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15 de Gaston roussel à [ sanofi-aventis ] Près d’un siècle d’histoire et de patrimoine pharmaceutiques à Romainville

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N° 15

d e G a sto n r o u s s e l à

[sanofi-aventis ]

P r è s d ’ u n s i è c l e d ’ h i s t o i r e e t d e

p a t r i m o i n e p h a r m a c e u t i q u e s à R o m a i n v i l l e

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Jeune diplômé de médecine, le vétérinaireGaston Roussel découvre en 1909 lesbienfaits thérapeutiques d’un sérum tiré dusang de lapin. Appliquant sa découverte surles chevaux de la Compagnie générale des Omnibus basée à Pantin dont il a lacharge, les résultats montrent que lesérum issu d’une seconde saignée peutêtre un remède très efficace contrel’anémie : l’Hemostyl® est né.

La production s’avère rapidementinsuffisante face à la réussite commercialedu fortifiant. En 1920, Roussel s’associe auxvétérinaires A. Caldairon et A. Lindeboom etfonde l’Institut de sérothérapiehémopoïétique (ISH). Si le siège social resteà Paris, l’usine est installée entre les routesde Metz (RN 3) et de Noisy, sur lacommune de Romainville où ses premiersateliers de prélèvement sanguin s’étaient

installés auprès des écuries du Service denettoiement de la ville de Paris.D’autres entreprises pharmaceutiquesétaient implantées dans le secteur dont lasociété Carnine Lefrancq, qui traitait le sangde boeuf provenant des abattoirs voisins deLa Villette, ou encore les laboratoiresFumouze.

La première cavalerie, composée d’unecentaine de chevaux, atteint plus de 1 000bêtes en 1926, abritées dans une vingtained’écuries. Du côté nord de la route deNoisy, ateliers, laboratoires et bureauxviennent compléter l’ensemble de l’ISH.Ainsi sont regroupées sur un même sitetoutes les étapes de la fabrication, del’extraction de la matière première àl’expédition au client.Conforté par la réussite tant médicale quecommerciale de l’Hémostyl®, Roussel

[d e l’o f f i c i n e à l’ u s i n e ]l’installation de r o u s s e l à r o m a i n v i l l e

Vétérinaire responsable de la cavalerie de la Compagnie générale des Omnibusparquée dans le quartier des Limites à Pantin, Gaston Roussel installera sonusine à proximité : à Romainville.

1. Photo aérienne du site(1926)Face aux trois grandes halles à lan-terneau du Service de nettoiementde la Ville de Paris, au centre del’image, s’ouvrent les laboratoires etateliers de l’ISH. En traversant laroute de Noisy plantée de petitsarbres, on distingue la vingtained’écuries.

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cherche à diversifier sa production. Il fondeen 1922 le laboratoire des Proxytases quiutilise, comme l’ISH, le sérum et lesorganes équins. Il naît de cette nouvelleentité le premier remède à base d’insuline(hormone issue du pancréas), recommandédans le traitement des maladies artérielleset de l’hypertension. Le médecin devenu entrepreneur s’entoured’une équipe de médecins et chimistes avec lesquels il développe de nouveauxprocédés. Le recrutement en 1927 duchimiste André Girard marque les débuts dela recherche chimique. Pour le groupeRoussel en pleine expansion, seul cesecteur peut palier le coût de plus en plusélevé de la filière animale en fournissant unematière première de synthèse.

Le Stérogyl® est le premier produit desynthèse issu des recherches du docteurGirard sur la vitamine D. Utilisé dans laprévention du rachitisme et d’autres carences,

il s’impose rapidement auprès du corpsmédical comme seul remède remplaçantefficacement l’huile de foie de morue. LeStérogyl® est commercialisé à des millionsd’exemplaires par une nouvelle filiale deRoussel également implantée sur le site deRomainville, les laboratoires deChimiothérapie.

3. Saignée des chevaux (1955)Les saignées s’opéraient directement dans les écuries donton distingue ici les ouvertures. La première extraction quifait réagir le métabolisme du cheval affaibli est suivie d’uneseconde saignée contenant des principes régénérateurs.

2. Ecuries (2005)Les écuries sont toutesconstruites sur le mêmemodèle : soubassement enmeulière, structures béton etremplissage briques. Leur ali-gnement crée de véritablesrues pavées.

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les usines chimiques d e s l a b o r ato i r e sf r a n ç a i s : [u c l a f ] (1928-1945)

Alors que naît Rhône-Poulenc, Roussel engage ses laboratoires auprès d’unfournisseur unique de matières premières de synthèse : l’UCLAF.

C’est en 1930 qu’est inauguré le bâtiment « Pasteur » regroupant laboratoires etservices scientifiques. Autour de ce bâtimentcentral sont construits des ateliers,entrepôts, garages et un réfectoire. Unechaufferie et un château d’eau assurentl’alimentation du site en énergie et en eau.Sur ces sept hectares, ce sont bientôt prèsde 2 000 ouvriers et techniciens qui sont

employés, tant à la production qu’à la recherche.Le développement de la recherche chimiqueau sein du groupe Roussel par l’UCLAF,apporte ses premiers résultats. Girardperfectionne le brevet allemand d’unsulfamide pour une application industrielle.Ce premier anti-infectieux à base de synthèseest commercialisé dès 1935 sous le nom deRubiazol®. Il sera une des rares grandesréussites pharmaceutiques de l’entrepriseissue directement de la chimie durant lapériode d’entre deux guerres. A l’inverse de ses concurrents comme Bayerou Rhône-Poulenc qui ont dès l’origine optépour la chimie thérapeutique, Roussel utilisela chimie en appui à la recherche biologique,l’UCLAF concevant de nouvelles méthodeschimiques pouvant faciliter l’extraction, lapurification et la conservation des substancestirées du corps animal. Des sections d’opothérapie (traitement par lesglandes endocrines) et d’hormonothérapie

4. Vue intérieure du bâtiment Pasteur (1934)Le Pasteur abritait, sous lanterneau, une turbine ainsiqu’un répartiteur d’énergie et de froid indispensable à laconservation des matières premières animales.

5. Vue générale du site (1934)Aux toits en sheds couvrant l’atelier central (àgauche) s’opposent les toits-terrasse couverts degrands lanterneaux des laboratoires. Deux architec-tures pour deux fonctions.

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(traitement par les hormones) prennent placedans les ateliers et laboratoires du site. La mise au point, par Girard, d’un réactifchimique permettant d’extraire en grandequantité la folliculine issue de l’urine dejument, permet au groupe Roussel de devenirle premier producteur mondial par extractionde stéroïdes hormonaux. Pour répondre à une production croissante,l’UCLAF et l’ISH construisent de nouvellesécuries sur le site. L’installation d’un manègeà chevaux et d’enclos pour le pâturage sontautant d’aménagements conférant au sitel’aspect d’un gigantesque haras normand. Laconstruction d’une entrée monumentale,marquée par un porche sous pavillon orné

d’un colombage, parachève cet ensembled’inspiration régionaliste.Par cette architecture volontiers ostentatoire,porteuse d’une image luxueuse, le groupeRoussel cherche probablement à afficher saréussite aux yeux de tous. Dans les années 1930, les substances etorganes tirés des 1 400 chevaux de lacavalerie Roussel ont permis lacommercialisation de nouveaux anti-infectieux, d’antiseptiques, ainsi que d’unhémostatique. Néanmoins l’entrepriseparvient progressivement à reproduire lescomposés des substances naturelles enperfectionnant son savoir-faire dans ledomaine de la synthèse.

Pour cause de guerre, une partie de laproduction est délocalisée en 1940 dans lanouvelle usine de l’UCLAF ouverte enAuvergne un an plus tôt. De retour àRomainville en 1941, l’activité resteirrégulière, dépendant des aléas del’approvisionnement.

6. Pavillon (2005)Le colombage en trompe l’oeil de cet édifice en béton estdirectement peint sur la façade. De part et d’autre dupavillon sont alignés des boxes pour les animaux.

7. Atelier de conditionnement (1934)Les femmes, comme ici sur les chaînes manuelles deconditionnement, représentaient une part importante dupersonnel de Roussel.

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de l’a n t i b i ot h é r a p i e à l’apparition de la[b i o l o g i e m o l é c u l a i r e ] (1947-1972)

L’investissement de Roussel dans la production d’antibiotiques marque uneévolution du site de Romainville. Au pittoresque régionalisme de ses écuries,succède la modernité rationnelle de Jean Barot, le nouvel architecte del’entreprise.

Alors que la France importe encore sapénicilline des États-Unis, Roussel et lechimiste-biologiste Henry Prénauconstituent la Société Française dePénicilline (SOFRAPEN). Aidés par les fondsaméricains du plan Marshall, ils édifientl’usine au 111 de la route de Noisy, face àl’UCLAF.

La fabrication de la pénicilline (et d’autresantibiotiques) par fermentation nécessitedes installations spécifiques de régulationde température, d’hygrométrie et de stérilitéde l’air. Le chantier de construction est doncconfié à un spécialiste : Jean Barot, auteurdans les années 1930 des laboratoiresDebat à Garches et de la parfumerieCoty à Suresnes. Le style adopté sur cedernier site lui sert de modèle pour lesbâtiments de Romainville auxquels il

applique les contraintes spécifiques liées à la production.Les laboratoires de recherche et de contrôle(bâtiments Carrel et Rollin) ainsi que lesbureaux prennent place dans de longsbâtiments à étages éclairés par desouvertures en bandeaux. Ils s’opposent à la verticalité des baies du bâtiment Cuvierqui abrite plusieurs fermenteurs d’unecontenance de plus de 150 m3 et dépassantdix mètres de haut.La bonne marche des ateliers defermentation comme des laboratoires estassurée par une batterie de compresseurs quipermettent de maintenir l’air à destempératures comprises entre + 2 et – 60° C.L’ensemble est alimenté par un réseauhydraulique qui distribue quotidiennement 10 000 m3 d’eau puisés à plus de 100 mètresde profondeur ainsi que par une centrale

8. Vue usine 4 (2005)Centrale à gauche et fermenteursà droite. Formes géométriques,briquettes rouges, encadrementblanc saillant et dessin soigné desbaies sont autant d’éléments per-mettant d’affilier l’architecture dusite au courant du modernismetempéré.

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thermique d’une puissance électrique de 2 500 Kw. Une seconde centrale plusimportante fut construite pour fournir, del’autre côté de la rue, l’énergie nécessaire ausite de l’UCLAF en cours de modernisation.

Alors que l’antibiothérapie prend son essor, laproduction chimique de synthèse poursuitson développement notamment par larecherche sur les corticoïdes. Elle aboutit en1952 à la production de la cortisone par hémi-synthèse à partir de bile de boeuf dont leschimistes de l’entreprise n’auront cessé dediminuer la quantité nécessaire à lafabrication. Commercialisé sous le nom deCortancyl®, le produit consolide lerayonnement international de Roussel. La création par Jean-Claude Roussel, fils deGaston Roussel, du groupe Roussel-UCLAF,permet de réunir l’ensemble des filiales dontl’ISH, la SOFRAPEN et l’UCLAF. Le groupe

dispose alors d’usines à Romainville, Neuville-sur-Saône (Rhône) et Vertolaye (Puy-de-Dôme). Le centre de recherchecommun est installé sur le site d’origine del’UCLAF rebaptisé « usine 1 ».Entre 1946 et 1961, ce site aura vécu destransformations majeures, et le rythme destravaux suivra celui de la production.L’architecte Jean Barot édifie alors denouveaux ateliers sous sheds, reprenant enl’améliorant le modèle déjà existant. Desextensions d’ateliers sont égalementeffectuées comme sur le Pasteur.

Le site de la SOFRAPEN, rebaptisé « usine 4 », est rapidement modernisé etétendu. Aux premières constructionsviennent s’adjoindre une série de nouveauxlaboratoires de chimie de transformation etd’essais, des bureaux, une animalerie, desateliers de maintenance et d’expédition et de

9. Pasteur, usine 1(1975)La surélévation effec-tuée sur le bâtimentPasteur reprend lerythme des baiesd’origine. Le lanter-neau sud a été pré-servé.

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nouveaux fermenteurs qui nécessitèrentl’extension du bâtiment Cuvier. Au milieu des années 1960, ce sont près de4 100 personnes qui travaillent sur lecomplexe de Romainville, soit 1 000 de plus que dans les années 1950.

Lancé dans une politique de diversification, legroupe investit les domaines de la filièreagricole et du matériel médical. Poursuivantcette dynamique de croissance externeRoussel-UCLAF, après s’être rapproché du

groupe allemand Hoechst, absorbe en 1970 laSociété industrielle de fabricationd’antibiotiques (SIFA) équipée d’une usineà Compiègne. Si la production reste dans l’Oise, le secteurde la recherche rejoint les équipes deRomainville qui s’essayent à la biologiemoléculaire après avoir été pionnières dansles radio-molécules. A la mort de Jean-Claude Roussel, 50 ansaprès la création du site de Romainville,l’entreprise est devenue un véritable empirepharmaceutique.

10. Verrier (1980)L’entreprise employait ses propres maîtres verriers. Ilscomplètent la grande variété de métiers présents sur lesite : mécaniciens et électriciens regroupés dans l’atelierde maintenance, techniciens de laboratoires, chimistes,ouvriers de productions, vétérinaires…

12. Becquerel, usine 4 (1957)Le marquage radioactif des moléculesorganiques s’effectuait dans les labora-toires situés au sous-sol du Becquerel.Construit par J. Barot en 1957, ce typed’atelier couvert de sheds sera reproduitsur l’usine 1.

11. Ouvrière travaillant à la dragéification descomprimés (1960)

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Dès 1974, l’entreprise élabore un plan deréaménagement du site de Romainvilles’échelonnant jusqu’en 1995. Il s’agit d’unetransformation progressive du site deproduction en établissement tertiaire vouéessentiellement à la recherche et audéveloppement. Déjà largement orientée dans ce sens,l’usine 1 accueille les nouveaux secteurs dela recherche tandis que l’usine 4 concentreles unités de production. Les anciennesactivités pharmaceutiques de l’UCLAF sontdélocalisées progressivement sur les sites de Compiègne, Vertolaye et Neuville-sur-Saône.

La transformation du site s’est opérée enplusieurs étapes, avec pour premier chantier

la réhabilitation du bâtiment Pasteur qui doitaccueillir la bibliothèque scientifique, leslaboratoires de recherches pharmaceutiqueset physiques ainsi qu’une salle deconférence. Les travaux ont consisté arecréer des planchers à partir des structuresconservées et recouvrir l’ensemble,exception faite de la partie sud, de panneauxde béton. Le bâtiment de recherche enchimie industrielle et d’agrochimie Velluz etl’atelier de flaconnage Dufraisse, réalisésentre 1980 et 1983, reprennent le styleadopté pour le Pasteur. Édifié àl’emplacement de l’ancien manège àchevaux et d’enclos de l’ISH, la constructiondu Dufraisse marque la fin de l’épopéeHémostyl®. Elle témoigne également desdifficultés d’extension que rencontre

13. Vue générale (1980)En 1980, les 20 ha du site sonten cours de mutation. LePasteur, reconnaissable au châ-teau d’eau, est réhabilité, leslaboratoires du Velluz enconstruction. Les premiersbureaux sont groupés dans leFayol, dont la façade en mursrideaux inaugure une nouvellearchitecture d’entreprise. Del’autre côté de la rue, les hautescheminées dominent encore lesite de production.

t r e n t e a n s de [restructuration ] dusite ( 1 9 7 2 - 2 0 0 5 )

Décentralisation industrielle, crise économique et choix stratégiques accélèrentla tertiarisation du site initiée par Hoechst, devenu l’actionnaire majoritaire du groupe Roussel.

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l’entreprise sur ce site déjà très dense.Pour remédier à ce problème, le docteurEdouard Sakiz, président du directoire,programme la démolition des bâtimentssitués à l’est du Pasteur à partir de 1984. Denouveaux bureaux et un grand laboratoired’analyses chimiques et biochimiques(Lavoisier), possédant toutes les installationsnécessaires à une activité de pointe, y sontconstruits.A cette même période, grâce aux appareils àrésonance magnétique nucléaire et auxordinateurs, l’entreprise innove et développela recherche en biologie moléculaire. De cenouveau contexte naissent de nouvellesspécialités cardio-vasculaires, corticoïdes, anti-inflammatoires, etc. Mais l’histoire retiendrasurtout l’apparition de la première piluleabortive (dite pilule du lendemain) dont la misesur le marché ne s’est pas faite sans heurts.

Au nom de la valeur stratégique del’entreprise, l’État, en 1982, prend uneparticipation majoritaire dans le capital de

Roussel-UCLAF qui emploie alors 14 500personnes sur une trentaine de sites. Le programme de réaménagement du sitese poursuit avec la construction denouveaux laboratoires de recherchegalénique (sur les végétaux) et chimiqueéquipés de blocs stériles (le Galien) et d’unbâtiment cruciforme abritant des bureauxqui prend le nom de Jean-Claude Roussel.L’usine 4, où se concentre la production,modernise ses installations. Une des deuxcentrales, rebaptisée Tréfouël, est ainsireconvertie en atelier stérile pour lafabrication d’antibiotiques.

La cession de la part de l’État à RhônePoulenc en 1992, la fusion avec Hoechst en1993 et la création de la divisionpharmaceutique Hoechst-Marion-Roussel(HMR) en 1995, vont amplifier la vocationtertiaire du site de Romainville. Les servicesde la direction répartis sur les sites desInvalides à Paris et de La Défense (Hauts-de-Seine) sont rapatriés à Romainville

14. Vue générale (2004)En 2005, à l’est du Pasteur, lesanciens ateliers sous sheds ontlaissé la place à des bâtimentsde bureaux et des laboratoiresmodernes. Le nouveau bâtimentdu siège, en forme d’arc decercle ou de « fer à cheval »,marque l’entrée du site.

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dans le nouveau bâtiment de bureaux, MarieCurie, construit à l’emplacement de lacantine et d’une partie des anciens boxes.Sur les 2 700 personnes employées sur lesite, un tiers sont des cadres et près de lamoitié des techniciens. L’activité de recherche se focalise sur lamaladie de l’os et les anti-infectieux. Laconstruction du bâtiment Fleming, en 1998,permet le renforcement du potentiel dans cedernier domaine de recherche.

La création d’Aventis, née de la fusion deHMR et de la branche pharmaceutique deRhône-Poulenc en 2000, modifieprofondément le site. L’usine 4 devient le

centre de production de Romainville (CPR),exception faite de ses activités de recherchesqui, avec l’usine 1, entrent dans un plan dedésengagement. Les activités sont recentrées autour de laproduction biochimique tandis que larecherche est délocalisée ou externalisée. Une convention de réindustrialisation signéeavec le Préfet donne naissance au parctechnologique Biocitech. Filiales d’Aventis etstart-up en sciences de la vie réoccupentalors les laboratoires équipés tandis que lesbureaux intègrent le « Pôle d’affaires Paris-Romainville ». A proximité des ateliers de l’ISH récemment démolis, 250 personnespoursuivent la fabrication de spécialités parfermentation ou principes stériles. Cesantibiotiques, anti-inflammatoires et autresvitamines sont réalisés depuis 2004 parSanofi-Aventis, troisième entreprisepharmaceutique mondiale employant plusde 100 000 personnes.

15. Bâtiment Flemming (2005)Le Flemming, comme le Lavoisier, est équipé de cel-lules L2 et L3 assurant aux usagers des normes desécurité pour la manipulation d’agents biologiquespathogènes (surfaces résistantes aux acides, procé-dés de décontamination…).

16. Atelier de productions stériles (2005)Les principes actifs stériles sont préparés en zone d’atmo-sphère contrôlée où les techniciens doivent s’équiper degants, lunettes et blouse pour éviter toute contamination.

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« Outre la mise en valeur des richesses archéologiques,

nous avons voulu éclairer le patrimoine architectural

de la Seine-Saint-Denis, de l’usine au patrimoine du logement social,

de la Basilique de Saint-Denis à la maison de plâtre, témoin le plus

modeste de l’histoire locale.

Cette volonté est l’objet d’un partenariat avec le ministère de la

Culture qui se traduit par des actions de recherche, de valorisation

et de diffusion des connaissances en direction d’un large public.

Dans la collection Patrimoine en Seine-Saint-Denis, la publication « De

Gaston Roussel à Sanofi-Aventis » constitue un des éléments de mise

en valeur de l’histoire riche et originale du territoire départemental.

Cette connaissance élargie de notre héritage culturel vise également,

en montrant la part prise par les femmes et les hommes de notre

département, à favoriser la réflexion de chacun pour la constitution

d’un avenir solidaire en Seine-Saint-Denis.»Hervé Bramy

Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis

crédits En couverturePlan de la façade des fermenteurs, AM Romainville,144W28, 1956.Salle des fermenteurs, 2005.Saignée des chevaux, 1930.TextesAntoine Furio,Bureau du patrimoine du Service de laCulture, Conseil général de la Seine-Saint-Denis).PhotographiesArchives Aventis : 1, 3, 4, 5, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16.Antoine Furio : 2, 6.Vianney Prouvost : 8, 14.

bibliographieChauveau Sophie, L’invention pharmaceutique. La phar-macie française entre l’État et la société, Paris, Institutd’études Sanofi-Synthélabo, 1999.Vignon René, Les industries chimiques de la banlieue nordde Paris, thèse de doctorat, Université de Paris, 1967.Blondeau Alexandre, Histoire des laboratoires pharma-ceutiques en France, Paris, Le Cherche Midi, 1992.

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sourcesArchives départementales de la Seine Saint-Denis (fondsdes établissements classés), Archives municipales deRomainville (permis de construire), Archives nationales(fonds F12), fonds photographique du service communi-cation Sanofi-Aventis répertorié par Christophe Gastard.

Direction éditorialeJean-Barthélemi Debost (Bureau du patrimoine duService de la Culture, Conseil général de la Seine-Saint-Denis).www.patrimoine93.netMise en pageClaudine Rousset (Bureau du patrimoine du Service dela Culture, Conseil général de la Seine-Saint-Denis).RemerciementsJacques Scholl, Christophe Gastard, Michèle Lemaître(Sanofi-Aventis), Jacques Lhomel (Biocitech).Adresses des sites Usine 1-Biotech : 102, route de Noisy, Romainville.Usine 4-CPR : 111 route de Noisy, Romainville.

Conseil général de la Seine-Saint-DenisDirection de la Culture, de la Jeunesse et du Sport, Service de la culture, Bureau du patrimoineHôtel du Département — BP 193 — 93003 Bobigny Cedex • tél. 01 43 93 82 61 • e-mail [email protected]