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Sélection médicale des candidats à un don de sang : biologie A. Beauplet *, B. Danic, F. Aussant-Bertel et les médecins de l’EFS-Bretagne Établissement français du sang – Bretagne, rue Pierre-Jean-Gineste, BP 91614, 35016 Rennes, France. Reçu le 28 juillet 2003 ; accepté le 30 juillet 2003 Mots clés : Don de sang ; Examens biologiques des donneurs de sang Keywords: Blood donation; Biological screening of blood donors * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Beauplet). Transfusion Clinique et Biologique 10 (2003) 469–481 www.elsevier.com/locate/tracli © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.tracli.2003.07.003

Sélection médicale des candidats à un don de sang : biologie

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Sélection médicale des candidats à un don de sang : biologie

A. Beauplet *, B. Danic, F. Aussant-Bertel et les médecins de l’EFS-Bretagne

Établissement français du sang – Bretagne, rue Pierre-Jean-Gineste, BP 91614, 35016 Rennes, France.

Reçu le 28 juillet 2003 ; accepté le 30 juillet 2003

Mots clés : Don de sang ; Examens biologiques des donneurs de sang

Keywords: Blood donation; Biological screening of blood donors

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A. Beauplet).

Transfusion Clinique et Biologique 10 (2003) 469–481

www.elsevier.com/locate/tracli

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.tracli.2003.07.003

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1. Sélection des donneurs

1.1. Interprétation d’une numération sanguine pré-donavant un don de plaquettes

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Augmentation du volumeextracorporel (hématocrite faible,séparateur à flux discontinu)

• Transmission bactérienne(hyperleucocytose)• Inefficacité transfusionnelle(contenu du PSL insuffisant enplaquettes).

(1) Analyser la formule sanguine si disponible.• Une polynucléose neutrophile (≥ 7000/mm3) ;

• une hyperéosinophilie (≥ 500/mm3) ; sont descontre-indications au don jusqu’à normalisation dela formule.

(2) Les séparateurs à flux discontinu présentent un risquemajoré de volume extracorporel important, surtoutlorsque l’hématocrite est abaissé.Orienter sur un séparateur à flux continu les personnesdont le volume sanguin total est inférieur à 4,5 L.Entre 50 et 55 kg, un hématocrite minimum supérieurou égal à 39 % est conseillé.

(3) Une hyperleucocytose, avec polynucléose neutrophilepeut être retrouvée dans les situations suivantes :• tabagisme chronique ;• effort physique violent ;• digestion ;• menstruations.

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2. Suivi des donneurs

2.1. Conduite à tenir devant des résultats anormauxde l’hémogramme en post-don

– Commentaires –

(1)

CI 3 mois : H : 11 < Hb < 12,5 g/dL F : 10 < Hb < 11,5 g/dLCI 6 mois : H : Hb < 11 g/dL F : Hb < 10 g/dL

(2) Tenir compte de la formule sanguine si disponible.Envoyer courrier pour contrôle si :• neutrophiles ≥ 10 000/mm3 ou < 1500/mm3 ;• éosinophiles ≥ 700/mm3 ;• lymphocytes > 7000/mm3.

(3) La présence d’éléments cellulaires anormaux néces-site un contrôle rapide.

(4) Si pathologie hématologique sous-jacente, mettre encontre-indication définitive, et apposer le code médi-cal correspondant.Si infection sous-jacente, attendre 7 jours après nor-malisation des résultats et/ou arrêt du traitement.

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2.2. Conduite à tenir devant des résultats anormauxde l’électrophorèse des protides

– Commentaires –

(1) L’électrophorèse des protéines ne suffit pas à poser undiagnostic. Toute anomalie suspecte nécessite uncontrôle, au cours duquel l’entretien médical et l’exa-men clinique rechercheront des signes cliniquesd’orientation.Dans certains cas, un avis spécialisé peut être recom-mandé lorsque l’anomalie est persistante.La séparation électrophorétique des protéines sur geld’agarose révèle les fractions suivantes :

• albumine : • 57 à 65 % des protéines totalessériques (40 à 45 g/L) ;

• alpha1globulines : • 1 à 4 % (2 à 4 g/L) ;• alpha2globulines : • 6 à 10 % (4,5 à 7 g/L) ;• bêtaglobulines : • 8 à 12 % (7 à 13 g/L) ;• gammaglobulines : • 12 à 19 % (9 à 15 g/L).

(2) Dysglobulinémie monoclonale :• pic homogène correspondant à une immunoglobu-

line monoclonale, dans la zone bêta-gamma, parfoisdans la zone alpha2.

En général associée à une diminution des autresimmunoglobulines normales.Étiologies possibles : il convient d’éliminer un myé-lome ou une macroglobulinémie.Certaines hypergammaglobulinémies monoclonalessont de signification indéterminée. Leur prévalenceaprès 50 ans est estimée à 2 % de la populationgénérale. Elles nécessitent une surveillance au longcours car une évolution vers une gammapathie mo-nonclonale maligne est décrite dans 5 à 10 % des cas :

• un bloc bêta-gamma correspond à une augmentationdes IgA

(3) Une hypogammaglobulinémie inférieure à 4 g/L né-cessite des investigations complémentaires afin d’éli-miner notamment un myélome à chaînes légères.

(4) Les principales anomalies à explorer sont :• un déficit en a1 antitrypsine :

l’avis d’un pneumologue est recommandé.En l’absence d’expression clinique, le don est auto-risé ;

• une augmentation polyclonale des immunoglobulines :elle peut s’observer dans un contexte infectieuxchronique, une hépatopathie, une collagénose ;

• une augmentation des a1 et a2 globulines :Elle peut s’observer dans les syndromes inflamma-toires, certaines néoplasies.

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2.3. Conduite à tenir devant des résultats anormaux dubilan de coagulation

(1) Prélèvement sur citrate de sodium à 3,8 % (un volumed’anticoagulant pour neuf volumes de sang).• Ponction franche pour éviter l’activation de certains

facteurs de coagulation sous l’influence du facteurtissulaire.

• Tubes en plastique ou siliconés.

• Centrifugation et dosages rapides.• Ne pas conserver à +4 °C.

(2) Une anomalie du bilan de coagulation ne peut êtreinterprétée sans un examen clinique et un entretienmédical orientés, et un bilan complémentaire. Un avisspécialisé est recommandé.

(3) Les dons en aphérèse sont destinés à la préparation deproduits sanguins labiles ou de médicaments dérivésdu sang indiqués dans des situations cliniques à risquehémorragique.

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2.4. Conduite à tenir devant la découverte d’un testde Coombs direct positif

(1) Le diagnostic d’anémie hémolytique auto-immuneimpose la mise en évidence de l’anémie (NFS), del’hémolyse (hyperréticulocytose sanguine, bilirubinelibre augmentée, LDH augmentée, haptoglobinémieeffondrée), et la confirmation de la présence d’auto-anticorps adsorbés sur la membrane du globule rouge(test de Coombs direct positif).On distingue :

• les AHAI secondaires (40 %)C post-infectieuses (mycoplasmes, mononucléose in-

fectieuse, syphilis secondaire)

C médicamenteuses (méthyldopa +++, mais aussi demécanisme immuno-allergique avec les pénicillines,la rifampicine, ...)

C hémopathies (leucémie lymphoïde chronique, mala-die de Waldenström, lymphosarcome B, maladie deHodgkin, ...)

C connectivites (Lupus érythémateux disséminé ++)C tumeur de l’ovaireC rectocolite hémorragique

• les AHAI primitives (60 %).(2) Un test de Coombs direct positif peut être retrouvé

dans de nombreuses situations sans anémie hémolyti-que auto-immune associée. Certains auteurs évoquentla fixation possible de complexes immuns avec lecomplément sur les récepteurs CR1 des hématies.

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2.5. Conduite à tenir devant la découverte d’un marqueurviral positif

(1) La découverte d’un marqueur viral positif impose sansdélai la traçabilité et le blocage des produits sanguinsissus du don positif et des éventuels produits sanguinsissus de dons antérieurs non encore transfusés.On entend par marqueur viral positif :• une recherche d’antigène HBs positive confirmée ;• une recherche d’anticorps anti-HBc positive confir-

mée chez un donneur connu avec sérologie anti-HBcnégative sur le don antérieur ;

• une recherche d’anticorps anti-VIH1 et 2 positiveconfirmée ;

• une recherche d’anticorps anti-VHC positive confir-mée ;

• une recherche d’anticorps anti-HTLVI et II positiveconfirmée ;

• un dépistage génomique viral positif (associé ou nonà une sérologie positive).

(2) Pour traçabilité des dons antérieurs :• information éventuelle d’autres ETS ;• information du laboratoire français du fractionne-

ment et des biotechnologies ;• déclenchement d’enquêtes transfusionnelles.

(3) Donner une information claire et précise concernant :• la signification de la positivité du marqueur ;• les risques de transmission pour l’entourage ;• les mesures préventives à adopter ;• la nécessité de tests de dépistage pour les proches

et/ou les partenaires sexuels ;

• la nécessité d’un suivi médical, biologique et théra-peutique.

• En cas de positivité pour l’antigène HBs, recomman-der la vaccination de l’entourage (familial, partenairesexuel(le)).

• Quel que soit le marqueur, rappeler les règles d’hy-giène relatives au matériel de toilette à ne pas parta-ger.

• Préciser la contre-indication définitive au don dusang, ainsi que pour le (la) partenaire sexuel(le).

• Rechercher l’existence d’un facteur de risque éven-tuel, le mode et la date de contamination en remplis-sant un questionnaire type (fiche de renseignementsépidémiologiques).

• Rechercher l’existence de dons antérieurs. En fairepréciser la date, et le nom de l’ETS préleveur, enexpliquant la nécessité de contacter celui-ci pour laréalisation d’enquêtes transfusionnelles chez les re-ceveurs des PSL issus du (des) don(s) antérieur(s).

(4) L’analyse des fiches de renseignements épidémiologi-ques doit être discutée :• individuellement avec le médecin ayant validé le

don ;• collectivement avec l’équipe médicale, voire l’en-

semble du service ;• elle doit, si besoin, entraîner la mise en place d’ac-

tions correctives.(5) En cas de non-retour de la fiche épidémiologique,

contacter par écrit ou par téléphone le médecin traitantpour optimiser le recueil d’informations utiles à lamise en place d’éventuelles actions correctives.

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