Saint-Pierre, D.(2006) Recension. Lemieux, V., Ouimet, M. « L'analyse structurale des réseaux sociaux, Québec et Bruxelles »

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    Compte rendu

    par Diane Saint-PierreRecherches sociographiques, vol. 47, n 1, 2006, p. 179-182.

    Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante :

    URI: http://id.erudit.org/iderudit/013660ar

    DOI: 10.7202/013660ar

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    Document tlcharg le 8 mars 2013 09:22

    Ouvrage recens :

    Vincent LEMIEUX et Mathieu OUIMET, Lanalyse structurale des rseaux sociaux, Qubec et

    Bruxelles, Les Presses de lUniversit Laval et De Boeck Universit, 2004, 112 p. (Mthode

    des sciences humaines.)

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    Pierre Ouellet fait un usage libre des notions de communaut et de socialitdans son chapitre intitul Les communauts de parole. La coexistence esthtique

    comme fondement du lien social . Nous avons dj cit sa dfinition trs parti-culire de la socialit. Quant sa notion de la communaut elle dsignerait ce dontje suis dpossd et qui munit autrui dans un dsir partag de ce qui nest pas etla peur commune de ce qui nest plus. Comme on le voit, cest l une dfinitionassez loigne de celle des sociologues.

    Dans lensemble louvrage contribue davantage nous clairer sur lesmutations de la communaut qu faire progresser notre comprhension de cequest la socialit. On ne voit pas trop bien en quoi consiste la socialit parce quonne sait pas quoi elle soppose. Est-ce ce qui est officialis dans le social ou, au

    contraire, ce qui ne lest pas et quon nomme gnralement la sociabilit ? Est-ce l conomicit et aux relations quelle instaure entre les humains ? Lemploi parplusieurs auteurs de louvrage des concepts mieux dlimits de lien social et derseau vient confirmer le caractre actuellement superflu du concept de socialit,alors que celui de communaut demeure indispensable.

    Vincent LEMIEUXProfesseur mrite,Dpartement de science politique,Universit Laval.

    Vincent LEMIEUX et Mathieu OUIMET, Lanalyse structurale des rseaux sociaux, Qubecet Bruxelles, Les Presses de lUniversit Laval et De Boeck Universit, 2004, 112 p.(Mthode des sciences humaines.)

    Lintrt du politologue et professeur mrite de lUniversit Laval, VincentLemieux, pour lanalyse structurale et les rseaux sociaux nest pas rcent, ceux-ci

    tant parmi ses domaines de prdilection depuis des dcennies. Comme il lesoulignait lui-mme dans un texte publi il y a maintenant plus de vingt ans, Uncheminement en science politique 1, cest au cours dun sjour en France, notam-ment loccasion de sa participation, en 1960, un sminaire en analyse structuraledu politique donn par lanthropologue Claude Lvi-Strauss, lun des principauxthoriciens du structuralisme du XXe sicle, que Lemieux approfondit ce domainedtudes. Quant lanalyse des rseaux, Lemieux sy intresse depuis fort long-temps, et ce pour plusieurs raisons dont cette contribution de lanthropologiesociale qui, souligne-t-il dans son texte de 1984, la toujours fascin et qui est

    rvlatrice de la prdominance des phnomnes de communication et de relation

    1. Texte publi dans Continuit et rupture. Les sciences sociales au Qubec (Georges-HenriLVESQUE, Guy ROCHER, Jacques HENRIPINet al. (dirs), Montral, Les Presses de lUniversitde Montral, tome I, p. 173-188).

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    tout en se prtant bien lanalyse structurale. De son ct, Mathieu Ouimet,coauteur de louvrage, est tudiant au doctorat du Dpartement de science politique

    de lUniversit Laval. Dans son mmoire de matrise dpos en 2000 lUniversitLaval, il sest intress au rseau des organisations intervenant auprs des toxi-comanes de la rgion de Qubec. Lun comme lautre se trouvent donc en terrainconnu quils matrisent de faon exprimente et quils vulgarisent habilement pourles publics lecteurs auxquels se destine cette publication, tudiants et chercheurs quisouhaitent sinitier cette approche interdisciplinaire. Lobjectif est clair et lesrsultats probants. Comprenant un glossaire des principaux concepts appropris lanalyse structurale, cet ouvrage a dabord des fonctions pdagogiques.

    Selon Lemieux et Ouimet, lanalyse structurale a pour objet les rseaux et leur

    structuration. Pour les acteurs sociaux, leurs relations avec dautres acteurs et laforme de ces relations importent davantage que leurs attributs, leurs fonctions etleurs actions ainsi que linterprtation quils font du monde ou des vnementshistoriques dont ils sont la fois tmoins et participants. Mais lanalyse structurale nest quune faon parmi dautres daborder les phnomnes sociaux (p. 11). Entmoignent diffrentes approches en analyse de politiques, dont celle des rseauxde politiques publiques. Il en est de mme de lanalyse causale (la recherche et lacomprhension des dterminants), de lanalyse squentielle ou par tapes despolitiques publiques (de lmergence lvaluation) ou de ces autres approches quimettent laccent sur les intrts et les stratgies des acteurs, sur leurs croyances ou

    encore, sur la construction du sens dans les politiques publiques et qui se fondent,gnralement, sur les dterminants de laction plutt que sur les relations entre desacteurs sociaux.

    Le deuxime chapitre prsente le cadre conceptuel de lanalyse structurale,lequel rsulte de la thorie des graphes et de lanalyse des rseaux sociaux, etpropose des dfinitions des principaux concepts utiliss en ce domaine et abordsdans les chapitres suivants. Les travaux de diffrents auteurs sont mis contri-

    bution, dont ceux de G.J. Zijlstra relatifs aux acteurs collectifs et de L.C. Freemanqui sattarde la position des acteurs, la notion de centralit et aux trois mesures

    de centralit quil a dveloppes, soit la centralit de degr qui reflte lactivitrelationnelle directe dun acteur , la centralit de proximit qui repose sur lalongueur du plus court chemin reliant deux acteurs et, enfin, la centralit dinter-mdiaire qui met laccent sur limportance de la position intermdiaire occupepar les acteurs dun graphe (p. 23-24).

    Le troisime chapitre traite de divers aspects mthodologiques lis la collecteet au traitement des donnes ncessaires lanalyse structurale ainsi que dediffrentes techniques courantes de collecte de donnes. La prsentation de cesaspects mthodologiques et techniques de collecte de donnes est prcde dune

    dmonstration clairante de lorganisation des donnes relationnelles utilisesen analyse structurale et qui visent mesurer le degr dassociation ou decausalit entre deux ou plusieurs variables (p. 26). Les auteurs prsentent deuxtypes de matrices, celle dite adjacente, la plus utilise en analyse structurale, et lamatrice dincidence, laquelle met laccent sur des donnes relationnelles dites

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    dappartenance. Bien que les auteurs reconnaissent avec justesse lexistence dautresmthodes en analyse structurale, quils nont pu traiter dans leur ouvrage intro-

    ductif, ils invitent les lecteurs souhaitant des approfondissements en ce domaine consulter la revue spcialise Social Networks et certains ouvrages cls.

    Lemieux et Ouimet sattardent quatre grandes thories explicatives qui onten commun cet intrt pour les relations entre les acteurs et non leurs attributs(information, richesse, statut). Les deux premires thories, particulirement envogue en analyse structurale , sont celles de M. Granovetter sur les liens forts ( lesproches ) et les liens faibles ( les connaissances ) entre les acteurs sociaux et cellesde R. S. Burt sur les trous structuraux, lesquels nexistent pas dans les regroupe-ments faits de liens forts (p. 46). Les deux autres thories, qui ressemblent

    davantage des modles selon Lemieux et Ouimet, sont la thorie de la groupa-bilit qui, contrairement aux deux prcdentes, nest pas associe un auteur enparticulier, et la thorie de la coordination des relations, encore peu rpandue enanalyse structurale. Pour chacune dentre elles, les auteurs prsentent dabord lespropositions gnrales sur lesquelles elle repose, et ensuite les propositions parti-culires qui en dcoulent [et qui] fournissent des explications aux configurationsque prennent les relations entre les acteurs (p. 43).

    Le dernier chapitre, fort propos, se consacre sept analyses structurales surles rseaux sociaux qui, pour certaines, sappuient sur une dmarche explicative,

    do le recours aux thories prsentes au chapitre prcdent, alors que la dmarchedautres tudes de cas est plutt descriptive et se limite ainsi lutilisation deconcepts prsents dans le troisime chapitre ou dautres concepts utiles lacomprhension des phnomnes tudis. Sattardant aux travaux prcurseurs etincontournables des Lvi-Strauss, Granovetter, Moreno et nombre dautres, cestudes de cas portent sur divers domaines des sciences humaines : les relations deparent, les rseaux sociomtriques, le capital social, les rseaux de soutien, lesrseaux de mobilisation, les rseaux dentreprises et les rseaux de politiquespubliques (p. 56). Dans chacun des cas, Lemieux et Ouimet font tat de lobjet etde la problmatique, des techniques de collecte de donnes, de la prsentation et de

    lanalyse des donnes et, enfin, de quelques lments de conclusion.En guise de conclusion de louvrage, Lemieux et Ouimet font une trs brve

    voire trop brve critique de lanalyse structurale, soit ses avantages et ses limites :accessibilit, complmentarit et degr lev de gnralisation des principalesthories prsentes, mais aussi inapplication de lanalyse structurale certainsphnomnes sociaux et incapacit de rendre compte, elle seule, du discours etdes idologies, de tous les aspects des transactions conomiques et des processuspolitiques (p. 98).

    Bref, que dire de plus, sinon que cet ouvrage introductif car cest de celaquil sagit lanalyse structurale est assurment clairant pour le public de lacollection, Mthodes des sciences humaines, dans laquelle il est publi. En cela, lesauteurs peuvent dire mission accomplie , puisquils ont montr leur capacit

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    de pdagogues, de vulgarisateurs et, assurment, de promoteurs de lanalysestructurale des rseaux sociaux.

    Diane SAINT-PIERREINRS Urbanisation, Culture et Socit.

    Louise GUYON, Serge BROCHU et Michel LANDRY (dirs), Les jeunes et les drogues.Usages et dpendances, Qubec, Les Presses de lUniversit Laval, 2005, 325 p.

    Le livre est un collectif regroupant huit tudes diffrentes en autant dechapitres sur la question de la consommation de drogues chez les jeunes au Qubec.Louvrage fait suite un sminaire tenu Montral en janvier 2003 et il constitueune rfrence trs pertinente quant la prvalence de la consommation de subs-tances psychoactives chez les jeunes. Il contient une quantit impressionnante dedonnes empiriques sur le phnomne et a le mrite de fournir lheure juste,notamment quant limportance actuelle de la consommation de psychotropes chezles jeunes et aux trajectoires typiques de cette consommation chez les individus etchez les diffrentes cohortes observes au cours des dernires dcennies. On yapprend notamment que la consommation est plus importante que ce que certainesenqutes gnrales avaient pu rvler auparavant.

    Sur le quatrime de couverture, il est indiqu que les textes prsents serontdun grand intrt pour tous les intervenants, parents, professeurs, professionnelsde la sant ou chercheurs . Nous souscrivons laffirmation, mais il faut ajouterque plusieurs chapitres affichent un discours que bon nombre de parents ou mmedintervenants trouveront charg de contenus mthodologiques caractrerelativement technique.

    Le chapitre de Louise Guyon et Lyne Desjardins fournit le tableau de la

    consommation dun chantillon reprsentatif de plus de 4 700 adolescents frquen-tant une cole secondaire au Qubec. Les donnes sur la consommation de substancespsychoactives y sont prsentes de faon claire et synthtique. Il sagit certainementdune rfrence prcieuse. Le chapitre offre aussi une interprtation des donnes enfonction de trois niveaux dengagement dans la consommation : feu vert, feu jauneet feu rouge. Ces trois profils de consommation sont habilement utiliss pourinterprter les niveaux de risque. Une dmonstration claire est faite que lenga-gement dans la consommation est associ des difficults dadaptation personnelleet relationnelle du jeune et que la prcocit est un tmoin important du risquedenlisement dans la consommation.

    Le deuxime chapitre, rdig par Frank Vitaro, Ren Carbonneau, RichardE. Tremblay et Catherine Gosselin, se divise en deux parties. La premire constitueune description trs intressante de trois trajectoires de dveloppement de laconsommation chez une cohorte dadolescents et jeunes adultes suivis pendant 15 ans,