phases. «  Quand on analyseleprocessusdu lean, on se rendcompteque le succèsdel’approchereposesurlacommunicationentrelesemployéset les gestionnaires. Or, la culture d’entreprise que l’onretrouvedanslescoopérativesfavorisedéjàcetteformedecommunication  : les employés sont déjà impliqués dansla prise de décision et, souvent, dans l’implantation desprojets »,explique-t-il.

NormandMasseestdumêmeavis  :« Il fautêtreproactifenvers les clients afin d’innover. Par exemple, dans lespromotions, il faut ouvrir les canaux de communicationavec nos employés. Je m’assois avec la responsable despromotions et quelques autres personnes et nous faisonsunremue-méninges.C’estunedynamiquequis’implantefacilementdansunecoopérativedetravailleurscommelanôtre,puisquenoussommeshabitués,deparlanaturedenotreentreprise,àfonctionnerenréseau »,poursuit-il.Le gestionnaireLe gestionnaire constitue un élément-clé dans toutedémarche qui amène une amélioration des processus

d’affaires. Pour Jacques Leblanc, peu importe le typed’entreprise, le processus d’innovation s’amorce par legestionnaire. «  Ça prend quelqu’un qui développe lesressourceshumaines.Laformulecoopérativepossèdedesavantages,commelapropriétédel’entreprisequiestcelledesmembres,dontlesmembrestravailleursdanscertainscas. Parce qu’ils sont propriétaires de leur entreprise,il est naturel pour les employés de s’impliquer. Mais legestionnairedoitavoirl’humilitédepouvoirsefairedire,à toutmoment,queses idéesnetiennentpas larouteouqu’ellessontinadaptées.S’iln’estpasenmesurederecevoirce genre de commentaire, même en coop, la gestionparticipativenepeutpasêtreimplantée »,dit-il.

Normand Masse est du même avis. Il nuance, cepen-dant :« Jesuisunchefd’orchestre.Chaquemembredoitapprendre à jouer son rôle dans la coopérative. Onévoluedansunmilieuplushumain,c’est lanaturemêmedes coopératives. Le gestionnaire doit être rassembleurpourmaintenir la cohésiondans l’équipe etpourdirigerles employés et les amener à échanger entre eux. Il doitaussiêtretrèsouvertàrecevoirlesidéesdesesemployés »,conclut-il.

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UNE ÉQUIPE ENTREPRENANTEAUSERVICEDELARELÈVE

Réunies en table ronde, les agentes de sensibilisation àl’entrepreneuriat jeunesse des carrefours jeunesse-emploide Lanaudière, madame Magalie Gagné, madameMaudeJettéetmadameSaraBellemare,ainsiquel’agentede promotion à l’entrepreneuriat collectif jeunesse dela Coopérative de développement régional (CDR) deLanaudière, madame Andrée-Anne Potvin, discutent deleursprojetscoopératifsetdeleursimpactssurlesjeunesqu’ellesrencontrentchaqueannéedanslesécolesprimairesetsecondairesdelarégion.

Une alliance naturelle au profit de l’entrepreneuriat jeunesseDansLanaudière, les intervenantes vouées à la sensibili-sationàl’entrepreneuriatjeunesseontunileursforcespourdonnerauxjeuneslegoûtd’entreprendre.Ellespartagentleurexpertise,leurtempsetleursénergiesafindefairevivreaux jeunes une expérience entrepreneuriale enrichissanteetporteusedechangements.Àforcedecollaboration,departage et d’entraide, les intervenantes ont formé uneéquipeentreprenanteetcoopérante.

«  C’est une alliance qui s’est faite naturellement. Ontravailleavec les forcesdechacun,on faitunvrai travaild’équipeetons’amusebeaucoupentravaillantensemble »,raconte Maude Jetté, du Carrefour jeunesse-emploide L’Assomption. «  Nous avons le goût de développer,d’entreprendre des projets ensemble et avec d’autrespersonnes, comme les enseignants  », renchérit MagalieGagné, des carrefours jeunesse-emploi Montcalm etMatawinie.

« Deplus,lefaitquenousnousdéplacionsengroupelorsde nos interventions dans les écoles montre l’exemplede ceque sont le travail d’équipe et l’esprit coopératif  »,préciseSaraBellemare,duCarrefour jeunesse-emploideD’Autray-Joliette.

Les coops à l’écoleLesintervenantesontobservéqueles jeunesdelarégionfont preuve d’individualisme dans leur quotidien. Lesamenerenentreprisecoopérativeleurpermetdedécouvrir

Par Louis-David Malo

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les valeurs de solidarité promues par le mouvementcoopératif.

«  Avec la réforme scolaire, la table est mise pour favo-riser l’intégration des coopératives. Les enseignants ontadoptéuneapprocheparprojet.Lesélèvessontappelésàcollaborer dans leur cadre scolaire. Intégrer un projet decoopérative s’inscrit aisément dans cette perspective  »,expliqueMaudeJetté.

Toutefois, l’idée de démarrer une entreprise ne plaîtpas à tous les enseignants. Quelques-uns expriment descraintes.« Certainsenseignants,pastous,semontrentunpeu réfractaires à l’idée de démarrer une entreprise aveclesélèves.Pourcertains,l’idéedefairedel’argentestmalperçue,cen’estpasunevaleurpromueàl’école.Lefaitquecenesoitpasunprojetpédagogiqueenfreined’autres »,poursuitmadameJetté.« Dèsqu’onexpliquecequ’estunecoopérative,lesvaleursetleprogrammequenousmettonsen place, les barrières tombent. Ils sont vite rassurés  »,renchéritMagalieGagné.

Impacts sur les jeunesParticiper à un projet d’entreprise procure un bagaged’expériencessignificativesauxélèves.Lesparents,commeles professeurs, remarquent des changements chez lesparticipants.« Plusieursparentsnousdisentqu’ilsontvuun changement positif chez leur enfant. Ils remarquentqu’iladéveloppéuneplusgrandeconfianceenluietquesonsensdel’organisationsedéploiedeplusenplus.

Certains se sontmêmedécouvertdesqualitésde leader!Lesjeunesutilisentleuragendapoursestructurer,cequidémontrequ’ilsprennentl’expérienceausérieux »,raconteSara Bellemare. «  Nos interventions poussent les jeunesà découvrir et à développer leurs forces. Ils ne font pasuniquement un apprentissage de connaissances, mais desavoir-être »,poursuit-elle.

Ces apprentissages restent, ils ne s’évaporent pas unefoisleprojetterminé.« Nousrevoyonsdesjeunesdanslecadre d’autres projets. Certains viennent nous remercier,

d’autres parlent ouvertement des valeurs coopératives etentrepreneuriales. Ils sont motivés, ils veulent continuerdansd’autresprojets.Legoûtdel’entrepreneuriatresteetilssontfiersd’eux »,préciseMaudeJetté.

Les enseignants aussi y trouvent leur compte. «  Lesenseignantsontl’habitudedecontrôlerleurenvironnementen classe, c’est normal. Lorsqu’on met les élèves dansune situation de démarrage d’entreprise, les enseignantsdoiventfavoriserlapriseenchargedugroupeparlesélèves.Ils doivent apprendre à laisser les élèves prendre leurspropres décisions. Le rôle de l’enseignant devient doncdavantage celui d’un intervenant et non d’un leader  », apréciséAndrée-AnnePotvin.

Les intervenantes voient également un impact sur lalutteaudécrochagescolaire.« Êtredansl’actionmobilisel’intérêtdesjeunes.Ilsvoientquelquechosedeconcret,çaattiseleurintérêtenversl’école,carilsfontdesliensaveclamatièrevueenclasse.Parexemple,ilsfontlelienentrelesmathématiquesetlagestiondelapetitecaisse »,continue-t-elle. « Endéfinitive, les coopérativesenmilieu scolairepeuventêtreunoutilderaccrochagescolaireintéressant »,lanceSaraBellemare.

Ensomme,lesinterventionsdel’équipedesensibilisationà l’entrepreneuriat jeunesse préparent le terrain pour lesfutursentrepreneurs.« Nousnedévelopponspasseulementdes qualités ou des aptitudes qui feront que les jeunesdeviendront des entrepreneurs. Nous travaillons surtoutsurlesqualitésquilesrendrontentreprenants »,continueMaudeJetté.

Si certains étudiants ont la fibre entrepreneuriale, ilsla découvriront lors de leur expérience avec l’équipe.«  Nous constatons que nous éveillons des curiosités, quedespassionsseréveillentaufildenosinterventions.Nousdétruisonségalementcertainsmythes,dontceluiqu’ilestdifficile de créer une entreprise  », conclut Andrée-AnnePotvin.

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DUCHANVREDANS NOS ASSIETTES !En 2003, les producteurs de tabac de la région deLanaudièreontreçuunemauvaisenouvelledelapartdescompagniesdetabac :onneveutplusdutabaccanadien.Ons’approvisionneradésormaisailleurs.

«  Plusieurs d’entre nous venaient d’investir dans denouveauxéquipements.C’était catastrophique! Il a fallutrouverdesculturesalternatives,caraucunecompagnienevoulaitacheternotretabac.C’estàcemomentqueplusieursd’entrenous se sont tournésvers lechanvre industriel, àtitre expérimental  », raconte le président de la Coop deproductionLanaufibres,monsieurChristianBoisjoly.

« Toutpeutpousserdanslesolsablonneuxdelarégion.Ilsuffitd’ymettreleprix.Certainsproducteursdetabacsesontlancésdanslaculturedeslégumes,d’autresdanscelledes cèdres.Dans tous les cas, il nous fallait une culturederemplacementquinouspermettaitdenousdistinguer,d’innover. C’est alors que l’idée d’essayer des cultivarsde chanvre industriel nous a été proposée  », poursuit leprésidentdelacoopérative.

« Laplantedechanvresevaloriseà100%.Aveclatige,faitedefibres longues et résistantes,nouspouvons créerplusieursmatériaux en l’amalgamant àd’autresproduits.Ainsi,nouspouvonsl’utiliserdanslaconfectiondepapieretdepolymèresutiliséspourlafabricationdesautomobilesetde textile.Onpeutaussi l’employerdans le cimentetcommeisolantphoniqueetthermiquedansledomainedelaconstruction »,expliquemonsieurBoisjoly.

Ce n’est pas tout. L’intérieur de la tige, la chènevotte,peutêtrehachépourfournirunpaillisagressifcontreles

mauvaisesherbesdans lesboîtes àfleurs.Lanoix (ou lagraine),quantàelle,estutiliséeàdesfinsdeconsommationalimentaire. Tous les résidus de la plante peuvent êtrerécupéréspourfabriquerdesbûchesécologiques.

Laplantedechanvrecontientuntauxdetétrahydrocan-nabinol1(THC)trèsfaible,contrairementaucannabis.

Consommation alimentaireC’estlaconsommationalimentairequiaretenul’attentiondesfondateursdelaCoopdeproductionLanaufibres.Lespropriétés des grains de chanvre impressionnent. «  Lesgrains de chanvre contiennent une source importanted’acides gras oméga-3 et 6, un phénomène rare dansl’alimentation. De plus, les grains de chanvre sont sansglutenetcontiennentunegrandevariétédevitaminesetdeprotéines,davantagemêmequelelin »,soutientmonsieurBoisjoly.

La coopérative a donc été fondée en 2007 afin d’expé-rimenter des cultivars, en partenariat avec LanaupôleFibres,unorganismeàbutnonlucratifayantpourmissiondetrouveretdedévelopperdesapplicationscommercialesauxplantesàfibrestellesquelechanvre.

Les agriculteurs ont rencontré plusieurs embûches dansles champs. «  La fibre du chanvre est très résistante,davantagequetouteslesplantesquenousavonscultivéesdanslarégionjusqu’àmaintenant.Aprèsquelquesminutesseulement,lamachineriesouffraiténormément.Iladoncfallu l’adapter et modifier notre façon de récolter lesplants »,racontemonsieurBoisjoly.

Par Louis-David Malo

1ConstituantchimiquedelaplanteCannabis sativa indica,quidevientrapidementinactiflorsqu’ilestexposéàl’airouàlalumièreetquiseprésentesouslaformed’unliquidevisqueuxinsolubledansl’eau.C’estcetélémentchimiquequiestresponsabledeseffetspsychotropesobtenuslorsdelaconsommationdesdroguesfaitesàbased’extraitsdecannabis.[…]Officequébécoisdelalanguefrançaise,2002.

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Après quelques années de tests dans les champs, maiségalement en laboratoire au Centre d’innovation entransformation des aliments de Lanaudière (CITAL) duCégep régional de Lanaudière à Joliette, la coopérativeest prête à commercialiser trois produits alimentaires  :l’huiledechanvre,lafarinedechanvre,ainsiquelesnoixconcassées.

«  L’huile s’utilise dans les vinaigrettes et agrémente legoûtdupoissonetdesmetsàbasedepâtes »,expliqueleprésidentdelacoopérative.L’huileestobtenueenpressantlesnoixdechanvre.Leprocessusdepressagesefaitdansunepiècesombre,carlanoixestsensibleàlalumière,quilafaitoxyderetrancir.

Unefoislanoixpressée,onobtientl’huiled’uncôtéetuntourteaudel’autre.« C’estuneopérationquiprocureuneéconomied’échelle.Avecletourteauobtenu,nouspouvonsfabriquerlafarine »,précisemonsieurBoisjoly.

Cette dernière possède sensiblement les mêmes vertusalimentaires, sauf celles reliées aux acides gras, quel’on retrouve davantage dans l’huile. On s’en sert pourconfectionner des biscuits, des muffins ou d’autrespâtisseries. Elle est utilisée également comme l’un desingrédients pour faire du pain. La farine de chanvre necontientaucungluten.Ellesedigèrefacilementetestdoncindiquée pour les personnes qui souffrent d’une allergieau gluten. «  De plus, la farine de chanvre est délicieuse.Nosconsommateurss’enétonnentchaquefoislorsdenosprésentations »,poursuit-il.

Quant aux noix concassées, elles sont servies sur dessalades,surdesmuffinsetdansdesmetsàbasedepâtes.«  Les noix concassées servent à assaisonner les mets,quels qu’ils soient. Ils ajoutent une touche délicieuse etnutritive »,conclutmonsieurBoisjoly.

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ENTREPRENDS-TOI,ENTREPRENDSTASANTÉ!Entreprends-toi, entreprends ta santé est le thème queLanaudières’estdonnépoursoulignerlaJournéenationaledelacultureentrepreneuriale,le16novembre2009.Ainsi,àl’occasiondecettejournée,lesprojetsmissurpiedparlesagents lanaudoisduDéfide l’entrepreneuriat jeunessesesonttousinscritsdanslaviséedessaineshabitudesdevie,faisantlapromotiond’unesainealimentationetd’uneviephysiquementactive.

LeconcoursrégionalLe Combat des chefsadoncétécrééafindepromouvoirlasantéparl’action,enplusdestimulerla création de projets dans les écoles. Cette initiatives’adressait aux élèves des écoles primaires et secondairesde la région. Les participants étaient invités à réaliserun projet entrepreneurial, traditionnel ou collectif, quiconsistaitàcréerunerecettesanté.

Le Combat des chefsestbienplusqu’unconcoursderecettes.En effet, les élèves devaient, au fil de leur parcours,filmer lesdifférentesétapesde réalisationde leurprojet,en démontrer la structure, en plus de rendrecomptedesapprentissagesfaitsetdesobstaclessurvenusaulongdeleurpériple.Pourlesaideràcréerleurproprerecettesanté,lesparticipantsont bénéficié des judicieux conseils de SoniaLizotte, coach en alimentation. Au terme decettedémarche,unjuryavisionnélesvidéoseta ensuiteprocédéà ladégustationdes recettesdesfinalistes.C’estlorsd’unsouper-galaquelesgagnantsdecepremierCombat des chefs ontétédévoilés.Unesoiréedynamiqueetdivertissantepourlesjeunescuistots!

Le concours, en chiffresAutotal,37projetsontétéinscritsauconcourset plus de 250 jeunes répartis dans 19  écolesprimaires et secondaires de la région y ontparticipé. Parmi les équipes participantes,plusieurs ont choisi la formule coopérativecomme structure de projet entrepreneurial.Grâce à ce concours, plusieurs nouveauxmilieux ont été sensibilisés à l’entrepreneuriatcollectif et aux valeurs coopératives. Notonsaussiqueceprojetoriginalapermisd’associerl’entrepreneuriat collectif à une expériencepositivepourlesjeunesetpourlesenseignants.Cesdernierssesontd’ailleursditsemballésparleprojetqui leur a faitdécouvrir les vertusdel’entraideetdutravaild’équipeet,aussi,quileurafaitentrevoirlesqualitésentrepreneurialesdenosjeunes.

Biensûr,pourréaliserunsibeauprojet,l’équipelanaudoisedesagentsduDéfidel’entrepreneuriatjeunesseatravailléd’arrache-pied pour promouvoir le concours, créer lesdiversoutils,accompagnerlesgroupesdanslaréalisationde leur projet et organiser le souper-gala. C’est doncgrâce au partenariat entre les cinq carrefours jeunesse-emploide la régionet laCoopérativededéveloppementrégional (CDR)deLanaudièrequececoncoursaconnuunsigrandsuccès.Lesorganisateursespèrentquelamisesurpieddecenouveauconcours incitera lesparticipantsàentreprendredavantageetàmeneràtermeleursprojetspourl’avenir.

DansLanaudière,c’estensembleque lesagents réalisentd’aussi beaux projets et qu’ils continuent de susciter laflammeentrepreneuriale traditionnelle et collective chezlesjeunes.

Par Andrée-Anne Potvin

Gagnantescatégoriesecondaire2ecycle–ÉcolesecondaireLePrélude,Mascouche

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Par Claudine Lalonde

ENTREVUE AVEC STÉPHANIE VALLÉE, DÉPUTÉE DE GATINEAU

«SEUL,ONVAVITE,ENSEMBLE,ONVALOIN!»C’estparceproverbeafricainévocateurquemadameValléeillustrerait la coopération. Un slogan qui témoigne de lapositionassez clairede ladéputéedeGatineauquantaumodèlecoopératif.

Élue pour la première fois députée de la circonscriptiondeGatineauenmars2007,StéphanieValléeaétéréélueen décembre 2008. En plus de siéger à divers comitéset commissions, elle a également été nommée adjointeparlementaireaupremierministre.Àcetitre,elleassistemonsieur Jean Charest dans la gestion de plusieursdossiers,dontceuxreliésàlajeunesse,puisquelepremierministre a décidé de conserver ces responsabilités. Elleestdoncappeléeà travaillerenétroitecollaborationavecles différents partenaires jeunesse et avec l’équipe duSecrétariatàlajeunesse.

Avecplusde15 000 km2,lecomtédeGatineauserévèleimmense et très diversifié, et c’est sans surprise qu’onconstate que le portrait des coopératives du territoiresuit cette tendance. Comme l’explique madame Vallée,« delaCoopérativedesolidaritéLesateliersBoirecsà laCoopérativedesparamédicsdel’Outaouais[…], ilyadetrès beaux succès coopératifs sur le territoire. En lesnommant,jemerendscomptequelemouvementcoopératifestbienétablidanslecomtédeGatineau,etce,àdifférentsniveaux. Nous avons des coopératives qui œuvrentdavantage sur leplan communautaire etd’autresquiontunemissionpluséconomiqueetunevocationd’affaires. »

Interrogéesurlafaçondontlacoopérationpeutcontribueràrésoudre lesdéfisdesacirconscription,madameValléementionne entre autres les problèmes du décrochagescolaireetdel’exoderural.Selonelle,lesecteurcoopératifpeut aider à répondre à certains de ces besoins. «  Parexemple, si un jeune s’intègre dans une coopérativejeunessede services, il créedes liensavecd’autres jeunesdesarégionetilsecréeaussiuneidentité;ilestsensibiliséà l’importance du travail en équipe et de l’implicationcitoyenne.Jepensequeçafaitdesjeunesquiserontunpeuplusconscientsde la réalitéde leurmilieu. Je trouvequecetteinitiativeesttrèsutilepourlescommunautésruralesetqu’ellepermetdetisserunsentimentd’appartenance. »La députée trace aussi un parallèle avec la Laiterie del’Outaouais,égalementsituéedanssoncomté :« QuandonvoitlapopularitédelaLaiteriedel’Outaouais,jecroisquec’estaussiunpeuça;lesgenssesontappropriélesuccèsdeleurlaiterie.Lesmembresetmêmelesnonmembress’enapproprientlesuccès. »

Ce sont ces sentiments d’appartenance et de fierté quisont en train de transformer nos communautés et quifont en sorte que les citoyens s’y impliquent davantage.« Autrement,ontientlesinfrastructuresetlesservicespouracquis.Lesgensréalisentqueseuls,ilsn’ontpaslacapacitéderépondreà tous lesbesoinsde lacommunauté,etquecetteréponsevasefaireenmettantencommuncequ’ona.LaCoopdesartsetdupatrimoineenestunbelexemple,puisqu’ellepermetauxartistesd’êtredavantagereconnus. »

MadameValléelorsdulancementduprojetdecentrecommunautaireWakefieldLaPêche(voirlapage59).

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Par François Léveillé

C’estaumoisdemai2009quesontdonnés lespremierscoups de marteau qui feront naître la nouvelle AubergedejeunessedelaPetite-Nation.C’estquelebâtimentdu35, rue Principale, à Saint-André-Avellin, avait besoind’être retapé un peu. Au cœur du village depuis 1896,l’édifice historique a plusieurs fois changé de vocation  :bars, salle de spectacles, hôtels et restaurants s’y sontsuccédés.Maisl’endroitatoujoursétéunlieurassembleurpourlacommunauté,etlesnouveauxoccupantscomptentbienpoursuivrelatradition!

Genèse du projetFraîchement débarqués de Montréal en 2006, DominicRozon et une amie rêvaient d’un plateau de réinsertionsociale,oùdejeunesadultesayanteuunparcoursdifficilepourraientfaireunstagedequelquesmoisafinderepartirdu bon pied. De fil en aiguille, ils décident d’investir lesecteurdel’hébergementtouristique,l’aubergedejeunesse,puisdefairedel’endroitunlieurassembleur,oùlesjeunesetmoinsjeunesducoinpourrontseréunir.Ilspensentdoncàajouteruncafé-barauconcept.

Laformuledelacoopérativedesolidaritéallaitdesoipourleprojet,quel’onvoulaitdèsledébutinclusifetenraciné

dans la communauté, comme nous l’explique monsieurRozon dans le documentaire La Switch, tourné à l’été2010 :« Nous,onestlesartisans,pendantunmomentontravaillesurleprojet,ondonnecequ’onpeut,etlejouroùonvapartir,çacontinue.C’estunecoopquiappartientàlarégion. »

Une coopérative de la région, et ce n’est pas une figurede style…Les gensde l’auberge estiment à environ600lenombredecontributeursauprojet!Desgens,desorga-nismesdedéveloppementéconomique,delamunicipalité,biensûr,maisaussidescentainesdebénévolesquigravitentautourdelacoopérative.

Cet engagement de la communauté a été bien sentipendant lapériodede reconstruction,où toutunchacunvenait donner un coup de main en fonction de sescapacités, ce qui aura notamment permis de restaurerla quinzaine de chambres qui peuvent accueillir jusqu’à50 personnes. Encore aujourd’hui, alors que l’aubergeet le café vont terminer leurpremière annéed’opération,environ200membresdesoutienappuientlacoopérative.Lesmembresdesoutiensontétablisà60 %danslaPetite-Nation,dontuntiersdirectementàSaint-André-Avellin,

L’AUBERGEDEJEUNESSE…AU CŒUR DE LA PETITE-NATION

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mais aussi à Gatineau et Montréal, etmême quelques-uns à l’international!Notons qu’il est toujours possible dedevenir membre de soutien moyennantl’achat d’une part de 20  $. En plus, lacoopérative compte pour l’instant sixmembrestravailleurs.

Une première annéeAprès presque un an d’opération, leséchos sont très positifs. À preuve,la coopérative vient d’être miseen nomination par la Chambre decommerce de la Petite-Nation dansles catégories Nouvelle entreprisede l’année et Entreprise de l’année!Maintenant directeur, monsieurRozon nous explique que «  le fait dejumeler l’auberge au café fait le succèsde la formule, les deux se complètentvraimentbien ».Effectivement,quelquesvisites au P’tit Café de l’Aubergesuffisent pour réaliser que l’endroit

est vite devenu une plaque tournante de la vie culturellelocale,etmêmerégionale.

C’est dans cette salle intime pouvant accueillir jusqu’à80  personnes que se réunissent les gens du coin venusassisterauxspectaclesdesnombreuxartistesquiydéfilent,ou simplement venus déguster une bière ou un cafébioéquitablespécialementtorréfiéparlaTierraCoop!Aufil des mois et des associations avec des festivals commeMusiqu’en Nous, les murs du P’tit Café ont notamment

vibréaurythmedeschansonsdeCatherineMajor,RadioRadio et Alex Nevsky, mais aussi de plusieurs artistesmoinsconnusducoin.Ajoutonsàceladessoiréesdecontes,des liguesd’improvisationetdes cinécabarets,nousnousretrouvonsavecuneprogrammationdiversifiée,quisauraplaireàtouslesgoûts.

Tournée vers l’avenirAprès une première année de rodage et d’expériencesconcluantes, la coopérative semble vraiment trouver saplaceàSaint-André-Avellinetdansl’Outaouaisengénéral.Questionnésurlaprincipaleréussiteduprojetàcettedate,DominicRozonrevientàlacharge :« Cequiesttrippant,c’est que la communauté s’approprie vraiment leprojet…Nous,onestouvertsàpasmaltout,alorslesgensviennentici,seproposentpourvenirjouer,etonembarque! »

Une première année qui s’est révélée très satisfaisante,mais il reste encore beaucoup de rêves à réaliser et detravail à accomplir! Notamment en ce qui concerne laréfection du grenier, dans lequel on projette d’ouvrir unloftaucoursdel’hiver2011.L’objectifdel’ouvertured’unplateauderéinsertionsocialeestaussiencoredanslesplans,dansl’annéeàvenir.Bref,encorebeaucoupdeprojetssurlatableàl’Auberge!

Coopérativedel’AubergedejeunessePetite-Nation35,ruePrincipaleSaint-André-Avellin(Québec)  J0V1W0819 983-6644Sansfrais:1 877 983-6644www.aubergepetitenation.org

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QUI A DIT QUE LES JEUNES NE VOULAIENT PASS’IMPLIQUER?

C’estenoctobre2009quelesclassesdeDianePauletdeLaurent Marineau ont commencé à bouillonner. Alorsenseignants en 5e et 6e années à l’école primaire Saint-Rédempteur, à Gatineau, ils entreprennent avec leursélèves d’explorer les projets susceptibles d’être réaliséspendant l’année scolaire. À la suite d’un atelier avecMélanie Robitaille-Lemieux, agente de sensibilisationau Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais, les jeunesidentifientplusieursbesoinsdansleurécole…Àpartirdecemoment-là,leschosesdéboulent!

Débordants d’énergie et d’enthousiasme, les quelquecinquante élèvesdesdeux classesdécidentdemettre surpied une Jeune Coop dont la mission sera de dynamiserlavieétudiantedeleurécoleàpartirdecinqprojets.C’estainsiquelaJeuneCoopdeSt-Redavulejour.

Alors que les membres du comité Multi-Sportss’employaient à organiser des pratiques sportives pourles plus jeunesde l’école, leurs collèguesdu comitéVivelaSantésedonnaientpourmissiond’offrirdescollations

Par François Léveillé

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santéfaitesmaison.Deleurcôté, lesmembresducomitéSoirées du hockey ont pris en charge l’organisation dequelquessoiréesoùparentsetamisétaientinvitésàvenirencouragernosglorieuxCanadiensdeMontréal.Pourleurpart,lesmembresdujournalétudiantonttravailléfortpouroffriràl’écoleunepublicationvariéeetcomplète.Enfin,lesjeunesducomitédînerspizzaontprocédéàlaventedepizzasurunebaserégulièrependantl’heuredulunch.Ajoutonsàcelauncomitédesfinancesetuncomitédumarketing,qui soutenaient lamise enplace et l’organisationde tousces projets. C’est ainsi que l’école s’est retrouvée avec ungroupe de jeunes motivés qui se prenaient en main pourfairebougerleschoses!

Aux dires des enseignants et des jeunes eux-mêmes, laparticipation à la Jeune Coop de St-Red a réellementmarquéleparcoursdesélèvespendantl’annéescolaire.Enplusde leuroffrirunprojetmotivantqui leur faisaitvoirl’école sous un nouveau jour, il s’agissait d’une occasionrêvéepourdévelopperuntasdecompétences.

C’estd’ailleurscedontnousparlentlesjeunesinterrogésàcesujetpendantlapériodeestivale.« LaparticipationàlaJeuneCoopdeSt-Rednousapermisdedéveloppernotrediscipline », raconteYasserEl-HajHawsan. « Quandonavaitdestâches,ilfallaitlesfaire,sinonlesautresattendaientaprès nous pour rien.  », explique-t-il. Joseph Aboudremarquequantàluiquebeaucoupdetravailaétéfaitpour

développeruneculturederespectdesautres  :« Onavaitsouventdesdécisionsàprendre;ilfallaitseparleraulieudese chicaner si onn’étaitpasd’accord.  »HisseinBichara-HaggaretKhalidHamidenousparlentaussideconfianceen soi, de créativité, de sens de l’organisation… Chosecertaine, les quatre jeunes hommes ont hâte à l’annéeprochaine pour proposer de nouveaux projets à leursenseignants!

Enplusdesapprentissagesqu’ilsontfaits,lesélèvesdelaJeuneCoopdeSt-Redontterminél’annéeenremportantquelquesprix,notammentleprixdelacatégorieJeunesseau Concours en entrepreneuriat social, organisé par laTablejeunesseOutaouais,etleprixnationaldelaFonda-tion pour l’éducation à la coopération et à la mutualité!Dequoimotiver lestroupespourredémarrerengrandlanouvelleannéescolaire!

HélèneSimard,présidente-directricegénéraleduConseilquébécoisdelacoopérationetdelamutualité(CQCM),lesélèvesetadultesresponsablesduprojetetAlainFortier,présidentdelaFondationpourl’éducationàlacoopérationetàlamutualité.

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58 CAHIER RÉGIONAL OUTAOUAISLE MARCHÉ DE SOLIDARITÉ RÉGIONALE DE L’OUTAOUAIS

UNEALTERNATIVEINNOVANTE DANS LE SECTEUR AGROALIMENTAIREÀmesurequelamondialisationsepoursuit,lesindividussontdeplusenplusconscientsdel’impactde leurconsom-mation sur leur communauté. De nombreuses initiativesontpourobjectifd’offrirdesoptionsauxavenuestradition-nelles. Le Marché de solidarité régionale de l’Outaouais(MSRO),coopérativedesolidarité,proposeunealternativeintéressante, en offrant une gamme de produits agroali-mentaireslocauxparl’entremised’Internet.

Deux ans après son démarrage, le MSRO regroupe unequarantaine de producteurs agroalimentaires, qui offrentunevariétédeproduits :pains,fruitsetlégumes,fromageset viandes.Onpeutmêmey trouverduvinde la régionetdesproduitsnonalimentaires,telsquedessavons…etdes fleurs fraîches! Les 1  500 membres consommateurspeuventchoisirenlignelesproduitsqu’ilsmettrontdansleurpaniervirtuel.Illeursuffitensuitedepasserchercherleur commande le jeudi suivant  : ils sont alors accueillisdans une ambiance conviviale par un des trois membrestravailleursouparunbénévole.

Des valeurs et des principesLes producteurs doivent être situés dans un rayon de150  km du centre-ville de Gatineau. Et si les produitsofferts ne sont pas tous biologiques, ils sont toutefoissélectionnéssurlabasedecritèresrigoureuxdequalitéetde respect de l’environnement. En facilitant la consom-mation locale, le MSRO contribue grandement à laréductiondesgazàeffetdeserre(GES),endiminuantladistancedetransportdesalimentsetautresproduits.

C’est aussi une façon privilégiée de soutenir l’économierégionale. En effet, pour certains producteurs, le

MSROestdevenuunevitrine importante : «  leMSRO,c’est un outil pour les producteurs, mais aussi pour ledéveloppement régional. En achetant localement, nousconstruisonsnotrerégionetnouscréonsdelarichessecheznous.C’estessentielàlacroissanceéconomique,maisaussiaudéveloppementd’uneagricultureviableetvigoureuse »,expliqueMélissaBergeron,présidentedelacoopérative.

Au-delà de la question financière, la mission du MSROest de créer un lien direct entre les producteurs et lesconsommateurs.C’estl’occasiondebâtirunebellerelationavecceuxquimettentdelanourrituredansnotreassietteet de comprendre d’où viennent les produits que nousconsommons. «  Ça prend des gens passionnés pour seconsacrer à l’agroalimentaire, et c’est si peu reconnu. LeMSROcontribueàvaloriserlerôledesproducteurs,parcequec’estimportant »,poursuitmadameBergeron.

C’estaussiunefaçondesouderlacommunauté.Onprofitedes saisons qui passent pour organiser des activités quirassemblent les uns et les autres et qui permettent auxcitadins de découvrir la réalité des producteurs. Commele soulignemadameBergeron, «  leMarché, c’estunpeucommeleperrondel’églised’antan :ilbâtitdesliensdanslacommunautéetcréedelasolidarité.C’esttellementbeauetporteurdevaleurs!Jeveuxycontribuerà100millesàl’heure! »

Marchédesolidaritérégionaledel’Outaouais41,rueFrontenacGatineau(Québec)J8X1Y9819 771-2915www.marcheoutaouais.com

Par Claudine Lalonde

BrianMaloney,producteurbovindelaPetite-Nation,estmembreduconseild’administrationduMSRO.

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59CAHIER RÉGIONAL OUTAOUAIS

Par Gaétan-Philippe Beaulière

CENTRE COMMUNAUTAIRE WAKEFIELD LA PÊCHE

UN CENTRE COMMUNAUTAIRE COOPÉRATIF,UNEPREMIÈREAUQUÉBEC

LeCentrecommunautairedeWakefieldn’apasencorevulejour,maisprometdéjàd’être entièrement vouéà servir la communauté.Cette dernière, réunie encoopérativedesolidarité,leluirendbien.Unexemple?Lecapdes1 000membresaétépasséenl’espaced’uneannée. Un petit prodigedans une municipalité quicompte7 600habitants.

Autredémonstrationde lafoidelacommunautéenceprojet:quelque300 000 $ont déjà été amassés,

auxquelss’ajouterontplusde400000$quedesdonateurssesontengagésàverserplustard.

« Ilestextrêmementimportantpournousdesavoirquenouspouvons compter sur l’appui résolude la communauté.  »MadameGailShean’estpaspeufièredesréussitesdecetordre qui jalonnent le parcours de la jeune coopérative.L’actuelle coordonnatrice de projets a beau avoir étéintimementassociéeauprojetdepuisprèsdeseptans,cettefiertéestmoinspersonnelleque…communautaire.

« Nousbâtissonsuncentrecommunautaire.Ilestessentielque les personnes qui recevront les services du centresoient impliquées dès le début  », fait-elle valoir. Aussi,«  il nous a semblé crucial que les résidents de La Pêcheet les futursutilisateursduCentre soient impliquésdanstoutes les phases de développement du projet  ». C’estd’ailleursceprincipequiafaitpencherlesinstigateursduprojetvers lemodèlecoopératif :« Àtitredemembresàviedelacoopérativeetdepartieprenante,ilsaurontleurplacedans leprocessusdeprisededécision. »LeCentrecommunautaireWakefieldLaPêcheseralepremiercentrecommunautairecoopératifauQuébec.

Le financement : un défiLes fonds serviront à financer la construction d’unnouvel immeuble qui abritera quatre organisations déjà

actives dans la communauté et qui sont membres de lacoopérative. La bibliothèque, le théâtre, le centre desjeunesetl’AssociationrécréativedeWakefield,maisaussiungymnase,dessallesderencontres,entreautres,serontainsiréunissousunmêmetoit.Toutautourdel’immeuble,dessentierspédestresetdesterrainsaménagésassurerontl’harmonieaveclaforêtenvironnante.

« Notrebutestquelacoopérativerépondeauxbesoinsdela communauté tout en offrant des espaces intérieurs etextérieurs où des gens de tous les âges pourront profiterdes activités sociales, culturelles  et sportives  », dit lacoordonnatrice de projets. Mais, selon elle, remplacer lecentrerécréatif,«unimmeublevieuxettroppetit »,coûteracher.Malgré toutes les sommes importantes amassées etl’obtentiond’unfinancementdesgouvernementsprovincialetfédéraltotalisantplusde3 M$,lesquestionsfinancièresnesontpasrégléesdéfinitivement.

À la suite de l’appel d’offres pour la construction del’immeublelancél’étédernier,lacoopérativedesolidaritéa reçu des offres de services qui prévoient des coûtstrès élevés. «  Notre prochain défi sera de superviser laconstructiontoutenmenantdesactivitésdefinancementpour combler le manque à gagner  », révèle Gail Shea.Loin d’être découragée par cet imprévu, elle affiche unoptimismeàtouteépreuve:« Grâceausoutienindéfectibledelacommunauté,nosquelque1 000membresetl’aidedetous les paliers gouvernementaux,nous avons l’assurancequenotreprojetseraungrandsuccès. »

AmandaDexter,GwenShea,LouisRompré,JillWatkins,PhilCohen,JanetChristiansen,NedEllis,SteveSabeanonttousétéimpliquésdanslamisesurpieddelacoopérative.

Uncroquisdunouveaucentrecommunautaire.

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60 CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

LACOOPÉRATION,ÉLÉMENT CLÉ DE L’OCCUPATION DU TERRITOIRELe député de Labelle et porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement régional et d’occupation du territoire, monsieur Sylvain Pagé, s’exprime sur le lien étroit qui unit la coopération à l’occupation du territoire.

«  L’occupation du territoire, pour moi, c’est un geste desolidaritéentretouslesQuébécois.Celasignifiequ’onveutoccupernotreterritoireetsedonnerlesmoyensdebienlefaire »,aconfiémonsieurPagéenentrevueaveclarevueCoopoint.

Il établit ici un lien très important avec la coopération  :«  Quand il y a une volonté de se prendre en main, deprendreenmainsonterritoire,lameilleurefaçondelefaireestdejoindrelemouvementcoopératif. »Lacoopérationconstitue donc un élément essentiel au développementdes régions. «  La coopération naît d’un mouvementlocal. Comme les besoins les plus criants sont dans lesmunicipalitésvivantleplusdedifficultés,c’estsouventlàque l’on observe l’éclosion de la coopération. La grandemobilisation permet de résoudre les gros problèmes.La garantie de succès est plus grande quand les gens semobilisentautourd’unmêmeobjectif! »

Lecomtéd’Antoine-Labelle,làoùlemouvementcoopératifest le plus important dans la région des Laurentides,constitue un bel exemple. «  Depuis quelques décennies,larégionadémontrél’importancedelasolidaritéaveclacréationdeplusieurscoopératives.Ilya,surleterritoire,une multitude de beaux exemples de réussite grâce à lacoopération,etj’ensuistrèsfier »,affirmeledéputé.Etpluslecontexteestdifficile,plusonpeutobserverl’importancequeprend lacoopération.Aunordde lacirconscription,

letauxdechômageestplusélevéetl’emploiestdifficile;lemouvementcoopératifyestparconséquentencoreplusfort.

L’intérêt de monsieur Pagé pour la coopération et sonengagement envers le mouvement coopératif remonte àquelquesannées.Sonpremierdossierentantqueporte-parole de l’opposition officielle en 2003 était celui del’industrieetducommerce.Cedossierétaitdirectementlié aux coopératives. MonsieurPagé a aussi participé aurenouvellement de la Loi sur les coopératives, en 2004.« Pourmoi,lacoopérationestunevaleurtrèsimportante.Onparlesouventdedéveloppementdurable,maisaveclacoopération, on peut parler aussi d’entreprises durableset d’emplois durables. Les résultats démontrent que laformulefonctionne! »

Selon monsieur Pagé, la coopération permet aux petitescommunautésde trouver lamobilisationnécessairepourréaliserdegrandsprojets.Lesgensquin’ensontpasencoreconscients doivent reconnaître qu’une grande partie desréponsesauxproblèmesde leurcommunautése trouveàl’intérieurdumouvementcoopératif.

Ledéputésoutientquesi leQuébecn’avaitpasconnuledéveloppementdumouvementcoopératif,qu’ilavuéclorenotamment avec le Mouvement Desjardins au début dusiècle,ilneseraitpasdevenucequ’ilest,économiquementetsocialementparlant.« Noussommesdevenusplusriches,maisaussiplusjustesetsolidairesgrâceàlacoopération.Sinotresociétéesttellequenouslaconnaissonsaujourd’hui,c’estengrandepartiegrâceaumouvementcoopératif! »

Par Sandie Letendre

SylvainPagé,députédeLabelleetporte-paroledel’oppositionofficielleenmatièrededéveloppementrégionaletd’occupationduterritoire.

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61CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

UNECOOPÉRATIVEAU SERVICE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE

Créée en mai 2007, la Coopérative de solidarité desentreprisesd’économiesocialedesLaurentides(CSEESL)s’estdonnéunemissionambitieuseetlouable :soutenirlapérennitéetledéveloppementdesentreprisesd’économiesocialedesarégion.

« Noussouhaitonsfavoriserlaconcertationetlepartenariatentre les intervenants locaux et régionaux en économiesocialeafind’assurerlacohérencedeleursinterventionsetd’enmaximiserl’effet »,affirmeJenniferCooke,présidentedelacoopérative.

La CSEESL offre des services dans le domaine de lapromotion et du développement de l’économie sociale.Ellesouhaitefaireconnaîtrelesentreprisesdecesecteurauprès des acteurs régionaux de l’économie sociale, desprincipaux partenaires, des pouvoirs publics et de lapopulationengénéral.

La coopérative compte présentement une vingtained’organismes membres ainsi que quelques membres desoutien. Les membres utilisateurs sont des organismesàbutnonlucratifetdescoopérativesdelarégion.« Nosmembresproviennentdesecteurstrèsvariés.Nousenavonsdudomainedelaproductionvidéo,del’aidedomestique,del’insertion,delasanté,desarts,delamédiationetdesloisirs, pour ne nommer que ceux-là  », affirme KarinePrud’Homme,secrétairedelacoopérative.

Forum régional d’économie socialeLa CSEESL a organisé un Forum régional d’économiesociale,quis’esttenuàl’HôtelduMont-Gabriel,àSainte-Adèle, le20maidernier.Cette journéed’échangeetderéflexion,organiséeencollaborationavec laCoopérativededéveloppementrégional(CDR)Outaouais-LaurentidesetlaConférencerégionaledesélus(CRÉ),regroupaitdesentreprisesd’économiesocialeetlesprincipauxpartenairesdudéveloppementsocioéconomiquedesLaurentides.

Différentesformationsetprésentationsétaientoffertes,laplupartportantsurlesressourcesfinancièresdisponiblesen

économiesociale.Cetévénementavaitaussipourobjectifd’offrir une occasion de réseautage pour les entreprisesd’économie sociale et les différents partenaires. «  Noustenionsàoffrirunmomentd’échangeentrelesfinanciersetlesentreprisesd’économiesociale,maisaussientrelesdifférentesentreprises,afinqu’ellesserencontrentetquenoussoyonsenmesuredemieuxconnaîtreleursbesoins »,affirmeJenniferCooke.

Prèsd’unecentainedepersonnesontprispartàl’événe-ment. «  Nous sommes très satisfaits des résultats de ceforum, tant à l’égard du taux de participation que surle plan du déroulement de la journée, et nous avonsreçu de très bons commentaires! Les partenaires et lesreprésentantsdesentreprisesd’économiesocialeprésentsont beaucoup apprécié cette occasion de se réunir etd’échangerentreeux.Lapresquetotalitéaexpriméledésirquedesévénementsdecegenreaientlieufréquemment! »,affirmeKarinePrud’Homme. 

De telles rencontres sont fructueuses pour les acteursde l’économie sociale, mais aussi pour les organismespartenaires.« J’aibeaucoupaimécettejournéeetjemesuissentiemoinsisoléedesentreprisesd’économiesocialequejesouhaiteaiderentantqu’intervenanteéconomique. J’aiaussipuconnaîtredavantageleursbesoins »,aconfiéuneparticipanteduforumdansunquestionnaired’évaluationdel’événement. 

LaCSEESLsouhaite fairedu forumun rassemblementannuel et organiser d’autres événements semblables aveclesentreprisesd’économiesocialeetlesautresintervenantsdusecteur.

Coopérativedesolidaritédesentreprisesd’économiesocialedesLaurentides384,rueduPalaisSaint-Jérôme(Québec)  J7Z1Y1450 431-2117,[email protected]

Par Sandie Letendre

PrésentationdonnéelorsduForumrégionald’économiesociale.

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62 CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

DESPASDEGÉANTPOUR L’ENVIRONNEMENT ET LA PERSÉVÉRANCE SCOLAIRE

LesjeunesduDéfiCoopdelaPolyvalenteCuré-MercuredeTremblantontréussitoutunexploit :acquériretopérerun bioréacteur industriel d’une valeur de 50  000  $. Cebioréacteurproduiraannuellementde30à50 tonnesdecompostàpartirde150tonnesdedéchetsorganiquesetdepapier.

Ce projet, une première dans une école secondaire auQuébec,aétémenépar75élèvescetteannée,puisconcré-tiséparlesmembresdelaJeuneCoop.Leursactionsontétéréaliséesdanslacontinuitédutravailde225élèves,quiontparticipéauxrecherchesetaudéveloppementduprojetdepuis2007.

L’implantation du projet a été longue en raison de sacomplexité,mais les élèves ainsi que les enseignants quilesontaccompagnéssonttrèsfiersdesrésultatsobtenus.« Quandonveut,onpeut! »Voilàundictonquirésume

parfaitement l’esprit de cet ambitieux projet. Souventcritiquéspourleurtendanceàabandonnerfacilement,cesélèvesontpersévérétoutaulongduprojet,etce,malgrélesnombreusesembûchesauxquellesilsontdûfaireface.

«  Au début, peu de gens croyaient que les élèvesamasseraientautantd’argent.Maisgrâceàleurconviction,à leur entêtement et à leur solidarité, tous ensemble, ilsontréussi! »,affirmeChristianRicher,undesenseignantsresponsablesduprojet.Lesjeunesontdoncdûfairepreuved’unegrandedébrouillardisepour arriver à leursfins, etc’est finalementdans leur communauté qu’ils ont trouvéles ressources; des partenaires financiers ainsi que desentreprisesimpliquéesontréaliségracieusementplusieurstravauxpourl’installationdubioréacteur.

Le bioréacteur servira tout d’abord à récupérer le papierutiliséparl’écoleetlesmatièresorganiquesqu’elleproduit.

Par Sandie Letendre

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63CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

S’ajouterontensuiteceuxdelapopulationetdescommercesenvironnants.Unepartieducompostseradonnéeàl’écoleetleresteseravenduauxserresdelarégion.

Enplusdesesviséesenvironnementales,DéfiCoopapourobjectifderetenirlesjeunessur les bancs d’école en leur permettant de participer à un projet concret, motivant etvalorisant.« DepuisquejeparticipeauprogrammeDéfi,mesprofesseursmeparlentdepersévérancescolaire.Ilsemblequecesoitunmotbienàlamodeencemoment.J’avouequejecommençaisàêtrefatiguéd’enentendreparler,jusqu’àcequejecomprenneréellementcequ’ilvoulaitdire.C’estenm’impliquantdansleprojetd’implantationd’unbioréacteuràl’écolequej’aienfincompriscequec’était…Ceprojetenestundepersévéranceetdedétermination! »,affirmeTimothéGariépy,présidentdelaJeuneCoop.

L’initiative a été saluée par plusieurs organisations, notamment par Greenpeace, qui afélicitélesjeunespourcetteréussite« quilesplaceparmilespionniersd’unmondemeilleur,enharmonieaveclanature ».Laministredel’Éducation,madameMichelleCourchesne,apoursapartfélicité les jeunespour leur implicationdans leurmilieutantscolairequecommunautaire.LeprojetaaussiétéprimélorsduConcoursquébécoisenentrepreneuriatàl’échellenationale,enjuindernier.

Timothé,présidentdelacoopérative,etKimberly,trésorière,recevantlecertificatdepremierprixremispourleprojetDéfiCoop/Bioréacteur,lorsdugalanationalduConcoursquébécoisenentrepreneuriat.

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64 CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

SEREGROUPER POUR L’AMÉNAGEMENT DES BOISÉS PRIVÉS

La coopérative Terra-Bois gère 37  500 hectares de boisés appartenant à plus de 475 propriétaires privés des Laurentides et de Lanaudière, qui se sont regroupés dans le but de se donner des services communs pour l’aménagement de leur forêt.

Fondéeen1987sous la formed’uneentrepriseàcapital-actions,Terra-Boisestdevenueunecoopérativeen2006.Laformulecoopérativeaétéprivilégiée,carellepermetdeconjuguerlarentabilitééconomiqueetl’atteinted’objectifssociaux. «  Nous avons choisi de faire ce changementparce que nous trouvions que notre modèle d’affaires serapprochait davantage de celui d’une coopérative. Nosmembres n’ont pas que des attentes financières enversla coopérative; ils ont surtout des attentes de serviceset d’accompagnement  », affirme monsieur Pierre Baril,directeurgénéraldeTerra-Bois.

Les membres de Terra-Bois sont des propriétaires deboisés de quatre hectares ou plus, qui souhaitent avoiraccès àdifférents services et ressources. « Lacoopérativeest reconnue régionalement, elle est accréditée pourbénéficier des programmes au nom des propriétaires de

boisés »,expliquemonsieurBaril.Enplusdel’aidepourlarechercheet l’obtentiondefinancement,Terra-Boisoffreà sesmembresunegammede services,dontdes travauxde reboisement et d’entretien forestier, l’améliorationd’érablières ou de forêts, la production de plansd’aménagement, etc. Les services proposés sont adaptésauxbesoinsdesmembres.

En 2006, la coopérative a inauguré une petite usinede sciage adaptée dans le but de transformer le bois deses membres. «  Nous souhaitions aller plus loin dans lavalorisationdubois.Nousavonsrecréé lapetiteusinedesciageduvillage,oùlesgensviennentchercherduboisdeconstruction,duboissurmesure,dedifférentesessences »,affirme Pierre Baril. Ce projet permet aux propriétairesmembresd’obtenirunmeilleurprofitquelorsqueleboisestlivrédirectementàdesentreprisespourlatransformation.La scierieoffredesproduits surmesureàvaleurajoutée.La clientèle-cible se compose surtout d’artisans et debricoleurs,maisaussid’ébénistes,desculpteurs,etc.

La coopérative réalise égalementdesplansdeprotectionpourlafauneetlaflore,pourprotégerdesmilieuxhumidesoupouraméliorerl’habitatdescerfsdeVirginieenforêt,par exemple. Monsieur Ronald Lapierre est membre deTerra-Bois,depuis17ans,etilestprésentementsecrétairede la coopérative. Selon lui, le plan d’aménagementforestierpermet,grâceàsonvoletdeprotectiondelafaune,devoirdes chosesdonton ignorait laprésencedansnospropresboisés.Ilaainsidécouvertunetourbière,avecdesspécimensparticuliers,ainsiqueplusieursplantesrares.Lacoopérativeencouragefortementsesmembresàpréserverleshabitatsnaturelsetoffrel’aidenécessairepouryarriver.

L’aspect environnemental est très important pour Terra-Bois  : la coopérative est présentement en processus decertification avec le Forest Stewardship Council (FSC),unecertificationenvironnementalequiassureque leboisprovientuniquementdeforêtsaménagéesdanslerespectdel’environnement.

Lespropriétairesdeboisésquisejoignentàlacoopérativeenretirentplusieursavantages.« Grâceauxprofessionnelsmis à notre disposition, nous pouvons aller chercher del’expertise en foresterie. Les experts de la coopérativeconnaissent nos besoins, et leurs recommandations

Par Sandie Letendre

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65CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

permettent d’améliorer nos boisés, dans les règles del’art. Ces interventions nous permettent de proposer desproduits plus intéressants  », souligne monsieur Lapierre.« Lesactionsdelacoopérativepermettentl’améliorationdelaqualitédesboisésdanslesmilieuxnaturels »,renchéritmonsieurBaril.

« Lacoopfavoriseuneactivitééconomiquenonnégligeablepourlarégion.Sesactionsentraînentdesretombéesposi-tivesetpermettentdegarderdestravailleursforestiersdanslarégion »,affirmemonsieurLapierre.Encestempsdecriseforestière,lacoopérative crée un dynamisme au sein dumilieu forestier  dans la région. Terra-Boiscompte 15  employés, en plus d’utiliser lesservicesd’unedizainede sous-traitants.Lacoopérative a aussi créé, en 1999, HorizonMultiressource, une filiale qui compteautant d’employés, pour mieux répondreaux besoins particuliers du développementet de l’exploitation des milieux naturels.« C’estuneentreprisequiestgéréedefaçoncollective. Avec elle, nous avons développél’approchedudéveloppementrégionalliéeàlagestiondelafaune,del’eau,despaysagesetdelarécréationenmilieunaturel »,affirmePierreBaril.

SelonmonsieurLapierre« Terra-Boisestuneorganisation très dynamique. Ses membresont envie d’améliorer et de faire bougerles choses. Un de ses principaux objectifsest de rapprocher les produits du bois desconsommateursetlesactionsfaitesencesensportentfruit! »Malgrésesbonscoupsetsesimpactspositifsdanslarégion,lacoopérativedoit actuellement faire face à plusieursdéfis pour assurer sa pérennité  : «  Avec lacrise forestière actuelle et les exigences desnouvelles générations de propriétaires de

boisés, il faut prendre un virage. La foresterie évolue, ilfautdoncadapteretmodifierl’organisationdenotretravailet favoriser cette nouvelle vision. C’est difficile de savoirquand la crise va finir, mais maintenant, nous sommesenprocessusdechangementpoury faire face.Et jusqu’àmaintenant,nousarrivonstrèsbienàtirernotreépingledujeu! »

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66 CAHIER RÉGIONAL LAURENTIDES

Une pierre, trois coups. C’est le tour de force que lesmembresde l’Association coopérativeSports etPlein airdesMille-Îlesontréalisé.Sonhistoireplairaà tousceuxquiaimentlesuccès,lavieaugrandair,lachasse,lapêcheetlapaix.Eneffet,cettecoopérativedeconsommationaétéfondéeen1977,majoritairementpardesemployésdelaGeneralMotorsdeBoisbriand,quisouhaitaients’adonneràleurssportsfavoris  : lachasseetlapêche.Pourréaliserle projet, le groupe a acquis deux anciennes «  terres àbois »danslarégiondel’Ascension,à200kilomètresdeMontréaletàseulementquatrekilomètresdel’entréedelazecMaison-de-Pierreetdeses240lacs.

À l’époque, la nature avait reconquis son domaine, àl’exception de l’emplacement d’un vieux moulin à bois.D’ailleurs, le brûleur à bran de scie est toujours bien enplaceet faitmaintenantpartiedu logode lacoopérative.C’estdanscetendroitdégagéque lesmembres,profitantdesfinsde semaineetde leurs vacances, érigeaient leursroulottes,tentesettentes-roulottes.Selonleshistoiresquinoussontparvenues,ilss’installaientencercle,commelesvoyageursduFarWest.Lefeucentralservaitdepointderalliementaprèslestravauxdelajournée.Ehoui!Ceuxquipensaientalleràlapêchesesontfaitprendreparunrêve,puisparledésirdeleréaliser.

Les membres ont commencé à débroussailler de petitscoins, questionde se faireduboispour le feudu soir etnettoyer.Puis,ilssesontmisàdéfricherdesemplacementspour y installer leurs équipements de camping. Devantl’engouement face à ce projet, la coopérative s’est dotéed’unpland’aménagementdu terrain et, aufil du temps,247  campeurs s’y sont établis.Trente-trois ansplus tard,la coopérative est propriétaire d’un site enchanteur

comprenant, entre autres, un centre communautaire, unposted’accueil,ungrandterraindejeux,uncentresanitaire(douchesettoilettes),unterraindeballeetuneplage.

Le terrain est raccordé à l’électricité et chacun desemplacementsdisposedeservicessanitaires.Deplus,tousles terrains peuvent avoir accès au réseau téléphonique,puisque les membres y ont installé leur propre câblagesouterrain qui a été relié au réseau public. Aujourd’hui,en 2010, il n’y a plus de défrichement, il a été fait parles anciens, mais chacun des membres de la coopérativecontribueàl’améliorationetàl’entretiendusite.

La règlementation municipale permet de construirequelquesbâtimentssurchacundessites.Parmiceux-ci,ilyale« troismurs »,c’est-à-direunbâtimentquis’appuiecontrelaroulotteetquipermetauxusagersd’agrandirleurespacedevie.Àpremièrevue,onpenseraitquecesontdespetitschaletstellementlesconstructionssontjoliesetbienintégréesàl’environnement.

Pour un même projet, trois objectifs ont été atteints  :l’acquisition d’une propriété en mode coopératif, ledéveloppement d’un superbe terrain de camping ainsique l’aménagementd’unemplacement idéalpourprofiterdelanatureetdetoutcequ’elleaànousoffrirsinouslarespectons.Ilyenaréellementpourtoutlemonde!

AssociationcoopérativeSportsetPleinairdesMille-Îles10,chemindesPerchesL’Ascension(Québec)J0T1W0819 275-5083(saisonnier)www.acspmi.com

Collaboration spéciale de Richard Laframboise, conseiller spécial du conseil d’administration de l’Association coopérative Sports et Plein air des Mille-Îles

UnepartiedeScrabbleenpleinair

Uneroulotteetsestroismurs

L’entréeducamping

UNE PIERRE, TROISCOUPSASSOCIATION COOPÉRATIVE SPORTS ET PLEIN AIR DES MILLE-ÎLES

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LES RESSOURCES DE LAZONE

MarioLapointe

Gaétan-PhilippeBeaulière

FrédéricPlante

AbderrahimIzirri

FannyAllard

Andrée-AnnePotvin

ChantalJolicœur

ClaudineLalonde

FrançoisLéveillé

COORDONNÉES

Zone de coopération

1850, boul. Le Corbusier, bureau 301Laval (Québec) H7S 2K1

Téléphone : 450 629-4488

CDR Outaouais–Laurentides

Bureau de Gatineau400, boulevard Maloney Est, bureau 101Gatineau (Québec) J8P 1E6

Téléphone : 819 643-2884Télécopieur : 819 643-2887

Bureau de Saint-Jérôme384, rue du PalaisSaint-Jérôme (Québec) J7Z 1Y1

Téléphone : 450 431-2117Télécopieur : 450 431-2219

[email protected] www.cdrol.coop

www.pygmalionnumerique.com

CDR Montréal–Laval

Bureau de Montréal6879, rue de MarseilleMontréal (Québec) H1N 1M8

Téléphone : 514 340-6056Télécopieur : 514 340-6023

Bureau de Laval1850, boul. Le Corbusier, bureau 301Laval (Québec) H7S 2K1

Téléphone : 450 629-4488

[email protected] www.cdr.coop

CDR de Lanaudière

457, rue LavalJoliette (Québec) J6E 5G9

Téléphone : 450 759-8423Télécopieur : 450 759-2100

[email protected]

JohanneDesjardins

KarinePrud’Homme

Louis-DavidMalo

Jean-DanielBoileau

NadaElkouzi

NathalieChaput

PatrickDuguay

SandieLetendre

ZamzamAkbaraly

IsabelleGodbout

JoanneArchambault

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