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Presses Universitaires du Mirail L'Amérique latine. (coll. «Dominos») by Henri FAVRE Review by: Pierre VAYSSIERE Caravelle (1988-), No. 71, SENTEURS ET SAVEURS D'AMÉRIQUE LATINE (Décembre 1998), pp. 234-235 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40853531 . Accessed: 14/06/2014 04:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.127.79 on Sat, 14 Jun 2014 04:14:16 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

SENTEURS ET SAVEURS D'AMÉRIQUE LATINE || L'Amérique latine. (coll. «Dominos»)by Henri FAVRE

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Presses Universitaires du Mirail

L'Amérique latine. (coll. «Dominos») by Henri FAVREReview by: Pierre VAYSSIERECaravelle (1988-), No. 71, SENTEURS ET SAVEURS D'AMÉRIQUE LATINE (Décembre 1998), pp.234-235Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40853531 .

Accessed: 14/06/2014 04:14

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234 Comptes rendus

Henri FAVRE.- L'Amérique latine.- Paris, Flammarion, 1998.- 125 p. (coll. «Dominos»).

Comment concentrer en 1 1 0 pages de texte un essai général sur 1 Amérique latine ? La gageure est accomplie par un chercheur aux talents multiples, ethno-

sociologue et consultant international, tout à la fois fin connaisseur des sociétés indiennes et bien introduit dans des réseaux technocratiques de la post-moder- nité. Cela donne un ouvrage bien construit, où l'auteur court à la synthèse, pour produire un texte souvent décapant, qui risque de déstabiliser, tout à la fois, les

néophytes de l'aire culturelle, et les idéologues (s'il en reste) : Henri Favre nous livre, en effet, une synthèse dérangeante de l'ethno-culture, de la politique, de la sociologie et de l'économie latino-américaines. Si chaque mot a dû être évalué à l'aune du nombre de signes strictement autorisé par la collection, les plus pessi- mistes et les plus alarmants pèsent doublement dans son discours. Et en refer- mant l'ouvrage, le lecteur ne peut manquer de frémir en imaginant l'avenir incertain, voire sombre, qui menace le sous-continent.

Fidèle à l'esprit de la collection, Henri Favre présente, en deux parties, un bref diagnostic du passé et du présent de cette Amérique qu'on dit «latine» ; selon lui, l'histoire du sous-continent se résume en une «quête identitaire ina- boutie», et son futur immédiat en «crises d'aujourd'hui» et en «défis de demain».

La première partie est un raccourci, nécessairement elliptique, d'une histoire contemporaine brossée à grands traits. Le projet national de l'indépendance reste contrôlé tout au long du XIXe siècle par une aristocratie foncière soucieuse de «blanchir» les gens de couleur, fascinée qu'elle est par l'Europe, et dont «le mi- métisme servile en a fait des caricatures de nations» (p. 20). Puis nous sautons allègrement dans l'«ère du national-populisme», commencée dans les années trente et que l'auteur prolonge hardiment jusqu'au Nicaragua sandiniste (1979- 89)... Démocratie formelle, réforme agraire, discours sur l' Etat-providence demeurent les ingrédients les plus sûrs d'un projet national qui hésite «entre

despotisme éclairé et social-démocratie» (p. 26). Viennent les années soixante et la génération perdue des guérilleros héroïques qui croyaient lutter contre l'épuisement du modèle de développement «cépalien» en détruisant, une fois

pour toutes, le système capitaliste, mais qui, bien involontairement, porteront au

pouvoir des militaires obsédés par le péril cubano-marxiste. La longue dépression qui commence en 1973, et qui se réactive dans la crise suraiguë de 1982 déclenche de fortes régressions sociales aux effets «dévastateurs».

La lecture du premier exposé laisse l'historien sur sa faim : compressé en une quarantaine de pages, ce résumé ne peut échapper aux contraintes du genre qui encourage l'emploi de formules ramassées aux dépens de la nuance. Venant d'un ethnologue, on attendait «plus» à propos du «projet identitaire», oublié au fil du texte. Par ailleurs, l'histoire politique est à peine ébauchée, tandis que Cuba et le

Nicaragua ne sont que mentionnés. Quant aux histoires «nationales», elles ne

peuvent apparaître dans leur diversité et donc dans leurs différences, pourtant bien réelles jusqu'à une époque récente. Ainsi, à propos de l'Argentine de Perón, on peut discuter cette affirmation péremptoire selon laquelle l'Etat populiste argentin ne pouvait supporter aucune comparaison avec l'Italie mussolinienne

(p. 27)... Mais encore une fois, il faut s'interroger sur les limites du genre «syn- thèse historique» lorsqu'il s'agit d'un continent aussi diversifié...

Avec la seconde partie de l'ouvrage, qui se veut un bilan de la dernière dé- cennie, l'auteur retrouve à la fois une ampleur d'écriture et l'acuité de l'entomo-

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CM.H.LB. Caravelle 235

logiste social. Le tableau se fait dramatique : ce ne sont que «sociétés décompo- sées», Etats «fragiles», démocraties «incertaines», économies «vulnérables». Opti- mistes, s'abstenir ! Et il faut reconnaître que l'auteur ne manque pas d'argu- ments. Celui qui avait laissé l'Amérique latine dix ans en arrière, au temps des premières privatisations et de l'intronisation sur le continent du libéralisme «à la Pinochet» ne peut qu'être effrayé des ravages constatés presque partout : la société se «massifie» en même temps qu'elle se fait de moins en moins démo- cratique, la violence et l'exclusion sont devenues la règle, l'égoïsme efface les vieilles règles de la solidarité communautaire, et la drogue alimente un pouvoir mafieux qui se glisse jusque dans la politique. Dans ce triste bilan, Henri Favre a le mérite d'inclure quelques réflexions irrévérencieuses sur ces ONG («petites enclaves ou petits fiefs») qui court-circuitent l'Etat officiel, ou encore sur la «dissidence ethnique» qui pousse l'Etat à renoncer à l'intégration et au métissage au profit d'un vague discours polyethnique et multiculturel, qui a l'avantage de coûter moins cher en termes d'assistanat social. . .

Et que dire de l'épilogue ! Cette Amérique «post-nationale» et libérale montre au grand jour son impuissance face au nouvel ordre mondial. Marginalisée politiquement par Washington, dépassée dans le combat com- mercial et technologique, elle ne semble pouvoir trouver son salut que dans le libre-échange renforcé de l'Alena et du Mercosur. Mais au risque d'y perdre son âme. Les perspectives sont encore plus sombres pour ces pauvres petits Etats d'Amérique centrale ou pour des pays incertains comme le Venezuela ou la Colombie. «A quoi ces pays peuvent-ils servir dans le village planétaire. La question est sans doute brutale. La réponse risque de l'être encore plus» (p. 111).

Pierre VAYSSIERE

Centroamericana. Studi di Letteratura Ispanoamericana. Directeur Giuseppe Bellini, Coordinateur Dante Liano, Roma, Bulzoni Editore, 1996.- n° 6/7, 233 p.

Le numéro 6/7 de la revue Centroamericana, en projet depuis 1994 et paru en 1996, est entièrement consacré à l'écrivain guatémaltèque Miguel Ángel Asturias. Treize articles signés par des asturianistes de grand renom et de jeunes chercheurs composent ce numéro en hommage au Prix Nobel de Littérature, vingt ans après sa mort. Nul doute que cet hommage rendu à un des plus grands écrivains américains, quelque peu oublié ces dernières années, est une heureuse initiative de l'éditeur italien :

Por qué sobre Asturias se está extendiendo una cortina de olvido, si sus libros, cuando se los lee, son fuente inagotable de belleza, en el sentido más estricto del término.

Telle est la question posée dès les premières lignes par D. Liano. Thèmes et approches différents apportent à ce numéro une variété dans

l'unité autour de deux grands axes qui ne surprennent pas : l'homme et l'œuvre. Il semble, en effet, bien difficile de considérer l'œuvre de Miguel Ángel Asturias sans évoquer l'homme dans sa circonstance, temps et espace de son histoire et de celle de son pays. C'est ainsi que la majeure partie des articles proposés offre une lecture contrastée d'un «destin parfois paradoxal et contradictoire» dans un

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