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SOMMAIRE - CWEPSS · monde (en Espagne, aux Etats-Unis, au Moyen Orient, en Asie centrale, en Amé-rique du Sud ou en Afrique…), une source de conflits et de pratiques opposées

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SOMMAIRE

- Eau potable: produit de première nécessité, ou marchandise? 1-3

- Qu’est se que l’eau souterraine (définition, cycle, vulnérabilité...) 4-6

- La zone non staturée du karst et le rôle de l’Epikarst 7-9

- Traçage en milieu karstique, l’exemple du système Kin-Dieupart) 10-12

- Etat des nappes et surveillance des eaux souterraines wallonnes 13-17

- La Transhennyère et le rééquillibrage de la nappe du Tournaisis 17-19

- Chantoir de Xhendelesse, histoire d’un égout sans épuration! 20-22

- Les polluants émergents et les nappes aquifères wallonnes 23-25

- Le traitement biologique et “in situ” des nappes contaminées 25-27

- Evolution et enjeux liés au prix de l’eau potable 28-31

- L’eau en Wallonie: Gestion actuelle, enjeux et perspectives 32

Couverture: plongée dans une ancienne carrière calcaire souterraine province de Namur. Photo Vincent Kalut : Instagram @vkalut

ECOKARST 108 - Numéro spécial Eaux Souterraines

En consacrant ce numéro spécial de l’Eco Karst aux nappes et aux eaux souterraines, la CWEPSS aborde un sujet

au cœur des préoccupations de l’association depuis sa fondation. En terrain calcaire, les eaux souterraines sont en effet

considérées comme le principal moteur de la dissolution des roches carbonatées. Elles façonnent les sites kars-

tiques tant souterrains que de surface et sont à l’origine de la formation des grottes et de leurs concrétions ; l’écosys-

tème souterrain en est directement dépendant.

Convaincus que la gestion de l’eau et ses enjeux ne doivent pas rester confinés à un sérail de spécialistes et que cha-

cun d’entre nous peut avoir un impact et son mot à dire sur les choix hydriques de demain, nous espérons aussi contri-

buer avec ce numéro à « plonger » le lecteur au cœur des eaux souterraines wallonnes, en rendant plus accessibles

une série de notions, souvent très techniques, utilisés en hydrogéologie.

Pour cela, nous avons rassemblé dans ce numéro :

- un ensemble d’articles rédigés spécialement pour nous par des spécialistes et des acteurs majeurs du secteur de

l’eau en Wallonie ;

- des cas concrets illustrant des actions menées par la CWEPSS et ses partenaires en faveur de la protection et de

l’étude des masses d’eaux souterraines ;

- des articles plus généraux sur le statut de l’eau, sa gestion actuelle et future, le financement du secteur� ou encore,

le prix à payer pour bénéficier d’une eau de qualité.

En cette période estivale, nous vous invitons à� vous jeter à l’eau à travers ces quelques pages, à la découverte de l’or

bleu wallon !

L’équipe éditoriale de la CWEPSS

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N° 108 - Juin 2017Eco Karst 1

L’eau, la qualité de l’air, la biodiversité, mais aussi la culture ou l’éducation, sontdes valeurs et biens communs essentiels au bon développement d’une sociétéharmonieuse. Vouloir régir ces éléments selon la seule logique de la rentabilitéet de la loi du marché peut s’avérer tout à la fois inefficace et dangereux.

Les questions concernant le prix de l’eau soulèvent des enjeux sociaux, envi-ronnementaux et politiques. Il nous parait essentiel, tant pour les citoyens quepour nos instances dirigeantes, de prendre conscience de ces questions et des’interroger sur les mécanismes et les structures (publiques et privées) aux-quelles on confie la gestion d’un élément aussi vital et fondamental que l’eau.

Ces aspects éminemment sociaux et politiques posent le problème du « statut »de l’eau potable et de son accès pour tous. En Wallonie, toute la filière eau (in-cluant la production, la distribution et même l’épuration de ce bien de premièrenécessité) est assurée par des opérateurs publics (Société Wallonne de Distri-bution d’Eau, intercommunales de production, régies et services communaux).Des organismes publics ont été spécifiquement créés pour gérer le secteur, enassurer une exploitation durable et consentir les investissements nécessaires.

Dans bien des pays du monde (y compris en Europe), ce service a été transféréau secteur privé. Les grandes entreprises du secteur de l’eau qui disposent descompétences et des moyens financiers pour investir dans ce domaine, n’en sontpas moins avant tout à la recherche du profit..On est dès lors en droit de se de-mander comment certaines adductions d’eau « non rentables », ou certainsconsommateurs peu solvables, seront traités par ces acteurs privés, si un jourceux-ci détiennent le monopole du secteur ?

produit de première nécessité oumarchandise ?L’eau n’est pas un bien comme les autres:elle est indispensable à la vie humaine età la vie en général. Ceci entraine une res-ponsabilité particulière des pouvoirs pu-blics, de tous les acteurs et des citoyens.C’est d’autant plus vrai depuis quel’homme est en « capacité », par certainesde ses activités, de mettre ce patrimoinehydrique en péril, en dérégulant son cyclede façon parfois irréversible.

Mais au-delà de l’imposition de nouvelleslégislations et normes concernant sa qua-lité, l’avenir de notre rapport à l’eau dé-pend étroitement du régime de propriétéet des acteurs à qui on en confie la ges-tion. Or, malgré sa fonction vitale de pre-mière importance, l’eau est de plus enplus souvent considérée comme une res-source ou marchandise, un bien écono-mique qu’on peut s’approprier, acheter ouvendre comme on achète le pétrole (onparle d’ailleurs d’« or bleu », par analogieavec « l’or noir »). On spécule sur l’eaucomme sur les métaux précieux, avectoutes les conséquences en termes de pé-nurie sur les économies locales et sur lesgens qui les subissent. En bien des lieuxet depuis très longtemps, l’eau est mal uti-lisée, surexploitée, annexée et détournée,devenant une source majeure de conflitsvoire de guerres (Lasserre, F. 2007.Conflits hydrauliques et guerres de l’eau :un essai de modélisation, Revue interna-tionale et stratégique (Paris), 66.)

En la considérant uniquement comme uneressource productive, les impératifs de la«croissance économique à court terme»et les intérêts des producteurs, des action-naires et des entreprises d’eau risquentde s’imposer, au détriment des autresfonctions vitales de cette matière pre-mière.

L’eau est en train de devenir à travers lemonde (en Espagne, aux Etats-Unis, auMoyen Orient, en Asie centrale, en Amé-rique du Sud ou en Afrique…), une sourcede conflits et de pratiques opposées auxprincipes de justice, d’égalité, de frater-nité, de liberté et de sagesse ; une problé-matique qui se fait de plus en plus sociale,politique voire éthique, qu’ environnemen-tale.

« allons-nous un jour marchanderles nuages ? » C’est par cette question polémique queRiccardo Petrella interpelle les gouverne-ments et tente depuis 20 ans de sensibili-ser aux enjeux liés à l’eau.

Alors que les États déclarent leur souve-raineté sur les ressources naturellescontenues dans les sols de leur territoire,qui deviennent un outil de domination poli-tique, économique et énergétique àl’échelon international, c’est la conceptionmême de la vie et la valeur qu’on luidonne qui est ici directement impactée.

Pourtant, la Directive Cadre (2000/60/CE)précise dès son premier article que l’eaun’est pas un bien marchand comme lesautres mais un patrimoine commun qu’ilfaut défendre et protéger. Cette directiveeuropéenne, qui regroupe toutes les loisconcernant tant les eaux de surface quesouterraines, est aujourd’hui la base de lalégislation concernant les ressources hy-driques dans les pays de l’Union.

Dans les faits, on constate pourtant queces principes de bien commun et de ges-tion durable passent rapidement au se-cond plan face aux obligations de rentabi-lité, de profit à court terme et de coûtimportant des politiques de gestion dura-ble de la ressource, dont les effets se fontressentir avec un certain retard.

Les acteurs de l’eau en WallonieLa Wallonie a fait jusqu’à présent le paridu « Tout au public » pour ce qui concernele secteur de l’approvisionnement et de lagestion de l’eau. Contrairement au secteurde l’énergie par exemple, aujourd’hui pri-vatisé et ouvert à la concurrence (postu-lant que cette libéralisation allait faire bais-ser les prix), les consommateurs d’eausont face à un fournisseur public unique(commune, intercommunale ou SWDE)qui dépend uniquement de la localisationdu lieu de consommation.

L’eau potabLe… un produit d’exception

Ouvrir le robinet et bénéficier d’une eau de qua-lité sans restriction semble pour nous une évi-dence... pourtant cela reste un privilège àl’échelle mondiale et un acquis à défendre.

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N° 108 - Juin 2017Eco Karst

La facture payée in fine par le consommateur comprend une sé-rie de postes (voir article de G. Warnant dans ce numéro), afind’internaliser l’ensemble des frais liés à la fourniture d’une eaude qualité. Ce prix au m³ englobe les frais engendrés par le cap-tage, la distribution et l’épuration, mais aussi tous les contrôles etmêmes les investissements pour étudier et sécuriser les prisesd’eaux et le réseau, ainsi que la cotisation à un fonds de solida-rité.

Les objectifs quantitatifs et qualitatifs concernant la distribution,l’épuration, mais aussi le contrôle des eaux, sont fixés par leGouvernement wallon, en accord avec les objectifs et normesfixés à l’échelle européenne (Directive cadre sur l’eau et Direc-tive-fille sur les eaux souterraines) et retranscrites dans le CodeWallon de l’Eau. Un calendrier relativement contraignant (accom-pagné d’astreintes) complète ce volet législatif visant à garantir lafourniture d’une eau de qualité et en suffisance à tous. Si les ob-jectifs à atteindre sont fixés à l’échelle européenne, les moyenset mesures mises en place sont laissés à l’appréciation des Etatsmembres.

Ceci explique en partie comment différentes politiques de l’eause développent aujourd’hui en Europe.

Le schéma ci-dessus tente d’illustrer les liens entre les acteursde l’eau en Wallonie. Si le Gouvernement et le Service Public deWallonie fixent le cadre, les objectifs et octroient une partie desfonds nécessaires au fonctionnement de ce secteur qui emploieplusieurs milliers de personnes en Wallonie, des structures opé-rationnelles plus spécifiques ont été créées pour appliquer cespolitiques.

des normes de qualité toujours plus sévèresL’enjeu est de garantir une qualité d’eau suffisante pour les multi-ples fonctions qu’elle remplit en Wallonie (consommation hu-maine, baignade, milieux aquatiques d’intérêt biologique, préser-vation d’espèces qui requièrent une eau d’excellente qualité…).Les mesures de protection et de traitement de l’eau ont néan-moins un coût, qui est répercuté sur les différents utilisateurs.

Au cours du temps, les normes de qualité de l’eau de distribution(fixées dans la Directive cadre), qui définissent les concentra-tions maximales admises de divers « produits », sont devenuesde plus en plus strictes. L’inclusion dans cette liste des « pol-luants émergents » (notamment les pesticides, nanoparticules,antibiotiques et nouvelles molécules ayant potentiellement uneincidence sur la santé – voir article F. Dellhoye dans ce volume)risque de poser problème pour un nombre croissant de cap-tages. Ces normes strictes, similaires à celle pour les produitsalimentaires, s’appliquent à l’ensemble des eaux, alors que seuleune part infime est effectivement ingérée (quelques litres par jouret par habitant). La grande majorité des volumes consommés parles citoyens ont un usage nettement moins « noble » (sanitaire etdomestique), pour lequel ces normes s’avèrent excessives.

C’est bien là tout le paradoxe d’une législation qui se veut pro-gressiste et protectrice pour les citoyens et l’environnement maisqui en s’appliquant sur une base très large (couvrant toutes leseaux de distribution), risque d’entrainer des coûts d’assainisse-ment, de traitement et d’analyse de plus en plus lourds pour lacollectivité. A terme, les classes sociales les plus fragiliséespourraient se voir exclues d’une eau tellement pure… qu’elle endeviendrait un produit de luxe !

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Schéma illustrant les différents acteurs impliqués dans la production, la distribution et l’épuration des eaux en Wallonie.Ces organismes contribuent à assurer le cycle anthropique de l’eau qui doit permettre de garantir une eau de qualité et en quantité pour tous.

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aQuaWaL : Union professionnelle desopérateurs publics du cycle de l'eau re-groupant les principaux producteurs etdistributeurs d'eau potable, l'ensembledes organismes d'assainissement agréésde la Région wallonne, ainsi que laSPGE.

La SpGe (Société Publique de Gestionde l’Eau) est une société anonyme dedroit public créée par la Région wallonneen 1999, pour assurer la coordination etle financement du secteur de l'eau enWallonie. En concertation avec les autresacteurs de l’eau, elle s'occupe de l'assai-nissement des eaux usées (de l'égout àla station d'épuration) et de la protectiondes captages, en finançant les infrastruc-tures qui y sont liées.Le Gouvernement wallon a égalementchargé la SPGE de l'élaboration (et desrévisions) du plan d'assainissement parsous-bassin hydrographique (le PASH).

La SPGE en confie la réalisation aux or-ganismes d'assainissement agréés quiagissent sous sa responsabilité et sa su-pervision. C’est elle également qui établit les cartesdes plans d’égouttage, définissant leszones en épuration collective, individuelleou transitoire (ces documents doiventfaire l’objet d’un arrêté du gouvernementwallon pour entrer en application).

La SWde (Société Wallonne de Distribu-tion d’Eau) Au 19e s. apparaissent lespremières régies de distribution d’eaucourante en Wallonie. Pour aider lescommunes, l’État fédéral crée en 1913 laSNDE (Société nationale de distributiond’eau) ; le pays se dote progressivementde réseaux de distribution et d’installa-tions de production (puits de captage,sources à l’émergence, barrages…). À partir de 1986, la politique de l’eau estrégionalisée et la SNDE scindée en 2.

La SWDE est aujourd'hui la plus impor-tante société de production et de distribu-tion d'eau potable de Wallonie. Son réseau de distribution s'étend sur40.000 km, près de 200 communes etplus d’un million de raccordements. LaSWDE fournit près de 2,4 millions deconsommateurs en eau potable, soit plusde 70% de la population wallonne.

communes et intercommunales: cer-taines communes ont fait le pari de se re-grouper (souvent sur base géographique)pour gérer ensemble leur approvisionne-ment (14 entités) mais aussi l’épuration(7 intercommunales) de leurs eaux. 41 communes (principalement dans lesud et l’est de la Région - données 2010)ont choisi de conserver un service ouune régie communale indépendante etelles assurent seules leur approvisionne-ment en eau.

Quelques acteurs incontournables du secteur de l’eau en Wallonie

Chaque entité, tant de production que d’épuration, doit rendrecompte au Service Public de Wallonie et faire l’objet d’un agré-ment (à durée déterminée) pour mener à bien ses opérations.Une évaluation périodique est réalisée pour améliorer le service,tant dans l’intérêt du consommateur que de celui de l’environne-ment.

Depuis peu, un effort particulier porte sur la transparence et lapublication des résultats. Il s’agit de permettre à quiconque, aumoins sur base annuelle, de suivre le travail et les résultats desacteurs du secteur de l’eau. Le citoyen-consommateur doit êtreconsidéré comme un acteur à part entière du secteur de l’eau etdisposer de tous les éléments utiles pour savoir « ce qu’il boit »,ce qu’il advient de son eau et des montants qu’il paie pour celle-ci. La publication annuelle de l’Etat des Nappes (voir article deMasset et al. dans ce volume) participe de cette même volontéd’ouverture et de transparence.

conclusionA l’échelle mondiale, on estime aujourd’hui que 2,4 milliardsd’habitants ne disposent pas tout au long de l’année d’une eaude qualité. Il s’agit donc d’un enjeu tout à fait majeur quant auxmodèles de développement et de coopération à mettre en placeà l’avenir. C’est d’autant plus vrai que cette inégalité face à l’eauest beaucoup moins liée à des facteurs physiques (déterminismegéographique) qu’à des causes sociales. En effet, l’accès à l’eaupotable est un marqueur social fort et c’est principalement les po-pulations les plus précaires qui en souffrent, dans les pays oùexiste une « tension hydrique ».

Davantage que la nourriture, le travail ou l’énergie, l’eau s’est im-posée à l’échelle mondiale comme une des grandes questionssociales de ce début de XXIe siècle. La vie de toute espèce vi-vante dépend directement du soleil, de l’air et de l’eau.

L’accès à l’eau potable reste une priorité de santé publique dans bien des pays du monde

On peut se passer du pétrole (d’ailleurs, ille faudra bien un jour…) comme on peutvivre sans un travail rémunéré, sans eurosen banque, sans GSM ou sansoiture ;mais jamais (au passé comme au futur),on ne pourra se passer du soleil, de l’air nide l’eau. Ils sont non seulement à la basede la vie, ils sont la vie. C’est pour celaqu’un poète latin d’il y a 2000 ans, Ovide,a pu écrire que « Dieu n’a fait ni le soleil,ni l’air, ni l’eau propriétés privées... ».

C’est à chacun d’entre nous de prendrepart à la gestion durable de ce patrimoinehydrique. Il faut également être vigilant etexercer son « droit à savoir », pour quel’eau reste demain un bien commun trans-parent et accessible à tous.

Georges Michel &Laurence Remacle

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N° 108 - Juin 2017Eco Karst 4

Définir l’eau souterraine comme étant un volume liquide situé sous nos pieds estune lapalissade qui ne rend pas bien compte de la complexité des mouvements etflux au sein des formations géologiques réservoirs, des capacités de stockage desdifférents aquifères, des échanges avec les eaux de surface… et de son rôle majeurdans la karstification des calcaires.

Généralement invisible à notre regard, l'eau souterraine est pourtant omniprésente,remplissant les interstices et fractures des terrains géologiques du sous-sol. Dansles terrains meubles (non consolidés) comme les sables et les graviers, l'eau souter-raine s’écoule dans l’espace laissé entre les grains. Dans les roches cohérentescomme les grès, les craies, les calcaires ou les quartzites, l'eau se loge et s’écouleau travers d’un réseau de fissures, joints et fractures affectant la roche. La largeur,le nombre et le remplissage de ces anfractuosités conditionnent la capacité destockage et la vitesse d’écoulement de l'eau (figure 1).

En tant qu'élément du cycle hydrologique (figure 2), les eaux souterraines jouent unrôle essentiel dans l'alimentation des cours d'eau et des sources : elles s’y déchar-gent de manière relativement continue au cours de l'année hydrologique et assurentl’essentiel de leur débit en période d'étiage (débit de base). Les eaux souterrainesconstituent par ailleurs une ressource primordiale pour la distribution d’eau publique.Prélevées à partir de stations de pompage ou de galeries drainantes, elles contri-buent ainsi à plus de 80 % du volume d’eau distribué en Wallonie, et de cela, 4/5des prélèvements sont localisés dans des roches calcaires (SPW-DGO3, 2016).

Qu’eSt-ce Que L’eau Souterraine ?

Fig. 1: Principaux types de porosité (d’après Envi-ronnement et Changement Climatique -– Canada)

Quelques définitionsOn caractérise un aquifère, sa capacité destockage et de conduite de l’eau souter-raine suivant les variables suivantes, spé-cifiques à chaque réservoir souterrain :

La porosité (n) représente le volume devides associés aux pores et aux fractures,sur le volume total du matériau géolo-gique. Plus cette porosité est élevée, plussa capacité à emmagasiner de l’eau estgrande.

La conductivité hydraulique (K), aussiappelée perméabilité (exprimée en mè-tres par seconde), qualifie l’aptitude dumatériau géologique (la roche réservoir) àlaisser passer l'eau et donc à permettreun écoulement.

En fonction de leurs caractéristiques hy-drodynamiques, les formations géolo-giques sont classées en trois catégories.

- aquifère : formation géologique perméable,contenant de l’eau en quantité exploitable ;

- aquitard : formation semi-perméable, per-mettant de faibles transits d'eau ;

- aquiclude : formation très peu perméable,dont on ne peut extraire économiquementdes quantités appréciables d'eau.

L’eau souterraine : moteur de lakarstificationLe milieu karstique constitue un cas parti-culier vis-à-vis des eaux souterraines. Na-turellement acide, l'eau de pluie qui s’infil-tre a la capacité de dissoudre le calcaire,

en circulant dans les fissures préexis-tantes qu'elle agrandit. Un réseau deconduits et de cavités est ainsi progressi-vement créé, favorisant un cheminementrapide des eaux souterraines, souvent àdes débits élevés et très variables enfonction des événements météorolo-giques. Quand le réseau karstique est for-tement développé, ses cavités et chenauxpeuvent constituer de véritables rivières etlacs souterrains.

En milieu karstique, les interactions entreles eaux souterraines et les eaux de sur-face sont généralement très importanteset bidirectionnelles, avec des systèmes depertes (chantoirs et dolines) connectésvia des drains souterrains aux résur-gences (sources karstiques). Plus le ré-seau de conduits et de cavités karstiquesest développé, plus la composante souter-raine des écoulements est prépondérante,avec une réaction aux précipitations d’au-tant plus rapide et des vitesses de circula-tion des eaux souterraines plus élevées.

La signature physico-chimique de l'eausouterraine se retrouve aux émergenceskarstiques et cours d'eau associés, avecune minéralisation élevée et assezconstante sur une majeure partie de l'an-née (à l'exception des épisodes de crue).En effet, lors de leur parcours à traversl’encaissant calcaire, ces eaux s’enrichis-sent particulièrement en calcium, magné-sium et bicarbonate provenant de la disso-lution des minéraux calciques etmagnésiens provenant des roches.

Fig. 2: Les eaux souterraines dans le cycle hydrologique (d’après Environnement et ChangementClimatique - Canada)

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Lorsque ces eaux souterraines très miné-ralisées reviennent à la surface, les miné-raux qui ont été dissout peuvent précipiteret former des concrétions calcaires.

On peut admirer celles-ci dans les grottes,mais aussi sous forme de petits barragesnaturels, les travertins (photo 1), sous l’ef-fet de colonies de microorganismes spéci-fiques qui provoquent la précipitation deséléments chimiques.

L'étude approfondie du bassin calcaire duTriffoy dans le Condroz (fig. 3) a permisde mettre en évidence la forte influencede la composante souterraine sur l'hydro-dynamisme (fig. 4) et l’hydrochimie ducours d'eau (Brouyère et al. 2016).

Dans ce bassin typique du contexte kars-tique, le débit du cours d'eau est principa-lement assuré par l’eau souterraine (écou-lement de base), via un drainage diffus le

long du cours d'eau, mais aussi via desvenues d'eau ponctuelles et des sourcesdans les berges ; il n'est supplanté pard'autres composantes que lors des évène-ments pluvieux hivernaux.

L’eau souterraine karstique : uneressource précieuse & vulnérable !Les aquifères karstiques sont extrême-ment vulnérables aux pollutions dans leurbassin d’alimentation : en surface, lesphénomènes karstiques tels que les chan-toirs ou les dolines constituent des pointsd'infiltration directe vers les eaux souter-raines.

Fig. 3. Bassin aval du Triffoy: localisation des stations de mesure des eaux de surface et des zones de travertin.

Photo 1. Cascade de travertin sur le ruisseaudu Triffoy, partie aval de plus de 1m de hauteur

Fig. 4: Résultats de débitmétrie du profil en long réalisé le 2 avril 2014 sur le Triffoy (Brouyère etal, 2016). Les variation de débit d’amont vers l’aval témoignent de sections où le cours d’eau estperdant (apport vers la nappe) ou drainant (alimenté par l’aquifère).

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Il faut aussi tenir compte des zones d'infiltration diffuse telles queles vallées sèches. Il convient donc d'étudier la vulnérabilité deces eaux souterraines et prendre des mesures appropriées pourprotéger ces ressources essentielles et les captages qui y sontimplantés.

Le bassin du Néblon et les galeries de captage de la CILE (val-lée de l'Ourthe, région de Hamoir) constituent un exemple par-lant. Ce réseau de galeries (photo 2) draine l'aquifère karstiquedes calcaires du Carbonifère, à hauteur des sources de Néblon-le-Moulin (fig. 5). Environ 10 millions de m³ y sont prélevés paran pour l'alimentation en eau d'une partie du Condroz et de la ré-gion liégeoise.

Des périmètres de protection autour du captage ont été définissur base des temps de transfert calculés lors des études hydro-géologiques du bassin d'alimentation des galeries (LGIH 1995;Ruthy et al., 2016). Cependant, il existe un phénomène karstiquemajeur, la perte du Bois de Marsée (à environ 3 km à l’est desgaleries) dont un essai de traçage a établi la connexion avec lecaptage avec une vitesse maximale de transfert de 73 m/h(Meus, 1993).

Dans ces conditions hydrologiques, une pollution qui se produi-rait au voisinage de la perte du Bois de Marsée mettrait doncmoins de 2 jours pour atteindre le captage. Une extension de lazone de prévention rapprochée a donc été définie autour decette perte, pour l’adapter au contexte particulier du karst et ren-forcer la protection des galeries.

Une cartographie de la vulnérabilité des eaux souterraines aégalement été réalisée, permettant d’identifier des zones où leseaux souterraines sont plus ou sensibles à des pollutions quipourraient se produire dans leur bassin d’alimentation. La mé-thode Apsû (Popescu et al. 2004) qui a été appliquée tientcompte des conditions d’infiltrations et de ruissellement à la sur-face du sol et de processus de transfert des polluants entre cettesurface et la nappe d’eau souterraine. Le document cartogra-phique qui en résulte est un outil essentiel pour prendre des dé-cisions tant en matière d’aménagement du territoire qu’en cas depollution avérée dans le bassin.

Ingrid Ruthy &

Serge Brouyère, ULg-UEE-HGE

références

Brouyère, S., Briers, P., Schmit, F., Sohier, C., Degré, A., Descy, J.-P.,Hallet, V., & Orban, P. (2016). Rapport final de la convention relative à lacaractérisation complémentaire des masses d’eau dont le bon état dé-pend d’interactions entre les eaux de surface et les eaux souterraines.Université de Liège. http://hdl.handle.net/2268/195783

LGIH (1995). Etude des zones de protection des captages de la CILE.Phase 1. Galeries captantes du Néblon (CILE/952) & Captage du NéblonII à Ama-Ocquier. Etude géophysique et hydrogéologique (CILE/953).

Meus Ph (1993). Hydrogéologie d'un aquifère karstique du calcaire car-bonifère de Belgique (Néblon-Anthisnes). Apport des traçages à laconnaissance des milieux fissurés et karstifiés. Thèse de doctorat, Uni-versité de Liège.

Popescu I.C., Dachy M, Brouyère S & Dassargues A. (2004). Test d’uneméthode de cartographie de la vulnérabilité intrinsèque applicable auxnappes aquifères de la Région Wallonne. Application à l’aquifère calcairedu Néblon. Rapport Final. Convention RW-ULg, Geomac (Hydrogéolo-gie), 154 p.

Ruthy I., Hallet V., Péters V., Gogu R. C., Dassargues A., Monjoie A(2016). Carte hydrogéologique Modave – Clavier n° 48/7-8. Service pu-blic de Wallonie, DGO 3 (DGARNE), Belgique, Dépôt légalD/2016/12.796/4 - ISBN 978-2-8056-0218-4. http://environnement.wallo-nie.be/cartosig/cartehydrogeo/

SPW-DGO3 (2016). Etat des nappes d'eau souterraine de Wallonie. Ser-vice public de Wallonie, DGO3 (DGARNE), Belgique. Dépôt légalD/2017/11802/09.

Photo 2. Les galeries captantes du Néblon (CILE) d’une longueur de600m drainent des sources alimentées par l'aquifère des calcaires duCarbonifère. Il s’agit de la ressource d’eau potable principale pour la villede Liège.

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Fig. 5. Aquifère des calcaires du Carbonifère du Bassin du Néblon, ali-mentant les galeries captantes de la CILE. En grisé délimitation deszones de protection.

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de quoi est formée la zone non-saturée ?La zone non-saturée du karst est la partie d’un massif karstifié si-tuée entre la surface du sol et la nappe phréatique (zone satu-rée) (Fig. 1). Le fonctionnement hydrogéologique de cette zonesuperficielle n’est pas encore complètement connu par les scien-tifiques. En cause, son hétérogénéité très importante qui génèredes processus d’écoulement complexes et souvent irréguliers.Cependant, cette zone revêt une importance particulière tant auniveau de la dynamique de l’aquifère karstique que via sa posi-tion particulière, entre la surface et la ressource en eau souter-raine.

On divise habituellement la zone non saturée en trois parties auxlimites irrégulières:

- le sol incorporant la matière organique, qui n’est pas néces-sairement présent (voir les karsts nus de type lapiaz),

- l’épikarst représente la partie la plus superficielle du massifkarstique. Il s’agit d’une zone d’épaisseur variable (quelquesmètres généralement), intensément fracturée et karstifiéeétant donné sa position. Elle présente une porosité plus im-portante, lui permettant de contenir d’avantage d’eau. En pro-gressant en profondeur, cette porosité diminue, ce qui crééeun contraste naturel avec la zone de transmission.

- la zone de transmission, permet à l’eau d’infiltration de re-joindre la nappe phréatique (zone saturée).

Cette disposition de l’épikarst et de la zone de transmission pour-rait être comparable à une passoire dans laquelle on verse bruta-lement l’eau et les pâtes. Les trous de la passoire ne pouvant ac-commoder toute l’eau qui vient de la casserole, il se créetemporairement une accumulation d’eau dans la passoire. Identi-quement, le contraste entre l’épikarst et la zone de transmissionne permet pas toujours à cette dernière d’accommoder l’ensem-ble des précipitations venant des pluies en surface, ce qui gé-nère temporairement une accumulation au niveau de l’épikarst.

Cette accumulation, autrement appelée aquifère épikarstique,se créée de façon irrégulière dans le temps et l’espace, rendantla dynamique hydrogéologique de cette zone très complexe.

On comprend donc qu’il est délicat d’appréhender le comporte-ment de cette zone non-saturée car il est fait d’un mélange deprocessus de transit et de stockage temporaire d’eau au seind’un milieu hétérogène. De plus, ces processus entrainent desmouvements horizontaux de l’eau, avec des concentrations etdes dispersions de l’infiltration, des mélanges entre l’eau récem-ment infiltrée et de l’eau stockée depuis quelques jours ouquelques mois.

Pour résumer, le destin de la pluie qui s’infiltre en surface dukarst est incertain et mérite que l’on s’y intéresse de près car lazone non-saturée est un milieu important, tant pour l’eau souter-raine que pour l’écologie du karst.

pourquoi s’en soucier ?Outre le défi scientifique visant à comprendre le fonctionnementde cette partie du karst, la zone non-saturée revêt une impor-tance particulière pour l’approvisionnement en eau, la vulnérabi-lité des ressources souterraines ou l’écologie. Premièrement, ils’agit de la zone qui reçoit l’eau de pluie qui va constituer la re-charge de l’aquifère. Cette recharge est très importante car ellepermet aux ressources en eaux souterraines de se renouveler.Aujourd’hui, près de 25% de la population mondiale dépendd’eaux souterraines d’origine karstique pour son eau potable.Partout dans le monde, les aquifères karstiques sont sollicitéspour faire face à une consommation croissante d’eau, égalementpour l’agriculture et l’industrie. Il est donc primordial de compren-dre comment cette recharge est transmise et influencée par lazone non-saturée. Peut-on caractériser et quantifier ces proces-sus ? Comment évoluent-ils dans le temps ?

Les changements climatiques entrainent des variations de la dis-tribution des précipitations, des changements de température…quelle sera l’influence de la zone non-saturée dans ces varia-tions? De nombreuses approches scientifiques tentent de répon-dre à ces questionnements.

Figure 1 – Représentation schématique d’un aquifère karstique montrantla zone non-saturée et les différents éléments qui la composent : sol, épi-karst et zone de transmission. Le contraste entre l’épikarst et la zone detransmission peut générer un stockage temporaire d’eau, mieux connusous le nom « d’aquifère épikarstique » (schéma d’après Stevanovic,2015). ZNS= Zone Non Saturée, ZE= Zone Epiphréatique (ou temporai-rement saturée, ZP= Zone phréatique (saturée).

En écologie, mais aussi pour le simple promeneur qui admire un paysage, les zones de lisières qui marquent le contact en-tre deux milieux sont particulièrement riches et importantes. C’est sur cette interface que se produisent différents échangesde matières, de flux d’énergies, et dans le cas qui nous concerne, d’eau. Bien comprendre le fonctionnement de cette zonefrontière s’avère prioritaire pour protéger la ressource d’eau souterraine et tenir compte de sa vulnérabilité.

L’article qui suit détaille les différentes couches entre la surface et la nappe souterraine et précise leur influence sur lesmasses d'eaux souterraines tant du point de vue quantitatif que qualitatif.

JuSte SouS noS piedS… La zone non-Saturée du karSt

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Du fait de sa position, la zone non-saturéeest donc une véritable transition entre lasurface et les réserves d’eau souterraine.Ce milieu représente souvent l’uniqueforme de protection face aux activités desurface, parfois source de contaminationtelles que les rejets d’eaux usées domes-tiques, les épandages agricoles, les pollu-tions accidentelles… Comprendre la zonenon-saturée c’est permettre de mieux ap-préhender la vulnérabilité de nos aqui-fères et de trouver les moyens de protégerces milieux.

La zone non-saturée représente le princi-pal support pour la faune et la flore desmilieux calcaires/karstiques. La végétationva y puiser de quoi assurer son dévelop-pement, créant des environnements spé-cifiques. La faune, notamment caverni-cole, trouvera dans la zone non-saturéeun habitat, bien souvent dépendant del’eau qui s’y infiltre pour assurer sa survie.

Spéléologiquement parlant, c’est la zone-non saturée qui est visitée (à l’exceptiondes plongées) permettant à l’homme d’ex-plorer le karst « quasiment au sec ».

Bien que de nombreuses cavités parais-sent fossiles, elles sont encore bien ac-tives du point de vue de l’hydrogéologiede la zone non-saturée!

Ces cavités offrent également aux scienti-fiques une fenêtre ouverte pour étayerleurs hypothèses à propos du fonctionne-ment de ce milieu fascinant.

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Figure 2 – Station d’étude de percolations au sein de la zone non-saturée dans la grotte du PèreNoël (Han-sur-Lesse). Les scientifiques du département de géologie de l’Université de Namur y ef-fectuent le monitoring du débit de stalactites ainsi que de paramètres tels que la température et lechimisme de l’eau (Photo G. Rochez, 2014).

Quelles méthodes sont utilisées?Il existe de nombreuses techniques pour étudier la zone non sa-turée et comprendre le transfert et le stockage de l’eau en sonsein. Ces 10 dernières années, le département de géologie del’Université de Namur a mené des projets dans deux systèmeskarstiques importants de Wallonie (les grottes de Han-sur-Lesseet la grotte de Rochefort). L’objectif étant d’identifier les proces-sus d’écoulement d’eau et les variations de stockage d’eau danscette zone, signe de la présence du fameux aquifère épikars-tique. Ceci a permis de démontrer le fonctionnement de ces mi-lieux mais également leur grande vulnérabilité.

La première de ces méthodes est l’utilisation des percolations

présentes dans les cavités (stalactites, fissures). Ces percola-tions sont le témoin direct de l’activité hydrologique du massif etpeuvent donc nous donner des informations précises et chiffréessur le fonctionnement de la zone non-saturée (Fig. 2).

A l’aide d’un matériel expérimental, les chercheurs ont mesurédurant plusieurs années le débit de différents points de percola-tion dans les cavités. La mesure de paramètres tels que la tem-pérature ou le chimisme de l’eau donnent des indications supplé-mentaires sur son parcours depuis la surface.

Une seconde méthode est l’utilisation d’essais de traçage (Fig.3). Cette méthode bien connue en milieu karstique (cf. J. Fla-ment, dans ce volume), reste peu utilisée pour étudier la zonenon-saturée.

Figure 3 – Lors d’un essai de traçage en zone non-saturée, la substance traçante est injectée directement à la surface du sol. Trente mètre plus bas,dans la grotte de Rochefort, la restitution du traceur dans l’eau de percolation est mesurée de façon continue afin d’obtenir des indications précisessur les processus d’infiltration entre la surface et la cavité (Photos A. Watlet et A. Poulain, 2016).

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Elle consiste à injecter une substance traçante à la surface dusol et de suivre sa réapparition au niveau des percolations de lacavité. Avec un peu d’expérience, de technique et de chance, letraceur sera retrouvé dans l’eau de percolation, permettant decaractériser l’infiltration de l’eau au sein du massif calcaire. Letraceur injecté en surface est dilué dans l’eau et se comporte defaçon identique à cette dernière.

En mesurant de façon précise et continue dans le temps la resti-tution de ce traceur au niveau d’une percolation, on construit unecourbe de restitution du traceur (Fig. 4), qui va être la mesurescientifique du comportement de l’infiltration au sein du massif.Cette courbe permet de déterminer les vitesses de transit del’eau dans le karst, le temps de résidence de l’eau et la quantitéde traceur récupérée, indicatrice de la dispersion dans le milieu.

Les résultats des études menées à Han-sur-Lesse et à Rochefortont permis de tirer deux grands enseignements sur la zone non-saturée :

• Le transfert de l’eau de pluie depuis la surface vers les cavités, etdonc vers la nappe phréatique, est un phénomène extrêmementrapide, de l’ordre de 1 à 6 mètres/heure dans les cas étudiés (pourdes épaisseurs de calcaire de 30 à 90 mètres). Ceci montre quemême en l’absence de points d’infiltration évidents (une perte, unedoline), l’infiltration dans le karst est un processus efficace. En casde contamination en surface, le milieu souterrain sera donc rapide-ment menacé ainsi que la nappe phréatique.

• En termes de vulnérabilité, la zone non-saturée ne constitue doncpas une protection efficace. Les phénomènes d’infiltration d’eaudans le karst ne sont donc pas le fruit de longues années de filtrageà travers la roche. La zone non-saturée est, au même titre que lazone saturée, un milieu à l’écoulement rapide et concentré, réagis-sant brutalement et avec peu d’atténuation aux sollicitations exté-rieures.

• Malgré cette composante d’infiltration rapide, l’hétérogénéité de lazone et la diversité des processus font que le temps de résidenced’une partie de l’eau peut être très long. L’eau d’infiltration se dis-perse latéralement et est stockée temporairement avec un séjourprolongé. Le drainage de la zone non saturée est dépendant desconditions climatiques, ce qui entraine une présence prolongée.

• De ce fait, l’impact d’une pollution peut non seulement être rapide,mais aussi avoir des conséquences à long terme. Sur les sitesd’études de Han et Rochefort, l’arrivée brutale des traceurs a étésuivie d’une période de plus de 150 jours durant lesquels on dé-tecte leur présence dans l’eau de percolation.

• Au total, moins de 0.1% des traceurs injectés ont été détectés auxpercolations, les 99.9% restant ont emprunté d’autres routes ousont toujours stockés dans la zone non-saturée. Dans notre casd’étude, la quantité de traceur utilisée était minime et l’expérienceétait réalisée avec des substances inoffensives pour la faune et laflore. Ceci laisse imaginer l’impact de rejets d’eaux usées ou plusgénéralement des activités à risque à la surface du karst.

Les mesures réalisées dans le karst wallon ont permis de préci-ser les mécanismes de drainage dans la zone non-saturée etson rapport avec les conditions climatiques (Poulain, 2015). L’uti-lisation en complément de la géophysique (gravimétrie ou to-mographie de résistivité électrique) permet de comprendre lesdynamiques hydrogéologiques au sein du karst et ont fait l’objetd’un projet de recherche à part entière sur la Lomme à Rochefort(http://www.karag.be).

conclusionL’eau souterraine est une ressource cachée à nos yeux, il estdonc difficile de comprendre comment nos activités peuventavoir un impact sur ces réserves ou leur qualité. Pourtant, nousdépendons de cette ressource et il nous est nécessaire de fairecohabiter nos activités avec la protection des sites souterrains,parmi lesquels les nappes phréatiques.

A la surface de ces aquifères, la zone non-saturée est un milieumarginal, une frontière entre l’homme et l’eau souterraine. Ce mi-lieu est pourtant des plus importants puisqu’il est à la fois unefrontière physique avec la surface mais également le vecteur dela recharge des réserves souterraines d’eau, un support primor-dial pour la flore et la faune et un lieu d’exploration exceptionnelpour les spéléologues.

Les motivations sont donc nombreuses pour investiguer, proté-ger et maintenir autant que possible cette zone naturelle du karstdont les études scientifiques ont démontré l’extrême vulnérabilitéface aux activités humaines. Poursuivre les recher-ches visant àcerner le fonctionnement de ces systèmes ainsi que leur réactionface aux changements climatique constitue un défi scientifiqueimportant. Ceci ne se fera pas sans une volonté de faire de laprotection de ces milieux et ressources un véritable enjeu de so-ciété, déterminant pour l’avenir.

Amaël Poulain. Dép. de géologie, Université de Namur

En collaboration avec Gaëtan Rochez,Isabelle Bonniver, Romain Deleu et Vincent Hallet.

Poulain, A. Rochez, G. Bonniver, I. Hallet, V. 2015: Stalactite drip-watermonitoring and tracer tests approach to assess hydrogeologic behavior ofkarst vadose zone: case study of Han-sur-Lesse. Environmental EarthSciences, 74 (12), 7685-7697.

Lecture complémentaire en français : Poulain, A. Bonniver, I. Rochez, G.Hallet, V. 2014: Faire parler les stalactites pour comprendre le karst. Re-gards n°80, 34-39.

Figure 4 – Résultat du monitoring de percolations au sein de la zone non-sa-turée durant les essais de traçage à partir de la surface de la grotte du PèreNoël (Han-sur-Lesse, figure du haut), et à partir de la surface de la grotte deRochefort (figure du bas). Le paramètre le plus important est la courbe derestitution du traceur (en vert). Il montre une arrivée rapide du traceur et en-suite sa présence dans l'eau de percolation durant de longs mois. Notez la différence de style de restitution entre les deux cas de figure, à Ro-chefort cette restitution se fait par phases successives liées au pluies ensurface tandis qu'à Han-sur-Lesse la restitution se fait en une seule fois. Lesautres courbes montrent la température de l'eau de percolation (en rouge) etsa conductivité électrique (en bleu).

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introductionOn représente communément les systèmes karstiques et l’eauqui traverse ces massifs comme une boîte noire… et pas seule-ment parce que l’on est sous terre et sans lumière !

La structure même de ce réseau de fissures progressivementélargies par la dissolution (au point que certains vides souter-rains sont pénétrables par l’homme) s’organise selon la naturedes roches, la distribution des apports d’eau, l’épaisseur des ter-rains de couverture ainsi que les zones de faiblesses pré-exis-tantes caractérisant le calcaire (failles, strates et diaclases). Leurdistribution dans le massif n’est pas homogène et répond à uneorganisation souvent impossible à déterminer depuis la surface.Le comportement et l’écoulement des eaux souterraines dansune telle roche-réservoir se détermine suivant la géologie et cesmêmes fissures élargies, parfois indépendamment de la topogra-phie « aérienne ». Il est dès lors difficile de prévoir l’axe de cesécoulements et leur vitesse, celle-ci pouvant même changer radi-calement entre les périodes de crue et d’étiage.

Pour caractériser les écoulements souterrains dans le karst, lerecours aux traçages artificiels s’est imposé depuis plus de 100ans comme la principale méthode d’investigation. Un traçage hy-drogéologique artificiel est une “procédure expérimentale visantà rendre apparent et observable le déplacement réel de l’eausouterraine dans un aquifère suivant une (ou des) trajectoires dé-finies entre un point d’origine et un ou plusieurs points de détec-tion, au moyen de traceur artificiel marquant l’eau” (Castany G.et Margat J., 1977) [1].

Un traceur artificiel est défini comme “toute substance (sel solu-ble, colorant, corps en suspension, eau marquée par un isotoperadioactif, etc.), absente dans les conditions naturelles dansl’aquifère étudié et détectable, pour l’identifier et permettre d’ob-server son mouvement” (Castany G. et Margat J., 1977) [1].

Grâce à l’étude des flux d’eaux entrants et sortants, des vitessesde circulation et des concentrations (bilans de restitution) des tra-ceurs retrouvés aux exutoires, on peut en partie modéliser cesécoulements, et au-delà, estimer la nature du réseau de fissureset leurs dimensions, pour mieux gérer ces réservoirs essentiels ànotre approvisionnement en eau potable.

Le système karstique de Kin-Dieupart (Aywaille) a fait récem-ment l’objet d’une telle étude. Celle-ci illustre bien l’apport destechniques de traçage dans la bonne compréhension des écoule-ments d’eau dans le karst. Les résultats montrent la complexitéet la variabilité de ce drainage souterrain selon les conditions hy-drologiques et illustre la vulnérabilité de ces masses d’eau vis-à-vis des polluants et des activités en surface.

La zone d’étudeLe chantoir de kin [AKWA 49/3-82] ainsi que la résurgence dedieu-le-père [49/3-99] sont situés sur la bande de calcaires dé-voniens dans la commune d’Aywaille, en rive gauche de l’Am-blève. La résurgence est alimentée en partie par les eaux se per-dant dans le chantoir de Kin. Celui-ci absorbe en les eaux du ryde Kin, sinuant sur les grès et schistes du Couvinien [2] avant dese perdre au contact des roches carbonatées.

D’autres pertes diffuses sont signalées plus en amont dans lethalweg du ruisseau, aux abords d’une ancienne carrière de mi-nerai de fer (Trîhe à minires) (fig. 2). Aucun point d’infiltration ma-jeur n’a été repéré dans les dolines d’effondrement disséminéessur ce bassin d’alimentation.

La résurgence se présente sous la forme d’un demi-cercle de ± 2mètres de diamètre, où un débit important sort « de terre ». Elleforme le ru de Kin qui serpente sur des schistes en bordure descalcaires dévoniens et s’engouffre partiellement dans une pertesituée au contact de ces deux formations [49/3-168], avant d’êtrecanalisé dans l’Amblève.

traçaGeS en miLieu karStiQueApplication au système Kin-Dieupart (Aywaille)

Figure 1: Eléments géomorphologiques d'un paysage karstique. (1) terrainsnon karstiques; (2) canyon; (3) reculée; (4) vallée sèche; (5) résurgence de ri-vière; (6) perte; (7) doline; (8) ouvala; (9) lapiez; (10); aven; (11) grotte; (12)source vauclusienne; (13) rivière souterraine. Source : F. Boulvain, Géologie générale, Technosup, 2013

Figure 2: Le bassin versant de la perte de Kin est coupé en deux par le passage de l’autoroute E25. Le ry de Kin est canalisé sous la voirie. Lescrêtes (tons jaunes) et les vallées (tons verts) sont mises en évidence par lemodèle numérique de terrain généré par l’utilisation du LiDaR.

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La grotte du Hibou [49/3-97] est perchéeà 23 mètres au-dessus de la résurgencede Dieu-Le-Père. Vu sa proximité et lamorphologie de ses conduits, cette grotteaujourd’hui fossile aurait fonctionnécomme résurgence, avant enfoncementdu réseau hydrographique - (Godissart J.1970) [3].

Le bassin versant du chantoir de Kin estestimé à 1,2 km2 (suivant le LiDaR –2014). Toutefois, les modifications impor-tantes de relief engendrées par laconstruction de l’autoroute E25 y ont pro-bablement fortement modifié les écoule-ments d’eau. L’impluvium de notre pointde perte pourrait s’étendre sur 2,2 km² sion y intègre la surface située au sud-estde l’autoroute (portion Beaufays-Aywaille).

A vol d’oiseau, la distance entre le chan-toir et la résurgence est de 1020 m, pourune différence d’altitude de 56 m. Le déni-velé moyen sur ce transect (en surface)est de l’ordre de 5 %. Cette pente relati-vement forte, ajoutée à l’infiltration diffusedes eaux sur le parcours, contribue demanière significative aux phénomènes dekarstification (fig. 3 – Briffoz A. 1985) [4].

Que connait-on sur ce système?depuis 1976, le chantoir de Kin a fait l’ob-jet d’investigations spéléologiques. Initiéespar André Modave, Marcel Maréchal etGuy Robert (tous membres du spéléo-clubd’Aywaille), celles-ci sont poursuivies àl’heure actuelle par le Club AqualienContinent 7 [5]. La topographie du chan-toir dressée par le CASA présente un dé-veloppement de 700 m pour un déniveléde 53 m (fig. 3).

Les recherches spéléologiques et la pro-gression dans le chantoir sont renduestrès difficiles par les coups de crues et la

mise en charge du réseau. L’exploration etla découverte de prolongements pénétra-bles vers l’aval se heurte depuis 2004 àune vasque siphonnante infranchissable.

dès 1910, Putzeys réalisa un premier es-sai de traçage, établissant la liaison avecla résurgence de Dieu-Le-Père. Cette co-loration décrite dans VMR [6] n’avanceaucune donnée chiffrée, de même qu’unautre essai, photographié par M. Leduc,dont la date et les détails techniquesn’ont été révélés que très récemment.

Profitant des Rendez-Vous de l’Explo or-ganisés en juin 2016 par l’Union Belge deSpéléologie, l’idée est venue de conjuguerune visite didactique au chantoir de Kinavec un traçage de reconnaissance. Enraison des précipitations importantes sur-venues peu avant l’événement, il n’étaitpas possible de descendre au fond de lacavité. L’injection n’a donc pas eu lieu ausiphon terminal mais en surface, directe-ment dans la perte.

injection et restitutionLe premier essai de traçage a consistéen une injection de 80 g de fluorescéine.La résurgence était quant à elle équipéede la manière suivante:

- un fluorimètre pour mesurer en continu laconcentration de fluorescéine dans les eaux(Schnegg PA. et Dörfliger N. 1997) [7],

- un datalogger relié au fluorimètre permettantd’enregistrer également les paramètres phy-sico-chimiques des eaux (température,conductivité et turbidité) et leur évolution surla durée de l’étude hydrologique,

- d’un échantillonneur automatique prélevantun échantillon d’eau à intervalle régulier, envue d’analyses complémentaires et pour véri-fier les valeurs mesurées par le fluorimètre.

La restitution (réapparition de la fluores-céine à la résurgence) débuta le 5 juin à17h20 heures et se termina le 5 juin à22h19. La courbe de restitution ainsi queles résultats d’une série de prélèvementsautomatiques sont présentés ci-dessous(fig. 5). La vitesse maximale de transit estde 174 m/h (soit 5,9 heures pour parcourirle trajet souterrain entre perte et résur-gence), la vitesse modale de 133,5 m/h etla durée de restitution de 5,4 heures.

Ce traçage a été effectué durant un ré-gime de crue (débit estimé par jaugeageau flotteur à 150 l/s), en raison de pluiesabondantes durant les 15 jours précédantle traçage (132 mm enregistrés au pluvio-mètre de Louveigné). Selon ce débit es-timé, le bilan de restitution du traceur estde 48 %. Cette valeur est à considéreravec beaucoup de circonspection. Deplus, la mobilisation importante de sédi-ments durant toute la durée du traçage aimpacté le signal de fluorescence desorte que les concentrations ont dû êtrecorrigées sur base des prélèvements au-tomatiques.

un second essai de traçage a été effec-tué en régime d’étiage le 1er septembre2016, ainsi qu’un jaugeage chimique avec350 g de chlorure de sodium à la résur-gence.

Le débit estimé est de 4,2 l/s. Après cinqjournées de suivi à la résurgence, aucunerestitution du traceur n’a été constatéepour ce deuxième traçage !

Figure 4: Injection directe de 80 g de fluores-céine dans le ruisseau en amont du chantoir deKin (photo L. Remacle).

Figure 3: Coupe du Chantoir de Kin (topographie CASA 1983)

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Afin de lever les interrogations liées àcette non-réponse, d’autres essais sontenvisagés dans des conditions hydrolo-giques similaires. En effet, de toutes ré-centes informations, relatives à un ancienessai de traçage réalisé par Marcel Maré-chal, confirment que le traceur injecté estressorti au bout de quatre jours.

Divers paramètres physico-chimiques ontété mesurés sur place et des analyses demétaux majeurs (calcium, sodium, magné-sium, …) ont été menées afin de poursui-vre ces investigations.

Figure 5: Courbe de restitution de la fluorescéine et échantillons automatiques Traçage N°1réalisé en juin 2016.

discussion et conclusionLes fluorimètres de terrain (Schnegg, PA,1997) [7] & (Poulain A. 2017) [8] permet-tent aujourd’hui la mise en œuvre d’essaisde traçage de plus en plus précis et contri-buent à une meilleure compréhension dessystèmes karstiques et des écoulementsd’eaux qui les parcourent. Ces méthodessont utiles pour caractériser le transfert depolluants (de La Bernadie 2013) [9] ; ce-pendant ils ne fournissent que des ré-ponses partielles, correspondant à une si-tuation donnée. Comme l’illustre le cas deKin avec des réponses très différentesdonnées par deux traçages sur un mêmesystème, ils sont souvent non reproducti-bles, lorsqu’il s’agit de caractériser desenvironnements fluctuants et évolutifscomme le sont les milieux karstiques.

De plus, les traçages peuvent se déroulerdans des conditions difficiles (turbidité, dé-gazage, luminosité abondante...), impo-sant l’emploi de méthodes complémen-taires pour réduire l’incertitude et lesdifficultés d’interprétation. Il existe encorepeu de littérature quant à la dégradationdes traceurs fluorescents (Jozja N. 2011)[10], ni de protocole d’étalonnage à suivredans la mesure de la fluorescence ; ce quiajoute une difficulté à pouvoir comparertant les essais que les laboratoires.

Parallèlement aux traçages, des investiga-tions sur les relations perte-résurgence àl’aide de paramètres physico-chimiquespeuvent s’avérer riche en enseignements.Ceci comprend l’étude de dépôts sédi-mentaires mobilisés ou stockés durant lescycles de crue, que l’on retrouve dans desconcentrations très variables aux émer-gences selon le débit. Le suivi de certainspolluants permettrait de mettre en évi-dence de tels mécanismes au cours detraçages expérimentaux. Quand onconnaît l’importance des volumes de rem-plissage qu’offrent ces milieux (Tiez R.2015) [11], les processus d’altération bac-térienne nécessiteraient d’être plus large-

ment examinés, ainsi que leurs effets surla dégradation des polluants.

Un début de réflexion sur la constitutiond’une base de données de traçages sem-blable à celle du BRGM [12], complétantl’inventaire de la CWEPSS, pourrait êtreinitié par une approche systémique afin derépondre aux besoins actuels et futurs.

En fin, l’exploration de réseaux souter-rains ainsi que leur étude géomorpholo-gique restent des approches pertinentes(Jaillet S. et al. 2012) [13] auxquelles lestraçages ne peuvent pas se substituer,mais plutôt apporter un complément. C’estgrâce aux témoignages et aux relevés ra-menés par les acteurs du milieu souterrainqu’à terme, on peut espérer mieux com-prendre et appréhender les nombreux dé-fis qui nous attendent quant au maintiende la qualité de nos eaux souterraines.

remerciementsLes auteurs remercient nos complicesLaurence Remacle (CWEPSS et C7) etPascal Schmitt (CR Amblève et C7) pourleur aide sur le terrain lors du premier es-sai de traçage. Nos remerciements vontégalement à Vincent Hallet et Gaëtan Ro-chez du Département de Géologie del'Université de Namur pour la fourniture dela fluorescéine.

Flament J.1, Meus Ph.2, Resling C 3., Michel G.4, Hardy I.1,

Bastin C.1 & London J.-C.5

1. Institut Scientifique de Service Public - IS-SeP 200, rue du Chéra, Liège2. European Water Tracing Services, EWTS43, rue de la Chapelle, Nandrin3. SEMACO Environnement, rue de la Com-manderie 29, Nancy, France4. CWEPSS, Clos des Pommiers 26, La Hulpe5. Continent 7 - Club Aqualien de Spéléologieet d’Alpinisme, rue du Chalet 43B, Aywaille

Références

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introductionLes nappes souterraines fournissent à la Wallonie la majorité deson eau de distribution. Abondante et de bonne qualité, cette res-source, considérée comme notre « or bleu », est même devenueau cours du temps une matière première que nous exportonsdans les régions limitrophes.Il y a donc lieu de gérer, avec beaucoup de précaution, ce capitalaquatique, tant dans une approche quantitative que qualitative,pour garantir un approvisionnement durable aux citoyens. Au-delà de sa fonction de ressource, l’eau souterraine constitue unmaillon essentiel du cycle de l’eau. C’est donc tous les écosys-tèmes directement ou indirectement inféodés à l’eau qui peuventêtre impactés.

Pour répondre à ces enjeux induisant des défis sociétaux ma-jeurs, la Directive Cadre sur l’Eau (législation européenne au-jourd’hui retranscrite dans le droit wallon) fixe aux Etats mem-bres des objectifs prioritaires : atteindre le bon état des massesd’eau, inverser toute tendance significative à la détérioration etrespecter les objectifs spécifiques dans les zones protégées,dont les zones de prévention autour des prises d’eau souterrainepotabilisable font partie.

Poussée par ses « obligations européennes », la Wallonie s’estdotée d‘instruments et d’un réseau de contrôle pour suivre seseaux souterraines. Depuis 2006, un réseau de surveillance a étémis en place, constitué de 554 sites de contrôle sur lesquels desmesures quantitatives (niveau de nappe) et/ou qualitatives (desanalyses chimiques régulières) permettent. d’évaluer l’état et lesfluctuations de la masse d’eau souterraine et d‘avertir d’uneéventuelle détérioration, voire d’une surexploitation. Fonctionnantcomme un signal d’alarme, ces enregistrements engendrent unprogramme de surveillance et d’actions pour intervenir sur lescauses anthropiques à l’origine des éventuelles détériorations.

La transparence, la participation citoyenne et l’accessibilité auxinformations sur l’environnement et l’eau font également partiedes principes édictés dans la Directive Cadre sur l’Eau. Aprèsune période de 10 ans d’analyses en continu, l’évaluation del’état 2013 des masses d’eau et leur éventuelle détérioration ontété intégrées dans le deuxième Plan de Gestion des Districts Hy-drographiques qui vient de paraître.

L’ensemble des données accumulées sont synthétisées et régu-lièrement mises à jour dans « l’Etat des nappes d’eau souter-raine de la Wallonie ». Cet ouvrage librement téléchargeable surinternet doit contribuer à faire toute la transparence sur nos eauxsouterraines et les enjeux liés à sa bonne gestion.

La directive cadre eauLa Directive européenne 2000/60/CE (DCE) établit un cadre pourune politique communautaire dans le domaine de l’eau. Pour samise en œuvre concrète, la Wallonie a été découpée en 33masses d’eau souterraine (unité élémentaire de gestion deseaux souterraines au sein des districts hydrographiques), dont10 comprennent les aquifères calcaires (figure 1).

L’objectif de la DCE est double : (1) atteindre le bon état desmasses d’eau - et ce impérativement s’il s’agit d’une massed’eau destinée à la consommation humaine - et (2) inverser toutetendance significative à la détérioration de la masse d’eau.

Chaque état membre a dès lors dû établir :

- un réseau de surveillance aussi représentatif que possible,permettant une évaluation cohérente et complète de l’état deseaux souterraines ;

- un programme de surveillance de l’état des eaux avec pourexigence, dans le cas des eaux souterraines, que les pro-grammes portent sur la surveillance de l’état quantitatif et del’état chimique.

réseau de surveillanceUn réseau de surveillance regroupe un ensemble de sites decontrôle, définis comme étant des sites où il est possible de pro-céder à des observations pertinentes concernant l’état quantitatifou chimique de l’eau souterraine (puits, piézomètres, sources,etc.).

En Wallonie, on distingue deux types de sites de contrôle :

- les sites de contrôle "producteurs", dont les données sontfournies par le producteur d’eau et qui portent sur :

• toute prise d’eau souterraine potabilisable (destinée à laconsommation humaine) en activité et dont le volume pro-duit dépasse le seuil de 100 m³ en moyenne journalière ;

• toute prise d’eau souterraine non potabilisable en activité,dont le volume produit dépasse le seuil de 1.000 m³ enmoyenne journalière.

- les sites de contrôles "patrimoniaux", qui consistent endes points de mesure complémentaires (piézomètres, sourcesnon captées ou d’autres catégories de prises d’eau que cellesvisées au point précédent) et qui sont indispensables pour as-surer la représentativité des mesures vis-à-vis des différentsusages des eaux souterraines.

C’est l’Institut Scientifique de Service public (ISSeP) qui ac-quiert et transmet les données à l’administration au droit deces sites.

LeS eaux SouterraineS WaLLonneS, un bien SouS Haute SurveiLLance

Fig 1. Masses d’eau souterraine comportant des aquifères karstiques.

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Suivant le type de données récoltées, lessites de contrôle font partie d’un ou desdeux sous-réseaux suivants :

- le réseau chimique (ou qualitatif) : les sitesde contrôle du réseau chimique doivent per-mettre le prélèvement d’échantillons repré-sentatifs de l’eau brute (eau souterrainen’ayant subi aucun traitement) pour effectuerdes analyses physiques, chimiques et micro-biologiques.

- le réseau quantitatif : ces sites de contrôlesont situés pour la plupart en dehors deszones d’influence directe des captages. Ilsconsistent en des mesures manuelles ou au-tomatiques du niveau de la nappe d’eau sou-terraine dans un puits ou un piézomètre (ap-pelées mesures piézométriques). Lesmesures automatiques sont consultables surle site internet PIEZ’EAU développé par laDirection des Eaux souterraines du ServicePublic de Wallonie (http://piezo.environne-ment.wallonie.be).

Dans les milieux karstiques, du fait de lagrande hétérogénéité des écoulements del'eau souterraine, le réseau est plusdense. Pour l'aspect chimique et quantita-tif, la surveillance se focalise sur despoints intégrant les flux d'eau tels que lesémergences (sources karstiques). La fré-quence des échantillonnages est augmen-tée pour certains paramètres clés, tel quele débit, le niveau (pression), la conducti-vité, la température, la turbidité, la fluores-cence, le pH et l’oxygène dissout par lumi-nescence. Les fréquencesd'échantillonnage variant entre 5 et 30 mi-nutes.

Un réseau dit "des émergences", initiéen 2006, comporte aujourd’hui 10 stationsimplantées sur des sources karstiques im-portantes non captées.

Elles sont équipées de stations automa-tiques mises en place sur deux massesd'eau karstiques (les calcaires et grès dela Calestienne RWM023 et les calcaires etgrès du Condroz RWM021). Cette surveil-lance intégrée des bassins calcaires four-nit en outre un état des lieux utile à l'ave-nir pour la détection des impacts(dégradations des eaux liées aux activitésanthropiques ou modifications dues auchangement climatique).

Le réseau de surveillance officiel DCE to-talise 554 sites de contrôle répartis surl’ensemble de la Région wallonne. Parmiceux-ci, 263 portent sur les masses d’eaucalcaires (figure 2), dont 187 pour le sous-réseau chimique et 92 pour le sous-ré-seau quantitatif. 16 points – dits "mixtes" –sont communs aux deux sous-réseaux(dont 5 sites du réseau des émergences).

Pour les besoins propres à la Directiondes Eaux souterraines et l’étude de pro-blématiques particulières, un réservoir desites de contrôle beaucoup plus étenduest bien entendu maintenu opérationnel.

programme de surveillanceEn application de l’article 8 de la DCE, leprogramme de surveillance wallon deseaux souterraines, mené sur le réseau desurveillance DCE, comprend :

1. un programme de contrôle du niveau desnappes (ou du débit de certaines sources)destiné à établir l’état quantitatif des massesd’eau souterraine et son évolution.

2. un programme de contrôle de surveillancedestiné à établir régulièrement l’état chi-mique des masses d’eau souterraine ainsique son évolution, et à détecter l’apparitionde nouveaux polluants. Le contrôle de sur-veillance est exercé tous les 3 ans. Tous lespolluants ou paramètres pertinents présents

dans les eaux souterraines (liste complètereprise dans l’annexe XI du Code de l’Eau)sont analysés sur chacun des sites decontrôle de l’état chimique du réseau.Les résultats sont utilisés dès que possiblepour déterminer, par masse d’eau souter-raine, s’il y a lieu de fixer des contrôles appli-cables au réseau de surveillance pour la pé-riode restante du plan de gestion.

3. un programme de contrôles opérationnelsportant sur les masses d’eau souterraine quirisquent de ne pas atteindre le bon état et vi-sant à suivre, chaque année, les altérationsconstatées.

etat des masses d’eau souterraineLe réseau de surveillance des 33 massesd’eau souterraine de Wallonie permet devérifier, de manière globale et aussi repré-sentative que possible, si l’activité hu-maine provoque des impacts significatifssur l’état chimique et quantitatif de ceseaux. Il a ainsi permis d’évaluer objective-ment les risques encourus du fait despressions exercées par certaines "forcesmotrices", comme par exemple la conta-mination diffuse d’origine agricole.

L’état global des 33 masses d’eau souter-raine wallonnes résulte d’un long proces-sus d’évaluation et d’interprétation : unemasse d’eau souterraine est en mauvaisétat si une partie significative de cettemasse d’eau (20 %) présente un dépasse-ment de la norme de qualité ou de la va-leur-seuil fixée pour un paramètre.

En 2013, toutes les masses d’eau souter-raine ont été évaluées en bon état quanti-tatif. Par contre, 13 d’entre elles ont étéclassées en mauvais état chimique, pourcause de nitrates (6), de pesticides (1),d’une combinaison pesticides et nitrates(4) ou d’autres polluants (2).

Fig 2. Réseau de surveillance établi sur les différentes masses d’eau calcaires de WallonieEtat des Nappes - données SPW-DESO - mai 2017

Piézomètre manuel, avec descente d’unesonde graduée pour mesurer la profondeur dela nappe (photo C. Rentier).

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risque de détériorationGrace aux mesures effectuées, il est possible d’évaluer la ten-dance ou non à la détérioration des masses d’eau pour les para-mètres déclassants ou à risque (altérations locales). Cette mêmeapproche évolutive a été effectuée sur toutes les masses d’eausouterraines pour les nitrates et les pesticides, de manière à dé-tecter, pour ces paramètres, toutes les détériorations, y comprisnon conséquentes, des masses d’eau en bon état.

Le tableau ci-contre présente ces résultats pour les impacts si-gnificatifs observés (altérations qui déclassent la masse d’eausouterraine), avec désignation des forces motrices responsablesde la dégradation. La figure 3 synthétise l’information de ce ta-bleau sous forme cartographique.

De plus amples informations sont consultables :

- 2e plan de gestion de la DCE : http://eau.wallonie.be/spip.php?arti-cle17

- fiches par masses d’eau souterraine :http://eau.wallonie.be/spip.php?rubrique67

Dans le degré de détérioration d’une masse d’eau souterraine, ily a également lieu de tenir compte de sa vulnérabilité intrinsèqueainsi que des usages plus ou moins critiques (captages) qui sontfaits de cette ressource.

Ceci afin de définir les priorités en terme de protection / réhabili-tation. La carte de vulnérabilité des masses d’eau est à cet égardun outil pour la gestion du territoire.

Les zones de prévention autour des captagesEn Région wallonne, la préservation des nappes d’eau souter-raine, notamment la protection des eaux souterraines exploitéespar toute prise d’eau potabilisable destinée à la distribution pu-blique ou au conditionnement d’eau minérale ou de boisson ra-fraîchissante, de bière,… requiert la définition et la délimitationde zones de protection de captage. Elles sont organisées selonplusieurs zones autour de la prise d’eau, à savoir : la zone deprise d’eau (ZI), la zone de prévention (ZII) qui sont obligatoireset la zone surveillance (ZIII) qui est facultative.

Parmi les 10 masses d’eau souterrainecalcaires, seules 2 sont en mauvais étatessentiellement dû à des pressions agri-coles : pollution en pesticides (bentazone)dans les calcaires du bassin de la Meusebord Nord RWM011, et dépassement ennitrates dans les calcaires et grès du bas-sin de la Vesdre RWM142, dont la ten-dance est légèrement à la baisse depuisquelques années et pour laquelle on pré-voit d’atteindre le bon état en 2021.

Les problèmes détectés par le réseau(concentration de polluant atteignant unniveau significatif sans nécessairementavoir atteint la valeur-seuil) ne reçoiventpas toujours une explication évidentequant à leur origine. Le site concerné faitalors l’objet d’un contrôle opérationnel àfréquence plus élevée et ciblé sur l’altéra-tion rencontrée dans le but de la préciseret suivre son évolution.

Ce contrôle opérationnel peut le caséchéant être complété par des contrôlesd’enquête sur des sites voisins afin decerner l’origine et l’ampleur de la contami-nation.

Dans le cas de panaches de pollutionémis par des sites contaminés, il s’agitaussi de comprendre et surveiller leur pro-pagation. Dans tous les cas, des mesurescorrectives doivent être prises, avant

d’avoir atteint 75 % de la valeur-seuil,pour prévenir ou limiter l’introduction dupolluant dans les eaux souterraines. Lecontrôle opérationnel se poursuivra alorspour vérifier l’efficacité de ces mesures.

Tabl. 1 Impacts significatifs observés et risque de détérioration des 10 masses d’eau souterrainedes aquifères calcaires.

Fig 3. Etat 2013 des masses d’eau souterraine à aquifères calcaires ettendances à la détérioration.

Schéma illustrant les 4 périmètres de niveaux de protection autour desprises d’eau potabilisable à mesure que l’on s’en éloigne ( SPW, 2016 -Etat des nappes d’eau souterraine de la Wallonie).

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- La zone de prise d’eau – Zone I : à 10 mdes limites extérieures des installations ensurface de la prise d’eau (à clôturer si pas in-cluse dans une enceinte plus large protégéecontre les intrusions).

- La zone de prévention – Zone II : zonedans laquelle tout polluant atteindra la prised’eau sans être suffisamment dégradé ou di-lué et sans qu’il soit possible de le récupérerefficacement. Temps de transfert de 24h ouà une distance forfaitaire de 35 mètre mini-mum à partir des installations de surface(puits, sources,...)

- La zone de surveillance – Zone III : zonecomprenant tout ou partie du bassin hydro-géologique alimentant la prise d’eau.Tempsde transfert de 50 jours ou une distance for-faitaire fixée à 1.000 mètres depuis la zoneIIa pour notamment les formations aquifèrescalcaires fissurées à karstifiées, avec,lorsqu'il existe des axes d'écoulement préfé-rentiel de circulation des eaux souterrainesalimentant l'ouvrage de prise d'eau, une ex-tension de la zone IIb le long de ces axes surune distance maximale de 1.000 mètres.

L’objectif est de réduire les risques de pol-lutions ponctuelles et accidentelles deseaux souterraines exploitées et, en cas depollution au voisinage d’une prise d’eau,de donner un délai suffisant pour prendredes dispositions palliatives.Pour délimiter les zones de prévention,des études plus ou moins poussées (pros-pection géophysique, forage de piézomè-tres, essais de tracage, modélisation ma-thématique,....), selon l’importance ducaptage et le contexte hydrogéologique lo-cale, sont réalisées par le producteurd’eau, assisté ou non par un bureaud’étude.

Les hydrogéologues de la Direction desEaux souterraines assurent un rôle d’as-sistance technique en concertation avec leproducteur d’eau. Ils valident toutes lesétapes depuis l’élaboration du protocoled’étude jusqu’au dépôt du dossier de déli-mitation de la zone :

• Remise d’un avis/rapport à la Société Pu-blique de Gestion de l’Eau (SPGE) ;

• Rédaction d’un avant-projet d’arrêté soumis àl’avis du Ministre ;

• Avant-projet soumis à enquête publique ;• Examen des remarques et avis émis ;• Projet d’arrêté soumis au Ministre ;• Notification et publication au Moniteur belge.

La SPGE, pour les prises d’eau potabilisa-ble avec distribution par réseau, assure lefinancement des études réalisées et desactivités, installations ou usages existantsà risques, réglementés en zones de pré-vention et de surveillance, à mettre enconformité dans la zone considérée et quine sont pas rendus obligatoires par uneautre réglementation.

Ce financement se fait par le biais decontrats de service passés avec les pro-ducteurs d’eau. Pour les autres prisesd’eau, l’Administration assure cette ges-tion financière depuis le fonds pour la pro-tection de l’environnement. Ces finance-ments sont assurés par la redevance surla protection des eaux potabilisables.

En zone de protection de captage, cer-taines activités et installations sont dèslors soit interdites, soit réglementées, afinde prévenir toute pollution de l’eau ducaptage concerné, selon l’Arrêté du Gou-vernement wallon relatif au Livre II duCode de l’Environnement, constituant leCode de l’Eau, modifié en dernier lieu parl’Arrêté du gouvernement wallon du 22septembre 2016 (redéfinissant les modali-tés de remplacement et de financementdes stockages d’hydrocarbures en zonede prévention des captages d’eau potabili-sable destinés à la consommation hu-maine). Les mesures de protection et dé-lais minimums de mise en conformité sontconsultables aux article R.165 à R.168 duCode de l'Eau sur le portail environne-ment de Wallonie:http://environnement.wallonie.be/.

au 1er mai 2017, la Wallonie comptait :

• 249 zones de prévention approuvées, (238 ar-rêtés ministériels - dont 86 zones de préven-tion approuvées dans les 10 masses d'eausouterraines calcaires). Cela représente 559prises d’eau potabilisable (sur un total de1.416 prises d’eau) qui exploitent +/-48,5% duvolume total d’eau souterraine potabilisable ;

• 4 zones de surveillance de minéraliers ap-prouvées, soit 5 arrêtés ministériels.

A ces zones de protection approuvées,d’autres dossiers de zone de préventionsont soit déposés et à l’instruction (aunombre de 159), soit en cours d’étude.

A l’avenir, la délimitation des zones desurveillance sera axée et en priorité surles prises d’eau présentant des problèmesde nitrates et/ou de pesticides, de sorteque les masses d’eau concernées puis-sent atteindre le bon état exigé.

pour tout savoir sur l’état de nosnappesL’état des nappes d’eau souterraine de laWallonie est un document né d’une colla-boration entre la Direction de la Coordina-tion des Données et la Direction des Eauxsouterraines de la Direction générale opé-

Captage de la Source Tridaine (Rochefort),équipée pour suivre les fluctuations de hauteurd’eau et les restitutions de traceurs injectés lorsdes études pour la délimitation des zones desurveillance (photo G. Focant).

Zones de protection de captages approuvées par arrêtés ministériels au 1er mai 2017. - Etat des Nappes - données SPW-DESO - mai 2017.

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rationnelle de l’Agriculture, des Res-sources naturelles et de l’Environnement(DGO3) du Service public de Wallonie, il ya une quinzaine d’années.

Ce document présente l’ensemble desdonnées disponibles relatives aux eauxsouterraines de Wallonie. Il est mis à jourannuellement, en décembre. Une versionPDF est téléchargeable (http://environne-ment.wallonie.be/de/eso/atlas).

Au fil des ans, ce document s’est étoffé denouveaux chapitres, et la dernière version(décembre 2016) contient 6 chapitres, ac-compagnés de nombreuses cartes desynthèse à l’échelle de la Wallonie etd’encarts reprenant les informations prin-cipales :

- présentation générale des réserves en eau auniveau mondial;

- cycle de l’eau en Wallonie;- les formations aquifères wallonnes;- données concernant les prises d’eau et les

prélèvements dans les aquifères et la piézo-métrie (niveau d’eau);

- données relatives à la qualité des eaux sou-terraines;

- zones de prévention des captages. Le sous-chapitre relatif aux zones de prévention estparticulièrement fourni. Outre le texte de pré-sentation, il comporte 4 cartes et la liste com-

plète des zones de prévention adoptées parArrêté ministériel;

- Le chapitre 5 concerne la Directive Cadre surl’Eau (DCE) :présentation des masses d’eausouterraine, des réseaux de surveillanceet’état de ces masses d’eau. Enfin, le dernierchapitre concerne la coordination des Etatsmembres au sein des Districts internationauxde l’Escaut et de la Meuse.

conclusionDe l’ensemble des analyses et des inves-tissements réalisés en faveur des eauxsouterraines, on peut retenir que :

- les prélèvements annuels en eau souterraineen Wallonie s’élèvent à environ 381 millionsde m³ (données 2014), dont la majeur partie(79,2%) est consacrée à l’eau potable. Lesindustries utilisent 6% des volumes captés.L’exhaure des carrières consomment 8,9%.Le solde de 5,9% est consommé par les agri-culteurs, des sociétés de services et certainsparticuliers.

- Sur 297,7 millions de m³ d’eau souterrainepotable produits annuellement en Wallonie,environ 149 millions de m³ (soit 39%) sontexportés ( Bruxelles et Flandre).

- Les calcaires et les craies fournissent près de72 % de la production d'eau souterraine, lesolde provient des sables du Brabant et desnombreux captages dans les massifs schisto-gréseux.

- Le nombre de prises d’eau actives recenséespour toute la Wallonie au premier décembre2016 s’élevait à 11.173, dont 1.416 pour ladistribution publique.

L’état des eaux wallonnes et leur gestionpeut se résumer ainsi :- au 1er mai 2017, 249 zones de prévention

sont approuvées. Cela représente 559 prisesd’eau potabilisable (sur un total de 1.416prises d’eau) et +/-48,5% du volume totald’eau souterraine potabilisable prélevés ;

- La bonne qualité de nos ressources en eausouterraine est en particulier menacée par laprésence de nitrates : 8 % des sites échan-tillonnés en 2012-2015 dépassent la normede potabilité de 50 mg/l (soit 1% de moinsqu’en 2008-2011).

- Au terme du premier plan de gestion par dis-trict hydrographique, 52 % des masses d’eausouterraine de Wallonie sont, en 2013, ju-gées en bon état et sans risque de détériora-tion. Le 2e plan de gestion de la Directive Ca-dre Eau vise à amener cette proportion à60% d’ici 2021.

Céline Rentier,Grégoire Bougard &

Roland Masset

Direction des Eaux souterraines, SPW- DGO3

La tranSHennuyereRéponse technologique à la sur-exploitation de la nappe aquifère du TournaisisGrâce à son climat tempéré et à la nature des roches qui compo-sent ses aquifères, la Belgique, ne connait pas de déficit hy-drique ; l’exploitation des ressources en eaux souterraines pota-bilisables y est nettement inférieure aux réserves.

A l’échelle locale cependant, dans les calcaires carbonifères duTournaisis, les prélèvements d’eau (tant en Wallonie que dans leNord de la France et en Flandre) sont tels depuis la secondeguerre mondiale que le niveau d’eau dans le sous-sol a plongéde manière inquiétante au cours des années.Cette surexploitation locale, aggravée les pompages en car-rières, a provoqué un dénoyage des calcaires. Sans eau, lesous-sol karstifié est déstabilisé, engendrant la formation d’effon-drements (puits naturels). Depuis la fin des années 1960, plus de150 de ces affaissements parfois spectaculaires se sont formésdans un rayon d’une vingtaine de km autour de Tournai.

Le projet de Transhennuyère a pour but de rééquilibrer ce déficiten eau et de permettre une remontée progressive du niveau deseaux souterraines. La solution originale proposée combine tout àla fois une réduction des prélèvements (captages), une valorisa-tion des eaux d’exhaure des carrières et un transfert d’eau de-puis la nappe Peruwelz-Seneffe vers le Tournaisis.

Ce beau problème d’ingénieur, digne d’un exercice de physiqueet d’hydrogéologie appliquée, nécessite aussi des km de tuyaux,des pompes puissantes et une usine de reconditionnement deseaux. Le plus dur aura été, comme souvent, d’arriver à des ac-cords de coopération avec les régions voisines pour apporterune solution durable et globale à la gestion de cette nappe qui neconnait rien aux frontières administratives.

C’est aussi un cas illustratif de la nécessité d’une gestion concer-tée entre les différents acteurs qui ont une incidence sur les eauxsouterraines… en particulier les captages et les carrières qui ontun impact majeur du point de vue quantitatif.

Puits nautrel du Rieu de Warchin à Gaurain, ouvert brutalement en mai1996, présentant une forme de fontis et une profondeur de 5m. Cet af-faissement est directement lié au dénoyage local, notamment causé parl’exhaure des carrières voisines (photo G. Thys).

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une surexploitation historiqueLa nappe du Tournaisis est une partie duvaste réservoir aquifère des calcaires car-bonifères qui s’étend de Namur jusqu’àLille. Les ressources en eau de ce réser-voir pris dans sa totalité sont évaluées en-tre 140 et 150 Mm3 par an.

Dans le Tournaisis, des failles comparti-mentent la nappe des calcaires en plu-sieurs entités, isolées hydrologiquement :

- La nappe de pecq-roubaix (au nord deTournai - RWE060) est recouverte de terrainsimperméables. Cette nappe est dite captive.Les eaux tombant au-dessus de cette zonene s’infiltrent pas dans le sous-sol pour rejoin-dre ce réservoir souterrain. Sa réalimentationse fait depuis des terrains situés plus à l’est(libres de couverture imperméable). Elle estde ce fait limitée et plus lente. Sur base des bilans hydriques, les res-sources renouvelables des calcaires de Peq-Roubaix sont estimées à 57 Mm3 par an. Ex-ploitée par la France (±25 Mm3/an en 1990)et par la Belgique (±34 Mm³/an en 1993, tanten Wallonie qu’en Flandre pour les besoinsdes agglomérations de Courtrai, Tournai etMouscron), elle souffrait de surexploitationchronique depuis 1945.En raison des prélèvements d’eau souter-raine inégalement répartis et dépassant lesressources disponibles, l’abaissement pro-gressif de la nappe (jusqu’à 1 m/an et 70 mau total à Tournai… soit plus de 50m sous leniveau de la mer !) hypothéquait gravementl’alimentation en eau de ces régions et aug-mentait les risques d’effondrements kars-tiques (incident de Kain en 1977).

- La nappe de peruwelz-Seneffe (au sud-estde Tournai - RWE013), libre à semi-captive,est bien réalimentée par les précipitations.Elle dispose de réserves renouvelables esti-mées à 90 Mm3 par an ; elle est beaucoupmoins sollicitée (vu les plus faibles besoins)que la zone frontalière autour de Tournai.

projet de la transhennuyèrePour remédier au déficit des eaux souter-raines autour de Tournai, la Région Wal-lonne a élaboré dès 1993 le projet de ré-duire fortement certains pompages àTournai, Mouscron et en Flandre, en com-pensant les pertes d’alimentation par l’ad-duction d’eau à partir de ressources dansla zone non surexploitée de l’aquifère(projet de la Transhennuyère).

L’originalité de cette solution consiste àvaloriser une partie de l’eau d’exhaure decarrières de la région de Tournai-Antoing(Cimescaut, Lemay et Holcim) et de diluercette eau de qualité industrielle avec del’eau souterraine pompée à partir de 5puits implantés dans la nappe de Péru-welz-Seneffe.

Ces eaux sont traitées dans la station dede Gaurain-Ramecroix (SWDE) avantd’être acheminées vers les clients wallonset flamands.

La capacité actuelle de la station est de15 Mm3/an mais la conduite a été dimen-sionnée (900 mm) pour assurer une capa-cité de transport pouvant atteindre 21 Mm3

par an.

Les travaux, entrepris avec l’aide finan-cière du programme européen OBJECTIF1, ont été réalisés pour un montant totalde 53 M €. La Transhennuyère mise enservice fin 2001 est complètement opéra-tionnelle depuis 2002.

accord de coopération bilatéraleWallonie-FlandreL’objectif initial de la Transhennuyère vi-sant à réduire les prélèvements sur lanappe de Pecq-Roubaix, un accord decoopération entre les régions wallonne etflamande a été concrétisé en juin 1997.

Le protocole d’accord entre les produc-teurs d’eau a fixé un calendrier de réduc-tion des prélèvements par paliers en Wal-lonie et en Flandre, ces réductions devantêtre compensées par les fournitures d’eaude la Transhennuyère.

Un comité technique et un groupe de tra-vail interrégional, chargés de suivre l’évo-lution de la nappe sur les plans quantitatifet qualitatif, en particulier dans sa partiesurexploitée, sont les garants du respectde l’accord de coopération. En cas de né-cessité, les quotas de pompage peuventêtre modifiés.

Grâce au réseau de piézomètres dans lesdeux nappes concernées, on peut suivrel’évolution du niveau d’eau mais aussid’éventuelles modifications de qualitéliées à l’évolution des pompages. Cescontrôles sont indispensables car un aqui-fère karstique est difficile à modéliser; ilfaut donc pouvoir ajuster les opérations enfonction de la « réaction » de l’environne-ment et des eaux souterraines à la miseen place de la Transhennuyère.

Délimitation des deux masses d’eau souterraine dans le Tournaisis, influencées par la nouvellegestion quantitative des prélèvements proposés par la Transhennuyère.

Schéma d’adduction, ramenant les eaux (brutes) de plusieurs puits et carrières vers la station de trai-tement de Gaurain pour un traitement/mélange avant de les rediriger vers le réseau de distribution.

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evolution des prélèvements et dela piézométrie de la nappe En 2010, le volume prélevé dans la nappede Pecq-Roubaix a été réduit à 17,7 Mm3,soit 600.000 m3 de moins que le plafondde 18,3 Mm3 autorisés. A comparer aux 34Mm³ qui étaient prélevés en 1993 (annéede référence), l’objectif de réduction a étéatteint et même dépassé : en 15 ans, lesvolumes captés ont diminué de près de40%. Dans le nord de la France, le ralen-tissement de l’activité industrielle et l’ap-port d’eaux de surface ont contribué à laréduction globale des prélèvements de-puis 20 ans.

L’évolution de niveau de la nappe est me-surée par une série de piézomètres équi-pés de limnigraphes.

Deux d’entre eux, situés en zones peu in-fluencées par les pompages, sont repré-sentatifs de l’évolution du niveau de lanappe de Pecq-Roubaix : celui de Kain aunord de Tournai et celui de Nechin à proxi-mité de la frontière française (fig.1 et 2). ÀKain, la remontée amorcée dès 1999,avec un cycle de descente/remontée entre2004 et 2008, se poursuit ensuite jusqu’en2016.

Le niveau de la nappe est revenu à celuide la fin des années 80. Cette tendancese confirme à Nechin, dans la partie plusprofonde de la nappe où on observe uneremontée de plus de 6 m depuis 1999.

Le tandem transhennuyère / accord decoopération a donc répondu à l’objectifde restauration quantitative des massesd’eau souterraines à l’horizon 2015 en vued’une gestion durable et concertée de laressource aquifère telle que prévue par laDCE 2000 « Eau ».

Ce constat très positif est à nuancer par ledéficit chronique d’alimentation compen-satoire de la Transhennuyère (4 à 5Mm3/an). Il est lié à un manque de volumeà exhaurer en provenance des carrières.Toutefois, la mise en exploitation du murentre les trois carrières historiques dans larégion de Tournai / Antoing devrait per-mettre une augmentation progressive desvolumes d’exhaure début 2017.

La remontée conséquente et rapide de lanappe de Pecq-Roubaix (jusqu’à 1 m paran à certains endroits) doit rester soussurveillance. En effet, le renversement detendance attendu est à l’origine de pro-blèmes qualitatifs locaux, suite à la miseen solution d’éléments indésirables (fer,manganèse et surtout sulfates provenantde la pyrite présente dans les calcaires),résultant du dénoyage de l’aquifère.

Une remontée contrôlée et plus progres-sive de la nappe par la modulation despompages a permis de limiter cet apportd’éléments indésirables et de stabilisercette dégradation pour conserver les eauxdans les normes de potabilité sans traite-ment onéreux.

L‘avenir de la transhennuyèreL’évolution à moyen et long terme du ni-veau de la nappe et sa qualité chimiquesont et resteront régis par :

• des facteurs naturels complexes comme lescycles hydrologiques pluriannuels ou leschangements climatiques ;

• des facteurs anthropiques tels l’augmentationdes prélèvements en France depuis 2012,l’exploitation de nouveaux puits (industries) oude nouvelles carrières (projets Obesco2 etBary).

La superposition de ces phénomènes in-duira un nouvel équilibre hydrologique dela nappe qu’il conviendra de gérer de ma-nière durable au niveau suprarégional etsupranational.

En ce qui concerne la nappe de Peruwelz-Seneffe, son évolution à proximité des 5puits de la Transhennuyère est marquéepar une baisse progressive du niveau deseaux souterraines entre 2001 et 2005, sui-vie d’une stabilisation puis d’une légèreremontée, à l’instar d’autres nappes deWallonie dans des conditions hydrogéolo-giques similaires. L’influence des pom-pages sur l’équilibre de cette nappe estdonc modérée mais fait aussi l’objet d’unesurveillance, afin de garantir la durabilitéde la ressource du Peruwelzis. Il ne s’agitpas de déplacer un problème de pénuriedepuis un bassin vers un autre et de jouerà l’apprenti-sorcier avec des systèmes hy-drologiques complexes, dont l’importanceest vitale pour l’alimentation en eaux pota-ble d’un grand nombre de citoyens.

Marc DREZE, SWDEService gestion des ressources en eau

Fig.1. Fluctuation du niveau de la nappe enre-gistré dans le piézomètre de Kain laissant voirune tendance générale à la remontée avec descycles sur plusieurs années.

Fig. 2. Enregistrement au piézomètre de Nechin confirmant la remontée du niveau de la nappedepuis 2002 et la mise en fonctionnement effective de la Transhennuyère.

Station de traitement de la Transhennuyère à Gaurain-Ramecroix.

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poLLution au cHantoir de xHendeLeSSe (Herve)L’histoire aberrante d’un collecteur d’eaux usées se déversant directement dans le calcaire

Poussée par ses obligations européennes et par le calen-drier qui y est associé, la Wallonie fait, depuis une vingtained’années, d’énormes efforts (tant financiers qu’en travaux)pour épurer ses eaux usées. On nous annonce aujourd’huifièrement un taux de 92 % d’égouttage et d’épuration pourl’ensemble de la population wallonne. Les indicateurs dequalité des eaux de surface confirment d’ailleurs cette amé-lioration, même s’il reste des points noirs.

Avec ses collaborateurs de terrain et ses partenaires spéléo-logues, la CWEPSS est un témoin de l’extension des ré-seaux d’égouttage et de la construction de stations d’épura-tion. Si les progrès sont notables, il reste de nombreux rejetsd’eaux usées dans le calcaire, mettant en péril les aquifèreset le milieu karstique qui leur sert de réceptacle.

Le cas du chantoir du Bief de Xhendelesse (commune deHerve) est particulièrement illustratif et inquiétant à cetégard. Voilà une zone qui connait une croissance urbanis-tique importante du fait de sa situation géographique favora-ble. Rue du Bief et rue Leclercq (conformément au PASH),les maisons sont en zone d’épuration collective. Elles se rac-cordent, comme le prévoit la loi, à l’égout qui passe au milieude la rue et qui dispose d’un système séparatif (eaux usées /eau de ruissellement). Cet égout qui concentre les eauxusées d’une centaine d’habitations, ne se dirige pas, commele voudraient la logique et la carte officielle du PASH (figure5) vers une station d’épuration mais se déverse dans un ruis-selet à quelques mètres d’un chantoir (fig. 2), le tout sur unterrain privé et sans l’accord des propriétaires !

Egoutter sans épurer n’a aucun sens… C’est pourtant la si-tuation observée depuis 5 ans à Xhendelesse. En dénon-çant ce cas précis, nous espérons faire bouger les chosessur ce dossier, mais aussi stigmatiser un ensemble de situa-tions où, généralement pour des raisons budgétaires, le ré-seau d’épuration est incomplet et les stations d’épurationsmanquantes.

dans l’enfer des eaux uséesImaginons une pelouse en pente douce orientée plein sudjusqu’au pied d’un talus de 4 m planté d’une haie de feuillus quiclôt l’écrin vert d’une enceinte protectrice. A l’est, la pente esttout aussi herbue et accueillante. Longeant ce côté, émergeantde sous le pont de la route, un ruisselet descend doucement etdisparait sous terre dans un agolina au pied d’un affleurementrocheux. L’herbe est tondue régulièrement et les propriétairesont aménagé des massifs floraux et une jolie mare... Hélas, cetableau idyllique n’est plus qu’une illusion ; un rêve balafré parune bien désagréable vérité : le ruisseau est devenu au fil desans l’égout d’une bonne partie du village de Xhendelesse et lavie paisible des propriétaires de ce bout de terrain s’est transfor-mée en enfer.

En décembre 2014 (Eco Karst 98), la CWEPSS se faisait l’échode la gestion aberrante des eaux usées à Xhendelesse et desdégâts causés tant aux propriétaires qu’à l’environnement. En2015, nous avons pris part à plusieurs réunions de concertationavec les parties impliquées (propriétaires, commune, intercom-munale des eaux, police de l’environnement) pour tenter de trou-ver une solution durable à ce problème. Deux de nos rapportsproposaient des solutions concrètes et finançables, mais ces re-commandations sont restées lettre morte.

Cette situation affolante a même ému les médias ; fin 2015, RTLa ainsi consacré une émission de la série Images à l’Appui aucalvaire vécu par les riverains du bief devenu égout.

Depuis lors, on doit faire le constat amer que le temps passe etque rien de ne bouge. Beaucoup de paroles, des responsabilitésrenvoyées des uns aux autres, des problèmes de budgets et desprojets d’épuration dont la concrétisation est à chaque fois post-posée, voire même remise en cause ! A aucun moment, le bien-être des riverains, l’état déplorable de leur cadre de vie ou la vul-nérabilité du karst ne semblent être pris en compte… alors qu’ils’agit là aussi de vraies priorités !

Fig.1. Bassin d’alimentation du Bief de Xhendelesse aboutissant auchantoir situé à l’entrée des calcaires

Fig 2 Préalablement un tuyau souple amenait les eaux usées jusqu’aupoint de perte; aujourd’hui le système séparatif a été désamorcé, pour dil-luer quelque peu la charge polluante, mais c’est la même quantité d’eauusée qui se déverse sans épuration dans le chantoir (photo 2017).

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La micro station non retenuePour sortir du blocage lié aux problèmesd’investissements et d’infrastructure repor-tant la construction de la STEP de la Tur-lurette aux calendes grecques, nousavions proposé une solution locale et “surmesure” pour épurer Xhendelesse. L’exis-tence d’un système séparatif pour leseaux permettrait facilement de placerquelques mètres en amont du chantoirune micro station (entre 150 et 250 équi-valents habitants) qui puisse traiter leseaux, avant leur renvoi dans le chantoir.Un tel système, compact (35 m²) et relati-vement bon marché (un premier devis es-timait l’installation à 80.000 €) aurait tout àla fois :

- limité les nuisances pour les riverains,- réduit la charge polluante pénétrant sous

terre,- retenu les éléments en suspension bouchant

l’exutoire et créant des inondations,- tout en maintenant l’hydrologie locale et l’ali-

mentation du chantoir.

C’est la gestion, l’entretien et le suivi decette petite station qui faisait peur aux au-torités en charge de l’épuration… bien quede tels systèmes aient été aujourd’hui ins-tallés sur des centaines de sites en Wallo-nie et en Europe avec succès.

On nous a également répondu que cet in-vestissement ferait « à terme » doubleemploi avec la station prévue à la Turlu-rette (fig 5)… Or l’existence même decelle-ci est aujourd’hui remise en causepour des raisons budgétaires.

Le coût des conduites pour prolonger leségouts de Xhendelesse jusqu’à la Turlu-rette était par ailleurs bien plus élevé quela solution locale que nous proposions.

Le combat continueLes propriétaires ont fait preuve d’une pa-tience inouïe dans l’espoir d’une solutionnégociée pour limiter les nuisances liéesaux eaux usées se déversant sous leursfenêtres. Ils sont aujourd’hui écœurés parle manque de considération dont ils fontl’objet, mais restent déterminés :

- Martine ne se laisse pas faire et n’apas peur d’envoyer des messages auxresponsables communaux quand lapollution se fait insupportable ou parti-culièrement « inquiétante » (fig. 6). Cequi arrive souvent, surtout avec l’arri-vée des beaux jours pendant lesquelsla température plus élevée amplifie lessensations olfactives…

- C’est leur qualité de vie qui est en jeu ;le fait même de sortir dans le jardinaux beaux jours est un supplice et si,par bonheur (?) il fait froid ou que levent détourne les miasmes, ils sont at-terrés à la vue du fond du ruisseau grispelucheux d’amas de bactéries (coli-formes fécaux et autres) sur lequelpassent les déjections humaines mê-lées de papiers hygiéniques…

Avec le soutien de leur assurance « pro-tection juridique », ils ont pris un avocatafin de porter plainte et de mettre en de-meure les organismes responsables de lasituation invivable dans laquelle ils setrouvent.

C’est ainsi qu’ils réclament aujourd’huides astreintes, tant à la commune qu’àl’AIDE et à la SPGE (organismes encharge de la gestion des eaux usées),pour forcer une décision et qu’une amélio-

ration notoire et durable soit apportée àleur cadre de vie.

Fig. 3. Périodiquement, la commune vient curerle ruisseau en amont du chantoir. Ces travauxlourds qui engendrent des dégâts à la propriété,n’ont un effet que très temporaire.

Fig. 4; Fin 2014, une pollution aux hydrocarbures avait affecté le bief (via les égouts). La police del’environnement avait dû sécuriser le site (barrage flottant) et rechercher l’origine de ce polluant.

et ça discute toujours...Parallèlement à la procédure judiciaireen cours, la commune de Herve sou-haite maintenir le dialogue avec lesplaignants... tout en réfutant toute ré-sponsabilité dans cette triste affaire.

La commune insiste ainsi sur son exé-cution “à la lettre” de ses engagementsconvenus lors dès réunions organiséeschez les propriétaires, à savoir le mail-lage et le by-pass de la canalisation enamont et le curage régulier de la der-nière chambre de visite ainsi que duruisseau sur votre terrain.

Ces différentes mesures doivent per-mettre d'atténuer quelque peu les nui-sances associées aux eaux usées sedéversant dans une propriété privée, enattendant la la mise en service de laStation d’Epuration.

La commune rappelle qu’elle a pu obte-nir de la SPGE que ces travaux soit ins-crits dans son plan d'investissement.Ce dossier est d'ailleurs maintenant enbonne voie puisque le Ministre desPouvoirs locaux vient d'avaliser le pland'investissement, permettant ainsi àl'AIDE et à la Ville de lancer le dossierde désignation du bureau d'étudechargé du projet....

Ce n’est hélas pas la première foisqu’une telle promesse a été formuléesans confirmation officielle et on attendtoujours des réalisations concrêtes etdurables à propos de ces rejets.

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La procédure (par ailleurs assez complexe vu le nombre d’inter-venants et la façon dont tous se rejettent les responsabilités) esten cours. Les parties déposeront leurs conclusions (réquisitoire)d’ici fin août 2017 au tribunal de première instance de Liège / Di-vision Verviers. C’est sur base des différents arguments avancésqu’un jugement sera prononcé et qu’une décision sera ensuite“imposée”.

Au-delà du cas tragique des propriétaires de ce chantoir devenucloaque, le résultat de cette procédure pourrait avoir force de ju-risprudence et définir en partie notre rapport et nos droits vis-à-vis d’une eau convenablement épurée. Nous suivrons donc avecpassion et angoisse l’aboutissement de ce processus juridique.

conclusionLa qualité des eaux souterraines, des eaux de surface ainsi que

des écosystèmes et des ressources (notamment les eaux pota-bles) qui y sont liés, justifie les lourds investissements consentisdans ce secteur depuis plus de 20 ans en Wallonie. Pour être ef-ficaces, ces aménagements doivent intégrer l’ensemble du cycleanthropique de l’eau, depuis le captage jusqu’à l’épuration. Si unsegment manque, comme c’est le cas ici où les eaux collectéesne sont pas traitées mais rejetées (dans un chantoir !), l’équipe-ment s’avère incomplet et totalement inefficace.

On constate qu’il existe aujourd’hui un certain nombre de zonesd’épuration collective où des égouts ont été posés, collectant leseaux usées des maisons qui y sont raccordées, sans bénéficierde stations d’épuration à leur exutoire. Il s’agirait d’inverser l’or-dre des aménagements et de commencer par la construction desstations, pour que les égouts puissent dès leur placement êtreraccordés à des unités de traitement fonctionnelles.

Dans le cas de Xhendelesse, une solution doit être trouvée carles nuisances engendrées sont particulièrement fortes :

- Les propriétaires sont incommodés par un égout se déversant di-rectement dans leur terrain (sans leur accord) et y crée des nui-sances olfactives majeures ;

- Ces eaux très chargées en matériaux en suspension et engraisses, colmatent les fissures du karst, entrainant en cas decrue, des inondations qui étaient autrefois inexistantes ;

- Le chantoir réceptacle des eaux usées communique avec desémergences situées à Vaux-sous-Olne (dans la commune voi-sine), dans le très beau site des étangs de la Villa des Hirondelles(zone d’espace vert) qui constitue une zone humide remarquable;

- Il est arrivé (fig. 4) que des pertes d’hydrocarbures (citerne per-cée) viennent se mêler à l’eau usée s’infiltrant dans le chantoir.

Sans traitement collectif des eaux usées dans un délai raisonna-ble, il faudrait envisager de déclasser la zone d’épuration collec-tive dans le bassin du chantoir de Xhendelesse, et d’imposer àchaque habitant de prendre en charge l’épuration de ses eaux(comme c’est le cas en zone d’épuration individuelle).

Georges MICHEL & Francis POLROT

droits et… devoirs appliqués à l’eau uséeLe code civil définit certains aspects liés à la notion de pro-priété, de jouissance d’un bien et de troubles du voisinage,qui peuvent dans le cas présent s’appliquer à l’eau.

Le Code Wallon de l’Eau complète cet arsenal législatif, enprécisant le statut de l’eau, les actes délictueux en matièrede pollution et les obligations (dans le chef du citoyen essen-tiellement) en matière d’épuration selon les zones où l’on ha-bite.

Le cas particulier de Xhendelesse soulève des questions juri-diques plus générales sur la gestion de l’eau et les règlesquant aux rejets dans le milieu. Nous avons formulé un en-semble de questions juridiques “de bon sens” et parfois unpeu naïves concernant la gestion des eaux usées, les possi-bilités de recours et les responsabilités dans ce domaine.

Ces questions restent ouvertes car il ne nous a pas été pos-sible d’obtenir des réponses dans les délais impartis pour cetarticle. On espère néanmoins qu’elles seront évoquées lorsde la procédure judiciaire et on est preneurs pour tout éclair-cissement à ce propos.

1/ Un rejet d’eau d’égout directement dans un cours d’eauet/ou dans un chantoir : est-ce légal?2/ La concentration et la nature des polluants présents ont-elles un impact sur le caractère illégal du déversement ?(p.ex : fuite d’hydrocarbures) ?3/ En cas de constat d’un rejet d’eaux usées, qui peut porterplainte ? Contre qui ? Auprès de quelle juridiction ?4/ Au-delà du préjudice individuel pour les propriétaires(“trouble de voisinage”), quid d’un recours “au nom de l’envi-ronnement” par une association se portant partie civile ?Quelles preuves à apporter ? 5/ En cas de pollution, y a-t-il une différence si la plainte viseun pouvoir public ou un particulier ? 6/ La construction d’une micro-station peut-elle être invoquéepour exproprier une portion de terrain ? 7/ Est-il possible d’envisager une révision du PASH locale-ment et de revenir à une zone en épuration individuelle au-tour de Xhendelesse, vu l’absence de solution collective pourrecevoir les eaux usées ?8/ Peut-on réclamer un moratoire sur les nouvelles construc-tions dans le bassin (qui augmenteraient la charge pol-luante), tant qu’une solution d’épuration n’est pas mise enplace ? 9/ Existe-t-il une jurisprudence (des cas similaires à Xhende-lesse) ayant abordé ces questions ?

fig. 5. L’égouttage à Xhendelesse. selon le PASH. La station d’épurationen projet est devenue hypothétique, alors que la Zone d’AménagementCommunal Concerté (ZACC – en hachuré) constitue une réserve fon-cière qui pourrait être lotie dans le futur.

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N° 108 - Juin 2017Eco Karst 23

LeS « poLLuantS émerGentS » et LeS nappeS WaLLonneSLa protection des captages (et plus généralement des eaux souterraines) passe par le suivi quantitatif et qualitatif des massesd’eaux. Comme le prévoit la Directive Cadre sur l’Eau, le diagnostic du bon état des nappes se base sur un certain nombre de sitesde référence, où les eaux sont régulièrement analysées afin d‘évaluer leur qualité et les tendances de leur évolution (voir Masset etal dans ce volume).

En Wallonie, les nappes calcaires (qui contribuent le plus à l’apport en eau potable) sont globalement déclarées en bon état chi-mique, bien que certains points de prélèvements dans le Condroz présentent une tendance à la détérioration. Cette classificationse base sur leur concentration en substances chimiques classiques (nitrates et pesticides). Mais en irait-il de même si l’on prenaitégalement en compte les « polluants émergents » ? A savoir ces nouvelles substances synthétisées par l’homme, dont les effetsne sont pas encore connus avec certitude, tant pour la santé (potentiellement cancérigènes, pouvant modifier le matériel génétiqueou encore perturbateurs endocriniens) que pour le milieu naturel ?

L’article qui suit précise ce qu’est un polluant émergent, pourquoi et comment leur présence dans l’environnement est étudiée, enparticulier dans les eaux souterraines. Disons d’emblée que, selon les premières analyses, nos eaux souterraines seraient très gé-néralement épargnées par ces substances ; leur intégration dans l’évaluation du bon état des masses d’eaux souterraines n’entrai-nerait pas pour la Wallonie une détérioration de leur bon état chimique. Mais il convient de rester vigilant…

un réseau de 400 sites de surveillanceLa surveillance des 33 masses d’eau souterraine de Wallonie estdevenue systématique à partir de 2007, en vue de l’élaborationdes premiers plans de gestion des districts hydrographiques(PGDH),requis par la Directive-Cadre sur l’Eau. Un réseau decontrôle mixte, constitué pour moitié de captages d’eau potableet pour moitié de points d’eau dits patrimoniaux, servant à d’au-tres usages ou non utilisés (piézomètres et sources), fut pourcela conçu et géré par la Direction des Eaux souterraines. Ce ré-seau comprend environ 400 sites de prélèvement dans nosnappes.

On constate que la densité des sites de contrôle est plus impor-tante dans le bassin de l’Escaut que dans l’espace Rhin-Meuse.Ceci est lié à l’existence plus fréquente de masses d’eau super-posées (zones hachurées), et résulte de la plus forte pressionexercée par l’activité humaine. En cas de pressions diversifiées,cette densité (dont la base est de 1 site par 100 km2) peut attein-dre 1 site par 25 km2.

A l’issue des premiers PGDH, fin 2015, le diagnostic de l’état chi-mique des masses d’eau souterraine est le suivant :

- 20 masses d’eau en bon état chimique, dont 8 comportent cependantdes risques de détérioration (notamment dans le Condroz) ;

- 13 masses d’eau en mauvais état chimique.

Sans grande surprise, les nitrates et les pesticides (qui avaientfait l’objet des premières normes européennes de qualité deseaux souterraines) sont confirmés comme responsables de lagrande majorité des problèmes de qualité de nos eaux souter-raines, tout comme dans les régions voisines.

A côté de ces paramètres apparaissent des macro-polluants(ammonium, phosphore, carbone organique) qui témoignent del’intrusion dans les masses souterraines, d’eaux usées ou d’eauxde surface polluées, potentiellement accompagnées de subs-tances plus persistantes.

Qu’est ce qu’un polluant “émergent”On entend par « émergentes », des substances qui ont déjà étédétectées dans l’environnement aquatique mais qui ne font pasencore l’objet d’une surveillance et dont le comportement (et afortiori l’avenir) dans le cycle de l’eau sont mal connus ; à partirde là, on peut définir un polluant émergent comme une subs-tance potentiellement néfaste pour la santé humaine ou lesécosystèmes aquatiques et qui n’est pas encore inclusedans les programmes de surveillance des eaux requis parles directives européennes.

Depuis plusieurs années, le réseau NORMAN des laboratoiresde référence, centres de recherche et autres organisationsconcernées, recense et qualifie ces substances. En 2016, la listeNORMAN compte un millier de substances préoccupantes, clas-sifiables par exemple selon les familles et usages suivants : mé-dicaments, produits de soin corporel, biocides, agents anticorro-sion, retardateurs de flamme, plastifiants, composés perfluorés,détergents, produits chimiques divers…

Fig. 1 – La Wallonie a constitué un très dense réseau de surveillance del’état chimique et quantitatif des masses d’eau souterraines – Etat desnappes (Dir. Eaux souterraines, déc. 2016).

Fig. 2. Rejets d’eaux usées directement dans le karst et les eaux souter-raines à Marchin (mars 2014). Risque de contamination pour les eauxsouterraines en “polluants classiques”‘ mais aussi en substances émer-gentes présentes dans les eaux d’égout.

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Historiquement, ce sont principalement lesperturbations constatées pour certainesespèces aquatiques qui ont progressive-ment amené la prise en compte des pol-luants émergents, avec la Directive-Fille2008/105/CE relative aux normes de qua-lité environnementale pour les substancesdites prioritaires.

Le principe d’une liste de vigilance a éga-lement été retenu en 2013 dans les eauxde surface européennes, pour la surveil-lance de nouvelles substances candidatesà être évaluées comme prioritaires ; lespremières substances à surveiller ont étéfixées en 2015 (essentiellement des médi-caments, des hormones œstrogènes etdes substances biocides).

La Directive-Fille relative à la protection etla non-détérioration des eaux souterraines(revue en 2014) prévoit une liste de vigi-lance spécifique aux eaux souterraines.Celle-ci est proposée sur base volontaire,ce qui signifie que les Etats-membres quise sentent les plus concernés par les pro-blématiques émergentes (en pratique,principalement l’Europe occidentale ycompris la Suisse) effectuent les pre-mières investigations et les communi-quent, afin que la Commission puisse éva-luer et retenir les substances pertinentespour la fixation de normes de qualité oude valeurs-seuils pour les masses d’eausouterraines.

Ces valeurs-seuils sont des normes dequalité qui doivent être fixées par lesEtats-membres en fonction des risques lo-calement constatés sur les eaux souter-raines et en tenant compte des fonds géo-chimiques naturels de ces aquifères.

etudes-pilotes sur les produit phar-maceutiquesUn premier exercice concluant a été menéen 2015 sur des produits pharmaceu-tiques et vétérinaires et les travaux deconception de cette liste de vigilanceavancent au sein du groupe de travailcommunautaire sur les eaux souterraines(WG_GW). [voir R. WOLTER, R. KOZEL &al., CIS WG GW, Watch list concept paper –draft version 8.3, October 2016]

Globalement, les substances qui serontretenues comme polluants pour les eauxsouterraines seront celles qui:

- ont déjà été détectées significativementen Europe (colonne I)

- OU dont l’usage et les quantités utili-sées ainsi que les propriétés physico-chimiques (notamment leur persistanceet leur mobilité dans l’eau) font qu’ellessont susceptibles d’atteindre les nappes(colonne II),

- ET qui présentent des risques pourl’homme (via l’eau de boisson) OU lesécosystèmes (colonne III).

Pour ce dernier critère, trois caractèresparticuliers sont envisagés par les expertspour établir les priorités : la classificationREACH [Règlement européen n°1907/2006 relatif à l’autorisation de misesur le marché des produits chimiques]comme substance PBT (Persistance,Bioaccumulation et Toxicité), ses proprié-tés CMR (Cancérigène, Mutagène et Re-protoxique) et ses effets potentiels de per-turbation endocrinienne (PE).

Les polluants émergents traquésdans les eaux wallonnesLa Wallonie est membre actif du groupede pilotage européen de la liste de vigi-lance. Depuis 2013, elle s’est engagéedans un important programme de re-cherche des substances émergentes surl’ensemble du cycle hydrique wallon, pourévaluer les risques que celles-ci peuventposer pour la santé humaine et l’environ-nement. Trois centres de recherche, laSociété wallonne des Eaux (SWDE), l’Ins-titut scientifique de Service public (ISSeP)et le Centre de Recherches agronomiqueswallon (CRA-W), se sont pour cela asso-ciés en un groupement d’intérêt scienti-fique de référence dans le domaine deseaux (GISREAUX) pour développer desméthodes analytiques de pointe.

Un premier projet, baptisé imHotep etconfié à la SWDE, est sur le point de seterminer. Il visait à établir un inventairedes résidus dans nos eaux de médica-ments d’usage humain ou vétérinaire; soit50 substances ou métabolites (moléculesrésultant de la dégradation partielle de lasubstance active dans l’organisme ou l’en-vironnement). Ceci a nécessité un pro-gramme de 1500 échantillons en 3 ans,prélevés sur les eaux usées (sortie desstations d’épuration), les eaux de surface,les eaux souterraines, les eaux des cap-tages et les eaux distribuées.

Les résultats du projet IMHOTEP sont to-talement rassurants pour les eaux souter-raines : on observe quelques contamina-tions sur la partie patrimoniale du réseaupar des antidouleurs de grande consom-mation tandis que les captages s’en avè-rent pratiquement exempts. Ce sont,comme attendu, les masses d’eau pou-vant subir des intrusions d’eau de surface,et en particulier les masses d’eau desplaines alluviales ou à caractère karstique,qui présentent localement les teneurs lesplus élevées en résidus de médicaments.

Des études de cas sont planifiées autourde points significativement contaminés,pour mieux comprendre l’origine et lecomportement de ces résidus dans leseaux souterraines, notamment l’influencedu type d’épuration (autonome/collectif),de l’état des réseaux d’égouttage et de lasubsistance d’habitations non raccordées.

Un deuxième projet, appelé biodien etconfié aux trois partenaires du GIS-REAUX, a démarré en 2014 et porte surles perturbateurs endocriniens avérés oususpectés. Au total, 150 molécules ont étéinvestiguées par ces laboratoires, sur en-viron 120 sites de prélèvement d’eau sou-terraine. Les substances étudiées sontdes biocides (insecticides tels les pyréthri-noïdes ou les néonicotinoïdes mis enFig. 3 – Schéma de principe et de décision établi pour l’élaboration de la liste de vigilance pour les

eaux souterraines, concernant les substances émergentes.

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cause pour la désorientation des abeilles, fongicides de type tria-zoles…) et des produits plus courants comme les phtalates (ma-tières plastiques), les alkylphenols (détergents) ou les composésperfluorés (revêtements antiadhésifs).

Ici encore, on a constaté très peu d’intrusions et donc une excel-lente résilience de la part de nos eaux souterraines. Les pre-mières conclusions indiquent par exemple que le glyphosate,herbicide bien connu, et son métabolite AMPA ont très peu d’inci-dence sur la qualité des eaux souterraines, sans doute parcequ’ils se dégradent rapidement dans les sols. Par contre, cer-tains métabolites de produits phytosanitaires utilisés dans lescultures de la betterave, du froment et du colza, peuvent attein-dre localement des concentrations importantes qui justifient lafixation de valeurs-seuils afin de prendre les mesures qui s’impo-sent pour la protection de nos captages.

Enfin, un troisième projet, baptisé Semtep et toujours confié auGISREAUX, a démarré en avril 2016. Il porte sur quelques fa-milles préoccupantes comme les perchlorates apportés par lesengrais chiliens et les stockages souterrains de munitions lors dela 1ère guerre mondiale et les hydrocarbures chlorés retrouvésaux alentours de certains sites de contamination. Les analysessont en cours et les résultats sont attentdus fin 2017.

conclusionD’après le résultat des premières analyses et études-pilotes me-nées sur les polluants émergents, on peut se réjouir du bon étatactuel de nos eaux souterraines qui, hormis le cas particulier desmétabolites de pesticides, apparaissent dans un premier tempsassez systématiquement très saines. Ceci n’est pas le cas géné-ral lorsqu’on compare ces résultats avec ceux des pays voisins...où une application stricte du principe de précaution pourrait en-trainer la fermeture d’un nombre important de captages.

Vu la nature accumulative de certaines des substances émer-gentes ainsi que le temps de transfert parfois de plusieurs di-zaines d’années pour que des substances s’infiltrent depuis lasurface jusque dans les nappes (dans les craies de Hesbaye no-tamment), la vigilance reste de mise. Il faudra donc suivre l’évo-lution de la concentration de ces substances dans les années àvenir et les intégrer dans l’estimation de la bonne qualité chi-mique des eaux. La mesure la plus efficace reste de limiter aumaximum la dispersion de ces polluants dans l’environnement,en règlementant et en réduisant au maximum l’usage des pro-duits ayant l’impact le plus lourd et le plus durable sur l’environ-nement.

Francis DelloyeSPW- DGO3 – Direction Eaux souterraines

Fig. 4. Le ruisseau de Méan s’engouffre sous terre et entraine avec lui al-luvions et substances liées à l’exploitation agricole.

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« dépoLLution » in Situtraitement biologique des sols et nappes contaminés

normes, seuils & préventionLe dépassement de la valeur d’intervention (seuil au-delà du-quel un assainissement est requis) des polluants mis en évi-dence lors d’une étude nécessitera une gestion des risques ouun assainissement du site contaminé.

Les sites contaminés font partie intégrante de notre environ-nement, que la pollution soit historique, récente, d’origine in-dustrielle ou domestique, accidentelle ou simplement induitepar des comportements quotidiens semblant « anodins »mais aux conséquences environnementales parfois lourdes.

La législation environnementale en Europe prévoit que si lesconcentrations observées dans un sol ou dans une nappesouterraine dépassent les normes fixées en fonction del’usage du site, le responsable du terrain (le propriétaire oule pollueur) est tenu d’assainir ce site contaminé (principe dupollueur-payeur).

En Région wallonne, ces normes sont reprises dans le Dé-cret Sol. Le travail d’évaluation et de remédiation doit êtrenécessairement confié à un bureau d’études agréé en tantqu’ « expert sol » . Une analyse et un certificat concernant le« bon état du sol » doit être obtenu lors du renouvellementd’un permis, de la vente d’un terrain et/ou suite à un incidentou accident, une plainte…

Ces valeurs sont exprimées pour les sols en mg/Kg de matièresèche et en µg/l pour les eaux souterraines. A titre d’exemple,quelques gouttes de mazout de chauffage dans 1000 l d’eau suffi-sent à contaminer ce volume au regard des normes fixées ; quedire de la fuite de centaines de litres de mazout d’une citerne destockage dans l’environnement ?

La meilleure manière de protéger notre environnement est de nepas le polluer ! La protection de l’environnement doit être unepriorité chacun au quotidien.

Fig. 1 – Extension d’une contamination en mazout de chauffagesuite à la fuite d’une citerne enterrée.

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Le recyclage des huiles, solvants, pesti-cides et produits chimiques divers doitêtre systématique. Le tout à l’égout ou “aufond du jardin” sont inacceptables car ces« gestes domestiques » peuvent avoir delourdes conséquences. Le contrôle régu-lier et la mise en conformité des citernesaériennes et enterrées doivent être réali-sés périodiquement.

Le karst, une vraie passoire !Le karst, de par sa spécificité, est un mi-lieu extrêmement sensible aux pollutionsde surface; les fractures au sein du karstsont de véritables autoroutes véhiculantrapidement et sur de longues distancesles polluants rencontrés à un point deperte. Ils peuvent alors contaminer d’im-portants volumes d’eau souterraine entrès peu de temps. Lorsque les terrains decouverture sont peu épais ou mêmeinexistants, cette infiltration vers lesnappes est d’autant plus rapide.

assainissement ex situ ou in situL’assainissement d’un site pollué est réa-lisé, en fonction de la nature et de l’exten-sion de la pollution, par la mise en œuvred’une ou plusieurs techniques combinées.Le type de terrains rencontrés, la perméa-bilité du sol au droit du site, la présenced’eau souterraine…, sont autant de fac-teurs déterminant le choix de la méthodo-logie d’assainissement.

L’excavation des sols contaminés est latechnique généralement appliquée enWallonie. Les volumes de terre contami-nés sont transportés en centres de traite-ment agréés pour y être traités et valori-sés ; ces procédés sont qualifiés d’ex situcar la pollution n’est pas traitée sur site.

Les techniques in situ complètent ou rem-placent l’excavation des sols, en propo-sant par exemple le pompage et le traite-ment des eaux contaminées, la désorptionthermique (chauffage et volatilisation des

polluants), la bio remédiation in situ dessols et nappes contaminés, l’injection deproduits destinés à dégrader la pollution...

La nature étant bien faite, elle peut dégra-der les pollutions, en particulier les huilesminérales (de type hydrocarbures) et lessolvants. Les moisissures, champignonset micro-organismes naturellement pré-sents dans l’environnement peuvent, si lesconditions leur sont favorables, “digérer”les polluants constituant une sourced’énergie pour ceux-ci.

Cet assainissement qualifié d’ « atténua-tion naturelle » est cependant extrême-ment lent et souvent incomplet.

La bioremédiation in situCette technique d’assainissement tire pro-fit des capacités auto-épuratrices du mi-lieu en stimulant la capacité de biodégra-dation de l’écosystème. Sa mise en œuvresur site nécessite une connaissance ap-profondie de l’hydrogéologie locale afin degarantir un traitement efficace.

L’eau souterraine contaminée du site estpompée via des puits ou drains et achemi-née vers une unité de traitement, où elleest traitée par voie biologique.

Après traitement, cette eau est réinjectéeen périphérie de la zone polluée, dans lespremiers horizons du sol contaminé. Lespuits de pompage étant plus profonds etdisposés au centre de la zone contami-née, un « lavage progressif » du sol estréalisé par la mise en circulation de l’eautraitée. Une partie de l’eau traitée est reje-tée afin de créer un confinement hydrau-lique et éviter la dispersion de la pollution(fig. 3).

Deux écoles : la bio-stimulation et labio-augmentation

Avant réinjection dans le sol, l’eau traitéeest enrichie en nutriments favorables aumétabolisme des microorganismes capa-bles de dégrader la pollution. Ces microor-ganismes sont généralement présentsdans le milieu pollué car capables d’y croî-tre (une sélection naturelle s’est opéréedepuis l’évènement polluant) mais leur dé-veloppement est souvent limité par la ca-rence en nutriments.

Cette approche de « bio-stimulation »consiste donc à apporter aux microorga-nismes endogènes, naturellement pré-sents dans le milieu, les nutriments dontils ont besoin pour favoriser leur crois-sance. La bio-augmentation nécessite lesmêmes infrastructures de terrain mais enplus de la bio-stimulation, des souchesspécifiques de micro-organismes, sélec-tionnées en laboratoire, sont introduitesdans le système.

Ces souches sont sélectionnées en fonc-tion de leur capacité à se développer dansles conditions particulières du site conta-miné et en fonction de leur potentiel dedégradation des polluants ciblés. On in-jecte avec les nutriments les organismesbiologiques qui vont faire le « travail denettoyage ».

Mise en œuvre de la bio-remédiation

Un assainissement par bio-remédiationnécessite une approche multidisciplinairepour garantir l’efficacité du traitement. Lesdonnées suivantes doivent être rassem-blées préalablement et durant le traite-ment :

- caractérisation du site pollué, avec identifica-tion detoutes les sources de contamination.

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Fig. 2 – Installation d'un système de traitementpar bioremédiation in-situ sur un site industriel.

Fig. 3 – Unité Mobile de Bioremédiation conçue et mise en oeuvre par Sanifox

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- fonctionnement de l’hydrogéologie locale pourplacer adéquatement un nombre suffisant depuits et/ou drains servant au pompage et àl’infiltration des eaux. Ceci afin de garantir unebonne dispersion, aux bons endroits, des so-lutions injectées.

- modélisation des écoulements souterrains(via pompage d’essai et traçages) pour déter-miner la perméabilité du sol, les directions etvitesses de dispersion au droit du site pollué,afin de garantir la dispersion efficace des so-lutions injectées.

- suivi des paramètres physico-chimiques dumilieu, pour optimiser le métabolisme des mi-cro-organismes.

- analyses chimiques régulières pour doserl’apport en nutriments dans l’eau injectée.

- suivi microbiologique, pour évaluer la crois-sance des micro-organismes présents.

Pour une bio-stimulation, la population en-dogène (naturelle) sera dénombrée surboîtes de cultures afin d’évaluer son déve-loppement. Si leur survie est compromise,un apport de souches spécifiques pourraêtre réalisé par bio-augmentation.

Le suivi microbiologique est encore plusimportant lors d’un assainissement parbio-augmentation : la survie et la crois-sance des souches apportées nécessitentd’optimiser les conditions de terrain pouréviter tout problème de compétition avecles souches naturellement présentes.

Quel budget ?Le budget à consacrer à l’assainissementd’un site pollué varie selon la nature despolluants, l’accessibilité à la pollution, sadispersion, la profondeur de la zonecontaminée, le contexte local (les zonesfortement urbanisées étant moins évi-dentes à excaver) et de la présence debâtiments à proximité (problèmes éven-tuels de stabilité). Chaque site pollué faitl’objet d’un projet d’assainissement rédigépar un expert sol et soumis aux autorités.

De la simple excavation hors eau souter-raine très localisée et à faible profondeur,au projet complexe comprenant excava-tion, mesures de stabilité et de confine-ment hydraulique associées à des tech-niques in situ sur une période de plusieursmois, le budget à consacrer à l’assainisse-ment d’un site peut varier de quelques mil-liers à plusieurs millions d’euros.

Spécialité et polyvalence requiseLa mise en oeuvre de ces techniques in-situ requière une polyvalence du fait desnombreux paramètres à gérer afin d’obte-nir les résultats escomptés. Hydrogéolo-gie, microbiologie, physico-chimie, hy-draulique sont autant de compétencesréunies par notre société, Sanifox, spécia-lisée depuis 2002 dans ces techniques.

L’atteinte des objectifs d’assainissementdans le cadre d’un projet in-situ requièreune compréhension fine des chemins etsens de dispersion de la contaminationprésente afin de pouvoir traiter efficace-ment cette dernière. La détermination pré-cise de ces vecteurs de dispersion peutnécessiter une phase de modélisation ma-thématique des flux souterrains qui estégalement réalisée en interne par Sanifox.

La bioremédiation in-situ permettra d’as-sainir des zones complexes présentantpar exemple une contamination étenduesur plusieurs parcelles bâties en zone ur-baine, là où l’excavation n’est pas envisa-geable du fait des coûts engendrés et desproblèmes de stabilité.

en guise de conclusionBien que les techniques d’assainissementpuissent souvent réparer les dommagesinfligés à notre environnement, les risquesenvironnementaux et les budgets consa-crés à réduire ou supprimer ceux-ci sontsignificatifs. Aussi, une fois encore, la pol-lution la plus facile à assainir est celle quel’on n’a pas générée…

Benoit LavigneSanifox

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de l’eau pour tous, en quantité etde qualité suffisanteL’eau n’est pas un bien comme les autres:sans elle c’est la vie qui s’arrête. Les Na-tions Unies ont d’ailleurs reconnu le Droità une eau potable propre et de qualité et àdes installations sanitaires comme un droitde l’Homme, indispensable à la pleinejouissance du droit à la vie. Au niveau eu-ropéen, l’eau est considérée comme“bien public revêtant une importancefondamentale” et, du fait de son impor-tance sociale et économique, l’eau faitpartie des services d’intérêt général cequi, entre autre, confère le droit de chaquepays de l’UE de choisir la façon dont lesservices sont fournis et oblige à garantirun niveau élevé de qualité, de sécurité etd’accessibilité, une égalité de traitement etune promotion de l’accès universel et desdroits des utilisateurs.

L’eau a de nombreux usages. Les activi-tés et utilisations multiples exercent despressions sur la ressource, au niveauquantitatif et surtout qualitatif. Avec untaux d’exploitation (Water exploitation in-dex *) estimé à 5%, la Wallonie est loind’être en situation de stress hydrique.

Néanmoins, l’approvisionnement peut êtreproblématique dans certaines régions et lasurexploitation de certaines nappes ne

doit pas être considérée comme négligea-ble (voir M. Dreze dans ce volume). Parailleurs, la Wallonie est caractérisée parun grand nombre de prises d’eau disper-sées sur le territoire mais fournissant unfaible volume. Afin d’éviter toute éven-tuelle difficulté d'approvisionnement eneau potable, la Wallonie s’est dotée d’unSchéma régional d’exploitation des res-sources en eau qui s’inscrit dans une lo-gique de planification des investissementsnécessaires au bon fonctionnement du ré-seau d’approvisionnement et surtout d’op-timisation des coûts.

protection de la ressource et deses services associés : un coût àrécupérerL’enjeu en Wallonie est avant tout de ga-rantir une qualité d’eau suffisante pour lesdifférentes fonctions qu’elle remplit (eaudestinée à la consommation humaine, eaude baignade, milieux aquatiques d’intérêtbiologique, préservation d’espèces qui re-quièrent une eau d’excellente qualité…).Ainsi les mesures de protection et de trai-tement de l’eau pour garantir la qualité dé-sirée ont un coût qui doit être payé par lesdifférents utilisateurs.

Au niveau européen, la notion de coût desservices liés à l’eau est centrale et consti-tue une base pour mettre en œuvre leprincipe pollueur-payeur. Par “servicesliés à l’eau”, on entend principalement laproduction et la distribution d’eau potable,le pompage et l’utilisation d’eau pour l’acti-vité industrielle (ex.: refroidissement descentrales électriques) et agricole, l’assai-nissement ainsi que le coût des pollutionsdes milieux naturels.

L’article 9 de la Directive cadre sur l’eau(DCE) impose d’ailleurs aux Etats mem-bres de mettre en œuvre le principe de ré-cupération des coûts des services liés àl’eau à travers, notamment, d’une tarifica-tion qui favorise un usage économe de laressource et la préservation des milieuxaquatiques. En outre, les différents sec-teurs économiques, parmi lesquels on dis-tingue principalement le secteur industriel,le secteur des ménages et le secteur agri-cole, doivent “contribuer de manière ap-propriée à la récupération des coûts desservices de l'eau, sur la base d’une l'ana-lyse économique et du principe du pol-lueur-payeur.”

Financement du recouvrement descoûtsPlusieurs voies existent pour financer lesservices liés à l’eau : la tarification, lataxation mais également des transfertsentre régions/pays. En Wallonie, commedans la plupart des régions européennes,le choix est porté sur le principe du coût-vérité, c’est-à-dire l’application d’une tarifi-cation qui couvre au maximum les coûts,ce qui permet de rencontrer différents ob-jectifs : la stabilité du financement pourune gestion durable de l’eau, la promotiond’un usage rationnel de l’eau et une maî-trise de la facture des ménages.

Au niveau de la facture des ménages,l’application du coût-vérité se fait sur based’une structure tarifaire uniforme quicherche à couvrir intégralement les coûtsdes services de production, protection,distribution et assainissement (égouttage,collecte et épuration des eaux usées).

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LeS enJeux LiéS au prix de L’eau

Si l’eau est abondante en Wallonie, elle n’en constitue pas moins une richesse et unbien de première nécessité qu’il y a lieu d’exploiter et de préserver au mieux. Cetteressource essentielle est vulnérable et sa bonne qualité doit être garantie pour tous.Les mesures de protection et d’investigation en faveur des eaux de surface et souter-raines (édictées en grande partie par la législation européenne) doivent garantir laquantité et la qualité de la ressource pour aujourd’hui et pour les générations futures.

Cette exigence d’une eau de qualité pour tous impose une surveillance, de nom-breuses interventions et une élimination des polluants (en particulier via l’épurationdes eaux usées), qui a un coût… d’autant plus élevé qu’on fixe des normes strictespour l’eau. L’eau de qualité a donc un prix… qui se répercute parfois durement surcertains consommateurs

On constate donc, comme pour l’énergie, une augmentation constante du prix del’eau payée par le citoyen consommateur. Ces hausses répétées de notre facture sejustifient-t-elle ? Comment recouvrir les coûts liés à l’utilisation de l’eau de manièresolidaire et équilibrée entre les différents consommateurs ? A terme doit-on craindreune véritable « fracture hydrique » qui rendrait l’accès à l’eau plus difficile pour unepartie de la population ?

Les enjeux de santé publique liés à l’eau pota-ble sont en partie remplacés par des préoccu-pations économiques - gravure XIXe siècle -Londres.

* Water exploitation index Ou taux d’exploitation de la ressourceen eau. Il correspond au rapport entreles volumes prélevés (déduction faitedes volumes restitués (fuites et eauxde refroidissement) et les ressourcestotales en eau.Des valeurs supérieures à 20% indi-quent une situation de stress hydrique .

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Le coût-vérité de distribution (CVD) et lecoût vérité d’assainissement (CVA) sontles principales composantes tarifaires dece coût-vérité.

pette analyse de la facture d’eau Votre facture comprend une partie fixed’abonnement et une partie variable selonle volume d’eau consommé. On distinguequatre composantes :

• Le coût-vérité de distribution (cvd)reflète les charges relatives à la produc-tion et distribution de l’eau (pompage,adduction, entretien du réseau, raccor-dements…). Il comprend également lecoût de la protection des captages.Pour chaque m3 d'eau consommé, leconsommateur verse 0,0992€ afin depréserver la qualité de l'eau qui est pui-sée dans la source.

Le CVD varie d’un distributeur à l’autreavec parfois d’importants écarts entredistributeurs selon la structure de leurréseau. Il y a actuellement en Wallonie3 types d’opérateurs actifs dans la pro-duction et distribution d’eau : l’opérateurrégional, la Société Wallonne DesEaux, qui dessert 67% de la population,des intercommunales qui fournissent à27% de la population et une trentainede régies ou services communaux quidesservent un peu plus de 5% de la po-pulation.

Les distributeurs d'eau déterminentchaque année le prix de l’eau sur based’un Plan comptable uniformisé du sec-teur de l'eau qui permet aux distribu-teurs de comparer les coûts, entre euxet d'année en année. Toute demanded'augmentation du prix doit d'abord êtresoumise pour avis au Comité decontrôle de l'eau. Cet organisme régio-nal veille à ce que l'évolution du prixaille dans le sens de l'intérêt général etde la politique de l'eau en Wallonie.

La proposition d’augmentation tarifaireest examinée par le SPF de l’Economieet c’est finalement le Ministre fédéral del'Economie qui prend la décision d'ac-cepter ou non l’augmentation.

Au 01/01/2017, le CVD appliqué par : - la CILE (intercommunale liégeoise) : 2,8086

€/m³- La Société wallonne des eaux (SWDE) :

2,62 €/m³- l’IECBW : 2,160 €/m3

Une cartographie des distributeursd’eau est disponible sur le site d’Aqua-wal: http://www.aquawal.be/fr

• Le coût-vérité d’assainissement(cva) couvre la collecte et le traitementdes eaux usées du réseau public. LeCVA est déterminé, pour l'ensemble duterritoire wallon, par la Société Publiquede Gestion de l'Eau, en application ducontrat de gestion qui la lie au Gouver-nement. Le CVA augmente progressive-ment pour couvrir les obligations wal-lonnes en matière d’équipementsnécessaires à l’épuration. Son montantest aujourd’hui fixé à 2,115 €/m³.

• Le Fonds social de l’eau est unecontribution de solidarité qui permetd’intervenir dans le paiement des fac-tures d’eau des ménages en difficulté. Ils'applique à l'ensemble de la Régionwallonne, à l'exclusion de la Commu-nauté germanophone, qui jouit d’uneautonomie en matière d’affaires so-ciales. Le montant de cette redevanceest resté longtemps inchangé mais il aété doublé à partir du 1er janvier 2015pour atteindre 0,025 €/m³

• La tva est de 6% car l’eau est un biende première nécessité.

Quel que soit votre lieu de résidence enWallonie, la structure tarifaire de votrefacture est la même.

Elle comporte différentes tranches déter-minées par le volume de consommation.La TVA s’applique sur toutes les tranches(tabl.1).

Ainsi pour une consommation de 100m³d’eau par an, la facture s’élève en 2017 àun peu plus de 500 € soit environ 5 € dum³ ou 0,005 €/litre. Pour des consomma-tions importantes, au-delà de 50 000m³,le tarif est dégressif.

Le prix de la qualitéLa facture est aussi une source d’informa-tion sur la qualité de l’eau qui vous estdistribuée. En plus de mentionner la pro-venance de l’eau, une série de caractéris-tiques sont détaillées : la dureté, la teneuren minéraux, la teneur en pesticides et ni-trates… La fréquence des analyses estégalement précisée car pour garantir uneeau conforme à la consommation hu-maine, l’eau est constamment soumise àune batterie d’analyses.

Sur l’année 2015, plus de 32 000 prélève-ments et plus de 745 000 analyses per-mettent d’évaluer une série de paramè-tres indicateurs de qualité (fig. 2).

Analyses indispensables pour uneconsommation sans risque dont le coûtne représente que 2.1% du CVD ou unpeu plus d’1% de la facture totale (fig. 2).

Figure 1. Structuration tarifaire de la facture d’eau, reproduction d’une facture type - volet N° 1.

Redevance (partie fixe) 20 CVD + 30 CVA

Tranche de 0 à 30 m³ Par m³ :0,5 CVD + Fonds social

Tranche de 31 m³ à 5000 m³ Par m³ : 1 CVD + 1 CVA + Fonds social

Au-delà de 5000 m³ Par m³ : 0,9 CVD + 1 CVA + Fonds social

Tableau 1. Tranches forfaitaires variant suivant le volume annuel consommé.

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une facture qui augmente ? A l’instar de la facture d’énergie, l’aug-mentation de la facture d’eau est sourced’inquiétude pour de nombreux ménages.Même si cette augmentation est maîtrisée,elle est belle et bien réelle. En dix ans, lafacture d’eau a presque doublé.

Cette augmentation progressive s’ex-plique par différents facteurs :

• Des investissements importants pour l’assai-nissement des eaux usées : la Wallonie a ac-cusé un important retard en matière d’épura-tion. Selon des obligations européennes , laWallonie aurait dû assurer l’épuration detoutes ses agglomérations de plus de 2000équivalent-habitants pour fin 2005. Egouts,collecteurs, stations d’épuration… Depuis1999, la Wallonie a investi plus de 3 milliardsd’euros pour assainir les eaux usées. Si au-jourd’hui on atteint 90% de taux d’équipe-ment, il reste encore de nombreuses petitesstations à construire ;

• L’entretien et l’amélioration du réseau de dis-tribution : renouvellement de raccordements,remplacement de conduites, sécurisation des

captages… Plus de 2 milliards investis surune dizaine d’années pour sécuriser l’appro-visionnement en eau de qualité ;

• La diminution de la consommation d’eau :l’entretien et le fonctionnement des réseauxde distribution comme d’assainissement com-portent une part de frais fixes qui doivent êtrefacturés sur un plus petit volume d’eau, leprix de revient augmente donc pour tous lesconsommateurs ;

• L’étendue du réseau : l’éparpillement des ac-tivités sur le territoire wallon entraîne la posede canalisations, la présence d’infrastructuresd’approvisionnement et d’épuration sur unterritoire très étendu, ce qui représente 40.000 km de conduites, à surveiller, à entre-tenir….

vers une fracture hydrique ? On doit en-core s’attendre à une progression du prixde l’eau vu les investissements néces-saires et les coûts d’entretien. Malgré cesaugmentations progressives, l’eau resteun bien accessible avec un prix relative-ment peu élevé. Un ménage quiconsomme en moyenne 75 m³ d’eau paran consacre environ 1 % de son budget àsa facture d’eau, soit 8 fois moins quel’énergie. Néanmoins, des situations deprécarité hydrique existent et sont en aug-mentation. Le seuil de précarité hydriqueest défini au niveau international lorsqu’unménage consacre plus de 3 % de sonbudget à sa facture d’eau.

D’après une étude de la Fondation RoiBaudouin, 5,25% de la population belgeest dans cette situation et plus de 9% desWallons éprouvent des difficultés à hono-rer leur facture d’eau.

Figure 2. Aperçu des principaux paramètres physiques et chimiques analysés pour les eaux de distribution. Cette information est mise à la disposition de tous les consommateurs wallons.

Figure 3. Evolution du prix de l’eau pour une consommation de 100m³ (Source Aquawal - 2017)

un fond social pour répondre à laprécarité hydriqueL’eau coûte en Belgique 127 € par per-sonne et par an, davantage en Wallonie(141 €) qu’en Flandre (120 €) et àBruxelles (124 €) – chiffre de 2013.• Entre 2009 et 2013, la facture d’eau aaugmenté de 25% en Wallonie, 12%en Flandre et 46% à Bruxelles.

• 0,7% des Belges – soit près de80.000 personnes – vivent dans un lo-gement sans bain ni douche.

• Le Fonds Social de l’Eau a vu le jouren Wallonie en 2013. Il est intervenu à6.563 reprises pour des ménages in-capables de payer leur facture d’eau,pour un montant moyen de 233 €.

Fondation Roi Baudouin

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Des filets de sécurité existent via le Fonds social de l’eau, cor-rectifs sociaux pour les familles nombreuses, personnes bénéfi-ciant d’un revenu d’intégration social… mais le recours à ce typed’aide n’a fait qu’augmenter ces dernières années, ce qui a justi-fié le doublement de la contribution pour le Fonds social.

pour une juste récupération des coûts ?Les Etats membres de l’Union européenne devaient mettre enœuvre le principe pollueur-payeur pour 2010. Si la Wallonie amis en place des principes tarifaires et une taxation qui rencontrecette notion, on est encore loin d’un recouvrement équilibré.

Une analyse de la Cour des comptes montre que si le taux derécupération est proche de 100%, il y a de grandes disparités en-tre districts hydrographiques, services et secteurs. Ainsi depuis2007, les ménages contribuaient davantage aux coûts d’assai-nissement (plus de 100%) alors que l’industrie présentait untaux de récupération global de 40%. En revanche, en matière deproduction et distribution d’eau potable, ce sont les ménages quiprésentaient le taux de récupération le plus faible alors que lesautres secteurs contribuaient plus que les coûts qu’ils n’engen-draient. Même si une réforme fiscale est intervenue en 2014, laWallonie ne se fixe pas d’objectif pour atteindre progressivementune juste récupération des coûts auprès des secteurs responsa-bles.

eléments de discussionDes grands principes de structuration des coûts et de leur finan-cement découlent d’autres enjeux plus spécifiques qui ont leurimportance pour une gestion optimale de la ressource sur le longterme.

Ainsi l’encouragement à disposer de ressources alternativescomme l’eau de pluie en citerne, l’eau de puits ou de source per-met certes de diminuer la pression sur les aquifères et surtout di-minuer sa facture d’eau mais se pose alors la question d’une ré-partition sociale du financement des réseaux de distribution et del’assainissement. De même que les détenteurs de panneauxphotovoltaïques bénéficient du réseau électrique tout en contri-buant moins à son financement avec un report de la charge surles autres ménages, la charge financière des services liés àl’eau, qui comporte une partie incompressible, est alors répartiesur un moindre volume consommé.

L’éparpillement des activités et de l’habitat en rase campagnesoulève aussi des questions quant aux coûts pour la collectivitéqu’implique la forte dispersion des infrastructures d’adductiond’eau et d’assainissement.

Par ailleurs, la maîtrise des techniques d’assainissement ne doi-vent pas éclipser la problématique des pollutions émergentes :substances médicamenteuses, perturbateurs endocriniens, na-noparticules… (voir F. Delloye dans ce même volume). Jusqu’oùest-on est prêt à payer pour éliminer la moindre molécule poten-tiellement dangereuse ?

Ces préoccupations sont légitimes et il est dommage de voir lesconsommateurs se tourner davantage vers l’eau en bouteillealors qu’elle n’est pas plus sûre et que son conditionnement gé-nère des impacts environnementaux et des déchets. Il est urgentd’adopter des politiques de prévention et d’agir en amont, en in-vestissant dans la conception et la production de médicamentsou de pesticides non-persistants dans l’environnement et en in-terdisant les substances préoccupantes.

Enfin, si en Wallonie la gestion de l’eau est confiée essentielle-ment à des entreprises publiques sous forme de société publiquerégionale, intercommunale, régie, services communaux, d’autrespays ou régions d’Europe ont choisi la voie de la privatisation.Mais pour de nombreux cas, les promesses de meilleure gestiondes réseaux et d’optimalisation des coûts au bénéfices desconsommateurs n’ont pas été tenues et on assiste aujourd’hui àune vague de remunicipalisation du secteur de l’eau en Europe.Ces initiatives visent à instaurer ou restaurer une meilleure qua-lité de service là où la libéralisation du secteur a montré ses li-mites. Réaffirmer le statut des différents services publics viséspar le secteur de l’eau comme étant des services d’intérêt écono-mique général constitue également une protection supplémen-taire contre de potentielles dérives auxquelles certains accordscommerciaux de libre échange pourraient mener.

Autant de sujets qui méritent d’être débattus, pas uniquemententre acteurs de l’eau mais aussi avec les citoyens afin de lessensibiliser à la valeur de l’eau et de les inciter à agir pour pré-server la ressource et ainsi minimiser les coûts sociétaux liés àl’utilisation de l’eau.

Gaelle WarnantInter Environnement Wallonie

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La généralisation des citernes à eau de pluie pose le problème de la ré-partition des coûts de l’épuration, calculé sur la consommation d’eau.

L’eau de distribution répond à des critères de qualité très stricts, alors queseule une part négligeable sert réellement pour l’alimentation humaine(les plus grands volumes domestiques étant à usage sanitaire).

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code de l’eau et directive cadreIl est essentiel d’avoir une législation quipréserve et qui protège les ressources eneau. En Wallonie, c’est dans le Code del’Eau que sont rassemblées toutes les rè-glementations en la matière.

Le Code de l’Eau (Livre II du Code del’Environnement) définit la règlementationportant sur la totalité du cycle de l’eau, al-lant de la protection du captage d’eaujusqu’au traitement des eaux usées. Il in-clut la transposition de la Directive CadreEuropéenne de l’Eau (DCE 2000/60/CE),qui vise le bon état quantitatif et qualitatifdes masses d’eau, souterraines et de sur-face. En Wallonie, 33 masses d’eau sou-terraine ont été définies, réparties sur 3districts hydrographiques : la Meuse, l’Es-caut et le Rhin.

Ces masses d’eau sont surveillées tant dupoint de vue quantitatif, par un réseau depiézomètres répartis sur tout le territoirewallon (dont de nombreuses données dis-ponibles sur internet : http://piezo.environ-nement.wallonie.be ), que du point de vuequalitatif, par l’analyse des eaux souter-raines, du point de vue chimique et bacté-riologique. Les informations sur la qualitéde l’eau souterraine proviennent des ana-lyses réalisées par les producteurs d’eaupotable ainsi que des échantillonnagesspécifiques au suivi DCE.

Ces données sont reprises dans les Plansde Gestion des Districts Hydrographiques,accompagnées de programmes de me-sures en vue d’atteindre ou de maintenirle bon état des masses d’eau.

En 2014 (programme sur 4 ans), toutesles masses d’eau souterraine étaient enbon état quantitatif. En revanche, 13 d’en-tre elles étaient en « mauvais état » quali-tatif (critère le plus dégradant retenu),principalement à cause des nitrates et/oudes pesticides.

On comprend l’utilité de programmes telsque le « plan de Gestion durable del’azote (PGDA) qui régit l’épandage de ni-trates (périodes, quantité, etc) et le planWallon de réduction des pesticides(PWRP) dont la nouvelle mouture pour2018-2022 est en cours de rédaction,ainsi que d’autres arrêtés qui définissentune application des pesticides compatibleavec le développement durable.

Le schéma régional des ressourcesen eauEn vue d’atteindre les objectifs de la DCE,la Wallonie a établi un schéma régionaldes ressources en eau, qui vise à garantirl’approvisionnement en eau de qualité eten quantité à tout raccordement.

Ce schéma prévoit de rationnaliser le ré-seau de production et distribution d’eau,en favorisant les synergies entre opéra-teurs et en procédant à la pose « d’auto-routes » de l’eau.

La préservation de la ressource passeaussi par une meilleure gestion des prisesd’eau, en encourageant le raccordementau réseau de distribution et en limitant lespuits privés, afin de diminuer la pressionsur les nappes aquifères (plus il y a depuits, même de faible capacité, plus lapression s’accentue et la surveillance secomplique) ainsi que les voies préféren-tielles d’éventuelles contaminations.

La connaissance des eaux souter-raines comme outil de protectionParce qu’on sait que les nappes aquifèresen régions karstiques sont particulière-ment sensibles aux contaminations, vu lavitesse importante des écoulements, lesdimensions des accès et l’ampleur de laressource, il est essentiel de disposerd’une bonne connaissance du terrain etdes zones sensibles pour optimiser la pro-tection de la ressource en eau souter-raine. L’atlas du karst Wallon, la cartegéologique et la carte hydrogéolo-giques sont autant d’outils, financés parla Région wallonne, qui permettent de lo-caliser et d’identifier les zones à risquesavant de pouvoir procéder à des actionsconcrètes sur le terrain.

La spéléologie et les eaux souter-rainesLes dépôts sauvages dans les chantoirs,le remblaiement (ou tout du moins la ten-tative) de dolines par des déchets en tousgenres, le stockage de détritus à proximitédes pertes, qui peuvent se faire emporterlors de crues sont autant de situations cri-tiques contre lesquelles la CWEPSS et lesclubs de spéléologie luttent et je ne peuxque les remercier et saluer leur travail,réalisé dans des conditions souvent com-pliquées.

Carlo Di Antonio

Ministre de l’Environnement, de l’Aména-gement du Territoire, de la Mobilité et des

Transports et du Bien-être animal

eaux SouterraineS en WaLLonieGestion actuelle, enjeux et perspectives

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La Wallonie est dotée d’une richesseinestimable, surtout au vu de l’actua-lité: l’eau.Que ce soit en souterrain ou en sur-face, cette ressource est relativementabondante sur et dans notre territoire etdoit le rester. Pourtant, cet or bleu estfragile. L’agriculture intensive, l’indus-trie, l’imperméabilisation des terrains,l’urbanisation sont autant d’activités quipeuvent mettre en péril la qualité et laquantité des eaux souterraines.

Dans notre pays, les nappes aquifèreswallonnes permettent d’alimenter eneau potable près de 5 millions deBelges. En effet, une partie des eauxcaptées en Wallonie partent vers la ré-gion bruxelloise ou la Flandre.

L’exploration et la préservation du réseau souterrain actif du Noû Bleû (Sprimont) ont été rendupossible grâce à la collaboration entre les spéléologues, les autorités communales et les exploi-tants-carriers (photo V. Gerber)

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N° 108 - Juin 2017Eco Karst

Georges Thys, président de la CWEPSS depuis sa fondation,

vient de passer la main à Gérald Fanuel, à qui nous souhaitons

un excellent et fructueux mandat.

Georges a compté parmi les tout premiers spéléos conscients du

besoin d’une action d’envergure pour défendre les grottes, le mi-

lieu karstique et les eaux souterraines des multiples agressions

(pollutions, destructions�) qu’ils subissaient, ainsi que de l’ab-

sence de considération dans l’aménagement du territoire ou la

protection des sites. Il fut un des co-fondateurs de la Commission

Nationale de Protection des Sites Spéléologiques (devenue la

CWEPSS), établie par les fédérations et groupements belges de

spéléologie en 1970.

Georges a littéralement consolidé la CWEPSS en lui permettant

de disposer d’un secrétariat permanent, non plus animé par des

bénévoles en fonction de leur temps libre mais par de vrais pro-

fessionnels. Atteint par une restructuration de la société qui l’em-

ployait, il n’a pas hésité à s’engager lui-même, professionnelle-

ment, à la CWEPSS permettant ainsi, par ses qualités de

gestionnaire, un niveau d’action autrement plus efficace. Ceci a

eu pour effet, entre autres, l’engagement dans un second temps

de notre chargé de mission permanent, géographe et licencié en

sciences de l’environnement.

Connaissant parfaitement le milieu spéléologique où il ne compte

pratiquement que des amis, Georges a aussi représenté effica-

cement la CWEPSS dans plusieurs entités officielles, notamment

le Conseil Supérieur de la Conservation de la Nature, la Commis-

sion des Eaux ou le Contrat de Rivière Haute-Meuse, le premier

du genre en Wallonie. De contact facile, mais restant parfaite-

ment critique, aussi à l’aise à défendre sa cause auprès d’un mi-

nistre qu’à blaguer avec un spéléo débutant, Georges a défendu

maints dossiers difficiles auprès de la Région wallonne ou de

multiples communes. Il a d’autre part été chargé par le Conseil

de l’Europe de plusieurs missions d’expertise pour développer le

tourisme karstique raisonné en Roumanie.

Irremplaçable, Georges ? Certainement ! Mais démissionnaire, il

reste attaché à la CWEPSS comme « Past President » et conti-

nuera à la représenter auprès de certaines instances. Encore un

tout grand merci, Georges !

Claude De Broyer

Co-fondateur de la CNPSS et de la CWEPSS

MERCI GEORGES !

Il y a quelques années, Georges Thys est venu me sortir de latanière où je m’étais retiré après de trop longues années degestion spéléo fédérale. Il m’a demandé de rejoindre le Conseild’administration de la CWEPSS : pas beaucoup de réunions,pas trop à faire, quelques sorties sympas�

Je ne me doutais pas que si peu d’années plus tard, avec l’au-tre Georges, ils s’y mettraient à deux pour me convaincre dem’investir encore un peu plus dans l’association. Je vous as-sure qu’ils savent s’y prendre. A eux deux, ils sont irrésistibles.

Georges sait tout de la CWEPSS, il connait tous les dossiers,tous les contacts extérieurs dans les associations et les admi-nistrations, il est partout où il faut quand il le faut.

Je suis bien conscient qu’il est impossible de le remplacer sansune longue, très longue période de mise en condition.

Comme il a accepté de continuer à s’occuper d’à peu près tout,ça devrait aller pour moi�

Nous partageons, en quelque sorte, une co-présidence quin’en a pas le nom. Nous partageons surtout une certaine pres-sion qu’il ne souhaitait plus porter seul sur ses épaules. Et jeme demande si, depuis qu’il a la possibilité d’être moins enpremière ligne, il n’est pas encore plus disponible, et en touscas toujours aussi présent. Mais en assurant sa successiondans la continuité et la sérénité, il prépare l’avenir de cette as-sociation qui est aujourd’hui incontournable dans son domainede compétence. Quelle sagesse�

Pour l’équipe qui se renouvelle, c’est une situation quasiidéale, nous en sommes bien conscients.

Merci Georges !

Gérald Fanuel

Président de la CWEPSS

Lors d’une des nombreuses prospections karstique en Wallonie,Georges a toujours eu “le nez” pour découvrir des sites karstiques,comme cette résurgence bouillonnante dans le berges de l’Ourthe.

Georges en navigation “old school” sur la rivière souterraine du Gournieren 1964. Une cavité qui compte parmi ses préférées

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