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88 CHAPITRE 6 COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? Ce 1 er thème de sociologie est consacré à l’étude des inégalités et de la structure sociale et à la mobilité sociale. Le chapitre 6 porte sur l’analyse de la structure sociale (Comment analyser la structure sociale ?) et le chapitre 7 sur la mobilité sociale (Comment rendre compte de la structure sociale ?) Doc. 1 Une famille pauvre résidant à Paris La pauvreté de cette famille est perceptible à travers plusieurs éléments matériels : le lit n’est qu’un simple matelas au sol avec un duvet et non des draps ou une couette, il ne semble pas y avoir de lit pour le bébé ni d’éléments décoratifs au mur et le seul autre meuble est une armoire. Il n’y a pas de jouets d’enfants. Surtout la mère paraît accablée et inquiète. On peut imaginer qu’elle se demande comment subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant. Doc. 2 Le Cercle de l’Union Interalliée à Paris regroupe 3 300 membres. Les nouveaux membres doivent avoir 2 parrains et passer devant une Commission. Le Cercle Interallié est une association qui réunit des membres des élites : des dirigeants de grandes entreprises, des personna- lités politiques, des diplomates, des magistrats et des avocats. Le mode de recrutement de cette association vise à assurer que les membres du Cercle soient issus du « même monde », c’est-à-dire partagent en grande partie le même statut social. Il garantit une forme d’entre soi pour l’ensemble des membres. Les personnes qui ne feraient pas réellement partie des élites connues et reconnues ne pourraient pas passer les étapes de la sélection et entrer indûment dans le cercle. I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE Ce chapitre traite de l’analyse de la structure sociale. Tout d’abors, les différentes formes d’inégalités sont présentées (Dossier 1. Les différents visages des inégalités), puis il s’agit de détailler les façons de mesurer ces inégalités et leurs évolutions depuis le début du xx e siècle (Dossier 2. Mesure et évolutions des inégalités économiques). Ensuite, on aborde les analyses de la structure sociale des sociologues ainsi que les transformations de la structure sociale contemporaine (Dossier 3. Les analyses de la structure sociale). Enfin, sont étudiées les différentes manières de classer les individus au sein de la structure sociale (Dossier 4. Les différents critères de clas- sification sociale). Ressources numériques liées au chapitre Vidéos • Des riches de plus en plus riches. Entretien avec Camille Landais (La Vie des idées, 2008), p. 177 www.lienmini.fr/magnard-ses-014 • La fabrication sociale d’un individu. Entretien avec Bernard Lahire (La Vie des idées, 2009), p. 187 www.lienmini.fr/magnard-ses-015 Schéma-bilan • Schéma de synthèse du chapitre, p. 190 SOCIOLOGIE – THÈME 1 Classes, stratification et mobilité sociales CHAPITRE 6 Comment analyser la structure sociale ? Manuel p. 166 à 167 Manuel p. 168 à 197

SOCIOLOGIE – THÈME 1 Manuel p. 166 à 167 Classes, … · 90 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE? contre 42 % pour l’accès aux soins et 33 % pour les inéga

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Page 1: SOCIOLOGIE – THÈME 1 Manuel p. 166 à 167 Classes, … · 90 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE? contre 42 % pour l’accès aux soins et 33 % pour les inéga

88 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

Ce 1er thème de sociologie est consacré à l’étude des inégalités et de la structure sociale et à la mobilité sociale. Le chapitre 6 porte sur l’analyse de la structure sociale (Comment analyser la structure sociale ?) et le chapitre 7 sur la mobilité sociale (Comment rendre compte de la structure sociale ?)

Doc. 1 Une famille pauvre résidant à ParisLa pauvreté de cette famille est perceptible à travers plusieurs éléments matériels : le lit n’est qu’un simple matelas au sol avec un duvet et non des draps ou une couette, il ne semble pas y avoir de lit pour le bébé ni d’éléments décoratifs au mur et le seul autre meuble est une armoire. Il n’y a pas de jouets d’enfants. Surtout la mère paraît accablée et inquiète. On peut imaginer qu’elle se demande comment subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant.

Doc. 2 Le Cercle de l’Union Interalliée à Paris regroupe 3 300 membres. Les nouveaux membres doivent avoir 2 parrains et passer devant une Commission.Le Cercle Interallié est une association qui réunit des membres des élites : des dirigeants de grandes entreprises, des personna-lités politiques, des diplomates, des magistrats et des avocats. Le mode de recrutement de cette association vise à assurer que les membres du Cercle soient issus du « même monde », c’est-à-dire partagent en grande partie le même statut social. Il garantit une forme d’entre soi pour l’ensemble des membres. Les personnes qui ne feraient pas réellement partie des élites connues et reconnues ne pourraient pas passer les étapes de la sélection et entrer indûment dans le cercle.

I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE

Ce chapitre traite de l’analyse de la structure sociale. Tout d’abors, les différentes formes d’inégalités sont présentées (Dossier 1. Les différents visages des inégalités), puis il s’agit de détailler les façons de mesurer ces inégalités et leurs évolutions depuis le début du xxe siècle (Dossier 2. Mesure et évolutions des inégalités économiques). Ensuite, on aborde les analyses de la structure sociale des sociologues ainsi que les transformations de la structure sociale contemporaine (Dossier 3. Les analyses de la structure sociale). Enfin, sont étudiées les différentes manières de classer les individus au sein de la structure sociale (Dossier 4. Les différents critères de clas-sification sociale).

Ressources numériques liées au chapitre Vidéos• Des riches de plus en plus riches. Entretien avec Camille Landais (La Vie des idées, 2008), p. 177www.lienmini.fr/magnard-ses-014• La fabrication sociale d’un individu. Entretien avec Bernard Lahire (La Vie des idées, 2009), p. 187www.lienmini.fr/magnard-ses-015Schéma-bilan• Schéma de synthèse du chapitre, p. 190

SOCIOLOGIE – THÈME 1

Classes, stratification et mobilité sociales

CHAPITRE 6

Comment analyser la structure sociale ?

Manuel p. 166 à 167

Manuel p. 168 à 197

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 89

II. RÉPONSES AUX QUESTIONS

Sensibilisation p. 168

1. Le personnage joué par Omar Sy ne vit que des alloca-tions chômage puis d’un salaire d’aide à domicile : il a peu de revenus. À l’inverse, celui que joue François Cluzet vit très confortablement. L’un des personnages est noir, l’autre blanc ; l’un est jeune et vit dans une banlieue défavorisée, l’autre plus âgé et il réside dans un quartier riche de Paris. Enfin, le personnage joué par Omar Sy ne souffre d’aucun handicap physique (il est « valide ») tandis que celui inter-prété par François Cluzet est lourdement handicapé.2. Le personnage de Philippe est lourdement handicapé moteur, ce qui constitue un désavantage par rapport à celui de Driss. Le personnage de Driss dispose de moins

de revenus, de diplômes que celui de Philippe. De plus sa couleur de peau peut l’exposer à des discriminations.3. Les deux personnages appartiennent à des groupes sociaux très éloignés.4. Le terme intouchables possède différentes significations : il évoque le fait que chacun de ces personnages puisse être victime de discriminations ou de rejets à cause de leur appa-rence (handicap physique pour l’un, couleur de peau ou lieu de résidence pour l’autre). Mais ce mot peut aussi avoir un sens plus positif, celui d’invulnérable : ensemble les deux personnages se sentent plus forts.5. En Inde, l’appartenance à la caste des intouchables est liée à la naissance. La pauvreté des intouchables est une conséquence du statut inférieur que la société indienne confère à ce groupe.

DOSSIER 1. Les différents visages des inégalités p. 170-173

Le programme officiel

On mettra en évidence le caractère multiforme des inéga-lités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. NOTIONS DE TLE : • inégalités économiques • inégalités socialesACQUIS DE 1RE : • revenu • salaire • profit

➜ Mise en œuvre dans le manuel

Il s’agit tout d’abord de distinguer clairement la notion de différence de celle d’inégalité ; ensuite on montre que les inégalités sont relatives aux normes et valeurs d’une société (A. Inégalités et différences). Après avoir défini les inégalités économiques et les inégalités sociales, il s’agit de pointer le caractère cumulatif des différentes formes d’inégalités (B. Des inégalités sociales parfois cumulatives).

A. Inégalités et différences p. 170-171

Doc. 1 La distinction entre inégalité et différence 1. Toutes les différences ne constituent pas des inégalités car elles n’entraînent pas nécessairement un avantage ou un désavantage.2. Exemples de différences qui ne se traduisent pas en inéga-lité : la couleur des yeux, la longueur des cheveux.3. Les inégalités ne se construisent pas sur les mêmes bases dans toutes les sociétés car elles sont liées aux valeurs d’une société et à ses normes qui valorisent plus ou moins certaines caractéristiques.

Doc. 2 Comment une différence devient-elle une inégalité ? 4. Il faut additionner les pourcentages de réponses qui concernent les tailles supérieures à 1,75 m, soit 32 % + 14 % + 5 % + 1 % = 52 %. La part des femmes qui pensent que la taille idéale est inférieure à 1,75 m est de 16 + 9 = 19 %.5. On observe que les hommes petits sont désavantagés dans leurs carrières mais aussi dans leur vie de couple.6. La société définit une taille attendue pour les hommes, ceux qui ont une autre taille, ici inférieure, font l’objet de

moqueries. Les stéréotypes associés à la petite taille sont dévalorisants et contribuent à entretenir cette mauvaise image.7. L’avantage dont disposent les hommes grands ne se retrouve pas avec la même importance chez les femmes grandes car la taille attendue par la société pour les femmes n’est pas la même : la société tolère davantage les femmes petites que les hommes petits, la haute taille étant asso-ciée aux stéréotypes de virilité mais étant au contraire peu compatible avec ceux de la féminité. Les femmes grandes risquent plutôt d’être désavantagées, notamment pour la mise en couple car beaucoup d’hommes ne veulent pas être en couple avec une femme plus grande qu’eux.

Doc. 3 L’évolution des inégalités selon les valeurs de la société8. Les comédiens ne pouvaient pas bénéficier des mêmes rites funéraires (terre consacrée, rite catholique). Dans une société où la religion occupait une grande place et où la plupart des individus étaient croyants cette discrimination était vécue comme grave.9. Les comédiens ont les mêmes droits que les autres et ne sont plus discriminés par la religion catholique. Les plus célèbres sont même très valorisés. Les comédiens n’ont donc pas un traitement inégal par rapport aux autres professions lors des funérailles.

Doc. 4 Les principales inégalités sociales et leur perception dans la société française10. Il faut additionner les pourcentages recueillis par toutes les réponses qui évoquent une société inégalitaire (très, plutôt), soit 48 % + 30 % = 78 %.11. En 2013, d’après BVA et le ministère des Affaires sociales et de la Santé, 59 % des Français interrogés considéraient que les inégalités les plus répandues étaient les inégalités de revenus et 31 % jugeaient que les inégalités de revenus étaient les moins acceptables.12. Les inégalités de revenus sont effectivement perçues comme les plus répandues (avec 59 % des réponses) ; en revanche, elles ne sont pas perçues comme les moins accep-tables car elles ne correspondent qu’à 31 % des réponses

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90 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

contre 42 % pour l’accès aux soins et 33 % pour les inéga-lités de logement.13. Les inégalités de logements, d’accès aux soins ou dans les études peuvent découler des inégalités de revenus. Les inégalités face à l’emploi, dans les études scolaires et liées à l’héritage familial peuvent générer des inégalités de revenus.

FAIRE LE POINT 1. Faux ; 2. Vrai ; 3. Vrai ; 4. Vrai

B. Des inégalités sociales parfois cumulatives p. 172-173

Doc. 1 Les inégalités de revenu1. En 2011, d’après l’INSEE, la moitié des employés avait un niveau de vie annuel inférieur à 18 710 euros, tandis que l’autre moitié avait un niveau de vie annuel supérieur à cette somme.2. Le niveau de vie médian des cadres était deux fois plus élevé que celui des ouvriers en 2011 d’après l’INSEE. Ces deux catégories ont été choisies car elles se situent aux deux extrémités de la hiérarchie des revenus parmi les salariés.3. Ces catégories perçoivent des revenus non salariaux car ils ne sont pas salariés mais indépendants. Ces revenus sont moins réguliers que ceux des salariés et plus dispersés au sein de chaque catégorie.

Doc. 2 Les inégalités de patrimoine4. En 2010, d’après l’INSEE, 50 % des cadres disposaient d’un patrimoine brut global supérieur à 296 700 euros et 50 % avait un patrimoine brut global inférieur à cette somme.5. Ce sont des indépendants, dont l’activité est liée à la possession de terres, de commerces ou d’entreprises, donc du capital. Ils doivent donc disposer d’un certain patrimoine professionnel (voire immobilier).6. D’après l’INSEE, en 2010, le patrimoine médian des cadres représentait 34,9 fois le montant du patrimoine médian des ouvriers non qualifiés.7. Dans les deux tableaux, les cadres disposent des montants les plus élevés et les ouvriers des montants les plus faibles parmi les salariés. Toutefois, les inégalités de revenus sont bien moins élevées que celles de patrimoine, comme le montre la comparaison des deux rapports cadres/ouvriers.8. Le patrimoine peut générer des revenus (dividendes, loyers) qui permettent à leur tour d’acquérir davantage de patrimoine.

Doc. 3 Des inégalités d’espérance de vie9. L’espérance de vie à 35 ans des ouvriers est bien plus faible que celle des hommes cadres (40,9 années contre 47,2). De plus, l’espérance de vie sans incapacité de type I est aussi inférieure pour les ouvriers (60 % de leur espérance de vie à 35 ans, soit 24,5 ans) par rapport aux cadres (73 % de leur espérance de vie à 35 ans, soit 34,5 ans).10. Les conditions de travail sont plus difficiles et dange-reuses pour les ouvriers (accidents du travail plus fréquents, exposition éventuelle à des produits toxiques...). Par ailleurs,

certains comportements à risque comme la consommation de tabac ou d’alcool sont plus répandus parmi les ouvriers. Enfin, la consommation de services médicaux est plus élevée chez les cadres, ce qui favorise la prévention des risques.11. Les ouvriers reçoivent des revenus inférieurs aux cadres et cela perdure au moment de leur retraite. Par ailleurs, ils bénéficient d’une espérance de vie inférieure et marquée plus tôt par l’incapacité. Les cadres sont plus favorisés tant au niveau des revenus que de la santé.12. Celle qui sépare les hommes et les femmes : quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle les femmes ont une espérance de vie à 35 ans plus élevée. La différence entre les hommes ouvriers et les femmes ouvrières est supérieure à celle entre les hommes ouvriers et les hommes cadres.

Doc. 4 Le cumul des inégalités13.

Inégalités de conditions de travail

Inégalités d’accès aux soins

Inégalités de modes de vie Inégalités de santé

Inégalités d’accès au logement

Inégalités de réussite scolaire

des enfants

Inégalités des risques de santé liés

à l’environnement

Inégalités d’accès à certains services

14. Les inégalités de patrimoine et de réussite scolaire semblent être à l’origine du processus de cumul des inégalités.15. Les catégories les plus favorisées du point de vue des ressources économiques sont aussi les plus favorisées pour l’accès au logement, aux soins, à l’emploi, à la réussite scolaire : elles cumulent donc les avantages. Au contraire, les catégories qui disposent de faibles patrimoines, revenus et diplômes ont un moindre accès aux soins, au logement, à la réussite scolaire pour leurs enfants et cumulent donc les handicaps.

FAIRE LE POINT Inégalités économiques : inégalités de niveaux de vie et inégalités de patrimoine.

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 91

DOSSIER 2. Mesure et évolution des inégalités économiques p. 174-177

Le programme officiel

On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. ACQUIS DE 1RE : • revenus de transfert

➜ Mise en œuvre dans le manuel

On présente les différents outils de mesure des inégalités

économiques : quantiles et courbe de Lorenz (A. Les outils

de mesure des inégalités économique) ; nous présentons l’in-

dice de Gini (indicateur synthétique de l’inégalité mesurée

par le courbe de Lorenz, qui permet de comparer des pays

entre eux) même s’il n’est pas explicitement au programme.

À partir de ces outils, on étudie ensuite la manière dont

ces inégalités économiques ont évolué depuis le début du

xxe siècle (B. L’évolution des inégalités économiques).

A. Les outils de mesure des inégalités économiques p. 174-175

Doc. 1 Les écarts de revenus par déciles ou quintiles en France avant et après redistribution1. D’après l’INSEE, en 2012, le revenu disponible moyen annuel des individus dont le revenu est inférieur au premier décile s’élevait à 9 948 euros. Ce chiffre est obtenu à partir du revenu moyen des individus dont le revenu est inférieur au premier décile avant redistribution (4 128 euros) auquel on retranche le montant moyen des prélèvements obliga-toires (165 euros) et auquel on ajoute le montant moyen des prestations reçues (5 985 euros).2. D’après l’INSEE, en 2012, pour les individus dont le revenu est inférieur au premier décile, le revenu disponible moyen représentait 141 % du revenu moyen avant redistri-bution. Les transferts ont fait augmenter le revenu de 41 %.3. D’après l’INSEE, en 2012, le revenu moyen des 20 % (au-delà du quatrième quintile) de la population les plus aisés s’élevait à 55 292 euros avant redistribution et leur revenu disponible moyen à 44 919 euros. Dans ce cas, le revenu disponible est inférieur au revenu moyen avant redis-tribution car les prélèvements sont plus élevés que les presta-tions reçues. Cela tient à la progressivité des prélèvements.4. Ce rapport est égal à 56 654/9 948 = environ 5,7.

Doc. 2 La difficulté d’appréhender les très hauts revenus5. Ces quatre situations appartiennent au dernier décile de revenus.6. Parmi les exemples fournis, si la moitié des cadres du commerce international reçoit plus de 5 000 euros mensuels, Bernard Arnaud reçoit 8 millions d’euros chaque année, soit plus de 660 000 euros mensuels.7. Ils bénéficient souvent de revenus du patrimoine car leurs revenus élevés leur permettent de constituer des patrimoines.

Doc. 3 Courbes de Lorenz du revenu et du patrimoine8. « En 2010, selon l’INSEE, les 20 % des ménages les plus riches détenaient 100 - 61,8 = 38,2 % des revenus

disponibles et possédaient 100 - 34,9 = 65,1 % du patri-moine total. »9. La courbe de Lorenz du patrimoine est plus éloignée de la diagonale que celle des niveaux de vie, ce qui traduit un plus haut niveau d’inégalités.10. Le patrimoine peut être constitué par l’épargne, seuls les ménages pouvant épargner se constituent un patrimoine, les ménages les plus modestes ne peuvent donc constituer des patrimoines importants. L’héritage est également très discriminant car seules les catégories très favorisées vont bénéficier d’héritages substantiels de leurs parents.

Doc. 4 Les inégalités de revenus en Europe11. D’après Eurostat en 2012, la France avait un indice de Gini du revenu disponible de 0,305, donc plus élevé que celui de l’Allemagne la même année qui était de 0,283. Cela signifie que les inégalités de revenu disponible étaient plus faibles en Allemagne qu’en France car l’indice est plus proche de 0 en Allemagne.12. Non, le coefficient de Gini ne donne pas d’informa-tion sur la moyenne des revenus mais seulement sur leur dispersion.13. La France se situe dans la moyenne européenne, avec un niveau d’inégalités du revenu disponible plus élevé que certains pays (Allemagne, Suède) mais plus faible que d’autres (Royaume-Uni, Espagne…).

FAIRE LE POINT Un décile découpe la population en tranches de 10 % de la population. En dessous du premier décile de revenus, on a les 10 % les moins aisés de la population. Au-dessus du dernier décile, les revenus sont les plus inégaux car ils peuvent être extrêmement élevés. Plus la courbe de Lorenz est éloignée de la diagonale ou bissectrice, plus le niveau d’inégalité observé est important. Plus l’indice de Gini est proche de 1, plus le niveau d’inégalités est élevé.

B. L’évolution des inégalités économiques p. 176-177

Doc. 1 Une réduction des inégalités de revenus en France depuis le début du xxe siècle1. Les inégalités de revenus ont régressé au cours des années 1930 et de la Seconde Guerre Mondiale, puis à la fin des Trente Glorieuses, entre 1968 et 1982-83.2. Les revalorisations du salaire minimum ont permis la hausse des plus faibles revenus et la progression de la part des salaires dans la valeur ajoutée (donc la baisse de celle des profits) a aussi profité aux salariés.3. La réduction des inégalités entre 1968 et 1982 fait suite à une période de hausse qu’elle compense. Donc, il ne reste que la période 1914-1945 pour expliquer la réduction des inégalités au cours du siècle.

Doc. 2 Une hausse récente des inégalités de revenus4. En 2002, les 10 % de la population les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 330 euros de 2011. Entre 2002 et 2012, le premier décile a augmenté de 0,9 %. Le niveau de vie médian atteint en 2012 19 520 euros, ce qui signifie que la moitié de la population française avait

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92 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

un niveau de vie inférieur. En 2012, les 10 % de la popu-lation les plus riches disposent d’un niveau de vie annuel minimum de 37 090 euros, soit une hausse de 5,8 % entre 2002 et 2012. Le rapport interdécile est de 3,39 en 2002, ce qui signifie que le niveau de vie minimum des 10 % les plus aisés est 3,39 plus élevé que le niveau de vie maximal des 10 % les plus modestes. Entre 2004 et 2012, le rapport D9/D1 augmente car D9 augmente plus vite que D1. 5. Le texte de l’OCDE utilise le rapport entre le revenu moyen des individus dont le revenu est supérieur au dernier décile et celui des individus dont le revenu est inférieur au premier décile. Son augmentation récente se retrouve dans la plupart des pays développés, la situation de la France n’est donc pas exceptionnelle.

Doc. 3 L’évolution des bas et des hauts revenus6. Le taux de pauvreté en 2004 est d’environ 12,5 %. Entre 1970 et 2004, l’évolution est donc de : (12,5 - 19,1)/19,1 x 100 = -34,5 %.7. La hausse du taux de pauvreté peut s’expliquer par le contexte de crise économique qui a développé davantage de chômage et de précarité.8. D’après l’INSEE, entre 2004 et 2011, le niveau de vie annuel avant transfert minimal des 10 % les plus riches a progressé de 2 600 euros, soit une hausse de 7,1 %.9. (93 000 – 83 200)/83 200 x 100 = 11,8 %.10. Les 0,01 % les plus riches ont vu leur niveau de vie annuel avant transfert minimal progresser de 42,8 % entre 2004 et 2010 alors que le niveau de vie annuel avant trans-fert minimal des 50 % les plus riches n’a augmenté que de 7,7 % sur la période.

Doc. 4 Les raisons de l’augmentation des très hauts revenusLa question 14 porte sur la vidéo.11. Selon Olivier Godechot, la hausse des plus hauts revenus est liée pour moitié au développement du secteur de la finance en France.12. Le patrimoine immobilier génère des loyers ; le patri-moine mobilier comme les actions génère des dividendes.13. Les revenus du capital progresseraient structurellement plus vite que ceux du travail (qui sont liés à la croissance

économique). En effet, la croissance économique a ralenti depuis les Trente Glorieuses tandis que la progression des revenus du capital est redevenue forte.14. Camille Landais évoque la forte hausse des revenus dans le secteur de la finance, mais aussi celle des revenus du capital.

Ressource numérique Vidéo• Des riches de plus en plus riches✔ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-014Camille Landais est économiste. Il a fait sa thèse sous la direction de Thomas Piketty. Il a notamment publié Pour une révolution fiscale. Un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle (Seuil, 2011) avec Thomas Piketty et Emmanuel Saez. Camille Landais a analysé le creuse-ment des inégalités en France dans la période récente et montre que la stabilité séculaire de l’échelle des revenus a laissé la place depuis 1998 au creusement d’un fossé entre les plus riches et la majorité de la population. La vidéo fait le lien entre les deux facteurs évoqués dans les deux textes du doc. 4.

Vidéo

Suggestion de questions supplémen-taires sur la vidéo

• Quelle est l’évolution des hauts revenus ? Il y a une augmentation des hauts revenus, mais elle est concentrée sur les plus hauts revenus (0,1 % des plus hauts revenus).• Quelle est la particularité de l’origine des très hauts revenus ?Ces revenus sont principalement des revenus du capital et non des revenus du travail.

FAIRE LE POINT 1. Faux ; 2. Faux ; 3. Vrai ; 4. Vrai

DOSSIER 3. Les analyses de la structure sociale p. 178-183

Le programme officiel

On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s’interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. NOTIONS DE TLE : • classes sociales • groupes de statutACQUIS DE 1RE : • groupe social

➜ Mise en œuvre dans le manuel

Tout d’abord, on présente les analyses fondatrices de la structure sociale de Karl Marx et Max Weber (A. Les analyses de deux auteurs fondateurs : Karl Marx et Max Weber). Ensuite, il s’agit de rendre compte de leurs prolongements contemporains autour des travaux de Pierre Bourdieu et de ceux relatifs à la bourgeoisie ou aux nouvelles formes de prolétariat (B. Rapports de classes, rapports de domination). Enfin, dans le cadre des transformations contemporaines de la structure sociale, il s’agit de rendre compte de la question des classes moyennes à travers l’étude de la théorie de la moyennisation (C. Le débat sur la moyennisation).

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 93

A. Les analyses de deux auteurs fondateurs : Karl Marx et Max Weber p. 178-179

Doc. 1 La définition des classes sociales selon Marx1. Le critère principal pour déterminer la place dans le processus de production est la possession ou non des moyens de production. Les ouvriers partagent une même position dans le processus de production : ils ne possèdent pas de capital et doivent vendre leur force de travail pour survivre.2. Il n’y a pas de sentiment d’appartenance à un destin commun dans une classe en soi. Ce n’est donc pas un groupe. Pour Marx, c’est en se mobilisant pour défendre leurs intérêts que les individus acquièrent la conscience de classe et deviennent une classe pour soi.3. Les paysans parcellaires partagent les mêmes conditions de vie et les mêmes intérêts économiques, ils constituent donc une classe en soi. Toutefois, leur éloignement n’auto-rise pas de réelle mobilisation de masse et ne permet pas l’émergence d’une conscience de classe.4. L’existence d’une conscience de classe peut être perçue à travers la présence d’une organisation politique ou syndicale représentant les intérêts de la classe.

Doc. 2 Des classes antagonistes5. Les conditions de travail sont très pénibles pour les prolé-taires (horaires très lourds, travail des enfants, cadences soutenues), les salaires très faibles (paupérisation).6. La bourgeoisie a intérêt à limiter les salaires pour préserver son profit, menacé par la concurrence. En revanche les prolétaires qui souffrent déjà de salaires faibles ne peuvent supporter des nouvelles baisses.7. La lutte des classes est à l’origine du changement social : les mobilisations des classes exploitées aboutissent à changer la société et s’incarnent dans tous les grands événements historiques.

Doc. 3 L’analyse multidimensionnelle de la structure sociale de Max Weber8. La hiérarchie du prestige qui détermine les groupes de statut et celle du pouvoir politique.9. Les deux auteurs partagent la dimension économique de l’analyse de la structure sociale et utilisent tous les deux le terme de classe sociale. En revanche, pour Weber, cette dimension économique n’est pas la seule à définir la position sociale : il y adjoint l’ordre du prestige et celui du pouvoir politique. 10. Un membre désargenté de la grande noblesse dispose d’un haut niveau de prestige mais est déclassé au sein de l’ordre économique. Au contraire, un membre des classes populaires ayant gagné au loto a acquis une position élevée dans l’ordre économique sans jouir pour autant d’une posi-tion similaire dans les deux autres ordres.

Doc. 4 Un exemple de groupe de statut11. Ces familles disposent de pouvoir et d’influence. Elles sont souvent anciennes, parfois nobles et plutôt aisées. Elles peuvent avoir reçu des décorations prestigieuses et possèdent généralement des propriétés.12. Ces familles partagent un même style de vie, vivent souvent dans les mêmes quartiers, sont amenées à se rencon-trer par leurs loisirs et leurs relations. Le Bottin mondain

facilite la mise en relation, il permet de vérifier les carac-téristiques des individus et il met à disposition les moyens de les joindre.13. Ces familles partagent un haut niveau de prestige ; elles entretiennent des relations personnelles à travers des liens qui ne sont pas économiques.

FAIRE LE POINT 1. lutte des classes : Marx ; 2. groupe de statut : Weber ; 3. conscience de classe : Marx ; 4. ordre politique : Weber ; 5. prolétariat : Marx

B. Rapports de classes, rapports de domination p. 180-181

Doc. 1 Les critères de classification sociale utilisés par Bourdieu1. On retrouve le caractère multidimensionnel de l’analyse de Max Weber avec notamment le capital symbolique qui évoque le prestige et le rôle de la hiérarchie économique (capital économique), notion présente chez les deux auteurs. Les relations de domination sont aussi évoquées par Marx et Weber.2. Le capital économique peut être constitué de biens immo-biliers, de revenus élevés. Le capital social peut s’incarner dans l’appartenance à un club privé. Le capital culturel peut être lié à la possession de diplômes reconnus.

Doc. 2 La représentation de l’espace social de Bourdieu3. Les instituteurs disposent d’un capital culturel assez important (milieu de l’axe vertical) mais d’un capital écono-mique plus faible (partie gauche de l’axe horizontal).4. Car ces pratiques se retrouvent plus fréquemment parmi les catégories sociales citées et qu’elles témoignent d’un style de vie propre à chaque partie de l’espace social.5. Les parties dominées se situent à gauche car le capital économique est plus valorisé dans nos sociétés que le capital culturel.

Doc. 3 La bourgeoisie, une classe sociale à part entière ?6. À l’analyse marxiste.7. La bourgeoisie constitue une classe en soi car elle partage un niveau de richesse élevé et peut vivre dans les mêmes « beaux quartiers » ; elle a donc des intérêts communs.8. La bourgeoisie se mobilise pour défendre ses intérêts (ici son entre soi), ce qui témoigne d’une conscience de classe.

Doc. 4 Une nouvelle forme de prolétariat ?9. Ces travailleurs doivent accepter toutes les demandes des employeurs, sous peine de ne pas être réembauchés ; ils subissent des horaires très contraignants et sont mis en concurrence les uns avec les autres.10. Ces travailleurs sont condamnés à subir l’attente et sont enfermés dans une dépendance aux employeurs, aux trans-ports collectifs. Ils sont reçus dans des lieux froids où tout est fait pour qu’ils ne s’attardent pas.11. La concurrence entre travailleurs rend plus difficile la mobilisation collective ; de plus, les syndicats sont peu présents et les droits des travailleurs très restreints.

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94 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

FAIRE LE POINT • Une ingénieur en informatique : en haut verticalement, au milieu horizontalement : fort capital culturel et économique avec les ingénieurs.• Un agent d’entretien sur les ferrys : en bas verticalement au milieu horizontalement : peu des deux formes de capitaux.• Un artisan charcutier : au milieu sur l’axe vertical, à droite sur l’axe horizontal avec les petits commerçants : peu de capital culturel, davantage de capital économique mais dans la partie inférieure de l’axe vertical.• Une chercheuse en économie : en haut sur l’axe vertical, mais un peu plus à gauche sur l’axe horizontal car le capital culturel excède le capital économique.• Un marin-pêcheur : s’il ne possède pas son navire, il sera proche des ouvriers qualifiés en bas sur l’axe vertical et légè-rement vers la gauche sur l’axe horizontal.• Une infirmière : ce métier appartient aux services médi-caux sociaux ; les infirmières disposent de diplômes et se situent donc plutôt à gauche du point de vue du capital culturel et légèrement au-dessus du centre du schéma en ce qui concerne le capital total car leurs revenus demeurent proches de la moyenne.

C. Le débat sur la moyennisation p. 182-183

Doc. 1 Les hypothèses de la théorie de la moyennisation1. La réduction de la part des agriculteurs dans la popula-tion active, l’amélioration de la situation économique des ouvriers, le développement quantitatif d’une vaste classe moyenne.2. Les inégalités de revenus ont régressé à partir de 1968 jusqu’au début des années 1980.3. La constellation centrale est en expansion, marquée par une forte mobilité sociale, et serait porteuse d’innovations qui se diffusent ensuite dans toute la société.4. La diffusion de pratiques issues de la constellation centrale vers les autres catégories (voir l’exemple du barbecue dans le texte), témoigne de frontières entre catégories beau-coup moins nettes et de l’absence d’antagonisme.5. 60 % des individus interrogés en 2013 par l’Ifop se sentent appartenir aux classes moyennes ou aux classes moyennes supérieures, ce qui montre que ces catégories sont fortement revendiquées, bien au-delà des 25 % de la constellation centrale de Mendras.

Doc. 2 La persistance des différences de consommation entre groupes sociaux6. La consommation d’un même bien peut être différenciée selon les catégories sociales, ainsi l’usage d’Internet ou la

lecture peuvent fortement varier dans leur contenu selon les catégories sociales.7. Les différences de revenu contraignent davantage les choix des ouvriers, mais aussi celles de mode de vie : moins de temps pour les cadres, plus d’importance accordée aux loisirs.

Doc. 3 Part de certains postes dans les dépenses des ménages (en  %)8. D’après l’INSEE en 2011, les ménages dont la personne de référence était ouvrier consacraient en moyenne 16,9 % de leurs dépenses totales à l’alimentation. Par ailleurs, les ménages dont la personne de référence était cadre consa-craient une part de leurs dépenses 1,5 fois plus importante aux loisirs et à la culture que les ménages dont la personne de référence était ouvrier.9. La part des dépenses consacrée au logement est plus importante chez les ouvriers que chez les cadres (17,2 % contre 13,1 %) ; à l’inverse, la part consacrée aux loisirs et à la culture est plus élevée chez les cadres que chez les ouvriers (11,7 % contre 7,8 %).

Doc. 4 Deux regards sur le malaise des classes moyennes10. La faible progression de leurs salaires et la situation des enfants issus de ses classes qui peuvent connaître le déclassement.11. Les deux textes montrent qu’elles ont été porteuses d’espoir et de modernité par le passé, qu’elles sont aussi fragiles (revenus du travail en faible progression, ressources incertaines).12. Le deuxième texte insiste sur le fait que les classes moyennes demeurent le centre de gravité de notre société, qu’elles conservent un fort prestige social et que les trajec-toires descendantes ne sont pas plus fréquentes dans les jeunes générations issues des classes moyennes qu’au-paravant. Il s’oppose au premier texte qui souligne au contraire une plus grande fréquence des déclassements et une dégradation générale de la situation des enfants des classes moyennes, ainsi qu’un recul de leur position dans la hiérarchie sociale.

FAIRE LE POINT

Dimension objective :ni trop pauvre ni trop riche

Dimension subjective :espoir

de promotion sociale

Appartenance aux classes moyennes

DOSSIER 4. Les différents critères de classification sociale p. 184-187

Le programme officiel

On mettra en évidence la multiplicité des critères de diffé-renciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie). NOTIONS DE TLE : • catégories socioprofessionnellesACQUIS DE 1RE : • groupe social

➜ Mise en œuvre dans le manuel Tout d’abord, on présente la grille des PCS ; ses principes de construction, ses limites et ses prolongements (A. La grille des PCS : un classement des individus à partir de leur profession). Ensuite, on développe d’autres critères de classification sociale comme l’âge, le sexe, l’apparence physique etc. (B. De multiples critères de classification sociale).

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 95

A. La grille des PCS : un classement des individus à partir de leur profession p. 184-185

Doc. 1 Les critères d’élaboration de la grille des PCS1. L’élément central pour déterminer la position sociale dans la nomenclature des PCS est la profession.2. Les catégories socioprofessionnelles se rapprochent des analyses de la structure sociale de Weber car la profession contient une dimension économique (elle est liée au revenu), mais partager la même profession suppose souvent des comportements et pratiques proches, éventuellement un sentiment d’appartenance et la possibilité d’entretenir des relations personnelles.3. Elle permet d’étudier les comportements de catégories réputées suffisamment homogènes et de voir si l’apparte-nance à ces catégories influence les pratiques des individus dans de nombreux domaines (vote, consommation, mobilité sociale, etc.).

Doc. 2 La grille des PCS de l’INSEE4. La catégorie socioprofessionnelle « Cadres et professions intellectuelles supérieures » ne contient pas que des salariés car les professions libérales ne sont pas salariées.5. Leur niveau élevé de diplôme et de revenus explique le rapprochement entre les cadres et les professions libérales.6. La profession exercée avant la retraite, car elle influence le niveau de revenu tout comme les pratiques des individus.7. la catégorie socioprofessionnelle 8 ne contient pas que des inactifs car les chômeurs sont des actifs. Les chômeurs ayant déjà exercé un emploi sont placés dans la catégorie socioprofessionnelle correspondant à cet emploi.8. La hiérarchie est sous-jacente, par exemple les cadres et professions intellectuelles supérieures disposent des plus hauts revenus et diplômes, notamment par rapport aux professions intermédiaires, employés ou ouvriers. Toutefois la hiérarchie n’est pas toujours identifiable ; c’est le cas entre la PCS employés et celle des ouvriers.

Doc. 3 Les ambiguïtés de la grille9. L’origine sociale, le sexe.10. Les enseignants du primaire, du secondaire et du supé-rieur ne sont pas tous classés dans la même catégorie car le niveau de diplôme diffère, de même que les revenus.

Doc. 4 Le projet européen de classification socio-économique11. Pour harmoniser les statistiques sociales dans l’ensemble de l’Union européenne et faciliter les comparaisons.12. Les nomenclatures sont ancrées dans l’histoire sociale des différents pays et témoignent de perceptions différentes de la structure sociale, il est donc difficile de les harmoniser. Le projet serait plus adapté aux pays du Nord de l’Europe. De plus, la structure ne se réfère à aucun cadre juridique objectif.

FAIRE LE POINT • Vous : 82 • Germaine a travaillé toute sa vie au guichet à la Poste, elle est retraitée depuis 20 ans : 76 • Camille est directrice d’un département dans une grande entreprise : 36 • Nicole travaille à la chaîne aux usines Renault : 66 • Mourad a ouvert un salon de coiffure en centre-ville : 21 •

Pascale est coiffeuse dans le salon de Mourad : 55 (attention: 56 concerne principalement les assistants ménagers et les auxiliaires de vie) • Étienne travaille dans une exploitation agricole mais n’en est pas le patron : 69.

B. De multiples critères de classification sociale p. 186-187

Doc. 1 Les inégalités entre générations1. L’accès à l’emploi est plus difficile pour les générations nées au début des années 1970, l’écart de salaire entre les travailleurs jeunes et les travailleurs âgés est plus élevé pour les générations nées dans les années 1970 que pour les précédentes.2. L’émergence du chômage de masse depuis les années 1980, l’augmentation du niveau moyen de diplôme qui rend plus difficile la mobilité ascendante dans un contexte de faible croissance.

Doc. 2 Des discriminations de différentes natures3. En 2011, 19 % des salariés interrogés dans le cadre de cette enquête disent avoir été témoin ou victime de discri-minations liées au handicap dans leur vie professionnelle.4. L’âge, le sexe et l’apparence physique.

Doc. 3 Des relations complexes entre les différents types de discrimination5. D’après l’étude menée en 2009 publiée dans Économie et Statistique, les candidats aux offres d’emploi d’informaticien d’origine vietnamienne ont obtenu une réponse favorable pour 12,3 % des candidatures qu’ils ont adressées.6. Pour les candidatures d’origine française, marocaine ou sénégalaise, les candidates reçoivent moins de réponses favo-rables que les candidats. Il n’y a que dans le cas de l’origine vietnamienne que les candidates sont plus favorisées que les candidats.7. Les femmes d’origine sénégalaise reçoivent beaucoup moins de réponses favorables que celles d’origine française (origine), mais encore moins que les hommes d’origine séné-galaise (genre). Seule l’origine vietnamienne semble plus profitable aux femmes qu’aux hommes.8. Selon le genre ou l’origine, l’embauche sera plus ou moins facile (doc. 3) ; ensuite, les discriminations peuvent se poursuivre au sein de l’entreprise et agir sur les salaires, les promotions, etc. (doc. 2).

Doc. 4 De multiples appartenancesLa question 12 porte sur la vidéo.9. Pierric appartient aux professions intermédiaires (47).10. Les pratiques culturelles de Pierric ne semblent pas en harmonie avec sa catégorie socioprofessionnelle car elles impliquent des pratiques jugées exigeantes (danse contem-poraine, théâtre, expositions d’art contemporain) qui sont davantage attendues dans la PCS cadres et professions intel-lectuelles supérieures.11. On voit que les rencontres de Pierric, notamment son ex-compagne, l’ont inf luencé. Sa famille et ses amis partagent certaines pratiques avec lui, comme la pétanque. De même, son lieu de travail a joué un rôle.12. Bernard Lahire évoque le fait que les individus portent en eux (comme replié) une multitude d’univers sociaux

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96 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

et d’appartenances et qu’il faut tenir compte de cette complexité pour restituer les trajectoires individuelles. Les individus ne peuvent pas être découpés : ils font cohabiter ces diverses appartenances (genre, milieu d’origine, milieu professionnel, pairs, etc.)

Ressource numérique Vidéo• La fabrication sociale d’un individu. Entretien avec Bernard Lahire✔ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-015Le sociologue Bernard Lahire montre qu’il y a concur-rence socialisatrice entre les différents groupes auxquels appartient l’individu parce que ces groupes ne véhiculent pas les mêmes normes et valeurs. Pour cette raison, l’in-dividu est amené à s’adapter à ces différentes normes et valeurs pour construire son identité plurielle, composée de dispositions hétérogènes.

Vidéo

Suggestion de question supplémentaire sur la vidéo

En prenant l’exemple d’une personne issue des classes populaires et qui appartient aujourd’hui aux classes dominantes, explicitez l’impact du parcours de vie sur la socialisation.Le transfuge de classe reprend presque naturellement une manière populaire de parler quand il retrouve son milieu d’origine. Il maîtrise à la fois le registre de langage du milieu dont il est issu et un registre plus soutenu acquis grâce à l’école et les différentes expériences socialisatrices (amis, conjoints, associations...). Les normes et valeurs transmises par la famille ne sont pas toujours conformes à celles transmises par l’école. Comme cela sera vu dans le chapitre 7, les normes et valeurs des milieux supérieurs sont plus proches de celles de l’école.

FAIRE LE POINT 1. Dans le monde professionnel, on observe des discrimi-nations liées à l’âge, au sexe, à l’origine.2. Les pratiques culturelles des individus ne sont pas seule-ment influencées par leur profession.3. Les générations peuvent connaître des inégalités par rapport à l’accès à l’emploi ou au revenu.

Exercices p. 191-192

1. Vrai ou faux ?1. Faux ; 2. Faux ; 3. Faux ; 4. Vrai ; 5. Vrai ; 6. Faux ; 7. Faux ; 8. Faux ; 9. Vrai ; 10. Faux

2. Faire un schéma

Population de plus de 15 ans

Inactifs

Retraités

Inactifs en âge de travailller

Étudiants, personnes au foyer

Actifs

Indépendants

SalariésCadres, professions

intermédiares, employés, ouvriers

Agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprises,

profession libérales

3. Rédiger l’EC21. Lecture de tableau• Le niveau de vie médian est celui pour lequel la moitié de la population dispose d’un niveau de vie supérieur, l’autre moitié d’un niveau de vie inférieur. Le taux de pauvreté est le rapport entre le nombre de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian) et la population totale.

• D’après l’INSEE, en 2011, le niveau de vie médian des personnes entre 30 et 49 ans était de 20 120 euros par an.

Par ailleurs, 12,7 % de la population disposait d’un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian. Enfin, 66,7 % des personnes de plus de 50 ans étaient inactives.• Il est préférable de comparer la situation des 18-29 ans à celle des autres tranches d’âges (30-49 ans et 50 ans et plus).• Le sujet impose de traiter de la situation économique des 18-29 ans par rapport à celle des autres tranches d’âge. Cela comprend bien sûr leur niveau de vie mais aussi leur niveau de pauvreté et leur accès à l’emploi.

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 97

2. Rédaction des paragraphes• Ce document est issu des travaux de l’INSEE, il s’ap-puie sur les données de l’enquête Revenus fiscaux et sociaux collectée en 2011. Ce tableau statistique présente les niveaux de vie médians (en euros), taux de pauvreté (en %) et statut d’activité pour trois tranches d’âge (exprimé en pourcen-tages de répartition pour chaque statut) : les 18-29 ans, les 30-49 ans et les plus de 50 ans, ainsi que pour l’ensemble de la population. • (Rappeler la définition du niveau de vie médian et du taux de pauvreté). Les jeunes entre 18 et 29 ans disposent d’un niveau de vie médian inférieur à celui des autres catégories d’âge : 18 150 euros par an contre 20 120 euros par an pour les 30-49 ans et 20 680 euros pour les plus de 50 ans. Leur taux de pauvreté est également plus élevé que pour les autres catégories : 19,4 % pour seulement 13 % parmi les 30-49 ans et 10,1 % pour les plus de 50 ans.• (Rappeler la définition du taux d’activité et du taux de chômage.) Les 18-29 ans sont moins nombreux à être actifs occupés que les 30-49 ans : 55,4 % de la caté-gorie contre 82,3 %. Mais les plus de 50 ans sont encore moins nombreux à occuper ce statut : seulement 31,3 %. En revanche, la part de chômeurs dans la catégorie des 18-29 ans est la plus élevée de toutes les catégories d’âge (6,9 % pour les 30-49 ans et 2,2 % pour les plus de 50 ans). Enfin, les 18-29 ans ont une proportion d’inactifs plus élevée que celle des 30-49 ans (32,3 % contre 10,9 %), ce qui peut s’expliquer par le nombre d’étudiants dans cette catégorie. Les plus de 50 ans ont néanmoins une proportion d’inactifs encore plus élevée : 66,7 %, ce qui s’explique par le nombre de retraités.

4. Lire une courbe de Lorenz1. La bissectrice représente une répartition parfaitement égalitaire des patrimoines ; en pointillés gris, on retrouve la répartition la plus inégalitaire possible.2. Les 20 % les plus pauvres détiennent approximativement 0 % du patrimoine total.3. Non, car on ne lit en ordonnées que la part du patrimoine détenue par tel décile, on ne connaît pas les montants qui correspondent.4. Ils détiennent environ 65 % du patrimoine total.

5. Plus la surface S est importante, plus la courbe de Lorenz est éloignée de la bissectrice, donc de la répartition parfaite-ment égalitaire. Cela signifie bien que le niveau d’inégalités est plus élevé.

5. Utiliser les déciles1. D’après l’INSEE, en 2012, les individus dont le niveau de vie était supérieur au 7e décile (à celui qui sépare les 30 % les plus riches des 70 % les plus pauvres) et inférieur au 8e décile (à celui qui sépare les 20 % les plus riches des 80 % les plus pauvres) disposaient d’un niveau de vie moyen de 27 080 euros par an.2. En faisant la moyenne de niveau de vie de l’ensemble de la population.3. On divise le niveau de vie moyen des personnes appar-tenant au dernier décile (23 270) par celui des personnes appartenant au premier décile (7 980), on obtient bien 7,3.4. Pour les personnes ayant un niveau de vie supérieur au dernier décile : (58 410 – 56 250)/56 250 = + 3,84 %.Pour les personnes ayant un niveau de vie inférieur au premier décile : (7 980 – 8 360)/8 360 = - 4,54 %.5. Le rapport interdécile a augmenté entre 2009 et 2012, ce qui traduit un écart croissant entre le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres et celui des 10 % les plus riches. De fait, le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres a reculé, tandis que celui des 10 % les plus riches a augmenté.

6. Utiliser les niveaux de vie par déciles pour rédiger un paragrapheD’après l’INSEE en 2009, le niveau de vie moyen des indi-vidus appartenant au premier décile, c’est-à-dire les 10 % les plus pauvres de la population, s’élève à 8 360 euros annuels. Cette même année, le niveau de vie moyen des individus appartenant aux 10 % les plus riches, ceux dont le niveau de vie est supérieur au neuvième décile s’élevait à 56 250 euros par an. Entre 2009 et 2012, le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres diminue de 4,54 %, tandis que celui des 10 % les plus riches progresse de 3,84 %. Par conséquent, l’écart entre le niveau de moyen des individus des individus les plus riches et les plus pauvres a augmenté. Ce creusement des écarts est confirmé par le rapport D9/D1 qui progresse : de 6,73 en 2009 à 7,3 en 2012. Les inégalités de niveaux de vie se sont creusées entre 2009 et 2012 en France.

Méthode  p. 193

• Pour les remarques 1 à 3, indiquez ce qu’il aurait fallu écrire. 1. En 2012, d’après l’INSEE, il y avait en France métropo-litaine 578 400 chômeurs entre 15 et 29 ans.2. En France métropolitaine en 2012, d’après l’INSEE, l’ancienneté moyenne des hommes entre 15 et 29 ans au chômage était de 9,9 mois.3. En France métropolitaine en 2012, d’après l’INSEE, on comptait 12,6 % de chômeurs depuis plus de deux ans parmi l’ensemble des hommes au chômage entre 15 et 29 ans.• Complétez cette analyse des informations contenues dans le tableau.Par sexe. Il y a davantage d’hommes (1 450 600) que de femmes (1 360 600) au chômage et les hommes ont

tendance à rester plus longtemps au chômage que les femmes : 14,5 mois contre 13,4 mois pour les femmes. De même, la proportion de chômeurs depuis plus de deux ans parmi l’ensemble des chômeurs est plus élevée pour les hommes (20,6 %) que pour les femmes (18,8 %).Par âge. Les jeunes entre 15 et 29 ans sont les plus nombreux à être au chômage (1 074 200), les moins nombreux étant les 50 ans et plus avec 525 300. Les plus jeunes bénéficient de la plus courte ancienneté moyenne au chômage (9,3 mois en moyenne), celle-ci augmentant avec l’âge (21,8 mois pour les plus âgés). La part de chômeurs depuis plus de deux ans est d’autant plus grande que les chômeurs sont âgés : jusqu’à 34,8 % pour les 50 ans et plus contre seule-ment 11,3 % pour les 15-29 ans.

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98 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?

SUJET BAC. Épreuve composée p. 194-195

Partie 1. Mobilisation des connaissances

1. Les inégalités économiques peuvent entraîner des inéga-lités d’accès au logement. Les personnes à faibles revenus et patrimoines vivent davantage dans des quartiers défavorisés pour lesquels l’accès aux transports ou à certains services publics peut être plus difficile. De plus, la taille et la qualité des logements sont souvent limitées. Cela peut avoir des répercutions par exemple sur la réussite scolaire des enfants : ainsi, si ces derniers ne disposent pas d’un espace suffisant pour leur travail scolaire (chambre individuelle), cela peut avoir des effets négatifs sur leur réussite. Au contraire, les plus hauts revenus et patrimoine vont avoir un meilleur accès aux soins médicaux, notamment les plus spécialisés, ce qui peut contribuer à une plus grande espérance de vie.

2. Dans l’approche wébérienne, la classe sociale rassemble des individus ayant des chances similaires d’accès aux biens. Cette notion repose donc sur un critère économique. Les groupes de statut sont constitués d’individus partageant un même niveau dans l’ordre du prestige, le critère n’est donc pas ici économique. De plus, les groupes de statut rassemblent des individus susceptibles d’entretenir des rela-tions interpersonnelles (contrairement aux classes sociales), même si cela ne conduit pas de façon systématique à leur mobilisation.

Partie 2. Étude d’un document

Ce tableau statistique présente les différents types d’emplois occupés par les actifs selon leur âge en France métropo-litaine, selon l’INSEE en 2012. On peut observer pour chaque catégorie d’âge la répartition des actifs occupés entre ceux disposant d’un emploi non salarié, ceux qui occupent un emploi salarié en CDI et ceux qui occupent un emploi salarié en contrat précaire.On peut observer que la part des actifs occupés ayant un emploi non salarié est plus faible pour les plus jeunes (4,5 % des 15-29 ans) que pour les autres catégories (jusqu’à 16,4 % des 50 ans et plus). De plus, les actifs occupés les plus jeunes occupent davantage des emplois précaires (34,1 % d’entre eux contre 7,9 % pour les 30 à 49 ans et 5,6 % pour les 50 ans et plus) et moins que les autres caté-gories des emplois salariés en CDI (61,4 % des 15-29 ans sont concernés contre 80,7 % des 30-49 ans et 78,1 % des 50 ans et plus). Parmi les emplois précaires, on peut remarquer que la part des jeunes actifs occupés est parti-culièrement élevée pour les CDD du privé (12,6 % de la catégorie occupe ce type d’emplois contre seulement 2,9 % des 50 ans et plus), mais aussi qu’ils sont les seuls à occuper le statut d’apprentis (7,8 % des 15-29 ans contre 0 % pour les autres catégories d’âge).

Partie 3. Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

À l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez la pertinence du concept de classe moyenne pour analyser la structure sociale en France.

En 2013, selon une enquête de l’IFOP 48 % des personnes interrogées déclaraient se situer parmi les classes moyennes. Le terme de classe sociale peut avoir plusieurs significa-tions pour les sociologues. Si tous s’accordent sur le fait que les classes sont constituées de personnes proches selon des critères économiques (possession des moyens de production pour Marx, chances d’accès aux biens pour Weber, capital économique pour Bourdieu), Karl Marx fonde aussi la classe sociale sur l’existence d’une conscience de classe, ce qui n’est pas le cas pour Weber ou Bourdieu. La classe moyenne serait donc celle qui rassemblerait les individus occupant une posi-tion intermédiaire dans la hiérarchie économique, sans que l’existence d’une conscience d’appartenir à cette classe soit un critère obligatoire. La structure sociale désigne, quant à elle, la manière dont la société est découpée en catégories qui peuvent correspondre à des groupes sociaux et ont un inégal accès aux ressources socialement valorisées. La notion de classe moyenne est aujourd’hui largement employée dans les discours politiques ou médiatiques, il s’agira donc de montrer en quoi elle est pertinente pour analyser la structure sociale de la France contemporaine.

1. La notion de classe moyenne retranscrit une évolution historique de la structure sociale française. • Elle correspond à une catégorie en croissance, surtout à partir des années 1960. La classe moyenne a vu son effectif augmenter avec la montée du salariat, mais aussi la tertiarisation de l’éco-nomie française (augmentation des postes de cadres, profes-sions intermédiaires, employés) après la Seconde Guerre mondiale. Elle a aussi profité de la féminisation du marché du travail, les qualifications des femmes étant souvent liées à des professions classées dans la classe moyenne (secrétaire par exemple à cette époque). • L’extension de la classe moyenne correspond aussi au recul des classes traditionnelles. Comme l’indique le document 1, la société française du début du xxe siècle était marquée par trois classes princi-pales : les ouvriers, les paysans et la bourgeoisie. Les ouvriers ont vu leur nombre décliner à partir des années 1970, les paysans ont connu une forte baisse de leurs effectifs dès les années 1950 sous l’effet du progrès technique. Si la bour-geoisie existe encore, elle a changé de forme.• La classe moyenne rassemble aujourd’hui une large partie de la population. Elle a bénéficié de la réduction des inégalités économiques entre 1968 et le début des années 1980 et s’est imposée comme l’élément central de la structure sociale (Mendras). Certains la définissent aujourd’hui comme la moitié de la population comprise entre les 30 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches comme l’indique le document 2. Cela couvre une large échelle de revenu disponible : entre 1 183 euros et 2 177 euros mensuels pour une personne seule en 2011 selon l’Observatoire des inégalités et entre 3 001 euros et 5 621 euros mensuels pour un couple avec trois enfants et plus.

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CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? 99

2. La notion de classe moyenne correspond à une réalité symbolique.• La classe moyenne serait une référence pour l’ensemble des catégories. Selon l’analyse de Mendras (doc. 1), la classe moyenne devient le modèle de référence du plus grand nombre. Porteuse d’innovations sociales (jean, barbecue...), elle diffuse ses pratiques dans l’ensemble de la société. Elle est porteuse d’un style de vie spécifique (Weber) notam-ment caractérisé par une volonté d’ascension sociale pour ses enfants (Chauvel), d’un fort investissement éducatif (diplômes) car son patrimoine économique est plus limité que celui des catégories supérieures.• Il existe un sentiment d’appartenance à la classe moyenne largement diffusé dans la population. Dans le document 3, on voit que 48 % de l’ensemble des personnes interrogées par l’IFOP en 2013 se situent parmi la classe moyenne et 11 % parmi les classes moyennes supérieures. Si on retrouve de forts pourcentages parmi les catégories socioprofessionnelles que l’on associe tradi-tionnellement à la classe moyenne (55 % des professions intermédiaires, 60 % des cadres et professions intellectuelles

supérieures, 42 % des employés), on peut noter que l’identi-fication à la classe moyenne concerne aussi d’autres catégo-ries socioprofessionnelles. Ainsi, 41 % des artisans commer-çants chefs d’entreprises se situent parmi elles, plus 8 % parmi les classes moyennes supérieures, 36 % des ouvriers se situent parmi les classes moyennes et 52 % des retraités.Ainsi, la majorité de la population se reconnaît dans la classe moyenne, comme le note le document 1. Cela pose la ques-tion des frontières de cette catégorie : elle est si vaste qu’elles sont difficiles à définir, c’est ce que montre la citation de Mendras dans le document 1 : « en pure logique si tout le monde est moyen, personne ne l’est ».Ainsi, la classe moyenne s’est imposée comme une réalité objective de la structure sociale française, particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle a bénéficié de l’extension de certaines catégories socioprofessionnelles et du recul d’autres. Par ailleurs, elle est devenue une référence en matière de style de vie et de pratiques, ce qui lui donne un rôle central et participe d’un sentiment d’appartenance largement partagé dans la population. Cette position à la fois centrale et dominante des classes moyennes comme référence amène à s’interroger sur les frontières de cette catégorie.

SUJET BAC. Dissertation p. 196-197

La structure sociale n’est-elle déterminée que par des facteurs économiques ?

▶ Introduction

La structure sociale correspond à la répartition de la popu-lation en différentes catégories inégales quant à l’accès à des ressources valorisées. Parmi ces ressources, celles qui appartiennent au domaine économique (revenu, patri-moine) apparaissent particulièrement centrales dans nos sociétés à économie de marché. Toutefois, il ne s’agit pas des seules inégalités qui traversent nos sociétés, d’autres formes sont perceptibles comme les inégalités de santé, de loge-ment, de pratiques culturelles par exemple. De plus, si tous les sociologues utilisent le critère économique pour définir la position sociale d’un individu dans la structure sociale, plusieurs ajoutent d’autres critères, distincts, comme le style de vie (Weber) ou le capital culturel (Bourdieu).On peut donc se demander si la structure sociale est unique-ment déterminée par des facteurs économiques ?

▶ Proposition de plan détaillé

I. Les facteurs économiques jouent un rôle central pour déterminer la structure sociale.

A. Les inégalités économiques sont au cœur de la hiérarchie sociale1. Pour Karl Marx, la possession ou non des moyens de production est le critère qui définit l’appartenance au prolé-tariat ou à la bourgeoisie dans la société du xixe siècle. La position au sein du processus de production renvoie bien ici à un facteur économique.2. Pour Max Weber, les classes sociales correspondent aux catégories rassemblant les individus ayant les mêmes chances d’accès aux biens et se situent effectivement dans l’ordre économique. Pour Pierre Bourdieu, le capital économique

(revenus, patrimoine) est un élément fondamental de l’es-pace social et la quantité possédée par les individus participe à leur position sociale.3. Au sein de la grille des PCS, on peut percevoir des inéga-lités de revenus et de patrimoine sensibles entre catégories. Le doc. 1 montre par exemple qu’en 2010 le patrimoine immobilier brut moyen parmi les professions libérales était de 453 400 euros contre seulement 48 500 euros pour les ouvriers non qualifiés. Ces inégalités de patrimoine sont issues de fortes inégalités de revenus entre catégories socioprofessionnelles.

B. Ces inégalités économiques sont à l’origine d’autres formes d’inégalités qui déterminent la structure sociale.1. Les inégalités de revenus et de patrimoine sont à l’origine d’autres types d’inégalités comme l’accès au logement, aux soins, à la culture qui ont tendance à se cumuler et à faire système.2. Ainsi, le doc. 2 montre que les plus riches bénéficient en général d’un traitement plus rapide des affaires familiales devant les tribunaux d’instance car ils ne sont pas touchés par des délais liés à l’aide juridictionnelle et rencontrent moins de difficultés pour être convoqués. De même, les inégalités de pratiques culturelles constatées dans le doc. 4 peuvent être en partie expliquées par les inégalités de revenus des ménages. Des loisirs comme le théâtre, le concert, le cinéma présentent un coût qui est probablement moins accessible aux agriculteurs ou aux professions inter-médiaires qu’aux cadres. Ainsi, si en 2009 d’après l’INSEE en France, 60 % des cadres supérieurs déclaraient être allés au moins une fois au théâtre ou au concert dans l’année, ce n’était le cas que pour 45 % des professions intermédiaires et 23 % environ des agriculteurs.

Page 13: SOCIOLOGIE – THÈME 1 Manuel p. 166 à 167 Classes, … · 90 CHAPITRE 6 • COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE? contre 42 % pour l’accès aux soins et 33 % pour les inéga

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3. Les facteurs économiques participent aussi aux inéga-lités des chances scolaires : le fait de disposer d’une pièce pour étudier, de pouvoir bénéficier de cours particuliers, de séjours linguistiques sont des éléments qui favorisent la réussite scolaire des plus aisés. Pierre Bourdieu montre par exemple comment les catégories dominantes mobilisent leur capital économique pour acquérir davantage de capital culturel (diplômes notamment), ce qui joue sur la future position sociale des enfants.

II/ Néanmoins des facteurs non économiques participent également à la détermination de la structure sociale.A. Le style de vie n’est pas seulement lié à des éléments économiques.1. La notion de style de vie est développée par Max Weber. Ce dernier évoque un ordre du prestige, distinct de l’ordre économique. Dans ce cadre, les individus qui partagent une position similaire du point de vue du prestige forment des catégories appelées groupes de statut. Au sein de ces groupes de statut, les individus sont caractérisés par un même style de vie. Ce dernier se voit à leurs façons d’être, à leurs pratiques culturelles, à leurs lieux de vie, etc. 2. Pour définir les différentes catégories au sein de l’espace social, Pierre Bourdieu utilise le capital culturel (diplômes mais aussi familiarité avec les objets culturels). Ce dernier ne dépend pas uniquement du revenu, ainsi les instituteurs bénéficient-ils d’un fort capital culturel mais d’un faible capital économique, au contraire de certains artisans ou commerçants. La composition du capital global (plus ou moins de capital économique ou culturel) influence l’appar-tenance à des catégories sociales. Ainsi, les chefs d’entre-prises plus dotés en capital économique sont considérés dominants par rapport aux instituteurs, pourtant mieux dotés en capital culturel.3. Dans le document 4, on peut voir que les professions intermédiaires dont les revenus ne sont pas nécessairement supérieurs aux artisans, commerçants, chefs d’entreprise ont des pratiques culturelles plus fréquentes. En effet, près de 68 % des professions intermédiaires déclarent avoir lu

au moins un livre au cours des 12 derniers mois, contre seulement 43 % des artisans, commerçants, chefs d’entre-prise. Cette différence ne peut être attribuée à des facteurs purement économiques.

B. Les inégalités entre les individus à l’origine de la structure sociale peuvent provenir de critères non économiques.1. Au-delà d’une différence entre riches et pauvres, la société est fragmentée par d’autres différences qui sont à l’origine d’inégalités. Ainsi, on peut observer des inégalités liées au genre. Dans le document 3, on voit que l’orientation sexuelle des hommes homosexuels les pénalise davantage sur le marché du travail que les femmes. Toutes choses égales par ailleurs, les indices de salaire des hommes en couple avec des femmes sont plus élevés que ceux en couple avec des hommes, tandis que pour les femmes la mise en couple hétérosexuel s’accompagne d’un indice de salaire moindre que dans le cas d’une union homosexuelle. Ces inégalités liées au genre se retrouvent aussi dans les processus d’orien-tation scolaire qui déterminent largement la position sociale des individus.2. D’autres éléments participent à définir la position sociale des individus au sein de la structure sociale : ainsi l’origine ethnique, l’âge modifient les chances d’accès aux diplômes et les niveaux de revenus par exemple. Des phénomènes de discriminations frappent certaines minorités.

▶ Conclusion

Si la structure sociale est fortement inf luencée par des facteurs économiques, particulièrement dans nos sociétés contemporaines, elle ne peut être réduite à cette seule dimension. En effet, à revenus ou patrimoine égaux, on peut observer des différences de styles de vie qui caractérisent des groupes sociaux distincts. De même, ces pratiques sociales sont liées à des critères extra économiques comme le genre, l’âge ou l’origine ethnique.

• INSEE, France, portrait social, 2013.• Inégalités économiques, Rapport du Conseil d’analyse économique, La Documentation française, 2001.• P. Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Bréal 2004.• S. Bosc, Stratification et classes sociales, 6e édition, Armand Colin, 2008.• L. Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », Revue de l’OFCE, n°70, octobre 2001.• F. Dubet, « Que faire des classes sociales ? », Lien social et politiques, n°49, 2003.• M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, coll. « Repères », 2005.• C. Brousse, « ESeC, projet européen de classification socio-économique », Courrier des statistiques n°125, 2008.Film à montrer aux élèves : Le Goût des autres, A. Jaoui et J-P Bacri, 2000. Ce film permet d’aborder l’analyse de l’espace social de P. Bourdieu à travers de nombreuses situations sociales entre les différents protagonistes.

Bibliographie

• www.insee.fr • www.inegalites.fr (site de l’Observatoire des inégalités)• www.laviedesidees.fr Dossier « Classes sociales et inégalités, portrait d’une France éclatée »

Sitographie