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UNIVERSITE MONTESQUIEU BORDEAUX IV
Master II « Aménagement du Territoire et Développement Local »
Année universitaire 2010-2011
SCHEMA DE SERVICES DES PAYS :
PRESENTATION, REGARDS DES TERRITOIRES ET
PREMIER BILAN
Rapport d’étude dans le cadre du stage professionnel
Présenté par
Fanny RIBEREAU
Pays et Quartiers d’Aquitaine
2
Sous la direction de
Monsieur Xavier STEFFAN, chargé de mission « Territoires ruraux » à Pays et Quartiers
d’Aquitaine et Madame Marilyne PEYREFITTE, co-responsable du Master II « Aménagement du
Territoire et Développement Local » à l’université Montesquieu Bordeaux IV.
Remerciements
Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui ont été associées de près ou de loin à cette
étude.
Tout d’abord, merci à Christine ROMAN, directrice de Pays et Quartiers d’Aquitaine, pour
m’avoir accueillie au sein de son équipe.
Je remercie tout particulièrement Monsieur Xavier STEFFAN, chargé de mission
« Territoires ruraux » à Pays et Quartiers d’Aquitaine, pour son appui, sa disponibilité et ses
précieux conseils ainsi que Madame Marilyne PEYREFITTE, pour son encadrement et ses
recommandations prodiguées durant le stage.
Mes remerciements s’adressent également à l’équipe de Pays et Quartiers d’Aquitaine, pour
leur concours et leur accueil chaleureux ainsi qu’aux stagiaires, pour nos nombreux échanges.
Enfin, je tiens à remercier l’ensemble des acteurs des territoires de projet aquitains pour le
temps qu’ils m’ont consacré.
Résumé
Cette étude s’attache à analyser la mise en œuvre des schémas de services à la population
portés par les pays. Elle a vocation à produire de la connaissance sur ces démarches parmi un
échantillon de territoires aquitains. Elle permet d’apprécier les différents modes opératoires portés
par ces pays dans l’élaboration de ces démarches, d’identifier les plus-values que l’on peut retirer
d’un schéma de services ainsi que ses faiblesses et les difficultés rencontrées sur le terrain par les
acteurs locaux associés. La finalité de cette étude est de formuler des préconisations relatives à
l'amélioration de cette démarche dans la perspective éventuelle d'une prochaine génération de
contrat de pays. Ces préconisations sont faites à partir des enseignements tirés suite aux différents
échanges réalisés avec les acteurs des territoires.
3
Mots-clés : développement rural, développement local, Conseil Régional, démarche territoriale,
politique régionale contractuelle, programme européen, pays, services à la population
4
LISTE DES SIGLES
ADF : Assemblée des Départements de France
AdCF : Assemblée des Communautés de France
ADEM : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’énergie
ADRETS : Association pour le Développement en Réseau des Territoires et des Services
AFOM : Avantages - Faiblesses - Opportunités - Menaces
APFP : Association de Promotion et de Fédération des Pays
ARDIE : Association Régionale pour le Développement de l'Insertion par l’Economique
ARF : Association des Régions de France
ARH : Agence Régionale de l’Hospitalisation
ATD : Agence Technique Départementale
BIJ : Bureau Information Jeunesse
CAF : Caisse d’Allocation Familiale
CAP : Certificat d’Aptitude Professionnelle
CESER : Conseil Economique Social et Environnemental Régional
CIAT : Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire
CLSH : Centre de Loisirs Sans Hébergement
CNDS : Centre National pour le Développement du Sport
CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie
CPER : Contrat de Plan Etat Région
DAC : Document d’Aménagement Commercial
Ddass : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales
DDE : Direction Départementale de l’Equipement
DDR : Dotation de Développement Rural
DGE : Dotation Globale d’Equipement
DOCUP : DOCument Unique de Programmation
DOO : Document d’Orientation et d’Objectifs
DRAAF : Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt
DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles
DRDR : Document Régional de Développement Rural
DTR (loi) : Loi de Développement des Territoires Ruraux
EDF : Electricité De France
ENE (loi) : Loi d’Engagement National pour l'Environnement
5
EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale
FAQSV : Fonds d'Aide à la Qualité des Soins en Ville
FEADER : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural
FEDER : Fonds Européen de Développement Régional
FINESS : Fichier National des Etablissements Sanitaires et Sociaux
FIQCS : Fonds d'Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins
FSE : Fonds Social Européen
GAL : Groupe d’Action Locale
GDF : Gaz De France
GIP : Groupement d’Intérêt Public
HLM : Habitation à Loyer Modéré
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
LEADER : Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale
LOADT : Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement du Territoire
LOADDT : Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement Durable du Territoire
MSA : Mutuelle Sociale Agricole
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAC : Politique Agricole Commune
PCD : Projet Collectif de Développement
PDRH : Programme de Développement Rural Hexagonal
PER : Pôle d’Excellence Rurale
PIJ : Point d’Information Jeune
PLIE : Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi
PLUI : Plan Local d’Urbanisme Intercommunal
PNR : Parc Naturel Régional
PQA : Pays et Quartiers d’Aquitaine
PSN : Plan Stratégique National
RDR : Règlement de Développement Rural
SCoT : schéma de Cohérence Territoriale
SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer Français
SRADDT : schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire
TAD : Transport A la Demande
TER : Transport Express Régional
TIC : Technologie de l’Information et de la Communication
URCAM : Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie
6
Méthodologie de lecture :
Les caractères en italique renvoient aux informations récoltées sur les territoires, suite aux
entretiens réalisés avec les acteurs ou à travers les différents documents collectés.
Le Conseil Régional d’Aquitaine peut être mentionné par les expressions « la Région » ou
« le Conseil Régional » pour faciliter la lecture de ce rapport, et désigne la Politique
contractuelle des pays à travers son règlement d’intervention ou les personnes affiliées à son
service.
De même, le schéma de services peut être désigné par les termes « la démarche » ou « le
schéma ».
7
SOMMAIRE
Introduction
I. Approche institutionnelle de l’organisation des services à la population à l'échelle des
pays
A. L'élaboration d'un schéma de services, une exigence du Conseil Régional d’Aquitaine
B. Une démarche au cœur d'un contexte instable
II. Appropriation du schéma de services par les acteurs des territoires : les modes
opératoires adoptés par les pays
A. Les moyens matériels et humains mobilisés
B. Identification et analyse des méthodologies employées pour l'élaboration du schéma de
services
C. L’analyse des cohérences internes et externes du schéma de services
D. Les modalités d'association des acteurs locaux aux démarches de schéma
III. Bilan intermediaire : quels impacts des schémas de services sur les territoires ?
A. Une plus-value certaine
B. Mais des faiblesses et/ou des difficultés apparentes
C. Préconisations en vue de répondre aux difficultés observées
Conclusion
8
INTRODUCTION
Depuis une vingtaine d’années, de profondes mutations sont à l’œuvre dans la société
française, notamment du point de vue démographique. La tendance à l’exode rural caractérisant les
campagnes françaises depuis le milieu du XIX siècle s’est aujourd’hui inversée. Des phénomènes
d’accélération des migrations vers les espaces à dominante rurale sont désormais à l’œuvre sur le
territoire français. Ces évolutions ont été permises par la généralisation de l’usage de l’automobile
et correspondent à la recherche d’un certain cadre de vie, drainant ainsi de nouvelles populations
vers l’espace rural. La composition et la sociologie des populations rurales s’en trouvent alors
modifiées, engendrant une demande de services nouveaux.
De quels services est-il question ?
Ces services dits « services à la population » ont une dimension abstraite dans la mesure où
il est difficile de savoir ce qu’ils recouvrent exactement. De manière générale, ils concernent « tous
les services rendus directement ou indirectement aux personnes et/ou familles, répondant à des
besoins individuels et/ou collectifs à caractère économique, social ou culturel. Ce qui inclut
notamment :
les services économiques de base tels que la fourniture d’eau et d’électricité à usage
domestique, le ramassage des ordures ménagères, le traitement des eaux usées, etc. ;
les services sociaux élémentaires tels que l’éducation (école) et la santé (médecin,
pharmacien, hôpital, ambulance) ;
les autres services sociaux (services à domicile, appui à la petite enfance, aux personnes
âgées, etc.) ;
les services de sécurité (police, gardiennage) ;
les services de transport ;
les services de communication (poste, téléphone) ;
les services d’information ;
les commerces (épicerie, boulangerie, etc.), fixes ou ambulants ;
les services culturels et de loisirs1 ».
De même, il convient de souligner que l’Association pour le Développement en Réseau des
Territoires et des Services (l’ADRETS), a publié une liste exhaustive de services à la population
suite au recensement de « dix-huit bouquets de services »2.
1 Observatoire Européen LEADER « Développer les services à la population en milieu rural », Cahier n°5, septembre
1999, p.9 2 Voir annexe 1, p. 71
9
Encadré 1 : Services à la personne, services publics, services au public, services à la
population… de quoi parle-t-on ?
Aujourd’hui ces termes sont employés sans discernement, indifféremment de leur sens initial. Il
convient de donner un aperçu de leurs sphères respectives afin de mieux comprendre la conception
élargie du champ des services à la population, utilisée aujourd’hui. Les définitions théoriques sont
omises volontairement pour laisser place à une illustration plus « pratique » des services
concernés :
Les services à la personne : ils correspondent aux services à la famille (gardes
d’enfants…), aux services aux personnes âgées, handicapées ou dépendantes
(assistance…). Sont également inclus les services de la vie quotidienne (entretien de la
maison…) mais ils recouvrent une dimension plus urbaine.
Les services publics : ils regroupent les services publics d’Etat (éducation, justice…), les
missions de services publics, les organismes publics et les entreprises placés sous tutelle de
l’Etat (Pôle emploi, EDF, GDF, France Télécom, la Poste, SNCF, sociétés HLM, CAF,
MSA, Sécurité sociale…), les services publics des collectivités territoriales (Conseils
Régionaux, Conseils Généraux…) et les établissements consulaires (chambres
d’agriculture, chambres des métiers, chambres de commerce et d’industrie).
Les services privés : ils se composent des activités artisanales et commerciales de
proximité (boulangeries, épiceries…), des activités libérales liées au domaine médical
(cliniques…), des activités conventionnées (enseignement agréé, eau, ordures
ménagères…) et des services associatifs (culture, loisirs…).
Les services au public ou services à la population : ils recouvrent tous les services
publics (marchands ou non marchands) et les services privés.
Dans la pratique, la présence de ces différents services ne s’entend pas par leur existence ou
non sur un territoire donné mais par leur accessibilité. Une enquête nationale sur les services publics
en milieu rural3 a permis d’identifier les types de services considérés comme devant être présents
dans une commune ou la commune voisine et dans le bassin de vie (canton, communauté de
communes, pays) :
3 CSA. Enquête nationale sur les services publics en milieu rural : sondage de l’Institut CSA. Ministère de l’Intérieur et
de l’Aménagement du territoire, août 2005.
10
Commune Bassin de vie
Ecole Services de proximité - services publics
Point d'accès transport Petite enfance - enfance - jeunesse
Bureau de poste Personnes âgées - maintien à domicile
Commerces alimentaires Santé
Médecins Emploi - formation - insertion
Crèche Culture - sport - loisirs
Bibliothèque Logement
Banque Transport
Quels enjeux les services à la population recouvrent-ils ?
Lorsque sont évoqués les services à la population, le problème majeur qui se pose est celui
de leur accessibilité. En effet, parce qu’ils existent au nom de l’intérêt général, ces services doivent
être accessibles à tous. Ils constituent la condition sine qua none à une situation qui procure un
bien-être à tous les individus d’une société et sont donc par nature facteurs d’équité sociale.
Mais les services sont aussi facteur d’attractivité dans la mesure où le choix de
domiciliation des nouveaux résidents ou d‘implantation des nouvelles entreprises va dépendre de
l’accessibilité et de la qualité des services offerts à proximité.
Ces services sont également source d’emplois. Par exemple, le vieillissement de la
population à travers l’accroissement de l’aide au maintien à domicile, génère beaucoup d’emploi
dans les branches médico-sociales. De même, l’arrivée de nouveaux habitants (en provenance des
espaces urbains le plus souvent) et/ou le renouvellement de la population sur un territoire donné,
favorise le développement et la création d’emplois, non seulement pour répondre à cet afflux de
nouveaux besoins mais également pour améliorer l’offre de services dans un contexte
d’uniformisation des modes de vie entre urbains et ruraux.
Enfin, dans un contexte de rationalisation des crédits publics, des innovations
organisationnelles, émergent des territoires pour apporter des réponses aux attentes des
populations. Ces innovations correspondent à la capacité des acteurs des territoires à s’adapter à des
contextes socio et politico-institutionnels mouvants. Elles sont basées sur la créativité et la
solidarité de ces acteurs, qu’ils soient des habitants, des associations ou des collectivités. La mise en
place d’un Transport A la Demande (TAD) sur des territoires où des lignes régulières ne seraient pas
rentables constitue une de ces innovations organisationnelles et s’avère être une solution assez
pertinente.
11
Vers une meilleure organisation des services à la population :
A travers l’ensemble des enjeux qu’ils recouvrent, les services à la population interrogent les
élus et les collectivités territoriales dans une logique de gestion et d’organisation des services pour
répondre au mieux aux besoins des habitants. Mais que signifie vraiment « organiser les services à
la population » ? Cette expression peut :
se traduire par une hiérarchisation des services, dans le sens où ils peuvent se décliner en
plusieurs catégories allant des services de première nécessité à ceux plus secondaires. Par
exemple une concentration massive de services sur un territoire donné, le qualifie de pôle
majeur de services. Cette hiérarchie de services s’apprécie à partir du niveau de services
offerts. Dans cette acception du terme « organiser », la question principale est de savoir quel
maillage veut-on donner aux territoires : un pôle central de services ou plusieurs pôles
intermédiaires ?
prendre le sens de prévoir ou d’anticiper. En fonction des niveaux d’offre identifiés et des
évolutions sociodémographiques reflétant les besoins futurs, sera alors jugée la nécessité
d’installer un nouveau service ou de l’améliorer.
relever de la possibilité de les coordonner c’est-à-dire de minimiser les risques de
concurrence entre services, dans un contexte où le seuil de rentabilité est souvent difficile à
atteindre et/ou à maintenir. Mais c’est aussi concevoir un fonctionnement en réseau pour
pallier la baisse des financements publics.
En définitive, organiser les services à la population, c’est réfléchir au meilleur maillage possible du
territoire en matière d’accès aux services en tenant compte des caractéristiques physiques et
fonctionnelles. C’est aussi agir plus localement en apportant des réponses aux besoins des habitants
présents et futurs. Enfin, c’est trouver des solutions pérennes pour accroître les économies d’échelle
et remédier aux problèmes de financement auxquels ils font face.
En ce sens les pays, territoires de projet, apparaissent suffisamment étendus pour avoir une
vision globale des services. Les pays se définissent comme des espaces de vie présentant « une
cohésion géographique, culturelle, économique ou sociale 4». Ils permettent entre autres d’identifier
plusieurs problématiques telles que la proximité et l’accessibilité des services pour les utilisateurs,
l’isolement des prestataires, la concurrence des services urbains à laquelle les prestataires ruraux
sont confrontés. D’ailleurs, la vocation des pays à organiser les services est soulignée dans la Loi
d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement du Territoire (LOADT) de 1995 dite Loi
Pasqua et la Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement Durable du Territoire de
1999 (LOADDT) dite Loi Voynet. Dès lors, le pays constitue un espace de co-construction entre les
4 LOADT du 4 février 1995
12
collectivités, les associations et les acteurs privés, afin de mieux prendre en compte les spécificités
des services. Aussi, le Conseil Régional d’Aquitaine, promoteur de la politique des pays, a inscrit
les services comme l’une des trois priorités de son règlement d’intervention pour les politiques
contractuelles remanié en 2006 et en 2008, avec l’économie et le logement. Ce règlement précise la
nature et les modalités des aides accordées pour financer les projets qui émanent des pays, au titre
de la signature d’un contrat de pays. A partir des orientations stratégiques de la charte, dont il est
une déclinaison opérationnelle, le contrat de pays arrête les objectifs quantitatifs de développement
du territoire pour une durée de trois ans.
Ainsi dans le cadre de la préparation de la deuxième génération de contrat de pays et
précisément sur le volet « maintien des services et amélioration du cadre de vie », le Conseil
Régional d’Aquitaine préconise la réalisation d'un schéma de services dans chaque pays. Selon
le règlement d'intervention du Conseil Régional d’Aquitaine, le schéma de services est conçu afin «
d'avoir une vision d'ensemble de l'organisation territoriale des services et de définir les priorités en
fonction des besoins réels de la population5 ». Il constitue dés lors « la condition préalable à la mise
en place d'un financement Régional sur les projets concernés5
». Concrètement cette démarche
s’appuie sur la réalisation d’un diagnostic territorial et sur une définition des priorités en matière
d’intervention, en fonction des besoins réels de la population. D’autres démarches peuvent aussi
contribuer à structurer l’offre de services à la population, c’est le cas du schéma de Cohérence
Territoriale (SCoT), du programme Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale
(LEADER), des agendas 21, des Pôles d’Excellence Rurale (PER), des chartes de développement
des Parcs Naturels Régionaux (PNR), et des projets d’agglomération, démarches qui seront définies
plus précisément dans le corps du texte.
5 Voir annexe 2, p. 73
13
Tableau 1 : Etat des lieux des démarches de schémas de services en Aquitaine – juin 2011
En Aquitaine cette démarche s'est généralisée puisque presque 90% des pays ont réalisé un schéma
de services ou en élaborent un, à l’horizon 2011 :
Départements Pays d’Aquitaine Documents relatifs aux services à la population
Dord
ogne
Grand Bergeracois Étude prospective sur les services – sport, culture et
enfance-jeunesse (mars11-février12)
Isle en Périgord Schéma de services prévu pour cette année. Étude
habitat 2006
Périgord Noir Schéma des services au public 2008-2010
Périgord Vert Schéma de services prévu pour cette année.
Gir
onde
Bassin d’Arcachon Schéma en cours
Cœur Entre Deux Mers Schéma de services 2010
Graves & Landes de
Cernès
-
Haut Entre Deux Mers Schéma de services 2009
Haute Gironde Schéma de services en cours
Libournais SCoT
Médoc Étude ciblée
Rives de Garonne Schéma de services 2009
Lan
des
Adour Chalosse Tursan Schéma de services 2009
Adour Landes Océanes Schéma de services en cours
Landes de Gascogne Schéma territorial de service 2008
Landes Nature Côte
d’Argent
Diagnostic schéma d’aménagement 2008
Lot
et G
aronne
Agenais Schéma de services 2009
Albret Étude pour la création d’un réseau de maisons de
services 2006
Dropt Schéma de services 2008
Val de Garonne
Gascogne
Schéma de services 2009
Vallée du Lot Schéma de services aux populations 2008
Pyré
née
s
Atl
anti
ques
Grand Pau Étude sur la petite enfance et la santé 2010
Oloron Haut Béarn Schéma de services 2009
Lacq Orthez Béarn des
Gaves
Schéma de services 2008
Pays Basque Schéma de services en cours
Val d’Adour charte territoriale des services publics 2004
Mise à jour juin 2011
14
Les objectifs de ce rapport :
Rattaché au Conseil Régional d’Aquitaine, Pays et Quartiers d'Aquitaine (PQA) est un
centre de ressources sur le développement territorial en Aquitaine. Sur la période 2008-2013, PQA a
été retenu comme cellule d'animation du Réseau Rural en Aquitaine. Ce réseau rural est composé
des acteurs et des représentants d’organisations publiques et privées, socioprofessionnelles et
associatives travaillant dans le domaine du développement rural. Il s'inscrit dans le cadre de la
programmation du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER). Au titre de
l’animation de ce réseau, PQA a déployé depuis trois ans des activités d'observation, de rencontres,
d'échanges d'expériences, de mise en réseau d'acteurs, de diffusion d'informations et de publications
thématiques. Dans ce cadre, en 2011 PQA a inscrit dans son programme d'actions prévisionnel une
mission particulière d'accompagnement sur le thème des services en milieu rural en Aquitaine. Elle
fait suite aux travaux menés lors d’un cycle de rencontre sur le thème « Accueil de nouvelles
populations et services en milieu rural » en 2008-2009.
La mission confiée, consiste en l’analyse des schémas de services à la population des pays,
en vue de produire de la connaissance sur ces démarches parmi un échantillon de territoires
aquitains. Elle permet d’apprécier les différents modes opératoires portés par ces pays dans
l’élaboration de ces démarches, d’identifier les plus-values que l’on peut retirer d’un schéma de
services ainsi que ses faiblesses et les difficultés rencontrées sur le terrain par les acteurs associés à
ces démarches. La finalité de cette mission est de formuler des préconisations relatives à
l'amélioration de cette démarche dans la perspective éventuelle d'une prochaine génération de
contrat de pays. Ces préconisations sont faites à partir des enseignements qui ont été tirés à la suite
des différents échanges réalisés avec les acteurs des territoires (chargés de mission pays, élus des
pays, chargés de mission au Conseil Régional d’Aquitaine...). Il s’agit donc de répondre aux
questions : qu’est-ce que le schéma de services ? Pourquoi a-t-il été créé ? Comment les pays se
sont-ils appropriés la démarche ? Qu’a-t-elle apporté aux territoires ?
Les différents éléments recouvrant cette analyse des démarches de schémas de services
peuvent être articulés selon trois axes, reposant sur un cheminement logique. Tout d’abord sont
évoquées les raisons qui ont amené à la mise en place de ces démarches comprenant une
description du contexte d’émergence ainsi qu’une présentation de ce que doit être ces schémas de
services. Ensuite il est fait état de l’appropriation que les territoires en ont faite au travers des
procédés utilisés jusqu’aux résultats obtenus. Enfin sont dégagés les principaux impacts sur les
territoires via les enseignements tirés des entretiens, en vue d’émettre des préconisations.
15
I. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DE L’ORGANISATION DES
SERVICES A LA POPULATION A L'ECHELLE DES PAYS
Cette partie s’attache à présenter les motivations qui ont conduit à la mise en place de ces
démarches de schémas de services. Il s’agit d’une part de décrire cet outil au travers des modalités
qu’il recouvre et d’autre part de le positionner au sein du système institutionnel.
A. L'élaboration d'un schéma de services, une exigence du Conseil
Régional d’Aquitaine
1. Les services à la population, une thématique soutenue par la Région
La volonté de la politique contractuelle de la Région Aquitaine de s'emparer de la
question des services à la population en milieu rural n'est pas nouvelle. En 1992, les actions de
la Région dans ce domaine, et plus généralement dans l'aménagement local du territoire, se
développaient en particulier par le biais des Projets Collectifs de Développement (PCD), succédant
aux anciens contrats de pays institués par le CIAT d’avril 1975. Ces derniers s’adressaient « aux
milieux fragiles, où il était nécessaire de créer des activités afin de maintenir sur place la
population6 ». Bien qu’ils aient « induit une réflexion sur la délimitation du pays, suscité une
volonté locale et une réelle concertation entre les communes et avec l’Etat », ils se sont révélés
décevants. En effet, ils ont fait l’objet de conflits entre les acteurs locaux, laissant à penser qu’il
« ne suffit pas que l’administration décrète un périmètre pour que de celui-ci découle une solidarité
cohésive7 ». A partir des années 1980, avec l’émergence des premiers contrats de Plan Etat-Région
(CPER), et dans l’idée de corriger les anciens contrats, des initiatives procédurales se multiplient et
amènent progressivement à la création des PCD. A travers eux, transparaissait « la volonté d’aller
au-delà des dimensions institutionnelles de la politique contractuelle et d’ancrer le développement
dans des processus d’action collective7». Concrètement, ils constituaient une procédure
contractuelle d'une durée de cinq ans ayant pour objectif de soutenir le développement rural au
travers de plusieurs axes d’intervention :
le développement de l’économie et l’emploi,
le maintien des services et l’amélioration du cadre de vie,
6 Pierre MERLIN, « L’aménagement du territoire en France », Les études de la documentation française, n°5251, mars
2007, p. 94. 7 Jacques PALARD et Bernard GAGNON, La Région et ses territoires – Stratégies et acteurs du développement en
Aquitaine, éditions confluences, 2006, p. 45.
16
le renforcement de l’offre habitat et logement,
l’affirmation de l’identité du territoire.
L'intérêt de ces PCD était de passer d'une logique de guichet à une logique de projet mais là encore
les PCD n’ont pas donné les résultats escomptés. Parallèlement, la politique des pays a été relancée
par les lois Pasqua et Voynet et est venue « maintenir les objectifs des PCD : créer un espace de
solidarité pertinent pour fédérer les initiatives publiques et privées et développer une réelle synergie
entre tous les acteurs locaux ». A partir de 2000, la Région applique les modalités d’intervention de
sa politique de développement rural dans le cadre du CPER 2000-2006 et encourage l’émergence
des pays. La démarche de pays « ouvre droit à des aides de l'État et de la Région conformément à la
convention cadre d’application pour les pays signée entre l'État et la Région8 ». Les aides des
départements et de l’Europe viennent en complément au coup par coup. Le règlement d’intervention
de la politique contractuelle régionale de Développement territorial - Politique des pays est alors
adopté en mai 1999. Il est modifié lors de l'Assemblée plénière du 20 mars 2006 dans le cadre du
bilan de la première génération de contrats de pays (2004-2006). Est repris chacun des quatre axes
d'intervention afin d’émettre des propositions d'orientation.
Les nouvelles mesures qui en découlent ciblent l'intervention de la Région sur le
triptyque « économie – logement - services » comprenant deux priorités : « l'innovation » pour
l'économie, l'environnement, la démocratie participative et l'identité du territoire, ainsi que
« l'ingénierie territoriale et la communication ». Les modifications du règlement d'intervention
apportées lors de la séance plénière du 15 décembre 2008 confortent l’importance des services. En
effet l’attractivité des territoires passe par une action économique combinée à des actions sur le
logement et les services dont la santé. Ainsi, bien que le domaine principal d'intervention de la
Région soit le développement économique, c’est au nom de « l'équité » et de la « cohésion
territoriale » que la Région décide d'agir simultanément sur les trois domaines cités précédemment.
« Pour qu'un territoire se développe, il doit avancer sur toutes les dimensions. Si l'on veut inciter les
ménages et les entreprises à s'installer, il faut des services et donc cela fait partie du développement
économique » rappelle Serge CABANNE, chef du service "Politique des pays" au Conseil Régional
d'Aquitaine, sans parler du fait que les services sont eux-mêmes source d'activités et d'emplois.
Par ailleurs, l’Association des Régions de France (ARF) indique, dans une motion9, le rôle
8 http://aquitaine.fr/politiques-regionales/amenagement-rural-et-urbain/developpement-rural.html
9 Association des régions de France (ARF), « Demain, l’aménagement du territoire sera à l’initiative des régions »,
avril 2011, 8 p. Disponible sur http://www.arf.asso.fr/2011/04/demain-le-developpement-et-
l%e2%80%99amenagement-du-territoire-sseront-a-l%e2%80%99initiative-des-regions.html
17
décisif de la Région dans le « Soutien et renforcement des services, facteur d’attractivité » pour
construire un nouvel aménagement durable du territoire.
Schéma 1 : Chronologie de l'implication de la Région dans le domaine des services à la
population
1992 Projets collectifs de développement : axe "le maintien des services et
l’amélioration du cadre de vie"
Politique régionale contractuelle adossée au volet territorial du CPER 2000-
2006 dont un axe "le maintien des services et l’amélioration du cadre de vie"
Politique régionale contractuelle de développement territorial – Politique des
pays, autour du triptyque "économie-logement-services"
2. L'avènement du schéma de services à l'échelle du pays
Dans le bilan des contrats de pays de première génération (2004-2006), le thème des
services constitue « le tiers de la participation des financeurs au titre de la politique
contractuelle des pays ». Quatre types d'actions ont été traités prioritairement :
− les pôles de services mettant en œuvre les Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC),
− le maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées,
− l'organisation d'actions en faveur de la petite enfance,
− le développement de l'offre culturelle.
L'objectif visé par les pays à travers le développement des services est bien souvent l'attractivité du
territoire ou le maintien de la qualité de la vie. Ce champ constitue le second axe d'intervention des
pays après « l’attractivité économique » dans le sens où les services font partie des facteurs qui
conditionnent le développement économique et sont eux-mêmes facteurs d'activités et d'emplois.
Cet intérêt pour les services est justifié démographiquement par le fait que « Depuis 1999, la
population aquitaine augmente au rythme de 1 % par an10
» avec comme principal facteur de cette
10
Breuil Dominique, « la croissance démographique s’accélère en aquitaine depuis 1999 », Les quatre pages INSEE
Aquitaine, janvier 2009, n°181, p. 1 Disponible sur
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=4&ref_id=14219
18
croissance : le solde migratoire. Mais le « solde naturel reste cependant très faible11
» du fait d’une
population vieillissante et d’un faible taux de fécondité, ce qui renforce cet intérêt pour les services
à la population via les besoins que cette catégorie de population nécessite. Règlementairement, le
poids des services dans les axes d’intervention des pays s’explique par les deux Lois d'Orientations
pour l'Aménagement et le Développement du Territoire de 1995 et de 1999, ainsi que par la loi
Urbanisme et Habitat de juillet 2003 qui attribuent aux pays la vocation d'organiser les services à la
population, en rappelant que « l'État et les collectivités locales tiennent compte du projet de pays
pour l'organisation des services publics ». Ainsi au regard de ce bilan, apparaissent comme
nouveaux enjeux :
− les TIC et notamment l'accessibilité au haut débit,
− le maintien d'un réseau de santé, de services aux personnes âgées, à l'enfance et à la
jeunesse,
− les transports car ils constituent une porte d'accès aux services,
− les pratiques culturelles et sportives (jusqu'à présent le sport ne figurait pas dans les axes
d'intervention de la politique contractuelle régionale).
Au travers de ces nouvelles problématiques, le règlement régional place le pays et
l'agglomération comme « des niveaux pertinents pour l'analyse des besoins en termes de services.
Ils doivent avoir un rôle de péréquation [...], de promotion des services sur le territoire mais aussi
d'information des populations sur les services 12
». Dans ce cadre, la Région soutient les services à
la population « en favorisant l'innovation et la réalisation de schéma de services structurants
dans chaque territoire, afin d'avoir une vision d'ensemble de l'organisation territoriale des services
et de définir les orientations et les priorités en fonction des besoins réels des territoires, et non plus
des opportunités saisies par les communes de façon isolées et non concertées13
». Il s'agit
« d'essayer d'aller vers une meilleure adéquation de l'offre et la demande de services de définir de
manière concertée des éléments de priorisation des projets », souligne Odile PLANTADE. De cette
manière, en posant la réalisation d'un schéma comme « condition préalable à la mise en place d'un
financement Régional sur les projets concernés », la Région souhaite encourager les territoires à
mener une véritable réflexion sur l'organisation des services à la population afin d’une part de
prioriser, voire mutualiser les projets, et d’autre part d’éclairer et de rationnaliser la décision des
élus qui ne doivent pas voir en l'intervention de la Région une simple opportunité financière.
11
CESER, « Services publics et territoires aquitains », décembre 2010, p. 32 Disponible sur http://ceser-
aquitaine.fr/informations/avisrapports/rapports/2010/services-publics/fiche.html 12
Règlement d’intervention relatif à la politique contractuelle de développement territorial – Politique des pays, Conseil
Régional d’Aquitaine, séance plénière du 20 mars 2006, p. 15. 13
Voir annexe 2, p. 73
19
Présentation du dispositif :
L’élaboration du schéma de services s'appuie sur une proposition de cahier des charges défini au
regard des thèmes prioritaires de la Région. Il doit comprendre quatre phases :
− un inventaire des services
− l'identification des besoins en services des populations du territoire
− une comparaison entre l'offre et la demande de services
− l'élaboration du projet de services du pays
Ses objectifs sont :
− d’affiner la réflexion engagée dans la charte de territoire,
− de relancer le Conseil de développement en l’associant aux travaux,
− de définir une adéquation entre les besoins réels de la population et les projets opérationnels
négociés dans les contrats,
− de donner des éléments de priorisation des équipements projetés.
Les bénéficiaires des aides régionales allouées pour élaborer ce schéma sont les structures
porteuses du pays. En ce qui concerne les règles de financement, une subvention maximale est
accordée à hauteur de 50% du coût du schéma, et est plafonnée à 25 000 euros, le reste devant être
cofinancé avec les autres partenaires publics potentiels. Pour l'élaboration, la démarche peut être
« réalisée en interne par le pays ou confiée à un cabinet extérieur, en collaboration étroite avec le
Conseil de développement ». De plus la Région propose des financements de l'ingénierie territoriale
pour « la mise en œuvre opérationnelle » de ces schémas à hauteur de « 10 000 euros par an et par
poste [...] pendant trois ans maximum à partir de l'année suivant le terme du schéma ». D'autres
dispositifs régionaux ont été mis en place : les pôles de services, les équipements et les événements
culturels de proximité, le développement de l'offre sportive, l'offre de santé dans les territoires, le
soutien aux services à l'enfance et à la jeunesse, le soutien aux services aux personnes âgées
créateurs d'emplois, les TIC. Tout projet relevant de ces thèmes devra « s'inscrire dans les priorités
du schéma de services ».
3. Le schéma de services, une initiative soutenue par l'Europe
Développer les espaces ruraux constitue une priorité pour l'Europe. En ce sens, c'est tout un
programme qui s'attache à répondre à cette priorité. Au titre de sa programmation 2007-2013 pour
développer l'espace rural avec des financements dans le second pilier de la Politique Agricole
Commune (PAC), l’Europe a établi un nouveau Règlement de Développement Rural14
(RDR II)
14
Règlement RDR II (CE) n°1698/2005 du Conseil du 20 septembre 2005
20
pour fixer le cadre des interventions du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural
(FEADER). Ce nouveau RDR se structure en quatre axes :
Axe 1 : Amélioration de la compétitivité des secteurs agricoles et sylvicoles,
Axe 2 : Amélioration de l'environnement et de l'espace rural,
Axe 3 : Qualité de la vie en milieu rural et diversification de l'économie rurale,
Axe 4 : Intégration de l'approche LEADER (Liaison Entre Actions de Développement de
l'Économie Rurale).
Parallèlement à ce nouveau règlement, sont définies des orientations stratégiques communautaires
qui fixent « les domaines d'action dans lesquels le soutien communautaire a la plus grande valeur
ajoutée ». Au regard de ces orientations, est défini le Plan Stratégique National (PSN) qui cible les
priorités de chaque État-membre, elles mêmes traduites dans un programme d’action : en France,
c'est le Programme de Développement Rural Hexagonal (PDRH). Ce dernier s'accompagne d'un
Document Régional de Développement Rural (DRDR) qui « reprend, pour chaque dispositif d'aide,
le cadre fixé par le PDRH en précisant les adaptations régionales apportées notamment sur les
bénéficiaires, actions éligibles, taux, priorités, etc. ».
A ce titre, l'Europe s'investit dans le soutien aux services à la population en milieu rural.
Dans le règlement Régional d'intervention de la séance plénière du 15 décembre 2008, au niveau
des règles de financement « le schéma sera la condition préalable à la mise en place d’un
financement Régional ainsi que l’attribution du FEADER sur les projets concernés ». En effet à
travers l'axe 3 du DRDR intitulé « Qualité de la vie en milieu rural et diversification de l'économie
rurale », l'Europe cherche à maintenir et développer l'attractivité des territoires ruraux, pour les
positionner comme des pôles de développement. Au sein de cet axe, un dispositif s'intéresse de près
aux services, il s'agit de la mesure 321 « services de base pour l'économie et la population
rurale ». Il affirme de fait la nécessité d'associer simultanément le développement de l'économie et
des services à la population pour « conforter l'attractivité des territoires ruraux ». Pour obtenir cette
aide, le FEADER pose comme « préalable au financement des projets d'investissement », « la
réalisation d'un schéma de service (visant une meilleure adéquation de l'offre aux besoins et une
mutualisation des moyens en vue d'un accès équitable aux services essentiels) [...], pour les
domaines concernés par les schémas de service» c'est-à-dire la santé, l'emploi, l'enfance et la
jeunesse, etc. Ceci dit, Sylvie LECOMTE du service Régional de l’économie agricole de la
DRAAF, précise que des dérogations sont possibles. En effet « toute étude spécifique réalisée par
exemple par la CAF ou la MSA peut valoir schéma de services dès lors qu'une réflexion est menée à
l'échelle intercommunale, voire supra-communale». Les bénéficiaires sont tous les porteurs de
projets s'inscrivant dans une démarche visant l'intérêt général, tels que les territoires de projet (pays,
PNR), les collectivités territoriales et leurs groupements, les associations, etc. En termes de
21
financement la mesure 321 représente 25% de l'axe 3 soit 10,8 millions d'euros sur 478 millions.
Aussi le taux d'aide publique, si le maître d'ouvrage est public, peut atteindre de 60 à 80% pour les
dépenses matérielles et immatérielles. Si le maître d'ouvrage est privé, ce taux oscille de 30 à 40%
pour des dépenses matérielles, pouvant aller jusqu'à 80% pour des dépenses immatérielles. Au final
« le FEADER est plafonné à 20% de la dépense éligible » et n'intervient que pour des
investissements matériels « supérieur à 250 000 €». Pour les projets programmés après le 30 juin
2008, le montant d'aide du FEADER est plafonné à :
− 200 000 € pour les maisons médicales ou de santé, les maisons de services aux entreprises,
les équipements en faveur de l'enfance/jeunesse ;
− 150 000 € pour les maisons de services public, les points multiservices, les centres de
ressources emploi-formation ;
− 50 000 € pour les multiples ruraux, les projets immatériels (diagnostic, mise en réseau,
animation), etc.
Aussi pour soutenir les animations thématiques mais aussi généralistes des pays et PNR, le RDR II
propose le dispositif 341 B « les stratégies locales de développement ». Il a pour objectif de
« favoriser l'organisation des acteurs autour de projets de territoires intégrés et partagés, en
intervenant sur des projets ruraux à caractère transversal et multipartenarial ». L'axe LEADER, qui
vise à améliorer la gouvernance locale, permet de soutenir les territoires porteurs d'une stratégie de
développement organisée autour d'un thème fédérateur (cf. Partie II).
4. Le Département, un partenaire « naturel » des démarches
En recouvrant les services à la population, le schéma de services inclut dès lors ceux dont la
compétence relève des départements et du fait qu’ils constituent un tel enjeu pour la cohésion
sociale, les départements ne pouvaient pas ne pas intervenir au sein des démarches de schémas de
services. Ils sont de fait associés à ces démarches d’un point de vue technique en tant que partenaire
mais également d’un point de vue financier. Les départements cofinancent l’élaboration des contrats
de pays c’est-à-dire les dépenses d’ingénierie, études préalables, investissements immatériels mais
aussi les projets d’investissement des collectivités inclus dans le programme pluriannuel. Les
services concernés sont ceux relatifs au soutien à l'enfance et à la jeunesse, ainsi qu'aux personnes
âgées. Dans ces domaines, le montant accordé par la Région au financement d'un projet n’excède
pas celui versé par le Département dans le respect des principes de financements croisés des
collectivités. Achille TSOUKAS, conseiller en développement au Conseil Général de la Dordogne,
souligne que « le Département n'a pas de politique propre [transversale] pour les services à la
population, il fonctionne par thématiques (action sociale, transport, tourisme, etc.). Et le fait qu'un
22
projet fasse partie du schéma de services ou du contrat de pays en général, n'est pas une condition
sine qua none pour obtenir un financement départemental ». Dans les Pyrénées Atlantiques, le
principe est le même : il n’y a pas d’obligation pour les territoires à rentrer dans ce dispositif. Ce
Département a d’ailleurs mis en place un dispositif bâti à une échelle infra-pays, le contrat
communautaire de développement, qui porte exclusivement sur la petite-enfance et la culture. Le
Département intervient auprès de chaque intercommunalité pour présenter la démarche, proposer
une réflexion prospective et établir un programme d'action sur des axes prédéfinis au préalable.
Cette démarche s’apparente à celle du schéma de services et montre l’absence d’une recherche de
complémentarité entre la politique régionale et départementale. Dans les Landes, il n’y a pas
d'enveloppe financière spécifique. Le Département participe quand même à l'élaboration du contrat
de pays. Il finance au cas par cas en fonction de ses politiques sectorielles mais il n'est pas obligé
de financer un projet dans le contrat de pays et il peut financer un projet même si la Région
n'intervient pas. Il n’y a pas cette exigence d'étude comme la Région avec le schéma de services. Le
prisme n'est donc pas le schéma ni le contrat de pays, ce sont les propres priorités du Département
et de ses règlements internes.
Par ailleurs, dans le cofinancement des projets inscrits au contrat de pays, les départements,
au titre de leurs compétences, ont mis en place des schémas sectoriels (personnes âgées, enfance,
personnes handicapés, transport). Ils constituent des cadres directeurs pour l’action publique et leur
respect par les collectivités locales et les maîtres d’ouvrage, conditionne en grande part l’obtention
des financements du Conseil Général.
Sur le plan institutionnel les schémas de services semblent faire l’unanimité. Pourtant ils se
construisent au cœur d’un système fragile.
B. Une démarche au cœur d'un contexte instable
1. Le pays, une légitimité en question
Plusieurs acteurs du territoire ont évoqué les conséquences de la remise en cause de
l'existence des pays notamment au niveau de la portée des démarches initiées par lui-même.
Depuis quelques années, l'idée d'une disparition des dynamiques de pays circule sur les
territoires. Tout d'abord, est dénoncé un certain désengagement relatif de l'État. « Auparavant il
prenait en charge l'animation des pays dans le cadre du volet territorial du CPER, or depuis 2007 la
Région est seule ce qui constitue un signe négatif pour les élus et vient de fait entacher la démarche
23
de schéma de services » souligne Serge CABANNE. Néanmoins certains projets ont bénéficié de
financement de l’Etat au titre du droit commun (DGE communale) ou encore via les appels à projets
des PER (cf. Partie II).
De plus, l'article 51 de la loi n°2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités
territoriales, a abrogé l'article 22 de la loi n°95-115 du 4 février 1995 relatif à la création et à
l'organisation des pays. Désormais la création de nouveaux pays n'est plus possible. Les raisons
invoquées pour expliquer cette mesure ne sont pas clairement définies. Elles passent de la réduction
d'un échelon territorial pour clarifier le système français d’échelons d’administration, à « une
mauvaise appréciation de leur rôle et de leur utilité » conduisant à « un surcoût », en passant par
l'idée qu'ils ont « rempli leur office et il ne serait pas nécessaire d'en constituer de nouveaux ».
En novembre 2009, l’Association des régions de France (ARF), affirme que « Les régions
soutiennent depuis longtemps les territoires de projets organisés en milieu rural que sont les pays ».
Elle met également en avant le fait que les pays constituent « les outils de coopération
intercommunautaire les plus pertinents » de par « la taille critique des territoires qu’ils représentent,
[…] leur rôle de mise en réseau des acteurs ».
Toutefois bien que pour l'Association de Promotion et de Fédération des pays (APFP), les
pays vont devoir « réviser leurs statuts et leurs périmètres, ainsi que revoir leurs actions pour les
adapter au nouveau contexte », les discours discréditant les démarches pays n'en restent pas moins
inquiétant pour les acteurs des territoires, et donc pèsent sur la portée des démarches qui émanent de
ces structures. Cette atmosphère d’inquiétude est contre productive et vient remettre en cause le
bienfondé des pays, ce qui discrédite d’autant les démarches initiées et/ou portées par les pays tels
que les schémas de services. Pour finir, en avril 2011, dans une motion sur le rôle des régions dans
le développement et l’aménagement du territoire de demain, l’ARF ne mentionne nullement le
terme de pays, n’apaisant en rien ce climat d’incertitude.
2. La réorganisation des pays au regard des SCoT
Le SCoT, document réglementaire de planification stratégique défini par les lois Solidarité et
Renouvellement Urbains (2000) et Urbanisme et Habitat (2003), permet aux communes et
communautés d'un même territoire de mettre en cohérence les politiques des diverses collectivités
publiques dans le domaine de l'aménagement (urbanisme, habitat, économie, déplacements,
environnement, etc.). La loi Engagement National pour l'Environnement (ENE) dite Grenelle II sur
l'urbanisme et l’aménagement de l'espace, a reformé le contenu du SCoT. En effet, elle mentionne
qu’à partir de 2017 tout le territoire national devra être couvert par un SCoT. Dans les communes
non couvertes par un SCoT et situées à moins de quinze kilomètres de la périphérie d'une
24
agglomération de plus de cinquante mille habitants ou à moins de quinze kilomètres du rivage de la
mer, aucune zone naturelle ou zone à urbaniser délimitée avant le 1er juillet 2002 ne peut être
ouverte à l’urbanisation. Néanmoins, en l’absence de SCoT, le Plan Local d’Urbanisme
Intercommunal (PLUI) devra contenir des dispositions faisant office de Document d’Aménagement
Commercial (DAC). C’est le volet commercial du Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO) du
SCOT qui précise les orientations relatives à l’équipement commercial et aux localisations
préférentielles des commerces. La généralisation des démarches de projet SCoT sur tout le territoire
national est donc à nuancer.
Cette présentation faite, se pose la question des périmètres sur lesquels reposent les SCoT.
En Aquitaine, l’articulation des périmètres SCoT et pays donne lieu à quatre situations :
Les périmètres du SCoT et du pays sont confondus (exemple : le SCoT du pays du
Libournais),
Le périmètre du SCoT recouvre plusieurs pays (exemple : le SCoT du Sud Gironde sur les
pays du Haut Entre deux Mers et des Rives de Garonne),
Un ou plusieurs SCoT est/sont inclus dans le périmètre du pays (exemple : les SCoT de la
pointe du Médoc et des lacs Médocains dans le pays du Médoc),
Un chevauchement du périmètre du SCoT sur celui du pays (exemple : le SCoT de
l’agglomération de Bayonne et du sud des Landes).
Ce qu’il faut comprendre c’est que la modification des EPCI va engendrer mécaniquement une
évolution des périmètres de pays. Le pays est une entité qui se voit perturbée par la loi qui vient
imposer aux communes rurales de faire des SCoT. Le caractère réglementaire du SCoT vient donc
complexifier les démarches de pays et amène à s’interroger sur l’articulation à envisager entre les
deux périmètres dans un souci de cohérence de couverture.
Mais indirectement le SCoT n'est-il pas le « sauveur » des démarches de pays ? Dans un
contexte où le rôle du pays est mis à mal, échelle à laquelle est réalisé le schéma de services, il
semble que toutes démarches émanant du pays perdent un peu de leur crédibilité. Dans la mesure où
le SCoT est porté par le Syndicat Mixte du pays dans lequel il s'inscrit, et dans un contexte
d'inquiétude sur le devenir des pays, son caractère obligatoire n'octroierait-il pas au pays un second
souffle en termes de légitimité ? Le pays de l'Agenais voit en son SCoT une opportunité de relancer
une dynamique de pays. Et même dans l'hypothèse où le SCoT n'ait pas le même périmètre que
celui des pays, ne viendraient-ils toujours pas conforter la légitimité du territoire de projet ?
Ainsi l’évolution des législations en lien aux territoires de projet vient impacter les
démarches de schémas de services mais d’autres évolutions sèment le trouble quant à l’avenir de ce
type de démarche.
25
3. La réforme territoriale sur le partage de compétence
La loi n°2010-1563 de réforme des collectivités territoriales, promulguée le 16 décembre
2010, apporte des modifications significatives sur un certain nombre de points. Tout d'abord l'article
1 substitue aux conseillers régionaux et conseillers généraux une nouvelle catégorie d'élus locaux
siégeant à la fois dans les départements et les régions : les conseillers territoriaux. Ils seraient
désignés pour la première fois en mars 2014 selon l'article 36. Ensuite ce projet de loi met en
exergue le rôle de l'intercommunalité et de la mutualisation où les articles 16 et 30 visent à achever
et à rationaliser la carte de l'intercommunalité d'ici au 31 décembre 2013. Les métropoles comme
structure de coopération dédiée aux agglomérations sont encouragées. Enfin, la réforme fixe des
principes permettant l'élaboration d'une future loi visant à clarifier la répartition des
compétences entre les différents niveaux de collectivités territoriales. Cette loi devra mettre fin
à l'enchevêtrement des responsabilités locales, auquel répond celui des financements. A ce jour, la
loi renvoie au 1er janvier 2015 la redéfinition des compétences entre les départements et les régions,
et l'interdiction des financements croisés. En ce qui concerne la répartition des compétences, la
réforme prévoit une spécialisation des compétences des départements et des régions. Qu’en pensent
les représentants associatifs des territoires concernés ?
L’ARF, en octobre 2009, a mis en exergue « la nécessité, dans le cadre de la réforme des
collectivités territoriales, de voir confortées leurs compétences [celles des régions] pour garantir la
poursuite d’une politique de solidarité ». Au niveau des départements, l’ADF souligne qu’ils « sont,
aux côtés des communes, les territoires de proximité par excellence. Ils disposent d'une identité et
d'un positionnement pertinents pour apporter les services indispensables à la solidarité des hommes
et des territoires, maintenir un service public au plus prêt des citoyens, construire et promouvoir un
développement solidaire et équilibré des territoires ; que par conséquent, il leur faut une entière
capacité d'initiative que seule permet la clause générale de compétence, à condition que cette
capacité ne soit pas réservée aux collectivités les plus riches ». L’Assemblée des Communautés de
France (AdCF), quant à elle, souligne dans un rapport mentionnant ses propositions pour clarifier la
répartition des compétences entre collectivités territoriales, que le futur schéma de mutualisation,
censé établir la couverture totale du territoire par les communautés, « incite départements et régions
à optimiser leurs modes d’intervention et notamment leurs concours financiers. Cette innovation
permettra de tendre vers des financements alternatifs (soit la Région soit le Département) ce qui
peut être une source de simplification, et un vecteur de complémentarités plus fortes entre
interventions 15
». Tout en montrant que peu de compétences, notamment lorsqu’il s’agit de
15
AdCF, « Les propositions de l’AdCF pour clarifier la répartition des compétences entre collectivités territoriales »,
novembre 2010, p. 7.
26
politiques publiques complexes, peuvent être attribuées à titre exclusif, le président de l’AdCF a
néanmoins soutenu que pourraient être identifiées de véritables « autorités organisatrices » de
premier rang dans un certain nombre de domaines, à l’instar de ce qui existe en matière de
transport. Au niveau des pays, l’APFP ne se positionne pas sur le sujet du partage des compétences
et des cofinancements des collectivités territoriales.
En Aquitaine, il y a une double réflexion sur la Région. Premièrement, le président de la
Région Aquitaine lui a confié une nouvelle mission : la création d’une Conférence des exécutifs,
réunissant les élus de la Région, des départements, des agglomérations et leurs villes-centres pour
mettre en place un travail commun sur les grands dossiers concernant le territoire régional.
Deuxièmement se déroule une recomposition des services de la Région, parallèlement à laquelle des
scénarios ont été élaborés pour voir dans quelle mesure elle va poursuivre ces orientations.
Dans ce contexte d’incertitude, les collectivités locales attendent avec circonspection la mise
en œuvre de la réforme.
27
II. APPROPRIATION DU SCHEMA DE SERVICES PAR LES ACTEURS DES
TERRITOIRES : LES MODES OPERATOIRES ADOPTES PAR LES PAYS
Cette partie expose l’ensemble des moyens mobilisés et les méthodologies employées pour
élaborer les schémas de services. S’en suivent une analyse des cohérences internes et externes des
schémas de services, ainsi qu’une description des modalités d’association des acteurs locaux aux
démarches de schémas de services. Mais en préambule, est présenté le contexte aquitain face aux
enjeux des services à la population à travers ses caractéristiques régionales et sociodémographiques,
à partir duquel est exposé le cadre empirique de cette mission.
L’Aquitaine est un territoire qui présente plusieurs caractéristiques qu’il convient de
souligner. Tout d’abord c’est un territoire vaste (troisième Région française en superficie après
celles de Midi-Pyrénées et de Rhône-Alpes) comprenant une géographie physique variée oscillant
entre espaces littoraux, montagneux et massifs forestiers. Les densités de population reflètent cette
topographie, auxquelles sont associés des enjeux différents. Ainsi, « Le principe de solidarité entre
les territoires veut que des territoires attractifs permettent de financer le service public sur des
territoires moins densément peuplés16
». Sans l’existence d’un service public certaines parties du
territoire telles les régions montagneuses se retrouveraient rapidement délaissées devant la difficulté
à assurer une qualité de services identiques à celle des villes.
De plus bien que les espaces ruraux, se réduisent, notamment par l’intermédiaire de
l’étalement urbain, ils n’en deviennent pas moins attractifs : « Entre 1990 et 1999, la population y
est en légère hausse 17
». Ce constat s’explique par un solde migratoire positif. Les espaces ruraux
attirent des citadins de plus en plus loin des grandes villes, que ce soit un choix de vie pour accéder
à une maison individuelle ou une contrainte économique liée au prix du logement et du foncier dans
les centres villes des agglomérations. Le cadre de vie reste cependant le principal critère
d’attraction. Mais l’Aquitaine fait également l’objet d’une forte attractivité touristique,
notamment en direction des bords de mer (littoraux médocains et landais), des lieux de découverte
(PNR) et des stations de sports d’hiver. L’ensemble de ces caractéristiques requièrent donc en
théorie des niveaux de services différents tant au niveau de l’espace que dans le temps (l’attractivité
touristique étant fonction des saisonnalités).
16
CESER, « Services publics et territoires aquitains », décembre 2010, p. 28 Disponible sur http://ceser-
aquitaine.fr/informations/avisrapports/rapports/2010/services-publics/fiche.html 17
Le Guilloux Hélène, « L’espace rural aquitain garde population et emplois», Les quatre pages INSEE Aquitaine,
février 2003, n°114, p. 1 Disponible sur http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=4&ref_id=5691
28
Méthodologie d'analyse et cadre empirique
La sélection des territoires tests :
Afin de comprendre comment la question des services à la population a été appréhendée en
Aquitaine notamment à travers l'élaboration d'un projet territorial de services, une analyse a été
effectuée pour retenir sept territoires tests en fonction de leur diversité18
.
La diversité des configurations locales des pays, entre et au sein même des départements, s'est
appréciée sur la base des critères suivants :
La géographie physique : pays à composante littorale, à dominante rurale ou montagne.
L’armature urbaine : présence d'une agglomération ou d'un pôle de centralité.
Le territoire de projet avec démarche complémentaire du pays : Présence d'un SCoT, d'un
PNR ou d'un territoire LEADER.
Ces critères ont fait l'objet d'une discussion, d'une part avec l'équipe de PQA, d'autre part avec les
chargés de mission pays en charge du suivi de ces démarches au sein de la direction des politiques
contractuelles du Conseil Régional. Au travers de la définition de ces critères, en choisissant un
pays par Département et en prenant en compte l'état d'avancement de la démarche et des projets, il
en ressort la sélection suivante :
Le Périgord Vert pour la dominante rurale du territoire et son cadre dessiné par la
réactualisation de son schéma de services19
.
Le pays du Libournais pour la prise en compte de la question des services à la population à
travers l'élaboration d'un SCoT.
Le pays du Médoc pour la présence de la côte Atlantique, répondant au critère du territoire
littoral et ne disposant pas d'un schéma de services à proprement dit, mais ayant mené une
réflexion comparable.
Le pays des Landes de Gascogne pour l'existence d'un périmètre commun à celui du PNR
des Landes de Gascogne, sa dimension LEADER, son territoire à dominante rurale.
Le pays de l'Agenais pour la présence de la communauté d'agglomération d'Agen.
Le pays d'Oloron et du Haut Béarn pour son territoire montagneux.
Le pays du Val d'Adour qui présente l'originalité d'être à la fois interdépartemental et
interrégional et permet donc de mettre en perspective les différentes politiques publiques,
tant au niveau départemental que Régional. Par ailleurs, il dispose d'une certaine antériorité,
ayant élaboré une charte territoriale des services et des démarches de concertation innovante
avec certains services publics (convention particulière avec La Poste par exemple).
18
Voir annexe 3, p. 74 19
Le schéma de services du Périgord Vert n’a pas pu être diffusé avant la fin de l’enquête comme prévu.
29
30
La collecte des données :
Afin d’obtenir des renseignements précis sur les démarches de schémas de services, il a fallu
dans un premier temps identifier les schémas de services existant et le cas échéant les autres outils
mentionnant l'organisation des services, et collecter les rapports manquant. Dans un second temps,
une collecte des informations sur le terrain c’est-à-dire auprès des acteurs participant de près ou de
loin à ces démarches a été nécessaire. Ont donc été sollicitées premièrement les personnes
ressources au Conseil Régional (les chargés de mission pays entre autres) et deuxièmement les
personnes ressources au niveau infra-pays (chargés de mission pays, élus et membres des Conseils
de développement). Au total ce sont vingt-quatre personnes qui ont été interviewées20
. Des enquêtes
ont été réalisées sous forme d'interview avec l'aide d'une grille d’entretien21
. Cette dernière avait
pour objectifs :
− de connaître les priorités en matière de services sur le territoire,
− d'appréhender les différents modes opératoires portés par les pays,
− d'identifier les initiatives et expériences innovantes.
Le questionnaire initial a pu être adapté en fonction de l'état d'avancement de la démarche et des
projets locaux, ainsi que des acteurs interrogés. Avant de procéder aux entretiens, il a été établi dans
la mesure du possible un premier contact par messagerie internet ou par téléphone avec les
personnes interrogées afin de leur expliquer l'objet de l’étude.
L’ensemble des informations recueillies repose principalement sur le déclaratif des acteurs
interrogés. Dès lors, il est à préciser que l’on est davantage sur des hypothèses que des affirmations,
qui de plus, s’appuient sur un échantillon de pays aquitains. Dans l’idéal, il aurait fallu corroborer
ces analyses en multipliant les rendez-vous, voire mettre toutes les informations recueillies en
débat. L’analyse qui en est faite est donc à considérer avec précaution.
Par ailleurs, la majorité des observations apportées tout au long du texte, proviennent d’une
lecture croisée des différents schémas de services disponibles.
20
Voir annexe 4, p. 75 21
Voir annexe 5, p. 77
31
A. Les moyens matériels et humains mobilisés
En ce qui concerne la réalisation du schéma de services, la Région indique clairement que
« L’étude pourra être réalisée en interne par le pays ou confiée à un cabinet extérieur, en
collaboration étroite avec le Conseil de développement. ». Le pays, en ces termes, désigne l’équipe
en charge du travail.
Pour les pays tests ayant conduit ce travail en interne, aucun chargé de mission n'a été
recruté par la structure porteuse. Les raisons qui tendent à choisir cette option sont diverses et
variées. En effet cela peut relever d'une volonté politique, soit par la logique du pays qui ne doit
« rien coûter », soit tout simplement pour asseoir la position du pays en tant qu'acteur-producteur.
Pour ces territoires, « les pays devraient avoir l'ingénierie suffisante pour récupérer l'information et
l'analyser ». Néanmoins ces pays ne remettent pas en cause l'apport d'un regard extérieur. Aussi des
craintes subsistent quant à la capacité du cabinet à « voir les spécificités du territoire ».
En Aquitaine, ils ont été nombreux à opter pour une réalisation en externe par un
consultant ou un bureau d'études aussi bien pour le volet « diagnostic » que pour le volet
« stratégie ». Comment expliquer ce recours systématique à un prestataire ? Quelle satisfaction les
acteurs retirent-ils quant à ce choix ? Les pays ayant opté pour une réalisation par un cabinet
externe, évoque le plus souvent des problèmes de temps du fait des enquêtes qui sont toujours
longues à réaliser ou encore le manque de matériel adapté notamment pour la réalisation de la
cartographie nécessitant des logiciels spécifiques. Très peu de pays reconnaissent le manque de
savoir-faire, élément évoqué par un des acteurs interrogés qui souligne que « les animateurs n’ont
pas la compétence ». De plus quand les pays connaissent des difficultés de légitimité au regard des
élus du territoire, cela constitue un bon moyen de se faire entendre. Mais les raisons en faveur de ce
choix résident principalement dans l'expérience qu'apporte le prestataire externe. Sa méthode est
rodée et c'est bien cela qui paradoxalement leur est souvent reproché. L’expression « copier-coller »
qui qualifie le travail des cabinets est ressortie plusieurs fois de ces entretiens mais sans explications
précises. Certains territoires se disent même « déçus » du résultat mais le schéma n’est-il pas une
démarche collégiale basée sur une responsabilité collective ? Le Conseil Régional n’a-t-il pas
mentionné la nécessité d’une « collaboration étroite » avec les Conseils de développement ? Malgré
ces dires, les prestataires externes n’en sont pas moins sollicités, au contraire leurs activités ne
cessent de s’étendre (évaluation, accompagnement à l’élaboration d’agenda 21) même s’ils se
plaignent de plans de charge restreints.
Néanmoins, un élément prépondérant est à prendre en considération pour mener à bien ces
démarches de schémas de services : le temps impartis. Le temps consacré à l'élaboration du
32
schéma de services est souvent dépendant de la temporalité des contrats de pays.
Tableau 2 : Récapitulatif de la date d'élaboration des schémas comparativement à la signature
des contrats de pays de première et de deuxième génération
Pays témoins Contrat de pays n°1 Schéma de services Contrat de pays n°2
Val d'Adour Décembre 2002 Février 2004 Juin 2008
Médoc Octobre 2004 Novembre 2008 Juillet 2009
Landes de Gascogne Juin 2004 Mars 2008 Octobre 2009
Libournais Juin 2004 - Juin 2011
Agenais Décembre 2004 Décembre 2009 Octobre 2009
Périgord Vert Décembre 2004 Juillet 2008 Juillet 2009
Oloron et Haut Béarn Juin 2005 Mai 2009 Décembre 2010
La généralisation des schémas de services à l’échelle des pays s’est faite à partir de la
définition des nouvelles propositions d’orientation du règlement d’intervention du Conseil Régional
d’Aquitaine en 2006. Sur le panel de territoires choisis, mais de façon commune à l'ensemble des
pays aquitains, nous pouvons constater que les pays ayant réalisé des schémas de services l'ont fait
avant ou parallèlement à la signature de la deuxième génération de contrat de pays, excepté un : le
pays du Val d'Adour. En effet, ce dernier est pionnier dans ce domaine avec l’élaboration d’une
charte territoriale des services dès 2004 et avec des réflexions sur les services menées bien avant la
reconnaissance du pays. Ce trait caractéristique est du au déterminisme local notamment des élus
mais aussi à la Région Midi-Pyrénées qui très tôt s’est emparée de la question des services,
notamment à cause de son territoire fortement marqué par les espaces ruraux et montagneux.
Une autre remarque est que le pays de l’Agenais a vu son contrat de pays signé
antérieurement à la finalisation du schéma de services. Dans le cahier des charges de ce dernier a
été stipulé qu’il est « impératif qu’en semaine 36, soit au plus tard le 4 septembre 2009, le pays
puisse disposer d’une note synthétique reprenant les principales orientations du schéma ainsi que
la pré-analyse des projets à intégrer au contrat de pays afin de l’annexer à ce dernier ». Ces
constats mis à part, chaque territoire a réalisé son schéma de services afin que l'ensemble des projets
émergents puissent être inscrits au deuxième contrat de pays. Aussi en fonction des
« caractéristiques politiques » de chacun, la décision de faire ce schéma de services a pu être prise
plus ou moins tardivement, engendrant un temps de réalisation relativement court pour certains
33
pays. D’autres pays, en revanche se sont donnés le temps de mener une démarche très approfondie
et sont considérés comme exemplaire. C’est le cas du pays de la Vallée du Lot, où la démarche
participative pour l’élaboration du schéma des services aux populations s’est appuyée sur une
approche très qualitative des besoins et de leurs évolutions.
Quoi qu’il en soit, les moyens que le pays est prêt à mobiliser reflètent l'importance qu'il
accorde à la démarche et décident de l’ampleur qu’il veut lui donner.
B. Identification et analyse des méthodologies employées pour
l'élaboration du schéma de services
Cette partie s’attache à présenter les procédés des démarches de schémas de services des
pays dans une approche descriptive mais aussi analytique, démarches engagées au vu du cahier des
charges proposé par la Région. Ce dernier comprend quatre phases :
− Un inventaire des services
− L’identification des besoins en services des populations du territoire
− Une comparaison entre l’offre et la demande de services
− L’élaboration du projet de services du pays
Chacune de ces étapes est reprise en y associant les façons dont les territoires ont œuvré pour
répondre au cahier des charges du Conseil Régional. Les choix qui en découlent sont exposés et
rapportés de manière analytique.
1. L'offre des services ou les thèmes privilégiés
a) Une seule méthode : l’inventaire
L'inventaire des services à la population s’intéresse à la quantification de l’offre de services
à la population présents sur le territoire. Il pose principalement la question du champ des services
abordés et de la façon dont ils sont étudiés. Plusieurs sources établies sous la forme de bases de
données peuvent être mobilisées.
34
Tableau 3 : Sources des données utiles pour le diagnostic classées par thématique
Thèmes Sources mobilisées
Enfance / jeunesse Conseil Général, CAF, MSA, INSEE
Personnes-âgées Conseil Général, INSEE, FINESS
Santé Ministère de la santé, Agence Régional d’Hospitalisation
d’Aquitaine, URCAM d’Aquitaine, Ddass
Emploi, l’insertion professionnelle Mission formation emploi (service du Conseil Régional),
Aquitaine CAP Métiers, Pôle emploi, Mission locale, ARDIE
Enseignement Inspection Académique, Rectorat de Bordeaux, Ministère de
l’Education Nationale
Sport Ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative
Culture Conseil Général
Services administratifs de l’Etat Préfecture
La Poste Direction des projets de La Poste
Déplacement DDE
Par ailleurs, beaucoup de territoires utilisent leurs propres données et notamment les
informations d'études réalisées antérieurement. Les cabinets d’études, lorsqu’ils sont sollicités
détiennent leurs propres informations.
Dans la sélection des types de services, il est à noter que le choix de se focaliser sur certains
d'entre eux relève de décisions politiques (dans le pays de l’Agenais, les priorités ont été exprimées
par les élus) ou encore de choix antérieurs effectués dans la charte (dans le pays des Landes de
Gascogne, les thèmes du schéma des services sont en conformité avec ceux mentionnés dans la
charte). Concrètement, tous les schémas de services présentent un état des lieux thématiques, et bien
qu'il ne soit pas exhaustif, certains thèmes ressortent de façon récurrente.
b) Les principaux thèmes de services abordés
Les principaux thèmes en matière de services sélectionnés dans les schémas de services
renvoient précisément à la phase de diagnostic de chacune des démarches engagées et donnent par
la même les éléments incontournables qui doivent y figurer.
Parmi les thématiques de travail des schémas de services de l’échantillon étudié ressortent
en priorités :
La santé : Cette thématique, abordée sur l’ensemble des territoires, fait état dans le
35
diagnostic des équipements hospitaliers (hôpitaux, cliniques, maternité, etc.), des
professionnels de santé (médecins généralistes, infirmiers) y compris les médecins
spécialistes (dentistes, cardiologues, etc.). Sont également pris en compte en nombre et
répartition, les pharmacies et laboratoires d’analyses médicales, les permanences de soin et
plus rarement les centres médicaux sociaux (assistantes sociales).
La petite enfance, l’enfance et la jeunesse : elle s’appréhende en termes de capacité
d’accueil (nombre de places) pour la petite-enfance et l’enfance (crèches, assistantes
maternelles, Centre de Loisirs Sans Hébergement (CLSH)), en offre d’activités en clubs et
associations pour les jeunes (12-17 ans).
Les personnes âgées : cette thématique s’apprécie en nombre de places dans les accueils en
établissement (maisons de retraite, logements-foyers, etc.), les familles d’accueil, les
dispositifs de maintien à domicile (portage de repas, aide ménagère…) et les clubs ou
association de retraités.
Ensuite, dans un second temps viennent :
La mobilité, le transport, les déplacements : tous les modes de transports sont évoqués (les
réseaux ferrés (TER), de transport routier (autoroute), de transport collectif (bus), de
transport scolaire, de transport aérien ainsi que les déplacements doux (pistes cyclables,
circuits pédestres) et les transports alternatifs (TAD, covoiturage). La mobilité, bien qu’elle
constitue une condition d’accessibilité à l’ensemble des services d’un territoire, est un thème
à part entière par le fait qu’elle renvoie à la notion d’égalité d’accès à l’offre de services.
La culture et le sport : ces deux thèmes, qui sont souvent associés, sont analysés via la
présence et la localisation des équipements culturels (bibliothèque, théâtre, cinéma, école de
musique, etc.) et sportifs (salle multisports, piscine, etc.).
L’emploi, la formation et l’insertion professionnelle : ces thématiques sont associées à la
présence des structures favorisant l’emploi (Pôle emploi, les missions locales, les entreprises
de travail temporaire etc.), les organismes de formation (apprentissage), les associations
(PLIE), l’information et l’orientation professionnelle (BIJ, PIJ…).
Les services publics emblématiques : il est question de la présence postale, de l’implantation
des équipements d’enseignement primaire, secondaire et supérieur, et des services
administratifs de l’Etat (trésor public, l’équipement, la gendarmerie et la justice).
La protection sociale : elle est parfois rattachée aux services publics emblématiques, elle
s’apprécie par l’identification des permanences sociales (CAF, MSA, CPAM…).
Enfin, parmi les plus rares figurent :
La communication (TIC) : cette catégorie rassemble deux types de TIC à savoir la
36
téléphonie mobile et l’accès au haut débit. La généralisation de la couverture des territoires
par la téléphonie mobile étant en bonne voie, aujourd’hui les pays s’intéressent à la
couverture en haut débit. Cette dernière s’apprécie par le nombre et le taux de fréquentation
des points publics d’accès à internet y compris dans les établissements scolaires, eux même
outils influant sur l’accès à d’autres services (exemple de la e-administration).
La sécurité : la présence des postes de gendarmerie et de police, les casernes de pompiers.
L’aspect financier : la présence et la répartition des agences bancaires françaises.
L’eau : une veille sur la qualité de l’eau, la gestion des réserves en eau, etc.
Le traitement des déchets : l’existence et la localisation des déchetteries, des centres de tri…
Il est à noter que l’ensemble des thèmes apparaissant très rarement au sein des schémas de services
ont tous été prélevés de la charte territoriale des services publics du pays du Val d’Adour.
Une précision est à apporter sur la thématique du logement. En effet, ces derniers ne sont
pas traités dans ces schémas de services ou abordés de manière très éparses car ils peuvent faire
l’objet d’un schéma à part entière. Cette explication est également valable pour les commerces de
proximité, dans le sens où ils seront davantage à même d’être traités via le schéma de
développement économique. Les schémas de développement économique et de l’habitat étant tous
deux des préalables à des financements de la Région dans le cadre de sa politique contractuelle.
37
Tableau 4 : Récapitulatif des principaux types de services abordés22
dans les schémas des
territoires tests
Les
principaux
thèmes
Pays
Val
d’Adour
Oloron et
Haut Béarn
Médoc Agenais Périgord
Vert23
Landes de
Gascogne
Personnes
âgées
× × × × × ×
Santé × × × × × ×
Enfance × × × × × ×
Emplois × × × × ×
Culture et
sport
× × × ×
Mobilité × × × ×
Services
publics24
× × ×
TIC × ×
2. L'analyse de la demande de services et la comparaison entre l’offre et la
demande de services
a) Des méthodes approximatives
Dans la majorité des schémas de services examinés il n'est jamais inscrit textuellement
« analyse des besoins » ou « confrontation de l'offre et de la demande ». Ces deux phases proposées
dans le cahier des charges du règlement régional d’intervention reposent sur la caractérisation
d’éléments subjectifs et difficilement quantifiables comparativement à un inventaire de l’offre de
services.
Les besoins sont globalement exprimés mais de manière indirecte, autrement-dit il est
difficile de déterminer clairement la façon dont ils ont été définis et leur caractère objectif. Un
grand nombre émane des conclusions tirées des problèmes liés à l'offre de services, qu’ils soient
appréhendés en termes de présence, de qualité ou d’accessibilité. Ils sont souvent fondés sur des
22
Les types de services référencés sont mentionnés dans les documents des territoires tests. 23
Rappel : les informations du Périgord Vert ont été obtenues via entretien, son schéma de services n’étant pas encore
validé au moment de l’enquête. 24
Services publics dits « emblématiques » : enseignement, services d’Etat, sécurité, La Poste, etc.
38
anticipations liées aux caractéristiques sociodémographiques du territoire mais également au temps
de trajet entres villes. Par exemple, une mauvaise accessibilité engendrera la recherche de nouvelles
solutions de déplacement. Dès lors la phase de la confrontation entre l'offre et la demande de
services est bel et bien entamée. Aussi, les besoins sont parfois déterminés par rapport à des
ratios, tels le nombre moyen de médecins par habitant. D'autres territoires au contraire sont allés
directement au contact de la population. Le pays du Médoc a recueilli les avis de la population
en les interrogeant sur leurs besoins actuels et futurs. Mais la majorité des besoins identifiés
émanent des réunions organisées avec le Conseil de développement. Au regard de la LOADDT
ou loi Voynet, un Conseil de développement se compose « de représentants des milieux
économiques, sociaux, culturels et associatifs », qu'ils soient élus, techniciens des territoires,
institutions, etc. Plusieurs méthodes sont donc utilisées pour recenser les besoins en services de la
population.
La confrontation de l’offre et de la demande de services se traduit par la réalisation d’une
analyse AFOM (Avantages Faiblesses Opportunités Menaces) du territoire, qui donne lieu à la
définition d'enjeux. Textuellement, la partie confrontation de l'offre et de la demande est plus
connue sous le nom « d'analyse stratégique ». On retrouve ces mêmes éléments aussi dans la partie
« Rappel du diagnostic ».
b) Des territoires spécifiques aux enjeux similaires
Les territoires observés, bien qu’étant soumis à des caractéristiques physiques,
fonctionnelles et organisationnelles différentes (espaces littoraux, montagneux, influence d’une
agglomération, etc.) présentent des enjeux similaires, enjeux identifiés le plus souvent de manière
transversale.
Si l’on procède par thématique et dans la logique des principaux thèmes abordés dans les
schémas de services, l’ensemble des territoires est confronté à un problème de désertification
médicale quelques en soient les causes : vieillissement des médecins généralistes, fuite des
professionnels de santé vers les villes du fait de conditions de travail trop éprouvantes ce qui a
comme conséquence la non attractivité des lieux potentiels d’installation en milieu rural par les
jeunes. A partir de là, l’enjeu principal consiste à assurer une offre médicale adaptée non seulement
aux besoins des habitants mais également à ceux des professionnels de santé. Ainsi, sur la question
de la santé, le pays de l’Agenais met en exergue l’importance de la réorganisation des pratiques de
soins, notamment pour assurer leur permanence sur l’ensemble du territoire et inciter l’installation
de jeunes médecins.
Le territoire est également confronté à un problème de vieillissement global de la
39
population qu’il va falloir gérer notamment en agissant sur les types d’offres de prises en charges à
mettre en place. Le pays des Landes de Gascogne pose comme enjeu : l’adaptation des services
(établissements d’accueil) à l’apparition de nouvelles pathologies.
Pour la petite-enfance, l’enjeu principal réside dans la capacité à offrir des solutions
d’accueil adaptées à la population. Pour le pays de l’Agenais, l’enjeu est d’adapter l’offre à
l’évolution des besoins des parents en activité, autrement dit les parents ont besoin de crèches aux
horaires atypiques.
La mobilité, dans ce cadre occupe un rôle central, dans le sens où elle s’entend par
accessibilité à l’ensemble des services. Ainsi, le pays d’Oloron et du Haut Béarn pose pour enjeu la
mobilité vers les services en réponse à un phénomène d’enclavement et de recherche de
rationalisation des coûts au regard de la faible densité démographique.
Si l’on raisonne par transversalité, un des enjeux récurrents est de l’ordre organisationnel.
Sont souvent mentionnés les enjeux de « la mise en réseau et la coordination des acteurs » (pays
d’Oloron et du Haut Béarn), ou encore de « mettre en réseau et coordonner les acteurs et les
interventions » (pays du Val d’Adour).
Un autre enjeu est de l’ordre de l’équité, soit « le maillage du territoire » (pays d’Oloron et
du Haut Béarn) ou « préserver un juste équilibre entre l’agglomération et les territoires ruraux du
pays » (pays de l’Agenais). Ceci dit, certains pays vont un peu plus loin dans leurs enjeux. C’est le
cas du pays du Val d’Adour qui décompose ses enjeux en deux catégories : stratégiques et
opérationnels. Il suggère notamment d’informer sur les services publics existants et de favoriser
leur appropriation par les élus et les habitants. Finalement bien que les caractéristiques physiques,
fonctionnelles et organisationnelles des territoires leurs soient propres et spécifiques, leurs enjeux
apparaissent similaires dans les schémas de services. Les questions sont donc : est-ce que le schéma
masque les problèmes de fonds des territoires, volontairement ou non, pour des raisons diverses
(faciliter la compréhension, manque de connaissances…) ou doit-on considérer que l’on est sur des
problématiques exogènes aux territoires c’est-à-dire sur des enjeux nationaux ? Ce dernier cas, pose
notamment la question suivante : à qui revient la prise en charge de ces problèmes ?
3. L’élaboration du projet de services du pays
a) Les procédés
Le projet de services repose sur les choix d’objectifs à atteindre, puis sur les moyens
d’actions à mettre en œuvre pour y parvenir. Les priorités de l'action pour améliorer les services
40
ayant été repérées, il s'agit maintenant pour les acteurs du pays de construire le projet de services. Il
se définit par un programme d'actions et d'animations pour les services. L'ensemble des projets qui
peuvent figurer au schéma de services, émanent de réunions entre tous les acteurs du territoire : élus
et membres du Conseil de développement, prestataires de services…
Par ailleurs, les évaluations des contrats de pays ont mis en évidence plusieurs pistes sur les
critères à respecter lors des projets présentés dans la deuxième génération de contrats de pays,
critères à mêler avec ceux sous-entendus dans le règlement d’intervention à savoir :
Une préférence aux projets à maturité : les projets inscrits doivent être prêts à démarrer
c’est-à-dire qu’ils doivent avoir une forte chance d’être réalisés dans les trois ans.
Une veille toute particulière doit être portée sur la capacité d’autofinancement réelle des
maîtres d’ouvrage.
Le caractère structurant des projets dans son acception d’intérêt communautaire, autrement-
dit assujettis à un rayonnement minimum intercommunal.
Ainsi, globalement la sélectivité des projets résulte d’une prise en compte simultanée des priorités
propres aux partenaires, aux disponibilités financières et aux contraintes de temps en lien avec la
maturité des projets.
b) Les aboutissements
Les actions qui figurent dans les schémas de services, différent du moins dans leur
présentation. Leur nombre et leur dimension varient largement d’un territoire à un autre. Certains
programmes d’action font l’objet d’une absence de fiches-actions détaillées c’est-à-dire de la nature
des maitres d'ouvrage et bénéficiaires potentiels, du contenu de l'opération, du coût et du plan de
financement prévisionnel, du calendrier (en sachant qu’une décomposition en actions de
court/moyen et long termes n’est pas suffisante), d’une note argumentaire sur l'articulation du projet
avec la stratégie du pays, de l'impact attendu et des indicateurs de suivi et d'évaluation. Aussi
certains programmes peuvent faire l’objet d’un nombre assez important de fiches-actions. Ces
éléments peuvent fournir un premier niveau d’information quant au niveau de priorisation adopté.
Afin de connaître les domaines dans lesquels il y a le plus de projets financés, on s’est
appuyé sur les états d’avancement des projets inscrits dans les schémas du pays de l’Agenais et de
celui d’Oloron et du Haut Béarn (données juin 2011).
41
Tableau 5 : Etats d’avancement des projets inscrits dans les schémas du pays de l’Agenais et
de celui d’Oloron et du Haut Béarn (données juin 2011)
Thèmes Projets du pays d’Oloron et du Haut
Béarn
Projets du pays de l’Agenais
R / E-C AI A Total R / E-C AI A Total
Pôles de services 3 - 1 4 Mesures spécifiques au pays d’Oloron
Haut Béarn TIC 425
- - 3
Mobilité 1 - - 1 1 - - 1
Petite-enfance /
Jeunesse
6 2 1 9 6 4 1 11
Culture / Sport 426
2 - 4 9 9 1 19
Santé 527 - - 4 2 - - 2
Personnes âgées 2 - - 2 4 9 - 13
Emploi 1 3 1 5 - 1 - 1
Solidarité et
accompagnement
social
Mesure spécifique au pays de
l’Agenais
- - - 0
Total 2628
7 3 32 23 23 2 48
Légende :
R / E-C : Réalisés ou En Cours
AI : Absence d’information ou projets reportés
A : Abandonnés
Total : Nombre de projets inscrits au schéma de services (hors avenant)
Exemple d’interprétation :
Dans le pays d’Oloron et du Haut Béarn, sur les 2 projets de TIC inscrits dans le schéma de services, la totalité a été
réalisée ou est en cours de réalisation.
L’hypothèse de départ, selon les dires des acteurs interrogés, est que le domaine dans lequel
le plus grand nombre de projets sont financés est celui de la petite enfance. Globalement, lorsque
l’on regarde ce tableau on constate que les domaines où les projets sont les plus financés en termes
quantitatifs sont la petite-enfance et la jeunesse ainsi que l’offre culturelle et sportive. Cependant, si
25
1 projet en avenant 26
2 projets en avenant 27
1 projet en avenant 28
Inclus les projets en avenant, sinon 22 projets.
42
l’on décompose un peu ces catégories, on s’aperçoit que le nombre d’actions en faveur de la petite-
enfance est largement supérieur à celles en faveur des jeunes. Par exemple, pour le pays de
l’Agenais sur les 11 projets de la catégorie petite-enfance / jeunesse, plus de 8 projets concernent la
petite-enfance (essentiellement des crèches).
Ce tableau met également en avant plusieurs éléments : le nombre de projets abandonnés,
reportés ou dont les chargés de mission n’ont pas connaissance de leur état d’avancement au
moment de l’enquête. Ces éléments reflètent particulièrement les difficultés relatives au montage de
projet. Il est fait état d’une absence de maîtrise d’ouvrage pour certains projets identifiés par le
bureau d’étude, de la difficulté de mise en place d’une animation, d’une coordination délicate des
communautés de communes dans un contexte de redécoupage des EPCI en lien avec leurs disparités
de compétences dans le maillage territorial. L’existence de projets manquant de maturité avant
l’inscription constitue également une raison notable de non réalisation des projets.
Si l’on s’attache à regarder les domaines dans lesquels les projets émergent, plusieurs
remarques peuvent être faites. Dans celui de la santé, bien que le tableau ne soulève pas de
problèmes a priori, dans la pratique, des territoires ont évoqué des difficultés à faire travailler les
professionnels de la santé ensemble. Dès lors qu’il ne s’agit pas d’une volonté spontanée, une
demande de mise en réseau des acteurs de la santé par exemple, est très mal reçue par les
professionnels qui se sentent dépossédés de leur statut de travailleur libéral c’est-à-dire de leur
indépendance.
En ce qui concerne la mobilité, ce domaine nécessite des réflexions plus poussées. Souvent
la mise en place de TAD ou de covoiturage ne permet pas une amélioration des déplacements. De
plus, ces dispositifs sont bien souvent sous-utilisés et onéreux pour la collectivité.
Si pour la petite-enfance les projets explosent, en revanche pour les jeunes, les projets se
font trop rares. Est dénoncée une certaine hésitation chez les élus à se lancer dans ce thème, un
problème d’appréhension du à un public difficile à cerner en est peut-être à l’origine. Aussi, les
projets sportifs et culturels peuvent être appréhendés comme un moyen de répondre aux besoins des
jeunes mais ce raisonnement n’est-il pas trop réducteur ?
La faiblesse des projets liés aux services publics au sens stricte est à remarquer également.
Les explications peuvent être diverses. Tout d’abord, il peut y avoir un effet de report vers les
projets des TIC, dans le sens où la tendance actuelle est à l'aménagement numérique des territoires
et à l'administration électronique. Les problèmes d’accès aux services tels ceux de la préfecture,
établissements souvent très éloignés des espaces ruraux, se trouvent partiellement résolus dès lors
que ces territoires ont accès à internet, les démarches administratives pouvant se faire par ce biais.
En revanche, pour ce qui relève des autres types de services publics, il semble qu’il y ait un
43
sentiment d’impuissance. Or le schéma de services peut justement permettre de créer des actions de
lobbying pour ce type de projet. La signature d’une convention cadre entre le pays du Val d’Adour
et La Poste en 2005 pour réorganiser l’offre postale illustre cette opportunité pour les territoires
ruraux de négocier dans un cadre plus collectif et de constituer une véritable force de pression.
Par ailleurs, d’un point de vue méthodologique, l’absence de représentation cartographique
des projets ne permet pas d’apprécier leur rayonnement intercommunal. En effet pour certains
programmes d’actions, plusieurs acteurs des territoires ont souligné la difficulté des élus à prendre
des décisions concernant l’implantation des équipements. La logique selon laquelle chacun cherche
à défendre les intérêts de sa commune ou communauté de commune est encore très prégnante dans
certains pays, sans omettre les difficultés d’appréhension de la dimension « pays » et de sa plus-
value. Ainsi, parmi les territoires tests, seul le pays du Val d’Adour a cartographié sur une seule et
même carte l’ensemble de ces projets à venir.
C. L’analyse des cohérences internes et externes du schéma de services
1. La cohérence interne du schéma de services
L’analyse de la cohérence interne revient à observer l’articulation entre les enjeux dégagés
dans le diagnostic, les orientations stratégiques retenues et les opérations concrètes inscrites dans le
programme opérationnel.
Si l’on s’attarde sur les enjeux dégagés par les territoires étudiés dans les schémas de
services, des expressions telles que « répondre aux besoins de services essentiels », « préserver un
juste équilibre » ressortent inévitablement. Idem, au niveau des objectifs qui en découlent, on trouve
des éléments comme « Assurer l’accessibilité des services essentiels pour tous » et « contribuer au
maintien des services sur le territoire ». Finalement, il est difficile d’y voir clair et se pose même la
question de la définition du terme « enjeu » comparativement à celui « objectif ». Un enjeu se
définit comme ce que l’on peut gagner ou perdre lors d’une action tandis qu’un objectif traduit un
but à atteindre. L’enjeu est donc ce que l’on peut avoir si l’on parvient à répondre à l’objectif. Par
conséquent, à la lecture des schémas il est parfois difficile d’identifier clairement le lien logique
entre les enjeux et les objectifs.
De plus, il est possible d’observer des incohérences entre les orientations affichées et les
projets, lesquels font parfois l’objet d’une absence d’actions. Cela indique un défaut de maîtrise
d’ouvrage ou une faisabilité des projets qui n’a pas encore été étudiée. Mais l’absence de capacité
44
opérationnelle peut préfigurer des opérations qui nécessitent un temps de maturation supplémentaire
et renvoie au sens que l’on veut donner au projet de services. Le schéma est une démarche
permettant d’arbitrer sur le court terme mais il constitue aussi un outil d’éclairage prospectif à plus
long terme.
Par ailleurs, certains projets inscrits au schéma, donnent l’impression par leur localisation,
d’une mise en concurrence s’ils étaient effectivement réalisés. Cette observation révèle une certaine
imprécision et appelle des informations complémentaires pour juger du bien fondé ou de la
pertinence des projets. La cartographie, dans ce cas peut donner une idée du rayonnement de chaque
projet.
2. L'articulation avec les autres démarches
La démarche de schéma de services intervient sur un territoire, le pays, où peuvent être
menées d’autres actions de développement. Par définition « la constitution des pays doit susciter des
démarches plus transversales d'intervention fondées sur une quête de synergies et de cohérence »29
.
Par exemple, le pays a vocation de rechercher l'articulation, au sens de la mise en cohérence, entre
les différentes démarches engagées sur son périmètre. Quelles sont ces démarches et de quelle
manière peuvent-elles s’articuler ?
Parmi les démarches susceptibles d'être mises en cohérence avec le schéma de services à la
population peuvent être envisagées plus particulièrement : le SCoT, la charte de développement du
PNR, le programme européen LEADER, le projet d’agglomération, le PER et l’agenda 21.
a) Les SCoT
En ce qui concerne les SCoT, le souci de la mise en cohérence avec le schéma, réside dans
l'objectif du SCoT qui est d'organiser la planification spatiale et donc les choix d'urbanisation voire
d’équipements structurants. Or ces derniers ne peuvent être effectués sans avoir identifié au
préalable les différents pôles de vie c'est-à-dire de services qui structurent un territoire. Par
conséquent, et en sachant que les pays comme les SCoT s'inscrivent à l'échelle du bassin de vie, si
un schéma de services préexiste à la réalisation du SCoT, il constitue un bon outil pour
l’alimenter. Ainsi, à travers les informations qu’il fournit au SCoT, le schéma de services joue sur
les choix futurs de localisation des services. Le pays du Grand Pau a fait un schéma des services
pour avoir un zoom dans ce domaine avant d’incorporer ces éléments dans l’élaboration du SCoT
29
DATAR, Les pays, La Documentation française, 2001, p. 30
45
de façon plus approfondie. Ce sont les éléments de diagnostic qui servent le plus souvent la
démarche de SCoT. Dans le cadre de l’élaboration du SCoT, le pays de l'Agenais dans le cadre de
son SCoT, a lancé une étude sur la mobilité. Le cabinet d'étude qui en a la charge a mobilisé les
documents et les données disponibles, dont le schéma de services, pour lequel on retrouve certains
éléments du diagnostic.
Quels sont les points de convergences et de divergence entre les démarches de schéma de
services et de SCoT ? Il s'agit de deux démarches aux objectifs similaires : organisation et
cohérence du territoire. Elles tendent à s'articuler dans la mesure où le schéma de services a pour
objectif une meilleure organisation du territoire en services ce qui suppose de réfléchir à leur
implantation. De son côté, le SCoT doit fixer les futurs équipements et services publics dont les
territoires auront besoin au regard de la croissance démographique, urbaine, économique et de
l’évolution des modes de déplacements. Il s’agit d’un outil de planification. Tous deux constituent
des démarches assez lourdes avec différentes étapes nécessaires à leur élaboration. Ils s'inscrivent à
l'échelle du bassin de vie. Chacune des deux démarches débute par un diagnostic, définit des
orientations et un projet de développement. Enfin, la nécessité de concertation avec les
représentants du monde socio-économique et associatif dans le SCoT s'apparente à celle
caractérisant les Conseils de développement des pays.
Mais ces deux démarches tendent également à se différencier. Le schéma n’a pas un
caractère réglementaire et encore moins prescriptif, comme c’est le cas pour le SCoT. En effet, bien
qu’il constitue une condition sine qua none pour l'obtention de financements régionaux et
européens, le schéma de services n'en reste pas plus obligatoire au niveau législatif, contrairement
au SCoT. De plus bien que les deux démarches constituent des cheminements lourds, compliqués et
longs, qui nécessitent de mettre tout le monde autour de la table, le SCoT via son caractère
obligatoire fait passer les démarches de schémas au second plan en termes de priorités. Et donc dans
ce cadre est-il pertinent de mobiliser les acteurs plusieurs fois sur des démarches plus spécifiques
tels que les schémas de services ? Le pays du Libournais fait partie des pays ayant préféré le
traitement de la question des services via le SCoT plutôt que via l'élaboration d'un schéma de
services. En effet les élus ont fait le choix de ne pas réaliser de schéma de services pour éviter le
doublon avec le SCoT. En procédant ainsi, le SCoT du pays du Libournais compte aborder
plusieurs questions dont certaines relatives aux services :
− Où devons-nous réserver des espaces pour le développement urbain ?
− Où devons-nous développer des logements, dans quelle quantité et de quel type, afin qu’ils
répondent aux besoins de toute la population ?
− Où souhaitons-nous localiser tel ou tel grand service à la population ? Telle zone d’activités
de grande ampleur ?
46
Le volet services va être intégré dans le cadre de l'armature urbaine du territoire, la colonne
vertébrale du projet de SCoT, avec l'emploi et l'habitat. L'intérêt est d'établir une typologie des
communes en fonction de leur rôle dans l'offre et la demande de services à la population,
notamment en s'appuyant sur un inventaire communal établi par des étudiants. Bien que cet
inventaire soit sectoriel, la démarche n'en reste pas moins transversale. Quand il est fait référence
aux services, sont englobés non seulement les grand équipements publics (piscine) mais également
les services privés commerciaux (liés aux implantations des entreprises).
De plus dans la mesure où le SCoT adopte une vision transversale de l'ensemble des
éléments constituant un territoire et ne se focalise pas seulement sur les services à la population, le
schéma de services peut avoir deux rôles : soit il peut apporter un degré de précision supplémentaire
sur le thème des services selon la façon dont le SCoT les intègre, soit il peut soulever des problèmes
qui pourront être traités plus en profondeur et de manière transversale dans le SCoT. Le pays de
l'Agenais a intégré les transports dans son SCoT, via une étude sur la desserte du territoire, suite à
la réalisation du schéma de services. Ce dernier a fait prendre conscience aux acteurs du territoire
de l'enjeu de la mobilité sur la qualité de vie des habitants. Il faut savoir qu’une étude de l’APFP
révèle que les services sont très faiblement pris en compte dans les SCoT30
. Reste à définir
maintenant la place respective de ces deux démarches dans le développement territorial.
b) Les PNR
L'Aquitaine possède deux territoires labellisés PNR : Le PNR des Landes de Gascogne et le
PNR Périgord Limousin. Comme les pays, les PNR élaborent une charte de développement et
mettent en œuvre des actions conformément aux orientations de la charte. Dans la mesure où les
Chartes de PNR comprennent des dispositions de nature diverse y compris sociale et culturelle,
elles devraient faire l'objet d'une mise en cohérence avec les Chartes de pays et plus précisément
avec les orientations de ces mêmes thèmes découlant des schémas de services. Dans la pratique
cette cohérence est assurée de manière plus ou moins forte. Dans le pays des Landes de
Gascogne, le PNR a délégué au pays, sur la zone commune, un rôle en matière d’organisation des
services à la population. L’articulation entre les deux démarches n’est pas facile à assurer sur le
périmètre qui leur est commun, la configuration territoriale doit être regardée de très près. Sur cette
question le Conseil Régional d'Aquitaine souligne que « normalement une convention devrait être
signée entre les syndicats mixtes des pays et ceux des parcs pour définir les interventions des uns et
des autres ».
30
APFP, « Les services à la population au service de l’aménagement du territoire et du développement durable »,
juillet 2010, Annexe 1 – p. 19.
47
c) La démarche LEADER
Dans le cadre de la programmation 2007-2013, LEADER est le quatrième axe de la
programmation du FEADER. Il s'agit d'un axe méthodologique visant l'un ou plusieurs des trois
objectifs thématiques :
l’amélioration de la compétitivité de l'agriculture et de la sylviculture,
l’amélioration de l'environnement et de l'espace rural,
l’amélioration de la qualité de la vie en milieu rural et la promotion de la diversification des
activités économiques.
Il permet la mise en œuvre intégrée des mesures de développement rural cofinancées par le
FEADER à l’échelle d’un territoire rural. Il s'appuie sur un Groupe d’Action Locale (GAL) qui
réunit des acteurs publics et privés représentatifs. Celui-ci décide des actions à conduire par rapport
à la stratégie locale de développement. Les stratégies locales de développement des GAL se
traduisent par un plan de développement articulé autour d'une priorité ciblée. LEADER soutient les
opérations pertinentes qui développent de nouveaux produits ou services sur le territoire. Ces
projets doivent permettre d’engager une réflexion multipartenariale entre des personnes issues de
domaines d’activités parfois éloignés et/ou pluri-thématiques. Il peut également s'apprécier au-delà
d'un périmètre pays, par exemple sur un périmètre PNR. Le programme LEADER peut intervenir à
plusieurs niveaux dans les démarches de schéma. Non seulement il permet de cofinancer des
actions prévues par le schéma de services mais il peut également cofinancer le schéma lui
même c'est-à-dire sa réalisation. Le Conseil Régional d'Aquitaine souligne la complémentarité de
ce programme avec la charte et le contrat de pays. Par ailleurs, le caractère innovant de ce
programme s’illustre à travers le processus de codécision public-privé au sein du GAL à la
différence des pays.
d) Les communautés d'agglomération
Les pays, ont par essence vocation d’assurer le lien entre les milieux urbains et ruraux. Ils
doivent penser leur articulation avec la ou les agglomérations du territoire, c'est-à-dire les
regroupements de communes formant « un ensemble de plus de 50 000 habitants d'un seul tenant et
sans enclave autour d'une ou plusieurs communes centre de plus de 15 000 habitants31
». La
LOADDT de 1999 a prévu des dispositifs, les contrats d'agglomération, dans lequel plusieurs
partenaires (État, Région...) s’engagent sur la mise en place d’actions structurantes (développement
31
Définition INSEE, disponible sur http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/communaute-d-
agglomeration.htm
48
économique, politique de la ville...). Cette loi prévoit également la possibilité d'articulation entre les
contrats de pays et les contrats d’agglomération : « lorsqu'un pays comprend une agglomération
éligible à un contrat particulier, la complémentarité entre le contrat de pays et le contrat
d'agglomération sont précisées par voie de convention entre les parties concernées ». En théorie, il y
a une véritable volonté d'associer le rural et l'urbain pour veiller à une bonne cohésion socio-
économique des territoires. La communauté d'agglomération d'Agen, qui fait partie du pays,
indique que « Pour satisfaire la mise en œuvre cohérente et équilibrée des compétences qui lui sont
transférées, tant au plan financier qu’au regard d’un service équitable à rendre à toutes les
populations du bassin de vie de l’Agenais, la CAA s’attache à inscrire progressivement son action
dans un territoire géographique le plus en conformité possible avec celui du pays de l’Agenais ».
Dans la pratique l'articulation entre les démarches pays et celles relevant des agglomérations est
faible voire inexistante. Bien souvent, la présence d’une agglomération est prise en compte dans les
démarches, dans la mesure où l'une des principales problématiques des pays est la concentration des
services dans l'agglomération au détriment des zones rurales, problématique que le pays se doit de
gérer du fait de sa vocation de veiller à la solidarité entre espaces urbains et ruraux. Ceci dit, des
facteurs de blocage intrinsèques au territoire ou la trop grande influence de l'agglomération font que
les communes situées en dehors de l'aire urbaine peuvent adopter une attitude passive. Dans le pays
de l'Agenais, l’idée affichée du pays assurant le cadre de « transaction » avec les territoires
périphériques, n’a jamais vraiment été appliquée sur le terrain. Si bien que certains élus des
communes isolées n’hésitaient pas à tenir des propos désabusés tels « ce n’est pas grave si l’on est
un territoire dortoir ! », devant leur désarroi face à l’agglomération. Cependant, aujourd’hui dans
le contexte de la réforme des collectivités territoriales, la communauté d’agglomération d’Agen a
pris l’initiative d’une réflexion collégiale associant les communautés et les communes du pays de
l’Agenais, réflexion dénommée « Projet Agglo 2014 ». L’ambition est de faire du pays une
agglomération à part entière. Reste à savoir si ce projet fera l’unanimité. Sans aucun doute, ce
projet devra faire l’objet de diplomatie, de dialogue et de bonne volonté de la part des différents
élus concernés pour aboutir, dans l’esprit d’une plus grande satisfaction des besoins des habitants,
qu’ils soient dans la ville centre ou dans les communes périphériques.
e) Les PER
En 2005, dans le cadre de sa nouvelle politique en faveur des territoires ruraux, l'État a initié
des appels à projets PER permettant de soutenir financièrement des projets d’investissement à
caractère innovant. Ce dispositif affichait l’exigence de donner un élan significatif aux projets
émanant des territoires ruraux, de renforcer le rôle des collectivités locales et de développer des
49
réseaux au sein d’un territoire comme entre les territoires. Les 379 PER labellisés en 2006 se
répartissent en quatre thèmes :
− la promotion des richesses naturelles, culturelles et touristiques,
− la valorisation et gestion des bio-ressources,
− l'offre de services et accueil de nouvelles populations,
− les pôles technologiques, pour des productions industrielles et artisanales.
Le principal objectif du premier appel à projet "pôles d'excellence rurale" lancé en décembre 2005
était de soutenir des projets innovants, créateurs d'emplois en milieu rural.
En 2010, ce sont 264 dossiers qui ont été retenus à l’issue des deux vagues de l’appel à
projets de deuxième génération. Ces candidatures portent sur des projets d’investissement
favorisant l’activité économique ou l’offre de services, dans un cadre durable en fonction des
problématiques de chaque territoire concerné. En Aquitaine, il existe quatre PER relatifs aux
services à la population :
Pour la première génération :
− Proximité et cohésion sociale en pays des Landes de Gascogne : Ce pôle vise à
expérimenter de nouveaux services à la population, dans les domaines de la santé, de
l'emploi et de la solidarité.
− Développement d’un plateau de services sur le canton d’Arzacq (pays du Grand Pau) :
Ce projet structure une offre de services médicaux (maison médicale, télémédecine), par
le développement de services aux entreprises artisanales du territoire (ateliers de relais,
formations) et par le développement des services culturels (création d’un espace
muséographique).
Pour la deuxième génération :
− Création d'un réseau de maisons de santé rurales sur le territoire Sud Gironde : une
démarche visant à structurer l’offre de soins sur le territoire dans l’objectif de la
pérenniser et d’assurer une complémentarité et une coordination accrues entre tous les
acteurs.
− Service petite - enfance en Val de Garonne : PER destiné à satisfaire les besoins en
matière de petite enfance dans les territoires ruraux.
Dès l'annonce des appels à projets PER lancés par l'État, le Conseil Régional et les Conseils
Généraux ont émis des réserves quant au processus de sélection des PER non concerté avec eux.
Cet appel à projets escamote les politiques territoriales contractuelles mises en place par ces
collectivités, en particulier par les régions en direction des pays et des PNR. De plus les
financements devront être trouvés sur les lignes budgétaires existantes. Ces projets n'en restent pas
50
moins cofinancés par la Région, notamment au sein des contrats de pays. Dans ce cas l'articulation
entre les deux démarches s'apprécie sur la cohérence entre les objectifs du projet et ceux du schéma
de services. Elle apparaît comme une évidence dans la mesure où le schéma de services constitue un
focus d'une des thématiques traitées par le contrat de pays.
Il est à noter que les projets PER ont pu venir se substituer au financement initial de l’Etat
au titre des CPER, ce qui vient nuancer l’idée d’un désengagement de l’Etat.
f) Les agendas 21
Au vu du Grenelle de l’environnement, « négociations politiques organisées en France en
2007 sous l'impulsion du gouvernement Fillon, ayant comme objectif de réunir l'ensemble des
responsables des secteurs concernés par les questions environnementales (gouvernement, ONG,
associations professionnelles) afin de prendre des décisions à long terme », de plus en plus
d’incitations sont mises en œuvre pour que les projets s’inscrivent dans des démarches de
développement durable. Dans ce cadre, l'agenda 21 constitue « un projet global et concret, dont
l'objectif est de mettre en œuvre progressivement et de manière pérenne le développement durable à
l'échelle d'un territoire. Il est porté par la collectivité et mené en concertation avec tous ses acteurs :
élus et personnels, habitants, associations, entreprises, [...] 32
». Il se traduit par un programme
d'actions visant à améliorer la qualité de vie des habitants, économiser les ressources naturelles et
renforcer l'attractivité du territoire. Les schémas de services peuvent s’inscrire dans une démarche
de développement durable dans le sens où ils recouvrent les trois dimensions « économie, social et
environnement » mais également par la concertation qu'ils engagent. En effet, l’élaboration d’un
schéma de services mêle les trois sphères. Il doit à terme améliorer l'organisation des services à la
population notamment en confrontant l’offre et la demande de services. La dimension du social est
alors présente. En considérant les services comme des sources d'emploi ou en abordant la
thématique « emploi – insertion professionnelle », le schéma de services revêt un aspect
développement économique. Enfin et plus rarement, il intègre des aspects environnementaux
notamment en favorisant des projets sur la mobilité qui concourent à la réduction des gaz à effet de
serre. De plus, la réalisation des schémas de services implique en théorie une concertation avec un
grand nombre d'acteurs. Ces éléments généraux donnent une première idée de l'inscription du
schéma de services dans une démarche de développement durable. Finalement, le problème réside
dans le fait que cette intégration n’est pas formalisée.
32
Définition de l’ADEME disponible sur http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-
1&cid=96&m=3&catid=13350
51
D. Les modalités d'association des acteurs locaux aux démarches de
schéma
Les acteurs locaux sur lesquels reposent les démarches de schémas de services sont
principalement le Conseil de développement et les élus des territoires. Les rôles de chacun sont
relativement bien déterminés en théorie. Le Conseil de développement a vocation d’exprimer de
manière collégiale les attentes et les besoins des habitants. Les élus, eux, prennent les décisions
finales concernant le financement des projets. Dans son règlement d’intervention, la Région précise
que l’un des objectifs des schémas est de « relancer le Conseil de développement en l’associant aux
travaux ». En effet, devant l’absence de travaux mobilisateurs, le renouvellement de ses membres
mais aussi le caractère du bénévolat influant sur les disponibilités de chacun, font que
progressivement les « Conseils de développement se sont étiolés ». Les démarches de schémas
engagées ont dès lors permis de remobiliser les Conseils de développement à travers des réflexions
menées par des commissions thématiques notamment dans le domaine des services. Néanmoins,
cette remobilisation des Conseils de développement reste mitigée, non pas pour des raisons
volontaires mais plutôt par le rôle qu’on leur octroie dans ces démarches. Ainsi même si certains ont
été associés tout au long des démarches, nombreux sont ceux qui ont ressenti leur participation
comme une « contrainte obligatoire ». En effet certains Conseils de développement n’ont été
associés qu’en début de démarche, c’est-à-dire au niveau des réunions de création des groupes de
travail et de la phase de diagnostic. D’autres étaient seulement impliqués dans les démarches pour
appui : « qu’ils donnent leur avis n’auraient rien changé ! ». L’association du Conseil de
développement se fait davantage en termes de consultation que de concertation.
Parallèlement, il en est de même pour l’implication des élus qui reste dans l’ensemble
insuffisante. Elle décèle des manques de connaissances sur les thématiques de certains services ou
un intérêt limité pour cette démarche perçue presque comme un passage obligé en vue de la
contractualisation. Par conséquent, s’il y a bien un moment où l’implication des élus se révèle, c’est
la phase de diagnostic où ils prennent réellement conscience des véritables enjeux qui pèsent sur les
territoires. Néanmoins, certains élus s’impliquent spontanément sur les sujets auxquels ils sont
sensibles, c’est le cas de la santé (au titre de leur responsabilité professionnelle par exemple).
De plus, comme il a déjà été précisé plus haut dans le texte, le moment de la décision quant
aux priorités des projets à définir est assez problématique puisque parfois certains élus cherchent à
défendre l’intérêt de leur commune ou communauté de communes ou connaissent des difficultés
pour appréhender la dimension « pays ».
52
Les modes opératoires des pays dans l’élaboration du schéma de services reste donc
identique dans la forme et même si les enjeux se rejoignent tous plus ou moins, les différences
s’opèrent davantage au niveau de l’animation de ce type de démarche et dans leur mise en œuvre.
Seront exposés en suivant, le regard des acteurs des territoires a posteriori de l’élaboration des
schémas de services afin d’avoir une première idée de leur apport général et de leur faiblesse.
III. BILAN INTERMEDIAIRE : QUELS IMPACTS DES SCHEMAS DE
SERVICES SUR LES TERRITOIRES ?
Cette partie s’attache à mettre en exergue les grands enseignements tirés de la démarche de
schéma de services au travers du ressenti des acteurs interrogés. Elle permet de formuler des
préconisations relatives à l'amélioration de cet outil notamment lors d'une prochaine génération de
contrat de pays.
A. Une plus-value certaine
1. Une meilleure connaissance du territoire
Un premier apport pour l'ensemble des acteurs du pays, qu'ils soient chargés de mission,
élus ou habitants, est une meilleure connaissance de leur territoire. Cette dernière s'obtient,
indépendamment du vécu de chacun, par la réalisation d'un diagnostic de territoire. En effet,
entreprendre une démarche ou préparer une nouvelle politique, suppose d'analyser l'existant avant
d'imaginer le futur. Dans sa phase d’inventaire, le schéma de services suggère clairement
l'identification de l'ensemble des services existants sur le territoire : implantations, aires de
couvertures, etc. Dans la vie quotidienne, il est parfois difficile de se faire une idée de l'ensemble
des problématiques pesant sur le territoire. Souvent les élus des communes se font interpeller pour
de petits désagréments et leur vision du territoire qu'ils représentent peut s’en trouver morcelée,
imparfaite ou partielle. De ce fait, dans la majorité des pays étudiés, le diagnostic a permis aux élus
de prendre conscience de l'état de l'offre médicale. Ainsi en permettant à l'ensemble des acteurs de
prendre de la hauteur sur ce qui est fait à l'échelle du pays, le schéma de services demandé par
la Région, répond bien à l'objectif d'obtenir « une vision d'ensemble de l'organisation territoriale des
services ». Il a donc permis de réaffirmer l’importance de certains sujets.
2. Un regain de légitimité au pays
Dans un contexte où la légitimité des pays est remise en question (cf. Partie I), le schéma de
services prouve, s’il en était besoin, la plus-value des démarches menées à l’échelle de ces
territoires. Le pays constituant « le cadre privilégié de mobilisation collective33
», il met en
mouvement les compétences respectives des différentes institutions mais aussi des acteurs.
33
DATAR, Les pays, La Documentation française, 2001, p. 12.
54
L'originalité du pays est de « pouvoir rassembler une grande variété d'organismes, de personnes
morales ou physiques ». Ainsi, « Élus locaux, Conseil Régional, Conseil Général, associations
culturelles, éducatives, sociales, de missions locales, de CAF..., sont autant d'institutions et d'acteurs
invités à s'inscrire dans des démarches participatives ». Dans ce cadre, les chargés de mission des
territoires reconnaissent dans l'ensemble que la concertation entre les acteurs a été plus ou moins
bien opérante. Les différentes réunions réalisées en lien avec le Conseil de développement,
indifféremment de leur rôle octroyé dans les démarches, montrent une volonté de s'exprimer sur des
sujets comme ceux des services à la population. Dans un contexte d'essoufflement des Conseils de
développement, ces schémas ont permis d'insuffler un nouvel entrain et de nouvelles
dynamiques de travail pour ces membres. Mais ce sont aussi les caractéristiques intrinsèques de
cet organe assis sur le volontariat qui en est la cause puisque les personnes membres se renouvèlent
que ce soit au niveau des habitants, des élus ou des techniciens. En conclusion, cette mobilisation
des acteurs est éphémère.
Cette démarche, c'est aussi l'occasion d'obtenir une reconnaissance de la part des élus des
territoires envers le travail des équipes pays. Pourtant, au départ certains élus ont reçu ce schéma
comme une étude supplémentaire sans réelle utilité, mais au final ils reconnaissent le travail qui a
été réalisé.
3. Le schéma de services : un rôle de catalyseur
Ce schéma de services a enclenché de nouvelles actions à l'échelle des pays. Le pays
d'Oloron et du Haut Béarn reconnaît qu'au delà d'avoir conforté une certaine vision du territoire,
cette démarche a permis de démarrer une réflexion et de gérer un manque d'intervention dans
certains domaines. Le schéma n'est que le commencement d'un travail de longue haleine qui
consiste à améliorer le cadre de vie des habitants. Suite à la réalisation d'un schéma de services à
la population, il est apparu nécessaire de mener une réflexion plus approfondie sur la question de
la mobilité34
. En effet, la topographie à dominante montagneuse du territoire ne facilite pas les
échanges entre les vallées et la mise en réseau des services.
4. Une mutualisation sur tous les plans
Par ailleurs, le Conseil Régional d’Aquitaine dans son règlement d’intervention met en
exergue sa volonté de favoriser « l’innovation ». L’idée sous-jacente est que cette innovation
pourrait émaner des territoires en réponse aux attentes des populations. En effet dans un contexte de
34
Voir annexe 6, p. 79
55
diminution des moyens, de flou par rapport aux compétences allouées à l’avenir à chacune des
strates territoriales, repenser la manière d’appréhender les services constitue une solution pertinente.
Les territoires ne sont pas en attente de réponses qui proviendraient de l’Etat même pour des
interventions qui relèvent de l’intérêt général, ils sont acteurs de leur évolution. Autrement-dit,
« l’accès aux services pour tous reste un objectif prioritaire mais les moyens pour y parvenir
doivent se construire de façon différenciée selon les territoires, les cultures, les structures locales et
les individus35
». Dans les schémas de services, l’innovation est d’ordre organisationnel. En effet,
dans les programmes d’actions proposés apparaissent de nombreux projets basés sur une
mutualisation des moyens qu’ils soient humains, matériels ou financiers. Les avantages
recherchés à travers la mutualisation sont de plusieurs ordres. En premier lieu il s’agit de faire des
économies notamment en rassemblant plusieurs partenaires financiers. Le schéma de services
permet ainsi de rassembler un large panel de financeurs. Déjà les thématiques abordées sont variées
et elles constituent de fait autant d’opportunités de partenariat avec des co-financeurs. En voici une
présentation succincte :
Tableau 6 : Les principaux fonds mobilisés répartis par partenaires financiers
Partenaires financiers Fonds mobilisés
Europe FEADER, FSE et FEDER (dans une moindre mesure)
Etat DDR, DGE, DRAC, subvention de l’ARH
Région Contrat de pays, règlement d’intervention Régional
Département Contrat de pays, schémas départementaux, régimes « action sociale,
éducation…»
Communes et EPCI Autofinancement
Autres Subvention de la CAF, de la MSA, réserve parlementaire,
FIQCS/FAQSV de l’assurance maladie et de l’URCAM, participation
des mutuelles et assurances, participation de l’UDAF, CNDS,
association…
Mais ces économies se retrouvent également dans les moyens matériels et humains. La création de
maison de santé en est l’exemple par excellence. Peut être citée la création d’un réseau de santé,
comme le Réseau de Santé Rural (RSR)36
. Il semble que les acteurs aient véritablement pris
conscience de l’opportunité que représente cette innovation organisationnelle dans les solutions aux
35
Le GREP, Services en milieu rural : nouvelles attentes, nouvelles réponses, Revue POUR, n°208, janvier 2011, p.
113. 36
Voir annexe 7, p. 80
56
problèmes de territoires, même si pour certains elle ne s’est pas faite de manière logique mais
davantage dans un contexte d’obligation. Mais dans la pratique ce type de projets n’est pas
systématiquement réalisé, ce qui révèle du moins un tant soit peu les difficultés à parvenir à des
démarches collectivement portées par tous.
C’est là où le rôle des centres de ressources sur le développement territorial intervient. PQA,
centre de ressources sur le développement territorial en Aquitaine déploie des activités
d'observation, de rencontres, d'échanges d'expériences, de mise en réseau d'acteurs, de diffusion
d'information et de publications thématiques. Dans ce cadre, il capitalise des expériences sur des
actions innovantes susceptibles de pouvoir être reproductible sur un autre territoire. Ces propos
peuvent cependant être relativisés. Les caractéristiques spécifiques de chacun des territoires font
que dans ces fiches d’expérience il s’agira seulement de prendre l’idée et de l’adapter au contexte
territorial en fonction des éléments qui le constituent. Le schéma de services en tant que lien entre
tous les acteurs des services à la population, a favorisé le rassemblement des professionnels et a
permis ainsi de donner jour à des projets de grosse envergure.
B. Mais des faiblesses et/ou des difficultés apparentes
1. Le schéma de services du pays : un outil bien ancré sur le territoire aquitain
mais pas suffisamment approprié par les acteurs
Le schéma de services, bien qu'il soit adopté par plus de 90% des pays aquitains, reste un
outil peu approprié par les acteurs des territoires.
En Aquitaine, sur les vingt-six pays que comprend la Région, la question des services à la
population est traitée à presque 90 % par les schémas de services, 12 % étant traité à l'occasion de
l'élaboration d'un SCoT ou via des études plus ciblées.
Tableau 7 : Taux de réalisation de schémas de services en Aquitaine
Schéma de services réalisé 64 %
Schéma de services en cours 24 %
Autres démarches (SCoT, études spécifiques…) 12%
Parmi les acteurs qui participent à ce type de démarche, figurent en général : les pays
(équipe technique, président), les présidents des communautés d'agglomération et de communes, le
Conseil Régional, le Conseil Général, les services de l’État, le Conseil de développement, les
57
opérateurs de la santé, les opérateurs du secteur de l'emploi-insertion-formation, et les opérateurs
des services à la personne. Cela dit, même parmi les acteurs qui ont contribué à sa réalisation, on
trouve des personnes, des élus notamment, qui n'ont pas gardé le souvenir de cette
participation et confondent cette démarche avec d'autres. Par exemple, un des élus des territoires
tests, bien que son nom figure en annexe du schéma de services en question, ne se rappelait que des
schémas de services collectifs initiés par l’Etat dans neufs domaines différents. Il était question des
schémas de services collectifs de l’enseignement supérieur et de la recherche, culturels, sanitaires,
de l’information et de la communication, de transport de voyageurs, de transport de marchandises,
de l’énergie, des espaces naturels et ruraux, et du sport. Elaborés dans chaque Région suite à la loi
Voynet de 1999 et approuvés par décret en 2002, ces schémas ont servi à préparer le schéma
Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT). En Aquitaine, la
référence aux schémas de services collectifs semble bien lointaine… Ce constat peut s'expliquer par
une faible association de certains acteurs à la démarche que ce soit en termes de niveau ou de
fréquence de collaboration.
2. Des démarches hétérogènes reflétant des perceptions diverses ou un cahier
des charges ouvert
A l'annonce d'une obligation de mener une réflexion sur les services à l'échelle des pays par
la Région, les chefs de projet pays se sont emparés du sujet de manière très disparate. Ils ont
développé des conceptions différentes dans la manière de faire les schémas de services. Leurs
formes restent identiques souvent mais leur caractère opérationnel peut s’apprécier par un catalogue
d’actions ou tout simplement ne faire état d’aucun programme d’actions. Une diversité s’opère donc
dans le cahier des charges et dans le degré plus ou moins opérationnel du schéma. Globalement sur
le territoire aquitain, on s'aperçoit que l'ensemble des études comprennent un diagnostic,
l'identification d'enjeux, la définition de priorités et d'orientations mais en revanche elles ne
contiennent pas toutes un programme d'actions. C'est le cas des pays du Médoc et des Landes de
Gascogne, deux territoires ayant comme point commun une réalisation en interne. Cette
particularité relève d’un choix propre et assumé comme tel. On se situe davantage sur un problème
étymologique sur le sens à donner au terme « schéma ». Dans un cas Bernard ROUCHALEOU,
directeur du Groupement d’Intérêt Public (GIP) du pays des Landes de Gascogne définit un schéma
comme « un outil stimulateur qui doit permettre de bien mettre en exergue les enjeux, les priorités
et les orientations majeurs, et donc de mobiliser les moyens pour y répondre ». Le schéma s'inscrit
donc comme une démarche située en amont des actions à programmer. C'est un outil à caractère de
guide. Dans un second cas, Martine NOVERRAZ, directrice du syndicat mixte du pays du Médoc,
58
n'envisage pas le schéma tel qu'il est posé via le règlement d'intervention de la Région. Il s'agit
plutôt de regarder « où en sont les territoires dans l'analyse de leur centralité, des mobilités et des
offres de déplacement, autrement dit un schéma de service doit s'articuler à partir de la
fonctionnalité des territoires et ne peut pas être une série d'orientations thématiques que l'on
additionne ». D'ailleurs, l'étude du pays du Médoc s'intitule « Vers un schéma de services ». Le but
était « de montrer aux élus comment le territoire fonctionnait à partir de l'offre de services ».
D'autres territoires ont suivi à la lettre le cahier des charges proposé par la Région ou encore ont
restreint leur schéma de services à un domaine spécifique. C'est le cas du schéma de services du
Grand Pau qui est uniquement ciblé sur la santé et la petite enfance ou encore le pays d'Albret qui
a réalisé une étude pour la création d’un réseau de maisons de services. Pour l'ensemble des
démarches qui comprennent les quatre phases du cahier des charges, c'est l'appel à un prestataire
externe qui a été fait systématiquement, d'où l'impression d'un travail de « copier-coller » exprimés
par plusieurs interlocuteurs des territoires interviewés.
Par ailleurs, des différences apparaissent également au niveau des thèmes abordés. Le cahier
des charges de la Région indique seulement la réalisation d'un « inventaire des services », « autour
de thématiques prioritaires définies à minima » mais il n'est pas précisé lesquelles. Seule celle de la
santé revêt un caractère obligatoire, ou en tout cas est fortement suggérée, au titre du prolongement
de « la dynamique régionale engagée sur le sujet ». Peuvent aussi être pensés comme prioritaires les
thèmes définis au regard du bilan de la première génération de contrats de pays, apparaissant
comme de nouveaux enjeux à l'échelle régionale :
− les TIC et notamment l'accessibilité au haut débit,
− le maintien d'un réseau de santé, de services aux personnes âgées, à l'enfance et à la
jeunesse,
− les transports car ils constituent une porte d'accès aux services,
− les pratiques culturelles et sportives (jusqu'à présent le sport ne figurait pas dans les axes
d'intervention de la politique contractuelle régionale).
Globalement ces thèmes ont tous été pris en compte. Néanmoins, ces informations mentionnées
dans le cahier des charges de la Région n’empêchaient en rien la possibilité d’élargir le champ des
thèmes abordés par les schémas de services à la population. Le pays du Médoc a pris en compte
différents éléments économiques tels le profil des entreprises (taille, secteur d'activités) et la
répartition géographique sur l'ensemble du territoire pour coupler ces informations aux évolutions
sociodémographiques des populations. En outre, il est fait état par l’ensemble des acteurs de
l’étendue des services pouvant être pris en compte, ce qui a pu conduire à un blocage dans la mise
en œuvre de la réflexion. En effet, faire un schéma sur un ensemble de services aussi large, présente
59
un risque majeur : celui de ne pas suffisamment approfondir les réflexions (constats, enjeux,
orientations) sur chacun des thèmes.
3. Des motivations discutables qui évincent l'intérêt général
Certains schémas de services sont associés à une contrainte procédurale, autrement dit sans
eux il n'est pas possible d'envisager un financement de la part de la Région ou du FEADER pour
mener à bien un projet. Cette obligation de réflexion sur les services a été reçue différemment de la
part des acteurs des territoires : certains ont trouvé cette démarche justifiée, d’autres l’ont ressentie
comme une véritable contrainte. Dans ce cas, la réflexion sur l'organisation des services sur le
territoire est biaisée ce qui peut entacher l'ensemble de la procédure. Plusieurs raisons peuvent être
évoquées. Tout d'abord la question du délai imparti reste déterminante dans l'investissement que l'on
va donner dans une telle démarche. Un délai trop court ne sera pas propice à « une bonne
réflexion ». Un autre biais, qu’il soit lié ou non au délai imparti, est que la démarche de schéma de
services soit menée dans une simple logique financière. Cette manière d’envisager la démarche met
à mal la dimension concertation et privilégie des situations de mises en concurrence entre les
projets. L’élaboration du schéma de services ne prend pas le temps de confronter cette concurrence
à l’offre et à la demande et de constituer un cadre d’arbitrage. Enfin, certains acteurs soulèvent
qu’en amont de la démarche, par l'absence de projet dans certaines thématiques, des thèmes peuvent
être écartés.
Le risque est d’avoir un manque d’adéquation entre la satisfaction des habitants et les
projets retenus. Le caractère superficiel de ces démarches de schémas de services fait que certains
projets sont abandonnés ou en attentes.
4. Une prise en compte insuffisante du développement durable
Le législateur a inscrit de manière forte la préparation des Chartes et des contrats de pays
dans une optique de développement durable. Pour analyser les schémas de services, les grilles
d’entretien utilisées intégraient cette préoccupation. Il en résulte comme constat une faible prise en
compte du développement durable à la fois dans le diagnostic, dans la définition des enjeux, de la
stratégie et de fait dans l’élaboration des projets. Comment l’expliquer ? Le concept de
développement durable est difficile à appréhender car il nécessite une certaine culture sur les
dimensions qu’ils recouvrent et il repose sur une logique systémique. De plus, ces résultats ne sont
pas visibles de suite. Tout ceci en fait un concept abstrait pour la majorité des acteurs des territoires.
D’ailleurs, certains acteurs des territoires envisagent le développement durable comme la simple
60
prise en compte de l’environnement. Plusieurs pays interrogés reconnaissent que le développement
durable en tant que croisement entre les dimensions sociales, économiques et environnementales,
n'a été que très peu pris en compte dans les démarches de schémas de services. L’intégration du
développement durable s’en tient essentiellement aux projets en faveur de la mobilité et à des
critères d’éco-conditionnalités dans les aides octroyées par la région dont la mise en œuvre n’est
pas toujours effective.
Pour l’ensemble des raisons évoquées ci-dessus et parce que les imperfections relevées
peuvent être corrigées, les préconisations qui s’en suivent, visent à améliorer les démarches de
schémas de services.
C. Préconisations en vue de répondre aux difficultés observées
Les recommandations ci-dessous s’adressent à l’ensemble des acteurs des territoires que ce
soit les équipes des pays ou les chargés de mission pays en charge du suivi de ces démarches au sein
de la direction des politiques contractuelles du Conseil Régional, mais aussi à tous les acteurs
locaux concernés et intéressés par le sujet (élus et techniciens des départements, de la Région etc.).
Elles ont vocation de conforter les schémas de services mais les points mis en exergue peuvent aussi
bien s’appliquer à d’autres démarches territoriales.
1. Apporter des précisions sur le cahier des charges et sur les objectifs du
schéma de services
Les attentes du schéma de services, notamment sur les relations entre la Région et les
départements peuvent être plus clairement explicitées. L’ensemble des interlocuteurs rencontrés
dans les départements ont souligné un rôle de « suiveur » qu’ils voudraient bien transformer en rôle
« d’acteur ». Dans le cadre de la réforme du partage des compétences, des évolutions et des
perspectives d’amélioration sont envisagées. « Lors de l'avènement des schémas de services,
l'objectif de la Région était de rassembler l'ensemble des interlocuteurs compétents en la matière
(Département, État, etc.) car ils n'étaient pas question de se substituer à eux, seulement ils ne se sont
pas suffisamment investis de la démarche ». Aujourd'hui les deux partenaires que sont le
Département et la Région attendent beaucoup de cette réforme car elle offre des conditions de
concertation meilleures.
Au niveau de la méthode, des précisions doivent être apportées sur le contenu du cahier des
61
charges. Dans le règlement régional, modifié en 2008, est mentionnée comme quatrième étape
«l’élaboration de projet de services du pays ». Or des interprétations différentes peuvent être faites.
Le projet de services peut s’entendre comme une démarche globale, incluant de fait les phases de
diagnostic et de définition des stratégies, ou alors il peut être associé à l’élaboration d’un
programme d’actions à mettre en œuvre. Dans la pratique, les chefs de projet se sont emparés
différemment du schéma ce qui reflète des perceptions diverses dans la manière de concevoir une
telle démarche : certains l’assimilent à un guide tandis que d’autres lui octroient un caractère plus
opérationnel comprenant un programme d’actions. Par conséquent, le premier cas de figure garantit
davantage une inscription des projets dans la stratégie globale du territoire et dans les orientations
du schéma de services, tandis que dans le deuxième cas, le risque est de privilégier les opérations
qui sont prêtes à démarrer à court terme et donc de les inscrire dans une logique d’opportunité
financière.
2. Améliorer la gouvernance territoriale
L'absence de portage politique est considérée comme un facteur récurrent d'échec ou
d'abandon des démarches. L'idée étant que le portage politique a un effet sur la pérennité de la
démarche notamment en permettant un plus haut « degré d'ouverture participative ». Il est donc
crucial pour mener à bien des démarches territoriales. Pour ce faire les élus doivent s'approprier la
démarche c'est-à-dire en partager l'intérêt et se positionner en faveur de celle-ci. Cette volonté de
s'investir dans une démarche s'acquiert soit de manière naturelle (un élus médecin se sentira d'autant
plus concerné sur les problématiques afférentes à l'offre médicale), soit de manière opportuniste.
Quoi qu'il en soit ces investissements ne peuvent avoir lieu sans une sensibilisation de ces acteurs
aux enjeux du territoire. Souvent les élus sont réticents au départ et il faut attendre le diagnostic
pour qu'ils s'investissent dans la démarche. C’est en effet durant cette étape qu’ils prennent
consciences des enjeux. Pourtant, satisfaire les besoins de la population constitue la principale
priorité pour un élu. Mais bien trop souvent il raisonne à l’échelle dans laquelle il assoit son autorité
(la commune ou la communauté de communes). Par conséquent, dans ces démarches de pays, la
difficulté réside dans la conviction des élus des communes et groupement de communes de l'intérêt
à s'impliquer à une échelle plus vaste et donc différente de celle dans laquelle ils s'inscrivent
habituellement. Des actions de sensibilisation à destination des élus des pays pourraient être
judicieusement menées pour :
montrer l’intérêt de réfléchir à l’échelle pays en matière des services à la population,
apporter des connaissances sur les enjeux du territoire.
On peut citer plus particulièrement la thématique des jeunes qui se révèle être assez méconnue par
62
les élus et qui devient de fait un service secondaire. L’idée sous-jacente est que ces actions
d’information ne doivent pas être réalisées seulement à l’occasion d’une étude mais de façon
régulière de manière à ce que les élus s’imprègnent des problématiques afférentes au territoire et par
conséquent que la base nécessaire à un véritable portage politique soit posée.
La méthode la plus adaptée, pour sensibiliser les élus à la thématique des jeunes, peut
s’appuyer sur deux éléments : l’organisation de rencontres entre ces deux catégories de population
et l’échange d’expérience avec les élus d’autres territoires dans lesquels se développent des actions
en faveur des jeunes. Ces actions de sensibilisation ont souvent plus d’impact si elles sont portées
par un élu référent pour qui la preuve du bien fondé des pays n’est plus à démontrer.
Par ailleurs, l'objectif du schéma de services est de réfléchir à une organisation équilibrée du
territoire en matière d'offre de services tout en tenant compte des attentes des populations, processus
qui se fait principalement via le Conseil de développement. Ces dernières se trouvent en premier
lieu concernées, or dans la pratique elles occupent une place mineure ou certaines catégories de
population, notamment les jeunes, sont sous-représentées. Bien trop souvent, l'opinion des
habitants est recueillie via le Conseil de développement et le reste de la population se retrouve
écartée des démarches. Pourtant aujourd'hui il existe des façons de procéder beaucoup plus réalistes.
Dans l'élaboration de son schéma des services, le pays de Langres a utilisé une méthode assez
efficace. Pour avoir une idée de la demande en services du territoire, le cabinet NTC a organisé 11
tables rondes avec les usagers afin d'apprécier les besoins des résidents et des actifs du territoire.
Le public devait être très divers et il devait y avoir une répartition territoriale équilibrée de ces
réunions. Elles ont réunies 107 participants au total. Néanmoins, il est important de noter que
certains habitants s’écartent d’eux-mêmes des démarches, en ne se mobilisant pas pour participer
aux réunions publiques.
Le Conseil de développement a été de nouveau mobilisé sur ces démarches de schémas de
services, et son association peut s’apprécier sur plusieurs points. Tout d’abord, la participation
quantitative n’a pas toujours été celle attendue dans le sens où la fréquentation des réunions a été
quelques fois assez faible. Ensuite, au niveau de la participation au sens qualitative, le degré
d’échange entre les élus et les membres du Conseil de développement a été variable. Il repose sur le
rôle que les élus acceptent de donner au Conseil de développement : information, consultation ou
concertation. Parfois, les élus ont simplement voulu donner un vernis de participation démocratique.
En revanche, du côté du Conseil de développement, des souhaits de prise de pouvoir ont été
évoqués, ces membres souhaitant l’instrumentaliser. Trop souvent encore persiste une opposition
entre ces deux types d’acteurs au niveau de leurs intérêts respectifs.
Par rapports à ces constats, des actions peuvent être menées afin d’améliorer la démarche
63
participative et l’entente lors de ce type de réunion. D’un point de vue quantitatif, il faut mobiliser
des personnes reconnues pour leur compétence dans le domaine des services afin d’avoir davantage
de participants. D’un point de vue qualitatif, des méthodes de dialogue entre élus et membres du
Conseil de développement qui satisfassent les deux partis, doivent être trouvées afin d’aller vers
plus de concertation. Les règles du jeu sont à afficher dès le départ de ce type de démarche afin que
chaque acteur ait un rôle bien défini.
En outre, des formations liées aux techniques d’animation, sur la mobilisation des acteurs,
pourraient être dispensées aux chargés de mission des pays tout au long de la démarche de
concertation mais également jusqu’à la mise en œuvre opérationnelle du schéma de services. En
effet, des territoires ont fait remonter la difficulté à rassembler des professionnels de santé dans des
projets de maisons de santé, ces derniers ayant l’impression de subir une décision qui ne leur
appartient pas. La clé de succès d’un tel projet repose dans un premier temps sur un dialogue avec
chaque professionnel de manière individuelle afin d’identifier les attentes de chacun. De la mise
autour d’une table de l’ensemble des professionnels pourra émerger plus facilement une volonté
commune de travailler ensemble que si au préalable les intérêts de chacun ont été pris en compte et
analysés.
Enfin, toutes ces actions n’ont du sens que s’il y a une visibilité suffisante des actions qui
émanent des pays. La communication doit être telle que l’ensemble des acteurs des territoires doit
connaître les interventions et travaux des pays.
3. Favoriser une meilleure articulation entre le schéma de services et les autres
démarches existantes
a) Ancrer la démarche de développement durable dans le schéma de
services
Le développement durable est pris en compte de manière balbutiante dans ces démarches de
schémas de services. En effet, son intégration tient essentiellement aux projets en faveur de la
mobilité et à des critères d'éco-conditionnalités dans les aides octroyées par la région. En ce qui
concerne ces critères d’éco-conditionnalités, des acteurs des territoires n'hésitent toutefois pas à
mettre en avant le défaut de critères vérifiables assujettis à la validation de certains projets.
Plus globalement, les schémas de services pourraient s'articuler avec les agendas 21 en
choisissant un nombre restreint d’indicateurs susceptibles de vérifier l’impact des schémas de
services en matière de développement durable.
64
b) Favoriser l’articulation entre les autres démarches contractuelles en
général
L’existence de démarches contractuelles différentes sur tout ou partie d’un même territoire
peut constituer un frein si les structures qui les mettent en œuvre s’ignorent. En effet des problèmes
de doublon et donc de gaspillage des ressources tant humaines et matérielles peuvent naître et
engendrer des surcoûts. Peut être citée la réalisation d’un nouveau diagnostic alors que les données
peuvent être reprises d’une étude similaire.
D’un point de vue méthodologique, ces démarches « parallèles » devraient être mentionnées
systématiquement pour mémoire dans chacune d’entre elles dès lors qu’elles s’interférent. Le pays
du Val d’Adour dans la rédaction de sa charte territoriale des services publics rappelle le cadre
interne (charte de développement, Programme cadre et Leader +) et externe (CPER, DOCUP
Objectif 2 Aquitaine) dans lequel s’inscrit le projet de services.
D’un point de vue plus politique, en s’appuyant sur le cas de l’articulation entre les
agglomérations et les communes rurales, on se rend compte que les solidarités réciproques entre la
ville et l’espace rural, objectifs théoriques des pays, sont encore trop faibles voire inexistantes pour
certains territoires. Il faudrait amener les élus et les cadres dirigeants des agglomérations à
s’interroger sur leurs pratiques, autrement dit comment ils comptent si prendre pour créer du lien
entre le centre et la périphérie, notamment dans le contexte de redécoupage des territoires
intercommunaux. Des temps de travail entre les élus des villes et des communes périphériques
devraient être organisés de manière à échanger sur les moyens d’articulation entre le centre et les
communes rurales, notamment en s’appuyant sur des expériences du même ordre.
c) Rechercher l’articulation entre les dispositifs initiés par la Région
Une articulation du schéma de services à la population avec les études de développement
économique et de l’habitat doit être faite afin que les trois domaines prioritaires de la Région ne
fassent pas l’objet d’un cloisonnement sectoriel. En effet, ces trois sphères « économie-logement-
services » sont interdépendantes les unes des autres. Par exemple, en l’absence d’emploi, une
famille ne viendra pas s’installer sur un territoire donné, et dans l’hypothèse que ces deux
conditions soient remplies, si les parents actifs ne trouvent pas de solution pour garder leurs enfants,
alors ils privilégieront un territoire où ce service existe. Dans un contexte où la plupart des
territoires en milieu rural mise sur l’attractivité, il serait donc préjudiciable de ne pas considérer ces
trois domaines conjointement. Par conséquent, l’élaboration du schéma de services sera optimisée si
elle est associée aux autres démarches initiées au sein de la Région. Les occasions d’échanges entre
65
les différents services de la Région pourraient être multipliées.
d) Le SRADDT
Le Conseil Régional d'Aquitaine précise dans son règlement d'intervention que le schéma de
services doit être « en articulation et en complémentarité avec les priorités affichées dans le Schéma
Régional d'Aménagement et de Développement du Territoire ». Défini par la loi Voynet du 25 juin
1999, le SRADDT se doit de fixer « les orientations fondamentales, à moyen terme, du
développement durable du territoire Régional ». La Région a engagé une concertation sur
l’ensemble du territoire régional afin d’élaborer puis d’adopter le 15 septembre 2006, le SRADDT.
Dans la pratique aucun schéma de services ne s’est inscrit dans ce principe de manière explicite. Le
Conseil Régional d'Aquitaine n'a d'ailleurs pas vérifié cette articulation avant d’avaliser le contenu
des contrats, lors de la négociation de la nouvelle génération 2007-2013. La Région pourrait
valablement informer les pays porteurs de schémas de services des orientations contenues dans le
SRADDT afin qu’elles soient mieux prises en compte dans l’élaboration des futurs schémas.
L’intérêt serait de mieux s’assurer de l’application de la politique régionale d’aménagement du
territoire.
e) Le schéma de services et la planification
Le cas du pays du Libournais, n’ayant pas réalisé de schéma de services du fait d’une
démarche SCoT en cours à l’échelle du pays, a permis de mettre en avant une relative similitude
entre ces démarches sur l’aspect des services à la population du moins. Il conviendra de veiller à ne
pas créer une concurrence, d'étudier les modalités de mutualisations et de synergies des deux
démarches. La question à se poser est donc : comment créer des synergies, éviter les doublons ?
Par ailleurs, le schéma de services est une démarche dont les orientations découlent d’une
confrontation de l’offre et de la demande de services sur un territoire donné indépendamment des
orientations plus transversales que pourraient contenir un SCoT. Pourtant les choix de localisation
des services dépendent des choix en matière d’urbanisation. Il serait opportun de profiter des
travaux menés sur les SCoT pour mettre en cohérence les orientations des deux démarches.
4. Mieux penser les projets dans la durée
Dans la priorisation des projets, les élus ont eu des difficultés à trancher, ce qui a parfois
mené à des listes de projets à la Prévert. Pour pallier ce problème, de meilleures conditions
d’arbitrage sont à travailler pour amener les élus à faire des choix. Ces difficultés sont pourtant
66
justifiées. Premièrement, il est légitime pour un élu de vouloir porter son projet sur sa commune.
Deuxièmement, choisir veut dire renoncer ou prendre une position ce qui engendre une prise de
risque. Mais dans la mesure où des projets ne peuvent pas être implantés partout, des choix doivent
être opérés. Pour ce faire, de la négociation doit être suscitée entre les élus. De l’animation est à
mobiliser sur le créneau de la prise de décision de façon à arriver à une situation satisfaisante pour
chacun des représentants des territoires.
Par ailleurs, il faudrait renforcer la sélectivité des projets dans les programmes d’actions
et les inscrire dans un temps plus long. Encore trop de projets se retrouvent abandonnés ou
reportés, ce qui révèle un manque de maturité et donc de réflexion. Néanmoins il faut garder à
l’esprit l’idée que le contrat de pays est fait pour accompagner les projets des acteurs locaux. Dans
ce cadre, il y a des projets mûrs ou prêts à démarrer. Pour les projets à l’état de genèse, il faut leur
laisser un temps de maturation. Globalement, on s’interdit le droit à l’échec et cela affecte d’autant
les potentiels d’innovation qui résident dans certains projets. De plus, le caractère intercommunal
des projets est important pour faciliter la sélectivité des projets, or concrètement on ne voit pas
clairement comment les choix de localisation sont opérés. Aussi, suivant les pays, l’importance de
la maîtrise d’ouvrage communale est variable. L’ensemble des projets retenus pourraient donc faire
l’objet d’une cartographie afin de localiser les projets au sein du maillage territorial. Le fait de
spatialiser les projets sur le territoire, constitue un outil d’aide à la connaissance du territoire et un
support d’animation qui permet aux élus des concurrences potentielles des projets. Des stratégies
pourront donc être définies en ce sens.
L’évaluation du projet de services devrait être envisagée. Il ne s’agit pas d’évaluer les
contrats de pays mais les actions programmées. En effet, lors de la définition des projets de
services, pour la plupart des démarches, sont posés des indicateurs de résultats. Or il semble que
cette évaluation ne soit pas réellement effectuée. « Elaborer un projet après avoir déterminé des
enjeux, puis ne pas l'évaluer lorsqu'on le réalise, c'est comme, pour un navigateur, déterminer un
cap, puis jeter à la mer tous les instruments de bord lui permettant de vérifier si ce cap est tenu :
dans ces conditions, il a peu de chances d'arriver à bon port...37
». Ces évaluations pourraient
prendre la forme d’une analyse a posteriori sur les usages des équipements financés mais également
in itinere en assurant un travail de veille par la création d’observatoire sur des thèmes précis par
exemple.
Les marges de progrès pour améliorer ce type de démarche restent donc importantes et sont
conditionnées par les conclusions que donnera la réforme des collectivités territoriales.
37
J.P. ROUBAUD, « Evaluation des PER », CGAAER- Secrétariat de l’appel à projets PER, p. 3
67
CONCLUSION
Parce qu’ils constituent des enjeux majeurs en termes d’attractivité des territoires et qu’ils
relèvent de l’intérêt général, les services à la population en milieu rural apparaissent aujourd’hui
comme un élément qui interroge de nombreux acteurs du développement territorial. Plus
particulièrement, les élus des territoires et les collectivités territoriales travaillent dans une logique
de gestion et d’organisation des services pour répondre au mieux aux besoins des habitants. Dans ce
cadre, le Conseil Régional d’Aquitaine a inscrit les services comme l’une des trois priorités de son
règlement d’intervention relatif à la politique contractuelle de développement territorial – politique
des pays remanié en 2006 et en 2008. Il préconise la réalisation d'un schéma de services à l’échelle
des pays, échelle associée au bassin de vie ayant vocation à organiser les services par les lois
Pasqua et Voynet. Le schéma de services constitue une « condition préalable à la mise en place d'un
financement Régional sur les projets concernés » et permet d'avoir une vision d'ensemble de
l'organisation territoriale des services.
Suite à cette exigence, qui plus est soutenue par l’Europe au titre du FEADER, plus de 90%
des pays ont réalisé ou entamé une démarche de schéma de services à l’horizon 2011. Son
élaboration s’inscrit pourtant dans un contexte particulier. Si le schéma de services semble faire
l’unanimité sur le plan institutionnel, la portée de cette démarche ne s’en trouve pas moins affectée
par les circonstances qui l’entourent. En effet, la crise de légitimité des pays crée une atmosphère
d’inquiétude qui pèse sur les démarches initiées et/ou portées par les pays telles que les schémas de
services. La généralisation des SCoT imposée par la loi ENE sur l’ensemble du territoire français,
vient complexifier les démarches de pays et invite à s’interroger sur les périmètres des territoires de
projet. Aussi la réforme des collectivités territoriales qui prévoit une redéfinition des compétences
entre les départements et les régions, vient conforter ce climat d’incertitude et les principaux
intéressés attendent avec circonspection sa mise en œuvre.
Néanmoins l’appropriation de la démarche par les chargés de mission pays s’est révélée très
disparate selon les territoires. Cette hétérogénéité peut d’abord s’appréhender dans les modes
opératoires portés par les pays de l’échantillon considéré. Le règlement d’intervention laissant le
choix quant à la nature de son réalisateur, la majorité des pays ont opté pour le recours à un
prestataire externe. Les appréciations du travail mené restent mitigées, même si le bon déroulement
des démarches incombe à une pluralité d’acteurs (chargés de mission pays, Conseil Régional
d’Aquitaine, élus des territoires…) et pas seulement du prestataire.
68
Par rapport à la trame suivie, la plupart des schémas se calquent sur la proposition de cahier
des charges émise par la Région. Ils comprennent tous un inventaire des services plus ou moins
exhaustif, l’identification des besoins des habitants, une comparaison de l’offre et de la demande et
l’élaboration du projet de services. Sauf quelques uns font état d’une absence de programme
d’actions, ce qui témoigne de la diversité des perceptions des acteurs quant à la définition d’un
schéma de services : certain le considérant comme un guide pour l’action et d’autre comme un outil
plus opérationnel.
Ceci dit, outre la façon dont les schémas ont été appréhendés, leur plus-value est certaine.
En effet, ils ont permis à l’ensemble des acteurs des territoires et notamment des élus d’avoir une
connaissance plus approfondie du territoire en ce qui concerne les différentes catégories de
population vivant sur le territoire et de ses principaux enjeux. De plus, à travers le travail réalisé, les
schémas viennent conforter le bien fondé des pays et insufflent de nouvelles dynamiques de travail.
Le schéma de services prend le rôle de catalyseur dans la mesure où il a permis d’enclencher de
nouvelles actions. Enfin, il est à l’origine d’une mutualisation des moyens financiers, humains et
matériels, qui dans un contexte de rationalisation des crédits publics, apporte des solutions
pertinentes. Elle constitue dès lors une innovation organisationnelle et montre la capacité des
territoires à s’adapter à des contextes socio et politico-institutionnels mouvants.
Mais le schéma de services est une démarche à perfectionner. Ce type de démarche est
encore trop peu appréhendé dans une vision de long terme et associé à une contrainte procédurale
en vue des financements régionaux accordés en contrepartie. Le risque est alors d’avoir un manque
d’adéquation entre les besoins des habitants et les projets retenus. En somme, l’ancrage du
développement durable dans ces démarches reste relativement insuffisant.
Il convient donc de porter une attention particulière à la gouvernance territoriale en
optimisant la concertation entre tous les acteurs concernés (Conseil de développement et élus,
Conseil général et Conseil régional) de la définition des thèmes prioritaires à la mise en œuvre des
projets. Pour cela un travail reste à faire sur les méthodes d’animation à la charge des équipes pays
afin de favoriser les négociations entre l’ensemble des acteurs locaux et de parvenir à des
compromis. Enfin, de manière plus générale, l’articulation avec l’ensemble des autres démarches
afférentes aux services et qui couvrent tout ou partie d’un même territoire devraient être
systématique afin d’optimiser l’ensemble des moyens mobilisés.
En outre, l’ensemble des informations recueillies dans ce rapport met en exergue de
nombreux points qu’il conviendrait de soumettre à un débat collectif. Dans cette perspective, une
rencontre régionale sur les services à la population sera organisée en novembre 2011, partenariat
69
avec l’ADRETS. A cette occasion, les grandes lignes de ce rapport feront l’objet d’une présentation
introductive aux échanges.
70
ANNEXES
Liste des annexes :
Annexe 1 : Les 18 bouquets de services recensés par l’ADRETS (p. 71)
Annexe 2 : Dispositif « Schéma des services du Pays », mesure « Le maintien des services et
l’amélioration du cadre de vie » du Règlement d’intervention relatif à la politique contractuelle de
développement territorial – Politique des pays, Conseil Régional d’Aquitaine (p. 73)
Annexe 3 : Grille matricielle – Sélection des territoires tests (p. 74)
Annexe 4 : Liste des personnes rencontrées (p. 75)
Annexe 5 : Grille d’entretien (p.77)
Annexe 6 : Fiche de repérage – schéma territorial de mobilité (p. 79)
Annexe 7 : Fiche d’expérience – Réseau de Santé Rurale (p. 80)
71
Annexe 1 : Les 18 bouquets de services recensés par l’ADRETS - Association pour le
Développement en REseau des Territoires et des Services
0/ Transversal
Diagnostic de territoire, programme Leader, enquête de satisfaction, TIC.
1/ Information/ orientation sur les services
Maison de Services Public/RSP, Centre d'information administratif (39-39 ; CIRA ; www.service-
public.fr),
Point Information Jeunes PIJ, CIO, Accueil de personnes d'origine étrangères, Informations
touristiques, Site pour la vie autonome SVA, Centres Locaux d'Information et de Coordination
(CLIC), Centre d'Information Droits des Femmes, Mission Locale Jeune, Informations familles
(UDAF), maison du handicap, PN, PNR
2/ Sécurité
Ambulance, Pompier, Gendarmerie, Unité spécialisée : Peloton de Gendarmerie de Haute
Montagne, Douanes, Prévention Routière.
3/ Justice et droit
Maison d'arrêt, Tribunaux, Prud'homme, Conciliateur de justice, Médiation familiale, pénale,
Services tutelle, curatelle, Délégué du médiateur de la république, Information sur le droit, Aides
aux victimes, Protection judiciaire de la jeunesse, Information concurrence et consommation, CIDF
4/ Formalités administratives
Mairie, Conseil général, Communauté de communes, Conseil Régional, Préfecture, Sous préfecture,
Services fiscaux, Trésorerie, Perception, DSV, DDE, DDAF, DDTEFP, DDJS, DDASS
5/ Prestations sociales
CAF (allocations familiales, rentrée scolaire…), Sécurité sociale (CPAM, MSA, autres…), CRAM,
Caisse vieillesse complémentaire
6/ Petite enfance (jusqu'à 6 ans révolu)
Halte garderie, crèche, Assistante maternelle, association d'accueil petite enfance, PMI (Protection
Maternelle Infantile)
7/ Éducation
Primaire, Périscolaire, Cantine, UCEP, Écoles maternelles, contrat Éducatif Local, Réseau d'aide
spécialisée aux élèves en difficulté (RASED), IME (Institut Médico-Éducatif), Institut
Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP), IMP (institut médico-pédagogique), Auxiliaires de
vie Scolaire (AVS), Classe d'intégration scolaire (CLIS), Collèges, Lycée, Lycée professionnel,
Unité pédagogique d'intégration (UPI), Centre d'apprentissage, Centre d'éducation spécialisé (école
des jeunes sapeurs pompiers), formation agricole, Universités, Institut universitaire et
Technologique (IUT), Institut Universitaire de formation des maîtres (IUFM), Action Educative en
Milieu Ouvert (AEMO), Maison d'enfants.
8/ Santé
Hôpital généraliste, Urgence, Maternité, Sage femme, Médecins, Dentistes, Ophtalmologistes,
kinésithérapeute, Opticiens, Orthophoniste, Psy, Pharmacie, Hôpital de jour psychiatrique, Centre
d'Action Médico Social Précoce (CAMSP), Centre Médico psychologique (CMP), Centre Médico
Psycho Pédagogique (CMPP), Centre de Cure, Services d'information, de prévention ou de
traitement spécialisés : alcool, drogue …, Centre de dépistage Anonyme et gratuit, Institut de
rééducation, centre médico-scolaire, médecine du travail, numéro d'urgence (15, antipoison.,
politique de prévention, info drogue..), Ligue Nationale Contre le Cancer
9/ Services à domicile
Services d'aides ménagères, Services de soins infirmiers à domicile, Service de portage de repas à
domicile, Auxiliaire de vie, Services divers à domicile
10/ Aide et accompagnement social
CCAS, Service social polyvalent du conseil général, Services sociaux spécifiques : MSA, CAF,
CPAM, CRAM…, Centres sociaux, Services sociaux spécialisés : ASE (action sociale de l'enfance),
APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie), RMI, RMA, Structures d'accompagnements des
72
publics en difficulté (Appui Social Individualisé…), Resto du cœur, secours catholique, Secours
Populaire Français, Croix rouge Française, numéro d'urgence (suicide,...), service prévention
délinquance (PJJ, AMO, services mairie...)
11/ Emploi
ASSEDIC, ANPE, Mission locale jeune, Structure d'insertion par l'économique (petite ourse, les
environneurs,…), Comité de bassin d'emploi (CBE), Accompagnement vers l'emploi , Profession
sport, Point accueil saisonnier, CAP Emploi, Programme Départemental d'insertion des travailleurs
handicapés (PDITH), COTOREP, Centre d'Aide par le Travail (CAT), Agence de travail temporaire
12/ Économie, création d'activité
URSSAF, Chambre de commerce et d'industrie, chambre des métiers, chambre d'agriculture,
ADASEA, DDTEFP (service ACCRE), Plate-forme d'initiative locale pour l'emploi, Comité de
Bassin d'Emploi, Association de développement, Couveuses d'activité, Centre de gestion agréé,
Dispositif Local d'Appui, Centre de ressources pour la vie associative (CRVA), ONF
13/ Formation continue professionnelle
Centre d'information sur les formations professionnelles, Centres de formation (AFPA, GRETA,
association), Services d'orientation professionnelle (SOP), CNED, OPCA, CPE (centre populaire
d'enseignement), Validation des acquis de l'Expérience VAE, Centre de bilan de compétence, Centre
illettrisme, Atelier pédagogique personnalisé (APP)
14/ Logement
Services d'informations et d'aides au logement, Logement d'urgence, HLM, Structures d'accueil
temporaire pour les étrangers, et SDF, Foyer de jeunes travailleurs, Maison d'accueil spécialisée
(MAS), Maisons de retraite, Foyer logement retraité, Foyer hébergement spécialisé, SPAA
15/ Transport
Aéroport, SNCF, Transports en commun par car, Transport à la demande : taxi, minibus…,
Transports saisonniers, Transports scolaires, services de déneigement, association de covoiturage,
DRIRE
16/ Culture, sport et Loisirs
DDJS, DRAC, comité des fêtes, association de quartier, Musée, Bibliothèques, Médiathèques,
Relais bibliobus, Centre publics, Centre public Internet et Multimédia, Cinéma, Salle polyvalente
(salle des fêtes, salle d'exposition…), Organisation de manifestations culturelles, École et pratique
artistique, Centre de Loisirs Sans Hébergement, Centre de Loisirs, Accueil jeunes, Enseignement et
pratiques sportives, Équipements sportifs, Piscines, ERIC-EPEN, Club des aînés.
17/ Services marchands publics – vie quotidienne
EDF, GDF, Eau, Assainissement, Ramassage et traitement des ordures ménagères, Déchetterie,
Téléphonie, La Poste
18/ Services marchands privés-vie quotidienne
Stations services, Distributeur de billet, Alimentation, Boulangerie, Bar, commerces de proximités,
Services ambulants
Disponible sur :
http://www.adrets-asso.fr/IMG/pdf/Les_18_bouquets_de_services_selon_l_ADRETS-2.pdf
73
Annexe 2 : Dispositif « Schéma des services du Pays », mesure « Le maintien des services et
l’amélioration du cadre de vie » du règlement d’intervention relatif à la politique
contractuelle de développement territorial – Politique des pays, Conseil Régional d’Aquitaine
Plus précisément, il s’agit de l’adaptation du règlement d’intervention adopté en séance plénière le
15 décembre 2008.
74
Annexe 3 : Grille matricielle – Sélection des territoires tests
75
Annexe 4 : Liste des personnes rencontrées (mars-août 2011)
Conseil Régional d’Aquitaine
Monsieur Serge CABANNE, Chef du service "Politique des Pays"
Madame Odile PLANTADE, Directrice des politiques contractuelles et du développement
rural
Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF)
Madame Sylvie LECOMTE, Service Régional de l’économie agricole
Conseil Général de Lot‐et‐Garonne
Monsieur Jean‐Luc GIORDANA, Chargé des Politiques Contractuelles, du Développement
Economique et du Tourisme
Conseil Général de Dordogne
Monsieur Achille TSOUKAS, Conseiller de développement
Conseil Général des Landes
Monsieur François LIEGEY, Direction du développement territorial
Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques
Madame Bénédicte LACAZE-LABADIE, Direction du Développement Coordination de
l'Aide aux communes
Pays du Libournais
Monsieur Jean-Charles JOURDAN, Directeur – Chef de projet pays
Pays du Médoc
Madame Martine NOVERRAZ, Directrice - Chef de projet pays
Pays des Landes de Gascogne
Monsieur Bernard ROUCHALEOU, Directeur du GIP
Pays de l’Agenais
Monsieur Jacques CLOUCHE, Directeur
Madame Aïno REPACI, Chef de projet pays
Monsieur Denis SOLIVERES, Directeur général des services
Monsieur Jean-Paul PRADINES, Maire de Saint-Caprais
Pays d’Oloron et Haut Béarn
Madame Isabelle RUIZ, Chef de projet pays
Monsieur Alain SANZ, Maire de Rébénacq
Madame Maïté POTIN, Présidente du Conseil de développement
Monsieur Jean-Baptiste ETCHANDY, Président de la commission « services » au Conseil
de développement
SEMADOUR – Pays du Val d’Adour
Madame Véronique SOUBABERE, Directrice – Chef de projet pays et LEADER
Monsieur Christophe MERROTO, Président du Conseil de développement
76
Pays du Périgord Vert
Madame Martine MORISSONNEAU, Membre du Conseil de développement – Directrice
du Centre Social et Culturel de Mareuil
Monsieur Richard MAILFERT, Président du Conseil de développement
ATD (Agence Technique Départementale)
Madame Valérie VALLES
Cabinet XPS Développement
Monsieur Patrick SMITH, Membre fondateur et associé
77
Annexe 5 : Grille d’entretien
GRILLE D'ENTRETIEN SUR LES DÉMARCHES TERRITORIALES PORTÉES PAR LES
PAYS EN MATIÈRE DE SERVICES
Cette grille d'entretien a pour objectifs de :
connaître les priorités en matière de services sur le territoire
d'appréhender les différents modes opératoires portés par les pays
d'identifier les initiatives et expériences innovantes
Note méthodologique : Une adaptation des questions sera effectuée en fonction de l'état
d'avancement de la démarche et des projets locaux, ainsi que des acteurs interrogés. Ce modèle de
grille d'entretien, tel qu'il est rédigé, s'adresse aux chargés de mission pays.
Des précisions, visant à orienter les questions, sont apportées entre parenthèses.
Caractéristiques du territoire
− Quelles sont les caractéristiques économiques, sociales, démographiques et géographiques
du territoire ? Quelles sont leurs évolutions ?
− Quels enjeux en matière de services pour le territoire ?
Contexte politique
− Les services font-ils partie des enjeux prioritaires pour les élus ? Pour quelle(s) raison(s) ?
− Existe-t-il une stratégie de développement quant aux services ?
− Comment définiriez-vous la question des services sur un territoire ?
Le schéma de services / Le projet territorial de services
La gouvernance :
Comment le pays a-t-il été mobilisé sur cette question / l'initiative du schéma appartient à
qui ? (est-ce que cela vient des intercommunalités ou du pays ?) A quel moment ? Par quels
moyens ? (recrutement d'un chargé de mission...)
− Quel rôle le Conseil de développement a-t-il joué ? Et comment ?
− Quels sont les partenaires associés à l'élaboration et à la mise en place du schéma ? (Conseil
Général...)
− Quelle participation et articulation avec les élus ?
− Quelle coordination des acteurs en général ?
Élaboration du schéma de services :
− Pourquoi avoir (ou pas) élaboré un schéma de services ?
− Sur quelle méthodologie le schéma de services s'est-il basé ?
78
− Quels sont les services pris en compte (ou pas) et pourquoi ? Y-a-t-il eu un regroupement par
thématique ?
− Avez vous fait appel à un prestataire externe (ou deux ou pas du tout) ?
o Si oui pourquoi et sur quel critère s'est basé votre choix ? Cet appel à un prestataire
s'est-il fait pour la phase de diagnostic, pour le schéma complet ou seulement en
assistance à maîtrise d'ouvrage ? (plus sur les questions méthodologique d'enquêtes,
d'animations d'ateliers...)
o Si non pourquoi et comment avez-vous procédé (méthodologie de recherche de
données (statistiques, enquêtes de terrain...)? Les données relatives aux services ont-
elles été facilement accessibles ? Avez-vous rencontré des difficultés ?
− Quelle a été la durée de construction du schéma de services : du diagnostic au préconisation,
puis en ce qui concerne les actions mises en œuvre et programmées ?
Les projets :
Quelles actions ont été financées ? Selon quelles négociations contractuelles (quels financeurs,
financements ?) ? Et pourquoi certaines n'ont-elles pas été financées ? (problèmes de mise en
place, mobilisation des partenaires)
Quelle est la plus-value du schéma selon-vous ?
Si vous deviez choisir une ou plusieurs actions innovantes sur votre territoire et en lien avec le
schéma de services et/ou hors schéma de services, lesquelles choisiriez-vous ?
Divers :
Une actualisation ou une évaluation de la démarche engagée est-elle prévue ?
La composante « développement durable » a-t-elle été prise en compte ? (normes HQE,
modes de déplacements, choix d'urbanisation)
Une autre démarche territoriale, de même échelle, prenant en compte les services est-elle
mise en place : SCoT, schéma de développement économique, agenda 21 ?
Si oui quelle articulation entre ces démarches ? (aide à l'élaboration? Ex : reprise du
diagnostic)
Si non à quelle échelle et selon quel levier les projets en matières de services émergent-
ils ?
Ouverture
− En quoi PQA, dans le cadre de ses actions et de ses outils, pourrait-vous apporter un appui ?
(en termes d'apport d'expériences, de ressources,...)
79
Annexe 6 : Fiche de repérage – schéma territorial de mobilité
Réalisation d'un schéma territorial de mobilité
à l’échelle du pays d’Oloron Haut Béarn
Quoi ?
− Réaliser un diagnostic sur l'offre de déplacement et l'accessibilité du territoire,
− Dégager des propositions qui s’attacheront à assurer l’accessibilité des différents publics aux
pôles d’activités et de services.
Qui ?
Syndicat Mixte du pays d'Oloron Haut Béarn
Accompagnement par un prestataire externe
Quand ? Date de commencement de l’opération : septembre 2011.
Où ?
Territoire du pays d'Oloron Haut Béarn
Pourquoi ?
Suite à la réalisation d'un schéma de services à la population, il est apparu nécessaire de mener une
réflexion plus approfondie sur la question de la mobilité. En effet, la topographie à dominante
montagneuse du territoire ne facilite pas les échanges entre les vallées et la mise en réseau des
services.
Intérêt
Les objectifs de cette démarche sont de :
− contribuer à compenser les entraves aux déplacements, en vue de favoriser l’accès de tous
aux différents pôles d’équipements et services,
− permettre, par une organisation adaptée des services d’aide à la mobilité, l’affirmation et
l’appropriation des bassins de vie comme territoire de proximité
.
Ce schéma permettra de dégager des propositions qui s’attacheront à assurer l’accessibilité des
différents publics aux pôles d’activités et de services. Elles devront en particulier :
− favoriser la mobilité autonome des jeunes,
− mettre les pôles d’emploi à la portée des actifs,
− permettre aux personnes âgées de se déplacer,
− limiter les contraintes de déplacement des personnes à faibles revenus, ...
Contact Isabelle RUIZ
Syndicat Mixte du pays d'Oloron Haut Béarn
13, av Sadi Carnot – 64400 Oloron-Saint-Marie
Tél : 05 59 39 55 96
Fax : 05.59.39.58.79 Mail : [email protected]
PQA – 14 juin 2011
80
Annexe 7 : Fiche d’expérience – Réseau de Santé Rurale
LE RÉSEAU DE SANTÉ RURAL (RSR) DU PAYS DU HAUT
ENTRE-DEUX-MERS
Le RSR est un réseau polyvalent territorial facilitant la prise en charge
globale des patients en situation socio sanitaire complexe qui
nécessitent des réponses coordonnées grâce à un système
d'informations partagé entre les acteurs concernés.
Finalités de l’action
L’action a été mise en place
pour quoi faire ?
Les objectifs de l'action
− Faciliter au patient l’accès et la continuité des soins
− Optimiser son parcours de soins. − Améliorer la coordination de son plan personnalisé de santé
− Etre un relai auprès des professionnels de santé
Les impacts attendus
− Un développement des outils logistiques : plateforme
téléphonique de services, numéro d'appel unique, agendas
partagés entre professionnels, prise de rendez-vous direct via la
plateforme, dossier médical partagé en ligne pour les patients
du réseau, etc.
− Un décloisonnement des modes d'exercice et faire travailler
ensemble de manière concertée les professionnels libéraux.
− Attirer des jeunes médecins en milieu rural afin d'assurer la
relève d’une population médicale vieillissante.
Porteur de
l’expérience Statut et Nom de la structure
Un ensemble d'acteurs sanitaires et sociaux − Les professionnels libéraux adhérents à l’association SCSM
(Service pour la Continuité des Soins Médicaux),
− Le CLIC (Comité Local d'Information et de Coordination) du
Haut Entre-Deux-Mers – service médico-social pour le
maintien à domicile des personnes âgées
− Le Centre Hospitalier de La Réole.
Contexte
Facteurs qui ont
influencé l’action
Le constat, les évènements,
etc …
… qui ont eu
une influence pour la définition
du projet, de l'action
Origine et Formalisation de l’idée
L’origine du projet repose sur le constat de la difficulté, dans le secteur
du Haut Entre-Deux-Mers, de faire concorder les demandes des
patients, l’offre de soin des professionnels de santé et les besoins de
santé publique.
D'une part il est fait état d'une demande de plus en plus forte en raison
du vieillissement de la population, de l'augmentation des maladies
chroniques et de la précarité sociale marquée par des problèmes de
santé (étude FNORS - Fédération Nationale des Observatoires
Régionaux de la Santé sur les inégalités cantonales de santé en France
– mai 2004).
D'autre part, le territoire est face à une offre de soin caractérisée par
des cabinets infirmiers surchargés, des programmes de soins
rééducationnels partiellement effectués, une complexification des
situations qui nécessitent davantage de temps de coordination et de
suivi, etc.
81
et
Repères
chronologiques
dater le début et la fin de chaque étape
Période de mise en œuvre de l’action
Fin des années 1990 :
Des médecins généralistes se regroupent en association (SCSM),
initiative portée par le Dr David CHEVILLOT, pour entamer une
réflexion sur l'organisation des soins primaires sur le territoire.
L'association s'ouvre alors aux pharmaciens, kinésithérapeutes et
infirmiers.
Année 2004 : (1ère
tranche de financement FAQSV)
Travail avec une trentaine de professionnels libéraux de santé et
acteurs du territoire sur 2 axes :
− La rédaction d’une charte d’engagement des professionnels
− Une étude de faisabilité sur une Maison de Santé Rurale
(processus, protocoles, ébauches juridique et architecturale,
etc.)
2ème
semestre 2005 – début 2006 : (2ème
tranche de financement
FAQSV)
− Poursuite des travaux de conception de la Maison de Santé
Rurale
− Organisation de temps de territoire pour mobiliser les
professionnels
− Construction des collèges de professionnels
− Organisation d’une dizaine de réunions de coordination
pluridisciplinaires à la demande des professionnels pour
harmoniser des prises de soin
Année 2006 :
− Dépôt d’une demande de financement DRDR
− Création d’un groupe de promoteurs libéraux pour la réalisation
de la Maison de Santé Rurale composé de : 2 orthophonistes, 1
kinésithérapeute, 1 diététicienne, 1 podologue, 7 médecins et 1
pôle infirmier.
Décembre 2007 : Naissance du Réseau de Santé Rural
82
Description de
l’action
Description de la mise en œuvre
Le RSR fournit 3 niveaux de réponses :
− de l’information par l'intermédiaire du secrétariat du RSR qui
permet aux patients de trouver un professionnel disponible ou
d'obtenir des renseignements,
− de l’aide à la décision pour aider le patient à démêler une
situation et lui proposer des solutions.
− une prise en charge coordonnée prenant la forme d'un plan de
soin personnalisé.
Le patient pouvant bénéficier d'une prise en charge coordonnée doit
être atteint de pathologie lourde ou chronique, et répondre à des
critères de fragilité propres à son état (vieillesse, handicap, etc.), et/ou
liés à son environnement (chômage, précarité, etc.). Par exemple peut
être inclus un homme de 50 ans, en surpoids et diabétique,
régulièrement hospitalisé sans réelle amélioration.
L'inclusion permet ainsi une prise en charge globale assurant un
parcours de soins personnalisés et priorisés. A partir de la combinaison
de 3 déterminants (maladie – patient – environnement), le médecin
généraliste évalue la pertinence de proposer une prise en charge
coordonnée du patient. Tout autre professionnel (kinésithérapeute,
pharmacien, etc.) peut percevoir également l'intérêt d'une telle prise en
charge. Il en informe le patient et sollicite le médecin traitant.
La mise en œuvre du réseau s'accompagne de la création d'un serveur
de Télésanté sécurisé accessible via le site Internet du RSR, permettant
ainsi aux professionnels de la santé d'avoir accès aux informations des
patients par la consultation des dossiers enregistrés dans la base de
données.
Méthodologie et mise en œuvre de l’évaluation
L’évaluation du réseau recouvre trois domaines d’action suivant les
objectifs sanitaires, économiques et organisationnels du réseau.
Un certain nombre d’indicateurs permettent de suivre l’activité et font
l’objet d’une analyse régulière pour une transmission de données soit
trimestrielle, soit annuelle, suivant la nature des rapports demandés par
l’Agence Régionale de Santé qui a en charge le suivi et le contrôle
des réseaux de santé.
En 2010, le RSR a réalisé son premier rapport d’autoévaluation à 3 ans,
centré davantage sur une analyse qualitative de l’activité du réseau,
avec notamment la réalisation d’une enquête de satisfaction.
En lien avec les territoires de projet
Territoire concerné
La zone géographique couverte concerne le Pays du Haut Entre-Deux-
Mers c'est-à-dire les cantons de La Réole, Monségur, Pellegrue,
Sauveterre, Saint Macaire et Auros.
Public cible
83
Les médecins, infirmiers diplômés d'État, kinésithérapeutes et tous
professionnels des secteurs de la santé et du social en charge des soins
primaires.
Montage administratif et financier (partenaires et dispositifs
mobilisés)
La convention constitutive du Réseau de Santé Rural a été signée en
mai 2007 entre le Centre Hospitalier de La Réole - aujourd'hui Centre
Hospitalier Sud Gironde depuis le 1er janvier 2010, et l'association
SCSM.
Le projet a bénéficié d’un financement FIQCS (Fond d’intervention
pour la qualité et la coordination des soins – anciennement FAQSV
géré par un secrétariat commun URCAM-ARH). Ce fond est
aujourd’hui géré par l’ARS depuis la mise en place des agences en
2010. Le financement alloué pour les trois premières années de
fonctionnement du réseau a été de 620.000 € environ. L’étude du
budget 2011 est en cours dans le cadre d’une réorientation de la
politique de santé en direction des réseaux.
Partenaires non financiers
Le RSR s'appuie sur l’ensemble des professionnels libéraux, acteurs et
services sanitaires et médico-sociaux de son territoire d’action,
notamment le Centre Hospitalier sud Gironde et le CLIC (Centre Local
d’Information et de Coordination gérontologique) pour assurer l‘accès
à une prise en charge globale des patients sur le territoire du Haut
Entre-Deux-Mers.
Les enseignements
A retenir !!!!!
les facilitateurs, les freins, les outils à ne pas oublier...
Enseignements
Le RSR renforce le binôme patient – médecin traitant :
− Accès facilité aux patients à des professionnels de santé et
assurance d'une prise en charge continue de qualité et sécurisée
− Mobilisation des professionnels de santé dans une dynamique
de coopération coordonnée et structurée renforçant la solidarité
et la pluridisciplinarité d'équipe.
− Un système de santé ajusté aux besoins du territoire.
Facilitateurs
La qualité des relations tissées en amont entre les professionnels de
santé du Haut Entre-Deux-Mers par l’association SCSM.
Freins
L'utilisation des NTIC reste modérément appréciée d'une part par les
professionnels des anciennes générations qui continuent à s'en tenir à la
version papier mais aussi par les patients qui émettent quelques
réticences à avoir leurs données personnelles sur internet, même si la
plateforme de stockage est sécurisée. Des réunions de sensibilisation
sont nécessaires.
84
Perspectives
envisagées
quelles évolutions possibles?
Élargissement du territoire concerné pour fusionner avec le réseau de
santé ASIF, réseau de soins palliatifs du Sud Gironde.
Construction d'une Maison de Santé pluridisciplinaire qui regrouperait
sous un même toit des professionnels membres du réseau et qui serait
reliée à plusieurs cabinets secondaires.
Documentation et
site internet associés
à l’action
www.reseausanterural.fr
Contacts et personnes
ressources
coordonnées de la structure, du
responsable du projet, de l'action
personne extérieure impliquée dans le projet
Clémence TRESCA
Directrice du RSR
Centre Hospitalier sud Gironde
Place Saint Michel
BP 90055 - 33190 LA REOLE
Téléphone : 05 56 61 53 61
Fax : 05 56 61 53 16
Mail : [email protected]
Auteur de la fiche
Coordonnées Date de réalisation de la fiche
Fanny RIBEREAU – stagiaire sur les services à la population en milieu
rural
Téléphone : 05 56 90 81 00
Mail : [email protected]
Juillet 2011
En quoi cette expérience
répond-elle aux principes
d'action du développement
durable ?
Participation des acteurs ?
Afin de rendre optimum la démarche de mise en réseau des
professionnels, ont été sollicités et associés au projet l'ensemble des
acteurs de la santé allant des médecins généralistes jusqu'aux
institutions, en passant par les associations, les réseaux existant, etc. Le
RSR à travers son existence même s'inscrit dans une logique de
concertation.
Transversalité de l'approche ?
La création du réseau concilie à la fois des enjeux sociodémographiques
en s'intéressant au vieillissement de la population, à l'augmentation des
maladies chroniques et de la précarité, avec des enjeux économiques
puisqu'il s'agit d'agir sur l'offre de soins en favorisant le maintien et
l'installation de nouveaux professionnels, tout en tenant compte des
enjeux environnementaux par exemple dans la construction de la
Maison de santé pluridisciplinaire de La Réole.
www.aquitaine-pqa.fr > rubrique « Base d’expériences »
85
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrage :
Jacques PALARD et Bernard GAGNON, La Région et ses territoires – Stratégies et acteurs
du développement en Aquitaine, éditions confluences, 2006, 268 p.
DATAR, Les pays, La Documentation française, Paris, 2001, 99 p.
Etude :
CSA. Enquête nationale sur les services publics en milieu rural : sondage de l’Institut CSA.
Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, août 2005.
Observatoire Européen LEADER, « Développer les services à la population en milieu
rural », Cahier n°5, septembre 1999, 54 p.
CESER Aquitaine, « Services publics et territoires aquitains », décembre 2010, 140 p.
J.P. ROUBAUD, « Evaluation des PER », CGAAER- Secrétariat de l’appel à projets PER, 9
p.
Le GREP, Services en milieu rural : nouvelles attentes, nouvelles réponses, Revue POUR,
n°208, janvier 2011, 185 p.
APFP, « Les services à la population au service de l’aménagement du territoire et du
développement durable », juillet 2010, Annexe 1, 36 p.
Pierre MERLIN, « L’aménagement du territoire en France », Les études de la documentation
française, n°5251, mars 2007, 174 p.
Note :
ARF, « Demain, l’aménagement du territoire sera à l’initiative des régions », avril 2011, 8 p.
Rapport :
P. DURIEU, Conférence nationale des services publics en milieu rural, Rapport au Premier
ministre, 2005, 32 p.
86
AdCF, « Les propositions de l’AdCF pour clarifier la répartition des compétences entre
collectivités territoriales », novembre 2010, 11 p.
Règlement :
Règlement d’intervention relatif à la politique contractuelle de développement territorial –
Politique des pays, Conseil Régional d’Aquitaine, séance plénière du 20 mars 2006, 63 p.
Sites internet (consultés de mars à août) :
Site de l’Agence des régions de France (ARF) : http://www.arf.asso.fr/
Site de l’INSEE : http://www.insee.fr/fr/default.asp
Site du CESER Aquitaine : http://ceser-aquitaine.fr/
Site de l’ADEME : http://www2.ademe.fr/
87
TABLES DES ENCADRES, TABLEAUX ET SCHEMAS
Encadré 1 : Services à la personne, services publics, services au public, services à la
population… de quoi parle-t-on ? (p. 9)
Tableau 1 : Etat des lieux des démarches de schémas de services en Aquitaine – juin 2011
(p. 13)
Schéma 1 : Chronologie de l'implication de la Région dans le domaine des services à la
population (p. 17)
Carte : Atlas de l’Aquitaine – les contrats de pays en 2011 (p. 29) – Conseil Régional
d’Aquitaine
Tableau 2 : Récapitulatif de la date d'élaboration des schémas comparativement à la
signature des contrats de pays de première et de deuxième génération (p. 32)
Tableau 3 : Sources des données utiles pour le diagnostic classées par thématique (p. 34)
Tableau 4 : Récapitulatif des principaux types de services abordés38
dans les schémas des
territoires tests (p. 37)
Tableau 5 : Etats d’avancement des projets inscrits dans les schémas du pays de l’Agenais
et de celui d’Oloron et du Haut Béarn (données juin 2011) (p. 41)
Tableau 6 : Les principaux fonds mobilisés répartis par partenaires financiers (p. 55)
Tableau 7 : Taux de réalisation de schémas de services en Aquitaine (p. 56)
38
Les types de services référencés sont mentionnés dans les documents des territoires tests.
88
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES .......................................................................................................................... 4
SOMMAIRE ....................................................................................................................................... 7
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 8
I. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DE L’ORGANISATION DES SERVICES A LA
POPULATION A L'ECHELLE DES PAYS .................................................................................. 15
A. L'élaboration d'un schéma de services, une exigence du Conseil Régional d’Aquitaine ...... 15
1. Les services à la population, une thématique soutenue par la Région ............................. 15
2. L'avènement du schéma de services à l'échelle du pays .................................................. 17
3. Le schéma de services, une initiative soutenue par l'Europe ........................................... 19
4. Le Département, un partenaire « naturel » des démarches .............................................. 21
B. Une démarche au cœur d'un contexte instable ....................................................................... 22
1. Le pays, une légitimité en question ................................................................................. 22
2. La réorganisation des pays au regard des SCoT .............................................................. 23
3. La réforme territoriale sur le partage de compétence ...................................................... 25
II. APPROPRIATION DU SCHEMA DE SERVICES PAR LES ACTEURS DES
TERRITOIRES : LES MODES OPERATOIRES ADOPTES PAR LES PAYS ........................ 27
A. Les moyens matériels et humains mobilisés .......................................................................... 31
B. Identification et analyse des méthodologies employées pour l'élaboration du schéma de
services ........................................................................................................................................... 33
1. L'offre des services ou les thèmes privilégiés .................................................................. 33
a) Une seule méthode : l’inventaire ................................................................................. 33
b) Les principaux thèmes de services abordés ................................................................. 34
2. L'analyse de la demande de services et la comparaison entre l’offre et la demande de
services ....................................................................................................................................... 37
a) Des méthodes approximatives ..................................................................................... 37
b) Des territoires spécifiques aux enjeux similaires ......................................................... 38
3. L’élaboration du projet de services du pays ..................................................................... 39
a) Les procédés ................................................................................................................. 39
b) Les aboutissements ...................................................................................................... 40
C. L’analyse des cohérences internes et externes du schéma de services ................................... 43
1. La cohérence interne du schéma de services ................................................................... 43
2. L'articulation avec les autres démarches.......................................................................... 44
a) Les SCoT...................................................................................................................... 44
b) Les PNR ....................................................................................................................... 46
c) La démarche LEADER ................................................................................................ 47
89
d) Les communautés d'agglomération .............................................................................. 47
e) Les PER........................................................................................................................ 48
f) Les agendas 21 ............................................................................................................. 50
D. Les modalités d'association des acteurs locaux aux démarches de schéma ........................... 51
III. BILAN INTERMEDIAIRE : QUELS IMPACTS DES SCHEMAS DE SERVICES SUR
LES TERRITOIRES ? .................................................................................................................... 53
A. Une plus-value certaine .......................................................................................................... 53
1. Une meilleure connaissance du territoire ........................................................................ 53
2. Un regain de légitimité au pays ....................................................................................... 53
4. Une mutualisation sur tous les plans ............................................................................... 54
B. Mais des faiblesses et/ou des difficultés apparentes .............................................................. 56
1. Le schéma de services du pays : un outil bien ancré sur le territoire aquitain mais pas
suffisamment approprié par les acteurs ...................................................................................... 56
2. Des démarches hétérogènes reflétant des perceptions diverses ou un cahier des charges
ouvert 57
C. Préconisations en vue de répondre aux difficultés observées ................................................ 60
1. Apporter des précisions sur le cahier des charges et sur les objectifs du schéma de
services ....................................................................................................................................... 60
2. Améliorer la gouvernance territoriale .............................................................................. 61
3. Favoriser une meilleure articulation entre le schéma de services et les autres démarches
existantes .................................................................................................................................... 63
a) Ancrer la démarche de développement durable dans le schéma de services ............... 63
b) Favoriser l’articulation entre les autres démarches contractuelles en général ............. 64
c) Rechercher l’articulation entre les dispositifs initiés par la Région............................. 64
d) Le SRADDT ................................................................................................................ 65
e) Le schéma de services et la planification ..................................................................... 65
4. Mieux penser les projets dans la durée ............................................................................ 65
CONCLUSION................................................................................................................................. 67
ANNEXES......................................................................................................................................... 70
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................................... 85
TABLES DES ENCADRES, TABLEAUX ET SCHEMAS ......................................................... 87