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e 't 4' e - j ç, '4 '4 4 e 1. * e. --4 t ,. .• ' j -* UN SEItMENT•r DE FIÎJÉLITÉ, A L'EMPEREUR AUGUSTE () t 4 Pendant un récent voyage dans le Nord cleJ'Asie-Mineurc, la Bonne Fortune, qui 'est la déesse protectrice des épigra-' phistes, m'a fait découvrir une inscription grecque d'une cer- taine importance historique. Ce document inédit se trouvait dans la petite ville de Vézir-Keupru (2)!, située au sud-ouest du port de Sarnsoun, dans une fertile vallée flop loin du Rizil- irmak, l'ancien Halys. Il était déposé, depuis de longues années, près d'un puits dans l'enclos dc l'église orthodoxe, d'où l'on m'assure qu'il vient d'être Ironspoilé au musée de Constanti- nople. Son existence me fut révélée par Mrr Anthime, évêque d'Amasie, qui en avait autrefois pris une copie, et qui, grâce à l'obligeante intervenlion de M. Constantin Carathéodory, membre du Conseil d'État, voulut bien me communiquer les noies nombreuses qu'il avail, au cours de sa carrière, recueillies sur les antiquités de son diocèse. La pierre, quimesure I m. 90 dc haut sur 50 centimpt.res de large en moyenne, et Hi cent, d'épaisseur, est r ime stèle (le grès rougeâtre, bordée par une moulure plate, etqui va en se (I) Un Fésurné de cet article, avec le texte du serment, a Ôté communiqué à l'Académie des Inscriptions dans sa séance du 44 décembre i900. (2) Le dernier voyageur qui ait donné de cette région une description précise, accompagnée dune carte, est von Flottwell, Ans dent Sb'orngebict des Qzyt-Irrnak (Petennanne Ifgan;ungsIicft, I-14), Gotha, 1895, p. 158. e R. Dccc ment HIlIlIIIUItIIlIIIIll 0000005400881

SEItMENT DE FIÎJÉLITÉ,bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/37bfd6b4ee16ff84da15… · 41 tv-rç iv e6zrne» itp& tLt t to 42 e6cLrtQU. TRADUCTION De par lempereur César

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UN • SEItMENT•r DE FIÎJÉLITÉ,

A L'EMPEREUR AUGUSTE ()t

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Pendant un récent voyage dans le Nord cleJ'Asie-Mineurc,la Bonne Fortune, qui 'est la déesse protectrice des épigra-'phistes, m'a fait découvrir une inscription grecque d'une cer-taine importance historique. Ce document inédit se trouvaitdans la petite ville de Vézir-Keupru (2)!, située au sud-ouest duport de Sarnsoun, dans une fertile vallée flop loin du Rizil-irmak, l'ancien Halys. Il était déposé, depuis de longues années,près d'un puits dans l'enclos dc l'église orthodoxe, d'où l'onm'assure qu'il vient d'être Ironspoilé au musée de Constanti-nople. Son existence me fut révélée par Mrr Anthime, évêqued'Amasie, qui en avait autrefois pris une copie, et qui, grâceà l'obligeante intervenlion de M. Constantin Carathéodory,membre du Conseil d'État, voulut bien me communiquer lesnoies nombreuses qu'il avail, au cours de sa carrière, recueilliessur les antiquités de son diocèse.

La pierre, quimesure I m. 90 dc haut sur 50 centimpt.res delarge en moyenne, et Hi cent, d'épaisseur, est rime stèle (legrès rougeâtre, bordée par une moulure plate, etqui va en se

(I) Un Fésurné de cet article, avec le texte du serment, a Ôté communiqué àl'Académie des Inscriptions dans sa séance du 44 décembre i900.

(2) Le dernier voyageur qui ait donné de cette région une description précise,accompagnée dune carte, est von Flottwell, Ans dent Sb'orngebict des Qzyt-Irrnak(Petennanne Ifgan;ungsIicft, I-14), Gotha, 1895, p. 158.

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C

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e2 FRANZ CUTIION1'

retréèissant de la base au somnet, lequel est cintré. Cetteforme, qui est inconnue ou trèsrare en Grèce, Kparaît spéciale àl'Orient c'est à $u près celle qu'affecte déjà la fameuse stèle

'LiC M6h. La plaque est brisée en cieux fragments et la cassurea fait sauter certains mots (I. 5-7). De plus, tout )e côtédroit est mutilé, et quelques ]e'ttres (4h 12) de chaque ligneont disparu. Et général, tes caractères sonL bien gravés etl'orthographe est extrêmement correcte. La lecture n'est dou-bteus6 qu'en quelques endroits, o la surface de la pierre s'estécaillée. Malgré ces lacunes, on5eut t-estimer le I.exte presquecomplet avec certitude. Je le reproduis ici en y joignant' uneLraduction, qui pourra tefir lieu d'un commentaire verbal.

L:.4w

1 'A-t6 OEttoxp&topOç KzLojŒpoç

2hou, uo Ea6onrÔ[ovtoç rè

3EW3iXŒtO'), &TOUÇ tpLtOJ, t[potipŒt

4vn'wvjÎprLcev iv F&vypotç iv . ......5xoç 6Û]It? 'ri[v] xrrou[oÔv'rwv 11h-

6p)ayovL2[' x&. rGSv -rrpr']p.twop.[ivwv i.ct-

7p'oç 'P[ojnov].

fi 'Opiina A1c F', "H)cv izoôç z&',t,[ç xz t-

LI 3. - Ii[potpai]. Cf. Viereck, Serine graeeus quo S. P. Q . B. usi sunt, p. SIflpoalpa s6u:Gr, 0ztwCpov tpo[ripatj vw,G,v. - On trouve aussi pô p; pourtraduire prWie (Viereck, I., cf. Lydus, De mens., 1V, Si ( 439 1 cd. WC,iscli

à si; vowCri 'oxtwGpnv). On n'a le choix qu'entre e,es dciii restitutions,car avec les autres chitlres on ajoute régu]iêretoent +s'_od, dans les textesépigrapluques (Viereck 1. e.), et l'espace dont nous disposons est insullisant lieuec-e mot.-'

L. 4. M. Uaussoullier nie propose v [7 ]Œ[# .ip;c] ii lors de la fète s. Toutefoisle flot parait être trop long pour tespaee nue.

L. 6. Comparer la formule dii serinent dAssos, Eph. Ep. V, p. hO = Bruns,Fontes Iutris Rom. 5, p..237. I. 111E6okv touX ni O< î f 2yIiŒ:iJO IÂVOI 4 DSP' rpZv 'PnLxÉoiç ni r, &p.un rri 'A,efca,. Beaucoup dexemples de fonrimules analoguesont étéréunis par Kornenann, .0e cioibus ibm, in pi-ou. consist. , (801 p. 102 s.- Les marchands romains étaient nombreux dans le Pont, cl. Oeil. A lea'., 41,

- 2; 70. 1.L. 8 s. Cf. le serment de Magnésie (dc 3137 = Micl,el, Recueil, 19), I. Cl

Ms V-d "15Mev .. x,I rou; fl)oj; Osoiç r'na; %5Ciii Tt'u teuMu; EAiGau tiy'r4',. Le serment d'Aritiu,n (CIL II 172 = Eph.. V, p. 454 =

I

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4,V

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UN SERMENT DE FIDÉLITÊ. A LEMPEIIEUR AUGUSTE3

9oc zct1. ct&r&d tbv6a['rbv Eôvo4[Etv Ke-10ctp et,7rj x.y.t rot; t{h]voç frç6[votç11crot6v[t] N1' ro LP ou? I ypà"o" x[).6-12yon [x]d pyon zit yvcbir1[t, e])Mu; ïiyoôftwoç13cO; L xetvo iyivtc[t], xyOpoô; 'n v[op.(ori4oL; L «utot xp &conv (n- 'n 'riSv v[oro;IiiÔtiEp'Iflô'I FÂ(Tz cS1iro; zn[Ùt fr/--r1G&uyïi; pltr ou [ÂitE 'X'/WV, &À[)\& tZY

11 (nèp ri[v] xeL',oç cvuiz6[vnav48T&YtI. xL',bu',o', UltOfLS'.IEt') '8 'r( 'n 6[v Œ7

19Ooi jit • &XO'J70) (nrz yzvrkv toT[ot; )s-20y6p.svo'Pou)Eu6L1svov21tozo 'rt1 '»ntv 'n zd yOp& c[zcOo22).&you'n 3 ou).euoièvon ' 'n23'ov o; te L xyOpobç;ot xpb[ow, to-

Bruns5 , p. 236). invoque de môme luppiter optimus tnaXiInUs ac divus Augustuscete,ique omîmes di immondes. - Nous parlerons plus bas (p. 44) de la triade ZsùçrIl)o.

L. 9, sûvoi[rzLv.] - Serment dAssns (1. c.), 1. 20 'Ovu1s avow t'eiqi KŒirŒpLEaCa'rQ xst :4i ;ptavtt o!y ùroI. Serment de Magnésie (1. e.), 1.61t,v tvoL2v tc, 2iL)et E 'ÀEXoi1. 14 EèvoIjcw p:ci?.sE EsXsLct.i. Serment de

Pergatne (Frônkel. Inscimr. von Pergamon, n' 13 Michel, Recueil, 13), I. 21Foru Eùsivn at toE ixaivau... Cf. Josêphe, AvÉ. Jud. XVIII, 5, 3 't' EVOjd F8(ou.

L. II-12, [)AJyOM. - Cf. I. 20, 22 Atyov •1 o)suop.i'mnt . i tparOvt.L. 12 s. - Cf. le serment dAssos (t. c.) I. 2 s, : 'FD,ou 4

ipo3ip'tz, ut cy0poùç oD; &v aùô tpo6fl;tnt. Serment d'Arihum (t. e.) Utego us ini,nicus emo guos G. Geeseni Genmnanico inimnicos esse cogn000mo... qui ineumym hostili animo fuenint mihi lwsles esse ducamn. -

L. 13 ixy0po. Mânie orthographe I. 23, mais I. 2! z0L. 46 4rs t&vwv. - Serment dArilium (1. e.) Neque 'ne negue libemos meos

eius sainte cancres Imabebo; et. Suet. GaNg. 15 Dion LIX, 9, 2.L. Ii. - Cf. le serment de Pergame (1. c.) 1. 20 MoCi xt ntlp ΏTOO [sa.

Eù1mtvou;] 1oinL Oavtou.L. 49. - Cf. le serment de Magnésie (t. c.) 1. 66 'Efm tLfl atr0ivc.iLa: ir.ttou-

6)m'... . p.;v-rw ttmv Esupvilmoi. or. v 18. - Serment dePergame (t. e.), I. 32 'RI, 6& 'raz &6iv,a1sz à,rL60u).séov'rz I31Ei'dmtm .tzioo[u&X]Xo r, ir,i,,ovn ivrniov isivy... iyye)d 7z{pn,p]In di

[lé]vwjsz rà, ,o'rw', 'r, tooèvu. Cf. le serment de Chersonaùse (Michel, 1316), I. 45.L. 21 iyp.s,vcSrmw. Cemt la nième altération phonétique qui n produit la confusion

très frdquente de iyyovo; (1. 11) et Exyo'ioçL. 23. Cf. I. 14.

k

a

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4 I?IUNZ CUMONT

24tou; xrr& yv x&. M)aiv &û&[tç z&nv?

25nIipot &cw nt &Fuvct[Ot.r.

26 'E&v 3 n &itevz',nov toônn t[n &'pxon

27tO7O) j L' Ot0tj0'JVtWÇ Y.OEO([Ç AFLO_

28s,Œp(3[nt Œô:6; te at ' p.oG nI29toç to &[nuto'J z&. diu;i;j; XŒ). 3ou n[i té.

30xvv xzl îzvtç to é,rnutoG yév[ouç

31XŒI 'JVpépOVtO@StŒV X32cv .aéypt itiç 6 ôorç 'rt1ç d[s 1 ç XŒL

33'r(SVip.OU 1tVtO)V, Xctl FL)t5 [4i'r t&

34tv s&'dso Er4ts y !1[*re O&).Œc-35ŒŒ 6&ro , [rrè xzpzo'; &éy[xot Œlt0tÇ.

36 Kz'r& t& w3t&.so" xctl ol [v vt

37it6vteç dv 'toiç nt& t&c 5[tcipyOEç? Xc-

1. 23-25. Serment d'Aritiuui (1. e.) Si guis pes'iculuni ci sciatique cillein fers infcretque armis écho iri.!erneciuo terra narigue perse qui non desina,nquoad pornos ci persolverit.

l. 21 ar0yo'vrnç; adverbe nouveau, qui parait signifier « conformément à s

cf. les expressions oto:yetv .rC VOp.½p.ZtL. Té xayd'n « se conformer la coutume s,« se sOuniettre à lit régie s. - M. Th. lleinaeh songe k une traduction du latinait lileram, ce qui donnerait ii penser que la formule originale avait été rédigéeen latin. -

L. 28, r[i4,.z]woç. Cf. L 15 s.L. 3f rv[o?,st]v. l]awSÀna n'est connu que par l'Etyrnologicssn2 Gudianum

(11, 12), le mot ordinaire serait av[we8pzv. Mais il y s difficilement place poursix lettres â la fin de la ligne 3!.

L. 31 s. Serment de Magnésie (t. e.). I. 19 et I. 18: 'Ep:opzOS'ltt Cl ttt iiflEt2fi 2Ûn nIylvsi ¶L i io5. Serment de Pergame (t. c.), 1. 50 Ei 6'itopxo(,'i%1i rpiGx&o:a(tGi',oXovr,ilvuv [il 7v atTi. xii ijtàç xii t& 'fIVOÇ àiao5. Les exemples de pareilles matédieflons sont nombreux, voir Michel, fléiueit,440, I. 6; 1311. 1. 46; Dérnosth. Goulu. Neaer. 10 &0iLOTILE'/O;... ).iiv is-rq'xii yévsi xii oixk inpzid1sivoç Lysias, Goal,'. Eralosik. 10, etc. Cf. Glotz dansDareanberg et Saglio, s. y . .lusjurandusn. p. 752, n° 18; Alb. Martin, QuomodoGroeci /'oedera iinei. sonx., 1886. p. 29.

L. 34. Serinent de Chersonnèse (Rev. ét.gr ., 1V, p. 383; V, p. 403 = l\iichel,Recueil, 1316), L 55 : E,x(tir,) aù,é: ni yivn xii to?ç içLotç Xii lK*,Ti T1 R°wliti 6[XiJa xspto ,i pipo:. Serinent de Di'éros (Miehel, llecueib, 23) B, 41Kni-rcè à).é6pisi i(6).)uaOi, ŒUtO Vi Xii d '/7h2 T}J., Xii P.IjVI LOi 7 X2ÔV

pi pin. Une épitaphe inédite de Kotehoglou, près de Phaziinon, se tes'nnne par lamalédiction : p.% yf, 1st, O .fln, XŒpIOUJ( Colt,.

L. 37. J'avais songé à q 'siCpie. On lit Cri. - Le serment à Caligula est prêtéaapOvToç Xii ¶05 yss&leç [iia'tCov] ¶05 cun6oiou en Achaïe (C. I. G. S. I. I, '2111).

u

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UN StRMENT DE IrIDÉLITÉ A L'EAIPEI%EUIt AUGUStE,5

38at-r-Çotç itsp& otçcop,6t[ç toGc6rzo.39 'Osoiw; -ratjÂwviE'rit ot H v vGv Ne&to'4ø)w )r'oz&dYjv xrroxoGv[taç t)[ÂoŒv cÂ-41tv-rç iv e6zrne» itp& tLt'tto42e6cLrtQU.

TRADUCTION

De par l'empereur César Auguste, lits du dieu (Jules César),consul pour la douzième fois, l'an trois (de la pioviqce), laveille (les nones de Mars, à Gangres dans le.,, serment prêtépar les habitants de la Paphlagonie et par les Romajns faisantdes affaires parmi eux.

Je jure par Zeus, la Terre, le Soleil, tous les dieux et déesseset par Auguste lui-môme d'être favorable à César Auguste, àses enfants et à ses descendants tout le temps [de ma vie?], enparoles, en actions et en pensées, considérant comme amisceux qu'ils considèrent comme tels, et regardant comme enne-mis ceux qu'eux-mêmes jugent tels; - pour (défendre) leursintérêts, (je jure) de n'épargner ni mon corps, ni mon âme, nirua vie, ni nies enfants, mais d'affronter de toute façon n'im-porte quel danger pour (protéger) ce qui leur appartient; - sije m'aperçois ou si j'apprends qu'on parle, qu'on complote, ouqu'on agit contre eux, (je jure) dc le dénoncer et de me montrerhostile à celui qui parle, qui complote ou qui agit de la sorte;- s'ils jugent quelqu'un leur ennemi, (je jure) de le poursuivreet de le châtier sur terre et sur mer par les ai-mes et parle fer.

Mais y avait-il pîusieurs u6pz en Paphiagonie Gomine eu Bithynie ? - La res-Utution &,apyirç, ' district s, que 'ne propose M. Th. I{einach est préférable- Ilest vrai que ce mot n'est employé que (jans de,,x passages de Strahon (IV, 4, 3;

iv, 1, 9), eonsiddrés comme corrompus, mais ii est régulier et semble devoir étrerétabli ailleurs (Xli, 3, 31, toflà ûrvip',flsç tpoep:; XII, 3, 31, ûtnpy&ri).

Eapy,a et 7cŒpyoç sont fréquemment confondus dans les mnss.L. 39. 42L1ÂonET2'. Les ,nss. rie Strabon Xii !;G0 c donnent iÇ4pwv -

1xwvtt, A2uÔvtt.2t, - 'it,jivTtt,ztqiøvttL< Steph. Byz. s. u. a

tI'autÇov;ki, ta1sÇwvTti. Notre insrriplion lise l'orthographe du noir'.L- 39-40. Neto]?Lv, cLStraioD, t. C.

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6 FRÂNZ CUM0NT

Si l'un de nies actes est contraire à ce serment ou n'est pointconforme à ce que j'ai juré, je nie voue moi-même et moncorps et mon âme et nia vie et mes enfants et toute ma raceet mes biens à l'extermination et à l'anéantissement jusqu'à niadernière descendance et celle de tous ceux qui seront issus demoi; et que ni la terre ni la mer ne reçoivent les corps des mienset de ma postérité et qu'elles ne produisent point de fruits poureux.

C'est en ces mêmes termes que tous [les habitants du pays]jurèrent dans les Augustéunis [établis dans les districts?] surles autels d'Auguste.

Pareillement les Phazimonites, qui habitent la ville ditemaintenant Néapolis, jurèrent tous dans l'Augustéum surl'autel d'Auguste.

Le graveur a nettement distingué les diverses parties dutexte par des. 1inéas, commençant, absolument comme ce futplus tard l'usage dans les manuscrits, par une grande initialeinscrite dans la marge. Le document débute par un préambuleou, pour employer le terme technique, « une inscription », l'ap-pelant en abrégé, comme dans 1a plupart des copies de piècesofficielles, le nom et les litres de son auteur, sa date, le lieu desapi'omu]gation et son objet : un serment imposé par l'empe-reur Auguste aux habitants de la Paphlagonie.-

Suit la formule de ce serment. Puis, comme dans tous l'esserments solennels, l'imprécation qui doit attirer sur le viola-teur un châtiment céleste.

Enfin, une sorte de post-scriptum certifie que tous les haN-tants du -pays ont juré devant les autels d'Auguste et que ceuxde Néapolis ont, comme ' tous les autres, accompli cette foi'-malité.

Ce long texto officiel, dont le sens est à peu p fixé, sol-licite à des titres divers notre altention. I'out d'abord il a uneimportance locale pour la géographie dc la région où il a étémis au jour. Il prouve, en effet, que la ville turque de Vizir-

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lJtÇ SEDiIENT DE FIDÉLITÉ A L'LMPEUIIIJR AUGUSTE

Keupru OCCUPC l'emplacement de l'antique Phazimon. Uneassonance fortuite a fait généralement placer celle-ci à Mer-zifouii ou Mersivan (4), qui est situé à une journée de marche.vors le sud, bien que la vérité eut déj été aperçue par certainsvoyageurs (2). Strabon nous raconte que Pompée ayant. élevé lebourg de Pbazimon au rang de cité, le baptisa du nom deNéapo-lis (3). On voit qu'àl'époque d'Auguste, soixante ans plus tard,l'ancienne appeliationn'étaii point oubliée, niais subsistait à côtéde la nouvelle. Une inscription récemment publiée prouve quele ternie officiel de Néapolis fut bientôt chaugé en celui de.Néoclaudiopolis (/), sans doute ù'la suite de la fondation d'unecolonie par Glaude (5). On voit, enfin, au ir siècle apparaître imquatrième nom, Andrapa (6), qui subsiste seul à l'époquebyzantine.

(I) cr. la carte de Kiepert dans l'A lias Antiquus ; Jlamsay, 1f ifl. geogr., 440,440, et tout récemment liuge. Arc/,œolor1ische Karte von Klein-A sien, 1900.

(2) ilamilton, Bescarches in Asia fIfi,zor, t. 1, p. 329 cf. MiInI-O, Royal geog'.Socielg, Suppiern. i'apers, t. III, 1893, p. 738; Anderson, Jo,nn. of helienic Studies,1900, p. 155. Le Père Girard m'a assuré t, Tokad quune étude du pays lavaitconduit depuis longtemps h la même conclusion.

(3) Strabon, Xli, 3, 38, p. 5600.(4) Anderson. t. o., p. 152.(5) On ne connait jusqu'ici avec certitude quo deux colonies fondées par Ciaude

en Asic-Mineure iconium et Archélaïs; cf. Kornemann tians Pauly-Wissowa,t. 1V, p. 550-5M.

() Le nom rie Ncociandiopolis se trouve sur les monnaies de la ville jusquhCaraca1la (11cM, 11. N., 433) et Joua Domna (Babelon, Colt. Wadd., 161). L'ins-cription récemment découverte par M. Anderson prouve qu'il subsista ai, moinsj usqn'i Cnrus et Cari n. - Le n mn dAndrapa apparait d'abord dans Ptolémée,V, 4. 6 "AvSpzia 5) nt Neox),vu6t6ioXy' & 4' y. il suffit de comparer r.eschiffres à ceux des 000rdonnÔes de l'omiupeiopolis (long. ' L"; iat.4' 6") pourse convaincre que la position attribuée par Kiepert h Audrapa (iskelib, cf. Rani-say, p. 320, note 3) contredit le texte du géographe, auquel par contre est con-forme la noùvetle situation de la ville. Fliérociés (lOi, 7) cite 'Avîpan a cÇ,téd'Aunsos parmi les cités de t'tlélénopont; cf. Justinien, Nov., )XVttl. Elle étaitle siège dun évêché et est fréquemniueut mentionnée dans les Notices, parmi lessuffragants dA inasie :Not. Basil., 230 (dans Geizer, Georg. Cyprins); Nova tac-tica, n' 5360 (ibid.), etc. Lequ ien, Oriens ctm,'istianus, t. I, p. 4:30, donne une listede six év&pies d'Andrapa. dont le dernier date de la fin du mx siâcle. cf. Ram-

y, Ilistor. Ceogr., 310 cl 320, qui note qu'elie était te lieu de naissance de saintHésychius, ÀÂ. 55. 6 mars, p. 456: 'E Œbtf,ç tç 'À6psnnCn y'V ixpdç. -

L'Iliner. ffierosoi., 516, 2 place une ,nulnlio And,'apa sur la route . d'Aneyreà Archélaïs, mais il faut tire Andralca; cf. Rainsay, op. oit., p. 254-297.

A

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2

• 8 -FR.4Nz CUMONTt

Une dédicace (le l'an 434 .-435, que j'ai - copiée à Doiran, àune demi-heure de Vézir-Keupru, fait mention de l'évêqueParalius (4), qui occupa le siège d'Andrapa, au moins vingtans, de 434 454, et elle rend ainsi indubitable l'identificationde cette ville avec Néoclaudiopolis-Néapolis .phaim 0 On nes'étonnera pas que les érudits se soient quelque peu embrouillésdans toutes ces dénominations Si le téoignage des lexiesn'était point irréfragable, ou se refuserait à croire qu'une seuleet même cité ait porlé successivement deux noms barhares,Phazimon et Andrapa. On ne s'explique guère ce phénomènequ'en suppôsant que Pompée t3unit deux villages dans l'agglo-mération qu'il entoura de mnraitles (2) ou plutôt qué le village,choisi pour siège de la nouvelle cité, , ait été situé à quelquedistance du bourg de Phazimou (3), qui donna son nom - audis trie t.

Notre inscription fixe donc définitiveriient la situation géo-graphique dePhazimon et de plus elle établit que, sous Auguste,cette cité faisait partie de la Paphlagonie, à laquelle elle appac-tint jusqu'à l'époque de Dioclétien (4). Nous sommes ainsiamenés à reculer sensiblement les limites orientales de celteprovince. En effet, un texte très précis de Strabon, nous faitconnaître l'étendue exacte de la Phazimonitide. « Ce district,dit'ie géographe, est borné au nord par la Qazélitide (ou Gazé-lonitide) elle territoire d'Ainisos, vers l'ouest par l'Halys, vers

(t) En voici le texte 'Et 'çod Ùo kLetiwou I i'tn'rou IflalpxXiou [z}lI reG eô)i6(zcirou) I tps6(uipou) ezoCoX[ou] I Itou; u'.'Prào' &apo',ç X2! 'iExrç [t]&i eG,sts,I [v]dt,ov 32r[pioiv ii1i&d t j Iirt 6

t[ti:?J le; 'rxupôç.— Les empereurs ont Théodose iL et Valentinicu III. - Para-lins, Aie: OscO rxo7ro; Aipar-t,'n,v, Signa la sentc,,ce de déposition de Nesto-Fins an concile dtphèse (431); cf. Mansi, Goncil. colt., t. iv, p. 1214 D et 1364 C.Au concile de chalcédoine de 451, Irop âgé sans doute pour faire le voyage ils'était fait remplacer par un diacre (Eûyapku lLaxôvou iirtyovroç tà'i ti,rov 115p2-)dou 'Av6piirn'. Euchar jo d jacono lenenle locum Parai ii episcopi Ands'aporu,n fiel-iesponti [lire iietenopo,zti}; Mansi, op. cil., t. VI, p. 572 D; cf. 945 B, 98t C.)

(2) lI procéda un cuvo'.x:,s6ç analogue pour Zèle; cf. Strabon, 01, 8, 47, 512 C.(3) Cette explication "s'est suggérée par M Th. Iteinach qui croit en trouver la

trace dans le passage corrompu de Strabon (XII, 3,38), sou,cc d'Étienne de Byzance.(4) Ptolem,, V, 4, 6. Cl,. Anderson, I.e. (inscription dc 282-283 après J-c.).

Voyez infra, p. 42, n. 3.

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I Q FRANZ CUM0NT

l'est par la Phanarée, enfin vers le sud, par mon pays natal,Amasie, qui de tous est de beaucoup le plus grand et le plusfertile. La partie de la Phazimonitide limitrophe de laPhanarée est occupée par un lac 1 grand comme une mer,appelé Stiphané. Ce lac est très poissonneux et ses ênvironsabondent en pâturages de tout genre. Il est dominé par unchâteau bien fortilié, maintenant en ruines, nommé Kizarï (ouIkizari) (1), et près de lui se trouvent les restes d'un palaisroyal écroulé. En dehors de ce canton, la contrée est peu acci-dentée et féconde en blé. Au-dessus dc la plaine d'Amasie, setrouvent les eaux thermales (les Phazimonites, eaux très salu-taires aux malades, et sur une montagne escarpée et fortélevée, terminée par une cime pointue, est bâtie la forteressede Sagylium... »

J'ai traduit ici ce passage étendu parce qu'il nous permet detracer fort exactement les limites de la cité de Néapolis tellequ'elle fut constituée par Pompée, et du même coup cellesde la province dont clic faisait partie. Elle s'étendait vers l'estjusqu'à la Phanarée, c'est-à-dire la fertile vallée (Tach-Ova)arrosée par l'Iris et le Lycus, où s'élevait la ville d'Eupatbria-Magnopolis (2). Le lac Stiphané, voisin de c&canton, ne peutêtre que le lac actuel de Ladik, comme l'a compris Hamilton (3),et la résidence royale, dont Strabon vit les ruines près du châ-teau d'Ikizari(?), était probablement celle de Laodicée, dont lenom a survécu dans celui de Ladik (4). On a reconnu depuislongtemps dan les eaux thermales que signale le géographe,celles de Kavsa, qui, de nos jours encore, sont renommées pourleurs vertus etiratives. C'est à cause de l'existence de ces bainssur son territoire que la ville de Phazimon-Néoclaudiopolis agravé sur ses monnaies des types se rapportant au culte dEs-.

(1) Le texte de Strabon est douteux. Ramsay, IIi.st. geogr., p. 69, identifie cenom au Kizara de PtoIême.

(2) Strab., XII, 3. § 30, p. 556 C.(3) tlamilton, Besearc/,es in Asic Mine,', I,p. 337.(4) imhoof-Blumer, Zeilsch,. ftz,' Nurnisynalik, t. XX, p. 263 cf. Th. Bcinacb,

MiIh,'idate Eupator, p. 54, n. 4.

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UN SERMENT DE FIDÉLITÉ A L ' EMPEREUR AUGUSTEj j

culape (4). Une dédicace au « seigneur Asklépios » 'Aaci-•uôç), consacrée en mémoire d'une guérison, se lit encore surun bloc de marbre encastré dans le mur d'un vieux bâliment àKhavsa (2). EnFin, pour ne laisser aucun point douteux dans letexte de Strabon, nous ajouterons que la haute cime couronnéepar la forteresse de Sagylium ne peut guère être que le pic de1'Ak-Dagh, qui s'élève au nord du Soulou-Ova à plus de 4,500

mètres d'altitude (3).Ces positions étatit fixées, la configuration géographique du

pays permet de tracer presque sans chance d'erreur les limitesde la Phazimonitide. Au nord, elle était bornée par le massifprSque infranchissable du Nébiân-Dagh et par le reste de lachaîne côtière. Ces montagnes fort élevées séparaient son ter-ritoire de la Gazélonitide, (lui s'étendait à l'est de l'ilalys (4) -,c'est actuellement la plaine de Bâfra - et de la cité libre d'Ami-sos, qui possédait toute la côte jusqu'à Sidè (5). \Ters l'orient,nous savons que la Phazimonitide confinait à la Phanarée elles'arrêtait donc à la passe par laquelle on descend de Ladik dansle Tacli-Ova. Vers l'ouest, sa frontière était nettement délimitéepar le cours de l'llalys. Enfin, vers le sud, elle était contiguè,suivant Strabon, au vaste domaine d'Amasie. La ligne dedémarcation devait suivre la crête de l'Ak-Dagh, puis le som-met des collines qui séparent la vallée de Kavsa de la plaine deMersivan, dito aujourd'hui Soulou-Ova. Tant qu'on identiFiaitPhazimon h Mersivan, celte plaine formait nécessairement lecentre de la Phazimonitide. En réalité, elle n'est autre que laCampagne aux mille villages (XOt6xwiov 1te3ov) située au dé-

(1) ilead, Must. Num., p. 433; Imboof-Blumer, 1. c.(2) Elle est publiée daprôs une mauvaise copie, par Morrltmann, dans la

Revue du Syltogue de Constantinople, flapdpnpa, t. XV, p. 48, 12. CL aussila piéce de vers restituée par I\IM. Ilogarth et Munro, Journ. o/ heU. sied.,XVIII, p. 326.

(3) Cependant, dans un article récent, M. Munro -suppose que la forteresse deSagylium pourrait être une ruine située au sommet du Tavchan-Dagh visible deVézir-Keupru (Classicat Review, 1900, p. 442).

(4) Strab., X1i, 3, § 13, p. 546 c.-(5) Strab., XII, 3, § 14 et 46, p. 547-548 C.

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12 FBANZ CUi\IONT

bouché de la gorge d'Amasie, et qui, se continuant par la Dia-copène et la Pimolisène, atteignait 1'Halys, qui bornait les pos-sessions de la puissante cité (4). C'est clans la large et fertiledépression du Soulou-Ova, que Mithridate put concentrer unearmée ciel 50,000 hommes au moment de sa rupture avec Borne,en 88 avant J.-C. (2).

Le serment de \TéziI_E .eupru, en nous fournissant un point derepère certain, nous permet donc de tracer avec une sûretétoute nouvelle la carte politique de la région circonvoisine.Elle n'est pas moins instructive pour l'histoire que pour lagéographie de l'ancienne Paphiagonie. Deux inscriptions suc-cessivement découvertes, qui confirment les données de lanumismatique, ont permis de fixer la date de l'annexion decette province à l'automne de l'année fi avant J.-G. (3). Notretèxte est d'accord avec ce résultat l'an 3, dont il est daté,&étend ile l'automne de l'un 4 h l'automne de l'an 3 avantuotre ère, et se place par conséquent, entre le. XII' et leXfll' consulatd'Augnste (P'janvier 5 à 4 eri,i 2 avantj.-G.).A la veille de sa réunion définitEve à l'empire, la Phazinionitideparaît avoir été soumise au dernier prince de Paphlagonie. Elleavait successivement fait parUe du royaume de lSlithridatc (4),avait, en 64 avant .1 .-C., été incorporée à la Bithynie par Pom-pée, qui attribua à sa création de Néapolis le vaste territoire quien dépendit désormais (5). Plus tard, ce canton fut donné, sansdoute par Anloine, h des rois, probablement à ceux de Pa-

(1) 51mb., XII, 3. § 39, . 5es c. -. Pimolisa est très probablement le bourg actueld'Osmarnljik fRamsay, ffislor. geog,'., p . 328). Cf. von F]ottweli, ep. cii., p. 1-2.

(2) Memnon, e. 34 (F. Il. G., 1I1 p. 541) 'Ap2 irà teS ,pàç r 'Â1suia ,sSEoutf lttp)iyovlzç r.rnsxafC,n supa tpzrài ,tfldi,dOÇ cf. il. lleinaeb,

op. cit., p. 123. - l\lithridate marcha du Soulou-Ova par Vézir-Keupru (Pin-zimon) sut Boiabad.

(3) Ràinsay, Bec, des él. g,'., 8393, p. 251 George Macdonald, Journal intenta-(jonc! d'archéol. nnmisna., 1899, p.. 17 ss. Anderson, Journ. of. heu. M. 1900,p. 452.

(4) OEest sans doute à ce district que fait allusion Strabon quand il nous dit(XII, 3, 9, p. 544) que Mithridate possédait de la Paphlagonie intérieure certainscantons au-delà (à l'est) de liTalys.

(5) Strah., Xli, 3, § 38. p- 560 c cf. Th. Reinach, Mithrida(e, p. 400.

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E

-.UN sERMENT DE FIDÉLITÉ A L'EIIIPIiREUR AUGUSTE13

plilagonie (1), dont le dernier rejeton, Déjotarus (Philadeiphe),fils de Castor, avait établi'a Gaugres sa capitale (2). À sa mort,Auguste annexa ses États à la province de Galalic (3), mais laPaphiagonie conserva une certaine indépendance administra-tive, et Gangres continua d'être regardée comme son chef-lieu.Cette ville prend, sur ses monnaies, le titre d'.pyouOE llŒp)-

oYŒç (4), et jusqu'li l'époque byzantine elle resta le siège dumétropolitain (5) et la résidence du gouverneur (6) de la Pa-phlagonie réorganisée. Le rang qu'elle occupait explique qu'ellesoit seule nommée dans le préambule de notre serment c'estlà que l'ordonnance impériale a été publiée pour tout le paysdont Gangres était le centre politique.

L'union de la Paphlagonie et de la Galatie était, si je puisemployer cetie expression moderne, purement personnelle.DLa première était soumise au légal propréteur qui résidait àAneyre - en l'an 3 avant notre ère, c'était sans doute Cor-nutus Aquila (7)— mais, comme d'autres parties du mème gou-vernement, la Lycaonie et lePont galatique (8), elle avait certai-nement son conseil fédéral particulier présidé par un paphla.goniarque (9) n. Cette assemblée, comme tous les xow provia-ciaux, avait surtout à accomplir les cérémonies et à subvenir

(4) Strab. XII, 3, 38, p. 561G: 0ES' 3tpov nEs0'actv ivsqnv.(2) 81mb., XLI, I,44:«3) Marquardt., Organisation dc l'emp. romain, t. li, p. 218 (tr. fr4.(4) Hend, î!. N., p. 432. Cf. Babelon, Collection Waddington, p. 10, n" 453 ss.

- Pompeiopolis se 0010mo qtpéro).:; IJsp).ayovisç (Head, Ibid.). Peut-être lacapitale administrative et la métropole religieuse étaient-elles distinctes enPaphlagonic, nomine elles le furent dans dautres provinces; cf. Guiraud, Asse in-blêcs provinciales, p. 14.

(b) Notitiae (éd. l'arthey), 1, 22, 255, IL, 102 et passim. cf. Lequien, Orienschrislianus, 1, p . 550 s.

(G) Hieroelés, 695, 4.(7) l'rosopo ,gr.- imp. rom., I, p. .113. Son nom appamalt sur une pierre milliaire

dc l'an 6 avant J-C.(8) Guiraud, Assemblées p'ovinc., p. 60.(0) Aucun texto, que je sache, ne mentionne le paphiagoniarque, mais on peut,

saris crainte de s'égarer, former ce composé à l'imitation de nombreux titresanalogues. Cf. Beurlier, Culte impérial, p. 122.— J'ai trouvé â Nicopolis (Purkh)une dédicace d u" « arsuéniarque . e, fonction qui était pareillement inconnuejusqu'ici.

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4.4 FIIÂNZ CLMONT

aux dépenses du culte impérial .. L'organisation (le 00 culten'est pas ce qu'il y a de moins remarquable dans la situationque nous révèle le document de Néapolis. Nous voyons ([tIC

trois ans après l'annexion plusieurs villes, peut-être toutes lesvilles, de Paphlagonie possédaient un Sébastéon ou Augus-téum (4), à une époque où l'on ne peut encore établir l'exis-tence que d'un petit nombre de pareils temples municipaux (2).Tiserait possible que certains d'entre eux eussent déjà été fondéspar les monarques indigènes, carie zèle à honorer le dieu quirégnait sur le monde fut chez les rois vassaux une forme ha-bituelle de la flatterie (3). Mais vraisemblablement presque tousont, après la disparition de la dynaslie nationale, été érigés ouconsacrés au nouveau maître du pays.

Auguste est si bien assimilé à une divinité qu'on jure en invo-quant son nom (1. 9) et pas seulement, comme on le voit faireailleurs, sa Fortune @ôy rj) ou son Génie (gcnii.ts) (4). En dehors del'Egyple, c'est peut-être le seul et certainement le plus ancienexemple connu d'une formule juratoi e où ion atteste la per-sonne elle-même d'un empereur vivant, (lue l'apothéose n'a pasencore égalé aux immortels. Le texte rappelle deux fois expies-sément que, selon le rite habituel, c'est devant l'autel du nou-veau dieu que cet acte religieux doit èlre accompli (,9). Enfin,la dab nième qui est mentionnée en tête de notre serment esthautement significative. La veille des Nones de Mars (le 6) estun jour de fêle pour tous les dévots du prince, car c'est l'anni-versaire de celui où il revêtit le pontiFicat suprême Feriac e±

ti) L. 31-38. Aux témoignages cités plus haut, p . 39. en faveur de la restitutionnt& vi é[z3pyis) il fitut ajoifiér l'in.eriplion d'rriza en Cabalis (1301), X\', 556)où figure ce mot. Cf. sur les hyparchies sôleticides, liaussoulliet, /ice, de I'/iilol,1901, p. 24.

(2) On n'en eonuaif que deux qui tient été construits avant ],otre ére, celuide i\i ylasa, en 12 avant j-c., et ccliii deiN ysa (1 avant J-C.); cf. leurlier. Culteimpd,ial, p. 24. La Le,: .4,ae Warbo,,cnsis (CIL, NI I. 4333) date le l'ait ii ap. J -C.

(3) Beurliei', op. ci/,, p. 21.(4) )3eurlier, op. cil., p. 43 ss, Sur leCtLiÇ Spv.a;. et. Glot,, tians Daremherg

et SagI io s. y. lusiu,ondum, p. 134, n. 6.(5)L. 38 et 41. - Sur leiitet:f. GJot.z, foc. cil., p. 151.

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Ex SERMENT DE FnÉL1T1t A 1'EMPEiiEUIt AUGESTE43

sen.atus consulto quod eo die inp. Goesar pontifex fl?d.Xifl2tS

/actus est, disent les fastes de Préneste (t). il est probable quedes cérémonies sacrées et des jeux étaient à cette occasion célé-brdsà Gangues sous la présidence du grand prêtre de la pro- -vince, et que l'autorité avait protité de la présence des députa-tions municipales et de la foule accourue de toutes parts pourproclamer l'ordre venu de Borne (2).

Si notre inscription jette ainsi une clarté nouvelle sur lanaissance du culte impérial en Orient, néanmoins, de par sanature même, l'intérêt qu'elle Présente est surtout politique.On ne possédait jusqu'ici que kil peu de documents de cegenre. Le nombre des serments de fidélité à un empereur,dont le texte fût conservé, se réduisait à deux ou plutôt à unseul. En effet, nous connaissions uniquement une double for-mule de celui qui fut prêté dans tout l'empire à l'avènementde Galigula en l'an 31 l'une latine fut trouvée au xviii' siècleà Aritium en Lusitanie. l'autre grecque mise au jour en 1881à Assos sur la côte de la Troade (3). M. Momrnsen. dans lecommentaire qu'il a consacré à ces documents juridiques, sedemande s'ils reproduisent une rédaction traditionnelle ou s'ilsont été spécialement composés jour Caligula. L'inscription deVézir-Keupru dissipe toute incertitude à cet égard, car si lesserments de l'an 37 après J-G. sont beaucoup plus brefs quecelui de l'an 3 avant notre ère, leur teneur est cependant cal-Squée sur celle de ce dernier. Le nouveau texte n'a pas seule-ment le mérite d'être plus ancien que les autres et de remonter

(1)e r. le commentaire de Moinutseri tians le c T. P, p. 11.—De même dans nos-cripl un de Forum Clodii, Cii Xi, 3303 = Dessau, n' 154 (18 apiS .1 ..C.). on edlù-bre le sixidne jour avant les ides de Mars par6e que 'libère a été créé grand-pontife à cette date. Ci. Mouirosen, CIL l. p. 311, col, 2.

(2) Sur usage de pareilles promulgations des édits impériaux, cf. Guiraud,Assemblées prou., p. 123 s.

(3) C. I. L., if, 172 et Popers arc/t. 1,151. 0f Àmericu, I, 5882, p. 133. Les deuttexies ont été réunis et cotiunentés par Mommsen, Epft . Epig., V, p. 554 ss. etreprod oit, dans 11mo s, Foc tes iuris Rom., 5° éd. p, 236 ss. - Le tué,,, e sermentest signalé pour la Grèce dans l'inscription d'Âcraephiae (C. I. (L S., I, n' 2711= tiolleaux. Bali. Go,,', heU., Xtl, 1888, 305 s.) et pour la Svrie par JosCqshe,Aol. J,td., XVti I. 5,3.

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'16- FBANZ CUMONT

aux origines mêmes du pouvoir impérial, il cmpi'untc unevaleur spéciale aux circonstances où il a été rédigé. Noussavions par les auteurs anciens, et la double trouvaille d'An-hum et d'Assos est venue le confirmer, qu'à l'avènement d'uitempereur, les habitants de toutes les provinces devaient luijurer obéissance (fl . Le serment des Paphiagoniens nousapprend que le même engagement était exigé dc la populationd'un état étranger lors de sa réunion à l'empire. Cettennexionn'équivalait-elle pas en réalité à un simple changement desouverain? Nulle autre circonslance ne pouvait en l'an 3 avantJ.-C. provoquer pareil ordre du prince. Ce n'est pas à celteépoque qu'Auguste séjourna cii Asic, ni en celte année qu'ilse fit renouveler l'imperium qui lui conférait le gouvernementdes provinces (2). Aucun danger imminent ne le poussait alorsà lier envers lui par des voeux solennels les peuples soumis àson pouvoir, comme il le fit au moment d'engager la lutte con-tre Antoine (3). On doit donc. considérer cet acte comme unemesure ordinaire d'administration. Aprôs une courte périoded'organisation du territoire annexé, quand on eut fixé les limitesdes cités, leurs droits et leurs charges, et qu'on eut terminé lereéensement (4), on demanda enfin la prestation du serment, quidevait être régulièrement imposé en pareil cas.

* Comment. a-t-on procédé à cette formalité? Les mutilationsqu'a subies le monument empêchent malheureusement qu'onpuisse se former sur ce point une opinion assurée et répondre à

CL) Mommsen, Staals,'echt, t. IV, p. î93.(2)Cet impci'ium fut renouvelé pour in troisième fois en S avant 3.-C., pOlit la

quatrième fois en 3 après J -C.(3)Dion Cass., L, 6; cf. Sud. Auq. n?. Monum. Ancyr. y , 25 lurojjit in inca

verbe /ota floUa sponte sua ... iuraverunt in eadem verbe provinciae Galtioc, Dis-paniac, Africa, Sicilia, Sardiuia. Cf. Gardthausen, Aug,,stus ,rnd seine Zei/, t. I,p. 365, n. 35.

@) lin recensement doit avoir eu lieu aussitôt après rannexion (Mninitisen,Staatsrech/, Ii, 1092).— Sa date sciait à peu près celle du fameux recensement dcQuirinius (cl'. Desjardiais, Bey , des questions hisSer., t. II, p 60 s. I]averfield,Classical Revissa, 1900, p. 369). C'est là sans doute une coïncidence fortuite.L'inscription C. I. L., 111,5. 6819; Dessau, inser. Sel. 1039. mentionne un (eg.Au ,q. 7)7•0 p .. ...S ceirsi's i'apltlag(oniac), 'nais elle est de l'époque de 'rraian.

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I

UN SERMENT DE FIDÉLITÉ A L 'EMPEREUR AUGUSTE(7

toutes les questions que noire curiosité se pose. Si à la ligne 4,la reslitution v nvyÔpCt est exacte, les députés des villes sesont probablement, dans la fête du 6 mars, obligés devant lereprésentant du prince au nom dc leurs commettants - c'étaitlà un usage ordinaire (1). Puis, plus tard, les magistrats muni-cipaux ont dans chaque cité, et en particulier à Néapolis(1. 36-42), fait jurer les autres habitants. Toutefois, on pourraitsupposer aussi qu'il n'y ait eu à Gangres q'u'une simple pro-mulgation de l'ordonnance impériale.La solution de cette ques- -tion dépendra avant! tout du sens qu'on attachera aux mots Kat&''r& Œ1&... et 'OoUoç... placés au début des derniers paragra-phes de l'inscription. L'interprétation qui s'offre d'abord à l'es-prit c'est que les habitants de la Paphlagonie ayant été astreintsau serment, d'antres - dont le nom a disparu - se soumirentà la même obligation et qu'enfin les gens de Néapolis rempli-rent à ]cur tour ce devoir. Mais une pareille hypothèse soulèvede graves difficultés et, dans tout ce qui précède, nous l'avonsimplicitement écartée. En effet, l'acte officiel, émané de l'empe-reur, et dont un extraitest reproduit en tête de l'inscription, neparlait que des Paphiagoniens. Si les Phazimoniles, distinctsde ceux-ci, avaient reçu postérïetirerneni un ordre spécial, ilsauraient évidemment fait mention de cet ordre et non de celuiqui concernait leurs voisins. De plus, il. est certain que Phazi-mon-Néoclaudiopolis faisait, au n e siècle, partie de la Paphla-'gonie (2), et l'ère de la ville datant de 6-5 avant ,l.-C., il s'ensuitqu'elle a été annexée à l'empire avec ]e reste de la province (3).L'expression Kt 'r& Œ'k&... doit doue s'entendre autrement.Le serment a été prêté d'abord à Gangres par les membres del'assemblée provinciale au nom des villes qu'ils représentaient,pui dans les nuhnes termes par l'ensemble de la populationde chaque cité (t&vEç, 1. 37 et 41). Une inscription de Magné-

(1) C'est notamment ce qui eut lieu en Gràee k l'avènement de Ca!igula, C. t.c s., ï, 211-I = Holleaux, Rutt. heU., XII, 1888, p. 305. voir aussi le sermentd'Asses cité plus haut.

(2) Ptolémde V, 4,6. Cf. supra, p. 33,11. 3.(3) Anderson, loura, o/ heU. stud., 1900, p. 152; cf. supra, p, 37, n. 3.

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sic (1) offre un exemple d'un emploi analogue de cette formuleépigraphique' un l).sépllisme est voté d'abord par le xotv6v desÀ.carnaniens, ensuite 1ir& tt ...... . par les différentes villesdu pays.

On ne voit pas clairement non plus quel magistrat romainest intervenu en cette circonsiance. Est-ce le gouverneur (leGalatie qui s'est rendu lui-même en Paphlagouie pour assurerl'exécution du rescrit d'Auguste (2)? Ou bien quelque autre dé-légué de l'empereur, un leqatus inndieus, un leqatus ou pro-cura/or ad census aecipiendos a-t-il été chargé de ce soin ? Letexte est muet sur ce point. Deux faits seulement sont. certainsc'est d'abord que la population tout entière ou, pour parler avecplus de précision, tous les hommes libres, citoyens et pérégrins,ont été assermentés; c'est, en second lieu, que la formule jura-toire répétée par tous les habitants avait été approuvée et im-posée parle pouvoir central. Le début de l'inscription 'AZ Œ&to-

xp&opo; Kz(npc;... ne laisse subsister à cet égard aucune hési-ta t ion.

C'est là, si l'on considère le contenu dccc document, un faittrès remarquable. On ne jure point ici, comme le faisaient àRome les magistrats, d'agir toujours selon le bien public et dese conformer aux lois, mais on se dévoue tout entier avec tousles siens Ha personne du prince divinisé, (lui a le droit de réglernon seulement les actesmais les pensées même de ses sujets.Ce serment est un simple serment d'allégeance, il n'est pasrépublicain et civique, il est ln1renent monarchique et mii taire.Ce serait, si l'on pouvait se servir ici de termes du droit ro-main, non pas un iusiura?zdun? mais un sacramentum, exigéen pleine paix non seulement des pérégrins, pour lesquels l'em- tpereur est un maître, mais aussi, chose inouïe, des citoyens

(t) Kern, Iaschrif/en VOn Mop,esio, n' .31.(2) Le serment à Caligula a été prâté devant le proconsul en Grâce (cf. t. e.),

ces t le légat propréteu r d'Esag n e qui est nom 'né en tél e du serment dArilium(C. I. L., 1F, {12), elle légat de S y rie qui. à la même dde, ipxem rv 1ÙT8ÙI-

T rŒ(o (Josûphe, Ant. Sud., XVIII, ii. 3) cf. Mommnsen, Staatsr., J!',p. 103.

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résidant dans la province. Seulement, en réalité, nous sommesici en dehors des conceptions juridiques de florn. Cette piècen'est pas dans la tradition latine, mais entièrment dans la tra-dition hellénique ou plutôt he1hnistique. La forme sous laquelleelle nous apparaît s'est développée dans les monarchies guer-rières des diadoques asiatiques. Cerla.ines expressions que nouslisons ici reproduisent presque textuellement celles qui sontemployées dès le ursiècle avant notre ère dans les serments quelesmercenaires prôtent àEumène Ierde.1ei.gameet Jeshabitantsde Magnésie à Séleucus de Syrie(t). On s'y engage en des fermesanalogues à soutenir ]e roi envers et contre tous, à le défendredans le danger et à dénoncer les complots dirigés contre sapersonne. Les divinités invoquées les premières sont aussi dansles trois inscriptions les mêmes, Zens, Gè, ilélios les Magnètesy ajoutent la Fortune du roi Séleucus, comme les Paphlago-niens le nom d'Auguste (2).

La triade de Zeus, on le Ciel, la Terre et le Soleil est d'ail-leurs bien antérieure à Alexandre. 1)éjà du temps d'Bomère enattestait ces dieux comme garant.s dela vérité, et ils ne cessèrentjamais dans la suite d'être regardés comme des 02&. 4xo parexcellence (3). ffa.utres formules que nous trouvons reprisesici, remontent jusqu'aux plus anciens serments connus c'estle cas en particulier pour ces imprécations, d'une saveurarchaïque si spéciale (t), qui rappellent le temps où les foulessuperstitieuses croyaient que ]e fait d'uvoi' prononcé lesparoles consacrées livrait le parjure aux puissances malfiti-sautes (5). Enfln, la langue elle-mème est d'une pureté et d'uneprécision qu'on n'est point accoutumé à rencontrer en Asic-

,. Mineure dans le jargon officiel du siècle d'Auguste.

(-1) Cf. les actes aux 1.9 â 31.(2) cL ]a note ft la t. 8.(3) Hoinère. 11h-ide, XIX, 258 s., lit, -276 s. — Vo yez Miche], ,i° 45, 1. 5-1 ; n' 19,

I. 6! et 71; n o 1316, ]. 51; n' 142!, I. 3. Laftscltew, laser. Ponli E't'rini, 11, n° 55et 140; or. Ziebart!i, De iureinrando in iuoe gracco quaestiones, 1892, p. 23, n. 2.

(4) Cf. les notes aux lignes 31 s,. On pourrait multiplier les exemples. Je nie bornefi rappeler le fameux serinent des Aniphictions. Esdhine, Ado. Gtesiph.. § 110.

(5) Voir lance-lote curieuse rapporlée par i1rodote, VI, 86.

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Si l'on pèse tous ces éléments d'appréciation, on sera amené,presque malgré spi, à penser que le serment, dont le textevient d nous êlrérendu, n'a point été composé à l'époque oùil a été gravé (4). Vraisemblablement, c'est celui par lequelbien auparavant les Paphiagoniens se liaient envers leurs roisindigènes, et ceuxci à leur tour l'avaient emprunté à quelquedynastie grecque. Comme en Égypte, Auguste apparaît doncdans ce pays comme le successeur (les anciens souverains, etil s'attache à respecter les formes consacrées par la traditionnationale. -

Par là ce nouveau document acquiert une portée qui dépasse• de beaucoup lcs frontières de la petite province qu'il concerne

spécialement. Il nous fait vivement sentir -le contraste qui exis•tait entre la théorie romaine du céshrisme et son application enAsic. En l'an 3 avant notre ère, Auguste n'est en' Italie qu'unmagistrat républicain auquel on u accordé pour dix ans despouvoirs extraordinaires il refuse les titres de maître et dedieu il défend qu'an lui consacre des temples (2). En Paphia-gonie, il appurhît comme-un monarque orienlal, héritier desdynastes dont la maison s'est éteinte. Il prescrit que non seule-ment les indigènes, mais les Romains eux-mômes y invoquentson nom avec celui d'autres divinités ct sacrifient sur sesautels; il veut enfin qu'ils se dévouent corps et me à sa per-sonne, à celle de ses fils et de ses descendants (3).

(4) Il conviendrait d'ailleurs fort mal aux circonstances, s'il datait vraiment dclan 3 avant notre ère. Oit se figure difficilement les paisibles marchands romainspoursuivant les ennemis des Césars l'épée à la main sur terre et sur mer.

(2) Cf. Beur]ier, op. cil., p. t.(3) II est caractéristique de constater que la famille du prince et en particu-

lier ses enfants lui sont, en Occident, associés pour la première fois dans un acteofficiel du culte impérial, qui repose tout entier sur des conceptions asiatiques.Le Lex Arae Narbouensis de l'an li après J-C. (CIL, XII 4333 = Bruns Foulés,p. 242) débute par l'invocation « Quod bonum feux fort unalum que su irnp(e,'aloi'i)Caesa,'i divi flUo Auguste... coniugi, liberis, gentique cius, senaini populo queRomano..

Le Puy-en-Velay. - lump. Régis Narcbe,,ou, 21, boulevard Carnet.

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