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Revue de Presse "Acquanera", Valentina d'Urbano, Editions Philippe Rey

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Revue de Presse "Acquanera", Valentina d'Urbano, Editions Philippe Rey

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Littérature étrangère

EN LIBRAIRIELE 5 févRIER 2015ISBN : 978-2-84876-442-914,5 x 22 cm, 352 pages, 20 €

Valentina D’Urbano

Acquaneraroman traduit de l’italien par Nathalie Bauer

Après dix ans d’absence, Fortuna retourne à Roccachiara, le village de son enfance perché dans les montagnes du Nord de l’Italie, qu’elle croyait avoir définitivement abandonné. La découverte d’un squelette qui pourrait être celui de sa meilleure amie, Luce, lui a fait reprendre le chemin de la maison. C’est l’occasion pour la jeune femme de revenir sur son histoire, de régler ses comptes avec le passé et en particulier avec sa mère, la sauvage Onda dont elle n’a jamais été aimée.

Ainsi débute ce récit sur quatre générations : quatre générations de femmes – Clara, Elsa, Onda et Fortuna – qui ont vécu en autarcie année après année, privées d’hommes, marquées comme au fer rouge par d’étranges dons qui les ont placées en marge de leur communauté. Au terme de cette plongée aux origines, Fortuna pourra-t-elle s’engager sur le chemin de la recons-truction et de la réconciliation ?

Acquanera aborde avec force et sensibilité les thèmes des relations maternelles et filiales, de la transmission, de la mort, de la différence et de l’amitié. Avec ce deuxième roman symbolique et poétique, Valentina D’Urbano confirme son singulier talent.

Suivez-nous sur :Facebook: Éditions Philippe ReyTwitter : @EdPhilippeReywww.philippe-rey.fr

Librairie :Benoit Arnould01 40 20 03 [email protected]

Presse : Agence Anne&ArnaudAnne Vaudoyer06 63 04 00 [email protected]

« Un roman fascinant et d’une grande force. » Il Piccolo

« Difficile de lâcher Acquanera. » L’Arena

« Une histoire très bien écrite et captivante. » Lombardia oggi

« L’aisance narrative de l’auteure et l’intrigue riche en surprises font d’Acquanera un roman intriguant et audacieux, qui navigue continuellement entre ombre et lumière. » Gazzetta di Parma

« Il faut une imagination de mythographe et une pointe d’effronterie, pour imagi-ner une fable sombre comme celle de Valentina D’Urbano. » Tutto libri - La Stampa

« Si vous faites parties des lecteurs qui ont aimé La maison aux esprits d’Isabel Allende, vous n’hésiterez pas un instant à suivre Fortuna. » Marie Claire (Italie)

Illustratrice pour la jeunesse, Valentina d’Urbano, est née en 1985 dans une banlieue de Rome dont elle a fait le décor de son premier roman, Le bruit de tes pas (Philippe Rey, 2013), vainqueur du concours « Io scrittore » en Italie. Acquanera est son deuxième roman.

Au sujet du Bruit de tes pas :« Valentina D’Urbano frappe un grand coup, en évoquant avec réalisme des personnages désespérés face à la “prise de conscience de l’inéluctable”. »Le Monde des Livres« Un style d’une limpidité exemplaire. »Le Nouvel Observateur« Une des pépites de la rentrée littéraire. »L’Express/L’Impartial

Anaïs Hervé06 13 66 06 [email protected]

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ROMAN L’Italienne Valentina D’Urbano revient avec «Acquanera», un deuxième livre plein de suspense.

Une plongée noire dans les tourbillons d’une eau pleine de sortilègesPHILIPPE VILLARD

«Acquanera» est un roman sombre, imbibé d’eaux profon-des et fascinantes, jonché de ca-davres pas vraiment exquis, semé de sortilèges, empreint de mystères et nimbé d’un charme vénéneux.

Il met aux prises quatre géné-rations de femmes redoutables et redoutées. Quatre femmes puissantes unies par des liens d’amour ou des fils maléfiques. Telles des poupées russes, Clara, Elsa, Onda et Fortuna représen-tent chacune une génération. Elles connaissent les plantes qui poussent dans leurs montagnes sauvages, aux confins de l’Italie et de l’Autriche. Elles savent les transformer en tisanes, décoc-tions, onguents et autres remè-des. Elles se transmettent leurs secrets. Des dons médiumni-ques qui, par le bouche à oreille, contribuent à en faire les recluses du village isolé où elles vivent.

On leur prête sale réputation, mais chacun s’est vu, un jour, contraint de recourir à leurs ta-lents plus ou moins occultes pour tenter de surmonter des failles intimes.

Très long conte Pour raconter cette histoire

qui cascade sur les rochers du temps, Valentina D’Urbano donne à son récit le débit d’un ruisseau de montagne. L’histoire connaît des emportements sou-dains, semble stagner dans des mares dont la surface pourrait inciter à la contemplation alors que d’étranges siphons agitent la profondeur. Puis l’emballement reprend, puis le flux musarde parfois, serpente aussi pour con-tourner ces petits obstacles nar-ratifs qui éloignent parfois le lec-teur de berges instables, mais sans qu’il ne perde jamais le cours d’un récit captivant.

Comme dans son premier li-vre, Valentina D’Urbano dis-

tille son histoire dans un style simple, direct, dépouillé. Sec pourrait-on dire malgré tout… Et plutôt qu’un roman, il donne à ce développement le ton palpitant et mystérieux d’une sorte de très long conte, car le récit laisse une grande place à la magie.

L’au-delà, les esprits, les fantô-mes du passé occupent le moin-

dre espace qui s’ouvre entre les lignes, et les personnages les plus importants du récit ne sont pas forcément les plus visibles. Mais «Acquanera» n’est pas un traité de sorcellerie ni même un manuel d’herboristerie. Son dé-nouement surprenant, inatten-du, tend à la faire basculer aussi bien dans l’explication familiale que dans le roman policier.

Entre un enfant perdu en fo-rêt, une femme noyée ou un cadavre à préparer pour un enterrement, ce livre parle aussi, dans la profondeur de ses eaux noires, de l’amitié et de la différence. Telles celles qui rapprochent deux isolées. Luce, la fille du croque-mort, et Fortuna, la fille de la sor-cière des bois. Il parle aussi de ces rapports mère-fille qui tournent au vinaigre. Il parle des origines que l’on recher-che immanquablement et des secrets qui hantent chacun. Enfin ce livre matriarcal can-tonne les hommes, réduits à des rôles mineurs, à des appa-ritions fugaces, aux lisières de cette histoire de femmes, fa-rouche et belle.

NOUVELLE GÉNÉRATION Valentina D’Urbano avait été remar-quée et saluée par la critique pour son premier roman «Le bruit de tes pas». Il s’agissait d’un récit centré sur le couple fusionnel formé par «les ju-

meaux» Béatrice et Alfredo, enfants d’une cité déshéritée de Rome. Avec son cadre villageois et montagnard comme par l’omniprésence des per-sonnages féminins, «Acquanera» ap-paraît comme une sorte de contre-chant à ce premier ouvrage urbain et tout aussi noir. Ce livre a également été publié chez Philippe Rey dans la version française. Valentina D’Urbano se révèle, avec Silvia Avallone, comme une autre représentante de cette nouvelle génération d’auteures italiennes.

SP

Lire: «Acquanera», par Valentina D’Urbano, Editions Philippe Rey, 348 pages

INFO+

LE MAG LECTUREMARDI 3 FÉVRIER 2015 14

BD EN STOCK Maudite familleDans la grande tradition des romans de cape, d’épée, de goupillon et d’alcôve, la flamboyante saga «Le Scorpion» s’im-pose en tant que série phare. Dans une Rome théâtre de complots et de luttes pour le pouvoir, Armando, un brave à l’épaule tatouée d’un scorpion, est un héros fougueux dont la lame virevolte sans rompre et qui fait voler sa cape sur les toits de la ville. Alors qu’il découvre qui est son père, l’horrible Orazio Trebaldi qui avait violé sa mère, ce dernier vient d’être assassi-né. Contre son gré, le Scorpion est donc devenu membre de cette famille mau-dite qu’il déteste, car elle impose son pouvoir par des moyens criminels en s’appuyant même sur l’Eglise. De sur-croît, il est à son tour traqué par le mys-térieux tueur d’Orazio, lequel a décidé d’assassiner tous les Trebaldi pour d’obscures raisons liées à la préserva-tion d’un secret. Cavalcades, duels, meurtres et coups fourrés ponctuent ce récit au cours du-quel Armando trouve quand même le temps de batifoler avec une superbe rousse, fille d’une famille ennemie. Un captivant roman, sublimé par le dessin aquarellé et élégant du dessinateur ita-lo-suisse Marini. FGE

«Le Scorpion - La neuvième famille», Desberg et Marini. Ed. Dargaud.

A son réveil, Mozart se sent mieux – chose étonnante, car la veille il était sur le point de mourir. Encore plus étonnant, il ne recon-naît absolument pas le lieu dans le-quel il se trouve, ni les personnes qui l’entourent… Il va tout d’abord supposer qu’il est au purgatoire, que ce monde totalement étranger est un lieu de transition avant son entrée au paradis. En vérité, il n’est pas question d’un voyage cosmi-que: Mozart se trouve, en chair et en os, dans la Vienne du XXIe siè-cle, soit deux cents ans après l’avoir quittée sur son lit de mort! Quand

il se présente sous son vrai nom, on le prend naturellement pour un dément. Sans argent et sans travail, il va devoir repartir de zéro… Heureusement pour lui, on joue toujours de la musique au XXIe siècle: il va donc pouvoir s’en tirer et continuer à composer pour gagner sa vie. Le seul pro-blème est qu’il n’est pas facile de se faire éditer quand on n’est «personne», aussi doué que l’on puisse être! Un premier roman plein d’humour, qui plaira aussi bien aux connaisseurs qu’aux pro-fanes. ANTOINE RUTTI

LES MEILLEURES VENTES Houellebecq en pole position 1. «Soumission» Michel Houellebeq 2. «Changer d’altitude - Quelques solutions pour mieux vivre sa vie» Bertriand Piccard 3. «Juliette dans son bain» Metin Arditi 4. «L’espion de la Gruyère - Les enquêtes de Maëlys» Tome 6 Christine Pompeï 5. «Vernon Subutex» Tome 1 Virginie Despentes

6. «Berezina. En side-car avec Napoléon» Sylvain Tesson 7. «Faiseurs de secrets et dons de guérison: comment ça marche?» Fabienne Derivaz, Françoise Clerc 8. «Danser les ombres» Laurent Gaudé 9. «Deux veuves pour un testament» Donna Leon 10. «Skald. Les mondes de Thorgal. Louve.» Tome 5 Roman Surzhenko

POUR LES PETITS

Cette version revisitée du «Petit Pou-cet» de Perrault a la saveur des îles. Le petit Quatavoume, aussi rusé que son illustre prédécesseur, jouera les tours les plus pendables au terrible Compère Diable pour sauver ses frè-res. Une histoire où les illustrations passant du sombre de la forêt aux couleurs vives soulignent la rythmi-que musicale du récit. DC

«Bonnets rouges et bonnets blancs» Praline Gay-Para, Rémi Saillard, Didier Jeunesse, 2014, 26 p., Fr. 25.70

LES COUPS DE CŒUR PAYOT

ROMAN

Mozart 2.0 «Monsieur Mozart se réveille» Eva Baronsky, Piranha, 2015, 279 pages, Fr. 27.70

Qui n’a jamais rêvé de visiter la Grosse Pomme, de se promener dans Central Park ou de monter au sommet de l’Empire State Buil ding?

Ce petit roman casse pourtant l’image polie et reluisante de la plus grande ville des Etats-Unis. De brefs morceaux de vie quoti-dienne nous font découvrir l’en-vers de son décor, les quartiers non explorés, inconnus des touristes et peuplés de commerces atypiques cachés au coin des rues, ou les lon-gues balades dans des rues bordées d’arbres, loin de l’animation du

centre-ville. Cette représentation brute et émouvante rend la ville plus naturelle. Elle nous donne en-vie de découvrir les détails secrets, de se perdre dans les ruelles plei-nes de surprises. L’auteure, Emma-nuelle Guattari, nous offre une vi-sion peu habituelle de Manhattan au travers de fragments de vie ; elle nous emmène visiter la ville à la fa-çon d’une promenade, le nez en l’air, absorbé par chaque élément inattendu, étonnant.

Un regard posé et attentif, une histoire à apprécier...

ESTELLE MONNAT

VOYAGE

New York, New York «New York, petite Pologne» Emmanuelle Guattari, Mercure de France, 2015, 88 pages, Fr. 16.60

Parmi les quelques coffrets cui-sine proposés aux alentours de Noël, il y en a un qui a attiré mon attention: celui concernant les boissons et soupes «détox», mot magique au sortir des excès des Fêtes. En effet, cette petite boîte discrète contient non seulement un livret de recettes, mais surtout un grand mug isotherme très joli et muni d’un bouchon herméti-que vous permettant de transpor-ter vos compositions chaudes partout: au bureau, en balade, et même lors d’activités sportives (si l’idée saugrenue de sortir par

ce temps vous prenait). Dans le petit livre, vous trouverez surtout des recettes de soupes, idéales pour le pique-nique de midi au bureau, mais aussi quelques idées de boissons – pour vos balades sous la neige! Des idées on ne peut plus originales, puisque vous découvrirez de vos yeux ébahis comment faire un thé noir, avec tous les précieux dé-tails techniques… Blague mise à part, ce coffret vous permettra de prendre soin de vous et de vous dépanner en cas de fringale in-opinée! RACHEL GAUME

CUISINE

Life is an attitude «Boissons et soupes détox» [coffret + mug isotherme], Collectif, I2C, 2014, 54 pages, Fr. 38.10

Petit Poucet guadeloupéen

« Chacun porte ses deuils cloués sur soi.» VALENTINA D’URBANO «ACQUANERA»

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LA LIBERTÉSAMEDI 7 FÉVRIER 2015

31LIVRES

Dans les béances de l’HistoireKatja Petrowskaja. Dans un travail de mémoire émouvant, la journaliste berlinoisereconstitue son arbre généalogique. Sur les traces d’un passé incendié par la Shoah.

ALAIN FAVARGER

Un immeuble neuf de quatorze étages,sur la rive gauche du Dniepr. Un luxe debriques, comparé aux blocs de béton,dans le style des casernes soviétiques,dominant le quartier alentour surgiaprès la Seconde Guerre mondiale.L’ensemble donnant l’impression de ne«pas avoir de passé, juste un avenir bienpropre». C’est là qu’a grandi la jeuneKatja Petrowskaja, jouant à la balle ou àl’élastique dans l’arrière-cour. Obser-vant aussi, intriguée, quelques voisins:un médecin et sa femme, toujours ai-mables, élégants, accompagnés de leurfille handicapée «que nous ne savionspas comment appeler», car «nousn’avions aucune idée de la trisomie 21».

D’autres voisins interpellent Katja,éveillent sa curiosité. Comme Boris, unhomme bavard, toujours gai et servia-ble. Elle apprend qu’il a été le seul en1941 à sortir de la fosse communed’une bourgade juive, dont tous les ha-bitants ont été exterminés par les Alle-mands. Insensiblement l’intérêt suscitépar les autres se reporte sur le propreentourage de la jeune fille qui découvreque, dans le fond, elle ne sait pas grand-chose du parcours des siens. C’est au-tour du vide des conversations ou dumanque ressenti à la table familiale queva naître en Katja le désir d’en savoirplus sur sa propre histoire. Un long tra-vail de patience qui aboutira à l’écriturede ce livre étonnant, Peut-être Esther,qui nous arrive aujourd’hui. Reconsti-tution méticuleuse du destin d’une fa-mille d’origine juive de l’ancienne Mit-teleuropa disparue, emportée dans lessoubresauts de l’histoire du XXe siècle.

Pièce par pièce, fragment par frag-ment, Katja Petrowskaja reconstitue lepuzzle. Manière de se réapproprier unpassé familial largement méconnu etde toucher enfin à l’intimité des choses.Au noyau originel révélateur de l’iden-tité personnelle. Paradoxalement, l’au-teure s’intéresse peu au cheminementde ses propres parents, évoqués ici defaçon plutôt succincte et allusive. L’es-sentiel de l’effort mémoriel porte sur lesgénérations précédentes, des grands-parents, des arrière-grands-parents etautre constellation collatérale.

La grand-mère RosaOn découvre l’histoire d’une famille

d’altruistes, enseignants pour sourds-muets ayant essaimé un peu partout enEurope, fondant des écoles en Au-triche-Hongrie, en Pologne, en Russieet même en France. Ainsi l’arrière-grand-père Ozjel, né en 1870 exacte-ment cent ans avant Katja, apparaît un

peu comme la figure tutélaire de latribu. Enseignant pour les sourds-muets, il a été actif à Varsovie, où il a re-pris l’école de son père, mais aussi enplusieurs villes de Russie avant de s’éta-blir à Kiev. Ses qualités pédagogiqueslui valaient parfois de passer pour unguérisseur auprès des parents. Décédéen 1939, il échappe aux tribulations dunouveau grand chambardement.

Mais ce n’est pas le cas de sa filleRosa, la grand-mère adorée de l’au-teure, que l’on retrouve en 1941 dansun wagon à bestiaux avec sa fille âgéede cinq ans, fuyant la guerre. Au prin-temps 1942, elle devient dans l’Oural ladirectrice d’un orphelinat pour deuxcents enfants évacués du blocus de Le-ningrad. Mais que dire de son mari,Vassili, dont elle est sans nouvelles, faitprisonnier et resté captif presque qua-tre ans? Il survit à Mauthausen, mais neretourne pas dans sa famille après laguerre, ne réapparaissant que quaranteet un ans plus tard! La lecture de KatjaPetrowskaja donne parfois le vertige,

tant les trajectoires qu’elle évoqueprennent des tours inattendus. Tantaussi l’écheveau est complexe et diffi-cile à démêler entre les destins des dif-férents ascendants de l’auteure.

L’horreur à Babi YarLe pic émotionnel du livre tient

dans la longue évocation du terriblemassacre de Babi Yar, un immense ra-vin où plus de trente mille personnesde la communauté juive de Kiev ont ététuées par les nazis en deux jours, finseptembre 1941. Prémices de la «solu-tion finale», orchestrée par le régimehitlérien à partir de 1942. Une arrière-grand-mère de Katja, «qui s’appelaitpeut-être Esther», y est engloutie aprèsque, malgré son âge et ses difficultés àmarcher, elle a tenu à répondre à l’in-jonction de l’occupant appelant tousles juifs de la ville à se rendre à Babi Yar.Liola, la sœur de la chère babouchkaRosa, y disparaît aussi. Mais Arnold,leur frère, qui a voué sa vie aux sourds-muets, réussit à se cacher et à survivre

pendant toute la guerre grâce à l’aidede paysans ukrainiens.

Destins croisés et contrastés entreinfortune, noire fatalité et chance, voiremiracle. Katja Petrowskaja déroule lesaléas de la saga familiale à l’heure desgrands périls. Elle parle aussi d’elle, desa jeunesse à Kiev au temps du commu-nisme. De son petit paradis sur la col-line dominant la ville, le palais d’Octo-bre, l’ancien Institut pour les filles del’aristocratie où elle a pratiqué la danse.Vision de pur enchantement jusqu’aujour où elle apprend que, pendant lesannées 30, l’édifice a abrité les cham-bres de torture du NKVD, la police se-crète de Staline.

Tout le livre oscille ainsi entre nos-talgie et effroi, plaisir de s’enrichir del’étonnant patchwork de la filiation etterreur sacrée devant la banalité dumal. Une belle leçon d’histoire et defraternité. I

> Katja Petrowskaja, Peut-être Esther, trad.de l’allemand par Barbara Fontaine, Ed. du Seuil,280 pp.

uKatja Petrowskaja déroule les aléas de sa

saga familiale, entre nostalgie et effroi.GUNTER GLÜCKLICH

ANDRZEJ BOBKOWSKI

Le journal d’un «Cosmopolonais»PAULINE BLOCH

On connaît peu le nom d’AndrzejBobkowski (1913-1961/©ARCHIVES ÉD.NOIR SUR BLANC). Ici, comme en Po-logne, ses écrits sont restés longtempsdans l’ombre. Et pourtant, cet intel-lectuel et voyageur passionné, figurelittéraire importante de la diasporapolonaise, fut un témoin essentiel desbouleversements majeurs du siècledernier. Lorsque en 1939 il prend ladécision avec son épouse de quitterson pays natal, c’est avec le rêve de re-joindre l’Amérique latine. Mais le ron-ronnement de la guerre contraint lecouple à demeurer à Paris jusqu’auxpremières années de la Libération. Ceséjour sera l’occasion pour Bobkowskide rédiger En guerre et en paix, un

journal dans lequel il dépeint avec ca-ractère le paysage parisien des annéesde l’Occupation. Ces Notes de voyaged’un Cosmopolonais en sont le natu-rel prolongement.

Entre 1947 et 1961, Bobkowski em-prunte un itinéraire tout à fait fasci-nant: des années pesantes de l’après-guerre en France – dans la capitaleavant tout, où il offre ses services dansun petit magasin de bicyclettes – à l’ef-fervescence d’une jeune nation guaté-maltèque dans laquelle il réalise sapassion de l’aéromodélisme, le «Cos-mopolonais» nous invite à une plongéepittoresque dans l’atmosphère d’unsiècle soumis aux multiples inflexionsidéologiques.

Témoin d’une époque mouve-mentée, le journal qu’il rédige se dé-voile comme un objet pluriel, mé-lange de réflexions intellectuelles et

spirituelles, de pensées intimes etd’impressions de voyage. Le ton,d’une étonnante sincérité, et laplume, piquante, frisent sans cesseavec l’humour. Ainsi, qu’il sillonneles routes de France ou épouse lerythme indolent du navire qui l’em-mène de l’autre côté de l’Atlantique,Bobkowski interroge les particula-rismes qui croisent sa route, s’enamuse tout autant qu’il les admire.Au gré de son regard, cet observateurassidu commente des situations co-casses, dresse des portraits pétillants,alternant çà et là avec de sensiblestouches picturales que seule une pro-fonde sensibilité peut transcrire. I> Andrzej Bobkowski, Notes de voyage d’unCosmopolonais, Ed. Noir sur Blanc, 216 pp.

RÉCIT

LeboucherdeMauthausenALAIN FAVARGER

Nicholas Kulish, correspondant du New YorkTimes, et Souad Mekhennet, grand reporterpour le Washington Post, ont longtemps en-quêté sur la personnalité relativement peuconnue d’Aribert Heim, l’un des médecins ducamp de Mauthausen, surnommé «DocteurLa Mort». Un toubib que de nombreux té-moins rendent responsable d’atroces forfaitsenvers les détenus du sinistre camp deconcentration autrichien. Lors de la déroutede la Wehrmacht, l’homme a réussi à s’effaceret même à se refaire une place au soleil à Hei-delberg, puis à Baden-Baden où il ouvre uncabinet de gynécologie dans les années 50.Jusqu’à ce que, en 1963, sentant le vent tour-ner (cf. l’impact du procès Eichmann) etl’étau se resserrer autour de lui, il quittefemme et enfants pour filer au Maroc, puisau Caire. Longtemps on le recherche en Amé-rique latine, mais ses poursuivants, SimonWiesenthal en tête, n’imagineront jamaisqu’il s’est caché en Egypte. Là où il va vivreprès de trente ans, apprécié et protégé parses amis musulmans, aimé de son fils igno-rant et complice, et où il finira par mourird’un cancer, «en éternel nazi», vraisembla-blement en 1992, quoique son corps n’ait ja-mais été retrouvé.

Dans leur livre dense, les deux journalistesaméricains brossent le portrait de ce méde-cin à la dégaine d’acteur, beau gosse et athlé-tique, ancien champion de hockey sur glace.Mais partie prenante et protagoniste impi-toyable des crimes de masse perpétrés parles nazis. I> Nicholas Kulish et Souad Mekhennet, Onl’appelait Docteur La Mort, trad. de l’anglais parCécile Dutheil, Ed. Flammarion, 379 pp.

VALENTINA D’URBANO

Quatre sorcièresau bord d’un lacClara, Elsa, Onda et Fortuna. Quatrefemmes pour une seule histoire. Celles de pa-rias, un peu sorcières, un peu médiums, sur-tout soigneuses, attachées à un lieu qui faitleur malheur. Le village froid et dur de Rocca-chiara, dans les montagnes du nord de l’Ita-lie, ses forêts denses et humides et son lacnoir, profond, traître, avide. Craintes et cour-tisées par les habitants de la région, les quatrefemmes, comme autant de générations, tisse-ront bien malgré elles un destin de solitude etde souffrance. Et alors même que l’amoursemble leur être offert, elles le perdent par lamême malédiction qui les a vues naître tellesqu’elles sont: puissantes, d’une force indési-rable et incontrôlable.

Du roman, on regrettera l’architecture inégale,avec ses rythmes et son écriture changeants.Mais de l’auteure, Valentine D’Urbano, onlouera le talent de raconteuse d’histoire et laproximité affective qu’elle entretient avec sespersonnages. Une proximité contagieuse: unefois ce conte triste refermé, il semble qu’unepetite part de notre être est restée au milieu desgrandes herbes d’une clairière solitaire, aubord d’un lac maudit. AML> Valentina D’Urbano, Acquanera, Ed. Philippe Rey,352 pp.

en bref

ROMANS

C’est dans la pochePour soulager les rayonnages etporte-monnaie des grands biblio-phages, quelques romans fontune heureuse apparition enformat poche. Outre l’ambitieuxTransatlantic de Colum McCannet le cauchemardesque Temps dudéluge de Margaret Atwood, ondévorera aussi le puissant Wild deCheryl Strayed (tous troisEd. 10/18), source d’inspirationdu road-movie du même nomencore à l’affiche des cinémas, ouencore Les Renards pâles de Yan-nick Haenel (Ed. Folio). TR

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Valentina  d’Urbano Acquanera Une  œuvre   sombre   et   forte   sur   la   filiation   et   l’amitié   où   se   font   face   les   jeunes   femmes   et   la  mort Ayant  appris   la  découverte  d’un  corps  qui  pourrait  être  celui  de Luce, celle qui fut sa meilleure et seule amie, Fortuna revient à Roccachiara, le village de son enfance. Perché dans les montagnes du Nord de l’Italie,  ce  village  n’a  rien  des  cartes  postales  ensoleillées  et  de  la  luxuriance  architecturale  auxquelles la péninsule est si souvent associée. Situé   aux   bords   d’un   lac   noir qui évoque le Styx tant ses eaux sont dangereuses et mortifères, balayé par des vents glaciaux, Roccachiara est un lieu hostile, aride et isolé, où l’on  vieillit  plus  vite  qu’ailleurs.  Pas l’idéal  pour  y  mener  une  enfance  de  rêve. De retour dans un lieu qui marque ses habitants à jamais, Fortuna revient alors sur la longue et douloureuse histoire de sa grand-mère Elsa et de sa mère Onda, des femmes qui n’ont   connu   que   des   hommes   de  passage, les laissant éduquer leur fille dans la solitude et la méfiance, en raison de leurs étranges pouvoirs qui les font passer pour des sorcières auprès des villageois. Autrefois recueillie par la vieille Clara, Elsa la grand-mère a appris auprès de celle-ci comment soigner les gens avec des plantes, mais elle est vue comme une  créature  qui  manie  les  poisons  et  voit  l’avenir  en  rêve.  Onda,  la  mère,  est  capable  de  voir  les morts et de communiquer avec eux,  et  si  l’on  fait  appel  à  elle  lorsqu’il  s’agit  de  retrouver  des  personnes  disparues,  on  prend  bien  soin  de  l’éviter  au  quotidien. Peu lui importe, traumatisée par la réalité de la mort – les  cadavres  pourrissants  qu’on  retrouve  grâce  à  elle,  pas les doux fantômes qui lui parlent – Onda s’isole encore plus, dans une cabane auprès du lac, dans un bois  qu’on  dit  ensorcelé. C’est  là  qu’elle  tombe  enceinte,  d’un  Anglais  de  passage  dit-elle. Persuadée par sa mère Elsa de  garder   l’enfant,   elle  déteste  pourtant  cette   fille  avant  même  sa  naissance,  et  plus  encore  quand  son  pouvoir  semble  être  bloqué  par  la  présence  de  l’enfant alors âgé de six ans. En dehors du soutien permanent de sa grand-mère, Fortuna la mal nommée (le nom signifie chance) se fera un peu plus tard une amie, Luce, « la fille du cimetière », une autre habituée des morts malgré ses douze ans,  puisqu’elle  assiste  souvent son père le   gardien,   préparant   les   défunts   pendant   qu’il   s’occupe   des   tombes…   Une   amitié  durable, un amour profond  même  liera  les  deux  jeunes  filles,  jusqu’à  la  mort,  toujours  trop  précoce  dans  ce  monde hostile. Malgré son jeune âge, Valentina  d’Urbano nous  offre  une  œuvre  profonde  et  captivante  sur  un  sujet  pourtant difficile : la mort, la solitude, le rejet. De façon subtile, sans le moindre pathos, jouant entre les non-dits, les soupçons, le suspense narratif et les allers-retours dans le temps,   l’auteure nous retrace   le   destin   des   ces   jeunes   femmes   condamnées   à   l’ostracisme   dès   leur   naissance,   leurs   dons,  somme toute inoffensifs, les désignant comme des sorcières tutoyant le diable. Et pourtant, de génération en génération, ces jeunes femmes qui sont des survivantes sont toujours là, envers et contre tout, et parfois contre elles-mêmes. Dans cette contrée reculée et difficile, la mort, compagne omniprésente – « Chacun porte ses deuils cloués sur soi » –,  n’est  pas  plus  hostile ou surnaturelle que le paysage ou certains personnages. Si  l’éditeur  y  voit  une  juste  parenté  avec  La Maison aux esprits d’Isabel  Allende, on pense aussi au moins connu Finnigan et moi de  l’australienne  Sonya  Hartnett et son intense histoire  d’amitié  entre  deux  reclus  vivant  aux frontières du réel. Dans Acquanera,  l’eau  n’est  pas symbole de vie, même les eaux sombres de la matrice pouvant susciter des envies de meurtres, Onda (l’onde,  l’ondée) regrettant de ne pas avoir étouffé sa fille dans le berceau. Un récit prenant, des personnages forts et des choix radicaux pour une auteure à suivre.

Hervé Lagoguey- SF Mag n°87, février 2015

Acquanera, de Valentina  d’Urbano (Acquanera, 2013),  traduit  de  l’italien par Nathalie Bauer, éditions Philippe Rey, février 2015, 356 pages, 20 euros.

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