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Édito  « Je ne pavoise pas » Cette parole de Frédéric Barbier, dimanche soir, résume bien le déqui est de-  vant n ous auj ourd’hui. Nous nous réjouissons, évidemment, de son succès et nous le remercions lui et toute son équipe. Pensons un seul instant à ce qu’aurait été la situation inverse ! Evidemment, ce barrage contre le Front national, et une candidate qui ne cachait pas ses idées extrémistes, ne peut pas tenir lieu de stratégie. Il faut tirer toutes les conclusions de cette élection partielle qui dessine un paysage poli- tique dangereux. Les principaux enseignements peuvent se dire simplement. L’abstention est tou-  jours notable dans les élections partielles. Mais l’élection du Doubs a eu une portée nationale et une forte publicité. Il y a donc une forte proportion d’électeurs qui ne se sent pas concernée par le gouvernement du pays, mesurant ainsi la déance forte qui existe vis-à-vis de la politique. Le Front national poursuit sa progression. Il y a eu plusieurs eets « Charlie »… Et l’un d’entre eux va dans le sens de la xéno- phobie. Le parti de Marine Le Pen solidie son électorat, au premier tour à un haut niveau, et attire de nouveaux électorats au second - un gros tiers de l’électorat UMP dans cette circonscription, selon les premières études. Son message se resserre au- tour de deux grands thèmes, un nationalisme social anti-européen, d’un côté, une hostilité à l’immigration et à l’Islam, de l’autre. L’UMP est en pleine confusion. Nico- las Sarkozy, et la direction avec lui par trop divisée, commettent une faute et une erreur. Mettre sur le même plan les socialistes, qui font pleinement leurs toutes les valeurs républicaines et les frontistes, qui attisent toutes les peurs et exacerbent les conits, est réduire la politique aux intérêts tactiques. C’est une faute morale. Mais c’est aussi une erreur, car le « ni-ni » est tout à fait hypocrite, il est un encourage- ment, et une légitimation, pour une part importante de l’ électorat UMP à voter Front national – et pas qu’au second tour… Le Parti socialiste est en meilleure situation, il démontre qu’il n’y a pas d’issue progressiste dans notre pays sans lui. Les gauches et les écologistes, trop divisés, doivent y rééchir pour dégager ce qui nous est com- mun face à un « bloc-réactionnaire ». Car la menace est là. Le temps presse. L’élection du Doubs cristallise, donc, des évolutions politiques et idéologiques qui étaient en cours. Elle les rend tout à fait explicites. Un aspect positif - si j’ose dire - est que cela intervient tôt, avant les grands rendez-vous électoraux de 2015 et de 2017. Cela nous crée des devoirs impératifs. Celui, d’abord, de la clarté politique pour expliquer partout ce que sont les enjeux et les risques d’impasse pour les Fran- çais eux-mêmes. Celui, ensuite, d’une action plus forte et plus audacieuse pour les politiques que nous menons en France et en Europe. Celui, enn, de l’unité, entre socialistes, bien-sûr, mais aussi pour la gauche et les écologistes qui doivent pren- dre pleinement conscience du moment historique dans lequel nous sommes.  Alain BERGOUNIOU X R e g a r d s d r o i t e    s    u    r     l    a 10 février 2015 - n° 53 Édité par la cellule Veille et Riposte du Parti socialiste

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Édito « Je ne pavoise pas »Cette parole de Frédéric Barbier, dimanche soir, résume bien le dé qui est de- vant nous aujourd’hui.Nous nous réjouissons, évidemment, de son succès et nousle remercions lui et toute son équipe. Pensons un seul instant à ce qu’aurait été lasituation inverse ! Evidemment, ce barrage contre le Front national, et une candidatequi ne cachait pas ses idées extrémistes, ne peut pas tenir lieu de stratégie. Il fauttirer toutes les conclusions de cette élection partielle qui dessine un paysage poli-tique dangereux.

Les principaux enseignements peuvent se dire simplement. L’abstention est tou- jours notable dans les élections partielles. Mais l’élection du Doubs a eu une portéenationale et une forte publicité. Il y a donc une forte proportion d’électeurs qui nese sent pas concernée par le gouvernement du pays, mesurant ainsi la déanceforte qui existe vis-à-vis de la politique. Le Front national poursuit sa progression.Il y a eu plusieurs effets « Charlie »… Et l’un d’entre eux va dans le sens de la xéno-phobie. Le parti de Marine Le Pen solidie son électorat, au premier tour à un hautniveau, et attire de nouveaux électorats au second - un gros tiers de l’électorat UMPdans cette circonscription, selon les premières études. Son message se resserre au-tour de deux grands thèmes, un nationalisme social anti-européen, d’un côté, unehostilité à l’immigration et à l’Islam, de l’autre. L’UMP est en pleine confusion. Nico-las Sarkozy, et la direction avec lui par trop divisée, commettent une faute et uneerreur. Mettre sur le même plan les socialistes, qui font pleinement leurs toutes lesvaleurs républicaines et les frontistes, qui attisent toutes les peurs et exacerbent lesconits, est réduire la politique aux intérêts tactiques. C’est une faute morale. Maisc’est aussi une erreur, car le « ni-ni » est tout à fait hypocrite, il est un encourage-

ment, et une légitimation, pour une part importante de l’électorat UMP à voter Frontnational – et pas qu’au second tour… Le Parti socialiste est en meilleure situation,il démontre qu’il n’y a pas d’issue progressiste dans notre pays sans lui. Les gaucheset les écologistes, trop divisés, doivent y rééchir pour dégager ce qui nous est com-mun face à un « bloc-réactionnaire ». Car la menace est là. Le temps presse.

L’élection du Doubs cristallise, donc, des évolutions politiques et idéologiques quiétaient en cours. Elle les rend tout à fait explicites. Un aspect positif - si j’ose dire -est que cela intervient tôt, avant les grands rendez-vous électoraux de 2015 et de2017. Cela nous crée des devoirs impératifs. Celui, d’abord, de la clarté politiquepour expliquer partout ce que sont les enjeux et les risques d’impasse pour les Fran-çais eux-mêmes. Celui, ensuite, d’une action plus forte et plus audacieuse pour lespolitiques que nous menons en France et en Europe. Celui, enn, de l’unité, entresocialistes, bien-sûr, mais aussi pour la gauche et les écologistes qui doivent pren-dre pleinement conscience du moment historique dans lequel nous sommes.

Alain BERGOUNIOUX

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10 février 2015 -n° 53Édité par la cellule“Veille et Riposte “du Parti socialiste

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Le Pen, père : Président d’honneur ! Jean-Marie Le Pen persiste et signe. En tant quePrésident d’honneur et fondateur du Front natio-nal, en 1972, il s’inscrit dans une ligne et unetrajectoire politique qui n’ont jamais varié depuisdes décennies. Après 60 ans de vie politique, etcinq campagnes présidentielles - 1974, 1988,1995, 2002, et 2007- il développe toujours lesmêmes idées, a toujours recours aux mêmesréexes.

Le rappel au règlement.Chaque intervention duprésident honoraire constitue à la fois un rappelet un signal quant aux fondamentaux du partid’extrême droite. Ne serait-ce que pour bien mon-trer qu’il n’appartient ni à ce qu’il appellel’établishment, ni à l’arc républicain. Ni au « sys-tème ».Pour l’ancien directeur de campagne présiden-tielle de Jean-Louis Tixier Vignancour, lors de lapremière élection présidentielle de décembre1965, « l’inégalité des races »est tenue pour acquise. Il s’agit d’un des lsrouges du langage et desconvictions du vieux leader d’extrême droite. D’où unantisémitisme récurrentdepuis l’expression sur « le point de détail » de laSeconde Guerre mondiale,des années 80, au clin d’œilsur « la fournée d’artistes »visant, notamment, Patrick Bruel, de juin dernier. Notons, d’ailleurs, que cette

récente saillie a été, comme à l’accoutumée,condamnée sur la forme, et non sur le fond, par l’appareil dirigeant du FN.D’où, également, un discours islamophobe tou- jours plus virulent. Jean-Marie Le Pen n’hésitepas à soutenir l’idée de « submersion de laFrance », ni à s’interroger à voix haute sur « leloyalisme des franco-algériens en cas de guerreentre l’Algérie et la France ». Il défend, pied à pied,le récit du dernier roman de Houellebecq etévoque sans ambiguïté « l’explosion démogra-

phique… de dizaines de millions d’immigrés ». Ilcontinue, en fait, à théoriser à sa manière, lalogique et la peur de « l ‘invasion »et du « grandremplacement » , tout en restant président d’hon-neur et parlementaire européen d’une formation

politique qui prétend concourir à l’alternance.Il prend ainsi fait et cause pour Aymeric Chau-prade, chef de la délégation FN au ParlementEuropéen quand celui-ci considère que les « musulmans forment une cinquième colonnede terroristes potentiels ». Manièrei de justier rétrospectivement son passé en Algérie.

De Pierre Poujade à Jean-Louis Tixier Vignan-cour. A ces déclarations, qui fonctionnentcomme autant de signaux d’une cohérence multidécennale, pendant que la Présidente du Mouve-ment s’essaie à la « dédiabolisation » de celui-ci,s’ajoute une culture « ultra libérale »voire d’ins-piration « Reaganienne » sur le planéconomique et social. Jean-Marie Le Pen part tou- jours en croisade contre la scalité et les droits desuccession, dans les pas de Pierre Poujade, sonpremier mentor. Il entend supprimer l’impôt desolidarité sur la fortune, placer la Sécurité socialeen concurrence avec les assurances privées,

refuse l’intervention et larégulation de l’État etdéveloppe sans cesse lethème de « l’assistanat »pour mieux stigmatiser les chômeurs et lesprécaires. Il demeure vio-lemment hostile au rôleet à la mission des orga-nisations syndicales et àla démocratie sociale,

dans la société et l’entreprise.

La référence à la Seconde Guerre mondiale et àla guerre d’Algérie représente une constanteindépassable et incontournable chez lui. Avec,évidemment, une lecture faisant la part belle àl’idéologie de la Révolution nationale et de l’Or-ganisation de l’Armée Secrète. Il est vrai que Jean-Marie Le Pen doit l’essentiel de ses premierspas en politique nationale, à l’ombre tutélaire dePierre Poujade, tout d’abord – il a été élu députépoujadiste, le 2 janvier 1956 - puis, à Tixier Vignancour, surtout ; l’homme qui a contribué à

assurer la défense de Philippe Pétain, en 1945,a pris en charge celle de Raoul Salan, patron del’OAS, général à la tête de la tentative du putschd’avril 1961, en Algérie, et de Jean Bastien-Thiry,principal inspirateur de l’attentat du Petit Clamart

2 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE

Chaque intervention du président honoraire

constitue à la fois un rappelet un signal quant aux

fondamentaux du partid’extrême droite

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contre le Général de Gaulle, en août 1962.En fait, Jean Marie Le Pen reste pétri d’une cultureanti-républicaine, anti-gaulliste, anti-égalitaire.Son comportement et ses attitudes, après lesattentats sanglants du début janvier paraissent,de ce point de vue, révélateurs. Il a ainsi moquél’unité nationale, et donc la grande marche répu-blicaine du 11 janvier, avec ce propos : « une unitéde ce gabarit là, nous n’en sommes pas » .Il a encouragé la première responsable du FNà rester à l’écart des rassemblements. Il s’estmême permis d’apporter sa pierre à la théoriedite « du complot »,s’interrogeant publique-ment sur le nombre et laspontanéité des pan-cartes « je suis Charlie »et se permettant dereprendre à son compteune formule de RobertBrasillac : « le sang qui acoulé est toujours un sang pur » . Il a ennestimé utile de parler de « Charlie Martel », enopposition à « Charliebusiness ». En clair, toutela panoplie de la polé-mique d’extrême droite.

En fait, les références permanentes et appuyéesà l’idéologie d’extrême droite de Charles Maurraset Tixier Vignancour, ont toujours cours au FN àtravers son président d’honneur, en particulier.Il s’agit d’autant de marqueurs adressés à nom-bre de militants et de sympathisants d’extrêmedroite, mais aussi à une majorité de cadres duFront national. Les contradictions tactiques ousémantiques affichées avec Florian Philippot etMarine Le Pen ne sauraient faire illusion, au-delàd’un jeu de rôles désormais bien rôdé. Les fonde-

ments de l’idéologie du FN n’ont pas changé ; cesont toujours les mêmes. Stigmatisation de l’au-tre, priorité aux réexes identitaires, récit dudéclin programmé, rejet viscéral de la Répu-blique, antisémitisme implicite, islamophobieexplicite, nationalisme exacerbé ; au point demarteler à plusieurs reprises, il y a quelquesmois, que le virus Ebola pourrait être « le moyende régler le problème de l’immigration ». Sansparler des tentatives de minoration, voire deréhabilitation relative, du rôle de Vichy pendantla Seconde Guerre mondiale, ou de la nostalgiede l’Algérie française.

Une distribution des rôles bien huilée. Ces rap-pels à l’ordre ne sont jamais contestés sur le fond

par la Présidente du FN ou ses porte-paroles, quise contentent de s’exprimer sur l’opportunité oula manière. Il n’y a pas d’aggiornamento intellec-tuel entre « les anciens et les modernes » pour lasimple raison que la pensée fondamentale del’extrème droite française reste la même. On l’abien vu encore, lorsque Marine Le Pen a peiné àcondamner le principe du recours à la torture, endécembre dernier, approuvant spontanément leprincipe, dans un premier temps, avant de serétracter laborieusement, quelques heures plustard.

En réalité, la vraie diver-gence entre le présidentd’honneur du FN et saprésidente en exerciceporte sur la stratégieet l’ambition politique.Marine Le Pen, commeBruno Mégret en sontemps, souhaite gagner les élections nationales eten particulier l’électionprésidentielle, pour accé-der au pouvoir suprême,an de l’exercer en touteresponsabilité. Jean-Marie Le Pen, denouveau candidat en

PACA aux élections régionales, fournit la feuillede route, pose les marqueurs et fournit la tona-lité, fondée sur le repli nationaliste contrel’Europe, et xénophobe contre la République,sans pour autant envisager concrètement l’exer-cice des responsabilités gouvernementales. Auprintemps 2002, il s’était d’ailleurs montré inca-pable d’élargir son inuence au-delà de 18 % audeuxième tour de scrutin, face à la mobilisationspontanée et exemplaire, à l’époque, de tous lesrépublicains.

Nous sommes en présence d’une distributiondes rôles qui n’altère en rien l’essentiel, l’aversionde ce mouvement politique pour les valeurs dela République, au prot d’une idéologie de divi-sion, de stigmatisions et de guerre civile plus oumoins larvée.Préférant toujours l’inné à l’acquis, l’identité àl’égalité, le FN perçoit l’aspiration à l’émancipa-tion comme un risque, la citoyenneté comme uncontre-temps de l’Histoire.Le vrai récit du FN reste celui du déclin, avec sesboucs-émissaires et ses « coupables » ; ce lan-gage exploite les peurs, hiérarchise les citoyensen fonction de leurs origines de leurs croyancesou de la couleur de la peau. La laïcité n’est qu’ins-trumentalisée pour servir une cause politique..

NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE3

Il s’agit d’autant de marqueursadressés à nombre de militantset de sympathisants d’extrême

droite, mais aussi à une majoritéde cadres du Front national.

Les contradictions tactiques ou sémantiques affichées avec Florian Philippot et Marine LePen ne sauraient faire illusion.

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Son projet n’est pas de ras-sembler mais de diviser.Il rejette tout message uni-versel au nom desfrontières, de l’origine et durepli identitaire et nostal-gique. Il incarne uncourant de pensée qui n’a jamais accepté le sensmême de la RévolutionFrançaise, c’est-à-dire lacontestation de l’ordre

naturel des choses, aunom du progrès humainet de la raison critique. Jean-Marie Le Pen dit lavérité sur le FN, il le connaitbien, il l’a fondé et il endéfend le dogme. MB

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Le vrai récit du FN reste celui dudéclin, avec ses boucs

émissaires et ses « coupables » ; ce langage exploite les peurs,

hiérarchise les citoyens en fonction de leurs origines de

leurs croyances ou de lacouleur de la peau.

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ce débat, sur les quartiers périurbains,alors qu’il existe aussi des zones de relé-gation dans les espaces ruraux, à l’aban-don, parce que privées d’équipements,et qui subissent, de ce point de vue, lemême sort que les quartiers urbains.Et ne parlons pas des outremers, totale-ment absentes des débats et systémati-quement exclues de la pensée républi-caine. En Guadeloupe, en Martinique eten Guyane, le taux de chômage est ainsitrès élevé, la crise sociale est immense,l’abandon est collectif.L’apartheid territorial concerne donc, enpremier lieu, les quartiers périurbains, leszones rurales, mais aussi et peut-êtremême surtout, les espaces ultramarins etpostcoloniaux, qui occupent une placemajeure, à l’échelledu territoire, ce quireprésente une forteminorité du « terri-toire national ».Le Premier minis-tre a évoqué, par ailleurs, un apar-theid social qui sesuperpose à l’apar-theid territorial.

Avec la crise, un cli-vage extrêmementfort s’est créé, lais-sant transparaîtredes zones où l’em-ploi est en déshé-rence, depuis plus de trente ans, à lasuite de l’effondrement du tissu industrielet du choc post-Trente glorieuses. Dansd’autres cas de gure, c’est l’absence dedéveloppement économique séculaire,

comme dans les outremers ou les zonesrurales, qui en est la cause. Tant et sibien qu’un gouffre s’est creusé entre ceuxqui vivent « en ville »et y possèdent unemploi et les autres, qui en sont excluset qui comptent parmi les quelque 10 à12 millions de marginaux que comptela société française.Manuel Valls a employé un troisièmeterme, qui, jusqu’alors, était absent duvocabulaire des politiques et des élitesintellectuelles : l’apartheid ethnique, quise superpose aux deux autres. Julien Drayestime qu’il n’a jamais été pensé commeun système, en France. Sur ce point, il a àla fois raison et tort. Un impensé peut, en

effet, produire le même effet qu’une véri-table politique structurée. L’ancien prési-dent de la République, comme une grandepartie de la droite, refuse le parallèle lin-guistique, car, « l’apartheid, c’est la loihonteuse qui, entre 1948 et 1994, a fait régner une inégalité des droits entre lesNoirs et les Blancs, en Afrique du Sud »,et il se montre « consterné qu’on puisseassimiler la République française, qui ga-rantit des soins gratuits, l’école gratuite »,à un tel système structuré et raciste.Le Premier ministre socialiste aurait ététrop loin, en « comparant la Républiqueà l’apartheid… »Manuel Valls lui répondrasans hésitation que « L’erreur, la faute,c’est de ne pas avoir le courage de désigner cette situation, peu importent les mots.

Moi, j’ai utilisé toujoursles mêmes mots depuisdix ans, parce qu’ils di- sent la réalité. »Les quartiers dont nousparlons, en décorum dece débat, ont étéconstruits dans les an-nées 1970, pour répon-dre à la crise des bidon-villes, à l’implantation

des primo-arrivants etdes gens issus des cam-pagnes. À l’époque, ils’agissait d’un espacede promotion sociale eturbaine où l’on vivait

mieux qu’antérieurement. Ceux qui sesont trouvés en capacité de partir l’ontfait pour acquérir un bien immobilier,tels les pieds-noirs, les Portugais ou lesAlgériens, repartis au pays pour y prendre

leur retraite. Ils n’ont rien laissé à leursenfants, lesquels n’ont pas été, depuis,en capacité d’investir ou de prendre unelocation dans les centres-villes ou les es-paces périurbains « neutres ».À ces enfants d’immigrés, se sont super-posés les « primo-arrivants ». J’ajouteque les villes dans lesquelles ces popu-lations vivent n’ont pas été penséescomme des espaces susceptibles de seraccrocher aux grandes métropoles, avecleur propre tissu économique. Elles seretrouvent donc marginalisées, sans lamoindre autonomie. Cette situation estsimilaire à celle des colonies. Là-bas, cefurent des politiques pensées, ici des stra-

« L’apartheid territorial concerne,en premier lieu, les quartiers

périurbains, les zones rurales,mais aussi et peut-être même

surtout, les espaces ultramarinset postcoloniaux, qui occupent une place majeure, à l’échelledu territoire, ce qui représente

une forte minorité du « territoirenational. »

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tégies d’abandons des politiques de l’im-pensé. Cette « politique de la race »sansle savoir, et sans le vouloir, a pourtantproduit une situation de ségrégation ma- jeure, sans même que nous ayonsconscience que cela est systématique, àdéfaut d’être un système.Nos Bantoustans sont aujourd’hui les ou-tremers, parce qu’elles sont pensées ainsi.Avec de multiples dérogations d’ordre -nancier, économique, bancaire… Et desquartiers populaires qui sont penséscomme des villes à part, dotées de poli-tiques éducatives propres ou des zonesprioritaires, calquées sur le modèle del’Algérie coloniale, sont devenus avec letemps (1975-2015) de véritables ghettosethniques. N’oublions pas que le mot« bidonville » a été inventé dans l’Algériedes années 1950. Dans notre pratique in-consciente, nous avonsmis au point une car-tographie parfaitementmaîtrisée, celle qui per-mettait autrefois de gé-rer les populations, aunom d’un espace ter-ritorial donné et d’unestructuration sociale

en difficulté. Une poli-tique de la race répéti-tive, au nom de la Ré-publique, sans doutehéritée de vieilles pra-tiques coloniales, sansmême que nous ayonsconscience que nousfabriquions une so-ciété à deux vitessesdans un monde où la

citoyenneté est désor-mais partagée, maissa pratique ségrégée.Comme l’écrit Eric Fassin dansLibération, « nonobstant les valeurs républicaines,les bons principes et les belles paroles,les politiques menées depuis des décennies provoquent la relégation, la ghettoïsation,la discrimination et la stigmatisation quitouchent en France des populations dé-nies par leur origine, leur apparence ouleur religion. » Alors, oui, un apartheids’est imposé à notre pays, mais la questionaussi demeure : qui en est la cause, com-ment en est-on arrivé là, comment allons-nous en sortir ? Vaste question. Faire un

constat, sans être capable de tirer le l durécit pour en arriver là, c’est faire un demi-diagnostic.De fait, il faut aller plus loin que les pre-mières lectures du discours du Premier ministre. Le problème n’est donc pas ex-clusivement et uniquement urbain. Lesréponses politiques et techniques qui de-vront être apportées devront aussi tenir compte des questions humaines. Avantles attentats des 7, 8 et 9 janvier, AmedyCoulibaly était intégré dans un réseau desociabilité. Ce n’était pas « un territoire perdu de la République » , son récit per-sonnel était plus complexe. Il n’était doncpas totalement en marge de la société.Sa problématique n’était pas urbaine, maiscitoyenne, sans doute identitaire.Nous devons questionner l’enjeu de la ci-toyenneté qui traverse notre pays. Car,

dans la notiond’apartheid, il y aceux qui se trouventd’un côté du miroir et ceux qui sont del’autre côté. À 6 ou 8ans, certains gaminsse situent déjà par-faitement dans ce

monde, ils savents’ils sont dans lanorme ou à la marge.C’est terrible, c’estbrutal, c’est désespé-rant. Ils ont saisi lescodes de l’environne-ment dans lequel ilsévoluent. Faute d’agir sur l’humain, les troismots prononcés par

Manuel Valls devien-dront systémiques.Nous n’en sommes

plus très loin. Nous devons affiner le diag-nostic, accompagner les process conduisantaux solutionnements et, surtout, ques-tionner le temps long. Le présent, surtouten République, est le fruit de notre viecommune, depuis 1789. Nous sommesles enfants de la Révolution, mais ausside la colonisation, les porteurs des valeursde la Résistance, mais aussi les héritiers dusexisme qui ne donnera le droit de voteaux femmes qu’un siècle et demi aprèsl’affirmation des « droits de l’homme ».Ces paradoxes sont au cœur de nos identités

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« Nos Bantoustans sont aujourd’hui les outremers,

parce qu’elles sont penséesainsi. Avec de multiples

dérogations d’ordre nancier,économique, bancaire… Et desquartiers populaires qui sont

pensés comme des villes à part,dotées de politiques éducatives

propres ou des zones prioritaires, calquées sur lemodèle de l’Algérie coloniale, sont devenus avec le temps (1975-2015) de véritables

ghettos ethniques. »

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actuelles. Pour autant, nous avons beau-coup de mal à questionner le pourquoi lepays des droits de l’homme, celui qui a in-venté l’intégration et prôné des valeursuniverselles, a pu enfanter l’œuf et le serpent,en même temps. Complexe…

Comment faut-il interpréter la crise ac-tuelle ? Peut-on le faire, comme en 2005,avec les grandes « émeutes » dans les ban-lieues ?

Les émeutes ont rendu visible ce quel’ensemble du tissu sociologique et poli-tique ne voyait pas, ne voulait pas voir.La question des espaces périurbains etdes banlieues a surgi au début des années1980. Elle a été gérée sous l’angle de lacrise économique, pour l’essentiel, et doncde l’emploi. Ceux qui en sont dépourvusse retrouvent à la marge de la société.Avec la n de la crise, les esprits se cal-meraient, pensait-on. Ceux qui en sontdépourvus se retrouvent à la marge dela société. Avec l’idée qu’en solutionnantle problème du chômage, il serait possiblede résoudre tout ou partie des difficultésque rencontrent les jeunes des quartiersdéfavorisés. Le même raisonnement avalu pour le FN. Parti de crise, il n’aurait

pas de pérennité… En clair, la résolutiondes difficultés économiques favoriseraitsa disparition. Or, la réalité est tout au-tre… Les attentes d’une partie de ces hé-ritiers des immigrations postcolonialeset des nostalgiques populistes de l’Algériefrançaise et de Vichy sont aussi identi-taires, culturelles, politiques. PlusieursFrance s’entrechoquent et s’affrontent.Désormais, on commence à comprendreque l’économique n’est pas la seule clé

d’explication. Certains ne partagent pasles valeurs républicaines, d’autres affichentun racisme sans masque, et beaucoupse sentent ou s’affirment, même commedes Français de l’extérieur, à la fois d’iciet aussi de là-bas, comme des étrangers-indigènes chez eux.Comme une situation d’apartheid, il y ales « souchiens » et face à eux des « bandes de zoulous » ou des « sauva-geons » vivant dans les « territoires perdusde la République », dont les plus fana-tiques basculent dans l’intégrisme isla-miste, devenant ennemis de l’intérieur et de l’extérieur avec ce voyage dans lesténèbres vers la Syrie en guerre. Tout cela

s’est installé en dix ans (2005-2015), nousparlions alors - aux Editions de la Dé-couverte - d’une « fracture coloniale »,nous sommes désormais en « guerreidentitaire ». On peut s’aveugler, refuser de voir cette situation, hurler avec lesloups et se gargariser du déclin de laFrance, mais on ne solutionne rien, car on oublie que ce genre de situation esttoujours complexe.

À ces problèmes, s’ajoutent donc une criseidentitaire, la reconnaissance sociologiquede la nationalité française, la peur de l’en- vahissement et du déclin, qui font que le FNpoursuit sa montée en puissance, commel’ensemble des partis populistes, en Europe.

Oui. La crise de 2005 a, elle aussi, renduvisible ce qui était déjà perceptible, au-paravant, depuis le début des années80, mais qui n’avait jamais pris une telleampleur. Une grande partie du territoirese trouvait, d’ailleurs, dans le même étatde mal-être que ressentaient plusieursmillions de personnes, l’humain et l’urbainétaient déjà en crise. Les banlieues sesont révoltées , ensuite, parce qu’elles sesont senties reléguées, oubliées. Ce futalors un cri qui ne fut pas entendu par

les politiques. La demande n’était - passeulement - rénovation urbaine, maiscomment faire de ces millions de jeunesdes Français à part entière, à part égale.Nous n’avons pas compris. La fracture

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est devenue un gouffre, on leur parlait dedevoir, on oubliait les droits. D’autres ontsorti les Karcher et joué avec l’identité na-tionale, et à jouer avec le feu on se brule.Cette date de 2005 marque donc bien unbasculement qui coïncide avec unerétraction terrible sur les enjeux identitaires.D’ailleurs, rétrospectivement, trois évènementsimportants ont marqué cette année : le débatau Parlement sur les articles 1 et 4 de la loidu 23 février sur la colonisation, les indigèneset les victimisations (1). Un thème sensiblequi a valu à une partie de la gauche de voter ces deux articles, plus de cinquante ansaprès le début de la guerre d’Algérie. 2005,c’est aussi l’année de l’appel des « Indigènesde la République »qui se dénissent commeun mouvement de protestation antiraciste,qui a contribué à durcir le discours d’unepartie de la jeunesse, auquel nos élitesont eu beaucoup de mal à répondre.Ce durcissement amarqué une vérita-ble « communitari- sation » des com-bats, incomprise par la classe politique.Personne n’a su par-ler à ces popula-

tions, alors qu’aumême moment, desdizaines de livres,numéros spéciauxet colloques pla-çaient la questioncoloniale commeune réexion ma- jeure - 18 mois plustard, tout cela n’avaitplus de consistance,

relégué comme unquestionnementsecondaire que ve-nait remplacer lavictoire idéologiquede Nicolas Sarkozy.Nous n’avons fait que nous focaliser sur ceux qui subissaient les discriminations,dans les quartiers populaires, sans com-prendre qu’une société d’intégration sefait aussi de part et d’autre. Ce qui signieque l’on s’est peu soucié d’expliquer lepourquoi de la rénovation urbaine, dèslors que l’on ne se sentait pas directementconcerné et qu’aucun travail foncier n’avaitété effectué, au cours de la décennie qui a

précédé, sur le reste de la société. Et, comme,dans le même temps, le FN a étéle seul parti à évoquer ces questions, sadialectique sur le thème « ils ne peuvent pas s’intégrer », « ils ne sont pas commenous », « ils nous prennent nos emplois… »,a parfaitement fonctionné sur les marchés,le dimanche matin, dans les débats publics,dans les médias, et en toute autre cir-constance, avant d’être repris par une poi-gnée d’intellectuels et de publicistes mé-diatiques qui vont imposer leur règle du jeu aux débats politiques.

Nous nous trouvons dans un aveuglementabsolu, sans avoir saisi le sens des émeutesde 2005, alors qu’elles auraient dû agircomme le détonateur d’une prise deconscience des élites et du personnel poli-tique sur le travail qu’il fallait faire, àl’échelle de la société.

Oui. Si les mesures quiseront prises dans lesprochaines semaines neconcernent que le périur-bain et les populationsqui sont censées chanter la Marseillaise, le matinà l’école, nous allons à

la catastrophe. Ne serait-ce que parce que 80 %de la population fran-çaise ne seront pasconcernés par les poli-tiques publiques et qu’ilsseront tentés de voter FN,ayant peurs de se faireenvahir par ces « enfantsillégitimes »de la Répu-blique coloniale. Ne ren-

dons pas incompréhen-sibles les efforts qui doi-vent être faits sur l’ur-bain, l’éducatif, le socialou le culturel. Il faut agir

et expliquer, mobiliser et faire œuvre depédagogie. .Si nous ne parvenons pas à rendre leur erté aux enfants des banlieues, en leur disant clairement, qu’ils sont français etlégitimes, les ultras s’en chargeront, et ilsseront attirés par d’autres valeurs quecelle de la République. L’absence de muséeconsacré à l’immigration, la colonisationou à l’esclavage est, de ce point de vue,symptomatique du refoulé. Rien sur le

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« Si les mesures qui seront prises dans les prochaines

semaines ne concernent que le périurbain et les populations

qui sont censées chanter laMarseillaise le matin à l’école,nous allons à la catastrophe.Ne serait-ce que parce que 80% de la population françaisene seront pas concernés par les politiques publiques et

qu’ils seront tentés de voter FN,

ayant peurs de se faire envahir par ces « enfants illégitimes »de la République coloniale. »

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destin qui a fabriqué la Nation, avec sacomplexité et ses parts d’ombre. Les pieds-noirs, les Harkis, les Antillais, les enfantsde l’immigration algérienne ou sénégalaisefont partie d’une même histoire. À aucunmoment, on ne les rend ers de ce récit,pas plus qu’on ne l’explique. Ceci pose unproblème de citoyenneté. Lorsqu’ils vontà l’école, ils ont le sentiment, souvent justié, d’être les ennemis de la Nation,en terme d’héritage. De fait, ils se trouventsous l’emprise d’un colonialisme incons-cient, toujours vivace dans le récit national.Nous sommes là dans une impasse. Pour peu que nous n’yprenions garde,cette situation peutnous conduire àl’Aapartheid mé-moriel. Ce, d’autantplus, que de nom-breux jeunes peu-vent être tentés departir en Syrie ouen Lybie, en quêted’un autre destin,se sentant pour toujours hors hexa-gone, illégitimes de

naissance.Il s’agit là d’un in-dicateur et d’un si-gnal d’alarme forts,au même titre que ces vidéos de Dieu-donné, aujourd’hui visibles sur la toile,en très grand nombre, dont le succès dé-montre que certains discours se substituentdésormais à ceux de la République, avecune efficacité évidente, surfant sur l’inca-pacité de la République à parler à tous. La

communautarisation des débats dans lesquartiers est tout autant le fruit du rejetdes populations qui y vivent, que d’unepropagande active de certains extré-mismes, qu’un héritage de pratiques co-loniales non déconstruites. La lutte contrela ségrégation et la disparition des zonesde relégation est essentielle, en mêmetemps qu’il nous faudra engager uneconquête des cœurs et rappeler aussi lesdevoirs que nous avons tous envers laRépublique. Mais nous ne pouvons im-poser une valeur comme la laïcité, l’expli-quer, la partager, sans comprendre quela fraternité ou l’égalité sont en berne. Ellenous concerne tous, et non quelques-uns.

Nous n’avons pas compris que cela étaitun débat prioritaire et en subissons lour-dement les conséquences, au seul protdu repli.Après les émeutes de 2005, nous avonseu le tort de nous concentrer exclusivementsur l’urbain et la politique de la ville, sansnous préoccuper de la question périur-baine, des questions de mémoire, d’identité,de culture, ce qui nous a conduit à l’im-passe. Lorsque j’ai travaillé avec le ministèrede la Ville sur les enjeux de mémoire,d’histoire et de patrimoine, dans le cadred’un rapport en 2013 (2), beaucoup ont

été hyper-sensibles àces enjeux. Mais les po-litiques - comme leshaut-fonctionnaires -ont jugé que c’était unequestion secondaire,donc non-prioritaire, etdonc pas partie-pre-nante des politiques pu-bliques. Ce n’est jamaisprioritaire, et, au nal,la révolte gronde et onne la comprend plus.Bien plus, au regard desmilliards investis, on

trouve que les ban-lieues sont des puitssans fond… Que toutcela ne sert à rien.

Cette situation traduit souvent, dit-on,l’« échec » de la politique de la ville, menéede longue date, dans le pays. Doit-on dresserun bilan à ce point négatif ? Qu’est-ce qui n’apas fonctionné ? Où sont les insuffisances ?Que faut-il en retenir ?

La politique de rénovation urbaine ne setraduit pas seulement par un échec. Cer-tains quartiers sont ainsi mieux aménagés,ont été rénovés, et, aujourd’hui, on y vitmieux que dans le passé. Paradoxalement,la politique de la ville, sur fond de luttecontre la fracture territoriale, a cependantéchoué. Ce, parce que l’on a jamais travaillésur les frontières. Tant et si bien que nousaccusons un gros retard sur les réseauxde transports existants. Il est ainsi plusfacile, pour un orléanais, de se déplacer sur Paris, que pour un habitant de Trappes. J’ajoute que les problèmes liés à la sécurité,la violence ou la drogue, n’ont fait qu’em-pirer, pour combler l’absence de potentiels

« L’absence de musée consacréà l’immigration, la colonisation

ou à l’esclavage est, de ce point de vue, symptomatique durefoulé. Rien sur le destin quia fabriqué la Nation, avec sa

complexité et ses parts d’ombre.Les Pieds-noirs, les Harkis, les

Antillais, les enfants del’immigration algérienne ou

sénégalaise font partie d’unemême histoire. »

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économiques. La droite a mis n à lapolice de proximité, dont le rôle s’avéraitpourtant essentiel pour maintenir la paixet assurer la présence de services publicssur des territoires, aujourd’hui à l’abandon.Or, la notion de proximité y est essentielle.Pourquoi, dans ces conditions, un jeunemédecin accepterait-il de s’installer dansun quartier populaire ? Il ne serait paspayé, se heurterait à de nombreux pro-blèmes, serait confronté à de multiples« cas sociaux », sans pour autant bénécier de l’aide de l’État… Il va donc voir ail-leurs….Le constat vaut tout autant pour l’éducation.L’une des principales responsabilités de laRépublique est d’avoir oublié la notion d’ac-compagnement, de promotion sociale, de

tutorat. Ce qui nécessite de repenser le sys-tème - et pas juste en terme de morale -, enévitant d’orienter systématiquement lesélèves issus des milieux défavorisés versles lières techniques - comme un destinpré-écrit - et en prenant soin d’améliorer les conditions salariales des enseignantsqui, pour la plupart, tombent en dépression,au bout de quelques mois dans les ZEP.Ces profs-là sont les véritables « cavalierschevaliers » de la République qui ont lecourage de se battre dans les quartiersdéfavorisés. Ils méritent donc notre re-connaissance, et des salaires à la hauteur de leur mission. Or, pour l’heure, la politiquede la ville a échoué économiquement eten terme d’éducation, en dépit de la créationdes zones d’éducation prioritaire (ZEP),dont la vocation est pourtant de lutter contre la discrimination territoriale. N’ou-blions pas l’humain, l’enseignant. C’est luiqui se retrouve confronté aux difficultésde la vie quotidienne. Lui qui fait chanter laMarseillaise aux élèves, qui organise laminute de silence, quelques jours seule-ment après les évènements des 7, 8 et 9 janvier derniers. Le tout, devant des gaminsqui se sentent exclus, mal aimés de la Ré-publique, dont les parents sont au chô-mage, et dont on souhaiterait qu’ils soient,subitement, à l’unisson de la Nation.L’union nationale ne se décrète pas. C’estune dynamique au quotidien de consciencecitoyenne qui, à un moment donné, s’en-

clenche, mais il faut en permanence êtrelégitime chez soi, ici en France, pour quetous ses habitants se sentent partie-pre-nante du récit national. Il faut aussi être

capable de l’expliquer à des jeunes qui vi-vent désormais sous l’emprise de messagesintégristes ou manipulateurs diffusés, de-puis des années, sur internet. Avec des re-pères fondamentalement différents desnôtres, car en quête d’explications simplistessur le monde, s’identiant à des conitsidentitaires lointains, pour mieux com-prendre leur marginalisation, ici.Encore un mot. Le 11 janvier dernier, le pré-sident de la République s’est rendu - avec lePremier ministre - à la Grande Synagoguepour rendre hommage aux victimes desattentats. Il a, cependant, omis de rejoindreensuite (ou avant) la Grande Mosquée, enhommage aux musulmans disparus aucours des attentats. Pourquoi ? Alors quecette journée de commémoration, de re-

cueillement et de mobilisation avait permisde dépasser les clivages religieux, dansun contexte où la nation était en mouve-ment, il a, me semble-t-il commis uneerreur. Les réseaux « ultras » ne se sontd’ailleurs pas privés de se livrer à descommentaires acerbes sur le sujet, prou-vant une forme de duplicité, de « deuxpoids, deux mesures ». Nous devons êtrevigilants car les identités sont blesséesen ce moment, hyper-sensibilisées, commefragilisées de n’avoir pu normaliser notrerelation à l’histoire, à nos confrontationsdans l’espace colonial. .

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s’emploie à recruter massivement et in-distinctement des Saoudiens - ils sont5 000 dans les rangs de Daesch, au- jourd’hui -, des Egyptiens, des Maghrébinsou des Européens pour défendre « lacause ». Daesch est une machine de guerrequi, au même titre qu’Al-Qaïda, a besoinde recruter massivement, épuisant rapi-dement ces jeunes recrutés. Ces mouve-ments font appel à des jeunes en quêtede destin, qui sont aussi de mauvaisconnaisseurs de l’islam. Ils sont fascinéspar ce qu’ils voient et s’accrochent au wa-gon qui passe. Ce peut-être l’islamismeradical, dans certains cas, ou l’identitarisme,pour les « petitsBlancs ». N’oublionspas qu’au momentdes conits violentsqui ont secoué lesterritoires de l'an-cienne Républiquefédérale socialistede Yougoslavie, en-tre 1991 et 1999,des centaines deFrançais sont allésse battre, en Bosnie.On voit donc bien

qu’il existe, chez les« petits Blancs »,une tentation pro-noncée pour le ra-dicalisme.

Ce radicalisme, tel qu’il s’exprime, dépassele simple « mal être » des individus et lesquestions sociales…

Absolument. La vérité, c’est que noussommes en guerre, là-bas contre l’inté-grisme destructeur, ici contre une partiedes citoyens en quête d’identité. Et qu’ilnous faut, coûte que coûte, empêcher lafusion entre un soi-disant ennemi intérieur et un autre, extérieur et identique, quevoudraient nous vendre une brochette dedéclinistes médiatiques.

Comment faire partager les valeurs de la Ré-publique, tout particulièrement, la laïcité ?

La laïcité, qui est l’un de nos fondements,ne peut être détachée des trois piliers quesont la liberté, l’égalité et la fraternité. Cesquatre mots-clés sont indissociables. Ilsforment même les pivots de la République.Ne pas les associer serait une erreur pé-

dagogique, citoyenne et politique, ils nepeuvent être compris de manière séparée.Nous ne pouvons faire passer notre mes-sage sur ce thème, qu’en montrant quenous l’appliquons équitablement, sansdistinction de couleur et de religion.Ce principe vaut naturellement, aussi, pour le triptyque « liberté, égalité, fraternité ».Il s’agit là d’un principe intangible, incon-tournable et irréversible. Il n’y a pas decompromis possible. Mais, il nous fautaussi être exemplaires en matière d’égalité,à l’échelle du territoire, de liberté et de fra-ternité. Or, je le répète, la problématiquen’est pas exclusivement sociale, mais ci-

toyenne. Beaucoup denos concitoyens ont dumal à conceptualiser,aujourd’hui, que l’onpuisse à la fois être noir,musulman et français.Il n’y pas de Françaismusulman, ni mêmede Français juif. Il y ades Français qui, en re-vanche, pratiquent lareligion musulmaneou juive. La nuance estfondamentale. Ne fa-

briquons pas du reli-gieux dans nos rela-tions politiques ou di-plomatiques, ou bienencore dans nos repré-

sentativités. Appliquons à nous-mêmes lalaïcité, défendons-là comme un étendard,mais associons-là à des mots qui sontnos valeurs incontournables.Beaucoup on cru, pendant deux ans, àl’Elysée, que le président de la Républiqueserait jugé sur la question économique,en 2017, mais un changement s’est opérédepuis deux mois. François Hollande aprononcé un discours très important, le15 décembre dernier, dans le cadre duMusée national de l’histoire de l’immi-gration - dans l’ex-palais des colonies, crééen 1931 - à la Cité de l’immigration, avantles attentats du mois dernier, qui démon-trent que nous entrions dans une ère so-ciétale et que cet enjeu oublié devenaitessentiel. Je suis convaincu que c’est sur cette question que se jouera le sort de laprochaine élection présidentielle. Pour beaucoup de nos concitoyens, il s’agit làd’un enjeu majeur, à la fois politique et

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« La vérité, c’est que nous

sommes en guerre, là-bascontre l’intégrisme destructeur,ici contre une partie des citoyensen quête d’identité. Et qu’il nous faut, coûte que coûte, empêcher

la fusion entre un soi-disant ennemi intérieur et un autre,

extérieur et identique, que

voudraient nous vendre unebrochette de déclinistesmédiatiques. »

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culturel. Comment être français ? Commentfavoriser le « vivre ensemble » ? Quellessont les conditions d’améliorations de lacitoyenneté ? Toutes ces questions sontessentielles, même s’il ne faut pas, bienentendu, balayer d’un revers de main lesquestions sociales. Elles seront centrales,elles seront aussi violentes. Elles serontd’autant plus essentielles qu’une grandepartie de l’électorat est en mutation élec-torale.

Quelles sont les politiques concrètes à mettreen œuvre ? Quid des évolutions possibles ?

Certaines problématiques revêtent unedimension globale. C’est le cas, en parti-culier, des questions éducatives, urbaineset de la vie dans les quartiers populairesqui appellent la prise en compte de me-sures très concrètes, comme pour les ter-ritoires ultramarins. Travaillons aussi enlien avec ces jeunes qui se livrent à des vaet vient permanent avec leur pays d’origine.Enseignons-leur la laïcité, sans jamais ou-blier l’égalité. Redon-nons une image de laFrance beaucoup pluspositive qu’elle ne l’est,parlons de l’histoire,

sans cacher ses facesd’ombre, mais aussi sesépopées, aujourd’hui, àl’étranger montrons ladiversité des culturesdans notre pays - dansles instituts français.Ceci nécessite un travailtrans-ministériel qui im-plique tous les terri-toires, toutes les questions, toutes les com-pétences.Il nous faut également prendre des me-sures concrètes pour que les jeunes issusde l’immigration se sentent pleinementcitoyens français, en leur envoyant dessignes forts, en les inscrivant dans le récitnational. Pour cela, il nous faut instaurer des moments monuments symboliques,à l’image d’un musée de la colonisation,des projets lmiques ou de grands projetsculturels, capables de mobiliser les jeunespublics. Et démontrer, ainsi, que l’on peutêtre un héros français, champion olym-pique ou champion du monde de foot,résistant ou combattant de la PremièreGuerre mondiale, sans, pour autant, être

né en France. La pédagogie par la preuvedoit accompagner le travail trans-minis-tériel. Le concret et le culturel doivent s’éla-borer en commun. Tous les ministèresdoivent être impliqués. Il nous faut avoir de vrais débats sur la citoyenneté, le sport,les questions éducatives et civiques, lalaïcité, la notion d’égalité… Toutes ces no-tions doivent être abordées, en lien avecles dimensions économiques, territorialesurbaines ou diplomatiques.Enn, un véritable débat doit naître ausein du Parti socialiste, comme ce fut lecas avec celui qui avait été mené, il y acinq ans, sur l’égalité réelle, à l’initiativede Najat Vallaut-Belkacem et de PascaleBoistard. Il n’a pas été mené à son termeen raison de quelques blocages, suscitantaussi pas mal de frustrations, à l’époque,car la réexion était, je crois, féconde.Ce qui est parfaitement normal. Désormais,cet enjeu essentiel doit être porté par l’Étatet relayé par les médias, en analysant laréalité sociologique et politique des frac-

tures qui traversentnotre société. Avecde grandes expo-sitions à la clé,dans nos plus

grands musées, degrandes sagas té-lévisuelles ou desprojets de valorisa-tion des mémoiresissues de l’immi-gration, il convientde promouvoir unevéritable pédago-gie de ces passés.

Il est essentiel de voir la Nation en mou-vement. À charge, pour les partis politiques,de mener une vraie réexion, en lien avecles intellectuels, pour comprendre le dé-calage entre notre société et ses para-digmes historiques. La droite a ses pro-blèmes et elle sera de plus en plus en ré-traction sur ces sujets. La gauche françaiseet le Parti socialiste, en particulier, vontdevoir rééchir sur ces aspects pour sortir de leur statu quo. Leurs élus doivent par-tager un diagnostic commun sur la ques-tion identitaire, qui ne doit plus être dis-sociée des enjeux économiques et sociaux.L’économique n’est pas la seule réponseà toutes les problématiques. Il est inévitable,mais pas unique. Un gros travail doit être

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« Redonnons une image de laFrance beaucoup plus positive

qu’elle ne l’est, parlons de

l’histoire, sans cacher ses facesd’ombre, mais aussi sesépopées, aujourd’hui, à

l’étranger montrons la diversitédes cultures dans notre pays -dans les instituts français. »

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engagé par nos élites politiques sur cethème, avec des approches critiques, desanalyses croisées, mais le débat ne peutplus être étouffé. Le diagnostic doit êtrepartagé avec l’ensemble des Français.Faute de quoi, nos concitoyens se retrou-

veront dans l’incapacité de changer demodèle sociétal.

N’est-ce pas parce que les politiques ontmené le fer, sous la Troisième République,que la laïcité est devenue une valeur essen-tielle ?

Absolument. Le débat qui prévaut, aujourd’hui,à gauche, n’est pas sans rappeler celui quiexistait, en 1955, au sein de cette mêmefamille politique, pendant la guerre d’Algérie.Où sont nos valeurs ? Guy Mollet n’était pasMendès France. Guerre ou pas ? Fin de l’empirecolonial ou non ? Il a fallu attendre les années50 pour que tous les Algériens puissent serendre dans les urnes ! Et je ne parle pas desfemmes qui ont dû patienter cent cinquante-ans pour obtenir le droit de voter, en avril1945, dans l’hexagone.Ces questions doivent être abordées politi-quement. Tous les ministères doivent êtreimpliqués. Il nous faut avoir de vrais débatssur la citoyenneté, le sport, les questions édu-catives et civiques, la laïcité, la notion d’éga-lité… Toutes ces notions doivent être abordées,en lien avec les dimensions économiques,territoriales urbaines ou diplomatiques. Com-bien la France compte-t-elle d’ambassadeursnoirs ? Et combien d’amiraux ? Gaston Mon-nerville a été président du Sénat, de 1959 à1968. Serait-ce concevable, aujourd’hui ? Per-mettez-moi d’en douter.Autrefois, les quartiers pouvaient compter

sur l’apport de représentants de l’État, lesdirecteurs régionaux de l’Agence de co-hésion sociale. Ces agents étaient présentssur toutes les manifestations et remplis-saient un rôle important, en matière d’in-tégration. Nicolas Sarkozy les a supprimés.

Tant et si bien qu’il n’y a plus aucun re-présentant de l’État sur ces territoires,capables de fédérer les énergies. Sanscompter que les associations ont vu leurssubventions fondre comme neige au soleil.Au Mirail, à Brétigny-sur-Orge ou à Trappes,les nouveaux référents sont donc les« Musulmans », comme s’il n’y avait plusqu’eux aux côtés des militants FN à s’en-gager sur le terrain. Les conséquencessont majeures.Nous avons entrepris, avec Lilian Thuram,un cycle de conférences pour travailler sur ces enjeux difficiles, comme les sté-réotypes, le racisme ou l’histoire des« zoos humains » pour éveiller lesconsciences. Les réactions sont diverses,violentes, par moment, surprenantes àd’autres, mais aussi sources de débatsfécond pour interroger toutes les dimen-sions de la citoyenneté.Cet investissement est pourtant essentielpour éviter les dérives et le basculementd’une partie de l’électorat des banlieuesvers le FN ou les intégrismes, mais aussipour créer du lien entre des territoires quine se parlent plus. Si on ne fait rien, unecommunautarisation de la mémoire etdes identités s’imposera. Si nous n’y pre-nons garde, les habitants des cités et desoutremers niront de se convaincre quela République est dans l’incapacité de lesmener à l’émancipation et à l’égalité. Ilsiront chercher ailleurs leurs références.D’autre part, les Français, dans leur glo-balité, risquent de durcir leur engagementpolitique et de rejoindre électoralementle FN. Rappelons-nous des années 1930.De la perte identitaire, de la quête d’unnouveau destin et d’enjeux extrêmementradicalisés, les ressemblances sont nom-breuses. Les cartes se brouillent, certes,mais nous pouvons en sortir si nous fai-sons le bon diagnostique. Le mot « Apar-theid » est violent, mais il est conforme à

la situation du temps présent.Propos recueillis par Bruno Tranchant

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(1) La loi du 23 février 2005 imposant àl’Université et aux programmes scolairesde reconnaître « le rôle positif de la présencefrançaise outre-mer » a suscité de nom-breuses oppositions.

(2) http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/rap-port_histoires_patrimoine_et_memoires_dans_les_territoires_de_la_politique_de_la_ville.pdf