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NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT NOUS SOMMES TOUS LA GÉNÉRATION CLIMAT Juliette Rousseau (premier rang, à droite), porte-parole de la Coalition Climat 21, avec son équipe. Élise Bracco (à droite), responsable d’une « ruche », avec sa mère et son fils. Cyril Dion, coréalisateur du film Demain, avec sa femme et ses enfants. Élodie Beaucent, fondatrice de Food’joie, avec son mari et ses enfants. Laurent Pasteur, maraîcher et apiculteur, avec sa femme et son fils. Margaux Jobin (à gauche), directrice de la communication de CliMates, avec son équipe. Climat Tout le monde ne s’en fout pas ! DÉCEMBRE 2015 PSYCHOLOGIES MAGAZINE 57 Il est probable que la COP 21, conférence des Nations unies sur le climat qui se réunit du 30 novembre au 11 décembre à Paris, ne soit pas à la hauteur des attentes. Cette crainte ne doit pas empêcher les citoyens que nous sommes d’agir, chacun à son niveau, pour initier une transition vers des modes de vie durables. Devant l’ampleur de Par Laurence Lemoine et Pascale d’Erm Photos Samuel Kirszenbaum >> ÉCOLOGIE “Si notre génération ne fait rien, personne ne le fera à notre place” “C’est par ces petits engagements que l’on protège notre futur” “Je cherche une façon de faire qui me rende plus libre et heureux” “Retrouver le plaisir de manger des aliments bons, c’est bon pour nous et pour la planète” “Nous tenons compte des enjeux climatiques au quotidien” “Faire partie d’un réseau de jeunes engagés, c’est plus motivant” la tâche, l’“à-quoi-bonisme” nous gagne. Mais qui peut se complaire dans un tel défaitisme ? Pour nous et pour les générations futures, il est temps d’infléchir le cours du destin. Tous ceux qui posent pour la campagne photo #WeAreTheClimateGeneration en sont convaincus (encadré p. 60). Nos efforts ne sont pas vains !

ruche , avec sa femme Juliette Rousseau (premier rang, à ... · et ses enfants. Élodie Beaucent, fondatrice de Food’joie, avec son mari et ses enfants. Laurent Pasteur, maraîcher

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Page 1: ruche , avec sa femme Juliette Rousseau (premier rang, à ... · et ses enfants. Élodie Beaucent, fondatrice de Food’joie, avec son mari et ses enfants. Laurent Pasteur, maraîcher

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Climat Tout le monde ne s’en fout pas !

DÉCeMBRe 2015 PSYCHOLOGIES MAGAZINE 57

Il est probable que la COP 21, conférence des Nations unies sur le climat qui se réunit du 30 novembre au 11 décembre à Paris, ne soit pas à la hauteur des attentes. Cette crainte ne doit pas empêcher les citoyens que nous sommes d’agir, chacun à son niveau, pour initier une transition vers des modes de vie durables. Devant l’ampleur de Par Laurence Lemoine et Pascale d’Erm

Photos Samuel Kirszenbaum

>>

écologie

“Si notre génération ne fait rien, personne ne le fera à notre place”

“C’est par ces petits engagements que l’on protège notre futur”

“Je cherche une façon de faire qui me rende plus libre et heureux”

“Retrouver le plaisir de manger des aliments bons, c’est bon pour nous et pour la planète”

“Nous tenons compte des enjeux climatiques au quotidien”

“Faire partie d’un réseau de jeunes engagés, c’est plus motivant”

la tâche, l’“à-quoi-bonisme” nous gagne. Mais qui peut se complaire dans un tel défaitisme ? Pour nous et pour les générations futures, il est temps d’infléchir le cours du destin. Tous ceux qui posent pour la campagne photo #WeAreTheClimateGeneration en sont convaincus (encadré p. 60). Nos efforts ne sont pas vains !

Page 2: ruche , avec sa femme Juliette Rousseau (premier rang, à ... · et ses enfants. Élodie Beaucent, fondatrice de Food’joie, avec son mari et ses enfants. Laurent Pasteur, maraîcher

Climat : tout le monde ne s’en fout pas !

DÉCeMBRe 2015 PSYCHOLOGIES MAGAZINE 5958 PSYCHOLOGIES MAGAZINE DÉCeMBRe 2015

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C ette vidéo sur YouTube ne vous a sans doute pas échappé : « Break the Internet  », un clip de six minutes dans lequel Nicolas Hulot cherche, avec une équipe de jeunes communicants, une façon origi-nale de sensibiliser le public à la cause climatique. « Salut à tous ! » surgit-il devant la caméra, à la manière de l’humoriste Norman. « Je ne sais pas si vous avez remar-qué, mais on nous bassine à lon-gueur d’année avec le changement

climatique… » Moue dubitative des communicants : « En fait, suggère une rouquine aux grandes lunettes fashion, je crois que ce qui nous manque, c’est quelque chose de visuellement puissant, vous voyez ? Un truc badass. » « Badass ? » s’enquiert Hulot. « Badass, explique-t-elle, c’est “méchant-cul”. » Après s’être essayé à différents personnages et styles de message (sympa, énervé, « sérieux à l’américaine »…), l’écologiste finit par jeter l’éponge. « Il s’est barré, Nicolas Hulot. C’est fini… »

Pourquoi tant d’indifférence ?Consternation de l’équipe. Et du spectateur : si Nicolas badass Hulot se « barrait », fatigué de ne plus savoir quel ton adopter pour convaincre, qui resterait-il pour agiter le drapeau rouge dans les médias et pour mener le combat de la transition au niveau politique ? Car, n’en déplaise aux climatosceptiques, la science a tranché : l’heure n’est plus aux tergiversations et aux analyses. Les faits sont là. Il faut agir, d’urgence, pour ne pas dépasser un réchauffement de deux degrés considéré comme l’ultime frontière avant une série de catastrophes environne-mentales et, par contrecoup, humaines. Qu’attendons-nous pour nous mobiliser et revoir entièrement nos modes de vie ?

« L’écologie, tout le monde s’en fout. » On a beaucoup glosé sur la supposée indifférence du public à l’enjeu climatique. De fait, malgré un niveau d’information élevé, « il existe un déca-lage énorme entre la gravité et l’urgence de la situation et la relative inertie des individus, des responsables politiques et des acteurs de la mondialisation », constate le sociologue et théologien Michel Maxime Egger1. Un hiatus confirmé par les

sondages : près de neuf Français sur dix estiment que la crise économique devrait être l’occasion de changer de mode de vie et de consommation, mais seul un sur trois se dit prêt à le faire2. « Se dit prêt »… On est bien en deçà de l’action. Plusieurs raisons à cela, selon le sociologue : notre difficulté à percevoir des dégradations environnementales à la fois très globales et très progressives, impalpables ou invisibles, codées en chiffres et données scientifiques obscures3. Notre propen-sion culturelle à nous vivre comme extérieurs à la nature, qui nous rend indifférents aux blessures que nous lui infligeons, ainsi qu’à nous-mêmes, par effet boomerang (notamment pour ceux qui vivent « hors sol », roulent en « caisse » et tra-vaillent dans des « boîtes », pour reprendre les formulations imagées de Pierre Rabhi, philosophe et pionnier de l’agroéco-logie). Mais aussi, et surtout, notre promptitude à mettre en place de puissants mécanismes de défense face aux discours catastrophistes et aux incitations à une décroissance perçue comme austère et punitive. Ne plus ressentir la peur, la culpa-bilité et le sentiment d’impuissance qui vont de pair avec la prise de conscience écologique : pour beaucoup, résume Michel Maxime Egger, « l’information arrive au cerveau sans descendre à l’intérieur de l’être pour toucher le cœur ».

Est-ce vraiment trop tard ? Voici donc le terrible constat : la planète est en danger et les bras nous en tombent. Or c’est à nous qu’il revient de proté-ger les générations futures des choix effectués par celles qui nous ont précédés, avec des conséquences environnemen-tales, sociales et géopolitiques désastreuses, dont l’ampleur commence seulement à nous apparaître. À nous qu’il appar-tient de décider d’un monde différent, que nous peinons à imaginer. « Nous ne résoudrons pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés », prédisait Einstein. Divine surprise : la révolution est en marche, portée par des individus assez fous, enthousiastes et créatifs pour proposer d’autres solutions que notre civilisation mortifère.

Trop tard pour enrayer la catastrophe ? « Si on en croit les chiffres, entre l’inertie des dirigeants et l’accélération des phé-nomènes constatés, c’est fichu ! admet Michel Maxime Egger avec une pointe de provocation. Mais la question n’est plus d’éviter des effondrements qui se produiront vraisemblable-ment. Elle est de savoir comment on va se relever. » Travailler sur l’après-effondrement, explorer la résilience, c’est le but que se sont donné Cyril Dion et Mélanie Laurent, (Suite p. 60)

“L’information arrive au cerveau sans descendre à l’intérieur

de l’être pour toucher le cœur” Michel Maxime Egger, sociologue

Êtes-vous un consommateur responsable ?Si les femmes s’impliquent de plus en plus dans une consommation

écolo, la moyenne des Français se désintéresse des enjeux climatiques. Extraits du baromètre Ethicity 2015.

LeS RÉTRACTÉSDes hommes à 68 %, très

représentés dans la population modeste. en proie à un sentiment

d’insécurité, ils ne veulent plus faire d’efforts et

se replient sur leur foyer. 15 % en 2014

23,7 % en 2015

LeS “SHARe ACTIVISTS”Aisés, interconnectés, militants, ils veulent construire un avenir

différent, quitte à boycotter les entreprises qui ne respectent

pas leurs convictions. 8,2 % en 2014 12,4 % en 2015

LeS “MODeRN HUMANISTS”Des femmes à 93 %, elles sont

le noyau dur des engagés. L’achat écoresponsable est leur doctrine

et leur moyen d’action. 15,3 % en 2014 8,1 % en 2015

LeS “SLOW FAST”Des femmes à 63 %. en quête

de naturel et d’un retour à l’essentiel, elles privilégient

le fait-maison et se distancient de la consommation.

9,2 % en 2014 11,5 % en 2015

LeS JeUNeS CLASSIQUeSDes hommes à 68 %, sensibles

à l’environnement mais en recul dans leurs comportements

responsables. Ils aiment se faire plaisir par la consommation.

9,1 % en 2014 9,9 % en 2015

DOUTE SCEPTICISME

ACHETER AUTREMENT

PRÉOCCUPATIONS SOCIOÉCONOMIQUES

RECHERCHE DE SÉRÉNITÉ

Chaque année, le cabinet de conseil ethicity produit une étude sur les Français et le développement durable. Cette observation lui permet de dresser une typologie des consommateurs, dont elle observe les variations d’une année à l’autre. L’étude de 2015 révèle quatre tendances : une baisse significative du nombre de personnes impliquées dans l’écologie et la consommation responsable ; un désengagement des hommes et une plus grande implication des femmes ; un engagement renforcé des groupes qui le sont déjà ; enfin, l’apparition d’un nouveau groupe, les rétractés, usés par la crise et hostiles au discours durable. Qu’en sera-t-il en 2016 ? À suivre.« Consommation durable et typologie des consommateurs 2015 », étude Ethicity. greenflex.com.

LeS “HAPPY SeLF”Des hommes à 60 %, jeunes

et insensibles aux enjeux de société. Pour eux, consommer,

c’est exister, à travers les marques et l’innovation.

8,1 % en 2014 12,9 % en 2015

LeS “GReeN TWeeS”Des femmes à 84 %, motivées

par leur bien-être, elles sont prêtes à payer plus cher

pour préserver leur santé. 18,2 % en 2014 13,1 % en 2015

LeS ÉCOeSSeNTIeLSDes hommes à 63 %,

économes et organisés, prêts à consommer mieux pour

des raisons budgétaires, sensibles au gaspillage et à la pollution.

16,5 % en 2014 8,5 % en 2015

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Climat : tout le monde ne s’en fout pas !

60 PSYCHOLOGIES MAGAZINE DÉCeMBRe 2015

(Suite de la p. 58) auteurs du film documentaire Demain, en salles le 2 décembre et projeté aux représentants des cent quatre-vingt-quinze États réunis pour la COP 21. Près de dix ans après le terrifiant Syndrome du Titanic, de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre, qui dévoilait le désastre écologique, le parti pris ici est de montrer l’inventivité citoyenne et la diversité des solutions expérimentées sur la planète pour jeter les bases d’un modèle moins destructeur. S’y dessinent les contours d’un monde sans pétrole, où les énergies renouvelables suffisent à l’alimentation électrique des territoires, où les déchets rede-viennent des matières premières, où la nature nourricière fait son retour dans les villes grâce à la permaculture, où l’air, le sol, les forêts, les océans sont considérés comme « biens communs de l’humanité » et leur dégradation comme des crimes, où les citoyens reprennent les rênes d’une démocratie revivifiée.

Tous reliés : l’esprit “ubuntu”Bien qu’encore insuffisante, l’utopie écologique connaît par endroits une réelle concrétisation, avec des résultats qui vont au-delà de la résolution des problèmes posés et s’aven-turent déjà dans un modèle différent et porteur d’avenir. Une ville « zéro déchets » comme San Francisco va certes recy-cler à terme 100 % de ses détritus, mais aussi créer des filières d’emploi, améliorer la qualité de l’air ainsi que la production des agriculteurs et viticulteurs périurbains grâce au compost réalisé en ville… Sans nous en rendre compte, nous sommes passés, en une décennie à peine, des petits écogestes (changer ses ampoules, fermer le robinet) aux engagements collectifs (potagers urbains, covoiturage, coopératives d’énergie…) qui modifient les structures du système. L’incitation réciproque, la « coconstruction apprenante », c’est tout l’esprit ubuntu, une notion d’interdépendance venue d’Afrique du Sud qui signifie « Je suis parce que nous sommes ». Un puissant moteur d’action.

>>

Bouteille à moitié vide ou bouteille à moitié pleine : de notre vision de la réalité dépendra notre capacité d’action et, plus important, notre capacité à atteindre collectivement la masse critique nécessaire au fameux « changement de para-digme » que les créatifs culturels appellent de leurs vœux. Pour Joanna Macy4, figure de proue de l’écopsychologie, il existe trois histoires, trois grands récits sur le monde tel qu’il va : l’histoire dominante (celle de la croissance et du progrès, des solutions qui viendront d’elles-mêmes sans que l’on ait à s’en inquiéter) ; l’histoire fataliste (celle qui ne veut voir que l’impasse, l’indifférence ou l’impuissance) ; et celle de la tran-sition (de l’invention d’un modèle durable). La question n’est pas tant de savoir laquelle de ces histoires est la vraie, estime-t-elle, que de choisir celle dans laquelle nous voulons exister.

Des citoyens lucides et mobilisésEnrayer le réchauffement climatique suppose donc de faire un choix intime, existentiel. Suis-je de ceux qui veulent jouir sans penser au déluge ? De ceux qui subissent la réalité sans pouvoir réagir ? Ou de ces « irremplaçables » qu’évoque la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury dans son der-nier ouvrage5 ? Dans une culture du tout-jetable qui prétend que « personne n’est irremplaçable », nous pouvons choisir de nous opposer à la déshumanisation. Et reprendre notre destin en main en entrant dans une dynamique d’engagement et de responsabilité. Un être irremplaçable, décrit-elle, ne délègue pas aux autres le soin de faire ce qu’il y a à faire, quitte à être momentanément seul, voire contre les autres, mais toujours au service de la communauté. Au contraire du sujet individua-liste, « passionné de lui-même, autocentré, grisé par l’ivresse de soi », l’irremplaçable est un sujet « individué » : il met en place une assise qui lui permet de se décentrer pour se lier au monde qui l’entoure. Il allie le souci de soi au souci de la cité. Se sentir irremplaçable, c’est au fond cesser de renvoyer la patate chaude du réchauffement climatique à « ceux dont c’est la faute ». Et entreprendre de la réduire soi-même en purée en faisant des choix qui leur couperaient l’herbe sous le pied (une autre alimentation, d’autres sources d’énergie, d’autres moyens de transport). L’anthropologue David Graeber, un des piliers, en 2011, du mouvement Occupy Wall Street, a contri-bué au retour en grâce de la notion de désobéissance civile.

Agir pour le climat suppose de faire un choix intime. Suis-je de ceux qui veulent jouir sans

penser au déluge ?

SUR LE WEB

HOP ! UNE PHOTO !Avec ses partenaires européens, l’agence de communication Sidièse a lancé la campagne #WeAreTheClimateGeneration. Sept photographes de sept pays ont réalisé des clichés de familles volontaires en partant

d’un principe : une photo, trois âges et une seule génération pour témoigner de leur envie de relever le défi climatique. Postez votre photo sur wearetheclimategeneration.com

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Climat : tout le monde ne s’en fout pas !

62 PSYCHOLOGIES MAGAZINE DÉCeMBRe 2015

La seule façon de traiter avec eux –  les États, les multi-nationales, le monde de la finance… –, assure-t-il, c’est de les menacer de faire sans eux. « Nous sommes les 99 % », cla-maient les manifestants, refusant de tolérer l’avidité et la corruption des 1 % restants.

« Le problème du discours sur le climat, c’est qu’il reste stratosphérique », aime à dire Juliette Rousseau, porte-parole de la Coalition Climat 21, qui coordonne la mobilisa-tion citoyenne autour du sommet onusien. « Il sous-entend que le problème est bien au-dessus de nos têtes, ce qui est très incapacitant pour nous. » En réalité, abonde Cyril Dion, « il ne s’agit pas de climat, pas même d’écologie, mais de vivre-ensemble : nous devons trouver le moyen de cohabiter en mettant fin à l’exploitation des ressources et des populations, à ce qui engendre destructions et violences. Et provoque l’exode de millions de réfugiés – économiques, politiques ou climatiques. Tout cela est lié… ».

Reprendre le problème du climat par le fil du lien humain, c’est cela qui crée l’empowerment citoyen dont nous avons besoin. Un élan stimulé par le sentiment d’appartenance à une communauté qui dépasse les frontières, unie par une envie d’œuvrer pour le bien commun et potentialisée par les réseaux sociaux. Un élan qui aspire à conjuguer moi et nous, écologie et développement, présent et futur, nature et culture, plaisir et responsabilité. Et qui a permis, en quelques années, de passer du déni à l’espoir, de la lucidité au changement de cap. Ubuntu…1. Michel Maxime Egger, auteur de Soigner l’esprit, guérir la Terre (Labor et Fides, 2015).2. « Les Français et le développement durable », étude Ethicity, 2014.3. À voir : Nos chers paradis (disponible sur le site d’Arte), huit cents personnes à travers le monde ont filmé leur coin de nature menacé par le changement climatique. 4. Joanna Macy, coauteure d’Écopsychologie pratique et rituels pour la Terre (Le Souffle d’or, 2008). 5. Les Irremplaçables de Cynthia Fleury (Gallimard, 2015).Pascale d’Erm, journaliste, collaboratrice régulière de Psychologies, est l’auteure d’Ils l’ont fait et ça marche ! Comment l’écologie change déjà la France (Les Petits Matins, 2014). Retrouvez son blog Climathérapie sur blogs.psychologies.com.

>>Les solutions, vous les connaissez : manger local et de saison, recycler, opter pour des transports propres, des énergies renouvelables… Mais, en amont, comment avoir le déclic pour modifier ses habitudes ? et l’énergie de persévérer dans ses efforts ? Les recommandations de nos experts.

Franchir trois étapesLa philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury constate que le changement requiert de passer par trois étapes.L’imagination. Visualiser des solutions possibles, qui deviennent autant de buts à atteindre. La douleur. Avoir le courage de regarder les conséquences de nos choix et de consentir à des renoncements difficiles. L’humour. Rire de soi, de ses contradictions et de sa vanité. Attraper l’absurdité de nos modes de vie pour obtenir un effet de décentrement et de distanciation.

Convaincre avec sa créativitéPour Cyril Dion, fondateur du mouvement Colibris avec Pierre Rabhi, les discours écolos ne touchent que s’ils viennent d’un lieu de création en nous, qui éveille un endroit de créativité en l’autre. Un discours fondé sur la peur ou la culpabilité n’engendre pas la même envie de s’impliquer. Tel a été le point de départ de Demain, le film qu’il a réalisé avec Mélanie Laurent, un tour du monde des initiatives citoyennes. Et le moteur d’action des personnes qu’ils ont filmées, « des gens beaux car ils sont dans leur pouvoir créateur, et qui vivent mieux parce qu’ils améliorent la vie de la communauté ».

Conjuguer actions individuelles et collectivesJuliette Rousseau, porte-parole de la Coalition Climat 21, nous invite à agir à deux niveaux. Généraliser les solutions visant à enrayer la crise climatique et qui dessinent un modèle de société différent (amap, ressourcerie et fab lab, covoiturage…).Stopper les responsables par des actions collectives en usant de divers outils de pression : du boycott aux actes de désobéissance civile.

Choisir d’être optimiste Pour entretenir sa motivation, Élisabeth Laville, fondatrice d’Utopies, cabinet de conseil spécialisé dans la responsabilité sociétale des entreprises, propose de : suivre son élan plutôt que sa peur ; parler de ce qu’on commence plutôt que de ce qu’on arrête ; partager des histoires positives qui changent déjà la vie en mieux ; passer du « ou » au « et » : choisir le sens « et » le plaisir…

OK, MAIS ON FAIT QUOI ?

Pour sa VIe édition, dont le thème est « Faisons changer tous les climats ! »,

l’Université de la terre se met au diapason de la COP 21. Au menu, une série de débats : comment accélérer la transition, réformer l’éducation, bâtir un autre climat, édifier des villes durables… Et des intervenants éclectiques : Cynthia Fleury, Sébastien Chabal, Bertrand Piccard, Tristan Lecomte… Un événement pour rêver et construire un avenir différent, soutenu par Psychologies.Les 4 et 5 décembre à l’Unesco, à Paris. Inscriptions : universitedelaterre.com.

RENDEZ-VOUS À L’UNIVERSITÉ DE LA TERRE