144

SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 2: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

SERIE

HEALING’SPLACE

Page 3: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

TOME1Adeuxpasdetoi

ThaïsL

Page 4: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 5: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

JedédiecelivreàAmina,quiaétélapremièreàcroireentoutça.MercimaMinouch.

Page 6: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 7: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EléaCela faisait plusieurs heures maintenant que je tournais dans le centrecommercialquicommençaitàsevider.Ilétaitvingtheuresquinze.Lesmagasinsavaient abaissé leurs rideaux et les vendeuses s'affairaient pour remettre enplacelesrayons,misàsacpardenombreuxclientsdésireuxdetrouverlabonneaffaire. J'aimaisparticulièrement l'atmosphèrequisedégageaitencettepériodedesoldes.Beaucoupdebruit,despersonnesneprêtantattentionà rien, l'idéalpourquelqu'uncherchantàsefondredanslamasse.J'avaisramenémacapuchesur le dessus dema tête, cachant ainsimes boucles brunes et le haut demonvisage. Les mains dans les poches de mon treillis vert, j'avisais le magasindevant lequel jem'étais arrêté. La vitrine était composée de robes savammentmisesenvaleur,leurmatièrenelaissaitaucundoutequandàlaqualitéetsurtoutau prix affiché. Je ne comprenais pas comment il était possible de dépenserautantd'argentpourun simpleboutde tissu. C'était presque l'équivalent d'unloyer.Loyerquej'auraisaimépouvoirpayer...-Eh!vous!Unvigiles'approchaitdemoid'unedémarcherapide.Ilmefitcomprendredemediriger gentiment vers la sortie. Je soupirai tout enmemettant enmarche. Ilcommençaitàfairefrais,maisjen'avaispasencoreenviederentrer.Aquoibon?Lefoyeroùjerésidaischaquenuitétaitsurpeupléencettepériode.Jene supportais plus cettepromiscuité entre les résidents, les regards souventmalsainsdecertainsquin'hésitaientpasàlaisserleursmainssebaladerlorsquejepassaisunpeutropprès.Je me cachais comme je pouvais derrière mes vêtements et un masque defroideur mais cela ne les décourageait pas. Je fis glisser mon sac à dos surl'épaule et pris le mp3 que je gardais précieusement dans l'une des pochesintérieures.Ecouteurssurlesoreilles,jefranchislesportescoulissantesetmemisàavancerrapidementetsansbut.Maviemepesait.Qu'avais-jefaitpourméritercela?J'avaisétésiheureusepourtant...Papa, Maman , Teddy représentaient tout pour moi . On m'avait enlevé

Page 8: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

brutalement la meilleure partie de moi-même. J’avais passé la matinée aucimetière, arrangeant leurs tombes comme je le pouvais. Elles faisaient pâlefigureparrapportàcellesd’àcôté,garniesdefleursmagnifiques.Jen’avaispaslesmoyensdefairedemême.Detoutefaçon,bienquejeviennerégulièrementici,jesavaisqueleursâmesnes’ytrouvaientplus.Ellesétaientprésentes,prèsdemoi,peu importeoù jemetrouvaismais j’avaisquandmêmebesoindevoirleur nom sur la petite croix placée devant chacune des pierres tombales. Unelarmechauderoulasurmajouefrigorifiée.J’étais fatiguéeden’avoirnullepartoùme poser et surtout personne à quime confier. Mais j’étais seule depuis silongtemps et je ne supportais plus les regards de pitié ou les quelques piècesjetéesàlavoléequandjerestaisassisecontreunmur,tentantdemeprotégerdecethiverparticulièrementglacial.Nousétionsdansunevillepeupléedejeunesdemonâgequimeregardaientavecdégoût.J’avaisvingt-deuxansetl’impressiond’enavoirprisvingtdeplusenl’espacedequelquesmois.Jenefaisaispluspartiedecemilieuétudiant.Jepréférais les ignorervoiremêmeles fuir. Lahontedevivredehorsétaitdéjàdifficileàgérer. Jenepouvaispasmepermettre de leslaisser en rajouter. Perdue dansmes pensées, je nem’étais pas rendu comptequ'ils'étaitmisàpleuvoir.Lesgouttesétaientglacialesetjecherchairapidementdesyeuxunendroit oùmemettreà l'abri. J’avaismarchéunbonkilomètreetj’étaisàprésentsur ladiguefaisantfaceà lamer.Unbarétaitdans l'angle,aubout de la jetée. Jememis à courir en retenantma capuche qui basculait. Lamusiquequiprovenaitde l'intérieurde l'établissementétaitentraînante etunedoucechaleurmeréchauffalecorpslorsqu'uncoupleouvritlaportejustedevantmoi. J’hésitaià rentrerdansce typede lieu,mais ils retenaientdéjà lebattantpourmepermettred’yaller.Jemefaufilaienlesremerciantd’unsignedetête.Jeme secouai légèrement afin d'enlever les gouttelettes qui ruisselaient surmonmanteauetparcouruslasalleduregard.Ilyavaitpasmaldemonde,surtoutdesétudiantsvisiblement.Nousétionsvendredisoiretilsdevaientsûrementfêterleweek-end.Unetableunpeuàl'écartétaitlibre.Jem'yinstallaienenlevantmonvêtement trempé. Je pris mon portefeuille dans mon sac pour en vérifierl’intérieur. J'avais dix euros en espèce, il me faudrait bientôt trouver un petitemploi pour combler mes dépenses.. J'avais encore un peu d'argent sur moncomptesuiteàmondernieremploimaisjenepouvaispasledépensern'importecommentsijevoulaissurvivrejusqu'auprochainappeldel’agencepourl’emploi.Letravailsefaisantrareactuellement,j'avaisdûmerésoudreàmelogercommeje pouvais pour ne pas affaiblir d'un coup, mes maigres finances. Une jeunefemmeavecunplateaus'approchadematable.J'enviaistoutdesuitesonvisagesouriantetsonassurance.Elleétaitassezgrande,uncorpsmisenvaleurparunpantalonenjeanetunpetittopnoir,aveclenomdel'établissementbrodésurlapoitrine.-Bonjour,vousavezchoisi?Jenesavaispasàcombiens’élevaitlemontantdesboissonsici.Jen’allaisjamaisdans les bars, car ces lieux me donnaient l’impression d’être des repères de

Page 9: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

poivrotsetj’encôtoyaissuffisammentdanslarue.Jehaussaidonclesépaulesetdemandainonchalamment:-Uneboissonàmoinsdequatreeuros?-Jen’aiquedesboissonssansalcoolàceprix-là…Uncoca?J’acquiesçaid’unmouvementbrefde latêteetellerepartit immédiatement.Lesfillesdelatabled’àcôtériaientbruyamment.Ellesétaientinsouciantesetpleinesdevie.Jem’adossaiàmonsiègeenlesécoutantdistraitement.Leurconversationétaitsuperficielleetsans filtre. Jesoupiraid’agacement.Commentd’aussi joliespoupées pouvaient-elles parler aussi crûment ? Je vivais dans la rue et jemesentais bien plus éduquée que ces cinq nanas. Je me détournai donc pour enpréférer l’inspection du lieu où jeme trouvais. Il y faisait sombre,mais c'étaitchaleureux. Un néon clignotait au-dessus du bar: LeHealing... Des tables dequatre ou six bordaient un petite piste de danse où quelques clients étaientregroupés. Il n'y avait que deux serveuses. La blonde qui avait pris macommandeétaitaubaretdiscutaitaveclebarman.Ilavaitl'airtrèsgrandetbienbâti, car il la dépassait de plusieurs centimètres. Il était trop loin pour que jepuisseledécrireprécisémentmaissaminesérieuselerendaitmystérieux.Toutesonattitudemefaisaitpenseràcellequej’arboraisparfoisetcelam’intriguait.Laseconde serveuse slalomait entre les tables avec son plateau bien garni. Lesboissonstanguaientdans lesverreset j'admiraissamaîtrise.Elleétaitpetiteetson plateau semblait plus lourd qu'elle. Pourtant, elle le baissait et le relevait,déposant les commandes sur les tables avec une facilité déconcertante. J’avaisdéjàétéserveuseetjesavaisquecemétierétaitbienplusdurqu’iln’endonnaitl’air.Elles'arrêtasoudaindevantmoietposamaboissonavecunsous-verre.-Voilàpourvous,déclara-t-elled’unevoixdouce.Je lui tendismesquelquespiècesetelle repartitaussitôt.Toutensirotantmonregard dévia sans arrêt sur la piste de danse. Je fermai les yeux en remuantmachinalement mon corps. Ma peau frissonnait d’anticipation. Cela faisait bienlongtemps que je n’avais pas dansé sur de la bonne musique. Mon corps leréclamait.J’avaisenviedemelaisseraller.Aumoinspourcettesoirée.Nepenseràrienetprofiterdel’instantprésent.Detoutefaçon,j’étaislàdoncpourquoinepasenprofiter?

Page 10: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Appuyé au bar, je tournaimon verre deCoca tout en écoutant Thomas. J'étaissorti depuis à peine une semaine. J’avais passé deux ans en prison. Deux anspouressayerd'oublierqueparfois,ilvalaitmieuxprendresursoiquededéconnercomme j'avais pu le faire. J'avais perdu ma sœur Sarah et mon meilleur amiMathiasenl'espaced'uninstant.Lorsquejem'étaisretrouvéfaceàceluiquiavaitcausécemalheur,monsangn'avait faitqu'un tour. Jenemesouviens toujourspasdel'enchaînementdesévénements.Jemerevoisseulementlefrapperencoreetencore.Thomasm'avaitempêchédememettredanslamerdeencoreplusquejene l'étais.C'étaitgrâceà luisiTiagos'ensortaitavecseulementquelquesosbrisés.Sagueule avait dû être rafistolée plusieurs foismais il était vivant.Mapeine n'avait donc pas été si lourde. Au jugement, certaines circonstancesatténuantes avaient joué en ma faveur. Cela me faisait bien rire tiens.. Descirconstancesatténuantes....-SalutEvan!Maevas'approchaitavecunsourirecarnassierplaquésurlevisage.Envoilàuneàquimonretourfaisaitplaisir.Sescheveuxblondssebalançaientdanssondosàmesure qu'elle avançait. Il fut un temps où nous passions du bon tempsensemble.J’avaisappréciésoncôtésuperficielàunmomentdemavieoùjenevoulaisplusrienressentir.Notrerelationétaitpurementsexuelle,maiselles’étaitmiseàenvouloirplus,cequejen’avaispaspuluidonner.Elledéposasonplateausurlecomptoir,puisattenditquesacommandearrive.Ellesetournaversmoietposaunemainfraîchementmanucuréesurmonavant-bras.-Çafaitplaisirdetevoirici.Quelquesbeauxmecsdanslecoinnepeuventpasfairedemal.Tusaiscequetuveuxfairemaintenantquetoutecettehistoireestderrièretoi?TulogestoujourschezThomasenattendant?Situasbesoindequoiquecesoit,tusaisquejesuislà,moi,minauda-t-elle.Je retirai mon bras en me raclant la gorge tandis que Thomas déposait lesconsommationssursonplateauenluilançantunregardnoir.Ilnepouvaitpaslavoir.Elletravaillaitpourluimaisiln’enétaitpasàl’origine.Iln’étaitlàqu’enremplacementetildevaitaccepterdelacôtoyer.

Page 11: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-AllezMaeva,lesclientsattendent.Laissemonpotetranquille,tusaispourtantcequ'ilenestilmesemble!Aboya-t-il.Elles'éloignad'unpasrapidemanifestantbruyammentsacolère.-MecherchepasThomas,pigé?Celui-cipinçaleslèvrespuiséclatad’unrirefroid.-Jenesaispassitut'ensortirasunjouraveccelle-là,ellet'adanslapeau.Jenesaisvraimentpascequetuaspuluitrouver.Deuxansànousparlerdetoisanscesse...enfindèsqu'ellen'étaitpaspriseparsesautresaventures.Cettefilleestunvrairapace.Unhommeavecunpeud'argent,unebellegueuleetàcoupsûr,ellen'enfaitqu'unebouchée!D'ailleurs,jenesaistoujourspascequ'elleteveutencore?T'asplusunrond!Je lui envoyai mon poing dans l’épaule, mais il se recula avant que je ne letouche.Aussirapidequel’éclair,ils’emparademonvisagepourmescruterdesesyeuxplissés.-Ettabellegueule?...Mouaist'asbienmorflé...Peut-êtrelestatouages...Çalesexcitenon?Ilm'envoyaunclind'œilbiensuggestifavantdesetournerversunclient.Cemecétaitdingue.Jel'avaisrencontréquelquesannéesplustôtdansunesalledesportqueMathiasetmoifréquentions.Notretrucc'étaitlaboxe.Unbonmoyendenousdéfoulerdecertainespressionsfamiliales.Thomasétaitvenu nous trouver quelques semaines après nos débuts. Il était le neveu dupropriétaireduclub.Ilétaitaussiposéquenousétionsagités,maisnousétionsdevenuspotesassezrapidement. Nous nous entraînions régulièrement ensemble. Nous formions untriosoudé,toujoursprésentslesunspourlesautres.Cettenuit-là,ilm'avaitrejointcarilsavaitquejeperdaispied.Durant mon incarcération, il avait été là, m'empêchant de me renfermer,m'assénantrégulièrementquejusticeavaitétéfaiteetquejemedevaisd'allerdel'avant,poureux.Ilavaittrouvéceboulotdegérantdebardurantmonabsence.SononcleJoe,propriétairedulieuavaitdesproblèmesdesantéetluiavaitremislesclésletempsdesonrétablissement.Ilofficiaitentantquebarmanpoursonplaisir,maissonvrairôleétaitdegéreraumieuxleHealing’setvul'ambiancedecesoir,ilyparvenaitsansproblème.Jebalayailasalleduregardlorsqu'unesilhouettebloquamonchampdevision.Leparfum fleuri qui la suivait ne laissait aucun doute sur le fait que c'était unefemme, mais son allure ne permettait pas d'en être aussi sûr. Elle portait unpantalontreillissombre,assez largeetunsweetàcapuchegrisquicachaitune

Page 12: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

partie de son visage. Elle était petite et due se pencher sur le bar pour capterl'attentiondeThomas.Celui-ci,s'approchatoutenmeguettantducoindel'œil.Elle était pratiquement collée àmoi,mais ne semblait pas s'en rendre compte.Lorsqu'ilfutsuffisammentproche,elleluiparlad’unevoixlégèrementcassée.-Salut,est-cequetupeuxmegardermonsacetmonmanteau,s’ilteplaît?Il fronça lessourcils,attendantuneautreexplication.Ellesoupiraetdésigna latableoùelleétaitprécédemmentassise.-Je suis venue seule et j’aimerais aller danser un peu. Est-ce que je peux telaissermesaffaires?Il accepta et elle fit passer un vieux sac à dos par-dessus le comptoir. Il mesembla l'entendre pousser un petit soupir de soulagement et quand elle seretourna, je me décalai légèrement pour la laisser passer. Elle leva alors sonvisage versmoi. Demagnifiques yeux noisettes bordés d'or luimangeaient levisage.Sacapuchemasquaitunechevelureépaisseetbouclée.Sonvisageétaitfin,unpeutropmêmeetellesemblaitfatiguée.Maismalgrécela,elleétaitbelle,vraiment très belle. Ses lèvres pulpeuses esquissèrent un petit sourire à monencontre,maiscelui-cis'effaçaaussitôt.Puisellesefaufilaentre lesclientsquicommençaientàs'amasserdevantlebar.

Page 13: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Jevenaisdedéposermonsacetjem'avançaiverslapistededansequiétaitdeplusenpluspeuplée.Lebarétaitbondéetjemesentaisdésormaisplusàl'aise.J'aimais la foulecarellemepermettaitdepasser inaperçue.Dubonsonsortaitdes amplis et j'avais une folle envie de danser. La danse était devenue monmoyend'expression.Ellemepermettaitdemedéfouleretfairesortirtoutecettetension que je gardais régulièrement au fond demoi. En finissantmon verre,j'avaisunpeuobservélebarman.Ilparlaitavecungarçonquisemblaitavoirmonâge.Magorge s’était serrée. Leur complicité était évidente. Ils étaient extrêmementbeauxaussi.Celafaisaitlongtempsquejem’étaispermisd’apprécierlephysiqued’unhomme.Jeplaisaismaisdésormaisjepréféraismecacherpournepasavoiràm’expliquersurmavie.Leseulmomentoùriennem’empêchaitdemedévoiler,c’était lorsque jedansais. J’avaisdécidédeme lever et de leurdemander s’ilspouvaientgardermonsacderrière lebar. j’étais seule, et le contenude ce sacm’étaitprécieux.Jenepouvaispasrisquerdemelefairevoler.J'avaisinterceptéleregarddubarman,lancéaugarçonquiétaitprèsdemoi.En me tournant, j'avais pu le détailler rapidement. Le barman étaitimpressionnant,maiscegars-làsemblaitbienplussombreetdégageaituneauraénigmatique. Il était grand et mince, ses cheveux bruns étaient coupés assezcourtssurlescotésmaisquelqueslongueurssurledessuslaissaientpenserqu'ilypassait régulièrement lesmains. Ilportaitun jeannoiravecdeschaussureshautesàpeinelacées.Sonsweetàmancheslonguesrecouvraitsesbras,maisondevinait des tatouages qui finissaient leur course sur ses mains. Des lettresétaient écrites sur ses doigts... Je les avais remarquées en posantmon sac del'autrecoté,maisjen'avaispasprisletempsdelesdétailler.Ils'étaitlégèrementpoussépourquejepuissem'enalleretj'avaisappréciélegeste.Sonodeurépicéem’avait fait frissonner. J’étais mal à l’aise face à cette réaction si inhabituelle.Levant les yeux vers son visage, l'intensité qu'il mettait pour me dévisagerm'avaitperturbéetjem'étaisempresséedefuir,lecœurbattantàtoutrompre.Ilétait véritablement magnifique. Ce simple contact visuel m’avait donné trèschaud.Jouantdescoudes,jeréussisàmetrouverunepetiteplacepourpouvoirbougersansêtretropcolléeauxautresdanseurs.Dueleelcorazond'EnriqueIglesiasvenaitdedébuter.Jefermailesyeuxetmemisàonduler.

Page 14: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Jeressentaischaquevibration.Mesbrasselevaient,medonnantainsil'équilibrequ'ilme fallaitpourquemes jambessuiventau rythmedu tempo.Dieuqueçafaisait du bien! La danse me permettait de faire le vide et de m’imaginerautrement.Dansunevieplussimpleetentouréedespersonnesquej’aimais.Celame rassurait et je me sentais déjà mieux.Restant dans l'ambiance, Hasta elAmenecer de Nicky Jam prit le relais et j'en profitai pour ouvrir les yeux afind'évaluermonenvironnement.Descoupless'étaientrapprochéspourdansercolléserréetjemedécalaiafindeleur laisser un peu plus de place. Un corps vint se loger dansmon dos et jesursautai inévitablement.Lançantunregardnoirvers l'opportun,jem'exilaidel'autre côté de la piste, en face du bar. J'avisai le jeune homme qui y étaitaccoudé.Ilavaitreprissaconversationaveclebarmanmaisilmefixaitavecintensité.Mesyeuxrevenaientsanscesseverslui.Jeressentaisunealchimieincongrueentrenous.Je le sentais m’observer même lorsque je baissais mes paupières. Il leva unsourcil après un bref regard sur l'objet de mon agacement. Je me surpris àhausserlesépaules.Maisqu'est-cequ'ilmeprenait?Pourquoiinteragiravecluialorsquecelanemeressemblaitpas.Cethommeétaithors de portée. Je devais garder la tête froide. Ce genre demec pouvait avoirtouteslesnanasqu’ilvoulait.Jenepouvaisplusmelaisseralleràdessentimentsaussiprimaires.Aimerétaitunsentimentdestructeuretj’enavaissuffisammentfait les frais. Mes pensées repartirent sur cette solitude qui me pesait et quim’avaitsurtoutété imposée. J’étaisencolèrecontrecedestinquicontinuaitdes’acharner. Tout dans ce bar était synonyme de joie et de vie. Je devais faireabstractionde tout. Lamusique.Elleseulem’importaitpour l’instant. Je reprismespassurunmorceaudeShakira.J'adoraiscegenredemusiquehispanique.Au printemps, je m'étais liée d'amitié avec des danseurs de rues qui seretrouvaientchaquejoursurlaplacedumarché. A la fin demon travail, lorsque le soleil déclinaitmais que la chaleur restaitprésente,jem'asseyaispourlesregarderévoluer.J'aimaislesentendrerireetnesesoucierderien.Defilenaiguille,ilsm'avaientintégréeàleurpetitgroupeetm'avaientapprisdespasdedanse.C'estlecœurlourdquejeleuravaisdis«aurevoir»surlequaidelagareaumoisdeSeptembre,chacunrepartantpoursesétudesendirectiondelarégionparisienne.J'avaisgardécontact,ilallaitd'ailleursfalloirquejeprennedesnouvellesd'icipeu.Lasoif commençaitàse fairesentirà forcedem'agiterainsi.Jen'avaispaslapossibilitédemerecommanderunverre.Jefilaidoncauxtoilettespourboireaurobinet.Cen'étaitpasforcémenttrèshygiéniquemaisaupoint où j'en étais... L'endroit était désert. Jeme passais un coup d'eau sur levisage.Macapucheavaitglissédansmoncou.Mescheveuxainsilibérés,associésàmonvisagehaléfaisaientressortirmonmétissagedemanièreplusflagrante.

Page 15: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Je n'appréciais pas ses origines qui me desservaient plus souvent qu'elles nem'aidaient.Quand j'étais en recherche de travail, il fallait bien avouer que l'on préféraitdavantagedonnersachanceauxpetitesprovincialesblondesetfades.Laportes'ouvrit,coupantcourtàmesréflexions.Ungroupedejeunesmidinettesentrèrentenpouffantcommedesdindes. C’étaient les nénettes assises à côté de ma table un peu plus tôt. Elles mesnobèrentavecsuperbeetsemirentàbavasseravecvigueur.-Tuasvu, ilestrevenu!Mais ilestdevenutropcanon!!Déjàqu'il l'étaitavantmais cette expérience l'a rendu encore plus chaudbouillant ... commença l'uned'entreelles.Je m'écartais pour leur laisser la place et tout en m'essuyant les mains, j'enprofitaispourlesécouter.-Maiscelanevousfaitpasflipperunpeu,àcequel’onraconte,ilnel'apasloupéquandmême.Attend,deuxansdeprisoncen'estpasrien..ripostauneautre.-Noooooooooooooooooon,c'esttropsexy!Jevaisessayerd'allerlevoirdèsquel’onsort.FranchementMaevam'adéjàraconté,jevousassurequec'estunsacrécoup, répliqua une blonde qui se mit une tartine de rouge à lèvres avantdesourireaumiroir.-Deuxansd'abstinence,effectivementçadoitdonner!ricanasacopine.Elles sortirent dans un bel ensembleme laissant abasourdie. Comme je l’avaispenséprécédemment,ellesn’avaientpasbeaucoupdejugeote.Dans un sens, j'étais bien contente d'avoir mes problèmes et de ne pas êtredevenueaussicruche.Ellesbavaientsurunreprisdejustice.Commentpouvait-onêtreaussiinconsciente? Au foyer, j'en côtoyais quelques-uns et je savais d'expérience qu'un séjour enprisonpouvaits'avérerdramatiqueetengendrerdavantagedeproblèmesdanslatêted'unhomme.Enfinbref,c'étaitleurproblème,non?Undernierregardàmonrefletmeconfirmaquelafatiguecommençaitàsevoirde plus en plus sur mon visage. Par la petite fenêtre située dans la pièce, jem'aperçusquelapluieavaitcessé.Ilétaittempsderentrer.Jeprisladirectiondubarpourrécupérermesaffaires.Lebarmanétantoccupé,j'attendisqu'ilterminesa commande pour lui faire signe. De l'autre côté du bar, un regard clairm'observait.Jegardaismesyeuxfixésauxsiensquandildétournasoudainsonvisage.Lapimbêcheblondevenaitdeluiparler.

Page 16: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Je ne pouvaism'empêcher de la suivre du regard.Depuis qu'elle s'étaitmise àdanser,touts'étaitarrêtéautourdemoi.Magorges'étaitasséchéeetjen'avaispu quitter son corps des yeux. Elle bougeait avec grâce et chacun de sesmouvements semblait raconter quelque chose. Les paupières closes, son visageétait serein. Les autres danseurs l'observaient avec envie. Je ressentais uninstinctdepossessionquej’avaisdumalàcontenir. Jem’agitaissurmonsiègeessayant de penser à autre chose que ces connards bavant devant tant desensualité.Ellemefaisaitpenseràmoi.Ladanselapossédaittoutcommec’étaitlecaspourmoiaveclaboxe.Malheureusement,depuisl'incident,jen'avaisplusledroitdem'ymettre.J'avaisunemiseàl'épreuvededeuxansquim'interdisaitdepratiquerunsportdecombat.Ilallaitmefalloirtrouverunautremoyenpoursoulagermestensions.Thomasm'avaitfaitpartd'uneidéeetc'étaitmêmerenseignépoursavoirsicelaétaitpossible.Nousattendionsencorelaréponse.Il fallaitavouerquecelanem'avaitpas forcément fait sauterde joie,maisaufinal,celamepermettraitpeut-êtredepayermadetteàlasociété.Portantleverreàmeslèvres,jesaluaid'unbrefhochementdetêteAuréliequime reluquait depuis un moment, faisant pourtant semblant d'être en pleineconversation avec ses copines. C'était la cousine deMaeva.Quand nous étionsensemble,ellemejetaitrégulièrementdesœilladesenflammées.J'étaissontyped'homme, commeceluidebeaucoupde femmesapparemment, et le fait que jepartagelelitdesacousinenelatroublaitabsolumentpas.Je déviai mon attention sur la piste de danse. La jeune inconnue continuaitd'ondulersanss'apercevoirqu'unhommes'approchaitd'elle,unairdeconvoitisemarquéenpleinvisage.Monpoingseserraetjesentismajambes'agiterdeplusbelle.Monverreseremplitd'uncoupetj'interrogeaisThomassilencieusement.Ilpenchalatête,unsourireaucoin.-Visiblement,tuasl'aird'enavoirbesoin,monpote.Problèmedetestostérone?-Absolumentpas,lecontredis-jetoutenvérifiantlapistededanse.Elles'étaitdéplacéedel'autrecôtéetsesprunellesrencontrèrentlesmiennes.Jejetaiunregardversceluiquil'avaitapprochépuishaussaiunsourcil.Ilsemblait lachercher,maisjen'avaispasvucommentelle l'avaitesquivé.Ellehaussalesépaulespuisserepritetmetournaledos.Jefisunsigneàmonpotequiserapprochademoi.

Page 17: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Thomas, jevaisyaller, ilestuneheuredumat', jedoisme lever tôt... toutàl'heure. Je dois rencontrermon contrôleur judiciaire afin de discuter du projetauqueltuaimeraisquejeparticipe.J'imaginequ'ilvafalloirquejesoisenpleinepossessiondemesmoyenspourdéfendremacause.-Ouais,j'imaginequec'estunpeurisqué.J'espèrequeçavamarcherparcequece serait vraiment un sacré coupdepoucepour leCentre et je sais que çanepourraquet'aider.Lebémol,c'estqueçaresteunesortedesportdecombatdoncj’espèrequecelapassera.-Jesaisbien.Onaplusqu’àcroiserlesdoigtspourqu’ilnesoitpastropcon.C’estlegenredetypequidoitaimermettrelapression.Onessaiederevenirdanslasociétémaiscen’estpaspourautantquecesmecsvontessayerdet’aider.Jerespiraiungrandcoupenmeredressantsurmontabouret.Jeguettaimalgrémoil'endroitoùellesetrouvaitmaisellen'yétaitplus. Je ne sais pas pourquoi elle m'obnubilait à ce point ce soir. Je n'avais pasrecontacté de filles depuismon retour. Ces deux ansm'avaient permis d'y voirplusclairsurmesfréquentationsetjen'avaispasenviederenoueravecmavied'avant.Mathiasn'étaitpluslàpourm'aiderànepasdéraper.Sarah,mafrangine,me répétait chaquesoirqu'il était tempsque jemepose.Quepasser sesnuitsd'un lit àunautrenepouvait pasdurer toute la vie.Que jedevaisgrandir. Jevoulaisluiprouverquetoutétaitpossibleetqu'ellepourraitêtrefièredemoibienplustôtqu'ellenel'auraitpensé.Avantdemelever,jeremarquaisqu'elleétaitderetourde l'autrecôtédubar.ElleattendaitvisiblementqueThomas terminedecomposersesboissons.-Evan!Mamâchoiresecontractaensentantsamaindansmondos.Auréliemeregardaavecungrandsourireauxlèvres,lesyeuxbrillantd'envie.Thomasseretournaets'approchaaussitôt.Ilmetenditunsacdesouslecomptoiretmefitunclind'œil.-Tiens,rends-moiceservices’ilteplaît.J’'aiunpeudemondelàetellesouhaiterécupérersonsac.Tupeuxluiapporter?PuisilsaluasèchementAurélieavantdes'enretourner.Ledosimposantdemonpoteayantcachéunepartiede lascèneàma jolie inconnue,elleécarquilla lesyeuxenmevoyanttenirsonsac.Ellefronçalessourcilsetfonçasurmoicommeunefurie.Jeréprimaiunsourireenimaginantd’avancenotreconfrontation.

Page 18: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 19: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Merde!Quefoutaitcetypeavecmonsacàdos??Jefusillaiduregardlebarmanquimefitunclind'œil.Maisc'étaitquoicebordel?Ilmefaisaitunclind'œil.Ildonnaitmonsacàuninconnuetmefaisaitunclind'œil??Commesifairetroispasdeplusetmeletendrepar-dessuslecomptoirn'étaitpaspossible!Pestantmentalement, jeme faufilai entre les clients pour atteindre l’objet demonagacement.Saluantlapoupéeblondequimefusilladuregard,ilmeprit lebrasetm'entraînaàsasuite.Ilfaisaitdegrandspasetjedusm'accrocheràsonsweetpournepastrébucher.J’avaisenviedelefrapper.Sonculotm’énervait.Ilpiladevantlaportedesortieetseretournad'unbloc.Monvisagesetrouvafaceàsontorse.Jemereculaiprécipitammentenessayantd'oublierl'odeurvirilequisedégageait de son corps. Depuis quand n'avais-je pas ressenti une tellesensationfaceunhomme?Bien évidemment, j'avais déjà eu des relations au détour de quelques soiréesmaisjamaisriendebienconcret.Lesrelationsphysiquespermettaientdes’évadermaiscomments'attacherlorsquel'onsetrimballaitunepoissecommelamienne.Fragilisermoncœurpourqu’ilsebriselorsquelesgensdisparaissaient?Non,jepréféraismasolitudeàtoutcemerdier.Jetendis lamainversmonsacmais ils'emparademesdoigtsjusteavant.Sonregardmetransperçaetsouslalueurdunéon,sesyeuxgrissemblaientprendrevie.Ilss'assombrirentlégèrementpendantquejeledétaillaismaisilserepritenclignantlespaupièresetmesouritavecchaleur.-Salut,jesuisEvan…-Ça me fait plaisir de le savoir, crachai-je avec dédain. Maintenant donne-moimonsac!!-Ehbien,tuconnaislapolitesse?

Page 20: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Ildéconnait,là?C’étaituneblague?-Pasaveclesemmerdeurs!Jereprismonsacavecbrusquerie.Illevalesmainsensignedepaix.-Etdoucement,j'allaisteledonner.Jenerépondispasetsansmêmeleregarder,j’enfilaimonmanteau.Ilregardasamontrepuiscroisalesbras.-Tuesàpied?Jepeuxteraccompagner?-Meraccompagner??Non,jenepensepas...D'aprèscequej'avaisentendu,iln'étaitpastrèsnet,nidignedeconfiance.Jeleplantailà,profitantdesasurprisepourcourirleplusvitepossible.Jel'entendism'appelermaisjem'engouffraidansunepetiteruelle,medérobantàsonregard.Elledébouchaitnon loinducentrecommercialoù j'avaispassé l'après-midi. Laroute était ensuite directe jusqu'au foyer. Le froid me donnant un regaind'énergie, jecourussansm'arrêter.Lorsque j'atteignismonbut, jemanquaidem'étouffer.Unenouvelleblague?Lefoyerétaitcompletetlaporteclose...J'essayais d'apercevoir quelqu'un à travers les vitres mais tout était dansl'obscurité.Jesentisunrirenerveuxm'assaillir.Jem'adossaiàlaporteetmelaissaiglisserjusqu'ausol.Unventglacialvenaitdese lever. Je serrai les pans de mon manteau contre moi. Réfléchis, réfléchis,réfléchis...Je n'avais personne à appeler, aucun contact dans cette ville. Où pourrais-jetrouverun lieuavecunpeudechaleuràcetteheure? Lagare,peut-être?Enespérant que personne nememette dehors en pleine nuit. De toute façon, jedevaismebougersouspeinedegeler.Jemerelevaiavecdifficultéetreprismaroute. Ilme fallaitmarcherunpeucourbéeafinde limiter lapriseauvent.Nepenseràrien,nepenseràrien,nepenseràrien....Jem'apprêtaiàtraverserlecarrefourquandunevoixfluettem'interpella.-Excuse-moi!Hé!Jelevailentementlatêtepourdécouvrirunepetiteforme,emmitoufléedansunepanoplie de vêtements,me faire signe sur le trottoir d'en face. Je fronçais lessourcils en regardant autour de moi. La rue était déserte, elle s’adressaitforcémentàmoi.Jepenchailatêteensecouantlatêtepuisreprismonchemin.Ellenesedémontapasetmarchaderrièremoi.-Salut, baragouina-t-elle, le bas du visage caché par une épaisse écharpe de

Page 21: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

laine.Jet'aivuaubartoutàl'heureet...jet'aiaperçuaussidevantlefoyer...Je...Ilfaitfroidcesoiretsituveux,tupeuxveniravecmoi.J'habitejustelà,tiensregarde...Jemetournaipourluifairefaceetjereconnuslapetiteserveusebrunedubar.-Jen’aipasbesoind’aide,merci!Elle me désigna un bâtiment de deux étages, assez imposant, avec un portailsécurisé.-Jesaisqu'onneseconnaîtpasmaisjet’aivuedevantlaportedufoyer.J’aiuneamiequis’occupedel’accueiletjesaisqu’encemoment,lesplacessontlimitées.Tuasquelquepartoùaller?-Jevaisbientrouver,marmonnai-je.Je continuai mon chemin en espérant qu’elle me laisse enfin tranquille. Maisvisiblement,elleétaitcoriace.Elles’accrochaàmonbras,et jedusprendresurmoipournepaslarepousserviolemment.-Écoute,jen’aivraimentpasbesoindetonaide,j’ail’habitudedemedébrouiller.Retournecheztoi!Elleplissalesyeux,etsesépauless’affaissèrent.Jeprofitaidesonembarraspourmesauverencourant.J’atteignis la gare en peu de temps. Je m’engouffrai à l’intérieur, frottant mesdoigtsgelés.Jevérifiaileslieuxenuncoupd’œil.Iln’yavaitpasgrandmondeàcetteheure-là,laplupartdesbancsétaientlibres.Unsans-abriétaitdéjàinstallé.Toutes ses affaires étaient autour de lui. Il était enveloppé dans son sac decouchage,étenduàmêmedescartons.J’évitaideleregardertroplongtempscarjesavaisquecelapouvaitêtredéstabilisant.Jemeposaiunpeuplusloin,monsaccontremoncœur.

Page 22: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EileenJe venais de rentrer chezmoi et je ne savais pas quoi faire. J’étais persuadéequ’elle allait dormir dehors. Toute son attitude démontrait une envie de sedébrouillerseule,maisjenepouvaispasmetrouverainsi,dansmonappartementchaufféensachantqu’elleétaitdehors.Jemerongeailesonglesenessayantdetrouverunesolution.Je l’avais aperçue au bar quelques heures plus tôt pendant que je zigzaguaisentremes clients. Elle était seulemais dégageait une auraquim’avait tout desuiteintriguée.Elleneressemblaitpasànotreclientèlehabituelle.Onauraitditqu’elle s’était trouvée là complètement par hasard. Ses vêtements la cachaientcomplètementetellesemblaitauxaguets.EllemefaisaitpenserauxpensionnairesrésidantdanslefoyerdemonamieZoé.Laplupartavaientétémalmenéspar la vie et parfois, ils aimaient se confier àmoi.Jevenaisaiderbénévolementlorsquecelam’étaitpossible.Préparerleslits,aiderencuisineouleurdonnerunpeudechaleurhumaineenlesécoutanttoutsimplement.Jenesupportaispasdevoirautantdemisèreautourdemoi.Sichacunymettaitunpeudusien,lavieneseraitpasaussidurepourcertains.J’avaisrécupérésacommandeaubar,proposantàMaevades’occuperdel’unedemes tables. Elle avait sauté sur l’occasion, car elle était composée de troissublimesgarçonsquilareluquaientdepuisleurarrivée.Cettefillemedégoûtait.Sous sa façade de fille de bonne famille, je savais qu’elle était sournoise et jem’enméfiais.J’avaisapportélecocademacliente.Sesyeuxétaientterriblementexpressifsetsonvisagemagnifique.Sacapucherecouvraitsonfront.Ellem’avaitrégléeetjel’avais laissée aussitôt, consciente qu’elle ne souhaitait pas être dérangée.Néanmoins, j’avais gardéunœil sur elle toute la soirée. Jem’étais étonnéedevoirEvanparticulièrementintéressé.Ilnelaquittaitpasdesyeuxetd’autantpluslorsqu’elleavaitenflammélapistededanse.Samanièredebougerétaitsensuelleetl’avaittransformée.Ellen’étaitpluslajeunefillerenferméequej’avaisservie.Les hommes s’étaient avancés, jouant des coudes pour être le premier àl’approcher.Elleétaitpartieàl’heureoùjeterminaismonservice.Avantd’allermechanger,jel’avaisvuentraindediscuteravecEvan.Iln’avaitpasperdudetempscelui-ci.Elleétaitencolèreetjeleplaignaisd’avance.Jeleconnaissaisunpeud’avantet

Page 23: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

c’était le meilleur ami de Thomas, mon patron, que je considérais davantagecomme mon grand frère. Evan avait connu son lot de problème et avait étéemprisonnéquelquesannéespouravoirtentédesauversapetitesœur.Unefoisprête,j’avaisdûrentrerchezmoiàpied,carj’étaislapremièreàfinirdetravailler.Lefroidm’avaitglacéjusqu’auosetj’avaismarchérapidementjusqu’àl’appartement.Maisenchemin,j’avaisalorsreconnul’inconnuedevantlefoyeroùjepassaiscertainsaprès-midi.Ellesemblaitdépitéeets’étaitassisesurlesol.Satristesse m’avait touché en plein cœur. Je ne m’étais donc pas trompée. Ellen’avait pas de quoi se loger. Quand elle avait repris son chemin, je n’avais pum’empêcherdelasuivre.Jenepouvaispaslalaisserainsisansrienfaire.Jel’avaisdoncinterpelléetelles’étaitaussitôtmisesurladéfensive.Jemourraisde froid sous mes vêtements chauds et malgré mon écharpe qui recouvrait lamoitiédemafigure. J’imaginais sans peine comment elle devait se sentir car elle était bienmoinscouvertequemoi.Ellen’avaitpasvoulum’écouterquandjeluiavaisproposédevenirchezmoi.L’idéeétaitsortietouteseuledemabouchemaisc’étaitlaseulesolutionquej’avaistrouvée.Jevivaisdansungrandappartement,seule.ThomasetEvanvivaientenfaceetjemesentaisensécurité.Jepouvaisaumoinsfairecelapourelle.Malheureusement,elleavaitdéclinél’invitation.Enmêmetempsàquoim’attendais-je?Ilétaitévidentquesiellevivaitseuleetdanslaruecommejelepressentais,ellen’auraitjamaispuacceptermonaide.J’étaisdoncretournéechezmoi,me retournant de temps en tempspour suivre sa trajectoire. Elle sedirigeait vers la gare. J’étais rentrée en essayant de réfléchir à cette situation.J’avaisjusteenlevémonécharpeetmaintenant,jetournaienrond.Ilétaituneheureetdemiedumatin.Jeregardais lethermomètreextérieurquiindiquaitmoinscinqdegrés.Aveclevent,latempératureressentiedevaitmêmeêtrebieninférieure.Jenepouvaispaslaisserfaireça!Jereprismonécharpeetressortisàtoutevitessedanslarue.Je courus sansm’arrêter et j’étais complètement essoufflée quandmon but futatteint.Ilnemefallutpaslongtempspourlatrouver,lehalldegareétantdésert.Elleétait recroquevillée contre sonsac, lesyeuxdans levague. Jem’approchaidoucement etm’installai à l’autrebout dubanc sur lequel elle se trouvait. Ellesursautaenréalisantquej’étaislà.-Qu’est-cequetumeveux,encore?grogna-t-elle.-J’aimeraistereproposermoninvitation.Elle soupira bruyamment et se redressa. Ses yeux lançaient des éclairs. Elleessayaitdemefairepeurmaiscen’étaitpaslapremièreàessayerdem’intimideretj’étaispluscoriacequej’enavaisl’air.-Jeteprometsquecelamefaitplaisir.Ellericana,d’unairmauvais.

Page 24: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Tuaimesjouerlebonsamaritain?TucroisqueçavatedonnerdescréditspourallerauParadis?J’éclatai de rire devant sa tirade. Elle haussa les sourcils, surprise que je nem’énervepas.-Oui,situsavaistoutcequej’aidéjàrécolté!Allez,sincèrement,qu’est-cequeçat’apporteraitderefuser?Sonvisagesefigeapuisellesoupira,unlégersouriresurleslèvres.Apparemment,jen’étaispasloindegagnercettemanche.-Tunecèdesjamais,c’estça?Jehaussailesépaulesavecdésinvolture.Elleselevaensecouantlatête.-Bon…jetesuis.J’avaisenviedelaisseréclatermajoie,maisjemeretinspournepaspasserpourunefolle.

Page 25: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Cettefilleétaitincroyable.Elleétaitminusculemaisnesedémontaitpas.J’avaisessayédememontrerdurepourlafairepartir.Jenesupportaispaslapitié.Ellem’avaitvuedansunmomentdefragilité,lorsquej’avaisdécouvertquej’avaispasd’endroitoùdormirpourlanuit.Jem’étaisunpeubraquéedevantsapropositionmais il fallait reconnaîtrequesadéterminationétait toutàsonhonneur.Quandellem’avaitdemandécequeçam’apporteraitde refuser, jen‘avaispassuquoirépondre. Elle n’avait pas tort. J’avais donc accepté et je l’avais donc suivijusqu’au petit immeuble sécurisé qu’elle habitait.Le hall était spacieux et bienentretenu. Presque aussi grand que le foyer entier où j'avais passé les nuitsprécédentes.-J'habite au premier, mais je suis trop fatiguée par l'escalier, on va prendrel'ascenseur,annonça-t-elleenenlevantsonbonnet.Le palier de son étage regroupait deux portes d'entrée se faisant face. Elles'approchadecelledegaucheetglissalaclédanslaserrure.-Jelouecetappartementàl'oncledeThomas,lebarmanquetuasdéjàvuaubar.Ilpossèdedeuxchambresdonctuprendrascellequimesertdedressing.Ilyaunclic-clacdedans.Jenem'ensersjamaisdoncilestquasimentneuf.Je hochai la tête et entrai. L'appartement lui ressemblait. C'était chaleureux etcosy. Sur la gauche se trouvait une petite cuisine ouverte sur le séjour. Uncanapétroisplaces,unesimple tablebasseet la télévision lecomplétaient.Elleavaitdécoréletoutavecdespetitscoussinscolorésetunimmenseplaidveloutérecouvrait le canapé. Sur la droite, trois portes se succédaient affichant lafonctiondechaquepièce.Ellem'ouvritcelledumilieu lorsquedeuxcoupsbrefs lui firent interrompresongeste..-Installe-toi.C’estlachambreoùtuvasdormir,j'arrive!J'avançaidanslapièceetposaimonsacsurleclic-clac.J'enlevaimonmanteauetdéfislacapuchedematête.Passantunemaindansmescheveuxpourremettreenplacemesboucles,jefisletourdelapetitepièce.L’armoireétaitsuffisammentgrandepouryaccueillirmesquelquesaffaires.J’enprofitaipour les ranger.Mêmesi cen’étaitquepour lanuit, cela leur feraitdu

Page 26: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

biend’êtreaérés.Puisjedécidaideretournerauprèsdemacolocataire.J'avançai doucement dans le salon tandis qu'elle refermait la porte. Elle mesouritensedirigeantverslacuisineetdésignal'entrée:- C'était un ami qui habite juste en face. Il venait juste voir si tout allait bienétantdonnéqu'ilnousaentenduesparler...Aufait,jem'appelleEileen.-Enchantée,moic’estEléa.-Ohc’estsuperjolicommeprénometpasdutoutcourant.J’acquiesçaiensilenceetm’installaisurletabouretprèsducomptoirdelacuisine.Jem’arrêtaidebougerenremarquantqu’ellemeregardait,lesyeuxdébordantdequestions.Jememisàsourirebienmalgrémoimaisellem’amusait.Sonvisageétaitl’undesplusexpressifsquejen’avaisjamaisvu.-Tuvoulaissavoirautrechosepeut-être?-Oui!s’exclama-t-elle,avantdesereprendreenrougissant.Jel’incitaiàcontinuer,curieuse.-Tun'avaispasdequoitelogercesoir,maisquefais-tudetesjournéessinon?Oùest-cequetulespasses?Est-cequetutravailles?Elles'interrompitbrusquementensemettantunemaindevantlabouche.-Ohexcuse-moi,jedoist'ennuyeravectoutesmesquestions!Jesuisunebavardecompulsive,jesuisvraimentdésolée,tun’espasobligéedemerépondre.-Non,non c’estbon. Jene travaillepaspour l’instant. Je suis inscritedansdesagencespourl’emploimaisonnem’appellepassouvent.Jen’aipasdediplômes,je ne suis pas prioritaire. Je dois me contenter de petites missions, desremplacements de quelques jours. Ce n’est pas l’idéalmais celame permet desurvivre.Jehaussailesépaulesenmeremémorantlesraisonsquimefaisaientvivreainsi. Lamort demesparents avait été tellement subite et ils n'avaient encore rienprévuencasdemalheur.Jem'étaisdoncretrouvéeàlarue,lamaisonnenousappartenantpas.Jen'avaispasde famillesuffisammentprocheet j'étaismajeure.Auneannéeprès,peut-êtrequetoutauraitétédifférent.J'avaisdûarrêtermonécolededanseparfautede moyens. Dans le privé, aucun recours ni traitement de faveur n'étaientpossibles. Mes soi-disant amies s'étaient détournées aussitôt, je n'étais plussuffisammentintéressante.

Page 27: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

A dix-huit ans, je m'étais donc débrouillée comme je pouvais, poussant desportesàdroiteagauche,survivanteparmilesvivants.Etquandjenetravaillaispasetbienj'errais...Aujourd'hui,lecentrecommercialavaitétémonrefuge,àl'abridufroidetduvent.-Tun'asdoncpasdetravailencemoment?Mais…tuprendraisn'importequoi?-Nonpasn’importequoimaisoui,actuellementjesuistoujoursenrecherche.-Onpeut essayer de demander à Thomas, tu sais. Une troisième personne neserapasderefus..Depuisqu'ils'enoccupe,lebaraprisuntelenvolquecertainssoirs, nous sommes rapidement débordés. Je crois que beaucoup de nénettesviennentsurtoutpourcesbeauxyeux!Parceque,àchoisirentreOncleJoeetlui,jet'accordequelaquestionneseposemêmepas!!Sapropositionmetouchait.Cettefilleétaitunange.Jen'avaisquasimentjamaisrencontré de personne aussi désintéressée. Ces joues étaient toutes rosesd'excitation,ellesemblaitvraimentraviedesonidée.-Enplus,trèssincèrementtuescanon!Leshommesvontsebousculerlorsdetesservices.-Euh,nonsansfaçonEileen!-Oups... jecroisquec'était laphrasedetrop!J'essaiejustededéveloppermesargumentspourThomas!IlestadorablemalgrésonairdeTerminator.Dèsqu'ilconnaîtra ton histoire, il ne pourra pas refuser. Il ne supporte pas de voirquelqu'undanslebesoin.Encemoment,ilaideundesesmeilleursamisquisortd'une passe difficile. Je crois d'ailleurs t'avoir vu lui parler tout à l'heure. Ils'appelleEvan.Ilamalheureusementfaituneboulettemaislorsquel'onconnaîttoutel'histoire,jet'assurequ'onnepeutpasl'enblâmer…Elle secoua la tête en soupirant, le regard légèrement voilé. Cela ne durapourtant pas longtemps car quelques secondes après elle semit à sautiller surplace.-Ceseraittellementbien!Jemeprisàespérerqu’uneplacesoitvraimentdisponible.Lebarétaitunendroitsympaetjem’yétaissentieàl’aise,laplupartdutemps.Ellemepréparaunthéetcontinuadeparlersansdiscontinuer.Je l’observai attentivement. Elle me faisait penser à ma mère. Elle était…attachiante.Unebouled’émotionmeserralagorge.Celafaisaitlongtempsquejen’avaispaseuuncontactaussichaleureuxavecquelqu’un.

Page 28: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Bon,jepensequ'ilestl'heure.Nousauronsletempsdemainpourendiscuter.Jenetravaillequelesoir,j'espèrequetuvoudrasbienresteravecmoijusque-là.Jenepusm'empêcherdelaprendredansmesbras.Ellemeserraégalementetmechuchotaqu'elleétaitraviequenoscheminssesoientcroisés.Juste avant d'entrer dans ma chambre, je me retournai lentement. Elle meregardait avec empathie. Me raclant la gorge, les mots sortirent avec uneintensitéquejenepouvaiscontrôler:-Merci,Eileen.

Page 29: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Je sortais tout juste demon rendez-vous avec le contrôleur. Bien que pas trèsfrais vu l'heure à laquelle il était rentré, Thomas avait insisté pourm'accompagner.Leprojetpour lequel ilsebattait,étaitdemefaireparticiperàunencadrementdeself-défenseaveclesjeunesqu'ilencadrait.Celaluitenaitàcœurdepuisplusieursannéesmais leCentrequ'ilavaitcréén'enétaitqu'àsesdébuts lorsque je l'avais quitté. Il avait dû jongler avec les différentesadministrationspourquetoutpuisseêtrevalidé.Cecentresportifpourjeunesendifficultéétaitdevenulelieuàfréquenterpourlesparentsdépassés.L'idéeavaitséduitnotreinterlocuteur.Nousavionsconvenuquemonrôledevaituniquementselimiteràladéfense.Thomass'étaitportégarantetnousétionsprévenusquenouspouvionslevoirdébarqueràn'importequelmomentpourvérifier.C'étaitunbondébut. J'espéraisseulementqueThomasn'allaitpasdéchantersilesparentsdécidaientdenepasmeconfierleursados.Nous remontions l'avenue en pressant le pas. Ce mois de Février étaitparticulièrementglacial,ilnefaisaitpasbonàtraînerdehors.Thomasfrottasesmainsavecunpetitsouriremoqueur.-Alorshier...Avec lamiss?Disdonc,si tu t'étaisvu...Tun'aspasarrêtéde lamater.Jeteconcèdequ'elleavaitunpetitquelquechosedemystérieuxquim'abienplu.Sielleavaiteudesmitraillettesàlaplacedesyeuxlorsqu'elleacomprisquejet'avaisdonnésonsac...Enmêmetemps, jet'aisauvé lamisemonpote.Cettesangsued’Auréliesemblaitdécidéeàtecollerpourlasoirée.Jelevailesyeuxaucielenricanant.-Situsavaiscommejem'encognemaintenantdecegenredenana.Ellesn'ontaucunrespectpourleurcorpsetleurréputation.EtlelotMaeva/Aurélie,jecroisquec'estlesummum.Direquej'aiétéassezconpourtremperladedans.-Etdonc,lamignonnette?Çaaconclu?Ellet'afrappé?Parcequevisiblementellen'apasl'airdefairepartiedetesfans.-Ellen’étaitpascontente, là-dessus tune te trompespas.Enmême temps, tul’aslittéralementmiseaupieddumur.Elleauncaractèreexplosif.C’était…-bandant?Iléclataderiredevantmaminestupéfaite.Maisilfallaitreconnaîtrequej’avais

Page 30: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

apprécié cet échange. Je décidai de changer de sujet pour éviter qu’il nes’embarque dans un trop-plein de suppositions. Autant ce mec était d’un vraisoutien,ilpouvaitégalementsemontrerparticulièrementlourd.-Tiens au fait, j'ai croisé Eileen en rentrant hier. Enfin croisé ... je venais derentrer et elle n'était pas toute seule visiblement. Je suis allé vérifier que toutallaitbienparcequecen'estpassongenred'inviterdumondechezelle.-Noneffectivement,surtoutaprèsunservice,confirma-t-ild'unairsurpris.-Ouais,apparemmentelleacroiséuneamiequin'allaitpasbienetluiaproposédel'hébergerpourlanuit.Ilsortitsoudainsontéléphonedesapoche.Ilvenaitderecevoirunmessage.-Quandonparle du loup. Elle aimeraitmeparler tout à l'heure. J'irais la voiraprèst'avoirexpliquécequej’attendsdetoiauCentreetprésentélespersonnesquiserontlà.Tiensd'ailleurs,onyarrive.Je levais le menton vers l'entrepôt au bout de la rue. Un panneau indicatifdésignaitunparkingdequelquesplaces,toutesremplies.Lebâtimentétaitbrutet industrielmisàpart l'écriteau "Centre sportif et éducatif" qui surplombait laported'entrée.Ilmefitentreretmeprésentalajeunefemmeàl’accueil.Elleselevapourluifairelabiseetmetenditlamain.Sescheveuxrouxétaientnattésetreposaient sur son épaule. Elle était de taillemoyenne, son corps bienmis envaleurdansunerobeportefeuillequilacouvraitjusqu'àmi-cuissesetdesbottinesrouges.-Salut, je suis Julie. Jem'occupe d'accueillir et de renseigner unmaximum lesnouveauxarrivants.N'hésitepassituasbesoindequoiquesesoit.Elleretournaàsonposte,nonsansavoirjetéundernierregardàmonpote.Ils'éloignarapidement,n’yprêtantpasattention.Jelesuivisdanslegymnase.Celui-ciétaitséparéentroisparties.Aufondsetrouvaientunringdeboxeainsiqu'un sac de frappe. En gros, la partie quim'était simplement interdite. Sur ladroite,ilmedésignauntatami.-C'esticiquetuconcentrerastonactivité.TuserassecondéparDamien.Tiens,ilestlà-bas.Ilmemontraunmecauteintsombre,trèsmince,crânerasé.Ilétaitenpleinediscussionavecdeuxjeunesquil'écoutaientreligieusement.-Jeteleprésenteraiàlafindesoncours.Agauche,tuaslapartiemusculationetcardio.Derrièreletatamis,tuaslesvestiairesavecdouchesetcasiers.

Page 31: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Ilsetournaetm’entraînaversuneportequifaisaitl'angle,àcôtéduRing.-Ici,c'estunesallequin'estpasencoreouverte.Jusque-là,nousavonssurtoutdesactivitéspourlesgarçonsetj'aimeraisdéveloppercelaafind'attirerégalementlesjeunesfilles.Elles sont de plus en plus nombreuses à avoir besoin d'aide et j'ai déjà euplusieurs demandes. Je jetai un œil dans la salle. Elle était parquetéecontrairementàlagrandesalle,destapisdegymétaientempiléslelongd'unmuretceluid'enfaceétaitentièrementrecouvertdemiroirs.-J'aimeraisdoncicienfairelelieuuniquementdédiéauxfilles,unpeuàl'écartdes garçons pour éviter les problèmes de déconcentration si tu vois ce que jeveuxdire.Je ne m'attendais pas à un Centre si complet, il fallait bien reconnaître queThomasétaitbourréd'idéesetqu'ellesétaientsurtoutréfléchies.NouspassâmeslafindematinéeàvoirlamiseenplaceetlesdétailsconcernantmonarrivéepuisilmelaissaencompagniedeDamien.-JefilevoirEileenmaintenant.Jerevienstechercherdèsquej'aifini.

Page 32: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Thomas

Je venais de quitter Evan qui était aux mains de Damien. Celui-ci était lapersonne la plus adaptée pour contrôler le comportement parfois volcaniquedemon pote. Quoique son séjour en prison semblait l’avoir calmé. Il avait prisconsciencedesesactesetvoulaitrepartirsurdebonnesbases.J’espéraispouvoirl’aideretceposteauseinduCentremesemblaitêtrebénéfiquepoursonretourdans la société.Ce lieuavait été créé pour aider les âmesmalmenées et Evanétait totalementàsaplace. J’avais réussiàconvaincresoncontrôleur judiciairegrâce à ma présentation des plus complètes. J’avais bossé comme un dinguedessus,carilm’étaitimpossibledeconcevoirunéchec.Fortheureusement,ma ténacitéavaitpayé. La seule consigneétaitqu’Evannes’approchepasdelapartieboxeetqu’àtoutinstantnouspouvionsêtrecontrôlés.J’avaisconfianceenluietjesavaisqu’ilferaitcequ’onluidemande.Ilétaitparfoisimprévisiblemaisavanttoutechose,ilétaitloyal.Jel’avaisrencontrédesannéesplustôtalorsqu’ilvenaits’entraînerauclubavecsonmeilleuramiàl’époque.Je boxais depuis des années, pour vider toutes les tensions quim’habitaient etteniréloignélesdémonsdemonpassé.J’avaistoutdesuiterepérécesgars,quisebattaientavecunerage identiqueà lamienne. Ilsétaientbonset jem’étaispeu à peu approché de leur duo. Sansmême discuter, un lien s’était créé. Ilsétaient proches, très proches. L’un était en colère contre le monde entier,reportantsonagressivitédanslesportetenmarquantsoncorps.Ilétaitcouvertdetatouages,chacunportantunesignification.Ilparlaitpeu.Sonpoteétaitunpeuplusouvert,propresurluimaisaussifurieuxàl’intérieur.Ils faisaient tous lesdeuxpartisd’unmilieuquebeaucoupn’auraient jamaispucôtoyeretpourtant,larichesseetlaprospéritéavaientdéclenchéleurmal-être. Nous avions peu à peu brisé nos barrières et je m’étais senti investi d’unemission.Jedevaislesaideràgarderlecontrôle.Malheureusement,j’avaiséchouéetEvanavaitécopédedeuxansdeprison.Jegrinçaidesdentsàcesouvenirettoutmoncorpssetendit.Jedevaismecalmer.Ilfallaitquejepenseàautrechose.Jeprismontéléphonepour avertir Eileen de mon arrivée prochaine. Son message m’avait intrigué.Eileen était un vrai rayon de soleil. Le cœur sur la main, elle me rappelaitconstamment pourquoi j’avais bien fait de tourner le dos àmon ancienne vie.D’aprèsEvan,ellen’avaitpaspassélasoiréeseuleetj’avaishâted’enconnaîtrela raison.Elleavaitpeud’amis carelles’étaitbien tropsouvent renducomptequelesgensprofitaientdesagentillesse.Cependant,celan’avaitpasentamésonbesoind’aider lesgens.Malgrésafragilitéapparente,cettefilleétaitunrocsur

Page 33: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

lequel on pouvait compter. Si elle m’avait demandé la moindre faveur, il estcertainquejeluiauraisdonnésansconcessions.J’arrivaisdevantnotrebâtiment.Jemontail’escalierquatreàquatrepuisfrappaiàsaporte.Ellem’ouvrittoutdesuite,unsourireilluminantsonvisageauteintdeporcelaine.Jelaprisdansmesbraspourlasaluerpuisjemefigeai,remarquantlapersonnederrièreelle.Tiens donc, si je m’étais attendu à cela. J’eus aussitôt une pensée pour unepersonnequiauraitétéravied’êtreàmaplaceencetinstant.

Page 34: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

J'attendais avec impatience Thomas depuis qu'Eileen avait reçu un SMSconfirmant son arrivée imminente. J'étais envahie de bon nombre d'émotionsdepuis le début de la matinée. J'avais ressassé une bonne partie de la nuitl'accueil que m'avait réservé ma colocataire. A mon réveil, il était dix heurespassées et cela faisait de longsmois que cela nem'était pas arrivé. Fraîche etpimpante,Eileenm'avaittenduunetassedecafébienfumante.Nousnousétionsassisessurlecanapéetjel'avaisécoutéeparlerdetoutetderien.Ellem'avaitraconté sonarrivéedans le coin, six ansauparavant, avec sesparents. Elle enétaittrèsprocheetpassaitlesvoirtouslesdimanches.Sesétudesdesecrétariatterminées, elle avait décidé, avec leur soutien, de se garder une année pourprofiterdesoccasionsquelaviepouvaitluiapporter. Son père étant ami avec oncle Joe, c'était naturellement qu'elle avait étéembauchéeauHealing’s.Elleadoraitsonboulot.Cettefilleétaitépanouieet lavoiraussiheureusemedonnaitdubaumeaucœur.J'entrevoyaispresqueunepossibilitédebonheurgrâceàelle.Ellen'avaitacceptéaucunrefusdemapartetm'avaitproposésachambred'amispour letempsqueje ledésirais.Pourelle, ilnefaisaitaucundoutequed'icicesoir,mavieallaitprendreuntournantdécisif.Lasonnetteretentitetelleselevad'unbond,toutexcitée.Jelasuivisenrestantunpeuenretrait.Thomasapparutetluifitlabiseenl'étreignantavecchaleur.-Salutmabelle.Jesuisvenuaussi…Ils'interrompitbrusquementenconstatantquej'étaisderrièreelle.-Tiens... Bonjour, je suis Thomas, se présenta-t-il en me tendant la main, sesyeuxvertspétillantsdesurprise.-Eléa,murmurai-je,malàl’aise.-Je l'ai croisé hier à la sortie du bar, expliqua alors Eileen. Bref c'est un peucompliqué,autantnousasseoirtoutdesuiteetjet'explique.Nousnous installâmessur lecanapé.Jeprisunpetitcoussin roseque jeserraicontremonventre.J'avais l'impression que mon cœur allait exploser tellement j'appréhendais lasuite.

Page 35: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-J’ai invitéEléaà lamaisonhiersoircarelleavaitbesoindemonaide.Elleestvraiment dans la galère et je me disais que tu aurais peut-être pu, toi aussi,l’aider. Elle a déjà été serveuse et une paire de bras en plus ne serait pas derefus,tunecroispas?Ilhochalatêteenréfléchissant.-Effectivement,ceseraitunepossibilité…Jebaissais la tête,voirmasituationainsiexposéemedonnait lanausée. MaisEileencontinuasursalancée.-Et si ce n’est pas possible, elle peut faire plein d'autres choses aussi. T'aiderderrièrelecomptoir,fairedelavaisselle,nousaideravantleserviceetaprèsleservice.Etpuisj'avaispenséàautrechose....Ellem'adressaunpetitsourired'excuseetcontinua…-Ellepeutaussimettredel'ambiance.Tuasvucommemoihier..Elleaenflammélapistededanse,toutlemondelaregardait.Aprèssonpassage, l'espritdecompétitiondesnanasestmontéen flècheet lapisten'apasdésempli.Eléa, franchement, tudansescommeune reine, tupeux justeà toi touteseuleapporterunenouvellenotoriétéauHealing's.Jefaillism'étouffersouscenouvelargument.Ilavaitapparemmentfaitmoucheauprèsdesonpatronmaisjecroisqu'elleneserendaitpascompte...-NON!Jesoupiraienlevantlesmainsauciel.Ilétaittantquejem'exprimeavantqu'unedécisionnesoitprisesansquejen'aipuintervenir.-Eileen,jeteremerciedetoutmoncœurmaisdevenirvotremascottededanseseraimpossiblepourmoi.J'aimedanser,c'estunvéritableexutoirepourmoimaisjenepourraisjamaislefaireavecl'intentiondesusciterdel'envie.Jepassemavie à me cacher, plus je suis invisible et mieux je me porte. Je ne peux pasdérogeràcetterèglequejemesuisdonnée,c'estimportantpourmonmental.-StopEléa,m'intima-t-elle.Elleéclataderiredevantmaminefurieuse.Cettefillen’étaitimpressionnéeparrien.Ellem’épatait.

Page 36: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

- Il est temps que ta vie change non? Où est-ce que cela t'as amené pourl'instant?Tuasuneoccasionenor..essaie!Thomassefrottalementonpuismefituneoffrequimemitl'espritencoreplusenvracqu'ilnel'étaitdéjà.

Page 37: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Thomas

Eileenm’avait scotché. Elle avait invité l’inconnue du bar chez elle. Cette filleétaitmagnifique.Jenem’enétaispasrenducompteaveccesvêtementsaffreuxqu’elleportait laveille.Sonprénométait toutaussiexotiquequesonphysique.Ses yeux paraissaient si clairs sur sa peau chocolat. Ses cheveux bouclésdonnaientducaractèreàsonvisage.Elleétaitpetitemaispasautantqu’Eileen.Etelleavaituncorpsabsolumentparfait.Evanallaitmetuerensachantquejel’avaisdenouveaurencontré.Elleétaittendue,sursesgardes.Jenepusm’empêcherdel’observertandisqu’Eileenmeracontaitleurrencontreet ce qu’elle aurait aimé que je fasse pour elle. L’idée de l’intégrer dans notreéquipe était faisable. Le bar était en plein essor et je recherchais un peu denouveauté.L’idéequ’ellepuissedanseretapporterlamêmeambiancesuiteàsaprestation chaque jourme tentait bien. Elle n’était pas d’accordmais elle avaitvisiblementbesoindetravailler.Finalement,jeluiavaisfaitunepropositionqu’ellenepouvaitpasrefuser.Etpuis,j’étaisconvaincuque larevoirétaitunsignequ’ilnefallaitpas ignorer,encoreplusensachantqu’elleavaitsuividesétudesdedanse.Cettefilleétaitlapersonne qu’il me fallait pour le Centre. Evan allait être surpris. J’avais biencompris qu’elle lui avait fortement tapé dans l’œil. Il n’avait pas arrêté de lareluquertoutelasoirée.IlavaitrefusésansdélicatesselesavancesdeMaevaetsa cousine. Le Evan d’avant aurait accepté sans se faire prier. Mais il revoyaitvisiblementsesprétentionsàlahausse.Cettefilleétaitcanonetavaitsuréveillerquelque chose en lui. J’allais le faire bouillonner un peu. Il était prévu qu’ellefasse sa première soirée le jour-même. Evan serait de la partie et j’étaisimpatientdedécouvrirsaréaction.Mais pour le moment, il était temps que j’aille le récupérer. Damien avaitsûrementfinisonbriefing.

Page 38: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Depuis qu'il était venu me chercher, Thomas arborait un petit air satisfait quim'intriguait.Etforcémentilnevoulaitrienmedire.L'après-midiauCentres'étaitdéroulée sans encombre, Damienm'avait fait visiter les lieux de manière plusprécise. C'était un gars posé et réfléchi. Thomas l'avait recruté six moisauparavantlorsd'undéplacementenrégionparisienne.Éducateurdansuncentreoùilvenaitdeterminersoncontrat,iln'avaitpashésitéunesecondelorsquemonpote lui avait expliqué son projet. Il s'était dégoté un petit appartement sur lacôteetavaitposésesvalises.Bosseravecluin'allaitpasêtretropcompliqué.Onluiavaitunpeuexpliquémonpassémaisilneportaitaucunjugement.IlsemblaitdroitetsiThomasluifaisaitconfiance,alorsmoiaussi.Nousétionsentrainderetourneràl'appartementafinqu'ilpuisseseprépareràallerbosser.-Tum'accompagnescesoir?J'auraipeut-êtrebesoind'unpeud’aide.Onestvendrediet lesdébutsdeweek-endsontsouventunpeumouvementés.J'accueilleunepetitenouvelledanslabandeetj'auraisbesoindegarderunpeulesyeuxsurelle,voirsiellearriveàs'ensortir.-Ouais,pasdeproblème.C'estuneserveuse?Elleadel'expérience?Cartun'aspasl'airsûrdeça…- Elle a besoin de bosser et Eileenme l'a chaudement recommandé. On verracommentçasepasse,maisj'aimeraistenterunepetitenouveautépourcesoir.Silesclientsadhèrent,çarisqued'êtrelejackpot.JedoisrendredescomptesenfindemoisàJoe.-Commentseporte-t-ilàcepropos?- Pasmal, il se remet tranquillementde sonpontage. Il est en trainde rendrefolleMaggiequilesuitpartoutdèsqu'ilselève.Ellelecouvecommeunbébéetvisiblementçan'estpaspourluidéplaire.J'approuvai en souriant. Maggie devait être aux anges de pouvoir s'occuper etd'avoirsonmaririenquepourelle.Joe avait trimé dur toute sa vie afin d'offrir une vie plus que confortable à safemme.Ilavaitouvertdeuxrestaurantsainsiquelepetitbarduborddeplage.Ilavait

Page 39: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

investi dans l'immeuble dans lequel nous logions et son dernier achat étaitl'entrepôt que son neveu avait transformé en Centre. Joe était un hommeprofondément généreux. Il était venu me voir quelques fois en prison,m'apportantsonsoutien.C'étaitunpeulepèrequej'auraisaiméavoir.Mafamilleétaitricheetinfluentemaisnousn'avionsplusdecontact.AlamortdeSarah,jefusdésignécoupableidéalbienquecen'étaitpasmoiquiavaiscauséleurmort.Masœuravaitsuivimonmeilleuramicontrel'avisdetousetlerésultatétaitlà.J'étaisleseulenviedoncleseulresponsable.Jesuivaisdeloinleurprogressiondansl'échellesociale,mamèreétaitauxanges.Quiauraitpudevinertoutcequ’ilsecachaitderrièrecettefaçadedefaux-semblants.Ilsavaienteffacélemoindredétailsordidedecetteaffaireàrenfortdechèqueetd'avocats.Nousvenionsdenousgarersurleparking.Thomasjetaunbrefcoupd'œilversl'appartementd'Eileenpuismeregardal'œilbrillant.Ilmecachaitquelquechose,c'étaitindéniable.Jeluifissignequejeletenaisàl'œiletquejelesauraistôtoutard.Ilmedonnaunetapeamicalesurl'épaule.-Petitepartiedecallofdutyavantdes'ymettre?-Etcomment!Nous prîmes l’escalier rapidementmais en avançant sur le palier, je me figeaidevant la porte de notre voisine. Une musique assourdissante retentissait autraversdesmurs.Desbruitssourdsagrémentaienttoutcebrouhaha.-Euh..Etça,c'estnormalpeut-être?C'esttoujoursnotredouceEileenquilogeici,onestd'accord??Thomashochalatêteenhaussantlesépaules.Ilnesemblaitmêmepassurpris.-Sonamieestunebonnevivante,çafaitdubienunpeudevielà-dedans.Depuisqu'elleestici,Eileennetraînepasavecgrandmondeetsessortiesselimitentaubaretauxvisitesdanssafamille.Elles'estprisuneannéepourprofiter, ilétaittempsqueçabougeunpeu!Allez,viensquejetemetteunepetitebranléeàcejeu,monfrère.

Page 40: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

-AlorstuenpensesquoiEléa?Thomasvenaitdepartiretj'étaisperdue.Sapropositionétaitadorableetauraitdûmeréjouir,maisj'avaisl'impressiond'avoiracceptétropvite.Jememisàfairelescentpas,lesdoigtscrispéssurmacheveluredelionne.Jehaussailesépaulesde dépit. Je ne savais pasmais vraiment pas quoi en penser. Eileen se plantadevantmoi,lesmainssurleshanches.-Arrête,s'ilteplaît.Ilteproposeuncontratetuneoccasionenor,mabelle.Celafaitpeut-êtrebeaucoupd'uncoupmaistoutvabiensepasser.Tavievachangerettunepeuxmêmepassavoircombienj'ensuisheureusepourtoi.Alliant leur effort, je me retrouvais effectivement avec deux perspectives quipouvaient enfinm'apporter la promesse d'un avenir.Dans un premier temps, ilm'offraituncontratàmi-tempsdanssonbar,quatrejoursparsemaine.Je devais aider les filles durant leur service, Thomas au bar et gérer lesapprovisionnementsdestocks.Cette partie-là, je pouvais assumer. Par contre, il souhaitait également que jefasseunpeudeshowsurlapistededansepouramenerdel'ambiance.Jen'étaispascertained'yarrivermaisilétaitconvaincuducontraire.Unefois,cettepartiedécidée,ilm'avaitfaitunesecondepropositionquim'avaitémueauxlarmes.Ilm'avait offert lapossibilitéde reprendremesétudesdans l'universitéoùEileenavaitobtenusondiplôme.Sononcleconnaissaitledoyenetilétaitpersuadéquejepourraisyentrerencoursd'année. Ilavaitbalayémonobjectionconcernantles frais que cela allait engendrer, car il avait la possibilité deme les avancer.Une telleopportuniténepouvaitpasêtre refusée.Qu'avais-je faitpourmériterautantdecompassionetdegénérosité?-Allez ne t'inquiète pas, aujourd'hui nous y allons ensemble quoi qu'il arrive!J'auraiunœilsurtoi,Thomasaussi.IlyaaussiMaeva,elleestserveuseaussi.Cen'estpasmagrandecopine.Nousn'avonspas toutà fait lamême façondevoirlavieetellemetsouventThomasenrogne,maisellebossebienetvite.-Ok…-Tusaiscequel’onvafaire??

Page 41: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Elles'approchadesapetitechaînehi-fietréglalesonaumaximum.-Visiblementtuasbesoindetedétendreetdetedéfouler,alooooorsgooooooo!!!Ellem'attrapaenbondissantetmefit tournercommeune folle.Cette filleétaitvraiment dingue.. Elle sautait comme un kangourou, faisant voler ses cheveuxautour de sa tête. Elle s'étaitmise à chanter en loupant absolument toutes lesparoles. Je ne pus qu'éclater de rire devant son dynamisme et me laissaientraînerdeboncœur.Au bout d'une bonne heure de franche rigolade, nous nous affalâmes sur lecanapé. Nous étions en nage, essoufflées et pas franchement belles à voir. Çafaisaitdubien!Ilétaitdix-huitheures.-Ilesttempsdesepréparermaintenant.OndoitêtreauHealing'spourdix-neufheurestrente.Aladouche!Elle me laissa y aller d'abord enm'avertissant qu'elle me préparait une tenuepourl'occasion.Vingt minutes après je regardais mon reflet, perplexe. Les vêtements d'Eileenétaientunpeuplusajustéssurmoiquesurelle.Le pantalon noir, bien que très confortable, moulait un peu trop mes formes.J'avaisl'impressionqu'onnevoyaitquemesfesses.J'aimaisbeaucoupcettepartiedemoncorpsqueladanseavaitbienfaçonné.Lehautétaitunpeucourtetl'onapercevaitunepetitebandedepeauauniveaudemonventre.Unedesmanchesretombait sans cesse dévoilant mon épaule. Mes cheveux séchaientnaturellement,ilsétaientdetoutefaçonimpossibleàcoiffer.Unpetitmaquillagefraisrelevaitl'ensemble.Jenemereconnaissaispasmaisj'avaispassétellementdetempsàmecacherderrièremesvêtementsqu'ilétaitpeutêtretempsqueçachange.-Wahouuuutuestropbelle,s'extasiaEileen.Elleétaithabilléecommemoimaiselleétaittellementmenuequeçanerendaitabsolumentpaspareil.Onauraitditunelfe.- Bon ... mauvaise nouvelle, il pleut! J'ai donc demandé aux garçons de nousdéposer.Devantmonairperplexe,elleprécisa:-Oui,Thomashabitel'appartementjusteenface.Dèsquenoussommesprêtes,onlesrejointsurlepalier!J'enfilaismesvieillesconversesquiavaientbienvécu,maisavecelles,j’étaissûredetenirsansmaldepiedtouteunesoirée.Unefoismonmanteauenfiléetmacapuchebienremontéesurmatête,je lasuivisdansl'entrée.Ellefit labiseau

Page 42: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

garçonquiaccompagnaitThomastandisquejerefermaislaportederrièremoi.Moncœur faillitsortirdemapoitrine lorsque je lereconnus.Jen'arrivaispasàdéfinirlacouleurdesesyeuxtellementilsétaientclairs.Unmélangedegrisetdebleu. Il les avait d'ailleurs un peu écarquillés, signe d'une surprise égale à lamienne.Jemelaissaisquelquesinstantspourledétailler,macolocataireluiexpliquantlaraison de ma présence. Il avait la même paire de chaussures que la nuitprécédente.Sonjeandescendaitassezbassurseshanchesetjeremarquaisqu'iln'étaitpasaussimincequejel'avaiscru.Sachemisenoireétait tenduesursesépauleset révéléeuntorseathlétique.Ilavaitroulésesmanchessursesavant-brasnoircisd'encre.Samaincrispéetenaitunevesteencuirqu'ils'apprêtaitcertainementàmettre.Aprèsunbrefcoupd’œilversEileenquibabillaitcommeunegamine,racontantunebonnepartiedemavie,jerevinssurlesdétailsdesonvisage.Ilécoutait,latêtelégèrementpenchée.Sescheveuxétaientsavammentplacésdansungenrede coiffé décoiffé. Il avait un visage finmais son expression rendait l'ensembletrèsmasculin.Lenombrevingtetunétait tatouéverssa tempe. Ilmeregardasoudainfixementetjedétournaiimmédiatementmesyeux.

Page 43: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

J'écoutais avec attention les explications d'Eileen. Lorsque la porte d'en faces'était ouverte sur toutes les deux, j'avais senti ma mâchoire se décrocher.Thomasm'avait balancé discrètement un coup de coude dans les côtes. C'étaitdoncça lepetitairmalinqu'ilsetrimballaitdepuis la finde journée.Jesentaissonregardnoisettem'évaluer.Jemefaisaisviolencepournepaslaregardercarjesavaisqu'untelgestedemapartl'auraitmismalàl'aise.Jevoulaisqu'ellesedétende un maximum à mon contact, j'avais juste envie qu'elle me fasseconfiance. Je comprenais mieux son comportement de la veille. Je savais cequ'uneexpériencedésastreusepouvaitprovoquerdansnotreesprit.VisiblementEileen n'avait pas tous les détails mais rien que d'avoir vécu aussi longtempsseulemontraitsonenviededisparaîtreauxyeuxdesgens. Savoir que nous allions désormais nous côtoyer tous les jours et le faitqu'ellevivesurlepalierd'enfacem'emplissaitdesatisfaction.Jetournaislatêteverselleetcommeprévu,ellefixaThomas.Celui-ciluisouritavecchaleur-Prête pour ce soir? Tu resteras avecmoi pour la première partie de soirée, jet'expliquerai le fonctionnement des consommations. N'hésite pas à jeter unœilsurMaevaetEileen,situvoisqu'ilyabesoindelesaider,débarrasserlestablesouautres,tuyvas.J'enfilaimavesteendescendantl’escalier.Lesfillesnoussuivaient.Jeleurtinslaporteouverte,m'arrangeantpour frôler lecorpsd'Eléa.Elle réagissaitàchacundemescontacts,samâchoireétaitserréeetsonsouffleplusrapide.J'avaishâtedepasserlasoiréeàsescôtés.Dans la voiture, je surpris à plusieurs reprises ses yeux dans le rétroviseur.J'arboraiunpetitrictusdesatisfaction.Jel'intriguaisetc'étaitréciproque.J'avaisl'impressiond'êtreunpré-adolescentfaceàsapremièreexpériencesexuelle. Ses yeux de chat ne semblaient pour vouloirme quitter et je savais qu'elleappréciaitcequ'ellevoyaitmalgrétousseseffortspourlecacher.Jecommençaisàêtreàl'étroitdansmonpantalon.Thomasmejetauncoupd'œiltandisquejem'agitaispoursoulagerlapression.Merde,jeréagissaisvraimentcommeunadolescent!Heureusement,nousarrivionsaubar.Jesautaisdelavoitureafinquel'airfraisremettedel'ordredansmesidées.Maevaétaitdéjàsurplaceetdèsqu'ellemevit,ellesejetacontremoipourmesaluer.

Page 44: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Thomasm'asignaléque tuvenaisnousaidercesoir, c'estchouette...Si tunefaisrienaprèsleservice,onpourraallerchezmoisituveux.Jelarepoussaisansdouceur.-ÇairaMaeva,jenefaispasdansleréchauffé.Mesparolesétaientdures,maisjevoulaisqueleschosessoientbienclaires.Vul'expression dégoûtée d'Eléa, j'avais sûrement été un peu trop direct mais lemessageétaitpassé.Elledevaitmeprendrepourunconnardmaisj'auraisbienletempsdemefairepardonner.Elles'éloignaverslesvestiairesavecEileentandisquej'enprofitaipourglisserunmotautraîtrequimeservaitd'ami.-Tutefousdemoi!-Situavaispuvoirtagueulemonpote,çavalaitbiencettepetiteblague!-Etcommeça,tul'embauches.Putain,jeterevaudraiçaunjourmec!-Par contre, tu évites de foutre lamerde Evan, elle bosse ici donc quoique tuessaiesdefaire,tulefaisenconnaissancedecause.Tuasbeauêtremonpote,situdéconnes,jetecasselatête!L'ouverture se fit peu de temps après. J'avais fait le plein des alcools au bar,passantrégulièrementprèsdemabelle.Ellesereculaiàchaquefoispouréviterque je ne la touchemais ayant remarqué son petit manège, j'en profitai pourl'avoir dansma trajectoire à chaquepassage.Auboutd'un certain temps, sonagacement lui fit pousser des ailes. Elle semit àme sourire hypocritement etavançasonpied.Jetrébuchaicommeundébileetmereprisavecpeine.-Eh!Çavapasouquoi??crachai-je,unefoisremisd'aplomb.Malheureusementpourmoi,elleavaitdéjàdéguerpiducôtésalle.Elleétaitvraimentrapide.Ellesetournapourvérifiercequejefaisais,etmevoyantbouchebée,ellesepermitdemefaireunpetitclind'œil.Maisc'estqu'ellen'étaitpassitimidequeça!Eileentoussotamaladroitementpourcachersonfourire.Lasoiréepromettaitvraimentd'êtrepleinedesurprise...

Page 45: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EléaEtilsecroyaitmalin?J'auraisvraimentdûmesentirénervéedetoutsoncinémamaisaucontraire, ilcommençaitàm'amuser.Dixfoisqu'ilmepassaitdevantetenprofitaitpourmecoller.Eileennettoyaitsonplateauenfaisantminedenerienvoirmaisjevoyaisbienseslèvrestrembler,prêteàéclaterderire.Lorsqu'ellemeregarda,jeluifisungestepoursavoiràquoirimercemanège.Ellehaussalesépaulespuisarticulasilencieusement:-INLOVE!Maisn'importequoi!J'attendisalorstranquillementqu'ilreviennelesbraschargésdecartonspouravancermonpieddiscrètement.Comme ilmeregardait l'airderien, je lui fis mon plus beau sourire et deux secondes après, il manqua des'étaler.Jen'attendispasqu'ilserelève,etjepartissansdemandermonreste.Ilcriaquelquechose,maisj'étaistroploinpourbiencomprendre.Jemeretournaipourvoircequ'il faisait,etsonexpressionahuriemedonnaenviedehurlerdejoie.Unpetitclind’œilhistoirequ'ilcomprennebienquec'étaitsansrancuneetjepartisversl'entrée,ouvrirauxpremiersclients.Onétaitvendredietencedébutdeweek-end,lebarfutpleinàcraquertrèsrapidement.J'essayaisdemémoriserlesgestesdeThomas.Auboutd'unepetiteheure, ilmeproposadeservir lesboissonssoft. Jen'enavaispasbeaucoupencommandemaispourlepeuquej'eneusàpréparer,toutsepassabien.EileenetMaeva étaient speeds mais géraient parfaitement leur service. Evan étaitégalementpassédel'autrecôtédubaretaidaitThomasàservirlesalcools.L'ambianceétaitsympaetj'étaisdeplusenplusàl'aise.Thomasmefitunsignedetêteetpassantprèsdemoi,ilm'incitaalorsàrejoindrelesdanseurs.-C'estbonpournous,Eléa.Profites-en,c'estlemomentd'allercasserlabaraque!-Tuessûrquec’estnécessaire,meplaignis-jeengrimaçant.

Page 46: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Ohqueoui,fonceavantquejenet’envoierécurerlestoilettes..-Aucunproblème,jepeuxyallertoutdesuitesituveux.-Eléa…,memenaça-t-ilenfaisantlesgrosyeux.Je neme le fis pas dire deux fois, il pouvait réellement faire peur quand il ledécidait.Jeprismoncourageàdeuxmains.Ilétaittempsdeprendremondestinenmain,enespérantquecelasepassebien.J'avançaislatêtehaute,essayantdefaireabstractiondemonenvironnement.Lamusique...Justelamusique.Lamusiqueétaitbienpluslascivequelasoiréed'avant.JesoupçonnaiThomasdevouloirmarquer le coup.A croire que la chanson sur laquelle j'allais démarrer,étaitégalementunsigne...Selena Gomez promettait d'essayer et de ne rien garder pour elle... Hands tomyself... Je fermai les yeux en faisant le vide et il neme fallut pas longtempspourcommenceràbouger.Jesentaislesgenscalquerleurrythmeaumien.Desmains,desbras,desépaulesmefrôlaient.Nepenseràrien,nepenseràrien...Justedanser.Je levai lesbrastoutenondulant,redescendantmesmainscontremoncou,mapoitrine,monventre...Ressentirétaitdésormaismonmaître-mot.Lescorpschaudsetlamoiteurprésentesurlapistededansemefaisaientfrissonner.J'avaissoif,maisleplaisirderessentirétaitencoretropprésent.J'humidifiaimeslèvresenrelevantlatête.Jemesentaisbienmalgrétoutcesregardsposéssurmoncorps.J'ouvrislesyeuxpourconstaterquemaprestationavaitenflammélebar.Leshommess'étaientrapprochésauplusprèsdelapiste.Leurspupillesbrûlaientdeconvoitise.Jesortissoudaindemadoucetorpeuretmeprécipitaidanslestoilettes,lecœurbattant.J'avaisl'impressiond'êtreunetraînée.Lesoufflecourt,jem'aspergeailevisageàgrandeseaux.LaporteclaquadansmondosetEileenseprécipitaversmoi.-Eléa??Toutvabien??Evanestvenumetrouverdansunétatpaspossibleenmedisantquetun'avaispasl'aird'allerbien.Ilm'aremplacépourquejepuissevenirtevoir.Qu'est-cequis'estpassé?Quelqu'unn'apasétécorrectavectoi??Maisdis-moi,bonsang!!Je reprismon souffle et tentai deme calmer. Eileen commençait à perdre sonsang-froid.Jedevaislarassurer.Jemedirigeaiverslaportepourlaverrouilleretm'appuyaidessus.-ToutvabienEileen.J'aijusteeudumalàfairefaceàtoutecetteattention.Jesaisqu'ilesttempsquej'avancemaistoutàl'heure,c'étaitunpeutrop.J'ail'impressiondemevendreetcelamedérange.

Page 47: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-TuétaissublimeEléa.Tun'imaginesmêmepasleplaisirquetunousdonneslorsquetudanses.Tuesunetentatriceettufaiscelaavecclasse.C'étaitpeut-êtreunpeutropintensepourtoimaisgardeentête,leplaisirquetuaseuavantçan’ailleplus,ok?Jehochailatête,peuconvaincuemaisjedevaisessayer.Jemetournaispourdéverrouillerlaporte,laissantlaplaceauxclientsquiattendaientpatiemmentdevant.Eileenmeserralamainavecdouceurpuisrepritsonrôle.EvanetThomasétaientaubar.Toutencontinuantdetravailler,ilsmejetaientdesregardsinquiets.Prenantsurmoi,jelevailespoucesetretournaiparmilesdanseurs.Cettefois-ci,jegardaislesyeuxouverts.J'étaisànouveauinvisibledanslamasse.Unnouveaudanseurfaisaitsonshowetjedevaisreconnaîtrequ'ilsedébrouillaitbien.Ilalliaithip-hopetcontemporain.Sesmouvementsétaienttantôtfluidestantôtsaccadés.L'ensembleétaitimpressionnant.Puis,unejeunefemmepritlerelais.C'étaitunebruneténébreusequiattaquaquelquespasdeSalsa.Unhommeluiservitdepartenairependantquelafoules'étaitécartéepour leur laisserde laplace. Jeregardaispensivementautourdemoi.Lesgenslesacclamaientetapplaudissaient.Jememisàfairedemême.J'aperçusThomasquis'étaitavancépourvérifierlaraisondecetattroupement.Unsouriresatisfaitapparutsurseslèvresetjecomprisenfincequ'ilattendaitdemoi.

Page 48: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EvanJel'avaisvucourirverslestoilettesetmonsangn'avaitfaitqu'untour.Cettefilleréveillaituninstinctdeprotectionencoreinconnuenmoi.J'avaisarrêtéimmédiatementcequejefaisais,prêtàlarejoindre.Thomasm'avaitalorsretenulebras.Cen'étaitpasmoiqu'elleauraitenviedevoir.JemedirigeaidoncversEileen,d’unpasdécidé.-Laisse!Jem'enoccupe.Vavoircequisepasseauxtoilettes!-Mais…-GrouilleEileen,tonnais-jed'unevoixnerveuse.Eléaviensdes'yréfugier,vavoircequ'ilsepasse.Jem'occupedeça!Sansattendre,ellemetenditsonplateauetpartitentrombe.Ilfallaitquejem'active,l'inquiétudem'étreignait.Jel'avaispourtantsurveilléduranttoutsaprestationsur lapiste.Dèsqu'elleavait fermélesyeux, l'atmosphèreautourdemoi s'était alourdie. Les hommes la fixaient avec envie. Elle dégageait un telmagnétismequ'ilétaitimpossibledelaquitterdesyeux.Sescheveuxboucléssebalançaient au rythme de sesmouvements. C'était la première fois que j'étaissouslecharmed'unetellebeautéfélineetexotique.Avant,j'étaisplutôtintéresséparlesfillesblondes,grandesetlongilignes:desMaevaetdesAurélieensomme.Eléaétaittoutleurcontraire.Elledégageaitunefragilitéapparente,maisjesavaisqu’ellecachaituntempéramentdefeu.Sesdansesrévélaienttoutcequ'elletentaitdecacher.C'étaitintrigantetexcitant.Jeretournaiaubar,faisantcraquermanuque.J'étaistenduetjemesentaissurtoutimpuissant.Impuissantdenepouvoiragircommejel'auraissouhaité.Maevamelança une œillade aguicheuse en passant près de moi. Elle était en modeséductiondepuisledébutdelasoirée.Elleaimaitsusciterledésirdanslesyeuxdesesclientsmaisdepuisqu'Eléaétait lecentrede l'attention, jesavaisqu'ellene laisserait pas si facilement saplace. J'allaisdevoir redoublerd'attentionafind'éviteruncrêpagedechignondanslesrègles.J'avais le sentiment que pour un pas en avant, Eléa pouvait en faire trois enarrière. Si Maeva anéantissait tous les efforts faits jusque-là, j'allais devenirfoncièrementmauvais.-Çava?medemandaThomas,remarquantmatension.-Ouais,ouais.T'essûrquetuneluiendemandespasunpeutrop?

Page 49: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Jenepensepas,dèsnotrepremièrerencontreellem'afaitpenseràcertainsjeunesquej'encadre.Illuifautjusteunpetitcoupdemain.C'estunefoisplongéedanscegenredesituationqu'ellevaserévéler.Elleapassédesannéesàéviterderessentirpourseprotégermaisc'estenaffrontantlessensationsqu'ellepourraalorsavancer.Ils'yconnaissaitmieuxquemoipourcegenredeproblème,ilavaitunteldonaveclesâmesabîmées.Jenepouvaisqu'essayerdelecroiresurparole.Noustournâmeslatêtedeconcertlorsqu'ellesréapparurentdanslasalle.Eléalevalespoucespournousrassureretretournaverslapiste.-Regarde,elleaunsacrémentalcettefille,approuvamonpote.Elledisparutdanslamasse.Unattroupements'étaitforméetlesgensapplaudissaientdeconcert.Avecunpetitsourireaucoin,Thomasmefitsignequ'ilyallait…-Jet'avaisdisqu'elleallaitfaireévoluerleschoses,murmura-t-ilenmedépassant.Quandilrevint,jenepusm'empêcherdemerapprocherd'elle.Jeparcourusdonclesquelquesmètresquinousséparaientetmeglissaiàsoncôté.Sesyeuxpétillaient,elleavaitl'aird'apprécierlespectacle.Diversdanseurssesuccédaient,quelques-unsétaientd’ailleursvraimentdoués.Lafouleétaitentranse.Eléanesemblaitmêmepasserendrecomptequ’elleétaitàl’initiativedetoutecettefolie.Elleavaitréveillél’espritdecompétitiondecertainsetcelaavaitamenéuneambiancedefolie.VoilacequeThomasrecherchaitdepuisqu'ilavaitreprisleHealing's.Ilm'avaitsouventexprimél'envied'enfaireunendroitderéunionetdepartage.Là,ilétaitservi.Jemerapprochaidesoncorpsjusqu'àmetenirquasimentderrièreelle.Sapeauétaithumide,desgouttesdesueurperlaienticietlàetmedonnaientenviedeleslécher.J'approchaimonvisagede ses cheveux.Sesboucles avaientune couleur étrange,moitié brune,moitié rousse et sentaient la vanille. Je laissais mamain effleurer une de sesmèches, égarée sur son épaule. Amon contact, elle tressaillit mais resta à saplace.Sapoitrinesesoulevaunpeuplusrapidementetdesfrissonsparcoururentsesbras. Elle luttait contre elle-même.Cette soiréeallait chambouler sa vie. Ilfallaitquecetinstantrestesonmeilleurmoment.JejetaiunregardversThomasquim’approuva.Jeprisalorssamaindoucementmaisfermement,sansluilaisserl'occasion de s'enfuir. Elle tourna des yeux surpris vers moi mais se laissaentraîneraumilieudesdanseurs.TeextranodeXtremedébutaetjesusd'instinctqueThomasn'yétaitpaspourrien.Eléahaussaunsourcillégèrementmoqueur.Malgrélatensionquil'habitait,ellenepouvaits'empêcherdemedéfier.Jelafiscoulercontremoietl’entraînaidansuneBachatadesplussensuelles.Jenevoyaispassonexpressionmaisjesavaisqueje

Page 50: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

venaisde lasurprendre,encore.Ellesuivaitmespasà laperfection.Soncorpsétaitlovécontrelemien,épousantmesmouvements.Sonbassinfrottantcontrele mien. Il était impossible qu'elle ne sente pas la protubérance dans monpantalon. Elleme rendait dingue. Je voulais la goûter, lamordre et lui enlevercettefaçaded'indifférencequ'elles'évertuaitàm'envoyer.Elleétaitexcitéecardespetitsgémissementssortaientdeseslèvres.Jen'entendais,ninevoyaisplusrien.Iln'yavaitqu'elleetsoncorpssublimecontrelemien.J'emprisonnaisanuquedemamainetlaforçaiàmeregarder.Nosvisagesétaientsiprochesquejesentaissonsoufflesurmapeau.Sesyeuxécarquillés,brûlaientd'unéclatintense.Puistoutàcoup,elles'emparademabouche.

Page 51: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Nousvenionsderentreràl'appartementetj'étaisencoresouslechoc.Jenesavaispascequim'avaitpris.Ilm'avaitsurpriseaveclamaîtrisedecettedanselorsdecerapprochementimprovisé.Ilétaitsoupleetsavaitjoueravecsoncorps.Ainsicolléecontrelui,j'avaissentijouerchacundecesmusclessoussachemise.Soncorpsétaitfermeetjel'imaginaisvraimentbâticommeundieu.Jouecontrejoue, j'avais été soulagé qu'il ne me voit pas. Le souffle court, le frottementincessant de nos bassinsm'avait fait perdre la tête. Des décharges électriquessecouaient mon bas-ventre. Je me liquéfiai sous ses caresses. Il était dans lemêmeétatvul'érectionquis'étaitmiseàenfler,toutcontremoi,àmesuredenosondulations. Lorsque sa main s'était glissée sur ma nuque, j'avais failli perdrepied.Latensionsexuelleentrenousétaitàsonmaximumetlisantundésirbrutdans ses yeux, je n'avais pas réfléchi. Ses lèvres avaient pris possession desmiennesenunbaiserenflammé,noslanguesdansantaumêmerythmequenoscorps.Quandlamusiques'étaitarrêtée,jem'étaisenfuiecommeunevoleuseetj'avaispassélerestedelasoiréeàl'évitercommelapeste.Iln'avaitpascherchéàmesuivreouàvenirmeparler,cependant ilavaitarboréun légersouriredesatisfaction jusqu'au retour à la maison. Eileen n'avait visiblement rien vu decettescènecarelles'interrogeaitconcernantmasoudainenervosité.-Eléa,situcontinues,tuvascreuserunetranchéedansmonparquet…Jem’arrêtainet.C'estvraiquedepuisnotreretour,jefaisaislescentpasdanslapièce,enproieàunvraitumulteintérieur.Jenemereconnaissaisplus.Jenecontrôlaisplusriendepuisquejelesavaisrencontrés.Aprèsavoirpassélestroisdernières années face à moi-même, sentir des gens attachés à ma personnedécuplaitmesémotions.J'avançaisenéquilibresurunfiletjelaissaisuntorrentd'émotionsmeguider.Mais...finalement...N'est-cepascequ'ilsauraientvoulu?Jen'avaispaseulechoixquandj'avaisapprisquejecontinueraismoncheminsanseux.Lesportesetlesgenss'étaientferméssurmonpassagemaislarouetournait.Jedevaisycroireetsurtoutfaireensortequeçacontinue.Mesparentsétaientdespersonnespleinesdeviequiacceptaient toutcequecelle-ciavaitàleuroffrir...Decefait,mamèrenousrépétaitinlassablementlorsquenousétionstriste:Vivez cesmoments de peine comme il se doit, ainsi, vous apprécierez àleur juste valeur lesmoments de joie et de bonheur. Durant ces trois longuesannées, les moments pénibles avaient été tellement nombreux que je m'étaisfaiteuneraison.Lebonheurneseraitjamaislàpourmoi.

Page 52: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Jesoupiraisetm'installaisàcôtéd'elle.Commejeprenaistoutmontempspourmedécideràluiexpliquer,ellepoussauncridefrustration.-Allez,maisdis-moi!!ragea-t-elle.-Jel'aiembrassé.-PARDON??-Jel'aiembrassé!Ilm'afaitdanseretc'étaittellementintenseque...jel'aiembrassé,couinai-jeenmecachantdansmesmains.Ellesejetasurmoienhurlantetnouséclatâmesderire.Cettefilleétaitunevraieboufféed'airfrais.Jen'arrivaispasàmesentirgênéeoumalàl'aiseàsoncontact.Elleselevaensautillant,lesmainssurlabouche.-Jelesavais,jelesavais,jelesavais...Tun'imaginespasàquelpointj'étaissûrequeçaarriverait.Quandvousêtesensemble,vousdégagezuneénergiesexuelledefou.Rienquedevousregarder,çamefaitrougir.-Nanmaisn'importequoi.Ons'estparlédeuxfoisentrehieretaujourd'hui,jenel'aiapprochéquelorsdecettedanse.Vucommenttut'enflammes,selontoi,demainonestcarrémentaulit!Maistuperdscomplètementlespédales…Jelaprisparlesépaulesetlasecouaicommeunprunierpuisluiparlaitcommeàuneenfant.-Allôallô,ilesttempsderedescendresurterre,mapetite.Ellemetiralalangueetcroisalesbras.-Tuasraison,prends-moipourunedemeurée.Onverrabienquiauraraison"magrande"!Jem'emparaid'uncoussinetluiflanquaienpleinvisage,puisjecourusmeréfugierdanslacuisine.J'appréciaisdeplusenpluscegenredegaminerie.EllesmerappelaientcertainsmomentsavecTeddy.Monpetitfrèreétaitungarçonadorablemaistoujourstrèstaquin.Lesenvoléesd'oreillersetlesbataillessurlelitétaientrégulièresdansnotrequotidien.J'eussoudaincettefichuebouledanslagorgequiarrivaitdèsquejepensaisàlui.Eileens'agenouillaprèsdemoi,conscientedemonchangementd'humeur.Elledégageamonfrontd'unebouclerebelleetpenchalatête,attendantquejemedécide.Jeluisourisfaiblement.-Jepensaisàmonpetitfrère.

Page 53: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Jemarquaiunepauseavantdecontinuer:-Ils'appelaitTeddy,ilavaitonzeans.Jel'aimaiscommecen'estpaspossibled'aimerquelqu'un.Ilavaitunvisaged'ange,unebouilletouteronde,degrandsyeuxvertsqu'ilavaitprisdemamère,etlescheveuxcrépusdemonpère.Ilétaittoutletempsjoyeux,c'étaitlerayondesoleildelamaison.Nousétionstrèsprochemalgrénosseptansd'écart.-Ques'est-ilpassé,Eléa?-Unsoir,nousétionssortisaucinéma.Enrepartant,nousn'étionspasd'accordsur l'impression que chacun en avait eue. Le ton estmonté... C'était tellementbêteenplus,maisnousétionsdespassionnés.Chaquesujetétaitdéfenduavecvigueurcheznous.Ladiscussionaunpeudérapéet...enl'espaced'uneseconde,unecamionnettenousapercuté.Papaauraitpul'éviterapparemment.Nousn'étionspasentortmaisdestémoinsontditqu'iln'étaitpasattentif...Jelesaiperdustouslestroiscesoir-là.-Ohmabelle...Quellehorreur…-J'aigalérétroisanssuiteàcela.Ilsprenaientlaviecommeellevenaitducoup,ils n'avaient souscrit à aucune assurance et rien ne leur appartenait. J'étaismajeure, les administrations ne pouvaient rien pour moi donc je devais medébrouillerparmespropresmoyens. Jesortaisd'uneécolededanse, jen'avaispasdediplômeetjeneparvenaispasàtrouverdetravail.Uneassistantesocialem'a trouvé une place en foyer et m'a donné des adresses pour que je puissem'inscrireenboited’intérim'.Etlasuite...Tulaconnais.Lesyeuxembués,ellemeserrafortdanssesbras.-Jeteprometsquerienneserapluscommeavant,Eléa.Maintenant,noussommeslàpourtoi.

Page 54: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 55: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EvanJevenaisdecommenceraucentresportif. J'avaisenchargeunpetitgroupedecinqadolescents.Lesparentsn'avaienteuaucuneobjectionlorsquejeleuravaisracontémonhistoire. Jepréféraisêtrecomplètement transparentpouréviter lemoindreennuiàThomas.Lesjeunesétaientréceptifsetappréciaientchacunedenos séances. Damien était un fin pédagogue. Toujours posé, il reformulait sesexplications si besoin et montrait autant de fois que nécessaire lesenchaînements. J'enviais son côté si serein. D'un naturel plus impulsif, mesmouvements étaient bien plus agressifs. Il me coacha donc à la fin de chaquepremièreséance.J'avais l'impressiond'êtreaumêmeniveauquenosadosqui restaientd'ailleursunpeuplustardpourévaluermesprogrès.Jepassaismesjournéeslà-bas.J'aimaisbeaucoupcequeThomasenavaitfait.Lesjeunesétaientenconfiance.Certainsarrivaientavecdespréjugés,prêtsàremettreencausel'autoritémaisilne leur fallait pas longtemps pour accepter le fait que ce lieu était là pour lesaider.Laboxememanquaitsurtoutdepuisquej'avaiscettenouvelletensionsexuellequim'habitait.Depuiscettesoirée-là, jene l'avaispasrecroisé.Thomasm'avaitapprisqu'ilss'étaientrendusensembleàl'universitéetqu'elles'étaitinscritedansunefilièrecomptabilité.J'avaisétésurpriscarcelaneluicorrespondaitpas.Maisd'aprèscequ'elle luiavaitdit,cesannéesdegalère l'avaientrendutrèsterreàterre.Ellevoulaitobtenirundiplômequiluiserviraitencasdenouveaucoupdur.Plusj'apprenaisàlaconnaître,etplusellem'obsédait.Jemerepassaissanscessecettedanseetcebaiserfiévreuxquenousavionséchangés.Chaquenuit,jemerelevaispoursoulagerledésirquej'avaisd'elle.Lasavoiràseulementdeuxpasdelà,dansl'appartementjusteenface,nemefacilitaitpaslavie.J'avaisgardéentêteladouceurdesapeausurmesmains, legoûtdesalanguecaressantlamienne. Elle m'évitait et je devinais pourquoi. J'avais éveillé en elle dessensationsqu'ellenepouvaitplusrefouler.Ellemedésiraitetmevoirauraientbrisésesdernièresrésistances.Cesoir,ellenetravaillaitpas.Jesavaisqu'elleseraitseuleàl'appartementcarEileenétaitdeservice. J'étaisdoncdécidéàaller luiparler. Jedevais savoir cequ'il en était et jusqu'où elle pouvait aller. J'avais pris une douche rapide etm'étais préparé avec soin. J'avais enfilé mon jean fétiche qui, il fallait bien

Page 56: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

l'avouer, faisait son petit effet sur les femmes. Il était délavé et usé mais ilépousaitmoncorpsàlaperfection.Mont-shirtnoirétaittendusurmontorseetdévoilaitmesbrastatoués.Ilsavaientétéfaitsàl'époqueoùjevivaisencorechezmesgéniteurs.C'étaitl'undesseulsmoyensquej'avaistrouvépourlessortirdeleurzonedeconfort.Unfilstatouénecorrespondaitpastoutàfaitàl'imagedemarquequ'ilsessayaientdesedonner.J'étaisdepuis toujoursuneéchardesousleurspieds.Nepluslesvoiravaitétéfacile.Maisleplusbeaumomentdemaviefaceàeux,futlorsqueSarahmesuivitetleuravaittournéledossansmêmeseretourner. Je fermais les yeux pour me sortir de ses souvenirs. Il était tempsd'allersonneràcôté.Lorsqu'elleouvrit,unéclatdesurprisetraversasonregard.Elleseraclalagorgeetcroisalesbrassursapoitrine.Mauvaiseidée!J'avaisducoupunevueimprenablesursondécolletéetcommeungamintoutjustepubère,jen'arrivaispasàremonterlesyeux.-Tuveuxlestoucherpeut-être?questionna-t-elleavecaffront.-L'idéeesttentante,c'estuneproposition?contrai-jeavecmalice.Elle éclatad'un rire joyeux.Ses cheveuxétaient relevés sur le sommetde soncrânerévélantsoncougracieux.Elleportaitunerobefluide,blancheàbretellesquirehaussaitsonteintcaramel.Elles'arrêtaitàmi-cuisse.Quandellesedécala,jepusremarquerunepetitetachedenaissanceenformedecœuràl'intérieurdel'une d'elle. Mon entrejambe se manifesta sans délai. Cette fille était unetentationdetouslesinstants.-Jevenaisdeproposerunepetitesortie.UntourauHealing’scesoir,çatedit?Pasenmodetravail,maisjusteallerboireunverreensembleetprofiter.Ellemarquaunepausequimesemblainterminablepuiselleacquiesça.-Jeprendsmesaffairesetj'arrive.Anotrearrivée,Thomasvintànotrerencontre.Ilmeserralamainetfitunebiseàmapartenaire.-C'estassezcalmecesoir,venezprendreuncoupaubar.Tandisqu'il nous servaitnosboissons, je sentais le regardd'Eléaposé surmonvisage.J'esquissaiunpetitsourirearroganttoutenluidemandant:-Tuvoulaissavoirquelquechose?-Oui!réponditellesansattendre.Jesouhaitaisrevenirsurnotrepetitedansedel'autresoir.

Page 57: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Je haussais les sourcils de surprise. Eh bien pour ça, elle était directe! Si ellevoulaitreparlerdecemoment,j'étaistoutouïe.-Tu es plutôt bon danseur... Tu m'as impressionné hier soir. Où as-tu appris àdansercommeça?Thomaspouffadanssabarbe.Jeluienvoyaismonpointdansl'épaule.-Ta gueule mec! grognai-je avant de me tourner vers elle. C'était une desconditions de ma sœur quand elle se sentait obligée de cacher une de mesconneries.Jedevaisjouersonpartenairededanse.ElleaimaitparticulièrementlessonoritéshispaniquesetavecmonpoteMathias,ilss'étaientmêmeinscritsàdes cours. Disons que je lui servais pour ses entraînements lorsque Mathiasn'étaitpasdisponible.Elleétaittrèsperfectionniste.Elle me regarda pensivement puis fit signe à Thomas de s'approcher. Elle luimurmuraquelquechoseàl'oreilleavantdemeprendreparlepoignet.-Montre-moiça,murmura-t-elleenm'entraînantverslapiste.Lemoment était arrivéde luimontrer l'étendudemon talent et surtout, de latenir dansmesbras. LamusiquedeDeorrodémarra. Je la fis tourner sur elle-mêmeetellesecambracontremonbras.Lerythmeétaitrapideetellem'entraînadansdespasdeSalsaendiablés.Auboutdequelquesminutes,nousétionsruisselantsdesueuràgarderuntelrythme.Sonœilétaitmoqueur. Elle voulait savoir combien de temps je tiendrais. Je la pris dansmes bras etavantdelafairetournoyer,jeluiglissaiquelquesmotsàl'oreille:-Jesuisendurant,beauté.Elle fit quelques pas de son côté, aguicheuse. Les quelques clients présents cesoir,laregardaientenbattantlamesuredeleurspieds.Ellen'avaitplusriendelajeunefemmequej'avaisrencontréequelquesjoursauparavant.Sapeauluisantesoulignait l'éclat de ses yeux mordorés. Elle était magnifique et terriblementindécente.Lamusiquechangeaderythmeetnouspûmesenfinnousarrêter.Sonsouffleétaitsaccadéetellerayonnait.Ellemesautaaucouetm'embrassasurlajoue.-C'était génial,merci! Tu as euun sacré professeur, bravo! Je t'abandonneuneminute,jevaisjustemerafraîchir.Jeterejoinsaubar.Elle s'éloigna rapidement me laissant comme un gland dans la salle. Elledéconnait?

Page 58: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Ellecroyaitvraimentquej'allaislalaissers'entirerainsi?Jelasuivissansattendre.Laportes'ouvritjustedevantmoi,etjemeretrouvaisfaceàuncoupleunpeuéméché.Jemedécalaispour les laisserpasserpuisj'entraisansbruit.Lesyeuxclos,elleétaitappuyéecontrelelavaboetsemassaitlanuque.Sarobeluicollaitau corps et était légèrement remontée sur ses cuisses. Une bretelle pendaitlâchement sur son bras, dénudant son épaule veloutée. Mon cœurmanqua unbattement tellement jeme sentais excité. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, je croisaisonregardchargédedésir.Enunesecondejemetrouvaicontreelle,malangueenvahissant sa bouche, mes mains maintenant sa taille fine. Avec ungémissement, elle entouramon cou de ses bras, se pressant davantage contremontorse.Elles'étaitmisesurlapointedespiedspourmedonnermeilleuraccèsàseslèvres.Jelahissaisurlelavaboetelleentourameshanchesdesesjambesfines.Avecungrognement,jemeserraidavantagecontreelle.Sesseinsétaienttendusdedésir.J'enattrapaisunetlemassaisdélicatement.Lespointesdurciesdedésir,ellesecambradavantage.Elleattrapasoudainmescheveuxavecforceet arracha sa bouche de la mienne. Puis elle s'approcha de mon oreillequ'elle suçotame procurant des frissons d'extase. Je remontai sa robe sur seshanchesmaisellesefigeabrutalementetserecula,sesyeuxemplisd'excuses.Jeposaimonfrontcontrelesien,reprenantdoucementmesesprits.-Allonsfinirnosverres,mabelle.

Page 59: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Depuiscettesoiréeoùunrapprochementavaitétéplusqu'évident,Evanetmoipassionsdavantagedetempsensemble.J'appréciaisénormémentsacompagnie.Ilétait drôle et prévenant. Chaque matin, il m’attendait sur le palier avant quej’aille en cours,me souhaitant une bonne journée et cette petite attentionmetouchaitprofondément.J’avaisbeauessayerdenepasm’attacher,lessentimentsquejeressentaisétaientdeplusenplustroublants.Jedevaismeprotégermaisjeneparvenaispasàleteniréloigné.Malgrélaréactiondemoncorpsàsoncontact,j’essayaisdenepasluidonnerdesignauxtropcontradictoires.Jenevoulaispasnousprécipiterdansunocéandedésiretd’incertitudes.J’avaisbesoindetempsetsurtoutdeleconnaîtredavantage.Ilm’intriguait.Jen’avaiseuquedesbribesd’informations concernant son passé et je ressentais le besoin d’en savoir plusavantdeluiaccordermaconfiance.Cematin,nousétionsundimanche.Eileensepréparaitàallerrendrevisiteàsesparentsetjem’apprêtaisàfairedemêmeaveclesmiens.Lanuitavaitétéchaotiqueàcaused’uncauchemarquim’avaitparusiréel.Je n’en faisais pas souvent mais les derniers changements dans ma vie nem’aidaientpasàdormirdemanièreapaisée.J’avaisunesaletêteetnefisaucuneffortpourm’habiller.Unpantalondesurvêtementetmonsweetàcapuchequirecouvrait mes cheveux. Je traversais le salon en saluant rapidement macolocatairequis’inquiétadevantmaminedéfaite.-Toutvabien,Eléa?Je hochai la tête avec un sourire rassurant que démentait l’expression demesyeux.-Çairamieuxcesoir,murmurai-je.J’ouvrislaported’entréeetmoncœurmanquaunbattementendécouvrantEvan,lesmainsdans lespoches, latête légèrementpenchée.Ilmescrutait, sesyeuxargentésdétaillantmatenue.Ilfronçaalorslessourcilsets’avançalégèrement.-Salut,commençai-je,d’unevoixrauque,leslarmesauxyeux.Jemesentaissitristequejen’arrivaispasàmecontenir.Je rageai dememettre à nue ainsi devant luimais le voirm’attendre, comme

Page 60: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

touslesmatinsmetouchaitparticulièrementaujourd’hui.Sansunmot,ilmepritdanssesbrasetpourunefois,jemelaissaiallersansdiscuter.Jereniflaicontresontorse,deslarmessilencieusesdévalantsurmesjoues.J’appréciaissongesteet j’aurais aimé rester dans cette position toute la journée. Son odeur merassuraitetainsimaintenuedanssesbraspuissants,jemesentaisensécurité.-Est-ce que… tu pourrais m’accompagner quelque part ? demandai-je enhoquetant.Ilrelevamonvisagedélicatement,etembrassalonguementmonfrontbrûlant.-J’iraispartoutoùtuvoudrasbienquej’aille,monange.Jeluiprislamainetl’entraînaiàmasuite.Jen’avaispasenviedediscuterpourl’instantetilrespectaitmonchoix,secontentantdemecaresserlapaumedesonpouce.Nousprîmeslebusetilsecollacontremoi,tandisquenousregardionslesruesdéfilerensilence.J’aperçuslecimetièreauloinetinconsciemment,mesmusclessetendirent.Ilmelançaunregardinterrogateurauqueljenerépondispas,tropperduedansmes souvenirs. L’enterrement avait été un moment douloureux. Il n’y avaitpersonnedeprésent, j’avais fixé les cercueils en train de descendre dans leurstrous,hurlantàl’intérieurdemoi.Amesurequelaterrerecouvraitlebois,j’avaissenti mon cœur se briser douloureusement. Mes jambes avaient lâché quandj’avaisperdudevueceluidemonpetitfrère.MonTeddy,mondouble,monange.Je me mordis violemment la lèvre pour me ramener dans le présent. Le buss’arrêtaens’ébranlantlentementetj’invitaiEvanàmesuivre.Nousrestâmesquelques instants immobilesdevant lesgrillesdece lieu froidetsinistre.Puisavecunsoupirdéchirant,jeremismamainglacéedanslasienne.Jemeforçaiàleregarder.Samâchoireétaitcontractéeetsesyeuxtentaientdesonderlesmienspourydécouvrircequimeperturbaitautant.Jeluioffrisalorslaréponsequ’ilattendaitdepuisnotredépart.-J’aimeraisteprésentermafamille.Lameilleurepartiedemavierésideici,Evan.Mesyeuxsevoilèrentànouveauetsansattendre,jememisàavancer.

Page 61: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 62: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Je ne supportais pas de la voir dans une telle souffrance. Depuis qu’elle étaitapparue devant moi, j’avais cette sensation d’être complètement inutile. Je nesavais pas quoi faire pour l’aider. La fragilité que j’avais perçue dès notrerencontrem’apparaissait dans son intégralité. J’avais envie de la serrer contremoietdeluifaireoubliertoutcepourquoielleétaitentraindes’effondrer.Ellecherchait vainement à prendre sur elle mais n’y parvenait pas complètement.Nousnousétionsarrêtésdevantlecimetièreetjecommençaisàcomprendrepeuàpeularaisondesadouleur.J’avaisressentilamêmeàlamortdesdeuxêtresquim’étaientlepluschers.Jelasuivisdanslesalléesetm’installaiàsescôtés,devanttroistombescolléesles unes aux autres. Elles paraissaient minuscules près des autres sépulturesfleuries.Elleenlevasacapuche, libérantsescheveuxmagnifiques,puiss’approchade lapremièreencaressantdoucementladalledevantnous.-JeteprésentemesparentsetmonpetitfrèreTeddy,m’annonça-t-elled’unevoixtremblante.Mon cœur manqua de s’arrêter. Nous avions finalement beaucoup plus encommunquecequejenelepensais.Elleserelevaettournasonvisageravagéparleslarmesversmoi.Je ne pus m’empêcher de la prendre contre moi, caressant avec douceur sesbouclesbrunes.Mapoitrinesesoulevaitrapidement.Jeserrailesdents,enproieàuneémotionindescriptible.-Ilmemanquetellement,sanglota-t-elle,unemaincontresabouche.-Jesais,monange.Jesais…-J’ai l’impression de ne plus arriver à vivre depuis qu’ils ne sont plus là. Cettedouleurm’étouffesansque jenepuisse l’enrayer.Pourquoi lavienouspermet-elled’aimersic’estpournousreprendrebrutalementlespersonnesquicomptenttellement?Je me posai sans arrêt cette question et je n’avais toujours pas trouver deréponses.

Page 63: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Jen’ensaisrien,maisnousdevonsêtrefortspoureux,mabelle.Elleposasajouecontremontorseetsesbrasseserrèrentdavantageautourdemataille.-Jen’aipluspersonnedepuisqu’ilsm’ontétéenlevé,murmura-t-elle.-Jesuislàpourtoi,Elea,répondis-jealorsd’unevoixforte.Ellesursautaetjeluicaressailedosenespérantledétendre.-Jeveuxquetusachesquejeseraistoujourslàpourtoi.Jenesaispaspourquoimaistufaisressortircecôtéprotecteurquejen’avaispasressentidepuislamortdemasœur.J’aibesoindesavoirquetuvasbienetjeveuxêtreprésentpourtoi.Ellelevasesyeuxbrillantsetmaboucheseposainstantanémentsurlasienne.Jene pouvais plus attendre, j’avais besoin de la goûter et d’apaiser la tensionprésentedansmoncœur.Jevoulaisqu’elleselaissealleretnepenseplusàcettedouleur.Sabouches’ouvrit,laissantmalanguepartiràlarecherchedelasienne.Ellesemitàgémircontremeslèvresetsepressacontremoi.C’est à regret que j’interrompis notre baiser, nous laissant pantelants l’un etl’autre.-Parle-moidetoi,Evan…souffla-t-elle.Je lagardaisentremesbras,en lui racontantalorsunepartiedemavie, sansomettrelepassageenprisonetlesraisonsquim’yavaientpoussé.

Page 64: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 65: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Suiteànosconfidencesaucimetière,jemesentaisenfinvraimentprochedeluietnotrerelationmetouchait.J’avaisappréciéqu’il sedévoileainsiàmoi.Nousétionsconscientsqu’uncertaindésirétaitdeplusenplus flagrantàmesuredenosrencontre.Lorsque latensionsexuelleentrenousdevenait trop importante,nousnousséparionsafindereprendrenosesprits.Celaenétaitmêmedevenuunjeu entre nous car il arrivait qu'en plein milieu d'une conversation ou d'unesoirée,nouslevionsledoigtenl'airetsansriendire,l'undenouss'éclipsaitloindel'autre.Danscescas-là, lorsquenousétionsaccompagnésparThomasouEileen, leurssoupirs éloquents et leurs regards agacés ne manquaient pas de nous fairepouffer.Ilsnousprenaientpourdeuxgamins,argumentant lefaitquecettesituationnepourrait pasdurer éternellement. J'en étais bien consciente.Mondésir pour luis'affirmaitdejourenjour.Parfoisjusteentendresavoixauxintonationschaudesdel'autrecôtéducouloirsuffisaitàmemonterlerougeauxjoues. Leventrepalpitant, j'écoutais savoixàmesurequ'il s'éloignait et ilme fallaittoujoursquelquesminutespourmereprendreavantderejoindremacolocataire.J'avais commencé les coursà l'université. J'aimais l'ambiancequi y régnait. Jemesentaisenfinnormale.Jesuivaisunefilièreencomptabilité.J'avaistoujoursété attiré par les chiffres, les calculs et je me sentais rassuré d'étudier pourobtenirundiplômequim'ouvriraitlesportesd'unemploisûr.Jevenaisd'entrerpourmoncoursdegéranceenentreprise.Cettematièreétaitl'unedemespréférées. Tout était intéressant et je voyais le boulot deThomasd'uneautremanière.Jelevoyaiscommeunbosseurmaisjen'avaisjamaispenséquec'étaità cepoint.Gérer lebaret le centre sportifdevait luidemanderdesheuresetdesheuresdepaperassesàfaire.Cecoursn'étantpastropfréquenté,jem'étaisassiseaumilieuetdenombreusesplacesétaientencoredisponibles.-Salut,jepeuxm'asseoir?demandaunevoixsurmadroite.Jedécouvrisungarçonauvisagerieur.Sescheveuxblondsétaientplaquésversl'arrièreetlebasdesonvisageétaiententièrementrecouvertd'uneépaissebarberousse.Visiblementilcultivaitàfondsonlookd’hipster.Ilportaitunechemisecintréeàcarreauxetunslimqu'ilavaitretroussé, laissant voir sa paire de chaussures. Il fallait reconnaître que

Page 66: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

l'ensembleluidonnaituneclassefolle.Jeluifissignedes'asseoiretaprèsunderniersourire,jefixaisleprofquivenaitde faire son entrée.Durant tout le cours, je sentis le regard demon voisin detable.Ilmechuchotasonprénomtoutenprenantdesnotes.-Moi,c'estSimon.Jenet'avaisjamaisvuiciencore.Nouvelle?Jehaussailesépaules,espérantluifairecomprendrequejen’avaispasenviedediscuter.- Cool, nous avons plusieurs cours ensemble, apprécia-t-il, en tenant monagenda.Jeluireprisdesmains,brusquement.-Maisvas-y,ilnefautsurtoutpastegêner!!Iléclataderire,pasdutoutdécontenancéparmonexcèsd’humeur.Jelevailesyeuxaucielmaissonintrépiditém’amusait.Jelelaissaisdoncparlerpournousdeux,vuquevisiblementc’étaitmoiquiavaitchoisiuneplaceàcôtédelasienne.Jesentissoudainsoncoudetapercontrelemien.-Ettuterepèresdans la fac?Jesaisquepourmapart, j'aimisdutempsàmerepérer.Ilfautdirequelecampuscomptequasiment150hectares.Dis-toiquelessalles où nous bossons sont dans lemême bâtimentmais j'ai un pote qui doitcavaler pour aller à ses cours tellement ses Amphis sont éloignés les uns desautres.Ilestvraique jen'avaispasencorepris le tempsde toutvisiter,me limitantàallerdemonpointAàmonpointB.Personnenes'étaitintéresséàmoijusqu’àprésent.Lespetitsgroupess'étaientforméslorsdelarentréed'Octobre.Detoutefaçon,jegardaismonobjectifenvue.Je devais rattraper le retard dû àma rentrée tardive si je voulais validermonsemestre.Simonavaitenviedediscuter,ilcontinuadeparler,neseformalisantpasdemonmanquederéponse.Quandilfutl'heuredenousséparer,jelequittaissansunmotetjefutsurprisedelevoirmesuivre,encore.-Tuasl’intentiondemecollerauxbasketstoutelajournée?Tun’aspasd’amis?-Simaiscommejesuistonnouveaumeilleurami,ilesthorsdequestionquejetelaisseteperdredanscetimmenseendroit.

Page 67: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Ilpassasonbrassurmesépaulestenduesetmeforçaàlesuivre.J’étaissidéréeparsonculot.Ilmesuivitdonctoutelajournéeets'installaàmescotéslorsdechacundenoscourscommuns.J'admiraissapersévérancecar jene faisaisrienpour luiêtreagréablemais j’avaisdumalà l’envoyerréellementbouler.Ilétaitassezdrôlefinalementetn’avaisaucungestedéplacé.Alafindelajournée,nousmarchionscôteàcôtejusqu'ànoslignesdebusrespectives.Ilgrimpadanslesienenmesaluantdelamain.-Ademain,princesse.Ilcontinuaainsisonmanègetouslesjours. Simon était un dragueur invétéré. Il avait bien évidemment essayé avecmoimais j’avais immédiatement mis les points sur les I. Je voulais bien qu’ilm’approche et essaye d’être mon ami mais je ne pourrais jamais le laissers’attendreàplus. Il était physiquementbeaugarçonet son caractère joueuretavenant m’attirait. Il était lumineux et j’appréciais de passer du temps à sescôtés, me faisant oublier les douloureux souvenirs qui m’assaillaientrégulièrement.Maismes pensées n’allaient que vers une seule personne. Evans’étaitpeuàpeufrayéuncheminversmoncœur,faisanttomberpetitàpetitmesdéfenses. Il prenait son temps, me laissant souvent pantelante de désir sansmême avoir tenté la moindre approche. Nos corps réagissaient à l’unisson. Lemienétaitextrêmementréceptifàsavoix,sonodeur.J’essayaistantbienquemaldecachercetteattirancemaisilnefaisaitrienpourm’aider.Nousnouscroisionsrégulièrementdansl’escalierlorsquejepartaisencours. Il m’accompagnait jusqu’au bus, me laissant après une simple bise que meperturbaittoutelajournée.Commentpouvais-jealorspenseràunautrehommedanscesconditions?Simon n'était pas pressant et je commençais malgré tout à apprécier sacompagnie.Ilavaitdesamis,quenouscroisionsàcertainsmoments.Ils'arrêtaitalorspourleurparlerpuismerejoignaitpeudetempsaprès.Ilfaisaitunvéritablecinéma avec toutes les nénettes qu'il croisait. Il avait un humour un peuparticuliermais qui faisait tout son charme. De ce fait, il n'essuyait quasimentjamaisde refus.Chaquematin, je l'écoutais raconter ses soiréesavecMadison,Linda,Ophélie,Elodie… Toujours la même histoire, seul le prénom changeait. J'avais été, dans unpremiertemps,surprisemaisjecomprisquecelafaisaitpartiedupersonnage.Ilrompait avec classe et ses coups d'un soir restaient généralement toujours debonnescopines.Lorsquejerentraisàl’appartement,jeracontaismesjournéesàEileen qui était friande de mes histoires. La fac lui manquait. Elle m'avaitexpliquéqu'elleyavaitvécuquelquesunsdesplusbeauxmomentsdesavie.Jem'étonnaisjustequ'ellen'aitpasgardédecontactavecsesancienscamarades.Jenel'avaisjamaisvutraînerouappelerd'autrespersonnesquesafamilleousescollèguesdeboulot.Cesoir,nousavionsinvitéSimonàl'appartementpourunesoiréefilm,cedontil

Page 68: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

étaitfan.Eileenmourraitd'enviedelerencontrer.Nousavionsconvenucettedatecarc'étaitnotresoiréedecongé,poséeplusieurssemainesà l'avance.Monamies'étaitmisesurson trenteetun. Ladescriptionquejeluiavaisfaitedemonbinômel'avaitrendutoutechose.Elleavaitmisunepetiteroberosequifaisaitressortirsonteintfraisetelleavaitlâchésescheveuxrenforçantsonairdepetitelfe.Sesyeuxmarronsétaientsavammentmaquillésetparaissaientplusgrands.Personnellement,j'auraisaimémemettreàl'aiseetpasserunetenueconfortablemaisellem'avaitsuppliédem'apprêtercommeelle.J'avaisdoncrevêtuunerobe longueunpeubohèmeetunpetitgiletenmaille.J'avaisrelevémachevelureavecunepinceetm'étaitlégèrementmaquillée.Nous venions de finir demanger lorsqu'il m'envoya un sms pourme dire qu'ilarrivait.Jeluidonnaitlecodepourmonteràl'appartementdirectement.Eileens'empressadedébarrasseretderemettreunpeud'ordre.Jememoquaisunpeud'elle.Jelavoyaisrarementaussistressée.Jel'avaisprévenuequeSimonn'étaitpasunmecpourelle,maisellem'assuraqu'ellesouhaitaitjusterencontrerlegarçonquipassaitsesjournéesàmescôtés.Lasonnerieretentitetellemefitsigned'allerouvrir.-Salut!Ilmeplaquadeuxgrossesbisessurlesjouesetenprofitapourmeserrerfortdanssesbras.Nousnousétionsquittésquequelquesheuresauparavantetsonentréefracassantemefitleverlesyeuxauciel.-Tum'amanquéPrincesse,continua-t-ilavecunclind'œil.Il entra enme bousculant, joueur, et se présenta àma copine. Le sourire auxlèvres,jelevailesyeuxetmefigeai.Evansetenaitsurlepasdesaporteetsonexpression neme disait rien qui vaille. Lamâchoire serrée, une lueur furieuseanimaitsesyeux.Ilclaquasaporteetdescenditl’escalieràtoutevitesse.

Page 69: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Qui était ce mariole? Deux jours que je me posais cette question encore etencore.Lesurprendredevantchezmesvoisinesetêtreaussi familieravecEléam’avaiténervé.J'avaisl'impressiond'êtreunemarionnettedontelleseservaitetrejetait.J'avaisprisletempsdel'approcheravecdouceur,mettantlessentimentspuissantsquimerongeaientdecôtépournepasl'effrayer.Nousavionsconstruitpetit à petit une relation basée sur l'humour mais surtout sur le respect. Unaccord tacitemais qui nous convenait et nous rapprochait. Jeme sentais trahi.Avait-elle simplement joué avec moi? Sa fragilité n'était-elle qu'une façadecommej'enavaisdéjàtellementdefoisfaitl'expérience.Lefaitd'êtrepossessifvis-à-visdequelqu'unétaitunenouvellefacettedemoi-même que je découvrais. L'être à cause de cette fille après ce que j'avaisdécouvertmemettaithorsdemoi.J'étaisd'unehumeurdechienetlalettrequejetenaisentremesdoigtsn'étaitpasfaitepourmecalmer.Elleprovenaitd'unofficenotarial.J'hésitaisàl'ouvriretenvisageaismêmedelabalanceràlapoubelle.Cetencart-là,jeneleconnaissaisquetropbienetilmedonnaitenviedevomir.Jel'avaisvuunbonnombredefoisdurantmonséjourenprison. Chacunedeces lettresmedemandaitde renonceràmesdroits sur lesbiens de famille. Je n'avais plus rien à voir avec eux, cette vie était derrièremoi.Nousétionsdumêmesangetjeleregrettaisamèrement.J'avaisbesoindeconseilsetd'uneaideextérieurepouryvoirplusclair.Laseulepersonnecapabledecomprendreetdem'empêcherde faireuneconneriese trouvaitaucentreàcetteheure-ci.Apeinearrivé, ilévaluatoutdesuitemaminesombreetmefissigned'allerdanssonbureau.Sansunmot,jeluitendislamissive.Il l'inspectapuishochalatêtegravement.-Çasentlesproblèmes...Tunel'aspasouverte.Pourquoi?-Parcequejenesuispassûrdevouloirsavoir.Ilspassentpar leursavocatsetleursnotairesdèsqueçaconcerneledomaineoul'entreprise.Jen'aiplusrienàvoirlà-dedans, j'aisignétoutcequ'il fallait ilyatroisans.Çanemeconcerneplus.-Jecomprendstoutàfait,mais...L'ouvriréviterapeut-êtredesregretspourplustard. Tu sais de quoi ils sont capables, ne pas le faire pourrait s'avérer plusdangereuxque tune lepenses.Si tuasbesoind'aide, jesuisavec toimaisondoitsavoiràquois'attendre,Evan.Il me remit la lettre que je regardais pensivement. Agitant ma jambenerveusement, je la décachetais, le cœur au bord des lèvres. Amesure que je

Page 70: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

prenais connaissance de son contenu, un grondement sourd montait de mapoitrine. Il se foutait de ma gueule?? Je me levai d'un coup et mon poingrencontra lemur. Thomas sursautamais ne bougea pas,me laissant digérer lanouvelle. Lesmainsàplat contre lemur, jebaissais la têtepour reprendremarespiration;Lasangpulsaitdansmamainabîmée.Jemeconcentraissurcettedouleurpuisluiexpliquai:-Ilsmedonnentunrendez-vousdansdeuxsemainesafindeclôturerlespartsdechacundansl'entreprisedemongrandpère.Ilestdécédéilysixmoisetjen'enaimêmepasentenduparler.Est-cequetuterendscompte??J'avaisenviedetoutcasser.Dedouloureuxsouvenirsmerevenaiententête.Monenfancen'avaitpasétéheureuse.L'argentn'achetaitpaslebonheurcommeonledisait si bien, il le fourvoyait plutôt.Mesparents nageaient dans l'opulence. Ilsavaient toujours vécu dans le luxe, descendants de familles aisées depuis denombreusesannées. Avec Sarah, nos vies étaient déjà réglées d'avance. Je devais prendre lasuccession de mon père dans son entreprise d'import-export. Il avait dessuccursales dans plusieurs pays étrangers etme voyait déjà à la tête de l'uned'elles.Sarahauraitétéprésidented'associationsaussisoporifiqueslesunesdesautres,commenotremère.Elle se serait mariée avec un riche héritier et aurait eu une vie des plussuperficielles.Jem'étaisélevécontrel'autoritéparentaledèsquejefusenâgedecomprendre.J'avaisrencontréMathiasdansl'écoleprivéeoùnousétionsinscrisetnousnousétionstrèsviteentendu.Ilressemblaitàungeekmaiscen'étaitqu'unebellefaçadepoursefondredanslamasse.Al'intérieur,ilétaitconsuméd'unerageidentiqueàlamienne.Nousnousrebellionsjouraprèsjour,contredisantchaquebeauprojetformuléparnosparents,traînantavecdespersonnesrencontréesauhasarddansdessoiréesbienmoinssophistiquéesquecellespourlesquellesnousétionsdestinées.Alcool,filles,voitures.Nousdépensionssanscompterafind'oublier lemomentoùnousdevionsretournerdansnotrecagedorée.Jusqu'aujouroùmonpèreclôturamescomptesetm'ordonnadetravailleravecluisijevoulaisdel'argentpourcetteviefacile. A partir de là, tout changea. Nous nous disputions sans arrêt, plus ilsexigeaient et plus je déconnais. Les gens commençaient à parler face à mesfrasques,entachantainsileursibelleréputation.Aprèsuneviolentedispute,jepris ladécisiondeprendrequelques-unesdemesaffairesetdepartir.Cemilieumedégoûtaitet jepréféraiscreverplutôtquedecontinueràenfairepartie.Sarahavaitété inconsolable.Elleavaitgrandietnesupportait plus cette vie nonplus,mais encore trop jeune et trop influençable,ellen'avaitaucunrecours.Jeluipromiscependantd'êtretoujoursprésentpourelle.Quelquesmoisplustard,j'avaistrouvéàmelogeravecMathias. Sarah nous rejoignait après le lycée. Des sentiments rapides naquirent entre

Page 71: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

eux,etilstombèrentfollementamoureux.Biensur,nosparentsn'étaientpasaucourant.Ellefutheureusependantdenombreuxmois.Cefutunesoit-disantcopinedesonlycéequilesdénonça,certainedel'influencenéfaste que nous avions sur ma petite sœur. Ce soir-la, elle m'appelacomplètementaffolée.Elleavaitétéviolemmentpriseàpartieparlesparentsquiavaient même convié amis et voisins pour soutenir leur cause. Sarah s'étaitretrouvéeseulecontretousetn'avaiteuaucunmoyendesedéfendre.Elleétaitaubordde la crisedenerfs lorsque j'avaisdébarquécommeundinguedans lamaison.Je lesavaisviolemmentmenacépuisnousétionspartistous lesdeuxaussivitequej'étaisarrivé.Laguerreétaitdéclarée.Mesmenacesdevanttémoinsavaientétéportéesautribunal,j'avaisenlevémasœurmineure.Elleexpliqualesfaitscequiatténualeverdictdujugemaisj'eusquandmêmeunepeinedesixmoisdeprisonavecsursis. A la moindre nouvelle connerie, j'y passais. Sarah devait retourner chez nosparentssansdélai.EllepleuratoutesleslarmesdesoncorpsdanslesbrasdeMathias.Jeleslaissaiquelquesheuresensembleet ilmepromitdelaraccompagner lui-même.Ce futmoi qui reçus l'appel annonçant leur décès. Un problème mécanique qui avaitprovoqué une fuite dans le moteur. Ils avaient fini dans un ravin, leurs corpséjectésduvéhiculeavaientétéretrouvédesdizainesdemètresplusbas.Jemerevois encore tomber sur le sol, le souffle coupé, ne parvenant pas à ycroire. J'avais passé les jours suivant hors de mon corps. Quand l'ampleur dudramem'avait sauté au visage, je perdis pied. Je passaismes journées etmesnuitsàerrerpoursavoirquiluiavaitprocurécettevoiture.Etenfin,jel'appris:ils'appelaitTiago.

Page 72: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Deuxansavant...Jeme repassais les événements qui avaient conduit à cette peine avec sursis,uneragesourdepulsantdansmesveines.Ilss’enétaientprisàSarahet jenepouvaispasl’accepter.J’étaisprêtàtoutpourelle.Lejugenem’avaitpaslaissélechoixmaiscettehistoirenesetermineraitpasici.Jenelalaisseraipasauxmainsdecesdégénérés.Mathiasetmoi trouverions la solution.Ses larmesm’avaientdéchiré le cœur mais c’est l’expression sur le visage de monmeilleur ami quim’avaitglacélesang.Ilétaitprochedupointderupture.Jeluiavaisenserrélanuque en lui demandant de se contenir encore quelques instants. Pour elle. Ilm’avait demandé de lui laisser un moment avec elle en me promettant de laramenerchezmesparentsjusteaprèsavec lavoiturequ’ilvenaitderacheteràunpetit branleur du coin. J’acceptais de leur laisser ce petitmoment d’intimitésachantquedansquelquesheures,toutdeviendraitbiencompliqué.Montéléphoneavaitsonnéalorsquejem’étaisendormi.Pasunseul instant,jenem’étais douté de ce que j’allais apprendre. Pendant plusieurs jours, j’avaischerché sans relâche la pourriture qui avait vendu cette épave à mon pote,provoquantledramequiluiavaitcoûtélavie.Je l’avais trouvé un soir, au terme d’une journée éprouvante. J’avais appeléThomas,luisignifiantquej’avaisréussi.Ilm’avaithurlédel’attendre,maisjenele pouvais. Pas si proche de mon but. J’avais trouvé cet ordure, et j’avaisinstantanément perdu la raison. Il chahutait comme un gamin avec ses potes,riant et buvant comme ilm’arrivait de le faire avecMathias.Ce type avait tuémonmeilleurpote.J’avaiscommencéparuncrochetdudroit lemettantàterrependant que ses soi-disant copains se reculaient pour nous faire de la place.J’avaisfrappéperdanttoutenotiondelaréalité.Jerevoyaisledouxvisagedemasœur,heureuseetpleinedevie.Mathiasquiavaitétémonplusfidèlealliédanstoute cette chiennedevie. Je ressassais lesparolesm’annonçant leurmort.Lavoituredanslefossé…Unproblèmemécanique…lescorpséjectés…Unproblèmemécanique?Cemecavait venduunevoiture trafiquée. c’étaitunmeurtrieretilallaitpayer.Mespoingss’écrasaientcontresonvisage,brisantunàuns lesosdesapetitegueule.Mesmainsétaientensang.Étais-celemien,lesien?Des sons me parvenaient mais la bulle dans laquelle je m’étais enfermém’empêchaitdetoutcomprendre.Desmainspuissantesmepoussèrent,déviantmespoingsde leur trajectoire. Jevoulus revenirà la chargemaisuncorpsme

Page 73: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

bloquaitlepassage,meretenantavecforce.-Evan,reprends-toi!Ilaeusoncompte.Stop!Jemis quelques secondes à discerner le visage de Thomas. Il était tendu, sesyeuxétincelantsrivésauxmiens.-IlnepourraplusrienfaireEvan.Çavaaller.Onvatrouverunesolution.Dans un cri déchirant, je m’étais effondré au sol. Mon estomac s’était alorscontractéetj’avaisvomimestripessurlebitume.

Page 74: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Thomas

Evanétaitdécomposé.Depuisqu’ilavaitouvert la lettre ilétaitdeplusenplusnerveux. S’il continuait ainsi, cette tension allait se retourner contre lui. Nousétionstouslesdeuxavachissurlecanapé,dansunsilencepesant.Jemelevaisd’unbond.-Allez,çasuffitlesconneries.Maintenant,tuviensavecmoi.Ilmeregarda,d’unairhagardpuisilselevapéniblement.Ilressemblaitàunvraireprisdejusticeencetinstant.Fatiguéetsurtoutencolère.Nousétionsleseulsoirdelasemaineoùlebarétaitferméetmepermettaitdesouffler un peu. Mais passer la soirée dans ces conditions n’allaient pas medétendre, ilétaittempsdepasseràl’action.Jesavaisqu’iln’yavaitqu’unseulmoyenpourqu’ilselibèredecettefureurquipeuàpeuemplissaitsatêteetsoncorps.Jeprenaisungrosrisquemaisildevaitlefaire.Letrajetsepassadansunsilencelourdetpesant.Evanseraidissaitdeminuteenminute,comprenantcertainementoùjel’emmenais.-Putain,Thomas,tudéconnesouquoi?s’énerva-t-il.JenerépondispasetouvrislaporteduCentre.Jerefermaiàcléderrièreluietlebousculaipourl’obligeràserendreàl’endroitoùjevoulais.-JenepeuxpasThomas,grogna-t-il.-Tun’aspaslechoix,Evan!Tuesàdeuxdoigtsdebasculer.Jesaisdequoituescapable.Ilserenfrogna,conscientquej’étaisdanslevrai.Jepris lesdeuxgantsdansleplacardetluijeta.Illesattrapahabilement.-Enfileçaetdonnetoutcequetuas.Jememis derrière le sac de frappe, prêt à lemotiver pour déverser toute sahaineetsarancœurenverssesgéniteurs.Ilneluifallutpaslongtempspoursedécideretlaisserparlersespoings.Auboutd’unebonneheure, ils’arrêtaenfin.Jehochai latête, fierqu’ilaittout

Page 75: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

donné.Sesdémonsétaienttoujoursbienprésentsetjesavaisqu’enplusdecettefoutuelettre,autrechoseletracassaitetj’avaisbienl’intentiondetoutsavoircesoir.Je lui laissai le tempsdeboireetessuyersonvisage trempé. Il s’installa sur lebancprèsdemoi,lescoudesposéssursesgenoux,leregardvisséausol.-On commence par quoi ? La lettre ou ce truc qui te bouffe le cerveau depuisquelquesjours?Ilhaussalesépaulespuissamainsemitàmassersanuquetendue.-Eléa?Ilsecrispaenentendantsonprénom.C’étaitbiencequ’ilmesemblait.Jesavaisqu’ilétaitdeplusenplusattachéàcette filleet leur relationsortaitdecequ’ilavaitdéjàpuconnaître.-Elleestavecunmec.-Pardon??Jemanquaidem’étouffer.Eléaavecunautremec?-Jel’aicroisédevantchezelleavecunautremec.Elleétaitheureusedelevoir.J’avaisenviedelefrapper.-Merde,Evan!Maispourquoiveux-tuquecesoitsonmec?Cettemeuf,cen’estpaslegenreàjouersurplusieurstableaux.T’esaveugleouquoi?Ilselevad’unbondetsemitàfairelescentspasdevantmoi.-Attends, cette fille, c’est surtout pas le genre à sauter au cou des gens. Tum’expliquespourquoiellelefaitavecunmecsortidenullepart?Quepersonneneconnaît??Tusaisquic’esttoi?Jerépondisnégativementmaisjesavaisqu’ils’emportaitpourrien.Eléaétaitunefille droite et sincère. Son comportement avec Evan était sans équivoque. Elleessayait de se protégermais je savais qu’elle ressentait quelque chose de fortpour lui. Je devais lui faire part demon projet pour elle dans le Centre et jeprofiteraisdecetteoccasionpourensavoirplus.Monpote se laissa tomber contre le sol, le dos collé aumur. Jeme concentraialors sur lui, prêt à lui apporter tout le soutien nécessaire pour affronter leprochaincombatqu’ilauraitàmenercontresesparents.

Page 76: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Evanmemanquait.Jenel'avaispasrecroisédepuisnotrerencontreéclairsurlepalier.Jemeposaistellementdequestions.M'envoulait-il?Eileen m'assurait que non, même si j'avais un doute sur son honnêteté. Ellevoulaitjustemeprotéger.J'espéraislevoiraubarmaisilnevenaitjamais.J'avaistenté d'en savoir plus auprès de Thomas. Celui-ci m’avait alors proposé de lerejoindre un après-midi pour en discuter. Un stress étaitmonté rapidement enmoi. Il se passait donc bien quelque chose.C’est avec appréhension que jemerendisdoncauCentresportifoùlebarmansetrouvaitgénéralement.Unejolieroussem’accueillitensouriant.-Bonjour,jepeuxvousaider.Jeregardaiautourdemoinerveusement.J’entendisbeaucoupdebruitdansunesallederrièrel’accueil,maisjenevoyaispastropcequ’ils’ypassait.Jemeraclailagorgeenvissantmesyeuxsursonvisagedepoupée.-JeviensvoirThomas.Ilm’ademandédevenirlevoiraujourd’huiet…-Ohoui,tuesEléa?Jehochailatêteenfronçantlessourcils.- Je suis Julie. Ilm’a parlé de toi. Je suis ravie de faire enfin ta connaissance.Viens,jevaist’accompagneràsarencontre.Ellem’invita à la suivre et tandis que nous traversions le gymnase, je pus enprofiter pour observer ce qu’il se passait autour de moi. Les jeunes étaientconcentrésetappliqués.J’admiraislapatiencedechacundesinstructeurs.J’euslasurprisedeconstaterqu’Evanétaitprésent.Ilexpliquaitdesmouvementsàunadolescentd’àpeinequinzeans.Cesgestesétaientpréciset il lesrépétaitjusqu’àavoirlemêmerésultatdelapartdesonélève. Jen’arrivaispasàdétachermonregard.Sonpantalondesportdescendaitbassur ses hanches et son t-shirt était plaqué contre son torse, soulignant sesmuscles contractés. Ses lèvres s’étendirent dans un un sourire qui éclaira sonvisagefatigué.Ilsalualejeunehommeetenappelaunautre.Mon cœur se serra. Son absence des derniers joursm’apparut soudain commeintolérable. Jen’avais rien fait demal et jene comprenaispasqu’ilme rejette

Page 77: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

ainsi.J’étaisencolèrecontre lui.Sonregardaccrocha lemienet jemaintins lecontactvisuelenserrantlesdents.Ilsetenditdetoutsoncorps,sesyeuxlançantdeséclairs.JetournaialorslatêtepourmeconcentrersurlatressedeJuliequise balançait dans son dos. Elle frappa à une porte et la voix grave de Thomasnoussommad’entrer.Ilrelevalatêteetils’attardaunpeuplusquenécessairesurlajeunefemmeàmescôtés.Sereprenant,ilmesaluaensouriant.-Eléa,Jesuiscontentquetuaiespuvenir.Jehaussailesépaules.J’étaisstresséeparrapportàlateneurdenotreprochaineconversation.-Pourquoim’enveut-il?Jen’avaisplusenviedetournerautourdupot.J’avaisbesoindesavoir.Ilsoupiraetsecaladanssonimmensefauteuil.-Tuneledevinespas?-Jesupposequec’estparcequ’ilm’avuavecSimonilyaquelquesjoursmaisjen’ai rien fait demal. Simon est un ami. Il venait à lamaison pour rencontrerEileen.-Est-cequetuluienasparlé?-Etquandaurais-jepulefaire?m’agaçais-je.Ilm’évite!-Ilfautvraimentquevousparliez,Eléa.Soisplusmaturequeluietdémarrecettediscussion.Vousvousfaitesénormémentdebienensemble.Tun’imaginespasàquelpointtaprésencel’apaise.J’attrapai une de mes boucles brunes pour l’enrouler autour de mon doigtnerveusement.Ilmeregardapensivement.-Sijet’aifaitvenirici,cen’estpaspourteparlerdelui.Jefronçailessourcilsenmeredressant.-J’aimeraisteproposerquelquechose.Jesaisquetessoiréesaubarettescoursteprennentdutempsmaisj’aibesoindetonaide.J’étaisextrêmementreconnaissantepourtoutcequ’ilavaitdéjàfaitpourmoietjemevoyaismalluirefusermonaide.

Page 78: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Biensûr,Thomas.Sijelepeux,jeleferaisavecplaisir.-J’ai besoind’unepersonnepour encadrerdes jeunes fillesuneàdeux fois parsemaineici,auCentre.-Dans quel domaine ? Je ne suis pas trop faite pour tout ça,m’étonnais-je, enindiquantd’ungestedelamainlegymnase.-J’aibesoind’unepersonnequiaccepteraitd’initiercesjeunesàladanse.-Euh…Jesuisloind’êtreassezpédagoguepourça,Thomas.Trèssincèrement,jenemevoyaispasdonnerdescoursdedanse.Pourmoicettedisciplinesevivaitetilétaittrèsdifficiledel’enseigner.J’avaisbesoinderessentirlamusiquepourdanseretlesmotsneseraientpassuffisantspourleurexpliquercommentlefaire.-J’aimeraisquetuessaies,aumoins.Jememordislalèvreengémissant.-MinceThomas,commentpourrais-jeterefuserça?Sesyeuxpétillèrentencomprenantquej’étaisd’accord.-Mais jetepréviensquesicelaneconvientpas, il te faudratrouverquelqu’und’autre?- Je te promets que cela sera le casmais j’ai la forte intuition que cela va teplaire.Ilregardasamontre.-Jevaisdevoirtelaisser,j’attendsdesparentspourunenouvelleadhésion.Je me levai pour prendre congé mais il contourna le bureau et m’attrapadoucementlebras.-Valevoir,Eléa.Jehochai la têtepuissortisendirectiondugymnase. Ilavait raison, jedevaismettre lespoint sur les i.Malheureusementpourmoi, j’apprisqu’il était rentréchezlui.Jel’avaisloupédepeu,ilavaitdûpartirtoutdesuiteaprèsmonarrivée.Jerentraidoncàl’appartementaupasdecourse.J'étais inquiète, et je torturaismesmains derrièremon dos depuis que j'avais

Page 79: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

toquéà saporte. Les secondesmesemblaientdurerdesheures. J'entendisdesbruits étouffés avant qu'il n'ouvre brutalement. Jeme reculais, surprise de sonagressivité. Son regard s'adoucit quelques instants enme découvrantmais soncorpsrestacrispé.Sescheveuxétaient toutdécoifféscommes’ilyavaitpassésesdoigtsplusieursfois.Seulementvêtudesonpantalondesport, il étaitbeauà couper le souffle.Sestatouagessurlesdeuxbrass'étendaientégalementjusqu'àsontorse.Desmotifstribauxs'entrelaçaientetlechiffredix-septétaitécritsursapoitrine.Mes yeux se perdirent dans la contemplation de tous ces dessins. J'étaispersuadéequ'ilsavaienttousunevraiesignificationvueleurcomplexité.L'un d'entre eux recouvrait le bas de son ventre pour disparaître sous sonvêtement.Jerelevaibrusquementleregard,soudaintémoindesondésir.Mevoirledétaillerl'avaitexcité.Illevaunsourcilpuissoupira.-Qu'est-cequetumeveux,Eléa?Tun'espasavectonmecdumoment?Ilnetesuffisaitplus?Jeperçusde ladouleurdanssavoixet jem'envoulus.Jen'avaispourtantrienfait,maisj'étaismaldelevoirsouffrir.-AbsolumentpasEvan.Iln'yaqu'unmecquioccupemespenséesetcen'estpaslui.Simonestjusteunamidelafac.Ilestsympaettrèsdrôlemaisjenesuispasintéressée.Ilmejaugeaquelquesinstantspuisouvritlaportedemanièreàmelaisserentrer.L'appartement ressemblait en tout point à celui d'Eileen. Le mobilier étaitseulementplussobreetplusmasculin.-Tuveuxboirequelquechose?-Unthésituas.Ilallumalabouilloireetsortitunetassequ'ilposadevantmoi.Ils'appuyacontrel'évieretmefixa.Je le laissaismedévisager,et fisminederegarderautourdemoi.Ils'installadevantmoilorsquemaboissonfutprête.-Alors?-Alors?Répétai-je,unepeugênée.-Pourquoit'es-tudécidéeàvenirdevantmaporte,Eléa?-TumemanquaisEvan,répondis-jesimplement.

Page 80: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Ilsoupiralonguement,delatendressedanslesyeux.-Çanepeutplusdurercommeça,mabelle,tulesais.Jehochailatêtetimidement.Jesavaisseulementquej'avaisbesoindelui.J'étaistirailléepardessentimentssiforts,oubliésdepuislamortdemafamille.J'étaisterroriséedelaissermoncœurserouvrirdenouveauàl'amourmaisplusjerésistais,etplusjesouffrais.Lacarapacequejem'étaisforgéeduranttoutescesannéesétaitcomplètementfissurée.Jemecachailevisageentremesmainsengémissant,complètementperdue.J'entendissachaiseraclerlesollorsqu'ilseleva.Ils'accroupitprèsdemoietlevamonmentondélicatement.-TumeplaisàunpointquetupeuxmêmepasimaginerEléa.Tevoiraveccemecm'a renducomplètement fou. Il n' yaquemoiquipeux te toucher comme ça,monange…Ilaccompagnasesparolesdecaressesquimefirentfrissonner.Sesmainsétaientdoucescontremapeau.Ildessinaitdesspirales le longdemesbras,remontantdansmoncou,effleurantmanuque.Sesyeuxbrillaientd'unéclatsauvage.Ilsecontenaitmaisjedécelaiuneenviepuissantedemeposséder. Ilembrassames jouesavecdouceur,puismonfront,moncou,monépaule.Je tournais légèrement la tête afin qu'il rencontre mes lèvres. Il les pressadoucement,mordillantpuisléchant.Jepassailamaindanssescheveux,ilsétaientdouxetjelesfisglisserlelongdemes doigts. Il m'embrassa avec un peu plus de vigueur et je répondis àsonbaiser.Ilgrondacontremabouche.-Tumerendsfou,bébé…Il s'emparademes jambesqu'il nouaautour de seshancheset se leva. Jemeserraicontresontorse,noscœursbattantàl'unisson.J'avaisterriblementenviede lui. Il me déposa doucement sur un lit et s'installa entre mes jambes.Tellementabsorbéeparmessensations,jenel'avaismêmepassentisedéplacer.Ilmarquaunepause,cherchantmonapprobationpourcontinuer.Jen'eusqu'àmurmurersonprénompourqu'ilreprennemaboucheavecardeur.Sonsexeplaquécontrelemien,jememisàondulerdeshanchespoursoulagerle feu qui s'intensifiait entremes cuisses. Il remontama robe le long demoncorps.Lorsqu'ileffleuramapoitrine,ungémissementrauquesortidemagorge.Il descendit vers mes seins qu'il titilla avec sa langue, léchant et suçotant lemamelondurci.J'attrapai les draps lorsqu'il descendit en déposant desmyriades de baisers surmonventreetmesflancs.Il fit glisser lentement ma culotte trempée le long de mes jambes. J'haletais

Page 81: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

d'impatienceetlorsquejesentissalanguecontremonintimité,jecriaideplaisir.L'orgasmemetransperçatelunfeuardent.Baissantlatêteverslui,jecroisaisson regard incandescent. Il se redressa et fis glisser son pantalon libérantsonmembredressé.Letatouagequim'avait intriguéunpeuplustôtdescendaitjusqu'àlanaissancedesescuisses.Remontantlesyeuxverssonsexepalpitant,je remarquai que son gland était percé ce qui le rendait encore plus intense.Malgrémonpremierorgasme,jelevoulaisencorecontremoi.Leventreenfeu,jevoulaisqu'ilsoulagecedésirquimerongeait.Ilattrapaunpréservatifdanslatable de chevet et l'enfila. Puis, il se glissa au dessus demoi, frôlantmapeaubrûlante.Ilcaressalanaissancedemescheveuxtoutens'installantàl'entréedemonintimité.-Demandemoi,monange...Qu'estcequetuveux?-Toi,jeteveuxtoiEvan...Viens.Apeinecesmotsprononcés,ils'enfonçaenmoi,meremplissantdélicieusement.Il enchaînaavecdesva-et-vientquimedéclenchèrentdes crisdeplaisir. Jenepouvaismecontenir, lessensationsétaientbeaucouptrop intenses.Jesoulevaislebassinpourqu'ilentreencoreplusprofondémentetilnefallutpaslongtempspoursentirlesecondorgasmearriver.-Evan!Maintenant...jevaisjouir,m'exclamai-jedansunsouffle.Il plaqua alors mes hanches contre le lit et me posséda complètement. En uninstant,nousatteignîmesle7emeciel.

Page 82: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Ellem'avait regardé, lesyeuxembuéset j'avais senti fondremoncœur. J'avaisalorsdéposéunemultitudedebaiserssursesjoues.Elleavaitenfouisonvisagedansmoncou,meserrantfortcontresoncorpsnu.Jel'avaistenuainsijusqu'àcequ'elles'endorme,repuedeplaisir.Désormaiscouchésurledos,jefixaileplafond.Eléaétaituncœurpuretmalgrélessentimentspuissantsquejeressentaispourelle,j'étaistiraillépar lesoudainretourdemonpassé.Était-ceunebonneidéedel’entraînerlà-dedans?Aprèscequ'ilvenaitdesepasserentrenous,ilétaitinconcevablequ'ellenesoitplus dansma vie, nuit et jour. Mais je devais régler cette histoire et aurais-jeassezdecouragepour tout lui raconter?Accepterait-ellecettepartiedemavieque j'avais tenté de refouler ? Je ne supporterais pas qu'elle me rejette. Êtrerejeté par des personnes telles quemes parentsm'avaient blessé, plus que jen'avaisvoululemontrer.Maisêtrerejetéparlafemmequel'onaime...Est-cequejel'aimais?Aussivite?Jen'avaisjamaisressentidesentimentsaussifortslorsd'unrapportcharnel.Ellebougea contremoi et samain seposadoucement sur torse. Je la regardais ensouriant.Ellemefixaquelquesinstantsavantdemurmurerd'unepetitevoix:-Quereprésentecettenuitpourtoi,Evan?-Jen'aijamaisressentiquelquechosed'aussiintense,etjenesaispascequisepasserait si je te voyais aussi proche de quelqu'un d'autre, ma douce. J'ai unmillierdequestionsquisebousculentdansmatête,maisjenesuissûrqued'uneseulechose,jeteveuxtouteslesnuitsdansmonlitetêtreprèsdetoilajournée.Jeveuxquetumefassesconfianceetquejesoisleseulquetuaiesenviedevenirretrouver.-Je...jeneveuxquetoi,sic'estcequetumedemandes.Elle caressames tatouages avec douceur, traçant chaque ligne avec ses doigtsfins.-Quesignifiecenombre,là?Demanda-t-elleendésignantmapoitrine.-C’estl’âgedemasœurquandelleestdécédée.

Page 83: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Elleouvritlabouchemaisaucunsonn’ensortit.Jeprissamainetlaposaiprèsdematempe.-Ici,c’étaitl’âgemonmeilleurami.-Pourquoit’infligerça?Murmura-t-elle.-C’estàcausedemois’ilssontmortsaussitôt.J’avaisbesoindecerappelpournepasoublier.Laported'entréeclaquanousfaisantsursauter.Thomasétaitderetour.Rougissante,Elleselevad'unbondetenfilarapidementsesaffaires.Avecundernier baiser hésitant, elle sortit de la chambre. Je rejoignis mon colocatairequelquesinstantsplustard.Ilétaitattablédanslacuisineavecunemontagnedepapiersdevantlui.Jemeprisunecanettedanslefrigoetm'affalaidevantlui.-J'aicroisétacopinequis'enallait.Ilmarquaunepause,unpetitrictusmoqueurauxcoinsdeslèvres.-Car...jenemetrompepas,c'estbientacopinemaintenant?Elleestsortieàmoitiévêtue.Cequevousavezfaitnemeregardepasmaissouviens-toiquejet'aiprévenu,pasd'embrouillesaveccettefillecartuasbeauêtremonpote,situluifaisdumal,onvadevoirenparler.-Jel'apprécievraiment,Thomas,jeneluiferaispasdemal.Leschosesontévoluéescommeellesdevaientévoluer.Lavoiravecunautrem'ajusteouvertlesyeux.Maintenantsiquelqu'uns'enprendàelle,c'estàmoiqu'ildevrarendredescomptes,jepensequec'estassezclair?Illevalesmainsenl'air,unimmensesouriresurlevisage:-Ohoui,c'esttrèsclair!Jesuiscontentpourtoi,cetterelationsonneledébutd'unrenouveauaprèscesannéesdegalère.Leprincipalc'estquevousvoussouteniezquoiqu'ilarrive.Jecomprislesous-entenduetmisledoigtdessus:-Tupensessincèrementqu'ilsvontmeposerdesproblèmes?-Jenesaispas,nousensauronsplusd'iciquelquesjoursmaisessaiedenepasypenserpourl'instant.Chaquechoseensontemps.Enfait,j'essayaisdenepasypensermaisl'échéanceapprochaitetj'étaisdeplusenplusnerveux.Lesrevoirmedonnaitenviedevomir.Jepensaisqueceshistoiresresteraientbienderrièremoiaprèslechantagequ'ilsm'avaientfait.

Page 84: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

J'avaissignéleursfoutuspapiers.Jerenonçaisàtoutetcelam'avaitmêmesoulagé.J'avaisespéréreprendremavieenmainetce,commejel'entendais.Sansavoirpeurdenepassatisfaireetdedécevoir.Pourquoifallait-ilquelesorts'acharnecontremoi?Quandaurais-jeenfinlapaix?-Tun'aspasessayédesavoircequ'ilsfaisaientactuellement,oùenétaientleursaffaires?Peut-êtrequecelatedonneraituneidéedecebrusquebesoindetevoir.Jefrottaisvigoureusementmonvisagedemesmainsetmelevaibrusquement.Jenevoulaisplusenparler.Ilcompritquec'étaitlafindeladiscussionetsoupira.Jequittaislacuisinepourallermedoucher.J'avaislafermeintentiond'accompagnerEléaàlafacetderencontrerceSimon.Jel'attendissurlepalier,sachantqu'elleétaittoujoursponctuelle.Quandellemevit,sonvisages'illumina.Jeglissaismamainsursanuqueetellem'offritseslèvresdansunbaiserpassionné.Elleacceptaavecjoiemapropositionetnouspartîmesmaindanslamain.Simon l’attendaitavecunpetitairmoqueursur levisage.Ilétaitadossécontreunmur,lesbrascroiséssursapoitrine.Ilétaithabillé…bizarrement.Unpantalonàpinces retroussé sur sesmollets, laissait apparaîtredes sandalesen cuir.Unechemiseàrayuresetunchâlecomplétaientl’ensemble.Unchâle??Maisdepuisquandunmecportaitcegenred’accessoire?Ils’approchadenousetserramacopinedanssesbras.Jemeretinsdejustessepournepasluicollermonpoingdanslatronche.Ilsereculajusteavantquejenemedécideàlefaire.-Simon,seprésenta-t-ilenmetendantlamain.-Sonmec,répondis-jeengrognant.Iléclataderireetlevalesmainsenl’air.-Lemessageestpassé,monpote.

Page 85: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Celafaisaitmaintenantquelquesjoursquenousavionsofficialisénotrerelation.Jemesentaisapaiséeetrassuréeàsescôtés.Evanavaituncôtépossessifquimeplaisait. Jeme sentais désirée et ce sentimentm'émerveillait. Le contact de sapeaucontrelamienneétaitunesensationsiincroyablequejenepouvaism'empêcherdeletoucher,toutletemps.Jetravaillaisaubarcesoir,etlatroupeétait au complet. Il y avait foulemais ayant prismesmarques, je parvenais àtenirlemêmerythmequelesautres.J'aimaisl'ambiancedecelieu.Deshabituésme saluaient et félicitaient. Mes prestations de danse étaient attendues avecimpatience. Je programmais ma playlist selon l'humeur du moment et laissaisensuite sortir toutes les tensions qui m'habitaient. Un seul problème s'étaitdéclarédanstoutcebonheur.Jem'étaisfaitedeuxennemies.AurélieetMaevanesupportaientpasmonrapprochementavecEvan.Lapremièretentaitd'accaparersonattentionlorsquej'étaisunpeuoccupéeetlasecondenesegênaitpaspourmeparlerméchammentetmefairepasserpouruneidiotedevantlesclients.Sonattitudemeblessait,d'autantplusqu'elle lefaisaitvicieusement,dans ledosdenoscollègues.Jenevoulaispascréerdetensiondoncjemetaisais.Jedéposaismonplateauàvidersurlecomptoir,lorgnantducôtédemonhomme,quiécoutaitla sangsue lui parler. Il avait beau la repousser, elle ne voulait rien savoir. Jen'étais pas inquiète car le comportement d'Evan indiquait clairement qu'ellel'ennuyait.Eileens'approchademoiets'exclama:-Quelleconnasse,celle-là.Ilestmaqué,çasevoitsuffisammentpourtant!J'ycroispas,ellemériteraitmonpiedlàoùjepense,cettegreluche.Maisçanet'agacepastoi?Jehaussaislesépaulesensouriant.-Mouais,c'estvraiqu'elleestinsignifiantefaceàtoi.Ellenet'arrivepasàlacheville!Jesecouais la tête,amuséeparsonénervement.Ellen'étaitplusobjective,sonamitiéétaitbien trop forte. Irlandaise jusqu'auboutdesongles, j'avaisapprisàcomposeravecsalanguesouventbienpendueetsonfortcaractère.Ellem'impressionnaittouslesjours.Quiauraitcruquederrièrecepetitboutde

Page 86: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

femmesecachaitunteltempérament?Unemainmecaressalebasdudos.Jen'avaisbesoindemeretournerpoursavoirquec'étaitlui.Moncorpsnesecouvraitdefrissonsqu'aveclui.Ilembrassamonoreillepuismurmura:-Jedoisyaller,mabelle.Onneseverraquedemainsoir,j'aiunrendez-vousimportantdemain,jeneseraispaslàdelajournée,ok?Ilm'embrassasurlefrontpuisavecundernierregard,ils'éloignasansseretourner.Jeletrouvaisdistantdepuiscematin,quelquechoseletracassaitmaisilnevoulaitrienmedire.Jerespectaissonchoixmaisaufond,j'étaisinquiète.Uneimpressionbizarrem'étreignitlecœur.Jen'aimaispascettesensation.Thomasmesouritaveccompassion.Ilsavait.Ilsavaittoutd'Evandetoutefaçon.Leuramitiéétaitindéfectibleetj'admiraisl'attachementqu'ilsavaientl'unpourl'autre.Soupirant,jedécidaisd'évacuermonstressparmilesdanseurs.Happéepar lamusique, jedansaisavecpassion, libérantmonâme.Deuxheuresplustard, lesderniersclientsétaientpartis.Nouscommencionsàranger.Maevas'était arrangée pour se placer près de moi. Profitant de l'absence des autres,sortismettre lespoubellesàl’extérieur,ellemebouscula. Jemerattrapaisà latable,frottantmacuissedouloureuse.-Ilnetegarderapas,tulesaisça?Tun'esqu'uneattractiondesortiedeprison,cracha-t-elleavecfureur.Ellemeregardadespiedsàlatêteavecdégoût.-Tucroisfranchementqu'ilenquelquechoseàbattred'unemeufcommetoi??Ondiraitunesauvage.Tun'asaucuneclasse,tun'arienàfaireaveclui.Evanaun seul typede femme. Il voulait justeessayer. Laprison l'a tellementhabituéauxgensdetaracequ'ilavoulusefaireunesalepetitemétisse.Jegardaislesyeuxobstinémentbaissés,choquée.Sesmotsm'avaienttouchée.Desgensdemarace?Onenétaitdonclà?Cettefilleétaitraciste?Jetentaisdem'éloignerlorsqu'elleattrapamonbras.-Tuneserasjamaisàsahauteur.Tunesaisriendesavie.Jepeuxtegarantirqueçanesepasserapascommeça!Lecœurauborddeslèvres,j'échappaisàsonempriseetmeruaiverslasortie.

Page 87: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eileen

Depuis qu’elle était rentrée, Eléa était étrangement silencieuse. Bien plus qued’habitude.Soncorpsétaittenduetellerépondaitàmesquestionsparunsimplehaussementd’épaules. J’avais l’impression de retrouver la jeune fille du début,secrèteetrenferméesurelle-même.Cesdernièressemainesavaientpourtantétébénéfiques pour elle et je pensais qu’elle s’était vraiment bien intégrée à noscôtés.Quelquechoseclochait.Jemedirigeaidoncverssachambre,biendécidéeàobtenirdesréponsesunefoisqu’ellesortiraitdeladouche.Jemeposaisursonlitenregardantautourdemoi.Toutétaitparfaitementrangé,lelitfaitaucarré.j’admiraissonorganisation,machambre était bienmoins ordonnée. Depuis qu’Eléa était là, j’essayais de faireplus attention mais j’étais tout de même loin de la fée du logis. Avant je nerecevaispersonnechezmoi.Je n’avais jamais eu envie d’inviter quelqu’un chez moi. Mais cela avait bienchangédepuis.Etdepuisnotredernièrerencontre,j’avaiseuunpetitcoupdecœurpourSimon. J’espérais donc le convier de nouveau à l’appartement mais pour cela, il mefaudraitl’aidedemacolocataire.Celle-ciapparutd’ailleursdansl’encadrementdela porte et leva les yeux au ciel en constatant que jem’étais installée sur sacouette.Elleenlevalaserviettequimaintenaitsescheveuxetilsdégringolèrentenbouclessouplessursesépaules.Jetapotais laplacevideàcôtédemoipourqu’ellemerejoigne.Dansunsoupir,elles’exécuta.Jeprissamaindanslamienneetnousrestâmesainsi,silencieuses,pendantplusieursminutes.-Qu’est-cequ’ilt’arrive,Eléa?-Riend’important,Eileen.Vraiment.Je me redressai pour m’asseoir face à elle. Ses yeux étaient brillants et je lasoupçonnaisd’avoirpleurédansladouche.Celamefendait lecœur.Jenepouvaispas la laisserserenfermercommecela.j’étaislàmaintenantetjevoulaisqu’ellelesache.-Jesuistonamie.Jeveuxquetucomprennesquetun’esplusseulemaintenant.Situasbesoindeteconfier,n’aiepaspeurdelefaire.Çafaitdubiendeparler.

Page 88: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Tuastoutsupportéseuledurantdesannéesetjesupposequecen’estpasfaciledetelivrerdésormaismaisjenepourraispassupporterdetevoirsitriste.Sonmentontremblasous l’impactdemesmotsetdes larmesroulèrentsursesjoues. Je laprisdansmesbrasen luicaressant ledos.Ellemitdu tempsàsedétendre puis finalement s’abandonna à ses sanglots. Je la berçais doucement,attendantqu’ellefinissededéversertoutsonmal-être.-Jesaisquetueslà,Eileen,maisçavaaller,murmura-t-elle.-Promets-moijusted’acceptermonaidecartuenressentiraslebesoin.Après quelques secondes de réflexion, elle hocha la tête lentement. Je savaisqu’elletiendraitcettepromesse.Jedécidaidoncdepasseràunautresujetquiluichangeraitlesidées.-Et,euh…Çatedérangepassionré-inviteSimonbientôt?Ellerelevalatêteensouriant.-Simon?J’acquiesçaitimidement.Ellefitunepetitemoueetm’avertit:-Jet’aiexpliquécommentétaitlephénomène,Eileen.Ilnefautpast’attendreàgrand-choseaveccebourreaudescœurs,hein?- Je sais bien mais j’aimerais juste… je ne sais pas. Faire une peu plusconnaissanceaveclui.Elle s’empara de son téléphone et composa un numéro. Je fronçais les sourcilspuisplaquaimesdeuxmainscontremaboucheencomprenantquielleétaitentraind’appeler.Oui,Simon.Unapéroàlamaisondemainmidi?…-Génial,Bye.J’avaisenviedefairedessautspartoutdanslachambremaisEléamestoppadansmonélan.-Aulitmaintenant!Jesuisépuiséedemasemaineetsidemain,ondoitenplusselevertôtmalgrélefaitquecesoitunsamedi,j’aimeraispouvoirmereposerunminimum.

Page 89: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-MerciEléa,jet’adore!Jebondishorsdesonlitetsortisdesachambreencourant.Pourmapart,horsdequestiondemecouchertoutdesuite,j’avaisunpeudeménageàfairepourquetoutsoitnickelàsonarrivée!

Eléa

Il était neuf heures du matin et je peinais à me lever contrairement à monhabitude. Les événements de la veille m’avaient pas mal bousculée. J’étaisfatiguée et nauséeuse. Eileen chantonnait dans la salle. Je l’entendais s’activerdepuis une bonne heure. Savoir que Simon allait venir cemidi lui donnait desailes.Ellevenaitdepasserl’aspirateuraprèsavoirvérifiéquejenedormaisplus.J’avaisunpeupeurqu’ellenedéchante si ses sentimentspourmonbinômedecourss’amplifiaient.Cependant, c’était sonchoixet jen’avaispasàm’immiscerlà-dedans. Jeme levaiengrimaçantet sortis lepremierpantalonet lepremiersweetquejetrouvaisdansleplacard.J’attachaimescheveuxencoinçantuncrayondedanspuisrejoignisEileen.Ellem’accueillitavecunénormesourireauxlèvresetcourutdanslacuisinepourmepréparer une tasse de thé. Jem’installai au comptoir en la regardant s’activer.Cettefilleétaitlumineuseetj’appréciaisvraimentsacompagnie.Sadéclarationdelaveillem’avaitbeaucouptouchée.Je savais qu’elle voulait m’aider mais j’avais toujours appris à me débrouillerseule.Etquepouvais-jeluidire?Que je venais de découvrir que notre collègue de travail était une raciste quiavaitdécidédefairedemavieunenfer?J’étaissuffisamment fortepourgérertoutçamoi-même.Jem’étaispresqueeffondréedevantsesproposmaiscelanemeressemblaitpas.J’allaisluimontreràcettedindequejenefaisaispaspartiedecellesquiselaissaientmarchersurlespieds.Passerunbonmomentavecmesamisallaitmereboosteret jeseraisprêteà l’affronter,peu importecequecelaengendrerait.J’eusunepenséepourEvanquin’étaitpasprésentaujourd’hui. Ilnem’avaitpasparlédelaraisondesonabsencemaisjeluifaisaisconfiance.S’ilavait besoin de se confier, je serais là tout comme Eileen avecmoi. J’espéraisjustequ’ilenétaitbienconscient.Montéléphonesonna.-Eléa ? Ilme semblait bienque tu étais réveillée, ça avait l’air debienbougerdansl’appartementquandjesuisparticematin.

Page 90: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Jepouffaienregardantmonamiesebattreavecleplaidducanapé.Ellen’arrivaitvisiblementpasàlemettrecommeellelevoulait.-Oui,nousavonsdelavisitecemidi,etEileenestdanstoussesétats.Tuvoulaismeparlerdequelquechose,Thomas?-Effectivement.Est-ceque tupourrais te libéreren finde journéeetpasserauCentre,afinderencontrerlesjeunesfillesintéresséesparlescoursdedanse?-Euh,ouipasdeproblème.-Jet’attendsdoncpourDix-septheures.Bienentendu,tuneseraspasdeserviceaubarcesoir.-Cameva.Et,euh…Tuasdesnouvellesd’Evan?Unsilenceaccueillitmaquestionpuisilsoupira.-Non,pasencore.Maisnet’inquiètepaspourlui,ok?-Oui,merciThomas.Il raccrocha et jeme levai demon siège. Il fallait que je pense à autre chose.J’attrapaileplaiddesmainsd’Eileenetentreprisdelemettrecorrectement.-Quevoulait-il?-IlveutquejesoisauCentrepourfaireconnaissanceavec lesjeunesquivontfairepartiedemongroupededanse.-C’estgénialquetuaisacceptésaproposition.Çavateplairede travailler là-bas. L’ambiance est très sympaet enplus c’est vraiment biendepouvoir aidertouscesados.J’allaispouvoirappréciercelabienasseztôt.Jen’étaispastrèsàl’aised’avoirunetelleresponsabilitémaisaufinal,pourquoipas?Ilyaquelquesannées,j’auraisaiméfairepartiedecesfillesayantcetteopportunité.J’étaissûrementlamieuxplacéepourlesaideràgérerleurssentimentsavecdeladanse.Jefisroulermesépaulespouressayerdemedétendrepuisjememisàfairelelistingdecequenouspourrions trouveràgrignoterpour ledéjeuneretquiconviendrait ànotreinvité.

Page 91: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Simon

Eléam’avaitinvitéàprendrel’apérochezelleunmidi.J’avaiséclatéderireàsaproposition. Cette fille était complètement décalée. Unmidi ? Comme chez lespapiset lesmamies?Cette idéeétaitbizarre,mais je l’avaisacceptéavec joie,ravidepasserunepartiedelajournéeavecdeuxfemmesaussicharmantesquemagnifiques. Eléa avait sous-entendu être attirée par son voisin de palier. Jecomprenaismieuxcesréticencesàmonégards.Enmêmetemps,pourqu’unefillemerésistec’estqu’ilyavaitforcémentunconcurrentplanquéquelquepart.Maisaufinal,peuimporte.J’avaisfaitconnaissanceavecsacharmantecolocataireetilme tardait de la revoir pour lui sortir le grand jeu. Cette petite brune, aussigrande que mini-pouce avait un caractère qui me plaisait. Elle n’avait pas salanguedanssapocheetj’aimaislepetitjeudetaquineriequis’étaitinstallélorsdenotrepremièrerencontre.Ilétaitmiditapante.Jevenaisd’arriverdevantleurporte,m’étantserviducodequ’ellem’avait précédemment donné pour franchir la porte d’entrée. Je frappaitroiscoupsetattendisquel’onviennem’ouvrir.Levisagerayonnantd’Eileenapparutdansl’entrebâillement.-Eh!SalutRoucky!Vas-y,entre!Jegrognaidevantlesurnomqu’elles’obstinaitàm’affubler.-Salutdemi-portion,répondis-jeensouriantlargement.Ellemetiralalangueenplissantlesyeux.Eléaarrivapournoustempérer.-Allons,allonslesenfants.Vouspourrezvousbattreaprèsledéjeuner,pouffa-t-elle.Nouslasuivîmesdanslesalonoùtoutétaitinstallé.-Alors les filles, qu’avez-vous prévu de votre week-end ? Demandais-jenonchalamment.-JedoisallerauCentrecetaprès-midi,réponditaupremièreEléa.

Page 92: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Ne fais pas cette tête, la réprimanda Eileen en se moquant. Tu va aimer cetendroitetjesuissûrequetuvasêtresurprisedetonpotentield’enseignante!-Enseignante?m’étonnais-je.-Oui,deladanse!s’exclamefièrementmademi-portion.Elleselevaetesquissaquelquespasenriant.Sacolocatairelevalesyeuxaucieltandisquej’enprofitaipourdétaillerl’apprentiedanseuse.Elleavaitmisunerobeenmaillebeiges’arrêtantàmi-cuisse.Sescheveuxbrunsétaientrelevésenunchignon désordonné et quelques boucles encadraient son visage parsemé detachesderousseur.Sesyeuxbrunspétillaientdemalice.Cettefilleétaitlajoiedevivreincarnée.Ellemepointasoudaindudoigt.-Ehtoi!Viensdanseravecmoi!Pardon?Maiselleétaitvraimentgivrée.Jelevaimonverrepourluimontrer.-Nondésolémasouris,pasavantquetoutcetalcooln’aitimbibéchaqueparcelledemoncorps!Elleéclataderireetpritlamaind’Eléaquin’eutd’autrechoixquedelasuivreenmaugréant. Il était vraiquec’étaitdifficilede refuserquelquechoseà cettefille.Mabinômedecoursétaitdifférenteàsoncontact.Plusouverteetaccessible.A la fac, elle se renfermait sur elle, n’acceptant de ne discuter qu’avec moi.J’appréciaiscettemarquedeconfianceàsajustevaleur.Ellemedonnaitenviedela protéger. Je ne savais quasiment rien d’elle, me contentant des bribesd’informations qu’elle me fournissait inconsciemment au détour de nosconversations.J’enavaisdéduisqu’elleavaitpassébeaucoupdetempsseuleetquesarencontreavecEileenétaitentraindetoutchanger.C’estainsiquejem’étais intéresséàsonamie,intriguéparlegenredepersonnequiavaitsusemontrerdignedesonamitié. Et il fallait avouer qu’en à peine deux rencontres, j’étais moi-mêmeconquis.Eileenétaitunpetitélectronlibre,selaissantguiderparchacunedesesémotions.J’appréciaissasimplicitéetsonnaturel.Ellen’hésitaitpasàmetaquineretcelameplaisaitdeplusenplus.Elleétaitdifférenteet j’avaisenviede laconnaîtrebiendavantage.

Page 93: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 94: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

Nousétionscinqautourdecettefoutuetable.Mesparents,lenotaire,l'avocatetmoi.Jen'avaispasdormi,enproieàdeshaut-le-cœurincontrôlables.Levisagetiré,jedevaisavoirl'aird'undangereuxcriminelcarmesparentsn'osaientpasmeregarder.Mamèreétaittoujoursaussiblonde,lacoiffureimpeccablementfaite,levisagefigéparsesinnombrablespiqûresdebotox.DroitecommeunI,j'avaisfoutrementenviedeluienleverlebalaiqu'elleavaitplantédanssoncul.Monpèreétaitrestédebout,lesbrascroisés,dansuneattitudededéfi.Lenotaireseraclalagorge,conscientdelatensionprésentedanslasalle.-Merciàtousd'avoirpuvousprésenteràcerendez-vous…-Commesinousavionslechoix,crachai-jeàvoixbasse.Mamèreeutunhoquetdestupeur.Jelaregardaisméchamment,espérantluimontrertoutelahainequej'éprouvaispourelleencetinstant.-Je continue... Nous sommes ici concernant le testament de Monsieur MauriceDepuyssat,décédéilya6mois,jourpourjour.-Enquoiest-cequetoutcelameconcerne?coupai-jedenouveau.Ilmesemblequej'aiétérépudié,lespapiersontétésigné.Jenevoispaspourquoimaprésenceestindispensable.-ÇasuffitEvan,rugitlavoixfortedemonpère,ilseraittempsquetutepliesauxrègles.Tueslàpouruneraisondoncmaintenanttutetaisettuécoutes!Jemelevaisd'unbond,lecorpstremblantderage.-Nemereparlejamaissurceton!Tun'esrienpourmoi,negâchepastasaliveàmedonnerdesordresquejenerespecteraisjamais.Jemefousdetonavis,decequetupensesetdecequetuveux,est-cequec'estbiencompris??-Messieurs,veuillezvousasseoir,tempéral'avocat.Terminonscelaauplusvite.

Page 95: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Jemerassisbrutalement,lecorpstenduàl'extrême.-Letestamentairesouhaitedoncannulerlestermesducontratrédigéensonnomentrelespartiessuivantes:NellyetRichardDepuyssatetdeleurfilsEvanDepuyssat.MonsieurEvanDepuyssatrécupèredoncsespartsdanslasociétéD'Import-exportd'unevaleurde25%.Asavoir,queletestamentaireoffreles25%appartenantàMademoiselleSarahDepuyssat,décédéeàcejour.MonsieurEvanDepuyssatdevientdonccopropriétairedelasociétéaumêmetitrequeMonsieuretMadameDepuyssat.Mesparentspoussèrentuncrideconcert.-Comment?C'est inadmissible!Nousne laisseronspas faire.Maisqu'avaitdonccevieuxfouentête?!Ilesthorsdequestionquecettesociétéappartienneàcemoinsquerien!Edward,ditesquelquechose!L'avocatposamamainsurl'épauledemonpaterneletluichuchoteal'oreille.J'étais tellement choqué que je ne pouvais plus bouger. Mon grand-père meréintégraitdansuneviequej'avaisdétestée.Jevoulaishurlerdecolèremaisjenepouvaispasabandonner lapartiecommecela.J'avais lapartdeSarahentrelesmains.Qu'aurait-ellesouhaitéfaireàmaplace?Jevoyaissonpetitvisagerieuretcelamefenditlecœur.NeleslaissepasgagnerEvan.Bats-toietfais-leurenbaver.Voilàcequ'elleauraitdit.Maisenavais-jelaforce?Pouvais-jemepermettrederepartirdansuneguerresansmercicontreeux?-Jen'aipasfini,interpellalenotaire.Cettedécisionpeutêtrerévoquéesilesdeuxpartiessemettentd'accord.Jenesauraisqueconseilleràsonpetit-filsdenepascédersespartsdel'entrepriseàmoinsdetroismilliond'euros.Je sentismamâchoire se décrocher. Troismillions d'euros? Une bagatelle pourmes parents mais une chance inespérée de me construire une nouvelle vie.Malgrécela,jenevoulaisriendevoiràcespersonnes.Cesgensm'avaientpiétinétellement d'années que celam’écœurait d'accepter cette énormemascarade. Jevoyais déjà le cerveau de mes parents fonctionner à toute allure. Ils seconcertaientduregard,sachantdéjàquelleoptionétaitpréférable.-Peut-onyréfléchir?demandais-je,pensif.-Biensûr,cegenrededécisionetquiplusest,dansl'étatactueldeschoses,nepeutêtrevalidéeaussirapidement.Sansunmot,jemelevaietsortisdelapièce.J'atteignaislehallderéception

Page 96: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

lorsquelavoixfortedemagénitricem'appela.-Evan,m'arrêta-t-elleàboutdesouffle.Réfléchisbien.Nousnesommespasplusenchantésquetoidecettedécisionmaisilseraitpréférablequetuacceptescetargent.-Tut'enfichedecetteentreprisedetoutefaçon,grognasonmari.Réglonsleschosesrapidementetrepartonschacundenotrecôté.-Jevaisyréfléchir,martelais-je,appuyantbiensurchaquemot.-Maisàquoitujoues,bordel!s'exclama-t-ilàboutdepatience.Lechoixestpourtantclair!-Jevouscontactelorsquemadécisionseraprise.Tournantledosàleurvisagepleindecolère,jem'éloignaisavecl'espritremplide doutes. Il fallait que je me débarrasse de toute cette colère que j’avaisemmagasinéedurantcerendez-vous.JeprisladirectionduCentre.Ilétaitdix-huitheurespassées,ilnedevaitplusyavoirgrandmonde.JesaluaiJulie,toujoursfidèleàsonposte.Damiens’apprêtaitàpartir.Jeluiserrairapidementlamain.-Çavamec?s’inquiéta-t-il.-Ouais,t’inquiète,marmonnais-jeavecfroideur.Il fronça les sourcils mais n’insista pas. J’entrai dans le gymnase et pris ladirection du sac de frappe. Je fis craquerma nuque et sansmême prendre lapeined’enfilermesgants,jememisenaction.Mesarticulationscraquaientsouslaviolencedescoupsmaisjem’enmoquais.Jefaisaispeuàpeulevideetc’étaittoutcequicomptait.Ce fut ladouleurdansmesmainsquime fisarrêter. Je respiraisbruyamment,desgouttesdesueurperlaientsurmonvisageetlelongdemondos.Jefisbougermesmains,tentantdelesdécrisper.Mesjointuresétaientensang.Jerelevaislatêtepourm’apercevoir que l’endroit était vide. L’horloge indiquait pratiquementlesdix-neufheurestrente.J’avaispourtantl’impressiond’êtrearrivédepuispeu.Je reprenais peuàpeu consciencedesbruits quim’entouraient et le son d’unemélodiem’interpella.Jem’avançaisverslasallededanse,quiétaitentrouverte.Qui pouvait bien s’y trouver ? Thomas avait-il trouvé quelqu’un pour sonprojet?Lasurprisemefigeainstantanément.Eléasemouvaitavecgrâce,adaptantsesmouvementsautempodelamusique.Elleenchaînaitclassiqueetcontemporain.Elleportaitundébardeurqu’elleavaitremontésursonventreplat.Son pantalon de danse était retroussé à la taille dévoilant la finesse de ses

Page 97: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

hanches.Elleoscillaitàprésentsursespointes,étendantsesbraslentementau-dessusdesatête.Lesyeuxfermés,sonvisagereflétaitunepaixquej’auraisaiméressentirencetinstant.Maislavoiraussimagnifiqueetsensuellemedonnaitenviedelaprendredansmesbrasetdesoulager ledésirquienflaitdansmonpantalon.Ungrognementpossessifmonta dansmapoitrine. J’avais besoin d’elle. Elleme remarqua alorsdans les miroirs qui lui faisaient face. Elle pencha la tête et se retourna aumomentoù,ni tenantplus, jeprismonélanpour la rejoindre. Ellem’accueillitcontreelleengémissant.Jeplaquaimabouchecontrelasienne,mélangeantsonsouffleaumien.Jelasoulevaitandisqu’elleenserrameshanchesdesesjambes.Son intimité se colla contremon sexe douloureux. Jem’agenouillai et la posaidélicatement contre le sol. J’étais au-dessus d’elle à présent, mes mainss’attardant sur chacune de ses courbes. Elle ondulait du bassin, cherchant uncontactpouvantnousapaiser tous lesdeux.Me regardantdroitdans lesyeux,ellemurmura:-Tumemanques,Evan.Moncœurseserradansmapoitrine.Cettefillemerendaitdingue.Jel’embrassaiàperdrehaleine,glissantmamaincontresonentrejambe.Ellehaletacontremonoreilleet ilne fallutpas longtempspourqu’ellese laisseemporterpar l’extase.Elleétaitsiréceptiveetsiparfaite.Je ne savais plus comment l’inclure dans toute cette folie quimenaçaitma viedéjàsicompliquée.Aurait-elle lecouragedesebattreàmescôtés?Avais-je ledroitdel’entraînerdanscedésirdevengeancedeplusenplusprésentenmoi?

Page 98: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Depuis notre étreinte dans la salle de danse, peu après son rendez-vous quil’avaitmisdanstoussesétats,Evanétaitdifférent.Perdudanssespensées,ilpassaitdesheuresetdesheuresau centre sportif avec Thomas. Quand j’y étais pour mes cours, il ne faisaitpresque pas attention à ma présence et je n’osais pas l’aborder. Nous nouscroisionsavantmondépartaubarmaisilnem'accompagnaitplus.Jemeretranchaisdansmatête.J'étaisd'autantplusmalàl'aisequeleharcèlementdeMaevaétaitdeplusenplusvirulent.Lesdoutess'installaient.Chaquesoir,jedansaisavecencoreplusderage,afindelibérermonesprit.Eileenmesentaitnerveuseetessayaitdemequestionnermaisjehaussaislesépaulesenfuyant.J'étaismaletcesentimentmerongeait.Je m'étais offerte trop rapidement et j'en payais le prix. De retour àl'appartement,jem'enfermaisjusqu'aulendemainmatin,oùjerepartaisàpeinelevée.Simonrestaitsilencieuxmaisilétaitprésent.Ilnemequittaitpasd'unesemelle,sentantmadétresse.J'avaisenviedepleurer,dehurleretdem'écrouler.Maisjerestaisstoïquecommej'avaissibienapprisàlefaire.Jemesentaisridiculedememettre dans un tel état pour un garçon que je ne connaissais pas depuislongtemps,maisc'étaitplusfortquemoi.EtcelaassociéàMaevan’arrangeaitpasmonétat.Jem’étaispourtantpromisdeluifairefacemaisj’étaistroppréoccupée.Toutsemélangeaitdansma têteet jen’arrivaisplusà faire face.Mais il fallaitque jeme ressaisisse et que jeme concentre sur les choses importantes. Mesétudesétaientmapriorité.Jebossaiscommeunedingueetobtenaisdebonsrésultats.Mesprofesseursm'avaientfélicitéetsijecontinuaissurcettelancée,monsemestreseraitvalidéhautlamain.Commechaquejour,Simonmontaitdanssonbustandisquej'attendaislemien.Assisedansl'abribus,jelaissaismonregarderrerdanslarue.Lefroidétaitunpeumoinsprésent.Lespassantsétaienttoujoursemmitouflésmaisilssortaientdavantagemaintenant.J'aimaisévaluerleniveaudeviedechacunetjeleurinventaisunevie,représentantcequejem'imaginaisd'eux.Monregards'arrêtasurunegrosseberlinebleue,garéeunpeuplusloindansl'avenue.Lesgensquilapossédaientdevaientêtreaisés.Garéejustedevant,lavieilleFiatsemblaitavoirétépasséaurouleaucompresseurtellementelleétaitabîmée.Uncouplemarchaitmaindanslamain,lesourireauxlèvres.Jedétournaisbrutalementlesyeux.Cegenredecomplicitémerendaittristeaujourd'hui,jepréféraiséviter.Unpetitchienmereniflaleschaussuresavantderepartir,traînantlepasderrièresamaîtresse.Monbusarrivait.Jemelevaisenpréparant

Page 99: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

monticketquandjevisMaevamonterdanslaberline.Fronçantlessourcils,j'espéraisqu'elles'étaitdégotéeunnouveaumec,etqu'ellelaisseraitenfinlemientranquille.Deretourchezmoi,jefilaidanslasalledebain.Ilmerestaitplusieursheuresavantdemerendreaubaretj'avaisbesoindemedétendre.M'examinantdanslemiroir,jeconstataisdenouvellescernessousmesyeuxetmes cheveux étaient ternes. Je sortis les produits d'Eileen afin deme faire unmasqueetunsoin.L'eauchaudecoulaitsurmoncorps,délassantchacundemesmuscles.Lejetd'eausurlevisageetlesmainsretenantmescheveux,jepensaisàmesamisdanseursderue.NousavionséchangédesSMSetilsm'informaientquelesétudes prenaient lemaximum de leur temps. Cependant, ils avaient trouvé unpetitendroitpourseretrouveretdanser.Ilsespéraientrevenirpourlesvacancesde printemps et voulaient me revoir. J'en étais bien évidemment ravie etj'attendaiscemomentavecimpatience.Unemain se posa soudain surmon flanc. Je sursautai avec un cri d'effroi.Desyeux gris bleutés me scrutèrent. Evan m'avait rejoint. L'eau ruisselait sur sontorsenu.Ilavaitgardésonjeanquisetrempainstantanément.Bouchebée,jeleregardaiss'avancer,secollantcontremoncorpsmouillé.Jenepouvaispasparler,jenevoulaispasparler.J'étaistellementblesséeparsonchangementdecomportementsisoudain.Jem'étaisouverteàlui,maisilnemefaisaitpasassezconfiancepourmeparlerdecequ'ilavaitsurlecœur.Jenevoulaispasresteraussiprochedelui,pascommeça.Jevoulaislerepoussermaisilsecoualatêteetpritmonvisageentresesmains.-Jesuisdésolémonange.Il m'embrassa avec tendresse,me répétant combien il était désolé. A force decajoleries,jemesurprisàleprendredansmesbras.Jemesentaisfaiblemaisjenepouvais pas le sentir si prêt et nepas le toucher.Sesbaisers se firent plusintenses et j'y répondis avec force. Les mains plaquées contre mes reins, ilapprochamonbassindusien.Unéclatmétalliqueattiramonregard.Leboutdesonglandpointaithorsdesonjean.Jedéfislesboutonsetletiraisverslebas.Sonsexedresséapparutdevantmoi.Jeleprisdansmamain,lecaressantdanstoutesalongueur.Malanguetitillaleboutpercé.Ilagrippamescheveuxavecunrâle de plaisir. Je montais et descendait, donnant le rythme. Ses hanchessuivaientlacadence,tandisquejemetenaisàsesfessesmusclées.Ilmesoulevasoudainsanseffortetmetournacontrelaparoi.J'entendislebruitcaractéristiqued'unemballagequel'ondéchire.Il s'assura que j'étais prête, caressant mon intimité déjà bien ouverte. Il mepénétraavecforce,plaquantsonbassincontremesfessesenuneseulepoussée.Je gémis de douleur et de plaisir cumulés. Il embrassamon coume laissant letemps dem'habituer puis je l'incitai à reprendre, ondulant contre lui. Bloquantmes hanches de sesmains, il me posséda furieusement. En feu, je criaismon

Page 100: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

plaisir jusqu'à lajouissanceabsolue.Ilseretiraendouceuretsedébarrassadupréservatif.Aprèsnousavoirnettoyés,ilm'enveloppad'uneservietteetmeportajusqu'àlachambre.

Evan

JevenaisdequitterEléa.Ellesepréparaitpourserendreaubar.Toutelasemaine,jem'étaissenticoupabled'avoirgardémesdistances,maismonespritnesavaitplusquoipenser.J'avaisbeauretournerleproblèmedanstouslessens,jenevoyaisqu'uneréponsepossible.Thomasm'enavaitdissuadémaiscettefois-ci,jen'étaispasd'accordaveclui.Jenepouvaispasacceptercetargent,solutionbeaucouptropfacile.Jevoulaisqu'ilsenbaventetqu'ilsmesupplient.Jevoulaisqu'ilspaientpourleursdécisionsinfectesetquiavaientfaitsouffrirtantde monde. Je les avais contacté pour donner ma décision. Mon père m'avaitraccrochéaunez.J'avaisensuiteprisrendez-vousaveclenotairepourvalidercechoix.Nousdevionsnousrevoirpourlessignaturesavantlafindelasemaine.Jen'étaispastranquilleconcernantmarelationavecEléa.Cedésirdevengeancenecadraitpasaveclaviequejesouhaitaisluioffrir.Jem'étaiséloigné,espérant...jenesaismêmepascequej'espérais.LavoirsimalmerendaitfoudedouleuretlorsqueEileenm'avaittrouvépourmebalancermesquatrevérités,j'avaisalorsprissesclefsetj'avaisimmédiatementretrouvémabelle.Lavoirainsivulnérable,tremblanteetnuesousladouchem'avaitremuéauplusprofonddemonêtre.J'avaisbesoindecettefille.Montéléphoneannonçaitplusieursappelsavecmessages.Jelesécoutaisavecattentionpuisrappelaitlenuméro.-Maeva?.....Ok,j'arrive...BoulevardHaussmann,aucafédelagrandeplace.Maisquemevoulait-elleencore?IlétaittempsquejemettelespointssurlesI.SoncomportementenversEléadevenaitdeplusenplusdéplacé.J'avaisremarquéquelquesregardsmauvaisquim'avaient fortementdéplu.Jeprismonblouson,puissortis.Jepénétraisdanslecafé,essayantderepérerlatêteblondequim'intéressait.Jelavisunpeuàl'écart.Elleselevapourmefairelabisemaisjel'arrêtaid'ungeste.-JepenseavoirétéassezclairMaeva.Çasuffitmaintenant.Toietmoi,cen'estplus possible. Il faut que tu passes à autre chose. J'ai quelqu'un dans la viemaintenant.

Page 101: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-MaisEvan,tuterendscompteavecquitusors?Cette...cettefillen'estpascellequ'iltefaut.Regardelaunpeu.Ellen'estpasdetonmilieu,ellenet'apporteraquedesproblèmes.Ellevientdelaruetoutdemême.Jebouillonnaisderage.Pourquiseprenait-elle?J'avaisenviedelatirerparlescheveuxpourladégagerdemavue.J'allaisrépliquervertementlorsqu'unemainfermes'appuyasurmonépaule.Maevameregardaperfidementpuisseleva.-MonsieurDepuyssat!Bonjour,jevousfaislabisequandmême.Votrefemmen'apaspuvenir?Jemetournaisbrusquement.Commentconnaissait-ellemonpère?Devinantmaquestion,ellehaussalesépaules:-J'airencontrétonpèreilyapeu,complètementparhasard.Ilm'atoutdesuitefaitpenseràtoi.Sanslestatouages,laressemblanceestquandmêmetroublante,minauda-t-elleensouriantàmonpaternel.Nousavonsdiscutéetilpensaitquej'étaistapetitecopine,c'estdrôlenon?Monpèrelaregardaavecchaleurpuisserecomposaunmasquedeglace.-Mafemmen'apaspuselibérer.Toutecettehistoirelarendmalade,répondit-ilsansmêmeunregardversmoi.Ils'installaà la tableetenlevasoncouvre-chef.Sesyeuxbrillaientd'une lueurétrange.JedoutaisfortementdelasincéritédeMaevaconcernantcetterencontrehasardeuse.Elleavaitcertainementdûserenseigneretmesparentsn'étaientpasdifficileàtrouverlorsquel'onsavaitquiappeler.-Evan...mesalua-t-ilsèchement.Tamèreetmoi,nousnoussommesfaitsàl'idéedetadécisiond'êtreassociédansl'entreprise.Maintenantilyacertainesconditionsàprendreencompteetjeveuxquetum'écoutesattentivement.Êtreassociéde l'entreprise veutdire êtreprésent en son sein.Nousdégageonsuneimage de marque auprès de nos investisseurs et il faut que cela continue. Tucomprendrasdoncquetafaçondevivreettecomportercommetulefaisaisjusque-là n'est plus envisageable. Maeva est venue me trouver avec desinformationsquim'ontchoquéetquisontinadmissiblespourl'imagedel'entreprise.TufréquentesuneSDFetquiplusestuneSDFd'origineétrangère?Quepenses-tuquelesjournauxvontdireàcepropos?Aveccecomportement,tuvassimplementcoulercetteentreprise!-Parcequejefréquenteunefemmemagnifique,jevaisfairecoulerlaboîte?Maisvousmeprenezvraimentpouruncon!-Çasuffit,cracha-t-ilentresesdents.Cettefillenepeutplusfairepartiedeta

Page 102: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

vie,tumecomprendsbien?-Maisladécisionneterevienspas,Richard!Ilsortitalorsundocumentdesonattaché-casequ'ilm'ordonnad'ouvrir.Choqué,jeparcourussoncontenu.Lerèglementdel'entrepriseyapparaissaitnoirsurblanc.Rienn'étaitillégalmaismarelationavecEléan'étaitpascompatibleaveccequejevenaisdelire…-Tuaslechoixmaintenant,Evan.Tugardestespartsdelasociétémaistuteconfortesànosrèglesoualors...IlmesembleavoirentendudirequetonamiThomass'ensortaitplutôtbiendepuisqu'ilavaitreprislasuccessiondesononcle?IlregardaMaevad'unaircomplicepuisacheva:-Unmalheurestsivitearrivé…

Page 103: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

J'étaisaubardepuisdeuxbonnesheures.Lasoiréebattaitsonplein,jeriaisetjedansais.Eileenmeregardaitd'unœilbienveillant,devinantnonsansmal,laraisondemonchangementd'humeur.Elles'approchedemoietmedonnaunpetitcoupdefesses.-Onditmerciqui?J'éclataiderireenluidéposantunebisesonoresurlesjoues.-Toutn'estpasencoreréglémaismerci.Rienn'étaitrégléd'ailleurs,nousn'avionspasparléaufinal.Ildevaitnousrejoindre dans la soirée et j'étais impatiente de le retrouver.Maevanem'avaitpasencoreagressée,maisellemelançaitdesregardsmoqueurs.Arrivéeunpeuenretard,elleétaitparticulièrementjoyeuse.Eileenetmoinousnousregardionsrégulièrement,surprisesparsoncomportement.Thomasm'interpella:-S'ilteplaît,ilmefaudraitunstockdecanettesdanslaréserve,tupeuxallerenchercher?Jelaissaimonplateausurlecomptoiretm'exécutais.Laréservesesituaitàl'étagedudessous,prèsdubureaudeThomas.Jetrouvairapidementlescaissescontenantlescanettes.Jeduslutterunpeuavantdelessortircarellesétaientcoincéeslesunesauxautres.Jetendisl'oreilleenattendantquelqu'undévalerlesescaliers.Eileendébarquaencatastrophe.-Oh,tutombesbien.J'aiunpeudemalaveccescaissettes.Est-cequetupeuxm'aider?Commeellenemerépondaitpas,jemetournaiverselle.-Eileen?Sonvisageétaitrougeetellesebalançaitsursespieds.

Page 104: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Je...Oui,Thomasauraitaussibesoindesbouteilleslà-basainsique..que…Ellecherchadanslapièceetmedésignadesbouteillesdejusdefruits.-Oui,çaaussi!!-Çava,Eileen,tuasl'airbizarre?-Oui,oui,jeremontelescaissettes.Elletentademelesprendredesbrasmaisjevoyaisbienqu'ellepeinait.Jem'agaçailégèrement.-Arrêtetoncinéma,jelesremonteetjereviens.Jesuispayéepourcela,net'inquiètepas!J'avançaidanslesescalierstandisqu'ellemesuivaitàlatrace.Fronçantlessourcils,j'accélérailepasetfonçaiderrièrelebar.Meredressant,jenetrouvaipasThomasàsaplacehabituelle.Jelecherchaiduregardpourletrouveràdeuxpasdelasortie.Sondospuissantmecachaitlavuemaisilétaittenduets'exprimaitavecforce.Jen'auraispasaiméêtreàlaplacedelapersonnequisefaisaitpasserunsavon.J'allaismedétournerlorsquejereconnusAurélie...etlebrastatouéautourdesonépaule.Cen'étaitpaspossible??Jefermaislesyeux,espéranteffacercesimages,maislesrouvrirfûtpire.Jelesavaisbiensousmonnez.EvanetAurélie,l'uncontrel'autre.Commentosait-ilmefairecelaalorsqu'ilétaitencoreenmoiquelquesheuresauparavant?Eileenposaunemain fraîche surmonbras.Horrifiée, je labousculai pourmeréfugierdanslestoilettes.Maevasepointadevantmoiavantquejenepuisseyaccéder.-Oooooooooh,nemedispasquetuestristeEléa?Net'avais-jepasprévenu??Ilprenaitjustedubontempsavectoi.Tun'espassongenre!Jen’enpouvaisplus.Lahainequej’éprouvaisencetinstantétaitenpartiedûeàcette fille. Je n’avais jamais rencontré une personne aussimauvaise et aimantautant fairedumalauxautres. Je lui crachaiauvisage.Elle se reculad’unairdégoûté,ens’essuyantlajoue.-Dégagedemonchemin,espècedesalopeoujeteprometsquelanégressevatepéterlesdentsettelesfairebouffer,sifflai-jeaveccolère.

Page 105: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Tucroisquetumefaispeur,ricana-t-elle.-Acomparernosvies,jepréfèrenettementdepasêtrecellequiouvrelescuissesdevant le premier venu. Il est avec ta cousine, là, pauvre conne. Tu croissincèrementquec’estavectoiqu’ilvavouloiralleraprèsça?Tun’esrienpourluiMaeva.Avecuncalmeque j’étais loinde ressentir, je lacontournaietmedirigeaiauxsanitaires. Je bloquais la porte, en essayant de récupérer ma respiration. Leslarmes dévalaient mon visage. Je n’allais pas tarder à vomir. Mon estomac seretournaetj’eustoutjusteletempsdemeprécipitaiverslelavabo.Assisesurlesolpoisseux, je tentaide reprendremarespiration.Jedevaismecalmer. Ilétaitindispensablequejereprennecontenance.Jenepouvaispaslesaffrontercommeça,nimontrermadétresse.Jemepassaiuncoupd'eausurlevisage,reprismacoiffureetinspiraiunboncoup.Lorsquejesortis,jeparvinsàmecomposeruneexpressionneutreetmedirigeaidroitsureux.Auréliesecouladavantagecontreletorsedecetteenflure.Ilrelevalesyeuxetattenditl'attaque.Jelegiflaidetoutemesforcespuisj'apostrophaisThomas.-Jedoisteparler,jet'attendsdanstonbureau!Jerepartisd'unpasdigne,lamainbrûlante.Madécisionétaitprise.

Page 106: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eileen

J’étaissouslechoc.Jenecomprenaisplusrien.Commentavait-ilpuluifaireça?EléavenaitdepartiravecThomasetjelesregardaistousavecdégoût.AurélieetEvan me donnaient envie de vomir. Je m’approchai de lui pour lui cracher auvisage.-Tun’esqu’unmonstre,Evan.Tuesignoble.Maevas’approchademoi,menaçante.-Mais ferme la, Eileen ! Tu en as pas marre de vivre dans ton monde desbisounours??Ouvrelesyeux!C’étaitcourud’avancequecette…métèquen’étaitpasfaitepourlui.Soudainpluspersonneneputmeretenir.Avecuncridefureur, jemejetaisurelle.Surprise,ellebasculasurl’unedestables.Lesclientsselevèrentd’unbondencriant.J’attrapaisescheveuxentirantdetoutesmesforces.Jelagriffai,lafrappai.Jenerépondaisplusderien.J’étais devenue un concentré de fureur. Comment pouvait-elle la traiter ainsi ?Auréliem’attrapapourme faire reculermais jeme retournaid’uncouppour lagifler.Elleplaquasamaincontresajouerouge.Maevaenprofitapourmepousserviolemment. Je faillis tomberà la renversemaisEvanmeretintde justesse. Jemedégageairapidement,dégoûtéequ’ilsepermettedemetoucher.-Cettepetiteconnen’aquecequ’ellemérite.Ellen’avaitqu’àresteraufondducaniveau,c’estlàqu’étaitsaplace,continuaMaeva,complètementhystérique.Cependantellenes’attenditpasàcequeThomas laprenneà lagorge.Tout lemondesetût,stupéfaitparsaviolence.Ilétaitfigé,samainbloquantlesinjuresqu’elle allait continuer de proférer. Son visage était devenu aussi froid queterrifiant.Sesyeuxétincelaientd’unéclatquin’annonçaitriendebon.-Depuisquand?-Que…quoi?Balbutia-t-elle.

Page 107: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Depuisquandest-cequetutecomportescommeçaavecelle?-Mais…je…n’airienfait,sedéfendit-elleenrougissant.Illarepoussaavecviolenceetelles’étalasurlesol.-Prendtesaffairesetdégage!Tuesvirée!-Quoi??hurla-t-elleenserelevant,levisagedéforméparlahaine.Tun’aspasledroitdemevirerThomas!-Magnetoiavantquejem’occupemoi-mêmedetefoutreàlaporte…menaça-t-il,d’unevoixquejeneluiavaisencorejamaisentendueetquimeglaçalesang.Sansunregard,ilnouscontournapourrejoindresonbureau.La véritém’apparut soudain clairement. Cette salope s’en prenait à Eléa. C’estpour cela qu’elle était aussi mal ces derniers temps. Mais comment était-ilpossiblequejen’airienvuvenir?Des larmesdébordèrentdemesyeux.Avecunhoquet, jemereculai lentementpuis tournant les talons, je courus rejoindremonamie. Lesgens sepoussèrentsurmonpassage.Une atmosphère pesante s’était emparée du lieu. Je dévalais les escaliers,manquantdem’étaler.Thomasétaitseuldanssonbureau.Ilregardait fixementdevantlui.Sonvisageétaitblême.-Oùest-elle?criais-je,àboutdesouffle.Illevalentementlesyeuxversmoi.Samâchoiresecontractapuisilseleva.-Elle est partie au Centre. Rejoins-la, m’ordonna-t-il en me jetant ses clés devoiture.

Page 108: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Thomas

Commentenétait-onarrivélà?Jevenaisde tomberde trèshaut. Jen’aimaispasparticulièrementMaeva.Moninstinctm’avait toujours poussé àmeméfier de cette fillemais de là à penserqu’elle était aussi ignoble me donner envie de tout casser. Je fis craquer manuque en espérant enlever un peu de tension. J’étais vraiment à deux doigtsd’exploser. J’avais rejoint Eléa et malgré son départ tête haute devant Evan,c’était loind’être le casquandelle s’était retrouvéeseule.Assisedansuncoin,ellesetenaitlesjambes,latêtecachéeentresesgenouxetlesépaulessecouéesde sanglots. J’étais resté un moment immobile, ne sachant pas comment m’yprendre. Je ne faisais pas partie de ceux qui consolent. Ma relation avec lesfemmesavaitdémarrédelaplusmauvaisedesmanièresetj’avaislongtempsétéceluiquimalmène.Aiderunefemmetombéeauplusbasmettaitenconflits lesdeuxpartsdemoi-même.Lepasséetleprésententraientencollisionetj’avaisdûmalàresterfixésurmonobjectif:resterunhommebien.Maislà,cen’étaitpasmoiquiavaitusédeviolencecontrecettefille.Lahainequejeressentaisàprésentn’étaitdirigéequeversEvanetMaeva.J’avais murmuré son prénom et elle avait relevé son visage, saccagé par leslarmes.-Je…jeveuxpartir,Thomas.Jen’yarriveraiplus.-PutainEléa,nefoutpastavieenl’airàcausedecesmerdeux.Tuasméritétaplaceavecnous.Nelaissepastomber…Elle secoua la tête avec vigueur et je sentisma poitrine se serrer. Jeme suisvraimentattachéàelle.Elleétaitbienplusfortequ’ellen’yparaissaitet lavoirdanscetétatmedonnaitl’impressiond’avoirloupécepourquoij’avaisdécidédemebattre.- Je te remercie vraiment pour ton soutien, tu as été l’un des premiers àmepermettredesortirdetoutça.Jet’enseraisàjamaisreconnaissantemaisjedoism’éloignerdecetteville.

Page 109: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

J’avais alors accepté sa démission et ellem’avait demandéunedernière faveurquejen’avaispaspuluirefuser.

Page 110: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

J’étaissortieparlaportedederrièreaprèsavoirdévoilémesintentionsàThomas.Je ne voulais voir personne. J’étais écœurée, blessée et surtout je me sentaistrahie. Il fallait que je rassemblemes idées. J’avais besoin de danser.Quand ilm’avaitdemandéoù j’allais, comptantsûrementme retenirunpeu, je luiavaisexprimémonbesoindemedéfouler.Ilm’avaitaussitôtproposéd’allerauCentre.Jevenaisd’ypénétrer.Il faisaitnoirmais jecommençaisàconnaître le lieuparcœur.Jetraversai legymnased’unpasrapideetentraidansmasallededanse.MA salle de danse. Cette pièce était devenue chère à mon cœur. J’avaiscommencé à apprécier les jeunes filles qui m’écoutaient religieusement etmettaient tout leur cœur dans cette activité. Elles étaient touchantes et j’avaisenviedelesaiderdumieuxquejelepouvais.Maiscen’étaitpluspossible.Jedevaistireruntraitsurtoutça.Labouleauventre,j’allumailemp3branchésurlapetitechaînehi-fi.LesondeNathanLanieravecTornrésonnaalorsentrelesmurs.Jefissortirmatristesseetmacolèreautraversdemesgestes.J’avaisvécudemerveilleux moments durant ces dernières semaines et comme à chaque foisqu’un soupçon de bonheur s’offrait à moi, il m’était aussitôt enlevé. J’étaisfatiguéedesubirtoutcela.Pourquoil’amourfaisait-iltoujoursaussimal?Jem’attachaisdenouveauàdesgensquimeblessaient. Jedevaisdanserpouroublier. Mes muscles chauffaient sous ma peau tandis que je bougeais avecl’énergiedudésespoir.L’expressiondetristessequiavaitenvahilevisaged’Evanlorsquejel’avaisgiflém’apparaissaitàpeinelespaupièresfermées.Pourquoiavait-ilfaitça?Pourquoi m’avait-il menti toutes ces semaines alors que je commençaisdoucementàsortirdemaréserve?J’avaisenviedem’effondreretj’étaisàdeuxdoigtsdebarricadermoncœurpourneplusjamaismelaissermalmenerdelasorte.Maisilfallaitquejesortedecetengrenage infernalquimerabaissaitdepuisdesannées.Jedevaisprendremondestinenmainetpourcela,jen’avaisqu’unesolution.Uncrimefitsoudainsursauter.

Page 111: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Eléa!Jememis à souriremalgrémoi. Cette douce Eileen… Elle apparut alors et seprécipitadansmesbras,complètementbouleversée.-Jesuistellementdésolée,Eléa,sanglota-t-elle.Pourquoiest-ceque jen’ai rienvu?J’avaisremarquéquetun’allaispasbien…j’auraisdûdevinerpourquoi...Jelatinscontremoi,laberçantcommeellel’avaitdéjàfaittantdefoispourmoi.Puis profitant qu’elle neme regardait pas, j’inspirai profondément avant de luiavouer:-J'aiquelquechoseàtedire,Eileen.Jevaispartir.-Pardon?s'exclama-t-elledansunhoquet.-J'aidemandéàThomasmonsalaireetjevaispartir.-Mais,IlaviréMaeva.Ellenepourraplustefairedemal.TuastoutnotresoutienEléa.Onnetelaisserapastomber.Tunepeuxpasabandonnertontravailaubar,tesétudes…Ellesereculaenfronçantlessourcils.-Tadécisionestprise,c’estça?Toutcequejepourraisdireneserviraàrien.Jesecouailatêteensoupirant.Elleeutunpetithoquetetselaissatombersurlesol,baissantlesyeuxsursesmainstremblantes.-Oùest-cequetuveuxpartir?-Jenesaispasencoremaisjedoispartir.-Non,non,nonEléa,tunepeuxpasfaireça.Tucommençaistoutjusteàtecréerunevieici.Tunepeuxpasleslaissertoutgâcher…Jeluicaressailajoue.J’étaistellementdésoléededevoirlaquitter.-Tuvasmemanquer,Eileen.Lesyeuxbrillantsdelarmesqu’elleessayaitdecontenir,ellehochalatête.J’étaisdéterminéeetelle lesavait.Rienneme ferait changerd’avis. Jedevaisquittercettevillequi était désormais synonymede souffrance. Jem’étais obstinée à yvivre, pour rester auplus prochedema famille, enterréedans le cimetière d’àcôté. J’avais peur en prenant mes distances de laisser tous mes souvenirs

Page 112: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

heureuxaveceuxs’effacermaisjedevaisavancer.Cetteénièmeblessurequ’Evanvenaitdem’infligerétait lagouttedetrop.Thomasavaitétégénéreuxsurmonsalaireetmesétudesm’apportaientlerespectquejemedevais.Jen’étaispluslapauvre fillesansbutetsansavenir. Ilnetenaitqu’àmoideprendremavieenmain.Etcelle-cinepouvaitpascontinuerici,aveclerisquedecroisertoutescespersonnesquim’avaientétéchèresetquim’avaient,malgréelles,faitdumal.

Page 113: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

J'avais lagueuledebois.J’avais faitunechosequimedégoûtaitdemoi-même.Elle nous avait vus et avait compris ce que je voulais qu’elle comprenne. Jen'étaispaspourelle.Jem’étaisattenduàdespleursmaiscommeàsonhabitude,ellem’avait surpris. Sa gifle avait engourdima joue. Ellem’avait regardé avecfroideur et s’était détournée la tête haute. La suite des événements avaitcomplètement échappé àmon contrôle par contre. Maeva avait enfin déchargétoutesahainecontreEléaetj’avaispétéunplomb.Cen’étaitpasmongenredebrutaliserunefemmemaissesproposavaientétéintolérables.Jel’avaisattrapéebrutalementpar lebraspuis traînéehorsdubar luisignifiantque jenevoulaisplus jamais la revoir traîner dans le coin. Et pour remettre les choses au clairdans sapetite cervelle, je n’avais pashésité à rajouter qu’ellemedégoûtait etqu’Eléa valaitmille fois une fille comme elle. Elle hurlait que je lui faisaismalmais ce n’était rien comparé à ce que j’aurais réellement voulu lui faire. Leregardemplidedouleurdemonangemehantait.Jedoutaismaintenantd’avoirfaitlebonchoix.Monpèreavaitpenséàtout.Lorsqu'ilavaitmenacémonpote,jel'avaisprisparlecol,prêtàluimettrelaracléedesavie.Ilavaitricanémedemandantdelefaire.Avec mon retour en prison, il aurait été bien plus tranquille pour ses petitesaffaires.Nousnousétionsrassis,etilm'avaitexposésonplan.Rienn'avaitétélaisséauhasard.SijerenonçaisàEléa,illaissaitThomastranquille.Sijepersistais,ilavaitprévudequoidétruirelaréputationdemonpote.Ilm'avaitalorssortidesdocumentsquim'avaientdonnéenviedevomir.Jelisais,horrifié,cettehistoirequejeneconnaissaispas.Commentavais-jepuêtreaveugleàcepoint?Cette bienveillance constante, ce besoin d'aider les autres et de régler lesproblèmes.Notre rencontreau clubdeboxen'avaitpasétéunhasard.Thomascachaitdesblessuresbienplussordidesquelesmiennes.Montrerçaaumondeétaitinconcevable.Ilperdraittout.J'étaischoqué.J’avaisregardéMaeva,soucieuxdesavoirsielleétaitaucourant.Elleessayaittantbienquemaldelireau-dessusdelatablemaisj'avaisprisledossiersurmesgenoux.

Page 114: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Quiestaucourant?-Nousdeux.-Quelleassuranceaurais-jequetuneracontespastout,quoiqu'ilarrive?-Jeferaisrédigerunpapierofficieldemonavocatquenoussigneronsensembleetjetelaisseraiscesdocumentsofficiels.Tuenferascequitechante…Jen'avaispluslechoix.EléaouThomas?J'allaisdenouveaubriserlecœurdecettefemme,maissijenechoisissaispasThomas,c'estsaviequej’anéantirais.NousavionsdoncconvenuavecMaeva,quejemerendraisavecsacousineauHealing's. Je les avais prévenues que suite à cette soirée, si le malheur lesremettait surmon chemin, je ne répondrais de rien.Mais au vu des dernièresrévélations, les revoir pouvait également signifiermon retour en prison. J’étaisprêt à n’importe quoi pour leur faire payer cette jalousie et les sentimentsdéplacésqu’ellesavaientàl’égardd’Eléa.Enprison,leracismeétaitomniprésent.Lesmecsseregroupaientparorigineetcouleurdepeau.Lesconflitsinterraciauxétaientchosecouranteetj’avaispeuàpeuapprisàvivreavec.Maissortirdecemilieupourretrouverànouveaucetétatd’esprit ici,avecdespersonnesquejeconnaissaisdepuisdesannées.Jenepouvaispasletolérer.Aprésent,j'étaisaffalésurmonlit.J'avaisvomisurlesol,vul'odeurrégnantdanslachambre.Monpoingétaitensang.Jedevaisavoirdesoscasséscarmamainavaitgonfléetjenebougeaispluslesdoigts.Laportes'ouvritàlavoléeetThomasentraenrugissant:-Jeveuxquetonculsoitdanslacuisinedansmoinsdedixminutes,Evan.Nefaispasensortequejeviennetechercher!Ilrefermaaussisec.J'avaisintérêtdemedépêcher.D'aprèscequej'avaispulireàsonsujet,ilétaitloindumecpleindecontrôlequejeconnaissais.Jemelevaipéniblementetmeglissaidansladouche.Jelaprisassis,latêteentremesbras.J'étais un monstre et je me détestais pour ce que j'avais fait. Je n'osais pasimaginerl'étatd'Eléaàcetinstant.Del'eauglacialejaillitsoudaindeladouche.Thomasnerigolaitplus.Ilétaittempsquejeluifasseface.J'enfilairapidementunpullquitraînaitetunbasdesurvêtementpuisjemerendisdanslacuisine.Sesyeuxflamboyaient.Ilm'assénauncoupdepoingdansleventre.Jemetordisdedouleur,lesoufflecoupé.Meprenantparlecol,ilmejetasurlecanapé.Campésursesjambes,tremblantderage,ildemanda:-Maintenant,tuvasarrêtertesconneriesettuvasm'expliquer.Jenepouvaisrienluidire.Jemecontentaisdemarmonner:

Page 115: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-J'aifaitcequejedevaisfaire.C'étaitmieuxpourtoutlemonde.-Maismieuxpourqui,Evan??hurla-t-il. Eileen est inconsolable depuis hier, tu as ruiné la soirée aubar et j'ai dûdireadieuàunepersonneexceptionnelle!Jerelevailatêtebrusquement.-Adieu?-Maisàquoitut'attendaissérieusement?Tupensaisqu'elleallaitpleurerunboncoupetqu'elleoublierait.Qu'ellereprendrait laviepépèrequ'onessayaitde luidonner?Jenesavaispasquoidire…-Savais-tuqu'elleétaitharceléedepuisdesjoursparcettesalopedeMaeva?Quiluitenaitdesproposracistesetbousillaitlepeudeconfiancequiluirestait.Elletenaitbonparcequetuétaislàetqu'elletefaisaitconfiancebordel!ELLES'ESTECROULEEDANSMONBUREAU,MERDE!!!!!Sesmotsmeretournèrentl'estomac.Jefonçaiauxtoilettespourrejeterlepeud'alcoolquimerestaitdansleventre.-Jeveuxquetudégagesdechezmoi,Evan.Ilfonçadansmachambreetjel'entendissortirmesvêtementsduplacardqu'iljetasurlelit,puisillançaunevaliseàmespieds.-Maintenant!Jemerelevaipéniblement.Valiseàlamain,jeretournaisdanslachambrepouryfourrermes affaires. J'enfilaimes baskets etma veste. Jeméritais amplementtout ça. Si je l'avais écouté et si j'avais accepté l'offre d'argent sans faired'histoire, rien ne se serait déroulé de cette manière. J'avais merdé encore.J'avaisdéterrédessecretsnedevantpasl'être.Jedevaisassumer.Jeprisladirectiondelasortiesansunregardversluietouvrislaporte.J'entendissoudaindespapierstomberausolavecuncridestupeur.Jefussaisid'effroi.Meretournantlentement,jeconstataisalorscequej'avaiscraint:Thomasavaitdécouvertledossier.

Page 116: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 117: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Thomas

Jeregardaislesfeuilleséparpilléesparterreaveceffroi.Comments’était-ilprocuréça?Jefronçaislessourcilsetmebaissaipourramasserunepremièrefeuille.Ilétaitindiqué chacune demes actions faites dansmon ancienne vie. Je pensais quetouscesdocumentsavaientétédétruitsmaisvisiblementc’étaitloind’êtrelecas.Je sentaismon sang bouillir dansmes veines, àmesure que tout ce passémerevenaitenpleineface.JerelevaisdoucementlesyeuxversEvan.-Oùest-cequetuasrécupéréça??-Monpère,murmura-t-il.-Tonpère,quoi??m’énervais-je.-C’estluiquimelesafiléspourfairepression.C’étaittoiouelle,bordel!!!Putain de merde. Il avait dû choisir entre elle et moi et il avait préféré meprotégerdecepassé.J’étaisauborddel’explosion.-Tuveuxdesexplications,jesuppose?Ilsecoualatêteenrefermantlaporte.- Non ,Thomas. Tu n’as rien àm’expliquer. Nous avons tous un passé que l’onpréféreraitvoirenterré. Jen’aipas tout luparcequeçanemeregardepas. Jesuisjustesurpris…Tun’asvraimentpaslagueuled’unrusse!Ilesquissaunpetitsourireencoin.Jesavaisqu’ilvoulaitsimplement tenterdeme détendre mais j’étais en colère. En colère que toute cette merde refassesurface.Ilavaitdûchoisiretjeluidevaisaumoinsça.Jemeraclai lagorgeet l’invitaiàrevenirdans lesalon.Jemepostaidevant labaievitrée,lesbrascroisés.Desimagesmerevenaiententête.Desmomentsdemaviequej’auraispréférévoirenfouis.Jen’étaispluscethommesordide.

Page 118: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

- Je suis né en Russie. Mes parents étaient pauvres et à l’époque, les enfantsdéfavorisésvivaientdanslarue,essayantdesurvivrecommeilslepouvaient.Jemecrispaienmeremémorantlesmoisd’hiveraveclescopainsquiparfoisneserelevaientplusaprèss’êtreendormisdanslesruellesouencorelepartagedespoubellesavecleschienserrantsquine nous faisaient pas de cadeaux. C’était un enfer et mes parents n’avaienttrouvéqu’unesolutionpournepasmourirdefaim.J’avaisdoncétévendupourquelquespièces.C’estàpartirdelàquej’aicomprisquesijevoulaisvivre,j’allaisdevoirêtrebienplusfortquetouslesautres.Evans’étaitadosséaumuretm’écoutaitattentivement.-Lamafiarusse,tuconnais?J’aifaitdeschosesquejamaisunhommeavecuneconsciencen’auraitpufaire.J’aivolé,violé,tuédesgensEvan.Ilsecrispalégèrementmaisaucuneformededégoûtn’apparutsursonvisage.-C’étaiteuxoumoi,detoutefaçon,grognai-je,conscientmalgrétoutquecetteexcuseétaitminablefaceàmesactes.Jemontrailedossierencoreétaléausol.-Toutestécritlà-dedansdetoutefaçon.-Quandes-tusortidetoutça?-Il y a huit ans. Une occasion s’est présentée et pour une fois, j’ai choisi lameilleuredessolutions.

Page 119: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evan

J’avais interrompuThomas. Jenevoulais rien savoir deplus.C’étaitmonpote,peu importe ce qu’il avait fait auparavant. J’allais oublier ce qu’il venait dem’avouercarçaneressemblaitpasàlapersonnequ’ilétaitdevenu.Toutcequejegardaisàl’esprit,c’étaitquecemecm’avaitaidédanslespiresmomentsdemavieetquejeluienseraisredevabledurantdesannées.Jem’approchaisdeluietattendisqu’ilsedécideàmefaire face.Cesyeuxbrillaientd’une lueurétrange,unmélangededouleuretdedoute.-Jeneregretteraisjamaiscechoix,peuimportecequetuasfait.Tuescommemonfrère,Thomas.Jenepouvaispasfaireautrement.Ilhochalatête,gravement.-Putain,Evanjesuisdésolépourtoutça.Cettefille,c’estcellequ’iltefaut.Onvatrouverunmoyen.Onva…-Jevaisrefuserleposte.Les mots étaient sortis de ma bouche sans que j’y réfléchisse. Il me regarda,stupéfait.-Tuvasleurlaisservosparts?- Je crois qu’il n’y a rien de bon à vouloir ce genre de vengeance. Toute cettehistoiren’afaitqueprovoquerdelasouffranceauxpersonnesquicomptentpourmoi.Cen’estpascequejevoulais.J’espéraisjustequecen’étaitpastroptard.-Est-cequetusaisoùestEléa?-Pasdutout.Vaàl’appartement,etfais-toipardonner.Fais-leavantdelaperdrepourdebon.Tuleregretterastoutetaviesitunefaispasensortederéparertesactes…Il resta pensif quelques secondes avant de se reprendre et demedesignermavalise,toujoursdansl’entrée.

Page 120: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Laisseçalàetcasse-toi.Va-larejoindre.Jeneme le fispasdiredeuxfois.Jefranchis lepalierpourallertambourineràcôté.Ilmeparuts’écouleruneéternitéavantquelaportenes’ouvre.Levisagerougi,Eileenmeregardaitavecfureur.Ellevoulutmerefermeraunezmaisjefusplusrapideet labousculaipourm’engouffrerchezelle.Jefis letourdespièces,sanslatrouver.Cetteabsencemerendaitfou.Moncœurpulsaitdansmapoitrine.Mespoingss’étaientserrésetj’essayaisdenepasperdrelecontrôle.-Elleestpartie,espècedecon!Jemefigeai,souslechoc.Moncœurbattaitàtoutrompredansmapoitrine.Desfourmillementsfaisaienttremblermesjambesetmesoreillesbourdonnaient.Dessensations inédites et troublantes déferlaient en moi. Une souffrance indicibleétait en train de prendre possession de mon âme. D’un chuchotement, je luidemandai:-Elleestpartie...Où?Ellesecoualatête,deslarmessedéversantsursesjouespâles.-Jenesaispas,Evan.

Page 121: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eileen

UnmoisplustardJ’essayais de garder le moral depuis son départ, mais je ne parvenais pas àenleverdematêtelavisiondesonexpressionmeurtrieavantqu’ellenem’avouesadécisiondenousquitter.Elleavaitprissonsacàdosetavaitfranchilaportede mon appartement sans un regard en arrière.En tant qu'amie j’avais dû lalaisserpartir.C'étaitsonchoixet jenepouvaispasallerà l'encontre.Jedevaisseulementlasoutenirdanssonchoixmalgrélesémotionsquim’avaientassaillies.Mon cœur s’était brisée et j’avais pleuré sans pouvoir m’arrêter. La seulepersonnequiétaitparvenueàmeredonnerlemoralétaitSimon.J’avaisressentielebesoinde lecontactercarnous l’aimionstous lesdeuxet jesavaisqu’ilétaitautantencolèrequemoi.Ilm’avaitalorsémisl’idéedelaretrouver.Elleétaitnotreamieetnousdevionsluimontrerqu’ellen’étaitpasseulecommeellelepensait. Nous devions lui prouver que nous ne faisions pas partie de ceux qui allaientencorel’abandonner.Nousétionsd’ailleurstouslesdeuxàl’appartement,àtenterdetrouverunsigned’elle sur Internet, sachant par Thomas qu’elle avait fait transférer son dossieruniversitaire.Onfrappaàlaporteetjem’empressaid’allerouvrir.Ildevaitnousrejoindre après avoir demandé des informations à son oncle qui connaissait ledoyendelafac.Peut-êtrequegrâceàluinousaurionslenomdelavilleoùellerésidaitdésormais.Unhoquetmepritendécouvrantquisetenaitsurlepalier.-Thomasm’aditquetularecherchais.PutainEileen,laissemoivousaider.Ilétaitdansunsaleétat.Apeinerasé,sesyeuxgrissemblaienthantés.Avecsestatouagessurlevisageetsonairdébraillé,ilfaisaitpresquepeur.-Pourquoifaire,Evan?Tuenasbienassezfaitcommeça!-Laisse-moiaumoinst’expliquer...murmura-t-il.

Page 122: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Je hochai la tête en l’invitant à entrer. Simon se crispa sur le canapé. Il meregarda et je haussai les épaules. Il se leva et s’avança, les yeux braqués surEvan.-Qu’est-cequetufouslà,espècedeconnard?Monvoisin n’eut pas le tempsde parler qu’unpoing s’écrasa sur son visage. Ilrecula, un peu sonné puis sans unmot, il se jeta sur son agresseur. J’assistaiimpuissanteàunduelacharné.-Arrêtez!m’écriais-jesoudain.Jemepropulsaialorsdanslamêléeenhurlant.-STOP!!!Je fuspousséeenarrièreetm’étalaibrutalementsur lesol. J’eus la respirationmomentanémentcoupéeetleslarmesauxyeux,jemerelevaipéniblement.Celaavait aumoinseu l’effetde les calmer. Ilsme regardaientaveceffroi etSimonessayadem’aider.-NON!Çasuffitmaintenant!Ilserait tempsque l’ons’expliqueunebonnefoispourtoute.Allezsurlecanapé.Toutdesuite!!Ils s’exécutèrent sans broncher, veillant à être suffisamment éloignés l’un del’autre.-Pourquoil’as-tublessédecettemanière,Evan?Crachai-jealors.Elletefaisaitconfiance!Ilbaissalatête.Aumoins,ilsesentaitcoupable.J’avaisenviedelefrapperpoursoncomportementmaismoninstinctmedisaitqu’ilnel’avaitpasfaitparcruauté.Ilnouscachaitquelquechoseetjevoulaisqu’ilnousledise,maintenant.Il soupira puis semit alors à tout nous raconter. Sa jambe tressautait et il sepassait sans arrêt lamain dans les cheveux. Il était dans un état pitoyable etmalgrémoi,jeressentisbeaucoupdepeinepourlui.- Mais je veux que tu saches quema décision n’était pas forcément la bonne.Cette fille est un être à part et je veux m’excuser. J’ai besoin d’elle Eileen.Thomasm’aditqu’ilavaitpeut-êtreunpiste.Riennem’arrêtera.J’yarriveraisavecousansvousmaistrèsfranchement,celairabienplusvitesions’ymettousensemble.-Ok,acquiescai-jeensoupirant.

Page 123: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Situdéconnesdenouveau,jet’éclatelatronche,grognaalorsSimon.Jeleregardaiensouriant.Cemecmeplaisaitdécidémentdeplusenplus.

Eléa

DeuxmoisplustardJe dévalais la rue en courant, écouteurs sur les oreilles. Je pansais doucementmesblessuresdans cettevillequim’offraitunnouveaudépart.Anneet Jessicam'avaientaccueillilesbrasouverts.Jelesavaiscontactéesunefoisdansletrain.Ellesm'avaientinvitéchezellesdeboncœur.Cesdeuxdanseusesfaisaientpartiesdugroupeavecquij'avaisgardécontactl'année précédente. Elles étaient douces et posées. Nos relations étaientdifférentes de celle que j'avais avec Eileen, mais j'aimais cette simplicitéreposante.J'avaisfaittransférermondossierdanslamêmefacultéquelesfilles.J'avaiségalementrajoutél'optiondanse,cequidétonnaitunpeuavecmafilièrecomptabilité.Lescoursmeprenaienttoutmontemps.Jebossaiscommeunefolleetj'obtenaisdetrèsbonsrésultats.M'êtrerapprochéed'unegrandevillem'avaitdécomplexéedemesorigines.Ici,nousavionsunvraimelting-pot.Touteslescultures,touteslesoriginesettouteslesnationalitéss'yretrouvaient.Jepouvaismarchertêtehautedanslaruesanscraindrelesregardscurieuxoulesmoqueriessurtellesoutellespartiesdemoncorps.LemoisdeJuinétaitarrivéainsiquesestempératuresdouces.J'avaischangémagarde-robe,arborantdestenuespluscoloréesetpluscintrées.MarencontreavecThomas,EileenetmêmeEvanavaiteudubonetjesavaislereconnaître.J'avaiscrurepartirbriséemaisquelquechoseenmoiavaitchangé.J'avaisdécouvertunepossibilitéd'aveniretjevoulaism'yraccrocher.Jenem'étaispaslaisséreprendreparlesdoutesetlesincertitudes.Jenemerenfermaisplusetj'offraisauxautrescequejepouvais.J'avançaistranquillement,confiantedecequelavieétaitcapabledemeréserver.Jevenaisd'atteindreleparcoùlegroupem'attendait.Ilsavaientsortiunepetitesonoets'échauffaient.Cesoir,ilsallaientproposerdespetitesdémonstrationsde

Page 124: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

danseenl’honneurdelafêtedelaMusique.J’avaishâtedelesvoirévoluer.Joshua,ungrandblonddequasimentdeuxmètresetfincommeuneliane,m'accueillitjoyeusement.-Eléa,nousn'attendionsplusquetoi.-Désolée,J'aiundossieràrendrepourdemainetjen'aipasvul'heurepasser.Ilsm'accueillirentdansleurcercleetnouspûmescommencerànouséclater.Nousmélangionsplusieursstylededanse,reprenantlespasdesunsdesautres,formantdesassociationsdiversesetvariées.AnnaetJessicaexcellaientendanseclassique, Joshua aimait la capoeira et le contemporain, Nadia alliait danseafricaineetdanseorientale,MaxétaitunproduKrumpetdubreaketmoidesdanses un peu plus caliente. Nous partagions notre langage corporel avec lespassants qui aimaient nous regarder, faisant même participer ceux qui lesouhaitaient.J'étaisd'ailleursentraindemontrerdespasdesambaàunejeunefillelorsqu'unéclatderireattiramonattention.Joshuafaisaitquelquespasdedanseavecunepetitebrunette.Jeneladistinguaispasbiencarnousnousétionséloignéslesunsdesautrespourmontrernosspécialitésàceuxquecelaintéressait.Jereprismapartenaire.Ellesedébrouillaitassezbienetmedemandasijeconnaissaisdesendroitspourapprendrecegenrededanse.Nousdiscutâmesquelquesinstantsetjeluiconseillaisdeuxécolescorrespondantàsarecherche.Ellepartitlesourireauxlèvres,raviedes'êtrearrêtéeànoscôtés.Jesentisunepetitetapesur l'épauleetmeretournaiversmonprochainpartenaire.Lesyeuxbrillants,Eileensebalançaitd'unpiedsurl'autre,guettantmaréaction.Stupéfaite,jebalbutiaisonnom:-Ei..Eileen?Mais...qu'est-cequetufaislà?Jelaprisdansmesbras,lecœurremplidejoie.Ellem'avaiténormémentmanqué.Lavoirdevantmoimerappelaittouslesmerveilleuxmomentsquej'avaispasséàsescôtés.-Jeterappellequej'aiuneannéesabbatiqueetquejecompteenprofiter.Jepeuxalleroùjeveux,quandjeveuxetsurtoutvoirquijeveux.-Mais,commentas-tuapprisquej'étaisici??-J'aitellementharceléThomasquiademandéàsononcle…quiademandéaudoyendelafacoùtuétais.Tondossieravaitététransféréicietdoncnousavonstenténotrechanceetnousvoila.Jet'aivuilyaquelquesjoursdanscemême

Page 125: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

parcetnoussommesvenustouslesjoursdepuis,afindet'yrencontrer.-Nous?demandai-je,lecœurbattant.Ellememontraquelqu'undansmondos.Par-dessusmonépaule,jevislesourireradieuxdeSimon.Ils'approchaencourantetmesoulevadanssesbras,mefaisanttournoyer.J'éclataisderireetlesserraiscontremoilorsqu'ilmereposa.-Maisquevousm'avezmanqué!!C'estfou..Maintenantquejevousvoisdevantmoi,vousn'imaginezpaslebienqueçamefait.-Tuendoutais?demandaEileensoudainsérieuse.-Oui,unpeu,avouais-jepéniblement.Jesuispartieaprèsunmomentdouloureuxetj'avaispeurdevousassocieràtoutcela.Mais...jemesensbien.ElleregardaSimond'unairentendu.-Noussommesvenuspourtevoir,maisnousvoulionsteparleraussi.Est-cequetuauraisunpeudetempsànousaccorder?-Maisbiensûr!!Jesaluaimescompagnonsdedanseetentraînaimesdeuxamisversunpetitcaféchaleureux,quejeconnaissaisetsituéàdeuxpas.Unefois,nosboissonsdevantnous,elleseraclalagorge.-Commenttesens-tudepuistondépart,medemanda-t-elle,soucieuse.-VraimentbienEileen.J'aitrouvéunevillequimecorrespondait.Jen'avaisconnuqu'unseulendroitdetoutemavie,etjem'étaisenterréedansdessouvenirsquejedevaislaisseraupassé.-Est-cequetu...repensesàluiparfois?Jehaussailesépaules.Ilétaitsanscessedansmespensées.Notrerelationavaitététrèscourtemais ilm'avaitsortid'unesortedetorpeuret jenepouvaisquel'apprécier.Maisilm'avaitégalementbrisélecœuretjenepouvaispasl'oublier.-Ce gars n’est pas simauvais, commença alors Simon, après un bref regard àEileen.Ellehochalatêteetmeregardaavectendresse.

Page 126: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Iln’apasvoulu toutnousexpliquer toutde suitemaisThomasnousamalgrétoutrévéléunepartiedel’histoire.Es-tuprêteàl’entendre?Lagorgesèche,j’eusunimperceptiblemouvementdetête.Oui,jevoulaissavoirpourquoiilm’avaitsilâchementtrahie.

EléaJ'étaisrentréeàl’appartementdepuispeu.Mesamisdevaientmerejoindreunpeuplustardmaisauparavant,ilsavaientunepetitecourseàfaireetn’avaientrienvoulu me dire. Je repensais à l'histoire que m'avait raconté Eileen. Touts'expliquait enfin. J'étais encore sous le choc de ses révélations mais surtoutblesséedenepasl'avoirsuplustôt.Ellen'avaitpaspumedévoilerentièrementle passé de Thomas, car cela lui revenait. Celui-ci avait connu une enfancechaotiqueenRussie.Ilétaitrusse?!Jenem'enseraisjamaisdouté.Lepèred'Evan,propriétaired'unemultinationaledansl'import-exportavaientdescontacts qui lui avaient trouvé des documents compromettants. Par loyauté etpourcachercepasséquiauraitbrisélaviedesonmeilleurami,Evanavaitalorsfait lechoixdemequitterutilisant lepiredesstratagèmespourmeconvaincrequ’ilétaitunparfaitconnard.Jesavaisque larelationentreThomasetEvanétait trèsforteet jecomprenaissonchoix,maisj’étaiségalementblesséequ’ilaitpumefairedumaldefaçonsisournoise.Jeluifaisaisconfiance.Grâceàlui,j’avaisréussiàmedégagerdecemalaisequim’habitait depuis tant d’années. Et puis en un instant, ilm’avait piétiné. Je nesavaispassijepourraisleluipardonner.Cependant,ilmemanquait.Iln’yavaitpasunjouroùjenepensaispasà lui.Jeneparvenaispasàmedéfairedecessentimentsfortsquejeressentaisencore.Jememisàbailler,lafatigueprenantdoucementledessus.JenesavaispasàquelleheureEileenallaitrepasser.Jeluienvoyaidoncunmessagepour luidonner lecodedelaported’entréeainsique

Page 127: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

l’autorisationdemeréveillersijen’avaispasrefaitsurfaceàsonarrivée.Jenepusm’empêcherdesourireenmesouvenantdenotrevieencolocation.J’avaisadorépartagersonappartement.Mesamiesdanseuses étaient bienmoins fantasques et rigolotes quemon irlandaise. Et ilfallaitbienavouerque jemeprenaisparfoisà regretterd’êtrepartie sivite, lalaissant derrière moi. Je m’installai sur le lit qui occupait tout l’espace de mapetite chambre et fermai les yeux, essayant de ne pas laisser la nostalgiem’envahir.Ilnemefallutpaslongtempspourm’endormir.Des frissonsme parcouraient la nuque. Je revenais doucement àmoi, ouvrantmesyeuxavecdifficulté.Jem’étaisprofondémentendormie.Jelevailesbrasaudessusdematêtepourétirermoncorpsendolori.Unemainchaudeseposasur mon ventre. Mon cœur manqua de s’arrêter. Je me redressai d’un bond,reculant pour éviter le contact. Je rêvais, ce n’était pas possible ! Nous nousdévisageâmesdurantdelonguesminutes.Sesyeuxcouleurargentmeregardaientavecdouceur,descernessombresmarquaientsonvisagedefatigue.Unebarbedequelquesjoursornaitsamâchoire.Ilétaitterriblementbeauetsurtout,ilétaitlà.-Qu’est-cequetufaisici,demandais-je,lavoixtremblante.Ilnemeréponditpastoutdesuite,secontentantdemeregarderavecdouceur.Sonsilencem’agaçait.Commentpouvait-ilsepermettrededébarquercommeça,dansmanouvellevie,sansmêmecommencerpars’excuser.Jelerepoussaipourmelevermaisilmebloquaavecsoncorpspuissant.-J’auraisdûtrouveruneautresolution,Eléa.Tefairecroirequetun’étaisrienpourmoiétaitcequ’ilmesemblaitlemieuxàfairepourteprotéger.Monpèreestunhommefourbequin’auraitpashésitéàs’enprendreàtoipourmefaireplier.Jenepouvaispasl’accepter.Mes joues semouillèrent peu à peu et je fermais les yeux pour empêcher leslarmesdecouler.Ladouleurdem’êtresentietrahierevenaitenforce.-Eléaaaaaaaaaaaa!La voix stridente d’Eileen me fit sursauter. J’ouvris les paupières et regardaiautourdemoi.J’étaisencorecouchée.Magorgeseserra.Cen’étaitqu’unrêve.Il n’était pas là. L’esprit embrumé, je me levai avec peine pour accueillir mesamis.

Page 128: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Tuvasbien?MedemandaSimon.Jehochailatête,incapabledeparler.Maisjemereprisrapidement.Euxétaientlàetjedevaisapprécierleurvisiteàsajustevaleur.J’allaisleurprouverquemavieparisiennemeconvenaitetqu’ilsn’avaientpasbesoindes’inquiéter.Ilétaitvingtetuneheurelorsquenousrejoignîmeslecentreville.Uneambiancejoyeuseetmusicaleemplissaitlesrues.Eileentrépignaitd’impatienceetmarchaitdevantnous.Simonrestaitàmescôtés,ladévorantduregard.Jeluilançaisuncoupdecoude.-Macopine,sérieux?Ilhaussalesépaules,nonchalammentmaissonexpressionétaitsérieuse.-Elleestparticulière.-Ahouipourça,elleestunique!Qu’est-cequ’ilsepasseentrevous?J’ailoupéunépisode?-Plusieursmême,ronchonna-t-il.Jeluiprislabraspourleforceràs’arrêter.-Qu’est-cequ’ilya?-Ellepréfèrequel’onresteamis,grogna-t-il.Jefailliséclaterderire.-Maisc’estcequetupréfèresresteramis,letaquinais-je.-Ehbienilfautcroirequecettepetitepesten’estpasfaitepourrestermonamie.-Noooon,tuesamoureux??Ilmeregarda,choqué.-Maistuescomplètementfolle?Biensûrquenon!-Jenecomprendsrienalors.Qu’est-cequetuattendsd’elle,alors?-Maisqu’est-cequej’ensaismoi?Simplementplusellemerepousseetplus…Merde,vousfaiteschierlesgonzesses.Jenevouscomprendrais

Page 129: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

jamais,râla-t-il.Ma copine était une petite maligne. Il s’était visiblement passé quelque choseentreeuxdurantcestroismoisetilmetardaitdeconnaîtresaversion.Simonétaitcomplètementperturbéetc’étaitplaisantàvoir.Maiscelaattendraitunpeucarnousarrivionssurlaplacequ’occupaitmesamis.Ilsétaientdéjàsurscèneetunmondefoulesregardaitenlesacclamant.Nousdûmesjouerdescoudespournousfrayeruncheminversl’avant.Lamusiqueétaitentraînanteetjecommençaisàdanseraumêmerythmequ’eux.J’invitaisEileenàmesuivreetlesgenss’écartèrentpournousfaireunpeudeplace. Je saluai leseffortsdemacopinemaisellen’étaitdéfinitivementpasfaitepourladanse.Joshuanousremarquaetmefitsignedelerejoindre.J’enmourraisd’enviemaisjenepouvaispaslaissermesamis.-Fonce,mepoussaEileen.Montreleurquiestmacopine!!Jenemefispasprieretquelquesinstantsplustard,jesuivaisleurpas,bougeantjoyeusementsurlamusiqued’ArianaGrande,Sidetoside.Lepublicétaitréceptifetapplaudissait.Unimmensesourireétaitplaquésurmonvisage.Jefermai lesyeux, laissant lessonsguidermesmouvementsavecplusdepassion.Desfrissonsmeparcoururentsoudainledos.Jerouvrislespaupièresetmonregards’accrochaalorsinstantanémentàdesirisargentés,mefaisantperdrelesensdurythme.

Page 130: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

EvanJelaregardaisdanseravecaisance.Elleavaitchangé.Elledégageaitunesérénitéque je ne lui avais jamais vu. Ses traits étaient détendus, son corps fermesensuellement moulé dans des vêtements aux couleurs vives, dévoilant sonventre parfait. Je jalousais la complicité qu’elle avait avec son partenaire dedanse.Étais-cesonmec?Jeserraislesdents.J’espéraissincèrementpourluiquecen’étaitpaslecascarj’étaisrevenupourlarécupéreretriennem’enempêcherait.J’avaismerdémaissonabsenceétaitdevenueinsupportable.Jedevaismemontrerhonnêteavecmoi-même.J’avaiscettefilledanslapeauetjedevaismebattrepourqu’elleme revienne. J’avais aidéEileendans ses rechercheset sonanimosité envers moi s’était estompée lorsque Thomas lui avait raconté toutel’histoire.Ellem’avaitbienévidemmenttraitédegrosconmaisilnefaisaitaucundoutepourellequenousdevionsnouspardonner.Jelesavaisaccompagnéicimaisj’avaisd’abordbesoindelavoirévoluerdanssanouvellevieavantdel’approcher.J’étaisanxieuxetj’appréhendaislefaitqu’elleme repousse. Je ne pouvais envisager cette idée. Son regard accrocha alors lemienetelles’arrêtasubitement.Sonvisagesefermainstantanément.Tournantlestalons,ellecouruthorsde lascène.A l’opposédemoi.Jenepouvaispas lalaisser s’échapper. Je bousculai les gens autour demoi,me frayant un cheminversl’endroitoùjel’avaisperdudevue.Putaindemerde,oùétait-elle?Jeregardaispartoutsansl’apercevoir.Jetournaissurmoi-même,scrutantlesenviron,lecœurbattant.Savoixrésonnadansmondos,froideettranchante.-Qu’est-cequetufaislà?Jelafixaisquelquessecondesavantdemedécideràparler.Elleétaitencolère.Sesyeuxmarronsbrillaientd’unéclatintense.-Jesuisvenutechercher.-Maviesetrouveicimaintenant,Evan.-Jesuisdésolédet’avoirblessé,Eléa.Jen’aijamaispenséunseulactequej’ai

Page 131: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

pufaire.Jen’aijamaisfaitquoiquesesoitavecAurélie.Iln’yajamaiseuquetoi.Ellecillalégèrement,lementontremblant.-Tum’asfaitbeaucoupdemal.C’étaitlapremièrefoisquejemelaissaisallerdepuislamortdemafamille.J’avaisrefoulémessentimentspourneplusêtreblessée.Jet’aifaitconfianceettuasfaitbienpirequelesautres.-Maismerde,jelesaisça,bébé.Jenesuisqu’uncon,jel’aitoujoursété.Tuaséveilléquelquechosequejen’avaisjamaisconnuauparavant.Tueslameilleurechosequimesoitarrivéeetj’aitoutflingué!Ellehochadoucementlatête,unemainposéesursoncœur,essayantàgrandpeinedenepass’effondrer.Lavoirdanscetétatmefoutaitenl’air.J’étaisleseulresponsable.Monpèreavaitgagnésurtoutlaligne.J’avaisacceptésapropositionderenoncerànospartsetj’avaisacceptélestroismillionsmaisj’étaissurlepointdetoutperdre.Ilavaitcomprisbienavantmoiquecettefilleétaitmarédemption.J’étaisentraindelaperdrepouravoirdûchoisirentrelesdeuxpersonneslesplusimportantesdemavie.Jem’approchaidoucementverselle,priantpourqu’elleneserefusepas.Ellerestasansbougertandisquej’avançaismonvisageverslesien.Ungémissementsortitdesabouche.-Evan,non…Jeprismalgrétoutsabouchepourunbaiserqu’ellen’eutpaslaforcederefuser.Malanguerencontralasienne,noscorpssepressantl’uncontrel’autre.Jeprissatêteentremesmains,caressantsesjouesduboutdesdoigts.J’interrompisnotrebaiserpourcollermonfrontcontrelesien.Noscœursbattaientàl’unisson.-Jet’aime,monange,murmurai-jedansunsouffle.Ellehoquetaensereculant.Sesyeuxétaientbaignésdelarmes.-Jenepeuxpas,Evan.Laisse-moiunpeudetemps.Ellesetournaalorsets’éloigna,lafouleserefermantsursonpassage.

Page 132: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Eléa

Evanétaitrepartijusteaprèsnotrerencontre.Jem’étaisisoléepourréfléchirànotreconversation.Ilm’avaitprisdecourt.L’embrasserm’avaitprouvéquemessentimentsétaientplusqueprésents.Moncœurbattaitcommeunfoupourlui.Maispouvais-jeluipardonneraussifacilement?Etais-jeprêteenfinàallerdel’avant?Allais-jedonnerraisonàtoutescespersonnesquin’avaientrienfaitpourm’aider durant toutes ces années ? J’avais commencé à me construire unenouvellevie ici.J’acceptaisenfind’êtremoi-mêmeetcelameplaisait.Jedevaispenseràmoi.Evanavaiteuunchoixdifficileàfaireetj’appréciaisénormémentThomas.Quiétais-jepourjugersonchoix? Ilne l’avaitpas faitde laplusbelledesmanièresmaiscetévénementm’avaitouvertlesyeuxetj’avaisprisunedécisionquiétaitentraindechangermavie.Partiravaitétélemeilleurdeschoix.Mais pour autant, pourquoi ne pas garder le contact avec les personnes quiavaientétélespremièresàm’offriruneperspectived’avenir?Toutn’étaitpasblancounoirdanslavie.J’avaisdécidédemettreunpeudecouleurdanslamienneetilétaittempsquejem’ytienne.J’informaisalorsEileenetSimondemadécision.Ilsm’approuvèrentcomplètementetc’estrassuréequejememisàremplirmonvieuxsacàdosdequelquesaffaires.J’allaisrepartirquelquesjoursaveceux,letempsderéglertoutecettehistoireetcontinuermoncheminsurdevraiesbasessaines.Nouspartîmesensemblelelendemain.Simonnouslaissapeudetempsaprèsnotrearrivée,mefaisantpromettredevenirlevoiravantquejenereparte.Unefoisseules,jeserraislamaind’Eileendanslamienne.Autantnepasperdredetemps.Ellemesouritpuism’entraînaàsasuite.NouscommençâmesparnousrendreauHealing's.Thomasyétaittouslesaprès-midi,pourgérerlespapiersadministratifs.Elleavaitrécupérélesclefsetnouspûmesrentrersansbruit.Jeposaimesaffairessurlecomptoiretellemefitsignededescendresanselle.

Page 133: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

-Jevaism'avancerpourcesoir.Fonce!Jedescendislesescaliers,lamainsurlecœur.Jecommençaisàstresser.J'appréhendaisunpeusaréaction.Ilpestaitsuruncalculquisemblaitletroubler.Jel'écoutaisrépéteràvoixhautelasériedechiffres.Jememisàriredoucement,comprenantinstantanémentleproblèmeauquelilfaisaitface.Jepassaimatêtedansl'entrebâillement.-Besoind'uncoupdemain?demandai-jed'unevoixclaire.Ilrelevaprestementlatête,bouchebée.Jem'avançaid'unpas.-Salut…Ilselevad'unbond,contournalebureauentroissecondesetmeserraàm'enétouffer.Lesminutess'égrenèrentsansqu'ilnedaignemelâcher.Jecommençaisàgigotersoussapoigne.-Thomas...Tum'étouffesunpeulà,murmurais-je.Ilmeposasurmespieds,lesyeuxbrillants.Iltouchamonvisageetsereculapourmecontempler.-Putain,Eléa.Jeluisourisavecchaleur.-JevaisbienThomas.Sesyeuxs'embuèrentsoudain.-Jesuistellementdésolé,Eléa.Satristessemetorditlesentrailles.J'enserraissataille,lajouecontresoncœur.-JevaisvraimentbienThomas.Jenevousenveuxpas.Jelelaissaisereprendrepuism'écartaidelui.-Siunjourtusouhaitesm'enparler,jeseraisprêteàt'écouter.Tuesquelqu'undebienetEvanafaitlebonchoix.Ilsoupiralonguement,ému.Jeluisignalaisquej'avaisencoreunechoseàfaire.Luipromettantderevenirlevoir,jesortisdubureau.Eileen m'accompagna ensuite à l'appartement. Je montai les marches avec

Page 134: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

raideur, le cœurpulsantdansmapoitrine. J'essayaisdenepaspenser.Mettantseulementunpieddevantl'autreavantdemetrouverdevantlaporte.Jerespiraiàfond,puisjesonnai.La serrure cliqueta puis le battant s'ouvrit avec douceur. Il marqua un tempsd'arrêt, surpris.Ses yeuxmedétaillèrent avecattention, commes’il n'était pascertainquecesoitmoi.Jepenchailatêtesurlecôté,appréciantcemoment.J'avaisl'impressiond'avoirretrouvéunepartiedemoi-même.Acourtdemots,jefondis dans ses bras. Ilm'accueillit avecun soupir de soulagement, respirant àgrandesboufféesl'odeurdemescheveux.-Monange…Ilmeserrafortpuiss'emparademonvisage.Ilencaressalecontourdesesdoigts.Sesyeuxhumidesétaientsuffisammentexpressifsetmerenvoyaienttoutce que je voulais savoir. Je déposai un baiser sur ses lèvres entrouvertes. Ils'excusaalorscontrelesmiennes.-Pardonne-moimonange…Jeportaimonindexcontresabouche.-JetepardonneEvan,jecomprends.Avecungémissement,ilm'embrassaavecpassion.Jerelevaisont-shirtavecmes doigts, frôlant sa peau frémissante. Il recula jusqu'à sa chambre,m’entraînantàsasuite.Jeledévoraisdesyeux,ilétaitmagnifique.Intenseetsifragileàlafois.Jelepoussaicontrelelit,m'agenouillantentresescuisses.Jefispasser son vêtement par dessus sa tête, embrassant son front, ses joues, sonmenton.Ilattrapamarobeetl'enlevaégalement.Ilcaressamoncou,descendantlentement entremes seins tandis que jepenchais la tête enarrière, savourantchaque sensation. Sa bouche remplaça ses mains. Il me bascula sous lui, sefaufilantentremesjambes.-Tuessibelle,murmura-t-ilenmecontemplant.J'attrapaisanuqueetl'attiraiversmoipourreprendresabouche,etsentirsalanguecontre lamienne. Ils'appuyacontremoi,bougeantsonbassinaumêmerythmeque lemien.Ilglissa lesdoigtssousmaculottetrempéeetmecaressa,faisant monter l'excitation à son maximum. Je me redressais, léchantsensuellementsontorsetatoué.Jeluienlevaisonpantalonetsoncaleçon,puislefisrevenircontremoi.Sonsexetitillaitdélicieusementmonintimité.Ilattrapaunpréservatifqu'ilenfilapuisretiramonderniervêtement.Jenelequittaispasdesyeuxlorsqu'ilentralentementenmoi.Lafrictiondenosdeuxcorpsenfinréunismefismonterleslarmesauxyeux.Ilembrassamespaupièrespuissemitàonduler,m’entraînantdanslaplusparfaitedesdanses.A

Page 135: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

deuxpasdelâcherprise,jem'approchaidesonoreille:-Jet'aime.Ilmefixa,lesyeuxbrillantspuismurmuracontremabouche:-Pasautantquemoi.Jeluicaressailevisage,mémorisantcestraitsquim’avaienttantmanqués.-Jedoisrepartirlà-bas,Evan,murmurais-jedoucement.Ilfronçalessourcils.-Pourquoi?-J’aimerais finir mes études dans cette université. Je… Est-ce que tu viendraisavecmoi?Sonvisagesefermasubitement.-Jenepeuxpaspartird’ici,bébé.Pastantquemaconditionnellen’estpasfinie.Je suis venue te retrouver là-bas mais en risquant de perdre ma liberté. J’aiencorequelquesmoisàtirer,mabelle.-Oh…Jen’avaispaspenséàcela.J’avaisl’impressionquemoncœurétaitdenouveausurlepointdesebriser.Ilembrassamonfrontensoupirant.- Rien ne pourra nous séparer mon ange. Je t’aime et ce n’est pas quelqueskilomètresquivontavoirraisondecetterelation,d’accord?Jehochailatêtetandisqu’ilmeserraitdanssesbras.-Promet-moidenejamaismelaisser,Evan…J’avais besoin de l’entendre me le dire. Toutes les personnes que j’aimaism’avaientabandonnée et je ne supporterais pas deme livrer à nouveau sansqu’ilnemedonnesapromesse.-Tuestoutpourmoi,Eléa.Jenelaisseraisriensemettreentrenous.Jamais.Je l’embrassaialorsavecpassion,remerciant lehasardpour l’avoirmissurmonchemin.

Page 136: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai
Page 137: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Epilogue

ThomasNousétionstousréunisauHealing’s.Ilm’avaitsembléimportantquenousnousretrouvionsdansune bonne ambiance après les événementsmarquants de cesdernièressemaines.Eléarepartaitbientôtpour finirsesétudeset jesavaisquecelaperturbaitbeaucoupEvan.Ilétaitfoudecettefilleetilessayaitdesefairepardonner pour l’avoir à ce point blessée. C’était une fille forte etparticulièrementgénéreusemalgrésonpassédélicat.Elles’étaitouverteànouset sa personnalité était bien plus lumineuse qu’elle ne voulait le faire croire.Cependant, Eileen était la seule avec qui elle acceptait de se dévoilerentièrement.Jecroisqu’elleavaitbesoindenousautantquelecontraire.Nous avions tousbesoin denous reconstruire etmalgré les épreuvesquenousallionsdenouveaurencontrer,leprincipalétaitquel’onrestesoudés.J’avaisbanniMaevaetAuréliedubaret j’avaisexpliquétoute l’histoireàoncleJoe.Ilavaitalorsimmédiatementappelécelle-cietjecroisqu’elleavaitcomprisqu’illuivalaitmieuxsemontrerdiscrète.Joeétaitconnuetavaitbonnombrederelations.Ilpouvaitfaireunenferdelavied’unepersonnes’illedécidait.Jeluidevaisbeaucoup.Cen’étaitpasvraimentmononclemaisilétaitmaseulefamilledecœur.Jeluifaisaisentièrementconfiance.LuietMollyallaientarriveret rencontrerpour lapremière fois EléaetSimon. Ils enavaientdéjàbienentenduparler et étaientimpatientsde faire leurconnaissance.Je fissigneàEileendenousrejoindre. Ilétaittempsdeboireuncouptousensemble.Lesclientspouvaientbienattendrequelquesinstants.Jebalayailasalledesyeuxpourvérifierqu’iln’yavaitrienàsignaleravantdemeconcentrersurmesamis.Lebarétaitdevenuunlieudeplusenplusfréquenté.J’aimaisl’ambiancequenousavionsréussiàcréer.J’avaishâtequeJoepuisselevoirdesesyeux.Monregardaccrochaalorsunvisagequim’étaitfamilier.Monsangseglaçadansmesveinesetmesdoigtssecrispèrentsurleverrequejetenaisàlamain.Ilsebrisaenplusieursmorceauxmaisjen’yfismêmepasattention.Il y eut de l’agitation autour demoi . Onme prit lamain,me faisant reculer,tandisqued’autressedépêchaientdenettoyerlecomptoir.

Page 138: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Evanm’interpella,lessourcilsfroncés.Ilavaitl’airsoucieux.-Putain,mec!Cava?Tuaslamainensang,ilfautqu’onnettoieça.Je posai mes yeux sur ma paume ensanglantée. Ma gorge était sèche et desfrissons me parcouraient le dos. Je relevai la tête vers la salle, essayant deretrouverlapersonnequivenaitdemerenvoyermonpasséenpleineface.Jenemispaslongtempsàlaretrouver.Oui,c’étaitbienelle.Sacha,celleavecquitoutavaitcommencé.

FIN

Page 139: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Bonus

Tome2Promet-lemoi

(Aparaîtrecetété)

Thomas

J'attendaisdanslehalldel'immenserésidenceouILrésidait.Lesangpulsaitdansmes veines. Je fis craquer ma nuque en roulant des épaules pour essayerd'atténuer la tension qui s'accumulait enmoi. Dans quelques heures, je devaisachevermamission et j'avais un dernier renseignement à requérir . IL avaitréussiàfairedemoiunemachinequin'espéraitplusrien,àpartremplirsonrôlecommeon luiavaitapprisà le faire. Lesolenmarbre,d'unblancéblouissant,reflétaitmonvisagedéterminé.J'avaispassétroissemainesàbaisercettepetiteputepourpouvoirintégrerlemilieudanslequelelleévoluait.

Jenedispasquejen'yavaispasprisunpeudeplaisirmaisjerépugnaisdelavoirmaintenants'accrocheràmoicommesijeluiappartenais.Ilmetardaitderéglercettehistoirepourpasseràautrechose.J'avaisrécupérerlesinformationsqu'ilmefallaitetcesoirseraitlemomentidéalpourmettrelepointfinal.Nousavions rendez-vous à vingt heures pour le repas familial en l'honneur duPatriarkh. Flinguer tous ces salopards n'était qu'une formalité qui n'allait meprendrequequelquesminutes.Leclaquementdehautstalonsmecrispasoudain.Un frisson de dégoût me fis frémir l'échine. Je haïssais ce bruit qui annonçaitl'arrivéedecettepetiteconnepourriegâtée.Toutenellemerévulsait.Ellepassaprèsdemoi, têtehaute,sa longuecheveluremordoréebalayant lehautdesondos. Son manteau en peau de vison cachait très certainement l'une de cesmagnifiques robes, moulant parfaitement son corps pulpeux. Ma queue s'agitabienmalgrémoi.Moncorpsétaituntraîtrequirefusaitd'êtreenaccordavecmonesprit.Jedétestaiscettefemmemaislui,ladésirait.Ungrognementsourdmontadansmapoitrinetandisquejeserrais lespoings,empêchant lesangdecirculerjusqu'au bout de mes doigts. La chevalière que je portais, signe de monappartenant à ce groupe, enserrait mon petit doigt et il ne me fallut paslongtempspourneplusressentirmesextrémités.Laportedubureaus'ouvrit.ILmefisunsignedetêtepuislevaledoigtpourmesignifierd'attendreencoreuninstant.Ilattenditquesafillelerejoignepourplacerunemaindanssondos,sous

Page 140: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

l'épaismanteauetdéposaunbaisersursajouerose.Jedétournaileregardpourm'épargnercegenredemarquesd'affectionquimesoulevaitl'estomac.Lafamilleparfaitequiagissait commesi lemondeentier leurappartenait. Lamafia russedétenaitenvironquarantepourcentsduterritoire.Peudechosesluirésistaitetnousétionspartout.J’avaisétéenrôlélà-dedansalorsquejen’étaisencorequ’unenfant. Vendu comme un vulgaire bout de viande par des parents manquantd’argentetnesouciantplusdeleurprogéniture.Mavieétaitalorsdevenueunvéritableenfer.

Page 141: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Remerciements

Ungrandmerciàmateamdecorrectrices:Amina,Bettina,Angéliqueetlapetitenouvelle,Vanessa.Merci pour votre soutien les filles, je vous dois beaucoup. J’espère que vouscontinuerezàêtreprésentespourlasuitecarcettehistoire,c’estaussiunpeudevous.Merciàmonhommepoursapatienceetsonsoutien.Merciàtouteslesblogueusesquim’ontfaitconfianceetontacceptéavecplaisird’aideruneauteurequidébute.Etsurtout,merciàmeslecteursquisesontlancésdanscettehistoire.Adeuxpasdetoiestdoncmatoutepremièrehistoire,cellequim’afaitdécouvrirquej’avaislapossibilitédepartagerunenouvellefacettedemoi.J’espèreque ce tomevous a plu et je vousdonne rendez-vouspour le tome 2Promet-le-moidanstrèspeudetemps.VousdécouvrirezainsilepassésombredeThomas,quinevapaslaisserindifférentscertainsd’entrevous.Enattendant,n’hésitezpasàdécouvrir:Sitoutétaitpossible,disponiblesurAmazonenversionbrochéetnumérique.Et surtout, n’oubliez-pas de me laisser un petit avis, positifs ou négatifs dumomentqu’ilsoitconstructif,surlesplateformestellesqueBooknodeouAmazon.

Page 142: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Healing’splaceTome1:Adeuxpasdetoi

Page 143: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai

Copyright©ThaïsL,2017BoileauSamantha,28380.

«LeCodedelapropriétéintellectuelleinterditlescopiesoureproductionsdestinéesàuneutilisationcollective.Toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaiteparquelqueprocédéquecesoit,sansle

consentementdel’auteuroudesesayantdroitouayantcause,estilliciteetconstitueunecontrefaçon,auxtermesdesarticlesL.335-2etsuivantsduCodedelapropriétéintellectuelle.»

Page 144: SERIE HEALING’S PLACE - Créer un blog …ekladata.com/W9P12sagyaM75g2H4uVrJFmkd0I.pdfpoivrots et j’en côtoyais suffisamment dans la rue. Je haussai donc les épaules et demandai