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Regards sur Bethléem 2 Editorial 3 Eclairage 4 Thème 6 Entretien 7 En bref N° 53, mai 2020

Regards sur Bethléem...cette question agite le système de santé palestinien, il a fallu suspendre les cours en raison du gel de l’aide financière à la Cisjordanie par le Président

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Regards sur Bethléem

2 Editorial3 Eclairage4 Thème6 Entretien7 En bref

N° 53, mai 2020

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2Editorial

« Regards sur Bethléem » est le magazine destiné aux donatrices et donateurs de Secours aux Enfants Bethléem qui paraît quatre fois par an. L’abonnement annuel de CHF 5.00 est inclus dans votre don. / Editeur : Secours aux Enfants Bethléem, Lucerne / Responsabilité : Livia Leykauf, Sybille Oetliker / Collaboration : Linda Bergauer, Riccardo Friede, Carmen Sibbing / Photos : titre, p. 3 et 8, Meinrad Schade ; p. 4, archives de Secours aux Enfants Bethléem ; p. 5, Shayma Awawdeh ; p. 6, private ; p. 7 (en droit), Miral Lama / Impression : Wallimann, Beromünster / Imprimé sur papier recyclé.

Traditionnellement, le mois de mai est « le mois de la femme ». La Fête des mères reste un moment important dans la vie sociale, même si des voix s’élèvent pour dire qu’il n’est pas nécessaire de consacrer une journée spéciale à remercier les mères et les femmes. Pourtant, les nombreuses offres, parfums et brunchs « spécial Fête des mères » attestent d’un besoin bien réel de leur faire des cadeaux et de leur dire merci.

Pour l’Eglise, le mois de mai est le mois de Marie : sa place dans la tradition ecclésiale est unique. Les dévo-tions de mai, les chants et pèlerinages mariaux sont au calendrier de nombreuses paroisses ce mois-ci. Que l’on considère le point de vue social ou religieux, il n’y a pas de différence : les mères donnent la vie au monde. Elles transmettent la vie. Elles sont le cœur de la société. Sans battement de cœur, il n’y a pas de vie. Pourquoi les femmes sont-elles souvent les premières à être atta-quées, blessées ou menacées (avec leurs enfants) dans les conflits et les guerres ? Parce qu’à travers elles, on atteint le cœur même de la société.

J’ai rencontré beaucoup de femmes et de mères dont le vœu le plus cher est de donner « une bonne vie » à leurs enfants – et cela n’a rien à voir avec leur origine, leur nationalité ou leur religion. « Une bonne vie » signifie paix, justice et liberté. Elles ne peuvent pas tout faire toutes seules. Mais bon nombre d’entre elles veillent à éduquer leurs enfants avec le cœur. Afin qu’à leur tour, leurs enfants vivent un jour pour ces valeurs, qu’ils réalisent qu’elles sont importantes pour la vie en commun. De nombreuses femmes s’engagent elles-mêmes pour ces valeurs fondamentales.

Il est de notre devoir à toutes et à tous de soutenir les femmes et de leur permettre de s’engager là où c’était impossible ou mal vu jusqu’à présent. Notre service pour les mères au Caritas Baby Hospital contribue à leur émancipation. Cela compte beaucoup pour moi en tant que présidente de Secours aux Enfants Bethléem. Car il faut que le cœur de la société continue de battre avec force.

Sibylle HardeggerPrésidente Secours aux Enfants Bethléem

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disponibles en ligne :

www.enfants-

bethleem.ch

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3 Eclairage

Pionnier en microbiologie Le laboratoire du Caritas Baby Hospital est l’un des plus importants de Cisjordanie. Un nouveau projet a été lancé dans le but de partager son expertise avec d’autres hôpitaux. Cours et conférences font connaître les normes de la microbiologie moderne.

Le projet « Microbial Stewardship » avait en fait déjà démarré il y a trois ans. Son objectif était de divulguer les techniques de diagnostic en laboratoire dans toute la Cisjordanie, et de réduire ainsi l’antibiorésistance.

Aujourd’hui encore, les antibiotiques sont trop souvent prescrits sans raison valable dans la région. Bien que cette question agite le système de santé palestinien, il a fallu suspendre les cours en raison du gel de l’aide financière à la Cisjordanie par le Président Trump. Même les organisations d’aide américaines ne pouvaient plus mettre de fonds à la disposition de ce projet. Depuis, de nouveaux partenaires financiers ont été trouvés. Le programme a pu reprendre – sous la direction du

Caritas Baby Hospital. Quelque 22 hôpitaux participent au projet, ce qui représente environ 80 % de tous les grands établissements médicaux.

Les diagnostics clairs et corrects sauvent des viesLe Dr Musa Hindiyeh, responsable du laboratoire de l’hôpital, explique le concept : « L’objectif est de faire en sorte que tous les laboratoires hospitaliers de Palestine possèdent les mêmes connaissances. Cela n’est possible que grâce à une formation régulière et à un échange d’informations intensif. » Une grave infection sanguine comme la septicémie néonatale doit toujours être détectée avec certitude et traitée très vite, faute de quoi la vie de l’enfant est en danger. « Ce n’est qu’un exemple de l’importance des laboratoires professionnels de diagnostic dans le quotidien des hôpitaux. »

Le personnel de laboratoire, spécialement formé, se rend régulièrement dans les hôpitaux partenaires pour expliquer comment améliorer les normes de diagnostic microbien dans le travail de laboratoire. Les questions portent sur des points comme : Les cultures bactériennes sont-elles correctement mises en place ? Le laboratoire identifie-t-il les agents pathogènes respectifs des infec-tions ? Ces résultats conduisent-ils à des propositions de thérapies ciblées ?

Exercice avec des échantillons de laboratoire inconnus Chaque année, trois ou quatre séminaires sont orga-nisés au Caritas Baby Hospital pour examiner d’autres normes de diagnostic et s’y initier. La troisième partie est un test pratique où chaque hôpital reçoit cinq échantil-lons de laboratoire du Caritas Baby Hospital avec une information succincte sur le patient. Les échantillons de bactéries sont analysés et les résultats sont renvoyés au Caritas Baby Hospital. Dans un premier temps, le projet doit durer deux ans.

Dans le laboratoire du Caritas Baby Hospital, près de 100 000 tests sont effectués chaque année.

Grâce à des résultats de laboratoire précis, il est possible de prescrire moins d’antibiotiques.

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4Thème

Aliah et deux de ses fils qui sont régulièrement soignés à l’hôpital.

Une mère se bat contre les traditions Aliah A. (57 ans) ne se laisse pas abattre. Cette mère célibataire lutte contre la tradition des mariages consanguins et explique à son entourage les risques qu’ils comportent.

La vie d’Aliah n’a pas toujours été facile : originaire de Dura, une petite ville du sud de la Cisjordanie, cette mère de 57 ans a été mariée à un cousin à l’âge de 22 ans. Deux de ses enfants sont venus au monde en bonne santé, mais elle en a perdu trois autres peu après leur naissance. Les médecins ne savaient pas ce qui avait causé la mort prématurée des enfants.

Le choc du diagnosticAliah a ensuite mis encore trois fils malades au monde : désespérée, elle s’est d’abord adressée à un hôpital de Jérusalem-Est avant de venir au Caritas Baby Hospital. Il s’est avéré que les trois garçons souffraient d’acidémie méthylmalonique, une maladie génétique incurable du métabolisme qui peut entraîner la mort dans une phase aigüe si elle n’est pas traitée. A long terme, les reins, les yeux et le cerveau sont affectés.

Son mari la laisse seule avec les enfantsLes médecins ont établi que la maladie était due à la consanguinité des parents. Son mari l’a alors quittée, il a épousé une autre femme et refusé de subvenir aux besoins d’Aliah et des enfants. Elle s’est retrouvée seule, avec ses cinq enfants à charge : « J’aurais encore pu

gérer la maladie de mes enfants. Mais le plus dur, c’était que tout le monde était contre moi – mon ex-mari, sa famille, ma famille. Ils m’ont reproché la maladie de mes enfants, mais nous sommes tous les deux porteurs de ces gènes. »

« Nous n’aurions pas survécu sans cette aide »Un des trois garçons est décédé il y a quelques années, les deux autres continueront d’être soignés au Caritas Baby Hospital, même après leur majorité. L’hôpital est leur deuxième foyer – et le personnel sait exactement comment soigner ces patients. Une relation spéciale a pu se nouer au fil des années entre leur mère et les collaboratrices du service social de l’hôpital. Elles ont soutenu Aliah, notamment en l’encourageant à créer son propre potager. Elle a donc commencé à semer de la menthe, des épinards et des concombres et a installé une serre sur son lopin de terre. Ces produits frais sont aujourd’hui vendus au marché local.

« Nous n’aurions pas survécu sans cette aide », déclare Aliah avec gratitude. Désormais, elle peut vivre du pro-duit de son travail au potager. Et ce n’est pas tout : elle a réussi à obtenir que ses deux fils en bonne santé se marient hors du clan familial, contre la volonté de son ex-mari et contre la tradition. Elle explique aussi à son entourage quels sont les risques des mariages consanguins : « Je voudrais que personne n’ait à endurer ce que j’ai vécu. »

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6Entretien

Entretien avec Madees KhouryMadees Khoury (MK) est née aux Etats-Unis où elle a fait des études d’économie. En 2013, elle a décidé d’intégrer l’entreprise familiale en Palestine. A 34 ans, elle dirige aujourd’hui la brasserie de Taybeh dans la région de Ramallah. Elle relate ses défis quotidiens dans un entre-tien avec Livia Leykauf (LL).

LL Une brasserie en Palestine, c’est plutôt inhabituel. Comment en êtes-vous arrivée là ?

MK En réalité, à l’époque, mon père voulait ouvrir une petite brasserie à Boston. Mais mon grand-père lui a suggéré de le faire en Palestine. Il a obtenu toutes les licences, les papiers, le terrain. Et toute la famille est rentrée, convaincue que la paix était possible après les accords d’Oslo. C’était il y a 25 ans.

LL Quels défis avez-vous dû surmonter pour brasser de la bière à Taybeh ?

MK Travailler en territoire occupé signifie qu’il y a des défis et des problèmes bien spécifiques. Par exemple : la bière est constituée d’eau à 95 %. Mais Israël nous donne souvent trop peu d’eau pour pouvoir brasser. Ou encore : il nous faut quatre semaines de préavis pour obtenir d’Israël les permis d’exportation et pour clarifier si nous sommes autorisés à passer par le checkpoint et livrer au port ou non. Comme la Palestine n’a pas de frontières propres, tout doit passer par les au-torités israéliennes.

LL Que signifie le fait que le produit est fabriqué en Palestine ?

MK L’enjeu est bien supérieur à la bière elle-même. Il s’agit de l’image de la Palestine à l’étranger. Beau-coup de gens ne savent pas que nous produisons ici une bière de grande qualité selon les règles de la loi de pureté ; ni que nous parlons l’anglais, que nous avons un personnel très qualifié et des entreprises commerciales sérieuses ; ni encore que nous avons une Oktoberfest où des milliers de personnes font la fête ensemble pacifiquement. Les gens sont étonnés et se demandent ce qu’il y a derrière tout ça.

LL Comment cela se passe-t-il pour vous en tant que femme dans cette profession ?

MK Dans le monde entier, la place des femmes dans l’industrie de la bière est délicate. Ici, la culture arabe où les hommes ont un rôle dominant rend les choses deux fois plus difficiles. Surtout avec l’ancienne génération. Me faire accepter a pris du temps. Tout le monde s’accorde à dire que c’est formidable qu’une jeune femme fasse un travail

aussi rude. Mais on préfère parler affaires avec mon père. Du moins, c’était comme ça au début.

LL Vous avez réussi à vous imposer pour diriger l’en-treprise familiale. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Palestiniennes ?

MK L’essentiel, c’est de ne pas abandonner. Si elles souhaitent étudier, accepter un poste ou voyager, elles ne doivent pas renoncer à leur rêve parce que leurs parents ou la société pensent autrement. Les femmes palestiniennes sont fortes, souvent intelligentes, et bénéficient d’une bonne formation. Si elles en ont l’opportunité, elles peuvent faire des miracles.

Vous pouvez lire l’entretien intégral sous www.enfants-bethleem.ch/magazine

La femme d’affaires de 34 ans Madees Khoury est un modèle pour bien des jeunes Palestiniennes.

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7 En bref

La rubrique des donsUn nouveau pyjama coloré

Depuis peu, les enfants du Caritas Baby Hospital ont de nouveaux pyjamas. Pour l’été, ils sont légers et clairs, pour l’hiver, ils sont gris et tout doux. Tous arborent le même logo, mais en différentes couleurs. Dans les unités pédiatriques, le logo qui décore la tenue des petites patientes et petits patients est bleu et vert, tandis qu’il est jaune dans la nouvelle unité d’observation, et rouge dans le service des soins intensifs.

Les pyjamas sont confortables et peuvent facilement être changés par le personnel soignant. Leurs diffé-rentes matières et coupes sont adaptées aux conditions climatiques en Palestine. Cela signifie qu’en hiver, ils sont

aussi chauds que possible et qu’en été, ils sont légers et simples à entretenir. Les pyjamas sont lavés à l’hôpital.

Avec leurs jolies couleurs, ils sont très appréciés des enfants comme de leurs parents. Les grands cercles co-lorés sur le torse leur donnent une touche de gaieté tout en restant uniformes, puisque chaque unité a sa propre couleur. Cela permet de se reconnaitre très vite. Ainsi, le Caritas Baby Hospital présente l’image d’un hôpital professionnel, accueillant et apprécié des enfants, à l’interne comme à l’externe. Grâce à de nombreuses et généreuses donations, nous pouvons rendre le séjour des enfants au Caritas Baby Hospital plus agréable. Cela contribue aussi à leur guérison.

NouvellesLa Garde Suisse Pontificale en visite

Plusieurs fois par an, le Caritas Baby Hospital reçoit la visite de dix jeunes hommes de la Garde Suisse Ponti-ficale. C’est une étape immuable de leur pèlerinage en Terre Sainte. Les Suisses apprécient toujours beaucoup de recevoir des informations sur l’hôpital et d’y faire des rencontres. Cela s’explique peut-être aussi par le fait que nombre d’entre eux sont valaisans – comme le Père Ernst Schnydrig, fondateur de l’hôpital.

Collecte de Noël pour les enfants de Bethléem

Près de deux millions de francs ont été récoltés l’année passée par les paroisses de Suisse lors de la collecte de Noël en faveur de Secours aux Enfants Bethléem. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont contribué à nous aider par leurs actions dans le cadre de cette collecte. Les séances d’informations, bazars, vente des cœurs en chocolat lors de l’action pour l’Avent de Sursee et tous les événements organisés pour récolter des fonds sont, avec la quête de Noël, une ressource essentielle pour continuer le travail au Caritas Baby Hospital cette année encore. Votre soutien fidèle nous est précieux.

Un nouveau site Internet pour le Caritas Baby Hospital

Le Caritas Baby Hospital dispose désormais de son propre site Internet. Sur www.cbh.ps, vous trouverez des informations générales, des actualités sur les traitements proposés et tout ce qu’il faut savoir sur l’hôpital, en arabe et en anglais. Le site est principalement destiné à la popu-lation locale en Palestine, mais il propose également des nouvelles présentant un intérêt pour les personnes qui vivent à l’étranger. Le logo de la façade de l’hôpital a lui aussi été renouvelé. On peut lire Caritas Baby Hospital en grandes lettres, au lieu de Secours aux Enfants Bethléem comme c’était depuis quarante ans.

Le petit patient pose fièrement avec le nouveau pyjama du Caritas Baby Hospital.

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Pour la Suisse romande Secours aux Enfants BethléemChancellerie de l’EvêchéCase postale1701 Fribourgpersonne de référence : Eliane PillerT 026 347 18 [email protected] www.enfants-bethleem.ch

Compte pour donsIBAN CH23 0900 0000 1200 2064 5

Siège principalSecours aux Enfants BethléemWinkelriedstrasse 36Case postale6002 LucerneT 041 429 00 00

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Les mères sont étroitement impliquées dans le processus thérapeutique

Le Caritas Baby Hospital se distingue par une approche thérapeutique globale. Un de ses aspects est l’impli-cation des parents et en particulier des mères dans le traitement. Les femmes peuvent passer la nuit dans le « service pour les mères » et rester proches de leur enfant. Cela favorise le processus de guérison et chasse les peurs des petites patientes et petits patients. Dans les pièces joliment aménagées pour elles, les mères trouvent elles aussi un peu de repos. Chaque jour, elles assistent à une brève présentation sur des thèmes d’ordre socio-médical ou pédagogique. Elles peuvent ensuite partager leur savoir avec les membres de leur famille et leurs amies. Cela contribue à améliorer dura-blement la prise de conscience en matière de santé en Cisjordanie.

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