Reportage PC Inpact : dans les coulisses de Photoweb.fr

Rédigé par Marc Rees, Le 27 novembre 2008

Nous avons été conviés hier à une journée découverte chez Photoweb.fr, un desprincipaux acteurs du développement en ligne. Cest Étienne Descure, PDG etcofondateur de lentreprise, qui sest chargé de nous faire découvrir la profession et lescoulisses de cette société basée près de Grenoble. Visite guidée !

Photoweb, société basée à Seyssinet et qui compte plus de 45 salariés, aété créée en 2000,. Comme nombre d'entreprise se lançant sur le web àl'époque, elle a commencé petit. Tout petit même puisque seules deuxpersonnes étaient aux commandes. Autant le dire, les débuts forcémentfurent très poussifs : si la période était celle de la bulle internet, le marchéétait surtout pauvre en appareil photo numérique, défaut un peu plus plombépar un réseau en haut débit très faible.

Des débuts et un contexte difficiles

Il faudra attendre 2003 pour le décollage, explique Etienne Descure. Le marché a commencéà prendre après un certain écrémage, la plupart des sociétés nont pas réussi à tenir face àces faiblesses. Nous avons réussi à tenir, car nous étions une très petite structure de deuxpersonnes dans un appartement à Grenoble ! Avec des économies de bouts de chandelle,nous avons fait nos gammes, appris le métier de la photographie, de commencer à créer unsite plus performant et un processus de production. En 2003, nous avons eu une croissancequi ne sest plus démentie depuis.

Pour la petite histoire, les deux cofondateurs avaient débuté avec une machine Agfa DPU,qui a failli planter le projet de projet à cause de son débit très très faible de 170 photos parheure. Cétait quasiment impossible datteindre la rentabilité. A un moment donné, on la faisaitmême tourner 20h par jour ! Autre lacune, la technologie dimpression numérique, cétait unpeu le Vietnam : Il y avait beaucoup de réglages à faire pour avoir une qualité constante.Nous sommes passés ensuite sur machine Fuji, plus productive et plus fiable.

Le choix Internet ?

Étienne Descure, qui a suivi une formation en école de commerce, nous explique par ailleursce choix du 100% internet. Nous avons fait le choix de mobiliser nos forces sur une seuleactivité, sans se disperser sur la sous−traitance ou le tirage des photos argentiques qui à

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lépoque représentait une activité bien plus importante que le numérique. Le choix sest avérépayant .

La recette se résume donc par des questions dallocation des ressources de lentreprise :Pour avoir une croissance solide, on a préféré prioriser les étapes de croissance : la prioritéprincipale ce fut de bien maîtriser la chaîne de production et faire en sorte que les clientssoient contents et reviennent. Il sagissait aussi de bien maîtriser le site. Si lon devait faire dela sous−traitance, il nous faudrait créer un nouveau système informatique pour gérer lacollecte dinformation. On préfère investir dans de nouveaux produits comme laphotomosaïque qui nous a demandé pas mal de temps de développements.

Aujourdhui, à défaut détudes précises, la part de Photoweb est estimée à un peu plus 16%avec 11,5 millions deuros pour la seule année 2008. Avec deux sites de production et uneproduction très saisonnière, le site constate une forte croissance des commandes surcertaines plages de lannée (fêtes, fin dannée, etc.) et une clientèle qui se féminise beaucoup.Au début, les précurseurs étaient plutôt des amateurs avertis, maintenant la clientèle est pluslarge (jeunes parents, etc.).

Un marketing basé sur le bouche−à−oreille et une démarche qualité

Dun point de vue marketing, la démarche a été simple : les tirages photo sont un produit deconsommation récurrente : les clients reviennent régulièrement et cest un produit quonmontre à ses proches. Cela favorise le bouche à oreille . Laiguillon économique a égalementeu son poids dans la démarche qualité : Avec la hausse des frais commerciaux, il est difficilede rentabiliser un client lors des premières commandes, même lors des deux premièrescommandes. Payer très cher pour faire venir les clients et ne pas les fidéliser, cest unmauvais calcul !

Photoweb avait initialement un positionnement très discount : Quand le marché dudéveloppement photo a commencé à prendre, de par la faiblesse de nos charges fixes, onavait un avantage de compétitivité prix très important. Cétait très difficile de faire pluséconome ! On sest dit très logiquement quon allait jouer sur les prix dautant quà lépoquevendre par internet était synonyme de vente à bas prix. On a ensuite vite compris que lesbagarres sur le prix nétaient pas forcément dépendantes de critères économiques : il y avaitnotamment des questions de volonté de prises de parts de marché par des entreprises quiétaient prêtes à investir beaucoup, à générer des pertes pendant longtemps pour casser lesprix. En tant quentreprise autofinancée, on ne pouvait pas tenir une telle stratégie. On a alorsessayé de se spécialiser dans la qualité de service et dans linnovation, de plus ou moinsgrande ampleur .

De fait, Photoweb ne sestime pas concurrencé par les minilabs. On a des atouts qui sontdissociés, on ne peut pas les concurrencer sur leurs points forts, et eux ne peuvent pasconcurrencer les nôtres. Notre point fort cest le choix, le prix, la gamme, lindustrialisation desprocess, les interfaces de création. Pour quelquun qui est indépendant, cest difficile à lettreen uvre. Leur point fort, le service et la proximité, par exemple avec les personnes dutroisième âge .

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Des commandes soumises à de fortes variations saisonnières

La gestion interne de toute la chaîne, sans intermédiaire, nest pas simple. Les variations decommandes saisonnières conduisent lentreprise à être toujours en surcapacité de productionavec une politique dinvestissement généreuse. On a un pic saisonnier très sensible débutdécembre. On est obligé de dimensionner une capacité de production aux machines justepour aborder cette période de début décembre ! Impossible de lisser dans le temps etdéporter les expéditions en janvier puisque les consommateurs veulent leur produit avantNoel.

Niveau matériel, le choix est simple : On utilise des machines Fuji entièrement pour ledéveloppement photo et des presses HP Indigo pour limpression des livres photo. Au−delàde la fiabilité, cest un plus en termes de maîtrises techniques. Moins de lots de piècesdétachées, une expertise plus concentrée, les coûts de maintenance sen ressentent.

Colorimétrie et retouche photo

Sur le chapitre des tirages, la colorimétrie est évidemment une contrainte inévitable pour cetype de marché. On sengage à avoir un rendu le plus fiable et constant dans le temps. Ledéfaut principal, cest surtout davoir un rendu non prévisible pour le client. () Sil trouve undécalage entre son écran et les tirages, il peut faire des corrections en même temps et êtresûr davoir après le même rendu. Cest pour cela quon propose aussi des profils ICC, quipermettent de prévisualiser le rendu du tirage sur lécran . Tout le monde na pas une sondenumérique pour calibrer son écran et la société propose sur demande un retirage ou unremboursement de la commande, frais de port compris.

De même, le site intègre sur ses serveurs un système de retouche afin daméliorer les imagesen détectant plusieurs cas de figure (détection de visage, photos sous−exposées, etc.). Cestautomatique, sans retouche manuelle . Le dispositif Colorperfect, en place depuis juillet etbientôt généralisé, permet ainsi daméliorer les photos, pré visualisable par un systèmedessuie−glace (avec/sans retouche). De fait, des options de retouches préexistaient avant ceprocédé Colorperfect, mais elles étaient intégrés aux seules machines Fuji. On ne pouvaitpas le proposer sur les produits imprimés sur presse numérique, sur les autres produitscréatifs comme le calendrier mono page. Il fallait pouvoir générer en interne la retoucheavant quelle soit envoyée aux machines dimpression pour pouvoir utiliser des tiragesretouchés sur nimporte quel support . Les traitements peuvent aussi être de véritablespoisons, car ils exigent dêtre à la fois fiables et rapides à effectuer tout en se passant desuper calculateurs, véritables gouffres financiers.

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Avant après retouche

Difficile davoir des indications sur la durée de vie dune photo. Lusure dune photo dépend delutilisation. Si vous mettez met une photo en pleine lumière de manière très récurrente, ou sion lexpose à des variations de température très régulières, elle saltérera plus rapidementque si elle est conservée dans lombre. Pour le développement photo, cest le procédé surlequel on a le plus de recul et qui est le procédé le plus stable puisque ce sont des paillettesdargent qui sont incrustées dans le papier et stabilisées .

Pour les livres photo, les presses numériques sont des procédés plus récents, on a doncmoins de recul. Dans les tests des constructeurs (HP) comparant la durée de vie desimpressions sur presses numériques avec celles de limpression offset (magasine, livre dephoto classique), les tirages de presse numérique ont une meilleure résistance à la lumière.À la température, elles ont un comportement identique. Des revendeurs dimpression jetdencre donnent parfois un temps de durée de vie, mais ça me met mal à laise de garantircela, car cest vraiment très variable . La qualité de limpression peut toutefois resterinchangée pendant plusieurs décennies, nous précise−t−on.

Traquer les mauvaises notes

Dans la démarche qualité, le taux de déception mensuel annoncé est de 0,8%.Les équipessont intéressées au financement lorsque le taux est effectivement bas. Des enquêtes enligne, organisées par exemple sur chaque commande de livre photo, permettent de mesurerles appréciations clients dans le temps, sur le niveau de qualité perçu. Si la note décline, cestla meilleure alerte qui soit car ce sont les clients qui nous le disent. Cest lavantage dinternetqui permet davoir des taux de réponse très bons et instantanément . Dautres indicateurs sontpubliés chaque à mois, enrichis par une veille sur les forums, une section évidemmentsensible. Photoweb nous met immédiatement les points sur les i : on nintervient pasnous−mêmes dans les forums, mais parfois on a pu contacter directement certainespersonnes pour échanger et avoir des informations. On essaye de détecter les problèmes dequalité par tous les moyens possibles. Nous ne nous sommes jamais permis dintervenir avecune identité masquée .

Derrière le rideau du développement en ligne

Le cheminement d'une photo est simple : tout lhébergement du site Internet est réalisé prèsde Roissy, pour des raisons de flux de bande passante et de fiabilité dhébergement. Lesdonnées envoyées sur Photoweb.fr sont alors rapatriées de Roissy à ici.

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Lintérêt de cette organisation séparée est quune photo uploadée sur Photoweb.fr na pas àêtre rapatriée dans la seconde. Lorsque le rapatriement est décidé, un logiciel dispatche lescommandes sur toutes les machines pour répartir les charges. Pour les amateurs de records,le nombre maximal de tirages a été de 350 000 en une seule journée. Il y avait ce jour 15machines avec une productivité de 2000 tirages par heure.

Évidemment, sur la partie montante (client vers serveurs) les traitements sont par défautplombés par laugmentation de la taille des capteurs qui évolue plus rapidement que lavitesse dupload. Personnellement, je pense quil vaudrait mieux que les capteurs augmententen taille propre plutôt quen nombre de pixels. Ça ferait des images avec beaucoup moins debruits, des images de meilleure qualité. Là, avec un nombre de pixels très important, ça faitdes pixels pour rien, des images qui ont beaucoup de bruit. Cest embêtant pour le client qui ades photos de taille très importantes à télécharger. Mieux vaut investir dans des capteurs deplus grandes tailles et des optiques de meilleure qualité . Les tirages de photos se font à 300DPI.

Un des éléments du contrôle qualité, fait manuellement

Du papier photo sensible est ensuite mis dans les machines, enfermé dans des coffresspéciaux pour le préserver de la lumière.

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Le gros coffre contient les papiers photosensibles

Le papier passe ensuite dans des lasers et dans les bains chimiques, révélateur,blanchiment et fixage.

Il remonte ensuite dans des sécheuses, où il est trié et rapatrié dans ces casiers,manuellement.

Les photos sont ensuite envoyées vers la salle dédiée à lexpédition.

A côté, une autre catégorie de machines est, elle, dédiée uniquement aux posters (capacitémaximale de 76x125 cm, utilisé pour les photos mosaïques).

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Sur un tapis roulant, une balance électronique permet doblitérer chaque colis au bon tarif. Unlecteur optique analyse le code−barres de chaque lot pour générer létiquette dexpéditionautomatiquement. Ce système de flashage envoie enfin un email au client pour lui signifier labonne expédition du colis. 80 000 commandes sont attendues sur le mois de décembre, soitenviron 100 000 colis (+60 % quun mois normale).

Le petit boitier gris permet de flasher le code−barres de chaque colis,générer l'étiquette, et envoyer un mail au client

La visite se poursuit dans un autre lieu de production, à quelques kilomètres de là. Il estdédié aux livres photo, les calendriers, les agendas, les faire−part, etc. ils font partis desproduits qui marchent le mieux. Les livres photos ont par exemple augmenté de +120% surlannée en volume. On ne connaît pas encore les chiffres de la photomosaïque, produit quivient dêtre lancé. De produit ressemble à Fotoangelo, un freeware, mais ne se confond pasavec lui. La différence de notre service est de permettre une prévisualisation en ligne en uneminute. De plus, on a des systèmes pour reconnaître des parties les plus importantes desphotos, par exemple les visages où on applique des photos de taille réduites. PourFotoangelo, vous mettez soit plein de toutes petites images et vous ne voyez plus les petitesimages, soit vous avez de grosses images et vous ne distinguez rien .

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Photomosaique, et détail d'une portion de l'image

La technologie utilise des presses numériques HP, comme pour les offset, mais avec uneimpression toute numérique. Cela permet ainsi de faire des livres photo à lunité,personnalisés.

L'une des presses numériques HP

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Dans le local, trois presses dont une très récente. Des magasins papier concentrentdifférents grammages dans des casiers pour filer vers limpression numérique. Toutes lessorties sont ensuite dirigées vers le massicot pour être taillées aux dimensions en fonction duproduit. Pas loin, une machine Duplo soccupe du rainage des livres, à côté une autre secharge des perforations pour les calendriers.

Autour de nous, des bruits de presse, de compression et de piston rythment les cadences.Pour information, les opérateurs sont formés en interne, mais selon les postes, certains ontde lexpérience de la photographie ou de lart graphique. La très grande majorité desmanagers internes de Photoweb est issue de la promotion interne.

En haut à droite, une machine Duplo pour le rainage des livres photos.En dessous, une autre s'occupe de la perforation des feuilles

A côté, une machine se charge du pelliculage, en fait une couche de plastique qui protège lacouverture de labrasion et de la lumière sur les produits comme les livres photo.

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Le thermorelieur, qui permet de coller les feuilles des albums photo

Un peu plus loin une machine dédiée aux albums plus prestigieux applique une couche devernis sur les feuilles, et donne un aspect plus valorisant aux photos. Le papier est envoyédans un bac de vernis et des lampes UV s'occupent du séchage.

Le livre nécessite plusieurs manipulations, la préparation de la couverture par exemplecomporte plusieurs couches cartonnées à encoller avec des presses spécialisées.

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Ensuite, on associe, encolle les feuilles intérieures à la couverture. Une presse finalise le toutpour unifier solidement ces parties. Il faut environ 4 et 5 jours pour réaliser le livre, encomptant la couverture, limpression, le vernis, le temps de séchage.. Pour dautres livres,cest plus court : entre 48 et 24 h.

Les différentes phases de collage de la couverture.En bas à droite, le vernis de protection pour les pages

A ses côtés, on voit également la préparation des albums photo, prêts à accueillir les feuillesAprès on procède à lexpédition, avec le même système de flashage, de code−barres, reliés àune base de données te un serveur e−mail.

Et l'avenir ?

A l'avenir, Photoweb a deux axes de progression en tête améliorer encore la qualité de nosproduits et la qualité de finition, décliner le livre photo, ce sont des choses qui ny paraissentpas, mais qui sont très importantes pour les clients. Le deuxième axe, cest le développement

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de solutions logiciel les créatives pour générer de nouveaux services comme laphotomosaïque ou la retouche. Mais je ne peux en dire plus et trahir les concepts.

La démultiplication des Netbook à bas prix qui permettent davoir sa bibliothèque numériqueavec soi nest pas ressentie comme problématique. Nos clients veulent deux choses :archiver la mémoire familiale sur des supports à grande durée de vie et aussi pouvoirpartager leurs photos avec leur proche. Culturellement, dans son salon, partager des photosavec ses proches sur un livre, sur papier cest encore quelque chose dimportant pour notrecible. Après il y a les cadres numériques, qui sont une approche plus décorative. Ilsconcurrenceraient plus les agrandissements.

Enfin, pas question de quitter Grenoble. avoir un site de production en région parisienne cestplus coûteux. Et délocaliser la production nest pas envisageable : on pourrait avoir des coûtsinférieurs si on partait en Europe de lEst, mais cela se ressentirait sur les délais et la qualitéde traitement. Cest un équilibre qui fonctionne bien, un équilibre que je ne veux pas casser.Priority="64" SemiHidden="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2Accent 4" />

(Un vif merci à toute l'équipe pour nous avoir accueillis)

http://www.pcinpact.com/d−148−1−photoweb_tirage_photo.htm

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