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Lexique sociologique et ethnologique Ce lexique a été constitué principalement à partir de lectures d'ouvrages sociologiques, mais aussi parfois de conférences, d’interventions radiophoniques, de notes de cours, de sites internet... Conventions adoptées : Dans les citations, les changements de paragraphe sont signalés par une double barre oblique (« // ») et les changements de page par « /p. XX/ », XX est le numéro de la nouvelle page (par exemple : « /p. 25/ »). Les références sont données selon le format « (Hall, 1980, 2007, p. 47) » où sont successivement indiqués le nom de l’auteur (ou des auteurs), l’année de la première publication, l’année de l’édition utilisée (si différente) et le numéro de page dans cette édition. On trouvera les références complètes en fin de lexique par ordre alphabétique. Accès direct aux définitions Acteur et agent...........................................................7 Agenda-setting (ou effet agenda) (sociologie des médias)..................7 Amorçage (ou priming) (sociologie des médias).............................8 Analyse de discours.......................................................8 Analyse systémique Voir « Systémique »..................................8 Anthropologie.............................................................8 Appareil idéologique d’Etat (concept du philosophe Louis Althusser).......9 Approche systémique Voir « Systémique ».................................9 Audience (part d’) Voir « Part d’audience ».............................9 Audience cumulée ("sociologie" des médias audiovisuels)...................9 Audience instantanée ("sociologie" de la télévision)......................9 Audimétrie ("sociologie" de la télévision – et de la radio)...............9 Auto-analyse Voir « Auto-socioanalyse »................................10 Autoscopie (terme de Bouvier)............................................10 Auto-socioanalyse ou Auto-analyse........................................10 Benchmarking.............................................................10 Benedict (Ruth)..........................................................10 Boîte noire (terme de cybernétique et de systémique).....................10 Bourdieu (Pierre)........................................................11 Bruit (théorie de la communication)......................................11 Cadrage (ou framing) (sociologie des médias).............................11 Caeteris paribus Voir « Ceteris paribus »..............................11 CAPI (Computer Assisted Personal Interview)..............................11 Capital culturel (concept de Pierre Bourdieu)............................12 Capital économique (concept de Pierre Bourdieu)..........................12 Capital social (concept de Pierre Bourdieu)..............................12 Capital symbolique (concept de Pierre Bourdieu)..........................13 Carrière.................................................................14 Catégorie scientifique...................................................14 Catégories de perception.................................................14 CATI (Computer Assisted Telephone Interview).............................14 CCCS Voir « Cultural studies ».........................................14 CECMAS Voir « Centre d'études des communications de masse (CECMAS) »...14 1

Selon Boudon. Raymond Boudon fait une distinction entre ...sophiasapiens.chez.com/sociologie/Lexique sociologiqu…  · Web viewOn trouvera les références complètes en fin de

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Lexique sociologique et ethnologique

Ce lexique a t constitu principalement partir de lectures d'ouvrages sociologiques, mais aussi parfois de confrences, dinterventions radiophoniques, de notes de cours, de sites internet...

Conventions adoptes:

Dans les citations, les changements de paragraphe sont signals par une double barre oblique (//) et les changements de page par /p.XX/, o XX est le numro de la nouvelle page (par exemple: /p.25/).

Les rfrences sont donnes selon le format (Hall, 1980, 2007, p.47) o sont successivement indiqus le nom de lauteur (ou des auteurs), lanne de la premire publication, lanne de ldition utilise (si diffrente) et le numro de page dans cette dition. On trouvera les rfrences compltes en fin de lexique par ordre alphabtique.

Accs direct aux dfinitions

Acteur et agent7

Agenda-setting (ou effet agenda) (sociologie des mdias)7

Amorage (ou priming) (sociologie des mdias)8

Analyse de discours8

Analyse systmique Voir Systmique8

Anthropologie8

Appareil idologique dEtat (concept du philosophe Louis Althusser)9

Approche systmique Voir Systmique9

Audience (part d) Voir Part daudience9

Audience cumule ("sociologie" des mdias audiovisuels)9

Audience instantane ("sociologie" de la tlvision)9

Audimtrie ("sociologie" de la tlvision et de la radio)9

Auto-analyse Voir Auto-socioanalyse10

Autoscopie (terme de Bouvier)10

Auto-socioanalyse ou Auto-analyse10

Benchmarking10

Benedict (Ruth)10

Bote noire (terme de cyberntique et de systmique)10

Bourdieu (Pierre)11

Bruit (thorie de la communication)11

Cadrage (ou framing) (sociologie des mdias)11

Caeteris paribus Voir Ceteris paribus11

CAPI (Computer Assisted Personal Interview)11

Capital culturel (concept de Pierre Bourdieu)12

Capital conomique (concept de Pierre Bourdieu)12

Capital social (concept de Pierre Bourdieu)12

Capital symbolique (concept de Pierre Bourdieu)13

Carrire14

Catgorie scientifique14

Catgories de perception14

CATI (Computer Assisted Telephone Interview)14

CCCS Voir Cultural studies14

CECMAS Voir Centre d'tudes des communications de masse (CECMAS)14

Centre d'tudes des communications de masse (CECMAS)14

Centre of contemporary cultural studies (CCCS)14

Ceteris paribus (ou Caeteris paribus) Voir aussi Toutes choses gales par ailleurs14

Champ (concept de Pierre Bourdieu) Voir aussi Champ autonome15

Champ autonome (concept de Pierre Bourdieu)15

Chicago (cole de)16

Citoyennet diffrencie16

Classe moyenne16

Classe sociale17

Codage17

Codage/dcodage (thorie de Stuart Hall)17

Codex (et volumen)17

Cohsion sociale17

Columbia (cole de)18

Communalisation (concept de Weber)18

Conatus18

Concept19

Constance (cole de) (sociologie de la lecture)19

Constructivisme20

Contre-factuel (raisonnement)21

Contre-public subalterne (terme propos par Nancy Fraser)21

Corpus (analyse de contenu)21

Courage civil (terme de Gabriel Tarde)22

Critique interne et Critique externe (sociologie du journalisme)22

Cultural studies22

Culturalisme23

Culture Voir aussi Culture (en sociologie des organisations)24

Culture (en sociologie des organisations)24

La Culture du pauvre (livre de Richard Hoggart) (sociologie des publics)25

Cyberntique (sciences de linformation et de la communication)25

Darwinisme social25

Date de Dernire Lecture (mthode) Voir aussi Through the book (mthode)26

DEA Voir Dure moyenne dcoute par auditeur (DEA)26

Dduction26

DEI Voir Dure moyenne dcoute par individu (DEI)26

DET Voir Dure moyenne dcoute par tlspectateur (DET)26

Dterminisme26

Diffusion dune innovation27

Distinction27

Division du travail social (De la) (ouvrage dmile Durkheim paru en 1893)27

Domination (selon Max Weber)27

Domination charismatique (selon Max Weber) Voir Domination28

Domination lgale-rationnelle (selon Max Weber) Voir Domination28

Domination symbolique Voir Violence symbolique28

Domination traditionnelle (selon Max Weber) Voir Domination28

Double bind28

Double journe28

Doxa28

Doxologie28

Doxosophe28

Duhem-Quine (thse de)28

Dure dcoute par auditeur (DEA) ("sociologie" de la radio)28

Dure moyenne dcoute par individu (DEI) ("sociologie" des mdias audiovisuels)28

Dure moyenne dcoute par tlspectateur (DET) ("sociologie" de la tlvision)29

chantillon stratifi29

cole de Chicago Voir Chicago (cole de)29

cole de Columbia Voir Columbia (cole de)29

cole de Constance Voir Constance (cole de)29

cole de Francfort Voir Francfort (cole de)29

cole de Palo Alto Voir Palo Alto (cole de)29

cologie humaine29

Effet de troisime personne (concept de W. Phillips Davison)29

Emploi30

Encodage/dcodage Voir Codage/dcodage30

Enqute par questionnaire (mthodologie)30

Enqute sociale30

Entretien (mthodologie)30

Espace public Voir aussi Espace public (L) de Jrgen Habermas31

Espace public (L) de Jrgen Habermas Voir aussi Espace public31

Espace social32

Essentialisation/Essentialisme32

thique de la communication32

Ethnocentrisme33

Ethnographie33

Ethnologie33

Ethnomthodologie33

Ethos ou thos Voir aussi Ethos de classe33

Ethos de classe Voir aussi Ethos34

tiquetage35

tude de cas36

volutionnisme36

Existentialisme (philosophie)36

Expertise versus recherche36

Fait social (concept dmile Durkheim)36

Fait social total (concept de Marcel Mauss)37

Feed-back Voir Rtroaction37

Fminisme pluraliste (ou pluralisme fministe ou citoyennet pluraliste ou projet pluraliste)37

Focus group37

Fonction manifeste / fonction latente (concepts de Robert Merton)38

Fonctionnalisme38

Formes sociales (terme de Georg Simmel) Voir aussi Sociologie formelle39

Foule39

Framing (sociologie des mdias) Voir Cadrage40

Francfort (cole de)40

Gate-keeper ou gardien/slectionneur de linformation (sociologie des mdias)40

Gatherer et processor (sociologie du journalisme)41

Grammaire41

Guide dentretien (selon Jean-Pierre Olivier de Sardan)42

Guide dopinion (sociologie des mdias) Voir Two step flow42

Habermas Jrgen42

Habitus Voir aussi Habitus cliv42

Habitus cliv43

Hall Stuart43

Hawthorne (effet) (sociologie du travail et sociologie des organisations)44

Hgmonie (selon Gramsci)45

Les Hritiers (ouvrage de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron)46

Hermneutique46

Hexis corporelle (nom gnralement considr comme fminin)46

Holisme47

Homo conomicus48

Homo sociologicus intentionnel48

Homogamie48

Homophilie48

Hovland Carl (psychologie des mdias de masse, de la propagande...)48

Hughes (Everett)49

Hypodermique (modle de la seringue/piqre/aiguille) (sociologie des mdias)49

Hystrsis49

Idal-type ou type idal (pluriel: idaux-types) (concept de Max Weber)49

Identit49

Idologie50

Imposition de problmatique (terme de Pierre Bourdieu)50

Incidence (en sociologie de la dviance, dans les enqutes de victimation)50

Indicateur50

Indigne (adjectif)50

Individualisme mthodologique51

Induction (et dduction)51

Induction analytique51

Industrie culturelle (mdias de masse)51

Injection (mthodologie)52

Interaction52

Interactionnisme ou sociologie interactionniste52

Interactionnisme symbolique53

Jeux (thorie des) ou thorie mathmatique de la dcision ou praxologie mathmatique53

Kardiner (Abraham)54

Lazarsfeld (Paul Flix)54

LDP Voir Lecture dernire priode (LDP)54

Leader dopinion (sociologie des mdias) Voir Two step flow54

Lectant et lisant (selon le thoricien de la lecture Vincent Jouve)54

Lecture dernire priode (LDP) (presse crite)54

Lecture dun numro moyen (LNM) (presse crite)55

Lecture rgulire confirme (LRC) (presse crite)55

Lgitimation Voir aussi Violence symbolique55

Lgitimisme55

Lvi-Strauss Claude55

Licence (sociologie des professions)55

Lien social56

Linton (Ralph)56

Lisant Voir Lectant56

Liu (Michel) (sociologie des organisations)56

LNM Voir Lecture dun numro moyen (LNM)57

Locus of control57

Loi57

Loi de rcapitulation Voir Rcapitulation (loi de)57

LRC Voir Lecture rgulire confirme (LRC)57

Maffesoli Michel57

Malthusianisme57

Mandat (sociologie des professions concept dEverett Hughes)58

March primaire et march secondaire58

Marqueur58

Marqueur social59

Matriel59

Mead (George Herbert)59

Mead (Margaret)59

Mdias autonomes, de diffusion et de communication (sociologie des mdias)59

Mdiamat ("sociologie" de la tlvision)59

Mdiation59

Merton (Robert King)60

Mthode60

Microculture (sociologie des organisations)60

Misrabilisme et populisme (selon Grignon et Passeron)61

Mobilit (sociale, professionnelle, intragnrationnelle, intergnrationnelle)61

Modle61

Monde social61

Motivac ("sociologie" de la tlvision)62

Multivictimation (en sociologie de la dviance, dans les enqutes de victimation)62

Neutralit axiologique (Wertfreiheit; principe de Max Weber)62

Nomadismes sexus (dans le temps et dans l'espace)62

Objectivation62

Objectivation participante (terme de Pierre Bourdieu)62

Objectivisme63

Objectivit63

Observation analytique (selon Jean-Michel Chapoulie)63

Observation diffuse (selon Jean-Michel Chapoulie)63

Observation flottante (terme de Colette Ptonnet)64

Observation participante64

Olson (paradoxe d)64

Opinion publique65

Organigramme fonctionnel (concept dAbraham Moles)66

Organique66

Organisation technique/sociale, formelle/informelle (sociologie du travail)66

Palo Alto (cole de)66

Paradigme67

Paradoxe dOlson Voir Olson (paradoxe d)68

Parsons Talcott 68

Part daudience ("sociologie" des mdias audiovisuels)68

Participation (dans l'entreprise)68

Passager clandestin Voir aussi Olson (paradoxe d)69

Payne fund (sciences de linformation et de la communication)69

Peoples Choice (The) (sociologie des mdias)69

Priode probatoire (enqutes par panel)69

Piqre hypodermique Voir Hypodermique70

Plafond de verre70

Pluralisme fministe Voir Fminisme pluraliste70

Populisme Voir Misrabilisme et populisme70

Positivisme70

Postcolonialit70

Postmodernisme Voir aussi Postmodernit et Relativisme cognitif70

Postmodernit Voir aussi Postmodernisme71

Poststructuralisme (et postmodernisme)71

Pragmatisme72

Praxologie72

Prnotion (terme dmile Durkheim)72

Prvalence (sociologie de la dviance, enqutes de victimation)73

Priming (sociologie des mdias) Voir Amorage73

Probatoire Voir Priode probatoire73

Problmatique73

Processor Voir Gatherer et processor73

Processus73

Profane distinction sacr/profane (concept de Durkheim)73

Profession (sociologie des professions)73

Professionnalisation (sociologie des professions)75

Programme fort76

Proxmique76

Public77

Quart dheure moyen ("sociologie" de la radio)77

Queer77

Questionnaire (enqute par) Voir Enqute par questionnaire77

Ralisme totalitaire77

Rcapitulation (loi de)77

Recent Reading Voir Date de Dernire Lecture (mthode)77

Redondance (thorie de la communication)77

Rgression logistique77

Rgulation (thorie de la)78

Rgulation (cole de la)78

Relais dopinion (sociologie des mdias) Voir Two step flow78

Relativisme78

Relativisme cognitif79

Relativisme culturel79

Reproduction sociale79

Rtroaction (ou feed-back) (terme de systmique)80

Reynaud (Jean-Daniel)80

Rite80

Rle81

"Rousseauisme"81

Sainsaulieu (Renaud)81

Sapir-Whorf (thse de) (linguistique)82

Saturation82

Scientisme82

Segment professionnel (sociologie des professions)82

Semi-profession (sociologie des professions) Voir aussi Profession83

Sens commun Voir aussi Doxa, Prnotion83

Sens pratique83

Sentimentalisme (terme de Howard Becker)83

Seringue hypodermique Voir Hypodermique83

Signe83

Sociabilit primaire et sociabilit secondaire84

Socialisation84

Socialisation primaire84

Socialisation secondaire84

Sociation (concept de Weber)84

Socital84

Socit vicinale et socit de rseaux (rticulaire) Voir aussi Solidarit mcanique et solidarit organique85

Sociocentrisme85

Sociologie Voir aussi Thories sociologiques85

Sociologie comprhensive86

Sociologie critique86

Sociologie des mdias87

Sociologie formelle (de Georg Simmel) Voir aussi Formes sociales87

Sociologies interprtatives88

Solidarit mcanique et solidarit organique Voir aussi Socit vicinale et socit de rseaux88

Sous-culture88

Sphre publique Voir Espace public88

Statut88

Statut social89

Stratgie (sociologie de laction)89

Structuralisme (gnralis) Voir aussi Structuralisme en anthropologie, Structuralisme en linguistique, Structure89

Structuralisme en anthropologie ou Anthropologie structurale Voir aussi Structure89

Structuralisme en linguistique90

Structure Voir aussi Structuralisme, Structuralisme en anthropologie91

Structuro-fonctionnalisme92

Substantialisme92

Symbolique (le)92

Systme 1) chez les systmistes93

Systme 2) chez les fonctionnalistes93

Systme fonctionnel et systme d'interdpendance (chez Boudon)93

Systmique (ou Analyse systmique ou Approche systmique ou Thorie des systmes gnraux ou Thorie gnrale des systmes ou Thorie systmique ou Thorie des systmes)94

Tactique Voir Stratgie95

Tautisme (terme de Lucien Sfez)95

Taux de circulation (presse crite)95

Taux moyen daudience dune mission ("sociologie" de la tlvision)95

Terrain Voir Travail de terrain95

Thorie des jeux Voir Jeux95

Thorie des systmes Voir Systmique95

Thorie des systmes gnraux Voir Systmique95

Thorie gnrale des systmes Voir Systmique95

Thorie sociologique95

Thorie systmique Voir Systmique95

Third effect person Voir Effet de troisime personne95

Through the book (mthode) Voir aussi Date de Dernire Lecture (mthode)95

Tnnies (Ferdinand)96

Toutes choses gales par ailleurs Voir aussi Ceteris paribus (ou Caeteris paribus)96

Travail de terrain96

Triangulation96

Troisime personne (effet de) Voir Effet de troisime personne96

Two-step flow of communication (sociologie des mdias)96

Uses and gratifications (Usages et gratifications) (sociologie des mdias)97

Valeur98

Vicinale (socit) Voir Socit vicinale et socit de rseaux98

Victimation ou victimisation (sociologie de la dviance)98

Violence symbolique (ou pouvoir symbolique ou domination symbolique)98

Volumen Voir Codex99

Whig history99

Whyte William Foote99

Acteur et agent

Selon Boudon. Raymond Boudon fait une distinction entre les systmes fonctionnels (dans lesquels les individus occupent un rle social: mdecin dlivrant une ordonnance, universitaire crivant un article...) et les systmes d'interdpendance (dans lesquels les individus n'occupent pas de rle). Dans le premier cas, les individus sont appels acteurs car ils jouent un rle. Dans le second cas, ils sont appels agents. Boudon l'explique en ces termes: Pour la clart du vocabulaire, il est utile de parler d'acteur individuel dans le cas de systmes fonctionnels et d'agent individuel dans le cas des systmes d'interdpendance. La notion d'acteur est, comme celle de rle, emprunte au langage de la scne. [...] Le mot agent dsigne clairement le porteur individuel de l'action sans renvoyer la catgorie des rles. (Boudon, 1979, chapitreIV, introduction au chapitre, p.118)

Agenda-setting (ou effet agenda) (sociologie des mdias)

Dfinition. Leffet dagenda dsigne linfluence que les mdias exercent sur la dfinition des problmes considrs comme les plus importants dans la socit et appelant une intervention des pouvoirs publics. Si lagenda des mdias simpose aux lecteurs, les mdias sont alors susceptibles dexercer une influence, non pas directement sur leur vote, mais sur les problmes que les lecteurs prennent en considration pour dcider de leur vote. Traditionnellement, pour mesurer leffet dagenda des mdias sur les lecteurs, on tudie dabord lagenda des mdias, cest--dire les problmes que les mdias privilgient (par exemple en analysant les unes et titres principaux des quotidiens, ou les sujets prsents dans les JT). Puis on tudie lagenda des lecteurs, cest--dire les problmes que ceux-ci considrent comme les plus importants (par exemple travers des enqutes par sondage). Enfin, on compare les deux agendas en sefforant de reprer une relation entre eux (par exemple, linscription dun problme sur lagenda mdiatique est suivie quelque temps plus tard par lapparition de ce problme dans lagenda des lecteurs). (Tiberj, Vedel, 2006, p.20)

Explication1. lide dinfluence sur lopinion, les sociologues prfrent aujourdhui celle dun "effet agenda": plutt que de dire au public "ce quil faut penser", les mdias lui suggreraient "ce quoi il faut penser". (Durand, Mercier, Scardigli, 1989, 2006, p.682)

Explication2. Pour les "tudes d'agenda setting", les mdias nous disent non pas ce qu'il faut penser, mais quoi il faut penser; ils jouent le rle d'un "matre de crmonie" ou encore d'un tableau d'affichage sur lequel viendraient s'inscrire les problmes qui doivent faire l'objet du dbat dans une socit. (Mattelart, Mattelart, 1995, 2004, p.84)

Explication3. la suite de travaux publis par deux chercheurs amricains Maxwell McCombs et Donald Shaw qui [...] ont tabli quil existait une corrlation forte entre limportance accorde par les mdias certains enjeux et celle attribue par les lecteurs ces mmes sujets, on en est arriv affirmer que les mdias, en raison de la slection des informations laquelle ils procdent, attirent lattention du public sur certains thmes plutt que dautres. Leur influence ne consiste donc pas dire aux gens ce quils doivent penser, mais ce quoi ils doivent penser puisquils dfinissent le calendrier et la hirarchie des vnements dont on parle. (Rieffel, 2001, 2005, p.25)

Explication4. Depuis une tude fondatrice mene sur l'lection prsidentielle amricaine de 1968 par Maxwell McCombs et Donald Shaw [note45 p.466: Maxwell McCombs et Donald Shaw, The agenda setting function of mass media, Public Opinion Quarterly, 1972, vol. 16, p.176-187.] et publie au dbut des annes 1970, les mdias sont rputs exercer une influence sur la focalisation de l'attention publique. La fonction d'agenda (agenda setting) [...] illustre ce phnomne et consiste en une sorte de mise en visibilit de faits ou d'vnements: les mdias peuvent dfinir le calendrier /p.203/ des vnements dont on parle (l'ordre du jour), dire ce quoi il convient de penser. En d'autres termes, partir du moment o ils traitent certains problmes de faon prioritaire, ces problmes deviennent souvent prioritaires aux yeux de l'opinion publique. [...] (Rieffel, 2005, pp.202-203)

Amorage (ou priming) (sociologie des mdias)

Dfinition1. Lamorage [...] consiste en "une modification momentane des critres de jugements sous leffet dune information temporairement plus accessible" [Gerstl, 2004, p.105]. La couverture mdiatique de certains vnements, leur forte visibilit, influent sur les critres retenus pour valuer certaines situations ou certains enjeux: linformation amorce alors le jugement que nous allons porter sur ces vnements. Lors de llection prsidentielle de 1995, le transfert dattention mdiatique vers un certain nombre daffaires (coutes tlphoni-/p.27/ques, affaire Schuller-Marchal, etc.) a visiblement provoqu un changement des modes dvaluation du candidat Edouard Balladur dont la cote de popularit sest brutalement effondre. (Rieffel, 2001, 2005, pp.26-27)

Dfinition2. Leffet damorage dsigne l'influence des mdias sur le choix des critres retenus pour valuer les hommes et les situations, la possibilit d'activer des considrations particulires pour fonder un jugement. Lorsqu'il s'agit, par exemple, d'valuer le bilan de l'action d'un homme politique, l'lecteur ne prend pas en compte tout ce qu'il sait, mais uniquement les fragments d'information politique qui lui sont les plus accessibles. Or, les journaux tlviss jouent souvent ce rle de mise disposition de l'information pertinente pour se forger une opinion prcise. // Autrement dit, une large couverture mdiatique accrot la probabilit que les opinions qu'elle veille en nous servent de critres de jugement lectoral: les mdias "amorcent" nos jugements. (Rieffel, 2005, p.208)

Analyse de discours

Dfinition. Lanalyse de discours est un champ interdisciplinaire. Cest un domaine dtude des sciences humaines et sociales qui examine de manire systmatique les structures et les fonctions des textes et des discours dans leurs contextes social, politique et culturel. (Van Dijk, 1995, p.10; ma traduction)

Analyse systmique Voir Systmique

Anthropologie

Diffrence entre ethnographie, ethnologie et anthropologie. Au XVIIIe sicle, il existe une rpartition du travail entre le voyageur et le thoricien: le voyageur collecte des informations et rapporte des observations, tandis que lanthropologue, rest en mtropole, dans son bureau ou sa bibliothque, analyse les donnes rapportes et met en relation les observations releves par diffrents ethnologues. Les anthropologues font encore souvent appel, la fin du XIXe sicle, aux rcits des missionnaires ou encore ceux des naturalistes. Cest /p.43/ aussi la grande poque de "lanthropologie de cabinet" dont Marcel Mauss constitue un exemple illustre: grand rudit, il sappuie sur une importante documentation. C. Lvi-Strauss distingue en consquence, dans LAnthropologie structurale (1959), lethnographie, qui consiste dans le recueil des donnes et la rdaction dun journal de terrain, lethnologie centre sur une tude de cas qui restitue la fois les lments empiriques dune recherche monographique et labore des hypothses explicatives, et enfin lanthropologie, au sens largi de science de lhomme, qui procde un travail comparatif entre les ethnologies spcialises et dcouvre les catgories universelles de lesprit humain, applicables toutes les socits et toutes les cultures. Notons que ce que C. Lvi-Strauss qualifie dethnologie correspond, dans le monde anglo-saxon, lanthropologie sociale et culturelle. // Cest au dbut du XXe sicle, la suite des travaux de Bronislaw Malinowski, qua eu lieu une vritable rvolution: le refus de lanthropologie de cabinet. La sparation entre lobservateur et le chercheur est supprime; lanthropologue sort de son fauteuil et va lui-mme sur le terrain. (Vigour, 2005, pp.42-43)

Appareil idologique dEtat (concept du philosophe Louis Althusser)

Explication (selon Mattelart). Un article paru dans la revue La Pense, en 1970, intitul "Idologie et appareils idologiques d'tat", a un profond retentissement sur la thorie critique de la communication, en France et l'tranger. Althusser y oppose les instruments rpressifs de l'tat (arme, police) qui exercent une coercition directe, aux appareils qui remplissent des fonctions idologiques et qu'il dnomme "appareils idologiques /p.52/ d'tat" (AIE). Ces appareils signifiants (cole, glise, mdias, famille, etc.) ont pour rle d'assurer, de garantir et de perptuer le monopole de la violence symbolique, celle qui s'exerce sur le terrain de la reprsentation, en dissimulant l'arbitraire de cette violence sous le couvert d'une lgitimit prtendument naturelle. C'est par leur intermdiaire qu'agit concrtement la domination idologique, c'est--dire la faon dont une classe au pouvoir (socit politique) exerce son influence sur les autres classes (socit civile). (Mattelart, Mattelart, 1995, 2004, pp.51-52)

Explication (selon Gingras). Louis Althusser est un philosophe franais qui a labor le concept d'appareil idologique d'tat. Les mdias, l'cole, les syndicats, les glises constituent des appareils idologiques alors que la police, l'arme et le systme judiciaire sont des appareils d'tat rpressifs. L'appareil idologique d'tat sert transmettre l'idologie dominante. La domination dans le systme capitaliste s'instaure autant par la persuasion que par la coercition; il y a une discipline, une logique, une culture et des contraintes que les individus sont appels trouver normales. Les appareils idologiques d'tat n'appartiennent pas forcment au domaine public; ils peuvent tre privs, mais on les appelle ainsi parce qu'ils fonctionnent comme s'ils taient sous la gouverne directe de l'tat, en transmettant lido-/p.49/logie de la classe qui s'incarne dans l'tat. (Gingras, 1999, 2006, pp.48-49)

Approche systmique Voir Systmique

Audience (part d) Voir Part daudience

Audience cumule ("sociologie" des mdias audiovisuels)

Dfinition pour la tlvision. nombre ou proportion dindividus ayant regard une chane de tlvision un moment quelconque dune tranche horaire ou de la journe, quelle que soit la dure de ce moment. (CESP, 2002, p.69)

Dfinition pour la radio. nombre ou pourcentage dindividus ayant cout une station de radio un moment quelconque dune tranche horaire ou de la journe, quelle que soit la dure de ce moment. (CESP, 2002, p.107)

Audience instantane ("sociologie" de la tlvision)

Dfinition. nombre ou proportion dindividus lcoute de la tlvision un moment donn. (CESP, 2002, p.69)

Audimtrie ("sociologie" de la tlvision et de la radio)

Dfinition. Technique dobservation de laudience de la tlvision ayant recours un appareil enregistreur. Laudimtrie est active ou passive selon que laudimtre utilis est dot ou non dun bouton poussoir permettant au tlspectateur de fournir des renseignements sur ses comportements ou sur ses apprciations. (Balle, 2006, art. audimtrie)

Explication. Depuis le milieu des annes 1980, la mesure de laudience de la tlvision seffectue par le systme de laudimtrie individuelle dans de nombreux pays dans le monde. Ce systme de mesure consiste quiper un chantillon permanent de foyers (ou panel) daudimtres. Ces appareils enregistrent en continu ltat du rcepteur (allum-teint) dans les foyers panliss et la chane sur laquelle le tlviseur est branch. Dautre part, une tlcommande permet aux membres du foyer et leurs invits de dclarer leur prsence devant le rcepteur. Laudimtre a lavantage de ne pas faire appel la mmoire des panlistes [comme lors des enqutes par sondage]. Il enregistre, avec prcision, la seconde prs, laudience du foyer /p.56/ et laudience individuelle lorsquelle est dclare, ainsi que la chane regarde. Les rsultats, produits la minute, permettent ainsi de calculer laudience des missions entre leurs heures exactes de dbut et de fin ainsi que celle des crans publicitaires. [...] Les deux mthodes alternatives dans la mesure de laudience TV sont le carnet dcoute rempli pendant un certain nombre de jours par un chantillon dindividus ou lenqute sur lcoute de la veille. Le recueil de laudience est alors gnralement fait sur la base du quart dheure. Ces deux mthodes ont t utilises en France avant laudimtrie. (CESP, 2002, pp.55-56, soulign par moi)

Laudimtrie radio. Laudimtrie radio, teste dans diffrents pays, pourrait progressivement remplacer les dispositifs en vigueur lheure actuelle. (CESP, 2002, p.100)

Auto-analyse Voir Auto-socioanalyse

Autoscopie (terme de Bouvier)

Explication. Bouvier (2000) voque lautoscopie de Soi et des Autres. Il entend par l la manire dont les individus et les populations sauto-identifient. Ce regard port sur soi-mme doit abolir la distance ethnocentrique par laquelle lobservateur travestit souvent la culture de lobserv. Cest non seulement le journal du chercheur mais aussi toutes les productions par lesquelles lagent sexprime en labsence de lobservateur: crits (lettres, pomes, manuscrits divers, etc.), objets construits, crations artistiques. Lautoscopie peut galement tre collective: tracts, journaux, productions diverses, ce que Bouvier nomme des ensembles populationnels cohrents. (Juan, 2005, p.63)

Auto-socioanalyse ou Auto-analyse

Explication de Bourdieu. Lauto-socioanalyse ou auto-analyse consiste studier soi-mme, analyser son parcours biographique comme s'il s'agissait de n'importe quel autre objet (Bourdieu, 2004, p.12), mettre au jour les principes qui guid[ent] [sa] pratique (ibid.). Pour le sociologue, cela implique dexaminer ltat du champ sociologique au moment o il y est entr et donc avec lequel et contre lequel [il] s'est fait (ibid., p.15). Il sagit aussi danalyser ltat du champ sociologique au moment prsent afin de se donner les moyens de comprendre les trajectoires individuelles et collectives (ibid., p.78). Enfin, lauto-socioanalyse doit bien videmment prendre en considration son milieu social dorigine ainsi que les diffrents moments de son histoire. Pour Bourdieu, ce travail est indispensable au chercheur car cest en prenant acte de [sa] position et de son volution dans le temps que lon peut esprer matriser les effets qu'elles pourraient avoir sur [ses] prises de position scientifiques (ibid., p.141).

Benchmarking

Dfinition. Systmatis au dbut des annes 1980, le benchmarking est une mthode explicitement comparative, destine dfinir les meilleures pratiques dans un domaine, afin dadapter la pratique juge la plus performante dautres institutions. Cette mthode est utilise par des consultants, des experts, mais aussi des chercheurs soit en matire de conseils stratgiques pour les entreprises, soit dans le domaine de lanalyse des politiques publiques nationales et internationales. (Vigour, 2005, p.115, n.1)

Benedict (Ruth)

Ethnologue amricaine (New York, 1887 - id., 1948). Elle sest consacre des tudes dethnologie compare sur les Indiens du S.-O. des Etats-Unis, cherchant mettre en vidence les relations entre les formes de culture propres chaque socit et les habitudes individuelles quelles dterminent. Elle opposa ainsi la culture des indiens Zui, caractrise par des instincts agressifs, individualistes (Patterns of Culture, 1934; Continuities and discontinuities in cultural conditioning, 1938; etc.). (Le petit Robert2, 1984)

Bote noire (terme de cyberntique et de systmique)

Origine du concept. Le concept de bote noire [a t] invent par les thoriciens de la cyberntique (Mathien, 1989, p.20).

Dfinition. Le concept de bote noire ser[t] dfinir tout systme en tant que structure cause-effet. Le phnomne de sortie est une fonction du phnomne d'entre et de la transformation que celui-ci subit l'intrieur de la bote-noire dans un certain dlai. (Mathien, 1992, p.10)

Exemple. Lentreprise mdiatique est une "bote noire" dans laquelle les flux d'entre, matires premires immatrielles (les messages bruts) et matires premires (papier, encre), se combinent entre eux suivant un processus particulier, dlimit dans le temps, pour se confondre dans un flux de sortie concrtis par la production en srie de journaux. (Mathien, 1989, p.76)

Bourdieu (Pierre)

Biographie. Pierre Bourdieu nat le 1er aot 1930 Denguin, dans les Pyrnes-Atlantiques, o son pre occupe un poste de petit fonctionnaire des P.T.T. Il se marie le 2 novembre 1962 avec Marie-Claire Brizard; de cette union naissent trois fils (Jrme, Emmanuel, Laurent). Ses tudes se droulent successivement au lyce de Pau, au lyce Louis Le Grand, puis lEcole normale suprieure. Agrg de /p.6/ philosophie, il sera professeur au lyce de Moulins en 1954-1955. LAlgrie, o il effectue son service militaire et o il sera assistant entre 1958 et 1960 (facult de lettres dAlger), lui fournit un terrain dtude privilgi: outre Sociologie de lAlgrie (d. PUF, Que sais-je, 1958), il publie, en collaboration avec Abdelmalek Sayad, Le dracinement. La crise de lagriculture traditionnelle en Algrie (d. de Minuit, 1964). Ltude anthropologique des paysans kabyles lui permettra de jeter les bases de sa thorie sociologique: on trouve dans lEsquisse dune thorie de la pratique, prcde de trois tudes dethnologie kabyle (d. Droz, 1972) une dmarche et des concepts qui constitueront le fil directeur de lensemble de luvre de P. Bourdieu. la fin de la guerre dAlgrie, il sera nomm assistant la Facult des lettres de Paris (1960-1961) puis matre de confrences la facult de Lille de 1961 1964. En 1981, il occupe la chaire de sociologie au Collge de France. Il dirigeait la revue Actes de la recherche en sciences sociales (ARSS) depuis sa cration en 1975. Il obtient la Mdaille dor du CNRS en 1993. P.Bourdieu est dcd le 23 janvier 2002. (Bonnewitz, 2002, pp.5-6)

Bruit (thorie de la communication)

Explication. la notion de "bruits" (au sens de la thorie de l'information) regroup[e] toutes les perturbations venant s'opposer l'attention d'un individu [...]. Celles-ci sont aussi bien constitues par tout ce qui se passe dans l'environnement de ce qui est "objet d'attention", que par les tats d'me de celui qui doit tre attentif [le plus ou moins grand intrt port au message mis]. Les "bruits" sont, en quelque sorte, externes et internes l'individu-rcepteur [...]. (Mathien, 1992, p.209)

Cadrage (ou framing) (sociologie des mdias)

Dfinition. Le cadrage dun vnement [...] signifie slectionner certains aspects de cet vnement [...] et en rendre certaines de ses dimensions plus saillantes. Les journalistes, en choisissant de traiter une question sous un angle prcis [...] peuvent orienter les reprsentations que nous nous faisons [...]. Le cadrage retenu, le travail de catgorisation et de qualification effectu, peuvent ainsi avoir une incidence sur les rcepteurs puisque le mode de prsentation dun sujet influe sur lopinion quon se fera de ce sujet. Ce fut, semble-t-il, le cas en 1988 au moment de llection prsidentielle au cours de laquelle les mdias ont, par une sorte de cadrage discriminant, marginalis la candidature de Raymond Barre en raison des doutes quils mirent sur ltendue de son rseau politique. (Rieffel, 2001, 2005, p.26)

Explication. Shanto Iyengar [1991] a [...] montr que le cadrage (ou framing), autrement dit l'angle sous lequel on traite une question, suscite des interprtations diffrentes de la part du rcepteur. Le mode de prsentation d'un sujet (son importance, sa place, son angle) influe sur l'opinion qu'on se fait de ce sujet, active des considrations dj prsentes chez l'lecteur et en modifie le poids. Prsenter par exemple la pauvret la tlvision l'aide de reportages qui mettent l'accent sur des portraits de chmeurs (cadrage pisodique) ne provoquera pas le mme type de raction que si on cherche contextualiser le reportage par des statistiques, des considrations conomiques (cadrage thmatique). Dans le premier cas, l'imputation sera individuelle (s'il est pauvre, c'est de sa faute); dans le second cas, l'imputation sera collective (s'il est pauvre, c'est la faute du gouvernement). (Rieffel, 2005, p.206)

Cadrage pisodique et cadrage thmatique. Le cadrage peut tre pisodique c'est--dire quon traitera dun problme tel que le chmage en faisant, par exemple, le portrait dun chmeur (le tlspectateur attribuera alors la responsabilit du problme lindividu lui-mme) ou thmatique c'est--dire quon voquera le problme du chmage laide dune approche macroconomique fonde par exemple sur des statistiques (le tlspectateur imputera alors la responsabilit du problme un collectif, le plus souvent le gouvernement en place). (Rieffel, 2001, 2005, p.37, n.2)

Caeteris paribus Voir Ceteris paribus

CAPI (Computer Assisted Personal Interview)

Dfinition. interview en face face assiste par ordinateur (CESP, 2002, p.14)

Le systme CAPI double cran. Exemple de ltude AEPM. Le systme CAPI utilis par lAEPM [Audiences tudes sur la presse magazine] est compos: dun micro-ordinateur sur lequel figure le questionnaire et sur lequel lenquteur saisit les rponses; dune ardoise lectronique prsente linterview sur laquelle dfilent les logos des quotidiens et des magazines ainsi que les items de rponses aux diffrentes questions. (CESP, 2002, p.18) Les apports du CAPI double cran. Par rapport au questionnaire papier/crayon traditionnellement utilis dans les enqutes en face face, le CAPI double cran reprsente une innovation technologique importante qui amliore de faon sensible le recueil de linformation: lutilisation de lordinateur confre un caractre plus srieux et plus professionnel lenqute; la prsentation des logos et des listes rponses sur lcran rend linterview plus conviviale et permet de maintenir lattention des interviews; les guidages et les filtres tant grs directement par le logiciel, lenquteur peut rester plus vigilant et tre davantage lcoute des interviews; dans le cas dune enqute comportant un nombre de titres consquent comme celle de lAEPM (150 magazines environ), le CAPI permet de mettre en place une rotation alatoire vitant ainsi les effets dordre frquemment observs dans les enqutes papier/crayon; enfin, le rappel du logo du titre tudi pour toutes les questions daudience, constitue une aide supplmentaire dans un questionnaire o la mmoire de linterview est fortement sollicite. (CESP, 2002, p.23)

Capital culturel (concept de Pierre Bourdieu)

Dfinition. ensemble des qualifications intellectuelles, soit produites par le systme scolaire, soit transmises par la famille. Ce capital peut exister sous trois formes: ltat incorpor comme disposition durable du corps (par exemple laisance dexpression en public); ltat objectif comme bien culturel (la possession de tableaux, douvrages); ltat institutionnalis c'est--dire socialement sanctionn par des institutions (comme les titres scolaires). (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique, p.93, soulign par moi)

Explication. Le capital culturel correspond notamment au capital scolaire (dcrit par le niveau de formation et les types de diplme, la matrise de la langue, des "bonnes manires", de la "culture") (Vigour, 2005, p.131).

Les trois formes du capital culturel. Explication1. Dans les circonstances habituelles et les relations du quotidien, la culture fonctionne comme pouvoir, ou capital, susceptible dadmettre lune de trois formes distinctes (Bourdieu, 1986). Elle peut tre objective, pour ainsi dire, sous forme de machines, livres, uvres dart ou de science; elle peut tre institutionnalise, comme cest le cas avec les diplmes, les certificats, les pices justificatives officielles; enfin, elle peut tre incorpore dans les personnes, sous la forme de ce que Bourdieu appelle lhabitus. (Wacquant, 1993, p.33, soulign par moi) Explication2. Le capital culturel peut exister sous trois formes: ltat incorpor, comme disposition durable du corps, c'est--dire comme habitus; ltat objectif, comme bien culturel, par exemple un tableau; ltat institutionnalis, le titre scolaire en est la meilleure illustration. (Durand, Weil, 1989, 2006, p.296)

Capital conomique (concept de Pierre Bourdieu)

Dfinition1. ensemble des ressources patrimoniales (terres, biens immobiliers, portefeuille financier) et des revenus, quils soient lis au capital (loyers, intrts, dividendes) ou un exercice professionnel salari ou non salari (honoraires des professions librales, bnfices industriels et commerciaux pour les chefs dentreprise ou les artisans et commerants). (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique, p.93)

Dfinition2. non seulement constitu par les diffrents facteurs de production (terres, usines, travail, monnaie, etc.) et lensemble des biens conomiques, des revenus, il se caractrise aussi par le type dintrt conomique qui a cours un moment donn. Le capital conomique ne fonctionne pas de la mme manire dans une conomie agraire, soumise la logique des rcoltes prcdentes, et dans une conomie capitaliste exigeant le calcul rationnel. (Durand, Weil, 1989, 2006, p.296)

Capital social (concept de Pierre Bourdieu)

Dfinition1. ensemble des relations "socialement utiles" qui peuvent tre mobilises par les individus ou les groupes dans le cadre de leur trajectoire professionnelle et sociale. (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique, p.93)

Dfinition2. Le capital social dsigne une [...] forme de capital, li la possession durable d'un rseau de relations sociales ou l'appartenance un groupe stable que l'individu peut mobiliser dans ses stratgies. Ce capital est variable en volume et en potentialits selon les relations concernes: "Le volume de capital social que possde un agent particulier dpend de l'tendue des liaisons qu'il peut effectivement mobiliser et du volume de capital (conomique, culturel ou symbolique) possd en propre par chacun de ceux auxquels il est li." (Bourdieu Pierre, Le sens pratique, Minuit, 1980) (Akoun, Ansart, 1999)

Attention! Le capital social au sens de Bourdieu n'est donc pas l'ensemble des relations d'un individu, mais l'ensemble des relations dotes d'un certain pouvoir. (d'aprs Catherine Delcroix, 25/10/2004)

Capital symbolique (concept de Pierre Bourdieu)

Dfinition1. magie sociale qui transforme en qualits de la personne ou de la ligne, les richesses socialement accumules. (Pinon, Pinon-Charlot, 2002, p.141)

Dfinition2. ensemble des rituels (comme ltiquette ou le protocole) lis lhonneur et la reconnaissance. Il est le crdit et lautorit que confrent un agent la reconnaissance et la possession des trois autres formes de capital (conomique, culturel et social). (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique, p.93)

Dfinition3 (capital symbolique, charisme et magie). Un des effets de la violence symbolique est la transfiguration des relations de domination et de soumission en relations affectives, la transformation du pouvoir en charisme ou en charme propre susciter un enchantement affectif (par exemple dans les relations entre patrons et secrtaires). [...] Lalchimie symbolique, telle que je viens de la dcrire, produit, au profit de celui qui accomplit les actes deuphmisation, de transfiguration, de mise en forme, un capital de reconnaissance qui lui permet dexercer des effets symboliques. Cest ce que jappelle le capital symbolique, confrant ainsi un sens rigoureux ce que Max Weber dsignait du mot de charisme, concept purement descriptif, quil donnait explicitement au dbut du chapitre sur la religion de Wirtschaft und Gesellschaft pour un quivalent de ce que lcole durkheimienne appelait la mana. Le capital symbolique est une proprit quelconque, force physique, richesse, valeur guerrire, qui, perue par des agents sociaux dots des catgories de perception et dapprciation permettent de la percevoir, de la connatre et de la reconnatre, devient efficiente symboliquement, telle une vritable force magique: une proprit qui, parce quelle rpond des attentes collectives, socialement constitues, des croyances, exerce une sorte daction distance, sans contact physique. On donne un ordre et il est obi: cest un acte quasi magique. (Bourdieu, 1994, p.187)

Exemples de capital symbolique. La place essentielle de lEtat. Comme le sorcier mobilise tout le capital de croyance accumul par le fonctionnement de lunivers magique, le prsident de la Rpublique qui signe un arrt de nomination ou le mdecin qui signe un certificat (de maladie, dinvalidit, etc.) mobilisent un capital symbolique accumul dans et par tout le rseau de relations de reconnaissance qui sont constitutives de lunivers bureaucratique. Qui certifie la validit du certificat? Celui qui a sign le titre donnant licence de certifier. Mais qui certifie son tour? On est entran dans une rgression linfini au terme de laquelle il faut sarrter et lon peut, la faon des thologiens, choisir de donner le nom dEtat au dernier (ou au premier) maillon de la longue chane des actes officiels de conscration. Cest lui qui, agissant la faon dune banque de capital symbolique, garantit tous les actes dautorit, actes, la fois arbitraires et mconnus comme tels, dimposture lgitime, comme dit Austin: le prsident de la Rpublique est quelqu'un qui se prend pour le prsident de la Rpublique, mais qui, la diffrence du fou qui se prend pour Napolon, est reconnu comme fond le faire. (Bourdieu, 1994, p.122)

Exemple de capital symbolique: celui de LouisXIV. Le capital symbolique qui fait quon sincline devant LouisXIV, quon lui fait la cour, quil peut donner des ordres et que ces ordres sont obis, quil peut dclasser, dgrader, consacrer, etc., nexiste que dans la mesure o toutes les petites diffrences, les marques de distinction subtiles dans ltiquette et les rangs, dans les pratiques et dans le vtement, qui font la vie de cour, sont perues par des gens qui connaissent et reconnaissent pratiquement (ils lont incorpor) un principe de diffrenciation qui leur permet de reconnatre toutes ces diffrences et de leur accorder valeur [...]. Le capital symbolique est un capital base cognitive, qui repose sur la connaissance et la reconnaissance. (Bourdieu, 1994, p.161)

Exemple de capital symbolique: dans le monde de lart. Le capital de lartiste est un capital symbolique [...]. Ce capital symbolique de reconnaissance [...] suppose la croyance des gens engags dans le champ. Cest ce qua bien montr Duchamp qui [...] a fait de vritables exprimentations sociologiques. En exposant un urinoir dans un muse, il a mis en vidence leffet de constitution quopre la conscration par un lieu consacr, et les conditions sociales de lapparition de cet effet. Toutes les conditions ne se rduisent pas celles-l, mais il fallait que cet acte soit accompli par lui, c'est--dire par un peintre reconnu comme peintre par dautres peintres ou dautres agents du monde de lart ayant le pouvoir de dire qui est peintre, il fallait quil soit dans un muse qui le reconnaissait comme peintre et qui avait le pouvoir de reconnatre son acte comme un acte artistique, il fallait que le milieu artistique soit prt reconnatre ce type de mise en question de sa reconnaissance. [...] Il faudrait encore redire propos du capital symbolique de lcrivain ou de lartiste, propos du ftichisme du nom de lauteur et de leffet magique de la signature, tout ce qui a t dit propos du capital symbolique tel quil fonctionne dans dautres univers: en tant que percipi, il repose sur la croyance, c'est--dire sur les catgories de perception et dapprciation qui sont en vigueur dans le champ. (Bourdieu, 1994, pp.198-199)

Carrire

Dfinition. Terme du langage courant utilis pour dsigner les diffrentes tapes de la vie professionnelle. La constitution de biographies, l'analyse longitudinale de trajectoires visent dpasser l'tude synchronique des situations de travail pour saisir leur droulement temporel. Utilis par le courant interactionniste, le concept s'largit au-del de sa sphre habituelle. Il s'agit alors de construire des modles squentiels de passages d'une position une autre, de considrer l'histoire des individus comme une srie d'engagements envers les normes et les institutions, impliquant des changements de comportements et d'opinions. On peut alors parler, comme le fait [Howard] Becker, de carrires de dviants ou de dlinquants. (Ferrol, 1991, 1995, art. Carrire, p.15)

Catgorie scientifique

Catgories de perception

Explication (par Bourdieu). [Les journalistes] slectionnent dans cette ralit particulire qu'est la vie des banlieues, un aspect tout fait particulier, en fonction de catgories de perception qui leur sont propres. La mtaphore la plus communment employe par les professeurs pour expliquer cette notion de catgorie, c'est--dire ces structures invisibles qui organisent le peru, dterminant ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, est celle des lunettes. Ces catgories sont le produit de notre ducation, de l'histoire, etc. Les journalistes ont des "lunettes" particulires partir desquelles ils voient certaines choses et pas d'autres; et voient d'une certaine manire les choses qu'ils voient. Ils oprent une slection et une construction de ce qui est slectionn. (Bourdieu, 1996, p.18)

CATI (Computer Assisted Telephone Interview)

Dfinition. interview tlphonique assiste par ordinateur (CESP, 2002, p.7)

CCCS Voir Cultural studies

CECMAS Voir Centre d'tudes des communications de masse (CECMAS)

Centre d'tudes des communications de masse (CECMAS)

Prsentation. En 1960, le Centre d'tudes des communications de masse (CECMAS) est cr l'intrieur de l'cole pratique des hautes tudes. Fond l'initiative du sociologue Georges Friedmann (1902-1978), ce centre reprsente la premire tentative srieuse de constituer en France un milieu et une problmatique de recherche en communication. Son programme est l'analyse des "rapports entre la socit globale et les communications de masse qui lui sont fonctionnellement intgres". Il entend remdier au retard pris par la recherche franaise dans un domaine largement domin par l'analyse fonctionnelle amricaine et la carence d'une perspective transdisciplinaire. // Autour de Georges Friedmann, se runissent Edgar Morin et Roland Barthes. Chacun d'entre eux reprsente un champ et des orientations de recherches propres. Barthes est le seul se situer dans la mouvance du structuralisme. [...] Autour de ce centre gravitent des personnalits aussi diverses que Jean Baudrillard, Julia Kristeva, Christian Metz, Abraham Moles, Violette Morin, Andr Glucksmann, Pierre Fresnault-Deruelle, Jules Gritti, Eliseo Veron, A. J. Greimas, mais aussi des chercheurs lis l'industrie publicitaire comme Jacques Durand et Georges Pninou qui tudieront comment la machine rhtorique peut tre mise au service de la cration. La revue Communications fonde en 1961 constitue leur lieu privilgi d'expression. [... /p.50/ ...] le CECMAS a chang deux fois d'intitul: en 1974, il devient le Centre d'tudes transdisciplinaires, sociologie, anthropologie, smiologie (CETSAS); en 1979, ce dernier est rebaptis CETSAP, la smiologie ayant disparu au bnfice de la politique. (Mattelart, Mattelart, 1995, 2004, pp.49-50)

Centre of contemporary cultural studies (CCCS)

Voir Cultural studies

Informations historiques. Le Centre fut fond par Richard Hoggart en 1964, qui en assura la direction avant de cder sa place Stuart Hall en 1968 qui le dirigea jusquen 1979. Il ferma ses portes en 2002 (Cervulle, 2007, p.10).

Ceteris paribus (ou Caeteris paribus) Voir aussi Toutes choses gales par ailleurs

Dfinition. Expression latine signifiant toutes choses gales par ailleurs.

Exemple. On cause beaucoup moins caeteris paribus, aux champs qu' la ville [...] (Tarde, 1901, 1989)

Champ (concept de Pierre Bourdieu) Voir aussi Champ autonome

Dfinition. Pour Bourdieu, une socit est constitue d'une pluralit de champs (champ conomique, champ culturel, champ politique, etc.), c'est--dire d'espaces autonomes structurs par des rapports de domination et des enjeux spcifiques, irrductibles par rapport ceux des autres champs (un P.D.G. ne court pas aprs les mmes enjeux qu'un homme politique ou qu'un artiste). (Colloque PB, 2003) Un champ peut tre compos de sous-champs. Par exemple, le champ tlvisuel est un sous-champ du champ journalistique (Bourdieu, 1996, p.60).

Dfinition (selon Bourdieu). Un champ est un espace social structur, un champ de forces il y a des dominants et des domins, il y a des rapports constants, permanents, d'ingalit qui s'exercent l'intrieur de cet espace qui est aussi un champ de luttes pour transformer ou conserver ce champ de forces. Chacun, l'intrieur de cet univers, engage dans sa concurrence avec les autres la force (relative) qu'il dtient et qui dfinit sa position dans le champ et, en consquence, ses stratgies. (Bourdieu, 1996, p.46)

Explication de Bourdieu. Les champs sont des microcosmes, des petits mondes sociaux qui existent lintrieur du macrocosme social. Un exemple, cest le champ scientifique. Cest un univers social qui a ses lois: il y a les dominants et les domins, il y a une distribution ingale de capital, etc. De mme, il y a le champ artistique, le champ juridique, le champ universitaire... Chacun de ces champs a des proprits particulires. Et, en mme temps, il existe des proprits gnrales des champs. Disons que lon peut, propos de tout champ, poser la mme batterie de questions gnrales: quoi joue-t-on dans ce champ? Quel est lenjeu? Quels sont les atouts quil faut avoir pour gagner dans ce jeu? Quelle est la structure de la distribution des atouts?... Tout cela, on ne le sait pas a priori. Il faut, chaque fois, tudier, observer. Mais on nest pas non plus dsarm: puisque lon a des questions et que lon sait un peu comment cela se passe dans dautres champs, on peut comprendre trs vite. Par exemple, il marrive trs souvent, quand je commence une enqute, davoir trs vite un systme dinterrogations qui me permet dtre la hauteur des personnes que jinterroge, qui peuvent croire que je connais trs bien leur univers parce que, en mettant en jeu mon modle comme systme de questions, je peux poser des interrogations qui ne sont pas ridicules. (Bourdieu, 2001, citation orale mise sous une forme crite par mes soins)

Explication de Philippe Corcuff. [Il existe diffrents types de champs:] La socit est constitue chez Bourdieu par une varit de champs sociaux autonomes: champ conomique, mais aussi champ politique, champ technocratique, champ journalistique, champ intellectuel, champ religieux, etc. [Dfinition du champ:] Un champ, c'est une sphre de la vie sociale qui s'est progressivement autonomise travers l'histoire autour de relations sociales, d'enjeux, de ressources et de rythmes temporels propres, diffrents de ceux des autres champs. Les gens ne courent ainsi pas pour les mmes raisons dans le champ conomique, dans le champ politique, dans le champ artistique, dans le champ sportif ou dans le champ religieux. [Les rapports de domination au sein des champs:] Chaque champ est structur par des rapports de domination, des luttes entre dominants et domins. [...] [L'importance du champ conomique:] Tous les champs n'ont pas le mme poids dans une formation sociale, et Bourdieu rappelle souvent l'importance du champ conomique. Par exemple, le poids actuel du champ conomique (la marchandisation du monde) a un effet asservissant sur les autres champs (par exemple le champ journalistique): les progrs de la marchandisation peuvent rduire le degr d'autonomie d'un champ (ou de secteurs d'un champ) par rapport au champ conomique (c'est aujourd'hui le cas dans le champ journalistique, avec la concentration conomique croissante des mdias) (Corcuff, 2004)

Une mtaphore sportive. Bourdieu a beaucoup pris les mtaphores sportives dans certains de ses ouvrages pour illustrer le concept de champ. Un champ social, c'est comme un champ de jeu. C'est--dire: il y a des agents qui sont dots de ressources spcifiques, qui saffrontent pied pied et prement pour sapproprier les positions favorables. [...] Les nouveaux venus, qui sont ncessairement domins par ceux qui sont les plus anciennement installs dans le champ de jeu, doivent absolument inventer un jeu en tout point dissemblable celui qui domine pour essayer de sy faire une place. De plus, le sens de lanticipation et du placement qui est videmment particulirement parlant dans laffrontement sportif est transposable dans un champ intellectuel, pictural, artistique ou politique. (Pociello, 2006)

Champ autonome (concept de Pierre Bourdieu)

Explication (par Bourdieu). Un champ trs autonome, celui des mathmatiques par exemple, est un champ dans lequel les producteurs n'ont pour clients que leurs concurrents, ceux qui auraient pu faire leur place la dcouverte qu'ils leur prsentent. [...] Pour conqurir l'autonomie, il faut construire cette espce de tour d'ivoire l'intrieur de laquelle on se juge, on se critique, on se combat mme, mais en connaissance de cause; on s'affronte, mais avec des armes, des instruments scientifiques, des techniques, des mthodes. [... /p.72/ ...] On s'tonne parfois de voir que, la tlvision, les historiens ne sont pas toujours d'accord entre eux. On ne comprend pas que, trs souvent, ces discussions opposent des gens qui n'ont rien en commun et qui ne devraient pas parler ensemble (un peu comme si vous mettiez ensemble les mauvais journalistes adorent a un astronome et un astrologue, un chimiste et un alchimiste, un sociologue de la religion et un chef de secte, etc.). (Bourdieu, 1996, pp.71-72)

Chicago (cole de)

Il existe une cole de Chicago des sociologues et une cole de Chicago des conomistes.Lcole de Chicago en sociologie

Lcole de Chicago est une vaste entreprise de recherche assez diversifie, impliquant au moins quatre gnrations successives de chercheurs depuis le dbut du [XXe] sicle [Les thmes abords par cette cole:] dans des domaines comme lcologie urbaine, les relations interethniques, les problmes de la dlinquance et ultrieurement la sociologie du travail. Si cette tradition, [La mthodologie:] qui met entre autres laccent sur le travail de terrain et lobservation directe, sest perptue jusqu nos jours, elle a surtout fleuri entre les deux guerres mondiales, poque de grands bouleversements marque par les tensions ethniques cres par limmigration externe et interne dont celle des Noirs du Sud vers les villes du Nord-Est , par la vague dactivits illgales lie la prohibition entre 1919 et 1933, puis par la grande dpression de 1929 et la monte de linterventionnisme de lEtat fdral loccasion du New Deal. // [Le terrain dtudes:] Les sociologues de cette tradition ont en commun davoir travaill sur le territoire de la ville de Chicago, davoir tudi et pntr un milieu ou une communaut trangre ou familire, davoir souvent un point de vue proche de celui des travailleurs sociaux, davoir su mler des documents dj labors (rapports, cartographie) et leurs propres observations directes, et enfin davoir labor partir de ces donnes des comptes rendus trs organiss dont un grand nombre furent publis par les presses de luniversit de Chicago. [Quelques grands auteurs:] Cette priode fut marque par le tutorat intellectuel et pratique de Robert Park (1864-1944) et par llaboration dune srie de monographies schelonnant de 1919 1945, depuis The Polish Peasant (1919), de W.I. Thomas (1863-1947) et F.Znaniecki, jusqu Black Metropolis (1945), de St.Clair Drake et H.R.Cayton. (Peretz, 1995, p.16)

Lcole de Chicago en conomie

Lconomiste Milton Friedman est, avec Friedrich von Hayek, un des piliers de lcole de Chicago. partir des annes 1960, les Chicago boys ont diffus les ides nolibrales travers le monde, des Etats-Unis de Ronald Reagan au Royaume-Uni de MmeMargaret Thatcher, en passant par le Chili de M.Augusto Pinochet. Le livre de rfrence du professeur Friedman est Capitalisme et libert (Robert Laffont, Paris, 1971). (note de la rdaction du Monde diplomatique larticle de Galbraith, 1985)

Citoyennet diffrencie

La citoyennet diffrencie est un concept qui a t introduit au dbut des annes 1990 par Iris Young, professeure de sciences politiques l'universit de Chicago. C'est une notion qui s'oppose celle d'universalisme. L'universalisme est l'ide, formule par exemple dans l'article6 de la Dclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, selon laquelle il n'y a pas de distinction faire entre les citoyens: Tous les Citoyens [sont] gaux [aux yeux de la Loi] selon leur capacit, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. Puisque tous les citoyens sont supposs gaux sans distinction, il est impossible de lgifrer de manire favoriser un groupe plutt qu'un autre. (C'est ainsi que, en 1982, une proposition de loi visant instaurer un quota de femmes dans les conseils municipaux avait t rejete par le Conseil Constitutionnel.) La sociologue belge Brengre Marques-Pereira explique que, pour Iris Young, cet universalisme est une idologie hypocrite puisqu'elle empche de remdier aux ingalits existantes; elle ne fait que perptuer les discriminations de fait (Marques-Pereira, 2002). Young se prononce donc, l'inverse, pour ce qu'elle appelle une citoyennet diffrencie, c'est--dire le droit pour chaque groupe de proposer des politiques fondes sur ses intrts propres. Elle prconise par exemple de disposer d'un droit de veto lorsque des politiques risquent de discriminer le groupe. D'une certaine manire, le concept de citoyennet diffrencie recouvre celui de discrimination positive tout en l'largissant. Mais, pour certains fministes, mettre en place des quotas serait la porte ouverte une vision essentialiste: cela reviendrait admettre l'ide que l'ingalit entre hommes et femmes est naturelle puisqu'il faudrait avoir recours la loi pour la compenser. (d'aprs Marques-Pereira, 2002, pp.4-5; Siim, 1997, pp.48-49)

Classe moyenne

Dfinition (selon Mills). Dans le sens que lui donne Mills dans Les cols blancs, lexpression classe moyenne dsigne les travailleurs qui ne sont ni proltaires, ni propritaires des moyens de production (Chapoulie, 1973, p.111, n.55).

Classe sociale

Selon Marx et selon Weber. [...] il est possible de caricaturer les positions en opposant deux courants de la sociologie. Dun ct, nous avons une tradition marxiste, selon laquelle les classes sociales sont des collectifs structurs par une position spcifique dans le systme conomique dfinie par la proprit des moyens de production (ou son absence), marqus par un conflit central (lexploitation, ou la rpartition conflictuelle de la plus-value), anims par la conscience collective de leur tre et de leur intrt. Cette tradition est parfois qualifie de holiste (holon = tout) parce quici, la totalit est plus que la somme des individus qui la forment, la classe existant indpendamment et au-dessus de ses membres, en leur dictant leur rle, par del la capacit de cration des individus, qui pourrait bien dans cette approche ntre quun leurre. Cette tradition est qualifie aussi de raliste, parce que les classes sont supposes former des entits vritables et tangibles, et non pas des constructions intellectuelles. // Dun autre ct, la tradition weberienne suppose que les classes sociales sont des groupes dindividus semblables partageant une dynamique probable similaire (Max Weber parle de Lebenschancen ou chances de vie), sans quils en soient ncessairement conscients. La dmarche est qualifie dindividualiste et de nominaliste: la classe sociale est avant tout lensemble des individus que le chercheur dcide de nommer ainsi selon ses critres propres. (Chauvel, 2002, pp.117-118)

Codage

Dfinition (dans le cas dune analyse de texte). Le codage correspond une transformation effectue selon des rgles prcises des donnes brutes du texte. Transformation qui, par dcoupage, agrgation et dnombrement, permet daboutir une reprsentation du contenu, ou de son expression, susceptible dclairer lanalyste sur des caractristiques du texte qui peuvent servir dindice [...]. /p.135/ Lorganisation du codage comprend trois choix (dans le cas dune analyse quantitative et catgorielle): le dcoupage: choix des units; lnumration: choix des rgles de comptage; la classification et lagrgation: choix des catgories. (Bardin, 1989, pp.134-135)

Codage/dcodage (thorie de Stuart Hall)

Explication (selon Gingras). Hall soutient que l'encodage, c'est--dire la production des messages, se fait dans les structures institutionnelles de radiodiffusion et correspond donc, en consquence, l'ordre culturel dominant. Mais le dcodage, qui consiste en la rception du message par l'auditoire, autrement dit sa "lecture", peut se faire l'aide de grilles diffrentes; /p.50/ il n'y a pas d'quivalence parfaite entre les structures de signification de la production et de la lecture. Malgr une lecture dominante, majoritaire, d'autres lectures existent aussi. La lecture ngocie est celle qui accepte quelques lments du message et en rcuse d'autres; on peut par exemple accepter les valeurs et les objectifs d'un acteur social, mais tre en dsaccord avec son comportement dans un contexte spcifique. Quant la lecture d'opposition, elle procde en dcodant le message de faon contradictoire. [...] Des travaux de Hall il faut retenir que, bien que la lecture hgmonique soit dominante, tous et toutes ne lisent pas de manire identique les productions mdiatiques; aussi une rsistance est-elle possible dans ce contexte. (Gingras, 1999, 2006, pp.49-50)

Codex (et volumen)

Dfinition. Livre form de pages relies apparu au IVe sicle et qui supplante progressivement le volumen, ou rouleau. (petit Larousse Illustr 1998)

Explication. Lhistorien Roger Chartier a beaucoup travaill sur la lecture. Pour lui, ce qui a t important au niveau du support, cest le passage du volumen au codex. Le volumen, cest le rouleau de parchemin. Le codex, cest le livre que lon a aujourdhui, cest des textes dcoups en pages et qui permettent une manipulation diffrente. Selon Chartier, ce passage du volumen au codex a t une rvolution tout fait majeure dans le premier sicle de lre chrtienne. La grande rvolution dans le mode de lecture nest donc peut-tre pas tant le passage limprimerie que cette invention du codex. Limprimerie a surtout permis de les multiplier dans un processus qui devient manufacturier. La question que Roger Chartier pose est de savoir si, aujourdhui, avec ldition lectronique (la lecture lcran), on va assister au mme type de rvolution que celle qui sest produite il y a vingt sicles avec le passage du volumen au codex. Chartier estime que le support technique nest pas neutre: selon le support, le texte nest pas exactement le mme. Ainsi, ce nest pas la mme chose de lire un article lcran que de le lire sur une page de papier. [...] (Jout, 10/01/2006; retranscription et mise en forme crite: Ian Eschstruth)

Cohsion sociale

Dfinition1. Ce qui cimente et assure lunit minimale dun ensemble social. Ce qui permet aux membres dune socit de coexister et de vivre ensemble. // Cette notion se distingue de celle dordre social, cette dernire renvoyant plus particulirement la faon dont le pouvoir central assure la stabilit au profit, sinon des groupes dominants, du moins de lorganisation sociale en place. La cohsion, quant elle, connote davantage les comportements et les attitudes des acteurs de la socit civile, leur volont plus ou moins affirme de "faire socit". // Cohsion ne signifie pas absence dopposition et de conflits, mais indique que la coopration et les lments de conviction commune lemportent sur les forces centrifuges toujours prsentes. A contrario, la cohsion sociale est entame lorsque des changements non souhaits perturbent la rgulation sociale en place, lorsque des franges de la population nont plus de raison dattendre quelque chose de positif du systme. Elle est mise en pril quand les diffrents segments dune collectivit ne croient plus la possibilit de "faire socit": discorde gnralise, mouvements scessionnistes pouvant dboucher sur des guerres civiles larves ou sanglantes. Certaines constructions nationales comme le Rwanda et la Fdration yougoslave ont littralement clat au cours de la dcennie passe. (chaudemaison, 1989, 2003, art. Cohsion sociale)

Dfinition2. Caractristique des organisations sociales qui rsulte des processus dintgration sociale et qui rend compte de la stabilit et de la force des liens sociaux lintrieur dun groupe donn; elle se manifeste aussi par lattachement au groupe. Pour Emile Durkheim, elle dpend de la "densit dynamique de la socit", et celle-ci peut se dfinir "en fonction du nombre des individus qui sont en relations non pas seulement commerciales mais morales". Pour Robert King Merton, il existe trois types de cohsion sociale: // la cohsion culturelle: elle rsulte de "normes et de valeurs communes intriorises par les membres du groupe"; // la cohsion organique: elle rsulte "de la ralisation des buts individuels et collectifs du groupe par lorganisation indpendante des activits de ses membres"; // la cohsion structurelle: elle rsulte de la structure mme du groupe et des conflits avec dautres groupes. // Les trois types de cohsion sociale existent dans chaque groupe, mais sarticulent diffremment. (Alpe et alii, 2005, art. Cohsion sociale)

Columbia (cole de)

Prsentation.

Autres appellations. Armand et Michle Mattelart prfrent parler de Mass Communication Research (Mattelart, Mattelart, 1995, 2004, pp.18-29). Bernard Mige utilise pour sa part lexpression dapproche empirico-fonctionnaliste des mdias de masse (Mige, 1995, 2005, pp.20-28). (Mais les trois termes ne se recouvrent peut-tre pas tout fait...)

Principaux enseignements des travaux de lcole de Columbia (selon Rieffel). Les principales leons des travaux amricains de l'poque se rsument finalement quatre constats: le degr d'exposition des individus aux messages mdiatiques dpend fortement de leur modalit d'insertion dans certains groupes sociaux; cette exposition est slective et va dans /p.199/ le sens de nos prdispositions politiques existantes; les groupes exercent gnralement une pression la conformit et enfin, l'influence de ces messages est indirecte et limite. (Rieffel, 2005, pp.198-199)

Communalisation (concept de Weber)

Dfinition. La communalisation est le type de relation sociale que lon trouve dans une communaut: Nous appelons "communalisation" [vergemeinschaftung] une relation sociale lorsque, et tant que, la disposition de l'activit se fonde [...] sur le sentiment subjectif (traditionnel ou affectif) des participants d'appartenir une mme communaut (Weber, 1922, p.41).

Conatus

Dfinition. Selon Pierre Bourdieu, lagent est m par un conatus, une tendance persvrer dans son tre, qui lincline poser des choix. Lagent actualise en permanence, par sa pratique, un tre qui fluctue au fil de laction et de lexprience et vers lequel il tend. (Hilgers, 2006, n.20)

Explication. Le conatus, quest-ce que cest? Le conatus, dit Spinoza dans LEthique (proposition6 de la partieIII), cest leffort que chaque chose dploie "pour persvrer dans son tre" ce qui est une dfinition assez abstraite. Mais, si vous voulez, dun point de vue un petit peu plus concret, le conatus, cest un lan de puissance, cest une activit indfinie, cest un momentum, cest un effort pour effectuer au maximum cette puissance, et cela peut prendre la forme dune pulsion dexpansion. (Lordon, 2006) Par exemple, il y a le conatus de luniversitaire qui persvre dans ltre en tant que chercheur, en tant que professeur; le conatus de lhomme politique qui persvre dans ltre en tant que futur lu, futur dirigeant, etc. (ibid.) Dans un exemple (reproduit plus bas), Frdric Lordon voque le conatus pronateur de lhomme daffaires qui lance des OPA afin de prendre le contrle dautres entreprises.

Le conatus essentiel et le conatus actuel (selon Frdric Lordon). Le concept de conatus tel quil est dfini dans LEthique (je le rappelle: cet effort que dploie chaque chose en vue de persvrer dans son tre) est un concept qui fait minemment sens du point de vue de lontologie de lactivit de Spinoza (telle quelle est expose dans la premire partie de LEthique), mais cest un concept qui parlerait avec peine des chercheurs en sciences sociales. Parce que, persvrer dans ltre, quest-ce que a veut dire, en fin de compte? L, on est dans la mtaphysique. Persvrer dans ltre, du point de vue des sciences sociales, a ne veut rien dire. Ce que les chercheurs en sciences sociales connaissent, en revanche, ce sont les efforts de persvrer dans ltre, en particulier sous telle ou telle forme, de persvrer dans telle ou telle forme de ltre social, dans telle ou telle raison sociale, c'est--dire de persvrer dans ltre en tant que ceci ou cela. Alors, pour marquer cette diffrence, jai choisi de qualifier le conatus des philosophes (le conatus de Spinoza) de conatus essentiel. Le conatus essentiel, cest un effort gnrique et intransitif, cest une force dsirante qui ne sest pas encore connue de point dapplication, qui ne sait pas encore vers quoi elle va sorienter et qui se trouve donc ltat sous-dtermin. Ce complment de dtermination de conatus essentiel, il va le trouver dans le monde social, par des dterminations sociales et historiques qui vont, dun conatus intransitif, en faire un conatus transitiv, c'est--dire orient, dirig, muni de ses points dapplication, dsirant ceci plutt que cela, tchant de persvrer de cette faon plutt que de telle autre. Par exemple, si on considre des actualisations je dirais vocationnelles du conatus (mais il pourrait y en avoir plein dautres: il y a le conatus de luniversitaire qui persvre dans ltre en tant que chercheur, en tant que professeur; le conatus de lhomme politique qui persvre dans ltre en tant que futur lu, futur dirigeant, etc.), ce conatus-l, je lappelle le conatus actuel. Et, finalement, dune certaine manire, il mest apparu que ce conatus actualis (ou conatus actuel) en tout cas sous des formes de lactualisation vocationnelle dont je viens de parler il avait beaucoup voir avec ce que Pierre Bourdieu appelle lillusio. (Lordon, 2006)

Exemple: le conatus pronateur de lhomme daffaires. Me semble-t-il (en tout cas cest lhypothse que ce livre [Frdric Lordon, L'intrt souverain. Essai d'anthropologie conomique, La Dcouverte, avril 2006] soumet la discussion), le conatus, en tant quil est foncirement lintressement soi, son geste premier, son geste le plus brut, le plus sauvage, cest de prendre pour lui, cest de capter, cest de saisir. Le conatus, il est spontanment prdateur et pronateur. [...] LOPA constitue un cas typique. Je me souviens dune phrase qui, l aussi, avait fait tilt, dun proche qui dcrivait Claude Bbar expert en OPA et en saisies capitalistiques de toutes sortes et qui faisait des mtaphores cyngtiques base de gibiers, de chasseurs, etc., et qui disait: "Quand il a pris quelque chose, il dit: jai mis la main dessus!" La pronation, physiquement, cest a: cest la torsion interne de lavant-bras pour mettre la main sur un objet. Donc, si vous voulez, dans ces conditions, il nest pas difficile de faire entendre que si le prendre est lune des expressions les plus sauvages du conatus, alors cest l le pril social par excellence. La violence va natre dune pronation de choses disputes. La violence sociale primordiale cest celle du choc de conatus pronateurs antagonistes. Et alors, toute la question, partir de l, cest de savoir comment les communauts humaines vont se dbrouiller pour rsister la dcomposition violente que les conatus pronateurs portent en germe. C'est--dire: comment vont-elles parvenir accommoder la violence pronatrice. Et, cette violence, il faut quelles laccommodent. Parce que, lextirper, il nen est pas question. Spinoza nous le dit bien: Le conatus, cest lessence de lhomme (LEthique, proposition III-7). Si vous ajoutez cela que le geste spontan du conatus cest mon hypothse est pronateur alors, effectivement, les pulsions pronatrices conatives sont la donne de base de ce que jappellerais schmatiquement le problme du social. (Lordon, 2006)

Concept

Dfinition. Les concepts sont des ides qui reoivent des noms (Vigour, 2005, p.139).

Lintrt des concepts pour analyser la complexit du rel (selon Stuart Hall). Pour penser ou pour analyser la complexit du rel, l'acte de pratiquer la pense est requis, et il ncessite de faire usage du pouvoir d'abstraction et d'analyse, de formuler des concepts permettant de dcouper la complexit du rel, afin prcisment de rvler et d'clairer les relations et les structures qui restent invisibles au candide et qui ne peuvent ni se prsenter ni s'authentifier elles-mmes: "Dans l'analyse des formes conomiques, ni les microscopes ni les ractifs chimiques ne sont d'aucune aide. Le pouvoir d'abstraction doit les remplacer." (Hall, 1980, 2007, p.49)

L'intrt des concepts pour le militant (selon Benasayag). Ce que jessaie de faire [...] cest de trouver une resubstantialisation de concepts qui semblent avoir du mal tre oprationnels. Revisiter les concepts de l'engagement implique son tour un engagement car les grilles avec lesquelles nous pensons et percevons le monde dterminent nos possibilits dactions dans le monde. (Miguel Benasayag, forum Nouvel Observateur, 14/10/2004)

Constance (cole de) (sociologie de la lecture)

Explications. Pendant longtemps, les chercheurs en sciences sociales nont considr la littrature que comme une simple succession des auteurs et des uvres. Ils ne se proccupaient pas du regard port par le lecteur sur le livre. Lcole de Constance est venue remdier cette lacune en mettant laccent sur lactivit de rception: Ainsi, dans une entreprise dlibre de rupture avec lhistoire de la littrature et de lart [...], les chercheurs de lcole de Constance travaillent promouvoir lacte de lecture (Iser, 1985) et uvrent pour une esthtique de la rception (Jauss, 1978). Luvre est alors dfinie comme une structure dynamique qui ne peut tre saisie que dans ses "concrtisations" historiques successives et cette dfinition permet de cerner leffet de luvre qui prsuppose un appel ou un rayonnement venu du texte, mais aussi une rceptivit du destinataire qui se lapproprie (Jauss, 1978, 246). Il sagit de prendre au srieux lide selon laquelle un texte littraire ne peut agir que lorsquil est lu [...] et donc reformuler la question de leffet, en abandonnant la seule signification pour analyser le processus de la lecture. (Le Grignou, 2003, pp.25-26)

Constructivisme

Explication1. Le constructivisme est une synthse entre deux mouvements opposs: le structuralisme et l'individualisme mthodologique. Il remet en cause cette opposition radicale entre l'ide d'un acteur qui serait entirement libre en socit (individualisme mthodologique) et l'ide d'un agent qui serait prisonnier des structures (structuralisme). Le constructivisme allie les dimensions de contraintes et de libert. C'est un courant qui s'est fond sur un travail de recherches empiriques trs fournies. C'est aussi un courant qui insiste sur la prudence conceptuelle. On y trouve des sociologues comme Georg Simmel, Michel de Certeau, Michel Crozier, Franois Dubet ou encore quelqu'un comme Jean-Paul Sartre. (d'aprs Catherine Delcroix, 11/10/2004)

Ouvrage fondateur. Comme ouvrage fondateur du courant constructiviste, on peut citer: Peter Berger, Thomas Luckmann, La construction sociale de la ralit, 1966, Paris, Mridiens Klincksieck, 1986. (daprs Pascal Dauvin, 22/02/2005)

Explication2 (le constructivisme en anthropologie). Le culturalisme a donn lieu, depuis dj quelques dcennies, une mise en cause par diffrents types de courants et dauteurs que lon peut considrer comme tant dorientation constructiviste. Ils prolongent et radicalisent les interrogations qui taient dj prsentes au sein mme des rflexions des culturalistes. On peut distinguer deux types de constructivisme. Une premire forme consiste avancer quaucune culture nexiste ltat pur, que lacculturation nest pas un phnomne marginal ou accidentel mais permanent et universel. Toute culture est en permanence en proie un processus de construction/reconstruction/dconstruction. Les cultures doivent toujours tre apprhendes comme des systmes dynamiques (et non pas comme des tats stables) sujets dincessantes reconfigurations. Les tenants de ce courant rcusent totalement les visions fonctionnalistes. Le reprsentant le plus notoire de ce mouvement est Roger Bastide. Il a analys, notamment partir des cultures afro-amricaines (il a travaill au Brsil), ces phases de dconstruction/reconstruction en mettant en avant le fait que la dculturation nest pas forcment un phnomne ngatif qui aboutit une dcomposition. Un de ses articles les plus clbres est "Problmes de lentrecroisement des civilisations et de leurs uvres" (1960). Bastide soppose implicitement et explicitement au structuralisme de Lvi-Strauss. Il questionne la notion de structure quil trouve trop statique. ce terme de structure, il oppose lide de structruration/restructuration/destructuration et met laccent sur la mutation, la discontinuit. Cette critique de Bastide a t prolonge et radicalise par des gens comme Franois Laplantine (dans Le mtissage, cocrit avec Alexis Nouss et publi en 1997) mais, plus encore, par quelqu'un comme Jean-Louis Amselle qui avance que toutes les cultures sont mtisses, quil ny a pas de culture pure. Pour Amselle (Logiques mtisses. Anthropologie de lidentit, 1990), le mtissage nest pas un phnomne marginal mais inhrent la vie des cultures. Toutes les cultures sont en proie des phnomnes de contact, de mlange, dhybridation, de mtissage. Il ny a pas de discontinuit entre les cultures. Les cultures particulires ne sont pas trangres les unes aux autres mme si, pour saffirmer, elles ont tendance accentuer leurs diffrences. Amselle avance quil faut toujours adopter, dans lanalyse des cultures, une position "continuitiste", qui privilgie la dimension relationnelle. Cette forme de constructivisme va conduire une rcusation de deux notions complmentaires essentielles: celle de culture et celle didentit. Amselle va essayer den montrer la dimension idologique et leur faiblesse au plan conceptuel. Cette critique des notions didentit et de culture a t prolonge par dautres types de travaux qui relvent dune deuxime forme de constructivisme. Une des ides de cette deuxime forme est que les rfrents culturels sont des artefacts, des construits qui sont mobiliss des fins stratgiques, dans des circonstances prcises, par des groupes sociaux, par des leaders, pour produire des phnomnes de cohsion au sein des groupes concerns et pour mener bien des entreprises de type politique. Lhistorienne Anne-Marie Thiesse sinscrit dans ce courant. Dans La cration des identits nationales (1999), elle dfend lide que les identits nationales ou rgionales ne sont pas des faits de nature mais des constructions culturelles sappuyant sur des rcits fondateurs (variables selon le temps) articuls autour de figures hroques clbres travers des monuments, liconographie, etc., rcits qui contribuent fonder la lgitimit dune nation, dune rgion, dune ville... Un autre auteur notable de ce mouvement-l est Benedict Anderson, auteur de Limaginaire national (1983), qui est lorigine de la notion de "communauts imagines": ce qui constitue le sentiment national, cest le fait de se sentir membre dune communaut imagine (mais pas imaginaire puisquelle existe). On peut aussi citer Ernest Gellner, auteur de Nations et nationalisme, qui met laccent non seulement sur le rle de lcole dans linculcation de ces constructions, mais aussi sur celui des mdias. Citons encore Eric Hobsbawm, auteur post-marxiste, qui a crit Nations et nationalismes depuis 1780: programmes, mythe et ralit (1990), et Jean-Franois Bayart qui, dans Lillusion identitaire (1996), met en avant que lidentit est une illusion, quelle est le fruit de constructions imaginaires. Bayart propose de substituer la notion essentialiste didentit celle de stratgie identitaire. Il rcuse compltement la conception dune culture-carcan, dune culture-tradition et lui oppose des faits concrets qui tmoignent de ce que les cultures sont souvent des bricolages htroclites sujets la manipulation par des lites politiques. (Lochard, 09/01/2008)

Contre-factuel (raisonnement)

Explication. La mthode danalyse contre-factuelle, introduite par Robert W. Fogel, prix Nobel dconomie en 1993, "consiste mesurer linfluence dun facteur sur une volution par la diffrence entre cette volution rellement observe et celle, hypothtique, laquelle on aurait assist si le facteur concern navait pas exist. Cette dernire situation est construite conomtriquement partir des autres facteurs" [Problmes conomiques, 1999]. // Cette approche, R.W. Fogel la notamment applique la construction du chemin de fer la croissance conomique des Etats-Unis au XIXe sicle, mais aussi celle de lesclavage comme systme conomique [Fogel, 1964, 1974]. Il a ainsi montr que linfluence des chemins de fer sur la croissance avait t plus modre quon ne lavait pens jusqualors, mais quen revanche, lesclavage avait constitu un systme conomique "efficace" et "rentable" (par comparaison entre les exploitations du Sud et celles du Nord, o lesclavage ntait pas pratiqu. Le raisonnement contre-factuel consiste [donc] dans la reconstitution dune situation fictive, lvaluation de ses consquences et dans la comparaison de cette situation avec la ralit historique: si tel vnement navait pas eu lieu (la colonisation par exemple), quelles en auraient t les consquences? (Vigour, 2005, p.9)

Contre-public subalterne (terme propos par Nancy Fraser)

Explications (par Fraser). [...] les membres des groupes sociaux subordonns femmes, ouvriers, gens de couleur et homosexuel(le)s ont plusieurs occasions trouv qu'il tait avantageux de reprsenter des publics alternatifs. Je propose de les appeler contre-publics subalternes pour signaler qu'ils constituent des arnes discursives parallles dans lesquelles les membres des groupes sociaux subordonns laborent et diffusent des contre-discours, afin de formuler leur propre interprtation de leurs identits, leurs intrts et leurs besoins. [... /p.139/ ...] Pour viter tout malentendu, je prcise que mon propos n'est pas d'insinuer que les contre-publics subalternes sont toujours et obligatoirement vertueux. En effet, certains d'entre eux sont malheureusement explicitement antidmocratiques et anti-galitaires, et mme ceux qui sont anims d'intentions dmocratiques et galitaires pratiquent parfois leurs propres modes d'exclusion et de marginalisation non officielles. Pourtant, dans la mesure o ces contre-publics naissent en raction aux exclusions au sein des publics dominants, ils contribuent largir l'espace discursif. En principe, les hypothses qui auparavant ne faisaient l'objet d'aucune contestation devront maintenant tre publiquement dbattues. La prolifration de contre-publics subalternes est en gnral synonyme d'un largissement du discours contestataire, ce qui est positif dans les socits stratifies. (Fraser, 1992, 2001, pp.138-139)

Exemple: le contre-public subalterne fministe nord-amricain. L'exemple /p.139/ le plus frappant est certainement le contre-public subalterne fministe nord-amricain de la fin du XXe sicle, avec son large ventail de journaux, de librairies, de maisons d'dition, de rseaux de distribution de films et de vidos, de sries de confrences, de centres de recherches, de programmes universitaires, de congrs, de conventions, de festivals et de lieux de runions au niveau local. Dans cette sphre publique, les femmes fministes ont invent une nouvelle terminologie pour dcrire la ralit sociale, dont "sexism" (sexisme), "the double shift" (double journe de travail), "sexual harassment" (harclement sexuel) et "marital, date, and acquaintance rape" (viol conjugal, viol commis lors d'un rendez-vous ou viol commis par une connaissance). Fortes de ce langage, nous avons redfini nos besoins et nos identits, gommant ainsi partiellement, mais sans le faire disparatre, notre dsavantage dans les sphres publiques officielles. (Fraser, 1992, 2001, pp.138-139)

Corpus (analyse de contenu)

Dfinition. Le corpus est lensemble des documents pris en compte pour tre soumis aux procdures analytiques. (Bardin, 1977, 1989, p.127) Dans son livre sur Lanalyse de contenu, Laurence Bardin indique quatre rgles quun corpus doit respecter: la rgle de lexhaustivit (il ny a pas lieu de laisser un lment pour une raison quelconque (difficult daccs, impression de non-intrt) non justifiable sur le plan de la rigueur. p.127), la rgle de la reprsentativit (lorsque lon dcide deffectuer une analyse sur un chantillon, celui-ci doit tre une partie reprsentative de lunivers de dpart ibid.), la rgle de lhomognit (Par exemple, des entretiens denqute, effectus sur un thme donn, doivent: tre tous concerns par ce thme, avoir t obtenus par des techniques identiques, tre le fait dindividus comparables. p.128), et la rgle de pertinence (Les documents retenus doivent tre adquats comme source dinformation pour correspondre lobjectif qui suscite lanalyse. ibid.).

Courage civil (terme de Gabriel Tarde)

Ce terme nest pas un concept couramment utilis en sociologie; il est simplement voqu par Gabriel Tarde dans un ouvrage classique Lopinion et la foule (1901).

Dfinition. [...] le courage civil consiste lutter contre un entranement populaire, refouler un courant, mettre devant une assemble, dans un conseil, une opinion dissidente, isole, en opposition avec celle de la majorit. Tarde oppose le courage civil au courage militaire qui consiste, en gnral, se distinguer dans un combat en subissant au plus haut degr l'impulsion ambiante, en allant plus loin que les autres dans le sens mme o l'on est pouss par eux. (Tarde, 1901, 1989, ch.III Les foules et les sectes criminelles)

Critique interne et Critique externe (sociologie du journalisme)

Dfinition. Les critiques internes sont celles qui s'appuient sur le sens des valeurs propre aux gens que l'on critique. Logiquement, ce sont aussi celles qui ont le plus de chances d'tre entendues par ces derniers et donc d'entraner parmi eux des attitudes correctives (Lemieux, 2000, p.8).

Explication (par Cyril Lemieux). La distinction entre critique interne et c