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Solvabilité II & IFRS 4 Vers la possibilité d’une Convergence. FARIA Caroline Année Universitaire : 2012 2013 Mémoire présenté le 19 septembre 2013 Ecole Supérieure de l’Assurance ESA MBA Audit et Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise Directeur de mémoire : Madame Marie-Aude PLE

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INTRODUCTION

~ 1 ~

Solvabilité II & IFRS 4 Vers  la  possibilité  d’une  Convergence.

FARIA Caroline

Année Universitaire : 2012 – 2013

Mémoire présenté le 19 septembre 2013

Ecole  Supérieure  de  l’Assurance  ESA

MBA  Audit  et  Management  des  Risques  et  des  Assurances  de  l’Entreprise

Directeur de mémoire : Madame Marie-Aude PLE

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INTRODUCTION

~ 2 ~

De  par  l’inversion  de  son  cycle  de  production  mais  aussi  son  rôle  d’investisseur  institutionnel,  

l’assurance  est  un  secteur  qui  nécessite  des  normes  comptables  spécifiques  et  un  contrôle  prudentiel  

accru.

Ainsi,   dans   un   contexte   d’amélioration continue des principes comptables internationaux mais

également  d’une  plus   stricte   identification  et   gestion  des   risques  de   l’activité,  deux   réformes   vont  

venir  impacter  la  comptabilité  et  la  valorisation  des  organismes  d’assurances  à  l’horizon  2016-2018.

Sur un plan international, un projet de révision des normes comptables IFRS (anciennement

nommées IAS) a été entrepris depuis le 1er janvier 2005. A compter de cette date, toutes les

entreprises européennes cotées sont tenues de présenter leurs comptes consolidés conformément à

la normalisation IFRS émise  par  l’IASB.

La norme  IFRS  4  relative  aux  contrats  d’assurance  aboutira lors de la phase 2 prévue pour 2018. Son

application  repensera  l’évaluation  des  actifs  et  des  passifs  liés  aux  contrats  d’assurance  ainsi que la

définition de ces derniers.

Au niveau européen, un projet de réforme de la réglementation  prudentielle  s’appliquant  au  secteur  

de  l’assurance  est mené par le CEIOPS1 : les normes « Solvency II ».

Ces  normes  encourageront  les  compagnies  d’assurance  à  mieux  appréhender  et  évaluer  les  risques  

qui les composent notamment en adaptant les exigences de capitaux aux risques des  actifs  qu’elles  

détiennent  ou  à  l’importance  des  garanties  qu’elles  proposent  aux assurés.

Pour autant, l’adoption   de ces deux projets engendrera de lourds investissements pour les

Compagnies  d’assurance et de réassurance.  Ils  nécessiteront  des  coûts  d’implémentation  importants  

mais aussi une adaptation des outils de gestion.

« Dans un   contexte   de   convergence   entre   ces   deux   directives,   à   quel   modèle   d’évaluation   les  

Compagnies  d’assurances  devront-elles se référer et quelles pourront être les mesures à mettre en

place ? »

Afin d’appréhender   et   d’anticiper   au   mieux   l’aboutissement   de   ces deux projets, ce mémoire

propose de réaliser un comparatif des bilans IFRS 4 phase 2 et Solvabilité II, de présenter les

différents   enjeux   et   problématiques   qu’ils   impliquent   et   de   proposer   des  mesures   opérationnelles  

pouvant être mises en place. Dans le cadre de ce mémoire, nous nous limiterons aux éléments de la

partie passive du bilan qui lie ces deux projets.

1 CEIOPS : (Committee of European Insurance and Occupational Pensions Supervisors)

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I. II

INTRODUCTION

~ 3 ~

La première partie du mémoire est consacrée aux aspects théoriques du dispositif Solvabilité II et de

la norme IFRS 4 Phase 2. Nous présenterons dans un premier temps les référentiels en place avant

l’application  de  ces  nouvelles  réglementations  ainsi  que  les  raisons  qui  ont  amené  les  organismes  à  

repenser les dispositifs déjà présents. Nous aborderons les objectifs de ces nouveaux projets et nous

finaliserons cette partie en présentant la réforme Solvabilité et la norme IFRS 4 Phase 2.

Lors  d’une  seconde  partie  nous  élaborerons un comparatif de ces deux référentiels afin de mettre en

exergue leurs points de divergence et de convergence. Cette comparaison contribuera à réaliser une

évaluation   des   divers   impacts   qu’impliquent   ces   deux   projets,   impacts,   qui   permettront   dans   une  

dernière sous partie de proposer des mesures opérationnelles pouvant être mises en place par les

compagnies  d’assurance en tenant compte de la nature des activités mais aussi du statut juridique de

l’entité.  Nous   finaliserons   ce  mémoire   en   réalisant   un   tableau   reprenant   de   façon   synthétique   les  

points abordés dans ce mémoire.

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REMERCIEMENTS

~ 4 ~

Je tiens tout  d’abord  à remercier Madame Marie Aude PLE,  chargée  d’études  comptables au sein de

GENERALI Assurances et directrice de mon mémoire, pour ses conseils, son entière disponibilité et sa

confiance.

J’adresse  également  ma  reconnaissance  à  Mr  Pierre  BONDER,  chargé  d’études  comptables  au  sein  de  

GENERALI  Assurance,  qui  m’a  apporté  de  nombreux  conseils  et  guidé  tout  au  long  de  ce  mémoire.  Sa  

bonne  connaissance  du  sujet,  ses  explications  ainsi  que  ses  remarques  pertinentes  m’ont  permis  de  

mener à bien cette thèse.

Aussi,   je   souhaite   remercier   l’ensemble   du   service   de   Comptabilité   Sociale   et   IFRS   ainsi   que  mon  

manager Mr CONTAT Stéphane pour leur accueil chaleureux, leur soutien et leur professionnalisme.

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II. II

SOMMAIRE

~ 5 ~

INTRODUCTION 2

REMERCIEMENTS 4

SOMMAIRE 5

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DES CONCEPTS REGLEMENTAIRES 7

A. Solvabilité II et IFRS 4 Phase 2 : Vers une meilleurs appréciation des risques 8

I. CONTEXTE ET ORIGINE DES DEUX PROJETS 8 A. LE RÉFÉRENTIEL PRUDENTIEL DE SOLVABILITÉ 8 B. LA NORME IFRS 4 10 II. OBJECTIFS DE LA NORME IFRS 4 PHASE ET DE SOLVABILITÉ II 11

B. Présentation de la norme IFRS 4 Phase 2 et du référentiel Solvabilité II 13

I. SOLVABILITÉ II : L’ÉMERGENCE D’UNE NOUVELLE RÈGLEMENTATION PRUDENTIELLE. 13 A. LE PROCESSUS « LAMFALUSSY » 14 B. LES ÉTUDES QUANTITATIVES D’IMPACTS (QIS) 14 C. LES TROIS PILIERS DE SOLVABILITÉ II 15 1. PILIER 1 : LES EXIGENCES FINANCIÈRES QUANTITATIVES 15 2. PILIER 2 : LES EXIGENCES FINANCIÈRES QUALITATIVES 20 3. PILIER 3 : LES EXIGENCES D’INFORMATION 21 II. IFRS 4 PHASE 2 : CONTRATS D’ASSURANCE 22 A. DÉFINITIONS ET NOTIONS SUPPLÉMENTAIRES 22 B. LES FLUX DE TRÉSORERIE FUTURS : CALCUL DU BEST ESTIMATE. 24 C. L’ACTUALISATION DES FLUX DE TRÉSORERIE. 24 D. L’AJUSTEMENT POUR RISQUE 25 E. LA MARGE RÉSIDUELLE 25 F. VALORISATION DES ACTIFS FINANCIERS 27

DEUXIEME PARTIE : COMPARAISON / ENJEUX / IMPACTS 29

A. Comparatif de la norme IFRS 4 Phase 2 et de la réforme Solvabilité II 30

I. ELÉMENTS DE CONVERGENCES 31 A. VALORISATION DU PASSIF D’ASSURANCE 31 B. LA CONSIDÉRATION DU BEST ESTIMATE 31 II. ELÉMENTS DE DIVERGENCES 32 A. FINALITÉ DES DEUX RÉFÉRENTIELS 32 B. VALORISATION DE L’ACTIF FINANCIER 32 C. L’ACTUALISATION DES FLUX DE TRÉSORERIE 33 D. LA MARGE POUR RISQUE 33 E. LA MARGE RÉSIDUELLE 34

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II. II

SOMMAIRE

~ 6 ~

B. Enjeux et problématiques des deux normes 36

I. IMPACTS FINANCIERS 36 A. IMPACTS SUR LES ETATS FINANCIERS 36 B. MARGE DE SOLVABILITÉ 37 C. L’ADOSSEMENT ACTIF PASSIF 38 II. IMPACTS SUR LA FISCALITÉ : LES IMPÔTS DIFFÉRÉS 40 III. IMPACTS SUR L’IMAGE DE L’ENTREPRISE 41 A. L’ÉVOLUTION DU RÉSULTAT ET SES CONSÉQUENCES SUR LES DIVIDENDES DE L’ENTREPRISES. 41 B. DIMINUTION DE LA RENTABILITÉ DES PRODUIS ET IMPACTS POUR LES INVESTISSEURS. 41 IV. RÉORGANISATION DE L’ALLOCATION D’ACTIFS 42 V. IMPACTS SUR LES PRODUITS D’ASSURANCE. 43

C. Mise  en  place  opérationnelle  d’IFRS  4  Phase  2  et  Solvabilité  II 45

I. ADAPTATION DES SYSTÈMES D’INFORMATIONS 45 A. LES OUTILS DE GESTION 45 B. LES DONNÉES COMPTABLES ET FINANCIÈRES 46 C. ADAPTER LES SERVICES AUX NOUVELLES EXIGENCES 47 II. UNE ADAPTATION DIFFÉRENTE SELON LA NATURE DE L’ENTITÉ 47 A. LES COMPAGNIES D’ASSURANCE 47 B. LES MUTUELLES 49 C. LES INTERMÉDIAIRES D’ASSURANCES 50 III. UNE ADAPTATION DIFFÉRENTE SELON LA BRANCHE D’ACTIVITÉ 50 IV. TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES DEUX RÉFÉRENTIELS IFRS 4 PHASE 2 ET SOLVABILITÉ II 52

CONCLUSION 54

BIBLIOGRAPHIE 55

ANNEXES 56

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~ 7 ~

PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DES CONCEPTS RÈGLEMENTAIRES

Cette première partie propose une description des différents concepts abordés dans ce mémoire.

Parmi ces concepts, nous retrouvons la réforme Solvabilité II et la norme IFRS 4 Phase 2.

Cette  description  permettra,  dans   le   cadre  d’une  deuxième partie,  d’établir  un  comparatif  des dispositions de ces deux référentiels et de mettre en évidence leurs points de convergence et de divergence ainsi que les impacts qui y seront liés.

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~ 8 ~

A. Solvabilité II et IFRS 4 Phase 2 : vers une meilleure

appréciation des risques

L’insolvabilité  est  le  principal  risque  financier  auquel  sont  confrontés  les  assureurs.  Elle  représente  un  

enjeu majeur des nouvelles règlementations prudentielle et comptable dans  un  contexte  d’adoption  

de mesures justes  de  prévention  des  risques  inhérents  à  l’activité  d’assurance.

Afin de mieux cerner les aspects théoriques mais aussi les enjeux économiques et financiers de ces

deux   normes,   il   convient   d’expliquer   les   raisons   à   l’origine   de   leur   mise   en   place   ainsi que leurs

principaux objectifs.

I. Contexte et origine des deux projets

a. Le référentiel prudentiel de solvabilité

La règlementation actuelle de solvabilité découle de la directive européenne du 24 juillet 1973, mise

à jour le 5 mars 2002 dans  le  cadre  d’un  projet nommé « Solvency I ». Cette  réforme  d’adresse  aux  

entreprises  d’assurance  vie,  non-vie  ainsi  qu’aux  entreprises  de  réassurance  européennes.

Elle est donc appliquée par tous les organismes assureurs français et européens et introduit la notion

d’exigence de marge de solvabilité.

Les   autorités   de   contrôle  d’Europe   surveillent   plus  précisément   le   secteur   d’assurance   « non vie »

depuis  1973  conformément  à   la  directive  73/239/CEE  et   le  secteur  d’assurance  « vie » depuis 1979

conformément à la directive 79/267/CEE.

Le projet Solvabilité I consiste une modification des règles de marge de solvabilité de ces

précédentes directives.

La  règlementation  prudentielle  s’organise  autour  de  trois  obligations  principales  :

Des provisions techniques suffisantes afin de compenser les engagements des assureurs

envers leurs assurés,

La   détention   d’actifs   suivant des critères de liquidité, de sécurité et de rentabilité en

représentation des engagements réglementés,

La disposition de fonds propres garantissant une marge de solvabilité calculée

forfaitairement.

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~ 9 ~

Une surveillance financière a été constituée afin de garantir une gestion saine des entreprises dans le

respect  des  assurés.   La  mission  est  de  vérifier  que   les   sociétés  d’assurance  disposent  d’une  bonne  

organisation comptable et administrative mais aussi de procédure de contrôle interne adéquate.

Dès   lors,   selon   l’Article   13.2   de   la   directive   2002/83/CE,   il   est   exigé   des   entreprises   d’assurances  

qu’elles   remettent   chaque   année   un   rapport   de   solvabilité   spécifique   ainsi qu’un   rapport   de  

réassurance. Des simulations normalisées doivent aussi être réalisées chaque trimestre afin de juger

de l’adéquation  actif-passif.

Aussi, un niveau de dotation minimale de fonds propres a été défini par Solvabilité I afin de faire face

aux engagements pris par les assureurs.   Il   s’agit   de   l’exigence   de   marge   de   solvabilité,   ou   EMS,

calculée  différemment  selon  que  la  branche  d’activité  d’assurance  soit  de  la  vie  ou  de  la  non-vie.

Bien que ce projet présente de nombreux avantages, il suscite   aujourd’hui   des   critiques   d’ordre  

quantitatif et qualitatif :

Le  système  européen  actuel  de  Solvabilité  n’est  pas  harmonisé  entre  les  pays. On y retrouve

différents niveaux de provisions mais aussi différentes normes comptables dont certaines

règles locales  sont  plus  contraignantes  que  d’autres  comme  c’est  le  cas  au  Pays  Bas.

En conséquence, chaque pays a développé son propre modèle ce qui fausse la concurrence

entre  ces  Etats  et  remet  en  cause  l’harmonisation  des  normes.

L’aspect  qualitatif  est  négligé  puisqu’aucune  surveillance  n’est  exercée  sur  le  contrôle  interne  

dans  le  cadre  de  Solvabilité  I  (pistes  d’audit,  méthodes  de  gestion).

L’exigence   minimale   de   solvabilité   est   déterminée   à   partir   des   primes   et   de   la   charge  

moyenne des sinistres en assurance non vie et des provisions mathématiques et du capital

sous risque en assurance vie conformément à un Etat Règlementaire nommé « Etat C6 ».

L’Etat   réglementaire   C6   a   pour   objectif   d’évaluer   le   besoin   de  marge   de   solvabilité   de   la  

compagnie  d’assurance  pour  un exercice donné et de présenter les éléments qui constituent

la  marge  de  solvabilité  destinés  à  couvrir  l’exigence  de  solvabilité.

Il   s’agit   d’une   approche   forfaitaire   qui   ne   prend   pas   en   compte   la   réalité   des   risques   qui  

pèsent sur les assureurs. Aucune différenciation  des  risques  n’est  donc  opérée.

Les risques financiers, les risques de contreparties et les risques opérationnels ne sont pas

inclus dans le modèle actuel de solvabilité.

Aussi, le  risque  d’actif  et  de  la  gestion  actif/passif  n’est  pas  considéré, la diversification et la

mobilité du capital au sein des groupes ne sont pas pris en rigueur, et certaines opérations

de transferts de risques ne sont pas reconnues alors que cela a une conséquence direct sur la

capacité des assureurs à honorer leurs engagements.

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Pour finir, la réforme Solvabilité 1 ne pénalise que les entreprises qui sur provisionnent les

risques  via  le  calcul  de  l’exigence  de  la  marge  de  solvabilité.  Les  entreprises  qui  se  trouvent  

dans une situation de sous provisions et de sous tarification de risques ne sont pas

pénalisées.

L’union   Européenne   a  donc décidé de repenser les normes prudentielles européennes afin de les

harmoniser et   d’homogénéiser   les   pratiques   des   autorités   de   contrôle   au   niveau   européen.   Des  

groupes de travail se   sont   alors   constitués   au   sein   de   l’EIOPA2,   c’est   le   début   de   Solvabilité   II.   Le  

nouveau projet de règlementation sera présenté par la Commission Européenne le 10 juillet 2007.

b. La norme IFRS 4

Les normes IFRS ont été mises en place dans un objectif de renforcer les principes comptables en

facilitant la compréhension et la comparaison des comptes pour les différents acteurs de

gouvernance des entreprises mais aussi en améliorant la présentation et la transparence des états

financiers de ces dernières.

Ainsi, depuis le 1er janvier 2005, les sociétés européennes cotées en bourse sont tenues de publier

leurs   comptes   consolidés  conformément  aux  normes   comptables   internationales   émises  par   l’IASB  

en application du règlement CE n°1606 /2002 du Parlement Européen.

L’organisme  IASB  est  l’organisme  à  l’origine  de  l’élaboration  des  normes  IAS/IFRS.  Il  a  été  fondé  sous  

l’appellation  IASC  à  Londres  en  1973  par  dix  pays  dont  la  France,  les  Etats-Unis, la Grande Bretagne

ou  encore  le  Japon,  et  compte  aujourd’hui  plus  de  cent  pays  membres.  L’IASC  est  devenu  l’IASB  en  

2001  et  s’est  vu  doté  un  organisme  de  direction  l’IASCF.

Pour  autant,  chaque  Etat  membre  de  l’Union  Européenne  reste  libre  d’imposer  ou  non  l’application  

de ces normes aux sociétés non cotées en bourse pour leurs comptes consolidés. En ce qui concerne

la France, le référentiel comptable français reste obligatoire pour les sociétés non cotées.

Aussi,  des  normes  relatives  à  certains  secteurs  spécifiques  tel  que  l’assurance  demeurent  toujours  en  

évolution.

La norme   IFRS  4   relative  aux  contrats  d’assurances  auquel  nous  nous   intéressons   représente   l’une  

d’elles.

2 EIOPA: European Insurance and Occupational Pensions Authority

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La norme IFRS 4 « contrats  d’assurance »  concerne  exclusivement  le  secteur  de  l’assurance.  

Elle   s’adresse   à   toutes   les   sociétés   qui   commercialisent   des   contrats   d’assurances   et   plus  

particulièrement à leur comptabilité étant donné la spécificité de ce secteur qui est la nature

aléatoire du contrat.

Cette norme a été initiée au début des années 2000 mais reste à ce jour incomplète. Ce projet étant

long et complexe,  l’IASB  a  souhaité  décomposer  le  projet  en  deux  phases :

La phase 1 qui a abouti en 2004 à la publication de la norme IFRS 4 « contrats  d’assurance »

comptabilise  les  passifs  d’assurance  selon  les  normes  comptables  locales.  Ces  dernières  sont  

très divergentes, elles présentent certaines contraintes et modifications telles que la

classification  des  contrats  d’assurances.  Ainsi,  les  états  financiers  ne  peuvent  être  comparés  

entre les entreprises, et des distorsions comptables sont créées entre les actifs et passifs.

La norme IFRS 4 Phase 1 est transitoire et doit être remplacée par la norme IFRS 4 Phase 2,

La phase 2, actuellement   en   cours   d’élaboration   et   adoptée   à   l’horizon   2016-2018, vise à

corriger   ces   distorsions   à   travers   la   définition   d’un   cadre   unique   d’évaluation   des  

engagements du passifs sur le marché, autrement nommé « market consistent value ».

II. Objectifs de la norme IFRS 4 Phase et de Solvabilité II

L’objectif   principal   de   ces   deux   projets est   d’élaborer   un   référentiel   commun   de   comptabilité   au  

niveau   européen.   Il   s’agit   créer   un   corps   unique   de  normes   comptables   et   prudentielles   de   haute  

qualité, respectées et compréhensible sur le plan international.

L’application   de   référentiels   communs   permettra ainsi d’améliorer   la   comparabilité   des   états  

financiers  des  entreprises  d’assurances.  

En comparaison des anciennes normes, les nouveaux régimes comptables et prudentiels sont très

différents sur plusieurs principes.

Ils  s’appuient  sur  une  vision économique du bilan fondée sur la juste valeur ce qui est très différent

des principes actuels basés sur une comptabilité en coût historique.

En effet, prenons l’exemple  d’un  immeuble  acquis  le  01/01/2003 pour un montant de 100 000 EUR

avec  une  durée  d’amortissement  de  10  ans  et  un  taux  d’amortissement  de  10%  chaque  année.

Le  calcul  de  l’amortissement  est  le  suivant : 100 000 x 10% = 10000

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Année Amortissement Valeur Net Comptable

2003 10000 90000

2004 10000 80000

2005 10000 70000

2006 10000 60000

2007 10000 50000

2008 10000 40000

2009 10000 30000

2010 10000 20000

2011 10000 10000

2012 10000 0

Nous pouvons observer d’après   le   tableau   ci-dessus qu’il   n’y   a   pas   de   valeur   résiduelle   car  

l’immobilisation  est  complètement  amortie.

En  tenant  compte  de  la  comptabilisation  en  coût  historique  l’immeuble  n’a  plus  de  valeur  en  2013.  

Précisons   qu’il   s’agit   d’un   bien   acquis   sur   les   Champs   Elysées   à   Paris.   L’immobilier   étant   en   plein  

essor,  l’immeuble  est désormais estimé à 500 000 EUR.

Si l’on  tient  compte  cette  fois-ci de la nouvelle réglementation qui valorise en juste valeur, le bien est

comptabilisé  en  fonction  de  sa  valeur  de  marché  c’est  à  dire  500  000  EUR.

Ainsi,  on  passe  d’une  valeur  en  coût  historique  à  1  EUR  à  une   juste  valeur  estimée à 500 000 EUR.

L’impact  bilanciel  est   conséquent  d’une   réglementation  à   l’autre.  Si   l’on  prend  en  considération   la  

valorisation   en   juste   valeur,   d’importantes   répercutions   sur   l’estimation   des   actifs   des   entreprises  

d’assurances  sont  à  prévoir.

L’IASB et le CEIOPS souhaitent donc que les exigences en capital soient plus en lien avec le profil de

risque  de  l’entreprise  afin  de  protéger  les  assurés  et  de  préserver  la  pérennité  des  sociétés  

d’assurances.  C’est  ce  que  nous  allons  étudier  dans  le cadre de la seconde partie en présentant de

façon détaillée la norme IFRS 4 Phase 2 ainsi que le référentiel Solvabilité II.

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B. Présentation de la norme IFRS 4 Phase 2 et du

référentiel Solvabilité II

Comme évoqué dans la partie précédente, le concept  principal  de  ces  deux  normes  est  d’instaurer  

une  vision  économique  des  sociétés  d’assurances  basée  sur  la  juste  valeur  de  leurs  engagements.  Il  

s’agit  là  de  prendre  en  compte  dans  l’évaluation  des  passifs  la  notion  de  risque.

I. Solvabilité II :  l’émergence  d’une  nouvelle  règlementation  prudentielle

Solvabilité  II  vise  à  harmoniser  les  normes  et  pratiques  prudentielles  des  Etats  membres  de  l’Union  

Européenne  auxquelles   sont   soumises   les   compagnies  d’assurance  et  de   réassurance,  mais   aussi   à  

améliorer la protection des assurés et des ayants droits à travers une meilleure garantie de

solvabilité des assureurs dans le temps mais aussi une mesure plus stricte de celle-ci.

Le cadre prudentiel sera donc davantage adapté aux risques réels encourus par les assureurs : le

niveau des capitaux propres devra être proportionné aux risques des passifs et actifs détenus pars les

compagnies   d’assurance   et   de   réassurance.   L’approche   qui   ressort   de   cette   réforme   est   dans   un  

premier temps économique et fondée sur une meilleure maîtrise des risques.

Aussi, afin de ne pas pénaliser les petites et moyennes entreprises, la directive prévoit le principe de

proportionnalité.

Les règles fixées par les autorités de contrôle devront prendre en considération « la nature,

l’ampleur   et   la   complexité   des   risques   inhérents   à   l’activité »   d’une   entreprise   d’assurance   ou   de  

réassurance.

L’harmonisation  européenne  prévoit  donc  de  renforcer  la  cohérence    du  marché  de  l’assurance  et  de  

la  réassurance  en  instaurant  des  règles  d’évaluation  et  de  gouvernance  d’entreprise  communes.

La   directive   Solvabilité   II   va   profondément   modifier   le   régime   prudentiel   qui   s’applique   aux  

entreprises   d’assurance   et   de   réassurance,   elle   s’avère   être   bien   plus   qu’une   refonte   du   droit  

existant.

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a. Le processus « Lamfalussy »

La norme Solvabilité II a été élaborée conformément à la procédure « Lamfalusy ». Cette procédure

a   été   introduite   afin   d’instaurer   une   plus   grande   flexibilité   dans   le   travail   législatif,   et   répartit   la  

réglementation en différents principes.

Cette procédure se décompose en quatre éléments :

Une législation cadre de niveau 1,

Des  mesures  d’exécution  de  niveau  2,

Des recommandations et orientations appliquées par les autorités de contrôle nationales qui

correspondent au niveau 3,

Des procédures  d’infractions  renforcées  dites  de  niveau  4.

b. Les  études  quantitatives  d’impacts  (QIS)

Afin  de  mesurer  les  éventuels  impacts  qu’engendrera  l’adoption  de  la  nouvelle  directive  Solvabilité  II,  

la Commission européenne a mandaté le CEIOPS pour mener   des   études   quantitatives   d’impacts  

(QIS).

Ces   études   ont   été  mises   en   place   afin   d’évaluer   les   aspects   pratiques   du   calcul   de   l’exigence   de  

solvabilité  mais  aussi  d’anticiper  la  proposition  de  directive  en  incitant  les  compagnies  d’assurances  à  

faire évoluer  leurs  systèmes  d’informations.  

Ainsi, les QIS permettent de mesurer la capacité des assureurs à modéliser leurs activités sur des

bases  économiques  et  surtout  d’analyser  les  réponses  en  vue  de  rapports  collectifs.

Entre 2005 et 2010, cinq études quantitatives ont été menées. Les entreprises participantes réalisent

des  évaluations  puis  restituent  les  résultats  à  l’autorité  de  contrôle.

La   cinquième   étude   quantitative   d’impact   (QIS5)   représente   depuis   l’automne   2010   la   dernière  

opportunité pour ces acteurs  du  secteur  de  mesurer   le  niveau  d’adéquation  de   leur  processus  par  

rapport   aux   exigences   de   Solvabilité   II.   Cette   étude   est   une   véritable   source   d’information   pour  

affiner les derniers calibrages des règles quantitatives.

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c. Les trois piliers de Solvabilité II

Le nouveau projet de réforme prudentiel est différent du précédent sur de nombreux points.

Le bilan est désormais comptabilisé en juste valeur, les principes actuels étant basés sur une

comptabilisation au coût historique3,   il   s’agit  dès   lors  d’une vision économique du bilan. Le capital

exigé est proportionné au profil de risques  des  compagnies  d’assurance.  La gestion du risque occupe

une   fonction   centrale   dans   l’organisation   des   entreprises,   afin   de   s’en   assurer,   on   observe   un  

renforcement des exigences de gouvernance. Une coopération renforcée entre les autorités de

contrôle européennes est prévue de par la mise en place de contrôles accrus des groupes.

Ainsi, les différents aspects de la directive Solvabilité II sont fondés sur une architecture à trois

piliers, dont vous trouverez un schéma en annexe, tout comme ceux de son homologue Bâle II

introduite pour les établissements de crédits.

1. Pilier 1 : les exigences financières quantitatives

Evaluation des actifs et passifs

La directive n°2009/138/CE   introduit   les   normes   d’évaluation   des   passifs   et   actifs   des   sociétés  

d’assurance ; ils devront être évalués selon le principe de « juste valeur » ou « fair value »,  c’est-à-

dire selon la valeur de marché.

Les normes IAS/IFRS définissent la juste valeur comme « le montant pour lequel un actif pourrait être

échangé, ou un passif éteint, entre des parties bien informées et consentantes, pour une transaction

conclue dans des conditions de concurrence normales » .

Pour certains éléments du bilan comme les « distressed sales »4, pour lesquels la valeur de marché

n’est  pas  disponible  ou  représentative,  une  autre  approche  définie  par  les  mesures  de  niveau  2  qui  

précisent les modalités de valorisation « mark to-model »5 peut être envisagée.

3 Le  coût  historique  est  le  montant  de  liquidité  versé  ou  reçu  pour  acquérir  un  élément.  Il  s’agit  du  coût  à  l’origine  de  l’achat. 4 Distressed sales : ventes sur saisies 5 Mark to-model : méthode de valorisation des actifs  qui  par  leur  spécificité  ne  permettent  pas  d’obtenir  un  prix de marché certain et donc une valorisation mark to-market

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Les provisions techniques, quant à elles, peuvent être distinguées de deux manières différentes :

Les passifs réplicables ou couvrables, dont les flux de trésorerie sont modélisés par des

instruments financiers dont la valeur de marché est connue à chaque instant,

Les passifs non réplicables ou non couvrables par des instruments financiers.

Dans   le   premier   cas,   la   provision   est   définie   comme   étant   la   valeur   de   marché   de   l’instrument  

financier.

Toutefois, lorsque le passif est non réplicable, la provision est calculée selon la technique du « best

estimate »  auquel  s’ajoute  une  marge  de  risque.

Best Estimate et marge de risque

L’EIOPA   énonce   dans   l’article   77   de   la   directive   2009/138/CEE   la   définition   suivante   du   Best

Estimate :

« La meilleure estimation (Best estimate) correspond à la moyenne pondérée par leur probabilité des

futurs  flux  de  trésorerie  compte  tenu  de  la  valeur  temporelle  de  l’argent  (valeur  actuelle  probable  des  

flux futurs de trésorerie), laquelle est estimée sur la base de la courbe des taux sans risque pertinente.

Le calcul de la meilleure estimation est fondé sur des informations actuelles crédibles et des

hypothèses réalistes, et il fait appel à des méthodes actuarielles et des techniques statistiques

adéquates. »

Ainsi, le best estimate correspond à la somme actualisée et probabilisée des prestations, primes

possibles  et  frais  futurs  adossés  aux  engagements  de  l’assureur  jusqu’à  extinction  de  ceux-ci.

L’évaluation   du   Best   Estimate   ne   nécessite   aucune   marge   de   prudence   supplémentaire.   Elle est

supposée être incluse dans le capital de solvabilité requis et la marge pour risque.

La marge pour risque est une marge de sécurité supplémentaire qui vient se cumuler au Best

Estimate.   Sa   détermination   s’appuie   sur   la   probabilité   de   ruine   d’un   assureur qui ne peut plus

honorer   ses   engagements.   La   provision   doit   alors   être   suffisante   pour   qu’un   transfert   de   ses  

engagements puisse être effectué vers un autre assureur.

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Elle   est   calculée   selon   le   coût   de  mobilisation   des   fonds   propres   d’une   « ligne d’activité » (Line of

Business, LOB) donnée, égal au capital de solvabilité requis (SCR), qui est nécessaire pour faire face

aux  engagements  pris  par  l’assureur  pendant  la  durée  de  ceux-ci.  Il  s’agit  de  la  méthode  du  coût  du  

capital (WACC : Weighted Average Cost of Capital).

Afin   de   calculer   ce   coût   de   capital   un   taux   d’intérêts   sans   risque   auquel   s’ajoute   un   taux  

supplémentaire  est  utilisé.  Fixé  par  l’EIOPA,  et  commun  à  toutes  les  sociétés  d’assurance,  ce  taux  est  

actuellement de 6%.

Ainsi, les provisions techniques sont égales à la somme du Best Estimate et de la marge de risque.

Les  études  d’impacts  QIS  56 stipulent  que   l’horizon  de  projection  doit  être  suffisamment   long  pour  

que « la différence entre les provisions calculées à cet horizon et celles calculées   jusqu’à  extinction  

totale du portefeuille soit négligeable. »

Fonds propres : Capital et minimum de solvabilité requis (SCR et MCR)

L’un   des   changements  majeurs   de   la   directive   Solvabilité   II   est   le   remplacement   de   la  Marge   de  

Solvabilité par deux exigences quantitatives de fonds propres :

Le Capital de Solvabilité Requis (Solvency Capital Requirement : SCR)

Le Minimum de Capital Requis (Minimum Capital Requirement : MCR)

Le Capital de Solvabilité Requis (SCR)  est  le  capital  qu’un  assureur  doit  détenir afin de maintenir la

solvabilité  de  l’entreprise  en  cas  de  survenance  d’un  risque  majeur.  Le  niveau  de  fonds  propres  doit  

être   supérieur   au   SCR,   pour   que   la   probabilité   de   ruine   de   l’entreprise   soit   inférieure   à   0.05%   à  

l’horizon  d’un  an.

Afin de déterminer le montant du SCR, la directive offre deux possibilités :

Soit   l’utilisation   totale   ou   partielle   d’un   modèle   interne   développé   par   l’entreprise  

permettant  à  l’entreprise  de  définir  son  propre  SCR  selon  son  profil  de  risque.  Il  devra  être  

validé par l’Autorité  de  contrôle,

Soit le recours à un modèle standard européen présenté dans les spécifications techniques

du QIS 5, qui précise également les méthodes de calibration des paramètres. 6 QIS 5: étude  quantitative  d’impacts mise en place par le CEIOPS en 2010 évaluant la solvabilité des organismes  d’assurance  dont  l’exigence  de  capital  est  calculée  vie  une  « formule standard »  ou  via  l’utilisation  d’un  modèle  interne.  Voir  annexe

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Le capital de solvabilité requis selon la formule standard se décompose en huit modules de risques :

Le risque de souscription non vie,

Le risque de souscription vie,

Le risque de souscription en santé,

Le risque de marché,

Le risque de défaut de contrepartie,

Le risque opérationnel.

Chacun de ces modules est « calibré sur  la  base  d’une  mesure  de  la  valeur  en  risque  avec  un  niveau  

de   confiance  de  99,5%  à   l’horizon  un  an.   Les  effets  de   la  diversification   sont   aussi   pris   en   compte  

dans chaque module.

La formule standard de capital de solvabilité requis regroupe la solvabilité de base, les exigences de

fonds propres pour risque opérationnels, diminués des ajustements liés à la prise en compte de la

capacité  d’absorption  des  pertes  des  provisions  techniques  et  des  impôts  différés.

Le Minimum de Capital Requis (MCR) représente le seuil de fonds propres en dessous duquel une

compagnie  s’expose  à  une  intervention  des  Autorités  de  Contrôle  ainsi  qu’au  retrait  de  l’agrément  si  

une  recapitalisation  n’est  pas  effectuée  dans  les  quatre  mois.  En  dessous  de  ce  seuil,  la  poursuite  de  

l’activité  de  l’assureur  est  jugée  inacceptable  pour  les  preneurs  et  bénéficiaires  de  contrats.

Le MCR doit être calculé trimestriellement et non annuellement comme le SCR. Il est calculé à partir

d’une  fonction  linéaire  d’un  ensemble  de  variables  (provisions techniques, primes souscrites, capital

sous risque). Cette fonction linéaire est calibrée selon la valeur en risque des fonds propres de

l’entreprise  d’assurance  avec  un  niveau  de  confiance  de  85%  à  l’horizon  un  an.

Pour  les  entreprises  d’assurances  non  vie, un seuil de plancher absolu est fixé à 2 200 000 EUR, il est

de  3  200  000EUR  pour  les  entreprises  d’assurance  vie  et  de  réassurance.

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Figure 1: Les exigences de fonds propres sous Solvabilité II

Règles  d’investissement

Conformément à la directive Solvabilité II, les actifs détenus par les assureurs et réassureurs doivent

être investis, gérés et contrôlés conformément au principe de la « personne prudente ». Les

investissements  doivent  être  réalisés  dans  le  meilleur  intérêt  de  l’assuré.  

Pour  autant,  la  détention  d’un  certain  niveau  de  fonds  propres  en  couverture  d’investissements  dits  

« risqués » incite les assureurs à favoriser une gestion efficace de leur portefeuille.

SCR

ENGAGEMENTS (PROVISIONS TECHNIQUES)

MCR

SURPLUS Niveau 2 : Capital cible

Intervention prudentielle graduée

Niveau 1 : Plancher

Risque considéré comme inacceptable pour les assurés

Niveau 0 : Ruine

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Figure 2: Représentation du Bilan Solvabilité II

2. Pilier 2 : les exigences financières qualitatives

Outre les exigences quantitatives, Solvabilité II fixe aussi des exigences qualitatives en incitant les

assureurs à adopter un système de gouvernance efficace amenant à une gestion saine et prudente

de  l’activité.

Ce deuxième pilier prévoit une harmonisation des principes et règles de contrôle entre les Etats tant

pour  les  organismes  d’assurance  et  de  réassurance  que  pour  les  superviseurs.

Elle impose notamment aux Autorités de Contrôle de prendre en considération les impacts, vis-à-vis

des   assurés   et   bénéficiaires,   des   décisions   qu’elles   peuvent   prendre   concernant   la   stabilité   des  

systèmes financiers et plus particulièrement des éventuels effets qui peuvent en découler.

La directive exige aussi une totale transparence des superviseurs  afin  d’accroître  leur  crédibilité.

Pour autant, les Autorités de Contrôle pourront imposer une marge de solvabilité supplémentaire,

appelée « capital add-on », aux entreprises au sein desquelles elles estiment que les risques sont

mal  appréciés  ou  que  le  système  de  gouvernance  présente  d’importantes  carences.

Actif en juste valeur

En représentation des fonds propres

Surplus

SCR

Actif en juste valeur

En représentation des engagements envers les assurés

Valeur de

marché

MCR

Best estimate

Marge de

risque

Fonds propres

Provisions techniques

Passifs non réplicables

Passifs réplicables

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Enfin,  la  directive  impose  aux  entreprises  de  disposer  d’un  système  de  gestion  des  risques,  contrôle  

interne, fonction actuarielle, audit et sous-traitance plus efficace. Ce système doit être formalisé sous

la   forme   d’un   politique   écrite   de   gouvernance,   approuvée   par   les   dirigeants   et   réexaminée  

annuellement mais aussi de façon plus régulière en interne.

Afin de mener ces évaluations en interne, un dispositif a été mis en place :   l’ORSA  (  Own  Risk  and  

Solvency  Assessment).   Il   s’agit   d’un  outil   de   gestion   interne  devant   être   intégré  dans   les  décisions  

stratégiques   de   l’entreprise.   Il   permet   également   aux   Autorités   de   Contrôle   d’être   informées   de  

l’évolution  de  l’évaluation  des  risques  et  de  la  solvabilité  de  toute  entreprise  disposant  de  cet  outil.

3. Pilier 3 :  les  exigences  d’information

Le  pilier  3  prescrit  une  transparence  financière  des  entreprises  d’assurances  et  de  réassurance tant à

l’égard  des  superviseurs  que  du  public.

Un rapport confidentiel doit être fourni aux Autorité de contrôle sur la solvabilité et la gestion des

risques  de  l’entreprise.  Il  s’agit  des  Quantitative  Reporting  Template  (QRT).  

Ce rapport doit être  exhaustif  et  refléter  une  image  réelle  de  l’entreprise,  mais  aussi  être  harmonisé  

au  niveau  de  tous  les  pays  de  l’Union  Européenne.

Aussi, un reporting à destination du public doit désormais être réalisé annuellement. Il doit présenter

des informations  essentielles  de  la  situation  financière  et  de  la  solvabilité  de  l’entreprise.

Ces états qualitatifs sont au nombre de 2 :  le  rapport  narratif  destiné  à  l’autorité  de  contrôle  (Regular  

Supervisory Report ou RSR) et le rapport narratif de solvabilité et de situation financière destiné au

public ( Solvency and Financial Condition report ou SFCR).

Pour  autant,  ces  rapports  devront  être  en  conformité  avec  les  travaux  de  l’IASB  et  plus  précisément  

la  norme  IFRS  4  phase  2  relative  aux  contrats  d’assurances.

Nous aborderons ces points dans une seconde partie consacrée aux normes IFRS.

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II. IFRS 4 Phase 2 :  Contrats  d’assurance

L’IASB  a  publié   le  20   juin  2013  un  exposé  sondage  révisé  faisant  suite  à   l’exposé  sondage  de   juillet  

2010  relatif  aux  contrats  d’assurance.  Cet  exposé  sondage  révisé  remplacera  l’actuelle  norme  IFRS  4.

Le modèle proposé par ce nouvel exposé va profondément modifier le traitement comptable des

contrats  d’assurances  pour  les  organismes  émetteurs  de  tels  contrats.  Il  éliminera  les  incohérences et

faiblesses  des  pratiques  existantes  en  réalisant  un  cadre  unique  qui  s’appliquera  à  tous  les  contrats  

d’assurance  et  de  réassurance  et  imposera  des  exigences  de  présentation  et  d’information  des  états  

à  fournir  afin  d’améliorer  la  comparabilité  entre  les  sociétés  d’assurances.

Le  modèle  d’évaluation  de  l’exposé  sondage  révisé  s’inspire  du  précédent  exposé  sondage  de  2010.  

L’évaluation  du  passif  repose  sur  quatre  blocs  fondamentaux  appelée  « building blocks » :

Des flux de trésorerie pondérés par leur probabilité de survenance : « Best Estimate

Liability » (BEL),

L’ajustement  des  flux  de  trésorerie  à  la  valeur  temporel de  l’argent  à  travers  l’application  de  

taux  d’actualisation  relatif  au  taux  d’intérêt  actuel  du  marché,

Une marge pour risque,

Une marge résiduelle représentant le profil non acquis au titre du contrat.

Afin   d’être   cohérent   avec   le   marché, le passif est donc évalué selon sa valeur actuelle de sortie

(Current Fullfilment Value).

La   valeur   actuelle   de   sortie   correspond   au   montant   que   l’assureur   devrait   payer   à   un   tiers   s’il  

transférait   immédiatement   à   ce   tiers   l’ensemble   des   droits   et   obligations   contractuelles dus au

contrat  d’assurance.  Cette   transaction  s’effectue   sur  un  marché  hypothétique  d’où   la  nécessité  de  

l’évaluer  à  partir  d’un  modèle.

a. Définitions et notions supplémentaires

Définition  des  contrats  d’assurance

Une  définition  réaliste  des  contrats  d’assurance  a  été  établie  lors  de  la  phase  1  de  la  norme  IFRS  4.  

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Cette  définition  ayant  été  jugée  satisfaisante  par  l’exposé  sondage, seules deux modifications ont été

apportées :

L’obligation   d’utilisation   des   valeurs   actuelles   dans   l’évaluation   de   l’importance   du   risque  

d’assurance,

L’utilisation   de   scénarios   a   substance   commerciale   dans   l’évaluation   de   l’importance   du  

risque   d’assurance.   Pour   qu’une   substance   commerciale   soit   comptabilisée   il   faut   qu’une  

perte  soit  prévue  pour  l’assureur  par  la  scénario  suite  à  la  rentrée  de  tous  les  fonds  émanant  

du contrat.

Les  contrats  d’assurances  portent  donc   la  définition  suivante :   il   s’agit   de « contrats selon lesquels

une  partie  accepte  un  risque  d’assurance  significatif  d’une  autre  partie  en  convenant  d’indemniser  le  

titulaire de la police si un évènement futur incertain spécifié affecte de façon défavorable le titulaire

de la police ».

Délimitation des contrats

L’IASB  considère  que  les  possibilités  de  résiliation  ou  de  renouvellement  ne  peuvent  se  réaliser  que  

durant  la  durée  de  vie  du  contrat  et  correspondent  à  un  moment  dans  l’avenir  ou  l’assureur  est  apte  

d’annuler  ou  de  refuser  la  couverture  de  garanties  à  l’assuré  de  la  police  ou  lorsqu’il  est  autorisé  à  

réévaluer  le  risque  d’un  particulier  puis  de  réviser  la  prime  afin  qu’elle  reflète  réellement  le  risque.

Evaluation des contrats à court terme

L’exposé   sondage   du   30   juillet   2012 préconise   l’application   d’une   méthode   simplifiée   pour   les  

contrats   de   courte   durée   (moins   de   12   mois)   qui   ne   prévoient   pas   de   garanties   ni   d’options  

supplémentaires.

Les contrats de 12 mois ou moins seront désormais obligatoirement évalués selon le montant des

primes   perçues   soustraites   des   frais   d’acquisition   directs   et   différentiels.   Cette   évaluation   est  

comptabilisée initialement en tant que passif.

Le passif est ensuite intégré au résultat selon un amortissement linéaire. Les primes nets de frais

d’acquisitions seront donc passées en résultat au prorata temporis comme un produit constaté

d’avance,  tandis  que  les  sinistres,  eux,  seront  immédiatement  constatés  en  charge  et  évalués  selon  la  

méthode de « building blocks » sans la marge résiduelle.

Cette intégration progressive des primes en résultat se confond avec la méthode utilisée pour les

provisions des primes non acquises.

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b. Les flux de trésorerie futurs : calcul du best estimate

Les estimations doivent être actualisées et pondérées selon la probabilité  d’occurrence  des   flux  de  

trésorerie   attendus   dans   le   cadre   de   l’exécution   d’obligations   d’un   contrat   d’assurance.   On   parle  

donc de « valeur actuelle attendue ».

Les estimations doivent être cohérentes avec les prix du marché et ne doivent pas être biaisées par

les  flux  de  trésorerie  propres  à  l’entité.

Tous les flux de trésorerie sont pris en compte durant la durée du contrat, ce dernier étant

comptabilisé   à   la   date   où   l’assureur   devient   lié   par   le   contrat   d’assurance   (date   de   signature)   ou  

lorsque  l’assureur  souscrit  le  risque  prévu  au  contrat  (date  d’entrée  en  vigueur  du  contrat)  et  étant  

décomptabilisé  lorsqu’il  cesse  de  représenter  une  obligation  pour  l’assureur.

Les flux de trésorerie regroupent les primes à recevoir, les prestations à verser et les frais. Chaque

variation de flux constatée est prise en compte et comptabilisée en résultat. Les frais inclus dans les

flux de trésorerie nets   se   rapportent   pour   l’essentiel   aux   frais   marginaux   liés   à   la   vente,   à   la  

souscription   et   à   l’émission   des   contrats,   c’est-à-dire, les commissions versées aux intermédiaires

d’assurance   suite   à   la   production   de   ces   contrats.   Les   autres   frais   d’acquisition   doivent   être  

comptabilisés en charges.

Le Board stipule que les flux futurs de trésorerie doivent être considérés au niveau du portefeuille de

contrats et non contrats par contrats. Ces flux doivent permettre de distinguer les contrats existants

(renouvellement) des contrats entrants (affaires nouvelles).

c. L’actualisation  des  flux  de  trésorerie

Les flux de trésorerie doivent être actualisés au « taux sans risque ajusté pour tenir compte de la

différence   de   liquidité   entre   les   contrats   d’assurance   et   les   instruments   de   taux   sans   risque

équivalents ».   Selon   l’IASB,   le   taux   d’actualisation   doit   refléter   les   caractéristiques du passif et

prendre  en  compte  la  devise,  la  duration  et  les  liquidités,  plutôt  qu’un  taux  de  rendement  des  actifs  

en couverture.

Le  Board  prévoit  des  ajustements  des  taux  d’actualisation  qui  permettent  d’évaluer  les  passifs  afin  de  

tenir compte de la  durée  pendant  laquelle  l’entreprise  d’assurance  porte  ses  engagements.  La  notion  

de  prime  d’illiquidité  est  dès  lors  intégrée.

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~ 25 ~

Pour  autant,  l’IASB  ne  fournit  aucune  explication  concernant  la  détermination  du  taux  d’actualisation  

et ne donne pas de précisions  sur  les  modalités  de  calcul  de  l’ajustement  pour  prime  de  liquidité.  

d. L’ajustement  pour risque

L’ajustement   pour   risque   correspondant   à   la   somme   maximale   que   l’assureur   d’un   contrat  

d’assurance  serait  prêt  à  payer  pour  être  libéré  de  ce  risque  étant  donné  l’incertitude  sur  la  date  et  le  

montant des flux de trésorerie futurs.

Cet ajustement doit être réévalué à chaque clôture et être calculé brut de réassurance selon le

principe de non compensation.

La   marge   pour   risque   doit   être   explicite   et   refléter   l’ensemble   des   risques   associés   au   passif  

d’assurance  auquel  elle  se  rapporte.

Elle représente un avantage   pour   les   assureurs   européens   puisqu’elle   est   cohérente   avec   le  

référentiel Solvabilité II.

L’Appendice  B  limite  la  méthode  de  calcul  de  l’ajustement  pour  risque  à  trois  approches :

o Selon un niveau de confiance (quantile ou VaR)

o Selon le coût du capital,   c’est-à-dire le coût de mobilisation des capitaux propres

nécessaires à la couverture des pertes

o Selon une méthode statistique Tail Value at risk

L’assureur   est   libre   de   choisir   la   méthode   qu’il   souhaite   appliquer.   Aucun   guide   concernant   les  

paramètres  structurant  de  ces  approches  n’a  été  présenté  par  l’Appendice  B,  ce  qui  ne  facilitera  pas  

la comparaison des résultats obtenus entre ces acteurs.

e. La marge résiduelle

A  la  marge  pour  risque  s’ajoute  une  marge  résiduelle  calibrée  à  l’origine  sur la  prime  afin  d’éliminer  

tout  profit  à  l’origine  du  contrat.

Elle se définit comme « la différence entre la prime initiale reçue et la valeur actuelle des flux de

trésorerie futurs complétée de la marge pour risque ».

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Cette marge est amortie tout au long de la période de couverture du contrat, en général selon un

rythme   linéaire   et   n’est   pas   révisée   après   la   souscription   du   contrat.   Cette   non   réévaluation   est  

compensée par la réévaluation des flux de trésorerie et de la marge pour risque.

Enfin, une divergence   est   constatée   par   le   FASB   concernant   la  marge   pour   risque   qu’il   considère  

davantage comme une marge composite. Celle-ci serait calibrée selon la prime mais ne serait pas

réévaluée à chaque clôture et distinguée  de  l’ajustement  pour  risque.

Des questions  se  sont  alors  présentées  concernant  le  choix  de  ces  deux  types  de  marge  par  l’exposé  

sondage :

Modèle FASB Modèle IASB

Figure 5 : Passif du bilan IFRS selon la modèle FASB et le modèle IASB7

7 Source : Normes IFRS Assurance phase 2 : vers quel modèle de reporting financier ? Pierre Thérond

Marge composite

Best Estimate

Best Estimate

Ajustement pour risques

Marge résiduelle

Frais  d’acquisition  

incrémentaux Potentiellement bloquée

Potentiellement bloquée

Réévalué à chaque arrêté

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~ 27 ~

f. Valorisation des actifs financiers

Suite au passage de la phase 2 de la norme IFRS 4, les investissements financiers seront valorisés

selon les paramètres de la norme IFRS 9.

Dans le cadre de cette norme, les actifs financiers sont évalués soit au coût amorti, soit en juste

valeur.   Cette   approche   d’évaluation   est   déterminée   selon   le   mode   de   gestion   des   instruments  

financiers   d’une   entité   (Business Model) mais aussi les caractéristiques contractuelles des flux de

trésorerie rattachés aux actifs financiers.

Les actifs financiers évalués au coût amorti doivent être  gérés  dans   l’objectif  d’acquérir  des  flux  de  

trésorerie contractuels représentant le principal et des intérêts calculés sur ce principal. Il   s’agit  

d’actifs  amortissables  par exemple.

Tous les actifs financiers évalués conformément à la norme IAS 39 sont évalués à la juste valeur.

Les   placements   spécifiques   considérés   comme   investissements   stratégiques   par   l’entreprise   telles  

que les actions sont comptabilisés en juste valeur   conformément   à   l’option   OCI   (Other  

Comprehensive Income). Ils ne peuvent être recyclés.

L’évaluation  en juste valeur peut aussi être pratiquée à  l’ensemble  des  instruments  financiers  dans  le  

cadre   de   l’option   full fair value8. Pour que cette évaluation soit applicable, une condition est

nécessaire : la full fair value doit réduire les mismatch comptables.

Aussi, les instruments financiers sont désormais dépréciés selon une unique méthode de la perte

attendue  (Expected  Loss)  prescrite  par  l’IASB.  Dans  le  cadre de la norme IAS 39, plusieurs méthodes

existaient dont celle de la perte encourue9.

Cette nouvelle mesure consiste à étendre le provisionnement de la marge de crédit spread incluse

dans   le   taux   contractuel.   Elle   permet   ainsi   de   se   prémunir   d’éventuelles pertes qui seront

statistiquement prévues mais non reconnues.

8 Full Fair Value : juste valeur étendue à tous les instruments financiers sans exception 9 Perte encourue :  Selon  l’IASB  « Le modèle des pertes encourues est basé sur la supposition selon laquelle tous les prêts accordés seront remboursés jusqu'à ce que la preuve contraire (perte ou évènement déclencheur) soit apportée. Ce n'est qu'à ce moment là que le prêt - ou le portefeuille de prêts - est déprécié. »

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~ 28 ~

Le  projet   IFRS  4  Phase  2,  qui  est  en  cours  d’élaboration  avec  une  mise  en  application  prévue  à   fin  

2018,   apporte   d’importantes   évolutions   dans   l’évaluation   de   l’actif   et   du   passif   d’assurance mais

aussi au niveau de la constatation de leur résultat.

Aussi,  bien  que   l’IASB  ait  pris  du  retard  quant  à   l’application  définitive  de   la  norme   IFRS  4  phase  2  

suite   aux   commentaires   retenus   lors   de   la   publication   de   l’exposé   sondage   de   novembre   2010, il

semble  nécessaire  de  porter  un  œil  attentif  aux  évolutions  parallèles  du  référentiel  Solvabilité  II  et  de  

la norme IFRS 4 Phase 2.

Bien que le périmètre couvert par Solvabilité II soit plus vaste que celui de la norme IFRS 4, leurs

principes  d’évaluation  des  passifs  d’assurance  semblent  converger.

Il  apparait  donc  essentiel  d’établir  une  comparaison  de  ces  deux  projets  afin  de  mettre  en  évidence  

leurs  point  de   convergences  et  de  divergences  dans  un  but   final  de   favoriser   leur    mise  en  œuvre  

auprès des Compagnies   d’Assurance   mais   aussi   de   faciliter   la   communication des informations

financières.

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~ 29 ~

DEUXIÈME PARTIE : COMPARAISON / ENJEUX / IMPACTS

Cette seconde partie est   consacrée   à   l’aspect   pratique   de   la   mise   en   place   de   ces   deux référentiels.

Pour  débuter,  un  comparatif   sera  effectué  afin  d’évaluer   les  points  de  convergences  et  de  divergences qui lient ces deux projets mais aussi pour définir les enjeux propres ou communs qui les caractérisent et que nous aborderons dans une seconde sous partie.

Pour finir, des mesures de mis en place opérationnelle seront présentées afin de favoriser leur implémentation auprès des assureurs et mutuelles mais aussi de faciliter la communication financière qui en découlera.

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A. Comparatif de la norme IFRS 4 Phase 2 et de la réforme

Solvabilité II

Il est essentiel pour les assureurs européens de réaliser une comparaison des deux dispositifs IFRS 4

phase 2 et Solvabilité II. En effet, bien que de nombreux points semblent converger entre ces deux

projets, la finalité mais aussi certaines spécificités propres à chacun de ces référentiels conduiront les

compagnies  d’assurance  et  de  réassurance  à  modéliser  différemment  leurs  produits  d’assurance.

Bien que le calendrier IFRS 4 ait pris du retard sur celui de Solvabilité 2, la mise en place de ces deux

projets  est  un  véritable  enjeu  pour  les  assureurs.  Outre  les  reportings  qu’ils  devront  produire  dans  un  

délai réduit, les assureurs devront avant tout adapter tous leurs outils de gestion et de calcul

existants.

Les entreprises devront donc exploiter au mieux les sources de synergies si elles souhaitent fournir

des informations fiables et cohérentes aux autorités de contrôle et au public mais aussi optimiser les

coûts  d’implémentation  en  interne.

Dans le cadre de ce mémoire, le but de cette partie est de comparer la norme IFRS 4 et le référentiel

Solvabilité II afin de construire un outil sous forme de tableau synthétique qui mettra en évidence

certains aspects de ces deux dispositifs tels que :

Aspects  réglementaires  /  Champs  d’application

Méthodologie de valorisation

Enjeux et impacts financiers

Enjeux et impacts opérationnels

Nous proposons donc dans cette partie de mettre en avant les bases communes sur lesquelles ils

reposent mais aussi les  points  de  divergence  qui  les  distinguent  l’un  de  l’autre.

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I. Eléments de convergences

a. Valorisation  du  passif  d’assurance

Conformément à la réforme Solvabilité II, les provisions techniques sont répertoriées en passif

réplicable (ou couvrable) et passif non réplicable (ou non couvrable).

Les flux des passifs réplicables sont valorisés suivant la logique de couverture des instruments

financiers  c’est  à  dire  selon  la  valeur  de  marché  des  portefeuilles  répliquants.

Quant aux passifs non réplicables, les recommandations  techniques  du  QIS  5  préconisent  d’évaluer  la  

provision selon la technique du « Best estimate » auquel il faut ajouter une marge de risque.

Le   Board   stipule   que   les   passifs   d’assurances   doivent   être   valorisés   selon   la   décomposition   Best

Estimate +   marge   pour   risque   +   marge   résiduelle.   Aucune   distinction   n’est   effectuée   entre   les  

provisions techniques.

b. La considération du Best Estimate

La  notion  de  Best  Estimate  est  relativement  proche  entre  les  deux  référentiels.  L’IASB  et  l’EIOPA  se  

rejoignent sur le fait que ceux sont les meilleures estimations possibles qui doivent être prises en

considération dans les projections, bien que quelques divergences soient identifiées au sujet des frais

généraux pris en compte.

L’EIOPA   retient   la   définition   suivante du Best Estimate :   il   s’agit   de   « la meilleure estimation (Best

estimate) qui correspond à la moyenne pondérée par leur probabilité des futurs flux de trésorerie

compte   tenu   de   la   valeur   temporelle   de   l’argent   (valeur   actuelle   probable   des   flux   futurs de

trésorerie), laquelle est estimée sur la base de la courbe des taux sans risque pertinente. »

Ces flux futurs de trésorerie sont constitués des prestations, des primes et des frais futurs à verser

(frais  généraux  indirectement  liés  à  la  vente  d’un contrat) selon  les  caractéristiques  de  l’assuré  et  des  

engagements  de  l’assureur. Le calcul du Best Estimate est granulé par Line of Business et par devise.

La norme IFRS 4 Phase 2 définit le Best Estimate comme la valeur actuelle attendue des flux de

trésorerie  dans  le  cadre  de  l’exécution  d’obligations  d’un  contrat  d’assurance.  

Les  frais  inclus  dans  les  flux  de  trésorerie  nets  se  rapportent  pour  l’essentiel  aux  frais  marginaux  liés  à  

la vente, à la souscription  et  à  l’émission  des  contrats,   les  autres  frais  d’acquisition  étant  exclus.  Le  

calcul du Best Estimate est granulé par portefeuille de contrats homogène.

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II. Eléments de divergences

a. Finalité des deux référentiels

Les normes IFRS ont un rôle informatif. Leur objectif est de fournir des renseignements détaillés sur

la   valeur   des   entreprises   d’assurance   et   de   réassurance   au   sein   d’un   cadre   unique   de   normes  

comptables internationales.

La réforme Solvabilité II a une finalité prudentielle. Elle veille à la bonne solvabilité des entreprises

d’assurance   et   de   réassurance   en   leur   imposant   des   exigences   financières   quantitatives   et  

qualitatives.

b. Valorisation  de  l’actif  financier

Sous la réglementation Solvabilité II, les actifs sont comptabilités en juste valeur c’est  à  dire  en  valeur  

de marché. Il   s’agit   d’une   estimation   de   la   valeur   d’un   actif   lors   d’un   échange   entre   deux   parties  

consentantes.

Dans le cadre de la norme IFRS 4, les actifs financiers sont valorisés selon les principes de la norme

IFRS 9. Dès lors, les actifs sont évalués en coût amorti ou selon la juste valeur selon leur mode de

gestion ou les caractéristiques contractuelles des flux de trésorerie rattachés à ces actifs.

Ainsi, les actifs de catégorie actifs amortissables sont valorisés au coût amorti. Les autres placements

sont comptabilisés en juste valeur avec un spécificité pour les investissements stratégiques de type

actions qui sont évalués en juste valeur par OCI.

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c. L’actualisation  des  flux  de  trésorerie

Dans   le   cadre  de  Solvabilité   II,  un   taux  d’actualisation  approprié  doit  être  utilisé  pour   le   calcul  des  

provisions techniques. Il doit être basé sur la courbe des taux sans risque (courbe des taux swaps).

Lors de la cinquième  étude  d’impact une  prime  d’illiquidité a  été  introduite  afin  d’ajuster  le  taux  sans  

risque. Ces modalités de calcul ont été définies par  l’EIOPA  pour  l’ensemble  des  marchés  européens.

Le  Board  à  définit  le  taux  d’actualisation  des  flux de trésorerie du passif comme un taux sans risque

auquel   vient   s’ajouter   une   prime   d’illiquidité.   Cependant,   pour   les   contrats   participatifs,   le   taux  

d’actualisation  à  retenir  est  un  taux  tenant  compte  du  rendement  des  actifs.

Contrairement au référentiel Solvabilité II, aucune modalité de calcul de la prime  d’illiquidité  n’a  été  

fournie  par  l’IASB.

d. La marge pour risque

La notion de marge pour risque ne répond pas à la même définition entre la norme IFRS 4 Phase 2 et

la réforme Solvabilité II.

Dans Solvabilité II, la marge pour risque est une provision qui doit permettre le transfert de

portefeuille  d’un  assureur  en  cas  de  faillite  de celui-ci.  Elle  correspond  au  coût  d’immobilisation  des  

fonds  propres   relatifs  aux  engagements  pris  par   l’assureur  conformément  à   la  méthode  unique du

coût du capital adoptée par QIS 3. Le taux utilisé pour calculer le coût du capital est un taux utilisé

pour   l’ensemble   des   entreprises   d’assurance   et   de   réassurance   et   est   actuellement   fixé   à   6% par

l’EIOPA. Le calcul de la marge pour risque est granulé selon  des  lignes  d’activités (Line of Business,

LOB).

Le projet de norme IFRS 4 Phase 2 définit la marge de risque comme la somme maximale que

l’assureur  d’un   contrat  d’assurance   serait   prêt   à  payer  pour  être   libéré  de   ce   risque.   La notion de

faillite de l’assureur  n’est  pas   ici évoquée. Le Board propose trois méthodes de calcul de la marge

pour risque : le niveau de confiance (approche par quantile ou VaR), le coût du capital (CoC) ou la Tail

Value at Risk.

Le calcul de la marge pour risque est granulé par portefeuille de contrats homogènes.

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~ 34 ~

e. La marge résiduelle

Une  marge   résiduelle   qui   a   pour   but   d’éliminer   tout   profit   à   l’origine   du   contrat   est   ajoutée   à   la  

marge pour risque dans le cadre de la norme IFRS 4 Phase 2.

Elle se définit comme « la différence entre la prime initiale reçue et la valeur actuelle des flux de

trésorerie futurs complétée de la marge pour risque ».

Cette marge est amortie tout au long de la période de couverture du contrat, en général selon un

rythme  linéaire  et  n’est  pas  révisée  après  la  souscription  du contrat.

Cette notion de marge  résiduelle  n’existe  pas  dans  le  référentiel  Solvabilité  II,  toutefois,  les  résultats  

futurs sont reconnus à la souscription du  contrat  d’assurance  en fonds propres.

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Pour conclure, il ressort de ce comparatif que la   valorisation   des   actifs   d’assurance   diffère d’un  

référentiel  à  l’autre.  En  effet,  elle  est  comptabilisée  de deux manières différentes en IFRS alors que

pour  Solvabilité  II  la  valorisation  s’effectue  selon  une  méthode  unique : la juste valeur.

La   valorisation   des   passifs   d’assurance   est   quant   à   elle   assez   proche   entre   IFRS   4   Phase   2   et  

Solvabilité  II,  notamment  grâce  à  l’application  commune  du  principe  de  Best  Estimate  et  d’une  marge  

supplémentaire.

La valorisation du passif tend à converger d’un   point   de   vue   applicatif mais des divergences

demeurent entre ces deux référentiels sur la composition des calculs et des provisions à considérer.

On répertorie ainsi des distinctions entre les flux de trésorerie à prendre en compte dans  l’évaluation  

du  Best   Estimate,   le   taux  d’actualisation  à  utiliser  ou  encore   les   caractéristiques  de   la  marge  pour  

risque.

Bien   que   certaines   convergences   apparaissent   entre   les   deux   projets,   les   entreprises   d’assurance  

devront avant tout prendre en considération les éléments propres à chaque référentiel pour réaliser

leurs  calculs  et  produire  les  états  réglementaires.  La  difficulté  réside  donc  dans  le  fait  d’effectuer  les  

mêmes taches mais de façons différentes, ce qui représentera une masse de travail conséquente. Il

est donc primordial que ces deux référentiels convergent au maximum pour que des gains de temps

soient réalisés  mais   aussi   que   les  missions   à   effectuer   ne   soient   pas   trop   complexe   pour   qu’elles  

n’entravent  pas  la  cohérence  et  la  fiabilité de  l’information  finale.

Ces divergences et convergences représentent donc un enjeu important pour les compagnies

d’assurance  et  de  réassurance.  Tant  au  niveau  économique,  qu’opérationnel,  des  travaux volumineux

vont devoir être réalisés en interne notamment au niveau des systèmes qui alimentent la

comptabilité mais aussi du développement des outils de modélisation. Des impacts sur les produits

distribués et les garanties qui les composent sont aussi à envisager.

C’est  ainsi  ce  que  nous allons étudier dans la seconde partie. Nous développerons dans un premier

temps les enjeux que représentent ces deux projets ainsi que les différentes problématiques qui en

découlent. Puis dans une dernière partie, nous élaborerons quelques propositions opérationnelles

que peuvent appliquer les  compagnies  d’assurance  mais  aussi  les  mutuelles  pour  qui  l’enjeu  est  

d’autant  plus  important  n’étant  pas  affiliées aux normes IFRS

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B. Enjeux et problématiques des deux normes

L’objectif  de  cette  partie  est  de  montrer que le passage des anciens dispositifs à la valorisation IFRS 4

Phase  2  et  Solvabilité  II  décrite  dans  les  précédentes  parties  est  susceptible  d’engendre  des  impacts  

significatifs sur :

Les  états  financiers  des  entreprises  d’assurances

Les résultats, les dividendes et les cotations boursières des sociétés

L’image  que  l’entreprise  peut  renvoyer  au  marché  ainsi  qu’à  ses  investisseurs

La  fiscalité  des  compagnies  d’assurances

I. Impacts financiers

a. Impacts sur les Etats financiers

Les flux de trésorerie doivent être actualisés au « taux sans risque ajusté pour tenir compte de la

différence   de   liquidité   entre   les   contrats   d’assurance   et   les   instruments   de   taux   sans   risque  

équivalents ». Le  taux  d’actualisation  doit  être  basé  sur   la  courbe  des  taux  sans  risque (courbe des

taux swaps) dans le cadre du référentiel Solvabilité II.

Les autorités devraient donc à chaque année fournir les courbes de taux à utiliser, ainsi que les

primes de liquidité si cette approche est maintenue par Solvabilité II.

Toutefois, les   entreprises   ne   seront   pas   tenues   d’utiliser   les   courbes   de   taux   officielles   pour   leurs  

comptes IFRS.

Le  recours  à  des  taux  d’actualisation  différents  sera  donc  facteurs  d’écart  entre  les  bilans  prudentiels  

et les bilans comptables. Dans un cas extrême, il pourrait être possible que les taux évoluent à la

hausse  sous  un  référentiel  alors  qu’ils  baisseraient  sous  l’autre,  générant  des  effets  inverses  sur  les  

passifs  au  cours  d’une  même  période.  

Des impacts majeurs sur la gestion de la volatilité du résultat et des fonds propres comptables ou

encore sur la gestion opérationnelle actif/passif pourraient donc être recensés.

Il en est de même au sujet  de  l’évaluation  des  actifs  en valeur de marché ou juste valeur. Le passage

en valeur de marché induit une forte instabilité dans les comptes des assureurs.

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En effet, les marchés étant très fluctuants,   l’évaluation   des   actifs   en   valeur  de marché retranscrit

cette volatilité dans les comptes des assureurs les rendant ainsi plus volatils mais réalistes et

conformes pour les autorités de contrôles.

Les  écarts  dus  aux  taux  d’actualisation  ainsi  que  la  volatilité  engendrée par les valeurs de marché ont

un impact immédiat sur les états financiers  des  sociétés  d’assurances.

Les états financiers sont la représentation financière   de   l’entreprise   structurée   des   évènements  

l’affectant.   Tout   évènement   sur   les   états   financiers   qu’il   soit   positif   ou   négatif   a   donc   des  

répercutions  indirectes  sur  l’image  de  l’entreprise  mais  aussi  sa  place  au  sein  des  marchés  financiers.  

Ainsi, sa crédibilité, sa réputation, sa performance, sa fiabilité et sa compétitivité peuvent être remis

en cause à chaque arrêté comptable si les résultats de ces états ne sont pas jugés satisfaisants.

Il est donc essentiel pour les entreprises   d’assurances   de   chercher à utiliser les mêmes taux

d’actualisation   pour   évaluer   les   passifs   sous   les   deux   référentiels  mais   aussi   de   veiller   à   limiter   le  

degré  de  dépendance  des  comptes  d’assurances  à  des  facteurs  externes  afin  que  les  états  financiers  

ne soient pas impactés à chaque arrêté par une volatilité accrue ou des écarts dus aux taux

d’actualisation.

b. Marge de solvabilité

La marge de solvabilité est une réserve de fonds propres réglementaire, exigée par les autorités de

contrôle, que les assureurs doivent détenir afin de combler une éventuelle insuffisance de provisions

techniques  et  ainsi  d’honorer  leurs  engagements.

La marge de solvabilité est calculée à partir de deux indicateurs qui prennent en compte les risques

réellement  pris  à  l’actif  ou  au  passif  par  les  compagnies  d’assurance:

Le Capital de Solvabilité Requis (Solvency Capital Requirement : SCR)

Le Minimum de Capital Requis (Minimum Capital Requirement : MCR)

L’évaluation  des  actifs en juste valeur et  l’évolution  des  taux  d’intérêts  des  marchés  financiers  vont  

avoir des conséquences directes sur les bilans. Les exigences prudentielles, les provisions techniques,

les fonds propres et la valorisation des actifs vont fluctuer au fur et à mesure des mouvements des

marchés financiers conduisant à une volatilité dans les ratios de solvabilité. Cette volatilité des ratios

de  solvabilité  peut  porter  préjudice  au  pilotage  des  entreprises  d’assurance.  

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Source de comportements pro-cycliques, les assureurs pourraient ne pas réussir à la gérer ce qui

serait inacceptable pour les marchés financiers et incompréhensibles pour les assurés. Sur du long

terme, la volatilité des ratios de solvabilité pourrait affecter l’image  de  l’entreprise.

Devant ces constatations, les   assureurs   vont   devoir   immobiliser   davantage   de   fonds   propres   s’ils  

souhaitent préserver une marge confortable sur leur ratio de solvabilité.

Le président de la FFSA, Bernard Spitz, a aussi évoqué lors de la troisième conférence de la FFSA

consacrée à Solvabilité II la possibilité « d’introduire  des  mesures  contra-cycliques adaptées afin de

préserver  sur  le  long  terme  la  stabilité  des  entreprises  d’assurance  et  des  marchés  financiers  face  aux  

fluctuations de court terme. »

Une prime contra cyclique devrait être  introduite  afin  d’atténuer  les  variations  des  taux  d’intérêt  et  

réduire la volatilité du ratio de solvabilité.

c. L’adossement  actif  passif

L’adossement  actif /  passif  consiste  à  couvrir   les  engagements  envers   l’assuré   inscrits  au  passif  par  

des actifs appropriés.

Selon   l’Article  R331-1 du Code des Assurances, les provisions techniques sont enregistrées pour un

montant estimatif, ce montant devant être suffisant pour couvrir les engagements juridiques envers

les assurés.

Dans le cadre des nouvelles règlementations, les provisions techniques sont calculées selon la

méthode  du  Best  Estimate,  c’est  à  dire : « la meilleure estimation correspond à la moyenne pondérée

par la probabilité  des  futurs  flux  de  trésorerie  compte  tenu  de  la  valeur  temporelle  de  l’argent (valeur

actuelle probable des flux futurs de trésorerie), laquelle est estimée sur la base de la courbe des taux

sans risque pertinente. »

Des écarts entre les deux réglementations peuvent survenir au niveau des provisions techniques qui

représentent une  part  importante  des  passifs  d’un  bilan.  

Selon  L’Actuariel diverses études de marchés révèleraient que l’application  de  la  pratique  actuarielle  

Solvabilité II réduirait de 15% à 25% le niveau des provisions techniques en assurance vie pour les

sociétés  d’assurance  non  vie  et  de  1%  à  3%  le  niveau  des  provisions  techniques  en  assurance  vie.

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Pour autant, si des effets inverses venaient à se réaliser, ces écarts pourraient avoir des impacts

majeurs notamment si les engagements envers les assurés devenaient supérieurs aux actifs qui les

représentent.

Nous   illustrons   cette   hypothèse   par   un   exemple   simplifié   de   bilan  et   d’un   Etat   réglementaire   C510

d’une   compagnie   d’assurance.   L’estimation   en  Best   Estimate   accroît  dans cet exemple le montant

des provisions techniques.

Aussi,   une   baisse   de   l’actif   est   comptabilisée   la   deuxième   année   en   raison   de   la   liquidation   de  

placements à risques afin  d’avoir  une  allocation  d’actifs  davantage  en  adéquation  avec  les  nouvelles  

exigences réglementaires.

Bilan Solvabilité 1 et IFRS 4 Phase 1 Bilan Solvabilité II et IFRS 4 Phase 2

Année N Année N + 1

L’évaluation   en   Best   Estimate engendre une augmentation des provisions techniques au passif

puisqu’elles  étaient  d’un  montant  de  100  à  l’année  N  et  qu’elles  sont  désormais  à  110  à  l’année  N+1.  

Cette  augmentation  de  provisions  techniques  conjuguée  à  la  baisse  de  l’actif  en  l’année  N+1  sont à

l’origine  d’un  résultat  négatif  de  - 5.

10 L’état  réglementaire  C5  est  l’état  représentant  les  engagements  privilégiés  au  passif  d’une  compagnie  d’assurance  ainsi  que  les  actifs  en  représentation. Il détermine le taux de couverture de ces passifs.

Actif 100

Autres 10

Total 110

Résultat 10

Provision 100

Total 110

Actif 95

Autres 10

Total 105

Résultat - 05

Provision 110

Total 105

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Etat C5 Solvabilité 1 et IFRS 4 Phase 1 Etat C5 Solvabilité II et IFRS 4 Phase 2

Année N Année N + 1

Provisions 100 Provisions 110

Total des passifs réglementés 100 Total des passifs réglementés 110

Actifs 100 Actifs 95

Total des actifs admissibles 100 Total des actifs admissibles 95

Couverture des engagements 0 Couverture des engagements - 15

Dans   le   cadre   de   l’Etat   réglementaire   C5,   nous   observons   que   la   couverture  des   engagements  est  

négative   à   l’année   N+1.   Elle   passe   de   0   à   l’année   N   à   - 15   à   l’année   N+   1.   Cet   écart   est   dû   à  

l’évaluation  en  Best  Estimate  des  provisions  techniques.  

Les actifs  ne  représentent  pas  dans  la  totalité  les  engagements  de  l’assureur  envers  ses  assurés.  

La  vision  de  l’entreprise  est  désormais  économique  et  réaliste  mais  elle  met  en  danger  l’assureur  car  

si   ses   engagements   lui   étaient   réclamés   en   intégralité,   il   n’aurait pas assez de ses actifs pour les

couvrir  ce  qui  les  mettrait  dans  une  situation  d’insolvabilité.

II. Impacts sur la fiscalité : les impôts différés

Le bilan prudentiel est constitué à partir de la juste valeur des actifs et des passifs alors que les

impôts sont calculés à partir des comptes sociaux.

Les écarts enregistrés entre le bilan social et le bilan prudentiel se traduisent par des compléments

ou  des  déductions  d’impôts  dans  l’avenir.  Ces  compléments  ou  déductions  d’impôts  sont  intégrés  au  

bilan  prudentiel  en  tant  qu’impôts  différés.

Ainsi, lorsque le passage du bilan social au bilan prudentiel conduit à une diminution de valeur de

l’actif,   cette  baisse   sera   induite  par  une  évaluation  de   l’impôt  différé  actif.  A  contrario,   lorsqu’une  

plus-value   latente   est   constatée   à   l’actif   un   impôt   différé   passif   sera   comptabilisé   matérialisant  

l’impôt  futur  que  l’entreprise  devra  payer  au  moment  de  la  réalisation de la plus-value.

Pour   représenter   ces   impôts   différés   dans   son   bilan   prudentiel,   l’entreprise   doit   démontrer   qu’ils  

sont   recouvrables.   L’entité   doit   alors   être   en   mesure   de   dégager   des   bénéfices   futurs   qui   lui  

permettront  d’honorer  ces  impôts  futurs  associés aux bénéfices dégagés.

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~ 41 ~

III. Impacts  sur  l’image  de  l’entreprise

a. L’évolution   du   résultat   et   ses   conséquences   sur   les   dividendes   de  

l’entreprises

Pour   les   investisseurs   qui   souhaitent   investir   en   bourse,   analyser   la   valeur   d’une   entreprise   peut  

consister à étudier son compte de résultat publié et plus particulièrement à regarder le résultat net

qui constitue le profit ou la perte réalisée par cette entreprise.

Ainsi,   si   l’entreprise   ne   dégage   pas   un   résultat   satisfaisant   les   dividendes   versés pourraient être

amenuisés et une chute de sa cotation boursière pourrait apparaître,  les  investisseurs  n’estimant  pas  

l’entreprise  comme  un  investissement rentable.

Si   nous   reprenons   l’exemple   évoqué   dans   le   sous   partie   sur   l’adossement   actif   /   passif,   nous  

observons  dans  le  cadre  de  l’évaluation  en  Best  Estimate  un résultat négatif de  l’entreprise.

Tout  résultat  réalisé  par  une  entreprise  qu’il  soit  négatif  ou  positif  à  un  impact  essentiel  sur  l’image  

que renvoie cette entreprise auprès du public, des investisseurs ou encore des marchés et des

autorités de contrôle.

Si  le  résultat  n’est  pas  satisfaisant,  sa  crédibilité,  sa  solvabilité,  et sa fiabilité seront remises en cause,

l’image  de  l’entreprise  sera  donc  ternie.

Il  est  donc  nécessaire  pour  les  compagnies  d’assurance  de  disposer  d’un  maximum  de  fonds  propres  

mais  aussi  d’actifs  ne  représentant  pas  un  risque  trop  important  pour  l’entreprise  mais  ayant  tout  de  

même un rendement satisfaisant afin que les engagements envers les assurés soient constamment

maintenus. Dès   lors,   l’entreprise  ne  renverra pas une mauvaise image et sa réputation ne sera pas

entachée.

b. Diminution de la rentabilité des produis et impacts pour les investisseurs

L’augmentation  des exigences règlementaires (augmentation des besoins en fonds propres) entraine

une  baisse  de  la  rentabilité  des  produits.  Il  s’agit  principalement  des  produits  d’épargne  et  retraite.  

Les exigences réglementaires de fonds propres engendrent une diminution du montant des

provisions techniques destinées à couvrir les engagements pris par les assureurs lors de la

souscription des contrats. Si les provisions techniques diminuent, les contrats deviennent alors

beaucoup moins attractifs pour les investisseurs et les assureurs seont pénalisés.

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Un communiqué de la Fédération  Française  des  Sociétés  d’Assurances  (FFSA)11 évoque une baisse de

rendement  de  30  à  50%  pour  les  contrats  d’épargne-retraite ce qui engendrerait une diminution du

pouvoir  d’achat  des  retraités.

Des  alternatives  pour  les  assureurs  sont  donc  à  envisager  s’ils ne veulent pas voir la souscription des

contrats   épargne   et   retraite   diminuer   sachant   que   l’assurance   vie   constitue   un   des   placements  

d’investissement  préférés  des  Français.

IV. Réorganisation  de  l’allocation  d’actifs

Le dispositif Solvabilité II exige des   entreprises   d’assurance   et   de   réassurance   que   leur   niveau   de  

capitaux   propres   soit   proportionné   aux   risques   des   passifs   et   actifs   qu’elles   détiennent.   Aussi,

conformément aux nouvelles réglementations prudentielles et comptables les actifs doivent être

évalués en juste valeur soit la valeur de marché.

Ainsi, les investissements risqués mais offrant un rendement élevé sont soumis à une exigence

d’immobilisation  de  fonds  propres  plus  élevée  et  à  l’inverse  les  investissements  moins  risqués  mais  

bénéficiant d’un  rendement plus faible nécessitent des besoins en fonds propres moins important.

Cette nouvelle réglementation incite les   assureurs   à   réorganiser   leur   détention   d’actifs   tout   en  

tenant compte des nouvelles contraintes fixées.

Ils doivent choisir entre l’option   de   détenir   des   actifs   à   rendement   élevé  mais   ayant   un   coût   de  

besoin en capitaux élevé et une volatilité accrue ou des investissements moins risqués mais dont les

rendements sont nettement inférieurs et limitent le besoin en fonds propres ainsi que la volatilité

dans leurs états financiers. Ils doivent considérer aussi le fait que plus les investissements sont

risqués   plus   l’assureur   porte   un   risque   supérieur   relatif   à   ces   placements   en   cas   de   conjoncture  

défavorable.

Les mouvements des marchés financiers  et  plus  particulièrement  ceux  des  taux  d’intérêts  ont  aussi  

des   répercutions   sur   les   actifs   et   passifs   des   sociétés   d’assurances.   Ils   introduisent une volatilité

accrue dans les comptes des assureurs et notamment dans le ratio de solvabilité.

Cette   volatilité   à   l’intérieur   des   bilans   amène les   entreprises   d’assurance   à   revoir   leur   politique  

d’allocation  d’actifs.

11 www.ffsa.fr : Solvabilité II : 10 questions pour comprendre la réforme et ses enjeux

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V. Impacts sur les produits d’assurance

La mise en place de Solvabilité II pourrait conduire à une hausse des prix des assurances mais aussi à

l’abandon   de   certaines   branches   d’activités.   En   effet,   afin   d’optimiser   leur capital, les assureurs

pourraient être tentés de choisir une solution simple à court terme qui est d’augmenter  le  prix  des  

contrats  d’assurance  plutôt  qu’une  solution  qui  porterait  ses  fruits  sur  du  long  terme. On attend une

augmentation générale de 5 à 20% du prix des assurances de dommage selon le Communiqué de la

FFSA évoqué dans la précédente sous partie. Devant cette hausse, les assurés préfèreraient diminuer

leur  niveau  de  garantie  pour  payer  des  primes  d’assurances  moins  élevées.

La   considération   du   risque   dans   le   provisionnement   des   compagnies   d’assurances   pourrait aussi

engendrer une augmentation des tarifs pour certaines catégories de population.

Par exemple, si nous prenons en compte un portefeuille automobile pour lequel un assureur estime

que dans ce portefeuille 30% des assurés sont des malusés (assurés ayant subi un sinistre ou plus).

Cela signifie donc que 30% de ce portefeuille représente un risque de sinistre supplémentaire

puisqu’ils  en  ont  déjà  eu  au  minimum un. Leur probabilité  de  sinistre  est  alors  plus  importante  qu’un  

assuré   n’ayant   subi   aucun   sinistre.   Devant   cette   augmentation   de   risque,   qu’un   assureur   devra  

désormais   prendre   en   compte,   cette   population   de   malusés   pourrait   voir   sa   prime   d’assurance  

automobile   accroître   d’un   certain   pourcentage   en   contrepartie   du   risque   supplémentaire   qu’elle  

représente pour l’assureur.

Par  ailleurs,  certaines  branches  d’activités  qui  représenteraient  un  risque  plus  important  que  d’autres  

branches pourraient disparaître.

L’offre  de  produits,  notamment  en  assurance  vie,  risque  aussi  de  subir  des  changements  majeurs.

Le choix du taux   d’actualisation   utilisé   pour   les   passifs   d’assurance   entraine une volatilité des

résultats. Ainsi, pour limiter au maximum cette volatilité,   les   compagnies   d’assurance   envisagent  

d’abandonner les produits de long terme tels que les produits à taux d’intérêt   garanti   (leur  durée  

pourrait  être   réduite  afin  de   limiter   l’exposition  au  taux  d’intérêt)  ou  d’opter pour des produits ou

l’assuré  supporterait  davantage  le  risque  tels  que  les  produits  en  unité  de  compte.

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Cette partie a permis de mettre en exergue  les  différents  impacts  occasionnés  par  l’application  de  la  

norme   IFRS   4   Phase   2   et   du   référentiel   Solvabilité   II.   L’évidence   de   ces   impacts   va   permettre   aux  

entreprises  de  cibler  leurs  travaux  et  d’optimiser  au  mieux  leur  implémentation  en  interne.  

Dans une troisième et dernière partie, nous proposons des mesures de mise en place opérationnelles

et  nous  évoquerons  les  difficultés  pouvant  être  rencontrées  par  les  compagnies  d’assurance  et  les  

mutuelles  ainsi  qu’en  fonction de la branche  d’activité.

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C. Mise  en  place  opérationnelle  d’IFRS  4  Phase  2  et  

Solvabilité II

A travers cette partie, nous proposons diverses mesures opérationnelles pouvant être mises en place

par  les  Compagnies  d’assurances et de réassurances.

Nous présentons aussi les   difficultés   d’établissement pouvant être rencontrées selon le statut

juridique  de  l’entité  mais  aussi  la  branche  d’activité  exercée.  

Nous clôturons cette partie en réalisant un tableau synthétique reprenant les éléments comparés

ainsi que les enjeux communs à ces deux référentiels évoqués dans les précédentes parties auxquels

nous  proposons  différentes  mesures  d’applications.

I. Adaptation des systèmes d’informations

Afin de faciliter au mieux la mise en place de la norme IFRS 4 phase et du référentiel Solvabilité II, il

est nécessaire que les données utilisées pour la comptabilité et la maîtrise des risques soient définies

en  amont  du  processus  c’est-à-dire avant toute transformation.

Un lien doit être conservé entre les informations comptables et les informations de Solvabilité II.

Dans un souci de cohérence des informations, il convient de répertorier et formaliser les principales

modifications et transformations effectuées au cours de ces deux processus.

Afin  d’optimiser  les  coûts  liés  à  l’adoption  en  interne  de  ces  deux  référentiels  et  de  transmettre  des  

informations cohérentes au public, il est essentiel d’anticiper   des   processus   de   production   et  

informatiques communs.

Nous proposons dans cette partie une ébauche des différentes mesures pouvant être mises en place

communément  conformément  à  l’application  des  deux  dispositifs  IFRS  4  Phase  2  et  Solvabilité  II.

a. Les outils de gestion

Les   outils,   les   systèmes,   et   en   particulier   les   systèmes   d’informations,   doivent   être   adaptés   et  

reconfigurés  afin  que  l’information  soit  remontée  et  traitée  le  plus  rapidement  possible.  

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La   collecte,   l’évaluation   et   le   traitement   des   données   sont   des   processus très importants, ils

contribuent  à  l’amélioration  de  la  qualité  de  ces  données,  il  est  donc  essentiel  qu’une  refonte  de  ces  

systèmes  soit  effectuée  afin  qu’ils  soient  le  plus  optimal  possible.

Des inventaires doivent être menés afin de recenser les données disponibles ou manquantes.

Des entrepôts de données doivent être constitués. Ils permettent de centraliser toutes les

informations en un même lieu ce qui facilite l’élaboration  des  reportings  réglementaires.

Afin de faire des économies de temps, de saisie  et  de  contrôle,   il  est  envisageable  d’automatiser  la  

production  notamment  l’alimentation  des  données.

Les outils de reporting cibles doivent faciliter les comparaisons entre les périodes et sujets par les

utilisateurs. Les outils doivent permettre d’accéder   aux   données   brutes   afin   de   permettre,   si  

nécessaires,  la  traçabilité  et  l’analyse  des  écarts  constatés  dans  le  respect  des  délais  réglementaires  

impartis.

b. Les données comptables et financières

Les méthodes de revalorisation des données comptables   et   financières   des   sociétés   d’assurance  

doivent être adaptées afin de répondre au mieux à la bonne production des informations nécessaires

dans le cadre de la phase 2 de la norme IFRS 4 et de Solvabilité II.

Par  exemple,  pour  l’estimation du Best Estimate, il est nécessaire de considérer des scénarios de cash

flows futurs. Pour cela, des simulations stochastiques doivent être réalisées et les systèmes de calculs

des provisions et de communication comptable doivent être adaptés pour les entreprises

d’assurances.

Ces nouvelles méthodes de calculs induisent d’importants   changements   dans   les   pratiques  

actuarielles et les systèmes informatiques.

Au   cœur   de   ces   deux   réformes,   la   fonction   actuarielle   est repensée   et   renforcée   afin   qu’elle  

contribue au mieux aux nouvelles exigences réglementaires. Les responsabilités   de   l’actuaire   sont  

redéfinies, on exige d’eux  qu’ils  fournissent  davantage  de  documentation  dans  leurs  opinions  et  dans  

la mise en place des processus leur permettant de fonder leur opinion.

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c. Adapter les services aux nouvelles exigences

L’entreprise   doit se doter des capacités de production et des profils requis pour la conception du

modèle, le développement, la maintenance, les calculs, le contrôle, la réconciliation et la production

des nouveaux états financiers dans le nouveau référentiel. Afin de renforcer les services dans leur

efficacité, des cessions de recrutements doivent être organisées.

Des formations doivent aussi être envisagées afin que les collaborateurs et utilisateurs de nouveaux

outils et méthodes de calculs aient les compétences nécessaires pour effectuer au mieux leurs

missions.

Afin de sensibiliser davantage les services aux nouveaux changements,  des  journées  d’informations  

sur les thèmes de Solvabilité II et IFRS 4 Phase 2 peuvent être réalisées au sein des compagnies

d’assurances.  

II. Une adaptation différente selon  la  nature  de  l’entité

Nous avons cité précédemment différentes mesures pouvant être mises en place dans le cadre des

nouvelles réglementations. Pour autant, la mise en place diffère selon la forme juridique des sociétés

mais aussi la nature des activités exercées.

a. Les  Compagnies  d’assurance

La mise en place des deux référentiels IFRS 4 Phase 2 et Solvabilité II varie d’une   compagnie  

d’assurance  à  une  autre.  

Concernant IFRS 4 Phase 2, la norme a pris beaucoup de retard par rapport à son calendrier initial, sa

mise  en  application  étant  prévue  à  l’origine  pour  2011.  Les  interactions  avec  la  norme  sur  les  actifs  

financiers ainsi que la prise en considération des spécificités du business model des assureurs ont

fortement contribué au   retard   la  norme.  L’IASB  prévoit  désormais  une  mise  en  vigueur  à   l’horizon  

2016 – 2018.

La  norme  n’étant  pas  encore  finalisée,  il  serait  alors  prématuré  d’initier  un  projet  de  mise  en  place  

opérationnelle.

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C’est   la   raison   pour   laquelle   les   compagnies favorisent une refonte de leurs processus et de leur

système  en  corrélation  avec  le  projet  Solvabilité  II  plutôt  que  d’intégrer  directement  IFRS  4  Phase  2  

et  d’avoir  à  tout  changer  à  l’avenir.

La réforme Solvabilité II a aussi pris du retard par rapport à son calendrier initial puisque la date

d’entrée  en  vigueur  était  prévue  en  2009.   Le  projet  n’est  pas  non  plus   finalisé à ce jour et la date

d’entrée   en   vigueur   est estimée à 2015 – 2016 peut être 2018 selon certains magazines sur

l’assurance.

En revanche, le projet a été   initié   en   grande   partie   au   sein   des   compagnies   d’assurance   et   de  

réassurance  ainsi  que  des  mutuelles  puisque  bon  nombre  d’éléments  du projet sont à ce jour définis

et   ne   nécessitent   pas   d’être   revus.   Une   étude   réalisée   par   l’Autorité de Contrôle Prudentiel sur

Solvabilité II révélait en 2011 que neuf assureurs sur dix avaient initié partiellement ou intégralement

un projet dédié à Solvabilité II.

Ainsi,   seul   un   assureur   sur   dix   n’avait   initié   aucun   projet   ce   qui   prouve   que   les   assureurs sont

impliqués  dans  ce  projet  bien  qu’il  engendre  de  nombreux  changements.

Ce qui caractérise et différencie les assureurs, outre la mise en place du projet, est leur degré de

préparation qui varie selon les piliers du nouveau régime prudentiel.

Le   pilier   3,   relatif   aux   exigences   d’information,   a   longtemps   été   laissé   pour   compte   bien   qu’il   soit  

aussi important que les deux autres piliers. En effet en 2011, seulement 53% des organismes sondés

avaient  avoué  avoir  débuté  un  plan  d’actions  pour  le  pilier 3 contre 86% pour le pilier 1 et 84% pour

le pilier 2.

Aujourd’hui  l’effet  est  inversé,  l’aspect  qualitatif (piliers 2 et 3) de la réforme prime sur le quantitatif

(pilier 1) du point de vue des assureurs, alors que justement certains éléments du pilier 2 tel que le

SCR  posent  problème  de  par  leur  volatilité  et  nécessitent  la  conduite  d’une  nouvelle  étude  d’impact.

Les assureurs doivent donc se tenir prêts à  de  nouveaux  changements  d’ici  les  prochains  mois.

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b. Les Mutuelles

Les Mutuelles sont des organismes indépendants à but non lucratif organisés sur le principe de la

solidarité entre les membres. Etant non lucratives,  les  excédents  financiers  dégagés  par  l’activité  des  

mutuelles ne servent pas à rétribuer les actionnaires, puisqu’il   n’y en a pas, mais à proposer de

nouvelles garanties, à améliorer les garanties déjà existantes ou encore à renforcer la qualité de ses

services.

Depuis 2005, les sociétés européennes cotées en bourses doivent publier leurs comptes consolidés

conformément aux normes IFRS. Les mutuelles étant des organismes à but non lucratifs, et par

conséquent non cotés en bourse, ne peuvent appliquer les normes IFRS pour publier leurs comptes.

Le fait de na pas publier leurs comptes en conformité avec les normes IFRS différencie les mutuelles

des   compagnies   d’assurances.   Cette   divergence   représente leur premier point faible concernant

l’application  du projet Solvabilité II.

En effet, le bilan prudentiel Solvabilité II est comptabilisé en juste valeur soit une vision économique.

Pour de nombreux postes du bilan, la valeur utilisée pour établir les comptes IFRS est la même valeur

économique retenue pour le référentiel Solvabilité II.

Ainsi, les sociétés cotées devant publier leurs comptes selon les normes comptables internationales

n’ont  pas rencontrées de difficultés particulières à produire le bilan prudentiel.

En revanche, pour les autres organismes telles que les mutuelles, réaliser un bilan prudentiel  s’est  

avéré plus complexe. Solvabilité II amène les mutuelles et réorganiser totalement leur gestion ainsi

que la manière dont elles sont organisées.

L’exigence  de  fonds  propres  représente  aussi  un  enjeu  crucial  pour  les  sociétés  mutuelles.  En  effet,  

en raison de leur forme juridique, les mutuelles ont plus de difficultés que les sociétés  d’assurance  

cotées en bourse à lever des capitaux. N’ayant  pas  d’actionnaires,  elles  ne  couvrent  pas  leurs  besoins  

en capitaux sur le marché des actions. Pour financer leur activité et leur croissance, les mutuelles

conservent leurs excédents.

Les mutuelles de grande taille ne devraient pas ressentir de difficultés majeures pour disposer de

fonds propres suffisants.

Cependant, pour les petites et moyennes mutuelles on évoque les possibilités de fusions et de

regroupement de mutuelles comme solution à  l’atteinte  d’une  taille  critique  mais  aussi  à  la  détention  

de fonds propres suffisants pour mener le projet Solvabilité II.

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Bien que les mutuelles présentent des éléments pouvant retarder la mise en place de Solvabilité II en

interne,  une  enquête  de  l’ACP révèle que ces organismes demeurent les plus avancés dans la mesure

ou  82%  d’entre  eux  ont  initiés  partiellement  le  projet  contre  68%  pour  les  organismes  assureurs.  

Les mutuelles ont su tirer profit de leurs difficultés et demeurent pour certaines au même stade

d’avancement   que   les   compagnies   d’assurances   qui   présentent   pourtant   un   avantage   de   par  

l’application  des  normes  IFRS  pour  celles  d’entre  elles  qui  sont  cotées  en  bourse.

c. Les Intermédiaires d’assurances

Bien que Solvabilité II et IFRS 4 concernent  les  sociétés  d’assurance  et  de  réassurance, il semblerait

que les intermédiaires ne soient pas épargnés par les retombées directes ou indirectes de la

directive.

Les   nouvelles   réglementations   n’affecteront   pas   nécessairement   l’ensemble   des   intermédiaires et

leur  degré  d’implication  variera  d’un  intermédiaire  à  l’autre.

Les  intermédiaires  d’assurance  pouvant représenter un risque de contrepartie de par leurs créances,

des contrôles plus stricts de ces créances seront exécutés.

Aussi, afin de parer au risque que les intermédiaires constituent, les assureurs devront aussi,

disposer de fonds propres suffisants.

Des informations plus complètes et actualisées seront aussi demandées aux intermédiaires par les

compagnies  d’assurance  ou  de  réassurance  afin de répondre aux nouvelles exigences réglementaires

et  d’adéquation  des  données.  Les  intermédiaires  devront  aussi  s’assurer  à  ce  que  l’analyse  et  la  saisie  

de leurs données soient cohérentes avec les exigences de la compagnie. On exigera des

intermédiaires  que  leurs  techniques  d’analyse  soient  d’une  qualité  irréprochable.

Des sanctions en cas de manquement à ces opérations ne sont pas encore évoquées, mais il ne fait

aucun doute que ces contrôles accrus pourraient modifier la teneur de certaines relations

professionnelles  et  inciter  certains  acteurs  à  envisager  autrement  l’avenir  de  ces  relations.

III. Une adaptation différente selon  la  branche  d’activité

L’entrée  en  vigueur  de  Solvabilité  II  va  inciter  les  assureurs  à  sélectionner  le  secteur  d’activité  dans  

lequel ils souhaitent exercer.

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En effet, les provisions techniques sont désormais calculées différemment pour chaque branche

d’activité  et  rendent  les  produits  d’appels  plus  visibles  contraignant  les  assureurs  à  réorganiser  leur  

activité.

Les branches présentant  des  sinistres  à  règlement  rapide,  en  général  dans  l’année,  sont  caractérisées  

comme des branches de court terme. Le montant des provisions techniques relatives à ces branches

est  faible  puisqu’il  s’agit  pour  la  majorité  des  sinistres  de  cette  branche  de  sinistres  matériels  dont  les  

montants sont évalués rapidement et ne représentant un coût excessif. Il   s’agit   par exemple des

garanties  incendie,  dommage,  bris  de  glace  etc…

A  contrario,  les  branches  dont  les  sinistres  ont  des  règlements  pouvant  s’étaler  sur  plusieurs  années  

pour des raisons judiciaires sont considérées comme des branches longues. Les provisions techniques

relatives   à   ces   branches   ont   un  montant   élevé   puisque   les   sinistres   survenus   à   l’intérieur   de   ces  

branches sont souvent de lourds sinistres ayant un coût important. Il  s’agit  par exemple des garanties

responsabilité civile, corporelle, assurance vie, construction, retraite.

Le  décalage  entre  la  date  de  survenance  d’un  sinistre  et  le règlement de ce sinistre est parfois long

selon la garantie. Du fait de ce décalage, la réglementation prudentielle exige des compagnies

d’assurance  qu’elles  estiment   la charge future des sinistres afin  qu’elles  provisionnent  dans  un  but  

d’honorer  leurs  engagements.  

Les provisions sont calculées selon la technique du Best Estimate mais aucune mesure de

l’incertitude  du  calcul  de  la  provision  n’est  possible  au  final.  Ainsi,  plus  les  branches  d’activités  sont  

longues plus le risque sera difficilement évaluable et plus il y aura une incertitude dans le calcul de la

provision.  A  l’inverse,  plus  la  branche  sera  courte  plus  le  risque  sera  quantifiable  et  l’incertitude  de  la  

provision sera faible.

Cette   différence   d’appréciation   des   provisions   techniques   selon   la   branche   d’activité   amène   les  

entreprises   d’assurance   à   réfléchir   sur   l’activité   qu’ils   souhaitent   exercer   à   l’avenir.   En   effet,   le  

nouveau dispositif de solvabilité exige que le niveau de capitaux propres détenus par les entreprises

d’assurances  soit  proportionné  à  leurs  risques  des  passifs  et  actifs  détenus.

Ainsi, les branches longues qui présentent des risques plus importants financièrement et donc une

dotation en capital adéquate plus élevée pourraient être pénalisées par les assureurs qui pourraient

abandonner la pratique de ces activités ou réduire leur nombre.

Afin  de  ne  pas  pénaliser  ces  branches,  une  étude  d’impact  a  été  menée   le 28 janvier 2013 pour une

durée de deux mois par  l’EIOPA.  Les  résultats  indiquent  des  avancées  sur  l’évaluation  des  garanties  

de   long   terme   telle   que   l’introduction   définitive   d’une   prime   d’adossement   qui concerne les

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~ 52 ~

garanties vie de long terme pour lesquelles les engagements sont financés par des placements

soumis aux aléas de marchés. Elle permet de rétablir le ratio de solvabilité plus en adéquation avec la

réalité du risque, la solvabilité des engagements sera alors peu sensible aux fluctuations des

marchés.

IV. Tableau synthétique des deux référentiels IFRS 4 Phase 2 et Solvabilité II

Cette ultime partie présente un tableau récapitulatif des différentes parties abordées dans ce

mémoire. Il permet de mettre en exergue de façon simplifiée ce qui différencie et unit mais aussi ce

qui compose la norme IFRS 4 Phase 2 et la réforme Solvabilité II.

Ce tableau se décompose quatre colonnes :

Une première colonne consacrée la réglementation et les champs  d’application  de   chaque  

référentiel.   Il   s’agit   de   rappeler   les   caractéristiques   générales   propres   à   chacun   des  

dispositifs.

Une seconde colonne qui   permet   d’évaluer   la   complexité   des   principaux   éléments   qui  

constituent ces dispositifs. Cette évaluation de la complexité des deux référentiels est

effectuée à partir de la comparaison réalisée dans la précédente sous partie. Cette

évaluation  s’effectue  de   façon  simplifiée  par  deux   icones  « moins » et « plus ». Le principe

est de visualiser en une seule fois quelle norme est plus complexe  que  l’autre  sur  chacun  des  

éléments. Il   est   aussi   d’évaluer   le   degré   d’importance   de   chaque   caractéristique   dans   le  

projet général.

Une   troisième   colonne   consacrée   aux   différents   impacts   et   enjeux   qu’induisent   ces   deux  

référentiels. Cette colonne regroupe de manière abrégée les divers enjeux développés dans

la sous-partie nommée « Enjeux et problématiques des deux normes ». Bien que nous nous

soyons portés sur la partie passive qui relie ces deux projets, certains impacts qui en

découlent   divergent   d’un   référentiel   à   l’autre.   Il   est   donc   essentiel   pour   les   entreprises  

d’assurance   d’appréhender   les   enjeux   de   ces   deux   projets   dans   une   premier   temps   afin  

d’adapter  au  mieux  les  systèmes,  processus  et  méthodes  de  calcul  dans  un second temps.

Une quatrième et dernière colonne présente les différentes mesures proposées dans la sous-

partie précédente consacrée à ce sujet. Les deux dispositifs étant convergents sur la partie

passive   et   la   Phase   2   de   la   norme   IFRS   n’étant   pas   aboutie,   les  mesures   d’adaptation   en  

interne  sont  d’une  manière  générale  identiques.

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~ 53 ~

Réglementation / Champs

d'application

Complexité de la valorisation

Impacts / Enjeux Mesures

opérationnelles Taux d'actualisation

Best Estimate Marge pour

risque La marge résiduelle

Solvabilité II

- Finalité prudentielle - Concerne les compagnies d'assurance vie et non vie et sociétés de réassurance

- Impact financier: - Marge de solvabilité - Présentation des états financiers - Adossement actif / passif - Impact fiscal - Impact sur l'image: - Rentabilité des produits - L'évolution des résultats - Réorganisation de l'allocation d'actif - Impact sur l'offre de produits

Adaptation des processus et des systèmes: - Systèmes informatiques - Méthodes de calcul - Formations des collaborateurs - Renforcement des services

IFRS 4 Phase 2

- Finalité informative - Concerne les entreprises eutopéennes côtées en bourse

- Impact financier: - Marge de solvabillité - Présentation des états financiers - Adossement actif / passif - Réorganisation de l'actif - Impact sur l'évolution des résultats

Adaptation des processus et des systèmes: - Systèmes informatiques - Méthodes de calcul - Formations des collaborateurs - Renforcement des services

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CONCLUSION

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L’application  des  deux  nouvelles   réglementations   comptable  et  prudentielle   s’avère  être  

une   véritable   avancé   dans   le   secteur   européen   de   l’assurance.   L’évaluation en Best Estimate des

passifs   d’assurance   s’annonce   être   une   étape   inévitable   pour   les   assureurs   aussi   bien   pour  

déterminer les provisions techniques dans le cadre de la phase 2 de la norme IFRS 4 que pour

répondre aux exigences réglementaires du référentiel Solvabilité II.

Bien que les assureurs espèrent un niveau de convergence maximal entre ces deux projets, la

comparaison réalisée dans ce mémoire a démontré que de nombreux éléments tendent à diverger

notamment   dans   l’actualisation   des   cash   flows,   la  marge pour risque et la constitution des fonds

propres.

Ces écarts seront source de coût et de complexité pour les assureurs mais risqueront aussi de

perturber la compréhension des informations à destination du public ainsi que de décrédibiliser

certains modèles  par  rapport  à  d’autres  dans  des  cas  extrêmes.  Ils auront  donc  d’importants  impacts  

qu’il  sera  nécessaire  de  prendre  en  considération  par  les  compagnies  d’assurance  et  de  réassurance  

si elles souhaitent faciliter leur implémentation en interne mais aussi fournir des informations fiables

et cohérentes aux autorités de contrôle.

Concernant leur application, nous avons pu voir à travers ce mémoire que la Phase 2 de la norme

IFRS  4  n’étant  pas  finalisée  aucune  mesure  de  ne  peut  être  mise  en  place  pour  préparer ce projet.

Quant  au  référentiel  Solvabilité   II,  diverses  études  d’impacts  ont  déjà  été  réalisées,   l’ensemble  des  

entreprises   ont   initié   des   plans   d’actions,   le   projet   est   pour   beaucoup   d’entreprises   d’assurance  

grandement avancé bien que quelques éléments restent encore à traiter.

Les deux projets ont prix beaucoup de retard dans leur calendrier en raison de différents sur les

spécificités des deux projets et de la difficulté à les faire conjuguer, bien   qu’aujourd’hui  on parle

d’une  entrée  en  vigueur fixée à 2016-2018.  Pour  autant,  à  l’instar  de  Bâle  II  dans  le  secteur  bancaire,  

certains envisagent déjà Solvabilité III, à quand de nouvelles normes comptables et prudentielles ?

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BIBLIOGRAPHIE

~ 55 ~

Ouvrages

MARIE LAURE DREYFUSS : Les Grands Principes de Solvency II. Les Editions de  l’Argus  de  l’Assurance  

(2012)

PWC : Mémento expert IFRS 2012, Collection « Mémento Expert ». Editions Francis Lefebvre (2012)

Publications

Les  Cahiers  Pratiques  de  l’Argus  de  l’Assurance : Les normes comptables internationales. L’Argus  de  

l’Assurance,  n°7189  (octobre  2010)

Les normes IFRS en assurance. Dossier  technique  d’information  Optimind  (juin  2009)

Solvabilité II et les modèles internes. Dossier  technique  d’information  Optimind  (Janvier  2007)

Le projet de norme  sur   les  contrats  d’assurance   IFRS  4,  Phase   II : une révolution pour les assureurs.

L’argus  de  l’assurance  (septembre  2011)

Normes IFRS – Menace de volatilité sur les comptes des assureurs. Option finance, n°1150 (novembre

2011)

Plein feu sur les IFRS Contrats  d’assurance. Deloitte, Bureau mondial des IFRS (août 2010)

Solvabilité II :  principaux  enseignements  de  la  cinquième  étude  quantitative  d’impact  (QIS5). ACP, n°1

(mars 2011)

Solvabilité II :  l’ACP  a  fait  le  point. CAPA Hebdo, n°36 (octobre 2011)

Mémoire

Pierre THEROND : IFRS, Solvabilité II, Embedded value : quel traitement du risque ?

Site Internet

www.ffsa.fr

www.focusifrs.com

www.iasb.org

https://eiopa.europa.eu

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ANNEXES

~ 56 ~

Annexe 1 : Liste des acronymes utilisés

IASC : International Accounting Standards Committee

IASB : International Accounting Standards Board

IAS : International Accounting Standards

IFRS : International Financial Reporting Standards

EIOPA : European Insurance and Occupational Pensions Authority CEIOPS : Committee of European Insurance and Occupational Pensions Supervisors

SCR : Solvency Capital Requirement (capital de solvabilité requis)

MCR : Minimum capital reqirement (minimum de capital requis)

Annexe 2 : Les trois piliers de la réglementation Solvabilité II

SOLVABILITE II

Pilier I Les exigences quantitatives

- Evaluation des actifs et des passifs: "Full Fair Value" - Provisions techniques - Fonds propres: Tiers 1,2,3 - Capital de solvabilité requis: SCR - Minimum de capital requis: MCR - Règles d'investissement

Pilier II Les exigences qualitatives

- Autorité de contrôle - Systèmes de gouvernance et de management des risques - Renforcement du contrôle interne et de la gestion des risques: ORSA - Fonction actuarielle renforçée

Pilier III Discipline de marché

- Informations à destination du public - Informations aux fins de contrôle

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Annexe 3 : ETAT C5 – Représentation des engagements privilégiés

PROVISIONS TECHNIQUES AUTRES

UNION EUROPEENNE HORS ENGAGEMENTS TOTAL

PERP et L. 441 TRANSPORT

AUTRES AFF. DIR. ACCEPTATIONS

UNION EUROPEENNE REGLEMENTES

PROV. TECHNIQUES DES CONTRATS EN PTS PROV.  D’ASS  VIE  AUTRES  CONTRATS

01 02 0

PROV. POUR PRIMES NON ACQUISES 03 0

PROV. POUR RISQUES EN COURS 04 0

PROV. POUR SINISTRES A PAYER 05 0

PROV. MATHEMATIQUES (NON-VIE) 06 0 PROV. POUR PARTICIPATION AUX BENEFIC. 07 0

PROV. POUR EGALISATION 08 0

PROV. POUR RISQUE D'EXIGIBILITE 09 0

AUTRES PROVISIONS TECHNIQUES 10 0

RESERVE DE CAPITALISATION 11 0 ENGAG. ENVERS INSTITUTIONS PREVOYANCE 12 0

DETTES PRIVILEGIEES 13 0

DEPOTS DE GARANTIE 14 0 RES.D'AMORT.EMPR./RES.POUR CAUTIONN. 15 0 TOTAL DES PASSIFS REGLEMENTES

(A) 17 0 0 0 0 0 0 0 CREANCES SUR CCR ET FONDS (R332-3-4) 19 0

AVANCES SUR CONTRATS (R332-4) 20 0

PRIMES OU COTISATIONS (R332-4) 21 0 VALEURS CONTRATS A CAP. VAR. (R332-5) 22 0 FRAIS D'ACQUISITION VIE (R332-35) 23 0 PRIMES NON-VIE (R332-6 ET R332-7) 24 0 FRAIS D'ACQUISITION NON-VIE (R332-33) 25 0 CREANCES SUR REASSUREURS HORS EEE (R332-7) 26 0 AVANCES SUR TRANSPORTEURS (R332-7-1) 27 0

CREANCES SUR CEDANTS (R332-8) 28 0 ACTIFS MENTIONNES A L'ART. R332-9 29 0

RECOURS ADMIS 30 0

DIVERS (A DETAILLER) 31 0

CREANCES SUR DEPOSANTS (R332-10) 33 0 VALEURS DEPOSEES EN CAUTIONNEMENT 34 0 TOTAL ACTIFS ADMISSIBLES

DIVERS (B) 36 0 0 0 0 0 0 0 BASE DE DISPERSION VISEE R332-

3(A-B) 38 0 0 0 0 0 0 0 VAL.COUVR.ENGAG.ENVERS INST.PREVOYANCE 39 0

PLACEMENTS (1° à 12° DE R332-2) 40 0

DEPOTS (13° DE R332-2) 41 0 INTERETS COURUS PLACEMENTS R332-2 42 0 CREANC. ADM. SUR REASS. ET VEHIC. TITRISATION 43 0 AUTRES ACTIFS REPRES. ENG. DES REASS 44 PLACEMENTS ET ASSIMILES (L39 A

44) 45 0 0 0 0 0 0 0

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Annexe 4 : ETAT C6 – Exigence minimal de marge

FRACTION NON-VIE FRACTION VIE TOTAL

EXIGENCE MINIMALE DE MARGE 01 0

ELEMENTS CONSTITUTIFS (= A + B + C) 10 0

CAP. VERSE/FONDS ETAB.CONST./SIEGE 11

RESERVES NON ENGAG./PRIMES CAPITAL 12

REPORT A NOUVEAU APRES AFFECTATION 13

EMPRUNTS FONDS SOCIAL COMPLEM. 14

-ACTIONS PROPRES 15

-FRAIS D'ACQUISITION NON ADMIS 16

-ELEMENTS INCORPORELS AU BILAN 17

TOTAL A 20 0

TITRES OU EMPRUNTS SUBORDONNES 21

A DUREE INDETERMINEE 22

A DUREE DETERMINEE 23

COTISATION R423-16 NON UTILISEE 24

TOTAL B 30 0

1/2 CAP.NON V./EMP.FONDS ET.A REMB. 31

1/2 RAPPEL DE COTIS. VARIABLES 32

PLUS-VALUES LAT. ACTIF 33

PLUS-VALUES LAT. PASSIF NON EXCEPT 34

PLUS-VALUES NETTES SUR IFT 35

BENEFICES FUTURS

(a) BENEFICE ANNUEL ESTIME 36

(b) DUREE RESID. MOY. (MAX 6 ANS) 37

BEN. FUTURS (a) x (b) x 0,5 38 0

TOTAL C 40 0

FONDS DE GARANTIE TIERS EXIG. MINIMALE MINIMUM ABSOLU FONDS DE

GARANTIE

TIERS DE L'EXIGENCE MINIMALE 51 0 3 500 000 EUR 3 500

CAUTIONNEMENT INITIAL 52