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4S31 © MASSON Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12 pt 2, 4S31-4S33 Conférences SYMPOSIUM IPSEN Approches critique et prospective des thérapeutiques d’avenir S2-1 Quelles perspectives pour la thérapeutique de la maladie d’Alzheimer ? Y. Christen Paris La recherche sur la maladie d'Alzheimer a été marquée par des progrès remarquables dans la compréhension des pro- cessus pathogéniques impliquées. Plusieurs cibles ont été identifiées, tout particulièrement en rapport avec la théorie dite de la cascade amyloïde (que l'on peut contrecarrer de nombreuses façons : en inhibant la production du peptide bêta-amyloïde, en l'empêchant de s'agréger ou de formes des oligomères, en neutralisant sa toxicité ou en facilitant son élimination). Les diverses hypothèses étiopathogé- niques et les études épidémiologiques ouvrent de nom- breuses pistes et donnent d'importants espoirs. Ceux-ci concernent à la fois des familles de médicaments actuelle- ment sur le marché et souvent considérés comme peu toxiques (anti-inflammatoires, anti-oxydants, estrogènes, diverses substances agissant sur des kinases, etc.), de nou- velles molécules (inhibiteurs de bêta et gamma-secrétases, « vaccins », molécules actives sur le cholestérol, etc.), et des perspectives soulevées par les recherches sur la plasti- cité en neurosciences (cellules souches, facteurs neurotro- phiques, greffes, thérapie génique, etc.). Les dernières années ont été marquées, après une vague d'espoirs, par plusieurs échecs : les estrogènes et les Cox-2 n'ont pas tenus leurs promesses, s'avérant même délétères ; l'essai de vaccination a été stoppé ; les inhibiteurs de bêta- secrétases s'avèrent difficiles à mettre au point, les inhibi- teurs de gamma-secrétase posent un problème du fait de l'interférence de cette enzyme avec Notch, l'administration des facteurs neurotrophiques posent de sérieux problèmes en pratique, l'utilisation des cellules souches se heurtent à une opposition de certains au nom de l'éthique, etc. Le but de cette communication sera de présenter une revue critique des données et des perspectives en mettant également en évidence la diversité des projets thérapeutiques possibles: effet symptomatique, ralentissement du processus pathogénique, prévention, réparation. Pour chacun de ces projets existent des pistes raisonnables. Mais la démonstra- tion clinique risque de s'avérer difficile. C'est la raison pour laquelle la mise au point de marqueurs permettant de suivre et de quantifier l'effet thérapeutique est essentielle. S2-2 Déficit cognitif sans démence et traitement : association à la survie et au risque de démence à long terme J.F. Dartigues, L. Carcaillon, N. Lechevallier, C. Helmer, A. Lafuma, B. Khoshnood Bordeaux, France. Dans une cohorte de sujets âgés, le risque de mort est envi- ron trois fois plus élevé que le risque de démence. Il est par ailleurs établi que la survie des sujets présentant un déficit cognitif sans démence (DCSD) est moins longue que celle des sujets normaux, même en l'absence de survenue de la démence. Ces deux évènements sont donc « compétitifs », et il est nécessaire d'en tenir compte si on souhaite étudier le devenir de sujets présentant un DCSD, l'important étant bien sur de survivre sans démence. Dans le cadre de l'étude Paquid, nous avons étudié le risque de démence, la survie et la survie sans démence après 13 ans de suivi associé à la présence ou non initiale d'un DCSD défini simplement par un score au MMS inférieur à 25. Après ajustement sur les facteurs connus prédicteurs de démence et de survie, les sujets présentant un DCSD ont un risque de démence majoré (RR = 2,12 ; IC95 % = 1,78- 2,52), une survie plus courte (RR = 1,35 ; IC95 % = 1,21- 1,51) et une survie sans démence plus courte (RR=1,46 ; IC95 % = 1,29-1,64) que les sujets sans DCSD. Initialement, 32 % des sujets présentant un DSCD étaient traités par un vasodilatateur et 23 % des sujets sans déficit cognitif. Après ajustement, le risque de démence chez les sujets sous vasodilatateurs était significativement majoré (RR = 1,25 ; IC95 % = 1,04-1,51), la survie et la survie sans démence inchangée. Par contre chez les sujets prenant de l'extrait de Gynkgo Biloba le risque de démence était inchangé alors que la survie était plus longue (RR = 0,82 ;

S2-1 Quelles perspectives pour la thérapeutique de la maladie d’Alzheimer ?

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Page 1: S2-1 Quelles perspectives pour la thérapeutique de la maladie d’Alzheimer ?

4S31© MASSON Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12 pt 2, 4S31-4S33

Con

fére

ncesSYMPOSIUM IPSEN

Approches critique et prospective desthérapeutiques d’avenir

S2-1 Quelles perspectives pour la thérapeutiquede la maladie d’Alzheimer ?

Y. Christen

Paris

La recherche sur la maladie d'Alzheimer a été marquée pardes progrès remarquables dans la compréhension des pro-cessus pathogéniques impliquées. Plusieurs cibles ont étéidentifiées, tout particulièrement en rapport avec la théoriedite de la cascade amyloïde (que l'on peut contrecarrer denombreuses façons : en inhibant la production du peptidebêta-amyloïde, en l'empêchant de s'agréger ou de formesdes oligomères, en neutralisant sa toxicité ou en facilitantson élimination). Les diverses hypothèses étiopathogé-niques et les études épidémiologiques ouvrent de nom-breuses pistes et donnent d'importants espoirs. Ceux-ciconcernent à la fois des familles de médicaments actuelle-ment sur le marché et souvent considérés comme peutoxiques (anti-inflammatoires, anti-oxydants, estrogènes,diverses substances agissant sur des kinases, etc.), de nou-velles molécules (inhibiteurs de bêta et gamma-secrétases,« vaccins », molécules actives sur le cholestérol, etc.), etdes perspectives soulevées par les recherches sur la plasti-cité en neurosciences (cellules souches, facteurs neurotro-phiques, greffes, thérapie génique, etc.).

Les dernières années ont été marquées, après une vagued'espoirs, par plusieurs échecs : les estrogènes et les Cox-2n'ont pas tenus leurs promesses, s'avérant même délétères ;l'essai de vaccination a été stoppé ; les inhibiteurs de bêta-secrétases s'avèrent difficiles à mettre au point, les inhibi-teurs de gamma-secrétase posent un problème du fait del'interférence de cette enzyme avec Notch, l'administrationdes facteurs neurotrophiques posent de sérieux problèmesen pratique, l'utilisation des cellules souches se heurtent àune opposition de certains au nom de l'éthique, etc.

Le but de cette communication sera de présenter unerevue critique des données et des perspectives en mettantégalement en évidence la diversité des projets thérapeutiquespossibles: effet symptomatique, ralentissement du processuspathogénique, prévention, réparation. Pour chacun de ces

projets existent des pistes raisonnables. Mais la démonstra-tion clinique risque de s'avérer difficile. C'est la raison pourlaquelle la mise au point de marqueurs permettant de suivreet de quantifier l'effet thérapeutique est essentielle.

S2-2 Déficit cognitif sans démence et traitement :association à la survie et au risque dedémence à long terme

J.F. Dartigues, L. Carcaillon, N. Lechevallier, C. Helmer, A. Lafuma,B. Khoshnood

Bordeaux, France.

Dans une cohorte de sujets âgés, le risque de mort est envi-ron trois fois plus élevé que le risque de démence. Il est parailleurs établi que la survie des sujets présentant un déficitcognitif sans démence (DCSD) est moins longue que celledes sujets normaux, même en l'absence de survenue de ladémence. Ces deux évènements sont donc « compétitifs »,et il est nécessaire d'en tenir compte si on souhaite étudierle devenir de sujets présentant un DCSD, l'important étantbien sur de survivre sans démence. Dans le cadre de l'étudePaquid, nous avons étudié le risque de démence, la survieet la survie sans démence après 13 ans de suivi associé à laprésence ou non initiale d'un DCSD défini simplement parun score au MMS inférieur à 25.

Après ajustement sur les facteurs connus prédicteurs dedémence et de survie, les sujets présentant un DCSD ont unrisque de démence majoré (RR = 2,12 ; IC95 % = 1,78-2,52), une survie plus courte (RR = 1,35 ; IC95 % = 1,21-1,51) et une survie sans démence plus courte (RR=1,46 ;IC95 % = 1,29-1,64) que les sujets sans DCSD.

Initialement, 32 % des sujets présentant un DSCD étaienttraités par un vasodilatateur et 23 % des sujets sans déficitcognitif. Après ajustement, le risque de démence chez lessujets sous vasodilatateurs était significativement majoré(RR = 1,25 ; IC95 % = 1,04-1,51), la survie et la surviesans démence inchangée. Par contre chez les sujets prenantde l'extrait de Gynkgo Biloba le risque de démence étaitinchangé alors que la survie était plus longue (RR = 0,82 ;