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REVISION DU GENRE MYODOGARPUS Par mm. Dubard et Viguier. I. Historique du genre. Le genre Myodocarpus, établi en 1861 par Brongniart et Gris ^, comprend des plantes de la Nouvelle-Calédonie, caractérisées sur- tout par la forme singulière de leurs akènes, prolongés chacun en une grande aile, de telle sorte que le fruit complet ou diakène rap- pelle par son aspect une mouche au repos. (( Par leur port, écrivent ces auteurs, on les aurait prises plutôt pour des Araliacées que pour des Ombellifères ; mais ces plantes, dont nous avons heureusement des échantillons en fruits mûrs, ont tous les caractères des Ombellifères ; leurs fruits secs sont formés de 2 akènes qui se séparent à maturité de bas en haut, qui sont parcourus par des nervures, au nombre de 5 pour chaque méricarpe, peu sail- lantes, à l'exception de la nervure dorsale qui se dévelopj^e en une aile membraneuse, peu marquée vers le haut du fruit, s'élargissant plus bas et se prolongeant vers sa base, au-dessous de la partie occupée par la graine, en une aile arrondie et échancrée vers la commissure, de sorte que les 2 ailes simulent parfaitement les ailes d'une mouche lorsqu'elle est en repos, forme singulière dont nous avons tiré le nom générique de Myodocarpus. » Brongniart et Gris indiquent en outre l'absence de bandelettes, qui sont remplacées par des poches sécrétrices à contenu oléorési- neux, irrégulièrement disposées, et placent les Myodocarpus à côté des Leucolsena de la Nouvelle-Hollande. Bentham et Hooker rangèrent le genre Myodocarpus dans la famille des Araliacées - : «. Myodocarpus Ad. Br. et A. Gris et Delar- 1. Bronçniart et Gris, Bulletin de la. Société botanique de France, 1S61, f. VITI. p. 121. 1. Bentham et Hooker, Gênera planlaruin (I, 3, p. 932). tj

Révision du genre Myodocarpus

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Révision du genre Myodocarpus

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Page 1: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOGARPUS

Par mm. Dubard et Viguier.

I. — Historique du genre.

Le genre Myodocarpus, établi en 1861 par Brongniart et Gris ^,

comprend des plantes de la Nouvelle-Calédonie, caractérisées sur-

tout par la forme singulière de leurs akènes, prolongés chacun en

une grande aile, de telle sorte que le fruit complet ou diakène rap-

pelle par son aspect une mouche au repos.(( Par leur port, écrivent ces auteurs, on les aurait prises plutôt

pour des Araliacées que pour des Ombellifères;mais ces plantes,

dont nous avons heureusement des échantillons en fruits mûrs, ont

tous les caractères des Ombellifères;leurs fruits secs sont formés de 2

akènes qui se séparent à maturité de bas en haut, qui sont parcourus

par des nervures, au nombre de 5 pour chaque méricarpe, peu sail-

lantes, à l'exception de la nervure dorsale qui se dévelopj^e en une aile

membraneuse, peu marquée vers le haut du fruit, s'élargissant plusbas et se prolongeant vers sa base, au-dessous de la partie occupée parla graine, en une aile arrondie et échancrée vers la commissure, de

sorte que les 2 ailes simulent parfaitement les ailes d'une mouche

lorsqu'elle est en repos, forme singulière dont nous avons tiré le

nom générique de Myodocarpus. »

Brongniart et Gris indiquent en outre l'absence de bandelettes,

qui sont remplacées par des poches sécrétrices à contenu oléorési-

neux, irrégulièrement disposées, et placent les Myodocarpus à côté

des Leucolsena de la Nouvelle-Hollande.

Bentham et Hooker rangèrent le genre Myodocarpus dans la

famille des Araliacées -: «. Myodocarpus Ad. Br. et A. Gris et Delar-

1. Bronçniart et Gris, Bulletin de la. Société botanique de France, 1S61, f. VITI.

p. 121.

1. Bentham et Hooker, Gênera planlaruin (I, 3, p. 932). tj

Page 2: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 695

brea Vieill., gênera a plerisque inter Umbelliferas recepta, nobis

videntur ob habitum et fructus potius ad Araliaceas referenda »;ils

le placèrent dans leur série I Araliœ, « petala plus minus imbricata,

basi lata afïixa », et dans cette série parmi les plantes à styles libres;

ces auteurs insistent particulièrement sur le développement des

sépales, la présence des glandes oléorésineuses, l'articulation de la

fleur sur le pédoncule floral et fournissent une diagnose très exacte

du genre.

A la suite de Bentham et Hooker, tous les botanistes se sont

accordés à considérer les Myodocarpus comme des Araliacées, alors

que Brongniart et Gris, insistant sur les caractères du fruit, ont tou-

jours persisté à en faire une vraie Ombellifère '.

Bâillon, dans ses Recherches nouvelles sur les Araliées et sur

la famille des Ombellifères en général ''^^et dans son Histoire des

Plantes ^, revient sur le genre Myodocarpus et dit qu'il relie indis-

solublement la Série des Araliées aux Ombellifères proprementdites.

« On considérait, dit-il, les Araliées comme dépourvues de ban-

delettes ou réservoirs à substances oléorésineuses aromatiques ;mais

si, dune part, les Ombellifères de la série des Heterosciadies en

manquent souvent, elles sont remplacées chez Pappea [Choritœnia

Bentham) par une série de réservoirs qui se retrouvent dans les

Delarbrea et les Myodocarpus. »

« On considérait autrefois, dit-il d'autre part, que les carpelles

des Araliées ne se séparaient pas intégralement à maturité;or cette

disjonction se fait chez Myodocarpus inséparable pourtant des Delar-

brea qui sont de vraies Araliées. »

Bâillon, dans YHistoire des plantes, étudie la fleur d'une manière

détaillée, donne des figures relatives au Myodocarjjus simplicifolius

et remarque que le sommet de chacun des 2 styles estgéniculé, porteune petite branche perpendiculaire au style lui-même, se dirigeant

en dedans à peu près horizontalement et croisant l'appendice corres-

pondant de l'autre style.

Harms ^indique à nouveau tous ces caractères pour les Myodo-

»

1. Hroiif^niart eL Gris, ?^ouvelleii archives du Muséum [t. IV, p. 31), avec une belle

planche du M. pinnatus.2. Adansoniu, l. XII, p. 130.

3. Bâillon. Histoire des plantes, l. VII. Onibellifcres. Série des Aralia.

4. Harms [In natûrliclien Pfhinzenf'amilien. Enfler et Prantl), III, 8, p. 27 et 61.

Page 3: Révision du genre Myodocarpus

696 ÉTUDES ET MÉMOIRES

carpiis, qu'il place dans la tribu des Aralise de la famille des Araliacae

et caractérise par les ailes du fruit, les poches oléorésineuses, les

styles genouillés, les sépales libres au-dessus de l'ovaire et le pédon-

cule floral articulé.

II. — Caractères génériques.

Les Myodocarpus relient donc intimement les Araliacées aux

Ombellifères. Ce sont des arbres ou des arbustes kti^e nue, peu rami-

fiée, dont les rameaux portent seulement des feuilles dans la région

terminale;ces feuilles, alternes, simples ou composées, correspondent

à des nœuds très rapprochés. Les inflorescences sont des grappes

d'ombelles terminales. Les fleurs pentamères ont un calice qui se

développe en o lobes distincts au-dessus de l'ovaire infère, caractère

assez rare chez les Araliacées.

La corolle est à préfloraison imbriquée ;les pétales, quoique dis-

tincts et dissociables, semblent appliqués intimement les uns contre

les autres, de telle sorte que, si on dissèque un bouton floral, la

corolle se détache facilement d'un bloc comme une petite coiffe et

que, si on pratique des coupes longitudinales dans une fleur, la

corolle se présente sous forme de petits segments circulaires dont les

éléments restent adhérents. Bâillon '

figure une fleur de AI. sinipU-

cifolius Ad. Br. et A. Gris, avec des pétales étalés; or, nous n'avons

jamais observé de corolles épanouies sur les nombreux échan-

tillons examinés; les fleurs avaient toujours leur corolle fermée

soit qu'elle adhérât encore au réceptacle, soit qu'elle fût déjà

soulevée en bloc au-dessus du calice, à la façon d'un petit cou-

vercle; lorsque la fleur était ouverte, la corolle avait disparu et les

étamines n'étaient plus entourées que par le calice. Il semble donc

probable que la corolle est rejetée en forme de coiffe, comme cela

s'observe dans les Vitis et chez certaines Araliacées comme les

Tupidanlhus et les Plerandra;

ce caractère, du reste, avait été

signalé en passant par Bentham et Hooker ^: (( Petala 5 imbricata,

demum patentîa vel rarius in calyptram cohaerentia »; seulement

ce que ces auteurs avaient considéré comme l'exception nous paraît

être plutôt la règle.

1. Bâillon, loc. cil.

2. Bentham et Hooker, Gênera plantarinn, lue. cil.

Page 4: Révision du genre Myodocarpus

Fiy. 1. —Myoddcai'pus fraxinifolius Ad. ïiv. et A. Gris.

Pallelin du Jardin cotoni;tl. 45

Page 5: Révision du genre Myodocarpus

698 ÉTUDES ET MÉMOIRES

Les 5 étamines sont normales; le filet s'insère dorsalement sur le

tiers inférieur de l'anthère, il est infléchi à sa partie supérieure dans

le bouton et remonte plus ou moins haut le long de l'anthère.

Celle-ci est à 4 loges, à déhiscence longitudinale et montre, sur une

coupe longitudinale, une assise mécanique simple, sur toute la lon-

gueur de la loge ;les grains de pollen sont sphériques. L'ovaire est

bicarpellé, complètement infère, comprimé latéralement dans la

fleur et présentant déjà, par un aplatissement marginal, l'amorce des

ailes des akènes. Chacune des 2 loges de l'ovaire porte, inséré dans

l'angle supérieur, un ovule anatrope, allongé, hyponaste et pendant.A maturité, la nervure dorsale de chaque carpelle est prolongée

en une grande aile parcourue, en outre, par 4 autres nervures prin-

cipales, 2 nervures marginales de chaque côté du carpelle et 2 ner-

vures intermédiaires, entre la nervure dorsale et les nervures margi-

nales. Dans la paroi des carpelles se sont développées de nombreuses

petites glandes arrondies à contenu rougeâtre ;ces glandes font

saillie vers l'extérieur et vers l'intérieur de la paroi et, par suite de

la compression qu'elles exercent sur la graine, elles creusent la sur-

face de l'albumen de nombreuses dépressions. Il suflit de crever une

seule de ces petites poches pour percevoir une odeur agréable, tenant

à la fois du menthol et du citral.

Le fruit est à maturité surmonté par les styles persistants qui

dans la suite du développement ont divergé l'un de l'autre et

tournent maintenant en dehors leurs appendices terminaux, simulant

fort bien les antennes d'une mouche.

IIL — Historique des espèces.

Dans le genre Myodocarpus, jusqu'à présent, 4 espèces seulement

ont été décrites. Brongniart et Gris créèrent en 1861 le M. simpli-

cifolius et le M. pinnatus ',et en 1865 le M. Vieillardi et le

M. fraxmifolius-.Bâillon avait commencé l'examen des nombreux échantillons

1. Bulletin de la. Société botanique de France, 1861, t. VIII, p. 123;Ann. Se. nat.,

•sér. 5, I, p. 380.

2. Bulletin de la Société botanique de France, 1865, t. XII, p. 270;Ann. Se. nat.,

sér. 5, III, p. 232.

Page 6: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 699

parvenus au Muséum d'histoire naturelle depuis cette époque;sur quelques-uns, il inscrivit des noms indiquant qu'il avait entrevu

des espèces nouvelles; mais, à notre connaissance, il ne publia aucun

de ces noms, ni aucune diagnose correspondante ;la mort vint le

surprendre avant qu'il ait pu tirer parti de l'étude qu'il avait dû

commencer.

Le Jardin Colonial ayant reçu récemment une très intéressante

collection de plantes en herbier de la Nouvelle-Calédonie, recueillie

et expédiée par les soins intelligents de M. Le Rat, instituteur à

Nouméa, notre attention fut appelée sur un certain nombre d'échan-

tillons de Myodocai'pus qui semblaient différer notablement des

espèces déjà décrites. M. le professeur Bureau et M. Poisson, assis-

tant de la chaire de botanique descriptive, ont bien voulu mettre

entre nos mains, de la façon la plus gracieuse, les riches collections

de l'herbier du Muséum, relatives à la flore néo-calédonienne, et nous

ont ainsi permis, non seulement l'identification de nos propres

échantillons, mais encore l'étude complète de tous les documents

réunis jusqu'à ce jour sur le genre Myodocarpus. Nous ne saurions

trop vivement les en remercier ainsi que des nombreux renseigne-

ments que nous devons à leur profonde compétence.Ainsi donc, outre les échantillons de M. Le Rat, nous avons pu

voir les plantes types de Brongniart et Gris, ainsi que de nombreux

spécimens de l'herbier Pancher, de l'herbier Vieillard, de l'herbier

Brousmiche et surtout de l'herbier Balansa. Ajoutons que toutes les

fois qu'un échantillon portant un nom manuscrit nous a paru devoir

constituer une espèce nouvelle, nous avons conservé à cette espècele nom qui lui avait été destiné.

L'étude que nous présentons nous a amenés à créer les espèces et

variétés nouvelles suivantes, qui sont justifiées par la discussion des

caractères que nous donnons d'autre part ;on en trouvera plus loin

la diagnose sommaire.

Espèces ou variétés nouvelles.

M. fraxinifoUus Kà. Br. et A. Gris. Var. Balansœ, nov. var.

Var. lobaius.^

nov. var^

M. coronatus, nov. sp.

M. cr^assifolius, nov. sp.

M. floribundus, nov. sp.

Page 7: Révision du genre Myodocarpus

700 ÉTUDES ET MÉMOIRES

M. Vieillardi Ad. Br. et A. Gris. Var. longipes, nov. var.

AI. involucratus, nov, sp.

M. involucratus. Var. Le Haii, nov. var.

M. Brongniarti, nov. sp.

M. elegans, nov. sp.

M. elegans. Var. gracilis, nov. var.

IV. — Caractères spécifiques.

1° Port général de la plante.

— Le port est assez constant, quoiquela taille varie dans d'assez larges limites

;certaines espèces sont des

arbustes de petite taille, mesurant de 2 à 3 mètres [M. Brongniarti^

M. elegans, M. crassifolius), tandis que d'autres sont de véritables

arbres atteignant jusqu'à 8 ou 10 mètres [M. florihiindus, M. pinna-

tiis, M. franixifolius, var. Balansœ).

2^^ Feuilles. — Elles sont simples ou composées; dans les deux cas,

assez pohmorphes.

a) Feuilles simples.— Le limbe est ovale dans sa forme générale,

toujours atténué dune manière progressive à la base, souvent acu-

miné à l'extrémité. Le pétiole est toujours allongé

La longueur du limbe oscille autour de 10 centimètres, sauf chez

le M. elegans, dont les feuilles sont notablement plus petites, et chez

le M. involucratus, dont les feuilles sont beaucoup plus grandes et

atteignent plus de 30 centimètres pour la longueur du limbe dans la

variété Le Bâti.

Le limbe est généralement membraneux, mais parfois épais et

coriace [M. crassifolius, M. floribundus) ;il peut être entier [M. à

feuilles coriaces), ou à bords crénelés, subdentés [M. Vieillardi).

La nervation du limbe se ramène à 2 types bien tranchés, qui cor-

respondent aux feuilles membraneuses d'une part, aux feuilles

coriaces d'autre part.

Dans le M. involucratus, par exemple (fig. 2), .se détachent de la

"nervure médiane bien marquée des nervures secondaires principales

sensiblement parallèles et distantes d'au moins 5 mm.;

à l'extré-

mité, chacune de ces nervures se bifurque en deux branches qui se

raccordent avec les branches analogues des nervures voisines, de

sorte qu'il s'établit une série d'arceaux vasculaires qui relient vers

le bord du limbe ces nervures secondaires principales les unes aux

autres.

Page 8: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 701

Entre celles-ci, on observe un réseau assez lâche de fines nervures

auquel prennent part des nervures secondaires, intermédiaires, fines

et irrégulières. Toutes les nervures secondaires sont beaucoup moins

saillantes sur la face supérieure de la feuille que sur la face infé-

rieure .

Fig. 2. — I. M. involucratns. II. M. florihundus,n. nervure médiane — n. s. nervures secondaires

principales — a. v. arceaux vasculaires — 7". ré-

seau vasculaire (1/2 grandeur naturelle).

Dans le M. fJorihundus, fig-. 2, au contraire, de la nervure

médiane très épaisse, se détachent de nombreuses nervures secon-

daires très serrées, distantes de 1 à 2 millimètres, raccordées entre

elles par un réseau très dense de nervures presque aussi saillantes

que les secondaires. La relation des nervures secondaires par leur

extrémité n'offre plus la netteté du cas précédent, enfin la nervation

est à peu près également saillante sur les deux faces delà feuille.

Page 9: Révision du genre Myodocarpus

702 ÉTUDES ET MÉMOIRES

Quant au pétiole, il est très épais chez les espèces à feuilles

coriaces, beaucoup plus grêle chez les autres;en ce qui concerne sa

long-ueur comparée à celle du limbe, deux cas extrêmes sont à dis-

tinguer, suivant que le pétiole atteint sensiblement la longueur du

limbe {M. Vieillardi, M. simplicifolius), ou ne mesure guère que la

moitié de cette longueur {M. à feuilles coriaces) ;le pétiole est par-

ticulièrement court chez le M. elegans.

Fig;. 3. — Folioles des diverses variétés de

M. Fraxinifoliiis .— I Foliole de la variété

lobatus;II foliole de Vespèce type ;

III foliole

de la prétendue variété Thiebautii, provenantdu même échantillon que II. (1/2 grandeur

naturelle.)

b) Feuilles composées.— Les feuilles composées, toujours impa-

ripennées, sont de deux types. Chez le M. pinnatus, il y a un petit

nombre de folioles de grande taille (en général, une foliole terminale,

plus deux paires de grandes folioles) ;ces folioles sont entières ou

légèrement ondulées, presque sessiles, et ont une nervation compa-rables à celle des feuilles minces chez les espèces à feuilles simples

et membraneuses.

Chez le M. franixifolius^ la feuille comprend un grand nombre de

folioles, beaucoup plus petites que dans le cas précédent (une foliole

terminale, plus huit à neuf paires de folioles latérales).

Ces folioles sont remarquables par leur polymorphisme; elles sont

le plus souvent profondément dentées; Brongniart et Gris avaient

Page 10: Révision du genre Myodocarpus

RÉVISION Di: GENRE MYODOCARPUS 703

observé sur certains échantillons de M. fraxlnlfolius des folioles

étroites et entières, et avaient ainsi caractérisé une variété qu'ils

appelèrent Thiebaulii ^

;mais nous avons pu remarquer sur des

échantillons de provenance postérieure à ceux qui servirent à ces

auteurs (Herbiers Pancher et Le Rat) des feuilles portées sur le

même rameau, les unes à folioles entières, les autres à folioles pro-

fondément crénelées, ce qui nous conduit à condamner cette variété.

D'autre part, ayant observé sur plusieurs échantillons des feuilles

à folioles très g-randes, à limbe arrondi au sommet et profondémentlobées dans leur rég-ion subterminale, nous avons cru devoir en faire

une nouvelle variété lohatus^ car ces feuilles n'étaient jamais accom-

pagnées de feuilles formant passage au type normal.

La tigure 3 montre côte à côte une foliole de M. fraxinifolius,

type à limbe denté, une foliole du même échantillon correspondantà la variété Thiehautii de Brongniart et Gris et une foliole de notre

variété lobatus.

3° Inflorescence.— L'inflorescence est toujours une grappe d'om-

belles simples présentant une bractée à l'aisselle de chaque rameau

et un involucre de quatre à six bractées à la base de chaqueombelle.

Elle est presque toujours de grande taille, portant de nombreux

rameaux secondaires;chez le M. eleffans, var. gracilis, seul, l'inflo-

rescence est réduite à quelques ombelles et de très faible dévelop-

pement.Tantôt l'axe principal est très allongé et les rameaux latéraux sont

beaucoup moins développés ', l'inflorescence a un aspect grêle et

élancé [M. Vieillardi, M. involucratus, var. Le Ratï), tantôt l'axe

principal avorte de bonne heure, les rameaux latéraux prennentun développement plus considérable et se ramifient abondammentà leur tour

;l'inflorescence est touffue, ramassée, et composée au

deuxième degré [M. crassifolius).

D'ailleurs, l'ombelle qui termine l'axe principal ou bien avorte

complètement, ou bien est rudimentaire avec des fleurs non fertiles,

ce cas est assez général; à ce point de vue, le AI. floribundus et le

1. Bill. Soc. bot. de France, 1865, t. XII, p. 270.

2. Dans ce cas, il arrive fréquemment ([uc ces rameaux latéraux ne portent qu'uneombelle tei-minale bien développée, et ne fournissent aucune ramification ou seulementdes rameaux à inflorescence avortée (inflorescence composée au 1"'' deg:ré) ; cette dispo-sition contribue à rendre rinflorescence générale d'aspect grêle.

Page 11: Révision du genre Myodocarpus

704 ÉTUDES ET MÉMOIRES

M. fraxinifolius, var. Balansœ^ se comportent de façon spéciale, car,

dans tous les échantillons que nous avons observés, Taxe principal

se terminait par une ombelle très fournie, dont les fleurs avaient

évolué en fruits.

Le plus ou moins grand développement du système des bractées

communique aux inflorescences une allure spéciale, souvent carac-

téristique ;alors que chez certains types, tels que M. elcgans,

M. simplicifolius^ M. crassifolius, les bractées sont très petites et

même linéaires, chez d'autres, au contraire, elles sont foliacées, à

limbe rétréci à la base, spatule à l'extrémité [M. involucratus^

M. coronatus).

Le développement des pièces des involucres marche de pair avec

celui des bractées;dans les premières espèces^ ces bractées sont

étroites, plus ou moins pointues; dans les secondes, elles sont larges

et presque orbiculaires.

Leur nombre varie d'ailleurs peu et ne fournit guère de caractère

spécifique sérieux;elles sont à la maturité tantôt dressées [M. Bron-

(/niarti, M. involiicratus), tantôt réfléchies [M. fraxinifolius, M.

pinnafus).

Les caractères de l'ombelle elle-même dépendent du nombre des

fleurs et de la longueur des pédoncules floraux.

Alors que chez certaines espèces les fleurs sont excessivement

nombreuses dans chaque ombelle, cinquante au moins dans les

ombelles bien développées [M. pinnatiis, M. ffraxinifolius) , chez

d'autres, comme le M. Vieillardi, chaque ombelle ne porte qu'unedouzaine de fleurs.

Dans le M. involucratus, les pédoncules ont à peine la longueurdu fruit et mesurent environ 1/2 centimètre

;chez les M. à feuilles

composées, et chez quelques espèces à feuilles simples [M. Vieillardi,

var. longipes), les pédoncules sont longs, plus grêles et peuventatteindre jusqu'à 2 centimètres.

4° Fleur. — Les caractères les plus saillants de la fleur sont

fournis par le calice qui peut posséder des lobes aigus, comme chez

M. Vioillardi, ou véritablement arrondis (Af. coronatus, M. invo-

lucratus). Les sépales sont assez souvent membraneux sur les bords ^

1. Dans hii'ii des cas, la parlie niPiiibranciise des sépales se desséchant surlcs éclian-

tilloiis criierbier, les lobes du calice qui sont véritablenient airinidis ])roiiiient un

aspect an;;uleux à la suite de la dessiccation.

Page 12: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 705

[M. crassifoUus) ;chez le M. coronatus, ils sont très développés

relativement aux autres espèces, presque complètement membraneux,ce qui donne une allure particulière à la fleur et au fruit qu'ils sur-

montent.

La corolle, les étamines et l'ovaire offrent une constance assez

considérable dans le g-enre, pour qu'on n'en puisse point tirer de

caractères spécifiques.

Seule, l'inflexion de la partie terminale des filets staminaux dans

le bouton paraît un peu variable, mais il est bien difficile d'en indi-

quer les degrés, si toutefois cette inflexion est bien constante dans

une espèce donnée.

S" Fruit. — Dans la description du fruit, nous considérerons d'une

part les parties des akènes qui renferment les graines, d'autre part

les ailes qui prolongent les akènes.

Les parties des akènes qui renferment les graines sont plus ou

moins volumineuses; elles sont couronnées par les lobes du calice

persistant, qui ne sont dépassés, en général, que par les st^'les non

caducs, simulant les antennes de la mouche;dans le cas du M. fra-

nixifolius seulement, le développement des akènes est beaucoup plusconsidérable que dans les autres espèces ;

ceux-ci dépassent nota-

blement les dents du calice et font saillie en dehors (fig. 4 a) ;ce

caractère très net permet de reconnaître, entre tous, les fruits de

cette espèce.

En dehors de ce cas spécial, la taille absolue de la partie fertile

des akènes varie évidemment, mais sans pouvoir fournir de caractère

précis ;il en est de même du rapport de la longueur de cette région

à la longueur de l'aile, qui n'est caractéristique que pour les cas

extrêmes; dans le M. fraxinifolius (var. Balansœ), ce rapport est

considérable et ég^al à 2/3, tandis que chez le M. floribundus il

atteint à peine 1/3 (fig-.4 c).

Brongniart et Gris, dans la description des espèces qu'ils créèrent,

tenaient compte de la plus ou moins grande visibilité à l'extérieur

des glandes de la paroi des akènes;cette visibilité est en relation

avec l'épaisseur du péricarpe, s'exag-ère lorsque celui-ci est mince,diminue lorsqu'il est plus charnu; ce caractère de visibilité est, en

effet, extrêmement net dans le M. Vieillardi, infiniment moins dans

le M. pinnalus. Mais, lorsqu'on se trouve en présence d'un plus

g^rand nombre d'espèces, il devient impossible de généraliser ce

Page 13: Révision du genre Myodocarpus

706 ETUDES ET MEMOIRES

caractère, car entre les cas extrêmes se placent des transitions

ménag-ées; nous nous bornerons donc à indiquer ici ces cas extrêmes

pour les espèces nouvelles : les glandes sont très visibles dans le

M. florihiindus, fort peu, au contraire, dans le M. involucratiis.

La forme et la nervation de Taile du fruit fournissent aussi des

caractères intéressants.

L'aile présente une forme générale arrondie, sauf de son côté interne

où elle est rectiligne; son contour présente toujours une échancrure

plus ou moins accusée à la base;cette échancrure est très prononcée

Fig. 4. — Fornaes diverses des fruits de Myodocarpus ;

a M. fraxinifolius, h M. coronalus, c M. involucratiis, d M. floribundus,

e M. Brongniarti, f M. crassifolius, g M. simpUcifoUus, h M. Vieillardi.

chez M. crassifoliusetM. sirnplicifolius (fig.4 f, g), elle est au contraire

à peine indiquée chez M. Vieillardi (fig. 4 h). L'aile présente aussi la

plupart du temps une échancrure latérale vers son sommet au-dessous

du calice, dont elle part ;cette échancrure, très accentuée chez M. sirn-

plicifolius, à tel point que l'aile ne se détache guère que vers la base

de la partie fertile de l'akène, est excessivement légère chez M. flo-

ribundus (fig.4 d), où l'aile est presque semi-circulaire, et chez

M. Vieillardi, où l'aile ne présente pas de concavité latérale.

Quant à la nervation de l'aile, elle est constituée par cinq ner-

vures, comme nous l'avons exposé plus haut: une dorsale qui borde

le contour extérieur, deux marginales par rapport aux carpelles qui

ne s'éloignent jamais beaucoup de la ligne de suture, et deux inter-

médiaires qui tantôt rejoignent insensil)lement et sous un angle aigu

Page 14: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 707

la ligne de suture, c'est la majorité des cas, tantôt au contraire

décrivent une courbe assez accentuée à travers la membrane de l'aile

et viennent rejoindre la ligne de suture presque perpendiculairement

[M. eleyans^ M. crassifolius). D'ailleurs, les dessins ci-joints (fî. 4)

montrent mieux qu'une descrijition les principales différences entre

les fruits des diverses espèces ainsi que tout le parti qu'on peut tirer

des caractères précédemment énumérés.

V. — Tableau dichotomique des espèces.

En nous basant sur l'étude précédente, relative aux divers carac-

tères fournis par l'appareil végétatif, la fleur et le fruit des Myodo-

carpus,novLs avonsétablile tableau dichotomique ci-joint (voir p. 708,)

permettant d'aboutir à la détermination d'une esj)èce ou d'une

variété.

Nous nous sommes servis uniquement à cet usage des caractères

morphologiques les plus facilement observables, dont la significa-

tion ressort bien clairement du § IV et des figures qui y sont

jointes ;nous laissons de côté les caractères secondaires, qui peuvent

servir à fortifier une diagnose et que nous énumérons au paragraphesuivant.

VI. — Description des espèces.

Dans le paragraphe IV, nous avons passé en revue les caractères

qui peuvent intervenir dans la fixation des espèces, en indiquant

pour chacun d'eux les types qui les réalisent le mieux;

la dia-

gnose de toutes les espèces du genre Mi/odocar'pus en résulte

implicitement, mais il nous paraît utile cependant de réunir pour

chaque espèce ou variété les caractères les plus importants en fai-

sant de chacune d'elles une description sommaire.

1" M. fraxinifolius ^ Ad. Br. et A. Gris.

Feuilles composées glabres, imparipennées, à folioles nombreuses

(au moins six ou sept paires), lancéolées, brièvement pétiolées. Les

1. Cette espèce a été décrite par Brongniart et Gris, mais ces auteurs n'en avaient

point vu les fruits {Bull. Soc. bol. de France;loc. cit.).

Page 15: Révision du genre Myodocarpus

708

ÉTUDES

ET

MÉMOIRES

u;

1

\1 ' ~ r rI' " ( .................. , , ..... , , . . .. JI. (l'él .l'ini(olilJ s. Ad. BI'. el .\. Cris. =: «l ' i l' il es 1I 0 tl 1'l~l'O ll\',! I'lS '.0 10 os e n Il'rt's, o u \ Folio les du s ""'~Ild('s, l; )[lisses-.~..Q.~ pal' Ics lolles du cnll ce. Sllllpll'Il1Cllt d e lllees· 1 Ombdle Ile l'll-Jn:1l1l J'aH! prin c il;~1. JI. (rn .r:illi/,olills, va l'. H;ll,1n.~a', Il. v. ~ :::: 9 Fo liolt~s lo hées ... ... ................... , . .... . " ... .1/. (ro1 .-cini(olill .<;, val'. loba{ll s, II. \ '.

cJl ~ ë . { Sé llall's I1H'mhr;tl1 l'llX ll'0S dL'vl'lo l))lés .. ,.. JE. ('orolwllls, 11 0 \ '. SI) . ~ " - \Iil'IH'''; re('ou\'l'1'l" 1)3 1' les , ' .:... - 8' 1'1 ' 1 l' . Sl'paks 11 0 11 l'Oll1pll'lelllt'llt Illl'mhl'<lIH'I1X

1 0 ll'S ( II ca I ce. ; 1 . l' l ' 11 . 1 \d 1> l \ G . \ ~ w ali coup mOlli S (e\'e Oppl'S. . . .. . . . . ... .. !HIlI/,? liS.. • .>1'. l' " l'IS .

Ailes du fruit échancl'ées la lI" ra le nll' n l .

• \Xl' (ll'ineipal snllS ombelle F('l1ill('s l'urinees fi nel'va lion le l'll1inal c. ' ... .. , . . . . . . . .. JI. (' rassi(olills, nov. sp . t'II 1'(;SC<lU lrès scné el sailhllll.l Ailes du fruit ,h Pl'ine échan-

l'l'l'es latéralclllc nt. Ombelle te\'min:mL l'nxe

. : Ill'inc!pal , . ..... , ..... . , .. JI, /'ol'iIJllndlls, 110\' . sp. Fruit il al!es pe u l'Ch;ln CI'ccs l ... .. ............. , . . . . . . . . . . . . . . . .. JI. \'it!ill;zrdi. Ad. 111'. l'l .\. GI'is.

n la base. ) IkbLin'l11enl l' lroit es. J Ol';_?ne s plus g'rt,.les !Jill' dnllS Il' lype, r' . •

Fl'uilll'S non 1 feUIll es plus pe Llles .. ", ... "".... JI. \ wlll.11'dl, va\'. IOIl!Jil)('s, Il. \ '. Fcuilles g l'[llldes , pcu ( M. inl'ollJ cI'nlll s, 110\' . sp.

co riac es il l'l'SCan d e

Il e 1' \'\1 l'l'S

m o ins sel'I't"es Illoins

sailll1ntl's,

Fruits à [liles hil'l1 l'ehnllcrées \' C l'S

la ha se , fol'l e lllent arrondies latéJ'[l­IClllcnt.

:lCllminl'('S ou cOJ'dil'ol'- Bl'actéc!:' trl's' llH'S il l'extré mité , il d,"\'e loppées. 1 F e uilles très gl'andes, inlloJ'L'sl' (' I\Cl'S g'1 (,les pétioleaY[lnt c ll\' il'o ll , JI. i/I/lO"I CI"1/11.~ , "al'. 1, (> na/i, no\' . var . b moitié de 1:-. lon- Bl'actél ~s moins dl; n~loppl'l's, g' lH~ur du limbe. fruil plus lal'g'(', .l/. nl'ollr/nio11'/i, no\·. sp .

F e uilles aCllmilll~es Ü p é tiol e aussi long' qll e le limhl' ... , .. , ... JI. 8illlfllicif'nlill.". Ad. Ill'. cl A. Gris . M. elt'!lillls, n. sp. Fe uilll~s f1cumin l\('S , petites , il pé tiole ~ ............... .. .. , .. ,

n o table m e nt plu s CO l\L't qu e le limbe. ; Pt"Lioles très courls. ~ Infl o rescen ce tl'. l'l"duit c. JI, e!<'!I<l.IlS ,

\'ar. UI'a ci lis, no\' . \'al' -

~1

<0 00

Page 16: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 709

feuilles sont très polymorphes, leur taille varie de 15 à 20 centimètres

de long ;forme des folioles très variable suivant les individus : par-

fois entières et étroites, parfois sinueuses, parfois dentées.

Inflorescence en grappe d'ombelles, ample; axe principal bien net,

rameaux de premier ordre bien développés, rameaux de deuxième

ordre réduits, portant des ombelles stériles; bractées bien dévelop-

pées, spatulées, pièces des involucres assez grandes, réfléchies.

Ombelles à nombreuses fleurs, au moins cinquante, portées par des

pédoncules allongés de ] cent. 1/2 à 2 centimètres.

Lobes du calice aijiis, membraneux sur les bords.

Akènes très développés, dépassant les lobes du calice'

glandes

moyennement visibles; ailes peu échancrées vers la commissure,assez échancrées latéralement, à nervures convergeant sous un angle

aigu vers la ligne de suture.

L'espèce type décrite par Brongniart et Gris est un arbuste de

3 mètres de haut, signalé dans le sud de la Nouvelle-Calédonie,autour de Port-de-France (Herb. Baudouin Mus.). Nous avons exa-

miné des échantillons recueillis par Pancher (n'^'*212. A; 266i Herb.

Mus.) et d'autres par Le Rat, à la base du Mont Mou (n^^ 10; 285

Jard. Col.).

La var. Balansœ se distingue par sa taille plus élevée (arbre de

6 mètres), parses feuilles plus grandes à folioles semi-coriaces, ondu-

lées seulement sur les bords, par son inflorescence dont l'axe prin-

cipal porte une ombelle bien développée, par ses ombelles particu-lièrement fournies, paruneplus grande longueur des pédoncules flo-

raux ',

Echantillons recueillis en 1870 par Balansa sur le versant méri-

dional du Mont Mou, vers 600 mètres d'altitude (n" 266o Herb.

Mus.).La var. lobatus se distingue par ses feuilles à folioles grandes,

1. Les échantillons de la var. linlansse ofTrent en somme des didei-ences assez

notal)les par rapport à Tespèce type; nous en aurions fait une espèce distincte, si nousn'avions pu comparer aux fruits de la variété Balnnsse, que nous possédions à tous les

degrés de développements, ceux de l'espèce type dont nous avons pu trouver au Muséumquelques rares échantillons incomplètement développés. En rapprochant des stadesde développement analogues, de part et d'autre, nous avons pu acquérir la certitudede l'identité de forme des fruits si nettement caractérisés par leurs akènes dépassantles lobes du calice à maturité; dès lors, nous ne pouvions plus baser une espèce dis-

tincte que sur des dilïérences en somme secondaires, en particulier sur la morphologiede la fouille, ce <[ui aurait été bien imprudent, étant donnée la variabilité même de cette

feuille.

Page 17: Révision du genre Myodocarpus

710 ÉTUDES ET MÉMOIRES

arrondies à rextrémité, profondément lobées dans la région subter-

minale.

Echantillons de l'herbier envoyé à l'Exposition de 1900 par la

Nouvelle-Galédonie(Jard. Col.).

2° M. coronatus, nov. sp.

Les échantillons que nous avons eus entre les mains ne portaient

pas de feuilles;l'ensemble des caractères vient placer cette espèce

à côté du M. pinnatus. C'est pourquoi nous l'avons placée dans la

première section de notre tableau dichotomique.Le M. coronatus semble suffisamment caractérisé yjar le dévelop-

pement considérable des lobes du calice, membraneux, blanchâtres,

arrondis, formant de grandes lames dressées persistant au-dessus

des akènes.

Inflorescence composée au deuxième degré, avec bractées bien

développées, involucres à bractées particulièrement grandes, très

arrondies, mesurant environ 1 cent, de diamètre.

Ombelles très fournies (50 à 80 fleurs), pédoncules floraux de

1 cent. 1/2 à 2 centimètres. Ailes du fruit bien échancrées à la com-

missure, légèrement échancrées latéralement, d'aspect général plus

élancé que dans l'espèce précédente ;nervures rejoignant la ligne

commissurale sous un angle aigu. Echantillons de l'herbier Balansa

(n° 983, Herb. Mus.).— Arbre de 5 à 6 mètres. — Forêt près du

Chapeau, au-dessus de la Ferme modèle).

3° M. pinnatus Ad. Br. et A. Gris K

Cette espèce a été décrite par Brongniart et Gris;nous en résu-

mons brièvement les caractères :

1. Bull. Soc. bot. de France, J851, loc. cit. — Dans les Nouvelles archives du

Muséum, t. IV, p. 31, ces auteurs donnent les renseignements suivants au sujet du

port de cette espèce : « D'après Pancher, le M. pinnatus est un arbre aux branches

dressées, qui peut atteindre une hauteur de 10 mètres et un diamètre de 40 à 50 cen-

timètres. Aucune Araliacée ligneuse cultivée en Europe ue peut donner une idée du

développement et de la beauté des panicules de cet arbre, qui ont jusqu'à 50 centi-

mètres de long et 30 centimètres de diamètre. Il pousse facilement de graines; les

jeunes tiges, de la grosseur du doigt, atteignent 2 mètres et plus sans se ramifier; les

indigènes les recherchent pour en faire des lances d'exercice et surtout de pêche très

légères. »

Page 18: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 711

Feuilles composées, glabres, imparipennées avec en général deux

paires de folioles bien développées^ ovales, lancéolées, entières, briè-

vement pétiolées.

Inflorescence à axe principal primant de beaucoup les axes secon-

daires, pas d'axes tertiaires; bractées moyennement développées;

pièces des involucres assez grandes.

Lobes du calice arrondis.

Fruits obconiques, rappelant comme forme générale ceux de l'es-

pèce précédente, à péricarpe épais, glandes peu visibles extérieu-

rement .

Échantillons de l'herbier Vieillard (n° 611 bis, Herb. Mus.), envi-

rons de Wagap.

4" M. crassifolius, nov. sp.

Feuilles simples, coriaces, à limbe ovale, arrondi ou légèrement

acuminé à l'extrémité; pétiole très épais, atteignant environ la moi-

tié de la longueur du limbe.

Nervure médiane, épaisse et saillante;nervures secondaires reliées

par un réseau serré de nervures très saillantes.

Inflorescence composée au deuxième degré, ramassée; ombelle

terminant l'axe principal avortant généralement; bractées petites,

lancéolées, linéaires; involucres à six bractées arrondies, réfléchies;

pédoncules floraux courts de 1/2 à 1 centimètre de long.

Lobes du calice arrondis, membraneux sur les bords.

Fruit à ailes très dilatées latéralement, très échancrées à la base,

à nervures intermédiaires à peu près parallèles au contour extérieur

de l'aile et rejoignant perpendiculairement la ligne de suture;

glandes peu visibles extérieurement.

Arbrisseau de deux mètres'.— Echantillons de l'herbier Pancher

(n°^ 212 c, crête ferrugineuse de 400 m. Herb. Mus.), et de l'herbier

Le Rat (n° 475, Jard. Col. sommet du Mont Mou).Herbier Brousmiche, n° 625, vallée de Saint-Louis.

1. Cet arbrisseau présente une cime arrondie, dégajfe une odeur nauséabonde;SCS tleurs, verdâtres, apparaissent en novembre, trois semaines avant celles des autres

espèces.

Page 19: Révision du genre Myodocarpus

712 ÉTUDES ET MÉMOIRES

0° M. floribundus, nov. sp.

Feuilles simples, coriaces, à limbe très épais, ovale arrondi;

pétiole et nervation du limbe comme dans l'espèce précédente.

Inflorescence composée au deuxième deg^ré, ramassée; ombelle

terminant l'axe principal bien développée; bractées petites, lancéo-

lées.

Fig. 5. — Myodocarpus floribundus, nov. sp.

Involucres à six bractées, extrêmement petites, réfléchies; pédon-cules floraux de 1/2 à 1 centimètre de long.

Lobes du calice triangulaires.

Fi'uit, avec partie de Vakène l'enfermant la graine très peu déve-

loppée, atteignant le quart de la longueur totale de Faile;aile échan-

crée à la base, mais à peine échancrée latéralement, à contour exté-

rieur presque semi-circulaire, à nervures intermédiaires rejoignant

perpendiculairement la ligne de suture.

Page 20: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 713

Cette espèce, en somme, rappelle la précédente, mais s'en dis-

iing-ue indubitablement par l'aspect du fruit.

Arbre de 6 à 8 mètres. Vers 1.200 mètres d'altitude, sur le mont

Mou.

Échantillons de l'herbier Balansa (n" 2866, Herb. Mus.).

6° M. Vieillardii Ad. Br. et A. Gris.

Feuilles simples, non coriaces, légèrement dentées, acuminées.

Pétiole sensiblement égal à la longueur du limbe, grêle.

Nervure médiane saillante; nervures secondaires assez espacées

et se raccordant par un réseau assez lâche de fines nervures.

Inflorescence composée au premier degré, à axe principal bien net,

dont l'ombelle terminale avorte généralement; bractées petites, lan-

céolées. Involucres à cinq à six bractées courtes, obtuses à l'extré-

mité, réfléchies; pédoncules floraux d'environ 1 centimètre. Ombelles

pauciflores.

Lobes du calice dressés, triangulaires , aigus.

Fruit à ailes peu échancrées à la hase, non échancrées latérale-

ment, étroites, à glandes extrêmement visibles extérieurement.

Arbre moyen.Échantillons de l'herbier Vieillard (n° 612, Herb. Mus., mon-

tagnes près de Balade), et de l'herbier Le Rat, Jard. Col.

Var. longipes.— Nous avons trouvé cette variété sur des échantil-

lons de l'herbier Balansa recueillis sur des terrains éruptifs près de

l'embouchure du Dotio.

L'aspect général de toutes les parties de la plante est plus grêle ;

les feuilles sont plus minces, à pétiole plus long, k limbe plus brus-

quement atténué à la base.

L'inflorescence est composée au deuxième degré, quoique les

rameaux de second ordre soient peu nombreux; les rameaux de

l'axe principal sont plus longs, les bractées sont plus étroites, les

pédoncules floraux plus allongés que dans l'espèce type.

Arbre de 6 k 8 mètres de haut, k tronc droit, cime arrondie.

(Balansa, n° 3384, Herb. Mus.)

1. Bull. Soc. Bol. fr., 1SG5, loc. cil.

Bulletin du .fardin colonial. 16

Page 21: Révision du genre Myodocarpus

714 ÉTUDES ET MÉMOIRES

7" M. involucratus, nov. sp.

Feuilles simples, semi-coriaces, entières;limbe souvent cordi-

fornie à lextrémité; pétiole égal à environ la moitié de la longueur

du limbe; nervure médiane saillante sur les deux faces; nervures

secondaires assez espacées et se raccordant par un réseau assez lâche

de fines nervures.

Inflorescence composée au deuxième degré ;axe principal bien

distinct, sans ombelle terminale bien développée.Bractées à faisselle des rameaux particulièrement développées.

subpétiolées, lancéolées; involucres à quatre à huit bractées arron-

dies, dressées; pédoncules floraux très courts (1/2 cent.), ce qui

rend les ombelles denses; ombelles portant une vingtaine de fleurs.

Lobes du calice arrondis.

Fruits à ailes assez étroites, échancrées à la base, peu échancrées

latéralement, à nervures convergeant vers la ligne de suture sous

un angle aigu; glandes médiocrement visibles extérieurement.

Echantillons de Fherbier Le Rat. Mont Mou, n° 9, Jard. Col.

Var. Le Bâti. — Elle se distingue par ses feuilles très grandes., dont

le limbe mesure en moyenne 30 centimètres de long, par son

inflorescence beaucoup plus lâche composée seulement au premier

degré, par l'aile du fruit un peu plus échancrée.

Echantillons de l'herbier Le Rat. Rivière du Pont-Cassé. N" 388,

Jard. Col.

8° M. Brongniarti, nov. sp.

Feuilles simples, membraneuses, à pétioles assez épais, avantmoins

de la moitié de la longueur du limbe, arrondies à T'extrémité; ner-

vures secondaires fines, assez espacées, se raccordant par un réseau

assez lâche de petites nervures.

Inflorescence composée au deuxième degré; axe principal peu net.,

dépassé en liauteur par les rameaux latéraux; bractées bien déve-

loppées, spatulées, acuminées, sessiles.

Ombelles à vingt rameaux au maximum; involucres à grandes

bractées, larges et arrondies.

Fruit dont la partie contenant les graines atteint à peine le quartde la longueur de Vaile; ailes larges, arrondies, échancrées à la hase,

Page 22: Révision du genre Myodocarpus

^

Page 23: Révision du genre Myodocarpus

716 ÉTUDES ET MÉMOIRES

ti'ès peu latéralement\nervures intermédiaires se raccordant à la

lig-ne de suture en décrivant une légère courbe.

Arbuste de 2 ou 3 mètres. Collines arg-ilo-ferrugineuses entre

Saint-Louis et Ounea.

Echantillons de l'herbier Balansa, n" 641, Ilerb. Mus.

9° M. simplicifolius' Ad. Br. et A. Gris.

Feuilles simples, à pétiole sensiblement égal à la longueur du

limbe;limbe plus large relativement à la longueur que dans les

autres espèces, brusquement acuminé; nervures secondaires très

nombreuses, rapprochées.Inflorescence composée au deuxième degré, sans ombelle termi-

nale bien développée sur Taxe principal ;bractées axillantes lancéo-

lées; bractées des involucres petites et réfléchies;fleurs brièvement

pédonculées.

Lobes du calice aigus.

Fruits à ailes échancrées à la base et latéralement, à contour un

peu anguleux'^ nervures intermédiaires décrivant une légère courbe

avant de rejoindre la ligne de commissure.

Arbre de S mètres. Echantillons de l'herbier Pancher, coteaux

ferrugineux entre Ouraïl et Canala (n" 61 o, Herb. Mus).Herbier Vieillard, Montagnes près Wagap (n"611, Herb. Mus.).

10" M. elegans, nov. sp.

Feuilles simples^ minces, plus petites que dans les autres espèces

acuminées; pétiole grêle plus court que le limbe; nervures secon-

daires asseznettes se raccordant par un réseau assez lâche de petites

nervures.

Inflorescence composée au deuxième degré; l'axe principal peudistinct ne donne pas d'ombelle terminale bien développée ;

bractées

linéaires de petite taille; involucres à 4-6 bractées légèrement lan-

céolées, réfléchies;ombelles pauciflores à pédoncules floraux grêles.

Lobes du calice aigus.

Fruit large, très échancré à la base et latéralement ; à nervures

1. liiill. Soc. Bot. de France. 1861, loc. cil.

Page 24: Révision du genre Myodocarpus

REVISION DU GENRE MYODOCARPUS 717

intermédiaires presque parallèles au contour extérieur de Vaile et

rejoignant perpendiculairement la ligne de commissure. Ce fruit res-

semble beaucoup à celui du M. crassifolius.

Arbuste de 6 mètres. Echantillons recueillis par Balansa sur le

versant méridional du Mont Mou, vers 300 mètres d'altitude. 2864*

(Herb. Mus.) Herb. Le Rat, vers 600 mètres d'altitude, environs de

Païta, bords de laCariconié. 212 (Jard. Colon.).

Var, Gracilis, nov. var. — Nous avons classé dans cette variété un

lot d'échantillons de l'herbier Balansa, remarquables par leurs

feuilles à pétioles très courts, k limbe plus élancé, plus acuminé, par

leurs inflorescences très réduites, à ombelles pauciflores ;ces inflo-

rescences étaient cependant adultes, car elles portaient quelques

fruits complètement développés.

Balansa, 3382 (Herb. Mus.), 3382^ (Herb. Mus.). Arbrisseau de

2 à 4 mètres. Mont Humboldt, 1.000 à 1.200 mètres d'altitude.

Marcel Dubard. René Viguier.