15
ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de L’Education sentimentale ou les chefs d’œuvre inconnus de l’art moderne », dans Revue des Sciences humaines, tome XL, n° 57 : « La peinture et son discours », 1975-1, pp. 23- 39.

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

 

Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de L’Education sentimentale ou les chefs d’œuvre inconnus de l’art moderne », dans Revue des Sciences humaines, tome XL, n° 57 : « La peinture et son discours », 1975-1, pp. 23-39.

Page 2: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

Pellerin est « refusé depuis vingt ans à tous les salons, furieux contre le pouvoir. »

« Laissez-moi tranquille avec votre hideuse réalité ! »

« Je me moque de la ressemblance ! »

Page 3: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« Pellerin lisait tous les ouvrages d’esthétique pour découvrir la véritable théorie du Beau, convaincu, quand il l’aurait trouvée, de faire des chefs d’œuvre. »

•« Il n’avait, à cinquante ans, encore produit que des ébauches. »

• Pellerin copie « Callot, Rembrandt, Goya,… » et « s’entoure de tous les auxiliaires imaginables, dessins, plâtres, modèles, gravures… »

•« Il passa en revue dans sa mémoire tous les portraits de maîtres qu’il connaissait et se décida finalement pour un Titien, lequel serait rehaussé d’ornements à la Véronèse. »

Page 4: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« Elle aurait une robe de velours ponceau avec une ceinture d’orfèvrerie, et sa large manche doublée d’hermine laisserait voir son bras nu qui toucherait à la balustrade d’un escalier montant derrière elle. A sa gauche, une grande colonne irait jusqu’en haut de la toile rejoindre des architectures, décrivant un arc.[…] Sur le balustre couvert d’un tapis, il y aurait, dans un plat d’argent, un bouquet de fleurs, un chapelet d’ambre, un poignard et un coffret de vieil ivoire un peu jaune dégorgeant des sequins d’or ; quelques-uns même, tombés par terre çà et là, formeraient une suite d’éclaboussures brillantes, de manière à conduire l’oeil vers la pointe de son pied, car elle serait posée sur l’avant-dernière marche, dans un mouvement naturel et en pleine lumière. »

Page 5: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

Ingres, portrait de

Mme Seronnes

Page 6: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

Gustave Moreau, Salomé

Page 7: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« C’était elle – ou à peu près – vue de face les seins découverts, les cheveux dénoués et tenant dans ses mains une bourse de velours rouge. […] Les demi-teintes et les ombres s‘étaient plombées sous les retouches trop nombreuses et elles semblaient obscurcies par rapport aux lumières qui, demeurées brillantes çà et là, détonnaient dans l’ensemble. »

Page 8: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« Cela représentait la République, le Progrès ou la Civilisation, sous la figure de Jésus Christ conduisant une locomotive, laquelle traversait une forêt vierge. »

Delacroix,

Héliodore chassé du

temple

Page 9: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« Les premiers tons, posés çà et là, faisaient sur la toile blanche des taches de brun, de rouge et de bleu. Un réseau de lignes à la craie s’étendait par dessus, comme les mailles vingt fois reprises d’un filet ; il était même impossible d’y rien comprendre. »

•« Il s’était mis à repasser ses contours simplement. Ensuite il avait cherché, en les rongeant, à y perdre, à y mêler les tons de la tête et ceux des fonds ; et la figure avait pris de la consistance, les ombres de la vigueur ; tout paraissait plus ferme. »

Page 10: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•« Enfin la Maréchale était revenue. Elle s’était même permis des objections ; l’artiste naturellement avait persévéré. Après de grandes fureurs contre sa sottise, il s’était dit qu’elle pouvait avoir raison. Alors avait commencé l’aire des doutes, tiraillements de la pensée qui provoquèrent les crampes d’estomac, les insomnies, la fièvre, le dégoût de soi-même ; il avait eu le courage de faire des retouches, mais sans cœur et sentant que sa besogne était mauvaise. »

Page 11: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

« Qu’est-ce qu’un art dont le résultat est de supprimer la composition, de rendre l’unité impossible, de subtiliser une série d’esquisses à un tableau ? »

(Tallandier, à propos de Flaubert)

Page 12: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

L’Oeuvre

Emile Zola, 1886

Résumé 

Le peintre Claude Lantier est le fils de Gervaise de l’Assommoir et d’un alcoolique ; il est donc marqué par des tares héréditaires. Il rêve de créer un authentique chef d’œuvre mais il n’y arrive pas. Par un soir d’orage, il trouve la jeune Christine abandonnée à elle-même et il la conduit chez lui. Elle devient son amante et son modèle pour le tableau où il rêve de représenter « La Femme ». Le romancier Sandoz, ami de Claude Lantier, lui montre toute sa sympathie pour son projet. Mais l’artiste devient de plus en plus sombre et tourmenté. A un moment, il tente même de détruire la toile en grattant avec un couteau le visage peint. L’œuvre devient ainsi, au fil du temps, de plus en plus irréalisable. Le peintre est peu à peu en proie à des troubles et à des hallucinations. Il finit par se pendre en face de son tableau après une nuit d’amour passionnée ; Christine meurt d’une congestion cérébrale en découvrant son cadavre. Les funérailles sont assumées par Sandoz, l’écrivain laborieux, qui se remet ensuite au travail.

Page 13: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

•Sandoz : « Nous ne sommes que des reproducteurs débiles . »

•Lantier : « Que lui manquait-il pour les créer vivantes  [ses femmes] ? Un rien sans doute ».

•Lantier : « Ce dont les autres se satisfaisaient, l’à-peu-près du rendu, les tricheries nécessaires le tracassaient de remords, l’indignaient comme une faiblesse lâche ; et il recommençait, et il gâtait le bien pour le mieux. »

Page 14: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

« L’enfantement d’un livre est pour moi une abominable torture, parce qu’il ne saurait contenter mon besoin impérieux d’universalité et de totalité .»

(Emile Zola, lettre du 26 janvier 1842)

Sandoz : « Moi qui pousse mes bouquins jusqu’au bout, je me méprise de les sentir incomplets et mensongers malgré mon effort. »

Sandoz est « un écho pratique et résigné de Claude.»

Page 15: ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIX e – XX e siècles) Jean-Pierre Guillerm, « Le peintre de LEducation sentimentale ou les chefs dœuvre

ROM 2240 Histoire de la littérature française (XIXe – XXe siècles)

Cézanne,

autoportrait

Zola m’a très bien empoigné quand même, dans L’Œuvre […] lorsqu’il beugle : « Ah! La vie! La vie! La sentir et la rendre dans sa réalité, l’aimer pour elle, y voir la seule beauté vaie, éternelle et changeante… »