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N°1/2014 Janvier-Mars Revue de réflexion biblique EN L’ATT ENDANT Se former

Se former - CAEF

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N°1/2014 Janvier-MarsRevue de réflexion biblique

E N L ’ A T T E N D A N T

Se former

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Thème du prochain numéro (2-2014)

« Lire l’AncienTestament»

Motd’excuses…Nous prions nosabonnés de bienvouloir nousexcuser pour uncertain nombred’exemplairesdu N° 4-2013qui présentaientun défautd’assemblage.

Si vous avez reçuun exemplairedéfectueux, nousvous invitons à

contacter le serviced’administration

(Editions CAEF –3bis rue Casimir

Périer –38000 GRENOBLE

Tél : 04 76 42 85 56 Mail :

[email protected]) qui procèdera au

remplacement de l’exemplaire défectueux.

Dossier : « Se former »

PHOTOSPages 4 : © 123RF4e de couverture et 18 : © Fotolia

Dieu prend le temps de ‘former’ ses serviteurs 2Thierry SEEWALD

Est-ce bien nécessaire de se former ? 6Eric WAECHTER

Regards croisés sur la formation 9Marie Christine FAVE

Les mécanismes psychologiques de l’apprentissage 14Agnès LAUCHER

Autodidactes. Précautions pour les ressources internet 17Reynald KOZYCKI

Jésus éducateur 18Henri BLOCHER

La formation : modèle ou coaching ? 25Jacques BUCHHOLD

Paru en librairie 28

200 bougies pour les Écoles du dimanche 30Anne RUOLT

Un dépliant « Guide des formations » est joint à cette revue

ENCARTChangements… I

Les 50 ans du CEP d’Orange II

Nouvelles de l’Assemblée de Gramat IV

ASMAF – Le Centre de rééducation veut s’agrandir V

In memoriam – Jean Metz VII

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L’apôtre Paul nous rend attentifs auxforces de déformation que notre culture

exerce sur notre esprit sans répit : Ne lais-sez pas ce monde vous couler dans sonmoule ! Au-delà de la simple vigilance, ilnous incite à la résistance. Mais il ne s’agitpas simplement de nous arcbouter sur nospositions. Nous sommes invités à rechercherle renouvellement de notre pensée. C’est icique la formation révèle son utilité : la for-mation pour contrer la déformation.

Les forces de déformation disposent demoyens considérables, mais nous avons leprivilège de vivre une époque qui voit semultiplier les offres et possibilités de for-mation pour mieux équiper les enfants deDieu. Dans ce numéro de Servir, nousavons voulu évoquer l’intérêt de la forma-tion, ses multiples facettes, ses mécanismesmême. Nous avons voulu rappeler un éven-tail des multiples ressources et filières quisont à notre disposition. Nous sommes pro-

fondément convaincus des bienfaits de laformation : de la plus générale à la pluspointue, à tout âge, ponctuelle et conti-nue… La formation qui apporte les infor-mations qui nous manquent, qui débusquela désinformation dont nous sommes vic-times. La formation qui contribue à la réfor-mation de notre caractère, qui nous équipepour mieux utiliser nos dons au service detous.

Néanmoins, la formation reste unmoyen, et non un but. Entre les mains deDieu, elle est au service de la transforma-tion qu’il a commencé à opérer en nous.Elle n’est pas « professionnalisante ». Car,comme dirait John Piper, iln’y a pas de prière, de com-passion, de joie, de foi,d’obéissance… profession-nelles. Formons-nous donc,mais laissons-nous transfor-mer ! ROBERT SOUZA

Une formation au service de la transformation

« Servir en L’attendant »Revue éditée par les Communautés etAssemblées Evangéliques de France

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMarcel Reutenauer

REDACTION « Servir en L’attendant »2 rue des Magasins, 67000 STRASBOURGTél : 03.88.22.58.01/03.88.36.09.40E-mail : [email protected]

Comité de rédactionMarie Christine Fave Jonathan HanleyReynald Kozycki Françoise LombetMarcel Reutenauer Thierry SeewaldRobert Souza

ADMINISTRATION, ABONNEMENTSEditions CAEF3 bis, rue Casimir Périer - 38000 GRENOBLETél. 04 76 42 85 56 et fax : 09 57 03 39 76E-mail : [email protected]

France métropolitaine : 22 €(15,00 ⇔ si nouvel abonné / 20,00 ⇔ si 10 abonnements groupés)

France d’outre-mer : 24 € (envoi par avion)Envoyez votre chèque à l’ordre de « Servir » àl’adresse ci-dessus

Zone Euro : 25 €Envoyez votre chèque à l’ordre de « Servir » àl’adresse ci-dessus(ou pour la Belgique : « Servir en L’attendant »Chèques postaux 000-1593090-59 Bruxelles)

Suisse : 35 CHF(à verser au compte « Servir en L’attendant » -Chèques Postaux 12-10427-8 Genève)

Autres pays : 28 € (envoi par avion)Envoyez votre chèque à l’ordre de « Servir » àl’adresse ci-contre

Les abonnements sont souscrits pour4 numéros par année

SIEGE SOCIALLa Clairière - 69640 MONTMELAS-ST-SORLIN

Maquette : J. Maré / Impression : IMEAFC.P.P.A.P. n° 0113G79186Dépôt légal 1er trimestre 2014

Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformerpar le renouvellement de votre pensée… (Romains 12.2)

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La fac de philo ou un CAP agricole, des filièrespour servir Dieu ?

Actes 7.22 nous apprend queMoïse fut instruit dans toutela sagesse des Égyptiens, et

il était puissant en paroles et enœuvres. Moïse sait qu’il est hébreu,sans doute par son contact avec samère qui a été sa nourrice, et il aquelques connaissances concernantle Dieu d’Abraham ainsi que de lacul ture et des coutumes desHébreux. Mais il a principalementété éduqué à la cour du pharaon,dans une philosophie païenne, uneculture idolâtre. Cette éducation nel’empêche pas de réaliser que l’es-clavage de ses frères est injuste. EtDieu le choisit et l’appelle pour libé-rer le peuple. Il aurait pu choisir

Aaron, ancré dans la tradition et lareligion des Hébreux, à l’aise dansla prise de parole. Moïse, lorsqu’ilrevient confronter le pharaon, n’apas un statut bien meilleur qu’Aa-ron l’esclave, lui qui se reconnaîthébreu. Qui plus est, il est le meur-trier d’un Égyptien.

Mais Dieu a voulu que le libéra-teur d’Israël ait un solide bagagephilosophique acquis dans lemonde. On notera en passant queDieu fera de même en choisissantPaul, formé dans une des meilleuresécoles pharisiennes, comme princi-pal docteur pour poser les fonde-ments de la foi.

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THIERRY SEEWALD

WE DE FORMATION

REF À MONTMEYRAN

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Dieu prend le temps de« former » ses serviteurs

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David, lui, était berger. Mais de sonapprentissage sur le terrain, avec desbêtes, il sait tirer beaucoup plus : Quandje gardais les moutons de mon père etqu’un lion ou même un ours survenaitpour emporter une bête du troupeau, jecourais après lui, je l’attaquais et j’arra-chais la bête de sa gueule ; et si le fauvese dressait contre moi, je le prenais parson poil et je le frappais jusqu’à ce qu’ilsoit mort. Puisque ton serviteur a tué deslions, et même des ours, il abattra biencet incirconcis de Philistin comme l’und’eux, car il a insulté les bataillons duDieu vivant. Puis David ajouta : L’Éter-nel qui m’a délivré de la griffe du lion etde l’ours me délivrera aussi de ce Phi-listin. (1 S 17.34-37)

Berger, il a acquis des connaissancesqu’il sait appliquer à d’autres situations,mais il a aussi appris à voir la main deDieu agissant autour de lui et cela luidonne confiance.

Contrairement à Aaron, Moïseconnaît le système, son mode de pensée,ses rouages ; il est plus à même des’adresser à lui, de le confronter. Lesphilosophies de ce monde, sa moralité(et même ses méthodes agricoles pouren revenir à David) connaissent biendes dérives. Il en est de même pour lessciences « exactes », la technologie ou lessciences humaines.

Si l’on veut comprendre le mondedans lequel nous vivons, pour en rete-nir ce qui est bon, comme Moïse et Paulont pu prendre de bonnes choses dansla pensée égyptienne ou la théologiepharisienne, ou pour dénoncer lesdérives, construire quelque chose deplus juste, ou tout simplement y vivre ety travailler, se former est essentiel. Rien

n’est plus dommageable à la foi chré-tienne que d’avoir des positions tran-chées sur des sujets auxquels on neconnaît rien. David aurait-il participé auclonage de Dolly, la première brebis clo-née ? Je ne sais pas. Joseph aurait-ilsemé du blé transgénique pour minimi-ser les effets de la sécheresse ? S’il avaitété influencé par la culture américaine,oui, s’il était français, sans doute non.Moïse aurait-il participé à la « guerre delibération » de l’Irak ? Là encore, son lieude naissance aurai t grandementinfluencé son choix.

Trop souvent, nos choix sont influen-cés par la culture ambiante, comme ceuxde nos concitoyens. Mais si nous vou-lons vraiment être sel de la terre, il nousfaut des chrétiens formés dans tous lesdomaines de la vie, mais avec une for-mation qu’ils feront passer par le tamisde la Parole de Dieu pour en retenir cequi est bon Éclairés par la Parole et l’Es-prit, ils feront des apports constructifs.

Pour l’historien Herbert Butterfield ,même l’Histoire et ses vicissitudes nepeuvent être comprises si l’on n’est paschrétien. Et l’on sait l’importance et l’im-pact de la pensée d’un Jacques Ellul, parexemple, sur certains politiques.

Avoir des diplômes nesuffit pas : les cheminsdifficiles de la vie

Alors que Moïse a achevé son édu-cation au palais de Pharaon, il se sentprêt à être le bras armé de l’Éternel pourdélivrer les Hébreux : Il pensait que ses

1 Herbert Butterfield, Christianisme et Histoire, 1955

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frères comprendraient que Dieu voulaitse servir de lui pour les libérer. Mais ilsne le comprirent pas (Ac 7.25). Aprèsl’épisode où Moïse doit s’enfuir pouravoir tué un Égyptien et s’installe enMadian vient cette phrase laconique : Letemps passa (Ex 2.23).

Entrer dans le service de Dieu, que cesoit à plein temps ou comme membred’Église engagé, ne signifie pas quenotre formation soit terminée. Aucontraire, souvent cela signifie qu’ellecommence. Combien d’étudiants enthéologie arrivent sur le terrain et sontsurpris par ce que le ministère est vrai-ment. Ils ont appris à préparer un mes-sage en trois points, à consulter des com-mentaires pour préparer une étudebiblique sérieuse. Ils ont un fondementsolide dans la saine doctrine qui leursert de garde-fou dans leurs réflexions,mais ce qu’attend d’eux une Église, ouce que va impliquer pour eux le fait de

devoir conduire une Église n’est pas sou-vent évoqué en cours.

Vivre le ministère va être la vraie for-mation. Quelqu’un disait un jour dansune prédication : « Si Dieu vous appelleà le servir quelque part, c’est qu’il aquelque chose à vous y dire ». On vientpour servir et enseigner, et on seretrouve à apprendre, et une assembléelocale sait parfois vous rendre cetapprentissage difficile.

La vie est notre vraie formation. Lavie de couple va être un lieu importantde formation ; peut-être ne pas trouverde conjoint sera aussi un chemin d’ap-prentissage. Être parent, la vie profes-sionnelle et ses vicissitudes, les échecs,la maladie (la nôtre ou celle d’unproche), être confronté à la mort, et tousles autres aléas que la vie nous réserve,voilà les voies importantes que Dieu uti-lise ou permet pour notre formation.

David est un jeune garçon aux che-veux roux, aux beaux yeux et à la belleapparence (1 S 16.12), que Dieu a choisiet oint comme nouveau roi. Il a su géreravec maturité l’inimitié de Saül, sansjamais rendre les coups, respectant celuique Dieu avait choisi avant lui et atten-dant le temps de Dieu. Il a sans douteune autre image de lui-même le jour oùil se retrouve pris dans un adultère et unmeurtre sordides. Résister aux attaquesinjustes de Saül à son égard était sansdoute difficile, mais avec Bath-Schéba,le bel homme de Dieu, victorieux deGoliath, se découvre aussi médiocre etcharnel que bien d’autres.

Puis viennent ses enfants. Que peut-il ressentir lorsqu’il découvre que l’un deses fils a violé sa demi-sœur ? Puis lors-qu’Absalom, le frère de celle-ci, va tuerle frère incestueux, s’enfuir, fomenter

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une révolte contre son père et finir avectrois pieux dans le corps, pendu par lescheveux dans un arbre ?

Peut-être s’est-il dit qu’il aurait dûêtre plus présent et impliqué dans l’édu-cation de ses enfants, qu’il aurait dû lireLes cinq langages de l’amour de GaryChapman plus tôt, ou qu’il aurait dûamener Absalom chez un psychologuelorsque, enfant, il gérait déjà mal sescolères ? Et qu’a-t-il vécu, appris, lors-qu’il a senti sur lui le mépris de Mical(2 S 6.16), elle qui auparavant l’avaitaimé et protégé ?

La vie nous apprend bien des leçons,Dieu nous forme à travers elle, et par-fois cela fait mal.

La vie n’estheureusement pastoujours difficile

Mais Dieu n’est pas un Dieu quiprend plaisir au mal, et heureusement ilnous forme aussi souvent par les simplescirconstances de la vie, les occasions derencontre, les multiples lieux d’appren-tissage informel. Jésus, amenant avec luises disciples, est une bonne image de ceDieu formateur qui utilise toutes les cir-constances de la vie et les occasions quise présentent pour nous faire réfléchir etavancer . Même de la nature, il apprendà ses disciples à tirer un enseignement :regardez comment poussent les lis deschamps… (Mt 6.28)

David est le petit dernier d’une famillede huit garçons, dont chacun sembleplus fort que le précédent et il a dû sefaire sa place parmi des frères qui ne lalui la issent pas spontanément(1 S 17.28). Peut-être qu’avoir constam-ment ces sept frères qui le rudoient fait

qu’il est moins impressionné par Goliathque d’autres.

Et les longues heures passées à gar-der les moutons l’ont poussé à s’inté-resser à la nature, au sens de l’existence,à l’action de Dieu dans la création. Elleslui ont permis de développer, ou peut-être même fait naître en lui, une âme depoète et de musicien. Cela a construitentre lui et Dieu une relation particulièrede proximité, où il a appris à exprimerà son Père céleste les sentiments qui letraversaient. Et que serait notre Biblesans les psaumes de David qui décou-lent de ces apprentissages ?

Moïse, tout au long de sa vie, vaapprendre à conduire le peuple. Sonapprentissage commence lui aussi pardes moutons, chez Jéthro, dans le désert,ce même Jéthro dont il saura écouter lessages conseils (Ex 18.17ss), alors qu’ilaurait pu revendiquer son privilège dedépendre de Dieu seul, Dieu avec qui ilest le seul à parler face à face. Il com-mettra comme nous tous des erreurs,qui l’empêcheront même d’entrer dansla terre promise, mais il en tirera desleçons utiles.

Dieu nous offre une multitude d’oc-casions de nous former, pour le minis-tère, pour la vie. Des formations parfoisformelles et des moments où il faut justesavoir ouvrir nos yeux et notre enten-dement pour réfléchir. Des formationsplanifiées ou parfois imprévues. Desoccasions où Dieu nous parle directe-ment, d’autres où les circonstances nousconstruisent.

Sachons nous former et nous laisserformer à travers toutes ces opportunités.

T.S.

2 cf. article sur « Jésus formateur » dans ce numéro.

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Quelle place pour laformation au sein del’Église locale ?

Nos Églises accordent une placeimportante au sacerdoce universel :tout croyant est appelé à servirDieu, et cela, dans l’Église, tant danssa dimension universelle que locale,selon les dons que le Seigneur luia accordés.

Quelle place la formationoccupe-t-elle dans la mise en œuvrede ce modèle biblique ? Est-ilnécessaire de se former pour acqué-rir des compétences afin de bienservir dans son Église ? Faut-ilprendre en compte le critère de lacompétence, donc de la formation,si l’on veut nommer un ancien, undiacre, ou une quelconque per-sonne qui devra assurer un service

dans l’Église ? La formation, et laformation théologique en particu-lier, sont-elles exclusivement réser-vées à ceux qui envisagent unministère à plein temps ? Ou celaconcerne-t-il également les anciensou les diacres ?

Le constat : la réponse n’est pasuniforme au sein même des Églisesqui composent notre Union. Sansentrer dans un état des lieuxexhaustif, disons simplement quela réponse d’une Église localedépendra beaucoup du position-nement personnel de chaqueancien. En clair, si un ancien (àplein temps ou non) a été au béné-fice d’un parcours de formationthéologique, il encouragera aumoins toute initiative de formationpour qui veut servir dans sonÉglise locale. ÉRIC WAECHTER

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Est-il bien nécessairede se former ? 

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Faut-il vraiment seformer ?

Il existe encore des réticences à l’égardde la formation théologique. Il y a uneforme de spiritualité qui donne la prio-rité à la piété (ce qui compte, c’est ce queje vis avec le Seigneur, on a toujours fait« comme ça »…) et qui y oppose systé-matiquement tout effort de la raison pourembrasser des contenus théologiques(l’aide du Saint-Esprit est suffisante pourlire et étudier la Parole de Dieu, la théo-logie divise, etc.). L’expérience montre queces postures produisent très souvent, dansla durée, des Églises qui se vident parceque l’enseignement s’appauvrit lorsqu’iln’a pas dévié vers l’hérésie. À l’inverse,un enseignement solide, réfléchi etconstruit, participe à la croissance de l’É-glise. Généralement, ces Églises bénéfi-cient du ministère de personnes solide-ment formées sur le plan théologique.

L’Écriture nous dit peu de choses dela vie de l’apôtre Paul avant sa rencontreavec le Christ ressuscité, mais elle en ditsuffisamment pour comprendre qu’il asuivi une longue formation théologique(acquisition de connaissances et de com-pétences) auprès d’un des plus grandsmaîtres de l’époque, Gamaliel, et qu’ilétait plutôt jeune pour fréquenter cesmilieux. La lecture de ses épîtres nousconvainc facilement de son esprit brillant ;Paul est intellectuellement très puissant(capacité particulière, don) ! Ce qui nel’a pas dispensé d’une formation théo-logique, bien au contraire !

Un bon menuisier est celui qui, natu-rellement doué de ses mains, a fré-quenté les meilleurs maîtres-artisans desa profession. Les meilleurs théologiens,enseignants ou prédicateurs sont ceuxqui, naturellement doués pour ces dis-ciplines, ont fréquenté de près les grandsspécialistes du texte biblique. C’est unprincipe incontournable qui en appelleun autre : un responsable d’Église ne peut

pas accompagner un fidèle dans sacroissance spirituelle au-delà du point oùil est lui-même arrivé. Se former, c’est déjàse donner les moyens de progressersoi-même dans la sanctification pourensuite, pouvoir accompagner d’autresdans leur cheminement spirituel.

Ce que nous venons de dire pour laformation théologique vaut pour tous lesministères nécessaires au bon fonction-nement et à l’édification de l’Église.Lorsqu’une capacité particulière est dis-cernée chez une personne, il devrait yavoir une obligation de formation pouracquérir de nouvelles connaissances etcompétences, et ce faisant faire fructifierce que Dieu a donné pour l’édificationde son Église.

Les bienfaits de laformation

Il m’est arrivé d’observer à plusieursreprises les bienfaits qu’opérait un par-cours de formation. Entreprendre une for-mation qui oblige à un contact régulieret prolongé avec la Parole de Dieu créeun contexte favorable pour permettre auSaint-Esprit de travailler dans la vie ducroyant. Je me souviens avoir découvertl’ampleur de la souveraineté de Dieu lorsd’un cours de doctrine à l’Institut Bibliquede Nogent-sur-Marne. Ce fut une révé-lation, une compréhension et une visiontoutes nouvelles du monde dans lequelje vivais. Cette découverte a eu unimpact profond dans ma relation avecle Seigneur. Même si l’on se forme envue d’un service dans l’Église, le premierfruit d’une formation se voit dans la viede l’étudiant.

Quelques mots au sujetdes différents modes deformation

Si l’impérieuse nécessité de se formerpour servir l’Église a été démontrée,

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disons encore quelques mots au sujet del’offre et des modes de formation.

À l’heure actuelle, il existe commejamais auparavant chez les Évangé-liques, une diversité de programmes deformations. Les institutions classiques(IBG, IBN, FLTE, etc.) ont significative-ment augmenté l’offre de formations. Àcette tendance s’en ajoute une autre :celle des unions d’Églises qui dévelop-pent leur propre programme de forma-tion (CFB ou REF pour les CAEF, parexemple) avec des ambitions plusmodestes que les instituts bibliques,mais plus facilement accessibles pour despersonnes en activité professionnelle.C’est un excellent contexte pour prendregoût à la formation.

Il existe principalement 3 modes deformation :

• La formation en groupe ou« formation résidentielle » : cycle à temps complet ou partiel eninstitut, formation en week-end ousemaine, cours du soir, etc. Si cetteformule présente des contraintesmatérielles (déplacement en un lieudonné, à un moment donné), elle al’avantage du contact direct avecl’enseignant et de l’émulation quegénère un groupe focalisé sur unemême problématique. L’acquisition dela connaissance et de la compétencerepose alors aussi sur les échanges quiexistent au sein du groupe : commedans un creuset, les arguments, lespensées, les exemples sont soumis aufeu de la critique (positive) des autresétudiants, véritable tremplin de pro-gression personnelle.

• La formation parcorrespondanceSon grand avantage, c’est que l’étu-diant avance à son rythme, mais

avec le risque de ne jamais terminerson parcours de formation. Pour desinstitutions telles que l’Institut Bibliquede Nogent-sur-Marne ou la FacultéLibre de Théologie Évangélique deVaux-sur-Seine, seul un tiers des étu-diants en moyenne arrive au terme duparcours de formation par corres-pondance. Cette manière de fairelimite également la possibilitéd’échanges avec l’enseignant.

• La formation en ligne sur internet (IBG online oue-learning avec l’IBN)Ce nouveau mode de formationconnaît un succès croissant. Il com-bine l’avantage de pouvoir se formerdepuis son domicile tout en étant inté-gré à un groupe (discussion en forum)et de bénéficier de l’accompagnementd’un formateur animateur. Un par-cours de formation en ligne s’étale surplusieurs semaines (6 à 8 en moyenne)ce qui oblige à un engagement de par-ticipation sur une durée relativementcourte.

Il y a un effort à fournir…Quel que soit le mode retenu, se for-

mer demande une discipline personnelle.Une des clés de la formation, c’est detrouver une formule compatible avec lescontingences de la vie de tous les jours.Un parcours de formation en lignenécessite en moyenne 8 heures de tra-vail par semaine. Pour bien réussir unepremière expérience, n’ayez pas les yeuxplus gros que le ventre. Il vaut mieuxcommencer modestement et aller au boutd’une première expérience, ce qui créerale désir de poursuivre avec une secondeétape de formation. C’est le début de laformation continue. Pour votre croissance,et pour celle de l’Église de Christ.

E.W.

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avait seulement suivi un cours de for-mation missionnaire. Il a maintenant« la conviction importante d’acquérirdes connaissances bibliques et théolo-giques pour exercer son ministère plus enprofondeur ». Quant à Sylvain, il voulaitlui aussi mieux remplir ses responsabili-tés d’ancien : « J’ai ressenti le besoin deme former pour la prédication et les ensei-gnements bibliques. J’ai trouvé la for-mation théologique passionnante. J’ai étéappelé au ministère pastoral en cours deroute. »

Le choix➤ Regarder leprofil de la for-mation

« J’ai prisconseil auprèsd’amis, de réfé-rents, expliqueSylvain. Tous, àl ’ unan im i t é ,m’ont recom-m a n d é d em’orienter versla fac, car je tire-ra i s p lus debénéfice d’unenseignement type fac que type institut.Je cherchais aussi une dominante exé-gétique ». De son côté, Catherine vientd’Angleterre et désire s’engager en France.« Cela me semblait alors logique, constate-t-elle, de me former en France. J’aichoisi l’IBN plutôt que l’IBG parce quej’avais déjà effectué un stage avec unemission et je cherchais une formation plusaxée sur la connaissance biblique. »Quant à Sam et Sara, ils se renseignentsur la confession de foi et le cursus del’IBG : « On a apprécié le côté stage et

l’aspect progressif : deux lieux successifs ».Pouvoir suivre les cours en couple étaitaussi un point important pour eux.➤ Question de réseau

« L’IBG ne nous était pas inconnu(congrès de Pâques, etc.) poursuit Sam.Et son réseau de partenaires constitue unepasserelle pour connaître des œuvres etdes gens. »

➤ Côté pratique

L’aspect pratique reste bien présent dansles discussions de David avec sonÉglise. Celle-ci lui accorde une dis-ponibilité pour valider une licencede théologie en 6 ans. « Pour monÉglise, souligne David, c’était plussimple que je mette 2 fois 2 semainesà part que du temps de côté chaquesemaine (même si j’en garde un peupour les cours à distance). »

Des défis ?➤ La vie communautaire : « C’estcomme un plus qui ne s’avère pastoujours facile, précise Catherine.On est confronté à soi-même et auxautres. On voit chacun au-delàdes apparences. Une autre diffi-culté : j’ai l’impression d’être dans

une bulle à l’institut. Et pourtant, on n’estpas coupé du monde. »

Pour Sylvain, ni vie communautaireni bulle. « Je venais au départ pourprendre des cours, se rappelle Sylvain.Dieu m’a alerté dès les premiers jours surle danger d’un manque de lien entreconnaissances et relations fraternelles. »

➤ Rythme familial

« Veiller à l’équilibre entre vie defamille, d’Église et les études reste un défi

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de chaque semaine », affirme Sylvain.Les déplacements de Sam (Angers/Genève) ont aussi un impact. Sarareconnaît que c’est un challenge d’ap-prendre à gérer les absences de son mari.

➤ Trouver sa voie« J’ai un tempérament assez généra-

liste, explique Sylvain. Le défi consistaitpour moi à discerner un projet person-nel dans le flot des infos et des cours. »

➤ Former sans formater ?

« Un certain formatage est inévitable,affirme Sylvain. Les ensei-gnants prennent des pré-cautions pour sauvegarderune bonne diversité, mais ilsdonnent néanmoins unedirection. À charge pour lesétudiants de retravailler cequi a été reçu. Pendant ledéroulement du cursus, cen’est pas facile de prendre durecul. Personnellement, je confronte lescours avec la réalité de l’Église locale. »

L’après-formation ?La question est déjà résolue pour

Sylvain et David. Pour Catherine, ellearrive en dernière année. « La prise dedécision n’est pas toujours facile, confie-t-elle. Toutefois, mon choix se limitait àun cadre donné, suite à mon expériencemissionnaire précédente. Aujourd’hui, jefais partie de cette mission. »

« Qu’est-ce que je fais de monmétier ? » se demande Sam en sortantde l’IBG. « Je devais choisir entre montravail d’infirmier scolaire, le pastorat etle ministère jeunesse, ajoute Sam. J’aibeaucoup appris au travers de mon acti-vité professionnelle. Aujourd’hui, jetrouve de la pertinence à continuer mon

travail séculier à temps partiel tout enm’engageant dans le ministère jeunesse. »

Formation courteou moyenne durée

Les CFB2

Commencer la formation par uncamp, certains jeunes de nos Églises enfont l’expérience. Et ils ont l’air d’yprendre goût puisqu’ils s’inscrivent ànouveau l’année suivante ou quelquetemps après. Côté Nord, Olivia Wickeret Adrien Fleurent ont participé au campDéfi-toi/CFB. Côté Sud, ValentinGimenez a non seulement suivi la tota-lité du parcours CFB1 et 2, mais aussila toute dernière nouveauté : le CFB+.

➤ Des camps pas comme les autres

« Le CFB, affirme Valentin, est unpoint de rendez-vous, de repères entrejeunes des CAEF. Au CFB1, on a créédes liens qui persistent. C’est une ému-lation. » Côté Nord, Olivia fait un constatanalogue : « Le CFB, c’est un moyen dese retrouver entre jeunes qui ont servi àSt-Lunaire pendant l’été. Et ce camparrive à un moment propice : c’était“reboostant”, ressourçant pour le débutde l’année universitaire. » Adrien, de soncôté, était surtout motivé par l’aspectcamp au début, mais « avec le temps, pré-cise-t-il, on a envie de connaître davan-tage Dieu et de se former. On prend plai-sir à suivre les cours. »

➤ Utile pour soi, mais aussi pour lesautres…

« Le CFB1, se souvient Valentin, je l’ai

2 Cycle de Formation Biblique

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La formationn’est passeulementthéorique. C’est aussi uneformation ducaractère.

Sylvain Lombet

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besoin de se former. « Quand on m’a pré-senté FormaPRÉ, déclare Patrick, cela amis un an de réflexion en moi. Aumême moment, j’avais la possibilité desuivre une formation professionnelle.Mais le Seigneur m’a montré d’entre-prendre plutôt cette formation spiri-tuelle. » De son côté, Alain s’engage àFormaPRÉ pendant un an. « Cela neconvenait pas à mes disponibilités, sou-ligne-t-il. Je n’arrivais pas à faire lesdevoirs, vu mes contraintes profession-nelles. À ce moment-là, l’IBN démarraitses cours du soir. J’ai fait toute mathéologie biblique en cours du soir à rai-son d’un ou deux modules par an sur15 années. J’ai ainsi pu concilier for-mation, travail séculier prenant, vie defamille et vie d’Église ». Quant à Alexia,les cours du CFB lui « ont donné enviede poursuivre la formation. J’ai entendubeaucoup de bien de l’IBG online,ajoute-t-elle. Je me suis dit : à 23 ans,célibataire, c’est le moment. »

Ce qu’ils ont reçu…« Une formation théologique solide,

affirme Alain. J’ai utilisé ces cours pourdes préparations de messages, d’étudesbibliques ainsi que dans ma charged’ancien ». Patrick fait le même constat :« Un acquis qui m’a beaucoup aidé. Jen’aurais pas lu de moi-même les livresconseillés. Et l’interactivité pendant lescours était pour moi très enrichissante. »Avec les CFB, l’IBG online, Alexia estimeque sa foi est « plus mature, plus cohé-rente avec ce que la Bible dit. »

Sans difficulté ?« Quatre week-ends par an pendant

5 ans, un devoir avant et après le cours,cela demandait de l’organisation, explique

Patrick. Je prenais des jours de congépour faire les devoirs. » Selon Alexia, ledéfi des cours online consiste à être dis-cipliné. « Quant au contact virtuel, il nereprésente pas un obstacle pour moi »,précise-t-elle. Elle soulève tout de mêmela question finances : « Se former, celacoûte (149 euros le cours). » Un choixqu’Alexia ne regrette pas : « J’ai trouvé laformation passionnante. Le premiercours m’a tellement enrichie que j’aivoulu faire le suivant. »

Le mot de la fin

Quel que soit l’âge ou la formationchoisie, l’envie de mieux connaître Dieuet sa Parole se retrouve chez tous. La plu-part ressentent aussi le besoin de se for-mer, surtout s’ils sont déjà impliqués dansun service. Ce sont d’ailleurs ses res-ponsabilités d’Église qui donnent àSylvain L. « de pouvoir articuler théo-rie et pratique. » Le côté pratique… unaspect incontournable qui se vit tantôtavant, tantôt après ou pendant. Et biense renseigner sur le cursus de la forma-tion, ce n’est pas un luxe ! Car, selon leprofil personnel, une formation ou uneautre sera plus adaptée.

« Une année à part pour se former,c’est un investissement à très long terme,assure Sam. C’est toute ta vie qui estimpactée par ce que tu peux apprendre. »Et maintenant que la page institut esttournée, Sam veut « être dans unelogique de formation continue. » Un peucomme Alain qui se décrit tel « un éter-nel étudiant ». Soif de découvrir, de com-prendre, envie de mieux connaître Dieu,fraîcheur et humilité d’un cœur quidésire encore apprendre : que Dieunous garde dans de telles dispositions.

MC.F.

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Changement par répétition,renforcement et conditionne-ment

On a coutume de définir l’ap-prentissage comme l’acquisitiond’un nouveau savoir-faire. Cettedéfinition est appliquée aux phé-nomènes de conditionnement,aux modifications sensori-motrices,à l’acquisition de connaissances età de nombreux phénomènes rele-vant de la perception, des pro-cessus intellectuels ou de la moti-vation. Cette approche correspondà une théorie unitaire de l’ap-prentissage qui repose sur des loisau centre desquelles se trouventcelles de la répétition, du renfor-cement, de la contiguïté des stimuli,

ou des réponses et de leurs effets.

Modifications synaptiques

Les faits n’ont pas confirmél’importance accordée à cesconceptions béhavioristes de type« s t imu lus - réponse » . L esapproches cognitivistes avec lesnotions d’encodage, de stockage,de traitement et de rappel de l’in-formation ont mis en lumière unesérie de phénomènes mnémo-niques : la notion de mémoire estpréférée à celle d’apprentissagepour la plupart des phénomènestouchant à la cognition. Les neu-rosciences situent l’enjeu principalde l’apprentissage autour deschangements synaptiques.

SE FORMER

AGNÈS LAUCHER1

Les mécanismes psychologiquesde l’apprentissage

1 Agnès LAUCHER, après avoir exercé comme infirmière puéricultrice et professeur des écoles, s’estspécialisée dans l’accompagnement psychologique. Titulaire d’une Licence de sciences sanitaireset sociales et d’un Master de psychologie du développement et de l’éducation, elle est aujourd’huipsychologue ainsi qu’enseignante et formatrice à l’Éducation Nationale.

Comment définir l’apprentissage ?Du conditionnement au traitement cognitif de

l’information

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Fixer les objectifs de l’étude

La rétention et la compréhensionsont améliorées lorsque les objectifs del’étude sont présentés. Avant l’appren-tissage, l’explicitation des objectifs intro-duit des questions qui orientent l’étude.La Parole de Dieu, elle-même, s’inscritdans un objectif précis : présenter le pro-jet de Dieu pour l’humanité. Des activi-tés comme faire un résumé ou prendredes notes sont des facilitateurs pour lagestion de l’information et l’utilisation desconnaissances.

Considérer les erreurs concep-tuelles

Traiter les assimilations mentales erro-nées favorise soit un changement deparadigme chez l’apprenant, soit lesmoqueries ou les rejets si l’auditeur estendurci. À Athènes, lorsque Paul relatela résurrection des morts de telles réac-tions sont décrites (Ac 17.32-33).

Les neurosciences montrent que,pour adhérer à un nouveau raisonnementconceptuel, le cerveau doit d’abordconsidérer que sa manière d’envisagerle concept n’est pas valide ou du moins,qu’il y a des arguments contre. C’est laprésence de l’Esprit de Dieu, et non laforce de persuasion du prédicateur, quiva permettre d’accepter les erreurs de rai-sonnement et de modifier les para-digmes selon la pensée de Dieu. Lescontre-exemples sont susceptibles demettre en évidence la non-validité de cer-tains présupposés comme le fait Pierre

en réfutant la circoncision pour les non-Juifs en Actes 15. L’homme spirituelperçoit les problèmes avec le regard deDieu. Ces nouvelles informations devien-draient folies pour l’homme naturel.Dans l’Église, nous pouvons envisagerla formation sur un thème précis aprèsavoir discuté des croyances, erronées ounon, des auditeurs. Le remue-méninges’avère utile pour recueillir les informa-tions d’un groupe. Reprendre ses pré-supposés culturel, personnel, cognitif,affectif et évaluatif est une condition nonseulement pour travailler les faussescroyances sur Dieu, le monde et soi, maisaussi pour une intégration plus cohérentedes différents concepts bibliques lors del’enseignement formel.

Utiliser des exemples

L’apprenant doit être convaincu de lacohérence intellectuelle des nouvellesconnaissances, de leur pertinence cul-turelle par rapport à ses besoins per-sonnels et de la démonstration de la cré-dibilité rationnelle et historique de Dieu,de Jésus-Christ et du monde, avant dedécider d’intégrer de nouveaux schémasde connaissance. Pour arriver à ce genrede changement, il a été démontré qu’ilest rare qu’un individu puisse construireune nouvelle notion sur la seule base denotions connues sans passer par desexemples, à moins d’être déjà expert dansle domaine envisagé. La signification d’unconcept englobe donc les situations,des exemples concrets, auxquels il s’ap-plique. L’exemple n’est pas seulement une

Comment apprenons-nous ?Différents objectifs sont envisagés en vue d’un apprentissage adapté au

fonctionnement cognitif

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illustration. Il est une particularisation, unedémonstration, fondant le contenu abs-trait. Ces exemples donnent du sens.Jésus utilisait des exemples sous formede paraboles pour exposer des réalitésspirituelles. La compréhension de l’idéegénérale est facilitée. Précéder les énon-cés généraux par ces particularisationspermet d’établir les connexions néces-saires avec les concepts existants. Les par-ticularisations devraient conduire auxbonnes généralisations à mémoriser.

Intégrer les schémas sémantiquesdans la mémoire

La mémoire est une fonction duvivant. Les connaissances antérieures enmémoire constituent un cadre assimila-teur pour les informations nouvelles.L’apprentissage consiste à intégrer lesinformations nouvelles aux schémas deconnaissance existants en les enrichissant,les réajustant ou les restructurant. De nou-veaux schémas sémantiques sont créés.Lorsque Paul a prêché à Antioche(Ac 13.16-43), les connaissances histo-riques des auditeurs et les différentstémoignages des prophètes constituaientla base de son argumentation. Pourexpliquer le concept du pardon despéchés, Paul fait référence aux limites dela Loi de Moïse (Ac 13.38-39).

Quelles différencesindividuelles ?

Il s’agit de considérer dans un appren-tissage l’ensemble des notions qui consti-tuent un champ conceptuel tout entenant compte chez les auditeurs des dif-férences dans le contenu de leurs sché-mas sémantiques. Or, il ne s’agit pas seu-

lement d’évaluer les différences auniveau des connaissances proprementdites, mais de tenir compte des différencesculturelles et personnelles dans le trai-tement de l’information de chacun.Hannes Wiher décrit trois facteurs influantsur le traitement de l’information : lavision du monde de l’apprenant, sonorientation de la conscience (honte ouculpabilité) et sa manière de s’inscriredans le temps et l’espace.

Conclusion

La formation dans l’Église vise deschangements cognitifs des uns et desautres afin de tendre à une connaissanceplus juste de la pensée de Christ. Ce sontles bases d’un fondement solide pour unengagement cultuel et intellectuel. Selon1 Corinthiens 2, en laissant la possibi-lité à l’apprenant d’utiliser sa réflexion et,en tant que formateur, en étant conscientde l’enjeu de l’herméneutique, la connais-sance devient tout à la fois plus réalisteet critique. Avec la conviction que Dieuœuvre en son temps sur les croyanceset la façon de penser de chacun, en pros-crivant des études les jugements et lesinjonctions, la liberté de chacun etl’œuvre du Saint-Esprit vont pouvoir sedéployer. Toutes ces mesures contri-buent à limiter les techniques de mani-pulation et les abus d’autorité.

Le Saint-Esprit va interroger lesconsciences d’un point de vue cognitif,affectif et éthique. Suis-je un chrétien fran-çais ou un Français chrétien ? L’identitébiblique va-t-elle prévaloir sur mon iden-tité culturelle et personnelle ?

A.L.

SE FORMER

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Le réflexe est souvent de taper le mot quinous intéresse sur Google et on tombesur toutes sortes d’articles. Parmi les pre-

mières réponses, on arrive régulièrementsur Wikipédia. Même si j’ai eu l’occasion departiciper à la rédaction de quelques articlesbibliques ou historiques sur cette immensebanque de données, je sais que les infor-mations ne sont pas toujours fiables. Doncprécaution.

On peut aussi aboutir à des sites internetque nous avons du mal à identifier, parfoisgérés par les Témoins de Jéhovah, ou par-fois évangéliques « très bizarres », peu fidèlesau message biblique.

À la recherche de prédications audio ouvidéo, on arrive souvent sur YouTube. Làaussi, le meilleur et le pire se côtoient. J’y aientendu par exemple un pseudo pasteur dema région prêcher que la Trinité était dia-bolique (!)

Beaucoup de chrétiens évangéliques s’in-forment et se ressourcent auprès duTopchrétien, d’Enseigne-moi.com oud’Actualités-chrétiennes. Ces sites n’ont riend’institutionnel, et, même, ils se permettentparfois d’être très critiques sur les différentes

institutions évangéliques (surtout le3e). On y trouve évidemment debonnes choses, mais parfois lesformes charismatiques un peuextrêmes y sont encouragées.« L’Évangile de prospérité » s’y entendassez régulièrement, promettant d’im-menses bénédictions, la guérison detoutes les maladies, souvent avec l’in-

vitation d’envoyer de belles sommes d’argent(en tout cas dans les Églises où sont prêchésces enseignements).

Parmi les prédicateurs à grand succès, ony trouve Charles STANLEY, que je recommandesans problème, Rick WARREN, que je recom-mande aussi en partie, Joyce MEYER, que jerecommande avec précaution à cause,notamment, de son train de vie de star…

Comment discerner ?Il y a peu de raccourcis. Je pense qu’il faut

se donner les moyens de s’ancrer dans laParole de Dieu et la saine doctrine tout enpersévérant dans une vie d’Église. La lecturerégulière de la Bible, mais aussi de quelquesbons commentaires basiques que l’on peuttrouver par exemple dans une Bible d’étudecomme celle du Semeur ou Vie nouvelle serautile. De bons livres de doctrine comme lePrécis de Jules-Marcel NICOLE, ou AlainNISUS, Pour une foi réfléchie, ou la Théologiesystématique de Wayne GRUDEM aiguise-ront notre discernement.

Dans notre courant théologique, on peutrecommander le site de notre revue, avec descentaines d’articles sur www.servir.caef.net,ou du Réseau FEF, et aussi unpoisson-dansle.net, koina.org… Voir aussi les richesressources de la Faculté Libre de ThéologieÉ v a n g é l i q u e d e Va u x - s u r - S e i n e(flte.fr/DocNew), ou de la fac d’Aix (lare-vuereformee.net). Pour les jeunes, le siteRebellution ou Ta Jeunesse…Bon surf, mais avec précaution !

R.K.

On pourrait écrire des volumes entiers à propos des ressources bibliquesdisponibles sur internet, déjà abondantes en français, peut-être mille fois plusimportantes pour ceux qui lisent l’anglais.

REYNALD

KOZYCKI

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AutodidactesPrécautions pour les ressources internet

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Jusqu’à quel point pouvons-nouset devons-nous essayer d’imiterJésus ?

Sa mission d’éducateur, Jésus l’a remplie dansun autre siècle, en Orient : le contexte culturel desa pédagogie peut-il se comparer au nôtre ?

Jésus était lui-même une personnalité hors ducommun (même sur un plan humain : autorité, diver-sité de ses talents). Il était le Messie, le Fils éternelvenu en chair.

Ce sont des apôtres, cofondateurs de l’Église qu’ila formés.

Peut-on transposer ? Pouvons-nous comparer lesjeunes que nous avons à former aux apôtres(adultes) ?

Il n’est pas question de copier servilement Jésus.Cependant, malgré la distance entre lui et nous,

divinement et humainement, il nous est commandéde suivre son exemple. En dépit de sa dignité exclu-

La plus grande part du

« jour » que Jésus a passé

sur la terre avant sa

« passion », il l’a consacrée

à former ses disciples.

Quelle a été sa pédagogie ?

Ce n’est pas par simple

curiosité que nous nous

posons cette question. Nous

espérons pouvoir appliquer

quelques-uns de ses

principes et de ses

méthodes aujourd’hui.

SE FORMER

RÉSUMÉ FAIT PAR

MARCEL REUTENAUER

SUR LA BASE DE NOTES

PRISES LORS D’UN

EXPOSÉ D’HENRI

BLOCHER (1974)

Jésus éducateur1

1 Article paru dans le « Bulletin des chefs » no 21 du Mouvement desFlambeaux – 2 rue des Magasins – 67000 Strasbourg. Reproduit avecautorisation.2 Jn 13.15

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sive, du rôle unique que Jésus a joué,il nous dit : Je vous ai donné unexemple2. Il y a donc une analogienécessaire entre notre comportementet celui de Jésus. Le domaine de la péda-gogie n’est pas un domaine à part.

Contre le relativisme culturel prônéactuellement, nous devons soulignerque la vision biblique de l’hommeconduit à dire que les différences cultu-relles sont assez minimes entre la situa-tion de Jésus, sa pédagogie et la nôtre.

Ces différences pèsent d’un certainpoids. La tendance autour de nous estde dire qu’il n’y a plus de point communentre deux cultures très éloignées, deuxsituations historiques très différentes.

Mais ce n’est pas l’essentiel qui estatteint. Nous risquons tous d’être influen-cés par un relativisme culturel dangereuxqui néglige les grands thèmes bibliquesde l’unité de l’Histoire et d’une naturehumaine déterminée par des faits méta-historiques de création divine et depéché qui enveloppent toute l’humanité.

Même ce qui a été contingent, cou-leur locale, dans la vie de Jésus, a étécalculé par Dieu pour que la vie de Jésusreste exemplaire pour nous et pour tousles siècles. Cela fait partie du concept deplénitude des temps3. Dieu a choisi celieu particulier, ce temps particulier, cescaractéristiques circonstancielles parti-culières pour que la valeur d’exemplepour tous les temps et tous les lieux nesoit pas entamée.

Nous prenons un risque herméneu-tique en cherchant à distinguer ce qui estessentiel, correspondant à la nature del’homme, aux principes constants de l’ac-tion de Dieu parmi les hommes, et ce quiest lié au temps et aux circonstances etque nous ne puissions pas reproduire.Nous avons à discerner nous-mêmes ce

qui est essentiel, normatif pour nous, etce que nous pourrions modifier selon nospropres circonstances. Ce risque estlimité par le fait que nous n’avons passeulement les données sur Jésus et surl’éducation de Jésus, mais que nousavons toute la Bible. Nous ne sommespas simplement appelés à l’imitationde Jésus-Christ, mais instruits par unerévélation qui s’est étendue sur dessiècles, avec des situations différentes, despersonnalités diverses humainement. Sinous prenions chez Jésus quelque chosequ’on ne retrouve absolument pas chezPaul ou chez Moïse pour en faire une loiabsolue et rigide, nous irions contre ceprincipe d’une correction, d’un balan-cement, par le reste de l’Écriture.

Jésus a usé d’unepédagogie

Jésus a choisi le statut de maître4,entouré de ses disciples. C’est l’état dupédagogue. Il ne s’est pas contenté derévéler fidèlement ce qu’il avait entenduauprès du Père ; il s’est intensément inté-ressé à l’assimilation de cette vérité parses disciples. Il n’y a pas seulementveillé de façon spontanée ; il y a réflé-chi, il a mis en œuvre une tactique déli-bérée.

Jésus n’a pas laissé d’exposé de sapédagogie, mais seulement un théo-rème pédagogique qui définit la finalitéde l’éducation telle que la concevaitJésus : Tout disciple accompli seracomme son maître5.

3 Ga 4.4 Lorsque les temps furent accomplis…4 Jésus n’est pas appelé « pédagogue » (paidagogos). C’est la loi quiest appelée « pédagogue ». Ce mot n’avait pas le même sens qu’au-jourd’hui. Le pédagogue, c’était l’esclave qui menait les enfants à l’école,pas le formateur.5 Lc 6.40

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Les rabbins affirmaient à peu près lamême chose. Ils préservaient l’exactitudede la retransmission traditionnelle : quele disciple soit capable de répéter aussibien que le maître ce qui était à trans-mettre. Jésus aussi fait apprendre parcœur des choses à ses disciples pour qu’ilssoient capables de restituer sans aucunedéformation ce qu’il leur a appris. Maisil ne s’agit pas seulement d’un ensei-gnement assimilé par le disciple, il s’agitd’une assimilation du disciple à Jésus-Christ, au maître. Il s’agit d’une asso-ciation à l’œuvre de Jésus-Christ. Celuiqui reçoit celui que j’aurai envoyé mereçoit et celui qui me reçoit, reçoit aussicelui qui m’a envoyé 6 suggère qu’il n’ya pas que la retransmission d’un ensei-gnement, mais aussi l’association à toutela mission de Jésus-Christ.

L’assimilation à Jésus-Christ est lafinalité pédagogique de l’éducation chré-tienne sans qu’il s’agisse toutefois d’uncoulage dans un même moule.

Comment Jésus aboutit-ilà cette finalité ?

Cadre1. Vie communautaire

Jésus a choisi de former une celluleunique, économique, presque familiale.Jésus a choisi les douze pour qu’ilssoient avec lui (Mc 3.14). Dans lesActes, les apôtres sont ceux qui ont étéavec Jésus.

Dans l’Histoire universelle, le choix dela vie communautaire comme cadre estassez courant. Notre Occident fait excep-tion. Dans beaucoup de cultures, lemaître s’attache à ses disciples et vit aveceux.

Nous ne devons pas copier servilement,mais remarquer que cette formule a degrands avantages pédagogiques. Deux outrois jours de vie en commun ont un grandimpact sur notre mentalité. Dans lesfacultés, instituts, mais aussi camps, colo-nies… cet aspect est fondamental.

2. Jésus a choisi une vie commu-nautaire structuréeLes relations à l’intérieur du groupe

des douze sont presque hiérarchiques. Lestatut de Jésus est bien défini, il y a lerespect à son égard : Vous m’appelezmaître et Seigneur, et vous dites bien carje le suis (Jn 13.13). La portée du faitque Jésus lave les pieds de ses disciplesnous montre que ce n’est pas lui qui lefaisait habituellement. Jésus gardait unesorte de distance entre lui et ses disciples :ses disciples craignaient de l’interroger,parfois ils n’osent pas lui répondre.

3. Des études montrent que Jésusa donné une structure au groupelui-mêmeIl en choisit douze et en fait trois qua-

tuors. En comparant les listes des apôtresdonnées par les divers évangiles, on lesretrouve dans des ordres différents, maistoujours par groupes de quatre, lesmêmes quatre, avec le même premier. Ily avait donc trois groupes de quatre avectrois chefs : Pierre, Philippe et Jacques,fils d’Alphée. Il y avait aussi un trésorier.

4. Jésus prend grand soin desdétails matérielsPar exemple :• Lorsqu’il envoie les douze en mis-

sion, il leur dit tout : quoi empor-ter, quoi faire, etc.

SE FORMER

6 Jn 13.20

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• Il prend soin de leur état physique :Reposez-vous un peu (Mc 6.31).

• Lors de la multiplication des pains,il organise la foule, veille à ne paslaisser perdre les restes, etc.

5. Jésus organise la vie du groupeavec beaucoup de fermeté, maissans rigiditéLes apôtres n’ont pas l’air déperson-

nalisés par un règlement trop détaillé.Quand on pense à l’autorité personnellede Jésus, à cause de la supériorité fan-tastique de sa pensée, de sa pénétration,des miracles qu’il faisait, il est étrange etbouleversant que les apôtres aient été silibres. Leurs questions, leurs reproches àJésus, l’attitude de Pierre dans Jean 13,etc., montrent que les apôtres n’étaientpas étouffés ni écrasés par l’organisation,ni par la personne même de Jésus, ni parson autorité. Cette proximité quotidiennen’a pas non plus été décourageante.

Ambiance1. La liberté des disciples s’ex-

plique par la liberté de JésusJésus vit humainement avec ses

proches, il n’est pas enfermé dans sonpersonnage de maître ou de Messie. Ils’exprime avec naturel, sans fausse rete-nue : il jubile, s’exalte (Lc 10.18), tres-saille de joie en lui-même (Lc 10.21).Jésus n’hésite pas à exprimer sa joie ousa tristesse : il est admiratif (Mt 8.10 ;Lc 7.9), spontanément. Sa liberté a eubeaucoup d’influence sur le groupe et acontribué à cette ambiance de liberté.

2. Le rapport de Jésus aux dis-ciples est personnel, personna-lisé avec chacunExemples :

• Don de surnom à plusieurs.• Il ne craint pas d’être accusé de favo-

ritisme. Il en choisit trois (Pierre,Jacques et Jean) pour quelquesmoments privilégiés (transfigura-tion, Gethsémané). L’ambiance étaittelle que les autres ne se sont passentis lésés.

• Jésus fait alterner félicitations etblâmes (Mt 16.15-23) et n’hésite pasà employer un langage très fort dansles deux sens.

3. Quand Jésus félicite, ce n’estjamais flatteusementÀ Pierre, il dit : ce n’est pas la chair

et le sang qui t’ont révélé cela, mais monPère…, et non ton intelligence person-nelle. Jésus remet les choses en place.Ou ne vous réjouissez pas de ce que lesdémons vous soient soumis en monnom, mais plutôt de ce que vos nomssoient inscrits dans le royaume des cieux(Lc 10.20).

4. Quand Jésus fait des reproches,il n’écrase pasMatthieu 20.20ss, Jésus n’écrase pas

les frères, mais donne un enseignementà tous.

5. Jésus fait alterner les avertisse-ments et les promessesOn vous traînera devant les tribunaux

(Mc 13.9) et ailleurs : Ne crains pas(Lc 12.4, 7).

Principes pédagogiques1. Jésus veut inculquer la vérité

Priorité : vérité-commandement àmettre en pratique. (Si vous savez ceschoses, heureux êtes-vous si vous les pra-

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tiquez… sachant cela, si vous le faites…Jean 13). Priorité de la vérité. Jésus n’hé-site pas à l’inculquer aux disciples avantmême qu’ils soient capables de la com-prendre. Jésus leur apprend des chosesen leur disant : « Vous comprendrez plustard ». Par exemple, pour le sens du lave-ment des pieds, Jésus dit à Pierre : Tune peux pas le comprendre pour lemoment. Dans Jean 16, Jésus dit aussiqu’il a mesuré les révélations qu’il a dûfaire selon la faculté qu’avaient ses dis-ciples de supporter ces choses.

Jésus inculque la vérité d’une manièreprogressive, qui anticipe un peu sur lafaculté de compréhension de ses dis-ciples ; il calcule ses doses ; il ne noie pasles disciples dans une masse de chosesincohérentes pour eux. Là, nous voyonsque Jésus a une pédagogie très délibé-rée ; il a usé de progressivité. Exemple :Il commença à leur dire qu’il fallait quele Fils de l’homme…

2. La réception de l’enseignementpar les disciples doit être laplus active possible, même dèsavant la mise en pratiqueLe fait de recevoir l’enseignement de

Jésus ne peut être une simple inertie pas-sive (comme le buvard recevant l’encre),mais doit être une mise en cause per-sonnelle très marquée.

Jésus a toujours tenu à ce que les per-

sonnes qu’il avait en face de lui, les dis-ciples éventuels à former, marquentleurs dispositions personnelles à recevoirce qu’il voulait leur donner. Ils reçoiventen s’impliquant. Jésus se tait quand sesinterlocuteurs sont mal disposés. Il ren-voie constamment ses auditeurs et ses dis-ciples à leurs problèmes personnels, à leurpropre situation devant la vérité7. Et vous,qui dites-vous que je suis ? Efforcez-vousd’entrer…

Jésus cherche à susciter des résolu-tions, des engagements fermes, corres-pondant à un combat intérieur, à une vic-toire sur soi. C’est pourquoi il se montresouvent si intransigeant envers ceux quisont bien disposés – aucune concession,aucun compromis… – Les renards ontdes tanières, les oiseaux du ciel ont desnids… Paroles terribles de Jésus qui sem-blent faites pour décourager les dis-ciples, mais qui les amènent à une déci-sion où ils se jettent tout entiereux-mêmes. Autre exemple, fin deJean 6 : Et vous, ne voulez-vous pas aussivous en allez ?

Mais Jésus agit avec souplesse, selonles individus. La diversité de sesapproches est remarquable : Parfois ilsemble décourager, renvoyer presque ;parfois il se montre interventionniste, ilplonge au plus vif de la vie personnellede ceux à qui il s’adresse : Toi, suis-moi– Laisse les morts ensevelir leurs morts.Jésus harponne, saisit.

3. Jésus mobilise toutes les res-sources de la personnalitéIl suscite l’intelligence, mais jamais

séparément. Il ne joue pas sur les émo-tions ni sur la volonté comme séparées.

SE FORMER

7 À comparer avec la pédagogie de Socrate : « Connais-toi toi-même ».

GROUPE

DE MAISON

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Il fait appel à toute la personnalité. Il lefait grâce à la mobilité extrême de sonstyle.

Clément d’Alexandrie : « Le Sauveur,pour sauver l’homme, emploie tous lesaccents et varie à l’infini son langage.Tantôt il menace et il avertit, tantôt il s’in-digne, tantôt sa pitié se répand sur tousavec larmes ».

Techniques pédagogiquesJésus a partiellement employé les

techniques des rabbins de son temps, quiprivilégiaient la mémoire, et qui utilisaientla répétition, ainsi que d’autres moyensmnémotechniques (Revue Réforméeno 2 de 1963 – B. Gerhardson, « Mémoireet manuscrit »).

(Technique au service du premierprincipe pédagogique : Assimiler unevérité.)

1. Multiplication des parabolesAucun autre pédagogue n’a jamais usé

d’autant de paraboles.• La parabole voile la vérité pour ceux

du dehors malgré sa transparenceapparente. Jésus dit : Pour ceux dudehors, tout se passe en paraboles ;à vous, il est donné de connaître lemystère du royaume des cieux.« Tout se passe en paraboles » = toutreste énigmatique. À cause du carac-tère indirect de la parabole, donc enparlant de façon indirecte, Jésuslaisse de côté ceux qui ne veulentpas s’impliquer personnellement.(Technique au service du deuxièmeprincipe pédagogique : Celui quiveut comprendre est obligé de faireun pas de plus vers Jésus.)

• La parabole a parfois un rôle séduc-teur. Ceux qui sont bien disposés,

elle les attire vers Jésus. Si on estbien disposé, on écoute avec plai-sir, puis on essaye de comprendre,et enfin on choisit d’agir ou non enconséquence. (Exemple : Parabolede Nathan à David – Tu es cethomme-là !)

• La parabole aide la mémoire en favo-risant l’imagination. Le rôle de l’ima-gination dans la vie intérieure est capi-tal (thème qui serait à creuser). QueJésus ait tellement misé sur l’imagi-nation montre que la psychologie estune psychologie holistique, non pasatomistique ; elle considère la vie inté-rieure dans sa diversité.L’imagination est le liant qui met l’af-fectivité dans l’intelligence et réci-proquement. L’imagination prépareaussi les voies de l’action. Elle ins-crit la vérité en nous et fera que nousréagirons selon cette vérité.L’imagination et la parabole per-mettent aussi parfois le grain d’hu-mour qui détend la situation (cf. lelivre de R. Voeltzel « Le rire duSeigneur »). (Une étude approfon-die serait intéressante.) L’humourpermet aussi de percevoir les dis-proportions. Il permet aussi de se voirdans ce qu’on a de ridicule soi-même.

• La parabole présuppose uneconception du monde déterminée,des correspondances entre le visibleet l’invisible, entre le corporel et lespirituel. Un seul monde de Dieu,avec des résonances, des harmo-niques, des correspondancesdiverses.

2. « Opportunisme » quant au choixdes manièresDans le choix du sujet de ce que Jésus

a à dire, et dans la manière de le trai-

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ter, il a tenu compte de ses auditeurs.Jésus tient compte des circonstancesdans lesquelles il donne un enseignement.

Exemples :• Jean 13, ils avaient sans doute pris

le bain rituel de la Pâque. Le painet le vin faisaient aussi partie desrites.

• Matthieu 18, c’est une leçon pra-tique.

Jésus voulait souder la vérité à ensei-gner à la vie, de façon à faire renaître l’at-tention.

3. Effort systématique pour frapperJésus utilise beaucoup de figures de

style : antithèses, paradoxes, hyperboles,etc. Quelquefois Jésus va jusqu’à une miseen scène pour frapper, jusqu’à un com-portement qui peut paraître étrange.

Exemples :• Dans sa manière d’éprouver Philippe

(Jn 6.5) au moment de la multipli-cation des pains.

• Par sa dureté à l’égard de la femmesyro-phénicienne (Mt 15.21-28).Que Jésus réponde comme cela àcette femme dans la détresse nousmontre bien que c’est un procédépédagogique qu’il emploie. Il veutamener cette femme à se dépasserpar cet acte d’humilité et de foi oùelle accepte d’être appelée « chien »,et où elle s’accroche à Jésus.

• Envers Pierre marchant sur les eaux.Jésus le laisse, comme Pierre ledemande, marcher sur les eaux,mais il le laisse s’enfoncer aussi etle rattrape au dernier moment.Jésus a voulu marquer Pierre.

Voeltzel parle dans un de ses livres de« la duplicité nécessaire de l’éduca-teur », mot un peu fort, mais qui souligneque l’éducateur a des plans à longue

échéance, qu’il en sait beaucoup plus etqu’il doit dissimuler à son élève le sensmême de sa conduite.

Jésus considère l’inertie, la distraction,comme le grand ennemi chez ses dis-ciples. Sa pédagogie vise à réveillerchacun. Pour cela il use des paraboles,des choses agréables à écouter, mais aussides chocs qui secouent l’individu, desmises à l’épreuve. Il s’agit toujours deconduire le disciple plus loin, au-delà deses limites perçues. Grâce à l’assimila-tion progressive d’une vérité, Jésusdonne la force à son disciple de dépas-ser tout ce que sa chair lui permettra defaire. Il le conduit à des crises pour qu’ilfranchisse un pas de plus aboutissant àl’affermissement de ce disciple.

Je reconnais que j’extrapole un peu àpartir d’un seul cas très clair, celui de Pierre.C’est l’éducation de Pierre qui nous estdécrite avec le plus de détails dans leNouveau Testament. Jésus s’occupe spé-cialement de Pierre et le conduit assez loinpar ses avertissements, par le don d’unsurnom, etc., pour que Pierre, mis àl’épreuve finalement soit capable, non sanspleurs amers, d’aller plus loin, de sur-monter victorieusement l’épreuve aubout du compte, allant au-delà de ce vieuxSimon qu’il était. L’épreuve ne lui est pasépargnée. Jésus le laisse étonnammentconnaître cette épreuve, mais il lui ditaussi : J’ai prié pour toi ; Jésus l’a portédans la prière. Après le « nettoyage » par-fait que Jésus opère – « m’aimes-tu ? »répété trois fois en rappel des trois renie-ments –, Pierre pourra repartir vraimentaffermi et affermir ses frères.

Dernière réflexion : On peut dire quela pédagogie de Jésus avec les siens, telleque les évangiles nous la font connaître,reflète étonnamment celle de Dieu avecson peuple tout au long de l’Histoire.

SE FORMER

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L’Église – l’expérience ne cessede nous le rappeler – a besoinde responsables capables et

formés dans bien des domaines :l’encadrement des enfants et desjeunes, la diaconie, la musique, lebricolage et l’entretien des locaux,la gestion, les questions juridiques,les relations avec les autorités, etc.Un domaine, cependant, primedans l’Écriture : l’annonce et l’en-seignement de la Parole. En effet,seuls les ministères de la Parolesont toujours nommés dans les listesdes « charismes » mentionnés enRomains 12, 1 Corinthiens 12,Éphésiens 4 et 1 Pierre 41, seuls cesministères sont indiqués au moyendu titre des « ministres » (« servi-teurs ») qui les exercent (« apôtres,prophètes, évangélistes, pasteurs etenseignants ») et 1 Corinthiens 12établit une hiérarchie entre cesministères et les autres charismes :

Dieu a placé dans l’Église premiè-rement des apôtres, deuxièmementdes prophètes, troisièmement desenseignants ; ensuite il y a desmiracles, ensuite des dons de gué-rison… (v. 28)

Il n’est donc pas étonnant que laformation de ses cadres ait toujoursété une préoccupation majeure del’Église : Ce que tu as entendu demoi en présence de beaucoup detémoins, confie-le à des gens dignesde confiance qui seront capables, àleur tour, de l’enseigner à d’autres(2 Tm 2.2). De nos jours, l’Église meten œuvre cette formation de biendes manières : séminaires de for-mation, formation continue (ITEA,enseignement ou cours à distance,e-learning, etc.), formation intensive(par exemple, FLTE), apprentissage

JACQUES

BUCHHOLD

1 Rm 12.3-8 ; 1 Co 12.4-11, 27-31 ; Ép 4.11 ;1 P 4.10-11.

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La formation:

modèle

ou « coaching » ?

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(avec un pasteur formateur comme, parex., dans les Églises ADD ou les CFRI),formation en alternance (par ex. IBG),formation plus classique agrémentée destages en institut biblique (IBN, Emmaüs)ou en faculté de théologie (FLTE, FJC)2.

Toutes ces filières d’enseignementont leur valeur et leur rôle à jouer dansla formation des cadres de l’Église. Ledanger, cependant, serait de lesconfondre. La formation devrait êtresubordonnée au ministère visé. Un stagede secourisme ne remplace pas uneformation d’infirmière, et une infirmièren’est pas un médecin, et, parmi lesmédecins, il y a les généralistes et les spé-cialistes ! Ou, pour reprendre les parolesde l’apôtre Paul, il ne suffit pas d’être« digne de confiance » ou « fidèle » pour« enseigner à d’autres » : il faut aussi enêtre « capable » ! La consécration ne rem-place pas la compétence, et la compé-tence s’acquiert par l’étude et l’expé-rience. Or, l’acquisition d’une vraiecompétence exige du temps et desefforts.

Jésus-Christ, l’homme-Dieu, n’a-t-il pasété « formé » pendant une trentaine d’an-nées avant de commencer son ministère(cf. Lc 3.23) ? Or, à douze ans, déjà, ilavait consciemment commencé sa for-mation en discutant avec les ensei-gnants du Temple et en se consacrant auxaffaires de son Père pour « grandir ensagesse, en stature et en grâce auprès deDieu et des humains » (2.46-47, 49, 52).Entre la conversion de Paul, en Actes 9,et sa venue à Antioche de Syrie, enActes 11.25-26, il s’est écoulé unedizaine d’années. En 1 Timothée 4.12,douze ou treize ans après l’avoir recruté(Ac 16.1-3), Paul peut encore écrire àTimothée : Que personne ne méprise ta

jeunesse. Le culte de l’efficacité nouspousse à chercher des raccourcis dansla formation et, en particulier, à négligerl’étude rigoureuse de la théologie.Certains feraient presque passer laparesse pour un fruit de l’Esprit…

La « mode », à l’heure actuelle, est àl’accompagnement en matière de spiri-tualité et au coaching en matière deministère. Certes, les mots n’ont de sensque dans un contexte, et il est desemplois de ces mots, dans lesquels ils sontsynonymes des notions bibliques deconseil ou d’encouragement. La relationpersonnelle est, en effet, une dimensionincontournable de la formation spirituelleou ministérielle. Il suffit de considérer lapratique « rabbinique » de Jésus ou lefonctionnement de l’équipe mission-naire de l’apôtre Paul pour s’enconvaincre, et malheur à ceux qui pen-sent que la formation ne se donne quedu haut de la chaire ou de l’estrade.

Cependant, je l’avoue, l’insistancecontemporaine sur l’accompagnement etle coaching me met mal à l’aise, car ilme semble que l’accent scripturaireporte sur la notion de modèle et d’imi-tation. Les textes sont nombreux qui ren-voient à ces notions dans le contexte,d’une manière ou d’une autre, de la for-mation :

Je vous y encourage donc, imitez-moi(1 Co 4.16). Imitez-moi, comme moi-mêmej’imite le Christ (11.1). Mes frères, imitez-moi,et portez les regards sur ceux qui suivent lemodèle que vous avez en nous (Ph 3.17).Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous

SE FORMER

2 Sens des abréviations, dans l’ordre d’apparition : ITEA : Institut deThéologie Évangélique Appliquée ; FLTE : Faculté Libre de ThéologieÉvangélique ; ADD : Assemblées de Dieu ; CFRI : Centre de FormationRégional pour Implanteurs ; IBG : Institut Biblique de Genève ; IBN :Institut Biblique de Nogent-sur-Marne ; Emmaüs : Institut BibliqueEmmaüs ; FJC : Faculté Jean Calvin.

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les croyants en Macédoine et en Achaïe(1 Th 1.7). Ce n’est pas que nous n’enayons pas le droit, mais nous avons voulu vousdonner en nous-mêmes un modèle à imiter(2 Th 3.9). Sois pourles croyants un modèleen parole, en conduite,en amour, en foi, enpureté (1 Tm 4.12).Encourage de mêmeles jeunes gens à êtrep o n d é r é s à t o u ségards, en te montranttoi-même un modèlede belles œuvres, avecun enseignement pur,digne, une parolesaine, inattaquable,pour que l’adversairesoit confus et n’ait riende mal à dire de nous(Tt 2.6-8).

La règle est la suivante : le besoin decoaching et d’accompagnement est inver-sement proportionnel à l’existence demodèles à imiter. Vivre son enfance etson adolescence au sein d’une familleunie et dans une atmosphère d’amour,cela vous équipe pour une vie future decouple et crée les réflexes nécessaires àune saine éducation des enfants à venir.Certes, tous n’ont pas connu un telmodèle de vie de famille et certains souf-frent de manques de repères théologiqueset éthiques, et de carences émotionnelles.Ils auront besoin, plus que d’autres, deconseils… d’accompagnement, de coa-ching. Mais le but d’une formation, cen’est pas de les coacher, mais de leur four-nir de nouveaux modèles. Le modèleforme, le coaching répare. La vraie for-mation offre des modèles formateurs, lecoaching sans modèle formate.

Abandonnons l’illusion que l’accom-pagnement ou le coaching pourraientremplacer, d’une manière ou d’uneautre, la formation en vue du ministère,

en particulier l’exigeante nécessité del’étude de la théologie, qui seule permetd’être ancré dans la vérité. L’apôtre Paulécrivait aux chrétiens de Rome que« grâce à Dieu, après avoir été esclavesdu péché », ils avaient « obéi, de cœur,au modèle d’enseignement auquel » ilsavaient « été confiés » (Rm 6.17). En effet,la vérité est le modèle par excellence quiforme le serviteur de Dieu ; il nous fautla méditer, la manger, la ruminer, la lais-ser nous nourrir. Mais ce modèle doit s’in-carner. Moi-même, je pourrais donner lenom de trois ou quatre personnes qui ontété, pour moi, au fil des années, unexemple de mise en chair de la véritébiblique. Leur modèle m’a formé ; ils nem’ont jamais coaché. L’éducation d’unenfant prend bien des années…

J.B.

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Paruen librairie

ComprendreMatthieu 1-13aujourd’huiCHRISTOPHE PAYA, COLLECTION LA

BIBLE ET SON MESSAGE, ÉDITIONS EXCEL-SIS-ÉDIFAC, 2013, 320 PAGES, 19,00 ⇔

Voici une nouvellecollection qui pro-met d’être pleined’intérêt pour ceuxqui se posent laquestion de la per-tinence du mes-sage de la Biblea u j o u r d ’ h u i .Chaque section du

récit tel que le raconte Matthieu(l’inauguration du Royaume, leSermon sur la montagne, lamission de Jésus, la mission desdisciples, le temps de l’opposi-tion, les paraboles du Royaume)est traité sous 3 angles : struc-ture et contexte, commentaire,message. Et c’est sous ce dernierangle que l’auteur examine laportée de cette histoire, cher-chant à comprendre les actes deJésus et son enseignement, danstoute leur richesse, pour lemonde d’aujourd’hui, et aussipour utiliser cette histoire et cetenseignement dans la formation,dans la prédication ou dans laméditation. Signalons la paru-tion simultanée, dans la mêmecollection, de « ComprendreGenèse 1-11 aujourd’hui » parMathieu Richelle. La recensionen sera faite ultérieurement.

M.R.

La Suisse, Dieu& l’argent DOSSIER VIVRE N° 36, ÉDITIONS JE

SÈME, 2013, 231 PAGES, 12,00 ⇔

Livre de réflexion autour de lacampagne EXPOSED – pleinsfeux sur la corruption lancée parl’Alliance évangélique mon-diale. Une vingtaine d’auteurss’attelle à la problématiquemise dans le contexte d’un pays :la Suisse en lien avec son éco-nomie, ses ONG et ses valeurs.Aborder le thème de la prospéritéd’un pays à la lumière des va-leurs telles que la justice etl’équité est une démarche ori-ginale. Les auteurs dévelop-pent différents aspects de lavie économique suisse en n’ou-bliant pas le fameux secret ban-caire. On apprend la subtiledistinction faite entre la fraudefiscale illégale et la soustractionfiscale légale, celle-ci étant consi-dérée comme un simple ou-bli… On pourrait certainementen écrire au moins autant sur lespratiques à la limite de la légalitéqui ont cours en France. Notrepays est à cet égard plutôt malplacé sur l’échelle de la cor-ruption. Nos amis suisses sont capablesd’une certaine autocritique quenous pourrions imiter.De nombreuses ré-flexions sont valablespour tous les Étatscomme les douze ar-guments bibliquescontre la corruptionqui démontrent que

les textes bibliques peuvent dé-ployer une nouvelle pertinencedans notre société d’aujour-d’hui. J’ai relevé cette affirma-tion : « Seules les personnesoptant pour le chemin de la jus-tice se préparent un avenirdigne. Il en va de même pourles États ». Remettre en causele pouvoir de l’argent, car « des-tructeur de nos relations humaineset de notre relation à Dieu » rap-pelle nombre de passages pro-phétiques de l’Ancien Testa-ment. Le livre se termine par des pistespratiques pour une remise encause de notre rapport à l’argent.Que notre attitude face à celui-ci devienne un lieu d’appren-tissage de la confiance en Dieuet du refus de la peur de man-quer, et que nous soyons en-couragés à mener une vie justeet miséricordieuse.

Nelly PARLEBAS

Enseigner les récitsbibliques aux enfantsJOHN H. WALTON, KIM E. WALTON,ÉDITIONS EXCELSIS, 2013, 552 PAGES,26,00 ⇔

Voilà à mes yeux un ouvrage ma-gistral !Avant d’aborder les leçons en tant

que telles, il présente lanécessité d’enseignerles enfants, mais aussiles conditions de cetenseignement : se pla-cer sous l’autorité de laBible pour y lire cequ’elle dit réellement,

La rédaction de « Servir » ne cautionne pas obligatoirement toutes les affirmations etpositions présentées dans les ouvrages répertoriés. Certains ouvrages peuvent toutefoisprésenter un intérêt pour l’étude et nous faisons alors mention de nos réserves.

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et non ce que le moniteur vou-drait lui-même transmettre ;interpréter ensuite correcte-ment la Parole, trouver les ap-plications concrètes qui en dé-coulent pour que nos vies soientfinalement transformées.Chaque leçon est ensuite pré-sentée en différentes rubriques :l’idée principale du texte, les ap-plications possibles et enfin leserreurs à éviter. Le contexte dechaque passage est brièvementprésenté et quelques clés d’in-terprétation sont fournies.Il est heureux que cet ouvrageose aborder des textes peu étu-diés avec les enfants, comme lefestin de Balthazar en Daniel 5ou la parabole des dix jeunes filles.Une riche bibliographie et descartes géographiques complè-tent le tout.Attention : ce livre présenteuniquement l’étude du texte, sanss’occuper de la manière d’abor-der pratiquement la leçon avecles enfants (accroche, brico-lage…). Cela n’enlève toute-fois rien à sa valeur !

Lucile REUTENAUER

L’art d’être parentsAGNÈS LAUCHER, ÉDITIONS EMPREINTE

TEMPS PRÉSENT, 2013, 16,00 ⇔

L’auteur psychopédagogueaborde les différentes étapes dudéveloppement de l’enfant de-puis la grossesse jusqu’à l’âgede six ans. C’est un travail richeet bien documenté. Il s’agitd’une description précise des dif-férentes étapes par lesquelles pas-sent enfants et parents durantcette période. L’auteur en montreles enjeux, les forces et les fai-blesses des différents choix. Sielle met en évidence les consé-quences possibles de certaines

erreurs, elle tient à souligner qu’iln’y a pas de déterminisme ir-révocable. Ce travail est celui d’unepsychologue avant tout, mais onle sent soutenu par la foi de l’au-teur qui, à propos, citedes passages de la Bible,de façon équilibrée etdiscrète. Il faut attendrela dernière partie del’ouvrage pour voir ex-poser plus clairement saposition face à l’inter-dit et aux règles. Ainsi,en voulant lutter contreune réalité qui est l’exigence pa-rentale à faire obéir le petit en-fant à des règles qu’il ne peutencore comprendre, l’auteurpeut donner l’impression qu’ellesouscrit à la position de « l’en-fant roi ». Or il est clair que sonpropos est nuancé et équilibré.Devant les réalités de notre so-ciété et la qualité de l’exposé,j’exprimerai le souhait qu’AgnèsLaucher écrive une suite quiaborde la même question dansle cadre de familles monopa-rentales et de familles recom-posées. F-J.M.

Un moment avec Jésus Chaque jour de l’annéeSARAH YOUNG, ÉDITIONS OURANIA,2013, 398 PAGES, 15,50 ⇔

Traduit en 26 langues etquelque 9 mi l l ionsd’exemplaires, Jesus Cal-ling, (titre original) estdevenu un véritable phé-nomène depuis sa pre-mière parution en 2004aux USA. L’auteure donneson témoignage dansla première partie, avant

d’apporter des méditations pourchaque jour de l’année. Elle serefuse quasiment à toute in-terview, mais, comme l’écritl’une de ses amies dans Chris-tianity Today, elle préfère prier.Quelques-uns seront peut-êtresurpris de lire des méditationsécrites comme si Jésus nousparlait directement. Mais aprèsquelques pages, on s’y habi-tue. Ce sont des mots d’ordreque je trouve puissants dans leurappel à vivre chaque jour unecommunion authentique avecDieu, en le plaçant au-dessus detout. R.K.

Dans la gueule du loupBÉATRICE MARÉ, ÉDITIONS EXCELSIS, 2013, 168 PAGES, 9,00 ⇔

Voilà une bien jolie histoire racontée avec beaucoupde vivacité ! Elle ravira à coup sûr tous les jeuneslecteurs. L’époque du Moyen-âge, la vie des châtelainset de leurs serviteurs, les sentiments sont décrits par des motsqui sonnent toujours juste. La suite des courts chapitres noue sa-vamment l’intrigue qui se déroule sous les yeux de Colin, le jeunejongleur… Les éléments de l’enseignement biblique sont très na-turellement tissés dans le récit. Le dénouement extraordinairede l’histoire ne peut bien sûr pas être dévoilé !

M.R.

Jeunesse

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Que signifie ce soutienmissionnaire des An-glais ? Que peut-on dire

de l’objet des premières Écolesdu dimanche en France ?Qu’ont-elles apporté aux pro-testants qui ve-naient de recou-vrer la liberté deculte et d’éduquerleurs enfants selonleur tradition reli-gieuse ?

L’École dudimanche, fer delance de la Missionintérieure enFrance

Rappelons que c’est RobertRaikes (1736-1811) qui, en1780, a eu l’idée de créer desécoles, ouvertes le dimanche,pour y scolariser a minima lesjeunes ouvriers pris en semaine

par le travail et livrés à eux-mêmes en quittant l’usine. Lespremières monitrices étaient ré-tribuées pour apprendre à ces

200 bougies pour les Écoles du dimanche1

Il y a 200 ans, le 7 août 1814, le pasteur Laurent Cadoret (1770-1861) ouvrait la premièreÉcole du dimanche de France, dans son Église, à Luneray. Précurseur du Réveil, ce catho-

lique né à La Havane – son pèreétait dans la marine marchande –était venu au protestantisme en An-gleterre dans une Église dissi-dente. Formé à la théologie au sé-minaire de Gosport, dirigé par DavidBogue (1750-1825), le cofon-dateur de la mission de Londres(LMS), Cadoret a ensuite été se-crètement un agent de cette mis-sion en France. Sous l’impul-sion de Bogue avec l’aidedéterminante d’un Anglo-Normand,Durell (1790-1861), il espérait lan-cer le mouvement depuis la Nor-mandie. Mais l’opposition de

quelques paroissiens libéraux a très vite mis un terme à cet élan, jusqu’à pousser leur pas-teur à démissionner. C’est depuis Bordeaux et Toulouse que le mouvement français allaitrayonner et s’étendre dès 1815, avec le soutien financier... des protestants anglais !

ANNE RUOLT2

1 Pour aller plus loin, accédez à une bi-bliographie sur http://histoire2pedago-gie.overblog.com2 Anne Ruolt ([email protected]),ATER à l’Université de Lorraine, départe-ment des Sciences de l’Éducation et En-seignante à l’Institut Biblique de Nogent.Membre du laboratoire CIVIIC AE 2657,université de Rouen, chercheur associéau LISEC AE 2310.

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jeunes à lire, à écrire, un peuà compter, et à lire la Bible. Ils’agissait bien d’écoles. Ellesétaient distinctes du caté-chisme. Ce n’est qu’àpartir de 1785,que les famillesprotestantescommencè-rent à en-voyer leursenfants dansces Écoles po-pulaires qui ado-ptèrent très tôt le modèle d’édu-cation lancastérien3, d’où le nomde moniteur, donné aux en-seignants.

La France était alors pour lesAnglais une terre de Mission.En 1802, Bogue avait séjournéà Paris accompagné d’autresémissaires de la LMS, pour me-ner une enquête sur la diffu-sion de l’Évangile en France.Lortsch rapporte qu’après troisjours de marche à Paris, ilsn’avaient pas trouvé de por-tion des Écritures. Mais leconcordat interdisait à un

étranger d’être ministredu culte en France. Im-

primer des Bibles en An-gleterre était possible,

mais peu de pères de famillesavaient encore lire. Après larévocation de l’Édit de Nantes,l’obligation de scolariser les en-fants dans une école tenue

par des prêtres avait dissuadéles parents protestants d’envoyerleurs enfants à l’école. L’écolebuissonnière, au sens origineldu terme (clandestine, der-rière les buissons), était deve-nue très vite trop dangereuse.Si on ne lisait plus la Bible, c’était

autant parmanquede littéra-ture quefaute desavoir lire.

À ses dé-b u t s e nFrance, l’É-

cole du dimanche a été le ferde lance de la Mission intérieure.Elle enseigne les enfants enmarge du culte, souvent en leurdemandant d’expliquer le sensdu message entendu. Mais sapremière fonction a été d’ap-prendre aux enfants à lire, àécrire, un peu à compter. À l’É-cole du dimanche, on appre-nait bien sûr à lire et à com-prendre les récits bibliques, laBible étant la boussole indiquantle Nord à tout homme, autantpour sa vie quotidienne que poursa foi. Explication-compré-hension-réflexion sont les troismaîtres mots de la pédagogieselon le pasteur Chabrand(1780-1863). Le point d’orgueétait de faire comprendre, maisencore, écrit-il en 1817, de « pro-curer du plaisir ». Ces écolesont participé au Réveil dans l’É-glise et ont été à l’origine durenouveau des écoles protes-tantes.

Un premier Comité des Écolesdu dimanche (CED) a été

3 Ce modèle d’enseignement mutuel est un modèle d’éducation entre pairs. Il s’est dé-veloppé en Angleterre au XIXe siècle, au moment de la massification croissante de lascolarisation. Il consistait à former des groupes de niveau, dirigés non par des profes-seurs mais par des élèves plus avancés. Dans les Écoles du Dimanche ces moniteursétaient formés par les pasteurs qui préparaient la leçon avec eux.

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fondé en 1826. Suite à une en-quête lancée en 1827 auprèsdes pasteurs des Églises ré-formées, des notables protes-tants décidèrent de créer en 1829la Société d’Encouragement pourl’Instruction primaire parmiles protestants de France(SEIPPF). Ce n’est qu’en 1852,sous l’impulsion du métho-diste Jean-Paul Cook (1828-1886), que la Société desÉcoles du dimanche (SED) aété fondée. Sa vocation étaitessentiellementd’évangéliser etd’enseigner l’his-toire biblique, parle moyen de pu-blications desti-nées à former les moniteurs etles parents. Cette société ori-ginellement interdénomina-tionnelle a été dissoute offi-ciellement le 17 janvier 2003(J.O. du 08/03/2003).

Les liens étroits tissés entre laSEIPPF et la SED ont conduit

en 1881 à la création desÉcoles du jeudi, pour pallier leretrait de l’enseignement reli-gieux du programme des écolesavec la loi Ferry.

Le moniteur, uneaide du pasteur

Les statuts rédigés par lesÉcoles du dimanche souli-gnaient l’importance des relationsinterpersonnelles. Les moniteursétaient tenus de rendre visite

aux enfants deleur groupe ainsiqu’à leur famille etd’en faire rapportau pasteur dontils prolongeaient

l’action. Une évaluation formativedes progrès spirituels des jeunesétait de rigueur. L’enseigne-ment privilégié était la forma-tion des moniteurs par les pas-teurs, afin qu’ils soient capablesde faire eux-mêmes la leçon augroupe d’enfants dont ils avaientla charge. C’est le modèle du

questionnement pour ouvrir l’in-telligence de l’enfant qui yétait privilégié. L’enseignantdevait chercher à « faire jaillirune source » dans l’élève, plu-tôt que de vouloir lui remplirla tête de versets appris par cœur,sans être compris.

La joie commeétendard

La joie marquait les écolesainsi que ses fêtes. Une premièrefête était organisée en fin d’an-née. C’est celle qui a répandula tradition du sapin de Noëlen France. Le sapin symboli-sait le croyant au feuillagetoujours vert (Ps 1). Les bou-gies allumées rappelaient queJésus était la lumière annon-cée par Ésaïe (9.20). Cettefête était l’occasion de distri-buer des récompenses, descadeaux sous forme de « bonslivres », et d’autres choses« utiles » comme des bas, dessouliers, des canifs, des fruits,

ILLUSTRATION D'UN

MAGAZINE 1849

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etc. La deuxième fête avait lieuen été. C’était une fête cham-pêtre qui était l’occasion de jeuxde plein air, d’un goûter et d’unmessage d’encouragementpour tous sans distinction entreles enfants.Les deux fêtes réunissaientles enfants, les moniteurs ainsique les parents. La premièreayant un caractère d’évangé-lisation était plus largementouverte vers l’extérieur.

Pédagogie activeet pananthropique

L.-F.F. Gauthey (1795-1864) asystématisé la pédagogie de cesÉcoles. Directeur de l’Écolenormale de Courbevoie de1846 à 1864, il y a formé lesinstituteurs protestants pourla SEIPPF. Ce pasteur vaudois,touché par le vent du Réveilde Genève, avait d’abord éténommé premier directeur del’École normale du Cantonde Vaud de 1834 à 1845.Dans l’héritage des idées pé-dagogiques de Comenius

(1592-1670), Gauthey a promuun modèle d’éducation pa-nanthropique (l’homme com-plet), ou l’activité de l’élèveprime. À partir de l’image del’homme type qui n’a pascommis de péché, le Christ, etde ce que Luc dit du jeune Jé-sus qui « croissait en stature,en sagesse, et en grâce devantDieu et devant les hommes »(Lc 2.52), pour Gauthey, l’édu-cateur est tel un jardinier ap-pelé à favoriser le développe-

ment des germes reçus deDieu dans chacune de cesparties : le corps, l’esprit c’est-à-dire l’intellect, le cœur prisau sens de l’affect et des rela-tions interpersonnelles et l’âmesiège de la foi et de la morale.Nous apprendrons donc tou-jours sur la nouvelle terre ! Parceque l’éducation a un fondementcréationnel, l’instruction publiquebien qu’incomplète reste tou-tefois légitime et nécessaire àtout homme. Elle l’est aumême titre qu’un mariageentre un homme et une femmenon-croyants est légitime dansla théologie protestante, même

s’il ne reconnait pas en Dieusa source et son garant. Ce sontles lois Ferry qui ont sonné leglas de l’action lancée par laSEIPPF.

Instrument deRéveil d’hier etd’aujourd’hui

Instrument du Réveil au XIXe

siècle, l’École du dimancheconserve toute sa missionaujourd’hui où nombreuses

sont les personnes venant à lafoi chrétienne, sans culturebiblique, ne lisant pas la Bibleaux enfants à la maison. Maisla diversification de ses actionsmenées au XIXe siècle encou-rage aussi à chercher àrépondre aux besoins d’au-jourd’hui. Alors, pourquoi nepas « profiter » de la loi Ferry,qui accordait le jeudi libre – lemercredi aujourd’hui – pouroffrir aux jeunes un cadred’échanges et de réflexionchrétienne avec des adultesmûrs sur les questions que sou-lèvent la société commel’école ? A.R.

CLASSE

CHEZ

MRS. MARY

CRITCHLEY'S

LFF GAUTHEY, PORTRAIT À 40 ANS

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« Un disciple ne surpassejamais son maître ;mais, lorsque sa formationsera achevée,il lui sera en tous pointssemblable. »Luc 6.40 (Parole vivante)

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