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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Mars 2014 | Numéro 3 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Environnement Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround Page 80 Economie agricole Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? Page 88 Production végétale Série ProfiCrops: Caractérisation des innovations, l’exemple du colza HOLL Page 104

Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

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Page 1: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

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Environnement Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround Page 80

Economie agricole Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? Page 88

Production végétale Série ProfiCrops: Caractérisation des innovations, l’exemple du colza HOLL Page 104

Page 2: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;

Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich).

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Les méligèthes du colza peuvent occasionner de gros dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Agroscope a procédé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

79 Editorial

Environnement

80 Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround Werner Jossi, Clay Humphrys, Brigitte Dorn

et Jürg Hiltbrunner

Economie agricole

88 Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? Gabriele Mack et Christian Flury

Production végétale

96 Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange et al.

Production végétale – Série ProfiCrops

104 Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Camille Aouinaït, Bernard Jeangros, Vincent

Nassar et Anna Crole-Rees

Production végétale – Série ProfiCrops

112 ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée

Anna Crole-Rees et Lukas Bertschinger

Eclairage

118 Réactions du millet aux apports d’azote

Samuel Knapp, Rosalie Aebi et Jürg Hiltbrunner

122 Portrait

123 Actualités

127 Manifestations

SommaireMars 2014 | Numéro 3

Page 3: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Editorial

79Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 79, 2014

Chère lectrice, cher lecteur,

La recherche interdisciplinaire par programme occupe une place importante

sur la scène nationale et internationale. Depuis 1975, le Fonds national suisse

propose des programmes de recherche et depuis le milieu des années 1990,

différentes institutions de recherche suisses ont complété leurs activités en y

ajoutant leurs propres programmes. En 2008, Agroscope a lancé pour la pre-

mière fois trois programmes de recherche qui s’achèveront au premier

semestre 2014: AgriMontana, NutriScope et ProfiCrops.

Nos expériences confirment que la recherche pluridisciplinaire a tout le

potentiel nécessaire pour résoudre les problèmes majeurs actuels. Grâce à

des compétences diversifiées, Agroscope réunit les conditions idéales sur ce

plan. Certes, la recherche interdisciplinaire par programme suscite aussi des

critiques, mais elle est devenue de plus en plus importante et le restera à

l’avenir.

Deux nouveaux programmes de recherche Agroscope

Les programmes de recherche sont les projets phares d’Agroscope. C’est

pourquoi au printemps 2014, Agrocope lancera deux nouveaux programmes

de recherche. Ils traiteront de thèmes orientés à moyen et long terme et per-

mettront de mettre sur pied de nouveaux domaines de recherche et de déve-

loppement: le programme «Biodiversité microbienne» analysera le patri-

moine génétique de microorganismes appartenant à des écosystèmes choisis

dans l’agriculture et la filière alimentaire. Ces données serviront à exploiter

les microorganismes naturels au profit d’une agriculture durable et de pro-

duits agricoles sûrs et de première qualité. Quant au programme «REDYMO:

Réduction et Dynamique des Microorganismes persistants et résistants aux

antibiotiques tout au long de la chaîne alimentaire», il soutiendra les efforts

de la pratique agricole, de l’industrie alimentaire et des offices concernés

dans leur lutte contre les résistances aux antibiotiques.

Les nouveaux programmes de recherche ont été élaborés sur le mode

«bottom-up» par au moins deux instituts d'Agroscope. Au total, neuf propo-

sitions ont été déposées, parmi lesquelles un groupe d’experts externes

appuyé par le groupe stratégique Recherche Agroscope a sélectionné les

deux programmes cités. Ceux-ci ont ensuite été autorisés par le Comité de

direction Agroscope. Pour la période de 2014 à 2018, les programmes seront

financés par les fonds d’Agroscope à raison de 0,8 millions de francs par an.

Ces fonds peuvent être employés pour la gestion des programmes, les tra-

vaux de synthèse ainsi que les thèses et les postdocs.

Les deux programmes se sont fixé des objectifs ambitieux. Une des clés

de la réussite tient sans doute dans le succès de la collaboration interdiscipli-

naire, surtout si l’on considère que les solutions à de nombreux problèmes

cruciaux de société et d’environnement doivent être développées en com-

mun par des disciplines scientifiques multiples.

Paul Steffen, responsable de l’Institut des sciences en durabi-lité agronomique IDU et respon-sable de la Corporate Research Agroscope CRA.

Projets phares d’Agroscope: les programmes de recherche

Page 4: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

80 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

I n t r o d u c t i o n

Malgré une demande importante pour un colza cultivé

autant que possible sans pesticides pour la production

d’huile, la superficie de colza bio reste faible. Les exi-

gences élevées du colza d’automne en substances nutri-

tives et en protection des plantes en sont les principales

raisons. Selon les directives IP-Suisse, aucun insecticide

n’est permis pour la culture du colza extenso. Les plus

grandes pertes de rendements sont surtout dues à Meli-

gethes aeneus et M. viridescens. Leur résistance de plus

en plus forte aux substances actives des pyréthroïdes

contraint les agriculteurs cultivant du colza de manière

conventionnelle à se tourner vers des produits conte-

nant d’autres groupes de substances actives.

Lutter contre les méligèthes de manière naturelle

Agroscope entreprend depuis quelques années déjà des

recherches pour trouver des alternatives dans la lutte

contre les méligèthes par la lutte microbienne (p.  ex.

Kuske et al. 2011). Dans le même temps, Agroscope a

testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles en

laboratoire et en plein champ. Les effets de bioinsecti-

cides connus, comme NeemAzal® et Pyrethrum®, ne sont

pas suffisants. Par contre, l’infestation de méligèthes sur

les boutons floraux a pu être réduite après application

pendant quelques jours de produits en poudre comme la

poudre de roche et la cendre de bois (Dorn et al. 2013).

Les substances comme la poudre de roche étant difficiles

à appliquer, d’autres types de poudre de roche en sus-

pension dans de l’eau ont été testés en plein champ. Le

Werner Jossi1, Clay Humphrys1, Brigitte Dorn2 et Jürg Hiltbrunner1

1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2EPF Zurich, Département des sciences de l’environnement, 8092 Zurich, Suisse

Renseignements: Werner Jossi, e-mail: [email protected]

Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround

E n v i r o n n e m e n t

Figure 1 | Les boutons floraux mangés par les méligèthes meurent. (Photo: Werner Jossi, Agroscope)

Page 5: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround | Environnement

81

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Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Les méligèthes du colza (Meligethes spp.)

peuvent occasionner de gros dégâts aux

cultures de colza. Les cultures bio et extenso

sont particulièrement menacées, car les

insecticides y sont interdits. Les possibilités de

traitements non chimiques pourraient à l’avenir

prendre de l’importance également dans les

cultures conventionnelles de colza, à cause de

l’augmentation de la résistance des méligèthes.

Agroscope a procédé à des essais en plein

champ et testé l’efficacité de nombreuses

substances naturelles dans la lutte contre les

méligèthes. Le produit Surround – qui contient

de la kaoline – a montré une bonne efficacité et

une utilisation pratique satisfaisante lorsqu’il

est appliqué avec un agent mouillant contenant

de l’huile de colza. Le Surround a été utilisé de

2011 à 2013 en respectant les exigences PER

dans dix parcelles; son efficacité a été compa-

rée avec celle des insecticides conventionnels et

une parcelle témoin non traitée. Le Surround a

montré un effet statistiquement significatif de

50–70 % par rapport à la parcelle témoin. L’effet

a duré environ cinq jours. Avec un traitement

de Surround, le rendement en graines a

augmenté de 10 % en moyenne. Avec les

insecticides chimiques de synthèse, le rende-

ment a augmenté de 17 % en moyenne. Un

deuxième traitement, appliqué 6–10 jours après

le premier, a encore amélioré le rendement de

7 % en moyenne avec chacun des deux moyens

de lutte. Dans les champs de colza riches en

substances nutritives, l’utilisation du Surround

est économiquement intéressante dès que le

seuil de 3–5 méligèthes par plante est atteint.

produit phytosanitaire Surround® (Stähler Suisse SA,

Zofingen), qui contient de la kaoline, est particulière-

ment adapté. De plus, il est déjà utilisé en Suisse dans la

lutte contre le psylle commun du poirier (Cacopsylla pyri)

et peut s’appliquer à l’aide d’un pulvérisateur tradition-

nel. Ce produit présente également une bonne adhé-

rence sur les plantes de colza lorsqu’il est combiné à un

agent mouillant; il persiste même pendant quelques

jours sous la pluie. La kaoline – également appelée argile

blanche – est une roche naturelle essentiellement consti-

tuée d’une argile minérale, la kaolinite.

En plus des poudres de roches et du Surround,

d’autres substances naturelles ont été testées, comme la

poudre Silico-Sec, qui contient de la silice (Humphrys et

Jossi 2010), et le Klinospray (Daniel 2013), qui contient de

la clinoptilolithe. Ces deux produits, combinés à un

agent mouillant, peuvent s’épandre avec un pulvérisa-

teur. Lors de nos essais sur trois ans, l’efficacité du Sur-

round sur les méligèthes et sur le rendement en graines

a été comparée à celle d’insecticides conventionnels et

avec une parcelle-témoin (sans traitements).

Un temps frais stoppe les méligèthes

Dans les parcelles d’expérimentation, les méligèthes du

colza ont été capturés de 2009 à 2011 à l’aide de pièges

jaunes en forme de cuvette. Les populations se compo-

saient à 91 % de Meligethes aeneus et à 9 % de M.

viridescens.

Au printemps, dès que la température dépasse 15 °C,

les méligèthes s’envolent et gagnent les champs de

colza. Ils s’attaquent aux jeunes boutons floraux lorsque

ces derniers atteignent le stade de développement

BBCH 51. Ils détruisent le bouton floral pour atteindre le

pollen, ce qui réduit la production de siliques (fig. 1). Les

dégâts diminuent dès le début de floraison, car les

coléoptères préfèrent les fleurs épanouies. Les femelles

déposent les œufs dans les boutons floraux. Les larves

grandissent dans les fleurs en se nourrissant de pollen

aussi, sans toutefois causer de grands dégâts.

Les dommages potentiels dépendent des conditions

météorologiques printanières. Les méligèthes, thermo-

philes, se nourrissent davantage dès que les tempéra-

tures dépassent 15 °C. En dessous de 10 °C, ils restent

immobiles, comme en hibernation. Le colza étant moins

sensible au froid, il se développe aussi par des tempéra-

tures plus basses. Les conditions météo printanières en

2011, 2012 et 2013 ont été diverses sur les parcelles expé-

rimentales. Le printemps 2011 a surtout été sec et chaud.

En 2012, après une courte période de chaud de fin mars

à début avril, une période fraîche et pluvieuse a duré

jusqu’à la floraison du colza. En 2013, la période de

végétation a débuté tard, ce n’est que vers fin avril qu’il

a fait plus chaud, mais les précipitations étaient alors

plus abondantes. Les températures élevées durant le

stade du bouton floral en 2011 et 2013 ont fortement

favorisé les méligèthes. Les dégâts ont par contre été

nettement moindres en 2012, grâce au temps frais d’avril

jusqu’à la floraison du colza. Le taux d’infestation moyen

pendant ces trois années était de 5–7 méligèthes par

plante, ce qui dépasse nettement le seuil de tolérance

économique de 3–5 (seuil d’intervention 2012). Grâce

aux grandes parcelles expérimentales, la dispersion tar-

dive des méligèthes depuis les parcelles non traitées et

les parcelles ayant subi des dégâts, a pu être réduite.

Page 6: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround

82 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

De 2011 à 2013, dix parcelles expérimentales randomisées,

avec chacune 4 – 6 répétitions, ont été aménagées à

Agroscope Reckenholz-Tänikon en respectant les exi-

gences PER. Les parcelles mesuraient 80–120 m2. Les traite-

ments ont été effectués, comme lors de l’utilisation d’in-

secticides, aux stades de boutons floraux BBCH  53–59,

c’est-à-dire avant la floraison du colza. Lorsque cela a été

possible, un deuxième traitement est intervenu 6–10 jours

après le premier sur la moitié de chaque parcelle. Le Sur-

round a été appliqué avec un dosage de 25 kg pour le pre-

mier traitement et 20  kg pour le deuxième dans 400  l

d’eau, par hectare. Pour obtenir une adhérence conve-

nable et régulière sur les plantes, le liquide de traitement

a été mélangé au produit Telmion (Omya AG, Oftringen),

un agent mouillant biocompatible, à raison de 4 l/ha.

L’application s’est faite avec un pulvérisateur automo-

teur pour petites parcelles muni d’un malaxeur et à une

pression de 5 bars. Les rampes d’épandage, d’une largeur

de 6 m, étaient munies de 12 buses antidérive Lechler (IDK

120 – 02). Le nombre de coléoptères par plante a été déter-

miné avant l’application, ainsi que un, trois et cinq jours

après l’application. Les coléoptères ont été comptés une

seule fois après la deuxième application, car le développe-

ment des pousses latérales rendait le décompte plus diffi-

cile. Les coléoptères ont été comptés sur cinq plantes côte

à côte à trois endroits sur chaque parcelle. Dès le stade

BBCH 55, les décomptes se sont restreints à l’axe principal.

Les variétés recommandées de colza Aviso, Adriana,

Sammy, ainsi que les variétés hybrides Visby et Compass,

ont été utilisées (Hiltbrunner & Pellet 2010 et 2013).

En 2011 et 2012, un essai split-plot supplémentaire (fac-

teur principal: traitement) a été effectué avec deux

concentrations d’azote: 70 et 120 kg N/ha. Chaque par-

celle de 180 m2 a été divisée en 2 demi-parcelles de 90 m2.

Le premier apport d’azote de 70 kg/ha s’est fait début

mars sur l’entier de la parcelle avec un épandeur à

engrais, sous la forme de nitrate d’ammoniaque boriqué

(27,5 % N; 0,5 % B). Le deuxième apport (50 kg/ha) a eu

lieu début avril uniquement sur une demi-parcelle, sous

forme de nitrate d’ammoniaque (25 % N, 5 % Mg, 8 % S),

à la main. Un décompte des siliques sur l’axe principal et

sur les pousses latérales a été fait fin mai 2011 sur les

deux demi-parcelles, et en 2012 uniquement sur la demi-

parcelle ayant reçu le moins d’azote.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Effet suffisant uniquement avec un agent mouillant

En 2011, lors d’une expérimentation avec du Surround

uniquement, trois comptages ont mis en évidence un

effet sur les coléoptères supérieur de 17 % en moyenne

(fig.  2), par rapport à la parcelle-témoin non traitée.

Avec l’apport du mouillant Telmion, l’effet s’est renforcé;

il est le même qu’avec l’utilisation du Talstar, un insecti-

cide chimique de synthèse (fig.  2). Les tests en labora-

toire d’Agroscope ont montré que seulement 30 % envi-

ron des coléoptères directement aspergés de Surround

meurent (Dorn et al. 2013). On peut donc supposer que,

sur le terrain, la plupart des coléoptères survivent au

traitement mais ne peuvent plus se nourrir à cause du

dépôt du produit recouvrant les boutons floraux.

1 jour… 3 jours… 5 jours après le traitement 0

1

2

3

4

5

6

7

8

Non traité Telmion uniquement

Surround uniquement

Surround + Telmion Insecticide (Talstar)

Mél

igèt

hes

du c

olza

par

pla

nte

Figure 2 | Nombre de méligèthes du colza par plante 1, 3 et 5 jours après traitement avec l’agent mouillant Telmion uni-quement, avec du Surround uniquement, avec du Surround et du Telmion, ainsi qu'avec l'insecticide Talstar, comparé à la parcelle témoin non traitée (valeurs moyennes ± écart type). Sous le graphique: efficacité moyenne contre les coléop-tères selon Abbott, rendement (dt/ha) et rendement relatif (non traité = 100 %). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05). Expérimentation 2011, variété Aviso.

Effet sur les coléoptères: 0 11 17 56 62 % Rendement (dt/ha): 22,0 23,0 22,6 25,4 28,4 dt/haRendement relatif: 100 104 103 116 129 %Test Tukey: c bc bc abc a

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Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround | Environnement

83Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

40 dt/ha. En raison de la forte variation et parce qu’un

deuxième traitement n’était pas nécessaire pour tous les

essais, les rendements sont exprimés en valeurs relatives

moyennes, pour une meilleure comparabilité avec la par-

celle-témoin non traitée (tabl. 1; fig. 3). Le premier traite-

ment au Surround+Telmion des dix essais de 2011 à 2013

a permis une augmentation moyenne du rendement de

10 % par rapport à la parcelle-témoin; avec les insecti-

cides conventionnels, le rendement est augmenté de

17 %. En 2012, le deuxième traitement n’a pas pu être

appliqué sur tous les essais en raison d’un temps frais. Il a

toutefois permis une augmentation moyenne du rende-

ment de 7 %, avec les deux procédés de pulvérisation.

Dans quelques essais en 2013, l’effet du Surround sur les

coléoptères et le rendement était comparable à des

insecticides peu efficaces comme Plenum et Audienz

(fig. 4).

Les plantes de colza compensent en partie les dégâts

Les méligèthes du colza commencent à se nourrir des

jeunes boutons floraux aux stades de développement

BBCH 51 – 53. Les premiers touchés sont les boutons qui

formeront plus tard l’axe principal. Lors d’une forte

infestation, les siliques de l’axe principal manquaient ou

s’atrophiaient. Les plantes bénéficiant d’un bon apport

en substances nutritives sont capables de réduire plus ou

moins fortement les dégâts en développant davantage

de pousses latérales. Selon les conditions météorolo-

giques et l’état de santé des plantes, cette compensation

se faisait de manière diverse et occasionnait parfois dans

les essais un décalage entre les dégâts attendus et le ren-

dement (Weymann et al. 2013).

Après l’application du Surround, la couche blanchâtre de

kaoline reste visible quelques jours sur les plantes. Elle

résiste assez bien à la pluie. Dans les essais, aucune

influence négative de l’application n’a été observée sur

les plantes de colza. Cependant, le poids de mille grains

dans les parcelles traitées était légèrement inférieur au

poids de mille grains dans les parcelles non traitées

(fig. 3). Cette diminution est aussi constatée lors de l’uti-

lisation de produits chimiques de synthèse. Le poids de

mille grains plus élevé dans les parcelles non traitées

ayant subi le plus de dégâts est vraisemblablement dû à

une réaction de compensation des plantes de colza. Les

résultats de rendement de l’essai à Tänikon en 2013

confirment aussi cela (fig. 4). En raison de l’infestation

importante et durable (en moyenne huit coléoptères par

axe principal), les parcelles expérimentales ont été trai-

tées trois fois à des intervalles d’une semaine. L’applica-

tion du Surround + Telmion a permis d’augmenter statis-

tiquement le rendement de 17 %, contre 13 % avec les

insecticides Plenum, Biscaya et Audienz. Aucune diffé-

rence significative n’a été relevée en ce qui concerne le

poids de mille grains.

Résultats de tous les essaisL’application du Surround avec 1 % de Telmion a entraîné,

dans les cinq jours après le traitement, une réduction

significative de coléoptères dans tous les essais (tabl. 1).

L’efficacité selon Abbott se monte en moyenne à 65 %

par rapport à la parcelle-témoin non traitée, à 81 % avec

les insecticides. Les différences de rendement n’étaient

pas statistiquement significatives dans tous les essais.

Dans les dix essais, les rendements fluctuaient entre 20 et

110 117 117 124

95 96 95 92

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Surround+Telmion Insecticide Surround+Telmion Insecticide

Pour

cent

age

Rendement en grainesPMG

1 traitement 2 traitements

Figure 3 | Rendement en graines et poids de mille grains (PMG) pour un et deux traitements avec Surround + Telmion et avec des insecticides chimiques de synthèse, comparé à la parcelle témoin non traitée (= 100 %). Valeurs moyennes (± écart type) pour dix essais au champ (2011–2013). Significations voir tabl. 1.

Page 8: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround

84 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Dans deux essais en 2011 et 2012, le nombre moyen de

siliques par plante a augmenté de 15 % avec le Surround

et de 22 % avec un insecticide, par rapport à la parcelle-

témoin non traitée (fig.  5). Avec deux traitements, le

nombre de silique augmentait de 29 % (Surround), et

33 % (insecticide). Les effets sur les rendements étaient

similaires: augmentation de 13 % avec un traitement au

Surround, 22 % avec un insecticide, 20 % avec deux trai-

tements au Surround et 41 % avec deux traitements à

l’insecticide, par rapport à la parcelle-témoin non traitée.

Lors du comptage des siliques, on a constaté que l’aug-

mentation de rendement se traduisait surtout par la for-

mation de nouvelles siliques sur les pousses latérales.

Dans quelques essais sur les parcelles non traitées, une

légère augmentation du poids de mille grains (P < 0,05,

tabl. 1; fig. 3) a aussi pu être observée. Il existe des diffé-

rences au niveau du type de rendement selon les variétés

de colza: certaines produisent plus de graines, d’autres

produisent des graines plus grosses. Il existe également

des formes intermédiaires (Hiltbrunner et Pellet 2013).

Expérimentations avec un traitement

Procédé1 jour après traitement

3 jours après trait.

5 jours après 1er trait.

7–10 jours ap-rès 1er trait.

Rendement relatif (%)

Rendement relatif (%)

PMG

Non traité 6,0 a 6,6 c 6,2 c 5,4 c 4,9 a 100 b 4,8 a

Surround+Telmion 6,0 a 2,2 b 2,3 b 2,2 b 3,9 a 110 a 4,5 b

Insecticide 5,5 a 1,3 a 1,1 a 1,2 a 3,8 a 117 a 4,6 b

Expérimentations avec deux traitements

ProcédéAvant

traitement1 jour après traitement

3 jours après trait.

5 jours après 1er trait.

1 jour après 2e trait.

Rendement relatif (%)

PMG

Non traité 5,5 a 5,8 b 5,5 b 6,2 c 4,5 b 100 b 4,8 a

Surround+Telmion 5,8 a 1,8 a 2,0 a 2,5 a 2,0 a 117 a 4,6 b

Insecticide 6,7 a 2,7 a 2,2 a 3,8 b 1,9 a 124 a 4,4 c

Tableau 1a | Nombre de méligèthes du colza avant, ainsi que 1, 3, 5 et 7–10 jours après le premier traitement; rendement relatif (non traité = 100 %) et poids de mille grains (PMG). Moyennes sur dix essais au champ (2011–2013). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05)

Tableau 1b | Nombre de méligèthes du colza après le premier et le deuxième traitement; rendement relatif (non traité = 100 %), ainsi que poids de mille grains (PMG). Moyennes sur sept essais au champ (2011–2013). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significative-ment différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05)

b 100

a 117

a 113

a 100

a 103

a 92

0

5

10

15

20

25

30

35

Non traité Surround+Telmion 1% Insecticide

dt/h

a re

sp. g

Rendement en grainesPMG

Figure 4 | Rendement en graines (dt/ha) et poids de mille grains (PMG, en g) après trois traitements avec Surround + Telmion et avec des insecticides chimiques de synthèse, comparé à la parcelle témoin non traitée. Valeurs moyennes (± écart type) de l'expérimentation 2013 (variété Compass). Les procé-dés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05). Sous le graphique: dosages des produits de traitement et efficacité contre les coléoptères selon Abbott (moyenne de quatre contrôles coléoptères).

Dosages: 1er traitement 25 kg/ha Plenum 0,15 kg/ha 2e traitement 20 kg/ha Biscaya 0,4 l/ha 3e traitement 20 kg/ha Audienz 0,2 l/haEfficacité contre les coléoptères: 0 % 64 % 34 %*) (Abbott)

*Efficacité probablement trop faible car les coléoptères inactifs restés sur les plantes ont aussi été comptés.

Page 9: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround | Environnement

85Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Le traitement au Surround est-il économique?

Un traitement au Surround dosé à 25  kg/ha, avec un

apport de Telmion de 4  l/ha, revient à CHF 210.–/ha (y

compris les coûts d’épandage de CHF 75.–/ha). Pour cou-

vrir ces frais, et en se basant sur un prix au producteur de

CHF 80.–/dt de graines de colza, il faut augmenter le ren-

dement de 2,6 dt/ha. Avec deux traitements au Surround,

chacun dosé à 20 kg/ha, les coûts reviennent à CHF 380.–/

ha, ce qui correspond à une augmentation de rende-

ment de 4,8 dt/ha. Un traitement au Surround serait ren-

table à partir d’un rendement de 25 dt/ha, si l’on vise

une augmentation de rendement de 10 %. Avec deux

traitements et une augmentation de rendement de

15–20 %, il faut un rendement d’au moins 30 dt/ha. De

2011 à 2013, sur une moyenne des dix essais, un traite-

ment au Surround dosé à 25 kg/ha aurait été économi-

quement rentable. Les primes extenso n’ont pas été inté-

grées aux calculs.

Pour les exploitations bio, avec un prix au producteur

de CHF 220.–/dt de graines de colza, l’utilisation serait

déjà rentable avec un rendement plus bas: entre 10 et

15  dt/ha. Toutefois, une augmentation de rendement

La baisse du poids de mille grains causée par les méli-

gèthes peut être compensée par le choix d’une variété

de colza appropriée. Lors des essais, le meilleur poids de

mille grains sur la parcelle-témoin est surtout obtenu

avec les variétés Aviso et Visby (fig. 5).

Influence d’une fumure azotée

On a voulu savoir, avec les deux essais Split-plot de

fumure, si la capacité de compensation du colza pouvait

être améliorée par un bon apport en azote. Sur une

moyenne des cinq procédés, l’apport supplémentaire de

50 kg N/ha a permis une augmentation du nombre de

siliques de 24 % et une augmentation de rendement de

13 %; le poids de mille grains a par contre diminué de

4 % environ (fig. 6). L’augmentation de rendement grâce

au deuxième apport d’azote (13 % en moyenne) était à

peu près identique avec tous les procédés et correspon-

dait plus ou moins à l’augmentation moyenne de rende-

ment après utilisation d’un insecticide dans les dix essais

(fig.  6). L’apport supplémentaire de 50  kg N/ha occa-

sionne à peu près les mêmes coûts qu’un traitement à

l’insecticide.

115 122 129 133 113 122 120 141 95 94 93 88 0

20

40

60

80

100

120

140

Surround+Telmion Insecticide Surround+Telmion Insecticide

Pour

cent

age

Nombre de siliquesRendementPMG

1 traitement 2 traitements

* * * * * * * * *

Figure 5 | Valeurs relatives pour le nombre de siliques par plant de colza, rendement en graines et poids de mille grains (PMG) en % (non traité = 100 %). Valeurs moyennes (± écart type) de deux essais (2011: variété Aviso; 2012: variété Visby). *Différences significatives par rapport à la parcelle-témoin non traitée (test Tukey-HSD, P < 0,05).

0

5

10

15

20

25

30

Non traité Surround 1x Insecticide 1x Surround 2x Insecticide 2x

dt/h

a

70 kg N/ha

120 kg N/ha

Figure 6 | Rendements en graines (dt/ha) avec différentes concentrations de fumure. Valeurs moyennes (± écart type) de deux essais (2011 et 2012). Sous le graphique: efficacité (%) avec le 2e apport d'azote de 50 kg/ha sur le nombre de siliques, le rendement et le poids de mille grains (PMG).

Changement avec 2e apport d'azote: Moyenne:Siliques: + 21 + 14 + 32 + 16 + 39 % + 24 % Rendement: + 14 + 13 + 13 + 14 + 11 % + 13 % PMG: -4 -7 -3 -6 -1 % -4 %

Page 10: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

86

Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

avec utilisation de Surround ne serait envisageable que

si le colza dispose de suffisamment de substances nutri-

tives. Pour les cultures bio et extenso de colza, il faudrait

donc en premier lieu assurer un bon approvisionnement

en substances nutritives, afin que les dégâts puissent

être compensés par la formation de nouvelles siliques.

Recommandat ions pour la p rat ique

L’utilisation de moyens alternatifs de lutte contre le

méligèthe du colza, comme le Surround, ne permet

généralement pas une protection efficace des siliques de

l’axe principal. Il ne faut donc pas appliquer le produit

trop tôt, car son efficacité est de courte durée; la période

optimale se situe aux stades de développement BBCH

53–59. Ainsi, les pousses latérales – les plus importantes

pour un bon rendement – peuvent être protégées effica-

cement. Lors d’une infestation soutenue de coléoptères,

une deuxième application de Surround améliore la pro-

tection des plantes.

Dans les cultures conventionnelles de colza, deux ou

trois pulvérisations d’insecticides sont souvent néces-

saires lors de fortes infestations. En se basant sur les

résultats des essais à Tänikon en 2013 (fig. 4), il apparaît

que le Surround aurait probablement pu remplacer l’in-

secticide, ceci afin d’éviter le développement d’une

résistance toujours plus marquée des coléoptères aux

insecticides.

Il faut d’abord favoriser le développement des plantes

en assurant une structure du sol intacte et un apport

suffisant de substances nutritives, car les plantes

robustes compensent mieux les dégâts que celles souf-

frant de malnutrition. C’est pourquoi l’utilisation de

Surround n’est rentable que lorsque le seuil d’interven-

tion est atteint par temps chaud et que le colza est en

bonne santé.

Pour l’heure, la procédure d’homologation de l’utili-

sation du produit Surround contre les méligèthes du

colza est encore en cours. L’Office fédéral de l’agricul-

ture pourrait l’autoriser avec l’indication «  efficacité

partielle contre les méligèthes du colza ». Une utilisation

éventuelle en culture extenso ne serait pas autorisée,

selon les conditions en vigueur (Ordonnance sur les

paiements directs, art. 69). Pour les cultures bio, son uti-

lisation ne serait possible que si le produit est ajouté à la

liste des intrants du FiBL. Son utilisation comme méthode

permettant de ralentir la résistance des méligèthes –

dans le cadre de la culture PER du colza – serait possible

immédiatement après l’homologation. n

Remerciements

Nous remercions Bio Suisse et IP-Suisse pour leur participation financière aux expérimentations.

Figure 7 | Floraison plus luxuriante: effet visible d'un traitement au Surround sur les méligèthes du colza. (Photo: Werner Jossi, Agroscope)

Page 11: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

87

Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround | Environnement

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Controlling pollen beetle with the natural agent

«Surround»

Meligethes spp. (pollen beetles) can cause major

damage to oilseed rape crops. Organic and

extensively farmed stands are especially at risk,

since the use of insecticides on them is prohib-

ited. Moreover, the pollen beetle’s increasing

resistance means that non-chemical treatment

options could also become important for

conventional oilseed rape cultivation in future.

Agroscope has tested numerous natural agents

in field trials for efficacy against the pollen

beetle. The kaolin-containing product Surround

showed good efficacy and usability in practice

when used in combination with a wetting agent

containing rapeseed oil. From 2011 to 2013,

Surround was compared under PEP conditions

with conventional insecticides and an untreated

control in a total of 10 large-plot trials, where it

exhibited a statistically significant efficacy of

50–70 % vis-à-vis the untreated control. The

duration of effect was approx. five days. With

one treatment, the use of Surround increased

grain yield by an average of 10 %, whilst the

chemical-synthetic insecticides produced an

average increase in yield of 17 %. A second

treatment after a gap of 6–10 days improved

the yield for both methods of control by an

additional 7 % on average. In oilseed rape fields

that are well supplied with nutrients, a treat-

ment with Surround is worthwhile in economic

terms as soon as the control action threshold

of 3–5 beetles per plant has been reached.

Key words: kaolin, pollen beetle, Meligethes

spp., oilseed rape.

Lotta al meligete della colza mediante la

sostanza naturale Surround

I meligeti della colza Meligethes spp. possono

causare ingenti danni a queste colture.

Particolarmente a rischio sono le coltivazioni

estensive e biologiche, nelle quali è vietato

l'impiego di insetticidi. A causa del crescente

sviluppo di resistenze nei meligeti della colza,

però, in futuro modalità di trattamento non

chimiche potrebbero rivelarsi preziose anche

nella coltivazione convenzionale. Agroscope

ha testato, in esperimenti sul campo, l'efficacia

di numerose sostanze naturali contro tale

meligete. Si è dimostrato efficace e facilmente

applicabile nella pratica il prodotto Surround

contenente caolino, combinato con un umidifi-

cante contenente colza. Dal 2011 al 2013, tale

prodotto è stato applicato in condizioni PER su

un totale di dieci grandi particelle sulle quali

venivano impiegati insetticidi convenzionali ed

è stato messo a confronto con una particella di

controllo, non trattata. Il risultato ha rivelato,

per Surround, un effetto statistico garantito

del 50–70 % rispetto alla finestra di controllo

non trattata. L'efficacia si è protratta per circa

cinque giorni. Con un trattamento si è potuta

aumentare la resa, in media, del 10 %. Nelle

particelle trattate con insetticidi chimico-sinte-

tici la crescita della resa è stata, in media, del

17 %. Con un secondo trattamento, a distanza

di 6–10 giorni, per entrambe le procedure di

lotta si è registrato un ulteriore aumento

medio della resa del 7 %. Nei campi di colza

ricchi di sostanze nutritive un trattamento

con Surround risulta redditizio, dal profilo

economico, se la soglia di lotta raggiunge i

3–5 meligeti per pianta.

Bibliographie ▪ Bekämpfungsschwellen, 2012. Bekämpfungsschwellen für Massnahmen gegen Schadorganismen im Feldbau (ÖLN). Arbeitsgruppe für Bekämp-fungsschwellen im Feldbau. Datenblätter Ackerbau, Agridea, 1.0.3–8.

▪ Daniel C., 2013. Résultats des essais de contrôle des méligèthes du colza en 2012. Rapport FiBL. Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Accès: http://orgprints.org/22174/ [09.01.13].

▪ Dorn B., Jossi W., Humphrys C. & Hiltbrunner J., 2013. Screening of natu-ral products in the laboratory and the field for control of pollen beetles. Journal of Applied Entomology, publication online [3.10.2013].

▪ Hiltbrunner J. & Pellet D., 2010. Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2011. Recherche Agronomique Suisse 1 (5), encart.

▪ Hiltbrunner J. & Pellet D., 2013. Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2014. Recherche Agronomique Suisse 4 (5), encart.

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▪ Kuske S., Schweizer C. & Kölliker U., 2011. Lutte microbienne contre les méligèthes du colza: premières expériences suisses. Recherche Agrono-mique Suisse 2 (10), 454–461.

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Page 12: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

88

E c o n o m i e a g r i c o l e

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

I n t r o d u c t i o n

L’alpage et l’exploitation des pâturages d’estivage

jouent un grand rôle en Suisse, sachant que l’économie

alpestre contribue de manière importante à la multi-

fonctionnalité de l’agriculture (Calabrese 2012). Selon

Mack et al. (2008), l’économie alpestre génère plus de

10 % du revenu de l’agriculture. En région de montagne,

ce pourcentage est même supérieur à 30 %. En outre,

des services publics et des prestations d’intérêt pour la

collectivité sont également liés à l’économie alpestre,

qu’il s’agisse d’exploiter et d’entretenir les pâturages qui

constituent un élément marquant du paysage rural (Baur

et al. 2007), ou de préserver la culture associée à l’écono-

mie alpestre.

L’importance de l’économie alpestre se reflète dans la

politique agricole, à travers une série de mesures d’en-

couragement. Les contributions d’estivage notamment,

accordées aux exploitantes et exploitants d’alpages, sont

très importantes pour promouvoir et assurer l’occupa-

tion des alpages (Mack et Flury 2008; Lauber et al. 2011).

Les contributions ont été augmentées à plusieurs reprises

dans le passé et seront à nouveau réajustées dans le

cadre de la politique agricole 2014–2017.

Les pronostics sur l’évolution de l’estivage semblent

toutefois indiquer que l’occupation de la région d’esti-

vage va diminuer (Lauber et al. 2011), parce que, avec un

effectif de bétail globalement en baisse (Mann et al.

2012; Flury et al. 2012), les contributions d’estivage ne

suffisent pas à maintenir l’effectif actuel d’animaux esti-

Gabriele Mack et Christian Flury

Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse

Renseignements: Gabriele Mack, e-mail: [email protected]

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

Figure 1 | L’estivage des vaches, des génisses et du petit bétail encourage le maintien des pâtu-rages alpestres, un élément important du paysage alpin. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

Page 13: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

89

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

La politique agricole 2014–2017 introduit de

nouvelles contributions d’alpage pour les

exploitations à l’année. Leur but est d’inciter

les exploitations de base à estiver leurs

animaux. Des calculs réalisés avec le modèle

multifactoriel SWISSland montrent que, si on

les associe aux contributions d’estivage déjà

existantes, les contributions d’alpage

soutiennent largement l’occupation des

pâturages. Néanmoins, les contributions

d’alpage et d’estivage ne suffisent pas à

enrayer la baisse des effectifs d’animaux

dans la région d’estivage. Des reculs supé-

rieurs à la moyenne sont attendus pour les

moutons et les chèvres, tandis que le nombre

de vaches-mères, vaches laitières et autre

bétail bovin diminue de manière moins

prononcée. La principale raison de la baisse

des chiffres de l’estivage est la réduction de

l’effectif animal dans les exploitations à

l’année suite à l’application de la politique

agricole 2014–2017. On ne sait pas encore à

quel point les nouvelles mesures de promo-

tion de la biodiversité et de la qualité du

paysage pourront encourager l’exploitation

et l’entretien des pâturages alpestres.

vés. L’introduction de contributions d’alpage a pour but

d’enrayer ce processus. Ces contributions seront attri-

buées aux exploitations à l’année qui estivent leurs

bêtes et remplaceront l’ancien supplément d’estivage

qui disparait avec la suppression des paiements directs

liés aux animaux.

A l’avenir, il est prévu d’allouer plus de 200 millions

de francs suisses (CHF) sous forme de contributions d’al-

page et d’estivage, soit le double des moyens mis à dis-

position jusqu’ici. Pour compléter, des contributions à la

biodiversité et à la qualité du paysage seront également

octroyées pour la région d’estivage.

Cet article étudie l’effet des nouvelles contributions

d’alpage sous forme d’une évaluation ex ante. Trois

questions sont au centre de la réflexion:

•• Dans les conditions-cadres de la politique agricole

2014–2017, comment les effectifs des animaux

consommateurs de fourrages grossiers évoluent-ils

dans l’ensemble et comment le nombre d’animaux

estivés évolue-t-il?

•• Dans quelle mesure les contributions d’alpage

encouragent-elles l’estivage des animaux et contri-

buent-elles à l’exploitation des pâturages alpestres?

•• Les contributions d’alpage et d’estivage sont-elles en

mesure de maintenir le taux d’occupation au niveau

nécessaire pour l’exploitation et l’entretien des

pâturages alpestres sur tout le territoire?

Il sera répondu à ces questions à l’aide de simulations

réalisées avec le modèle multifactoriel SWISSland.

Evolution des effectifs d’estivage jusqu’ici

Les effectifs des animaux estivés sont en légère baisse

depuis 2000 (fig. 2). Tandis qu’on estivait encore 302 490

pâquiers normaux1 en moyenne en 2000/01, on n’en

comptait plus que 293 280 en 2011/12, soit une baisse de

3 %. Plus encore que la légère baisse de l’effectif des ani-

maux estivés, les différentes fluctuations par catégorie

d’animaux sont décisives. Les effectifs de vaches laitières

estivées (–13 %) et d’autre bétail bovin (–8 %) ont accusé

un recul très net. Cet effet est en partie compensé par la

conversion de l’estivage de vaches laitières à l’estivage

de vaches-mères, due à l’évolution structurelle générale,

puisque les pâquiers normaux des vaches-mères estivées

ont fortement augmenté (+141 %). Cette hausse a même

entraîné une légère augmentation de l’effectif total des

vaches-mères et des vaches laitières estivées. Une évolu-

tion contrastée se dessine également avec le petit bétail,

puisque les pâquiers normaux ont baissé pour les mou-

tons (–12 %) et augmenté pour les chèvres (+18 %).

Etant donné que l’objectif des contributions d’esti-

vage est d’assurer l’ouverture des pâturages alpestres, le

recul du nombre de moutons estivés et de l’autre bétail

bovin doit être considéré comme critique. Ces animaux

sont utilisés spécialement pour le pâturage des parcelles

pentues, éloignées ou situées à haute altitude, qui ne

sont pas accessibles aux vaches. Un recul des moutons

estivés et de l’autre bétail bovin entraînerait sans doute

une sous-exploitation voire un abandon de l’exploita-

tion de ces sites marginaux. Inversement, les sites avan-

tageux de la région d’estivage sont de plus en plus

intensifiés et surexploités.

Les contributions d’estivage liées aux animaux ne

peuvent pas vraiment lutter contre cette évolution bipo-

laire (Lauber et al. 2012). Il n’empêche que les contribu-

tions d’estivage qui ont une influence déterminante sur

1Un pâquier normal (PN) correspond à l’estivage d’une unité de gros bétail consommant des fourrages grossiers (UGBFG) pendant 100 jours. La définition du pâquier normal tient compte d’une part de l’espèce et de l’âge des animaux et d’autre part de la durée de séjour à l’alpage. Les fluctuations des pâquiers nor-maux ne sont donc pas seulement le fait de la variation des effectifs animaux, mais peuvent être influencées par les conditions météorologiques et la croissance du fourrage.

Page 14: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

90 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

la rentabilité de cette activité (Mack et al. 2008), sont

considérées comme essentielles pour préserver l’esti-

vage (Lauber et al. 2012). Aujourd’hui, près de

CHF  101  millions par an sont consacrés au paiement

des contributions d’estivage. En 2000, le montant était

de CHF 81 millions (fig. 2). Cette différence vient de

l’adaptation du barème de contributions qui, suite à la

baisse des effectifs d’estivage jusqu’en 2004, a été

augmenté à deux reprises au cours des dix dernières

années.

M é t h o d e

L’évaluation ex ante des contributions d’estivage se fait

à l’aide du modèle multifactoriel du secteur agricole

SWISSland conçu par Agroscope (Möhring et al. 2010 et

2011). Le modèle reproduit environ 3000 exploitations

agricoles à l’année et 675 exploitations d’alpage sou-

mises à un processus d’optimisation annuel; il extrapole

les résultats à l’échelle de l’ensemble de l’agriculture

suisse. La représentation des exploitations à l’année est

basée sur les 3300 exploitations de référence saisies dans

le Dépouillement centralisé des données comptables,

qui représentent environ 50 000 exploitations en Suisse.

La description des 675 exploitations d’alpage repose sur

une enquête (Calabrese 2012). Le modèle SWISSland

décrit des processus autant de croissance que d’évolu-

tion structurelle, dans la mesure où les agents orientés

croissance reprennent les surfaces libres des exploita-

tions voisines qui abandonnent l’exploitation dans cer-

taines circonstances. SWISSland tire dans la foulée des

conclusions correspondantes sur l’évolution structurelle.

Tous les calculs prennent appui sur les conditions-cadres

de la politique agricole 2014–2017. Les paiements directs

reposent sur les barèmes fixés dans la nouvelle ordon-

nance sur les paiements directs. Suivant la catégorie ani-

male, les contributions d’estivage varient entre CHF.-

(moutons sur le solde des pâturages) et 400.– (vaches

traites, brebis et chèvres laitières, moutons gardés en

permanence par un berger). La contribution d’alpage

s’élève à CHF 370.– par pâquier normal estivé et par an.

Pour estimer plus précisément l’influence des contribu-

tions d’alpages sur le nombre d’animaux estivés, les

simulations envisagent quatre montants de contribution

(CHF 0.–, 185.–, 370.– et 555.–).

Coûts des agents de production et prix agricoles

L’évolution du prix des agents de production et des pro-

duits est indiquée de manière exogène dans SWISSland.

Jusqu’en 2012, ces données correspondent à l’évolution

réelle des prix; à partir de 2013, ce sont les estimations

ou pré-estimations des experts du modèle européen de

marché et de l’offre (CAPRI) qui ont été reprises. Pour la

politique agricole 2014–2017, d’ici à 2021, ces calculs

indiquent une baisse du prix du lait de 1,8 % par rapport

à 2012. D’ici à 2021, les prix de la viande de bœuf seront

plus élevés d’environ 4 % par rapport à 2012. Tandis que

les prix resteront pratiquement constants dans l’en-

semble durant la période considérée de 2013 à 2021, on

suppose que les coûts augmenteront en continu du fait

du renchérissement de ces dernières années.

Figure 2 | Evolution des animaux estivés de 2000–2012. (Sources: statistiques d’estivage OFAG [div. années]).

0

15

30

45

60

75

90

105

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

350000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Cont

ribut

ions

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stiv

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F

Anim

aux

estiv

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n PN

)

vaches laitières

vaches-mères

autre bétail bovin

moutons

chèvres

contributions d’estivage

Page 15: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

91Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

maux reculent, parce que certaines exploitations aban-

donnent la production agricole à cause du changement

structurel et parce que les exploitations restantes n’aug-

mentent pas suffisamment leurs troupeaux, à cause de

la hausse des coûts des moyens de production et des

biens d’investissement.

Suivant la catégorie animale, les effectifs d’estivage

évolueront de manière très variable jusqu’en 2021

(tabl.  1): il faut s’attendre à des reculs supérieurs à la

moyenne chez les chèvres et les moutons, tandis que le

nombre de vaches-mères estivées, du reste du bétail

bovin et des vaches laitières diminuera de façon moins

marquée. Dans l’ensemble, le nombre des vaches lai-

tières estivées baissera de 9,0 % jusqu’en 2021, soit un

peu moins que l’effectif total de vaches laitières. Par

conséquent, si l’on se réfère à l’effectif total, en 2021, on

estivera proportionnellement un peu plus de vaches lai-

tières qu’aujourd’hui. Les effectifs d’estivage de l’autre

bétail bovin (–8,4 %) et surtout des vaches-mères

R é s u l t a t s

Evolution de l’estivage jusqu’en 2021

Dans les conditions-cadres de la politique agricole 2014–

2017, il faut s’attendre à une baisse des animaux estivés

ces prochaines années. L’augmentation des contribu-

tions d’estivage et les nouvelles contributions d’alpage

ne parviennent pas à compenser totalement le recul des

animaux estivés découlant de la réduction de l’effectif

total d’animaux consommant des fourrages grossiers

(effectif UGBFG) (fig. 3). Dans l’ensemble, l’effectif total

d’animaux aura baissé de 10,4  % d’ici à 2021 par rapport

à 2012 (jusqu’en 2017: –6,9 %), le nombre d’unités de

gros bétail estivées de 9,4 % (jusqu’en 2017: –4,4 %).

Le recul des effectifs UGBFG est d’une part une

conséquence du passage des paiements directs liés aux

animaux à des paiements directs liés à la surface dans le

cadre de la politique agricole 2014–2017 (Mann et al.

2012; Flury et al. 2012); d’autre part, les effectifs ani-

Catégorie animale

Effectif animal (en UGB) Estivage (en UGB) Pourcentage d’estivage

2012

Evolution par rapport à 2012 2012

Evolution par rapport à 2012 2012

Evolution par rapport à 2012

2017 2021 2017 2021 2017 2021

Vaches laitières 596801 -6,10 % -9,20 % 101601 -3,30 % -9,00 % 16,90 % 2,90 % 0,20 %

Vaches-mères 88837 -9,30 % -11,00 % 23673 -5,00 % -6,10 % 26,10 % 4,80 % 5,50 %

Autre bétail bovin 257693 -6,20 % -10,00 % 104714 -4,20% -8,40 % 40,40 % 2,10 % 1,70 %

Moutons 41748 -16,50 % -25,70 % 27283 -7,60 % -14,90 % 65,10 % 10,70 % 14,40 %

Chèvres 9393 -15,50 % -21,30 % 6285 -11,10 % -15,90 % 63,50 % 5,30 % 6,90 %

Total 994473 -6,90 % -10,40 % 263556 -4,40 % -9,40 % 26,30 % 2,70 % 1,20 %

Source: simulations SWISSland.

Tableau 1 | Evolution des effectifs d’animaux consommant des fourrages grossiers et du nombre d’animaux estivés jusqu’en 2021

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Evol

utio

n de

l’ef

fect

if an

imal

et d

e l’e

ffect

if d’

estiv

age

(201

2 =

100

%)

Anim

aux

estiv

és (e

n U

GB)

chèvres

moutons

autre bétail bovin

vaches-mères

vaches laitières

contributions d’estivage au total

effectif animal au total

Figure 3 | Evolution de l’effectif animal des exploitations à l’année et évolution des animaux estivés. (Source: simulations SWISSland)

Page 16: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

92 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

(–6,1 %) baissent moins que les effectifs animaux, ce qui

conduit à une hausse du pourcentage d’animaux estivés.

C’est également le cas pour les moutons et les chèvres,

pour lesquels le nombre d’animaux estivés à l’avenir sera

plus important qu’aujourd’hui, si l’on se réfère à l’effec-

tif total.

Effet de différentes contributions d’alpage

Les nouvelles contributions d’alpage pour les exploita-

tions à l’année introduites par la politique agricole

2014–2017 influeront considérablement sur le nombre

d’animaux estivés (fig. 4). En 2017, sans les contributions

d’alpage, l’effectif d’animaux estivés se limiterait à

234 954 UGB (–10,1 % par rapport à 2012). Sans les contri-

butions d’alpage, le recul des animaux estivés serait

supérieur à 14,4 % d’ici à 2021.

Avec les contributions d’alpage prévues de CHF 370.– par

pâquier normal, les effectifs d’estivage diminueront de

4,4 % (2017) et 9,4 % (2021) comme mentionné plus

haut. Avec un montant de CHF 555.– par pâquier normal,

les effectifs d’estivage baisseront seulement de manière

marginale jusqu’en 2017 (de 2,3 %), mais reculeront par

contre de 7,2 % jusqu’en 2021. Même avec une augmen-

tation des contributions d’alpage de 50 %, le déclin de

l’estivage dans les dix prochaines années serait supérieur

à celui de la dernière décennie. Ce phénomène est dû en

premier lieu à la baisse des effectifs d’animaux consom-

mant des fourrages grossiers dans les exploitations à

l’année.

L’évaluation avec des contributions d’alpage plus éle-

vées montre que l’effet incitatif des contributions évo-

lue de manière constante. En 2017, le nombre des ani-

maux estivés augmenterait de 7280 à 6750 pâquiers

Evolution des UGBFG estivées et du total de l’effectif UGBFG jusqu’en 2021 par rapport à 2012

Sans contribution d’alpageAvec contribution d’alpage

CHF 185.–Avec contribution d’alpage

CHF 370.–Avec contribution d’alpage

CHF 555.–

UGBFG est. UGBFG tot. UGBFG est. UGBFG tot. UGBFG est. UGBFG tot. UGBFG est. UGBFG tot.

Région de plaine -17,50 % -10,40 % -14,80 % -10,20 % -11,90 % -10,00 % -9,50 % -10,00 %

Région de collines -14,10 % -10,50 % -11,00 % -9,50 % -8,30 % -9,50 % -8,30 % -9,30 %

Région de montagne -13,70 % -11,50 % -11,20 % -12,10 % -8,80 % -11,80 % -6,20 % -11,40 %

Total -14,40 % -10,80 % -11,80 % -10,50 % -9,40 % -10,40 % -7,20 % -10,20 %

Contributions d’alpage (millions de CHF)

– 43,5 89,4 137,8

Contributions d’estivage 98 99,5 100,9 102,4

Source: simulations SWISSland.

Tableau 2 | Influence des contributions d’alpage sur l’évolution des effectifs d’animaux et des effectifs d’estivage et sur les paiements directs par région

0 25000 50000 75000

100000 125000 150000 175000 200000 225000 250000 275000

0 185 370 555 0 185 370 555

Contributions d’alpage 2017 Contributions d’alpage 2021 2012 2013

Anim

aux

estiv

és (e

n U

GB)

chèvres moutonsautre bétail bovin vaches-mèresvaches laitières

Figure 4 | Influence des différents barèmes de contributions d’alpage sur les animaux estivés. (Source: simulations SWISSland)

Page 17: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

93Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

raient de près de 17,5 % d’ici 2021 par rapport à

aujourd’hui. En région de collines, la baisse serait de

14,1 % et en région de montagne de 13,7 % (tabl. 2). Par

rapport à ces chiffres, les contributions d’alpage prévues

permettront de maintenir le déclin des animaux estivés

dans des pourcentages de 11,9 % (région de plaine), de

8,3 % (région de collines) et de 8,8 % (région de mon-

tagne). L’effet incitatif des contributions d’alpage

consiste à faire augmenter la part des animaux estivés.

L’effectif animal proprement dit ne fluctue pratique-

ment pas avec les différentes contributions d’alpage.

Suivant le montant des contributions d’alpage et

le nombre d’animaux estivés, les coûts ne sont pas les

mêmes pour les pouvoirs publics. Avec les tarifs pres-

crits par l’ordonnance sur les paiements directs, les

coûts pour les contributions d’alpage s’élèveraient à

89 millions de CHF en 2021, ceux des contributions d’es-

tivage à 101 millions. En 2017, les contributions d’alpage

se monteraient à 93 millions de CHF et les contributions

d’estivage à 105 millions. Une majoration des contribu-

tions d’alpage de CHF 185.– entraînerait une variation

de coûts d’environ 44 à 48 millions de CHF pour la

Confédération en 2012, et d’environ 1,5 millions pour

les contributions d’estivage.

D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s

Les prévisions réalisées avec le modèle multifactoriel

SWISSland montrent que l’introduction des contribu-

tions d’alpage et l’augmentation des contributions d’es-

tivage ne parviennent pas à stopper la tendance à la

normaux, soit une hausse de 2,7 %, si les contributions

étaient étendues par paliers de CHF 185.– par pâquier

normal. En 2021, l’effet incitatif est environ de 6820

pâquiers normaux (+2,6 %) pour une augmentation de

la contribution de CHF 185.–.

En revanche, l’effet incitatif se différencie davan-

tage par catégorie animale: tandis que les vaches lai-

tières estivées s’accroissent de plus de 3 % en cas d’aug-

mentation des contributions d’alpage de CHF 185.–, la

hausse est nettement moins marquée pour l’autre bétail

bovin, avec moins de 2 % (fig. 5). Chez les vaches-mères,

le nombre d’animaux estivés augmente à chaque fois de

2,8 % en cas de passage des contributions d’estivage de

CHF 0.– à 185.– et de 185.– à 370.-. En cas d’augmenta-

tion des contributions de CHF 370.– à 555.– par contre, la

hausse du nombre de vaches-mère n’est plus que de

2,2 %. L’effet incitatif le plus important en valeur rela-

tive a été enregistré avec les moutons (+4 %).

Dans l’hypothèse que la baisse des animaux estivés

jusqu’en 2017 puisse être maintenue à moins de 5 %, les

contributions d’alpage prévues de CHF 370.– par pâquier

normal suffiront pour le bétail bovin, mais pas pour le

petit bétail. Pour les moutons, un montant de CHF 555.–

suffirait à atteindre cet objectif. Pour les chèvres, même

un montant de ce type ne suffirait pas.

Evolution des effectifs par région

Dans toutes les régions, les contributions d’alpage

apportent une contribution essentielle à l’encourage-

ment de l’estivage. Sans contributions d’alpage, les

effectifs d’animaux de région de plaine estivés baisse-

Figure 5 | Variation des effectifs d’estivage avec différentes contributions d’alpage par catégorie animale. (Source: simulations SWISSland)

-25%

-20%

-15%

-10%

-5%

0%

0 185 370 555 0 185 370 555

Contributions d’alpage 2017 Contributions d’alpage 2021

Varia

tion

des

effe

ctifs

d’e

stiv

age

par r

appo

rt à

201

2

vaches laitièresvaches-mèresautre bétail bovin moutonschèvrestotal

Page 18: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

94

Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

baisse du nombre d’animaux estivés. Il faut au contraire

se préparer à ce que, par rapport à aujourd’hui, les effec-

tifs d’estivage diminuent de 4,4 % jusqu’en 2017 et de

9,4 % jusqu’en 2021. La baisse des chiffres d’estivage est

due au recul de l’effectif des animaux consommant des

fourrages grossiers, qui sera une conséquence de la poli-

tique agricole 2014–2017, et à l’extensification qui s’en-

suivra dans les exploitations à l’année. Selon les simula-

tions, les effectifs animaux baisseront de 6,9 % (2017) à

10,4 % (2021). La charge d’animaux consommant des

fourrages grossiers par hectare de surface agricole utile

baissera en moyenne de 6 % (2017) à 8 % (2021). Tandis

que la tendance actuelle à la baisse des effectifs se pour-

suit chez les vaches laitières et l’autre bétail bovin, les

changements politiques conduisent à un renversement

de tendance chez les vaches-mères et les chèvres. Les

effectifs qui avaient connu une forte hausse de 2000 à

2012 sont supposés baisser de nouveau dans les années à

venir. Chez les moutons, le recul marqué pronostiqué

pour les prochaines années est nettement supérieur à la

hausse enregistrée de 2000 à 2012.

L’analyse de l’impact des contributions d’alpage

montre qu’elles ont une influence essentielle sur le

nombre des animaux estivés. Sans les contributions d’al-

page, le nombre des animaux estivés baisserait encore

plus qu’avec les contributions prévues. L’important pour

évaluer les contributions d’alpage est aussi qu’elles n’in-

citent pas à une intensification dans les exploitations de

base. Inversement, c’est aussi ce qui limite l’effet des

contributions en vue d’une occupation maximale des

alpages. Une enquête réalisée en 2010 auprès d’exploi-

tations suisses pratiquant l’estivage a confirmé que les

facteurs structurels comme les réductions d’effectifs

avaient une grande influence sur l’estivage. Les exploi-

tations interrogées ont indiqué qu’elles estivaient

essentiellement leurs animaux par manque de surfaces

fourragères suffisantes et à cause des capacités de

main-d’œuvre limitées. Les exploitations ayant aban-

donné l’estivage ont indiqué que la principale raison de

leur choix était la disponibilité suffisante de surfaces

fourragères dans l’exploitation de base (von Felten et al.

2012; Fischer et al. 2012). Les contributions d’alpage de

CHF 370.– par pâquier normal permettent donc surtout

d’empêcher le recul disproportionné de l’estivage suite

à la réduction de l’effectif d’animaux consommant des

fourrages grossiers.

Les conséquences de la baisse du nombre d’animaux

estivés sur l’abandon des pâturages d’estivage

dépendent aussi d’autres facteurs. Outre les contribu-

tions simulées, la nouvelle ordonnance sur les paiements

directs contient trois éléments supplémentaires qui

devraient permettre d’enrayer de façon ciblée l’aban-

don de l’exploitation, mais qui n’ont pas pu être repré-

sentés à l’aide du modèle à ce stade:

1. Les cantons sont désormais tenus d’exiger un plan de

gestion des pâturages lorsque le mode d’exploitation

est trop intensif ou trop extensif. Cette mesure est

censée lutter contre la mise en place d’une exploita-

tion bipolaire (intensification des surfaces favorables

et extensification des surfaces marginales).

2. Les nouvelles contributions à la biodiversité pour les

surfaces herbagères et les surfaces à litière riches en

espèces de la région d’estivage incitent, en plus des

contributions d’estivage, de manière ciblée, à

entretenir les surfaces biologiquement précieuses et à

empêcher l’abandon de l’exploitation.

3. Les nouvelles contributions à la qualité du paysage

peuvent également être versées à la région d’esti-

vage pour des prestations contribuant à l’entretien

du paysage.

Contrairement aux contributions d’alpage et d’estivage

liées aux pâquiers normaux, les contributions à la biodi-

versité et à la qualité du paysage sont liées à l’utilisation

des surfaces concernées et contribuent donc spécifique-

ment au maintien de pâturages alpestres ouverts. Il faut

attendre pour savoir si toutes ces contributions réunies

parviendront à empêcher l’abandon de surfaces pré-cieuses. n

Page 19: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

95

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

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▪ Möhring A., Mack G., Zimmermann A., Gennaio M. P., Mann S. & Ferjani A., 2011. Modellierung von Hofübernahme- und Hofaufgabeent-scheidungen in agentenbasierten Modellen. Yearbook of Socioeconomics in Agriculture 2011, 163–188.

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What is the impact of the new alpine

pasturing subsidies?

Alpine pasturing subsidies are now being

introduced under the 2014–2017 Agricultural

Policy. These subsidies are meant to offer

lower-altitude farms a further incentive to

move their livestock to alpine pastures during

the summer season. Calculations made with

the agent-based model SWISSland show that

the alpine pasturing subsidies in combination

with the previous summer pasturing subsi-

dies strongly support the stocking rate.

Despite this, the summer- and alpine pastur-

ing subsidies are not sufficient to halt the

decline in livestock population in the summer

pasturing areas. Above-average decreases are

to be expected for sheep and goats, whilst

the number of summer-pastured suckler

cows, other cattle and dairy cows is decreas-

ing to a lower extent. The main reason for

the decline in summer-pasturing numbers is

the reduction in the livestock population on

the farms, which goes hand-in-hand with the

implementation of the 2014–2017 Agricul-

tural Policy. It remains to be seen just how

strongly the use and upkeep of summering

pastures can be supported by the new

measures for the promotion of biodiversity

and landscape quality.

Key words: summer pasturing, animals put to

summer pastures, alpine pasturing subsidies,

summer pasturing subsidies.

Effetti dei nuovi contributi di alpeggio

Con la Politica agricola 2014–2017

vengono introdotti contributi di

alpeggio per le aziende annuali,

nell'obiettivo di fornire un ulteriore

incentivo, per le aziende di base, a

estivare i propri animali. Dai calcoli con

il modello basato sugli agenti

SWISSland emerge che i contributi di

alpeggio, combinati agli esistenti

contributi d'estivazione, favoriscono

notevolmente il carico degli alpi. Né gli

uni né gli altri, tuttavia, consentono di

arrestare il calo degli effettivi di

animali nella regione d'estivazione. E

previsto un calo superiore alla media

per pecore e capre, mentre sarà meno

accentuato il calo del numero di vacche

madri, vacche da latte e altri bovini

estivati. La causa principale di tale

flessione delle estivazioni è la ridu-

zione, conseguente all'attuazione della

Politica agricola 2014–2017, della

densità di animali nelle aziende

annuali. Non si sa ancora, invece, in

che misura l'utilizzo e la cura dei

pascoli d'estivazione potranno essere

sostenuti mediante le nuove misure di

promozione della biodiversità e della

qualità del paesaggio.

Page 20: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

96 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

I n t r o d u c t i o n

Les bactéries pectinolytiques des genres Pectobacte-

rium et Dickeya, anciennement regroupées dans le

genre Erwinia, peuvent conduire au développement de

plusieurs maladies de la pomme de terre, comme des

pourritures aériennes de tiges communément appelées

«jambes noires» et des pourritures de tubercules quali-

fiées de «pourritures molles». Ces symptômes sont res-

ponsables de pertes importantes dans la plupart des

pays producteurs et utilisateurs de semences (Laurila et

al. 2010; Pritchard et al. 2013; Rousselle et al. 1996).

Après infection de la plante via les racines, les sto-

lons ou les lenticelles des tubercules (Czajkowski et al.

2010; Pérombelon et Lowe 1974; Scott et al. 1996), les

bactéries peuvent coloniser l’ensemble du système

vasculaire de la plante (Pérombelon et al. 1988). Il en

résulte alors, en cas de faible humidité relative du sol

(Pérombelon et al. 1988), un flétrissement de la plante

pouvant entraîner un dessèchement des feuilles dans

les cas les plus sévères (Laurila et al. 2010). Ces flétrisse-

ments sont dus à une réduction de la circulation de la

sève brute dans le xylème (Helias et al. 2000b). En cas

de hausse de l’humidité relative, les bactéries peuvent

pénétrer dans les tissus parenchymateux et provoquer

par la suite des pourritures de tiges, communément

appelées jambes noires (Helias et al. 2000a; Laurila et

al. 2010).

Jérémie Rouffiange1, David Gerardin2, Gaétan Riot1, Etienne Thévoz1, Isabelle Kellenberger1,

Santiago Schaerer1 et Brice Dupuis1

1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse2UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France

Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected]

Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Vue d’ensemble de l’essai portant sur la sensibilité variétale. (Photo J. Rouffiange)

Page 21: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

97

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Les bactéries pectinolytiques des genres

Pectobacterium et Dickeya peuvent conduire

au développement de plusieurs maladies de la

pomme de terre, comme des pourritures de

tiges communément appelées «jambes noires»

et des pourritures de tubercules qualifiées de

«pourritures molles». Le symptôme de jambe

noire est la première cause de rejet de lots de

plants de pomme de terre en Suisse. Les essais

réalisés lors de cette étude visaient d’une part à

identifier d’éventuelles différences de sensibi-

lité à Dickeya spp. parmi les variétés Agria,

Victoria, Charlotte et Innovator et, d’autre part,

à étudier l’agressivité de trois isolats de

D. solani et de deux isolats de D. dianthicola sur

la variété Agria. Des essais ont été réalisés pour

suivre le développement au champ des symp-

tômes de flétrissement et de jambe noire sur

des plantes issues de tubercules préalablement

inoculés par les bactéries. Des différences de

sensibilité variétale ont été constatées. La

variété Agria s’est montrée plus sensible que les

autres variétés testées. A titre d’exemple, Agria

a développé deux fois plus de symptômes de

jambe noire que la variété Charlotte. Parmi tous

les isolats testés, l’un des deux isolats de

D. dianthicola a été le plus agressif et le second

le moins agressif, ce dernier étant 26 fois moins

agressif que le premier. Les trois isolats de

D. solani ont présenté des niveaux d’agressivité

intermédiaires. Le risque de développement de

symptômes au champ lié à l’isolat semble donc

plus important que celui lié à la variété. Enfin,

une relation linéaire a pu être établie entre les

symptômes de flétrissement et ceux de jambe

noire au champ.

Le producteur de plants sera le plus affecté, car le

symptôme de jambe noire peut entraîner un déclasse-

ment de son lot lors des visites de cultures effectuées

deux fois par an pendant la période de végétation. En

Suisse, la maladie de la jambe noire est la première

cause de déclassement de lots de pomme de terre au

champ (tabl. 1).

Les symptômes de flétrissement et de jambe noire

sont observés lors des visites de culture. L’observation

des flétrissements est cependant difficile à interpréter

car d’autres maladies et facteurs abiotiques (dartrose,

verticilliose, phyto-toxicité due à un herbicide, carence

en potassium, carence en eau) peuvent également pro-

voquer ce type de symptômes (FN3PT et al. 2008).

De précédentes études ont montré que l’importance

des pertes induites par les bactéries pectinolytiques

dépend largement de la sensibilité variétale (Helias et al.

2000a). Des différences ont notamment été constatées

sur tranches de tubercules en laboratoire (Gerardin et al.

2013) ainsi que sur tiges lors d’essais en pots (Rouffiange

et al. 2013). Afin de limiter le risque de refus de parcelles

de plant, il serait donc intéressant de promouvoir la

culture des variétés moins sensibles. Peu de données

sont cependant disponibles sur la sensibilité des variétés

lorsque les plantes sont cultivées en plein champ.

Des différences d’agressivité entre isolats bactériens

ont été observées dans différentes études réalisées sur

tranches de pommes de terre et sur plantes entières

(Gerardin et al. 2013; Haynes et al. 1997; Laurila et al.

2010; Rouffiange et al. 2013). Deux espèces du genre Dic-

keya sont principalement présentes aujourd’hui en

Europe: Dickeya dianthicola et Dickeya solani. Une étude

réalisée sur tranches de tubercules montre que les iso-

lats de D. solani sont particulièrement agressifs (Gerar-

din et al. 2013). En revanche, un test de pathogénicité

Enroulements et mosaïques

Jambes noiresMildiou du feuillage

Isolement de la parcelle

Présence de repousses

Divers

2005 11 48 0 0 0 11

2006 8 39 0 0 0 56

2007 68 85 2 3 1 8

2008 10 31 3 0 0 13

2009 16 13 0 0 0 8

2010 0 72 0 0 0 4

2011 2 21 0 0 0 1

2012 2 39 0 0 0 3

Moyenne 14,6 43,5 0,6 0,4 0,2 13,0

Tableau 1 | Causes et surfaces (en ha) des retraits de cultures de plants de pomme de terre après les visites de cultures en Suisse de 2005 à 2012. (Henri Gilliand, communication personnelle)

Page 22: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

98 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

réalisé avec les mêmes isolats sur plantes en pots ne

confirme pas les observations réalisées sur tranches

(Rouffiange et al. 2013), puisque c’est un isolat de

D. dianthicola qui se montre le plus agressif.

Les essais au champ, réalisés dans le cadre de cette

étude, ont deux objectifs principaux: d’une part, identi-

fier d’éventuelles différences de sensibilité variétale

face à Dickeya spp. parmi les principales variétés de

pomme de terre cultivées en Suisse; d’autre part, étudier

l’agressivité de plusieurs isolats de Dickeya dianthicola

et Dickeya solani afin de décrire leur pathogénicité en

plein champ. Le profil de pathogénicité obtenu pourra

alors être comparé à celui obtenu avec les mêmes

souches dans les essais réalisés sur tranches de pomme

de terre (Gerardin et al. 2013) ainsi que sur plantes en

pots (Rouffiange et al. 2013).

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Un premier essai (A) a permis d’étudier la sensibilité des

variétés Agria, Charlotte, Innovator et Victoria. Ces quatre

variétés sont inoculées avec la souche D. dianthicola 8823.

Dans un second essai (B), l’agressivité des cinq isolats sui-

vants de Dickeya a été suivie sur la variété Agria: D. dian-

thicola 980, D. dianthicola 8823, D. solani 2222, D. solani

05026 et D. solani 07044. L’inoculation des tubercules se

fait à une concentration de 105 ufc/ml et se déroule sur

une période de 48 heures et en quatre étapes (Rouffiange

et al. 2013).

Chaque essai comprend un procédé témoin sans ino-

culation (trempage uniquement dans de l’eau) pour

déterminer le degré de contamination latente du lot de

départ. Ce pourcentage de jambes noires est soustrait du

pourcentage final afin de pouvoir comparer les variétés

indépendamment de la contamination de départ. L’essai

portant sur la sensibilité variétale a été répété trois

années de suite (2011 – 2013), tandis que l’essai portant

sur l’agressivité des isolats a été répété durant deux ans

(2012 – 2013). Les deux essais sont réalisés en bloc aléa-

toire complet (Dagnelie 2003) avec quatre répétitions,

chaque parcelle étant constituée de quatre lignes de

vingt-cinq plantes (33 cm entre les plantes et 75 cm entre

les lignes).

Dès l’apparition des premiers symptômes de flétris-

sement, deux observations par semaine sont effectuées

jusqu’à la fin de l’essai. Le nombre de plantes flétries est

compté ainsi que le nombre de plantes présentant des

symptômes de jambe noire. Enfin, un calcul de l’aire sous

la courbe de progression de la maladie (AUDPC.rel) est

effectué (Bonierbale et al. 2007). Cette aire permet de

considérer le développement des symptômes sur l’en-

semble de la saison culturale.

Encadré 1 | Concept de lutte intégrée contre

les bactéries pectinolytiques dans la produc-

tion de pommes de terre

Dans le cadre d’un projet international (2010–

2014), un concept de lutte intégrée est déve-

loppé contre Dickeya spp., Pectobacterium

carotovorum subsp. carotovorum et Pecto­

bacterium atrosepticum. Ce projet est soutenu

par la Commission pour la technologie et

l’innovation CTI.

Objectifs:• Développer une méthode d’analyse de rou-

tine des infections latentes des tubercules

lors du processus de certification des plants

de pomme de terre.

• Identifier et quantifier les principaux fac-

teurs responsables de la contamination des

lots de pomme de terre.

• Développer un concept de lutte intégrée en

collaboration avec les représentants de tous

les niveaux de la branche de la pomme de

terre.

Partenaires:• Haute école spécialisée bernoise BFH - Zolli-

kofen (direction du projet pour la Suisse)

• Agroscope, Institut des sciences en produc-

tion végétale IPV

• BIOREBA AG – Reinach

• Swisssem, organisation faitière des multipli-

cateurs de semences de toute la Suisse

• Swisspatat, organisation de la branche, res-

ponsable de l’économie de la pomme de

terre

• Institut national de la recherche agrono-

mique INRA - Rennes (direction du projet

pour la France)

• Groupement national interprofessionnel des

semences et plants (GNIS)

• Fédération nationale des producteurs de

plants de pomme de terre (FN3PT)

Page 23: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

99Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

R é s u l t a t s

Essai A: sensibilité variétale

L’analyse de l’aire sous la courbe de développement des

symptômes de flétrissement (fig. 2) montre d’une part

que l’importance de ces symptômes varie d’une année à

l’autre (p<0,001), avec un nombre plus important de

plantes flétries pour l’ensemble des variétés en 2013 et,

d’autre part, que des différences entre les variétés tes-

tées existent (p<0,001). On observe pour la variété Agria

en moyenne trois fois plus de plantes flétries que pour la

variété Charlotte.

L’analyse statistique est réalisée avec le logiciel STATIS-

TICA® (StatSoft, Tulsa, USA). Pour chaque essai, une ana-

lyse de la variance (ANOVA) est effectuée (α=0,05). Le

premier facteur correspond à la répétition de l’essai

dans le temps. Le deuxième facteur est l’objet de l’étude,

c’est-à-dire l’isolat bactérien pour l’essai portant sur

l’agressivité des isolats de Dickeya spp. ou la variété pour

l’essai portant sur la sensibilité variétale. L’interaction

entre les différents facteurs est également testée. Si

pour l’un des facteurs de l’étude une différence signifi-

cative est décelée, un test de comparaison de moyennes

est effectué (test de Newman & Keuls).

Figure 2 | Aire sous la courbe de progression du flétrissement (AUDPC.rel) pour les quatre variétés testées et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes de variétés de même sensibilité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

Figure 3 | Aire sous la courbe de progression des symptômes de jambe noire (AUDPC.rel) pour les quatre variétés testées et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représen-tée par l’écart type. Les groupes de variétés de même sensibilité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

2011 2012 2013 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

Charlotte Innovator Victoria Agria

AUDP

C.re

l

a a

e

a a

cd

ab a

d bc

a

f A A A

B

0,6

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

Charlotte Innovator Victoria Agria

AUDP

C.re

l

2011 2012 2013 a

ab

g

cd cd

g

e

bc

g f

d

h

A

B

C

D

Page 24: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

100 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Une interaction apparaît cependant entre les facteurs

année et variété (p<0,001), preuve que, pour chaque

variété, l’expression des symptômes de flétrissement

varie d’une année à l’autre.

L’analyse des données d’AUDPC.rel concernant les

symptômes de jambe noire (fig. 3) révèle un effet signi-

ficatif de l’année (p<0,001), l’année 2013 ayant montré

davantage de symptômes de jambe noire que les deux

autres années. D’autre part, des différences de sensibi-

lité variétale sont observées (p<0,001) et deux groupes

de sensibilité sont mis en évidence. Le premier comprend

la variété Agria et le second les autres variétés testées.

Ainsi, Agria a développé en moyenne trois fois plus de

symptômes que la variété Charlotte. Une interaction

entre les facteurs année et variété est mise en évidence

par l’analyse (p<0,001). Cette interaction est principale-

ment due à un développement plus important de symp-

tômes de jambe noire sur la variété Charlotte en 2013.

Lorsqu’on considère le pourcentage de jambes

noires toutes variétés confondues, 27,5 % de jambes

noires ont été observées en 2013, contre 13,2 % en 2011

et seulement 4,6 % en 2012.

Enfin, une relation linéaire a pu être établie entre les

symptômes de flétrissement et les symptômes de jambe

noire (r2=0,94; p<0,001).

Essai B : agressivité des isolats

Après analyse des données d’AUDPC.rel des symptômes

de flétrissement (fig. 4), des différences entre les deux

années d’essais (p<0,001) ainsi qu’entre les isolats testés

(p<0,001) sont mises en évidence par l’analyse. Quatre

groupes d’agressivité sont identifiés. Le premier com-

prend les isolats les moins agressifs, à savoir D. dianthi-

cola 980 et D. solani 2222. A l’opposé, on retrouve

D.  dianthicola 8823, isolat le plus agressif avec en

moyenne six fois plus de plantes flétries que l’isolat le

moins agressif (D. dianthicola 980). Entre ces deux

groupes, on retrouve l’isolat D. solani 05026 et l’isolat

D.  solani 07044. Une interaction apparait cependant

entre les facteurs années et isolats (p<0,001). Celle-ci est

principalement due à l’isolat D. solani 05026 avec une

différence moins marquée entre les deux années d’essai

que celle observée pour les autres isolats.

Si l’on observe l’AUDPC.rel des symptômes de jambe

noire (fig. 5), des différences apparaissent entre les

années (p<0,01) ainsi qu’entre les isolats testés (p<0,001).

D. dianthicola 8823 s’est montré le plus agressif, tandis

que D. dianthicola 980 est l’isolat le moins agressif avec

26 fois moins de symptômes de jambe noire. Une inte-

raction est observée entre les années et les isolats

(p<0,001), D. dianthicola 980 et D. solani 05026 ayant

entraîné moins de jambes noires en 2013, contrairement

aux autres isolats.

Une relation linéaire a également pu être établie

entre le flétrissement et l’apparition de jambes noires

(r2=0,86; p<0,001).

D i s c u s s i o n

Ces essais ont permis de mettre en évidence des diffé-

rences de sensibilité variétale face à Dickeya spp. Parmi

les quatre variété testées dans ces essais, Agria est la plus

Figure 4 | Aire sous la courbe de progression du flétrissement (AUDPC.rel) pour les cinq isolats testés et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes d’isolats de même agressivité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

D. dianthicola 980 D. solani 2222 D. solani 05026 D. solani 07044 D. dianthicola 8823

AUDP

C.re

l

2012 2013 a a

b b b b b b

c

d

A A

B

C

D

Page 25: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

101Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Ceci démontre une fois de plus l’importance de l’expéri-

mentation au champ, qui demande des moyens considé-

rables en surfaces et en main d’œuvre, pour valider ou

invalider des processus observés dans des essais en labo-

ratoire ou en serre, plus simples et moins coûteux. Si l’on

compare les résultats obtenus avec les mêmes isolats et

les mêmes variétés au champ, en pot et sur tranches de

pommes de terre, les essais au champ montrent des

résultats différents de ceux obtenus sur tranches de

pommes de terre (Gerardin et al. 2013) et le test au

champ s’avère plus sensible que le test en pots (Rouf-

fiange et al. 2013).

Le développement de symptômes de flétrissements et

de jambes noires est éminemment variable d’une année à

l’autre. L’expression des symptômes de jambe noire

variant en fonction des conditions de température et

d’humidité du sol (Scott et al. 1996; Toth et al. 2002), ces

différences peuvent être attribuées aux variations impor-

tantes de l’hygrométrie du sol et de la température lors

de la saison 2013, caractérisée par un printemps froid et

humide, suivi d’un été chaud et sec. Ces conditions parti-

culières ont vraisemblablement affaibli et stressé les

plantes, les rendant plus vulnérables face aux bactéries.

Enfin, une relation linéaire a pu être établie entre les

flétrissements et le développement de symptômes de

jambes noires, ce qui confirme le lien étroit entre ces deux

manifestations de la maladie. Le flétrissement résulte de

la colonisation et de l’obturation partielle du système vas-

culaire de la plante par les bactéries (Czajkowski et al.

2013; Helias et al. 2000b), étapes préalables et nécessaires

au développement de pourritures aériennes, suite à la

migration et à la prolifération bactérienne dans les tiges.

sensible avec en moyenne 27 % de plantes atteintes de

jambe noire à la fin des essais, contre moins de 10 %

pour la variété Charlotte, ce qui confirme les essais réali-

sés précédemment sur tranches de pommes de terre et

en serre (Gerardin et al. 2013; Rouffiange et al. 2013). Le

comportement de Charlotte en 2013 est singulier vu que

cette variété s’est montrée plus sensible que les variétés

Innovator et Victoria, contrairement à ce qui avait été

observé en 2011 et 2012.

Concernant l’agressivité des isolats, des différences

ont également été observées et les isolats ne sont pas

regroupés par espèce, contrairement à ce que men-

tionne la littérature (Toth et al. 2011) qui décrit les isolats

de D. solani comme étant plus agressifs que les isolats de

D. dianthicola. Ceci semblait se confirmer lors de nos

essais sur tranches de tubercules (Gerardin et al. 2013),

mais était infirmé par nos essais sur plantes entières

cultivées en pot (Rouffiange et al. 2013). Lors de ces der-

niers essais comme lors de ceux décrits dans cet article et

réalisés au champ, l’isolat le plus agressif est un isolat de

D. dianthicola (8823), le moins agressif appartenant

aussi à cette espèce (D. dianthicola 980).

Entre les deux isolats de D. dianthicola, on retrouve

les trois isolats de D. solani. La relative homogénéité de

pathogénicité que présentent les isolats de D. solani est

probablement due au caractère clonal de ces derniers

(Czajkowski et al. 2012; Pritchard et al. 2012; Pritchard et

al. 2013). Les interactions isolat x année peuvent quant à

elles être dues à une variabilité de l’agressivité des iso-

lats. Cette variabilité peut provenir de repiquages suc-

cessifs des souches bactériennes, susceptibles de provo-

quer une perte de virulence.

Figure 5 | Aire sous la courbe de progression des symptômes de jambe noire (AUDPC.rel) pour les cinq isolats testés et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes d’isolats de même agressivité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

0

0,1

0,2

0.3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

D. dianthicola 980 D. solani 2222 D. solani 05026 D. solani 07044 D. dianthicola 8823

AUDP

C.re

l

2012 2013

ab a a abc

bc abc

c

e d

f

A A

B

C

D

Page 26: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

102 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Bibliographie ▪ Bonierbale M., de Haan S. & Forbes A., 2007. Procedures for standard evaluation trials of advanced potato clones. An International Coopera-tors' Guide. I. P. C. (CIP). International Potato Center (CIP), Lima. 126 p.

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▪ Czajkowski R., De Boer W. J., Van der Zouwen P. S., Kastelein P., Jafra S., De Haan E. G., Van den Bovenkamp G. W. & Van der Wolf J. M., 2012. Virulence of Dickeya solani en Dickeya dianthicola biovar-1 end -7 strains on potato (Solanum tuberosum). Plant Pathology 62, 597–610.

▪ Dagnelie P., 2003. Principes d'expérimentation. Les Presses Agrono-miques de Gembloux ASBL, 397.

▪ FN3PT, GNIS & ARVALIS, 2008. Maladies, ravageurs et désordres de la pomme de terre. 192 p.

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▪ Haynes K. G., Potts M. J. E. & Goth R. W., 1997. Evaluation of the reliabi-lity of determining soft rot resistance in potatoes by the tuber slice method. American Potato Journal 74 (4), 265–275.

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Les flétrissements peuvent donc être considérés, sous

certaines conditions pédo-climatiques, comme des signes

avant-coureurs d’un développement ultérieur de jambes

noires. Lorsque de nombreux symptômes de flétrisse-

ment sont observés dans un champ de production de

plants, il conviendra d’en suivre attentivement l’évolu-

tion. L’apparition de jambes noires prouvera que le lot

planté était infecté par des bactéries du genre Dickeya

ou Pectobacterium.

C o n c l u s i o n s

•• Des différences de sensibilité variétale à Dickeya spp.

existent et la variété Agria est la plus sensible dans cet

essai.

•• L’agressivité des isolats de D. dianthicola semble plus

variable que celle des D. solani. Un isolat de D.

dianthicola est le plus agressif de tous les isolats testés.

•• Le développement des symptômes de flétrissement et

de jambe noire est très variable d’une année à l’autre.

•• Il existe une relation linéaire entre les symptômes de

flétrissement et les symptômes de jambe noire au

champ. n

Remerciements

Les auteurs remercient Swisssem, Swisspatat, Bioreba et la Commission pour la technologie et l’innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude, ainsi que la Haute école spécialisée bernoise (BFH), partenaire de ce projet.

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

▪ Pérombelon M. C. M. & Lowe R., 1974. Studies on the initiation of bacte-rial soft rot in potato tubers. Potato Research 18, 64–82.

▪ Pérombelon M. C. M., Lopez M. M., Carbonell E. & Hyman L.J., 1988. Effects of contamination by Erwinia carotovora subsp. carotovora and E. carotovora subsp. atroseptica of potato seed tubers and of cultivar resisitance on blanking or non-emergence and blackleg development in Valencia, Spain. Potato Research 31, 591–599.

▪ Pritchard L., Humphris S., Saddler G., Parkinson N. M., Bertrand V., Elphinstone J. G. & Toth I. K., 2012. Detection of phytopathogens of the genus Dickeya using a PCR primer prediction pipeline for draft bacterial genome sequences. Plant Pathology, 587–596.

▪ Pritchard L., Humphris S., Saddler G. S., Parkinson N. M., Bertrand V., Elphinstone J. G. & Toth I. K., 2013. Detection of phytopathogens of the genus Dickeya using a PCR primer prediction pipeline for draft bacterial genome sequences. Plant Pathology 62 (3), 587–596.

▪ Rouffiange J., Gerardin D., Kellenberger I., Schaerer S. & Dupuis B., 2013. Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Recherche Agronomique Suisse 4, 432–439.

▪ Rousselle P., Robert Y. & Crosnier J. C., 1996. La pomme de terre. Vol. 1. INRA, Paris606 p.

▪ Scott R. I., Chard J. M., Hocart M. J., Lennard J. H. & Graham D. C., 1996. Penetration of potato tuber lenticels by bacteria in relation to biological control of blackleg disease. Potato Research 39, 333–344.

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Page 27: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

103

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Sensibilité de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Potato susceptibility to blackleg disease

caused by Dickeya spp.

Pectin lytic bacteria belonging to the

genera Pectobacterium and Dickeya

can cause several diseases on potato,

such as stem rots, commonly named

«blacklegs», and tuber rots, which are

referred to as «soft rots». The blackleg

symptom is the primary cause for the

rejection of potato seed lots in

Switzerland. The field trials conducted

in this study had two main objectives.

On the one hand, to identify potential

differences in the susceptibility of the

cultivars Agria, Victoria, Charlotte and

Innovator to Dickeya spp. and, on the

other hand, to study the aggressive-

ness of three isolates of D. solani and

two isolates of D. dianthicola on cv.

Agria. For these purposes, the develop-

ment of blackleg symptoms was

followed in the fields, on plants whose

mother tubers had been previously

inoculated with the bacteria. Differ-

ences in susceptibility were recorded

between cultivars, Agria being the

most susceptible and producing twice

as many blackleg symptoms as

Charlotte. Of the two D. dianthicola

isolates tested, one was the most

aggressive of all isolates tested, while

the other was the least aggressive: the

latter being twenty six times less

aggressive than the former. D. solani

isolates presented intermediate

aggressiveness. The risk of developing

symptoms in the field seems therefore

more closely related to the isolates

than to the cultivars. Furthermore, a

linear relationship was found between

plant wilting and blackleg symptoms

in the fields.

Key words: Dickeya, blackleg, potato,

aerial stem rot, Pectobacterium.

Sensibilità della patate alla malattia

della gamba nera causata da Dickeya

spp.

I batteri pectinolitici del genere

Pectobacterium e Dickeya possono

portare allo sviluppo di diverse

malattie della patata, come, p. es.,

i marciumi degli steli comunemente

chiamati «gambe nere» e dei marciumi

dei tuberi definiti «marciumi molli». Il

sintomo della gamba nera è la prima

causa di rifiuto dei lotti di piante di

patate in Svizzera. Le prove realizzate

durante questo studio miravano da un

lato a identificare eventuali differenze

di sensibilità verso Dickeya spp.

mediante le varietà Agria, Victoria,

Charlotte e Innovator e, dall’altro, a

studiare l’aggressività di tre isolati di

D. solani e di due isolati di D. dianthi­

cola sulla varietà Agria. Si sono

realizzate delle prove per seguire lo

sviluppo in campo dei sintomi di

avvizzimento e di gamba nera su delle

piante ottenute da tuberi precedente-

mente inoculati con i batteri. Si sono

constatate delle differenze di sensibi-

lità varietale. La varietà Agria si è

mostrata più sensibile delle altre

varietà testate, sviluppando due volte

più sintomi di gamba nera della varietà

Charlotte. Tra tutti gli isolati testati,

uno dei due di D. dianthicola è risul-

tato 26 volte più aggressivo del

secondo. I tre isolati di D. solani

presentavano dei livelli d’aggressività

intermedi. Il rischio di sviluppo di

sintomi in campo legati a l’isolato

sembra dunque più importante di

quello legato alla varietà. Infine, si è

potuto stabilire una relazione lineare

tra i sintomi d’avvizzimento e quelli

della gamba nera in campo.

Page 28: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

104 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Le colza HOLL est un bel exemple d’innovation à laquelle Agroscope a directement contribué.

I n t r o d u c t i o n

Un nouveau contexte économique, social, environne-

mental et politique se dessine depuis quelques décen-

nies, en Europe notamment. La libéralisation écono-

mique et les pressions constantes sur les ressources

environnementales, de même que la mise en place de la

nouvelle politique agricole 2014 – 2017, ont des consé-

quences sur la compétitivité de la production végétale

suisse. La nouvelle politique agricole promeut l’innova-

tion dans la filière alimentaire et soutient de manière

plus ciblée les prestations d’intérêt public. Par ailleurs,

les innovations développées par la recherche visent à

améliorer l’efficience de la production végétale, la pré-

servation de l’environnement, la confiance des consom-

mateurs envers les produits suisses et le revenu des pro-

ducteurs (OFAG 2012).

Le programme de recherche ProfiCrops lancé par

Agroscope en 2008 comprend un module consacré à

l’innovation. Dans le cadre d’un travail de mémoire de

fin d’études (Aouinaït 2013), un outil de caractérisation

des innovations a été construit afin de i) décrire les inno-

vations développées par Agroscope et ii) faciliter l’orien-

tation du portefeuille des recherches futures. Cet article

présente cet outil et montre son application concrète sur

le colza HOLL.

Camille Aouinaït1, Bernard Jeangros1, Vincent Nassar2 et Anna Crole-Rees1

1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse2HES-SO, Institut for Entrepreneurship & Management, 3960 Sierre, Suisse

Renseignements: Bernard Jeangros, e-mail: [email protected]

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Série ProfiCrops

Page 29: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

105Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Rés

um

é

Dans un contexte de libéralisation écono-

mique, le secteur de la production végétale

suisse cherche à rester compétitif. Le pro-

gramme de recherche ProfiCrops s’intéresse

aux innovations développées en production

végétale car elles deviennent un passage

obligé pour maintenir la compétitivité du

secteur agricole.

A partir d’une recherche bibliographique, un

outil permettant de caractériser les innova-

tions en production végétale a été élaboré.

Une dizaine de critères décrivant les caracté-

ristiques intrinsèques de l’innovation, le

processus qui a permis de passer de l’idée à

l’innovation ainsi que ses effets et impacts

sur les bénéficiaires sont proposés. L’outil a

été testé sur un nouveau produit au dévelop-

pement duquel la recherche agronomique a

directement contribué: le colza HOLL. Cette

évaluation a mis en évidence les avantages

de cet outil ainsi que quelques difficultés

liées à l’approche proposée. L’évaluation des

effets et des impacts requiert l’identification

précise des bénéficiaires d’une innovation et

la prise en compte de leur comportement.

L’outil proposé pourrait être utilisé pour

obtenir une vue synthétique de l’ensemble

du portefeuille des innovations développées

par la recherche et, à terme, servir à l’élabo-

ration de mesures permettant d’améliorer

leur taux d’adoption et, par extension,

l’efficience de la recherche.

Elaboration de l’outil et définition des critères

Caractériser une innovation signifie définir ses attributs

intrinsèques, sa valeur ajoutée et, dans la mesure du pos-

sible, mesurer son succès.

Une recherche bibliographique a permis d’établir

une liste de critères de caractérisation, avec leurs moda-

lités. Trois types de critères ont été retenus: critères

intrinsèques à l’innovation, critères relatifs au processus

de l’innovation (entre l’idée et l’adoption) et critères

mesurant les effets et impacts de l’innovation après son

adoption par la pratique. Le tableau 1 présente les cri-

tères choisis et leurs modalités.

Types d’innovation

Les critères intrinsèques ont pour but de préciser les

attributs de l’innovation. Le premier critère concerne le

type d’innovation pour le premier utilisateur. Cela donne

une indication sur l’objectif de l’innovation. Une innova-

tion de type produit est un nouveau produit ou service

proposé sur le marché permettant de satisfaire de nou-

veaux clients ou de maintenir sa clientèle. L’innovation

de type processus concerne la mise en œuvre d’une

méthode de production nouvelle ou sensiblement amé-

liorée. Cette notion implique des changements significa-

tifs dans les techniques, le matériel et/ou le logiciel. Une

innovation de type organisation signifie qu’une entre-

prise met en place une nouvelle organisation pour

répondre à de nouveaux besoins (attentes des clients,

introduction d’un service qualité, amélioration de la ges-

tion de la chaîne d’approvisionnement, etc.). Un nouvel

emballage, un nouveau mode de distribution ou un nou-

veau débouché, comme la vente directe à la ferme, sont

des innovations de type marketing avec pour objectif

d’augmenter le potentiel de développement ou de satis-

faire de nouveaux besoins de la clientèle (Crole-Rees

2010).

Critères Modalités

Intrinsèques à l’innovation

Type d’innovation (pour le premier utilisateur) Produit (ou service), processus, organisation, marketing

Mode d’innovation Radical, incrémental, architectural, modulaire

Degré de nouveauté (selon l’échelle)National, international,

culture, parcelle ou exploitation agricole

Premier utilisateur Parmi les acteurs de la chaîne de production végétale

Processus d’innovation

Origine de l’idée Externe, interne

Stade de l’innovation Idée, en cours, diffusée

Durée du processus Mois ou années

Effets et impactsTaux d’adoption Selon type d’innovation

Economiques, sociaux et environnementaux

Tableau 1 | Critères et modalités de l'outil de caractérisation

Page 30: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

106 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Modes d’innovation

Le mode d’innovation le plus fréquent est incrémental.

Une telle innovation permet une amélioration par étape

d’un produit ou d’une méthode, elle vise à améliorer

certaines caractéristiques (Afuah et Bahram 1995),

comme par exemple des variétés avec une meilleure

résistance aux maladies. Les changements induits par

l’innovation incrémentale sont peu contraignants pour

le bénéficiaire et la prise de risque est moindre. Pour le

producteur par exemple, son adoption exige moins

d’adaptations économiques, organisationnelles ou envi-

ronnementales qu’une innovation radicale. Cette der-

nière provoque une véritable rupture car elle modifie

les conditions d’utilisation et/ou provoque des change-

ments technologiques et organisationnels radicaux au

sein de l’entreprise qui l’adopte (Kaine et al. 2008). On

peut citer comme exemples l’introduction du semis sans

labour, du GPS dans les travaux au champ (fig. 1) ainsi

que des camions réfrigérés et des mets préparés dans la

chaîne de commercialisation.

Dans une innovation modulaire, les liens entre les

composants d’un produit ou d’un service restent inchan-

gés, mais certains composants sont modifiés. Autre-

ment dit, les sous-systèmes sont modifiés sans création

de nouveaux liens entre eux (Gotteland et Haon 2004).

Le remplacement des téléphones analogiques par les

téléphones digitaux est un exemple d’innovation

modulaire. Ce genre d’innovation peut modifier les

rôles et responsabilités dans les organisations et renfor-

cer les compétences (transformation industrielle modi-

fiée, nouveaux savoirs et savoir-faire) (Kaine et al. 2008).

Le mode architectural se caractérise par une modifi-

cation de l’architecture globale du produit, sans modifi-

cation de son utilisation (Belz 2010). Une plus forte inté-

gration au sein d’une chaîne de valeur est de nature

architecturale car, pour le consommateur, l’utilisation

des aliments ne change pas. La montre à cristaux

liquides est une innovation architecturale du modèle

précédent, l’horloge à quartz. Il y a une modification

des liens entre les sous-systèmes (Gotteland et Haon

2004).

Degré de nouveauté

Le critère sur le degré de nouveauté indique si le produit,

le service ou la méthode est une première internationale

ou nationale et à quel niveau se situe la nouveauté

(culture, parcelle ou exploitation agricole).

Premier utilisateur

En agriculture, le premier utilisateur de l’innovation

appartient à la chaîne de valeur agroalimentaire. Celle-ci

est constituée par la production en amont, le consom-

ProfiCrops

Le programme de recherche Agroscope

ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objec-

tif de contribuer à garantir la compétitivité de

la production végétale suisse dans un cadre

de plus en plus libéralisé, et de renforcer la

confiance des consommateurs envers les pro-

duits suisses. Les hypothèses posées en début

de programme stipulaient que l’efficience de la

production devait être améliorée, l’innovation

et la valeur ajoutée augmentées, la confiance

des consommateurs renforcée et les conditions

cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait

l’objet de recherches interdisciplinaires sous

forme de modules: Efficience, Innovation,

Consommateurs et Conditions-cadres, et de

projets intégrés et associés: Feu Bactérien, Pro-

fiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assole-

ment, ProfiViti, WIN4 et FUI.

La série d’articles «ProfiCrops» publiée ces der-

niers mois dans Recherche Agronomique Suisse

permet de diffuser une sélection de résultats

et de solutions pour le maintien de la compéti-

tivité de la production végétale en Suisse. Ces

résultats et solutions sont exemplaires. Un rap-

port de synthèse sera disponible début 2014.

L’article «Caractérisation des innovations en

production végétale: l’exemple du colza HOLL»,

lié au module Innovation*, présente un outil de

valorisation des innovations, c’est-à-dire des

produits, services et méthodes développés pour

renforcer la compétitivité du secteur de produc-

tion végétale. L’élaboration de cet outil et son

évaluation dans une étude de cas montrent que

son utilisation permet de mieux communiquer

sur les innovations et d’avoir une meilleure vue

globale des portefeuilles au sein du processus

de l’innovation.

*( http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05365/index.html?lang=fr)

Page 31: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

107Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

mateur en aval et la transformation et la distribution

entre deux. Le pouvoir du consommateur est non négli-

geable. Bien que certaines innovations proviennent

d’une demande en amont de la chaîne de valeur, si le

consommateur en aval ne l’adopte pas, ces innovations

ne vivront que peu de temps. En fait, tous les acteurs de

la chaîne doivent accepter la nouveauté pour qu’un nou-

veau produit ou une nouvelle méthode devienne une

innovation.

Origine de l’idée et stade de l’innovation

L’origine de l’idée permet de mieux connaître les sources

d’inspiration, de création. Est-ce que l’idée vient de la

pratique, de la littérature ou du scientifique lui-même ?

Le stade de l’innovation indique si l’idée est en cours

d’implémentation ou s’il s’agit déjà d’une véritable inno-

vation utilisée par la pratique ou diffusée sur le marché.

Pour chaque organisme de recherche, l’objectif est

d’avoir un ratio optimal entre les projets au stade de

l’idée, en développement et déjà terminés. La durée

entre l’idée et la mise sur le marché ou la diffusion vers

la pratique est aussi un critère important. Cette durée

permet de suivre l’efficacité du processus.

Effets et impacts

Les critères d’effets et d’impacts sont primordiaux pour

mesurer les effets sur les premiers utilisateurs de l’inno-

vation et les impacts sur le secteur, voire la société en

général, suite à l’adoption d’une innovation. Ces critères

couvrent les trois piliers de la durabilité, soit l’économie,

l’environnement et le social. Les effets économiques

peuvent se mesurer sur la productivité et le rendement,

le revenu économique, la compétitivité de la filière, etc.

Les critères sociaux se rapportent à l’organisation du tra-

vail (gestion du temps de travail et des activités person-

nelles), l’apprentissage de nouvelles techniques et

connaissances, les échanges avec d’autres intervenants

de la profession, la santé, la gouvernance de la filière,

etc. Les critères environnementaux portent notamment

sur l’entretien du paysage et de la biodiversité ainsi que

sur la préservation des ressources naturelles non renou-

velables.

Le succès d’une innovation peut se mesurer par son

taux d’adoption. Celui-ci peut être apprécié de plusieurs

façons (nombre de bénéficiaires, volume de production,

etc.), mais n’est pas toujours aisé à mesurer précisément.

Le taux d’adoption dépend de nombreux facteurs que la

Figure 1 | La technologie GPS en cultures de pleine terre est une innovation radicale.

Page 32: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

108 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

gras insaturés. Au contraire de l’huile de colza conven-

tionnelle, l’huile de colza HOLL supporte la friture sans

hydrogénation préalable, procédé industriel qui

génère des acides gras trans, indésirables pour la santé

humaine.

Le colza HOLL est une innovation de type produit béné-

ficiant d’améliorations de caractéristiques spécifiques,

à savoir une qualité de l’huile différente (tabl. 2). Cette

innovation est modulaire; le produit n’a pas été modi-

fié dans son architecture, l’utilisation reste la même et

aucune rupture n’est créée au niveau de la filière, de

l’utilisation ou de la production.

Le colza «HOLL» a été développé en 7 – 8 ans, sur la

base de variétés récemment sélectionnées. Les pre-

miers contacts entre les industriels et la recherche ont

eu lieu en 1999. Des essais informels ont ensuite été

réalisés, en collaboration avec la transformation, la

recherche et la production agricole. La première huile

de colza HOLL suisse a été disponible sur le marché en

2006 – 2007.

recherche ne maîtrise souvent pas. Les facteurs écono-

miques sont généralement les principales motivations à

l’adoption d’une innovation. L’acceptation sociale et

l’opinion publique peuvent aussi peser dans la prise de

décision de rejet ou d’adoption. La pression institution-

nelle et les normes collectives jouent aussi un rôle (Den

Ban 1984), de même que le cadre structurel et politique

(conditions-cadres). Une adaptation au contexte local

s’avère souvent utile, voire essentielle pour évoluer.

Enfin, les facteurs sociaux (le prestige, l’éthique) et tech-

nologiques sont parfois des freins, parfois des motiva-

tions à l’adoption d’une innovation.

L’exemple du colza HOLL

L’outil décrit ci-dessus a été appliqué et évalué sur le

colza HOLL, produit récemment développé par

Agroscope avec les partenaires de la filière.

Le colza HOLL (High Oleic Low Linolenic) donne une

huile caractérisée par une forte teneur en acide oléique

et une faible teneur en acide linolénique, deux acides

Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Critères Modalités

Intrinsèques à l’innovation

Type innovation Produit

Mode d’innovation Modulaire

Origine de l’idée Externe

Stade de l’innovation Diffusée

Degré de nouveautéNational et internationalCultures de colzaExploitations agricoles et huileries

Premier utilisateur Producteur

Processus innovation Durée de l’idée à l’innovation 7 à 8 ans (de 1999 à 2006–2007)

Effets et impacts

Taux d’adoption 7000 ha en 2013, soit 30 % des surfaces de colza en Suisse

Economiques

• Nouveau produit avec valeur ajoutée (moins de formation d’acides gras trans)

• Diversification du portefeuille produit• Rendement légèrement plus bas pour le producteur compensé

par un prix plus élevé • Réduction des coûts de raffinage grâce à la suppression d’une

étape de transformation industrielle (hydrogénation)• Augmentation des surfaces cultivées avec du colza• Segmentation du marché• Nécessité de séparer les filières colza conventionnel et colza

HOLL à toutes les étapes

Environnementaux Pas ou peu d’effet

Sociaux

•  Santé : réduction de la consommation des acides gras trans• Organisation du travail : apprentissage de nouvelles méthodes

de travail et réorganisation du travail• Gouvernance : pas de changement

Tableau 2 | Caractérisation du colza HOLL

Page 33: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

109Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

L’attribution d’une modalité pour chacun des critères

n’est toutefois pas toujours aisée. Compléter le tableau

de caractérisation exige de suivre l’idée jusqu’à sa mise

en œuvre et son utilisation par le destinataire de l’in-

novation, le producteur de colza dans le cas d’étude

du  colza HOLL. Des informations complémentaires

doivent souvent être recherchées auprès des diffé-

rents acteurs (initiateurs, développeurs, utilisateurs).

En effet, si la recherche contribue à générer et à déve-

lopper des innovations, elle n’est pas seule respon-

sable de leur diffusion, elle n’est pas la seule courroie

de transmission. La difficulté d’apprécier et surtout de

collecter certains critères constitue un point faible de

l’outil.

Un élément important relevé lors des entrevues

avec des producteurs et des chercheurs concerne l’ori-

gine des innovations. La paternité d’une innovation

est parfois difficile à établir car les idées proviennent

souvent non pas d’une seule personne, mais d’échanges

intra- et inter-organisations, publiques et privées, ainsi

que de sources d’information diverses.

Les critères d’effets et d’impacts, potentiels ou réa-

lisés, soulignent les résultats induits par la mise en pra-

tique des innovations. Leur évaluation est souvent

complexe car l’adoption d’une innovation entraîne des

effets à différents niveaux (économique, environne-

mental et social). Dans d’autres cas, en particulier

lorsque les bénéficiaires de l’innovation sont claire-

ment identifiés comme dans le cas du colza HOLL, le

taux d’adoption peut être plus facilement mesuré.

L’outil de caractérisation peut être utilisé pour

obtenir une vue synthétique de l’ensemble des innova-

tions. Il est utile à tout développeur ou chercheur tra-

vaillant sur de nouveaux produits ainsi qu’aux gestion-

naires du portefeuille des projets, pour les aider à

visualiser et à anticiper les retombées des innovations

en cours de développement.

Appliqué sur une liste d’innovations, cet outil per-

met des comparaisons et pourrait faciliter l’identifica-

tion des principaux facteurs de succès, respectivement

d’échec. A terme, il pourrait fournir des informations

utiles pour élaborer des mesures d’accompagnement

visant à augmenter le succès des innovations dévelop-

pées par la recherche. Ce succès dépend toutefois aussi

de facteurs que la recherche ne maîtrise guère. Ainsi,

les conditions-cadre, déterminées par exemple par la

nouvelle politique agricole 2014 – 2017, jouent un rôle

déterminant dans l’adoption des innovations. D’autre

part, les innovations qui s’appuient sur les techniques et

savoir-faire locaux et traditionnels rencontrent généra-

lement davantage de succès que les innovations radi-

cales qui bouleversent les habitudes de travail.

En 2013, 30 % des surfaces de colza en Suisse étaient

cultivées avec du colza HOLL. L’argument santé a favo-

risé l’acceptation de cette nouvelle huile sur le marché

(Baux et Pellet 2010). L’introduction de ce nouveau colza

a permis une différenciation par rapport aux autres

huiles végétales indigènes. Cette segmentation du mar-

ché profite aux industriels qui peuvent offrir un produit

novateur et sain. Au niveau de la production et de la

transformation, le coût supplémentaire engendré par la

séparation des filières est couvert par un prix plus élevé.

Toute l’exploitation est touchée par l’implémentation de

la nouvelle variété. Le producteur doit tenir compte de

certaines mesures visant à séparer le colza HOLL du colza

conventionnel, à tous les niveaux de la production, du

semis (éviter les mélanges de semences) à la récolte (net-

toyage préalable de la moissonneuse-batteuse). Si une

erreur est commise à l’une des étapes de culture, le pro-

duit final n’aura pas la qualité attendue. La valeur ajou-

tée recherchée initialement ne sera pas réalisée. C’est

donc la gestion de toute l’exploitation qui est modifiée

suite à l’adoption du colza HOLL.

Les impacts sur la santé humaine n’ont jusqu’ici pas

été mesurés en Suisse, mais on attend une baisse signifi-

cative de la consommation d’acides gras trans. Concer-

nant les impacts économiques, les résultats ont été chif-

frés en termes financiers (marges dégagées, ratio coûts/

bénéfices), de production (surface cultivée, tonnages

produits) et de consommation (quantité d’acides gras

trans consommée). L’analyse coûts/bénéfices indique

que le colza HOLL a permis de générer un flux financier

45 fois supérieur aux coûts de la recherche et du déve-

loppement, sans tenir compte du coût de la création des

variétés HOLL (Pellet 2011).

En définitive, le colza HOLL a permis de stimuler la

filière du colza, en proposant un nouveau produit per-

mettant de surmonter certaines contraintes du colza

conventionnel. Le colza HOLL a été adopté par les diffé-

rents acteurs de la filière qui ont largement bénéficié de

cette innovation.

D i s c u s s i o n

Grâce aux nombreux critères utilisés, l’outil de caractéri-

sation proposé permet de donner une image synthé-

tique d’un nouveau produit, méthode ou service déve-

loppé par Agroscope. Les critères de type qualitatifs et

les modalités associées permettent de décrire les innova-

tions. Pour le colza HOLL par exemple, le processus de sa

création est clarifié et les retombées économiques et

sociales sont mises en évidence. En décrivant les diffé-

rents attributs des innovations, cet outil facilite aussi les

échanges de connaissances et la communication.

Page 34: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

110 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

C o n c l u s i o n s

•• Les innovations en production végétale peuvent être

caractérisées à l’aide d’une dizaine de critères qui

décrivent les caractéristiques intrinsèques de l’innova-

tion, le processus qui a permis de passer de l’idée à

l’innovation ainsi que ses effets et impacts.

•• L’attribution d’une modalité pour chacun de ces

critères requiert de bonnes connaissances sur le

produit, service ou méthode à caractériser, ainsi qu’un

suivi du produit de sa création à son utilisation par les

différents acteurs.

•• Ce suivi des effets et impacts d’une innovation est

impératif pour apprécier le succès ou non d’une

recherche ou d’un développement. Celui-ci requiert

un grand nombre d’informations, dont certaines sont

difficiles à collecter, en particulier lorsque les bénéfi-

ciaires sont mal identifiés.

•• L’outil proposé pourrait être utilisé pour obtenir une

vue synthétique de l’ensemble du portefeuille des

innovations développées par la recherche et, à terme,

servir à l’élaboration de mesures permettant d’aug-

menter leur taux d’adoption et, par extension,

l’efficience de la recherche. n

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Page 35: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

111Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

▪ Gotteland D. & Haon C., 2004. Développer un nouveau produit. Métho-des et outils. PearsonEducation. Accès: http://books.google.fr/books?id-=ufDMAjbtUdkC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=innovation%20incr%C3%A9mentale&f=false [24.09.2013].

▪ Kaine G, Hill M. & Rowbottom B., 2008. Types of agricultural innovations and the design of extension programs. Working paper September 2008. Accès: http://www.dpi.vic.gov.au/agriculture/about-agriculture/publica-tions-resources/horticulture/types-of-agricultural-innovations-and-the [05.08.2013].

▪ OFAG, 2012. Politique agricole 2014-2017, 1-4. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00005/00044/01178/index.html?lang=fr [05.08.2013].

▪ Pellet D., 2011. Impact économique et financier du projet CTI 7101.1 (2004-2008) «Production de colza à faible teneur en acide gras alpha-lin-olénique». Rapport final complémentaire, 14 p.

Bibliographie ▪ Afuah A. & Bahram N., 1995. The hypercube of innovation. Research policy 24 (1), 51–76.

▪ Aouinaït C., 2013. Caractérisation des innovations dans la production végétale suisse. Mémoire de fin d’études. Innovations dans les Systèmes Agroalimentaires du Monde, Montpellier SupAgro. 96 p.

▪ Baux A. & Pellet D., 2010. Production de colza à faible teneur en omega-3 en Suisse: Une innovation pour un nouveau segment de marché. Poster présenté à l’Assemblée annuelle de la société suisse d’agronomie.

▪ Belz L., 2010. Note de lecture. Henderson H., Clark K., 1990. Architectu-ral innovation: The reconfiguration of existing product technologies and the failure of established firms. Administrative Science Quaterly, 1–8.

▪ Crole-Rees A., 2010. Innovation. Atelier Innovation du 8 juin 2010, Berne. ▪ Den Ban A. W., 1984. Les courants de pensée en matière de théorie de la diffusion des innovations. Économie rurale 159, 31–36.

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Innovation mapping in plant production:

the case of HOLL rapeseed

The Swiss plant production sector aims at

maintaining its competitiveness, even in a

liberalized economy. The research program

ProfiCrops takes a look into innovations

generated for the plant production sector.

Innovations are a requisite for maintaining

the competitiveness of the agricultural

sector.

A tool allowing to map innovations in the

plant production sector has been created

based on a literature review. A dozen

criteria are hence proposed. They describe

intrinsic characteristics of the innovation,

the innovation process from the idea to

the final product and the outcomes and

impacts on the various groups of benefi-

ciaries. This tool has been tested with

HOLL rapeseed, a new product to which

Agroscope has directly contributed. The

results highlight some of the advantages

and constraints of this tool and its use.

The evaluation of outcomes and impacts

requires a clear identification of the direct

and indirect beneficiaries and of their

behavior. The proposed tool allows to gain

a synthetic overview of the innovations’

portfolio generated by research. It could

then be used to formulate recommenda-

tions aiming at enhancing the adoption

rate of innovations and also research

efficiency.

Key words: plant production, innovation

mapping, criteria, impact assessment,

HOLL rapeseed.

Caratterizzazione delle innovazioni nella

produzione vegetale: l’esempio della colza

HOLL

In un contesto di liberalizzazione economica,

il settore della produzione vegetale svizzera

cerca di rimanere competitivo. Il programma

di ricerca ProfiCrops è interessato alle

innovazioni sviluppate nella produzione

vegetale, poiché esse diventano un passag-

gio obbligato per mantenere la competitività

del settore agricolo.

Partendo da una ricerca bibliografica, è stato

elaborato uno strumento che permette di

caratterizzare le innovazioni nella produ-

zione vegetale. Sono proposti una decina di

criteri che descrivono le caratteristiche intrin-

seche dell’innovazione, il processo che ha

permesso di passare dall’idea stessa all’inno-

vazione, così come gli effetti e impatti sui

beneficiari. Lo strumento è stato testato su

un nuovo prodotto al cui sviluppo la ricerca

agronomica ha direttamente contribuito: la

colza HOLL. Questa valutazione ha eviden-

ziato i vantaggi di questo strumento e

qualche difficoltà legata all’approccio

proposto. La valutazione degli effetti e degli

impatti richiede la precisa identificazione dei

beneficiari di un’innovazione oltre alla

considerazione del loro comportamento.

Lo strumento proposto potrebbe essere

utilizzato per ottenere una visione sintetica

dell’insieme del portafoglio delle innova-

zioni sviluppate dalla ricerca e, a termine,

servire all’elaborazione di misure in grado di

migliorare il loro tasso d’adozione e, per

esteso, l’efficacia della ricerca stessa.

Page 36: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

112 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

M é t h o d e

Que l’on parle de bilan, de revue ou d’évaluation de pro-

gramme de recherche, son objectif peut être de nature

différente: i) plaidoyer pour valoriser la recherche,

ii) redevabilité pour démontrer son efficience, iii) effecti-

vité afin de tirer un bilan concernant la mise à disposi-

tion de solutions et de recommandations et, iv) avec un

but d’optimiser l’allocation des ressources mises à la dis-

position de la recherche (Guthrie et al. 2013).

Dans la pratique, les objectifs de bilan, revue ou éva-

luation de programme de recherche sont généralement

multiples.

L’objectif de ce bilan transitoire est de tirer quelques

enseignements concernant le processus et les résultats

du programme, de manière rétrospective. Pour ce bilan

ProfiCrops, les critères suivants ont été sélectionnés:

l’efficacité, l’efficience, la pertinence et la valeur ajou-

tée ProfiCrops. Ces critères font partie de ceux exigés

pour les évaluations mandatées par le Secrétariat géné-

ral de la Communauté européenne (Secrétariat-Général

CE 2013). L’efficacité vise à observer dans quelle mesure

les objectifs ont été atteints en comparant les résultats

attendus et ceux obtenus. L’efficience vise à mettre en

rapport l’efficacité avec les moyens engagés au sein du

programme. La question de la pertinence consiste à

interroger l’adéquation des objectifs et les résultats

atteints par rapport aux besoins actuels. La valeur ajou-

tée ProfiCrops interroge sur la plus-value du programme

par rapport à un projet.

Efficacité

L’objectif principal de ProfiCrops était de «mettre au

point, préparer, évaluer et transférer les connaissances

acquises, afin de contribuer à un avenir de la production

végétale suisse dans un marché de plus en plus libéralisé

et de renforcer la confiance des consommateurs dans les

produits suisses». Une approche interdisciplinaire

incluant des partenaires était requise pour atteindre ces

objectifs (ACW 2008, voir www.proficrops.ch).

Une liste de solutions développées par Agroscope a

été élaborée. Elle comprend des solutions en cours de

I n t r o d u c t i o n

ProfiCrops, avec NutriScope et AgriMontana, fait partie

de la première génération de programmes de recherche

Agroscope, mis en place en 2008. La «recherche pro-

gramme» se différencie de la «recherche projet» par un

objectif commun à plusieurs acteurs et par la coordina-

tion de leurs activités en vue d’atteindre cet objectif

(ACW 2008). L’introduction de l’approche «programme»

au sein d’Agroscope avait pour objectif d’analyser des

problématiques prioritaires pour générer des solutions à

court et moyen terme pour les secteurs de la production

végétale, des denrées alimentaires et de l’agriculture de

montagne avec des efforts concertés des scientifiques

d’Agroscope et de partenaires. Une deuxième généra-

tion de programme de recherche sera mise en place en

2014. Cet article présente des éléments de bilans de Pro-

fiCrops, dans un cadre différent des évaluations par des

pairs, et en tire des enseignements pouvant contribuer à

renforcer la prochaine génération de programmes de

recherche Agroscope.

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutéeAnna Crole-Rees et Lukas Bertschinger

Institut des Sciences en Production Végétale IPV, Agroscope, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: [email protected]

Collaboration animée entre les membres du Forum ProfiCrops et les scientifiques lors de la dernière séance du Forum ProfiCrops.

Série ProfiCrops

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 37: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

113Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

Rés

um

é

ProfiCrops, comme les deux autres pro-

grammes de recherche Agroscope (AgriMon-

tana et NutriScope), a débuté en 2008 et se

termine en mars 2014. En guise de clôture,

différents événements ont été organisés et

une série de huit articles de synthèse ont été

publiés depuis juillet 2013 dans Recherche

Agronomique Suisse. Ce dernier article

présente un bilan de ProfiCrops, selon les

critères usuels lors des revues de projets:

efficacité, efficience, pertinence et valeur

ajoutée et les enseignements importants tirés

de la mise en œuvre du programme de

recherche ProfiCrops. Il s’agit toutefois d’un

bilan partiel, ceci par manque de critères.

L’ampleur des objectifs stratégiques au départ

du programme a compliqué l’évaluation de

l’efficacité. L’efficience de la mise en œuvre a

été fortement influencée par l’inadéquation

des objectifs et des ressources, comme, en

particulier, le temps à disposition des scienti-

fiques et son allocation aux activités spéci-

fiques du programme. Toutefois, des résultats

tangibles ont été obtenus, comme une liste de

plus de 300 solutions, des échanges interdisci-

plinaires en faveur des projets participants et

du programme, un état d’esprit renforcé

vis-à-vis de l’interdisciplinarité, une meilleure

compréhension de ce que signifie l’innovation

au sein d’Agroscope ainsi que la formation de

nouveaux partenariats. La majorité de ces

résultats n’aurait pas été générée sans

l’existence du programme.

développement ou de test, ainsi que des solutions déjà

mises sur le marché. Ces solutions ont toutes été véri-

fiées scientifiquement. Toutefois, faute de ressources

suffisantes, elles n’ont pas pu être testées simultané-

ment et de manière interdisciplinaire dans une région

«étude de cas», comme cela avait d’abord été prévu par

Agroscope au moment du lancement du programme. La

liste de solutions a été essentiellement élaborée de

manière pragmatique - sur la base des communiqués de

presse Agroscope liés à la thématique, et complétée par

des résultats d’ateliers de travail et des success stories

rédigées durant le programme. Cette manière de faire a

été choisie parmi d’autres, essentiellement pour des rai-

sons de ressources. A noter que le résultat final n’est pas

représentatif de l’ensemble des travaux des différents

départements et groupes de recherche.

La liste comporte actuellement plus de 300 solutions

concrètes – en grande majorité des solutions pour la pra-

tique, mais aussi des solutions pour la recherche. Les

solutions ont ensuite été réparties selon les quatre

thèmes des modules de ProfiCrops (efficience, innova-

tion, différenciation et conditions-cadres).

Cette liste (fig. 1) met en évidence un important

pourcentage de solutions (50 %) visant à améliorer l’effi-

cience de la production. Les pourcentages de solutions

visant à renforcer la différenciation (par la qualité) des

produits et pour l’optimisation des conditions cadres

sont moins élevés: 19 % et 15 % respectivement. Cette

liste comprend également des solutions en cours de

développement et/ou de test, ou déjà diffusées. L’ana-

lyse de leur impact global sur la compétitivité du secteur

de production végétale ne peut donc pas être faite. Elle

n’était pas prévue par le programme.

Le document de programme (ACW 2008) ne définis-

sait pas avec précision les résultats attendus et les

attentes concernant la mise en œuvre de l’approche

interdisciplinaire, les partenariats et la communication.

La notion d’interdisciplinarité a été définie en cours de

programme (Crole-Rees 2012) et diffusée. Le choix des

coordinateurs des modules et des projets intégrés (uni-

tés d'organisations de ProfiCrops) a tenu compte de

l’interdisciplinarité. Les ateliers de travail et les journées

ont toujours inclus différentes disciplines des sciences

naturelles et sociales et, pour la plupart, des experts

externes de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG,

d’Agridea, de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich

50%

19%

15%

16%

Solutions par thème (%)

Efficience

Différenciation

Conditions-cadres

Innovation

Figure 1 | Répartition des solutions (n=308) pour la production végétale, selon les quatre thèmes ProfiCrops (%).

Page 38: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

114 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

Production végétale | ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée

d’Agroscope, particulièrement concernant les aspects

économiques, d’analyses de marchés et de chaînes de

valeur. La recherche de partenariats et de financements

tiers pour l’acquisition de ces compétences a mis en évi-

dence l’exigence en temps, en ressources et en crédibi-

lité. Le programme n’a pas pu acquérir toutes les compé-

tences souhaitées pour remplir les objectifs. Toutefois,

des moyens financiers ont été acquis: l’Office fédéral

pour l’environnement OFEV a financé le projet associé

Win4 et le Fonds national suisse FNS le projet associé FUI

dans le cadre du Programme national de recherche 69

(PNR 69).

Les procédures administratives ont été simplifiées

autant que possible pour faciliter l’accès au programme

pour les scientifiques. Aucune procédure additionnelle

pour le reporting n’a été requise.

La participation des scientifiques a été variable

durant le programme. Elle a été négativement influen-

cée par plusieurs facteurs. Le premier, particulièrement

lors de la première phase, a été l’introduction du pro-

gramme juste après la formulation des projets de

recherche financés par le budget ordinaire d’Agroscope

(programme d’activités 2008 – 2011 des stations

Agroscope). Leurs ressources temps avaient donc déjà

été allouées. La participation à ProfiCrops exigeait donc

soit des heures supplémentaires, soit une réduction des

activités prévues pour les projets du programme d’acti-

vités 2008 – 2011 d’Agroscope. En outre, l’allocation des

projets et de leurs résultats entre ProfiCrops et le pro-

gramme d’activité Agroscope n’était pas toujours facile.

Cela a aussi été un facteur limitant pour la participation

des scientifiques comme pour la communication. Le

deuxième facteur était la formulation très large des

thèmes transversaux, les modules. Il est possible que

l’envergure des thèmes ait contribué à réduire la moti-

ETHZ, de la Haute école des sciences agronomiques,

forestières et alimentaires HAFL, et d’autres institutions.

La recherche de partenariats, autant en interne à

Agroscope qu’en externe, a permis la participation d’ins-

titutions pertinentes aux travaux, comme le montre,

entre autres, la liste des auteurs de la série d’articles Pro-

fiCrops dans cette revue. Des partenariats ont été for-

malisés, comme par exemple, celui au sein du projet

intégré (centre de compétence) «Feu bactérien» avec

des séances bi-annuelles de coordination entre

Agroscope, l’ETHZ et l’Institut de recherche sur l’agricul-

ture biologique FiBL. De nouveaux partenariats pour

Agroscope ont aussi pu être créés, par exemple avec

l’Institut de l’entreprenariat et de management de la

Haute école spécialisée de Suisse occidentale Sierre et

avec le Centre international d’études supérieures en

sciences agronomique SupAgro à Montpellier.

Concernant la communication, plusieurs outils ont

été mis en place: newsletter bi-annuelle commune aux

trois programmes, page internet, logo ProfiCrops sur les

posters et documents liés au programme, articles, évé-

nements, etc. La figure 2 montre que la rubrique «actua-

lité» de la page internet ProfiCrops a attiré près de 50

visiteurs par jour entre novembre 2011 et 2013, ou envi-

ron 1’300 hits par mois en moyenne.

Efficience

L’efficience met en rapport l’efficacité avec les moyens

engagés au sein du programme. Il s’agit donc de passer

en revue les moyens mis à disposition par rapport aux

résultats attendus du programme et aussi l’engagement

des scientifiques vis-à-vis des résultat obtenus.

Certains des thèmes présentés initialement dans le

descriptif du programme (ACW 2008) exigeaient des

compétences inexistantes ou peu disponibles au sein

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

nov.11

janv. 12

mars 12

mai 12

juillet 12

sept. 12

nov. 12

janv. 13

mars13

mai 13

juillet 13

sept. 13

nov. 13

Figure 2 | Nombre de visiteurs de la page actualités de ProfiCrops (hits journaliers moyens/mois), novembre 2011–13.

Page 39: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

115Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

vation des scientifiques. A noter toutefois que des

thèmes trop spécifiques peuvent aussi influencer néga-

tivement la motivation, comme cela a été montré dans

certains projets européens (Guthrie et al. 2013). Il est

généralement admis que la recherche scientifique est

motivée par la curiosité et l’utilité. Or, ces deux facteurs

de motivation n’ont pas toujours été perçus comme réu-

nis par les scientifiques.

Les trois stations de recherche Agroscope ont mis en

place des stratégies de mise en œuvre des programmes

de recherche différentes. Ces différences ont aussi

induit des niveaux de participations des scientifiques

différents selon les stations, rendant la coordination

d’un programme inter-stations plus difficile (Crole-Rees

et Bertschinger 2013). Les problèmes de motivation et

de satisfaction des scientifiques ont été reconnus offi-

ciellement, après enquête menée par Agroscope à mi-

parcours des programmes de recherche. Ce constat a

incité une reformulation des objectifs par modules à la

fin 2010 et a entraîné une augmentation de la motiva-

tion des scientifiques.

Pertinence

Le thème de la compétitivité du secteur de la production

végétale est pertinent et il le restera à l’avenir, après Pro-

fiCrops. Preuves en sont les attentes suscitées par Profi-

Crops dès 2008. Les quatre thèmes des modules sont per-

tinents et le resteront. Pour exemple, l’OFAG s’appuie

sur la qualité et l’efficience pour établir sa stratégie de

politique agricole (OFAG 2012).

L’approche «recherche programme» est encore et

toujours pertinente pour traiter la problématique com-

plexe de la compétitivité de ce secteur. La compétitivité

dépend d’un grand nombre de facteurs techniques,

sociaux, économiques et légaux. L’analyse et la recherche

de solutions pour renforcer la compétitivité du secteur

requièrent donc une approche pluridisciplinaire et pro-

grammatique.

Valeur ajoutée

ProfiCrops a permis de valoriser les résultats de la

recherche en les présentant sous forme d’une liste de

solutions. Certaines de ces solutions ont été développées

spécifiquement dans le cadre du programme. Celles-ci

sont, entre autres: une méthode de caractérisation des

solutions pour la production végétale (Aouinaït et al.

2014), une méthode pour identifier les surfaces contri-

butrices (surfaces contribuant de manière plus que pro-

portionnelle aux pertes de substances d'une parcelle;

Daniel et al. 2014), une typologie de la différenciation

des produits (Crole-Rees et al. 2013), un guide pour l’ins-

tallation de serres sur les toits en zone urbaine (Joly et

ProfiCrops

Le programme de recherche Agroscope Profi-

Crops (www.proficrops.ch) a pour objectif de

contribuer à la compétitivité de la production

végétale suisse dans un cadre de plus en plus

libéralisé, et de renforcer la confiance des

consommateurs envers les produits suisses. Les

hypothèses posées en début de programme sti-

pulaient que l’efficience de la production devait

être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée

augmentées, la confiance des consommateurs

renforcée et les conditions-cadres modifiées.

Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches

interdisciplinaires, sous forme de modules: Effi-

cience, Innovation, Consommateurs et Condi-

tions-cadres, et de projets intégrés et associés:

Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coo-

pération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et Food

Urbanism Initiative (FUI).

La série d’articles «ProfiCrops» publiée dès

août 2013 dans Recherche Agronomique Suisse

a permis de diffuser une sélection de résultats

et de solutions pouvant contribuer au maintien

de la compétitivité de la production végétale

en Suisse. Ces résultats et solutions sont exem-

plaires.

L’article «ProfiCrops: le point sur l’efficacité,

l’efficience et la valeur-ajoutée» fait usage de

critères standard, comme efficacité, efficience,

pertinence et valeur ajoutée ProfiCrops pour

évaluer ce programme de recherche. Il met en

évidence les enseignements tirés de cette pre-

mière expérience de «recherche programme»

Agroscope.

Page 40: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

116 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

Production végétale | ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée

mentaire de la productivité de ProfiCrops. Ces solutions

étaient regroupées selon leur effet attendu sur la pro-

duction végétale, soit une amélioration de son effi-

cience, une augmentation de sa valeur ajoutée par une

différenciation qualitative et une optimisation des

conditions cadres. Une analyse détaillée des critères

d’efficacité, d’efficience et de pertinence n’a pas été

possible, en raison d’objectifs stratégiques trop amples

au début du programme, sans indications claires de mise

en œuvre, et d’un manque d’indicateurs de succès claire-

ment définis. La formulation d’objectifs clairement défi-

nis est donc importante au moment de lancer un pro-

gramme.

Les résultats de l’analyse montrent aussi que les moyens

disponibles, en particulier le temps mis à disposition par

les scientifiques, doivent être définis depuis le début

d’un programme et être en adéquation avec les thèmes

et les objectifs fixés. Cette leçon a été prise en compte

dans l’élaboration des nouveaux programmes de

recherche Agroscope. L’expérience ProfiCrops montre

que l’application de l’approche interdisciplinaire au sein

de la recherche est pertinente, mais nécessite un effort

considérable en temps et en compétences.

Renforcer la compétitivité de la production végétale

suisse est essentiel pour son avenir. Agroscope a inscrit

cette compétitivité comme pôle thématique de sa

recherche et développement pour les années 2014 – 2017.

En conséquence, la compétitivité devrait prendre une

place plus importante dans le portefeuille de recherche.

L’outil de caractérisation des solutions (ou innovations)

développé par ProfiCrops (Aouinaït et al. 2014) pourrait

aider à cette orientation. n

Praz 2013), une banque de données céréales (ProfiVar

2012) et un guide pour réussir la coopération d’assole-

ment (Keiser et al. 2011). Le projet intégré Feu bactérien

présente ses résultats, dont ceux liés à une coordination

renforcée de tous les projets concernés en Suisse, sur sa

page web (www.feubactérien.ch). Ces solutions n’au-

raient pas vu le jour sans le programme et sont donc de

réelles valeurs ajoutées.

La mise en œuvre du programme, et particulière-

ment de sa dimension interdisciplinaire, a contribué à

des synergies entre les projets en cours des programme

d’activité 2008 – 2011 et 2012 – 2013 et à la promotion de

nouveaux contacts et partenariats au sein d’Agroscope.

Enfin, des approches novatrices et essentielles pour le

développement de la production végétale ont été intro-

duites, comme la différenciation des produits et le

concept d’innovation, et ont été internalisées par plu-

sieurs scientifiques dans le cadre de leurs travaux.

ProfiCrops a aussi contribué à former la relève.

Quatre stagiaires diplômés et deux étudiantes en MSc

ont été suivis durant les deux dernières années du pro-

gramme, sur les thèmes novateurs de l’innovation, la

différenciation des produits, l’agriculture urbaine et la

durabilité «Win4». Une des étudiantes MSc va continuer

dans son domaine, l’innovation, au sein d’Agroscope dès

début 2014 avec un travail de doctorat. Les personnes en

formation ont réellement contribué à l’élaboration de

méthodes et de connaissances, et donc à une plus-value

ProfiCrops.

C o n c l u s i o n s

Les éléments de bilan ont permis d’obtenir des informa-

tions utiles sur le processus et les résultats du programme,

de tirer des enseignements et d’élaborer des recomman-

dations pour la recherche de demain.

L’analyse d’une liste de plus de 300 solutions déve-

loppées pour renforcer la compétitivité de la production

végétale en Suisse a permis d’avoir une vue globale frag-

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Page 41: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

117Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

▪ Daniel, O., Crole-Rees, A., Bühler, L., Geiger, F., Gujer H.-U. & Bertschin-ger, L., 2014. Win4 dans l’agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques. Recherche Agronomique Suisse 5 (2), 64–67.

▪ Guthrie S., Wamae W., Diepeveen S., Wooding S. & Grant J., 2013. Measuring research: A guide to research evaluation frameworks and tools. RAND Europe. Juillet 2013. Accès: http://www.rand.org/pubs/mo-nographs/MG1217.html [22.11.2013]

▪ Keiser A., Durgiai B., Steingruber E., Bregy M., Fischer R., Vonlanthen I., Lips M., Mouron P., Crole-Rees A., Bezençon M. & Pavillard N., 2011. De l'idée à la réalisation – grâce à une bonne planification. La coopération inter-exploitation. Fiche technique. UFA Revue 12, 2011, 51–56.OFAG, Agroscope. 2013. Rapport de gestion 2012. Berne.

▪ OFAG, 2012. Message concernant l’évolution future de la politique agricole dans les années 2014 à 2017 (Politique agricole 2014–2017). 1.2.2012. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00005/00044/ 01178/01591/index.html?lang=fr [7.1.2014]

▪ ProfiVar, 2012. Compte-rendu de séance. Séance interne de projet. Agroscope. 16.1.2012.

Bibliographie ▪ Aouinaït C., Jeangros B., Nassar V. & Crole-Rees A., 2014. Caractérisati-on des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL. Recherche Agronomique Suisse 5 (3), 104–111.

▪ Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 2008. ProfiCrops: Neue Wege für einen zukunftsfähigen Pflanzenbau in der Schweiz unter liberalisierten Marktbedingungen. Programmbeschrieb, Forschungsanstalt Changins- Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil. 15 p.

▪ Secrétariat-Général EC, 2013. Public consultation on Commission Guide-lines for Evaluation. Draft. Novembre 2013. Accès: http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/evaluation/docs/20131111_guidelines_pc_part_i_ii_clean.pdf.

▪ Crole-Rees A. & Bertschinger L., 2013. Interdisciplinarity: lessons learnt from ProfiCrops. Poster présenté lors de la Swiss Inter- and Transdiscipli-nary Day 2013, Berne, 22 octobre 2013.

▪ Crole-Rees A., Spörri M., Rösti J. & Brugger Ch., 2013. La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 402–405.

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

ProfiCrops: the status of efficiency, effectiveness

and added-value

As with the other two research programmes Agro-

scope (AgriMontana and NutriScope), ProfiCrops

began in 2008 and will end in March 2014. To bring

the programme to a close, several events were

organised and a series of articles were published in

Recherche Agronomique Suisse from July 2013

onwards. This last article presents an assessment of

ProfiCrops, based on standard project review criteria:

efficiency, effectiveness, relevance and added-value.

Important lessons-learnt are drawn from the imple-

mentation of the research programme. It is, however,

a partial assessment, due to the lack of sufficient

data. The scope of the strategic objectives formu-

lated at the beginning of the programme made the

evaluation more complex than anticipated. Efficiency

has been impacted by the mismatch between

objectives and resources. A notable example of this is

the availability of scientists’ time and its allocation

across specific programme activities. However,

several tangible results were obtained, such as: a list

of more than 300 solutions, interdisciplinary

exchanges in favour of project participants and the

programme, a reinforced state of mind towards

interdisciplinarity, an improved understanding of the

meaning of innovation for Agroscope and the

creation of new partnerships. Most of these results

would not have been produced without the pro-

gramme.

Key words: programme research, review, efficiency,

effectiveness, added value.

ProfiCrops: il punto sull’efficienza, l’efficacia e

il valore aggiunto

ProfiCrops, come gli altri due programmi di

ricerca Agroscope (AgriMontana e NutriScope)

ha iniziato nel 2008 e terminerà nel marzo 2014.

In dirittura d’arrivo sono stati organizzati diversi

avvenimenti e da luglio 2013 una serie di otto

articoli di sintesi sono stati pubblicati su la

Recherche Agronomique Suisse. Quest’ultimo

articolo presenta un bilancio di ProfiCrops,

secondo i consueti criteri durante le revisioni di

progetti: efficienza, efficacia, pertinenza e

valore aggiunto, come pure le lezioni importanti

tratte dall’attuazione del programma di ricerca

stesso. Tuttavia, si tratta di un bilancio parziale,

dovuto alla mancanza di dati. L’ampiezza degli

obiettivi strategici all’inizio del programma ha

complicato la valutazione dell’efficacia. L’effi-

cienza della sua realizzazione è stata fortemente

influenzata dall’inadeguatezza degli obiettivi e

delle risorse come, in particolare, il tempo a

disposizione per gli scienziati e l’assegnazione

alle attività specifiche del programma. Si sono

comunque ottenuti dei risultati tangibili, come

una lista di oltre 300 soluzioni, degli scambi

interdisciplinari in favore dei progetti parteci-

panti, uno stato di spirito rafforzata di fronte

all’interdisciplinarietà, una migliore compren-

sione di ciò che significa l’innovazione all’in-

terno di Agroscope e nuovi partenariati. Senza

l’esistenza del programma non si sarebbe

ottenuto la maggior parte di questi risultati.

Page 42: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

118 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

protection frontalière se traduit par une culture indi-

gène très limitée. Pourtant, le millet est précieux du

point de vue nutritionnel et serait très intéressant pour

les assolements (fig. 1). Le millet ne transmet aucune

maladie du pied, ce qui est un atout notamment pour les

assolements à base de céréales. Comme toute plante C4,

le millet est également en mesure de survivre avec peu

d’eau. C’est une plante qui semble parfaitement adap-

tée aux étés chauds et secs qui se multiplieront si l’on en

croit les prévisions (Fuhrer et Jasper 2009). Du fait de sa

courte période végétative d’environ 100 jours, il est aussi

envisageable de semer du millet au printemps après

avoir fauché une prairie temporaire. Semé à cette saison,

le millet peut encore arriver à maturité sans problème.

Le millet convient à la fois pour l’alimentation humaine

et animale (Humphrys 2005). Il a un intérêt nutritionnel,

car il est riche en minéraux, a une forte teneur en acide

silicique et ne contient pas de gluten. Le millet peut donc

être une céréale intéressante pour les personnes qui

souffrent de maladie cœliaque. Autant les grains que la

paille peuvent servir d’aliments pour animaux. Les grains

ont une teneur en énergie et en protéines similaire à

celle de l’orge.

Des essais préalables ayant permis de clarifier la

question des variétés, la phase suivante s’est concentrée

sur la technique culturale. Cet article présente les résul-

tats obtenus en ce qui concerne l’effet de la fumure azo-

tée sur le rendement en grains ainsi que sur les teneurs

dans le grain et la paille.

Dispositif d’essai

Comme le millet n’est en ce moment cultivé en Suisse

que dans les conditions de l’agriculture biologique, les

essais ont été effectués dans des exploitations certifiées

et titulaires du label du bourgeon à Dietikon (2010),

Sulzbach (2011), Seebach (2012) et Schlieren (2012). La

densité de semis était de 500 grains aptes à germer/m2

pour des parcelles de 25 m2. La maîtrise des adventices

était gérée selon les pratiques de l’exploitation (généra-

lement deux passages, avec la sarcleuse ou la herse-

étrille – le premier passage au stade foliaire 3 à 4 et le

second au stade 6 à 8).

Le millet est devenu une culture de niche intéressante

dans l’agriculture biologique. Mais on manque encore

de recommandations fondées quant au mode de culture.

Des essais de plusieurs années dans les conditions de

l’agriculture biologique ont permis d’étudier l'effet des

apports d’azote sur le rendement ainsi que sur la teneur

en paille et en grains du millet. L’optimum économique a

été atteint avec une fumure à base d’azote Biorga d’en-

viron 23 kg par hectare. Lorsque l’engrais utilisé est meil-

leur marché, il est recommandé d’apporter une quantité

d’azote légèrement plus élevée. Par rapport à la paille

du blé de printemps, la paille du millet contient environ

trois fois plus d’azote, de phosphore et de magnésium,

et quatre fois plus de potassium.

Les toponymes (p. ex. Hirslanden, de «Hirse», le millet en

allemand) et les coutumes témoignent de la culture du

millet en Suisse autrefois. Mais hélas aujourd’hui, il reste

peu d’expérience et de connaissances sur la culture de

cette plante. Les besoins de la Suisse en millet sont en

grande partie couverts par les importations et la faible

Réactions du millet aux apports d’azote

Samuel Knapp, Rosalie Aebi et Jürg Hiltbrunner

Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich, Suisse

Renseignements: Jürg Hiltbrunner, e-mail: [email protected]

E c l a i r a g e

Figure 1 | Le millet convient à la fois pour l’alimentation humaine et pour celle des animaux. En outre, sa culture est intéressante en terme d’assolement. (Photo: Rosalie Aebi, Agroscope)

Page 43: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Réactions du millet aux apports d’azote | Eclairage

119Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

Les essais ont été organisés sous forme de plan expéri-

mental en blocs randomisés complet à deux facteurs

avec quatre répétitions. Premier facteur: deux variétés

russes Quartett et Krupnoskoroje, qui sont multipliées

en Suisse par la coopérative Sativa (Rheinau) depuis 2006

et sont recommandées pour la production sous contrat

avec la coopérative Biofarm (Kleindietwil). Deuxième

facteur: cinq degrés d’apport d’azote (0, 30, 60, 90 et

120 kg N/ha). Lors du semis et au stade foliaire 3 à 4, la

moitié de la quantité d’azote correspondante a été

apportée sous forme Biorga-Quick 12 % (Hauert HBG

Dünger AG, Grossaffoltern).

Avant le semis (échantillon composite de toute la sur-

face d’essai) et après la récolte (échantillon composite

par procédé), la teneur en Nmin a été déterminée à une

profondeur de 0–90 cm. Les essais ont permis d’étudier

le rendement en grains et en paille, la teneur en eau au

moment de la récolte, ainsi que la teneur en éléments

nutritifs (procédé chimique par voie humide: azote,

phosphore, potassium et magnésium).

Comme pour l’élaboration des Données de base pour

la fumure des grandes cultures (Richner et al. 2010), diffé-

rentes fonctions ont été calculées pour déterminer les

fonctions de production et la fumure azotée optimale sur

le plan économique (Bélanger et al. 2000). Ces fonctions

ont ensuite été sélectionnées sur la base d’une évaluation

visuelle et statistique. Le calcul de l’optimum économique

est basé sur les prix suivants: CHF 2.– /kg d’azote pour les

engrais azotés conventionnels, CHF 8.–/ kg d’azote pour

les engrais Biorga, CHF 170.– /dt de millet (prix à la pro-

duction Coopérative Biofarm, Kleindietwil).

Rentabilité de la fumure azotée

De grandes différences ont été constatées entre les

essais (P < 0,001). Les rendements moyens en grains oscil-

laient entre 11,0 (Schlieren 2012) et 39,9 dt/ha (Seebach

2012; tabl. 1). A l’exception de l’essai réalisé à Schlieren,

tous les essais étaient de qualité moyenne (coefficient de

variation entre 7,3 et 12,3 %). Sur les sites de Dietikon et

Schlieren, la levée au champ du millet était irrégulière et

la pression des adventices plus élevée que dans les essais

de Sulzbach et Seebach. Avec 25,9 dt/ha, la variété Quar-

tett a réalisé un rendement plus élevé que la variété

Krupnoskoroje qui a atteint 23,4 dt/ha (P  <  0,001).

Cependant, les deux variétés ont réagi de manière simi-

laire à l’apport d’azote. Bien que l’analyse de variance

n’ait pas permis d’identifier un effet marquant de la

fumure à l’échelle des sites, cet effet s’est avéré significa-

tif dans l’évaluation globale (P < 0,05).

Avec les données disponibles, c’est la fonction de

production quadratique qui convient le mieux pour

expliquer l’effet des différents apports d’azote sur le

rendement (fig. 2). Il n’y a que pour le site de Sulzbach

qu’aucune fonction de production n’a pu être déduite

(tabl. 1). Le rendement maximal est de 25,5 dt/ha pour

une fumure de 92,6 kg N/ha. Des apports d’azote plus

importants entraînent des baisses de rendement. Ces

résultats confirment les observations faites par Hoff-

mann-Bahnsen (2003) dans des essais similaires dans le

nord de l’Allemagne.

Avec un prix des engrais de CHF 2.– /kg N, l’apport

d’azote optimal sur le plan économique se situe à

75,8 kg N/ha, soit juste en dessous du maximum et avec

un prix des engrais de CHF 8.– /kg (Biorga) à seulement

25,2 kg N/ha. Cet apport permettrait d’obtenir un ren-

dement d’à peine 24 dt/ha. Même si on adapte une fonc-

tion de production pour chaque essai, la fumure azotée

optimale ne varie quasiment pas pour un prix de

CHF 2.– / kg malgré les différents niveaux de rendement

(tabl. 1). Il n’y a qu’avec un prix de CHF 8.– /kg de N que

la fumure azotée optimale varie considérablement

entre les essais. La comparaison entre Biorga et l’engrais azoté de syn-

thèse prouve que le prix des engrais influence fortement

la fumure azotée optimale. La figure 3 montre comment,

à partir de la fonction de production donnée, les varia-

Site AnnéeNmin

avant semis (kg N/ha)

Ø des rende-ments (dt/ha)

CV1

(%)N (rendement)

Maximum

N (rendement)Optimum

(2 CHF/kg N)

N (rendement)Optimum

(8 CHF/kg N)

Dietikon 2010 36,7 18,9 12,3 81,8 (18,4) 63,4 (18,3) 8,1 (16,7)

Sulzbach2 2011 61,8 28,3 12,3

Seebach 2012 148,6 39,9 7,3 85,1 (39,9) 70,5 (39,8) 26,8 (38,5)

Schlieren 2012 80,9 11 56,9 74,8 (12,2) 69,6 (12,2) 54,0 (11,8)

1CV = coefficient de variation.2Aucune fonction de production n’a pu être déduite pour Sulzbach en 2011.

Tableau 1 | Vue d’ensemble des essais avec apports croissants d’azote dans les cultures de millet (2010–2012): teneur en Nmin dans le sol (kg de N/ha) avant le semis ainsi que rendement moyen en grains (dt/ha avec 14 % de H2O). «N (rendement) Maximum» resp. «N (rendement) Optimum» sont les valeurs de fumure azotée (kg de N/ha) calculées à partir des fonctions de production avec le rendement obtenu entre parenthèses (dt/ha). Optimum économique indiqué pour un prix d’engrais de CHF 2.– et 8.– /kg de N

Page 44: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Eclairage | Réactions du millet aux apports d’azote

120 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

tions du prix des engrais et du prix du millet à la produc-

tion se répercutent sur la fumure azotée optimale. Les

calculs d’un prix indicatif des engrais de ferme (fumier de

stabulation, lisier complet, précédent cultural et culture

intermédiaire) sont très complexes. Dans la littérature,

on trouve des valeurs comprises entre 4.– et 7.– CHF/kg

de N (Klöble 2009). A partir de la fonction de production

donnée, cela représenterait une fumure optimale sur le

plan économique de 60 et 35 kg de N/ha (fig. 3).

Valorisation de l’azote

A l’exception de celui de Schlieren (2012), tous les essais

ont permis d’identifier un effet des réserves d’azote miné-

ral (Nmin) avant le semis sur le niveau de rendement (tabl. 1).

Toutefois, l’effet de l’azote apporté en supplément sur le

rendement du millet est indépendant des réserves pré-

sentes dans le sol avant le semis, car dans presque tous les

essais, le rendement maximal a été obtenu avec près de

80–90 kg d’azote par hectare (tabl.  1). Il faudrait faire

d’autres essais pour savoir dans quelle mesure les autres

propriétés du sol ou du site peuvent expliquer ces résul-

tats. Sur la base des données disponibles, un rapport direct

ne peut être établi ni entre le niveau de fertilisation et la

quantité d'azote dans la biomasse aérienne du millet (fig.

4), ni entre le niveau de fertilisation et le niveau de fertili-

sation relevé dans le sol après la récolte (fig. 5). Cela peut

venir du fait que le reste de l’azote apporté par les engrais

est encore fixé dans les racines du millet ou qu’il s’est

déposé dans des couches du sol à plus de 90 cm de profon-

deur. Dans les essais de Dietikon et Schlieren notamment,

il est probable que de l’azote fertilisé ait également été

assimilé par les adventices.

��

��

����

��

0 20 40 60 80 100 120

20

22

24

26

28

Fumure azotée (kg de N/ha)

Rend

emen

t (dt

/ha)

Prix de l’azote2 CHF/kg N 8 CHF/kg N

y=22,5+0,065x−0,00035x²

Figure 2 | Rendement en grains du millet comme fonction de la fumure azotée. Ligne grise: rendement maximal, lignes en pointillés: fumure azotée optimale sur le plan économique pour des prix de l’azote de CHF 2.– /kg N (engrais de synthèse) et CHF 8.– /kg N (Biorga), les barres d’erreur correspondent aux erreurs-types.

0 2 4 6 8 100

2040

6080

100

Prix de l’azote (CHF/kg de N)

Opt

imum

éco

nom

ique

(kg

de N

/ha)

Produit du millet (CHF/dt)

130150170190210

Figure 3 | Optimum économique d’apport d’azote pour le millet en fonction du prix des engrais et du prix à la production.

Culture Produit N (min.; max.) P (min.; max.) K (min.; max.) Mg (min.; max.)

MilletGrains 16,6 (15,2, 18,4) 2,8 (2,4, 3,2) 2,4 (1,8, 2,7) 1,2 (0,9, 1,4)

Paille 10,7 (9,3, 11,6) 2,4 (1,3, 3,3) 18,8 (12,6, 25,3) 2,4 (1,8, 2,7)

Blé de printempsGrains 20,2 (18,0, 26,0) 3,6 (3,1, 4,4) 3,6 (2,5, 4,2) 1,2 (1,0, 1,4)

Paille 3,1 (3,0, 7,0) 0,8 (0,4, 1,3) 8,9 (6,6, 11,6) 0,7 (0,3, 0,7)

Avoine de printempsGrains 16,5 (13,0, 19,0) 3,5 (3,1, 3,9) 4,2 (3,3, 5,0) 1,0 (0,9, 1,3)

Paille 4,1 (3,0, 7,0) 1,2 (0,9, 1,7) 17,4 (14,9, 19,9) 1,2 (0,6, 0,9)

Tableau 2 | Teneurs (g/kg de matière fraîche) d’azote (N), de phosphore (P), de potassium (K) et de magnésium (Mg) dans le grain et la paille de blé et d’avoine de printemps (Sinaj et al. 2009) par rapport au millet. Moyennes (minima et maxima)

Page 45: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Réactions du millet aux apports d’azote | Eclairage

121Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

C o n c l u s i o n s

Les rendements en grains ont varié considérablement

d’un essai à l’autre, preuve qu’ils dépendent des condi-

tions locales et saisonnières. L’apport d’azote optimal du

point de vue économique dépend beaucoup du prix des

engrais et du prix à la production. Dans l’agriculture bio-

logique, il est donc conseillé d’opter pour des apports

d’azote à base d’engrais de ferme aux coûts avantageux.

Dans les différents essais réalisés, les apports d’azote plus

élevés n’ont pas conduit à des teneurs en Nmin plus éle-

vées dans le sol après la récolte, ce qui peut s’expliquer

en partie par la présence d’adventices et par leur absorp-

tion d’azote. Les teneurs en éléments nutritifs du grain et

de la paille dépendent davantage des conditions saison-

nières et locales que de la fumure azotée. Par rapport

aux autres variétés de céréales de printemps, la teneur

élevée de la paille de millet en azote doit être prise en

compte pour le bilan de fumure. n

Teneurs en éléments fertilisants

Dans l’évaluation globale, on constate un effet haute-

ment significatif du site de l’essai sur les teneurs en élé-

ments nutritifs des grains et de la paille. Une influence

de l’apport azoté n’a été observée que pour la teneur en

phosphore et en magnésium de la paille: lorsque les

apports d’azote augmentent, ces teneurs augmentent

elles aussi. En outre, il a également été observé que la

variété exerçait une influence sur les teneurs, notam-

ment celles du grain. La variété Quartett affiche par

exemple des teneurs légèrement supérieures à la variété

Krupnoskoroje.

Par rapport à deux autres espèces de céréales de

printemps qui peuvent servir d’alternative au millet

dans l’assolement et pour lesquelles les chaumes sont

comptabilisés dans le bilan de fumure, la teneur élevée

en azote de la paille de millet est particulièrement

remarquable (tabl. 2). La teneur en magnésium, presque

deux fois plus élevée que celle de l’avoine de printemps,

est elle aussi frappante. Il faut cependant savoir que le

rendement du blé et de l’avoine de printemps est sou-

vent supérieur à celui du millet.

Bibliographie ▪ Bélanger G., Walsh J. R., Richards J. E., Milburn P. H. & Ziadi N., 2000. Comparison of three statistical models describing potato yield response to nitrogen fertilizer. Agronomy Journal 92 (5), 902–908.

▪ Hoffmann-Bahnsen R., 2003. Wie viel Stickstoff braucht Rispenhirse (Panicum miliaceum). Untersuchungen zum Stickstoffbedarf und der Dynamik in der Pflanze. Mitteilungen der Gesellschaft für Pflanzenbau-wissenschaften 15, 304–305.

▪ Fuhrer J. & Jasper K., 2009. Besoins en irrigation en Suisse. Rapport final de l'étude «Besoins en irrigation en Suisse (BI-CH)». Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Zurich. 74 p.

▪ Humphrys C., 2005. Anbau von Rispenhirse in der Schweiz: Unkrautbe-kämpfung und Perspektiven einer alten Kulturpflanze. Publié dans:

Unkrautbekämpfung. Neue Technologien, reduzierter Herbizideinsatz und Alternativen, FAL-Tagung, Zurich.

▪ Klöble U., 2009. Bewertungsansätze für interne Leistungen im ökologi-schen Landbau (Workshop). Accès: http://orgprints.org/14334/ [11.12.2013].

▪ Richner W., Flisch R., Sinaj S. & Charles R., 2010. Détermination des nor-mes de fumure azotée pour les grandes cultures. Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12), 410–415.

▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. DBF-GCH 2009 – Don-nées de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 1–98.

Remerciements

Nous remercions la fondation Hauser (Weggis) et BioSuisse pour leur soutien financier.

050

100

150

200

Fumure azotée N (kg de N/ha)

Prél

èvem

ent d

’azo

te, p

aille

et g

rain

(kg

de N

/ha)

0 30 60 90 120

Figure 4 | Quantité d’azote dans la biomasse aérienne du millet (paille et grain) sur quatre sites différents avec un niveau de fumure azotée variable. Légende cf. fig. 5.

020

4060

80

Fumure azotée N (kg de N/ha)

Nm

in a

près

la ré

colte

(kg

de N

/ha)

0 30 60 90 120

2010 Dietikon2011 Sulzbach2012 Seebach2012 Schlieren

Figure 5 | Teneur en Nmin dans le sol après la récolte de millet sur quatre sites différents en fonction de la fumure azotée.

Page 46: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

122

P o r t r a i t

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 122, 2014

Bernard Lehmann, aujourd’hui directeur de l’OFAG, a

grandi avec ses deux frères et sa sœur dans une exploita-

tion agricole du canton de Vaud. Il participe aux travaux

de la ferme dès sa plus tendre enfance: «C’était l’usage

quand on était l’aîné comme moi.» C’est donc tout natu-

rellement qu’il commence un apprentissage agricole et

entre à l’école agricole de Schwand. Ce séjour d’un an en

Suisse alémanique lui ouvre de nouveaux horizons:

«J’étais fasciné par le travail des agronomes. Je voulais,

moi aussi, réaliser des expériences.» Encouragé dans

cette voie par le directeur de son école, le jeune homme

interrompt sa formation pour rattraper les années de

gymnase et passer sa maturité à Lausanne.

Economie agraire et politique agricole

Bernard Lehmann revient à ses premières amours: l’agri-

culture. A l’automne 1973, il part faire des études d’éco-

nomie agraire à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich

(EPFZ). Il les achève en 1977 puis consacre les années sui-

vantes à la recherche agronomique et à sa thèse de doc-

torat, au titre prémonitoire: «Wirkungsanalyse agrarpo-

litischer Massnahmen» (analyse des effets des mesures

de politique agricole). En 1984, Bernard Lehmann entre à l’Union suisse des

paysans (USP), d’abord en qualité de collaborateur scien-

tifique, puis en tant que directeur suppléant. Il y fonde le

groupe Economie agraire et dirige diverses études. Cer-

taines d’entre elles portent sur le dépouillement centra-

lisé des données comptables, assuré aujourd’hui par

Agroscope. Il met au point avec ses collaborateurs un

modèle de simulation pour l’orientation de la production.

Retour à la recherche

En 1991, Bernard Lehmann est nommé professeur ordi-

naire d’économie agraire à l’EPFZ. Il dirige pendant vingt

ans l’Institut d’économie agraire avant de devenir chef

du Département des sciences agronomiques et alimen-

taires. Les dix premières années de sa charge de profes-

seur sont axées sur la Suisse: «Nous menions des études

sur la compétitivité du secteur agricole. La suppression

du contingentement laitier était un sujet brûlant. Nous

concevions des modélisations de la situation actuelle et

de l’avenir de l’agriculture, allant des excédents d’azote

à l’agriculture en 2050.» Les dix années suivantes sont

nettement orientées vers l’international, en particulier

l’Afrique, le Sri Lanka et la Mongolie. «Les sujets de

recherche concernaient le développement de l’espace

rural, de l’autosuffisance au marché, la création de

valeur ajoutée et la surexploitation des ressources.»

La boucle est bouclée

Bernard Lehmann est nommé à la tête de l’OFAG en

2011, succédant ainsi à Manfred Bötsch. Aujourd’hui âgé

de 59 ans, il se souvient de cette période: «La Politique

agricole 2014 – 2017 avait déjà été mise en route. La

tâche qui m’attendait était titanesque mais passion-

nante. J’avais la possibilité de faire avancer les choses.

J’étais plus proche des décideurs.» Les débuts ne sont pas

faciles. Il connaît le domaine par ses précédentes activi-

tés, mais la perspective est différente. Qui plus est, il

continue à suivre quelques doctorants pendant la

période de transition. Bernard Lehmann est donc

aujourd’hui d’autant plus heureux que la PA 14 – 17

puisse être mise en œuvre dès 2014. «Ce fut une expé-

rience très instructive pour moi. J’aime beaucoup travail-

ler avec l’équipe de l’OFAG et le conseiller fédéral Johann

Schneider-Ammann.» Pour se ressourcer, Bernard Leh-

mann passe son temps libre avec sa femme et ses trois

enfants. Il aime le jardinage et possède une petite serre:

«Rien de tel pour garder les pieds sur terre», ajoute-t-il

avec un sourire.

Karin Bovigny-Ackermann, Office fédéral de l’agriculture OFAG

Bernard Lehmann: de profondes racines paysannes

Page 47: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

123

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Une introduction substantielle

En ouverture sont présentés les stades phénologiques

et une classification systématique de la vigne pointant

sur les sources de résistance naturelles aux maladies fon-

giques, nécessaires à une viticulture plus écologique, car

la réduction significative des intrants passe par la créa-

tion de cépages plus résistants. Pour cela, une connais-

sance approfondie de la systématique actuelle des

champignons est requise et l’introduction se termine

avec un important chapitre sur la lutte contre les mala-

dies fongiques.

Description des maladies

Un nouvel éclairage, moitié texte moitié illustration,

est donné de l’ensemble des pathologies fongiques, à

l’échelle macro- et microscopique. Les caractères mor-

phologiques des espèces fongiques sont détaillés en

hors-texte à l’intention des experts en mycologie.

Chaque chapitre se termine par une bibliographie

choisie.

Facilités de lecture

Tous les chapitres se déclinent en deux niveaux de lec-

ture: les informations de base peuvent être enrichies à la

guise du lecteur par des textes plus pointus, qui donnent

accès à de nombreux travaux originaux d’Agroscope ou

d’autres instituts spécialisés dans la recherche viticole.

Un glossaire, un tableau de correspondance des noms

des maladies fongiques de la vigne en français, latin,

allemand, italien et anglais sont proposés en fin d’ou-

vrage, ainsi qu’un index thématique pour faire une

recherche précise.

Le livre existe en version française. Disponible à mi-mars,

il coûte CHF 65.– et peut être commandé à:

AMTRA, Mme Antoinette Dumartheray

route de Duillier 50

1260 Nyon 1

tél. 079 659 48 31

[email protected]

www.revuevitiarbohorti.ch.

Judith Auer et Eliane Rohrer, Agroscope et AMTRA

Maladies fongiques est le premier volume de la collec-

tion La Vigne, qui se composera à terme de quatre tomes

sur les aspects sanitaires (champignons, ravageurs et

auxiliaires, virus et phytoplasmes) et physiologiques de

cette plante, dont la culture occupe une place considé-

rable dans le monde.Ce premier volume, de près de 270 pages, devrait

combler les attentes des scientifiques, formateurs, étu-

diants, vulgarisateurs et du public averti par sa ligne

claire, son format bien pensé et son iconographie

exclusive.

Les maladies fongiques exigent des traitements

répétés durant toute la saison, faisant de la viticulture

un secteur agricole très visé par la protection de l’envi-

ronnement, la réduction des intrants et la qualité de la

récolte. Ce livre tente notamment de répondre à ces

questions cruciales.

La Vigne volume 1. Maladies fongiques

1VOLUM

E

OLIVIER VIRETKATIA GINDRO

LA VIGNE

Agro

scope

|Amtra

MALADIESFONGIQUES

Page 48: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

124 Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

Actualités

ALP actuel no 48

Les systèmes de production laitière basés sur la pâture

sont intéressants du point de vue économique, pour

autant qu’une proportion élevée d’herbe soit valorisée. La

mesure régulière de la hauteur d’herbe pour évaluer le

potentiel fourrager d’une parcelle ou de l’exploitation

permet de confronter l’offre en herbe avec les besoins

estimés du bétail laitier. De telles données aident à

prendre des décisions en matière de gestion des herbages:

adaptation des surfaces pâturées, complémentation avec

du fourrage et/ou des concentrés et utilisation des par-

celles, etc. La comparaison des valeurs relevées avec des

valeurs de référence pour une hauteur optimale peut

aussi s’avérer utile dans la gestion des pâturages. Cette

fiche technique présente les différentes méthodes de

détermination de la hauteur d’herbe des pâturages et

prairies. Bien que la mesure et l’utilisation de la hauteur

d’herbe des pâturages soient au premier plan, la présente

fiche donne aussi quelques recommandations pour les

pâturages à gazon court et les systèmes de pâture tour-

nante en abordant les questions suivantes:

• Comment et avec quelle méthode mesurer la hauteur

d’herbe?

• Les hauteurs d’herbe sont-elles comparables?

• A quoi sert la mesure de la hauteur d’herbe?

• Comment évalue-t-on la masse fourragère?

Fredy Schori, Agroscope

Mesurer la hauteur d’herbe des pâturages et prairiesALP actuel

Mesurer la hauteur d’herbedes pâturages et prairiesFiche technique destinée à la pratique

nº 48 | 2013

Auteur

Fredy SchoriAgroscopeLiebefeld-Posieux ALP-HarasTioleyre 4CH-1725 [email protected]

Les systèmes de production laitière baséssur la pâture sont intéressants du point devue économique, pour autant qu’une pro-portion élevée d’herbe soit valorisée. Lamesure régulière de la hauteur d’herbepour évaluer le potentiel fourrager d’uneparcelle ou de l’exploitation permet deconfronter l’offre en herbe avec lesbesoins estimés du bétail laitier. De tellesdonnées aident à prendre des décisions enmatière de gestion des herbages: adapta-tion des surfaces pâturées, complémenta-tion avec du fourrage et/ou des concen-trés et utilisation des parcelles, etc. Lacomparaison des valeurs relevées avec desvaleurs de référence pour une hauteuroptimale peut aussi s’avérer utile dans lagestion des pâturages.

Cette fiche technique présente les diffé-rentes méthodes de détermination de lahauteur d’herbe des pâturages et prairies.Bien que la mesure et l’utilisation de lahauteur d’herbe des pâturages soient aupremier plan, la présente fiche donne aussiquelques recommandations pour les pâtu-rages à gazon court et les systèmes depâture tournante en abordant les ques-tions suivantes:

• Comment et avec quelle méthodemesurer la hauteur d’herbe?

• Les hauteurs d’herbe sont-ellescomparables?

• A quoi sert la mesure de la hauteurd’herbe?

• Comment évalue-t-on la massefourragère?

Fred

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hori,

Agr

osco

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Impressum

Editeur:AgroscopeLiebefeld-Posieux ALP-Haraswww.agroscope.ch

Rédaction:Christine Caron-Wickli, Agroscope

Mise en page:RMG Design, Fribourg

Impression:Tanner Druck AG,Langnau im Emmental

Copyright:Reproduction autorisée souscondition d’indication de la sourceet de l’envoi d’une épreuve àl’éditeur.

ISSN 1660-7589

alp actuel 48_fr.indd 1 04.11.13 09:33

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Page 49: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

125

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

Actualités

Agroscope Transfer no 1

Les échauffements ou post-fermentations représentent

l’un des problèmes les plus fréquents dans la produc-

tion d’ensilages. Ce sont en particulier les ensilages de

maïs, de bonne qualité et riches en énergie, et d’herbe

préfanée qui sont les plus touchés. Le processus

d’échauffement n’étant pas toujours visible à l’oeil nu,

il passe souvent inaperçu et est sous-estimé. Les post-

fermentations provoquent des pertes d’énergie et une

consommation réduite de fourrage, elles coûtent donc

cher aux producteurs. Ce sont les levures qui en sont les

premières responsables. Sous l’action de l’air qui

pénètre dans l’ensilage lors du prélèvement, elles se

multiplient fortement provoquant un échauffement.

Un compactage insuffisant de l’ensilage favorise la

pénétration d’air, mais la quantité prélevée ou le prélè-

vement quotidien joue aussi un rôle important.

La présente fiche technique porte sur

• l’origine des post-fermentations

• les facteurs principaux: mauvais compactage et

prélévement journalier trop faible

• l’échauffement ou la chaleur résiduelle

• les mesures en cas d’ensilages chauds

• les mesures de prévention des post-fermentations

• conclusions

Ueli Wyss, Agroscope

AnimauxAgroscope Transfer | no 1

Echauffement des ensilages: causes et prévention

Janvier 2014

Auteur

Ueli Wyss

Les échauffements ou post-fermentationsreprésentent l’un des problèmes les plusfréquents dans la production d’ensilages.Ce sont en particulier les ensilages demaïs, de bonne qualité et riches en éner-gie, et d’herbe préfanée qui sont les plustouchés. Le processus d’échauffementn’étant pas toujours visible à l’œil nu, ilpasse souvent inaperçu et est sous-estimé.Les post-fermentations provoquent despertes d’énergie et une consommationréduite de fourrage, elles coûtent donccher aux producteurs. Ce sont les levuresqui en sont les premières responsables.Sous l’action de l’air qui pénètre dans l’en-silage lors du prélèvement, elles se multi-plient fortement provoquant un échauffe-ment. Un compactage insuffisant del’ensilage favorise la pénétration d’air,mais la quantité prélevée ou le prélève-ment quotidien joue aussi un rôle impor-tant.

La présente fiche technique porte sur

• l’origine des post-fermentations• les facteurs principaux: mauvais compac-

tage et prélévement journalier trop faible• l’échauffement ou la chaleur résiduelle• les mesures en cas d’ensilages chauds• les mesures de prévention des post-fer-

mentations• conclusions

Uel

iWys

s,A

gros

cope

Echauffement des ensilages: causes et prévention

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Actualités

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

25.02.2014 NABO goes Cuba: réseau d’observation des sols sur le modèle suisse A Cuba, des émissions de polluants organiques prove-

nant de l’industrie et du trafic routier mettent en danger

les sols agricoles. Aujourd’hui, dans le cadre d’un projet

de recherche commun, le centre de recherche cubain

CENSA et Agroscope mettent en place un réseau d’obser-

vation sur le modèle de l’observatoire national NABO qui

existe en Suisse. Les données sont censées permettre de

déterminer la teneur des sols en substances nocives de

manière systématique, dans deux provinces de Cuba

pour commencer.

20.02.2014 A la recherche des gènes oubliés au cours de l’évolution du blé Le blé tendre est issu de l’addition spontanée et succes-

sive des génomes de trois espèces sauvages. En addition-

nant à nouveau les génomes du blé dur avec celui d’une

graminée sauvage (Aegilops tauschii), on reproduit un

événement qui a probablement eu lieu il y a 10 000 ans.

On peut ainsi recréer des blés tendres primitifs qui consti-

tuent des sources potentielles de gènes disparus au cours

de l’évolution du blé.

18.02.2014 Vidéo «Un fourrage de bonne qualité pour les chevaux» – un outil précieux pour les déten-teurs-trices de chevaux La ration du cheval devrait être composée principalement

de fourrage de qualité irréprochable et riche en structure.

Les détenteurs-trices de chevaux doivent donc connaître

les caractéristiques d’un bon fourrage et pouvoir évaluer

sa qualité. Le Haras national suisse d’Agroscope a conçu

une vidéo qui illustre à quoi il faut faire attention afin de

pouvoir nourrir les chevaux avec un fourrage sain. Dès

aujourd’hui, Agroscope met ce film à disposition des

détenteurs-trices de chevaux sur leurs réseaux sociaux.

17.02.2014 Apparition du vecteur de la flavescence dorée au cœur du vignoble valaisan Pour la première fois, la cicadelle Scaphoideus titanus,

vecteur de la flavescence dorée, a été capturée dans le

vignoble valaisan durant la campagne de surveillance

2013 menée par Agroscope et les services cantonaux de

la viticulture.

13.02.2014 Une résistance durable grâce au cumul de gènes La résistance aux maladies des céréales est un domaine

de recherche important à Agroscope. Les groupes de

pathologie et de marquage moléculaire apportent leur

soutien aux sélectionneurs afin de créer des variétés

naturellement résistantes. Ces variétés permettent de

réduire les apports de produits phytosanitaires, contri-

buant ainsi à l’essor d’une agriculture plus écologique en

Suisse et à l’étranger.

13.02.2014 Aliments pour animaux: étiquetage à améliorer Agroscope est mandatée pour contrôler les aliments

pour animaux de rente et de compagnie (petfood)

commercialisés en Suisse. Elle représente ainsi le pre-

mier maillon de la sécurité dans la chaîne alimentaire.

Durant l'année écoulée, Agroscope a prélevé et analysé

1423 échantillons. La proportion d'aliments pour ani-

maux de rente non conformes a légèrement augmenté

par rapport à l'année précédente et la situation s'est

améliorée en ce qui concerne le petfood.

www.agroscope.admin.ch/communiques

Page 51: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

127

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

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M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Vidéos documentaires d'Agroscope

http://www.youtube.com/agroscopevideo

Les films vidéo documentaires d'Agroscope présentent

de manière informative et divertissante différents

aspects de la recherche et du développement d'Agroscope

pour des produits alimentaires savoureux, une agricul-

ture compétitive et un environnement sain.

Avril 2014

10.04.2014Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras nationalAvenches

Mai 2014

06.05.2014Brauchen Nutztiere Antibiotika?FachtagungETH Zurich, Vetsuisse Zurich et Berne, AgroscopeETH Zentrum, Zurich

06. – 07.05.2014Landtechnik im AlpenraumAgroscope et BLT WieselburgFeldkirch, Autriche

21.05.2014AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der BerglandwirtschaftAgriMontana / AgroscopeLandquart

21.05.2014Fachtagung Düngerkontrolle MARSEP-/ VBBo-RingversucheAgroscopeOFAG, Berne

25.5.2014Breitenhof-Tagung 2014, Treffpunkt der Steinobst-brancheAgroscopeSteinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen

Juillet 2014

06. – 10.07.2014AgEng 2014 ZurichInternational Conference of Agricultural EngineeringAgroscope, ETH ZürichZurich

V o r s c h a u

Avril 2014 / Numéro 4

Le nouveau rapport «Impact éco-nomique, social et environnemen-tal du cheval en Suisse 2013» du Haras national suisse d’Agroscope fournit des chiffres intéressants sur la filière suisse du cheval. (Photo: Carole Parodi, Agroscope)

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

•• La filière suisse du cheval, Lea Schmidlin et al.,

Agroscope

•• Sécurité alimentaire et efficience des ressources –

synergies et conflits d’objectifs, Birgit Kopainsky et

al., Flury & Giuliani GmbH, Millennium Institute et

OFAG

•• Sécurité alimentaire globale – conclusions pour la

Suisse, Barbara Becker et al., ETH Zurich, EPER et

OFAG

•• Les pulpes des betteraves plus riches en matière

sèche présentent une bonne qualité d’ensilage,

Ueli Wyss et Catherine Metthez, Agroscope et

Sucreries d‘Aarberg et de Frauenfeld

•• Régulation mécanique de la flore adventice du

millet, Rosalie Aebi et al., Agroscope

Page 52: Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

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Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’office fédéral de l’agriculture

ofAg, la haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires hAfL,

AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole

polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,

Département des Sciences des Systèmes de

l’environnement. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.

Renseignements : / Infos:Tel. 026 676 63 75

[email protected]

Neunte Jahrestagung NetzwerkPferdeforschung Schweiz

10. April 20149 - 17 Uhr, Théâtre du Château, Avenches

- Öffentliche Tagung mit Vorträgen und Ausstellung- Von der Wissenschaft in die Praxis- Themen wie z.B. Prävention und Krankheiten, Zucht und Ge-

netik, Wohlbefinden und Haltung, Die Pferdebranche in Zahlen- Tagungsgebühren (inkl. Verpflegung):

Normaltarif CHF 120.- (€ 100.-)Equigarde®- Reduktion CHF 100.- (€ 85.-)Studierende, Doktorierende CHF 40.- (€ 35.-)

- Anmeldung* obligatorisch

*Anmeldungen : www.netzwerkpferdeforschung.ch

9ème réunion annuelle du Réseaude recherche équine en Suisse

10 avril 20149 h - 17 h, Théâtre du Château, Avenches

- Journée ouverte à tout public avec exposés et posters- De la science à la pratique- Thèmes comme p. ex. Prévention et maladies, Elevage et

génétique, Bien-être et détention, La branche équine en chiffres- Prix (y. c. les repas):

Tarif normal CHF 120.- (€ 100.-)Participant-e-s Equigarde® CHF 100.- (€ 85.-)Etudiant-e-s et doctorant-e-s CHF 40.- (€ 35.-)

- Inscription* obligatoire

* Inscriptions : www.reseaurechercheequine.ch

harasnational.ch