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Pratique médicale et chirurgicale de l’animal de compagnie (2010) 45, 73—77 CAS CLINIQUE Rupture trachéale intrathoracique chez un chat Intrathoracic chronic tracheal rupture in a cat C. Moreau , D. Blanchot, D. Jacques Clinique vétérinaire Occitanie, 185, avenue des États-Unis, 31200 Toulouse, France Rec ¸u le 19 f´ evrier 2010 ; accepté le 20 mars 2010 Disponible sur Internet le 24 mai 2010 MOTS CLÉS Rupture trachéale intrathoracique ; Pseudotrachée ; Trachéoscopie ; Anastomose trachéale ; Chat Résumé Une chatte européenne d’un an et demi est présentée pour une détresse respira- toire d’apparition progressive depuis huit jours (antécédents d’accident de la voie publique trois semaines plus tôt). Des radiographies thoraciques ont montré un diverticule aérique au niveau de la trachée intrathoracique. Une trachéoscopie a confirmé la rupture trachéale en avant de la bifurcation trachéobronchique. Une anastomose terminoterminale de la trachée par thoracotomie a été réalisée et a permis une récupération complète de l’animal. Les rup- tures trachéales intrathoraciques restent des affections rares chez le chat. La dyspnée peut apparaître juste après le traumatisme ou se mettre en place dans les semaines suivantes, compliquant ainsi le diagnostic. Des radiographies du thorax et une trachéoscopie permettent un diagnostic rapide et certain. Le traitement de choix est l’exérèse de la pseudotrachée et une réanastomose trachéale par thoracotomie. Le pronostic est excellent à long terme. © 2010 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Intrathoracic tracheal rupture; Pseudo-trachea; Tracheoscopy; Tracheal anastomoses; Cat Summary A 1.5-year-old European cat was presented with a worsening respiratory dis- tress since 3 weeks after a traumatism. Thoracic radiographs showed a gas filled dilatation, which indicated a chronic intrathoracic tracheal avulsion. A tracheoscopy revealed a lesion few centimeters cranial to the tracheal bifurcation. Surgical termino-terminal anostomosis of the tracheae was performed via a lateral thoracotomy. The cat made a complete recovery following surgery. Intrathoracic tracheal avulsions remain anecdotic in cats. The dyspnoea may appear just after the traumatism or after several weeks, which makes the diagnosis more difficult. Thoracic radiographs and tracheoscopy allow a rapid and definitive diagnosis. Crédits de formation continue. La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Moreau). 0758-1882/$ — see front matter © 2010 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.anicom.2010.04.001

Rupture trachéale intrathoracique chez un chat

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Pratique médicale et chirurgicale de l’animal de compagnie (2010) 45, 73—77

CAS CLINIQUE

Rupture trachéale intrathoracique chez un chat�

Intrathoracic chronic tracheal rupture in a cat

C. Moreau ∗, D. Blanchot, D. Jacques

Clinique vétérinaire Occitanie, 185, avenue des États-Unis, 31200 Toulouse, France

Recu le 19 fevrier 2010 ; accepté le 20 mars 2010Disponible sur Internet le 24 mai 2010

MOTS CLÉSRupture trachéaleintrathoracique ;Pseudotrachée ;Trachéoscopie ;Anastomosetrachéale ;Chat

Résumé Une chatte européenne d’un an et demi est présentée pour une détresse respira-toire d’apparition progressive depuis huit jours (antécédents d’accident de la voie publiquetrois semaines plus tôt). Des radiographies thoraciques ont montré un diverticule aérique auniveau de la trachée intrathoracique. Une trachéoscopie a confirmé la rupture trachéale enavant de la bifurcation trachéobronchique. Une anastomose terminoterminale de la trachéepar thoracotomie a été réalisée et a permis une récupération complète de l’animal. Les rup-tures trachéales intrathoraciques restent des affections rares chez le chat. La dyspnée peutapparaître juste après le traumatisme ou se mettre en place dans les semaines suivantes,compliquant ainsi le diagnostic. Des radiographies du thorax et une trachéoscopie permettentun diagnostic rapide et certain. Le traitement de choix est l’exérèse de la pseudotrachée etune réanastomose trachéale par thoracotomie. Le pronostic est excellent à long terme.© 2010 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSIntrathoracic trachealrupture;Pseudo-trachea;

Summary A 1.5-year-old European cat was presented with a worsening respiratory dis-tress since 3 weeks after a traumatism. Thoracic radiographs showed a gas filled dilatation,which indicated a chronic intrathoracic tracheal avulsion. A tracheoscopy revealed a lesionfew centimeters cranial to the tracheal bifurcation. Surgical termino-terminal anostomosis ofthe tracheae was performed via a lateral thoracotomy. The cat made a complete recovery

Tracheoscopy;

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following surgery. Intrathoracic tracheal avulsions remain anecdotic in cats. The dyspnoeamay appear just after the traumatism or after several weeks, which makes the diagnosismore difficult. Thoracic radiographs and tracheoscopy allow a rapid and definitive diagnosis.

� Crédits de formation continue. La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire,est à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Moreau).

0758-1882/$ — see front matter © 2010 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.anicom.2010.04.001

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Therapy consists of resection of the stenosed ends of the injured trachea and repair by anasto-mosis. The long-term outcome is excellent.© 2010 AFVAC. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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Figure 1. Trachéoscopie montrant une sténose trachéale (flèche)eL

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tddu site de rupture trachéale. Le champ pulmonaire s’étendjusqu’à la 13e côte, indiquant une hyperinsufflation des pou-mons (Fig. 2).

ne rupture trachéale est une affection rare chez le chat.lle est le plus souvent iatrogénique, secondaire à unentubation, mais peut aussi faire suite à un traumatisme.es symptômes apparaissent généralement après quelquesemaines, compliquant le diagnostic.

ommémoratifs et anamnèse

ne chatte européenne femelle, stérilisée d’un an et demist référée pour une suspicion de rupture trachéale fai-ant suite à un accident de la voie publique survenu troisemaines plus tôt. Aucune autre anomalie n’avait été détec-ée dans les jours suivant le traumatisme. Cependant, uneétresse respiratoire et une intolérance à l’effort sont appa-ues progressivement.

xamen clinique

’animal présente une dyspnée inspiratoire et expiratoire auepos, s’exacerbant en cas de stress. Le reste de l’examenlinique est normal.

iagnostic

e diagnostic différentiel d’une dyspnée inspiratoire etxpiratoire chez le chat inclut une affection de l’appareilespiratoire supérieur (paralysie laryngée, tumeur, corpstranger, granulome inflammatoire, sténose ou rupturerachéale), une affection intrathoracique extrapulmonaireépanchement pleural, pneumothorax, hernie diaphragma-ique, masse médiastinale) et une affection pulmonaireatteinte bronchique, alvéolaire ou interstitielle).

Le vétérinaire traitant a réalisé une radiographie de profilu thorax. Celle-ci révèle une discontinuité de la silhouetterachéale sur une distance de 2 cm, de la troisième à lainquième vertèbre thoracique, évoquant une sténose oune rupture trachéale. La radiographie de face n’a pasté effectuée en raison de la dyspnée sévère du patient.ne endoscopie trachéobronchique est décidée afin de pré-iser le diagnostic. Le chat est préoxygéné à l’aide d’unasque pendant dix minutes, puis anesthésié avec du pro-ofol par voie intraveineuse (bolus d’induction de 6 mg/kg,uis entretien à la demande). L’oxygénothérapie est effec-uée à l’aide d’une sonde trachéale de 3,5 mm de diamètrentroduite dans la trachée, alternativement avec le bron-hoscope (endoscope flexible de 3,7 mm de diamètre). La

urée de la bronchoscopie est réduite au minimum. Uneténose trachéale est mise en évidence en regard de la troi-ième vertèbre thoracique. La lumière trachéale est réduite3 mm de diamètre (Fig. 1). L’endoscope ne peut progresseru-delà de la sténose. La sonde trachéale est ensuite main-

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n amont du site de rupture. Le diamètre trachéal est réduit à 3 mm.a muqueuse trachéale (astérisque) est normale en amont.

enue en place pendant le réveil. Le chat est référé pourne intervention chirurgicale.

Une seconde radiographie de profil du thorax est effec-uée lors de la consultation en référé. Un diverticule deensité aérique ou pseudotrachée est alors visible au niveau

igure 2. Radiographie thoracique prise 21 jours après le trau-atisme. Un diverticule aérique est présent au site de rupture

flèches). L’hyperinsufflation pulmonaire est très marquée.

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Rupture trachéale intrathoracique chez un chat 75

Traitement

Anesthésie

Le chat recoit une prémédication associant del’acépromazine (0,05 mg/kg) et du diazépam (0,2 mg/kg)par voie intraveineuse. Une préoxygénation au masque esteffectuée pendant dix minutes. L’induction est ensuiteréalisée au thiopental par voie intraveineuse (10 mg/kg).Le chat est intubé avec une sonde trachéale de 3,5 mm dediamètre. Une ventilation manuelle par pression positiveest effectuée tout au long de l’intervention à un rythmed’environ dix insufflations par minute, sans dépasser 20 mmde mercure. Un électrocardiogramme, un capnomètreet un oxymètre permettent de monitorer les fonctionscardiaque et respiratoire de l’animal pendant l’anesthésie.Une antibiothérapie est pratiquée (céfalexine 30 mg/kg,voie intraveineuse). La fluidothérapie peropératoire esteffectuée avec du Ringer lactate à 5 mL/kg par heure.

L’analgésie peropératoire comprend un anti-inflammatoire non stéroïdien (méloxicam, 0,2 mg/kgpar voie sous-cutanée) et du chlorhydrate de morphine(0,1 mg/kg puis 0,05 mg/kg toutes les heures par voieintraveineuse). Un bloc intercostal est enfin pratiqué avecde la bupivacaïne 0,5 % au niveau des troisième, quatrièmeet cinquième espace intercostaux (0,5 mL par site).

Technique chirurgicale

Une thoracotomie est réalisée au niveau du quatrièmeespace intercostal droit. Le lobe pulmonaire cranial estrécliné caudoventralement avec une compresse humide afind’exposer le médiastin cranial droit. Le nerf vague, le nerflaryngé récurrent droit, l’œsophage et la veine cave cra-niale sont localisés. La pseudotrachée est identifiée (Fig. 3).Les parties proximale et distale de la trachée sont repérées.Une suture de traction est placée dans la partie distale enzone saine. La pseudotrachée est incisée dans sa portiondistale et l’anneau trachéal le plus proche du site de rup-

Figure 3. Vue peropératoire du diverticule aérique (flèches), dela veine cave craniale (astérisque plein) et du nerf vague (astérisqueajouré). Le diverticule se gonfle et se dégonfle lors de la ventilationmanuelle. La suture de traction est placée dans la partie distale dela trachée.

Figure 4. Vue peropératoire après résection de la zone trachéalestl

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ténosée. La sonde trachéale stérile (astérisque ajouré) est main-enue dans l’about trachéal distal pendant cette opération. Notera persistance de l’adventice (astérisque plein).

ure est réséqué. Une sonde trachéale stérile de 3,5 mm deiamètre est introduite dans l’about distal de la trachéen prenant de ne pas dépasser la carène trachéale. Cetteonde est raccordée à l’appareil d’anesthésie à l’aide d’unuyau protégé d’une chemise stérile. Une seconde suturee traction est ensuite placée dans l’about proximal de larachée (Fig. 4) et l’anneau trachéal en regard est résé-ué (Fig. 5). La sonde trachéale stérile est alors retirée de’about distal et la sonde orotrachéale est doucement avan-ée par un aide au travers du site de rupture dans l’aboutrachéal distal. Des points simples de polydioxanone (déci-ale 2, aiguille ronde) sont positionnés sur tout le pourtoure la trachée afin d’apposer les deux muqueuses trachéales.es points prennent toute l’épaisseur de la muqueuse et

’appuient sur les anneaux trachéaux ou passent à traversFig. 6). Les fils de traction permettent de faire tourner larachée le long de son axe afin d’effectuer en toute visi-ilité l’anastomose du côté gauche. Le site d’anastomose

igure 5. Anneau trachéal proximal réséqué. Noter la sténosemportante par le tissu cicatriciel, imposant le passage d’air sur uniamètre de 3 mm seulement.

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igure 6. Vue peropératoire de la réanastomose trachéale. Lesoints simples sont espacés de quelques millimètres.

st ensuite rincé avec du sérum physiologique tiède pourepérer une éventuelle fuite d’air. Un drain thoracique estlacé, puis le site de thoracotomie est refermé de manièresuelle par des points simples de polydioxanone (décimale 3,iguille ronde) s’ancrant autour des côtes de chaque côtée l’incision. Les tissus sous-cutanés et la peau sont suturéslassiquement.

uivi postopératoire

’analgésie est poursuivie à l’aide de chlorhydrate de mor-hine à la dose de 0,05 mg/kg par voie sous-cutanée touteses quatre heures pendant 24 heures. La fluidothérapie estontinuée avec du Ringer lactate à 2 mL/kg par heure. Unexygénothérapie par sonde nasotrachéale est effectuée. Lerain thoracique est retiré 24 heures après l’interventionar il ne produit ni air ni liquide. La chatte est rapidementevrée de son oxygène 24 heures après l’intervention ; laonde nasotrachéale est retirée. Elle respire correctementt se réalimente rapidement. Elle sort d’hospitalisation8 heures après l’intervention avec une prescription de céfa-exine (15 mg/kg matin et soir) et de méloxicam (0,1 mg/kgne fois par jour) pendant huit jours.

Un contrôle est réalisé 15 jours après l’intervention.ucune difficulté respiratoire n’est notée. Une radiographieu thorax n’identifie aucune anomalie. Une endoscopie deontrôle effectuée deux mois après l’intervention montren diamètre trachéal normal sur l’ancien site de rupture.

iscussion

a rupture trachéale est une affection rare pouvant êtreatrogénique ou plus rarement traumatique [1,2]. Cette der-ière résulte d’une contusion du cou ou du thorax avecne hyperextension de la tête et du cou. Le trachée est

lors considérablement étirée, conduisant à sa ruptureans la partie la plus mobile, 1 à 4 cm cranialement à laifurcation des bronches souches, comme dans notre cas2,3].

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C. Moreau et al.

Une étude réalisée sur 16 chats présentant une rup-ure trachéale intrathoracique montre que 13 d’entre euxe présentent pas de détresse respiratoire dans les pre-ières semaines [2]. L’animal développe une dyspnée en

0,7 ± 7,9 jours en moyenne (médiane : 12,5 jours). Celle-ci’aggrave progressivement jusqu’au décès [2,4]. En effet,orsque la trachée se rompt, le passage de l’air est main-enu par la persistance de l’adventice ou l’épaississementu tissu médiastinal. Cela empêche la formation d’un pneu-omédiastin ou d’un pneumothorax. Cependant, le tissu

icatriciel provoque une sténose progressive sur le site deupture. Les changements de pression de l’air passant parette sténose semblent conduire au développement d’uneseudotrachée (diverticule empli d’air à l’endroit de la rup-ure trachéale), visible sur la seconde radiographie (Fig. 2)e notre patient [2,4,5]. La totalité de l’air inspiré ressortifficilement, provoquant une hyperinsufflation des pou-ons, également mise en évidence sur notre radiographie

Fig. 2) [2]. Dans notre cas clinique, les signes cliniquese sont apparus que quelques semaines après le trauma-isme. L’absence de clichés thoraciques post-traumatiquesystématiques empêche le diagnostic précoce.

La démarche diagnostique effectuée dans notre cas estomparable à celle proposée dans la littérature. Des radio-raphies du thorax ne permettent que de suspecter laupture trachéale par la présence d’une discontinuité de lailhouette trachéale ou d’une pseudotrachée. Le diagnostice certitude peut se faire par trachéoscopie. Cet examenermet d’apprécier la gravité des lésions [6,7]. Un apport’oxygène par le canal opérateur ou à l’aide d’une sonde deetit diamètre (de trois à huit french en fonction de l’espaceisponible) placée à côté de l’endoscope est conseillé [7].’examen tomodensitométrique est également décrit danse diagnostic d’une rupture trachéale. Il permet d’apprécierrécisément la localisation et l’étendue de la déchirure tra-héale avant l’intervention chirurgicale [8].

L’anesthésie est un point critique en cas de rupture tra-héale. L’animal est en effet en dyspnée au repos. Touttress peut entraîner une détresse respiratoire intense,ouvant aller jusqu’au décès [2,5]. Une prémédicationst donc réalisée (acépromazine, morphine), ainsi qu’unexygénothérapie préanesthésique à l’aide d’un masque.ette dernière augmente le temps disponible pour intu-er l’animal avant l’hypoxémie. L’induction est réaliséear voie intraveineuse et doit permettre une perte deonscience rapide (propofol ou thiopental). L’animal estnsuite intubé. La sonde trachéale ne doit pas dépas-er le site de rupture afin d’éviter la perforation de laseudotrachée et la formation d’un pneumothorax ou d’unneumomédiastin [2,5,9].

L’analgésie postopératoire est une composante primor-iale dans la gestion d’une rupture trachéale. Une douleurostopératoire limite en effet le remplissage pulmonaire10—12]. Différentes études réalisées chez le chien aprèshoracotomie ont montré la supériorité analgésique de’administration de bupivacaïne intrapleurale (bupivacaïne,5 % à la dose de 1,5 mg/kg toutes les quatre heures pen-ant 24 heures) sur l’administration de chlorhydrate de

orphine intraveineuse, intramusculaire ou intrapleurale,

t de buprénorphine intraveineuse [11—13]. La réalisation’un bloc intercostal, comme dans notre cas, permet unenalgésie postopératoire aussi puissante que la bupivacaïne

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Rupture trachéale intrathoracique chez un chat

intrapleurale, même si son effet est moins prolongé chezcertains patients [11].

La technique chirurgicale décrite dans notre cas est latechnique de référence [1,2,3,6]. Elle ne requiert aucunmatériel spécifique mise à part une sonde endotrachéalestérile. D’autres auteurs proposent d’intuber l’animal avecune sonde très fine afin de passer dans l’about trachéal dis-tal et d’éviter ainsi un changement de sonde peropératoire[13]. Cette technique ne peut être retenue car la sténosetrachéale est très importante la plupart du temps, ce quiaugmente le risque de perforation de la pseudotrachée[4]. Les anneaux trachéaux endommagés sont réséqués. Lalongueur de trachée pouvant être retirée sans risque dedéhiscence de suture ou de sténose n’est établie que chez lechien : 25 à 50 % chez un adulte et 20 à 25 % chez un chiot [3].Dans le cas décrit, deux anneaux trachéaux, soit 5 % de latrachée, ont été réséqués sans complication rapportée. Lesdeux abouts trachéaux sont suturés préférentiellement avecdes points simples de monofilament résorbable. En effet,chez le chien, un surjet simple entraîne plus de sténosescicatricielles que des points simples, même si la réalisationd’un surjet est plus rapide [14]. Aucune étude n’a cependantété publiée chez le chat.

Les résultats de cette intervention sont généralementexcellents si l’anesthésie et l’analgésie sont bien maîtriséeset si les structures anatomiques sont préservées, commedans notre cas [5,6]. L’animal peut décéder à l’inductionou suite à une hémorragie en cours d’intervention. Lescomplications postopératoires incluent une sténose plus onmoins importante de la trachée, une fuite d’air médias-tinale et une paralysie laryngée, plus fréquente du côtégauche. Le nerf laryngé récurrent gauche émerge en effetplus caudalement que le droit et se retrouve plus exposé à unéventuel traumatisme : lésion directe lors de l’interventionou contact trop étroit avec un point d’anastomose. Uncas unique est rapporté dans la littérature, chez lequella gêne respiratoire était très faible et ne nécessitait pasd’intervention. En outre, cette paralysie a disparu six moisplus tard, probablement en association avec la résorptiondes fils de suture [5].

Conclusion

La rupture trachéale intrathoracique est une affection raremais grave chez le chat. La présence d’un diverticuleaérique, ou pseudotrachée, sur une radiographie du tho-rax est fortement évocatrice d’une rupture trachéale. Une

trachéoscopie permet de confirmer le diagnostic et de pré-ciser la gravité des lésions. Le traitement est chirurgical. Ils’effectue dès que l’état clinique de l’animal le permet. Larésection des anneaux endommagés puis une réanastomosetrachéale permettent un excellent pronostic à long terme.

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onflit d’intérêt

ucun.

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