Upload
song
View
215
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
1/30
1
RGLAGES ICONIQUES &ESTHTISATIONNotes sur linterprtation de limagerie scientifique
JACQUES FONTANILLEUniversit de Limoges
Institut Universitaire de France
Publi dans Smiotica, 2010 (dossier dirig par Anne Beyaert-
Geslin et Maria Giulia Dondero, intitul Arts et Sciences )
INTRODUCTION
Les images produites par les techniques dexploration et de visualisation scienti-
fique et mdicale doivent, comme toutes les autres , faire lobjet dun apprentis-
sage, que les sociologues des sciences caractrisent comme un processus de
familiarisation. Avant de devenir familires linterprte, elles sont donc
supposes tranges ; avant que leur lecture puisse tre automatise, elle est
dabord hsitante et laborieuse. Sil revient au spcialiste de la vie quotidienne
des laboratoires de sintresser au processus de familiarisation et ses cons-
quences, il reste au smioticien rendre compte de ce moment liminaire o
limage prend sens, o ses formes se stabilisent en vue de lexpression de
quelque contenu fixer ; en somme, rendre compte du moment diconisation.
Ce moment, en effet, est riche dun grand nombre de potent iels, et de bifurca-
tions interprtatives : des solutions iconiques alternatives sont testes, des voies
cognitives sont ouvertes et fermes, dautres laisses en suspens, des hypo-
thses se forment. Ces hsitations et ce labeur iconique est ncessairement
soumis des contrles, et notamment des systmes de valeurs ; certains, de
type dontologique, limitent le champ interprtatif aux conditions delexprience; dautres, de type esthtique, incitent des exploitations non scien-
tifiques, mais qui contribuent pourtant la fixation iconique des formes, et leur
reconnaissance ultrieure.
Le moment diconisation des images scientifiques est un moment de rglage, o
plusieurs solutions sont testes, phmres ou durables, rejetes ou conserves,
potentialises ou actualises. Nous faisons ici lhypothse que toutes concourent
liconisation et linterprtation, mme celles qui semblent au premier abord
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
2/30
2
non scientifiques, car loin de distraire lattention de la vrit des images, elles
prparent en sourdine leur reconnaissance automatise.
RGLAGE DISTAL ET RGLAGE STRUCTURAL
Instabilit iconique et drglement du point de vue
Ladoption dune chelle de reprsentation, et notamment dun point de vue
trs faible ou trs grande distance, peut rendre lobjet rfrent mconnaissable,
alors mme que les figures qui composent limagesont parfaitement reconnais-
sables en tant que telles, dotes dune forme et de proprits plastiques stables
et identifiables. En somme, on peut identifier la figure, et mme la reconnatre
ultrieurement, sans tre pourtant en mesure de lui affecter un contenu et un
rfrent et de la situer dans un espace phnomnal, sans pouvoir faire corres-
pondre cette exprience iconique avec une exprience sensible dans le monde
naturel. Dans ce cas, le processus diconisation, sans doute prmatur, contribue
la mconnaissance, car il ne stabilise que les figures de lexpression.
Liconisation, en effet, est a minima dfinie comme une relation dajustement
entre deux expriences sensibles, celle du monde naturel et celle de limage, en
vue dapprcier une certaine quivalence. De fait, dans le cas des images scienti-
fiques, il faut distinguer trois types diconisations:
- liconisation de premier degr, qui, en raison de la stabilisation propre et
autonome des figures, permet didentifier chaque occurrence, et de dis-
tinguer diffrentes occurrences entre elles : cest liconisation en tant
que processus intra-smiotique, circonscrit aux limites dune smiotique-
objet donne ;
- liconisationde second degr, qui, grce une stabilisation htronome,
permet de situer la figure lintrieur dune reprsentation du monde
naturel, au cours dun processus de confrontation inter-smiotique
(entre deux smiotiques-objets) : cest alors liconisation par impression
rfrentielle; ce deuxime type peut tre lui-mme ralis de deux ma-
nires :
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
3/30
3
o liconisation de premier degr est complte et conforte par la
confrontation directe avec une exprience dans le monde natu-
rel ; cest le cas de limage iconique classique, pour laquelle, en
gnral, le modus operandide la production visuelle doit rester
transparent pour linterprte; nous verrons que dans ce cas, un
simple rglage distalest requis.
o liconisation de premier degr est valide et conforte par
lexplicitation du dispositif dobservation instrumentale, qui ta-
blit le lien avec le monde naturel, alors mme que la confronta-
tion directe est impossible ; cest le cas de tous les procds
dimagerie, pour lesquelles ce type diconisation de second de-
gr produit une croyance rfrentielle spcifique, ncessaire
linterprtation, sans quoi les images seraient chaque fois e n-
tirement nouvelles, sans aucune rgulation interprtative, et
donc inexploitables dans la pratique scientifique elle-mme ;
dans ce cas, le rglage distalne suffit pas, et il faut faire appel
ce que nous dnommerons un rglage structural.
Mais ces types iconiques gnraux prsupposent, de fait, une familiarisation
suffisante pour nourrir la croyance rfrentielle. Conformment notre pro-
gramme de rflexion, ce sont justement les cas incertains, et pralables la fami-
liarisation, qui doivent nous retenir.
Le rglage distal
Par exemple, la vue davion du viaduc de
Millau , ci-contre, perturbe la simplicit
de ces distinctions. Tout dabord, dans ce
cas, la mdiation dun appareillage tech-
nique dexploration-transduction nest pas
ncessaire, et de toutes faons ne suffit
pas expliquer la perturbation du proces-
sus de reconnaissance : un observateurPuits quantique de pro-babilit dune particule
Viaduc de MillauVue davion
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
4/30
4
quelconque, plac dans les conditions idoines, pourrait faire la mme exprience
visuelle que celle que lobjectif a fixe. Si lobjet est mconnaissable, cest en
raison de la distance, et lavion nest pas en gnral considr comme un instru-
ment dexploration visuelle ou comme une prothse optique utilise pour rendre
visible linvisible. Lavion est ici seulement un instrument du rglage de la dis-
tance, une prothse permettant un observateur humain dadopter dautres
positions dobservation que celles qui lui sont offertes dans lexprience quot i-
dienne et familire.
Nous avons pourtant affaire un dispositif de dfamiliarisation, qui, en modi-
fiant les conditions du rglage cognitif du point de vue sur lobjet, bloque le pro-
cessus diconisation, et enclenche par compensation une srie dhypothses et
dalternatives figuratives, qui exploitent les formes et les contrastes plastiques
disponibles dans limage. Le dispositif dnonciation qui est en question dans le
problme qui nous intresse ici ne concerne donc pas seulement un procd
dexploration et de visualisation, mais dabord et par principe constitutif, un dis-
positif de rglage du point de vue, cest--dire de rglage de linteraction entre
lobservateur et linformateur.
Ds lors, on doit pouvoir explorer ces modifications du rglage en partant du
modle canonique des interactions entre observateur et informateur1. Ces inte-
ractions sont fondes sur la confrontation entre la comptence de linformateur
(ici : lobjet-image tel quil est produit par le dispositif de visualisation) et celle de
lobservateur (celle qui dclenche linterprtation); dun ct, la comptence
sapprcie en termes de vouloir et savoir informer , et de lautre, en
termes de pouvoir observer . Pour simplifier la prsentation, nous pouvons
nous contenter ici du pouvoir observer , ds lors que, dans le cas de limagerie
scientifique, les usages et les normes en cours nous permettent de neutraliser
les varits du vouloir et du savoir informer .2Cet optimisme de mthode
est bien entendu tout provisoire ! Une typologie en dcoule, qui articule globa-
lement la catgorie de l accessibilit du savoir pour lobservateur:
1Jacques FONTANILLE, Introduction la smiotique de lobservateur, Paris, Hachette, 1998.
2
On imagine difficilement un dispositif dimagerie scientifique conu pour cacher, mentirou mystifier
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
5/30
5
EXPOSITION OCCULTATIONNe pas pouvoir Ne pas pouvoirne pas observer observer
Pouvoir Pouvoir ne pasobserver observerEXPLORATION OBSTRUCTION
Rappelons brivement que les varits de laccessibilit cognitivesont dfinies
partir dune catgorie modale : il sagit des varits du pouvoir observer (ne
pas pouvoir ne pas observer / ne pas pouvoir observer / pouvoir ne pas observer
/ pouvoir observer).3
Lors des modifications du rglage nonciatif, lobjectif de la prise de vue ou de
limagerie est toujours de parvenir en position dexposition (ne pas pouvoir
ne pas observer) des figures et des objets qui participent largumentation
scientifique. Mais on peut y parvenir de plusieurs manires.
Si lon part de la position d obstruction (pouvoir ne pas observer), un simple
rglage de position ou de taille modifie le prdicat dobservation sans modifier la
modalit pouvoir , et permet de passer en position d exposition (cest une
ngation de la ngation ) ; cest le cas de la vue davion, mais aussi de la
vue grossissante ; dans ce cas, le passage par l exploration nest pas requis.
Ce rglage lmentaire de linteraction, qui ne modifie que la position
dobservation, et implique seulement, pour lobservateur, une capacit se pro-
jeter bonne distance de lobjet, est le rglage distal.
EXPOSITION
(2)
(1)OBSTRUCTION
3Dans la formulation originale, la position correspondant au pouvoir observer taitdsigne comme accessibilit (ie. comme le contradictoire de linaccessibilit, ou occultation ). Nous choisissons de la dnommer, dans le cas de limagerie scientifique, exploration , dans la mesure o lexploration recouvre exactement lensemble des
oprations dexcitation et de visualisation / rception qui rendent accessibles les objetssoumis limagerie scientifique. Cette formulation peut tre utilement gnralise, cequi libre le terme accessibilit cognitive pour dsigner lensemble de la catgorie.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
6/30
6
Le rglage structural
Si on part de la position d occultation (ne pas pouvoir observer), le rglage
est plus complexe, car il faut dabord modifier la modalit pouvoir , pour pas-
ser en position d exploration avant de parvenir l exposition ; cest le
cas de tous les procds dexploration de linvisible par imagerie. Ce type de
rglage implique donc, dans le calcul de la reconnaissance iconique, une connais-
sance minimale de lensemble des processus de transduction entre lexcitation
initiale et la visualisation finale ; il implique notamment, chez lobservateur, une
capacit se projeter au sein des structures et proprits de lobjet, modifies et
reconstitues visuellement. Ce rglage sera dnomm rglage structural.
EXPOSITION OCCULTATION(3) (1)
(2)EXPLORATION
Cette distinction modale, entre rglage distal et rglage structural, recoupe la
distinction entre deux types dimages scientifiques : (i) les vues microscopiques
ou macroscopiques, qui font voir des objets ou des parties invisibles en rai-
son de leur proportion, mais qui sont isolables : elles relvent du premier cas, car
elles impliquent un simple rglage de la distance et de la taille, le rglage distal;
(ii) les vues par imagerie, qui font voir des proprits invisibles, qui ne sont
pas des objets proprement parler, cest--dire qui ne sont pas des entits iso-
lables, mais des phnomnes structuraux de lobjet : elles relvent du second
cas, et elles impliquent plus que le rglage de la distance et de la taille ; cest
parce quelles impliquentune identification des proprits structurales partir
des figures visuelles que nous les rapportons au rglage structural.
Selon le parcours modal requis, nous avons donc affaire deux types de rglages
diffrents de linteraction entre observateur et informateur,mais il faut prciser
quils sont nanmoins combinables : dans la plupart des cas concrets, mais pas
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
7/30
7
Fibre optique et
billes de polystyrne
ncessairement, le rglage structural est accompagn, paralllement, dun r-
glage distal.
RGLAGE SUBLIMINAL ET RGLAGE IMAGINAL
Toutefois, cette distinction entre rglage distal et rglage structural est singuli-
rement mise mal dans la plupart des images scientifiques contemporaines.
Dautres types de rglages doivent alors tre envisags, qui sollicitent plus la r-
gement les diffrentes positions de la catgorie de laccessibilit cognitive.
Le rglage subliminal
Dans lexploration de linfiniment petit, en effet, la disproportion quivaut une
dstructuration des figures, de sorte que le rglage distal ne suffit pas assurer
la reconnaissance iconique. En dautres termes, le
rglage distal prsuppose que lobservateur soit en
mesure de se projeter bonne distance de lobjet
pour en circonscrire les formes, en une sorte de d-
placement imaginaire. Et une trop grande dispropor-
tion dpasse les capacits de ce rglage imaginaire ;
on peut simaginer trs haut dans le ciel au-dessus
dun viaduc, parce quon peut en faire lexprience par ailleurs, mais on ne peut
pas simaginer au milieu dun nuage dlectrons, ou, mme, comme ci -contre, au
milieu dune poussire microscopique de billes de polystyrne, parce que cette
exprience est hors de porte.
Et pourtant, il est alors impossible de faire jouer un rglage structural, puisque la
connaissance du processus dexcitation et de visualisation ne procurera aucun
supplment de reconnaissance. Et par consquent, linterprtation produit des
alternatives figuratives, dont certaines simposent de manire fugace, la fois
videntes en raison de leur stabilit dans lunivers visuel quotidien, et immdia-
tement rcuses parce quimpossibles, invraisemblables, ou en rupture isoto-
pique avec le co-texte scientifique. Ainsi, cette fibre optique entoure des billes
de polystyrne fait-elle penser une chute de neige devant un rideau de
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
8/30
8
tulle, mais nul noserait reconnatre cette interprtation. Pourtant, cette figura-
tion spontane a prioricontribue construire des relations entre des parties, et
stabiliser le dispositif plastique pour le faire figurer, et le rendre en somme
disponible pour une manifestation identifiable. Cest ce que nous appellerons par
approximation un rglage subliminal.
Le rglage subliminal commence par identifier une configuration pr-visualise
(exposition 1), immdiatement rcuse et potentialise, comme faisant obstruc-
tion linterprtation scientifique ; les figures redevenues mconnaissables soit
alors confrontes au processus dexploration, pour aboutir linterprtation
conforme au dispositif dexprience et lobjet explor (exposition 5). La tot alit
du parcours reste en mmoire dans linterprtation finale, car cette mise en
mmoire concourt la stabilisation iconique et la future familiarisation.
EXPOSITION OCCULTATION(5) (1) (3)
(4) (2)EXPLORATION OBSTRUCTION
Le rglage imaginal
Si, dans dautres situations, un rglage structural est requis, il se peut galement
que la convocation du processus dexploration et de visualisation ne suffise pas
rsoudre liconisation des figures, et par consquent ne puisse rgler
linteraction entre observateur et informateur. Pour quun rglage structural
russisse en cela, il faut quil permette lobservateur de se projeter au sein de
lobjet mme, de la structureet des proprits de ses figures, et, en saidant des
processus de transduction qui constituent la chane des transformations structu-
rales, de se situer par rapport aux phnomnes qui sont ainsi explors.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
9/30
9
Examinons comparativement deux cas dimagerie, lun
qui satisfait aux conditions du rglage structural, et
lautre pas. Le premier cas est reprsent ci-contre par
deux images IRM4qui visualisent des niveaux dactivit
crbrale, la premire intgre une vue dartiste, et la
seconde directement visualise partir de lexploration
IRM. Les proprits plastiques sont la traduction vi-
suelle de proprits nergtiques et chimiques : les
couleurs sont alors des valeurs chromatiques mises en
correspondance avec des valeurs quantitatives, ven-
tuellement grce une colorisation ultrieure ; un cer-
tain nombre de voies crbrales actives, dans un tat cognitif donn, sont visua-
lises grce une gamme chromatique, dont chaque valeur est spcifique dun
type et dun niveau dactivation.
Si le rglage structural fonctionne, cest donc quil autorise et facilite, au
moment de la lecture de limage, ltablissement de corrlations stables, elles -
mmes confrontes et associes dautres corrlations invisibles mais connais-
sables, dans lobjet lui-mme. De telles relations entre relations sapparent v i-
demment des systmes semi-symboliques, si tant est que les proprits chro-
matiques de limage puissent tre considres comme lexpression des contenus
chimico-nergtiques propres lobjet. Le rglage structural efficace, en somme,
aboutirait, par familiarisation, des correspondances semi-symboliques entre la
forme dune expression visuelle et celle dun contenu scientifique, sous le con-
trle de conventions et de rgles ad hoc. Quoiquil en soit du statut de ces corr-
lations, elles sont de nature procurer limage scientifique une stabilit ic o-nique de second degr, grce ce que nous avons appel plus haut une croyance
rfrentielle.
4 Le numrique au service de la sant , Pictures of the future, Munich, Siemens, Au-tomne-hiver 2004-2005, p. 34.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
10/30
10
Mais, et cest le second cas, les objets qui sont isols
et visualiss dans limage peuvent aussi tre, du
point de vue de lexprience scientifiqueelle-mme,
des proprits non isolables, entirement contre-
intuitives ; cest notamment le cas, comme dans
limage ci-dessous, pour lindtermination quan-
tique onde/particule . La lgende propose un
nom, puits quantique , mais ce nom est une description de la figure visuelle,
et non de lobjet ou de ses proprits.
Il ny a dans ce cas aucune pr-visualisation pertinente, et limage est demble
considre comme faisant obstruction linterprtation des proprits quelle
est sense traduire. Ces proprits sont inaccessibles elles-mmes lintuition,
car la seule traduction quon pourrait en donner emprunte aux mathmatiques
leurs formes les plus sophistiques, et sans correspondance avec aucune exp-
rience sensible. Nous avons alors affaire une sorte d image absolue , qui
nimplique aucune croyance rfrentielle, parce quelle ne propose aucune cor-
respondance pouvant tre stabilise sous forme de systme semi-symbolique. Il
nest donc pas tonnant, dans ces conditions, que le nom donn lobjet ne
soit rien dautre que le nom de la figure visuelle qui est finalement isole et in-
terprte dans limage.5 La figuration absolue procde dune stabilisation plas-
tique prliminaire, qui fait donc lobjet dune reconnaissance a posteriori, plus ou
moins motive ou arbitraire.
Cette figuration absolue a posteriori est une expression dont le contenu reste
nigmatique, parce que les proprits explores ne diffrent pas fondamentale-
ment du dispositif dexploration lui-mme. Cest une des apories bien connues
des mondes quantiques, dont les observateurs sont toujours impliqus dans le
systme observ : on ne peut donc les connatre qu travers les modifications
des seconds par les premiers, et rciproquement. En dautres termes, et dans la
perspective qui nous intresse ici, les proprits en question ne sont accessibles
que sous forme dinflexions imposes au processus dexploration lui -mme.
5
Par comparaison, tout se passe comme si, pour dsigner les deux images dIRM prc-dentes, on parlait srieusement de Papillons chimico-lectriques , ou d Arai-gnes neuronales
Puits quantique de pro-
babilit dune particule
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
11/30
11
Cette situation sapparente au cas de lhallucination, qui produit des configura-
tions visuelles identifiables, mais qui ne renvoient qu une certaine inflexion de
ltat dexcitation interne du systme de visualisation propre lobservateur.
Ce type de rglage dinteraction, le rglage imaginal, nest donc pas propre-
ment parler un rglage entre lobservateur et linformateur, puisquil renonce
justement prciser la nature de la relation entre les deux, puisquil les renvoie
dans deux mondes diffrents et incommensurables, et ne connat finalement
que leffet indirect du monde de linformateur sur celui de lobservateur. Cest
finalement cette dernire information qui est visualise en mode exposition .
EXPOSITION OCCULTATION(4) (2)
(3) (1)EXPLORATION OBSTRUCTION
Les images nanoscopiques cumulent les deux difficults, puisque dun ct la
disproportion est telle que le rglage distal ne fonctionne pas, et fait place au
rglage subliminal, et, de lautre ct, le rglage structural est souvent impos-
sible, en raison de la complexit de la chane de transduction, et un rglage ima-ginal simpose alors. En somme, la frontire entre les procds de grossissement
et les procds de conversion visuelle de proprits fluentes tend disparatre
lchelle nanomtrique, et sollicitent une capacit diconisation beaucoup plus
inventive quon ne limagine dordinaire pour les images scientifiques.
LE MODLE DU RGLAGE DES INTERACTIONS COGNITIVES
Les quelques observations qui prcdent permettent dexplorer les possibilits
dinterdfinition entre les diffrents types de rglages cognitifs qui conduisent
liconisation de limagerie scientifique. Si les relations entre ces diffrents types
forment systme, alors on est en droit de considrer, au moins provisoirement,
que les quatre types proposs au cours de la prcdente dmarche, analytique
et empirique, saturent les possibilits dun modle unique.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
12/30
12
Les deux premiers types, le rglage distalet le rglage structural, sopposent sur
le fond dun axe commun; en effet, ils impliquent tous deux une croyance rf-
rentielle, dans la mesure o linterprtation de limage ny est jamais coupe du
principe de reprsentation dun objet ou de ses proprits. Pour que ces deux
rglages fonctionnent, les deux instances, la figure iconique et lobjet
dexprience, doivent appartenir au mme monde, et au mme rgime de
croyance ; le rglage permet alors linterprte de se projeter de manire ima-
ginaire au niveau de pertinence de lobjet et de ses proprits, soit selon un rap-
port de distance et de proportions, soit selon une relation semi-symbolique. Ce
type de relations, reposant sur lexistence dun axe commun et sur une oppos i-
tion qui ne remet pas en cause lexistence de laxe commun, est caractristiquedes relations de contrarit: le rglage distalet le rglage structuralsont donc
des contraires.
Les deux autres types, le rglage subliminalet le rglage imaginal, en revanche,
remettent en cause chacun leur manire laxe commun de la contrarit, le
premier en partant du rglage distalet le second en partant du rglage structu-
ral. Lun et lautre perturbent ou annulent la croyance rfrentielle : le premier
parce que les premires stabilisations iconiques qui viennent lesprit sont im-
mdiatement rcuses et potentialises, de sorte que linterprtation sublimi-
nalese construit alors sans quil soit possible, pour lobservateur, de se projeter
au plus prt de lobjet ou de ses proprits; le second parce quil renonce
demble stabiliser linterprtation en rapport avec quelque rfrent que ce
soit. Dans lun et lautre cas, tout se passe comme si la figure iconise, dune
part, et lobjet et ses proprits, dautre part, appartenaient deux mondes et
deux rgimes de croyance diffrents. Dans la mesure o ils procdent dune n-
gation, lun du rglage distalet lautredu rglage structural, le rglage sublimi-
nal et le rglage imaginal fonctionnent donc comme leurs contradictoires res-
pectifs.
Les quatre types de rglages iconisants constituent par consquent les quatre
termes dune mme catgorie, articuls par les relations de contrarit et de
contradiction. Ils forment un carr smiotique, dont ils saturent toutes les posi-
tions ; dans lhypothse o le carr smiotique constitue lui-mme un modle
interdfini satur, on peut alors considrer (provisoirement) que les quatre types
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
13/30
13
proposs reprsentent toutes les possibilits de rglages des interactions cogni-
tives et iconisantes, dans le cas de limagerie scientifique.
Le diagramme suivant reprsente le modle obtenu.
RGLAGE DISTAL RGLAGE STRUCTURAL
RGLAGE IMAGINAL RGLAGE SUBLIMINAL
Le modle offre une premire opportunit complmentaire : en effet, deux
autres relations sont ici disponibles, qui ntaient pas apparues dans lanalyseempirique, les deux relations de complmentarit. Le bon fonctionnement des
deux relations de complmentarit est en outre un test de consistance et de
cohrence du carr smiotique lui-mme.
En quoi le rglage distal prsuppose-t-il un rglage imaginal ? Le rglage
distal se fonde sur une mconnaissance prliminaire : la disproportion
bloque la reconnaissance, et une premire stabilisation est opre, sur la
base des proprits plastiques, qui engendre provisoirement unefigura-tion absolue, sans rfrent assignable, et donc disponible pour une re-
connaissance a posteriori; cest partir de cette figuration imaginale
provisoire que le rglage distal proprement dit opre, et met en relation
deux positions dobservation distantes, pour une interprtation impli-
quant une impression rfrentielle.
En quoi le rglage structural prsuppose-t-il un rglage subliminal ? Le
rglage structural se fonde sur une reconnaissance prliminaire (comme
dans le cas des images IRM, les figures en forme de papillon ou
d araigne colors) ; ces figurations spontanes a priori sont obte-
nues par la synthse intuitive des diffrents paramtres plastiques cons-
titutifs de limage, et cest partir de cette saisie synthtique que le r-
glage structural, les systmes semi-symboliques tant tablis, peut don-
ner lieu une reconnaissance automatique des proprits ainsi repr-
sentes.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
14/30
14
Mais ce modle est aussi le support de parcours syntagmatiques : comme on la
dj fait observer, le rglage imaginal et le rglage subliminal sont mis en uvre
la suite de lchec, respectivement, du rglage structural et du rglage distal.
Pour complter le parcours, il faut en outre pouvoir exploiter de la mme ma-
nire les deux relations de complmentarit.
Dun ct, le rglage imaginal peut tre converti en rglage distal grce
une hypothse a minima sur les rapports entre les deux
mondes disjoints, celui de la visualisation et celui de lexprience scienti-
fique. Le rglage imaginal stabilise une figuration absolue, disions-nous,
dont on admet quelle ne fournit pas une reprsentation dun objet ou
de proprits accessibles lintuition ou lexprience sensible, mais
seulement une exprience techniquement sophistique et dont la
seule traduction directe (dans le mme monde) est de type mathma-
tique ; deux mondes sont mis en communication, sans que nous soyons
en mesure de reconstituer le chemin qui mne de lun lautre. Il faut
bien pourtant que nous supposions une relation a minima, pour pouvoir
au moins admettre quil existe une relation virtuelle entre ces deux
mondes ; et cest alors que nous nous rabattons, a minima et faute de
pouvoir faire mieux, sur une relation de disproportion incommensu-
rable : le rglage distal est alors convoqu, mais pour constater
lincommensurabilit; ds lors, la mdiation du dispositif
dexploration/visualisation est mise entre parenthses, oublie et
neutralise, puisquil a t constat quelle tait trop sophistique pour
accepter quelque rduction semi-symbolique que ce soit.
De lautre ct,le rglage subliminal peut tre converti en rglage struc-
tural ds lors que la premire figuration spontane a priori a t elle
aussi oublie et neutralise : en effet, le rglage subliminal com-
mence par rcuser des figures pr-visualises pour sengager dans
une reconstruction des conditions de production de ces figures ; au lieu
de renvoyer une simple figuration distale, la rfutation de la figuration
spontane induit un autre parcours, o la convocation du processus
dexploration/visualisation permet de substituer la reconnaissanceimmdiate dobjets visualiss celle de proprits et de relations structu-
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
15/30
15
rales, qui conduisent leur tour lidentification de lobjet vis par
lexprience scientifique.L aussi, linterprtation doit rsoudre la spa-
ration ou la relation problmatique entre deux mondes.
ESTHTIQUE ET THIQUE DE LIMAGERIE SCIENTIFIQUE
Normes, usages et modulations
Ces usages syntagmatiques du modle des rglages diconisation rvlent une
autre dimension de ces processus cognitifs : comme tout droulement syntag-
matique canonique, ceux que nous mettons ici en place peuvent, sous telle ou
telle condition, subir de nombreuses modifications ; les parcours peuvent tre
interrompus, rebrousss, acclrs ou ralentis. Et comme dans toutes les varia-
tions syntagmatiques, les interruptions, bifurcations, acclrations ou ralentis-
sements sont corrls des choix axiologiques et affectifs.
La plus frquente de ces variations, justement, est celle qui dtourne le parcours
de linterprtation iconique vers la contemplation, que ce soit par interruption,
bifurcation ou ralentissement. On a pu observer prcdemment que les mo-
ments de stabilisation iconique sont de plusieurs types : (i) des figurations spon-
tanes a prioriet provisoires par convocation de configurations pr-visualises,
(ii) des figurations absolues par synthse de configurations plastiques, (iii) des
figurations relatives des jeux de distances et de perspective, et (iv) des figura-
tions relatives des systmes semi-symboliques.
Les unes et les autres sont affectes, dans le processus de rglage, dun tempo et
dun statut existentiel qui sont susceptibles dtre modifis. On a vu par exemple
que le destin des figurations spontanes immdiatement rcuses tait soumis
un tempo abrupt et vif, et quelles ne durent quen mode potentiel, pour acco m-
pagner la stabilisation ultrieure ; mais linterprte a toujours le choix dun ar-
rt sur figure , ou dune ractualisation. De mme, les figurations absolues qui
prcdent le rglage distal, ou qui rsultent du rglage imaginal sont destines
tre seulement actualises lintrieur dune interprtation o elles ne sont plus
vues en tant que telles, cest--dire comme figurations absolues ; mais
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
16/30
16
linterprte peut galement arrter ou ralentir le processus, et les contempler
pour elles-mmes, en mode ralis.
Le juste tempo et la bonne squence existentielle sont le propre dune pratiquescientifique bien contrle, qui participe de la familiarisation et qui rend pos-
sible, terme, la reconnaissance automatique des objets et des proprits explo-
rs : il est dans ce cas question de lthique dune pratique, et plus prcisment
dune micro-dontologie de la lecture des images scientifiques. Le drglement
de ce tempo ou de cette squence existentielle sont le fait dautres pratiques,
concurrentes et parallles, qui contribuent aussi la familiarisation, mais dun
autre manire, dont le ressort est esthtique, et qui participeraient notamment
des pratiques de la vulgarisation scientifique.
Le passage dune pratique lautre, grce aux modifications du tempo et des
parcours existentiels propres la syntagmatique des rglages, induisent par con-
squent des changements axiologiques, et des effets passionnels induits. Le
sous-bassement modal (cf. supra) des variations du rglage entre linformateur
et lobservateur, associ aux variations de tempo et de modes existentiels, est
tout fait propre fonder le parcours syntagmatique de lexploration visuelle
des images scientifiques comme un parcours passionnel, et porteur des af-
fects de lexploration. Outre les affects ordinaires, comme la surprise ou la
satisfaction, lies la dcouverte, les effets de disproportion, de dcomposition
structurale, de drglement de la croyance rfrentielle en suscitent dautres,
qui ont trait la mconnaissanceet la reconnaissance : les processus
diconisation tant dstabiliss, ou en voie de stabilisation, la configuration pro-
pose par limagerie peut tout moment basculer vers des types iconiques
appartenant lexprience sensible quotidienne, et qui sont indissociables de
liconisation de type scientifique et du processus de familiarisation.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
17/30
17
Contemplation esthtique et continuit des mondes physiques
Les medias de vulgarisation scientifique usent lenvi
de ces drives iconiques, et tout particulirement lessites darchivage dimages scientifiques. Cest ainsi,
par exemple, quune galette de silicium et ses circuits
lectroniques gravs (ci-contre) peut passer pour une
maquette urbaine. Les types iconiques drivs fonc-
tionnent comme des attracteurs , des possibilits de stabilisation iconique
moindre cot cognitif, qui signalent le basculement dune pratique
dinterprtation lautre.La manifestation visuelle se cherche une immanence
sensible, et la trouve (provisoirement) au dtriment du contenu scientifique. La
figuration spontane a priorise produit ici au moment de la transition entre le
rglage subliminal et le rglage structural : le rglage distal ayant chou, il fait
place au rglage subliminal, et la figuration spontane prcde et prpare le
travail de reconstruction du processus dexploration/ visualisation.
Ce sont trs prcisment ces tensions et ces tentations qui fondent lexploitation
esthtique de la mconnaissance figurative, et qui motivent le discours de vulga-
risation portant sur la beaut des images scientifiques, et sur leur pouvoir de
suggestion.
Sous le titre Lumire dans linfiniment petit
(ci-contre6), limage nanomtrique des piges
photon est explicitement commente en ce
sens : le texte du commentaire, en effet, avant
de dvoquer le contenu scientifique de limage,
et donc avant de proposer un contenu herm-
neutique adquat, commence par une srie de
types iconiques ventuels (canons lasers,
abat-jour design, etc.), prsents la fois comme des interprtations errones,
et comme des mtaphores plausibles du contenu hermneutique dcouvrir.
6Le Journal du CNRS, n203, dcembre 2006, Meudon, p. 43.
Galette de silicium et
circuits gravs
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
18/30
18
Sagissant de proprits appartenant aux chelles nanomtriques , on a dj vu
quelles faisaient appel aussi bien au rglage subliminal (en raison de la dispro-
portion) quau rglage imaginal (en raison de ltranget des proprits vises,
du point de vue de lexprience sensible et de lintuition). Par consquent, la
figuration visuelle peut driver ici tout aussi bien dune figuration spontane
(reconnaissance a prioride figures pr-visualises) que dune figuration absolue
(stabilisation plastique, et reconnaissance a posteriori). Quoi quil en soit, le
commentaire qui accompagne limagedonne littralement le temps de fixer la
figuration spontane ou absolue, le temps dune drive iconique qui convertit la
premire phase du rglage subliminal en contemplation esthtique. Cette obser-
vation est rapprocher de quelques observations prcdentes, portant notam-ment sur les titres donns aux images (puits quantique, par exemple), et qui con-
tribuent fixer et opacifier une figuration qui devrait rester entirement trans-
parente, potentielle ou actuelle, mais non ralise.
De tels commentaires sont monnaie courante dans les magazines de diffusion
scientifique ou dans les ouvrages de vulgarisation, car leur stratgie persuasive
consiste principalement susciter un intrt pour les proprits dun monde e x-
plor par la science, chez un lecteur implant dans un autre monde. Et pour sus-
citer une passion comme l intrt , la premire condition requise est
lexistence dun lien entre lintressant et lintress, un lien susceptible de po r-
ter des valeurs, projetes du premier vers le second, et rciproquement. Dans la
plupart des cas, ce lien est fragile ou rompu, en raison de ltanchit entre les
deux mondes. La tactique persuasive consistera donc construire, rtablir ou
renforcer un lien entre le monde de lexprience phnomnale et celui de
lexprience scientifique, mme si ce lien est factice, approximatif ou mtapho-
rique.
En loccurrence, la facticit est pourtant ici un facteur de crdibilit : sous-
jacente ces quivalences mtaphoriques, ces approximations phnomnales et
ces drives iconiques, en effet, se joue la croyance dans la continuit du monde
physique, continuit qui rsisterait en somme aux variations dchelles, de mo-
dles de reprsentation et de rgimes de croyance. Certes, cette croyance glo-
bale est, dun point de vue scientifique, ou bien nave ou bien mtaphysique, de
toute faon sans valeur explicative, mais elle est ncessaire une diffusion per-
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
19/30
19
suasive de la connaissance scientifique. Elle repose, de fait, sur un principe
dquivalence gnralis, sur un schme du sens commun selon lequel
lexistence ou la construction de rseaux dquivalences donnent consistance
la reprsentation cohrente dun mme champ cognitif; a contrario, pour le
mme sens commun, linterruption dun rseau dquivalences signale
lexistence dune frontire entre deux mondes, entre deux reprsentations coh-
rentes.
En somme, la pratique dinterprtation qui fixe, ralise et contemple des figura-
tions spontanes ou absolues alors que pour la pratique scientifique elles de-
vraient rester fugaces et potentiellesest la recherche dune isotopie, sur la-
quelle les diffrentes images du monde subiraient certes des transformations,
mais dans les limites dunmme monde cohrent. La rupture disotopie, entre le
monde visualisable et le monde physique, fait courir le risque dun effondrement
de la croyance, ou, tout le moins, la confrontation entre deux rgimes de
croyance devenus incompatibles, et cette incompatibilit suscite du mme coup
tous les affects lis en gnral la mconnaissance et la perception de
lincohrence.
Nous disposons donc de ce fait mme dune hypothse susceptible dtre gn-
ralise : linterprtation esthtique de limagerie scientifique est la recherche
de la continuit des mondes physiques, voire dune isotopie ou de connexions
entre isotopies, et elle exploite pour cela toutes les possibilits ouvertes par les
modulations du parcours syntagmatique des rglages iconiques.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
20/30
20
Transformations du point de vue et conservation isotopique
Que ce soit sous la forme de simples
changements dchelles, ou grce deschangements de modes dexcitation-
exploration, limagerie scientifique est en
mesure de proposer, pour un objet don-
n, plusieurs vues diffrentes, qui cons-
tituent autant de niveaux danalyse. Par
exemple, une mme constellation c-
leste, Andromde, est propose ci-
contre en trois vues diffrentes, obte-
nues par trois modes dexcitation-
exploration diffrents : (i) une vue au
radiotlescope (ondes radio), (ii) une vue
au tlescope infrarouges (lumire
basse frquence), et (iii) une vue simule
par ordinateur (lexcitation de lcran).
La forme globale de lobjet est conser-
ve, mais il se prsente sous trois configurations plastiques radicalement diff-
rentes : (i) une masse claire, comprenant une plage centrale trs lumineuse, et
environne dun nuage de points lumineux, (ii) une srie dellipses approxima-
tives constitues de plages effiloches et discontinues, (iii) une quasi-spirale
claire traant distinctement un mouvement centrifuge partir dune petite plage
centrale.
Ces trois vues7, qui correspondent trois manifestations plastiques diffrentes,
renvoient certes au mme objet du monde naturel, mais trois configurations
diffrentes du contenu visuel : (i) la premire privilgie les degrs dintensit
lumineuse, la plus forte tant au centre, et la plus faible en priphrie, (ii) la
deuxime met en vidence la distribution des masses dans lespace proprede la
7 Andromde victime dune collision frontale, Le Magazine de lObservatoire de Paris,Paris, n6, 2006, p. 13.
Andromde,
tlescope infrarouges
Andromde, simulation
Andromde, radiotlescope
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
21/30
21
constellation, en somme son organisation topologique, et (iii) la troisime donne
voir la dynamique interne centrifuge.
Chacune dentre ellessollicite un rglage iconique spcifique :
(i) La premire impose un rglage distal; certes, il est difficile mettre en
uvre, puisque rares sont les observateurs qui pourraient se placer
bonne distance pour voir la constellation sous cette vue, mais
linterprte na pas le choix, car aucun rglage subliminal nest pos-
sible, en labsence de figuration spontane disponible.
(ii) La seconde sollicite un rglage structural, car la visualisation de lobjet ne
capte que ses proprits nergtiques.
(iii)La troisime impose un rglage imaginal ; la figuration visuelle peut
certes tre stabilise, mais uniquement en tant que configuration
plastique dynamique, et elle fonctionne comme une figuration ab-
solue , qui ne renvoie qu un objet conceptuel, abstrait et calcu-
lable, sans rfrent figuratif.
Sous-jacente cette variation, se pose videmment la question de la conserva-
tion de lobjet, et pas seulement de sa forme globale. Pour que lobjet soit peru
comme identique lui-mme, et conserv travers les trois configurations vi-
suelles, il ne suffit pas quon puisse passer de lune lautre en continu par le
moyen du calcul et du raisonnement astrophysique. Il faut en outre que, en tant
que smiotique-objet en transformation, elle puisse tre perue comme un
schme visuel constant mais modifiable dun point de vue smiotique, ce
schme tant associ, comme explication proprement smiotique, la transfor-
mation du dispositif dexpression.
Or, la brve description qui prcde peut tre prolonge par une analyse tensive,
qui, partant de la reconnaissance dun schme visuel constant (lellipse lumi-
neuse dynamique) lui appliquera le principe dune transformation isotope du
contenu :
La premire vue (au radiotlescope) se focalise sur les variations
dintensit, qui ordonnent en quelque sorte la topologie des plages: au
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
22/30
22
centre lintensit maximale forme une masse compacte ; la pri-
phrie, lintensit affaiblie forme un nuage diffus.
La deuxime (aux infrarouges) met en avant lorganisation topologiquedes masses de matire cleste, leurs diffrents modes doccupation de
lespace, en groupes et en alignements, qui, leur tour, ordonnent la
distribution des effets de lumire et dobscurit
La troisime, en enfin, conjugue les deux, la distribution de lnergie
entre le centre et la priphrie, et la rpartition des masses dans
lalignement de la spirale, en les associant dans le mme effet de mo u-
vement centrifuge : les masses perdent leur individualit, et se rduisent leur forme globale oriente par le mouvement.
En somme, les trois configurations de lexpression visuelle renvoient trois
tats tensifs du contenu smiotique : trois tats de la tension entre lintensit
et ltendue:
(+) (1)Distribution (3)Dynamiquede lnergie centrifugelumineuse du mouvement
Intensit(2)Organisationtopologique desmatires
(-)(-) Etendue (+)
Ce rsultat est particulirement instructif. En effet, nous avons montr que, dans
le cas du rglage structural (mais aussi du rglage distal), des systmes semi-
symboliques stabilisent le contenu smiotique de limage scientifique,et que ces
systmes semi-symboliques procurent en quelque sorte une rgle de lecture
homologue mais simplifie des conventions techniques et des rgles de trans-
duction propres au processus dexcitation-exploration-visualisation. Nous avons
aussi soulign le fait que ces rglages et stabilisations iconiques taient rgis par
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
23/30
23
les normes et usages dune pratique scientifique, susceptibles dtre modifis au
profit dautres pratiques.
Nous sommes maintenant en mesure de prciser quelques conditions smio-tiques de ces oprations. Lanalyse des trois vues dAndromde montre que :
(i)
le mme contenu scientifique peut tre associ trois contenus s-
miotiques diffrents, grce trois dispositifs dexcitation-rception
et trois processus de transduction diffrents ; ces trois contenus
sont eux-mmes corrls, par une fonction smiotique hermneu-
tique (produite par linterprtation), trois expressions spcifiques ;
(ii)
la solidarit entre les trois contenus smiotiques de la visualisation
de lobjet repose sur leur participation un mme cycle de trans-
formations isotopes, que la structure tensive permet de dcrire et
daffecter globalement une mme smiotique-objet cohrente.
Tentons ici une hypothse : dun point de vue scientifique stricto sensu, la con-
servation isotopique entre les trois contenus de visualisation pse peu, puisque
lidentit de lobjet explor est scientifiquement atteste, mais elle participe
nanmoins de la familiarisation, au cours dun processus de simple comparai-
son/confrontation. En revanche, dun point de vue smiotique, la participation
des trois contenus hermneutiques un cycle de transformations isotopes, qui
en fait trois tats associs au sein dune mme smiotique-objet, est le support
dune croyance rfrentielle plus forte, susceptible dune exploitation esthtique
autonome. Lisotopie sur laquelle ils se transforment les uns dans les autres se-
rait cet gard la manifestation smiotique de lexistence dun seul objet:
lobjet explor existe, lisotopie des transformations smiotiques latteste. Et la
srie des trois images peut alors passer pour un discours esthtique sur lobjet,
jouant de la variation des points de vue que procurent les trois vues et de
lenchanement desrglages iconiques.
Dans ce cas encore, le mme phnomne smiotique participe la fois de la
familiarisation au sein des pratiques scientifiques et de lexploitation esthtique,
grce une modification du parcours syntagmatique de linterprtation : la com-
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
24/30
24
paraison/confrontation scientifique est alors convertie en parcours de points de
vue, grce la transformation isotope.
Un autre exemple permettra dbaucher une validation (par falsification et ex-ploration de la limite pertinente) de cette hypothse : il sagit de trois explora-
tions dun mme matriau, un matriau composite microporeux, compos dune
matrice de silice et de microparticules de zircon. La premire exploration est
micromtrique, la deuxime est nanomtrique, la troisime est une reprsenta-
tion fractale. Les trois vues ont t ici volontairement dcolores, et reprsen-
tes en nuances de gris, pour isoler le principe plastique de la variation isotope.
Lorganisation plastique de la premire image est structure par des directions
parallles : sur le fond gris du matriau de silice, des sries de points et de pe-
tits amas sombres et clairs forment des alignements ingalement distants les uns
des autres, mais tous parallles, qui correspondent aux microparticules de zircon
et quelques reliefs de silice. Cette vue ne modifie que la distance et les propor-
tions, et elle impose donc un rglage distal.
Dans la deuxime, la composition plastique ne fait plus appel qu de grandes
plages claires, et quelques petites plages sombres de formes alatoires et trs
dcoupes, toutes singulires, et se dtachant sur un fond gris : en somme, une
sorte de paysage cleste nbuleux. Les rapports tablis dans la premire vue
sont ici entirement modifis, puisque le fond gris ne correspond plus aucune
partie de lobjet, la matrice de silice est localise dans les petites masses
sombres, et les grandes plages claires reprsentent les pores de la matrice.
Cette image ne visualise que des proprits topologiques, le plein et le vide, et
Matrice de silice (1)Echelle micromtrique
Matrice de silice (2)Echelle nanomtrique
Matrice de silice (3)Reprsentation fractale
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
25/30
25
fait appel un rglage structural. Les figures respectives des deux proprits
sont stabilises grce une figuration spontane qui fixe la composition plas-
tique (le paysage nuageux ), et facilite ltablissement dun systme semi-
symbolique (plein : sombre : : vide : clair).
La troisime vue est dune tout autre nature encore, puisquil sagit de la repr -
sentation graphique fractale de la structure microporeuse, rsultant de la
projection sur un cran de lalgorithme dvaluation de la densit matrielle (la
rpartition de la masse solide). Il est alors vident, dans cette troisime vue, que
la formation dun contenu smiotique est impossible, et pas seulement en
raison de lincomptence de lobservateur (!), mais parce que la figuration obte-
nue ne rencontre chez lui aucune exprience sensible, aucun rfrent figuratif.
Dans la srie des trois vues, cette reprsentation fractale est aussi une repr-
sentation de proprits dobjet, mais, dans la mesure o en tant que figuration
absolue elle na pas dautre correspondant quun calcul fractal, elle ne peut rele-
ver que dun rglage imaginal. Cette interprtation est par ailleurs conforme la
dfinition mathmatique des fractales, puisque les principes qui la rgissent la
rcursivit des calculs stochastiques et probabilistesappartiennent de fait un
autre monde que celui de lexprience sensible.
Entre ces trois images, qui renvoient pourtant au mme objet, attest dun point
de vue scientifique, aucune transformation isotope nest envisageable, dun
point de vue smiotique : les topologies et les formes changent compltement
de contenus ; les relations plastiques sont la fois diffrentes en tant que telles,
et en ce qui concerne les contenus quelles voquent. Tout comme dans la pr-
cdente srie, les contenus en question saisissent des proprits diffrentes,
mais cette fois sans conservation dun schme visuel commun. Dans cette se-
conde srie, il est donc ncessaire, pour concevoir un cycle de transformations,
de passer systmatiquement chaque tape par lobjet rfrent attest, et par
les liens dductifs qui relient les trois niveaux diffrents du contenu scientifique.
Par consquent, tout comme dans lexemple prcdent, sont encore valides les
affirmations suivantes:
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
26/30
26
le mme contenu scientifique peut tre associ trois contenus smio-
tiques diffrents, eux-mmes corrls respectivement, par
linterprtation, trois dispositifs dexpression;
la solidarit entre les trois contenus smiotiques repose sur leur associa-
tion un mme contenu scientifique, dclin en trois propositions
danalyse diffrentes, trois niveaux de pertinence scientifique diff-
rents ;
Mais il nest plus possible daffirmer que la solidarit entre les trois contenus
smiotiques est fonde sur leur participation un cycle de transformations iso-
topes, ou une srie de points de vue. Il y a bien un seul objet rfrent, mais lavisualisation produit trois smiotiques-objets autonomes, qui ne peuvent tre
intgres un mme parcours visuel.
Sil nest pas possible de constituer partir de ces trois vues une seule smio-
tique-objet, ft-elle en transformation, il nest donc pas plus possible
desthtiser cette srie, en limaginant comme un cycle de points de vue et de
rglages successifs au sein dune mme isotopie visuelle. La srie des rglages
est pourtant la mme (distal > structural > imaginal), mais lisotopie tant per-
due, la croyance rfrentielle qui lui est spcifiquement associe, est aussi per-
due. Ds lors, les seules voies possibles de lesthtisation sont celles propres
chaque type de rglage pris sparment, comme dans les cas dimages isoles.
CONCLUSION
Lesthtisation de limagerie scientifique procde donc globalement dune dr i-
vation entre deux pratiques, voire du dveloppement dune pratique autonome,
qui se dissocie de la pratique scientifique. Mais dans la plupart des cas, les deux
pratiques restent fermement articules, car elles exploitent les mmes propri-
ts syntagmatiques de la pratique interprtative, voire les mmes configurations
iconiques.
Ces proprits syntagmatiques peuvent tre de trois types, qui sont en relation
hirarchique par enchssement.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
27/30
27
Premirement, elles se prsentent un niveau danalyse lmentaire sous forme
de squences modales (des parcours entre les varits de laccessibilit cogn i-
tive) : chaque type de squence modale caractrise un type de rglage iconique.
Deuximement, pour une mme image, elles apparaissent un niveau danalyse
suprieur comme des sries de rglages iconiques, plusieurs rglages pouvant
tre mis en uvre successivement, par ttonnement ou par tactique systma-
tique.
Troisimement, nous avons galement identifi une autre forme syntagmatique,
au dernier niveau danalyse syntagmatique, qui est la srie dimages; en effet,
dans les usages les plus courants, les visuels du discours scientifique sont montsen squences, susceptibles de porter des enchanements narratifs ou rhto-
riques ; au sein de ces sries, les enchanements sont entre autres dtermins
par des changements de rglages iconiques ; donc, plusieurs images peuvent
former des syntagmes isolables, des sries de sries, en quelque sorte, dotes
de proprits syntagmatiques internes.
Chacun de ces niveaux danalyse syntagmatique est rgi par des normes, qui
caractrisent la pratique scientifique. En effet, la pratique de limagerie scienti-
fique doit respecter des rgles portant sur le tempo et lenchanement des
tapes successives de linterprtation. Lautre pratique, celle qui se rencontre
aussi bien dans les discours didactiques ou de vulgarisation, que dans les dis-
cours artistiques proprement dit, se dissocie de la premire par dautresmodula-
tions du tempo et des enchanements (ralentissements, syncopes, bifurcations,
etc.). Ces normes et leurs modulations esthtisantes touchent aussi bien (i) les
enchanements modaux du premier niveau, propre chaque rglage iconique
pris sparment (on a vu comment les figurations spontanes ou absolues pou-
vaient supporter des drivations esthtiques), que les squences de rglages
iconiques, que ce soit (ii) sur une seule image (enchanements par ttonnement
ou tactique) ou (iii) sur une srie dimages (transformations internes un mon-
tage).
Dans les drivations esthtiques du premier type (enchanements modaux) et du
second type (squences de rglages iconiques), nous avons identifi un principe
gnral et imaginaire de continuit entre les mondes physiques, se substi-
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
28/30
28
tuant provisoirement aux relations tablies par dductions et calculs scienti-
fiques. Dans celles du troisime type (sries de vues avec enchanements de
rglages iconiques), nous avons galement repr le rle des transformations
isotopes, des isotopies visuelles sous-jacentes aux sries, qui se substituent de la
mme manire au calcul rfrentiel entre chaque vue et son objet. Quel que soit
le cas, la drivation esthtique actualise donc un principe de continuit et de
cohrence proprement smiotique, indpendant de la rfrence lobjet, et qui
permet ainsi que sinstallent, selon le niveau darticulation, des contemplations
figuratives naves, des quivalences mtaphoriques ou plus gnralement rhto-
riques, ou enfin, des variations de points de vue.
La pratique scientifique obit par consquent une thique, qui se caractrise
principalement par une dontologie de la rfrence discontinue et bilatrale : en
effet, pour chaque rglage iconique, la pratique scientifique impose une valida-
tion implicite ou explicite, et une croyance, reposant sur la chane de transduc-
tion-visualisation qui relie chaque vue un objet ou ses proprits exprimen-
tales ; dans ce cas, les ventuels effets de continuit isotopique ne sont quune
aide complmentaire, une contribution indirecte au processus de familiarisation.
La pratique esthtique se fonde en revanche sur la postulation du continu et la
construction de relations semi-symboliques et de cohrences isotopiques qui
sont supposes exprimer la continuit des mondes physiques. Ds lors, toutes
les modulations du tempo et des enchanements dans les tapes de
linterprtation peuvent tre considres comme des tactiques mises au service
de ltablissement de ces isotopies visuelles continues.
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
29/30
29
RSUM
Cette tude repose principalement sur une analyse et une typologie des modali-
ts du rglage qui prside linterprtation iconique des images scienti-
fiques, et notamment des rglages qui permettent de reconstituer les objets,
rels ou virtuels, dont lexploration technique donne apprhender, au moment
de la visualisation, des proprits qui ne sont pas de nature visuelle au sens habi-
tuel du terme. Nous proposons de distinguer quatre types de rglages : distal,
structural, imaginal et subliminal, et cest au cours de la transformation dun
rglage dans lautre, cest--dire sur le fond dune syntagmatique du rglage des
croyances, que se produisent les effets desthtisation de limage scientifique.
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
Jacques FONTANILLEest Prsident de lUniversit de Limoges depuis fvrier 2005,
et Vice-Prsident de la Confrence des Prsidents dUniversit. Professeur de
smiotique lUniversit de Limoges, membre senior de lInstitut Universitaire
de France, il a cr Limoges le Centre de Recherches Smiotiques, ainsi que la
revue Nouveaux Actes Smiotiques, et de collection d'ouvrages NAS, dite parPulim. Il est galement prsident honoraire de lAssociation Internationale de
Smiotique Visuelle, et prsident honoraire de lAssociation Franaise de Smio-
tique.
Il est lauteur de plus de deux cent cinquante publications,dans les do-
maines de la smiotique thorique, de la smiotique littraire et de la smio-
tique visuelle, de la rhtorique et de la linguistique gnrale.
Il a dirig douze ouvrages collectifs : Smiotique et Enseignement du
franais,Langue Franaise, n 61, (Larousse); Le discours aspectualis(Pulim) ; Laquantit et ses modulations qualitatives(Pulim) ; Le devenir(Pulim) ; Les mtiers
de la smiotique, avec Guy Barrier (Pulim); Smiotique du discours et tensions
rhtoriques, Langages, n137 (Larousse), avec J.-Fr. Bordron. ; Les objets au quo-
tidien, avec Alessandro Zinna (Pulim),Rgimes smiotiques de la temporalit: la
flche brise du temps, avec Denis Bertrand (PUF) ; Le Montage au cinma, avec
Sylvie Prineau (Visio) ; Modlisations smiotiques, avec Anne Beyaert (Modles
linguistiques) ; Les Ages de la vie. Smiotique du temps et de la culture, avec I.
Darrault (PUF) ; Configurations dynamiques de lmotion(Smiotica).
Il a publi onze livres titre personnel : Le Savoir Partag (Hads-Benjamins) ; Les espaces subjectifs (Hachette) ; Smiotique des passions. Des
7/23/2019 reglagesiconiquesimageriescientifique
30/30
30
tats de choses aux tats d'me (Le Seuil), avec A.J. Greimas ; Semiotica de las
pasiones. El seminario(Morphe) ; Smiotique du visible. Des mondes de lumire
(P.U.F.) ; Tension et signification (Mardaga), avec Cl. Zilberberg ; Smiotique et
littrature : essais de mthode (P.U.F.) ; Smiotique du discours(Pulim) ; Sma &
Soma. Les figures du corps.(Maisonneuve et Larose) ; Significao e visualidade:
exerccios prticos (Unisinos Coleo Estudos sobre o Audiovisual) ; Pratiques
Smiotiques(Paris, PUF).
Jacques FONTANILLE a t professeur invit ou confrencier invit dans
quatre-vingt universits amricaines, europennes et africaines. Il est membre
actif de plusieurs comits scientifiques de socits savantes et de revues interna-
tionales dans le domaine smiotique.
Adresse du site internet personnel :
http://unilim.fr/pages_perso/jacques.fontanille/