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Discours de Pierre Gattaz - Université d'été du Medef - 27 août 2014 Page 1 sur 13 DISCOURS DE PIERRE GATTAZ UNIVERSITÉ D’ÉTÉ 2014 27 AOÛT 2014 SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI Mesdames et messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les Présidents et chefs d’entreprise, Mesdames, Messieurs, Chers amis, J’ai le grand plaisir d’ouvrir notre 15 e université d’été ce jour. Je suis également très heureux et fier de pouvoir accueillir M. Manuel Valls, notre Premier ministre qui va nous rejoindre mais ne pourra pas rester avec nous. Vous le comprendrez aisément. Je veux aussi remercier Pierre Antoine Gailly de nous accueillir comme chaque année sur le campus d’HEC et de son intervention claire et précise. La venue aujourd’hui du Premier ministre à notre université d’été est un signal important envoyé à tous les entrepreneurs et les chefs d’entreprise de ce pays. Je veux y voir la reconnaissance du rôle qui est le leur, la valorisation de leur action au quotidien, celle de créateurs de richesses et d’emplois, celle de moteur de croissance pour notre pays. Je dis aussi souvent qu’un pays sans entreprises prospères, est un pays en grand danger car il tourne le dos à son avenir. Tous les pays qui réussissent aujourd'hui partagent ce constat. C’est pourquoi la compétitivité de nos entreprises doit être l’alpha et l’oméga de toute politique économique. Car c’est cette compétitivité qui rend possible la croissance et l’emploi. Et, ne l’oublions jamais, c’est la force économique d’un pays qui lui permet désormais d’être influent sur la scène mondiale. Sans économie forte, pas de rayonnement politique fort. Cette évidence, comprise dans tous les pays, est parfois, à ma grande surprise, encore contestée en France. Je crois qu’il nous faut définitivement rompre avec notre vision naïve et parfois marxiste de l’économie, de

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DISCOURS DE PIERRE GATTAZ

UNIVERSITÉ D’ÉTÉ 2014

27 AOÛT 2014

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les Présidents et chefs d’entreprise,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

J’ai le grand plaisir d’ouvrir notre 15e université d’été ce jour.

Je suis également très heureux et fier de pouvoir accueillir M. Manuel Valls, notre Premier

ministre qui va nous rejoindre mais ne pourra pas rester avec nous. Vous le comprendrez

aisément. Je veux aussi remercier Pierre Antoine Gailly de nous accueillir comme chaque

année sur le campus d’HEC et de son intervention claire et précise.

La venue aujourd’hui du Premier ministre à notre université d’été est un signal important

envoyé à tous les entrepreneurs et les chefs d’entreprise de ce pays. Je veux y voir la

reconnaissance du rôle qui est le leur, la valorisation de leur action au quotidien, celle de

créateurs de richesses et d’emplois, celle de moteur de croissance pour notre pays.

Je dis aussi souvent qu’un pays sans entreprises prospères, est un pays en grand danger

car il tourne le dos à son avenir. Tous les pays qui réussissent aujourd'hui partagent ce

constat.

C’est pourquoi la compétitivité de nos entreprises doit être l’alpha et l’oméga de toute

politique économique. Car c’est cette compétitivité qui rend possible la croissance et

l’emploi. Et, ne l’oublions jamais, c’est la force économique d’un pays qui lui permet

désormais d’être influent sur la scène mondiale.

Sans économie forte, pas de rayonnement politique fort. Cette évidence, comprise dans

tous les pays, est parfois, à ma grande surprise, encore contestée en France. Je crois qu’il nous

faut définitivement rompre avec notre vision naïve et parfois marxiste de l’économie, de

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l’entreprise, des chefs d’entreprise et se projeter enfin dans le XXIe siècle et dans la

mondialisation…

C'est notre motivation. C'est notre ambition.

Mais la venue du Premier ministre aujourd’hui est aussi particulièrement importante au

vue de la situation économique de notre pays. Les chiffres du mois d’août montrent que

l’économie française va mal, et ne se relève toujours pas de la crise.

Pour les chefs d’entreprise que nous sommes, ce n’est pas une surprise. Nous le disons depuis

des mois, car nous le mesurons tous les jours sur le terrain, avec nos clients, nos fournisseurs,

nos concurrents. Je l’ai redis au début de l’été. Mais nous avons parfois le sentiment de ne pas

être écouté, ni entendu, ni compris…

Or dire la vérité, assumer la réalité de la situation, ce n’est pas tomber dans un catastrophisme

suicidaire, ou une auto-flagellation si typiquement française. C’est juste poser un

constat, objectif, argumenté, précis, pour pouvoir décider des actions à mener de manière

pragmatique et adapté.

Tenir un langage de vérité, ce n’est pas non plus une raison de désespérer. C’est au contraire

une raison d’agir.

Ne tournons pas autour du pot : la situation économique de la France est difficile. Très

difficile. Délicate même.

Les actions doivent être en conséquence : fortes, rapides et appropriées.

Car il en est encore temps. Soyons en persuadés.

Nous, chefs d’entreprise, nous croyons à l’avenir de notre pays. Nous croyons en sa

capacité de rebond. Nous croyons à notre capacité collective de mener les réformes

nécessaires.

o Oui la France a un avenir économique,

o Oui notre pays est un grand pays,

o Oui notre économie peut redécoller, même en étant affaiblie par 7 années de crise et

30 ans de quasi immobilisme.

Nous avons tous les atouts pour nous en sortir. Nous devons tous en être persuadés, nous

devons tous travailler avec cette certitude chevillée au corps.

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Mais ce rebond, il faut le préparer, l'expliquer et le provoquer. Car la croissance dont tout le

monde parle, la croissance ne tombe pas du ciel comme la pluie. elle doit aller se chercher,

elle doit se construire !

La croissance résulte en fait de trois facteurs principaux : la compétitivité d’abord, la

confiance ensuite, le cap enfin. C’est ma règle des 3C : compétitivité, confiance et cap.

Sur ces trois sujets, le MEDEF travaille, propose et agit car notre obsession, depuis un an,

c’est l’emploi. Or l’emploi est une conséquence de la croissance.

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Commençons donc par la Compétitivité :

Vous le savez mieux que quiconque, sans marge suffisante, les entreprises ne peuvent plus

investir, innover, former leurs salariés, prospecter de nouveaux marchés, exporter… Car tout

cela coûte cher.

Et l'entreprise est le moteur de développement économique de nos sociétés, notamment celui

qui permet de financer notre sphère publique.

Il faut donc le répéter : tout ce qui est bon pour la compétitivité des entreprises, est bon

pour l’emploi, est bon pour nos salariés, est bon pour la France.

Or la compétitivité des entreprises françaises est aujourd’hui la plus faible d’Europe, vous le

savez. Car l’augmentation galopante des taxes et des charges a mis à mal nos entreprises. Et

aujourd’hui, un triple constat implacable découle de la situation de notre pays :

o Chaque cotisation nouvelle sur les entreprises entraine du chômage.

o Chaque contrainte nouvelle sur les entreprises entraine du chômage.

o Chaque taxe nouvelle sur les entreprises entraine du chômage.

J’aimerais que nos députés et élus en soient bien persuadés…

En commençant à mettre en œuvre le Pacte de responsabilité tracé voici quelques mois, le

Gouvernement a pris la bonne direction : celui de la baisse des charges des entreprises pour

qu’elles puissent regagner des marges de manœuvre, celui du rétablissement de leur

compétitivité. Bravo !

Mais il faut aller jusqu’au bout de l’ambition tracée. Aujourd’hui, seules des premières

baisses ont été votées en juillet dernier, et elles ne rentreront en vigueur qu’en 2015. Il va

falloir être tenace, courageux et persévérant dans l’effort sur les trois ans qui viennent, ne pas

dévier de la trajectoire fixée . C’est à ce prix que nous pourrons espérer commencer à nous

redresser.

Rappelons-nous aussi que les allemands ont mis trois ans avant de voir leur courbe du

chômage s'infléchir après la mise en place des fameuses mesures Schroeder - Hartz de

2003. Et 10 ans pour retrouver le plein emploi.

Les entreprises, tous les entrepreneurs ici présents, n'ont qu'un désir : que notre pays s'en

sorte, et redémarre.

Nous souhaitons tous investir dans une nouvelle machine, innover, attaquer un nouveau

marché, exporter, embaucher un ingénieur, un apprenti, un compagnon… C’est dans notre

nature, c’est notre raison d’être.

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Bien-sûr que nous sommes mobilisés, et que, tous, nous voulons la réussite de ce Pacte qui

pour nous est avant tout un Pacte de confiance et que nous avons appelé de nos vœux. Alors

cessons de toujours raisonner en termes de donnant-donnant.

Les entrepreneurs ici présents sont les combattants valeureux de la croissance pour autant

qu'on leur donne les mêmes armes que leurs concurrents européens.

Mais le Pacte de responsabilité n’est qu’une première étape.

D’abord parce que l’effort consenti dans le cadre de ce Pacte, pour important qu’il soit et s’il

est mené à son terme, ne comblera qu’un tiers du déficit de compétitivité que nos entreprises

ont avec leurs concurrentes allemandes qui je le rappelle est d'environ 116 Milliards d'euros.

Nécessaire donc mais pas suffisant.

Ensuite car il faut aussi prendre en compte tous les facteurs de la compétitivité coût qui

découlent de la politique gouvernementale et impactent les entreprises : le coût du travail et de

la fiscalité bien entendu.

Mais également le coût d’un euro trop fort, le coût du financement des entreprises et le coût

de l’énergie.

Enfin, car il faut aller plus loin et d’autres facteurs pour rétablir la croissance doivent être

étudiés. Le Gouvernement le sait bien puisqu’il nous invite à travailler sur l’investissement et

sur l’apprentissage dès la rentrée de septembre. Et je veux redire que ce sont des thématiques

importantes et le MEDEF va bien sûr être, là encore, force de propositions.

Tout doit être fait pour relancer l'activité, alors que l'investissement est en panne, et a baissé

au dernier trimestre C'est une inquiétude majeure, car l’investissement c’est la croissance

d’aujourd’hui mais surtout de demain.

Le Gouvernement a donc raison de vouloir relancer l'investissement. Il faut examiner toutes

les dimensions, tous les blocages :

Pourquoi les chefs d'entreprises hésitent à investir ?

Pourquoi les investisseurs hésitent à apporter du capital à nos entreprises ?

Pourquoi les banques hésitent à prêter, ou bien manquent de demande des entreprises ?

Pourquoi les collectivités privilégient leurs dépenses de fonctionnement au détriment

de l'investissement utile pour le pays ?

Il faut trouver les réponses pour donner envie aux entrepreneurs, aux financeurs, aux

ménages, aux salariés d'investir dans nos entreprises.

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Confiance, simplification de l'environnement, fiscalité incitative du capital, orientation de

l'épargne, épargne salariale, nous devons pouvoir aborder tous ces sujets sans tabou. Nous

ferons des propositions.

Mais la croissance n’est pas qu’affaire de chiffres, elle dépend aussi d’un environnement

de confiance qu’il faut mettre en œuvre.

Et j'en arrive à mon deuxième point clé : le retour de la confiance. c’est essentiel, mais

aussi certainement le plus compliqué car la confiance est longue à venir et prompte à

s’évanouir…

La confiance découle d’abord de la cohérence de l’action du Gouvernement et des

parlementaires vis-à-vis des entreprises.

o On ne peut pas prôner la simplification et, en même temps, compliquer en permanence

la vie des entreprises.

o On ne peut pas parler de confiance, et, en même temps, passer son temps à renforcer

les contrôles, les contraintes, les sanctions.

o On ne peut pas parler de compétitivité et, en même temps, multiplier les petites

cotisations générales ou spécifiques, les taxes transport, carbone, ou je ne sais quoi

d’autre.

Et le rétablissement de la confiance passe aussi par le discours de vérité que j’évoquais au

début et par des mesures concrètes à prendre rapidement.

Vue la situation de notre pays : nous devons peser sur tous les leviers possibles de création

d’emplois et nous devons en conséquence avoir le courage de mettre sur la table tous les

freins à l'embauche qui existent depuis des années, voire des décennies, et qui entretiennent

la peur du chef d'entreprise d'embaucher en France.

Car le chef d’entreprise a encore peur d’embaucher en France, qu’on se le dise !

Il faut mettre en place des « starters » pour redémarrer notre économie, et donc pour relancer

la croissance et l’emploi. C'est le but de notre projet « 1 million d'emplois » dont je vais

parler et qui s'inscrit dans l'environnement de confiance qu'il faut réinstaller rapidement en

France.

Il ne s’agit pas de mesures budgétaires supplémentaires, dont on comprend bien la difficulté

actuelle.

Il s’agit juste de se dire que le monde change, que les modes de vie changent, et que nos

certitudes d’hier sont nos blocages d’aujourd’hui, et notre chômage de demain.

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Car nous raisonnons encore sur des schémas hérités des Trente glorieuses, à une époque où la

croissance était prévisible et linéaire, où nous étions en compétition avec seulement 5 pays, où

le progrès technique était constant et incrémental...

Mais le monde a changé :

o la croissance doit aller se chercher, se conquérir quotidiennement et elle subit des

trous d’air régulièrement au niveau mondial.

o Désormais, 150 pays sont en compétition avec la France en termes d’attractivité, de

conditions de vie ou de recherche… .

o Le progrès technique est imprévisible, disruptif tout en évoluant très rapidement.

o La France est dans l’Europe, et la construction européenne est un avenir

indispensable…

Et ces changements sont en train d’accélérer et de s’accentuer.

Les modes de consommation, de vie, de travail évoluent : qui peut encore dire

qu’internet n’a rien bouleversé ?

Il suffit de regarder comment agissent nos enfants pour comprendre que leur monde ne

sera pas le nôtre. Que leur rapport aux médias, aux loisirs, au travail, aux entreprises

... n’est pas le nôtre.

Pourquoi considérer le travail comme une « souffrance » qu’il faut combattre, alors

que c’est souvent un épanouissement pour la plupart de nos salariés ?

Est-ce qu’un code du travail qui n’est compréhensible ni par la plupart des salariés, ni

par la plupart des chefs d’entreprise est vraiment tout ce que nous sommes capables de

produire ? Et peut-on réellement croire qu’il est ainsi plus protecteur des salariés ?

Est-ce que des contraintes, des rigidités, des obligations de formalismes sont nos

meilleures réponses pour un dialogue social pertinent dans un monde internet ouvert et

en mutation permanente ?

Pourquoi empêcher à toute force l’ouverture des magasins le dimanche et le soir, alors

que c’est un mode de vie pour certains salariés et un besoin pour nombre de nos

concitoyens que d’avoir plus de flexibilité dans l’organisation de leur quotidien ?

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Comment croire que nous sommes capables de maintenir notre modèle social

protecteur en travaillant moins que tout le monde et moins longtemps ?

Nous aimerions rapidement discuter de tout cela avec le gouvernement et avec

nos partenaires sociaux.

Mais soyons clair : toutes ces questions et ces évolutions nous obligent aussi, nous, chefs

d’entreprises, à évoluer dans nos pratiques, nos modes de management, nos réflexions. Nous

ne sommes pas en train de dire : les autres doivent changer et pas nous. Nous avons, nous

aussi, chefs d'entreprise, des responsabilités à assumer.

o Oui, il faut que nous associons mieux nos salariés à la création de valeur dans nos

entreprises et à la compréhension des choix stratégiques.

o Oui, il faut que nous progressions dans nos modes de management pour nous adapter

aux nouvelles attentes.

o Oui, il faut que nous assumions mieux les obligations de formation de nos salariés

pour les rendre employables.

o Oui il faut que nous nous intéressions encore plus à la jeunesse, à sa diversité, à ses

aspirations…

Nous avons, nous aussi, à évoluer. Nous en sommes conscients et nous avons commencé à y

travailler.

Pour en revenir à notre projet « 1 million d’emplois », nous rendrons public mi-septembre un

document de travail qui posera les constats, qui tracera des pistes d’actions et de réflexion, et

qui proposera une vingtaine de leviers, de « starter », d’activateurs de croissance.

Car ce projet « 1 million d’emplois » que je porte à la boutonnière, et que beaucoup d’entre

vous portent, j’y crois. C’est mon combat quotidien, mais ça devrait être celui de tous, celui

du pays. Car tous ceux qui veulent que notre pays s’en sorte, tous ceux qui veulent réellement

lutter contre le chômage, devraient porter ce pin’s et venir travailler à nos côtés.

Et que tous ceux qui critiquent, se moquent, glosent sur ce projet m’expliquent ce qu’ils

proposent…

Ce projet, je ne le porte pas en restant passif, en étant dans l’incantation . Nous, MEDEF et les

chefs d’entreprise avançons, proposons, posons sur la table des constats, suggérons des

réformes, agissons directement aussi.

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Par exemple, nous avons lancé le programme télévisuel court « Beau travail » sur les emplois

non pourvus, nous avons lancé le programme « Stratexio » pour accompagner nos entreprises

à l’exportation, ou nous avons lancé toutes sortes d’actions en faveur de l’entrepreneuriat… .

Nous proposons, et nous agissons, sans attendre qu’on nous le demande, pour le bien du

pays.

Mais c’est vrai que ce projet 1 Million d'emplois, pourra bousculer certaines de nos certitudes,

de nos habitudes…

Je vois d’ailleurs déjà toutes les forces de rappel à l’œuvre, tous ceux qui veulent surtout que

rien ne bouge, qui n’ont d’autre proposition que les mêmes recettes éculées.

Tous ceux qui jouent la même pièce de théâtre depuis 40 ans dans notre pays, avec les

postures médiatiques et les claquements de portes, les déclarations idéologiques, les

emportements simulés, les injonctions dogmatiques.

Je vois déjà les déclarations dans la presse : « le MEDEF veut ceci, ou cela. C’est

scandaleux ». Car, c'est bien connu, tout ce que veut le MEDEF est scandaleux ! Par

définition! Par dogme! Par posture, je dirai, pavlovienne !

Mais je veux leur dire, aujourd'hui, de façon solennelle : peut-on encore continuer à jouer

cette « Comedia dell’ arte » devant un public qui se lasse, et plus grave, qui se vide. Ne faut-

il pas d’urgence réinventer enfin dans notre pays une nouvelle manière de jouer cette pièce en

commun ? Un nouveau consensus social qui soit enfin économique et social ? Car je le dis

et je le redis : je ne sais pas faire du social, sans commande et sans compétitivité.

Nous sommes prêts à y travailler. Et il est urgent d’y travailler…

…en commençant peut-être par imaginer collectivement un nouveau dialogue social

dans l’entreprise qui soit à la fois économique et social, mais aussi pragmatique, efficace

et performant, et surtout adapté au 21 eme siècle et aux défis que nous avons tous

ensemble à relever.

Un dialogue trois fois gagnant :

o Gagnant pour les salariés dont on veut qu’ils soient épanouis, motivés, heureux et

employables ;

o Gagnant pour les entreprises qui doivent être rentables, compétitives et agiles ;

o Gagnant pour le pays, qui doit retrouver croissance, apaisement et plein emploi.

Nous sommes convaincus que c’est au niveau de l’entreprise que le dialogue économique

et social est le plus vivace, le plus en phase avec la réalité économique d’un monde en

mutation accélérée, et c’est sur le terrain que nous pourrons le faire progresser.

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Et c'est à l'entreprise, avec ses salariés, de s'adapter en permanence à un monde en

mutation accélérée, par les besoins des clients qui changent, par les technologies qui

évoluent, par la révolution numérique en marche et par les changements de mode de vie

en cours.

Enfin, et c’est la troisième condition au retour de la croissance, après la compétitivité et

la confiance, il faut se fixer un cap, une vision, une ambition collective qui nous

permettra de nous projeter dans l’avenir et de construire ces relais de croissance qui

nous manquent tant aujourd’hui.

C’est l’objet même de notre université d’été de cette année et du projet que nous portons

depuis un an, intitulé « France 2020 – Faire gagner la France » . Et je veux en profiter pour

remercier chaleureusement les équipes internes qui ont porté ce projet et les centaines de

chefs d’entreprise et d’experts qui y ont contribué.

Ainsi, les défis auxquels notre pays est confrontée ne sont pas des menaces mais des

opportunités de croissance extraordinaire.

Nous avons longuement travaillé sur ces défis et nous en avons retenu 7, structurées autour

de trois grandes ambitions et qui sont développés dans le manifeste que nous publions

aujourd’hui.

o Première ambition, celle de l’international et de l’exportation. C'est sans doute

l'ambition la moins difficile à mettre en œuvre pour notre pays. Nous devons nous

saisir résolument des opportunités qui découlent de la mondialisation et de la

construction européenne. 7.5 milliards d’individus sont à équipés en produits et

services. La planète est à équiper.

o Deuxième ambition, celle des nouveaux marchés, que ce soit le numérique,

l’énergie et la transition écologique ou les défis du futur que sont le vieillissement de

la population, les villes intelligentes, la sécurité, la santé, le tourisme… . Nos

opportunités sont immenses. Le futur est à construire.

o Troisième ambition, celle des défis sociétaux que sont la valorisation de l’audace

créatrice et de l’épanouissement des hommes et des femmes. Il nous faut changer

notre vision du monde, valoriser le succès comme le rebond, c’est-à-dire la prise de

risque, accepter l’erreur, promouvoir l’entrepreneuriat à tous les échelons et redonner

au travail toute sa valeur profonde. Plus il y aura d’entrepreneurs et d’entreprises en

France, plus on créera d’emplois et de richesse. Les énergies, les initiatives et les

talents doivent se libérer.

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Cela exige bien sûr, de nos entreprises qu’elle entreprennent les efforts et les progrès

nécessaires en matière de satisfaction clients, d’exportation, d’innovation, de management,

d’excellence opérationnelle ou encore de montée en gamme, pour aller vers une offre de

biens et de services « Premium » en capitalisant sur le french tech, sur le french touch,

sur le french design – tant prisé par nos clients asiatiques, et moyen de se différencier sur des

marchés hyperconcurrentiels .

C’est de notre responsabilité, nous entrepreneurs, d’accomplir cette transformation de nos

entreprises.

Mais tout cela ne deviendra réalité que si nous acceptons aussi de réformer enfin notre pays,

et notamment sa sphère publique.

L’Ambition que nous portons, ce cap commun d’une France qui gagne, qui trace les nouveaux

axes de croissance, doit être largement expliquée, débattue, partagée avec les salariés et, au-

delà, avec nos concitoyens, afin de donner un sens aux réformes structurelles indispensables

et mieux les faire accepter.

o Réformer, ce n’est pas simplement diminuer le coût de la sphère publique, même si

c’est la première urgence.

o Réformer, c’est aussi se reposer collectivement la question sur sa place, son rôle, son

mode de fonctionnement. Aucun sujet ne doit être tabou.

o Réformer, cela signifie d’abord changer, c’est-à-dire ouvrir de nouvelles opportunités

pour tous, et notamment pour nos fonctionnaires.

Je l’ai déjà dit et je le redis, le MEDEF est prêt à accompagner ce changement, et compte bien

prendre part à ce débat indispensable.

Enfin, et j’en terminerai par-là, pour faire gagner la France, nous devons réinventer

collectivement notre méthode de travail et clarifier nos principes d’actions.

o Premièrement, il nous faut jouer collectif. C’est à dire se rassembler, dans le respect

de nos différences, pour redresser le pays : les entreprises, les salariés, les forces

politiques, les partenaires sociaux,… . Loin de nous l'idée de cliver, d'opposer, de

rejeter.... Cela ne veut pas dire être toujours d’accord, cela veut dire accepter de

débattre ensemble sur des solutions innovantes sans tabou.

o Deuxièmement, il nous faut s’ancrer dans les territoires. Nos entreprises ne sont pas

hors sol, contrairement à ce que l’on peut lire, elles sont dans des territoires et

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Discours de Pierre Gattaz - Université d'été du Medef - 27 août 2014 Page 12 sur 13

participent à leur développement. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

J’aime beaucoup cette expression…

o Enfin, il nous faut nous inscrire dans la durée. Ce changement d’état d’esprit et les

réformes à mener ne se feront pas en 5 minutes, nous le savons. Elles prendront du

temps, et il faut commencer maintenant. Cela signifie qu’il nous faut du courage et

de la persévérance, pour lutter contre les vents contraires qui tenteront de nous

entraîner vers le précipice. Et expliquer, toujours expliquer ce que nous faisons et

pourquoi nous le faisons.

Voilà, la synthèse de nos travaux, de nos réflexions et de nos propositions, depuis 1 an.

Elles se veulent pragmatiques, opérationnelles, issues de notre expérience de terrain et

de notre connaissance de l’international.

Nous les avons synthétisées sous la forme d’un arbre, « l’arbre de la croissance » que vous

trouverez dans nos documents.

Pour que cet « arbre de la croissance » soit bien enraciné se développe, et crée richesses et

emplois, il a tout d’abord besoin d’un terreau de compétitivité, fertile et favorable, dont

nous avons parlé.

Mais cela ne suffit pas. Une terre fertile, dans un climat polaire ne donne rien. Il faut donc

aussi en parallèle un environnement de confiance, que nous avons longuement

évoqué, afin de redonner aux investisseurs, entrepreneurs et employeurs français ou

étrangers : stabilité, lisibilité et sérénité, notamment en matière fiscale et sociale, dans notre

pays. N’oublions jamais que le monde nous regarde.

Enfin, je veux aussi me permettre un conseil au nouveau Gouvernement :

Osez les réformes !

Le Premier ministre a déjà montré son courage et sa détermination.

Nous comptons sur lui et sur le Parlement.

Car la France ne peut plus attendre, les Français ne veulent plus attendre. Et je crois qu'ils

sont prêts. Nous sommes prêts.

Nous réussirons ensemble si nous gardons le cap.

Nous construirons alors une France qui gagne, une France de bâtisseurs, de constructeurs, de

créateurs, d’exportateurs, d’innovateurs, d'investisseurs …

Page 13: SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI · 2015. 2. 3. · Discours de Pierre Gattaz - Université d'été du Medef - 27 août 2014 Page 3 sur 13 Mais ce rebond, il faut le préparer, l'expliquer

Discours de Pierre Gattaz - Université d'été du Medef - 27 août 2014 Page 13 sur 13

o Une France qui aura retrouvé les chemins de la croissance, et idéalement du plein

emploi, et c'est possible !

o Une France qui aura conforté son influence dans le monde

o Une France qui sera à nouveau fière d’elle-même et réconciliée avec elle-même,

o Une France qui sera à nouveau un modèle pour les autres pays !

o Une France enfin ou il fera bon vivre et travailler, pour nos enfants et nos petits-

enfants…

Je vous remercie pour votre attention.

Vive l’entreprise et vive la France !

Je vais vous laisser quelques instants pour accueillir notre Premier ministre qui va s’exprimer

devant vous.