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CNA 1997-2017 La La résilience résilience économique économique pour sortir pour sortir de la crise de la crise ANEP - 217390

Revue de l'Assurance N°19 - CNA · 2018. 5. 18. · Editorial Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 3 Sortir du mono Par Abdelhakim Benbouabdellah* Réduites en peau de chagrin,

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CNA1997-2017

La La résilience résilience

économique

économique

pour sortir pour sortir

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ANEP - 217390

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Editorial

Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 3

Sortir du monoPar Abdelhakim Benbouabdellah*

Réduites en peau de chagrin, depuis notamment la mi-2014, les recettes des exportations

algériennes en hydrocarbures ont per-mis, néanmoins, à d’autres secteurs économiques nationaux de se relancer et de sortir d’une longue léthargie. Bien que reprenant, épisodiquement, quelques dollars de plus sur le baril, les prix du marché international de pétrole ne devraient plus être une réfé-rence unique à laquelle sont adossées les pulsations du pays. Cette crise fi-nancière vécue dans la difficulté de ces dernières années doit être en rup-ture de banc avec ses devancières, à l’image de celle de la seconde moitié de la décennie 80 du siècle et millé-naire écoulé(s). En effet, des moments difficiles peuvent naître les solutions idoines. Considérée quasiment mono-exporta-trice, l’économie algérienne n’a pour-tant pas autant d’appui sur les hydro-carbures que l’on a tendance à le croire. En effet, les recettes du pays sont loin d’être aussi colossales que celles de pays tels que l’Arabie Saou-dite, etc. Il y en a même ceux qui sont dans la réflexion sérieuse de mettre un holà à leur dépendance totale au pé-trole. C’est le cas en Norvège où le Fond pétrolier de ce pays scandinave, plus gros fonds souverain au monde (854 milliards d’Euros dont les deux tiers sont placés en actions) alimenté par les recettes pétrolières de cet Etat nor-dique du Vieux Continent, préconise une… sortie du domaine pétro-gazier ! Le but étant évidemment de réduire la dépendance - et, conséquemment, la vulnérabilité - du Fonds si la baisse des cours du baril de pétrole venait à perdurer.

Cette stratégie de sortie du mono à la diversification est une clé non seule-ment de sortie pour les générations actuelles mais aussi, et surtout, une garantie sans faille pour celles mon-tantes. D’où, à titre illustratif, cette in-contournable transformation digitale qui reste plus qu’un enjeu central pour l’économie nationale. Cette topographie reste valable pour le secteur des assurances, intimement lié au reste de la finance nationale et internationale. En effet, le marché na-tional des assurances reste fortement imbriqué avec la branche automobile qui continue à être ultra-dominatrice (autour des trois quart parfois) ce qui, comparé à la norme dans les pays où l’assurance et la réassurance sont très développés, constitue un déséquilibre et une menace constants sur le deve-nir non seulement du secteur mais, aussi, de franges entières de l’écono-mie. A ce titre, la capacité d’adaptation, l’élasticité et la résilience sont, au-delà de leurs champs directs sur la matière, des principes foncièrement écono-miques. Et, par voie de conséquence, tout à fait valables pour les assureurs et réassureurs dont le vecteur nova-teur est indiciaire, comme indiqué dans quelques-unes des pages du présent numéro de notre publication sectorielle. Aussi, le présent numéro de la Revue de L’ASSURANCE évoque, sommairement, les 20 ans d’existence du Conseil national des assurances (CNA), acteur parmi les acteurs d’un marché qui se veut au devant de la scène et de la vie quoti-dienne de nos concitoyens.

A. B. *Secrétaire du CNA

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Focus

Secteurs des assurances de quelques pays face à la crise financière : L’Iran, l’Arabie Saoudite, le Maroc et la Tunisie adoptent de nouvelles stratégies ..................................... 28

En 2015, les sinistres réglés représentaient 70% des réalisations de la branche : La Sinistralité automobile pèse lourdement sur le marché national ........................................................... 62

Dossier

Evénement

- Face aux difficultés macroéconomiques induites par le marché pétrolier : La résilience économique pour sortir de la crise .......................................................................................... 6- Les compagnies adaptent leurs offres ........................................................................................................ 7- Conférence internationale de la Fédération française de l’assurance : Les assureurs ont un rôle fondamental dans le financement de l’économie ................................................ 9 - Entretien avec Kamal Rezig, enseignant en économie à l’Université de Blida : « Les entreprises ont diminué les dépenses destinées à l’assurance » ..................................................... 10- Entretien avec Farid Yaïci, professeur d'économie : « Le marché des assurances a connu des taux de croissance considérables » ........................................ 12- Entretien avec Ronald Chidiac, CEO de BROKTECH SAL : « Le risque cybernétique est le deuxième risque émergent après les Cat-Nat »........................................ 15- Point de vue de M. M. Seba Hadj Mohamed, PDG de la CCR ................................................................ 16- Point de vue de M. Kessali Brahim Djamel, P-DG de la CAAR ............................................................... 19- Point de vue de M. Naouri Mokhtar, PDG de la CASH............................................................................. 20- Point de vue de M. Benhabiles Cherif, Directeur Général de la CNMA ................................................... 22- Point de vue de M. Soufi Mohamed Hakim, PDG de Macir Vie ............................................................... 24- Point de vue de M. Dahmane Ali, expert en IT et expert judiciaire .......................................................... 26

- Séminaire annuel de la CCR : Les risques simples en étude .................................................................. 40- Marché d’assurance et de réassurance : La CASH communique avec ses clients ................................. 42- Protection des agriculteurs : La CNMA sur le terrain ............................................................................... 44- Assurance agricole : La CAAT s'y lance .................................................................................................. 44- Fonds de garantie automobile (FGA) : Quasiment méconnu des victimes et de leurs ayants-droits …......................................…………………… 46- L’assurance des véhicules en destination des pays arabes Carte Orange : Le Bureau Unifié Algérien gestionnaire de la convention interarabe .......................................................... 48- Entretien avec Mme Bouzar Nesrine, Directrice Communication & Marketing de CAARAMA : « Nous avons déployé plusieurs campagnes publicitaires » ...................................................................... 50- MBA Marketing Digital et Business : L’INSAG lance une nouvelle formation .......................................... 51- Entretien avec Nicolas Chatelain, membre du senior management de PartnerRe : « En Algérie, il est difficile d’avoir une vision à moyen terme » .................................................................. 52

- Développées par des Algériens : Solutions mathématiques pour des problèmes complexes de systèmes dynamiques de risques de diffusion ........................................................................................................... 53 - Entretien avec M. Boukhetala Kamel, Professeur-Directeur de recherche à l’USTHB : « Notre produit SimDiffproc est très utile pour les assurances et la finance quantitative moderne ».......... 56- Entretien avec M. Farid Réda Benbouzid : « Le Takaful peut constituer un apport très intéressant » .... 58

CNA : 20 ans déjà !Retour sur le parcours et les réalisations du Conseil National des Assurances (CNA), à l'occasion du 20ème anniversaire de sa création ........................................................................................................... 31

Conjoncture

International

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Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 5

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Dossier : Résilience économique

6 Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017

La résilience économique pour sortir de la crise

Dépasser et absorber la situation de crise financière qui touche l’Algérie, comme un certain

nombre de pays mono-exportateurs, depuis plus de trois ans, reste possible maintenant que la capacité de résis-tance s’est inscrite dans la durée et que la flexibilité induite dans l’engre-nage économique national peut débou-cher sur une dynamisation apte à cap-ter la lueur d’une sortie de crise.Flexibilité se pose, en effet, en colonne vertébrale pouvant permettre la rési-lience économique dont il est ici question. Comme d’autres pays, dont

les microéconomies sont corrélées aux prix des énergies hydrocarbures, celles renouvelables n’étant pas directement concernées, l’Algérie se trouve face au défi de se libérer d’un étau qui se resserre de plus en plus. Il est vrai qu’une variation, et c’est déjà arrivé, de plus de 50 dollars par baril de pétrole induit, fatalement, la perte de la moitié des revenus des exportations du pays. Tributaire quasi-exclusivement des seuls revenus de ses exportations en pétrole et en gaz, le plus vaste pays d’Afrique a les moyens de trouver de nouvelles ressources à même de

permettre à ses 41 millions d’habitants de maintenir un niveau de vie plus ou moins acceptable et de ne pas sombrer tragiquement sous le seuil de pauvreté, passant ainsi de pays au portillon de l’émergence à celui des pays à la traine sur l’échiquier mondial. Cela a un prix : mobilisation de toutes les énergies, au sens propre et figuré, pour une diversification salvatrice.Dans cette démarche globale, plusieurs points

axiaux et fondamentaux méritent toute l’attention : renforcement de la flexibilité structurelle et du cadre d’actions afin d’éviter les risques systémiques ; œuvrer à ce que la solvabilité soit toujours assurée ; élargir la transparence à tous les niveaux; faire preuve de discipline budgétaire ; et, en somme, respecter les règles de la bonne gouvernance d’entreprise car, sans cela, l’échec sera recommencé et les erreurs du passé n’auront servi à pas grand-chose.

Y. H.* Cadre dirigeant au SP/CNA

Face aux chocs, la résilience économique permet, sans nul doute, de résister et de rester, plus ou moins, proche du niveau de la période d’avant la crise. Ne serait-ce que cela, à défaut d’un peu probable miracle économique. Il s’agit, en somme, de la capacité de réaction et d’adaptation d’une économie à un choc macroéconomique. C’est le cas de l’Algérie qui s’est, maintes fois, retrouvée face à des chocs pétroliers à diverses haltes.

Par Younes Hamidouche *

Face aux difficultés macroéconomiques induites par le marché pétrolier

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Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 7

Les compagnies adaptent leurs offres

Depuis des années, les compa-gnies d’assurance tentent d’ap-porter des solutions adaptées à

la taille et au budget des entreprises pour protéger leurs locaux, équipe-ments et matériels qui constituent leur outil de travail.Le fait que le marché des assurances soit marqué par une concurrence ac-crue sur un potentiel d’affaires quasi-ment stagnant, du fait de la conjoncture économique caractérisée par la baisse des ressources budgétaires du pays, conduit les compagnies à chercher d’autres opportunités pour booster leurs chiffres d’affaires. Et l’entreprise est un gisement exploré aussi bien pour les accompagner en temps de crise que pour renforcer la mission de protection du patrimoine dévolue aux assureurs.

Diversification accrue des souscriptions

Dans le secteur public, le leader du marché, à savoir la SAA, admet que la baisse d’activité a impacté directement le potentiel assurable en réduisant les sources de primes sur le marché de prédilection de la SAA, celui de l’assu-rance automobile ; tout comme les marchés sur lesquels l’entreprise a misé pour garantir sa croissance, à l’ins-tar du segment de l’assurance des risques industriels et de transports. Néanmoins, en matière de production, la compagnie enregistre l’amorce d’une diversification du portefeuille grâce à sa dynamique commerciale. Elle met en exergue l’évolution de la part des risques d’entreprise.

En termes de perspectives, la société a un plan de développement 2016-2018 axé sur une diversification accrue des souscriptions pour maintenir sa crois-sance.

Perte d’exploitation D’autres compagnies se sont aussi tournées vers l’entreprisse, à l’instar de la CAAR qui s’est engagée dans les garanties offertes liées, entre autres, à la perte d’exploitation due à de nom-breux risques, comme l’incendie, ga-rantissant à l’assuré le paiement d’une indemnité correspondant à la perte de marge brute ou encore aux frais sup-plémentaires d’exploitation résultant de l’interruption ou à la réduction de l’activité de l’entreprise.Le sinistre garanti peut résulter d’un incendie ou de dommages causés par la foudre, l’électricité ainsi que par des explosions de toutes natures. Les risques d’entreprises comportent une large palette de garanties, que cela soit pour la CAAR ou le reste des acteurs du marché.

Les assurances engineering C’est dans ce cadre que la CAAT pro-pose les assurances engineering au profit des sociétés du bâtiment et des travaux publics. L’assurance des risques de construction et de montage ainsi que l’assurance des engins de chantier sont, aussi, des produits com-mercialisés à côté de l’assurance dé-cennale et l’assurance responsabilité civile. Ces produits sont expressément

Depuis des années, les compagnies d’assurance tentent d’apporter des solutions adaptées à la taille et au budget des entreprises pour protéger leurs locaux, équipements et matériels qui constituent leur outil de travail.

Par Ali Mebarki

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Dossier : Résilience économique

8 Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017

prévus par la loi et ils doivent être souscrits. La garantie décennale béné-ficie au maître d’ouvrage et au proprié-taire du projet, à la réception, et concerne la remise en l’état des ou-vrages, soit qu’ils menacent effondre-ment ou à cause des éléments qui menacent leur stabilité.

Le segment PME/PMI

Certaines compagnies, comme la CASH, avaient même inscrit, dans leur stratégie, le développement, sur le marché, des grands risques, sans né-gliger l’amélioration constante de sa part de marché sur le segment des risques liés aux PME/PMI. Cela n’au-rait pu être réalisé sans l’extension pro-gressive de son réseau de distribution et la formation intensive de ses cadres accompagnée d’un maintien des règle-ments des sinistres à un rythme sou-tenu. La diversification des produits d’assurance nécessite d’accompagner le développement de l’entreprise dans un contexte économique de plus en plus exigeant.Le management est conscient que la compagnie doit renforcer et consolider ses relations avec les entreprises pour contribuer au mieux à la satisfaction de sa clientèle.

Risques collatéraux

L’offre multirisque PME d’AXA garantit l’ensemble du patrimoine et résultats financiers contre les risques collaté-raux, comme l’assurance des « Mar-chandises transportées » s’appliquant pour tous les flux de marchandises et matériels professionnels entre les four-nisseurs et les sites. En cas de chute, court-circuit, mauvaise manipulation de machines professionnelles, il y a la garantie « Bris de machines » destinée à couvrir les machines, les équipe-ments techniques ou industriels contre tous types de dommages.

Est, en sus, proposée la garantie « Ef-fondrement » indemnisant les pertes financières subies pour que l’entreprise puisse reconstruire les parties endom-magées. Avec la Responsabilité du di-rigeant, ce dernier est couvert en cas de mise en cause personnelle, en sa qualité de dirigeant, sur le fondement de toute faute, erreur dans l’application d’une disposition légale ou réglemen-taire ou une erreur de gestion.

Tourisme, industrie et immobilier

Les compagnies ne comptent pas que sur le potentiel assurable pour garantir leur croissance et explorent de nou-veaux secteurs, comme ce qui est pra-tiqué à TRUST Assurances, car son ambition ne s’arrête pas au développe-ment de l’assurance. Elle a aussi l’am-bition de devenir le premier groupe fi-nancier en Algérie. Mais, en plus du secteur financier, le groupe a égale-ment un projet d’extension dans le tou-risme, l’industrie et l’immobilier.Parmi ses plus grands projets en cours, le Trust business center de Bab Ezzouar comptant un grand hôtel Ma-riott 5 étoiles et un centre commercial et de loisirs.Ceci n’empêche pas cette compagnie de mettre en exergue le fait qu’un es-pace client corporate (grands comptes) devait être dédié sur un portail web dans le cadre du développement de la plate forme d’information. Relation de confiance

Les compagnies misent également sur la formation pour être au plus près des assurés. Salama assurances a enta-mé, depuis des années, la formation de promotions des délégués technico-commerciaux « dommages », car l’un des objectifs que s’est fixé la compa-gnie est de se rapprocher davantage

des entreprises assurables sur le mar-ché algérien. Cette tâche est dévolue aux délégués technico-commerciaux effectuant leur travail sur le terrain. La formation leur permet de mieux accom-plir leurs missions.La compagnie organise aussi des ren-contres avec les clients « Corporate » pour expliquer ses objectifs et ses am-bitions auprès des dirigeants de ces entreprises bénéficiant de couvertures en assurances et pour maintenir la re-lation de confiance qu’ils entretiennent avec l’assureur.

Couvertures adaptées à l’agriculture Mais comme l’industrie et les services ne sont pas les seuls secteurs à proté-ger, celui de l’agriculture a aussi sa part dans la participation à l’économie nationale et mérite, de ce fait, des cou-vertures adaptées : ce que propose la CNMA. Elle œuvre, prioritairement, à la promotion et le développement du secteur de l'agriculture et du dévelop-pement rural à travers la sensibilisation des acteurs du secteur et la dynamisa-tion et la modernisation des activités assurantielles. La promotion des ac-tions sanitaires et la réalisation des projets rentables économiquement au profit des agriculteurs et des éleveurs sont parmi ses actions, sans perdre de vue la diversification de ses produits d'assurance et le maintien de règle-ments des sinistres à un rythme sou-tenu.La promotion de programmes d'assis-tance, de sensibilisation et de rappro-chement auprès des acteurs du monde rural ainsi que la mise en place de pro-grammes de prévention et d'appui techniques des risques inhérents de la collectivité sont aussi les moyens de son action destinée aux acteurs du secteur agricole.

A.M.

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Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 9

Dossier

Les assureurs ont un rôle fondamental dans le financement de l’économieLors de la 9ème édition de la Conférence internationale de la Fédération française de l'assurance (FFA), en octobre dernier, sur le thème de «L'assurance dans un monde en disruption», François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, est intervenu pour expliquer les meilleures pratiques pour «assurer le financement de l’économie.»

Par Yacine Salami

François Villeroy de Galhau a souligné que dans un monde qui est en bouleversement à bien

des titres, les assureurs ont un rôle fondamental à jouer dans la stabilisation et le financement de l’économie. Selon lui, le secteur de l’assurance est le principal investisseur institutionnel, avec un total d’actifs de près de 7800 milliards d’euros au deuxième trimestre 2017, dont plus de 2600 milliards pour le seul marché français. « Diriger ces flux d’investissement vers les secteurs qui ont besoin de finance-ment de long terme est essentiel pour notre économie : les infrastructures évidemment, mais également les en-treprises, afin de leur donner la possi-bilité de se développer non plus seule-ment en empruntant mais aussi, et surtout, en levant des fonds propres », a-t-il relevé en évoquant l’économie de son pays. Selon les propos recueillis et rendus publics dans une publication de la Fé-dération française de l'assurance, ces fonds propres indispensables pour l’in-novation ne représentent en France que 64 % du PIB, fin 2016, moitié moins qu’aux États-Unis. Les assureurs peuvent répondre à ce défi en prenant l’initiative de nouveaux produits d’épargne, visant une triple compatibilité avec l’environnement

économique actuel : s’adapter à l’envi-ronnement de taux d’intérêt bas persis-tants, orienter davantage les res-sources vers le financement de l’investissement productif, répondre aux attentes des épargnants français plus attachés à la sécurité qu’à la liqui-dité, ajoute-t-il en substance. Ceci suppose des produits d’épargne de long terme, moins liquides mais as-sortis d’une forme de protection du ca-pital, et bénéficiant du rendement plus élevé des actions dans la durée.François Villeroy de Galhau ajoute qu’ils peuvent aussi y répondre en pré-parant la revue du nouveau cadre ré-glementaire issu de la directive Solva-bilité II. Près de deux ans après son entrée en application, le moment est propice pour analyser, selon lui, no-tamment, ses impacts sur les compor-tements d’investissement et le finance-ment de l’économie, et proposer des ajustements. Des amendements sur les projets et les entreprises d’infras-

tructure sont d’ores et déjà entrés en vigueur afin d’adapter le calibrage des exigences en capital, a-t-il constaté. Il mentionne qu’au-delà, les revues de la formule standard et des mesures du « paquet branches longues », prévues respectivement pour 2018 et 2020, sont des rendez-vous importants pour apporter les améliorations nécessaires, qui se préparent dès à présent. Les contributions des assureurs y sont très attendues. A souligner que les principales autori-tés françaises, européennes et interna-tionales en matière d'assurance, des dirigeants de grands groupes ainsi que de nombreux experts étaient réunis pour cette journée de débats. Cette conférence était une occasion unique d'échanger sur le thème de l'assurance dans un monde en disruption et d'évo-quer les principaux enjeux pour cette industrie, qu'ils soient réglementaires, politiques ou technologiques.

Y.S.

Conférence internationale de la Fédération française de l’assurance

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Dossier : Résilience économique

10 Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017

Revue de L'ASSURANCE : Quelles solutions seriez-vous en mesure de proposer pour atteindre la résilience économique face à la crise ? Quelle est, selon vous, la réponse à la crise financière persistante ?M. Rezig Kamal : La seule et unique ré-ponse à la crise financière persistante consiste en une réforme de notre système économique et financier, en profondeur, pour éviter les erreurs commises par le passé. Cette réforme profonde doit, donc, concerner notre système financier.

Avec le rétrécissement du champ économique, quelles attitudes les compagnies d’assurance doivent-elles adopter pour améliorer les perspectives de développement ?

Pour améliorer les perspectives de déve-loppement, les compagnies doivent éla-borer une nouvelle politique commerciale et marketing pour diversifier leurs pro-duits, surtout pour les types d’assurances volontaires. Il faut, aussi, développer leurs stratégies de placement et d’investisse-ment financiers dans le marché financier, à court et à moyen termes. A côté de cela, il y a lieu d’élaborer une stratégie marke-ting pour augmenter leur part du marché et permettre d’ancrer la culture d’assu-rance auprès des Algériens. Nous consta-tons, malheureusement, que cette culture est quasiment absente dans la société.

Les sociétés d’assurances de dom-mages et celles de personnes sont-elles interpellées de la même ma-nière pour contribuer à la protection du patrimoine des entreprises et leur personnel ?

En Algérie, en l’absence de cette culture d’assurance, notre gouvernement a adopté l’obligation de l’assurance pour de nombreuses activités. Cette pratique n’a jamais poussé les Algériens à adhérer aux assurances pour permettre à ce sec-teur de devenir une pratique pour proté-ger leur patrimoine.

En Algérie, l’assurance de dommages a une place plus grande que les assu-rances de personnes. Cette situation est due au manque de culture d’assurance et aussi à l’absence d’innovation par les so-ciétés pour donner un produit d’assu-rance de personnes conforme à la reli-gion islamique

Qu’en est-il de la collecte de l’épargne ?

Normalement, l’assurance est un moyen de collecte de l’épargne vu que nos banques n’ont pu réaliser cet objectif. Les ménages possèdent plus de 53 milliards de dollars qui circulent hors circuit ban-caire. Même les sociétés d’assurances ont failli à leurs missions de collecte d’épargne de ces ménages. Donc, il faut revoir cette politique d’assu-rance pour augmenter la part de ces so-ciétés dans la collecte de l’épargne.

Pensez-vous que le secteur a une stratégie globale dans ce domaine ?

Non. Malheureusement, depuis des an-nées, la contribution de ce secteur, dans le PIB, est très faible en Algérie, et cela est dû à l’absence de stratégie claire. Le secteur de l’assurance est en incapa-cité de jouer son rôle dans la vie écono-mique et même la vie quotidienne des ci-toyens. Donc, il faut une réforme en profondeur avec l’instauration d’une stra-tégie à court et moyen termes. Et en ur-gence !

Entretien réalisé par Ali Mebarki

Kamal Rezig, enseignant en économie à l’Université de Blida« Les entreprises ont diminué les dépenses destinées à l’assurance »«Il faut revoir la politique suivie par les compagnies d’assurances pour augmenter la part de ces sociétés dans la collecte de l’épargne », suggère, dans cet entretien, M. Rezig Kamal, enseignant en économie à l’université de Blida.

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Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 11

Est-ce que, selon vous, les repré-sentations patronales ainsi que les spécialistes et analystes contri-buent par leur réflexion à des scéna-rios de sortie de crise et au renfor-cement du rôle des assurances ?

Il faut que tout le monde participe à l’ins-tauration d’une stratégie de sortie de crise pour développer ce secteur et lui redon-ner sa place réelle dans le développe-ment de l’économie et, aussi, comme un autre moyen pour la collecte de l’épargne des ménages. Y a-t-il des exemples étrangers ap-pliqués dans d’autres pays dont l’Algérie peut s’inspirer ?

Toutes les expériences des autres pays peuvent pousser notre pays à s’inspirer des points forts. Il faut regarder leurs stra-tégies pour s’en inspirer. Je pense à l’ex-périence saoudienne et à l’expérience malaisienne. Est-ce que la crise que traversent les entreprises économiques im-pacte leur comportement vis-à-vis des assurances ?

C’est le cas. Les entreprises ont diminué les dépenses destinées à l’assurance. Elles doivent revoir les produits auxquels elles souscrivent. Mais, pour l’instant, la situation entraîne une diminution du poids du marché des assurances du point de vue du chiffre d’affaires. Cela réduit aussi le trend de l’innovation pour voir émerger de nouveaux produits d’assurance.

Pensez-vous que les courtiers ont un rôle à jouer pour proposer les meil-leures protections aux compagnies ?

Certainement. Ils doivent jouer leur rôle pleinement surtout avec cette crise et cette diminution de la part des assu-rances dans le PIB. Les professionnels doivent aller sur le terrain, pour être plus efficaces, tout en améliorant leurs mé-thodes de marketing pour placer les pro-duits et utiliser de nouvelles méthodes plus efficaces.

Les compagnies d’assurance et les courtiers se rapprochent-ils assez des sociétés économiques pour les solliciter sur la nécessité de protec-tion de leur personnel ?

Il ne faut pas oublier que l’assurance, sur-tout de responsabilité civile est obligatoire en Algérie. Donc, les entreprises sont dans l’obligation d’avoir une assurance. Les compagnies et les coutiers doivent jouer leur rôle concernant les autres pro-duits, à moins qu’il y ait des problèmes de communication ou de marketing qui ne seraient pas efficaces pour placer divers produits. Avec ces écueils, même en se rapprochant des entreprises, ils trouvent des difficultés à placer leurs produits.

A votre avis, est-ce que l’innovation peut contribuer à améliorer la situa-tion des compagnies d’assurance ?

Si l’innovation n’est pas accompagnée par une politique de marketing, elle ne peut pas servir à grand-chose. Il faut, en pre-mier lieu, réformer la loi sur l’assurance et s’ouvrir vers l’assurance Takaful pour per-mettre de diversifier les produits présen-tés aux sociétés et les ménages et régler définitivement le problème de la confor-mité du produit avec la Charia et permettre à tout le monde de trouver le produit dési-ré. Je pense que cette ouverture permet-tra la concurrence et cette dernière pousse à l’innovation avec de nouveaux produits pour satisfaire tout le monde. Suggérez-vous des contacts avec des instituts recherche et des centres de formation des assu-rances pour améliorer la capacité des personnels à faire face à la de-mande des clients ?

Il y a un problème de communication avec les clients et un problème de marke-ting. Donc, il faut revoir les compétences du personnel dans une nouvelle straté-gie. L’innovation ne trouve les conditions de réussite que par le biais d’un plan de formation et de recyclage du personnel. Ce plan serait réalisé avec des instituts de recherche et des centres de recherche

compétents, surtout à l’université pour améliorer la capacité des personnels à faire face à la demande des clients et leurs exigences.

Est-ce que la micro-assurance et la coassurance sont des concepts aptes à offrir au secteur de nou-velles pistes pour que son activité trouve de nouveaux marchés ?

En Algérie, il arrive que les sociétés d'as-surance fassent appel à d’autres assu-reurs pour couvrir un assuré. Ce procédé s’appelle la coassurance. On définit la coassurance comme une technique par laquelle plusieurs compagnies d’assu-rance vont garantir un même risque, au moyen d’un même contrat, en vue d’en limiter les conséquences. La coassurance permet donc un partage horizontal des risques entre plusieurs compagnies d’assurance. En cas de réa-lisation d’un sinistre, le principe de coas-surance permet aux compagnies concer-nées de faire face aux remboursements prévus sans pour autant mettre en péril leur santé financière. La technique de la coassurance ne doit pas être confondue avec celle de la réassurance.Donc, nos compagnies peuvent procéder par le biais de cette méthode comme une nouvelle piste pour développer leurs pro-duits et aussi augmenter leur chiffre d’af-faires.

Est-ce que la révision de la loi sur les assurances tiendra compte de la nécessité d’offrir aux compagnies de nouvelles facilités pour booster leur chiffre d’affaires ?

Il faut revoir cette loi pour permettre à l’assurance Takaful d’exister juridique-ment. Il y a, aussi, la nécessité d’offrir, aux compagnies, de nouvelles facilités pour booster leurs chiffres d’affaires et, en même temps, placer leurs produits et permettre à notre système de s’ouvrir à une vraie concurrence et permettre à des compagnies étrangères de s’installer en Algérie.

A.M.

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Dossier : Résilience économique

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Revue de L'ASSURANCE : Quelles solutions seriez-vous en mesure de proposer pour atteindre la résilience économique face à la crise ?M. Yaïci Farid : La résilience d’une éco-nomie face à la crise provient de la soli-dité et de la pérennité de ses structures et institutions. Si une économie est construite sur des bases saines et solides, dispose d’un Etat stratège et régulateur, possède un écosystème et un climat des affaires convenables et stables, garantit une allo-cation optimale des ressources et pro-tège la concurrence et le marché, l’éco-nomie ne peut être que résiliente.

En Algérie, durant quinze ans (période 2000-2014), grâce aux hydrocarbures exportés, le pays a pu se constituer une aisance financière considérable, ce qui lui a permis de rembourser par anticipation sa dette extérieure, de créer un fonds appréciable de régulation des recettes et d’accumuler d’importantes réserves de change. Ces trois éléments ont constitué des fac-teurs conjoncturels de résilience face à la crise pendant les trois premières années de sa survenue, depuis l’été 2014, mais n’ont pas permis de transformer et de développer une économie d’offre diversi-fiée, de moins en moins dépendante de ses hydrocarbures, et, en aucun cas, ne peuvent constituer des facteurs structu-rels de résilience face à la crise financière qui s’éternise. Pour preuve, aujourd’hui, l’Etat s’est re-mis à s’endetter (mais en interne avec, d’abord, les obligations d’Etat et, ensuite, le financement non conventionnel par la création monétaire sans contrepartie), a totalement consommé le fonds de régula-tion des recettes (qui avait atteint 73 mil-liards USD en 2013) et a consommé la moitié de ses réserves de change (qui avaient culminé à 194 milliards USD en 2013 mais qui ne seraient plus que 97 milliards USD à fin 2017 selon les prévi-sions du FMI).

Ce sont donc les facteurs structurels de résilience, comme ceux décrits plus haut, qu’il faut ancrer dans l’économie pour qu’elle soit durablement résiliente.

Quelle est, selon vous, la réponse à la crise financière persistante ?

Il faut d’abord rappeler que les prix pétro-liers sont passés de 28 USD en 2000 à 100 USD en 2014, avant de chuter à 53 USD en 2015 et persister autour de ce niveau jusqu’à aujourd’hui. Sachant que de 2000 à 2014, les hydro-carbures ont contribué à 98% de la valeur des exportations, 2/3 du budget de l’Etat et 1/3 du PIB, l’économie algérienne est alors complètement dépendante de cette ressource aléatoire et le choc subi par les prix pétroliers l’a violemment affectée. Dès lors, la réponse à la crise financière persistante ne peut se limiter à des ré-formes conjoncturelles telles que la poli-tique monétaire (dépréciation de la mon-naie et financement non conventionnel) et la politique budgétaire (réduction des dépenses publiques et augmentation des impôts). Il faut aller vers des réformes structurelles incluant l’écosystème, le climat des af-faires, le désengagement de l’Etat de l’économie, l’encouragement du secteur privé créateur de richesses et l’ouverture aux IDE utiles à l’économie algérienne.

Entretien réalisé par Nour Hassini

Farid Yaïci, professeur d'économie à l'Université de Béjaia

« Le marché des assurances a connu des taux de croissance considérables »M. Yaïci Farid est professeur d'économie et directeur de recherche exerçant à la Faculté d'Economie, de Gestion et du Commerce de l’Université Abderrahmane Mira de Béjaïa. Il est aussi consultant freelance auprès de plusieurs ministères et autres institutions. Cet ancien DG au ministère de la Prospective et des Statistiques estime que les compagnies d’assurances doivent faire preuve de beaucoup d’imagination en développant de nouveaux produits et en améliorant leurs taux de pénétration et de couverture du patrimoine économique et social du pays.

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Dossier

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Il faut aussi sortir du secteur public non rentable et continuellement recapitalisé par l’Etat grâce à la rente des hydrocar-bures et des oligopoles privés avantagés et nourris de gré à gré par la commande publique pour aller définitivement vers une véritable économie de marché com-pétitive et où la concurrence est protégée par l’Etat. Ce sont donc de véritables ré-formes structurelles qui doivent être en-gagées, consacrant ainsi un changement de paradigme et une transformation de l’économie algérienne, commencées au début des années 1990 mais abandon-nées depuis. Bien entendu, ces réformes auraient été plus faciles à mener depuis 2000 à ce jour, période durant laquelle le pays a engrangé plus de 800 milliards USD de recettes extérieures. Aujourd'hui, le gou-vernement est obligé de les mener sous la contrainte financière, les pressions ex-térieures et face à la réaction sociale.

Avec le rétrécissement du champ économique, quelles attitudes les compagnies d’assurances doivent-elles adopter pour améliorer les perspectives de développement ?

Le marché algérien des assurances a connu des taux de croissance considé-rables durant la décennie précédent la crise financière qui a débuté en 2014. Cette croissance a été le résultat, d’une part, des réformes lancées en 1995 et accélérées en 2006 et, d’autre part, aux différents programmes de développe-ment économique lancés par le gouver-nement à la faveur de l’afflux des revenus pétroliers. Le secteur des assurances avait, donc, bénéficié des fruits de la croissance tirée par la dépense publique, à l’instar des autres secteurs. Avec l’avènement de la crise, les compagnies d’assurances ont été affectées par celles-ci au même titre que les autres secteurs. Pour faire face au rétrécissement du champ économique duquel elles dé-pendent, elles doivent faire preuve de beaucoup d’imagination en développant

de nouveaux produits et en améliorant leurs taux de pénétration et de cou-verture du patrimoine économique et social du pays qui demeurent, à ce jour, très faibles. Elles doivent aussi dé-ployer une stratégie de communication efficace à l’égard de leurs cibles. En outre, l’autorité de régulation doit approfon-dir davantage les ré-formes engagées, voire les accélérer pour ré-pondre à l’urgence de ne pas s’enliser dans la crise.

Les sociétés d’Assurances Dom-mages et Assurances de personnes sont-elles interpellées de la même manière pour contribuer à la protec-tion du patrimoine des entreprises et leurs personnels ?

Bien entendu, les sociétés d’Assurances de Dommages et d’Assurances de per-sonnes sont interpellées de la même ma-nière pour contribuer à la protection du patrimoine des entreprises et leurs per-sonnels. Mais, la problématique à résoudre est qu’en période de crise, synonyme de baisse du pouvoir d’achat réel, les indivi-dus se délestent, en premier lieu, de leurs contrats d’assurance qu’ils jugent les moins pressants. C’est ce qui a été constaté, du moins, dans les pays déve-loppés, lors de la dernière crise financière internationale.

Qu’en est-il de la collecte de l’épargne ?

La collecte de l’épargne obéit à deux cri-tères. Le premier est la confiance qu’ont les individus en leur système financier. Le second est l’attractivité et la rentabilité des produits qui sont offerts, conjuguées à une bonne communication. Si l’un ou

l’autre de ces deux critères vient à être défaillant, il se développe une réticence à épargner chez les individus. En période de crise, cette situation est aggravée car une crise financière se transforme toujours en crise de confiance qui, à son tour, accentue la première.

Pensez-vous que le secteur a une stratégie globale dans ce domaine ?

Je pense plutôt que le développement du secteur des assurances est tributaire des réformes structurelles qui doivent être menées dans le pays. Un secteur seul ne peut avoir une stratégie globale s’il ne se développe pas une synergie de réformes entraînantes pour tous les secteurs. La libéralisation de l’économie en est une et l’assainissement du climat des affaires en est une autre. Ces réformes pourront permettre à tous les secteurs de développer leur potentiel. Cela n’empêche pas, bien sûr, le secteur des assurances d’avoir une stratégie de développement, pour peu qu’il ait les moyens de sa politique et l’autonomie pour le faire.

Est-ce que les représentations patronales ainsi que les spécialistes et analystes contribuent par leur réflexion à des scénarios de sortie de crise et au renforcement du rôle des assurances ?

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Dossier : Résilience économique

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Bien entendu. J’en lis régulièrement des réflexions et des contributions, dans la presse notamment. Néanmoins, ce ne sont pas les experts qui opèrent les ré-formes mais les pouvoirs publics auprès de qui il est attendu une volonté politique pour les conduire.

Y a-t-il des exemples étrangers ap-pliqués dans d’autres pays dont l’Al-gérie peut s’inspirer ?

Les pays développés constituent les meil-leurs exemples. Mais, on peut aussi s’ins-pirer des exemples de pays émergents et de quelques pays en développement qui ont réussi leurs réformes et profiter de leurs expériences.

Est-ce que la crise que traversent les entreprises économiques im-pactent leur comportement vis-à-vis des assurances ?

Assurément. Lorsqu’une économie est en crise, et plus particulièrement lorsque les entreprises économiques traversent une crise, il y a un ralentissement de toutes les activités. Cela va aussi affecter, forcé-ment, les compagnies d’assurances par le biais de la baisse des ventes de contrats d’assurance. Pensez-vous que les courtiers ont un rôle à jouer pour proposer les meil-leures protections aux sociétés ?

Les courtiers en assurance sont des com-merçants indépendants qui servent d’in-termédiaires, entre les contreparties (la compagnie d’assurance et le consomma-teur final). La profession est normalement régie par la loi. La mission du courtier, s’il est représentant de la compagnie, est de fournir à l’assuré les contrats les plus adaptés à sa demande. Dès lors, si les courtiers ont un rôle à jouer pour proposer les meilleures protec-tions aux compagnies, elles jouent aussi ce rôle pour les assurés.

Les compagnies d’assurances et les courtiers se rapprochent-ils assez des sociétés économiques pour les solliciter sur la nécessité de protec-tion de leur personnel ?

La réponse à cette question proviendra d’une enquête à mener auprès des deux catégories d’acteurs. Pour ma part, je n’ai pas connaissance d’études sur le sujet en Algérie. A votre avis, est-ce que l’innovation peut contribuer à améliorer la situa-tion des compagnies d’assurances? L’innovation peut, en effet, être un ex-cellent moyen pouvant contribuer à amé-liorer la situation des compagnies d’assu-rances. Celles-ci peuvent régulièrement proposer de nouveaux produits et les accompa-gner d’une bonne communication. Cer-tains peuvent durer parce que les consommateurs les trouveront utiles et d’autres disparaîtront faute de preneurs.Suggérez-vous des contacts avec des instituts recherche et des centres de formation des assu-rances pour améliorer la capacité des personnels à faire face à la de-mande des clients ?

La formation continue constitue le meil-leur moyen d’améliorer le niveau et la capacité des personnels en poste, mais, également, d’apporter une valeur ajoutée aux entreprises économiques et institu-tions financières. Non seulement, elle permet de faire sortir les personnels de leur routine quotidienne en leur offrant une bouffée d’oxygène, mais elle permet surtout de les recycler, les mettre à jour et les tenir informés des nouveautés. Cela contribue, aussi, à l’amélioration du capital humain des organismes qui les emploie. C’est pourquoi des contrats de formation, avec prise en charge finan-cière par l’organisme employeur, sont, aujourd’hui, de plus en plus conclus avec les instituts de formation.

Est-ce que la micro-assurance et la coassurance sont des concepts aptes à offrir au secteur de nou-velles pistes pour que son activité trouve de nouveaux marchés ?La réassurance, qui est l’assurance des compagnies d’assurances ou l’assurance secondaire, existe en Algérie. Elle consiste en un transfert de risque lorsque celui-ci est jugé trop grand pour la compa-gnie qui a consenti l’assurance primaire. Mais, la micro-assurance et la coassu-rance n’existent pas, à ma connaissance, dans notre pays. Toujours est-il que la micro-assurance est un système qui utilise, entre autres, le mécanisme de l’assurance et dont les bénéficiaires sont, au moins en partie, des personnes exclues des systèmes for-mels de protection sociale, en particulier les travailleurs de l’économie informelle et leurs familles. La coassurance, quant à elle, est une opération par laquelle plusieurs compa-gnies d’assurances garantissent, au moyen d’un seul contrat, un même risque ou un même ensemble de risques : il s’agit d’un partage de risques. Ces pro-duits d’assurance, ainsi que d’autres, sont les bienvenus dans un marché en-core non diversifié et peuvent offrir au secteur des assurances de nouvelles perspectives de développement et aux consommateurs une gamme de choix de produits. Est-ce que la révision de la loi sur les assurances tiendra compte de la nécessité d’offrir aux compagnies de nouvelles facilités pour booster leur chiffre d’affaires ? La nouvelle loi relative aux assurances devrait offrir, à mon avis, un cadre trans-parent d’activité et donner les moyens à une autorité de régulation de protéger la concurrence.

N.H.

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Dossier

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Revue de L'ASSURANCE : Quelles sont les niveaux de protection des compagnies des hydrocarbures contre les risques d’attaques cyber-nétiques ?M. Ronald Chidiac : A l’échelle interna-tionale, il y a une connaissance limitée sur le degré d’exposition de ces entreprises au piratage informatique. Il existe des risques systémiques, comme c’est le cas pour les programmes qui attaquent plu-sieurs types d’appareils et, donc, occa-sionnent plus de risques. Dans ce cas-là, l’assureur ne suit pas, car il ne connait pas l’étendue du risque. C’est autant de manque de visibilité qu’un évè-nement de tremblement de terre. Au-jourd’hui, la bête noire du réassureur est la méconnaissance du degré d’exposition au risque cybernétique. Résultat : les compagnies donnent moins de garanties et de couverture de risque.

Pour ce qui est de l’exposition des socié-tés pétrolières, les compagnies couvrent, à travers la police cyber, les risques de demandes de rançon, la reconstitution de données, suite à leur perte, et les frais in-hérents à la cellule de communication et de crise que crée une entreprise en cas d’attaque. Les polices cyber couvrent même la perte d’exploitation due à un évènement cyber. La zone d’ombre demeure l’évaluation de l’impact et des pertes et la raison tient au fait que très peu d’assureurs et de réassu-reurs offrent, sur le marché, un support technique à même de simuler une attaque de pirates sur les systèmes de l’entreprise : une méthode efficace qui permet d’iden-tifier les forces et les faiblesses des sys-tèmes informatiques de leur client.

Est-ce que les clients perçoivent l’in-térêt de s’assurer contre les risques cybernétiques ? Les entreprises ne prennent pas au sé-rieux le risque cybernétique, alors que la contamination du système de l’entreprise par des virus peut même se faire sans aucune volonté de nuire via une clé USB infectée, par exemple, ou ce que l’on ap-pelle le social hacking. L’attaque par des virus finit souvent par arriver. C’est la rai-son pour laquelle il faut que les entre-prises fassent des formations sur les bonnes pratiques à avoir pour éviter ces risques de contamination. Aujourd’hui, les hackers sont tellement sophistiqués qu’ils sont au niveau 10, alors que les entre-prises sont à un niveau 2 de connais-

sance du domaine. Les programmes d’assurance, au-delà de l’indemnisation, doivent pouvoir aider à gérer le risque.

Quels sont les volumes du marché d’assurance cybernétique et les perspectives de sa croissance ?Cela fait 6 ans que le risque cybernétique se positionne dans le top 5 des risques assurantiels. Aujourd’hui, le risque cyber-nétique est classé deuxième risque émergent après les risques de catas-trophe naturelle et se situe avant les risques politiques. Ce risque est croissant de par l’augmentation du nombre d’objets connectés utilisés au quotidien. Sur un marché mondial estimé à 2 trillions de dol-lars de primes, le volume des primes de risque cybernétique est de 2,5 milliards de dollars ce qui est dérisoire par rapport au potentiel réel. On estime que ce marché va, d’ici à cinq ans, tripler, mais 10 mil-liards de dollars restera toujours très peu, par rapport au potentiel réel, car les capa-cités à assurer restent limitées et infé-rieures à ce que l’on assure en risque in-cendie, par exemple. Pour pouvoir augmenter la capacité d’assurance cyber, il faut que les entreprises prennent conscience du risque cybernétique ce qui est loin d’être le cas, aujourd’hui. Les as-sureurs ne prennent pas les risques de piratage informatique au sérieux. Un exemple qui illustre ce constat : les com-pagnies d’assurances vendent l’assu-rance cybernétique mais ne l’achètent pas pour protéger leurs propres systèmes.

F.H.

Entretien réalisé par Fella Habib

M. Ronald Chidiac, CEO de BROKTECH SAL : « Le risque cybernétique est le deuxième risque émergent après les Cat-Nat »Rencontré lors du séminaire organisé par la CASH, le CEO de BROKTECH SAL, Ronald Chidiac, nous a accordé une interview dans laquelle il expose le fait qu’aujourd’hui, la bête noire du réassureur est la méconnaissance du degré d’exposition au risque cybernétique.

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Points de vue

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M. Seba Hadj Mohamed, PDG de la CCR

« Les entreprises ont tendance à revoir leur politique de transfert des risques »Le Président directeur général de la CCR, M. Seba Hadj Mohamed, souligne, dans cet entretien, que la compagnie ne lésine pas sur les moyens afin d’accroître la culture d’assurance et de sensibiliser les assurés par le biais de leurs assureurs sur la nécessité de mettre à niveau leurs standards de gestion des risques et de protection de leur patrimoine et de leur personnel contre les différents risques auxquels ils sont exposés.

Revue de L'ASSURANCE : Est-ce que la crise que traversent les entre-prises économiques impacte leur comportement vis-à-vis des assu-rances ? M. Seba Hadj Mohamed : Il est clair que les crises économiques impactent les comportements des entreprises éco-nomiques et imposent la mise en place de politiques de gestion parcimo-nieuses des charges d’exploitation. L’assurance, qui de surcroît est une charge d’exploitation indirecte, n’échappe pas à cette volonté de maî-trise des charges.

Dans les moments de crise, les entre-prises économiques ont tendance à revoir leurs politiques de gestion et de transfert des risques aux assureurs et essayent de limiter leurs demandes, en termes de couverture d’assurances, à celles qui sont rendues obligatoires en vertu de dispositions légales, en plus des assurances strictement néces-saires à l’exploitation. Elles demandent à leurs assureurs de limiter l’étendue des conditions d’assurances afin de réduire les taux de primes. Tout en étant conscient des contraintes des assurés, les assureurs et réassu-reurs essayent d’attirer l’attention de leurs clients, que cet effort d’économie ne se fasse pas au détriment de l’impé-ratif de couverture adéquate de leurs patrimoine et de leurs activités, car il s’agit, là, d’une condition sine qua non de leur survie. La CCR a coutume d’organiser des rencontres sur plusieurs branches d’assurances. Avez-vous eu des échos sur la manière dont les com-pagnies d’assurances se rap-prochent des sociétés économiques pour les sensibiliser sur la nécessi-té de protection de leur patrimoine et de leur personnel ?

En plus des rencontres périodiques avec les assureurs (et, dans certains cas, avec les assurés eux-mêmes), la CCR participe de manière active dans l’organisation et la réalisation de visites de risques, à différentes périodes de la vie des contrats d’assurance. Ayant une vue d’ensemble sur le mar-ché algérien des assurances, mais, aussi, sur les pratiques généralement admises à l’international en la matière, la CCR ne lésine pas sur les moyens afin d’accroître la culture d’assurance, et de sensibiliser les assurés, par le biais de leurs assureurs, sur la néces-sité de mettre à niveau leurs standards de gestion des risques et de protection de leur patrimoine et de leur personnel contre les différents risques auxquels ils sont exposés. En matière de grands risques, ces ac-tions de sensibilisation revêtent une importance capitale, car il y va, dans certains cas, de l’assurabilité même du patrimoine de ces entreprises, si les règles de maintenance et d’entretien des grandes installations industrielles ne sont pas au même niveau que les standards internationaux. De même, la CCR encourage réguliè-rement les cédantes (assureurs) afin de sensibiliser les assurés sur les dan-gers de limiter leurs couvertures d’as-

Entretien réalisé par Ali Mebarki

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Points de vue

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surances aux minima prévus par la ré-glementation, notamment dans le cas des assurances contre les effets des catastrophes naturelles et les incite à adopter des approches prudentes en achetant les couvertures d’assurances qui permettent une couverture adé-quate et optimale de leur patrimoine.

La collecte de l’épargne est l’un des axes sur lesquels peuvent agir les compagnies d’assurances. Com-ment se présente cette activité au sein des compagnies ?

Effectivement, les compagnies d’assu-rances ont pour vocation de collecter l’épargne des ménages et autres agentes économiques, et sa réaffecta-tion vers les autres secteurs écono-miques, à travers une action très active sur les marchés des capitaux.Cette action de collecte passe inévita-blement par la mise à disposition des assurés de produits d’assurance simples, adaptés, et accessibles. Elle appelle, aussi de la part des assureurs, un effort accru d’innovation afin de ré-pondre efficacement aux attentes et besoins de toutes les couches de la population. C’est dans ce cadre que le marché des assurances s’est tournée, derniè-rement, vers le développement en Al-gérie d’autres produits et outils, à l’ins-tar de l’assurance santé, l’assurance Takaful et la micro assurance et par le renforcement de la bancassurance.Par ailleurs, les assureurs et réassu-reurs font partie des investisseurs insti-tutionnels qui injectent des sommes très importantes dans les marchés des capitaux et dans les canaux bancaires, mais aussi dans le marché des Bons de Trésor, participant ainsi à la réduc-tion des déficits du Trésor et à la réduc-tion des décalages saisonniers entre les dépenses publiques et la collecte des produits de la fiscalité ordinaire.

A votre avis, est-ce que l’innovation peut contribuer à améliorer la situa-tion des compagnies d’assurance ? Absolument, l’innovation doit être au centre de toute initiative ou projet de développement de l’activité des com-pagnies d’assurances et d’amélioration de leur situation, et ceci concerne tous les compartiments des entreprises et toutes les activités, en commençant par l’activité commerciale à travers la création et le développement de nou-veaux produits mieux adaptés aux be-soins des assurés, et à travers la mo-dernisation des canaux de distribution. L’innovation doit aussi concerner toutes les activités de back office, et dont l’efficacité et l’efficience condi-tionnent la satisfaction de la clientèle. A cet effet, les sociétés doivent s’im-prégner des techniques de gestion modernes, et améliorer en perma-nence leurs systèmes d’information. Pensez-vous que des contacts avec des instituts de recherche et des centres de formation en assurances peuvent améliorer la capacité des personnels à faire face à la demande des clients ?

L’assurance est un métier qui exige des connaissances techniques spéci-fiques, sans une formation adéquate de la ressource humaine des compa-gnies d’assurances, il n’est pas pos-sible de commercialiser leur produit et de développer leur activité, ceci est d’autant plus vrai que notre marché souffre d’un problème de manque de culture d’assurance au niveau du grand public, et parfois, même chez des diri-geants d’entreprises économiques, et dans, certains cas, d’une certaine hos-tilité vis-à-vis des assureurs. Par conséquent, les cadres des com-pagnies, en plus de la maitrise du fonc-tionnement et des dispositions contrac-tuelles qui gouvernent le contrat

d’assurance, doivent, dans beaucoup de cas, disposer de capacités adé-quates en termes de pédagogies et de pouvoirs de persuasion commerciaux. A cet effet, les compagnies d’assu-rances déploient des efforts importants en termes de formation de leurs em-ployés. Elles ont créé, à cette fin, une école dédiée, à savoir l’Ecole des Hautes Etudes d’Assurances (EHEA), qui est venue compléter les formations dispensées par les universités et cer-tains centres de formation profession-nels, en plus des autres instituts spé-cialisés qui préexistaient.De même, les centres de recherches, à travers les monde, réalisent des études très instructives pour les compagnies d’assurances, et leurs permettent d’adapter leurs stratégies en fonction de l’évolution des comportements des assurées et de la situation socio-éco-nomique du pays. A cet effet, nous pensons que les so-ciétés d’assurances algériennes de-vraient encourager les centres de re-cherches, notamment des universités, à réaliser des études qui répondent à leur préoccupation avec l’assistance et l’aide des compagnies d’assurances. Est-ce que la micro assurance et la coassurance sont des concepts aptes à offrir au secteur de nou-velles pistes pour que son activité trouve de nouveaux marchés ? Durant longtemps, l’assurance était considérée comme un produit de luxe pour une large partie de la population, en raison, parfois, de prix exorbitants, et, parfois, de l’impossibilité d’accès à l’assurance (éloignement, manque de produits dédiés, etc.). La micro assurance est venue pour of-frir aux populations pauvres et aux ca-tégories sociales les plus vulnérables, la capacité de couvrir leurs activités et sécuriser leurs revenus.

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Points de vue

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Elle permet de couvrir une variété de risques : accidents, maladie, décès, catastrophes naturels, et dommages aux biens. On peut retrouver des produits qui couvrent un seul risque, ou plusieurs risques.Aussi, et pour surpasser le problème des canaux de distribution, la micro assurance peut utiliser les organisations sociales, économiques et ou communautaires comme moyen de distribution, en plus des canaux traditionnels.En Algérie, cette activité est quasiment inexistante. Cependant, elle pourrait être un moyen précieux pour développer une offre d’assurance à destination de certaines catégories de la population qui ne sont pas très exposées à l’assurance, comme les petits agriculteurs et les petits pécheurs, à titre d’exemple. A cet effet, un cadre réglementaire adapté doit être mis en place, en plus du soutien indispensable de l’Etat.En ce qui concerne la coassurance, il s’agit d’un moyen important pour maitriser le recours à la réassurance internationale, notamment pour les risques entreprises, et projets de taille moyenne. Elle permettrait, si elle est mise en œuvre de façon plus appropriée, de limiter le recours à la réassurance internationale, en utilisant les capacités des assureurs locaux, avec l’appoint de la CCR en qualité de réassureur national.

En mai dernier, il y a eu une rencontre avec les compagnies d’assurances de personnes (AP). Quelles suites à donner à cet évènement ?

En effet, la CCR a organisé en mai dernier, en collaboration avec un grand partenaire international, un workshop sur le développement de nouveaux produits en assurance de personnes. L’objectif était de permettre aux acteurs du marché national de prendre connaissance des possibilités de diversification des produits d'assurances de personnes actuellement commercialisés sur le marché algérien. Pour les suites à donner, la CCR travaille avec les compagnies d’assurances partenaires en réassurance, pour offrir de nouveaux produits d'assurance vie, à court terme. Une société de tiers payant devrait être créée. Quels sont les objectifs qui lui seront assignés ?

L’activité principale de la société TPA est relative à la gestion des sinistres en assurance santé, externalisés par les compagnies d’assurance de personnes (pour se consacrer au développement du portefeuille client) et la gestion du réseau des prestataires médicaux. Pour rappel, l’externalisation de la gestion des sinistres est un impératif pour les compagnies d’assurance qui souhaitent développer des produits d’assurance santé en tiers payant. Ainsi, grâce aux conventions qui seront signées entre la société TPA et les prestataires de soins (cliniques, laboratoires d’analyses, centres d’imagerie...), il sera possible aux compagnies d’assurances de personnes de bénéficier d’un large réseau de prestataires de soins conventionnés et d’offrir, à leurs

assurés, des couvertures santé en tiers payant, dans le cadre de contrat individuel ou collectif.

Est-ce que la révision de la loi sur les assurances tiendra compte de la nécessité d’offrir aux compagnies de nouvelles facilités pour booster leur chiffre d’affaires ?

La CCR, au même titre que toutes les autres sociétés exerçant en Algérie, a été sollicitée, par le biais de l’UAR, pour faire des propositions concrètes au titre de la révision programmée de la loi sur les assurances en préparation au niveau du ministère des Finances. Ainsi, le marché a proposé un certain nombre de mesures tendant à booster l’activité des assurances, parmi lesquelles, nous pouvons citer la mise en place d’un cadre réglementaire pour l’assurance TAKAFUL et pour la Micro Assurance, l’intégration des outils modernes d’authentification électroniques…En outre, il a été suggéré de faciliter les procédures administratives afin de libérer les initiatives des compagnies d’assurances, afin de leur permettre de développer les produits d’assurance adaptés aux besoins des assurés.Par ailleurs, il a été proposé de clarifier les dispositions ambiguës de la loi et qui peuvent altérer la relation entre assurés et assureurs, de sorte à bâtir une relation durable entre ces deux parties au contrat d’assurance.

A.M.

COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE

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Points de vue

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Pour faire face à ces difficultés de la conjoncture économique, les entreprises pourraient, éven-

tuellement, procéder à des coupes dans les dépenses en matière d’assu-rance automobile, de fret terrestre et maritime et contre les incendies. La CAAR a réuni ses clients, en décembre dernier à Alger, pour les mettre en garde contre les effets pervers de ces coupes budgétaires qualifiées d’«économie des primes d’assurance». Si une telle option venait à être prise, elle portera préjudice aussi bien aux entreprises qu’aux compagnies d’as-surances.

A l’ouverture des tra-vaux de ce sémi-naire, M. Kessali a indiqué que l’écono-mie algérienne est en constante crois-sance et que le sec-teur des hydrocar-bures va entrer dans une phase de stabili-sation en 2018.

S’agissant des autres secteurs, «tout porte à croire que la crois-sance, enregistrée ces dernières an-nées, se poursuivra l’année prochaine».

Toutefois, les opérateurs économiques doivent composer avec un certain nombre de difficultés dans la gestion, la préservation et le développement de leurs entreprises. Le P-DG a cité, entre autres, les restrictions aux importa-tions, la volonté du gouvernement de réduire graduellement et durablement la facture de celles-ci, la chute de la valeur du dinar et l’inflation.

«L’économie connaît des difficultés qui se répercutent sur les entreprises qui rentrent ainsi dans une phase de ges-tion optimale des ressources et des emplois. Cette gestion passe par des

arbitrages à travers des coupes budgé-taires qui sont néfastes pour l’entre-prise. Les économies ne devraient pas se faire au détriment d’une bonne cou-verture d’assurance. Le plus important est de préserver les actifs et le moyen le plus important, pour cela, c’est l’as-surance», dit-il.

Les restrictions sur les importations de plusieurs produits, la nécessité de se convertir dans la production, locale-ment, et la hausse des prix des véhi-cules pourraient amener les gestion-naires à prendre des décisions néfastes pour leurs entreprises par la suppres-sion de contrats ou de polices d’assu-rance automobile, de fret maritime et routier et de patrimoine, ou la réduction de la valeur vénale de ses contrats.

La CAAR accompagne ses clients dans la gestion des sinistres (acci-dents, incendies…). Lors du séminaire, la compagnie a mobilisé ses cadres qui, à travers des communications ap-puyées avec des simulations, ont plai-dé la «nécessité de s’assurer de ma-nière adéquate», car «ce qu’une entreprise gagne en économie de primes d’assurance, elle le perd en capacités de production», selon Mehiaoui Nour El Fidah, directeur as-surance automobile de la CAAR.

Par Djamel Chafa

M. Kessali Brahim Djamel, P-DG de la CAAR

Haro sur l’économie des primes d’assuranceLe P-DG de la CAAR, M. Kessali Brahim Djamel, est optimiste sur les prévisions d’évolution de l’ensemble des agrégats macro-économiques de l’Algérie en 2018, mais il n’en demeure pas moins que les compagnies d’assurance et de réassurance appréhendent la réaction des entreprises-clients évoluant de plus de plus dans un environnement marqué par des «difficultés».

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Une entreprise peut gérer son parc roulant et son patrimoine (installations industrielles…) de façon optimale et avec une bonne couverture d’assu-rance, pour peu qu’elle investisse dans la prévention et prenne un certain nombre de mesures pour limiter ou ré-duire la cadence des sinistres et leur ampleur.

La compagnie offre des solutions d’ac-compagnement du risque ; et propose des contrats d’assurance à des tarifs modérés et préférentiels, voire des ré-ductions en fonction des moyens de prévention des sinistres mis en place. Malgré la conjoncture délicate, un opé-rateur économique peut minimiser les coûts de gestion, bénéficier d’indemni-

sation et éviter des arrêts de produc-tion, en faisant supporter une partie des risques par la police d’assurance. «L’assurance ne coûte chère qu’avant le sinistre», suivant la formule d’Ahmed Isikioune, directeur assurance trans-port de la CAAR.

D.C.

Revue de L'ASSURANCE : La situa-tion financière que traverse le pays est-elle de nature à impacter le sec-teur des assurances ?M. Naouri Mokhtar : On peut dire qu’en Algérie la crise a impacté faible-

ment le secteur des assurances qui continue, malgré tout, à afficher des taux de croissance autour de 1 ou 2%. Cela est dû, probablement, à la baisse des importations en général, et celle des véhicules automobiles en particu-lier. Le marché étant fortement seg-menté, à plus de 50%, dans l’assu-rance automobile, il a, effectivement, subi l’impact de la faible immatricula-tion de nouvelles unités. Néanmoins, je dois préciser qu’en général, il a été admis que la crise économique et fi-nancière n’est pas de nature à impac-ter, de manière systématique, le sec-teur des assurances. En effet, des études ont démontré que, lors de la crise financière de 1929, le secteur des assurances des pays affectés par la crise a été parmi les rares secteurs à marquer une croissance. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment la peur du lendemain et le refuge dans l’assu-rance mais, également, le renché-

rissent des prix et la réévaluation des actifs.

Avec le rétrécissement du champ économique, quelles attitudes les compagnies d’assurances doivent-elles adopter pour améliorer leurs perspectives de développement ?

Pour améliorer leurs résultats, en pé-riode de crise, les assureurs sont condamnés à revenir, d’une part, à plus de professionnalisme et, d’autre part, à plus d’innovation et de commu-nication sur le marché. Le profession-nalisme requiert des assureurs à mettre en place des tarifications fon-dées sur la vérité des prix et la justice entre les assurés. La concurrence ne doit pas occulter le travail que doivent réaliser les compagnies d’assurances, en matière d’actualisation des capi-taux, pour rattraper la perte de valeur du dinar et éviter aux assurés l’applica-

M. Naouri Mokhtar, PDG de la CASH

« L’Etat devrait émettre un emprunt obligataire à l’adresse des compagnies AP »Le Président directeur général de la société d'assurance spécialisée dans le secteur des hydrocarbures (CASH), M. Naouri Mokhtar, estime, d'emblée, que le secteur des assurances résiste plutôt bien face à la crise qui n'aurait eu qu'un faible impact sur le système de couverture des risques en Algérie. Entretien.

Entretien réalisé par Yacine Salami

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Points de vue

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tion de la règle proportionnelle. Il faut rappeler, ici, que par rapport au dollar, le dinar a perdu près de 40% de sa valeur depuis trois ou quatre ans. D’un autre côté, les assureurs doivent inno-ver par des solutions d’assurance plus adaptées aux attentes et besoins des clients et accompagner cela par des actions de communication et de sensi-bilisation à même de booster le déve-loppement du marché. Ici, le rôle de l’UAR est déterminant, à la fois pour accompagner les acteurs et pour lan-cer des campagnes de communication collectives.

Les sociétés d’assurances de dom-mages et celles d’assurances de personnes sont-elles interpellées de la même manière pour contribuer à la protection du patrimoine des en-treprises et leur personnel ?

Entre assureurs Dommages et Assu-rances de personnes, il est évident que la démarche est convergente sur cer-tains points et divergente sur d’autres et ce, par rapport aux exigences de leurs marchés respectifs. En effet, si pour les deux types d’assurance, les défis de modernisation de la gestion, de performance des systèmes d’infor-mation, de digitalisation, d’innovation dans les produits, de formation des cadres sont d’actualité, les compa-gnies d’assurances de personnes sont interpellées sur deux aspects fonda-mentaux. Le premier concerne le pas-sage de l’assurance indemnitaire à l’assistance aux personnes. L’intégra-tion de services d’assistance et de sys-tème tiers-payant, notamment dans la couverture maladie, me semble être des facteurs indispensables pour assu-rer le développement du marché. Deu-xièmement, un travail sur l’ingénierie financière et l’exploitation de toutes les opportunités existant sur le marché fi-nancier seront à même de permettre la mise en place de produits d’épargne et

de capitalisation qui sont inexistants à ce jour. L’Etat devrait émettre un em-prunt obligataire périodiquement à l’adresse des compagnies d’assurance de personnes pour y adosser de tels produits. Les emprunts doivent être à des taux attractifs et à de longues pé-riodes, entre cinq ans et dix ans. Qu’en est-il de la collecte de l’épargne ?

Les derniers chiffres affichés par les banques montrent un rétrécissement de l’épargne, notamment en prove-nance des ménages. Cela constitue, pour les assureurs, une opportunité pour lancer des produits d’épargne que l’Etat devrait soutenir. Le soutien de l’Etat me paraît déterminant du fait qu’il est communément admis que les assu-rances ont cette vertu de transformer des épargnes de court terme en des épargnes de long terme. Cela permet-trait à l’économie nationale de profiter de ressources de long terme, très peu présentes aujourd’hui. Le cadre juri-dique et fiscal existe. Ce sont les ins-truments financiers qui font défaut et c’est pour cela que j’appelle à l’instau-ration durable de l’emprunt obligataire de l’Etat ou favorisé par l’Etat à l’effet de créer le cadre favorable au dévelop-pement des produits d’épargne et de capitalisation.

Est-ce que la crise que traversent les entreprises économiques im-pactent leur comportement vis-à-vis des assurances ?

On peut dire que les comportements des entreprises industrielles et com-merciales face à l’assurance varient et dépendent de la culture du chef d’en-treprise. Pour ceux qui considèrent que l’assurance est une charge, il est évident qu’ils vont réduire leur budget assurance et contribuer ainsi à la baisse du chiffre d’affaires du marché.

Ils exposeront, ainsi, leurs entreprises au coût de la non-assurance totale ou partielle et de la non- adéquation des contrats à leurs besoins réels. En re-vanche, pour ceux qui adoptent une démarche de Risk management, ils pourront mieux négocier leurs contrats, mieux ajuster les garanties à leurs be-soins et profiter des avantages procu-rés par des investissements en pré-vention, en protection et en entretien. En fait, ces chefs d’entreprises savent que le coût d’assurance rentre dans un coût global des risques qui comprend le coût de la réduction des risques et le coût de la non-assurance ou auto-as-surance. Quelles sont les manifestations et rencontres auxquelles vous avez participées ou que vous avez orga-nisées pour communiquer avec vos clients et autres assurables ?

La CASH étant le premier assureur construction en Algérie et le deuxième assureur de l’industrie, nous partici-pons, régulièrement, à tous les Salons et Foires tels que le NAPEC, le Salon des banques, des assurances et pro-duits financiers ou encore le Salon in-ternational de l'habitat, promotion im-mobilière, l’aménagement urbain et de la décoration. Par ailleurs, nous avons organisé, dé-but novembre, une rencontre avec les courtiers pour discuter de notre relation et des voies et moyens pour dévelop-per le portefeuille des affaires apporté par ce type de réseau de distribution. Plus récemment, à la fin du mois de novembre, nous avons organisé un séminaire international pour communi-quer avec nos clients en portefeuille et quelques clients potentiels sur les ten-dances du marché international de la réassurance et leurs impacts sur l’indus-trie de l’assurance.

Y.S.

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Dans son allocution, le directeur général de la CNMA, M. Cherif Benhabiles, a soutenu qu’une ré-

forme de l’assurance agricole était indis-pensable.Considérant les nombreuses pertes et les montants considérables d’indemnisations liées aux aléas climatiques, il est, selon M. Benhabiles, nécessaire de formuler des propositions de réformes et préciser les risques auxquels sont confrontés les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs : l’effi-cacité étant l’objectif principal de ces ré-formes.

Parmi les risques auxquels sont confron-tés aussi bien la filière que les opérateurs,

figure celui de l’aléa climatique : le para-mètre le moins maîtri-sable qui occasionne, selon l’orateur, une lourde dépense afin d’indemniser les agri-culteurs.L’efficacité doit être un des objectifs prin-cipaux de l’action des assureurs et elle doit commencer par la recherche d’effets de levier des dépenses publiques dans tous les secteurs.

En soutenant le dé-veloppement de l’assurance et en encou-rageant le recours à l’épargne, cela per-mettra aux agriculteurs de mieux se prémunir contre les aléas.

Le rôle des compagnies privées Evoquant une répartition objective des responsabilités, M. Benhabiles a indiqué que certains risques peuvent être pris en charge plus efficacement par des orga-nismes privés d’assurances avec un cer-tain niveau de mutualisation. En re-vanche, les risques majeurs doivent continuer à relever des dispositifs publics. Parmi les défis de la réforme évoqués par le premier responsable de la Caisse na-

tionale de mutualité agricole, figure celui d’établir de nouveaux contrats afin d’as-surer une réelle couverture contre les conséquences des aléas climatiques, ci-tant le risque sécheresse qui touche par-ticulièrement la filière de la céréaliculture : une réforme multirisques pouvant, à cet effet, être envisagée à termes.

Le DG de la CNMA a soutenu qu’il était possible de développer les assurances agricoles en Algérie, précisant qu’une extension du produit d’assurance peut être envisagée et concernerait les princi-pales productions végétales à condition de ne pas fragiliser l’ensemble du dispo-sitif. Le produit pourrait être lancé en trois années.

Par ailleurs le ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, a indiqué dans son intervention, que près de 80% des agriculteurs et éleveurs ne remplissent pas les conditions d’accès aux financements bancaires et seulement 17000 céréaliculteurs accèdent aux cré-dits de campagne.

Même si le marché des assurances connait un léger mieux ces dernières an-nées, le ministre a indiqué que l’assu-rance agricole est très peu développée, ce qui constitue un manque à gagner pour les résultats agricoles qui pourraient être engendrés.

Par Hayat Laribi

M. Benhabiles Cherif, Directeur Général de la CNMA

« Les risques majeurs relèvent des dispositifs publics » Un séminaire international sur l’assurance agricole a été organisé, pour la première fois en Algérie, par la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) sous le thème «Outils de gestion des risques agricoles». Tenu sous le haut patronage du ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, le séminaire international a vu la participation de l’ensemble des acteurs impliqués dans le domaine de l’assurance agricole.

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Vers un nouveau modèle de croissance

Par ailleurs, M. Abdelkader Bouazgui, mi-nistre de l'Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, a indiqué que de

nouveaux ajustements ont été opérés pour aller vers un nouveau modèle de croissance qui accorde une part prépon-dérante à l’investissement étranger et au partenariat public-privé qui doit être une locomotive du secteur agricole.

Evoquant la réassurance dans le do-maine agricole, le président directeur gé-néral de la Compagnie centrale de réas-surance, M. Hadj Mohamed Seba, a soutenu que la part de l’assurance agri-cole est de 2,82%, en 2016, et qu’il a une large marge de progression à gagner.

En plus de la contribution de la CCR à la formation des cadres du secteur des assurances algériens et l’initiative de jumelage avec les institutions d’assurance pour la création de produits au profit des activités aquacoles, M. Hadj Mohamed Seba a indiqué que l’Algérie était un pays qui se cherchait en matière de couvertures climatiques, notamment sur la question de la gestion de la prévention des aléas climatiques et le soutien des pouvoirs publics.

Enfin, le risque sécheresse doit faire l’objet d’une réflexion continue et nécessitera des capacités financières importantes et, dans ce cas, le soutien de l’Etat est fondamental, a dit le PDG de la CCR.

H.L.

LA CNMA EN QUELQUES CHIFFRES✓ Nombre d’agences sur le territoire national : ☛ 414✓ Progression du chiffre d’affaire de 2014 à 2016 : ☛ 200 % ✓ Chiffre d’affaire sur les 4 dernières années : ☛ 23 milliards de dinars ✓ Evolution de la solvabilité : ☛ 17 % ✓ Part de marché : ☛ 75 % ✓ Classement filière : ☛ 4ème dans la filière Dommages

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M. Soufi Mohamed Hakim, président-directeur général de Macir Vie

« Il faut actionner le process de la co-assurance entre les compagnies » Macir Vie est membre du World Economic Forum et de l'Organisation africaine des assurances. Son P-DG, Mohamed Hakim Soufi, explique, dans cet entretien, qu’il y a une réelle prise de conscience, tant par les compagnies d’assurance que par les opérateurs économiques, sur la notion d’assurance. Selon lui, couvrir ses biens est devenu, par la force des choses, une véritable nécessité.

Revue de L'ASSURANCE : Est-ce que la crise que traversent les entreprises économiques impactent leur compor-tement vis-à-vis des assurances ?M. Soufi Mohamed Hakim : Evidem-ment, les entreprises économiques su-bissent de plein fouet la diminution de la commande publique ce qui signifie qu’elles ont deux choix qui sont soit de trouver un nouveau plan de charge, soit de changer d'activité si elles ne dé-pendent que de la commande publique. La problématique en est que ce proces-sus est lent, en conséquence les de-mandes en termes de couvertures dimi-nuent notamment en IARDT. Ainsi, cela impacte fortement les com-pagnies d’assurances, en termes de production, seulement il s’agit pour le marché de s’adapter à ce nouvel an-

crage en commercialisant des garanties à faible coût pour le client mais qui couvre de nouveaux besoins. Nous nous devons, donc, de nous appuyer plus sur les produits d’assistance et moins sur l’automobile. Quand je dis moins sur l’automobile, cela ne signifie pas cesser de commer-cialiser l’assurance automobile ou la freiner, mais, au contraire, garder le même niveau de production et réduire les réductions tarifaires et vendre, en pack, l’automobile et des produits comme la MRCA, la MRH et autres pro-duits dommages et d’assistance. C’est le cas de ce que nous commercia-lisons sur l’ensemble de notre réseau, comme la « HOME ASSISTANCE » en cas de perte de clefs ou lorsque vous avez besoin de faire intervenir en ur-gence dans votre domicile des profes-sionnels de l’électricité, de la plomberie, de la serrurerie et de la vitrerie… En fait, nous voulons servir « journalièrement » notre clientèle H24 et 7J/7. Par ailleurs, il faut cesser ce dumping sauvage sur les primes et les augmenter afin de rentabiliser le portefeuille. En ef-fet, la politique du moins-disant n’est plus tenable. Il est, à mon sens, temps d’arrêter ce processus destructeur pour tous les acteurs du marché. Maintenant, il ne s’agit pas de se mettre d’accord pour arrêter, uniquement, mais il faut trouver des palliatifs. L’un des élé-ments les plus importants serait, à mon

sens, d’actionner le process de la co-as-surance entre les compagnies du mar-ché, car il me paraît, désormais, vital que nous puissions, comme la loi le per-met, et comme le demandent les pou-voirs publics, nous appuyer les uns sur les autres.Un exemple : tout le monde essaye de couvrir - seul - les gros porteurs de primes comme Sonelgaz ou Sonatrach. Je pense qu’il serait plus approprié de s’unir avec les compagnies historiques et traditionnelles de ces clients pour pro-mouvoir la co-assurance avec des prix permettant de garantir un haut niveau de services à leur profit exclusif.Pour ce faire j’appelle, officiellement, de mes vœux la CAAR, la SAA, la CAAT et les autres compagnies du secteur public à faire appel à la CIAR et à MACIR VIE et tous les acteurs privés pour promou-voir la co-assurance, recommandée par la direction des assurances. Ce serait merveilleux tant pour le secteur que pour ses acteurs.Je suis, vraiment, pour ce type d’actions fédératrices et génératrices de recettes et d’économie pour notre pays, notre secteur et nos compagnies.Maintenant, le tissu des PME/PMI/TPE commence à arriver à maturité et la mor-talité de ces entreprises commence à diminuer, c’est donc une niche non né-gligeable tant pour la CIAR que pour MACIR VIE qui s’engagent désormais à leur offrir des solutions assurantielles

Entretien réalisé par Nour Hassini

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qui leur permettront d’évoluer en sécuri-sant leurs biens et leurs disponibilités fi-nancières qui seront ainsi « backés » à deux compagnies qui paient leurs si-nistres sur la base de délais contrac-tuels, c’est non seulement notre enga-gement mais c’est aussi notre ADN.

Les compagnies d’assurances se rapprochent-elles assez des sociétés économiques pour les solliciter sur la nécessité de protection de leur per-sonnel ? Il y a une réelle prise de conscience tant par les compagnies d’assurances que par les opérateurs économiques sur la notion d’assurance. Couvrir ses biens est devenu, par la force des choses, une véritable nécessité. Avoir une bonne compagnie d’assurance qui rembourse-ra, en temps et en heure, les sinistres éventuels et qui vous donne tous les conseils nécessaires afin d’analyser et vous construire une police d’assurance couvrant tous vos besoins est devenu l’apanage des entrepreneurs qui en font un véritable sujet. En ce qui concerne l’assurance groupe, celle-ci est devenue pour les sociétés économiques un véritable argument de fidélisation de la ressource humaine.Donc oui, nous faisons le travail péda-gogique nécessaire avec nos clients d’abord et les prospects qui souhaitent en savoir plus en organisant des séances de présentation du produit et des avantages qu’ils auraient vis-à-vis de leurs collaborateurs mais, croyez-moi, je suis épaté et admiratif du niveau de connaissances et de prise en consi-dération de cette garantie par les pre-miers responsables des sociétés algé-riennes.

La collecte de l’épargne est l’un des axes sur lesquels peuvent agir les compagnies d’assurances. Comment se présente cette activité au sein de votre compagnie ? Collecter de l’épargne n’est pas chose aisée, surtout que vous ne pouvez pas

adosser vos garanties à des produits de capitalisation et sur du long terme. Par contre, les banquiers ont vite compris qu’il fallait demander des garanties vie (en plus des garanties classiques) à leurs clients qui demandent un crédit, tant pour l’investissement que pour l’ex-ploitation au profit de leurs entreprises ainsi que les clients qui demandent un crédit pour de l’achat de biens immobi-liers. Ce sont des garanties que nous commercialisons, depuis de nom-breuses années.Néanmoins, nous rencontrons quand même quelques soucis « d’appréciation » dans le sens ou beaucoup de banques publiques travaillent avec des compa-gnies d’assurances publiques et les banques privés étrangères de droit algé-rien travaillent avec des sociétés d’assu-rances étrangères de droit algérien ce qui laisse peu de place aux sociétés d’assurance privées. Mais, en dépit de cela, nous arrivons à avoir des parts de marché importantes. Imaginez si la BEA par exemple vien-drait à accepter de travailler de concert avec nous, ou d’autres grandes banques de la place nous ouvriraient leurs portes, sachant que nous avons les tarifs les plus attractifs du marché avec un ser-vice rendu à la clientèle de très haute facture… Mais, je ne m’inquiète pas, outre mesure, car je sais qu’un jour ou l’autre, nous pourrons faire nos preuves dans notre pays et avec toutes les forces vives de la place bancaire.

A votre avis, est-ce que l’innovation peut contribuer à améliorer la situa-tion des compagnies d’assurance ?

Innover signifie construire de nouveaux produits attractifs qui répondent aux be-soins du moment, innover signifie trou-ver de nouveaux canaux de distribution, innover signifie aussi utiliser et mettre à disposition des clients tous les outils technologiques de notre époque, et in-nover signifie être en perpétuelle remise en cause de ses réalisations. Donc, oui cela peut non seulement

contribuer mais, aussi et surtout, faire évoluer la situation des compagnies d’assurances, car cela permet d’interagir avec leur environnement en mode proactif, c’est-à-dire avant que le besoin ne s’en fasse sentir. En effet, c’est à nous de créer le besoin, c’est à nous de proposer de nouveaux schémas tac-tiques, c’est à nous de prendre des initia-tives permettant aux clients de vivre des expériences de qualité à nos clients, c’est notre travail d’innover car qui n’avance pas dans ce monde, recule et nous voulons avancer coûte que coûte et vaille que vaille incha’Allah.

Avez-vous des contacts avec des ins-tituts de recherche et des centres de formation des assurances pour amé-liorer la capacité des personnels à faire face à la demande des clients ? Bien sûr, nous sommes actionnaires de l’EHEA et nous envoyons beaucoup de nos cadres en formation, parce que nous croyons en eux. Ils sont notre force et nous voulons qu’ils deviennent la subs-tance même de nos compagnies CIAR et MACIR VIE.Donc oui, nous savons parfaitement que faire monter en gamme nos collabora-teurs c’est aussi faire monter en gamme nos compagnies. Et pour cela, nous ne lésinons pas sur les moyens en donnant un budget substantiel dédié à la forma-tion et à la participation aux séminaires sans oublier les formations internes données par nos cadres vis-à-vis de notre réseau. Je profite, ainsi, d’avoir l’honneur via ces quelques lignes pour vous dire que toutes les femmes et tous les hommes qui composent notre réseau et qui sont nos collaborateurs sont la ressource la plus chère et la plus importante à nos yeux. Je suis fier de les compter parmi mes ami(e)s, ils sont notre famille et, chaque jour qu’ « Allah Soubhanou » fait, je leur rends hommage pour leur noblesse et leur abnégation au travail.

N.H.

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Revue de L'ASSURANCE : Pouvez-vous nous expliquer la tâche des experts auprès des assurances ? M. Dahmane Ali : Les cabinets, comme le nôtre, exécutent des exper-tises auprès des assurances pour ana-lyser les sinistres. En cas d’incendies, des dégâts des eaux ou autres, l’assu-rance nous fait appel et on analyse ces sinistres en les évaluant et en essayant d’en déterminer les causes. Un rapport est ensuite remis à l’assurance.

Comment se com-portent les entreprises vis-à-vis de l’assurance ?Depuis 2013, j’ai voulu remettre d’actualité les réflexes d’assurances dans les grosses entre-prises qui ont de grandes installations informa-tiques et doivent effec-tuer une visite de risque obligatoire tous les deux ans.On regarde s’il y a des installations anti-incen-die. Il y a d’autres constats à faire lors de la visite des organismes et on regarde les points faibles.On constate, par exemple, que les mêmes

installations électriques sont mainte-nues, même lorsqu’il y a extensions des sites. En ce qui concerne les dé-gâts des eaux, il y a aussi des risques pour les équipements électriques au cas où l’eau s’infiltre dans les installa-tions.Le rapport détermine les endroits à risque et le client négocie sa police d’assurance en déterminant ses besoins pour assurer les installations,

par exemple, dans le cas de data center. La compagnie d’assurance peut aussi demander des expertises.Les compagnies d’assurance n’exécutent pas souvent ces visites de risques, hormis lorsque les installations sont récentes, afin d’obtenir des certificats de conformité pour entamer l’activité. La Protection Civile et les services de la Wilaya demandent des documents préalables. Il faut aussi entamer ces visites notamment pour les installations dangereuses comme les complexes des hydrocarbures.

Quel est l’état des lieux en ce qui concerne les plateformes logicielles ?Les plateformes logicielles ne sont pas assurées, ni les fichiers des clients contenant des données et un historique ce qui les met à la merci des pirates informatiques contre lesquels les compagnies ne sont pas protégées. Il n’y a que l’équipement qui est assuré.Les pertes d’exploitation ne sont pas non plus assurées, même si les installations constituent un élément important dans l’activité.Actuellement, les assurances commencent à en parler, comme cela se fait dans d’autres pays. Il faut concevoir des polices d’assurance spéciales dans le domaine de l’informatique.

Entretien réalisé Ali Mebarki

M. Dahmane Ali, expert en IT et expert judiciaire

« Comment je vois le développement de l’informatique au niveau des assurances »C’est en tant qu’expert conseil en Technologies de l’information (IT) et expert judiciaire, que M. Dahmane Ali présente un aperçu sur le lien entre l’assurance et l’informatique pour démêler les enchevêtrements qui existent entre ces deux secteurs. Dans les assurances, le management des compagnies est attendu sur les défis de l’expertise et de l’informatisation, explique-t-il, tout en se voulant éclairant sur la manière dont ces innovations participent au développement des assurances.

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Comment les cabinets sont-ils outil-lés pour répondre à cette exigence ?Le cabinet engage des experts de haut niveau ainsi que des doctorants et des étudiants en Master pour s’occuper de la fonction informatique lorsqu’on ré-pond aux appels d’offres. S’il y a des interventions dans des villes algériennes en dehors de la capi-tale, les consultants installés dans ces villes, sont chargés de ces activités. Il y a un engagement de l’expert pour exécuter les tâches au profit de clients institutionnels ou autres.Dans l’assurance « risque informatique », il y a tout à faire, sinon il y aura de graves problèmes dans les compagnies d’assurances, car les systèmes ne sont pas protégés comme il se doit.Je voulais faire en sorte à ce qu’on puisse avoir des polices d’assurances spéciales risques informatiques.

Quelle est la situation dans d’autres pays ?Les organismes européens font appel à des cabinets de courtage pour exécuter le travail, en ce qui concerne l’assurance informatique, au profit du client qui veut s’assurer.

Est-ce que des efforts sont fournis pour atteindre un certain degré de sécurité ?L’Etat a décidé que toutes les importations de logiciels doivent passer par une expertise judiciaire, car ceci constitue une sortie de devises. L’importateur, y compris les organismes d’Etat, sont soumis à cette obligation. Des échantillons sont contrôlés. Il faut déterminer si les logiciels importés sont des originaux. Seuls quelques experts travaillent sur ce dossier en Algérie.Pourtant l’Algérie a une longue histoire avec l’informatique… Dans les années 1980, il y avait un comité banques, un comité assurances et un comité

administration générale s’occupant de cette donne.Chaque comité fait appel à des consultants et met en place des comités de réflexion.Le comité banque définit un plan d’action approuvé par le ministre de tutelle afin de l’exécuter.J’ai été consultant des assurances pour implanter une politique des logiciels car, à l’époque, il n’y avait pas de logiciels métiers. Les compagnies ont développé leurs propres logiciels dans le métier d’assurance.On a aussi fait des propositions pour coordonner toute l’action et disposer de la cohérence d’ensemble du secteur financier dans les années 1980.

En matière de logiciels métiers assu-rance, quelle méthode préconisez-vous ?Les Algériens doivent se mettre à les programmer eux-mêmes. Des compagnies doivent suivre cette démarche car elle est maîtrisable pour les agents. Les logiciels sont importés avec de fortes sommes mais ils ne sont utilisés qu’à 20% de leur capacité car on n’a pas encore de culture d’assurance.Je vous signale que les personnes formées à l’Institut national d’informatique, les premières promotions formées à Oued Smar étaient des ouvriers de l’informatique.Les logiciels qui fonctionnent en Algérie sont conçus par ces derniers ou par des élèves formés à Bab Ezzouar. Actuellement, à l’université, l’enseignement est trop centré sur le théorique.

Quelles sont les conditions pour la maîtrise de ces systèmes ?Tout système d’information doit être maîtrisable par le personnel des com-pagnies, à condition qu’il n' y ait pas un fort turn-over. Il y a également un as-

pect lié à la mise en place d’un système inter-agences, au niveau de la couver-ture territoriale de la compagnie. On peut remplir ces deux questions en Al-gérie.Le travail se fait en noyaux, avec des points d’entrée relatifs à un sous-métier de l’assurance, auxquels on fait appel, au fur et à mesure des besoins, comme l’assurance des personnes qui est venue récemment.On intègre alors dans les noyaux d’autres produits.

Quels sont les écueils que les com-pagnies doivent éviter ?Il ne faut pas que chaque compagnie achète son propre logiciel, car la cohérence d’ensemble ne sera plus assurée.Néanmoins, il faut ouvrir le débat sur ce sujet pour bâtir un système.Par exemple, on est novice dans l’assurance vie et il faut maîtriser davantage cette activité et c’est l’occasion de développer de tels logiciels.

Comment voyez-vous le développe-ment de l’informatique au niveau des assurances ?On peut apporter notre connaissance au profit des compagnies, que cela soit au niveau des directions centrales, des succursales ou des directions régio-nales. Il y a, aussi, un objectif d’en-semble pour les compagnies d’assu-rances qui est la sécurité informatique.Il ne faut pas faire les mêmes erreurs que dans d’autres secteurs, car on est en train de partir dans une mauvaise conception au niveau national comme dans les administrations et les ministères de la Justice et de l’Intérieur qui ont des systèmes d’information qui vont s’entrecroiser. Il faut, donc, un système de sécurité, si on met tout en réseau.

A.M.

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International

28 Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017

L’Iran, l’Arabie Saoudite, le Maroc et la Tunisie adoptent de nouvelles stratégies

Secteurs des assurances de quelques pays face à la crise financière

Le secteur des assurances, tout comme les autres secteurs d’activités économiques des pays émergents, est impacté par la situation économique et financière peu favorable dû principalement à la chute drastique du prix du pétrole. Les compagnies d’assurance dans certains pays tentent, tant bien que mal, de relever le défi et d’adopter de nouvelles stratégies pour faire face à cette situation.

Si on prend l’exemple des pays ex-portateurs de pétrole, comme l’Iran et l’Arabie Saoudite, on

trouve que le secteur des assurances dans ces deux pays se porte plutôt bien, malgré la crise. Aussi, les pays voisins comme le Maroc et la Tunisie se sont basés sur la révision des lois du secteur pour maintenir leurs marchés au beau fixe. Lecture sur les marchés susmen-tionnés :

Iran : un pays digne d'intérêt pour les assureurs

Selon les médias iraniens, le marché de l’assurance, depuis la levée, il y a un an, d'une grande partie des sanctions inter-nationales contre Téhéran, suscite l’inté-rêt des grandes compagnies internatio-nales qui veulent investir dans le pays. Selon le journal « Les Echos », le régula-teur local du secteur, le Central Insu-rance of Iran (CII ou Bimeh Markazi), aurait déjà eu des discussions avec plus de 140 sociétés d'assurance et de réas-surance étrangères. Parmi elles, des compagnies françaises, allemandes, bri-tanniques, japonaises et suisses seraient

les plus intéressées pour entrer sur ce marché. Cet engouement est le fruit des changements qui ont été opérés dans la réglementation iranienne du secteur des assurances. La stratégie de l’Iran, face à la crise pétrolière, est de se moderniser en matière de réglementation des assu-rances. Il y est, ainsi, permis actuelle-ment d'établir des co-entreprises ou d'acheter des participations dans des compagnies locales.De son côté, le CII était allé, en novembre dernier, rencontrer en Europe des diri-geants du réassureur allemand Munich

Ré, de son concurrent français SCOR ainsi que Lloyd's de Londres.Selon les informations rappor-tées par la presse iranienne, le marché iranien de l'assurance était encore en forte hausse de 9,5 % en 2015, pour un volume

total de primes de plus de 228.000 rials iraniens (7 milliards de dollars).L’assurance iranienne totalise, à fin mars 2017, un chiffre d'affaires an-nuel de 277 200 milliards IRR (8,54 milliards USD), en hausse de 22,5% par rapport à l’exer-cice 2015/2016. L’automobile et la mala-die constituent les deux principales branches souscrites dans le pays. Avec 109 400 milliards IRR (3,3 milliards USD), la branche automobile compte pour

39,5% du total des primes du marché. Elle est suivie par la maladie qui enre-gistre, à fin mars 2017, 65 200 milliards IRR (2,01 milliards USD) de primes, soit une part de marché de 23,52%.La branche vie affiche, quant elle, un chiffre d’affaires de 37 100 milliards IRR (1,14 milliard USD), ce qui représente 13,38% des primes globales. Au cours de l'exercice considéré, les sinistres payés pour la seule branche automobile représentent 43,4% du total des presta-tions payées, soit 78 000 milliards IRR (2,4 milliards USD). Notons que la mala-die affiche la sinistralité la plus élevée du marché, avec un ratio sinistre à primes de 84,87%.

La « saoudisation » du marché de l’assuranceEn Arabie Saoudite, le projet de la « saoudisation » du marché de l’assurance

fait parler de lui, et commence à donner ses fruits. C’est l’organisme de contrôle des assurances SAMA qui a publié une directive, à effet du 2 juillet 2017, concer-nant la « saoudisation » du marché. « Les sociétés d'assurances sont tenues

Par Fatiha A

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International

Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 29

d'engager des personnes de nationalité saoudienne pour les postes administra-tifs et de prestation de services aux clients », indique-t-on dans la presse saoudienne.On dit également qu’au sein de certaines compagnies d'assurance, les Saoudiens représentent déjà 80% du personnel de ces départements. Une fois cette direc-tive appliquée, les autorités s'attaqueront à la « saoudisation » des postes tech-niques. Ont dit aussi que la « saoudisa-tion » du secteur des assurances favori-sera la création de 4 500 nouveaux emplois dans le royaume.C’est ainsi que l’autorité de tutelle des assurances (SAMA) a décidé d’instaurer une taxe de 5% sur les polices d’assu-rance non vie à compter du 1er janvier 2018. « Cette initiative adoptée par tous les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) vise à renflouer les caisses de l’Etat suite à la chute des prix du pétrole », rappelle-t-on.Autre mesure adoptée pour sauver le secteur des assurances de la crise pétro-lière : exonérer d’impôt la branche vie. En fait, la contribution des assurances épargne et prévoyance en Arabie Saou-dite reste négligeable avec des primes 2016 qui n’excèdent pas 1,05 milliards SAR (280 millions USD), soit 3% du total des cotisations du marché.

Tunisie : le secteur des assurances bénéficie d’un courant réformateur

Les pays voisins s’en sortent égale-ment bien, pour ce qui est du déve-loppement du secteur des assu-rances. En Tunisie, les compagnies d’assurances se portent nettement mieux que l’économie dans sa glo-balité. Alors que le taux de crois-sance du pays stagne, faisant tou-jours les frais d’une crise économique et politique qui continue de sévir, le marché de l’assurance poursuit sa croissance, selon la presse tunisienne.Chiffres à l’appui : les 22 compagnies que compte le secteur en Tunisie se sont accrues en 2015 de 7,9% pour s’établir à 1.679 millions de dinars, sachant qu’une année auparavant, elles se sont amélio-rées de 10,1%.En fait, le secteur des assurances a bé-néficié d’un courant réformateur qui a également englobé tout le domaine fi-nancier. « Ces réformes qui ont été en-treprises depuis l’année 2000 ont été axées sur l’assainissement de la situa-tion financière des entreprises d’assu-rances ; l’actualisation du cadre législatif et réglementaire, le développement des assurances sous-exploitées (assurance vie, assurance agricole…) ; la réforme des principaux régimes d’assurances, la mise à niveau des compagnies d’assu-rance, l’ouverture progressive du secteur à la concurrence et l’amélioration de l’en-vironnement par l’incorporation de nou-velles dispositions et ce en vue d’amélio-rer la compétitivité des entreprises ; la qualité des prestations d’assurances et de

mettre le secteur à niveau équi-valent des standards internatio-naux », indique-t-on.

Maroc : le marché de l’as-surance poursuit sa crois-sance sans peine

Selon le site lavieeco.com, le secteur des assurances dé-trône l’économie marocaine. « Alors que le taux de croissance du pays fléchit, faisant toujours les frais d’une crise écono-mique qui continue de sévir, le

marché de l’assurance poursuit sa crois-sance sans peine. Les primes émises des 18 compagnies que compte le sec-teur se sont accrues de 7% pour s’établir à 30,4 milliards de DH, sachant qu’une année auparavant, elles se sont amélio-rées de 6,4% », indique ce site, qui il-lustre par la Marocaine-Vie qui a déve-loppé des contrats de nouvelle génération (multisupports en unités de compte), ap-puyés sur des actions et des obligations, permettant de bénéficier des perfor-mances des marchés de taux ou de la Bourse de Casablanca. Elle est, pour l’ins-tant, la seule compagnie à les proposer. Un nouveau régime fiscal, en vigueur depuis le 1er janvier 2017, devrait accé-lérer leur commercialisation : l’exonéra-tion des plus-values sur l’assurance vie et l’épargne-retraite est accordée au terme de huit ans, contre dix auparavant.Aussi, le secteur a adopté de nouveaux textes de lois qui concernent principale-ment l’obligation de contracter une assu-rance tous risques chantiers, la respon-sabilité civile décennale, l’assurance participative (Takaful) ou encore la mise en place de la couverture des risques catastrophiques.Avec ces textes réglementaires entrés en vigueur, le secteur des assurances ne peut que connaître un important essor. « L’arrivée de Taamine Chaabi (filiale du groupe BCP) en 2016 et le partenariat noué entre Saham assurance et Crédit du Maroc ne peuvent que propulser da-vantage le marché à l’avenir ; de même que la poursuite de l’internationalisation des acteurs. Encore faut-il que l’écosys-tème global soit maîtrisé et bien appré-hendé », ajoute-t-on.

F.A.

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MINISTERE DES FINANCESMINISTERE DES FINANCES

M. TERBECHE Mohamed 2002

M. BENKHALFA Abderrahmane2015

M. BENACHENHOU Abdelatif 1999/2002 et 2003/2005

M. BABA AMMI Hadji2016

M. HARCHAOUI Abdelkrim 1997/1998

M. RAOUYA Abderrahmanedepuis 2017

M. MEDELCI Mourad 2005/2007

M. DJOUDI Karim 2008/2014

M. DJELLAB Mohamed 2014

M

. NAOURI Mokhtar

M

. M

ESSA

OUDI Abdelm

adjid

M

. BEN

BOUABDELLAH Abdelha

kim

1997/2002 2002/2009 depuis 2009

CNA : vingt ans déjà ...*

« Ce qui a été réfléchi à l avance épargne la fatigue». Proverbe algérien (1956)’

1995, QUELLE ANNÉE !

Le 25 janvier 1995 précisément, était créé le Conseil National des Assurances. La représentation de ses membres révèle déjà le caractère multi-acteurs du Conseil.

L’installation, effective et réelle avec mise en place d’un secrétariat, n’est cependant intervenue qu’en 1997. Vingt ans, déjà !

وزارة المالية

31

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CNA, IL Y A 20 ANS. CNA, AUJOURD’HUI.

Sur 20 ans, le CNA en chiffres, c’est 09 présidents, 226 membres permanents et suppléants, plus de 20 groupes de travail, et une moyenne de 30 salariés. Et tous les partenaires, associations et personnalités.

Depuis 20 ans, c’est une chaîne ininterrompue de femmes et d’hommes qui ont donné de leur temps et de leur énergie, pour que le CNA, parmi d’autres acteurs, fasse sa part, avec sa valeur et ses caractér i s t iques.

Merci à toutes et à tous pource que vous avez fait, et ce que vous ferez encore à l ’aven i r.

Parce que les enjeux évoluent, nous avons souhaité, nous le souhaitons fortement, mener une réflexion stratégique sur la nécessité, ou non, de redéfinir nos priorités.

Alors, pour mener la réflexion stratégique souhaitée, il fallait de la méthode, encore de la méthode et toujours de la méthode.

A cet égard, l’adhésion de tous, nous sera d’une aide précieuse en mettant au service de notre réflexion, leur présence et leur contribution à inscrire dans l’espace de créativité, de co-construction et d’expérimentation.

LE CNA EST DONC : INSPIRATION – IDÉATION –

EXPIRATION.Phase d’inspiration : identification des menaces et opportunités, identification des grands enjeux présents et futurs, cartographie des acteurs…

Phase d’idéation : création de groupes de réflexion, élargissement de la concertation, réunion des professionnels, des experts…, suivie de discussions et beaucoup d’échanges avec les groupes, les sous-groupes et les commissions instituées.

Merci à tous pour votre participation active, cons-tructive et positive durant toutes ces années.

20 ans durant, les efforts de tous ont permis de produire beaucoup de belles choses, d’engager des débats soutenus et forts, de démontrer que les divergences d’idées et d’opinions pour un même intérêt et objectif qui est de tirer le meilleur du marché des assurances, est à consolider et à renforcer.

LE CNA, EXPIRATION :20 ANS DE RÉALISATIONS :

«Les grandes choses dérivent souvent des petites ».

Proverbe algérien

Rapport annuellement pré-senté au Premier ministre sur la situation générale du secteur des assurances.

Analyse du marché (Note de conjoncture trimestrielle et semestrielle ; Notes statis-tiques ; Notes de synthèse…).

Développement en interne d’une Base de données centralisée des statistiques (BDCS), mise en ligne (consultable sur www.bdcs.dz et www.cna.dz/bdcs) au service du marché (véritable tableau de bord de management) et des étudiants (source exploitable à souhait dans les travaux d’études).

E t u d e s m u l t i p l e s (assurances de personneset défiscalisation des assurances vie ; Référen-tiels Métier d’Assurances« Mobilisation et stimulation des salariés des compagniesd’assurance » ; Code de l’éthique et de la déonto-logie du métier ; Gestion prévisionnelle des emplois

et des compétences, Référentiel des emplois d’assurances ; Intermédia-tion ; Takaful…) ; élabo-ration des premiers tarifs algériens (RC Automobile, incendie risques simples et facultés maritime) ;réalisation liée au premier produit d’une concertation intersectorielle (Dispositif d’assurance des calamités agricoles –DACA-)…

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Enquêtes et sondages (Ecoute client ; Automobile -délais d’indemnisation et sinistralité matérielle- ; Cat-Nat ; Assurances de personnes ; etc.).

Evénementiel riche avec quatre Forums d’envergure et deux Journées nationales portes ouvertes sur les assurances, des dizaines de journées d’études, séminaires et conférences ainsi que des centaines de réunions de concertation techniques.

Suivi constant et veilles permanentes (juridique tel le cadre réglementaire, élaboré et mis en ligne par le CNA pour les besoins d’acteurs du marché : pouvoirs publics, membres du CNA, associations dontl’UAR, assurés et de toutvisiteur du site web ASSURAL ; socioéconomique, données d’accidentologie et prévention ; etc.).

Vulgarisation et réponses systématiques à de multiples et diverses sollicitations du marché, assureurs et assurés ainsi que de la Frange estudiantine.

Centre de documentation enrichi constamment par des titres et ouvrages de grand intérêt pour le secteur des assurances.

Publications en ligne via le site web ASSURAL (assu-rances Algérie), consultable sur www.cna.dz).

Elaboration d’un Glossaire trilingue des termes d’assurances.

Publications support papier (et web) dont plusieurs dizaines de numéros du« Bulletin des assurances »,chacun en milliers d’exemplaires et une vingtaine de numéros de la « Revue de L’ASSURANCE »,également en milliers d ’ e xemp l a i r e s .

Etc.

Une autre (ou d’autres) phase d’expiration démarre(nt), bien qu’elle(s) soi(en)t ininterrompue(s), vous en saurez plus dans les mois, et, peut-être, dans les années à venir. Mais, pour l’instant,nous réfléchissons et travaillons encore avec l’abnégation qui est la n o t r e .

Nous comptons amplement, comme il a été ambitionné plus haut, sur la collaborationde tous.

CETTE HALTE EST UN RENDEZ VOUS DE

MÉMOIRE ET D’UNITÉ.

Ce moment, sans bougies (pour l’anniversaire) mais avec lumière, celle du savoir et du devoir, nous le devons à tous.

Merci à vous, toutes et tous qui êtes sources.Intarissables.

C’EST DE L’INACTION QUE POURRAIT RÉSULTER LA

DEROUTE. « Qui ne comprend pas un regard,

ne comprendra pas mieux une explication ». Proverbe algérien

Avec la contribution de tout un chacun, adoptons une approche de responsabilité visant à réunirla meilleure information possible pour soupeser les risques de l’action et ceux de l’inaction.

Lorsque nous nous voyons, nous tous réunis : femmes et hommes engagés, femmes et hommes de conviction, femmes et hommes acteurs du changement de paradigme, je sais que nous avons des raisons d’espérer. Merci à vous tous pour votre implication et pour ce qi sera construit ensemble demain. Pour ce futur, notre foi est inébranlable. Aucun regret pour le passé et aucun remord pour le présent. Avançons !

« Il est sage de creuser un puits avant d’avoir soif ».

Proverbe algérien

JOYEUX ANNIVERSAIRE AU

CNA, Très belle année 2018,

à toutes et à tous.*Inspiré d’une allocution à l’occasion

des vingt années d’une institution, à l’orée d’une évocation qui sied parfaitement au cas présent.

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CNA : CNA : VINGT ANS

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0M. DJELLAB Mohamed 2014

M. BENKHALFA Abderrahmane2015

M. BABA AMMI Hadji2016

M. RAOUYA Abderrahmanedepuis 2017

M. DJOUDI Karim 2008/2014

vingt ans déjà

Dessins : Y. HemimedTous Droits Réservés - CNA 35

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(ances) (gérie), par abréviation ASSURAL, est la dénomination du site web élaboré par le Conseil national des assurances (CNA). Il est accessible via l’URL www.cna.dz et est à sa troisième version, depuis son lancement en 2001.

A son lancement déjà, en 2001, le site web du CNA permettait déjà aux internautes de se faire une idée sur le marché national des assurances même de façon sommaire.

L’enrichissement s’est fait, dans un premier temps à travers une version intermédiaire, avant que ne soit mise en ligne, en 2008, carrément une deuxième interface et un contenu enrichi.

Cependant, il aura fallu un travail minutieux de collecte au sein de la mine d’or de données dont dispose le CNA, au fil des études et des travaux du Conseil, pour que le portail des assurances ASSURAL prenne sa version disponible, depuis 2013, sur le réseau des réseaux.

ASSURAL

Version en ligne

L’tequun

CecodiduAS20

Version en ligne

2ème version

ar u

es RLis

ue

es

013, sur le réseau des réseaux. 20

2ème version2è i

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Avec une ergonomie new-look et un dynamise revisité, le portail web référence du marché national a brassé plus large à travers notamment des rubriques condensées mais au contenu nettement plus riche et diversifié. C’est ainsi que la page d’accueil ouvre les bras aux internautes pour une interactivité certaine avec des inscriptions pour l’accès à des contenus privilégiés (espaces dédiés aux professionnels du secteur et aux différents groupes de travail institués), mais aussi par des news avec « Assure-info » (entrant dans le cadre de la rubrique Actualités qui compte également d’autres sous-rubriques : « Evènements et animations », « Revue de presse » et « Chiffres ») à même de situer les assurés et le potentiel assurable des principales nouveautés du marché national, en dehors des aspects purement mercantiles, ce qui n’est pas du ressort de l’institution.

Dans la rubrique Acteurs sont présentés, respectivement et exhaustivement, le « CNA »,« Organismes/institutions », « Sociétés/compagnies », « Courtiers d’assurance », Courtiers de réassurance » et d’«Autres acteurs ».

Dans la partie centrale se trouve la rubrique« Documentation » contenant « Réglemen- tation », « Travaux du CNA », « Publications du secteur » et « Bibliothèque du CNA ».

Un peu comme ce qui est mis en avant en page d’accueil, à savoir « L’assurance et vous »,

le volet vulgarisation est fortement présent dans la rubrique « En savoir plus » avec ses racines que sont « Procédures d’agrément »,« Assurances obligatoires », « Produits d’assu-rance » et « Bancassurance ». Enfin et pour compléter le décor de l’apport en terme de publications du CNA, est ajoutée une rubrique portant « Revue de L’ASSURANCE et le Bulletin des assurances », dont la lecture est souvent facilitée, dans son aspect technique, grâce au contenu du Glossaire des termes d’assurances, élaboré par le CNA, et mis en ligne pour être au service de tous.

1ère version

-« e s n e

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e- s

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service de tous.

1ère version è

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PRinCiPaLEs EtUdEsMEnEEs PaR LERéféRentiels métieRs et

compétences dans la gestion des RessouRces humaines

table de moRtalité

assuRance et islam

indice des Risques industRiels

dispositif d’assuRance des calamités agRicoles

glossaiRe des teRmes d’assuRance

taRif incendie des Risques simples

déontologie des assuRances

Responsabilité civile automobile

assuRances faculté maRitime

définition d’un pRogRamme d’action de soutien à la pRévention & à la gestion des Risques

utilisation des RéféRentiels métieRs et compétences dans la gestion des RessouRces humaines

pRogRamme de Réduction des délais d’indemnisation des victimes d’accidents coRpoRels de la ciRculation

pRogRamme d’enquêtes et de sondages : automobile & assuRances de peRsonnes.

haRmonisation des nomenclatuRes assuRance

la pme-pmi et la gestion de ses Risques

pRojet de code des assuRances

takaful

Révision du dispositif d’indemnisation des victimes d’accidents coRpoRels

inteRmédiation

CnaCna

Dessins : Y. HemimedTous Droits Réservés - CNA38

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Événement

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l a évoqué le ralentissement du chiffre d’affaires des sociétés d’assurance, ces dernières années, avec un taux

de croissance du chiffre d’affaires de 2% en 2015 par rapport à 2014 et de 1,3% en 2016 par rapport à 2015.C’est pour améliorer les performances du secteur que plusieurs volets de dé-veloppement doivent être explorés, à savoir le développement d’instruments digitaux, l’élargissement de l’offre as-

surantielle par le biais de l’innovation et l’élargissement de l’assurance des risques simples aux personnes et aux PME-PMI, notamment.En 2016, Les placements financiers du secteur des assurances représentent 50 milliards de dinars et, sur le plan économique, la contribution des assu-rances à la réparation des dommages s’élève à un montant de 70 milliards de dinars, représentant un levier impor-

tant pour la reconstitution du patrimoine.Cependant, et en dehors des assurances collectives sous-crites par les entreprises au profit de leurs employés, les assurances à destination des particuliers représente des taux très faibles, estimés en 2016 à 12% des primes globales pour l’assurance automobile.C’est pourquoi les sociétés d’assurances doivent engager un certain nombre d’actions pour améliorer le taux de crois-sance du chiffre d’affaires, a in-diqué le président de l’UAR.Actuellement, deux tiers du marché mondial peuvent être catégorisés dans de l’assu-rance à destination risques simples, a indiqué, de son côté, le PDG de la CCR, Hadj Moha-

med Seba, précisant qu’il s’agit de marchés dont le taux de pénétration atteint une moyenne d’environ 6% en 2016. L’activité des risques simples et celle à destination des ménages sont le moteur principal des sociétés d’as-surances. Ainsi, le taux de pénétration estimé dans le marché algérien à 0,7% corrobore le faible niveau de dévelop-pement des risques simples.

Séminaire annuel de la CCR

Les risques simples en étudePar Sarah Eulmi

La dixième édition du séminaire annuel de la Compagnie centrale de réassurance (CCR) a porté, cette année, sur l’enjeu de la dynamisation du marché de l’assurance et du développement de nouveaux leviers de croissance. Intitulé « les risques simples et l’assurance », le séminaire s’est fixé pour objectif d’explorer les expériences et les facteurs de succès des compagnies d’assurances internationales sur les produits d’assurance santé, la bancassurance, la micro-assurance, le Takaful ainsi que l’emploi de la digitalisation. Pour le président de l’UAR, Brahim Djamel Kessali, il s’agit d’un enjeu très important pour le développement du secteur des assurances.

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Événement

Revue de L’ASSURANCE N°19 - Décembre 2017 41

Etant donné que le séminaire annuel de la CCR a pour objectif de réfléchir à des « business models » et des mo-dèles de distribution des risques simples et de leur essor dans le mar-ché algérien, le PDG de la CCR a pré-conisé une réflexion concernant les ins-truments de soutien et d’aide à l’emploi existants tels que ANSEJ, l’ANJEM et la CNAC qui sont potentiellement por-teurs de projets de partenariat public privé en matière d’assurance.Les programmes d’assurance pour-raient couvrir les bénéficiaires de ces dispositifs contre des risques tels que l’emprunt, la santé et le dommage.Intervenant autour de l’expérience de développement d’Allianz Partners dans l’assurance santé, son PDG de la ré-gion Moyen-Orient/Afrique, Christian Gregorowicz, a indiqué que la ligne d’assurance santé de sa compagnie pesait 12 milliards de dollars dans la région, soit environ 40% des primes émises dans la même région et ce, grâce au développement de l’assu-rance santé et le système du tiers-payant.Avec un chiffre d’affaire global de 8 mil-liards d’euros en 2016, Allianz Partners possède la filiale NextCare qui est l’ac-teur leader au Liban avec 50% de parts de marché et près de 300 millions de dollars de primes gérées. Son repré-sentant se dit prêt à accompagner les opérateurs algériens pour lancer le produit santé. L’orateur a indiqué que pour le marché algérien, le développe-ment d’une ligne assurance santé et le TPA est une grande opportunité qui n’attend qu’à être concrétisée. Il a éga-lement insisté sur l’importance d’avoir un partenaire de référence et durable qui va rester dans le marché, précisant qu’il fallait, pour la création d’un projet d’assurance santé, non pas, seule-ment, un système et une solution digi-tale, mais plutôt une structure se trou-vant derrière ce système.

Intégrer les moyens technologiques

De son côté, Imene Batata, cyber ana-lyste chez SwissRe, a souligné que la digitalisation qui consiste à transformer le modèle de business pour y intégrer des moyens technologiques permet-tant une collecte de données digitales est un passage incontournable pour les compagnies d’assurances. Selon elle, les compagnies devraient s’adap-ter, au mieux, à la digitalisation afin de pérenniser leur croissance.Evoquant un exemple de solution digi-tale, l’oratrice a cité le modèle d’un at-las interactif en ligne qui met en évi-dence les risques météorologiques au profit des agriculteurs permettant de donner les niveaux de température et des précipitations afin de diminuer la fréquence des sinistres sur les activités agricoles.Les objets connectés qui se portent au quotidien deviennent également un vi-vier de données sur les consomma-teurs permettant de proposer des pro-duits flexibles personnalisés et répondant, de manière pertinente, aux besoins des consommateurs tel que l’emploi des données du glucomètre qui peut offrir aux compagnies la possi-bilité d’offrir des produits d’assurance aux diabétiques à même de maintenir un niveau de qualité de leur santé.L’emploi des technologies dans les produits d’assurance diminue les risques de fraude et améliore le service client, a soutenu, en substance, Ma-thieu Boucher, client manager chez MunichRe. C’est le cas par exemple pour l’assurance agricole qui emploie des puces connectées, afin d’assurer un bon suivi de l’animal assuré : une opération qui nécessite que l’assureur se déplace et explique l’emploi des puces. En cas de sinistre, il se déplace afin d’assister l’éleveur à remplir sa décla-ration. Mathieu Boucher a aussi expli-

qué que le recours à la psychométrie dans les sondages en ligne permet de mieux cibler les ménages à faibles re-venus, les capter et les aider à accéder à la micro-assurance.Enfin, le produit d’assurance Takaful est l’un des produits de risques simples capables de trouver son essor dans le marché algérien des assurances. Ayant fait l’objet de la dernière confé-rence de ce séminaire, les opérations de Takaful représentent un volume de 23 milliards de dollars, soit 0,51% du marché mondial, a indiqué Farid Ben-bouzid, spécialiste en produits Takaful.Le marché mondial du Takaful a connu une croissance accélérée en 2015 soit +5%, plus rapide que celle du marché mondial ayant enregistré une crois-sance de 4,2% de 2006 à 2015. L’orateur a préconisé de s’inspirer du modèle malaisien qui a réussi à mettre en place un cadre institutionnel appro-prié, une approche stratégique réussie et une action publique volontariste en ayant pour instrument Bank Negara.Considérant le développement des ac-tivités de Takaful et du positionnement du secteur dans les marchés d’assu-rance des pays musulmans, il existe, selon Fardi Benbouzid, un potentiel considérable de création de valeur qui suppose des efforts de la part des ac-teurs du marché des assurances. Pour ce qui est de l’Algérie, l’assurance Takaful est une chance unique de créer et développer ce segment du marché en exploitant la synthèse des expé-riences réussies à travers le monde. A niveau égal de PIB par habitant, et considérant le pouvoir d’achat de l’Al-gérien, Farid Benbouzid a indiqué que l’assurance Takaful devrait avoir un marché plus significatif, en volume et en qualité, en comparaison avec les autres pays de la région Afrique du Nord.

S.E.

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Événement

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Marché d’assurance et de réassurance

La CASH communique avec ses clients« Les tendances du marché de la réassurance et ses impacts sur l’industrie de l’assurance » a été un thème largement discuté, à l’occasion du séminaire international organisé par la Compagnie d’assurances des hydrocarbures (CASH) à Alger. La rencontre qui a rassemblé les principaux clients de la compagnie ainsi que les partenaires potentiels a été une occasion de présenter la nouvelle offre de produits et de services de la compagnie et d’évoquer les tendances nationales et internationales du marché de l’assurance et de la réassurance.

Sur la question de la perception de l’assurance par les opérateurs économiques, Mokhtar Naouri,

PDG de la CASH, a évoqué la nécessité d’avoir une approche par les coûts arguant qu’il était nécessaire pour les acteurs concernés de prendre conscience de l’importance de s’assurer et d’avoir une optique de Risk management en intégrant, dans le coût du risque, la prime d’assurance, le coût de la réduction à travers les mesures de prévention à engager au quotidien, le coût de la non assurance

ainsi que le coût de gestion. Une équation à partir de laquelle découle le prix juste et nécessaire pour protéger l’activité de son entreprise.De même qu’il a insisté sur la pérennité de la relation assuré-assureur qui ne peut être évaluée que sur le long terme et ce, compte tenu du principe qu’en Risk management, l’assurance permet un lissage des pertes dans le temps et dans l’espace et qu’en conséquence, sur une longue période, il y a échange de primes et de sinistres entre l’assureur et son assuré.

C’est ainsi que doivent être traités les sinistres importants qui, lorsqu’ils surviennent, consomment 20 ans, voire 30 ou 40 ans de primes.Abordant les risques et assurances liés aux projets des énergies renouvelables, Chellouche Mehdi, chef de division des opérations techniques à la CASH, a énuméré les différentes solutions technologiques de développement dans le secteur. Il a insisté sur l’importance des études et des éléments de risques dans le montage des projets d’énergie solaire, notamment basé sur la technologie thermodynamique.Le choix du site doit tenir compte des évènements naturels tels que les risques d’inondation, de tremblements terre et de vents violents ainsi que l’exposition aux vols et dégradations et les degrés de connexion au réseau électrique, en tant que paramètres pouvant altérer le rendement de l’infrastructure.Pour l’assurance de ce risque, la CASH propose un produit innovant d’assurance contre le manque de rayonnement solaire se basant sur l’indice d’ensoleillement.Mme Nedil Daouia, directrice assurance incendie, accidents et risques divers, a passé en revue les différents contrats classés par les assureurs dans les risques d’exploitation.

Par Sarah Khelifi

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Elle a insisté sur la garantie Perte d’ex-ploitation après incendie ou après bris de machine qui permet à l’assuré de couvrir sa marge brute, c’est-à-dire ses charges fixes et son bénéfice. Elle dira, à ce sujet, que c’est un contrat fortement demandé par la clientèle de la CASH et dont le nombre de souscription est en constante évolution.Elle insistera, par ailleurs, sur la couver-ture en valeur à neuf des bâtiments, des équipements et installations, accordée systématiquement lorsqu’une couver-ture perte d’exploitation est souscrite. Cela met à l’abri l’assuré d’une indemni-sation incomplète et qui serait de nature à retarder la remise en service après sinistre.Sur la problématique des valeurs d’as-surance et au vu de la dépréciation du dinar, par rapport au dollar notamment, elle proposera aux clients de la CASH les services de la compagnie pour me-ner des visites de risques et d’actuali-sation des capitaux et ce, à l’effet de leur éviter une sous-assurance qui, en cas de sinistre, ne leur permettra pas d’obtenir l’indemnisation attendue.De son côté, Mme Hameg Sabrina, di-rectrice assurances transports, a dé-taillé les contrats qui couvrent les biens transportés par voie maritime, terrestre

et aérienne. Précisant, à ce sujet, que dans le cadre des facultés maritimes, le trajet préliminaire et complémentaire au trajet principal est compris dans la couverture.Elle met en évidence la menace croissante de la piraterie à travers le monde, chose qui incite un certain nombre d’assureurs à proposer de nouveaux produits de protection contre les pertes consécutives à ces actes.Intervenant sur les tendances internationales de la réassurance, Ronald Chidiac, CEO de Broktech Sal, a indiqué que le marché de la réassurance a connu une mutation avec plusieurs fusions acquisitions en 2002, ayant pour résultat l’apparition de deux acteurs majeurs contrôlant 30% du marché de la réassurance à savoir Munich Ré et Swiss Ré. Sur les tendances du marché de la ré-assurance, il insistera sur celle de la réassurance alternative, essentielle-ment axée sur les catastrophes natu-relles, qui connait une croissance 5 fois supérieure à celle des marchés tradi-tionnels classiques. En effet, plusieurs épisodes de catastrophes naturelles ont fait exploser les niveaux de paie-ments des réassureurs en 2011. Les tendances globales se situent, ac-tuellement, à 38%, un taux inférieur à

celui réalisé en 2007.Enfin, l’autre tendance du marché à laquelle il invitera les participants à accorder la plus grande importance réside dans l’évolution technologique ayant fortement impacté le marché financier. Avec, actuellement, 42 milliards d’objets et 5 milliards de personnes connectées par jour, Ronald Chidiac a estimé qu’en 2020, 45 milliards de transactions commerciales B to B se feront via les appareils connectés. Cela permettra aux opérateurs de réaliser 100 milliards d’euros d’économies. Parallèlement à cela, 45% du marché des assurances sera robotisé à l’horizon 2025, lorsque 25% des emplois seront robotisés.Dans ce contexte d’évolution technologique et dans le cadre d’une vision futuriste, il posera la problématique que devront, vite, résoudre les assureurs algériens, intervenant dans un marché où plus de 50% des primes sont réalisées dans le marché de l’assurance automobile, lorsque sera introduite la voiture sans chauffeur : qui souscrira l’assurance ? Et qui sera responsable de l’accident ?

S.K.

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Auparavant, la cam-pagne labours-se-mailles, lancée le 1er

octobre 2017, a été l’occa-sion pour les autorités de rappeler l’importance des assurances. Mais, se rap-procher des agriculteurs né-cessite d’ouvrir de nouvelles antennes d’assurances pour rendre accessibles les pro-duits proposés par la com-pagnie. Ainsi, la CNMA est parmi celles à avoir continué à ouvrir de nouveaux bu-reaux.Le directeur général de la Caisse, Cherif Benhabiles, a inauguré deux nouveaux bureaux locaux au niveau de la daïra de Hassasna et et Ouled Brahim, dans la wilaya de Saïda.La signature d’une conven-tion d’assurance est aussi intervenue avec les Chambres de commerce et de l’industrie alors que les Caisses régionales ont or-ganisé des Journées de sensibilisation sur les assu-

rances agricoles.La Mutualité agricole pro-pose, en effet, de mettre à la disposition des ménages ru-raux à faibles revenus un unique produit d’assurance qui couvre un ensemble de risques auxquels ils sont confrontés.Le pack assurance confiance est aussi destiné au profit des petits agricul-teurs, propriétaires de par-celles d’un à cinq hectares, et de petits éleveurs dispo-sant de troupeaux ne dé-passe pas les cinq têtes bo-vines.Le rôle économique et social de l’assurance dans le monde agricole n’est plus à démontrer. C’est un moteur pour le développement et la stabilité de l’emploi dans le domaine. En l’absence de couverture, les exploitants risquent de se retrouver dans le dénuement total en cas de survenance d’acci-dents de la vie.

A.M

Dès le début de l’année 2018, les agences de la CAAT offriront une nouvelle gamme d’assurance agricole portant sur plusieurs

produits multirisques. La CAAT offrira ainsi une gamme dédiée aux produits « végétaux » et une autre destinée aux produits « animaux » notam-ment. La compagnie, qui promet des produits adaptés et des tarifs compétitifs, souligne que l’introduction de cette nouvelle assurance répond à une forte demande exprimée par ses clients traditionnels et des assurés potentiels. Elle vient en outre profiter d’un grand gisement de primes encore peu exploi-té en Algérie.Elle veut ainsi mettre sa longue et riche expérience dans les assurances industrielles au service des assurances agricoles et faire profiter ses clients d’une offre de services encore plus diversifiée.En 2016, la CAAT avait dégagé un résultat bénéfi-ciaire net de 2,34 milliards de DA contre un béné-fice de 2,07 milliards de DA en 2015, en hausse de 13%.Quant à son chiffre d'affaires, il a franchi le seuil de 22,6 milliards de DA en 2016, en augmentation de 7% par rapport à celui de l'année précédente.En matière de gestion des sinistres, la compagnie a versé des indemnisations de 13,7 milliards de DA en 2016 (en hausse de 7,3% par rapport à 2015) alors que les placements financiers qu’elle a effectués principalement en valeurs d'Etat se sont élevés à plus de 30 milliards de DA à la fin 2016, soit une variation positive de 2%.

R.B.

Protection des agriculteurs Assurance agricole

La CNMA sur le terrain La CAAT s'y lancePar Ali Mebarki

La protection des travailleurs du secteur agricole est une préoccupation de la Caisse nationale de mutualité agricole qui a signé fin décembre une convention de partenariat triangulaire avec l’ONAB permettant aux clients de cette dernière de se rapprocher des caisses régionales de la mutualité agricoles réparties à travers tout le territoire national (67 CRMA et 434 bureaux locaux de proximité).

La Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT), leader sur le marché national des risques industriels, a décidé de se lancer dans l’assurance agricole pour répondre à la demande de ses clients traditionnels et conquérir d’autres parts de marché.

Par Rym Bouzid

Événement

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Fonds de garantie automobile (FGA)

Quasiment méconnu des victimes et de leurs ayants-droitsLe Fonds de garantie automobile (FGA) a engagé une réflexion en vue de rendre sa communication plus efficace, à commencer par informer davantage le large public sur l’existence de cet établissement et surtout des services qu’il peut rendre aux assurés.

Par S. Dali

Le FGA assure un service mécon-nu de beaucoup de victimes des accidents de la circulation rou-

tière. Ces derniers ignorent jusqu’à son existence même et ses missions. Le FGA, un établissement public à vo-cation non lucrative a pour mission « de supporter tout ou partie des in-demnités allouées aux victimes d’acci-dents corporels ou leurs ayants droit , causés par des véhicules terrestre à moteur dans les cas où l’auteur res-ponsable des dommages demeure in-connu, ou connu mais déchu de la ga-rantie de son assureur ou non assuré et se révèle totalement ou partielle-ment insolvable. » Le FGA a hérité du Fonds spécial d’in-demnisation dont la création émane de l’ordonnance portant Loi de Finances de 1970. En 2004, les pouvoirs publics, par le biais du décret exécutif du 5 avril 2004, ont procédé à la création du FGA en vue de lui permettre de prendre en charge l’indemnisation des victimes et de leurs ayants droits. Le FGA est un établissement, placé sous tutelle du ministère des Finances, dont « la mis-sion est éminemment sociale et d’inté-rêt général. »Plus précisément, le Fonds procède à l’indemnisation de la victime ou de ses ayants droit conformément au barème d’indemnisation annexé à la loi 88-31

du 19 juillet 1988 modifiant et complé-tant l’ordonnance 74-15 du 30 janvier 1974 relative à l’obligation d’assurance des véhicules automobiles et au ré-gime d’indemnisation des dommages. Lorsque la victime ou ses ayants droits peuvent prétendre à une indemnisation partielle auprès des personnes ou or-ganismes concernés, le Fonds ne prend en charge que le complément. Les indemnités sont calculées sur la base du salaire ou du revenu de la vic-time. A défaut, c’est le Salaire national minimum garanti (SNMG), en vigueur le jour de l’accident, qui est pris en considération. « Les ressources du Fonds proviennent des contributions des assurés. Il est prélevé 3% de la prime de la Respon-sabilité civile, au titre de l’assurance auto, au profit du FGA. C’est la res-source la plus importante du Fonds. Le Fonds a bénéficié, en 2016, d’un mon-tant de 362 millions de dinars tiré de ce prélèvement obligatoire. Le Fonds bé-néficie d’une quotepart des majora-tions pour amendes versées au titre des infractions commises par les auto-mobilistes liées à la circulation routière. Un montant de 1,4 millions de dinars (un million quatre cents mille dinars) a été versé au Fonds », indique M. Ba-cha Ahmed, le Directeur général par intérim du FGA.

Le Fonds comptabilise l’ouverture de 536 dossiers d’accidents concernés par ce système d’indemnisation. Il s’agit de victimes qui ne sont pas in-demnisés par ailleurs (CNAS, autres organismes ou personnes). Le FGA n’indemnise pas les dommages maté-riels mais, uniquement, les dommages corporels. Il faut savoir qu’en cas de blessure de la victime, comme le rappelle M. Ba-cha, « elle peut après expertise médi-cale, ouvrir droit aux indemnisations des préjudices suivants : incapacité temporaire de travail, incapacité per-manente partielle, frais médicaux et pharmaceutiques, préjudice esthé-tique. En cas de décès de la victime, selon le cas qu’il s’agisse d’une victime majeure ou mineure, les ayants droit perçoivent des indemnités suivantes : un capital, préjudice moral, frais funé-raires. La victime ou ses ayants droit pour prétendre à une indemnisation doit introduire auprès du fonds une de-mande d’indemnisation. Elle doit infor-mer le fonds de la procédure engagée en justice contre l’auteur responsable.» Pour évaluer les dommages corporels, FGA a signé des conventions avec des médecins agréés par la Justice et l’Union algérienne des sociétés d’assu-rance et de réassurance (UAR).

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Ces médecins effectuent l’expertise des dommages corporels, précise le premier responsable du Fonds.Le FGA recense, au 31 décembre 2016, l’ouverture de 1020 dossiers. Parmi les victimes, 735 blessés. Le FGA a provisionné pour indemniser ces victimes un montant de 310 mil-lions de dinars, en 2016. Il a provision-né pour 335 millions de dinars, en 2017. L’indemnisation peut atteindre, en moyenne, 300.000 dinars (trois cents mille dinars) par victime. Le FGA a réglé 326 dossiers et déboursé un montant de 144 millions de dinars, en 2016. En 2017, de janvier à aujourd’hui [date de l’entretien, NDLR, soit moins d’un exercice entier], le Fonds a versé 118 millions de dinars et réglé 305 dos-siers. Le nombre de bénéficiaires a at-teint 391. Par ignorance de l’existence du FGA et de son mécanisme d’indem-nisation, nombre de victimes ne font point parvenir leurs dossiers. Le Fonds déplore cette méconnaissance de ses services par les victimes, notamment de lointaines wilayas. Ce qui ne veut nullement dire qu’elles ne sont pas vic-times de sinistres et, donc, concernées par ce type d’indemnisation. En fait, « beaucoup d’accidents qui rentrent dans le cadre du FGA ne sont pas signalés. Les victimes, par igno-rance de l’existence du FGA et de ce système d’indemnisation, ne déposent pas de dossier au niveau du Fonds », souligne Ahmed Bacha.Il faut savoir, également, que, quand l’auteur de l’accident est connu, la vic-time doit prouver son insolvabilité. Le FGA a enregistré en 2016, pas moins de 585 dossiers où l’auteur est connu, soit 57,35% des cas et 435 dossiers concernant les auteurs inconnus, soit 42,65% des cas. « Le FGA dispose d’une direction juri-dique et technique et d’une liste d’avo-cats agréés par l’UAR pour défendre l’établissement auprès des juridictions. Lorsque l’auteur responsable des dom-

mages est connu, la victime ou ses ayants droits, doit prouver l’insolvabili-té de cet auteur responsable par voie de justice. Le Fonds suit le dossier après son règlement, afin de recouvrer l’argent déboursé. Cette activité de re-couvrement, le Fonds l’effectue depuis un an et demi. Le FGA propose un amendement à la loi en vigueur pour faciliter les choses : le fonds propose de régler directement la victime ou ses ayants droits et, ensuite, il se retourne, directement, contre le conducteur res-ponsable. Toutefois, la justice est plus rapide que d’habitude », affirme le DG par intérim du FGA.Au plan de la communication, le FGA engage, chaque année, une campagne d’informations sur le Fonds, à travers des publicités à la radio et la presse écrite. L’établissement participe, an-nuellement aussi, au Salon national de la Finance. Une réflexion est en cours en vue d’identifier les moyens de

rendre cette communication plus effi-cace.A noter que le FGA emploie 22 collabo-rateurs, en majorité des cadres. Son conseil d’administration est composé de représentants du ministère des Fi-nances, du ministère de l’Intérieur, du secteur des assurances, du ministère de la Défense Nationale et du ministère de la Justice. Comme les ressources financières dépassent, annuellement, les indemnisations et les charges, le FGA procède à des placements finan-ciers. Le produit de ces placements est de 66 millions de dinars en 2016. Un plan de formation, notamment spéciali-sée dans les sinistres, est programmé. « Il touchera tout le personnel », in-dique Ahmed Bacha. Il est également prévu l’acquisition d’un système d’in-formation qui réduira à l’avenir la « pa-perasse ».

S.D.

Siège du Fonds de Garantie Automobile, à Alger.

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L’assurance des véhicules à destination des pays arabes « Carte Orange »

Le Bureau Unifié Algérien gestionnaire de la convention interarabeLe Bureau Unifié Automobile Algérien (BUA Spa) est une société par actions dont le capital social est détenu par l’ensemble des 13 compagnies commercialisant le produit assurance automobile sur le marché Algérien des assurances. Il est géré depuis Décembre 2016 par M. Taoufik HAMMI, en sa qualité de Directeur Général.

Par S. Dali

Sa mission principale est de pro-curer une couverture aux véhi-cules immatriculés en Algérie

lors des déplacements dans les pays arabes. Cette couverture est accordée sous forme d’une extension de la ga-rantie responsabilité civile automobile. Cette dernière étant la garantie obliga-toire de l’assurance Automobile exigée pour la circulation de tout véhicule. L’extension étant accordée dans le cadre de ce qui est appelée communé-ment « Carte Orange ».

BUA un prolongement historique

Le « Bureau Unifié Algérien » a été créé en vertu de la convention intera-

rabe signée à Tunis en 1975 et ayant fait adhérer plusieurs pays Arabes. Cette convention est in-tervenue pour uniformiser les conditions d’octroi et de gestion des garanties de la carte Orange au niveau des pays Arabes. La mise en œuvre, en Algérie, de ladite convention a été assu-rée en vertu de l’ordonnance n° 75-91 du 30 Décembre 1975. En effet, le bureau désigné pour assurer une telle mission a été domiciliée au niveau de la So-ciété Nationale d’Assurance (SAA) et ce en raison de la spé-cialisation de compagnies d’as-surance durant cette période. La

SAA détenait, ainsi, le monopole de l’assurance automobile et des risques simples. Dans les années 90, ce bu-reau a été géré par la SAA et la Com-pagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR).Cinq ans après la création de l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de réassurance UAR (1995), une convention cadre a été signée (2000) entre les compagnies d’assurance mentionnant la création, au sein de l’UAR, d’une structure appelée « Bu-reau Unifié Algérien » qui est devenue une Société par Actions (2014), soit BUA Spa, avec un capital social de 13

millions de dinars Algériens entière-ment libéré.

La Carte Orange, quelques aspects opérationnels Pour s’assurer de la cohérence d’en-semble et de l’homogénéité des procé-dures opérationnelles pratiquées par l’ensemble des pays arabes, la com-mission d’assurance automobile et les bureaux unifiés arabes, à Damas en 2011, a confié la mission liée à la pro-duction en format imprimé des cartes orange à l’Union Générale d’assurance Arabe UGAA à partir de 2012, indique son Directeur Général.Ainsi, avant la fin du 4ème trimestre de chaque exercice, la société membre communique au BUA Spa ses besoins en nombre en matière de cartes orange que représente en réalité les besoins estimés pour être commercialisé au profit des voyageurs vers les pays arabes à bord de leur véhicules pour le prochain exercice. Le BUA Spa est chargé de mettre à la disposition de la société membre cette quantité deman-dée.Cette demande intervient par la com-pagnie membre à travers un bon de commande indiquant la quantité et le délai de la livraison souhaité. Le docu-ment imprimé dit « Carte Orange » conçu et délivré sera produit, rappe-

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lons le, par l’Union Générale d’assu-reurs Arabes (UGAA).

L’activité commerciale du BUA en quelques chiffres.M. T. HAMMI rapporte que, suivant les données de la Douane Algérienne (CNISD), durant les trois premiers tri-mestres de l’année 2017, le nombre de véhicules concernés par des sorties hors Algérie vers les pays concernés par ce dispositif de carte orange avoi-sine les 390.000 véhicules, par rapport à la même période de l’année 2016 quand ce nombre était estimé à envi-ron 419 500 véhicules sortants, soit une diminution de 8%. Les réalisations du BUA jusqu’au troi-sième trimestre de l’année en cours sont estimés à 505 000 cartes distri-buées aux compagnies d’assurances soit une diminution de l’ordre de 4% par rapport à la même période de l’an-née 2016 où le chiffre atteint affiche un niveau de 523 000 cartes. La raison principale de cette légère diminution est due à la baisse du nombre de trafic terrestre ci-dessus mentionné. Sachant que chaque véhicule assuré est censé représenter une émission d’une carte orange. Ces chiffres bien que représentant uniquement le nombre commandé par les compa-gnies d’assurance locales et non sous-crits par les assurés mais il donne une idée sur le volume important de l’acti-vité en matière d’engagement que gère le bureau ainsi que les compagnies d’assurance dans le cadre de ce dispo-sitif et qui évolue d’année en année.Le prix pratiqué pour la commercialisa-tion de la carte orange varie autours d’un prix moyen de 600 dinars algé-riens soit un tarif accessible et à la por-tée de toutes les couches des mé-nages. Pour l’exercice 2017 et au titre de ses trois premiers trimestres, le nombre de véhicule sortis du territoire national est

estimé à 390.000 véhicules. La part la plus importante revient à la Tunisie puisque constituant la destination privi-légiée des Algériens via les frontières terrestres pour diverses raisons. La couverture de la responsabilité civile des véhicules transitant la frontière vers les pays arabes étant obligatoire, mieux encore nos assurés peuvent au cas où ils seront considérés comme victimes d’un sinistre qui leur survient à l’étranger de pouvoir récupérer leurs indemnités par l’exercice du recours, Explique M. Hammi. Ceci dit, qu’en plus de la distribution et la commercia-lisation de la carte orange, le BUA gère également les sinistres commis et su-bis par les assurés Algériens.

L’organisation de la BUA et ses perspectives d’évolution Le premier responsable de BUA sou-ligne que la société par actions est en phase de restructuration. Dans le cadre de son plan de développement moyen terme (PMTE 2017-2019), une nou-velle organisation a été prévue qui s’in-sère dans le cadre de la stratégie de développement de l’entreprise. Cette nouvelle organisation vise à optimiser nos efforts, dans une logique d’effica-cité et d’efficience, pour une meilleure prise en charge de nos engagements vis à vis de nos assurés et de nos par-tenaires. Ladite organisation vise éga-lement, sur le plan interne, une moder-nisation des procédures et un développement de son mécanisme de gestion.La formation constitue également un axe de développement nécessaire sur lequel l’entreprise s’appuie pour l’amé-lioration continue de la qualité de ses services. En matière de communication, le bu-reau unifié envisage de sensibiliser les assurés par la distribution de brochures accompagnant la carte orange, voir même de se situer au niveau des fron-

tières notamment en plein période esti-vale pour sensibiliser les assurés au niveau des postes frontières. Ces bro-chures permettent de savoir à titre d’exemple « Que faut-il faire en clair en cas d’accident dans un pays Arabe ? » « Comment déclarer un sinistre ? », « Comment exercer un recours ? », etc. Pour ce faire, le BUA met à leur dispo-sition des coordonnées sur lesquelles il est possible de le contacter pour plus de détail et / ou précision (e-mail, télé-phone, …) pour bien accomplir ces procédures. Ainsi, ces conditions per-mettent le plus souvent de diminuer le fardeau de stress géré après sinistre et de laisser continuer un séjour dans de meilleures conditions.Ainsi, pour que le voyageur Algérien soit en conformité avec des éventuels dommages qu’il peut causer lors de son déplacement ou pour qu’il puisse réclamer ses droits de victimes, le bu-reau unifié dans le cadre de son action de sensibilisation l’informe de la néces-sité de disposer et de remplir impérati-vement le constat à l’amiable qui doit être signé conjointement par l’automo-biliste Algérien et l’automobiliste adver-saire ainsi que les procédures à suivre après. Parmi les actions inscrites dans le cadre du PMTE de l’entreprise, la conception d’un site web est immi-nente, ajoute le Directeur Général. Les activités incluent également la gestion dans le cas d’accidents survenu en Al-gérie des dossiers des assurés arabes lors de leurs déplacements au niveau du pays pour le compte des bureaux unifiés des autres pays arabes concer-nés. Le BUA assure la gestion d’un service indispensable pour les assurés Algériens désirant se rendre dans des pays arabes à bord de leurs véhicules. Pour ces projets, « Il s’agit d’un chan-tier qui se met en place d’une manière progressive », lance le DG du BUA.

S.D.

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Revue de L'ASSURANCE : Quel poids et quel intérêt sont-ils accordés à la publicité et au marketing par votre so-ciété ? Mme Bouzar Nesrine : La communication constitue un axe essentiel de la stratégie de CAARAMA qui dispose d’une direction pour communiquer sur l’assurance en général ; soutenir les actions commer-ciales ; promouvoir les produits ; fidéliser les clients ; et renforcer l’image de marque de la compagnie. Le budget dédié au volet communication & marketing est assez conséquent, ce qui nous permet d’entreprendre de nom-breuses actions au niveau médiatique, des relations publiques et de l’évènemen-tiel. Cela nous permet, également, de faire connaître la compagnie auprès du grand public et des professionnels aux-quels CAARAMA s’adresse.

Comment cette Direction Communica-tion & Marketing compte-t-elle mettre

en exergue les valeurs de la compa-gnie, notamment celles liées à la proxi-mité et à l’innovation ?

CAARAMA continue d’innover et à être à l’écoute du marché, afin de mieux ré-pondre aux besoins des assurables qui restent toujours à la recherche des pro-duits avec le meilleur rapport qualité/prix. CAARAMA vient de lancer deux nou-veaux produits en assurance voyage. Il s’agit de l’AVE Turquie et de l’AVE Ma-ghreb. Ces derniers font partie d’une liste d’autres produits qui seront concernés par nos actions dans le domaine de l’innova-tion. En termes de proximité, la compagnie poursuit, toujours, sa politique de déploie-ment du réseau sur l’ensemble du terri-toire. En effet, deux nouveaux centres ré-gionaux ont été ouverts à Constantine et à Annaba. Il y a, aussi, l’ouverture d’agences commerciales notamment celles de Sétif, Bejaia et Ain Beniane (Alger), à fin 2017. Cette présence vient renforcer un réseau de distribution, déjà dense, composé des agences de la CAAR, du CPA et de BANK ABC. Nous dépasserons, ainsi, les 215 points de vente répartis sur l’ensemble du territoire national.

Par quel moyen comptez-vous appro-cher votre clientèle ?

Nous avons déployé plusieurs cam-pagnes publicitaires dont une campagne radio au nord et à l’est du pays ainsi que des campagnes sur les réseaux sociaux pour accompagner le lancement de notre portail de souscription, de gestion et de paiement en ligne www.caarama.dz. Il s’agit d’un site responsif compatible avec

la lecture assurée, sur tous types d’écrans et de supports : ordinateurs, mobiles et tablettes. Ce service se démarque par une gestion et modification du dossier. Il permet au client non seulement la possibi-lité d’établir des devis en ligne, de les transformer en contrat, de payer avec la carte interbancaire CIB, mais, aussi, de modifier ses contrats, à sa convenance, pour prolonger ou reporter son séjour, de modifier la destination et, même, de se faire rembourser d’une manière automati-sée, le cas échéant.Nous avons également organisé des sé-minaires clients au niveau d’Oran, d’An-naba et d’Alger, en collaboration avec la Chambre de Commerce et d’Industrie des deux premières wilayas et de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI), sur le thème « Le capital humain, la plus grande richesse de l’entreprise » durant lesquelles nous avons proposé des solutions d’assurances sur-mesure adaptées aux besoins des PME, PMI et des grandes entreprises. Ces rencontres ont été un véritable espace de communi-cation avec la clientèle. Nous rappelons que ces regroupements confirment, clairement, notre volonté de se rapprocher d’avantage de nos clients et de leur faire bénéficier des offres tou-jours plus innovantes et modernes, avec des garanties telles que la maladie redou-tée, le tiers payant, le remboursement avant CNAS et l’assistance à la personne en local (l’assistance domestique) Nous avons, également, lancé une cam-pagne de sensibilisation qui a été dé-ployée durant toute la saison estivale avec comme objectif informer les esti-vants sur les risques encourus au niveau

Entretien réalisé Yacine Salami

Mme Bouzar Nesrine, Directrice Communication & Marketing de CAARAMA

« Nous avons déployé plusieurs campagnes publicitaires »

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des plages tels que les noyades, l’insola-tion, les intoxications alimentaires, etc.Cette campagne a été soutenue avec un canal digital (réseaux sociaux) par la pu-blication de conseils quotidiens visant une large population. Ceci témoigne de notre volonté de nous rapprocher d’avantage de notre clientèle, plus exigeante, et ce, dans le respect de nos valeurs.

A qui sont confiés ces volets de marke-ting et de publicité ? Sont-ils externali-sés, pour certains d’entre eux ?

Majoritairement, les actions sont traitées au niveau de la direction marketing et communication. Nous avons une équipe très performante, dynamique et dotée d’une grande créativité. Néanmoins, cer-taines actions liées à l’activité notamment le volet conseil et certaines productions sont effectuées en externe en collabora-tion avec des agences de communication.

Y a-t-il une prise de conscience que lorsque l’on dépense de l’argent, lors de ces campagnes, on peut engranger des bénéfices ?

Il est plus judicieux de voir ce budget comme étant un investissement plutôt que des dépenses. Afin de rester au plus près des clients, il faut bien les informer de nos nouveautés et des services que nous améliorons sans cesse. Nous devons, impérativement, évoluer avec notre temps et notre environnement, améliorer et réa-dapter notre stratégie de communication et de marketing, et suivre, ainsi, les ten-dances du marché et répondre aux be-soins de notre clientèle.

Y.S.

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Nicolas Chatelain, membre du senior management de PartnerRe« En Algérie, il est difficile d’avoir une vision à moyen terme »

Revue de L'ASSURANCE : Donnez-nous une idée sur l’envergure de la compagnie que vous représentez...M. Nicolas Chatelain : Partner Réassu-rance est implantée dans le monde entier et travaille sur toutes les lignes de busi-ness. Nous sommes le troisième acteur dans le marché mondial de la réassurance agricole et nous activons seulement dans l’activité de réassurance de la production agricole avec un chiffre d’affaire d’environ 600 millions de dollars. Nous couvrons les récoltes, les bétails, les serres et l’aqua-culture. Il a été question, à plusieurs reprises lors du séminaire sur l’assurance agricole, de l’implication de l’Etat. Selon vous, quel est, dans l’absolu, le niveau idoine de cette implication dans la subvention de la prime d’assurance ?Le pourcentage de subvention doit être différent en fonction de la zone et de la politique que l’Etat veut mener. Si l’Etat souhaite fixer les populations dans les ré-gions arides, comme c’est le cas au Ma-roc, il devra concentrer ses subventions dans ces régions-là. Cependant, le fait d’avoir des subventions trop importantes amène les agriculteurs à jouer contre le système et, à mon avis, il ne faut pas aller au-dessus de 80 à 85% de subventions, car, au-delà, l’on obtient une dérive fai-sant en sorte que l’agriculteur ne se sent plus très responsabilisé. Encore faut-il avoir l’éducation de l’assurance et, en Al-gérie, il est difficile d’avoir une vision à moyen terme permettant de payer son

assurance dans l’optique de viabiliser son activité. L’intérêt pour les gouvernements est que cette subvention soit un outil per-mettant de lancer des assurances sur le marché. Il faut faire un travail de sensibili-sation et faire en sorte que l’agriculteur travaille de la meilleure façon qui soit. Au moment de l’expertise sinistre, il faut ex-pliquer à l’agriculteur ce qu’il aurait dû faire pour éviter le sinistre.

Quelle serait la structuration commer-ciale idoine pour intéresser l’agricul-teur? Je pense que l’Algérie possède un su-perbe moyen qui est la Caisse nationale de mutualité agricole qui a des racines agricoles et mutualistes et qui possède un réseau de terrain qui est exceptionnel et il faut l’utiliser. Mais il faut, en parallèle, sen-sibiliser les agents publics : j’entends, par là, les réseaux du ministère de l’Agricul-ture et il faut une convergence d’informa-tion entre les organismes, sans oublier les filières, les coopératives, etc.

Comment intéresser les assureurs pri-vés dans le produit de l’assurance agri-cole ?

Il faut lui offrir des possibilités de profit à moyen terme, et, pour cela, il faut pouvoir mettre en place une mutualisation, autre-ment dit l’accompagnement de l’Etat à la prime. Il faut également lui donner une vi-sibilité à moyen terme sur la politique de l’Etat et, donc, un plan de développement

et de financement sur plusieurs années. Il faut, aussi, des conditions d’assurance où tout ce qui est assuré est quantifiable.

Quelles sont les clés du succès de l’as-surance agricole ?

La continuité dans un soutien politique vi-sible et perceptible au sein de la réassu-rance, car elle est un élément clé de la mutualisation internationale. Il ne faut pas qu’il y ait des aides ex-post car cela donne des situations où il y aurait des agricul-teurs qui perçoivent une prime, car ils se sont assurés, et des agriculteurs qui n’ont pas contracté d’assurance et qui sont in-demnisés. C’est, là, une pratique qu’il faut absolument bannir. A ce titre, la loi de Fi-nances doit être cohérente dans les aides qu’elle propose. La centralisation et la transparence des données statistiques est aussi nécessaire car cela permet aux agri-culteurs d’avoir confiance en ces orga-nismes. Et, enfin, la concertation régulière entre agriculteurs, acteurs de l’assurance et les institutionnels est indispensable.

H.L.

Entretien réalisé par Hayat Laribi

M. Nicolas Chatelain a participé au séminaire international sur l’assurance agricole, organisé à Alger par la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), sous le thème « Outils de gestion des risques agricoles ». Ce membre du senior management au sein de la compagnie PartnerRe occupe le poste de souscripteur sénior agriculture et il est responsable des zones Afrique, Asie et une partie de l’Europe de l’Ouest. Il répond à nos questions sur la problématique du séminaire et spécialement la réassurance.

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Développées par des Algériens

Solutions mathématiques pour des problèmes complexes de systèmes dynamiques de risques de diffusionLes mathématiques sont la base de toutes les sciences telles que la physique, la chimie, la médecine, les sciences sociales et économiques, l’aéronautique, l’informatique, etc. Algèbre, géométrie, didactique, probabilités et statistiques, actuariat… C’est cette vaste pléiade des mathématiques qui permet de fournir des données, à un degré de fiabilité très élevé, et de modéliser des situations et des phénomènes réels. Depuis plusieurs millénaires, cette science a marqué son existence à travers l’histoire et a connu une évolution considérable dans le monde entier ; et l’Algérie n’est pas restée en marge de cette dynamique.

A ce propos, et parmi les domaines les plus développés en Algé-

rie, il y a celui des processus de diffusion. Un processus de diffusion représente un système dynamique continu dans le temps, qui évolue dans un environnement in-certain et hasardeux. La re-cherche scientifique et le développement technolo-gique de l’outil numérique, s’intéressent à l’identifica-tion des systèmes dyna-miques réels, de caractéris-tiques diffusives, contenant plusieurs composants qui se comportent, tous au même temps, mais d’une façon liée; c’est-à-dire qu’il s’agit d’étudier et contrôler un phénomène qui se comporte de façon aléatoire, par exemple la dynamique d’un système de robot utilisé dans la recherche-sauve-

tage, pendant les tremble-ments de terre, ce qui simule le comportement aléatoire et erratique d’un rat.

Ce domaine de recherche qui a commencé de façon théorique a été appliqué, en pratique, à travers l’utilisa-tion de l’ordinateur. Ce pas-sage à l’aspect numérique, à l’aide des lois et des for-mules statistiques, a apporté un plus considérable à l’avancement dans ce do-maine de recherche.

L’identification du comporte-ment du robot, via la modéli-sation mathématique, et l’implémentation ordinateur, permettent un gain de temps et d’argent, car cela permet de faire une expérimentation virtuelle par simulation pour cerner les difficultés du sys-tème de robot, avant sa

Par Hadjer Benabbas Rahmoun *

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conception physique. De même, il est possible d’éviter les risques liés à la situation réelle, ainsi que de corriger les défauts du système.

L’application de cette science ne se résume pas uniquement au domaine de la robotique, elle peut également être élargie à d’autres domaines, en dehors des robots. Parmi les pro-blèmes pouvant être résolus par ces projets de recherches, on peut citer les problèmes de la pollution des océans dont le but est de concevoir un modèle pour diriger la masse pol-luante et de l’orienter vers un point précis pour ne pas polluer l’environ-nement (K. Boukhetala [1]).

De plus, il est possible d’identifier la durée pour que la masse polluante arrive au point défini, ainsi que le risque qu’elle peut causer.

Les travaux de recherche au niveau de l’université algérienne (USTHB), conduits et dirigés par le Professeur K. Boukhetala, au sein du laboratoire de recherche « Modélisation Stochas-tique et Traitement Informatique des Données » à la faculté de mathéma-tiques, concluent à des avancées cer-taines.

C’est le cas, à titre d’illustration, du très intéressant produit dénommé « SimDiffProc » (K. Boukhetala et A. Guidoum, [2] et [3]). Il s’agit d’un pro-duit algérien publié et valorisé à l’échelle internationale depuis sa pre-mière version parue en 2011, C’est une contribution au projet R, né en 1993 à l'université d'Auckland (Nou-velle-Zélande) [4].

Le produit Sim.DiffProc et son inter-face graphique SimDiffProcGUI per-mettent d’étudier et d’analyser toute

situation aléatoire liée à n’importe quel phénomène de caractéristiques diffusives, et de mettre en place un modèle mathématique pour fournir, en sortie, un état de son comporte-ment dynamique.

Néanmoins, il nécessite des données fiables, en entrée, tirées à partir des systèmes d’informations modernes. Par voie de conséquence, le dévelop-pement de l’aspect informatique est primordial pour pouvoir atteindre les objectifs souhaités.En Australie, des experts écono-miques ont utilisé le produit « SimDiff-Proc » dans l’évaluation de deux ré-gimes économiques en alternance et même la durée de vie de chaque sys-tème (Todd Sanderson, Tim Capon and Greg Hertzler [5]).

En Espagne, des chercheurs utilisent également ce produit dans la modéli-sation simulation et analyse statis-tique de la croissance des espèces (Patricia Roman-Roman et al, [6]). En Allemagne, des scientifiques en sciences humaines, l’utilisent dans la simulation de modèles d’équations structurelles en temps continus Chales (C. Driver et al. [7]),

Ce produit est également utilisé dans la modélisation simulation des sys-tèmes dynamiques complexes du neurone biologique (Jan H. Kirchner [8]).

Aux Etats-Unis, un ouvrage de re-cherche scientifique sur l’ingénierie financière est publié par la maison d’édition Wiley & Son, où l’auteur uti-lise le produit Sim.DiffProc pour déve-lopper et analyser une série d’exemples de modèles modernes de finance (Bertram K.C. Chan [9]), Un ouvrage de recherche est publié en

Allemagne par K. Boukhetala et N. Khellouf : Modélisation Stochastique dans les Risques de Dégradation Structurelle Editions Universitaires Européennes [10]),

En France, F. Beninel, K. Boukhetala et J.M. Marion ont publié un ouvrage sur le Data mining et l’apprentissage statistique: Applications en marketing, banque et assurance [11]. L’ouvrage intègre des recherches faites par le produit Sim.DiffProc. En Algérie, le produit Sim.Diffproc est utilisé comme outil pédagogique et didactique dans l’enseignement et dans la recherche, dans le domaine des mathématiques financières et actuariat. Le produit Sim.DiffProc est également utilisé dans l’enseignement d’un cours d’ac-tuariat et de finance, donné par le Professeur Actuaire Evaristo Diz, de l’Université Centrale du Venezuela.

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En projetant l’expérience australienne sur le système économique algérien, il serait opportun d’utiliser ce produit; Cependant, son application demande des efforts considérables et une sé-rieuse volonté au vu de l’absence/manque de cohérence et d’intercon-nexion entre les systèmes d’informa-tions développés, ainsi qu’à la lumière des moyens humains nécessaires.

C’est ainsi qu’il serait très intéressant de publier des informations concer-nant ce produit et sur les projets de recherche y relatifs, menés par l’uni-versité algérienne. Cela permettrait aux décideurs d’être informés de la disponibilité des solutions pertinentes dont ils peuvent profiter.

D’autre part, cela peut contribuer à promouvoir ces projets de recherche et leurs donner la possibilité de béné-

ficier d’un soutient financier de la part des entreprises algériennes ou étran-gères, dans le but d’un échange d’in-térêt entre l’université et les entre-prises.Le marché des assurances, quant à lui, peut bénéficier de ce produit à plus d’un titre, notamment dans la mise en place des systèmes de tarifi-cation des produits d’assurances, des systèmes de prévision des risques, des systèmes d’étude de la rentabilité des produits, etc. Son utilisation par les sociétés d’assurances en Algérie est possible, puisqu’il y a une société d’assurance qui l’utilise déjà.

Les résultats de recherche de ces projets/produits algériens ont été pu-bliés à l’échelle internationale, notam-ment dans des revues et des ou-vrages américains, comme susmentionné.

Le produit SimDiffProc est exploité par de nombreux pays dans le monde et il a fourni des résultats très hono-rables pour ses utilisateurs. Cepen-dant, l’existence d’un tel produit est méconnue en Algérie. Cela incite à poser plusieurs questions : où se si-tue le problème empêchant l’exploita-tion d’un tel produit en Algérie ? Pour-quoi l’université algérienne n’est-elle pas suffisamment connectée avec les entreprises ?

Eclairage dans l’entretien qui suit avec le professeur Boukhetala Kamel, Directeur de recherche, Doyen de la faculté de mathématiques à l’univer-sité des sciences et de la technologie d’Alger, membre du CNA et expert consultant actuaire à l’UAR.

H.B.R. *Cadre au SP-CNA, responsable

de la structure informatique.

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Revue de L'ASSURANCE : Nous avons pris connaissance d'un de vos travaux (SimDiffproc) qui a été repris en dehors de nos frontières. En votre qualité de chercheur universitaire al-gérien, pouvez-vous le présenter à nos lecteurs ?M. Boukhetala Kamel : Ce produit est un produit algérien, réalisé dans le cadre de mes activités de recherche et d’encadrement de thèses de doctorat en « Mathématiques Financières et Ac-

tuariat ». Il est publié à l’échelle internationale pour avoir une aura qui dépasse les frontières. Nous avions commencé le développement de ce produit par une version locale, pédagogique, et quand nous avons remarqué qu’il possédait une impor-tance qui dépasse nos fron-tières, grâce à son originalité transfrontalière, nous avons pris la décision de le publier à l’échelle internationale.

Par quel moyen le produit (SimDiffProc) a-t-il été dé-veloppé? Est-il gratuit ou payant ?

L’outil utilisé, dans le déve-loppement, est le langage de

programmation statistique R qui existe en Open Source et ce, pour que nos étudiants puissent l’utiliser.Nous pensons plus au coté pédago-gique de nos étudiants, car il y a une étape de formation liée à ce domaine de recherche. Par voie de conséquence, nous essayons de le mettre à la disposi-tion de tout le monde (chercheurs, étu-diants, experts,…). Les gens s’y mettent. Peut être qu’avec cela, nous

allons attirer certains doctorants et ex-perts pour les inclure dans le projet. Cependant, cela est juste une première étape, puisque nous sommes dans le milieu académique et nous la considé-rons comme une générosité scienti-fique. Néanmoins, nous pouvons rendre ce produit payant. Le produit a déjà une licence GPL du R, ce qui protège son utilisation par le public.

Pourquoi un tel produit n’a pas été réalisé en Algérie d’autant plus qu’on dispose de la matière première (les recherches mathématiques) ? Et quelles sont, à votre avis, les lacunes existantes en Algérie empêchant la réalisation de tels produits impor-tants ?Il est réalisé en Algérie. Les outils ma-thématiques et algorithmiques sont les nôtres., En terme théorique et appliqué, j’ai soutenu moi-même deux thèses sur la théorie de la diffusion et ses applica-tions, qui remontent aux années 80 et 90 du siècle dernier, et j’ai fait soutenir des thèses de magisters et de doctorats sur ce domaine. Le produit Sim.DiffProc et son interface graphique Sim.DiffProc-GUI est une recherche développement innovante évolutive, publiée depuis la première version sortie en 2011.

Entretien réalisé Hadjer Benabbas Rahmoun

M. Boukhetala Kamel, Professeur-Directeur de recherche à l’USTHB

« Notre produit SimDiffproc est très utile pour les assurances et la finance quantitative moderne »Le Professeur Boukhetala Kamel est enseignant-chercheur au niveau de la faculté des mathématiques dont il est le doyen et directeur de recherche. Il est également membre du Conseil National des Assurances (CNA), et membre du Conseil National de la Statistique (CNS). Dans cet entretien, il évoque ses travaux de recherches, notamment le produit transfrontalier « SimDiffProc ».

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Chaque année, le produit est mis à jour une à deux fois, avec des nouvelles fonctions ajoutées à sa bibliothèque. La dernière version 3.8 intègre une ap-proche de calcul parallèle pour amélio-rer la performance des simulateurs et optimiser le temps de calcul en CPU. En ce qui concerne les lacunes, il s’agit de comprendre, au moins, l’intérêt de ces travaux de la part des utilisateurs : si c’est un expert, il doit savoir placer son besoin par rapport au produit ; si c’est un utilisateur quelconque, il faut qu’il comprenne de quoi il s’agit pour pouvoir l’adapter à la situation.

Existe-t-il des projets en cours, concernant le développement d'application de simulation et de prévision au niveau de l'université algérienne ?Peut être qu’il y a des projets, mais pas dans la même piste. Justement, il y a peu de gens qui s’intéressent à la théorie, car cette dernière n’est pas au niveau de la graduation, mais plutôt au niveau supérieur. A ma connaissance, il y a peu de gens, en Algérie, qui s’intéressent à cette théorie.Personnellement, j’ai commencé, en 1981, à travailler dans ce domaine, sous la direction d’un professeur de l’université de Grenoble (France). Ce dernier s’intéressait, dans ses recherches, à la dynamique aléatoire et à l’identification de paramètres dans un système de robot contrôlé, pour objectif d’utilisation dans les opérations de recherche sauvetage. Il était également pilote d’avion et s’intéressait, scientifiquement, à la modélisation du phénomène de turbulences extrêmes comme processus de diffusion. Une fois dedans, et une fois que nous avons avancé dans nos recherches, les résultats théoriques appliqués à la pratique étaient très intéressants.

Quel serait l'apport de ce simulateur de risques de diffusion pour l'assurance et la finance, en

particulier, et pour les autres domaines, en général ?

Notre produit s’avère être très utile pour plusieurs domaines, notamment en assurance. Nous citons, par exemple, les problèmes des produits dérivés en assurance et en bourse, la couverture du risque dynamique en réassurance, la gestion de portefeuilles dans un environnement incertain, en assurances de personnes, en assurance d’immobiliers, etc. Les applications sont diverses dans le domaine des assurances et de la finance quantitative, etc.

Une fonction de votre produit a été utilisée par des Australiens dans l'évaluation de la durée de vie de deux régimes économiques en alternance. Pouvez-vous nous en dire plus ?Dans une économie, le décideur possède toujours une barre de référence à partir de laquelle il peut dire que l’économie est rentable ou non. Ce phénomène est appelé le retour à la moyenne.Quand l’économie tourne autour de la moyenne, le décideur peut juger que le système est sur une bonne voie et qu’il se comporte d’une bonne manière. Par contre, si elle s’éloigne de la moyenne, cela veut dire que le système commence à se détacher des conditions initiales, et là, il faut prendre une décision. Donc, il faut revenir au composant pour détecter à quel niveau il ne fonctionne pas afin de réajuster le système.La question qui se pose est : quelle est la durée pour qu’un système commence à se comporter ainsi. Des experts font leurs statistiques sur une base économique, et une fois les résultats obtenus, ils informent le décideur que le système arrive à sa fin, et il doit être remplacé par un autre système dont ils peuvent proposer et identifier le coût. A ce moment là, le décideur peut prendre une décision en présence de tous les

éléments et de toutes les données nécessaires.

Des fonctions de ce produit pourraient-elles être transposées sur le marché national en général, et celui des assurances, en particulier ? Oui, mais à condition qu’il y ait disponibilité de la donnée fiable ; disponibilité des systèmes d’informations pertinents qui représentent la situation ; et, puis, il faut qu’il y’ait la culture des opérateurs pour mettre en place des systèmes et des modèles internes de tarification et élaborer des systèmes scientifiques pour évaluer la solvabilité. Donc, il faut qu’il y ait cette culture chez les opérateurs ; il faut faire l’effort pour être à la hauteur des objets mathématique qui sont, à la fois, mathématique mais qui se sont transformés en outils opérationnels ; et, aussi, le développement de l’aspect formation est indispensable. A titre d’illustration, il faut former les actuaires, des techniciens qui savent utiliser et comprendre les sorties de ce logiciel.

Quels sont les moyens nécessaires pour le développement d'un tel produit en Algérie ?L’outil est un outil scientifique, à la base de la compétence formée mathématiquement. Il faut la maîtrise de l’outil informatique pour le développement. Un soutien financier de l’environnement qui a besoin de cela est également nécessaire, car en présence d’un soutien financier, on peut toujours aller plus loin que ce qui est réalisé. Cela peut se faire via des conventions entre l’université ou les laboratoires de recherches et les entreprises, etc. Pour devenir une recherche appliquée, c’est à dire concevoir des produits qui vont être utilisés par des sociétés selon leurs besoins (tarification, prévisions, prospection,…), il y a des moyens matériels et des moyens humains à rendre disponibles afin de rendre le pro-duit plus attractif.

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Focus

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Quel plus peut apporter un tel pro-duit ou des produits similaires aux différents secteurs algériens, à cours terme et à long terme?Aujourd’hui, nous sommes dans une économie hasardeuse, si on veut appliquer les règles du marché, il est inévitable d’utiliser ces produits, car la règle numéro une est qu’il n y’ait pas d’opportunité d’arbitrage. Car quand il y a des éléments qui viennent de l’extérieur qu’on ne peut pas maîtriser et cerner, cela crée un risque et quand ce dernier est dynamique (attaché au

hasard et au temps) ça devient encore plus compliqué. Ce qu’on utilise, aujourd’hui, ce sont des produits qui étaient valables dans un système économiquement soutenu. Si on veut, donc, passer à un autre système, il y a un prix qui peut être déterminé à partir du produit. Puis, on doit actualiser notre vue au risque, car l’environnement devient de plus en plus agité (hasardeux) du point de vue financier et social. Par conséquent, on doit posséder des outils puissants pour lutter contre ces risques qui ne se comportent pas de la même façon

comme ils le faisaient avant.Si le court terme est bien fait, on vise, à long terme, la stabilité.

Le produit (SimDiffProc) offre, en sortie, une simulation des risques de diffusion pour les assurances et les finances. Quelles sont les données qu'il faut fournir à ce produit, en entrée, pour aboutir aux résultats escomptés ?Le produit nécessite en entrée des données fiables pour fournir des états de sortie statistiquement significatifs.

H.B.R.

Revue de L'ASSURANCE : Quel est le potentiel existant au sein du mar-ché algérien des assurances en ma-tière d'absorption de l'assurance Ta-kaful ? M. Benbouzid Farid Réda : Dans l’état actuel du marché algérien de l’assu-rance, il est certain que le Takaful peut constituer un apport très intéressant et ceci pour trois raisons, à savoir la taille du marché, le retard pris dans le déve-loppement de l’assurance vie et santé et une demande existante non satis-faite. Bien entendu les facteurs négatifs multiples qui freinent les progrès en matière de taux de pénétration s’appli-queront au Takaful, sauf si l’émergence

de nouveaux acteurs se réalise dans un cadre institutionnel et une gouvernance éthique optimale. Il faut rappeler, ici, que notre marché reste très en deçà des résultats internationaux de 57 mar-chés émergents observés (SIGMA : l’assurance dans le monde en 2016) à la 53ème place, aussi bien en termes de primes que de pénétration globale. Il faut ajouter à cela que 3 des 4 derniers marchés de cette analyse ont tous des volumes de primes en assurance vie supérieurs à ceux du marché algérien malgré une différence significative de revenu. Tout ceci donne une première idée du potentiel de l’ouverture straté-gique et structurée aux activités à ca-

Entretien réalisé par Nassima Touahri

M. Farid Réda Benbouzid

« Le Takaful peut constituer un apport très intéressant »M. Farid Réda Benbouzid a, entre autres, occupé les postes de cadre au ministère des Finances et de PDG de la BNA. Il est, aussi, ancien vice-gouverneur de la Banque d’Algérie et fondateur de BestRe à Tunis et de Salama Assurance en Algérie et président du conseil d’administration de l’IFID. Il a participé au dernier séminaire en date de la CCR, sur les risques simples, au cours duquel il a présenté une communication sur le Takaful. Nous avons prolongé le débat avec lui à ce sujet, dans l’entretien qui suit.

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Focus

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ractère mutualiste incarnée dans le concept même du Takaful.

Jusque-là, la finance islamique a très peu évolué en termes de parts de marché, qu'est-ce qui pourrait laisser croire que ce soit différent pour l'assurance Takaful issue du système financier islamique ? Effectivement, la finance islamique reste très peu développée dans notre pays, mais ceci ne devrait pas avoir d’influence directe sur les avancées possibles dans le Takaful, dès lors que le cadre approprié sera mis en place. Le concept large de finance islamique couvre trois domaines très distincts : les activités bancaires, le marché financier et les opérations d’assurance qui sont indépendants les uns des autres en termes de développement, mais sont complémentaires lorsqu’ils coexistent. Pour ce qui concerne le Takaful, sa proximité des banques islamiques ouvre un grand potentiel de communauté de clientèle, de bancassurance et de coopération dans les domaines relevant de la gestion des risques et de la gestion financière.L’existence, dans le futur, d’un marché financier islamique (émission de Sukuk, gestion d’actifs, marché secondaire ...) constituera sans aucun doute un support positif au développement du Takaful, mais elle n’en est pas une condition préalable.

A la lumière de l'évolution qu’a connue l’assurance Takaful à travers le monde, quel serait pour l’Algérie le modèle d’affaire ayant fait ses preuves dans d’autres pays et capable de s’adapter à l’écosystème algérien ?Comme j’ai tenté de l’exposer, les expériences d’implantation des activités de Takaful, dans de nombreux pays musulmans, sont très diverses, mais il faut en tirer les enseignements les plus pertinents à trois niveaux : celui du cadre institutionnel, celui du business

modèle des sociétés de Takaful et celui du rôle économique dynamique du régulateur. Ce qui me parait adapté à notre marché serait un modèle proche de la démarche d’un pays, comme la Malaisie, à partir d’une approche institutionnelle de type mutualiste non mercantile, supportée par une forte incitation en direction des assurances de personnes au sens strict (Vie et Santé) ; l’assurance dommages de particuliers et des ménages restant le produit de base porté par des obligations légales.

Quelles seraient les cibles privilégiées dans le marché algérien (bas salaires, agriculteurs, etc.) ? Les cibles de populations assurables restent les mêmes que celles de compagnies conventionnelles avec deux différences majeures comme les expériences, au plan international, le montrent. D’une part, le Takaful reste, de façon très nette, un assureur des particuliers en vie et en dommages et d’autre part, les fondements de la demande comportent un facteur éthique religieux incontournable. A ce titre, il faut noter que la sensibilité des populations assurables au facteur religieux est nettement plus importante dans le domaine de l’assurance vie que dans celui de l’assurance dommages. Ceci donne une idée du réel potentiel du Takaful.

Est-ce que le micro-takaful peut être une option pour lancer ce produit d’assurance ?L’offre éventuelle de produits de micro-takaful ne sera qu’un complément d’une émergence de produits de Takaful classiques. Toutefois, et compte tenu de sa spécificité (coûts de distribution, niveaux de revenu et de demande solvable), le micro-takaful ne se développera que comme un complément des activités de micro-finance islamique lorsqu’elles existeront.

Les compagnies conventionnelles peuvent apporter leur support en développant, elles-mêmes, des produits de micro-assurance.

Est-ce que le contexte financier tendu qui prévaut actuellement en Algérie est propice à l'émergence et la réussite de ce type de produit ?Avant de poser ce problème, il faut clarifier deux préalables. D’abord, celui du principe économique et financier de la gestion des opérations d’assurances, d’une part, et celui de l’absence d’un marché financier, d’autre part. Pour le premier point, deux idées à retenir : la première concerne la structuration des opérations d’assurances de personnes dans notre système. Si le concept global d’assurance de personnes peut être accepté au plan économique, il doit être clairement séparé au plan financier entre assurance vie totalement liée aux produits financiers et assurances indemnitaires liées aux personnes pour lesquels les produits financiers ne sont qu’un complément. En effet, les assurances dommages et de personnes à caractère indemnitaire bénéficient des produits financiers de manière limitée lorsque les processus d’indemnisation sont respectés. Les assurances vie, elles, intègrent dans leur gestion les produits financiers dans le court et le long terme, ce qui les rend fortement dépendantes de l’accès à des emplois de leurs ressources fournies par un marché financier dynamique. Donc, pas de marché financier et pas d’emplois au-dessus du taux d’inflation, pas de viabilité de l’assurance vie, au sens large : ni conventionnelle ni Takaful. C’est, donc, au régulateur d’innover et de trouver dans une période transitoire les instruments financiers substituant cette absence y compris pour les titres publics de contrôle de la solvabilité à long terme des compagnies d’assurance quelle que soit leur forme.

H.B.R.

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Publi-Reportage

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Revue de L'ASSURANCE : La Banque de développement local va lancer des produits participatifs d’épargne de placement et de financement dits alternatifs. Qu’en est-il ?

Mlle Zinet Houria : En effet, ces produits sont mis en place pour capter l’argent circulant dans la sphère informelle, collec-ter l’épargne domestique des ménages et de bancariser une frange de la population restée en marge du système bancaire pour de multiples raisons. Ces produits participatifs serviront à financer la diversification de l’économie en les destinant aux particuliers et aux entreprises à l’effet de promouvoir le produit local.La BDL n’en est pas à son premier essai, car elle a déjà lancé en mai 2016 un produit alternatif consistant en un livret d’épargne à taux d’intérêt nul dénommé «El Badil», et en février 2017, on a compté pas moins de 5 737 comptes ouverts générant un montant de prés de 6 milliards de dinars.Les produits participatifs à commercialiser par la BDL seront conformes aux règles de la Chariaâ et seront mis à la disposition du public au niveau des guichets spéciaux dénommés « fenêtres participatives ».La BDL considère que sa taille et son potentiel technique et humain, ainsi qu’une distribution dense et homogène de son réseau d’exploitation (153 agences sur l’ensemble du territoire national) sont autant d’atouts avantageux qui permettent d’assurer une proximité avec un marché qu’elle anticipe d’être en expansion significative dans un futur proche.Dans une première phase, la BDL prévoit de spécialiser des guichets «fenêtre participative» au niveau de ses agences pour la commercialisation des produits participatifs qui sont considérés comme un portefeuille d’activités supplémentaires, Il est également question d’inaugurer des agences qui seront exclusivement dédiées aux produits participatifs.

Mlle ZINET Houria, Chargée de la Fenêtre Islamique

La BDL était présente à la 5ème édition du Forum de la Finance Islamique, tenue le 28 février 2017 à l'Hotel El Aurassi, Alger, sous le thème « La Finance alternative, pour une mobilisation de l’épargne nationale et le financement des investissements en Algérie ».

La Banque de Développement Local (BDL) Commercialisera des produits participatifs

RsE

ANEP - 531635

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Publi-Reportage

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Pouvez-vous énumérer ces produits participatifs en donnant plus de détails ?

La BDL a opté dans un premier temps pour deux produits de dépôts et deux produits de financement. Les produits de dépôts consistent en un livret d’épargne et des comptes d’investissement.Le premier produit est un compte à vue destiné aux particuliers rémunérés à travers la technique de Moudharaba avec le partage des résultats entre le déposant en tant que bailleur de fonds (Arbab El Mal) et la banque en tant que gestionnaire (Moudhareb) selon des proportions connues à l’avance.Le second produit est un compte d’investissement, soit un compte à terme (dépôts à terme) destiné aux particuliers intéressés par un investissement de capitaux. Le client bénéficie de l’expertise de la banque qu’il autorise à investir au mieux ses fonds dans des projets rentables par un contrat de Moudharaba.Quant aux produits de financement, ils se présentent sous plusieurs formes : la Mourabaha (vente à terme) est une opération d’achat et de revente sur ordre du client avec déclaration du prix d’acquisition ainsi que la marge bénéficiaire. Cette technique est destinée au financement des investissements mobiliers (produits de consommation, véhicules touristiques, équipements de production, équipements médicaux).L’Ijara est un contrat de financement à moyen terme par lequel la BDL achète des biens immobiliers et des équipements puis en transfère l’usufruit au client pour une période durant laquelle elle conserve le titre de propriété de ces biens.La BDL compte proposer les produits IJARA immobiliers, IJARA équipements médicaux et IJARA équipements.

Quelles seraient les avantages de la finance alternative pour le client de la BDL et l’économie algérienne ?

Le premier avantage pour la BDL est la diversification des services et produits offerts, à travers le lancement des produits participatifs, afin de satisfaire les besoins et les attentes de la population algérienne non bancarisés. Donc, le grand challenge de la BDL sera de convaincre la population ciblée pour se rapprocher des guichets islamiques.Le deuxième avantage de la finance alternative est l’augmentation du taux de bancarisation de la population et la progression de l’inclusion financière.Les produits participatifs contribueront à améliorer l’offre des produits financiers en Algérie, pour répondre à un besoin s’exprimant de façon de plus en plus explicite chez une large frange de la population algérienne, ainsi que chez des opérateurs économiques privés activant notamment dans la sphère des services et du commerce. Il serait d’ailleurs souhaitable que des facilitations réglementaires accompagnent l’apparition de ces nouveaux produits sur le marché algérien, afin que les objectifs recherchés en matière d’inclusion financière et de bancarisation de l’argent informel puissent être atteints avec efficacité. Mais avant de proposer ces produits, la BDL doit maîtriser les concepts et les techniques employés par la finance participative, qu’en est-il à ce propos ?Afin de maîtriser les concepts et techniques employés par la finance participative, la BDL a déjà initié un plan de formation de ses cadres dès le mois de Février 2016. La formation porte sur tous les aspects de ce financement alternatif, ses notions fondamentales jusqu’aux détails les plus techniques des règles de la « Charia ».Etalée sur une année, de Février 2016 à Mars 2017, cette formation a été assurée par des formateurs expérimentés et spécialisés dans la finance islamique. La BDL a prévu un important plan de formation à destination

de l'ensemble des collaborateurs en charge des produits participatifs.Une première partie de ce plan a déjà été exécutée courant novembre, avec près de 300 collaborateurs qui ont suivi une formation intensive décline en 2 étapes : ►Une formation en présentiel de deux journées.►Suivie d'une formation digitale étalée sur 30 jours.A l'issue de ces formations, les collaborateurs doivent acquérir les connaissances pour être opérationnel tant sur la vente en front office que sur le traitement en middle et back office pour les produits participatifs.Remise des diplômes lors d’une Cérémonie de Sortie en faveur de la première promotion

spécialisée dans la finance islamique, le 29 Mars 2017, de gauche à droite : OUTROUNE Elhamid, DJOUATI Sami, HAMISI Amina, ZINET Houria et HAFED Abdelhakim.

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Conjoncture

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La Sinistralité automobile pèse lourdement sur le marché national

Et pourtant, l’assurance automobile demeure la branche la plus dominante dans le marché des assurances de dommages avec un chiffre d’affaires de 66 202 millions

de DA et une part dépassant les 55%. Ceci résulte du fait de l’obligation d’assurance pesant sur les propriétaires de véhi-cules, qui doivent contracter, selon les dispositions de l’ordon-nance 74-15, une assurance responsabilité civile (RC) qui couvre les dégâts corporels et matériels causés à des tiers. Toutefois, la production de cette garantie ne représente que 19,4% de l’ensemble de la production de la branche « automo-bile ». En termes d’indemnisations, le montant des sinistres réglés s’élève à 47 122 millions de DA, en hausse de 6,2% par rapport à 2014, soit 70% du total des réalisations de l’assu-rance automobile dont 75,2% versés en dommages matériels et 24,8% en dommages corporels. Par ailleurs, la garantie RC détient 35,3% du total des règlements de la branche. Quant aux sinistres à payer, ils atteignent 34 662 millions DA, en diminution de 1,3% relativement à 2014, ce qui représente 53,1% des primes émises de la branche.

Ce montant concerne à 59,1% les dommages matériels.Ces quelques données ne font que confirmer le lourd poids des accidents de la route sur le marché des assurances. Les chiffres sont alarmants et font ressortir d’importantes conséquences finan-cières.Cette situation a évidemment des répercussions négatives sur les sociétés d’assurances au vu de l’évolution exponentielle des acci-dents de la route qui ne font qu’accroitre le niveau des rembourse-ments. En effet, à l’analyse des données chiffrées, il ressort de que pour 100 DA encaissés, l’assureur débourse près de 70 DA en in-demnisations et plus de 50 DA de charges de gestion, un constat qui résume parfaitement la tendance déficitaire ou, à tout le moins, non-bénéficiaire, de la branche automobile.Cet état de fait pose avec acuité la nécessité de mettre en œuvre des mesures et solutions à même de permettre une diminution des accidents de la circulation ou, du moins, juguler leurs évolutions et répercussions qui, ces dernières années, ont accentué les statis-tiques macabres. Un début est perceptible en ce sens avec la pro-mulgation de la nouvelle Loi sur la sécurité routière, la création projetée d’une Délégation en charge de la sécurité routière et la

mise en place annon-cée - entre autres mesures - du permis à points. Cependant, et bien que le nombre des accidents de la route soit en baisse, ces deux dernières années, la sinistralité pèse toujours lourde-ment sur le marché national des assu-rances.

N.B. *Cadre au SP/CNA

En 2015, les sinistres réglés représentaient 70% des réalisations de la branche

En 2015, et contrairement aux exercices antérieurs, le parc automobile a été marqué par un faible taux de croissance (4% contre 5,9% en 2014), et ce en raison du repli, en nombre et en montant, des importations de véhicules (le nombre de véhicules importés est passé d’environ 440 000 en 2014 à près de 300 000 en 2015).

Par Nawale Bouikni *

Sinistralité de la branche "automobile"- Année 2015

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