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1 SEDIR (Yvon Le Loup) Dinan le 2 Janvier 1871 -- Mort à Paris en 1926 LA PRIERE (Septième partie) Amitiés Spirituelles 5 rue de Savoie Paris 6° Imprimerie Audin - Lyon Sans date

SEDIR La Prière 7° partie - La Prière pour les malades...3 Pour guérir par la prière, il faut de la loyauté, du calme, de la bénévolence ; il faut surtout se tenir en union

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SEDIR

(Yvon Le Loup)Dinan le 2 Janvier 1871 -- Mort à Paris en 1926

LA PRIERE(Septième partie)

Amitiés Spirituelles5 rue de Savoie

Paris 6°Imprimerie Audin - Lyon

Sans date

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VII

LA PRIERE POUR LES MALADES

En vérité, en vérité, je vous dis:

Celui qui croit en moi, fera lui-même lesoeuvres que moi je fais,

et il en fera de plus grandes que celles-ci;

parce que moi, je m'en vais à mon Père.

(Jean XIV - 12 traduction de la Bible Lemaistre de Sacy édition(1843)

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Pour guérir par la prière, il faut de la loyauté, du calme, de la bénévolence ; il fautsurtout se tenir en union constante avec notre Christ, le médecin surnaturel. Cettedernière condition contient et complète les autres. C'est surtout dans leurs rapportsavec les femmes que les hommes désireux de se consacrer aux malades doivent semontrer loyaux. Si vous priez pour les malades, vous devez, entre tous, voussurveiller, vous contenir, rompre les élans des forces obscures de l'instinct, toujoursvivace. Vous devez surtout vous souvenir qu'un simple regard de convoitiseéquivaut à l'adultère effectif. Le mal que vous commettriez en utilisant à reboursvotre prestige spirituel serait bien bas, bien vil, bien gros de longues et lourdes suites.

Il vous faut un calme imperturbable. Du calme pour vous-mêmes, du calme pour vosmalades. Plus que les autres méthodes, la thérapeutique par la prière entraîne versl'Invisible celui qui l'emploie, vers les régions les plus secrètes, les plus inexploréesde l'Invisible, les plus fertiles en surprises, par conséquent. La tension de la prière, àlaquelle le mystique s'oblige constamment, élève, affine et sensibilise son esprit ; ilreçoit davantage que les autres hommes les contrecoups d'une foule d'événementsbons ou mauvais dont les mondes subtils sont le théâtre, et qui viennent se figer surnotre terre et sur ses habitants.

Plus le mystique monte haut, plus il s'enfonce dans les profondeurs, plus les forcesque son esprit respire et s'assimile sont actives et leur mode d'agir déconcertant. Pourgarder l'équilibre intellectuel, animique et corporel, le thérapeute mystique n'aqu'une ressource : le sang-froid, la présence d'esprit, une prudence insigne, unepossession parfaite de soi-même.

Les malades sont bien davantage encore sujets à la pénétration des influences,quoiqu'à leur insu. Leur déséquilibre physiologique les rend vulnérables ; et leurssouffrances morales et corporelles sont les épisodes de leurs luttes contre cesenvahissements. Celui qui les soigne par la seule prière doit donc se montrer deuxfois calme et fort : pour lui et pour eux, pour tout ce qui leur manque de résistance etd'équilibre. Surtout dans les années actuelles, n'approuvez pas ceux de vos maladesqui vous parlent de magie, qui se disent victimes de pratiques occultes. C'est exactassez rarement d'abord ; et, en tout cas, il vaut mieux sortir le malade de ce genre depréoccupations. S'il vous arrive de dire quelques mots à vos malades, en public ou enparticulier, ne parlez jamais d'occultisme ou de sorcellerie, même au point de vuethéorique, même pour les interdire.

En troisième lieu, soyez bons. Que le grand précepte indispensable de l'amourfraternel soit constamment devant votre cœur et devant votre volonté ; l'amourfraternel et pur, dépouillé d'égoïsme familial, dépouillé d'intérêt intellectuel et deprestige sentimental, l'amour d'esprit. Intéressez-vous à chaque malade autant quevous vous intéressez à vous-mêmes ; cherchez la parole entre toutes les paroles qui leréconfortera, le geste qui le soulagera ; traitez-le avec une douceur sereine ; ignorezses impatiences et ses déraisons pardonnez, oubliez ses ingratitudes quittez vos aisespour satisfaire à ses petits despotismes. Ne manquez aucune occasion de prier pourdes malheureux ; c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Ne discutez pas, nedisputez pas, ne méprisez pas. Ne regardez pas s'il s'agit des suites d'alcoolisme ou

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de débauche ; ne voyez que de la chair qui souffre, qu'un être qui se désole. Soyezbons comme le Père est bon, pour tous, en tout, partout. Pas de bruyante jovialité,pas de front sourcilleux. Du sourire. Accueillez tout le monde comme des visiteurstrès bienvenus puisqu'ils vont vous être des motifs de travail, c'est-à-dire desoccasions d'aider notre Maître. Sa joie de voir votre obéissance, qu'elle soit votre joie,qu'elle fasse votre bonheur. Soyez heureux. Maintenez-vous dans l'allégresse desesclaves de l'Amour, et vous rayonnerez sans effort, et vous transmuerez lesdésespoirs autour de vous.

Enfin, soyez unis, vivez dans l'unité, demeurez dans l'union. Avant de lever le doigt,de jeter un regard, de dire un mot, examinez si votre main, votre œil et votre languesont avec Jésus. Pas de médisance, aucun blâme, même dans l'intonation ; pas deparoles en vain ; ne vous exprimez sur le compte des absents que comme vous feriezs'ils vous entendaient. Ne dites même pas de mal des animaux, des objets, du temps ;de personne. Ne pensez qu'au Christ ; ne vivez que pour le Christ ; n'obéissez qu'à lavoix du Christ dans votre conscience ; agissez pour le mieux ; nourrissez votre moid'aliments qui lui répugnent ; aidez à vivre tout ce qui vit ; allez au-devant destimides et des pauvres honteux. Jésus a dit à Ses disciples : "Ne craignez rien, je seraiavec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles". Soyez ces disciples-là.

Vous verrez des incurables guérir ; ne vous étonnez pas ; prosternez-vous etremerciez. Vous verrez d'insignifiants malaises résister à vos prières et à vos jeûnesspirituels ; ne vous étonnez pas davantage, prosternez-vous et anéantissez-vous.Peut-être serez-vous conduits dans d'effroyables enfers ; peut-être les anges vousélèveront-ils vers d'ineffables extases ; ne vous étonnez pas, prosternez-vous etadorez. Peut-être sécherez-vous dans les déserts de la désespérance ; c'est là que Dieusera le moins loin ; prosternez-vous encore, et adorez toujours.

Attachez-vous aux malades. Il est écrit : "J'étais malade et vous m'avez visité". Cetteidentification de Jésus avec la personne des souffrants n'est pas une figure derhétorique. Notre Maître a pleuré tous les sanglots, Il a sué toutes les angoisses ; Il estvenu pour relier en Notre Père toutes les douleurs, parce que là où il y a souffrance, ily a spiritualisation. Il ne S'est pas préoccupé, chez le malade, du péché, cause de samaladie ; chez le captif, du délit, cause de son emprisonnement ; chez le pauvre, desdéfauts qui le maintiennent dans sa pauvreté. Il n'a voulu voir que des créaturesdolentes ; Il n'a voulu que Se donner à elles pour les réconforter. Notre souci doitdonc d'abord s'attendrir sur celles-là, en oubliant les raisons de leur malheur.

C'est quand vous entrerez dans des chambres sales, quand vous vous pencherez surdes lits douteux, quand vous respirerez l'air épaissi des logements trop étroits, qu'ilfaudra déployer les prévenances de votre compassion. Balayez, lavez, pansez, sansembarras, discrètement ; ne faites pas de sermons ; ventre affamé n'a pas d'oreilles,chair qui souffre ne se soulage point par des théories. Supportez les mauvaiseshumeurs et les caprices ; tout cela rentre dans votre travail. Que de votre cœurjaillisse sur ces fièvres une rosée rafraîchissante.

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Ainsi l'humilité se trouve être la première condition nécessaire pour guérir au nomde Dieu. Une humilité constante et plénière ; une humilité qui contienne le pardondes offenses, leur oubli, et qui réduise l'amour-propre à une mesure tellement petiteque les adversaires ne trouvent plus où la blesser ; une humilité qui contienne toutesles obéissances et tous les renoncements, qui engendre la confiance, l'inaltérable joie,la douce paix, et qui répande alentour les suaves parfums des campagnes éternelles.

Un grave engagement tacite se noue à la minute où le disciple se présente devant unmalade. Il se tient là au nom du Christ, sous Son couvert, il emploie les forces que Sessouffrances ont créées, il prend Sa place, oserai-je dire. L'intelligence terrestre dumalade et des assistants peut ne pas apercevoir cette formidable substitution ; maisleurs esprits la voient, les anges la voient, les invisibles la voient ; on risque, à chaqueseconde, de devenir usurpateur. Le ministère du thaumaturge mystique est unecharge écrasante ; il exige une persévérance surhumaine, une humilité sans fond.

Les prérogatives suprêmes que Notre Seigneur le Christ reçut du Père, Il nous lesoffre perpétuellement ; à nous de les recevoir. Que, pour cela, notre esprit entre dansle palais où des légions d'anges les gardent ; les clefs de ce palais se forgent par lesœuvres de l'amour fraternel dont les plus simples, les plus difficiles aussi sontl'abstention de la médisance et la défense des absents attaqués. Mais ce n'est pas toutque de faire de temps à autre une visite au palais merveilleux ; il faut se rendrecapable de l'habiter, d'y vivre comme si nous y étions nés, d'en prendre les manières,le langage et la tournure d'esprit. Appliquez-vous donc systématiquement à cetteindulgence pour les défauts du prochain, à cette discrétion du langage, à cetterigueur pour vos propres défauts, à cet élan spontané vers les plus faibles qui sont lessignes auxquels se reconnaissent les cœurs habitant la Lumière.

Des milliers de fois vous devrez répéter le même effort avant que votre langue serefuse à prononcer une parole méchante ; mais ensuite vous serez amis du Christ etcitoyens du Ciel ; tout ce qui s'y trouve, ses fruits, ses sources, ses harmonies, sesénergies, prototypes éternels des forces naturelles que la science positive etl'occultisme s'ingénient à capter, vous pourrez en disposer. Vous pourrez, au nom deJésus, commander la maladie, la tempête, la mort, les animaux sauvages, sansentraînement, sans contention, sans formules, sans rites.

Pour guérir mystiquement, c'est-à-dire totalement, toute la succession des organesatteints, depuis le centre spirituel jusqu'au corps matériel, depuis l'origine ancestralede la maladie jusqu'à ses dernières suites dans la descendance, il faut vivre d'unedouble vie. Il faut voir, entendre, penser, agir sur la terre ; il faut également voir lesanges et les esprits immortels, leur parler, travailler avec eux, contempler lespaysages célestes, saisir les objets divins. Telle est l'existence de l'homme libre.

Avant d'en arriver là, nous ne pouvons que soigner les malades, aider lesmalheureux et prier pour les uns et pour les autres ; nous ne pouvons que cela, maisces petites choses constituent le plus rigoureux des devoirs. Une tasse de tisaneofferte à un malade, nous devrions prier le Père qu'Il veuille bien la bénir, puisquenous ignorons tout de la vertu spéciale de ce remède. Et, lorsque l'accomplissement

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de ces obligations capitales nous occasionne des dépenses, des fatigues, desmécomptes, réjouissons-nous, car ces peines, subies par amour, diminueront la dettede nos frères.

Nos épreuves n'excèdent jamais nos forces ; bien des fois, sans que nous nous enapercevions, Dieu, par l'intermédiaire d'un de Ses serviteurs, proroge l'échéance deces dettes, nous évite une maladie, un accident, un chagrin. Le peu de bien qu'il nousarrive d'accomplir, souvent notre Père très bon en prend prétexte pour faire dévierde notre chemin la trajectoire fatale d'une souffrance engendrée autrefois par une denos fautes ; et, à cause de notre effort vers le mieux, la miséricorde divine porte toutde même à notre crédit cette dette impayée.

Personne, et le soldat du Christ pas plus que le simple croyant, n'a le droit deprendre volontairement le mal d'autrui, parce que personne n'est le maître de soncorps.

Disciples dociles de Jésus, vous vous bornerez donc à la seule prière pour obtenir laguérison des malades que votre charité soulagera en même temps. L'observance desmaximes évangéliques constitue la seule méthode, le seul entraînement que notreMaître nous propose pour renouveler Ses miracles. Lorsqu'Il rend la santé aux uns, Illeur dit : "Ta foi t'a sauvé", aux autres : "Tes péchés te sont remis" ; mais nous, nousn'avons pas le droit d'exiger la foi ou de rechercher les péchés de ceux vers lesquelsnous allons ; nous ne pouvons que demander pour eux, avec eux, ou à leur place, quela Miséricorde les sauve, en appuyant notre demande par un sacrifice quelconque,par un jeûne spirituel. Il suffit de dire à Dieu le nom du malade, en ajoutant :"Guérissez-le, si telle est votre volonté".

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