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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 1 sur 17 Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal Vendredi 3 février 2017 - Grand Dijon Compte-rendu 1 – Programme de la journée 8h30 : Accueil café 9h : Mots d'accueil Mme Sladana ZIVKOVIC, Adjointe déléguée aux relations internationales à la Ville de Dijon et conseillère Communauté Urbaine du Grand Dijon M. Rachid BENSACI, Président de Bourgogne Coopération M. Hicham BOUJLILAT, Conseiller régional délégué à la coopération et à la solidarité internationale, Région Bourgogne-Franche-Comté M. Amadou DIALLO, Consul général du Sénégal à Paris Mme Aline KUSTER-MÉNAGER, Ambassadrice, Conseillère diplomatique de la préfète de Bourgogne- Franche-Comté, Ministère des Affaires Étrangères et du développement international et Préfecture de région 9h45 : Conférence d’ouverture - Actualité socio-politique et enjeux de la coopération franco- sénégalaise, animée par M. Rachid BENSACI, Président de Bourgogne Coopération Mme Éveline BAUMANN, Socio-économiste, Institut de Recherche pour le développement (IRD) Mme Khady SAKHO-NIANG, Ex-présidente du Forum des Organisations de solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM) et Présidente de la Mutuelle d’Épargne et de Crédit des Sénégalais de France 10h30 : Échanges avec les participants 10h50 : État de lieux de la coopération et de la solidarité entre le Sénégal et la Bourgogne- Franche-Comté 11h00 : Pause-café 11h15 : Ateliers d’échanges simultanés Atelier # 1 : coopération économique entre le Sénégal et les acteurs de la région bourgogne Franche-Comté, animé par Mme Karine L’HOSTIS, chef du service Affaires européennes et Rayonnement international, Région Bourgogne-Franche-Comté Cet atelier interrogera les synergies possibles entre les territoires bourguignons-franc-comtois et sénégalais et plus largement l'Afrique de l'Ouest, dans une perspective de développement économique, solidaire et durable. Il permettra également d'ouvrir la voie vers une dynamique de concertation sur la thématique du développement économique et de la coopération internationale et d'envisager des actions prochaines à l'échelle de la région.

Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 1 sur 17

Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal

Vendredi 3 février 2017 - Grand Dijon

Compte-rendu

1 – Programme de la journée

8h30 : Accueil café

9h : Mots d'accueil

Mme Sladana ZIVKOVIC, Adjointe déléguée aux relations internationales à la Ville de Dijon et conseillère

Communauté Urbaine du Grand Dijon

M. Rachid BENSACI, Président de Bourgogne Coopération

M. Hicham BOUJLILAT, Conseiller régional délégué à la coopération et à la solidarité internationale,

Région Bourgogne-Franche-Comté

M. Amadou DIALLO, Consul général du Sénégal à Paris

Mme Aline KUSTER-MÉNAGER, Ambassadrice, Conseillère diplomatique de la préfète de Bourgogne-

Franche-Comté, Ministère des Affaires Étrangères et du développement international et Préfecture de

région

9h45 : Conférence d’ouverture - Actualité socio-politique et enjeux de la coopération franco-

sénégalaise, animée par M. Rachid BENSACI, Président de Bourgogne Coopération

Mme Éveline BAUMANN, Socio-économiste, Institut de Recherche pour le développement (IRD)

Mme Khady SAKHO-NIANG, Ex-présidente du Forum des Organisations de solidarité Internationale

Issues des Migrations (FORIM) et Présidente de la Mutuelle d’Épargne et de Crédit des Sénégalais de

France

10h30 : Échanges avec les participants

10h50 : État de lieux de la coopération et de la solidarité entre le Sénégal et la Bourgogne-

Franche-Comté

11h00 : Pause-café

11h15 : Ateliers d’échanges simultanés

Atelier # 1 : coopération économique entre le Sénégal et les acteurs de la région bourgogne

Franche-Comté, animé par Mme Karine L’HOSTIS, chef du service Affaires européennes et

Rayonnement international, Région Bourgogne-Franche-Comté

Cet atelier interrogera les synergies possibles entre les territoires bourguignons-franc-comtois et sénégalais

et plus largement l'Afrique de l'Ouest, dans une perspective de développement économique, solidaire et

durable. Il permettra également d'ouvrir la voie vers une dynamique de concertation sur la thématique du

développement économique et de la coopération internationale et d'envisager des actions prochaines à

l'échelle de la région.

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 2 sur 17

Intervenants :

- M. Alain BRÉANT, Président de l'association “Chênes et Baobabs" (Nièvre)

- Mme Marie-Line BONNOT, adjointe au Maire de Longvic en charge de l'action culturelle et de la

citoyenneté (Côte d'Or)

- M. Pierre Alexis CARROUÉE, Responsable zone export, Entreprise Eurogerm SA (Côte d'Or)

- Mission économique de l’Ambassade du Sénégal à Paris (sous réserve)

Atelier # 2 : Agriculture et sécurité alimentaire au Sénégal, animé par M. Jean DUPRAZ,

administrateur d'OXFAM France

Cet atelier interrogera les caractéristiques de l’agriculture sénégalaise et son évolution. Il permettra de

mettre en lumière le rôle de la coopération internationale et des exploitations familiales pour lutter contre

l'insécurité alimentaire.

Intervenants :

- M. Moustapha GAKO, Président de l'Association pour le Développement de Ganguel-Soulé (Jura)

- M. Thomas PARENT, Vice-Président et M. Joël FLEURY, membre AFDI Bourgogne Franche-Comté

(Doubs)

- M. Yves RONDELET, Président d'Apiculteurs sans frontières (Saône et Loire)

Atelier # 3 : Rôle social et économique de la diaspora sénégalaise et coopération culturelle, animé

par Mme Mélanie ABOT, Présidente de La Pépinière Culturelle

Les organisations issues de la diaspora sénégalaise jouent un rôle prépondérant tant dans la vie locale, en

contribuant à la cohésion sociale et à l'intégration des nouveaux arrivants, que dans leur pays d'origine.

Elles sont également un levier au développement de la coopération culturelle entre les territoires. Comment

ces organisations peuvent-elles s’intégrer davantage au tissu associatif local ? Comment les collectivités

peuvent-elles bénéficier au mieux de leurs compétences et savoir-faire ?

Intervenants :

- M. Daouda BALDE, Chargé de communication, Association La Teranga de Dijon (Côte d'Or)

- Mme Isabelle SOSOLIC, Directrice artistique de la Compagnie Astrolabe Production (Doubs)

- M. Hyacinthe DIOUF, Président de l'Amicale franco-sénégalaise de Bourgogne (Côte d'Or)

- M. Ibrahima DIONE, Président l'Association des Sénégalais de Besançon (Doubs)

- M. Lassana KOITA, Président du Comité de Rénovation de Diawara, commune sénégalaise partenaire

de la Ville de Longvic (Côte d'Or)

12h45 : Buffet sénégalais et musical

Sur inscription uniquement. Participation au déjeuner : 10 € / repas (règlement sur place en espèces ou

par chèque lors de l'émargement)

14h : Restitution des ateliers et discussions avec les participants

- M. Ousmane SYLL, directeur du CERCOOP Franche-Comté

- M. Jean-Claude FRESSE, membre CCFD Terre-Solidaire

- M. Alain SAVIGNET, directeur adjoint de l'IRTESS de Bourgogne

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15h : Jeunesse et citoyenneté - Témoignages de jeunes porteurs de projets ayant effectué une

mobilité au Sénégal

- M. Vincent HANRION, Président de l'association Cinécyclo

- Mme Élisabeth OUÉDRAOGO, M. Romain CHAPELLIERE, M. Antoine RICHARD, Mme Amélie POIRIER,

Élèves du lycée Le Castel à Dijon et membres du Club Unesco du lycée du Castel de Dijon

16h : Clôture de la journée par un grand témoignage

- Mme Penda MBOW, Ministre Conseillère en charge de la Francophonie à la Présidence de la République

du Sénégal Enseignante chercheur en Histoire à l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar

2 – Mots d’accueil

Mme Sladana ZIVKOVIC, Adjointe déléguée aux relations internationales à la Ville de Dijon et conseillère

Communauté Urbaine du Grand Dijon a introduit la journée en rappelant que la Ville de Dijon était très

heureuse de l’accueillir dans ses locaux. La Ville de Dijon est membre de Bourgogne Coopération et

soutien ce réseau depuis sa création. Elle entretient notamment des liens avec la Ville de Dakar.

M. Amadou DIALLO, Consul général du Sénégal à Paris et Mme Aline KUSTER-MÉNAGER, Ambassadrice,

Conseillère diplomatique de la préfète de Bourgogne-Franche-Comté ont eux aussi remercié les

organisateurs de cette journée et rappelé leur intérêt pour l’organisation de temps d’échanges comme

celui-ci, qui favorisent la mise en réseau des acteurs de la coopération.

M. Rachid BENSACI, Président de Bourgogne Coopération, a ensuite repris la parole pour présenter

brièvement Bourgogne Coopération, remercier l’association La Teranga, qui a appuyé le réseau dans

l’organisation de cette journée, et introduire la conférence d’ouverture.

3 - Conférence d'ouverture « Actualité socio-politique au Sénégal et enjeux actuels de la

coopération franco-sénégalaise »

Animateur : M. Rachid BENSACI

Intervenantes : Mme Éveline BAUMANN (IRD), Mme Khady SAKHO NIANG (FORIM, MECSF)

Evelyne BAUMANN - Socio-économiste à l'IRD

Mme BAUMANN met en avant la liberté de parole qu'elle peut employer de par son statut de chercheuse

et non pas de représentante politique ou d'une association de la société civile. Ses recherches ont surtout

porté sur la période d'Abdoulaye WADE, ancien Président du Sénégal, mais des éléments sur le contexte

actuel seront apportés aujourd'hui.

Le Sénégal aujourd'hui :

Le Sénégal est un pays du Sud faisant partie des pays « les moins avancés » selon la Banque Mondiale,

un pays pauvre parait-il. Un pays qui renferme de multiples inégalités :

des inégalités qui s'inscrivent dans l'espace : entre les villes et campagnes, entre la banlieue de

Dakar et le centre (entre Pikine et le centre-ville ou les quartiers d'affaires de Dakar) ;

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des inégalités qui se traduisent dans l'immobilier : à la pointe des Almadies, on peut observer

des magnifiques villas dont chaque chambre possède une salle de bain alors qu'à quelques

kilomètres de là dans la banlieue de Pikine, des enfants dorment à tour de rôle du fait qu'il n'y

ait pas assez de couchages ;

des inégalités dans le domaine de la scolarité : un système dans lequel on peut trouver des

instituts privés où le bilinguisme est de rigueur alors que d'autres enfants suivent une formation

« du coin de rue », à même le macadam. Inégalités entre universités privées et universités

publiques où les conditions de travail sont difficiles ;

des disparités dans le domaine de la santé : on peut voir dans les rues des publicités pour une

assurance santé VIP dans le monde entier alors même que le système de la CMU montre ses

limites.

La question de la CMU (Couverture Médicale Universelle) est aujourd'hui centrale. On s'aperçoit qu'elle

ne constitue essentiellement qu'un habillage linguistique. En effet, elle ne concerne que les enfants de

moins de 5 ans, ne s'appuie que sur des institutions privées et ne concerne que les enfants qui ont la

chance d'avoir accès à un hôpital à proximité où des professionnels jouent le jeu. Pourtant, la protection

sociale est un facteur central pour promouvoir la cohésion sociale.

Enfin, de manière plus générale, on constate aujourd'hui une augmentation des inégalités.

D'où proviennent ces inégalités ?

Dans les années 1980, le Sénégal a entamé une politique de réajustements structurels sous la demande

des institutions internationales, une politique donc de libéralisation des économies dans laquelle le rôle

de l'État a été réduit au strict minimum (sous-entendu et entendu que l’État est inefficace). Depuis lors

le modèle économique n'a pas changé.

Cette politique a certes permis de la croissance mais on constate moins de 4% entre 2000 et 2014. C'est

bien inférieur aux 7% que voulait atteindre le PSE (Plan Sénégal Émergent). Parallèlement, on note un

accroissement démographique de 2,4 % (un chiffre à vérifier).

L'économie néo-libérale a donc pris le pas, mais cela ne traduit pas pour autant une absence de politiques

publiques. Ces politiques sont néanmoins handicapées par un accès à des données chiffrées très peu

fiables et par des bailleurs de fonds qui n'ont d'autres priorités que les données chiffrées (davantage

tournées vers la fiscalité et les flux financiers).

La remise en cause des ODD, « One size fits all »

Avec les Objectifs de Développement Durable (ODD), les mêmes objectifs sont assignés à tous les pays

du globe, alors même que les trajectoires de ces pays et leurs points de départ sont très différents. Nous

nous trouvons aujourd'hui dans une véritable course à la performance des indicateurs, notamment dans

le domaine de l'éducation. Cela s'explique par le fait que si les chiffres ne sont pas bons, les pays font

face à des problématiques de versement des soldes de financements.

Malgré ces limites, le PSE reprend largement les ODD pour l'horizon 2030. Le problème est que ces

objectifs ne prennent pas en compte la racine même de la pauvreté. Et lorsque les résultats ne sont pas

bons, ce ne sont pas les objectifs eux-mêmes qui sont remis en cause mais bien la gouvernance.

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L'action de la diaspora

C'est dans ce contexte complexe qu'intervient l'aide internationale, les actions des ONG et celles de la

diaspora. Les flux financiers provenant de la diaspora sénégalaise sont équivalents à l'aide publique au

développement. Ainsi, 10% du PIB du Sénégal provient de ces flux financiers.

La diaspora a aussi un rôle important du point de vue des transferts sociaux qu'elle opère, à savoir toutes

les influences qu'elle peut avoir sur les politiques grâce à son double regard.

Conclusion

Certaines réalités peuvent être douloureuses à vivre par les associations françaises et sénégalaises et

par les populations. En tant que chercheuse, il est difficile de composer avec toutes ces contradictions.

N'oublions pas qu'il y a des rapports de forces énormes à l'intérieur de ces sociétés et que les actions de

tout acteur s'inscrit dans ces rapports de forces. Ce pourquoi il faut soutenir et remercier les acteurs

présents pour ce qu'ils font et pour leur courage.

Mme Khady SAKHO – Ex Présidente du FORIM et Présidente de la Mutuelle d’Épargne et

de Crédit des Sénégalais de France

Mme Khady SAKHO salue et souhaite la bienvenue à Mme la Ministre Penda MBOW avec qui elle a

partagé plusieurs combats, dont celui de la libération des femmes notamment, et à Monsieur le Consul

Général Amadou DIALLO. Elle remercie tous les acteurs associatifs présents sans qui l'administration

resterait impuissante.

Présentation du FORIM

Le Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM) est né d'une

volonté des migrants. L'objectif poursuivi est la mise en place d'une plate-forme nationale des

associations de migrants afin de donner davantage de visibilité à leur combat.

Avec la naissance des notions de co-développement et de co-financement, on a assisté à la volonté

d'associer les migrants dans les dynamiques de coopération avec les pays d'origine. L'enjeu reste

aujourd'hui de savoir former ce triptyque « diaspora / collectivités « du nord » et du « sud » ».

Mme Khady Sakho a été la première femme élue du FORIM après plus de 15 ans d'existence. Lorsqu'elle

se présentait, elle était simplement une femme, Khady, et se disait qu'elle allait transcender tous les pays

d'appartenance. La force de la multi-culturalité, c'est d'oublier que l'on vient d'un endroit précis et c'est

bien cela le « bien vivre ensemble », de profiter de tous les apports et richesses de chacun, et c'est que le

FORIM a pu apporter aux associations de migrants.

Petit détour historique

Les migrants, et surtout les migrants sénégalais, ont commencé par quitter les campagnes. On parlait

alors d'exode rural. Dans un second temps, cet exode s'est tourné vers des pays africains limitrophes

puis ensuite vers d'autres pays comme la France. À l'époque les migrants n'avaient pas besoin de titre

de séjours car la France se trouvait dans un contexte de reconstruction d'après-guerre et avait besoin de

main d’œuvre.

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Diaspora et coopération

La première richesse des migrants est la richesse de ce qu'ils ont vu ailleurs. Ce sont aussi les richesses

financières et leur rôle dans la coopération avec leur pays d'origine.

Concernant la coopération et de la solidarité internationales, il existe notamment un dispositif de

financement à destination des organisations issues des migrations, le PRA-OSIM, qui s'adresse à plus de

40 pays. Le Sénégal en a quant à lui profité pour plus de 40 projets.

La question qui se pose ici est celle de la collaboration : quelle collaboration des acteurs en amont du

financement et quelle mutualisation ? Comment éviter les doublons des projets sur le terrain, en

construisant par exemple deux écoles et deux mosquées dans un même village ? Comment donner de la

cohérence à tout cela ? Il faut pour cela permettre la structuration des associations, la formation des

acteurs, la conscience citoyenne et la participation des citoyens dans les instances locales de décisions

afin qu'ils deviennent de véritables acteurs de développement.

Réaction des participant-e-s

M. Jérôme THEVENOT (Oïckocrédit)

Les interventions ont été très riches et a été notamment évoqué le creusement des inégalités entre le

milieu urbain et rural. Quel rôle peut alors jouer le microcrédit dans le développement local ? D'autant

que le milieu rural est bien loin du système bancaire.

M. Jean DUPRAZ (OXFAM France)

Mme Baumann a émis de fortes réserves sur la couverture de santé. Que faudrait-il faire pour qu'elle

réponde aux objectifs ? Concernant les accords de partenariat économique (APE) entre l'Union

Européenne et le Sénégal, pourquoi ont-ils été signés en mai 2016 par le Sénégal après une telle

contestation ?

M. Oumar BA (Docteur en Sciences Politiques)

Une première remarque concerne la relativité des statistiques avancée par Mme Baumann, qui ne

semble pas pertinente au regard de l'expérience de l'agence de la statistique sénégalaise et de son

expertise. Aussi, pour comprendre la sociologie du pays, il est important de prendre en compte les

différences quant au rapport à l'économie et au social. Il faut ainsi être prudent et ne pas tomber dans

l'erreur de certains intellectuels occidentaux qui imposent une certaine vision du développement

économique. Avoir une tête de bœufs constitue un indicateur de richesse au même titre qu'avoir des

enfants dans les champs est indicateur de bien-être. Concernant la couverture maladie universelle, la

priorité a en effet été donnée aux enfants de moins de 5 ans du fait d'une mortalité de 53 pour mille sur

cette tranche d'âge. Sur le PSE, il est à rappeler que des plans avaient été proposés bien avant la mise en

place des ODD. Enfin, il apparaît effectivement nécessaire de repenser le PSE, car il fait abstraction des

ressources que nous avons découvertes aujourd’hui.

Mme Khady SAKHO (FORIM, MECSF)

La société civile a en effet combattu férocement les APE (Accords de Partenariats Économiques), et il

faut relever que la signature définitive n'est pas encore intervenue.

Mme Evelyne BAUMANN (IRD)

Concernant la micro finance, la population du sud ne pense pas nécessairement dans les mêmes

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catégories qu'au nord et elle ne fait parfois pas la différence entre le crédit et les économies qui ne sont

pas monétisées à 100% (animaux par exemple). La microfinance peut effectivement jouer un rôle mais

elle ne constitue qu'un moyen parmi d'autres.

Mme Penda MBOW, Ministre, Conseillère à la Présidence de la République du Sénégal

D'importantes questions ont été soulevées aujourd'hui. Toute la société civile africaine s'est

effectivement mobilisée contre les APE, mais vu l'étroitesse des relations entre ces pays et l'UE, il sera

absolument nécessaire de mener une réflexion sur ce que l'on peut tirer de ces APE les uns et les autres,

notamment en termes d'investissements. Il faudra également qu'il y ait une amélioration dans la position

de l'UE dans ces accords. Il ne faut pas pour autant rejeter d'un bloc l'interprétation faite des APE par le

Sénégal, qui jouit de surcroît d'un leadership en Afrique de l'Ouest. Par ailleurs, on ne peut pas continuer

à faire l'apologie de la transhumance, la société doit être modernisée et les facteurs de développement

stabilisés. Le développement ne doit pas être basé uniquement sur l'investissement mais doit reposer

également sur les richesses locales.

Mme Sladana ZIVKOVIC (Ville de Dijon)

Lors de la rencontre avec Monsieur le Maire de Dakar lors du Sommet mondial Climat et Territoire à

Lyon, les échanges ont été en totale cohérence avec les propos de Madame la Ministre. En effet, le

développement doit émerger des richesses locales et de la jeunesse et il s'agit d'un devoir de l’État

d'accompagner cette dynamique.

M. Issa DIAWARA (PNUD, Université de Bourgogne)

On assiste aujourd'hui à des interventions et des débats de qualité. Le problème central paraît être celui

du plan d'ajustement structurel, insuffisamment analysé, l'esprit de ce plan continuant à hanter la réalité

sénégalaise. Il s'agit d'un exemple parmi d'autres de plans pour les africains, construit sans les africains.

Il en va de même avec les ODD construits sans experts africains et qui mèneront à un échec. Concernant

les APE et leurs objectifs, ils ont été fixés sans connaissance réelle des critères de pauvreté. Enfin, un

problème qui n'a pas été soulevé aujourd'hui est celui du franc CFA, éludé du côté des responsables

africains comme occidentaux.

M. Daouda BALDE (La Teranga)

Certaines affirmations ne semblent pas relevées de la situation actuelle du Sénégal, au regard de

l'expérience et de la vision de son pays de M. BALDE. Certaines données, notamment concernant

l'éducation, devraient sans doute être actualisées. Une problématique non soulevée ici est celle du

recrutement des enseignants et des élèves pour continuer à faire vivre certaines classes.

Mme Khady SAKHO (FORIM, MECSF)

Les affirmations de Mme Baumann sont effectivement exactes, l'éducation étant absente dans une

grande partie du Sénégal. On constate un manque de professeurs et des infrastructures inexistantes. Il

en va de même pour la CMU, inexistante dans une grande partie du pays.

Mme Mously FALL (ASSEB – Étudiante)

Dans de nombreuses zones et notamment au Fouta il n'existe pas de poste de santé, restreignant ainsi la

portée de la CMU, qui par ailleurs n'est destinée qu'aux enfants.

Concernant les APE, quels intérêts présentent-ils pour le Sénégal ? Qui sont les perdants ? La signature

intérimaire ne présage-t-elle pas une signature définitive ?

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 8 sur 17

3 - Atelier « Coopération économique entre le Sénégal et la Bourgogne Franche-Comté »

Animatrice : Karine L’HOSTIS, Cheffe de service Affaires européennes et rayonnement international,

Région Bourgogne Franche-Comté

Intervenant-e-s : Marie-Line BONNOT (Adjointe au de Longvic en charge de l’action culturelle et de la

citoyenneté), Pierre Alexis CARROUÉE (responsable Zone Export, Entreprise Eurogerm SA, En charge de

la Zone Afrique de l’Ouest)

Introduction - Mme Karine L’HOSTIS

Dans un contexte de foisonnement des initiatives et face à la diversité des acteurs engagés en

coopération, l’heure est au décloisonnement des approches. L'enjeu est de pouvoir créer ou renforcer

des passerelles entre les acteurs.

Mme Marie-Line BONNOT - Adjointe au de Longvic en charge de l’action culturelle et de la

citoyenneté

La Ville de Longvic mène des projets de coopération décentralisée avec la Ville de Diawara au Sénégal

grâce notamment au travail des Clubs Unesco de Dijon et environs et du COREDIA, l'association des

ressortissants de Diawara, cette dernière assurant l’interface et favorisant le travail avec la ville

partenaire. Ce partenariat avait été formalisé dès 1985 avec la signature d'une charte de jumelage.

Depuis 2007, quelques dons et subventions ont été transférés à Diawara, notamment pour l'achat de

matériel scolaire et informatique. Le coût du transport et des frais de douane est pris en charge par le

COREDIA. Longvic vient également en appui à l'adduction d’eau potable.

Plusieurs activités de sensibilisation sont également menées ici avec notamment l'implication du Conseil

Municipal junior de Longvic. Une pratique de la pédagogie réflexive est mise en place à destination des

populations, élèves et associations partenaires.

Globalement Longvic tente de créer une synergie entre les acteurs et de sensibiliser les acteurs

économiques de son territoire sur sa politique de coopération. L'enjeu est de pouvoir créer du lien entre

entreprises, associations et partenaires.

Les principales difficultés rencontrées ont trait à la relation de municipalité à municipalité, finalement

facilitée par l'implication d'une association de ressortissants.

M. Pierre Alexis CARROUÉE - Responsable Zone Export, Entreprise Eurogerm SA, en

charge de la Zone Afrique l’Ouest

Eurogerm SA, entreprise de l'agglomération dijonnaise, conçoit, produit et commercialise des

ingrédients et solutions pour la filière blé-farine-pain. Il s'agit d'un acteur majeur de la filière agro-

alimentaire détenant 12 filiales dans le monde dont 3 en Afrique.

Eurogerm Sénégal est né en 2002 d'une rencontre avec Amadou Seck, ancien élève de la meunerie de

Paris. La filiale s'est développée très rapidement pour devenir aujourd'hui une société d'une trentaine

de salariés en cours de certification ISO, véritable porte d'entrée sur l'Afrique de l'ouest. L'usine de Dakar

rayonne aujourd'hui sur toute la sous-région et travaille jusqu'en Afrique centrale, notamment avec le

Gabon.

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Au-delà de la production de divers ingrédients à partir de céréales locales, la société développe des

équipements pour les boulangers et propose des formations. Elle travaille actuellement avec l'Université

de Bourgogne sur l’utilisation des céréales locales pour la fabrication de pâtes et tend au transfert de

savoirs grâce à des salariés sénégalais formés en France.

En parallèle, l'entreprise soutien le centre d'accueil l'Empire des enfants ainsi que la pouponnière de

Mbour et le collège Joseph Gomis.

Conclusion

L’intégration des acteurs économiques dans les partenariats de coopération au développement est un

vecteur de promotion et d’ouverture de nouvelles opportunités économiques.

L'enjeu est de pouvoir rapprocher le monde économique et les acteurs associatifs, dont l'expertise n'est

par ailleurs pas toujours valorisée. Les collectivités territoriales peuvent quant à elles impulser ces

dynamiques en jouant un rôle de « facilitateur ».

En 2013, une étude de Paul FRICKER pour le CERCOOP F-C montrait que 13% d’entreprises en Franche-

Comté conduisaient des actions à l’international dans une logique de co-développement et que 36 %

menaient des actions de coopération et de solidarité internationale.

Suite à cette étude, un groupe de travail avait été mis en place pour travailler sur les actions et

collaborations possibles entre acteurs de développement de nos territoires : collectivités territoriales,

entreprises classiques ou de l'économie sociale et solidaire, associations notamment issues de la

diaspora.

4 - Atelier « Agriculture familiale et sécurité alimentaire au Sénégal »

Animateur : M. Jean DUPRAZ (OXFAM)

Rapporteur : M. Jean-Claude FRESSE (CCFD-Terre Solidaire)

Intervenants : M. Moustapha GAKO (ADG), M. Joël FLEURY (AFDI), M. Yves RONDELET (Apiculteurs

sans Frontières)

Moustapha GAKO - Président de l'Association pour le Développement de Ganguel Soulé

(ADG)

L'Association pour le Développement de Ganguel Soulé (ADG) a été créée en 2006 en Franche-Comté et

a plusieurs sections en France et à l'étranger, chacune étant indépendante et s'étant dotée de son propre

bureau. Ganguel Soulé est un village de 15 000 habitants située à 200 km au nord-est de Saint Louis.

Les projets menés ont permis la mise en place de 72 ha de riziculture alternée avec de la culture de maïs,

faisant essentiellement travailler les hommes. L'intégralité est irriguée par l'eau du fleuve. Les

rendements sont aujourd'hui élevés et les populations se trouvent en situation d'autosuffisance.

L'association soutient également une exploitation agricole de femmes de 12 ha implantée prêt du fleuve

Sénégal. Ainsi en 2012, 322 femmes ont pu jouir de cette exploitation maraîchère dont les légumes sont

destinés à la vente sur le marché et à l'autoconsommation. Une motopompe est en place pour capter

l'eau du fleuve mais elle n'est pas assez puissante pour alimenter toute la surface et l'exploitation n'est

pas en mesure de satisfaire toute la demande.

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 10 sur 17

Afin de permettre une expansion des surfaces, un système de micro-crédit a été mis en place à

destination des femmes grâce aux fonds propres de l'association. Celle-ci perçoit désormais 1000 FCFA

de remboursement.

Joël FLEURY - AFDI Bourgogne Franche-Comté

L'AFDI a pour missions l'accompagnement d'organisations paysannes du sud pour promouvoir le

développement rural et la lutte contre la pauvreté ainsi que la sensibilisation au nord aux

problématiques de développement rural des pays du sud. Cette association tend à défendre le droit à

l'alimentation, à promouvoir une agriculture familiale (ce que ne propose pas forcément le FMI), à

favoriser les échanges nord – sud et sud- sud et à produire mieux ici et là-bas. Elle rassemble à la fois des

individus et des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA).

Le comité régional Bourgogne Franche-Comté d'AFDI a mis en place un partenariat dans la région de

Kolda avec la fédération des éleveurs et le LAFIL (interprofession des acteurs de filière lait locale).

L'objectif de ce partenariat est d'améliorer la production de lait et de viande, l'accès aux intrants et le

stockage fourrager. L'AFDI intervient sur le renforcement des capacités de l'organisation paysanne (OP),

l'amélioration de la maîtrise par l'OP des services à ses membres et sur la défense des intérêts par le

renforcement du poids politique. Cette intervention est possible grâce à des missions nord-sud mais

également sud-nord, ainsi que par la mobilisation de binôme de stagiaires franco-sénégalais. Une

importance est donnée à l'apprentissage par les pairs, les rapports et liens s'instaurant rapidement.

Avec la sédentarisation est apparue la problématique du stockage fourrager et de la production de lait à

l'année. Un travail est donc nécessaire sur les cultures afin de pouvoir nourrir le bétail. Il est d'une

importance cruciale que les paysans de là-bas puissent nourrir la ville pour ne pas laisser la place aux

grandes surfaces.

Les projets développés et la filière lait font face à un certain nombre de contraintes, à savoir la difficulté

d'accès aux intrants, le manque d'entretien des infrastructures, le manque d'accès à l'énergie et en

particulier à l'électricité (chaîne du froid). On peut noter également l'influence du changement

climatique sur la saisonnalité, rendant notamment les semences inadaptées, et le manque de formation

des populations sur les métiers ruraux.

Mais globalement on constate que se développe la transformation locale par des mini laiteries, la vente

en circuit-court et la consommation de lait local.

La mise en place d'organisations paysannes fortes telle que la fédération des éleveurs est une condition

indispensable pour développer les productions locales et espérer influer sur les politiques agricoles.

Yves RONDELET (Apiculteurs sans frontières)

Au sud et au nord on ne s'occupe pas des abeilles de la même manière. Les occidentaux ont voulu

apporter, moderniser et dynamiser l'apiculture. Ils ont néanmoins remarqué que les abeilles étaient plus

agressives et travaillaient différemment. La ruche occidentale a été importée, des projets apicoles se sont

multipliés mais ils n'ont pas su résister longtemps du fait de nombreux problèmes d'adaptation.

En effet, les abeilles font partie des sociétés rurales et jouent un rôle important dans l'économie familiale

et dans les relations sociales. Le miel est considéré comme un don de Dieu, comme une récompense du

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 11 sur 17

courage et du risque que l'on a pris. La récolte du miel dans des ruches posées au sommet des arbres fait

partie des rites initiatiques dans le passage des garçons à l'âge adulte.

Une alternative est celle de la ruche kenyane, au sol, qui constitue une transition peu onéreuse de

l'apiculture traditionnelle vers l'apiculture moderne. Elle a notamment comme avantage de présenter

des capacités de stockage de miel plus importantes, d'être socialement acceptable et techniquement

facile à maîtriser. Elle permet également de comprendre la biologie de l'abeille.

M. Jean DUPRAZ (animateur)

L'apiculture constitue-t-elle un moyen d'avoir des protéines ? De tirer un revenu complémentaire ?

M. Yves RONDELET (Apiculteurs sans frontières)

Oui c'est en effet un produit préconisé par beaucoup de praticiens, qui ne présente pas de problème de

conservation. Quant aux personnes qui se lancent dans l'apiculture, elles gagnent leur vie même s'il

existe certaines contraintes et menaces comme les pesticides, les feux de brousse du fait de la récolte à

la torche des ruches traditionnelles ou encore les vols et les parasites (varroa).

Globalement l'apiculture au Sénégal est en bonne voie avec notamment l'arrivée de la ruche kenyane :

les pratiques sont plus douces, respectueuses de l'environnement, l’apiculture au sol peut-être pratiquée

par les femmes par ailleurs très efficaces et on assiste à des projets de reboisement qui tiennent compte

des essences mellifères (exemple de la grande muraille verte).

Échanges avec les participants

M. Jean-Michel THOMAS (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières - AVSF)

Il est certes important que les paysans puissent nourrir la ville mais cela reste insuffisant, il faut

également qu'ils puissent nourrir leur pays. À cet égard, le témoignage de l'ADG est intéressant puisque

les cultures mises en place à Ganguel Soulé sont des cultures d'importation. Par ailleurs, le changement

climatique implique d’ores et déjà des modifications, il faut travailler sur la capacité d’adaptation des

agriculteurs et des éleveurs. On note aussi plus de 40 milliards d’importation de lait au Sénégal, ce qui

pose de réelles questions. Enfin, un élément problématique qui peut-être soulevé est celui de la

localisation du groupement des éleveurs, CINAFIL n'étant pas membre du collectif de l'interprofession

nationale des producteurs des milieux ruraux.

M. Jean-Claude FRESSE (CCFD-Terre Solidaire)

Pour en revenir au thème de l'atelier « Agriculture familiale et sécurité alimentaire » : quelle est la part

du miel dans les revenus des ménages ?

M. Yves RONDELET (Apiculteurs sans frontières)

Cette part est importante même si on ne dispose pas de chiffres précis. Globalement le miel constitue un

élément important en période de crise.

M. Jean-Claude FRESSE (CCFD-Terre Solidaire)

Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, il pourrait être par ailleurs intéressant d'introduire la culture

du soja au Sénégal comme cela s'est fait avec succès au Cameroun. Le soja présente la même valeur

alimentaire que du lait en poudre et est bon pour la nutrition des enfants.

Mme Éveline BAUMANN (IRD)

Quelle variété de maïs est-elle récoltée à Ganguel Soulé ?

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 12 sur 17

Moustapha GAKO

Du maïs « amélioré », hybride, fabriqué par les locaux avec l’appui du gouvernement.

M. Jean-Michel THOMAS (AVSF)

On peut ajouter à ces échanges et témoignages le problème de la concurrence entre éleveurs et

agriculteurs notamment au Ferlo, et la nécessité de trouver des moyens pour garantir des zones

pastorales suffisantes. Le gouvernement ainsi que la recherche locale doivent être impliqués à ce niveau.

Plus généralement, le Sénégal fait face aujourd'hui à des besoins en formation de base ainsi qu'en

amélioration de la production de maïs, oignons et pommes de terre.

5 - Atelier « Rôle social et économique de la diaspora et coopération culturelle »

La prépondérance du rôle de la diaspora a globalement été soulignée au cours de cet atelier.

Plusieurs associations issues des diasporas sont activement engagées dans la vie locale à l’échelle de

quartiers ou de communes. Au-delà d’animer une communauté de ressortissants et de leur permettre

de s’intégrer plus facilement, certaines associations sont aussi engagées dans des actions citoyennes et

administratives comme par exemple, l’association La Teranga qui assure le rapatriement des corps des

sénégalais décédés à Dijon et environs jusqu’au pays, notamment avec l’appui d’une assurance

spécifique.

Plusieurs associations sont engagées dans la vie culturelle locale, à travers l’organisation de

manifestations diverses, certaines faisant la promotion de la culture sénégalaise, mais pas forcément

toujours.

La participation des membres des diasporas aux projets de développement et une collaboration accrue

avec les associations de solidarité internationale « historique » est nécessaire car les diasporas

connaissent parfaitement le pays, en maîtrise les codes culturels et langue.

Par contre, certains acteurs évoquent la difficulté que peuvent rencontrer les acteurs de la diaspora dans

le cadre de formalités administratives ou le montage de dossiers. En ce sens, la mise en relation avec des

réseaux comme Bourgogne Coopération et le CERCOOP F-C sont utiles, ainsi qu’avec le réseau national

FORIM (Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des migrations).

6 - Jeunesse et citoyenneté – Témoignages de jeunes porteurs de projets

Vincent HANRION (Association Ciné Cyclo)

Cinécyclo est une association dont les activités mêlent voyages d'aventure, partage culturel et partage

de connaissances par l'image. Avec le Cinécyclo Tour Sénégal initié en 2015 et d'une durée de 6 mois,

100 projections ont pu être mises en place à travers une grande partie du Sénégal et plus de 12000

personnes ont été touchées.

Cinécyclo utilise une génératrice électrique à pédales qui fonctionne à l’aide de vélos et de cyclistes, les

spectateurs étant amenés à pédaler pendant les projections pour alimenter le matériel de projection.

L'idée était de rendre cette invention utile à des associations menant des activités agricoles et de

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protection de l'environnement. Finalement, six partenaires sénégalais se sont proposé de contribuer au

travail de sensibilisation de la population sur ces thématiques à travers notamment la projection de films

en dialecte local.

Cette première expérience a constitué une aventure humaine avant tout, dans laquelle l'association a été

accompagnée par un jeune sénégalais (Yoro) qui continue désormais de porter le projet dans son pays.

Des séances scolaires sont notamment proposées.

L'association Cinécyclo porte aujourd'hui d'autres projets en Bourgogne et dans d'autres régions de

France et du monde, notamment sur le continent américain.

Élisabeth OUÉDRAOGO, Antoine RICHARD, Pablo RICHARD et Amélie POIRIER, étudiants

et lycéens membres du Club Unesco du lycée Castel

Dans le cadre du Club Unesco du Castel, plusieurs séjours au Sénégal ont été proposés aux élèves, les

deux derniers n'ayant pas pu avoir lieu à Diawara, ville partenaire située dans une zone à risque, mais à

Tambacounda.

À travers ces voyages les jeunes ont pu découvrir ce que les femmes et les hommes d'Afrique font pour

l'Afrique : l'éducation pour tous, l'égalité filles-garçons. Ils sont allés à la rencontre d'associations

diverses (dont le COREDIA, Comité de Rénovation de Diawara ou la SCOFI, association de lutte contre le

mariage précoce, les violences et pour l'égalité femmes-hommes) et d'enseignants de Diawara.

Ces séjours ont permis aux jeunes de gagner en maturité, d'impulser des échanges réciproques mais

également de mettre en place leurs propres projets.

Deux structures ont ainsi été créés, le CAFEN (Collectif d'aide franco-sénégalais) et l'ADDE BF,

l’Association de Défense des Droits des Enfants au Burkina Faso. Cette dernière regroupe des jeunes

burkinabés et français et a pour objectif de sensibiliser à la lutte contre le mariage précoce, contre

l'excision et à lutter pour les droits des enfants à l'alimentation et à l'éducation. À plus long terme, l'idée

est de mettre en place une caravane pour aller à la rencontre de la population dans des zones rurales

plus isolées. L'association organise diverses manifestations en France et au Burkina Faso et est

aujourd'hui à la recherche de parrains et de soutiens.

Échanges avec les participants

Un(e) participant(e) :

Cet engagement n'est pas commun pour des jeunes de votre âge. Comment êtes-vous perçus par les

autres élèves ?

M. Antoine RICHARD

Généralement nous faisons en sorte de faire connaître nos actions en organisant des événements plus

conséquents qui rassemblent largement les élèves. Ainsi chacun peut participer à son échelle et se sentir

impliquer dans les projets.

Mme Élisabeth OUÉDRAOGO

L’État sénégalais fait-il des choses pour les talibés (disciples ou élèves apprenant le Coran) ?

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M. Penda MBOW

Il s'agit là d'une question difficile car elle s'appuie sur des ressorts culturels. La religion est utilisée et

instrumentalisée dans le but de nourrir une mafia. Lorsque l'on tente d'approcher cette question, des

forts lobbies interviennent. Aujourd'hui l’État tend à mettre en place une politique de modernisation des

écoles coraniques en y introduisant de nouvelles disciplines. Certaines sont d'ailleurs des domaines

agricoles soutenus par l’État, d'autres non. Cette question soulève également le défi de la lutte contre la

pauvreté et de la planification familiale.

7 - Clôture

M. Rachid BENSACI, président de Bourgogne Coopération

M. Rachid BENSACI remercie l’ensemble des participants à cette journée, notamment toutes les

personnes qui ont accepté d’animer des ateliers ou témoigner à des tables-rondes. Il remercie tout

particulièrement Mme Marion MIGNOTY, volontaire en Service Civique, qui a été la cheville ouvrière de

cette journée. Cette journée a été riche. Le nombre d’acteurs engagés au Sénégal est important et nous

allons étudier comment notre réseau peut faciliter la démarche de mise en réseau entre les structures

engagées en coopération dans ce pays. Bourgogne Coopération est actuellement dans un processus de

fusion. Son identité changera mais le réseau sera toujours à votre disposition. N’hésitez pas à faire appel

à lui pour vous accompagner dans le montage de vos projets. M. Rachid BENSACI remercie Mme Sladana

ZIVKOVIC, Adjointe au Maire de Dijon, pour son accueil, Mme Dieynaba BALDE pour le partenariat créé

pour l’occasion de cette journée et la mobilisation des membres de son association pour le déjeuner et

Mme Penda MBOW, Ministre, qui nous fait l’honneur de sa présence et à qui nous laisserons la conclusion

de cette journée.

Mme Dieynaba BALDE, La Teranga

Madame BALDE remercie vivement Monsieur Rachid BENSACI Président de Bourgogne Coopération,

Madame la Ministre Penda MBOW, Monsieur le Consul Général Amadou DIALLO ainsi que tous les

acteurs, les rapporteurs, les experts, les élus, la communauté sénégalaise et espère que cette journée soit

une base pour la mise en place d'une plateforme d'échanges et de projets mutualisés, pour un

développement durable du Sénégal et pour relever ensemble les défis sociétaux et environnementaux.

Mme Penda Mbow, Ministre, Conseillère à la Présidence de la République du Sénégal)

Madame Penda Mbow remercie Monsieur Rachid BENSACI, Madame BALDE ainsi que l'ensemble des

participant-e-s et se dit frappée et touchée par la présence d'une telle diversité d'acteurs.

Il est certain que la diaspora pourra jouer un rôle très important pour le développement du Sénégal, à

travers notamment le transfert de compétences et l'appui à la construction de lieux d'éducation. Si

aujourd'hui certains experts et notamment Mme Baumann ont su mettre l'accent sur ce qui ne

fonctionne pas, il est certain qu'ensemble, et notamment grâce à la société civile et à la diaspora, des

solutions seront trouvées.

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LISTE DES PARTICIPANTS

NOM Prénom Organisation

ABOT Mélanie La pépinière culturelle

BA Oumar La Teranga de Dijon

BALDE Daouda La Teranga de Dijon

BALDE Dieynaba La Teranga de Dijon

BARDEAU Eléa CERCOOP Franche-Comté

BAUMANN Éveline IRD

BENSACI Rachid Bourgogne Coopération

BONNOT Marie-Line Ville de Longvic

CARROUÉE Pierre-Alexis Eurogerm SA

CASSINA Adrien Ville de Dijon – Relations Internationales

CASTEL Émilie Région Bourgogne-Franche-Comté

CHAGNON Philippe Ville de Longvic

CHAMBON Marion En formation conseillère en économie sociale et familiale

CHOLLAT-NAMY Christophe Peuples Solidaires

CISSÉ Mamadou Lamine Association pour la Paix et le Développement de la Casamance

COLY Joseph Ministère de la justice - Maison d'arrêt de Dijon

DAVID Anne-Lise Club Unesco de Dijon et environs

DE MARCH Michel France Volontaires

DELMAIRE Anne Toilettes du Monde

DIALLO Amadou Consul Général du Sénégal à Paris

DIALLO Marie-Thérèse Kane Amicale franco-sénégalaise de Bourgogne

DIALLO Oussama Kane Amicale franco-sénégalaise de Bourgogne

DIAWARA Issa Association Malienne de Dijon

DIEME Cheikh Abba ASSEB

DIOUF André Ville de Quetigny

DIOUF Hyacinthe Ville de Dijon, Amicale franco sénégalaise de Bourgogne

DIOUF Ndeye Yande Amicale franco-sénégalaise de Bourgogne

DUBOIS Marie-José Club Unesco Lycée Le Castel

DUPRAZ Jean OXFAM France

ENJALBERT Laure Académie de Dijon

FALL Mamadia La pépinière culturelle

FALL Mously ASSEB

FLEURY Joël AFDI BFC

FRESSE Colette CCFD Terre-Solidaire

FRESSE Jean Claude CCFD-Terre Solidaire

FRIOUR Christine Électriciens sans frontières Bourgogne Franche Comté

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GAKO Moustapha ADG

GIRAULT Philippe Indépendant

HANRION Vincent Cinécyclo

HEURTEAUX Françoise Clubs UNESCO

HEZARD Martine Amis du jumelage Thiès Saint Claude

KOENIG Philippe CSF

KOITA Lassana COREDIA

KUSTER-MENAGER Aline MAEDI, Préfecture de Région

L'HOSTIS Karine Région Bourgogne-Franche-Comté

LAPALUD Caroline Indépendante

LAURENT Xavier Association de Promotion du Projet BAMISA

LEGER Benjamin Bourgogne Coopération

LELIEVRE Claude ASCS France-Sénégal

LENUD Alain La Croix du Sud mais participation à titre personnel

LO Mouhamadou La Teranga

MASSIP Marie SAMEA

MBOW Penda Ministre, République du Sénégal

MIGNOTY Marion Bourgogne Coopération

MONGOUACHON Carole Ville d'Autun

MONNET Nathalie Relations Internationales Ville de DIJON

OLIVIER Hugues La Teranga de Dijon

OUÉDRAOGO Élisabeth Clubs Unesco

OUMOUHANO Chahid AWBE

PAGOT KA Florence Association Coumba ka

PELAMETTI Véronique Indépendante

PERAIN Lucile Cie Goudu Théâtre

PICHONNIER René Les enfants du Oualo (Leo)

PLUYAUT Alain Électriciens sans frontières

POIRIER Amélie Clubs Unesco du lycée du Castel

PROCAR Agathe Bourgogne Coopération

PREMMIER Yves Indépendant

PUISSANT Stéphane Jardin des Sciences - Ville de Dijon

RHETY Danielle La Teranga de Dijon

RICHARD Antoine Clubs Unesco

RICHARD Pablo Clubs Unesco

ROLAND Adjia ADG et La Teranga

RONDELET Yves Apiculteurs sans frontières

SAKHO NIANG Khady FORIM - MECSF

SAKHO Oumar COREDIA

SAVIGNET Alain IRTESS de Bourgogne

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Rencontre régionale des acteurs de la coopération avec le Sénégal - Vendredi 3 février 2017 - Compte-rendu Page 17 sur 17

SIMON Béatrice Ville de Longvic

SOSOLIC Isabelle Compagnie ASTROLABE Production

SYLL Ousmane CERCOOP Franche-Comté

THEVENOT Jérôme Oikocredit

THOMAS Jean-Michel AVSF

VAUCLIN Céline Indépendante

VIELIX Claude Clubs Unesco

VOITOT Fabienne ASCS France-Sénégal

WAHL Charles 2 Mains le Monde solidaire

ZAMBA Jean Thierry DRAFA

ZIVKOVIC Sladana Adjointe aux relations internationales Dijon