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CommentaireIl est tout de même paradoxal d’être invités à n’être inquiets de rien et, plus encore, à pousser des cris de joie alors que l’épreuve et les méfaits de la crise ne cessent de nous inquiéter et de nous pousser à la tristesse !

Tout repose, dans ce dimanche de Laetare, sur une ouverture du regard plus loin et plus profond que celui qui se verrouille sur des vicissitudes mon-daines. Il ne s’agit évidemment pas de jouer la politique de l’autruche vis-à-vis de situations objectivement très préoccupantes mais de ne pas arrêter le regard sur elles comme si le monde était irrémédiablement clos sur lui-même. Christ ressuscité se tient au milieu de nous. Tel est le fondement de notre joie.

« Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas et que celui qui a de quoi manger fasse de même … Ne molestez personne, n’extorquez rien ». Lc. 3,10-18

3e dimanche de l’Avent

« Pousse des cris de joie, fi lle de

Sion … Réjouis-toi, triomphe de

tout ton cœur, fi lle de Jérusalem

…Yahvé est roi d’Israël au

milieu de toi. Tu n’as plus de

malheur à craindre. » So.3,14

« Réjouissez-vous sans cesse

dans le Seigneur… Le Seigneur

est proche. N’entretenez aucun

souci… Alors la paix de Dieu

qui surpasse toute intelligence

prendra sous sa garde vos

cœurs et vos pensées, dans

le Christ Jésus ». Ph.4,4-7

Sans-papiers.

Saint Martin de Tours.

9LA PAIX EN MARCHE • SEPTEMBRE 2009

Cette joie est communicative : Pousse des cris de joie, fi lle de Sion (1° lec-ture) et Paul nous demande : « Soyez dans la joie », une joie qui remplit no-tre cœur, nous rend serein, car elle est fondée sur la paix de Dieu.

Dans sa marche vers Noël, l’espéran-ce chrétienne dégage des perspec-tives neuves en se fondant sur une solide certitude : la Paix de Dieu est déjà semée dans nos vies. Elle pousse dans nos cœurs sous le souffl e neuf de l’Esprit.

Mais la gratuité de ce don de la foi dans la paix de Dieu ne nous laisse pas passifs. Le « que devons-nous faire ? » des disciples de Jean-Baptiste est là pour nous le rappeler. Et les pro-positions que fait alors le Précurseur convergent vers une unique posture, fondamentale, une attitude où le che-min de la paix avec Dieu croise celui de la paix avec les frères.

Voir, discerner, agir : suggestions pratiques

Ouvrons les yeux !Nous avons d’une part à libérer nos regards des prisons bâties par nos sociétés cloisonnées par les com-munautarismes et, d’autre part, à les ouvrir sur les nombreux signes de partage dont l’actualité ne manque pas, même s’ils sont peu relayés par les médias. Des manifestations aussi, comme la Fête des Peuples, témoi-gnent d’ouvertures concrètes impré-gnées d’espérance. Ces événements pleins d’une joyeuse espérance sont à lire à la lumière du comportement d’Abraham qui, comme s’il voyait l’invisible (Hb.11,27) partit dans la destinée que Dieu voulait pour lui. Ce regard en profondeur vers l’essentiel doit nous pousser à discerner ce qui est bon dans notre monde en crise et éclairer notre route.

Pour discernerIl faut approfondir notre regard sur l’homme, notre prochain, notre frère. Comme le regard de Jésus qui voyait le cœur de tout homme, dans son attention aux plus pauvres, aux pé-cheurs, aux exclus…Le discernement à faire est alors tout indiqué dans la page de l’Évangile sur le Jugement dernier (en Mt.25). Il nous porte à reconnaître dans l’autre, en tout autre, la présence et l’action – réelle mais parfois bien contrariée ! – du Seigneur. Ce regard est spécifi que-ment chrétien.Essayons par conséquent de transfor-mer notre regard, de laisser le Christ passer par notre regard pour porter sur notre prochain le sien.

En vue d’agirL’action à entreprendre coule alors de source. La même page d’évangile en déploie les différents aspects. Mais cette action prend aussi le chemin de la prière car il convient de prendre du temps pour reconnaître après coup la présence et l’action du Seigneur ressuscité dans les multiples rencon-tres de la journée. Cet agir spirituel se poursuit bien entendu en prière aux intentions des personnes rencon-trées.

ÉQUIPE DE TOULOUSE

Je lève les yeux vers les monts d’où viendra mon secours Mon secours n’est que toi ô SeigneurTu es à ma droite Tu es mon ombrageTu tisses mon âme Tu brodes mon cœurTu es mon berger Tu es ma citadelleTu es mon étoile Tu es mon Dieu

Tu es ma recherche Tu es ma réponseTu es dans mon âme Tu es dans mes yeuxQui d’autre que toi je contemple sur terreQui d’autre que toi je verrai dans les cieuxTa main me recrée en ta grande tendresseVers toi je m’élance, vers toi mon Dieu

Je veux te chanter durant toute ma vieJe veux te louer tant que j’existeraiEt sur ton chemin je promets d’avancerCar de toutes mes craintes tu m’as délivréDétourne ta face de toutes mes fautesRetrace en mon cœur ton esprit mon Dieu

Tu es mon partage Mon âme est en fêteTu guides mes pas au sentier de la vieHeureux l’homme à qui tu effaces la peineHeureux l’homme à qui ton visage souritPour moi le bonheur c’est de vivre à jamaisPrès de toi mon rocher près de toi mon Dieu

MONSOUR LABAKI, MOINE LIBANAIS

PRIÈRE JE VEUX TE CHANTER

En relation avec cette joie, il est suggéré :

• de faire un commentaire sur le symbole du vin, boisson de fête par excellence, tout à fait judicieuse pour signifi er la joie de communier à la vie du Christ. Le sang symbolise en effet la vie. C’est cette vie qui est répandue pour le salut de la multitude. Rien n’est mortifère dans la consécration du vin au sang du Christ !

• d’offrir à l’assemblée de communier au Précieux Sang. La formule par intinction est à la fois commode, hygiénique et met à l’abri de faux mouvements.

SUGGESTION LITURGIQUE

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Mot d’accueil : « Frères, soyez dans

la joie » nous dira st Paul dans la lecture de ce 3e dimanche de l’Avent. Cette joie nous donnera la paix de Dieu, cette joie doit nous accompagner tous les jours dans nos engagements, dans nos actions de réconciliation, de communion fraternelle. Alors soyons dans la joie, le Seigneur est proche.

Chant d’entrée : Préparez les chemins du Seigneur E 134 (notamment les couplets 1 & 3) ou Aube nouvelle E 130 ou Nous avons vu les pas E 120

Préparation pénitentielle3e formule :Seigneur, Toi que nous attendons, éloigne de nous toute crainte… Seigneur, prends pitié.Ô Christ, Toi qui es si proche, donne-nous ta paix… Ô Christ, prends pitié.Seigneur, Toi qui viens nous sauver, emplis nos cœurs de joie… Seigneur, prends pitié.ou Litanie pour l’Avent E 183

Prière d’ouverture Missel romain ou oraisons nouvelles :Dieu fi dèle à tes promesses, tu nous délivres de l’inquiétude et de la crainte, et l’Esprit répand en nous ta joie. Que monte en louange notre certitude : Il vient, Jésus, le Seigneur, notre allégresse pour les siècles des siècles.

Liturgie de la Parole1re lecture : So 3, 14-18Devant les épreuves, les crises, la peur nous paralyse. Mais Sophonie nous rappelle que le Seigneur est là : ayons confi ance, réjouissons-nous.Cantique d’Isaïe 12Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieu de nous.2e lecture : Ph 4, 4-7Paul lui aussi nous invite à la joie et cette joie nous conduira à la paix de Dieu.Évangile : Lc 3, 10-18

Pistes pour la prière universelle à adapter dans les communautés et en fonction de l’actualité.

Introduction : Faisons connaître à Dieu nos demandes car nous croyons à sa paix qu’il veut donner à tous les hommes.• Pour que notre Église sache susciter

des gestes de partage, des signes de fraternité et de paix, signes de ta présence ; nous te prions, Seigneur.

• Pour que les chefs d’État soient guidés par le souci de la justice et pour que la force du droit international l’emporte toujours sur la force des armes ; nous te prions, Seigneur.

• Pour que les victimes des violences, des guerres, des confl its, notamment nos frères chrétiens d’Irak, trouvent des artisans de paix qui sauront les accompagner, les réconforter ; nous te prions, Seigneur.

• Pour que des graines de paix et de non-violence soient largement semées dans nos écoles, nos communautés, notre vie quotidienne, jusqu’à s’enraciner profondément dans notre culture ; nous te prions, Seigneur.

Prière de conclusion :Seigneur, tu entends et exauces nos demandes. Nous te rendons grâce et nous te supplions encore de révéler ta bonté à tous ceux qui te cherchent, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Liturgie eucharistiquePrière sur les offrandesMissel romain ou oraisons nouvelles :Tu nous as fait pour Toi, Seigneur notre Dieu, Toi, la plénitude de notre bonheur ; et notre vie n’a de sens qu’orientée vers ton Christ. Reçois ce pain et ce vin en signe de reconnaissance et de disponibilité. Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.

Préface :Vraiment, il est bon de te glorifi er ensemble, Père, car le Seigneur Jésus est proche !C’est lui qui nous renouvelle par son amour, lui qui veut se réjouir en son Église. C’est lui qui apporte la paix à tous les hommes et qui les baptise dans l’Esprit et le feu.C’est pourquoi, avec les anges et tous les saints, avec les croyants de toutes les Églises, nous proclamons ta gloire en chantant d’une seule voix : Saint !…

Le vin est signe de fête, de joie : on peut proposer la communion aux deux espèces.

Chant pour la communion :Peuples criez de joie M 27ou Dieu est à l’œuvre en cet âge T 50

Prière après la communionMissel romain ou oraisons nouvelles :Dieu notre Père, ton Fils nous baptise dans l’Esprit Saint et dans le feu. Par son corps et son sang, il a renouvelé en nous la force de l’amour. Accorde-nous le courage de rechercher la justice et le partage et de refuser toute violence. Ainsi, nous hâterons la venue de celui qui ne veut pas condamner, mais sauver le monde pour les siècles des siècles.

Envoi :Dieu parmi les hommes E 118 ou Peuple de frères T 122

Célébration

du 3e dimanche de l’Avent

Pistes pour la célébration eucharistique

11LA PAIX EN MARCHE • SEPTEMBRE 2009AVENT SEMAINE DE LA PAIX

La parabole sur Le fi ls perdu et retrouvé peut être reçue comme une leçon de paix et de sortie de crise. Non pas une crise économique et fi nancière, quoique le prodigue ait eu à en subir personnellement l’épreuve, mais une crise intérieure destructrice de relations et de paix familiale. Cette page d’Évangile invite à méditer pas à pas sur l’émergence et la régénération de la paix au niveau le plus profond qui soit, celui de la paix venue de Dieu, à cultiver chaque jour dans la prière et dans nos relations avec les autres. La Semaine de la Paix nous donne l’occasion de méditer sur ce bonheur, grâce personnelle à vivre et à partager avec les autres.

Semaine de la Paixdans un monde en crise, à la lumière de la parabole du Fils perdu et retrouvé

LundiIl ressentit la famine.La crise est un révélateur. Elle nous fait percevoir la précarité de nos modes de vie. Ce dont nous disposons, nous abu-sons, et que nous dilapidons, ne nous comble fi nalement pas. Nous sommes à la fois déçus et troublés en constatant la fi n de projets de société fondés sur l’il-lusion prise comme une évidence pre-mière, d’un progrès illimité. La vacuité de nos richesses nous saute aux yeux.

SuggestionsPrendre la mesure de tout ce qui rem-plit nos journées et dont l’intérêt réel n’est vraiment pas majeur. Ces espè-ces de coupe-faim encombrent plus qu’ils ne nourrissent. Ouvrons hum-blement les yeux sur cette réalité.

MardiIl aurait bien aimé se nourrir

de ce que l’on donnait

aux porcs mais personne

ne lui en donnait.Comme le prodigue nous sommes nous aussi comme perdus dans le pays qui s’étend loin du Père. Et nous réalisons,

parfois confusément, que nous n’y sommes pas bien. Mais plutôt que de prendre au sérieux les constats qui fondent cette insatisfaction, qui ex-pliquent cette famine, nous préférons la politique de l’autruche en fermant les yeux sur les questions essentielles. Le souci du confort et de l’opulence, même relative, nous en détourne. Des déserts affectifs et spirituels étendent leur aridité malgré le clinquant de prospérités de surface et éphémères. La drogue des activismes, le goût des futilités tentent sans succès de nous combler… nous devenons même étrangers à nous-mêmes !

SuggestionsReconnaître nos tentatives de fuite devant la réalité, le choix pour le prin-cipe de plaisir au détriment de celui de réalité, nos soumissions aux tenta-tions de la consommation, au prix de manque de courage pour des choix qui nous rendraient libres.

MercrediAlors il rentra en lui-même.Construire la paix demande que l’on prenne du recul, de la distance par rapport à nos façons communes de

Le retour de l’enfant prodigue / Rembrandt

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AVENT SEMAINE DE LA PAIX

voir et de vivre. Pour quitter les verres teintés qui colorent nos regards por-tés sur des situations jugées sponta-nément normales et qui en fait ne le sont pas du tout. Consommation mal régulée, cumul des biens de la planète entre les mains d’une minorité attein-te de cellulite du superfl u, partages injustes… doublés d’une considéra-tion dépréciative de l’étranger, asthé-nie de notre vie de prière… On n’en fi nirait plus de détailler la litanie des anomalies qui expliquent l’insatis-faction de fond dont il faut bien que nous prenions une juste conscience.

SuggestionsIl devient impératif de “se poser”. Non seulement pour engager un examen de conscience salutaire mais aussi pour nous situer dans le paysage et reconnaître la vocation, personnelle et commune, qui donne sens à nos exis-tences. Pour nous reconnaître ainsi fi ls de Dieu et tous frères.

JeudiJe me lèverai

et j’irai vers mon Père.C’est le temps de la confi ance abso-lue ! Jamais rien n’est totalement ni défi nitivement perdu. Dans tout dé-sert il y a un puits. Quelqu’un nous espère. Les murs les plus solides fi nis-sent par s’effondrer. Mais la certitude appelle le projet d’un engagement actif. Dans le chantier de la paix nous sommes tous des responsables.

SuggestionsNous ne pouvons pas refaire le mon-de, mais adopter des comportements d’artisans de paix est à notre portée. A cette étape de la réfl exion, il convient d’en faire le projet. Qu’envisageons-nous donc de concret pour nous le-ver et orienter nos façons de vivre, de consommer, de partager et de com-muniquer, dans le sens de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ?

VendrediIl revint vers son Père

qui courut se jeter à son cou.Les retrouvailles entre le père et son fi ls cadet sont émouvantes. Le père se précipite vers le fi ls, lui saute au cou, l’embrasse longuement ! Dieu vient à

la rencontre de l’homme. C’est sa mé-thode, c’est son amour. Au lieu d’un jugement culpabilisant, la tendresse révélée par le Verbe fait chair.

SuggestionsAccepter la paix retrouvée dans l’étreinte du Père empreinte de tendresse. Faire nôtre sa joie de retrouver son fi ls. Il y a là une posture intérieure à retrouver dans le sacrement de la Réconciliation. Mais la grâce du pardon est en même temps à vivre dans nos relations avec les autres. Et si nous faisions pour nous-même un bilan-pardon… après le bilan-carbone de nos entorses à la paix ?

SamediMangeons et festoyons …

mon fi ls qui était perdu

est retrouvé.Voilà bien la préfi guration de l’eucha-ristie à vivre dans la joie d’un banquet de paix ! Mais nous ne sommes pas à l’abri du syndrome du fi ls aîné. Le frère n’est pas en paix, il est jaloux. L’option pour la paix est toujours vulnérable, capable d’être blessée de l’intérieur, au sein même de la fa-mille. L’Église et ses communautés pâtissent régulièrement de tensions négatives et de divisions néfastes.

SuggestionsD’abord exprimer la joie de la paix re-trouvée dans la convivialité de parta-ges appelés à trouver leur expression accomplie dans l’assemblée et le re-pas eucharistiques.Reconnaître aussi les résistances à se réconcilier après un différent, une dispute ? Précisons quels sont les obstacles à surmonter pour maintenir ouverts les chemins de la paix et les aides susceptibles d’aider à les tracer.

« Il se dressera, il fera paître

son troupeau par la puissan-

ce de Yahvé, par la majesté

de la puissance de son Dieu.

Ils s’établiront car alors il sera

grand jusqu’aux extrémités

du pays. Celui-ci sera paix » . Mi.5,1-4

« Tu n’as voulu ni sacrifi ce

ni oblation mais tu m’as

façonné un corps …

Voici je viens pour faire ta

volonté … et c’est en vertu

de cette volonté que nous

sommes sanctifi és

par l’oblation du corps

de Jésus-Christ

une fois pour toutes ». Hb.10,5-10

L’annonciation / Fra Angelico