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Printemps/été 2007, vol. 3 no 2 Convention de la poste-publications no 41122591 www.maya.cc ENTREVUE avec LEED : une reconnaissance d’excellence environnementale Précision ou exactitude ? Voilà la question ! Prélèvement massif et exportation d’eau : entre tentation et tentative d’interdiction André Perrault l’homme derrière le futur centre d’interprétation de l’eau

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ENTREVUE avec LEED : une reconnaissance d’excellence environnementale Précision ou exactitude ? Voilà la question ! Prélèvement massif et exportation d’eau : entre tentation et tentative d’interdiction www.maya.cc Printemps/été 2007, vol. 3 no 2 Convention de la poste-publications no 41122591

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Printemps/été 2007, vol. 3 no 2

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ENTREVUE avec

LEED : une reconnaissance d’excellence environnementalePrécision ou exactitude ? Voilà la question !Prélèvement massif et exportation d’eau : entre tentation et tentatived’interdiction

AndréPerrault

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Ce magazine est imprimé surpapier à contenu recyclé grâce à la participation financière de Tricentris.

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 3 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2007

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L E S B O N S C O N T A C T S

L’ E N V E R S D U D É C O R

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L E J U R I D I Q U E 28

sommaire

Printemps/été 2007, vol. 3 no 2

Éditeur et rédacteur en chef :André [email protected]

Chroniqueurs :François Bédard, John Cigana, France Gauvreau,François Lecomte, Hervé Pageot, François Séguin, Christian Sauvageau, Gilles Vaillancourt et Christian Vézina

Direction artistique :MAYA communication et marketing

Designer graphique :S’AMI graphie (Syma)

Photos de la page couverture etde l’entrevue : Studio Point DeVue

Révision linguistique :Annie Talbot

Impression :Impart-Litho

Coordination des ventes :André DumouchelTél. : 450 [email protected]

Abonnementet administration :MAYA communication et marketing457, montée Lesage, Rosemère (Qc) J7A 4S2Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 [email protected]

© Tous droits réservés.Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que lemagazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.

17 INFRASTRUCTURE URBAINELA RÉGLEMENTATION ET LA PROTECTION DES COURS D’EAU

18 SUR LE RADARET LE DÉVELOPPEMENT DE RESSOURCES HYDRIQUES ALTERNATIVES ?

20 ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉRÉTROLAVAGES AVEC ADOUCISSEURS D’EAU ÉVACUÉS DANS LES INSTALLATIONS SEPTIQUES

22 EAUX USÉES SANTÉ PUBLIQUELEED : UNE RECONNAISSANCE D’EXCELLENCE ENVIRONNEMENTALE

23 EAU, TOUR DU MONDEPLUS DE QUESTIONS QUE DE RÉPONSES…

25 LE MUNICIPAL PROCÉDURE DE RÉCEPTION SÉCURITAIRE DES PRODUITS CHIMIQUES — 2E PARTIE

26 INSTRUMENTATION PRÉCISION OU EXACTITUDE ? VOILÀ LA QUESTION !

28 TARIFICATION SAVOIR QUAND S’ARRÊTER OU ÉVITER LES « TANT QU’À Y ÊTRE »

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« Est-ce qu’Hydro Québec pourraitfonctionner sans compteurs ? Àmon avis, la réponse est la mêmesur le plan de l’eau. Les bénéficesne seront peut-être pas percep-tibles pour tout le monde dès ledépart. Mais il s’agit d’un moyen degestion indispensable. Je suisconvaincu que leur installation per-mettra de changer les mentalitésdes citoyens et même des adminis-trations publiques. Certaines Villesse servent encore de l’eau pourfinancer d’autres services. »

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C H R O N I Q U E

L’ invitéBOUCAR DIOUFDouala et le vieux génie du baobab

LES CYANOBACTÉRIES :AGIR EN MODE PRÉVENTIF

8 En lien avec la ministre

TUYAUX ET RACCORDS EN POLYÉTHYLÈNE HAUTE DENSITÉSERVICE DE FUSION AU CHANTIERLOCATION D’ÉQUIPEMENTS DE FUSIONSYSTÈME DE TUYAUTERIE PRÉISOLÉE

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« Votre argent et mon temps s’écoulent par les fuites de votre réseau.

C'est pourquoi il vous faut des conduites de PEHD. »

ÉDITORIAL

Les prochains jours seront chauds. Pas seulement en termes dedegrés Celsius, mais également au point de vue du domaine de l’eauen général. Le problème des algues bleues ne fera qu’empirer un peupartout au Québec ; au municipal, les pénuries de main-d’œuvre enplus des périodes de pointe anormalement élevées viendront compli-quer la tâche des exploitants.

Non, chers amis, on n’est pas sortie de l’auberge ! Seuls un travailméthodique et beaucoup de temps permettront de corriger le tir danschacun des cas. Il faut donc retrousser nos manches, sensibiliser etêtre très patients…

Prenons par exemple le fléau des algues bleues. Selon un texte denotre chroniqueur François Séguin, paru dans notre numéro d’hiver2007, environ 300 lacs et cours d’eau étaient aux prises avec cettecalamité à l’été 2006. Or, si nous partons du fait qu’elles n’ont attirévéritablement l’attention que l’an dernier et qu’elles prolifèrent à unevitesse incroyable, il n’est pas déraisonnable de penser qu’elles serontencore plus présentes dans nos cours d’eau cet été puisque notretemps de réaction n’est généralement pas très rapide quand il s’agitd’environnement. Il faut ajouter que le principal facteur responsable dela prolifération des cyanobactéries est la présence de phosphore dansl’eau et que cette présence est causée par une multitude de sourcesprovenant d’autant d’acteurs différents. On ne peut donc pas enrayerle problème simplement en légiférant ou en éduquant un groupespécifique de la société. La sensibilisation doit se faire auprèsde plusieurs pollueurs, notamment les agglomérations, les pro-priétaires riverains, les producteurs agricoles et les propriétairesd’embarcations nautiques. Comme vous pouvez le constater, le dragona plusieurs têtes et ne sera par conséquent pas facile à vaincre.

Du côté municipal, la période estivale entraîne une pénurie de main-d’œuvre. Comme le mentionnait notre chroniqueur ChristianSauvageau dans nos pages, il y a de cela un peu plus d’un an, lesvacances des employés permanents, jumelées à l’application de l’ar-ticle 44 du RQEP, rendent la tâche impossible aux gestionnaires del’eau potable. Initialement, l’article 44 avait pour objectif de s’assurerque toute personne devant opérer des installations de productiond’eau potable ait terminé une formation en traitement des eauxreconnue par le gouvernement, excluant de ce fait la possibilitéd’embaucher des étudiants comme c’est généralement le cas. Enthéorie, le principe est fort louable. Toutefois, en pratique, c’est une

autre histoire ! Comme il y a pénurie de main-d’œuvre même enhiver, imaginez le manque en été…

Il y a finalement les périodes de pointe dans lesusines de production d’eau potable qui viendrontcomplexifier le travail des gestionnaires de l’eaumunicipale. Ces pointes, quelquefois si élevéesqu’elles occasionnent des pénuries d’eau potable,

font se multiplier les avis d’ébullitionmême si les technologies sesont améliorées et que lescapacités de productionn’ont cessé d’augmenterau fil des ans.

Alors que je faisais mespremiers pas dans ledomaine il y a quelquesannées, Hubert Demard,grand boubou de l’écono-mie d’eau au Québec,m’avait affirmé que cespointes de consommation

durant l’été pouvaient être néfastes pour l’économie municipale.Il m’avait expliqué que les municipalités procédaient à l’agrandis-sement de leurs usines pour pouvoir répondre à ces périodes desurconsommation. Chiffres à l’appui, il m’a démontré que lesusines ont une capacité de production d’eau potable largementsuffisante tout au cours de l’année, mais se retrouvent dans unephase critique au moment même où les citoyens sortent leurs boyauxd’arrosage. Puisque je suis convaincu que l’éducation et la sen-sibilisation ne sont efficaces pour tout groupe que lorsqu’ellessont accompagnées d’une forme de répression, je me demandedepuis ce temps pourquoi les compteurs d’eau ne sont pas implantéspartout, de manière systématique. Bien qu’il y ait un prix politique àpayer pour mettre sur pied une politique de l’utilisateur payeur, jedemeure convaincu que la conjoncture favorise politiquement detelles mesures. D’une manière certaine, les citoyens sont beaucoupplus en faveur de ce principe qu’ils ne l’étaient dans le passé,diminuant du coup les pertes d’appuis politiques. La saine gestion a lacote. Elle pourrait même valoir de nouveaux appuis. Pourquoi ne pasen profiter ? Nous en sortirons tous gagnants.

En attendant, l’été sera chaud, tellement chaud que certains serontmalheureusement tentés d’arroser leurs entrées pour ne pas s’ybrûler les pieds. Quand je vous dis qu’on doit retrousser nos manches,sensibiliser et être très patients… ■

André Dumouchel adum

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Un été chaud en perspective

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À t i t re de min is t re duDéveloppement durable, del'Environnement et des Parcs,un mandat de taille m’a étéconfié, celui de fa i re duQuébec d’aujourd’hui et de

demain un leader du développement durable. Dans la foulée desinitiatives entreprises par notre gouvernement lors du premiermandat, je travaillerai prioritairement à ce que le Québec atteigneles objectifs du Protocole de Kyoto en matière de lutte contre leschangements climatiques. J’assurerai aussi la mise en œuvre de laLoi sur le développement durable et la mise sur pied du Fondsvert et je soutiendrai le développement des technologies vertes.

Au cours de mon mandat, je veillerai également à protéger l'eauet à assurer la pérennité de cette ressource, et ce, en portant uneattention particulière à tout phénomène qui menace la protectionde la santé publique et des écosystèmes. D’ailleurs, depuisquelques années, la présence de fleurs d’eau de cyanobactéries,ou d’algues bleu-vert, est en croissance dans les milieux aqua-tiques. Ce phénomène a été constaté à plusieurs endroits dans lemonde et le Québec ne fait pas exception.

Très sens ib le àcette problématique,le Ministère assure,depuis 2004, la res-ponsabilité du Pland’intervention sur lagestion des fleurs d’eau de cyanobactéries au Québec. Cetteinitiative s’inscrit dans les priorités du Ministère, qui se fait undevoir de protéger l’environnement tout en assurant le mieux-êtrede la population. Travaillant en étroite collaboration avec les direc-tions de santé publique, le Ministère traite tous les cas signalésavec diligence. À la suite de plaintes, il fait des constatationsvisuelles, confirme la présence de fleurs d’eau dans les milieuxaquatiques concernés, y prélève des échantillons et les fait analyserpar le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec,une agence du Ministère. Ensuite, selon les résultats d’analyse, lesdirections de santé publique peuvent émettre des avis à la populationsur les risques pour la santé et sur les comportements à adopter.

En 2006, une centaine de milieux aquatiques touchés par lesfleurs d’eau de cyanobactéries a été répertoriée sur le territoire duQuébec, comparativement à une cinquantaine en 2005.Conséquence d’une présence accrue de phosphore dans certainslacs et cours d’eau, l’augmentation du nombre de cas observés etsignalés au ministère du Développement durable , del’Environnement et des Parcs reflète aussi le souci accru du publicde repérer et de signaler ce phénomène. Cela démontre à quelpoint, afin d’éliminer ces fleurs d’eau ou de ralentir leur proliféra-tion, il importe d’agir en mode préventif et de sensibiliser tous lesacteurs qui peuvent collaborer à la préservation des lacs et descours d’eau du Québec.

Toujours dans l’objectif de protéger les usagers des milieuxaquatiques, le Ministère, en plus d’assurer le Plan d’intervention, aélaboré un guide d’identification des fleurs d’eau de cyanobactéries.

Ce guide a pour but d’aider les citoyens à reconnaître les fleursd’eau et de permettre une intervention plus rapide et plus efficace.

Comme on le sait, les fleurs d’eau de cyanobactéries ont denombreux impacts négatifs. Elles perturbent l’équilibre écologiquedes milieux aquatiques et détériorent leur apparence. De plus,elles présentent un risque pour la santé publique en raison de leurpotentiel irritant, allergène et toxique. Il est donc important derespecter les avis de santé publique sur les usages de l’eau à évitercomme la baignade et même dans certains cas, la consommationd’eau.

Le phosphore est le principal facteur qui favorise le développementet la croissance des fleurs d’eau de cyanobactéries. Pour lesenrayer ou prévenir leur apparition, il faut contrôler les apports dephosphore, tant au niveau du plan d’eau que des bassins versants.Pour ce faire, il est important que les nombreux intervenantslocaux, propriétaires riverains, décideurs municipaux et industriels,forestiers et pisciculteurs, agriculteurs ou simples citoyens, seregroupent et agissent en concertation pour adopter des compor-tements préventifs afin d’éviter ou de corriger les problèmes dansce domaine.

Concrètement, lesactions à mettre enplace doivent viser àréduire les apportsen phosphore quip rov iennent des

rejets d’eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées et quisont de nature domestique, municipale, piscicole ou industrielle. Ilest aussi recommandé d’adopter de meilleures pratiques agricoleset forestières, de gérer plus efficacement les installations sep-tiques individuelles pour qu’elles soient conformes, de réduire oumême d’enrayer l’emploi d’engrais ou de compost sur les pelouses,etc. Il faut également protéger, réhabiliter et revégéter les rives etles milieux humides pour réduire au minimum le déversement descharges de phosphore dans les lacs et les cours d’eau. Ces gestessont significatifs pour la protection de l’environnement et permettentde prévenir ou de réduire d’autres manifestations d’eutrophisation,dont la prolifération d’autres algues ou de plantes aquatiques.

Compte tenu de leurs impacts importants et diversifiés, lesfleurs d’eau de cyanobactéries s’avèrent un phénomène qu’il fautréduire ou prévenir. Tous et chacun détenons le pouvoir de colla-borer à la préservation des lacs et des cours d’eau du Québec.Pour vivre dans un Québec de qualité, aujourd’hui comme demain,nous devons faire des choix responsables qui s’inscrivent dans lavoie du développement durable.

Pour en savoir davantage sur les fleurs d’eau de cyanobactéries,vous pouvez consulter le site Internet du Ministère auhttp://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/flrivlac/toxiques.htm.

Mme Line BeauchampMinistre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

Les cyanobactéries :agir en mode préventif

En lien avec la ministre

Pour les enrayer ou prévenir leur apparition, il fautcontrôler les apports de phosphore, tant au niveau duplan d’eau que des bassins versants.

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Douala et le vieux génie du baobabDouala vivait avec sa femme et ses deuxenfants sur la terre de ses ancêtres, dansle petit village de Fayako. Il vivait de l’agri-culture et de l’élevage des vaches àlongues cornes que l’on retrouve un peupartout dans la savane africaine. C’était lasaison sèche et l’harmattan, ce ventchaud et sec qui vient du Sahara, se fai-sait de plus en plus sentir. Il soulevait lapoussière sur les chemins et fendillait lesmurs d’argile des cases du village. Mêmeles lézards et autres petits reptilesvenaient se cacher dans les fentes desmurs pour protéger leur peau écailleusede la chaleur.

Un matin de cette saison inhospitalière,Douala se leva et décida de couper legrand baobab qui était juste à côté de samaison. L’arbre était si vieux que sontronc s’était creusé d’un énorme trou quiservait de maison à une grande coloniede chauves-souris. Douala voulait couperl’arbre à cause des chauves-souris quil’avaient réveillé de leurs cris aigus uneou deux fois depuis le début de la saisonsèche.

Ce matin-là, Douala sortit sa grandehache qu’il avait héritée de son père. Ils’était décidé à régler ses comptes avecles mammifères volants. Quand il com-mença à aiguiser sa hache sous le bao-bab, une voix parvint à son oreille. La voixétait si proche que Douala se retournapour voir si la personne qui lui parlait étaitderrière lui. Il n’y avait personne. La voixlui parla une deuxième fois. Elle disait : – Je ne sais pas pourquoi tu prépares tahache, mais tu ne dois pas couper cetarbre.– Qui parle ? demanda Douala.– Un locataire, un des multiples habitantsde ce grand baobab !– Et pourquoi je ne devrais pas coupercet arbre qui abrite toutes les chauves-souris de la région qui m’empêchent dedormir avec leurs cris aigus ?

– Parce que le baobab était là avant toi,répondit la voix. Parce que la plupart deshabitants du baobab, y compris leschauves-souris, étaient là avant toi. Parceque ce sont les chauves-souris qui ontramené sur cette terre la graine qui aengendré ce grand baobab. Que ferais-tusi quelqu’un décidait de brûler les casesde ta maison où dorment tes deux gar-çons, Mati et Dodo, ainsi que ta femmeBineta ?– Comment as-tu fait pour connaître tousles noms des membres de ma famille ?demanda Douala.– Tes enfants sont nés devant moi. Toi,ton père ainsi que ton grand-père êtesvenus au monde devant moi. Je suis lechef des Kous, les petits génies qui viventdans les baobabs. Tu te rappelles, quandtu étais petit ? Ton père te demandait tou-jours de dénouer les tresses sur la criniè-re de votre cheval blanc.– Oui, je me souviens ! – Ce sont mes petits-enfants qui, chaquesoir, faisaient ces tresses pour s’amuseravec toi. Tu te rappelles également, pour-suivit le génie, des sons de tambours etdes chants qui te berçaient chaque soirdans tes rêves ? – Oui, je me souviens ! – Ce sont mes petits-enfants qui jouaientcette musique pour toi. En fait, toi, tutrouvais cela amusant, mais eux fai-saient ce que nous avions toujours faitpour ta famille : ils jouaient et chantaienttoute la nuit pour éloigner les hyènes devos animaux, des vaches que ton pèret’a laissées en héritage et qui, aujour-d’hui nourrissent tes enfants de leur lait.

– Comment se fait-il que je ne vousaie jamais vus ? demanda Douala.– Parce que ton cœur s’est referméavec l'âge. Quand tu étais petit,nous nous voyions souvent. Tonpère, de temps en temps, coupaitquelques branches de ce baobabpendant la saison sèche pour

nourrir ses vaches. Je ne sais pas situ te souviens, mais il déposait toujoursune calebasse de lait au pied de l’arbre. Ille faisait pour nous demander pardon. Ilsavait qu’on adorait le lait. Lui nous a vustoute sa vie parce qu’il avait des yeux par-tout sur le cœur. Savais-tu, Douala, que sion compte les insectes, il y a plus de dixmille âmes dont la vie dépend de ce bao-bab ? – Non ! répondit Douala. – C’est l’équivalent du nombre de per-sonnes que l’on retrouve dans toute larégion. Et je suis certain que ces gens nelaisseraient personne mettre en dangerla vie de leur famille et celle de leurs amis.Même si tu ne les vois pas, ces habitantsdu baobab sont là et prient pour que tudéposes cette hache que tu es en traind’aiguiser.

Douala décida de ne pas couper le bao-bab, mais il continua de penser qu’il avaitrêvé. Le soir venu, il fit part de sa décisionà ses enfants « C’est très bien, papa !répondit Dodo. Ce serait dommage, parceque chaque soir, dans mes rêves, je chan-te et joue du tam-tam avec des petitsbonshommes rigolos qui adorent le lait etqui vivent dans le baobab. Et tu sais quoi ?poursuivit dodo. Ils m’ont dit que leurgrand-père avait huit cents ans. »

On dit que c’est depuis la rencontre deDouala et du grand-père Kous qu’il estinterdit de couper les grands et vieuxbaobabs dans cer ta ines rég ionsd’Afrique. ■

Bouc

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iouf

L’ invité

15 juin Montréal, Place des Arts. 16 juin Montréal, Place des Arts. 28 juin Québec, Le Grand Rire, spectacle de Dieudonné 29 juin Québec, Le Grand Rire, spectacle de

Normand Brathwaite 13 juillet St-Eustache, au Théâtre des Érables14 juillet St-Eustache, au Théâtre des Érables

5 octobre Ste-Geneviève 6 octobre Longueuil

21 octobre St-Jérôme

Boucar coanime l’émission Des kiwis et des hommes en compagnie deFrancis Reddy sur les ondes de Radio-Canada jusqu’à mi-septembre.

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Après avoir obtenu un doctorat en océanographie

de l’Université du Québec à Rimouski, il se tourne

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Comment s’est passée votre enfance ?Je suis le benjamin d’une famille de huitenfants. J’ai grandi près de Granby,plus précisément à Ste-Cécile-de-Milton, sur une ferme. J’y ai passé toutema jeunesse jusqu’à l’âge de 20 ans.Toutefois, comme un grand nombre desjeunes de l’époque, à l’âge de 13 ans, je

suis devenu pensionnaire au séminairede St-Hyacinthe (aujourd’hui le CollègeAntoine-Girouard) où j’ai fait mon coursclassique. On y passait 10 mois parannée avec quelques rares retours à lamaison, qui servaient entre autres àlaver nos vêtements et à les raccommo-der, car ils en avaient bien souventgrand besoin !

Quel type de jeune garçon étiez-vous ?Mis à part le fait que j’ai sauté ma 3e année, je dirais que j’étais un enfanttout ce qu’il y a de plus normal. Je neressortais pas de la masse, mais j’ai étébien actif, que ce soit dans les activitésou dans les sports. J’étais un grand fandu Canadien de Montréal, plus particu-lièrement de Maurice Richard.

Avez-vous travaillé sur la ferme ?Oui, un peu. Chaque fois que je revenaisà la maison, je mettais la main à la pâte.Comme je n’aimais pas beaucoup ytravailler, j’imagine que cela a contribuéà me motiver à poursuivre mes études !(Rires.)

Aviez-vous choisi un champ d’études particulier ?En fait, le cours était le même pour toutle monde. Cependant, trois optionss’offraient à nous lors des deux der-nières années. Moi, j’ai choisi lessciences physiques qui menaient versles facultés de génie.

Où avez-vous fait vos études universitaires ?J ’a i fa i t mon ent rée à l ’ éco lePolytechnique de Montréal en 1959 àl’âge de 20 ans. J’ai pu commencermes études dès le départ en 2e année,puisque j’avais suivi mon cours clas-sique avec spécialisation en sciences.

En gardez-vous un bon souvenir ?Oui, beaucoup, après tout j’avais 20 ans ! (Rires.) Bien sûr, la charge detravail était importante, mais l’esprit decamaraderie et l’absence de lutte desclasses sociales entre les étudiantsétaient appréciables. Du point de vuesocial, j’ai bien sûr participé à plusieursvisites de brasseries, mais je n’étaispas le plus assidu. C’est peut-être cequi fait que j’ai réussi mes études.(Rires.)

Les cours étaient-ils mixtes ?Oui, mais il y avait très peu de femmes.Sur 1500 élèves, il devait n’y avoir que5 ou 6 filles. De ce nombre, il y avait maconsœur de génie civi l , MichèleThibodeau-De Guire, aujourd’hui prési-dente de Centraide.

Quelle a été votre première expérience de travail ?Je travaillais à l’occasion au marchégénéral du village. Je plaçais la mar-chandise et livrais les commandes. Parla suite, j’ai travaillé pour Hydro Québecdurant toute la durée de mes étudesuniversitaires. Je m’étais mis en tête desubvenir à mes propres besoins.J’estimais que mon père en avait faitbien assez pour moi.

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ARRIVÉ TOUT JUSTE APRÈS LA CRÉATION DE LA VILLE DE LAVAL, ANDRÉ PERRAULT A ÉTÉ

CONFRONTÉ AUX TRÈS NOMBREUX DÉFIS EN EAU POTABLE ET USÉE DE LA VILLE NAISSANTE. SEUL

INGÉNIEUR DE LA VILLE DANS SON DÉPARTEMENT, IL DEVAIT TROUVER DES SOLUTIONS RAPIDES

ET EFFICACES AUX PROBLÈMES ENGENDRÉS PAR LA FUSION ET LA CROISSANCE FULGU-RANTE DE LA POPULATION. LOIN DE BAISSER LES BRAS, IL A SU RELEVER LE DÉFI AVEC BRIO.OFFICIELLEMENT RETRAITÉ DE LA VILLE DEPUIS DÉCEMBRE 1999, MONSIEUR

PERRAULT S’EST ATTAQUÉ À UN MAGNIFIQUE PROJET QUI CONTRIBUERA À ÉDUQUER ET

À RENSEIGNER LES GÉNÉRATIONS FUTURES SUR LE CHEMIN DE L’EAU, DE LA RIVIÈRE À

LA RIVIÈRE. BIEN LOIN DE S’ÊTRE ARRÊTÉ, CET HOMME APPORTE ENCORE DE L’EAU AU MOULIN

LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.

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AndréPerrault

ENTREVUE avec

Entrevue réalisée par André Dumouchel

Plus jeune, quelle était votre ambition professionnelle ?Je rêvais d’être entrepreneur. Mais enmême temps, je n’ai jamais eu de plan.Je me suis toujours laissé porter par lavie. J’ai tout simplement saisi les oppor-tunités lorsqu’elles m’étaient offertes.

Quel a été votre premier emploi reliéà votre domaine d’études ?Comme je travaillais depuis quelquesannées chez Hydro Québec à titre d’étu-diant, on m’a évidemment offert unemploi comme ingénieur sur le projetManic 5. Il faut dire qu’il y avait uneexplosion de projets à cette époque.Mais comme j’étais jeune marié, j’ai refusécette offre. De plus, je ne voulais pasêtre pris dans un cercle vicieux en prenantde l’expérience dans ce type de projet.J’aurais probablement été forcé depoursuivre par la suite au Labrador etd’autres endroits retirés, ce qui nem’enchantait guère.

Après avoir discuté avec des copains,j’ai plutôt opté pour un emploi à la toutenouvelle Régie d’épuration des eaux,ancêtre en quelque sorte du ministère del’Environnement. Le docteur GustavePrévost en était le directeur. Il était unvéritable visionnaire. Je lui voue unegrande admiration et il m’a profondé-ment marqué. Mais comme il déplaçaitbeaucoup d’air, les politiciens ont tôtfait de le remplacer. Toutefois, il a eu letemps de me permettre, à moi et àdeux collègues, d’aller faire une maîtri-se en génie sanitaire à l’universitéPurdue aux États-Unis.

Pourquoi avoir quitté la Régie ?À notre retour, la Régie était en pleinemutation. Elle devenait la Régie des eaux(englobant désormais l’eau potable) etles bureaux allaient être transférés àQuébec. Je n’étais pas complètementfermé à l’idée d’y déménager, mais il yavait tellement d’occasions d’emploidans la région que cela n’a pas éténécessaire.

Pour qui avez-vous travaillé par la suite ?Je suis devenu chef de la division deseaux à la toute nouvelle Ville de Laval enoctobre 1967.

Quelle était la situation de l’eau à votre arrivée à la Ville ?Laval n’était constituée légalement quedepuis le 6 août 1965. Donc tout était àfaire. Je me suis retrouvé à 28 ans, seulingénieur du département en charge de6 usines de filtration, de 6 usines d’épu-ration des eaux et de 80 employés.

La fusion des villes à l’origine de Lavalavait causé le gel des investissementssur le plan des infrastructures. Avec l’ac-croissement rapide de la population, lesusines de traitement d’eau se voyaientcomplètement surchargées, de sorteque des mois de mai à août, des gens detous les secteurs manquaient d’eau.Lors des journées chaudes, nousdevions avoir au moins deux personnespour répondre aux appels des citoyens.

J’avais un voisin qui possédait un doubleterrain de grande superficie et qui l’ar-rosait à l’aide de cinq arrosoirs. Sonsystème marchait durant la journéeentière. Un jour, en revenant à la maisonet en observant ses gicleurs, j’ai décidéde calculer la quantité d’eau gaspillée.J’ai estimé la consommation d’au mini-mum 3 000 à 4 000 gallons d’eau parjour. Je me suis dit que c’était assez.

C’est pourquoi, dès 1971, j’ai fait préparerun règlement restreignant les heuresd’arrosage pour nous aider à palliercette lacune. Je crois bien d’ailleurs quenous avons été les premiers à le faire. Jene le lui ai jamais dit, mais mon voisin està l’origine du premier règlement sur l’ar-rosage ! (Rires.)

Quels ont été vos plus grands défisdurant votre mandat ?Les deux plus grands défis étaient assu-rément de relier les différents secteurs,car tous les réseaux étaient indépendants.Il nous fallait en plus procéder à l’agran-dissement des usines de traitement. Toutse faisait en même temps, la tâche étaitcolossale.

Pour ce qui est des eaux usées, l’élabora-tion d’un plan directeur n’a pas été unemince tâche, puisque sous l’insistancedu Dr Prévost, les anciennes villesavaient bougé à cet effet chacune deleur côté. Il fallait donc maintenant unifieret avoir une vision globale de l’île plutôtqu’une approche fragmentée.

Était-ce difficile de recevoir l’appuifinancier de l’administration pour laréalisation de ces projets ?Non, puisque c’était des années

d’expansion, principalement de 1968 à1980. J’estime même que 80 % desdépenses de la Ville avaient un lien avecle traitement de l’eau et ses réseaux.

La fusion des villes à la base de laVille de Laval était-elle une bonnechose selon vous ?Je crois que ce fut une très bonnechose, et ce, tant du point de vue desservices que du budget. Je peux mêmeaffirmer qu’en 1975, nous produisionsde l’eau à un coût moins élevé qu’en1965.

Quels ont été les postes que vousavez occupés à la Ville ?De 1967 à 1975, j’ai été chef de la divi-sion des eaux. Par la suite, dans la fouléedes différents changements administratifs,j’ai été nommé directeur assistant du ser-vice de l’ingénierie. En 1988, la Ville acréé un service de l’environnementduquel j’ai été le directeur. Bien sûr, jegérais toujours l’eau sur le territoire, maisje m’occupais maintenant également desdéchets, du recyclage et de la salubrité.C’est d’ailleurs en 1989 que nous avonsinstallé les premiers îlots de recyclage.

J’ai occupé ce poste jusqu’à ma retraitele 31 décembre 1999. Je n’ai pas résistéau bogue de l’an 2000 ! (Rires.)

Durant votre carrière, avez-vous euenvie de quitter le municipal ?La Ville comblait très bien mes aspira-tions. J’ai bien sûr eu certaines offresde la part de gens du privé, mais je lesai toutes refusées. Il aurait fallu qu’ellesme permettent de relever des défisaussi intéressants que ceux quim’étaient présentés dans le municipal. Ilfaut croire que l’argent n’était pas toutce qui importait pour moi.

Vous avez également fait du bénévolat…Oh que oui ! J’ai d’ailleurs investi beau-coup de temps dans différentes organi-sations. Mon épouse peut sûrement enattester ! J’ai milité à la Jeune Chambrede commerce de la Ville de Montréaldont j’ai été le président de 1972 à 1973.Je me suis aussi beaucoup impliqué àl’AQTE (ancêtre de Réseau environne-ment) qui a mis beaucoup de pressionpour que je devienne son premier direc-teur général. Le conseil d’administrationavait même passé une résolution pourm’octroyer le poste. Mais comme j’avaisbeaucoup de défis à la Ville de Laval, jen’ai pas accepté l’offre. J’ai par contreparticipé à plusieurs comités en plusd’être trésorier, vice-président et mêmeprésident en 1979-1980.

Votre femme n’a-t-elle pas travaillépour l’AQTE ?Oui, à compter de 1982. Elle s’occupait

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de la vente d’espace publicitaire d’une autre revue, et commel’AQTE avait besoin d’une personne pour faire le même type detravail et que Francine connaissait bien les gens de l’industrie pourm’avoir accompagné durant toutes ces années, elle devenait toutedésignée pour remplir cette fonction. Elle y est restée plusieursannées et a adoré l’expérience.

Comment s’est déroulé le passage à la retraite ?(Rires.) Encore une fois, je n’avais pas de plan. Mais je suis quelqu’un de très curieux. Je m’intéresse à plein de choses, cequi fait que je ne peux pas concevoir m’ennuyer un jour.

Toutefois, au moment de prendre ma retraite, j’ai dit à certainespersonnes que j’étais disposé à faire quelques mandats dansmon champ d’expertise. J’ai donc réalisé de petits mandats àgauche et à droite, notamment pour Dessau dans le milieu del’eau potable, pour Chamard et Associés relativement auxmatières résiduelles et bien sûr pour le gouvernement du Québecsur le comité de transition de la Ville de Montréal. J’ai égale-ment aidé Claude Lefebvre à convaincre le maire de Laval,Gilles Vaillancourt, à accepter la présidence du CERIU. Ce dernierm’a d’ailleurs demandé d’agir à titre de conseiller pour représenterla Ville au sein de l’organisme.

Je vais continuer d’être actif en acceptant de petits mandats et enm’occupant du C.I.EAU. Je suis convaincu que l’on vieillit moins viteen agissant de la sorte, autant physiquement qu’intellectuellement.

D’où vous est venue l’idée de créer le C.I.EAU ?Du manque de conscience de la part de gens en général. Je mesuis dit qu’il n’y avait personne de mieux placé que quelqu’un qui

a œuvré dans le milieu toute sa vie pour monter ce projet et par-tager sa passion sur la ressource.

Quelle a été la réponse des gens à l’égard du projet ?Incroyable ! Que ce soit sur le plan politique ou industriel oumême des gens qui m’entourent. C’est ce qui m’a le plus réjoui,c’est la réponse des gens. Tous étaient enthousiastes et m’en-courageaient à aller de l’avant. Les gens croyaient que le projetméritait d’être mis sur pied.

Qui sont vos grands partenaires financiers ?Nous avons obtenu une somme importante de la Conférencerégionale des élus (314 000 $), en plus des entreprisesDegrémont (50 000 $), John Meunier (50 000 $ ), GazMétropolitain (30 000 $), Cima (25 000 $), Dessau-Soprin(25 000 $), Tecsult (25 000 $), Hyprescon (25 000 $) et ITTFlygt (10 000 $). Bien entendu, la Ville de Laval participe égale-ment en échange de services. Nous aurons également une aideprovenant des gouvernements fédéral et provincial qui devraitosciller autour de 400 000 $. Il s’agit d’un programme portantsur les infrastructures, plus particulièrement sur le patrimoine.

En quoi consiste le C.I.EAU ?Il s’agit d’un centre d’interprétation de l’eau dont la mission estde sensibiliser la population en général, principalement lesjeunes d’âge scolaire, à l’importance de cette ressource vitale. Lecentre comportera deux volets : un laboratoire et une exposition.

Il est à noter que ce programme a été créé en collaboration avecla commission scolaire en fonction de la réforme scolaire.L’objectif est de faire en sorte que la visite du centre soit inclusedans le programme scolaire des jeunes de 5e ou 6e année. Il yaura une préparation en classe par le professeur, à l’aide d’unmanuel qui est en cours d’élaboration. Les élèves viendrontensuite réaliser des expériences dans la section laboratoire ducentre prévu à cet effet, pour ensuite faire un retour en classe surce qu’ils auront appris.

Pour ce qui est de la partie exposition Le chemin de l’eau, dela rivière à la rivière, il comportera 10 modules où les genspourront, de manière interactive, comprendre le chemin que par-court l’eau, que ce soit à l’étape du traitement, de la distributionou même des bonnes pratiques à mettre de l’avant pour éviter legaspillage. Le tout à l’aide d’objets historiques ou récents, decartes, d’images, de vidéos et de textes explicatifs. Cette por-tion du centre est créée par des experts en communication et enmuséologie qui ont une vaste expérience dans ce type d’expo-sition. Ils m’ont d’ailleurs garanti que les résultats serontuniques et extrêmement intéressants !

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Existe-t-il d’autres centres de ce typeau Québec ? Au Canada ?Non, pas à ma connaissance. Mis à partpossiblement un site en Belgique. Il y abien une maison de l’eau à Sherbrooke,mais il s’agit davantage d’une expositionaxée sur la faune.

Quelles seront les plages horaires ducentre ?Nous devrions être ouverts entre cinq etsix jours par semaine de la fête desPatriotes à l’Action de grâce. Pour lapériode d’hiver, nous devrions accueillirles groupes de jeunes ou d’adultes surrendez-vous.

Nous aimerions aussi développer desconférences thématiques pour lesgroupes associatifs ou professionnels.En bref, plusieurs options sont envisagéespuisque les occasions sont nombreuses.

Quels sont les coûts ?Les frais d’entrée devraient être assezminimes, soit de l’ordre de 3 à 5 $.

Où sera situé le centre ?À l’usine de traitement des eaux de Ste-Rose à Laval, au 4, rue Hotte. La Villedoit d’ailleurs amorcer les travaux pour

aménager une entrée indépendante etséparée incessamment. Nos locaux serontcomplètement autonomes de l’usine.

Avez-vous reçu l’appui financiernécessaire ?Il s’agit d’un projet comportant un budgetd’environ un million de dollars qui, avecl’engagement des gouvernements fédé-ral et provincial, sera complété. Bienentendu, nous sommes choyés que laVille nous fournisse le local, l’électricitéet le chauffage gracieusement.

Avez-vous encore besoin d’articlesou d’argent ?Qui n’en a pas besoin ? (Rires.) Plussérieusement, nous aimerions refaire uncocktail dînatoire qui, nous le souhaitons,serait un événement annuel. Cela nouspermettrait de rester en contact avec lesgens et de s’assurer qu’ils comprennentnotre mission.

Quelle sera la date d’ouverture ?Les délais sont un peu plus longs queprévus, mais nous croyons être enmesure d’ouvrir nos portes vers la fin del’année. Du moins, c’est notre souhaitle plus cher. Espérons que les astress’aligneront.

Dans un autre registre, commentexpliquez-vous l’augmentation de laconsommation d’eau embouteillée ?Il s’agit tout simplement d’un combatinégal. Les embouteilleurs disposent demoyens financiers incroyables pourmousser leurs produits alors que les Villespourraient difficilement le faire sansessuyer des critiques.

Que pensez-vous des PPP ?Je ne suis pas contre le principe. Ils’agit toutefois de trouver le juste dosagepermettant de rendre le tout efficace enévitant que les multinationales prennentle contrôle de la ressource qui doitdemeurer de propriété publique.

Êtes-vous en faveur de l’implantationde compteurs d’eau ?Je suis totalement en faveur. Est-cequ’Hydro Québec pourrait fonctionnersans compteurs ? À mon avis, la répon-se est la même sur le plan de l’eau. Lesbénéfices ne seront peut-être pas per-ceptibles pour tout le monde dès ledépart. Mais il s’agit d’un moyen degestion indispensable. Je suis convain-cu que leur installation permettra dechanger les mentalités des citoyens etmême des administrations publiques.

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Certaines Villes se servent encore del’eau pour financer d’autres services. Onaugmente la tarification de l’eau de 20 $,mais ces 20 $ ne servent pas toujours àaméliorer la qualité de l’eau. C’est encoretrop facile.

En général, l’agrandissement d’uneusine représente-t-il un non-sens quandon connaît le taux de fuites alarmant ?Il est évident que la recherche de fuites estprimordiale. Cependant, c’est là où entrenten jeu les compteurs. Ils permettent d’établirclairement les consommations domestiqueet industrielle ainsi que de détecter lesfuites. Sans quoi, chacun des départe-ments se renvoie la balle.

En conséquence, une telle gestion permetde pouvoir limiter les agrandissements etmême d’augmenter la durée de vie deséquipements.

La Ville de Laval retire-t-elle de grandsbénéfices à participer à la chaire industrielle en eau potable de la Polytechnique ?Je suis bien sûr de moins en moins aucourant, mais elle en a très certainementbénéficié par le passé. Sa participation a

permis d’avoir accès à des solutionsnovatrices, ne serait-ce que sur le plandes filtres aux charbons actifs, économisantainsi des sommes importantes.

Les projets ont été très nombreux et la col-laboration continue. De plus, l’une despersonnes maintenant responsables de lafilière eau potable à la Ville (Denis Allard) atravaillé à la chaire durant plusieursannées.

Quels sont les enjeux majeurs quiguettent le milieu de l’eau ?Les changements technologiques. On n’aqu’à penser aux techniques membranairesqui pointent et qui représenteront un beaudéfi pour les usines. Mais outre ces change-ments, le simple fait de continuer à produireune eau potable de qualité représentera undéfi en lui-même si les gens ne prennentpas conscience de l’importance de cetteressource.

Monsieur Perrault, merci beaucoup.

On le cuisine pour vous!

Quel est votre handicap au golf ?Le golf en tant que tel ! (Rires.) Plussérieusement, 17.

Devrions-nous nous inspirer davantagede ce qui se fait en Europe ou auxÉtats-Unis en matière de gestion del’eau ?Des deux. Les États-Unis sont géné-ralement plus conservateurs que lesEuropéens, c’est pourquoi la combi-naison des deux approches est inté-ressante.

Buvez-vous l’eau du robinet ?Oh oui, c’est presque une religion.

Qu’est-ce qui pourrait vous faire arrêterde consommer l’eau du robinet ?Le mauvais goût de l’eau.

Qui a été votre mentor ?Gilles Jolicoeur. C’était un ingénieurdoté d’un esprit d’analyse sans pareil.

Avez-vous un grand regret ?Non. Comme je ne m’étais jamais fixéd’objectif, je ne peux être déçu. Deplus, j’estime avoir bien rempli ma viejusqu’à présent.

Dans quelles circonstances avez-vous pleuré pour la dernière fois ?Ouf , i l y a b ien longtemps !Probablement à la mort de mesparents il y a vingt ans. Depuis, je n’aipas eu à affronter de grandesépreuves de la vie. Tout mon entourageest en pleine santé.

Quelle est votre plus grande réussitesur le plan personnel ?Ma famille. Je suis fier d’avoir troisenfants qui sont parfaitement auto-nomes et bien positionnés dans la vie.

Et sur le plan professionnel ?D’avoir contribué à la qualité et à labonne réputation de l’eau produite à laVille de Laval.

Est-ce facile de travailler avec lemaire Vaillancourt ?Pour moi, oui. Le maire Vaillancourtest excessivement travaillant etconnaît très bien ses dossiers. Deplus, je trouve que c’est un homme quia de belles valeurs.

Comment pourrions-nous contrer le gaspillage de l’eau potable ?Il est essentiel que les usagersconnaissent la valeur réelle de l’eau.La tarification apparaissant sur lecompte d’impôt municipal doit refléterun coût logique et non symbolique del’eau, comme c’est souvent le cas.L’installation de compteurs d’eau estégalement essentielle dans la mesureoù elle fera en sorte de conscientiserles utilisateurs à leur consommation.

Cultivez-vous un certain intérêt pour la politique ?J’ai un très grand respect pour lespoliticiens. Leur travail n’est pas facile.Mais ce n’est pas pour moi.

Quelle est la personne publique quevous aimeriez voir faire le saut enpolitique ?Aucun individu en particulier, mais je

crois que nous aurions besoin davanta-ge de gens qui ont réussi en affaires.Des gens provenant de grandesentreprises comme Bombardier etQuebecor pourraient sûrement êtreun atout pour notre gouvernement.

Sommes-nous à l’abri d’un Walkerton québécois ?Oui, à condition de demeurer vigi-lants et de bien s’occuper de nosinfrastructures.

Selon vous, l’économie québécoise se porte-t-elle bien en général ?Superficiellement oui, mais la mondia-lisation semble nous affecter. Lesexemples de fermetures telles quecelles d’Olymel, d’entreprises fores-tières ou même de l’invasion de nosmarchés par des géants étrangerscomme les Home Depot n’ont rien derassurant pour le futur.

Quelle serait la solution ?La solution vient du peuple lui-même. Il doit se prendre en main etpratiquer une espèce de protection-nisme.

tête-à-tête

Au moment où les besoins de réfectiondes infrastructures nous apparaissent deplus en plus importants et que nous com-mençons à nous inquiéter de la capacitédes prochaines générations à soutenirl’augmentation des coûts du système,nous devons nous montrer ouverts à tousles moyens nous permettant de faire faceà nos obligations. Dans les articles précé-dents, je vous ai parlé de l’importance defaire des diagnostics de l’état et de la per-formance de nos infrastructures, d’établirles priorités dans des plans d’intervention,d’assurer des sources de financementstables et récurrentes, de soutenir larecherche et l’innovation et d’assurer laformation adéquate des personnes quiopèrent ces infrastructures. Aujourd’hui,en prenant l’exemple du dossier des sur-verses, je souhaite vous parler de l’importan-ce d’adopter une approche réglementairesouple et efficace afin d’optimiser lesretombées des investissements publics.

Il y a quelques années prenait fin lapremière phase du Programme d’assai-nissement des eaux du Québec (PAEQ).Les travaux réalisés dans le cadre de ceprogramme (études, plans et devis,construction de conduites d’égout, d’ou-vrages de contrôle des eaux usées, debassins de rétention et de stationsd’épuration) se sont étalés sur une ving-taine d’années et ils ont coûté plusieursmilliards de dollars à la société québécoise.Selon la nature des travaux réalisés, lacontribution du gouvernement du Québecvariait de 50 à 90 %, la différence étantassumée par les villes. La responsabilitéainsi que les coûts d’exploitation et d’en-tretien des ouvrages installés ont alorségalement été portés à la charge desvilles.

L’objectif de cette première étape étaitde favoriser la récupération des principauxusages des cours d’eau en traitant, sur

l’ensemble du territoire du Québec, l’équi-valent de toutes les eaux usées en tempssec, c’est-à-dire, en gros, le débit d’eauxusées mesuré lorsqu’il n’y a pas de pluieou de fonte de la neige. Avec un peu derecul, on peut dire que la première phasedu PAEQ a permis de se rapprocher de cetobjectif dans la plupart des régions. Nouspouvons observer des signes de cetteamélioration dans plusieurs cours d’eau etlacs du Québec.

Au terme du PAEQ, après une périodede suivi de la performance des nouveauxéquipements de captage, de pompage etde traitement des eaux usées, le ministèredes Affaires municipales a établi des exi-gences de performance pour chacun de cesouvrages. Dans certains cas, l’exigence se

limite à capter ou à traiter les eaux entemps sec seulement. Dans d’autres cas,un nombre maximum de surverses à nepas dépasser chaque année est fixé. Lesmunicipalités doivent relever chaquesemaine et pour chaque ouvrage lenombre de surverses sur leur territoire etelles doivent compiler ces informationsdans le logiciel du MAMR appelé Suivi desouvrages municipaux d’assainissementdes eaux (SOMAE).

Le ministère du Développementdurable, de l’Environnement et des Parcs(MDDEP) analyse ces informations avantd’émettre un certificat d’autorisation pourles travaux de prolongement des réseauxd’aqueduc et d’égout (article 32 de la Loisur la qualité de l’environnement). Si lesexigences de rejet n’ont pas été respec-tées au cours des années précédant lademande, la ville ou l’entrepreneur doitindiquer les travaux à exécuter pour corrigerla situation avant que le certificat ne soitémis.

Or, il faut rappeler que les exigences derejet peuvent avoir été établies sur la based’informations incomplètes au cours de lapériode de rodage des ouvrages et l’avoir

été au cours de périodes dont on ne saitpas si elles sont représentatives desconditions météorologiques moyennes. Ilest donc très important de prévoir unedémarche de validation statistique de cesin fo rmat ions avant de t ra i te r lesdemandes. D’un autre coté, ces analysesportant sur des bassins très localisés,réalisées au cas par cas sans vue d’en-semble sur le cours d’eau récepteur,peuvent parfois nous empêcher d’identifierdes interventions qui pourraient, à plusfaible coût, engendrer des retombéesbeaucoup plus positives sur la qualité descours d’eau récepteurs. Je propose doncque le MDDEP étudie la possibilité dereconnaître le principe de compensationpour les projets de prolongement desréseaux d ’aqueduc e t d ’égout .

L’application de ce principe ferait en sorteque les effets d’un développement sur l’en-vironnement devraient être compensés, surle même cours d’eau, par une diminution aumoins équivalente de l’impact. Ainsi, pourchaque dollar investi, la retombée environ-nementale serait optimisée.

L’application de cette réglementationsur les surverses n’est qu’un des exemplesoù nous pouvons améliorer l’utilisation desfonds publics tout en permettant le dévelop-pement durable du territoire. En attendantque le gouvernement nous annonce le lan-cement de la deuxième phase duProgramme d’assainissement des eauxusées, nous pouvons améliorer la situationen assouplissant les règles d’applicationde la réglementation existante. ■

Je propose donc que le MDDEP étudie la possibilitéde reconnaître le principe de compensation pourles projets de prolongement des réseaux d’aqueducet d’égout.

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I N F R A S T R U C T U R E U R B A I N E

Gilles Vaillancourtmaire de Ville de Lavalet président du CERIU

des cours d’eauLA RÉGLEMENTATION ET LA PROTECTION

Notre proximité du fleuve St-Laurent, undes 20 plus grands fleuves de la planète,fausse souvent notre perception collectivequant à notre approvisionnement en eaudouce. Un faux sentiment de sécuritéhydrique nous habite lorsqu’on observele débit moyen de 12 600 m3/s du fleuveSt-Laurent et son système hydrographique.Nous savons tous que plus de 70 % de lasuperficie de la terre est couverte d’eau etque seulement 0,65 % de cette eau estde l’eau douce. Malgré l’abondance rela-tive en ressources hydriques du Québec, nefaudrait-il pas penser à développer aussides ressources hydriques alternatives ?

Que sont les ressources hydriquesalternatives ?

Le concept de la gestion intégrée desressources hydriques et le développementdes ressources alternatives datent du débutdes années 2000 lorsque le Global WaterPartnership (GWP) commence à en faire lapromotion. Formé en 1996, le GWP favoriseune vision globale du cycle de l’eau et undécloisonnement entre « eaux usées » et« eau potable ». Le développement desressources hydriques alternatives découlede cette vision globale du cycle de l’eau.Certaines des techniques pouvant êtremises en œuvre pour réduire la pressionsur les eaux douces sont, notamment, laréutilisation des eaux pluviales, la rechargedes nappes phréatiques, le dessalementdes eaux saumâtres ou de l’eau de mer,la réutilisation des eaux usées et le recycla-ge en boucle interne des eaux industrielles.De façon plus large, les ressourceshydriques alternatives sont l’ensemble desstratégies et des techniques qui permettentde réduire la demande nette en eau doucesur un territoire donné.

La Politique nationale de l’eauLa Politique nationale de l’eau nous alerte

pourtant sur les limites de nos ressourceshydriques. En effet, l’engagement numéro49 explique en toutes lettres l’importancedes économies d’eau et suggère l’élabora-tion d’une stratégie de conservation de l’eau.Le recyclage fait partie des moyens quipeuvent être mis en œuvre pour réduire laconsommation d’eau.

La situation nord-américaineNos voisins américains sont aux prises

avec des pénuries d’eau récurrentes.L’urbanisation rapide ainsi que l’industrialisa-tion de régions telles que la Californie, leTexas, le Nouveau-Mexique, etc. avec defaibles ressources hydriques exercent unepression supplémentaire sur les demandesen eau potable. Le défi consiste donc àassurer une alimentation adéquate en eaupotable à une population toujours grandis-sante et à une industrie en forte croissance.

La preuve de l’importance des ressourcesalternat ives dans ces régions estdémontrée par l’essor de WateReuse,(www.watereuse.org). Fondée en 1990en t an t qu ’ a s soc i a t ion régionale(Californie), WateReuse devient une asso-ciation nationale en 2000 et regroupemaintenant plus de 300 organisations et150 agences de gest ion de l ’eau.WateReuse est un organisme à but nonlucratif ayant comme objectif de promou-voir les ressources alternatives et definancer des projets de recherche et dedéveloppement touchant tous les aspectsde la réutilisation des eaux, du dessalementd’eaux saumâtres à la recharge de nappesphréatiques. Les projets de recherche deWateReuse couvrent l’ensemble destechnologies de réutilisation des eaux, desplus rustiques aux plus complexes.

Avantages des ressources alternativesDifférents groupes de recherche et

organismes internationaux ont étudié lesbénéfices de développer les ressourcesalternatives. Il est important de noter qu’à

l’échelle internationale, on dénombre plus de3300 projets de ressources alternatives,totalisant plus de 19 millions de mètrescubes d’eau recyclée et réutilisée.

Dans la brochure Water Recycling andReuse: Environmental Benefits (1998), l’USEPA attribue les avantages suivants auxressources alternatives :

1) libération des volumes d’eau pourd’autres utilisations (irrigation, plai-sance, etc.);

2) réduction de la charge polluantedéversée dans des milieux récepteurssensibles;

3) prévention et réduction de la pollution.

Finalement, les ressources alternativessont normalement indépendantes de lavariabilité des précipitations, donc à l’abrides changements climatiques. C’est unavantage majeur reconnu par tous leschercheurs, ce qui pourrait représenterun élément important dans les années àvenir si les scénarios de changementsclimatiques se concrétisent.

Nouveaux défis Devrait-on vraiment se soucier de déve-

lopper ces ressources hydriques alterna-tives ? Après tout, nous sommes riches eneau au Québec et au Canada, n’est-ce pas ?C’est vrai. Pourtant, plusieurs secteursindustriels font, tant au Québec qu’ailleurs,des efforts pour réduire leur consommationnette d’eau douce. Et des campagnes desensibilisation au gaspillage de l’eau sontrégulièrement lancées. Mais nous sommesriches en eau. C’est vrai. C’est peut-être ceque disait, aussi, le pêcheur sur le lac Tchadil y a 40 ans. Aujourd’hui, plus de 90 % de lasurface du lac Tchad a disparu. Scénariocatastrophe ou mise en garde pour l’avenir ?Difficile à dire, mais il n’en demeure pasmoins que le développement de ressourceshydriques alternatives est une excellentefaçon de préserver la ressource « eau » et des’adapter aux changements climatiques. ■

John CiganaIng., Msc.A.vice-président, Technologieet développement des procédésVeolia Water North [email protected]

S U R L E R A D A R

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de ressources hydriques alternatives ?ET LE DÉVELOPPEMENT

La Politique nationale de l’eau nous alerte pourtantsur les limites de nos ressources hydriques. En effet,l’engagement numéro 49 explique en toutes lettresl’importance des économies d’eau…

En milieu rural où les installations sep-tiques sont utilisées pour l’assainissementdes eaux usées, l’alimentation en eaupotable provient typiquement des eauxsouterraines. Lorsque cette source d’eaucontient une forte teneur en calcium et enmagnésium, celle-ci est classifiée commeune « eau dure ». Il est reconnu qu’uneeau dure engendre des inconvénientspour les accessoires de plomberie de lamaison, dont les dépôts de calcaireréduisent l’écoulement. De plus, une eaudure diminue l’efficacité des savons etdétergents en réagissant chimiquementavec ces derniers pour former une sorted’écume affectant l’éclat des vêtements.

Pour résoudre ces problèmes causéspar l’eau dure, les adoucisseurs d’eausont souvent utilisés. Par un procédéd’échange d’ions, les ions calcium etmagnésium contenus dans l’eau duresont remplacés par du sodium. Du chloru-re de sodium, ou sel de table, est ajoutéau procédé pour fournir la source d’ionssodium. Cependant, l’usage d’un adoucis-seur augmente la concentration en chlo-rure de sodium dans l’eau adoucie etgénère des volumes d’eau saline lors duprocessus de régénération (rétrolavage).L’eau du rétrolavage contient égalementune forte teneur en calcium et magnésium.

Alors, que faire avec ces eaux de rétro-lavage ? Peut-on les diriger vers l’installa-tion septique ? Quels impacts ces rejetsauront-ils sur la performance du dispositifd’épuration et ses composantes ?

Aucune étude scientifique n’a été réaliséesur une période de temps suffisammentlongue et avec un nombre de témoinsreprésentatif permettant de bien identifierles effets des rétrolavages d’adoucisseurd’eau sur les installations septiques.Quelques études ont été réalisées à la fin

des années 1970 (Univers i té duWisconsin et la National SanitationFoundation); ces dernières avaient étécommandées par l’industrie des adoucis-seurs. Les conclusions de ces étudesindiquaient qu’il n’y avait pas d’effetsnégatifs sur les installations septiquessuivies. Cependant, les témoignages dedifférents intervenants de l’industrie del’assainissement autonome ainsi que lesrésultats d’études plus récentes révèlentle contraire.

Voici sommairement les probléma-tiques soulevées par l’industrie de l’assai-nissement et les observations/faits notéssur le terrain :

1. Surcharge hydraulique au niveau de la fosse septique

Les craintes soulevées étaient à l’effetque les volumes d’eau générés par lesrétrolavages répétitifs d’un adoucisseurd’eau pouvaient perturber l’hydrauliquedans la fosse septique en réduisant letemps de rétention hydraulique (TRH). Deplus, le fort débit instantané du rétrolavagepouvait occasionner la remise en suspen-sion des boues et le transport de matièressolides vers le champ d’épuration.

dans les installations septiquesRÉTROLAVAGES AVEC ADOUCISSEURS D’EAU ÉVACUÉSA S S A I N I S S E M E N T D É C E N T R A L I S É

Christian VézinaingénieurRoy Vézina associéschrist [email protected]

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En fait, le volume moyen d’un rétrolava-ge est d’environ 200 litres et la fréquenceest de 1-2 fois/semaine. Ce volumed’eau correspond à peine à une brasséede lavage. De plus, cette opérations’effectue habituellement de nuit lorsquele volume d’eaux usées générées parles usagers est à son minimum. Donc,l’impact est minime sur ce point.

2. Ralentissement de l’activité bactérienne

Les sels contenus dans l’effluent durétrolavage pourraient-ils être toxiquespour les bactéries présentes dans lafosse septique au point d’en affecter laperformance épuratoire ?

Selon la NSF, une augmentation de laconcentration en sels diminue le poten-tiel osmotique du milieu et augmentelégèrement l ’act iv i té bactérienne.Cependant, ces études réalisées parNSF s’appliquent à un traitement aérobieplutôt qu’à un traitement anaérobie telque rencontré dans une fosse septique.Aucune étude n’est disponible pour desconditions anaérobies.

En contrepartie, des chercheurs ontremarqué que peu d’écume est forméedans la fosse septique recevant des eauxde rétrolavage après une période dequatre ans. De plus, une quantité plusimportante de particules solides (MES etH&G) sont transportées vers le dispositifd’évacuation. Finalement, la « zone claire »dans la fosse septique se distinguebeaucoup moins bien : plus de solidesdifficiles à décanter demeurent en sus-pension.

3. Stratification des eaux dans la fosseseptique

Le fait d’acheminer des eaux salines durétrolavage vers la fosse septique peutengendrer un mélange hétérogène danscelle-ci (eaux salées au fond et eauxusées domestiques en surface). Cettestratification engendre une diminution duTRH des eaux sanitaires dans la fosseseptique. Ces deux hypothèses ont étévalidées sur le terrain.

4. Diminution de la perméabilité du solLa conductivité hydraulique des sols est-elle vraiment réduite par l’accumulation desels en provenance des rétrolavages ?

En fait, les ions sodium (NA+) ont réel-lement la capacité de diminuer la porositédes sols argileux (effet de gonflement). Ilsdéfont la structure du sol par un proces-sus d’osmose en brisant les agrégatsd’argile. En contrepartie, l’eau desrétrolavages contient également desions Ca+ et Mg+ qui sont reconnuspour leurs effets structurants sur lesparticules d’argile.

Il serait donc préférable d’acheminerles rétrolavages vers l’élément épurateur(contenant des Ca+ et Mg+), car il seraitproblématique d’envoyer uniquementune eau douce (forte en Na+) vers ce

dernier, particulièrement en condition desols argileux.

5. Dégradation de la fosse septiqueLa crainte soulevée portait sur la dégra-dation prématurée du béton de la fosseseptique par l’action des sels.

Selon la Concrete PrecastersAssociation of Ontario, aucune étude nedémontre une telle affirmation. Même sanssels, une fosse septique est un milieu cor-rosif pour le béton. La dégradation dubéton serait principalement due auxsulfures contenus dans les eaux usées.

Comment minimiser l’impact des rétrola-vages sur votre installation septique ?

• En réduisant la fréquence des rétrolavages;

• en ne traitant pas l’eau servant pourles applications extérieures;

• en modulant le rétrolavage basé surle volume d’eau traité et non sur une base de temps;

• en augmentant le volume de la fosse septique. ■

RÉTROLAVAGES AVEC ADOUCISSEURS D’EAU ÉVACUÉS DANS LES INSTALLATIONS SEPTIQUES

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Bien plus performantsque les normes gouver-nementales, les stan-dards environnementauxque fixeront eux-mêmesles industriels écolo-giques guideront le réeldéveloppement durable.

À cet effet, l’industrie de la construction nord-américaine peutmaintenant compter sur une reconnaissance des efforts écolo-giques pour ses bâtiments. Cette reconnaissance appose une cotede prestige aux développements immobiliers et génère un effetd’entraînement afin de promouvoir l’excellence environnementale.Elle s’appelle LEED.

LEED est l’acronyme de Leadership in Energy & EnvironmentalDesign. C’est un système d’évaluation des bâtiments écologiquespour les nouvelles constructions et les rénovations majeures. Cesystème développé aux États-Unis en 1998 par l’U.S. GreenBuilding Council (USGBC) est appliqué au Canada par le Conseildu bâtiment durable du Canada (CBDCa) et possède sa propreidentité, soit LEED Canada-NC. C’est aujourd’hui le système d’éva-luation environnementale des bâtiments le plus utilisé du monde.

Les ouvrages reçoivent une certification en fonction du nombrede points cumulés. La note finale correspond à un des niveauxsuivants, le maximum étant de 70 points :

• Certifié 26 à 32 points• Argent 33 à 38 points• Or 39 à 51 points• Platine 52 à 70 points

Les critères d’évaluation et les points admissibles par secteurssont :• Aménagement écologique des sites 14 points possibles• Gestion efficace de l’eau 5 points possibles• Énergie et atmosphère 17 points possibles• Matériaux et ressources 14 points possibles• Qualité des environnements intérieurs 15 points possibles• Innovation et processus de design 5 points possibles

Un développement économique sain passe par des critères environnementaux rigoureuxLa conscientisation et l’urgence d’agir de façon responsable face àl’environnement guideront les futures décisions économiques.L’engouement pour l’étiquette verte appliquée aux divers dévelop-pements est déjà amorcé.

Le Canada compte à ce jour 60 projets certifiés LEED. La provincechampionne est la Colombie-Britannique avec 26, suivie de l’Ontarioavec 14 et de l’Alberta avec 13. Le nombre de projets peut ser-vir d’indice à la santé économique d’une province. Le Québec distinctn’en compte que deux !

Les deux projets québécois ayant la reconnaissance LEED sont :• le pavillon Lassonde de l’École Polytechnique de Montréal; • La Tohu, Cité des arts du cirque, Montréal. Tous les deux ont la cote Or.

La reconnaissance d’une gestion des eaux efficaceUne gestion performante des eaux permet d’accumuler jusqu’àsept points selon les standards LEED.

Deux points sont prévus à la section Aménagement écologiquedes sites.

• Gestion des eaux pluviales : débit et quantité 1 point

L’objectif est de limiter la perturbation et la pollution de l’écoulement natureldes eaux en gérant le ruissellement des eaux pluviales.

• Gestion des eaux pluviales : traitement 1 point

L’objectif est de limiter la perturbation de l’écoulement naturel deseaux en minimisant le ruissellement des eaux pluviales, en augmen-tant l’infiltration d’eau sur le site et en réduisant les contaminants.

Cinq points sont prévus à la section Gestion efficace de l’eau.

• Aménagement paysager économe en eau : réduction de 50 % 1 point

L’objectif vise à réduire ou éliminer l’utilisation d’eau potable pour l’irrigationdes terrains.

• Aménagement paysager économe en eau : réduction de 100 % 1 point de plus

L’objectif est d’éliminer l’utilisation d’eau potable pour l’irrigation des terrains.

• Technologies innovatrices de traitement des eaux usées 1 point

Il s’agit ici de réduire le rejet d’eaux usées et la demande en eau potable,tout en augmentant la réalimentation de la nappe aquifère locale.

• Réduction de la consommation d’eau : réduction de 20 % 1 point

L’objectif est de maximiser les économies d’eau dans les bâtiments afin deréduire la sollicitation des systèmes municipaux de distribution d’eau et detraitement des eaux usées.

• Réduction de la consommation d’eau : réduction de 30 % 1 point de plus

Même objectif que précédemment pour 30 % de réduction.

Valorisation des eaux uséesLa certification LEED permet la réutilisation des eaux usées trai-tées par des systèmes performants dans un même bâtiment pour :

• les toilettes;• les tours de refroidissement;• l’irrigation des terrains et des toitures vertes.

Il existe plus de 200 bâtiments LEED réutilisant les eaux uséestraitées dans le monde.

Parmi les technologies de traitement reconnues, celle des bioréac-teurs à membranes est largement utilisée pour la reconnaissancede crédits LEED. C’est d’ailleurs la technologie retenue pour la cer-tification des centres de congrès de Vancouver et de Pittsburgh.

Au-delà de la reconnaissance LEED, la Californie s’est dotée d’unedes réglementations les plus sévères du monde en matière deréutilisation des eaux usées traitées, soit le règlement 22 (Title 22)du Department of Health Services.

En Californie, beaucoup d’effluents municipaux servent à l’irrigationdes cultures. Ceux des bioréacteurs à membranes de Redlands sontutilisés pour la production de vapeur d’une centrale électrique voisine.

Des engagements différentsLa mise en valeur des efforts de préservation et de valorisation de laressource eau n’est malheureusement pas appliquée uniformément àtravers l’Amérique du Nord. Il est déplorable que les actions menant àla protection de cette ressource si précieuse soient principalementdictées par des interdictions d’utilisation, des approvisionnementsdéficients ou des catastrophes.

En matière de leadership environnemental, le Québec est loinderrière ses voisins immédiats. Qu’en est-il des rejets azotés ?

Non, le territoire québécois ne sera pas désertique de sitôt et nouspourrons toujours nous enorgueillir de nos réserves hydriques.Toutefois, la dégradation de la qualité des cours d’eau s’accentue.Combien de lacs seront-ils touchés par les algues bleues cet été ?

Le réel leadership environnemental prendra racine lorsqu’il ferapartie intégrante du développement économique. ■

LEED : UNE RECONNAISSANCE D’EXCELLENCE ENVIRONNEMENTALE

E A U X U S É E S

François Séguining., M. Ing.vice-président, [email protected]

Nous avons tous été, récemment,interpellés par le rassemblement descientifiques internationaux lors desaudiences de l’Intergovernmental Panel onClimate Change qui confirmaient la relationdirecte entre les activités humaines et leschangements climatiques. Le regroupementde ces scientifiques de divers pays consoli-de la perspective d’une planète pour tousayant globalement les mêmes contraintes àsurpasser. L’objectif premier de ce genre derencontre consiste à sensibiliser la popula-tion du monde et leurs gouvernementsque ces phénomènes atmosphériquessont critiques pour le bien-être des géné-rations futures. De plus, il se veut un trem-

plin pour une action concertée afin desinon gérer, du moins retourner favorable-ment le cours des choses.

Le bien-fondé de ce genre d’actionconcertée dans le secteur des change-ments climatiques devrait être reproduit

dans le cas des problématiques chro-niques associées à l’eau. Il n’y a aucunesubstance sur terre plus critique que l’eau.Nous ne pouvons espérer vivre sans elleplus que quelques jours. Les procédés detraitement de l’eau (filtration, osmoseinverse, traitement membranaire, désin-fection, etc.) permettent l’avancement del’industrie ainsi que l’accroissement duniveau de vie pour l’humanité. Les tech-niques modernes d’irrigation ont permis denourrir un plus grand nombre d’individus etde convertir certains déserts en oasis desplus productives. J’en ai personnellement

été témoin au Moyen-Orient où l’irrigationgoutte à goutte permet aux orangers etautres arbres fruitiers de fournir une récolteabondante. Alors que d’un côté nousinvestissons des sommes colossales pourfournir de l’eau à certains, de l’autre nouscontinuons de polluer et de gaspiller cette

dernière dans des proportions toujoursaussi alarmantes.

Les besoins à l’échelle planétaire sefont de plus en plus criants avec l’accrois-sement de la population mondiale. Cheznous, nos infrastructures de traitement etde distribution de l’eau se retrouvent dansun état lamentable. Le double défi – avoirune eau de qualité dans des quantités suf-fisantes – demeure entier et on ne peutguère espérer que cette problématique iras’amenuisant au cours des prochainesdécennies. Cet état de fait ne bénéficie

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E A U , T O U R D U M O N D E

François Bédarding., M.B.A. président, Fontaine Internationalf ranco is .bedard@hfonta ine .com

que de réponses…PLUS DE QUESTIONS

La seule usine école au Canada Excellentes perspectives d’emploi

La qualité de l'eau est au premier plan des préoccupations du Québec et les spécialistes certifiéssont indispensables et très recherchés. Les finissants de ce programme répondent parfaitement aux critères exigés par les gouvernements, les municipalités et les industries, que ce soit pour letraitement de l'eau potable, des eaux usées ou industrielles.

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Tout unmonde d’opportunités!

La raison principale de notre nonchalance est quel’eau demeure trop bon marché par rapport à sa valeurréelle.

cependant pas de la même couverturemédiatique que les changements clima-tiques bien qu’il nécessite tout autantnotre prise en charge concertée.

La grande majorité de la populationcroit encore que l’eau est essentiellementgratuite, oubliant du coup que sa produc-tion et sa distribution coûtent cher, mêmetrès cher. Nos usines de traitement d’eauainsi que nos réseaux de distribution ontété érigés il y a plus de cinquante ans etles coûts associés à leur entretien ne font

que croître. Des taux de fuite de l’ordre de40 %, pour les réseaux plus âgés, sontfréquemment décriés lors des conférencesspécial isées et sont ut i l isés pourappuyer les demandes d’accroissementdes investissements publics. Les maireset décideurs sont trop souvent reconnuspour conserver un niveau de dépensespubliques très bas, les investissementsreliés à l’eau n’étant pas des plus lucratifspolitiquement.

La raison principale de notre noncha-lance est que l’eau demeure trop bonmarché par rapport à sa valeur réelle. Laplupart des Québécois ne payent pasune redevance proportionnelle à leurconsommation réelle. Il n’existe sur lemarché aucun autre produit de consom-mation courante de la sorte, dont le prixn’a aucun lien direct avec le coût deproduction. Tôt ou tard, nous aurons tousà payer pour les problèmes de pollutionque nous avons créés et pour la remise àniveau des infrastructures urbaines quenous avons permis de se dégrader. Nousferons face à de nombreux problèmesd’eau dans le futur, et ce, tant du point devue local et national qu’international.Nous devons dès maintenant prendredes mesures draconiennes pour freinercette tendance.

Chaque année, nous pouvons constaterque de plus en plus d’organismes, d’ins-titutions, de chercheurs et d’individuscommencent à réaliser l’urgence de lasituation. Toutefois, leurs interventionsapportent, dans bien des cas, davantagede questions que de réponses. Lesproblèmes sont possiblement mieuxanalysés et compris, mais les solutionsne deviennent que plus complexes etcoûteuses à mettre en place. Nous nefaisons que trop peu pour nous attaquerréellement à la source des problèmes. Deplus, nous réalisons que les phénomènesassociés aux changements climatiquessont réels et qu’ils influenceront la dispo-nibilité de la ressource associée auxpluies ou aux absences de pluies. Nousne maîtrisons pas encore correctementces phénomènes qui exacerberont davan-tage les problématiques de l’eau.

Et comme ces problématiques se multi-plient dans une même proportion, lesopportunités commerciales qui y sontassociées se comptent en grand nombre.Les changements récents de réglementa-tion dans plusieurs pays – dont le nôtre –,les pressions plus marquées de la popula-tion, la création d’une classe moyennedans certains pays, les investissementsen infrastructures par les pays riches enpétrodollars et l’accroissement de lapopulation mondiale laissent entrevoird’intéressantes perspectives d’affaires.De telles occasions, les fournisseursd’équipements de traitement et de dis-tribution de l’eau les conçoivent trèsfavorables. Les acquisitions d’entreprisesréalisées par de grandes sociétés interna-tionales et canadiennes à des prix trèsélevés prouvent l’intérêt des investisseurspour le secteur.

Bien que les coûts de production et dedistribution de l’eau ne fassent quecroître, nous devrons sans aucun doute,dans un avenir relativement rapproché,trouver de nouvelles façons de gérer laressource « eau » tout en la rendantaccessible à tous. Un défi énorme enperspective…■

P L U S D E Q U E S T I O N S Q U E D E R É P O N S E S …

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Tel que mentionné lors de la précédente édition du magazineSOURCE, la deuxième partie de l’article concernant la procédurede réception sécuritaire des produits chimiques traitera desprescriptions générales devant servir à l’élaboration d’uneprocédure de réception.

Maintenant que les rôles de l’expéditeur, du transporteur et dudestinataire ont été bien définis, il est essentiel que toutes lesparties concernées collaborent afin de développer uneapproche sécuritaire commune. Pour élaborer et implanterune procédure de réception, vous pouvez vous référer auxdifférentes étapes suivantes :

1. Désigner et former les personnes responsables de ce projet et de son implantation.

2. Faire l’inventaire des produits chimiques.3. Relever les tâches pouvant être effectuées et identifier les

personnes responsables de ces opérations.4. Élaborer la procédure.5. Acquérir le matériel de sécurité requis (vêtements,

panneaux, cadenas, douche d’urgence, etc.).6. Former et informer les personnes concernées (travailleurs,

expéditeurs, transporteurs, pompiers, etc.).7. Assurer le suivi et la mise à jour de la procédure.

IMPORTANT. – Il est essentiel d’inclure la procédure deréception sécuritaire au cahier de charges ou dans un devispour soumission afin que l’expéditeur et le transporteur soientliés légalement à la démarche.

Les éléments-clés de la procédure sont les suivants :

1. Accès au lieu de livraison• Le transporteur demande l’autorisation au destinataire

AVANT d’accéder au périmètre de déchargement.

2. Contrôle des bordereaux de livraison• Obligation du transporteur à présenter tous les documents

d’expédition.• Le destinataire s’assure du volume disponible dans le

réservoir ou de l’espace d’entreposage.• SEUL le destinataire autorise le début du déchargement.

3. Accès au site de déchargement• Le destinataire indique au transporteur l’endroit pour accéder

au périmètre de déchargement.

4. Stationnement du véhicule sur le site de déchargement• Le destinataire s’assure de libérer les lieux d’accès et de

déchargement AVANT l’arrivée du transporteur (autres véhicules, équipements, etc.).

5. Préparatifs de déchargement• Vérification du code UN du produit livré sur le camion,

du branchement et des bordereaux de livraison.

6. Port des équipements de protection individuelle• Port des équipements de protection individuelle pour

l’expéditeur, le transporteur et le destinataire.

Vous trouverez ci-joint un exemple d’une procédure de récep-tion de produit chimique en vrac liquide, utilisée au Centre detraitement d’eau de la ville de l’Assomption. ■

L E M U N I C I P A L

Christian Sauvageaudirecteur, Service de l’hygiène du milieuVille de L’Assomptionus i n e f i l t ra t i o n@v i l l e .l a s s omp t i o n . q c . c a

des produits chimiquesPROCÉDURE DE RÉCEPTION SÉCURITAIRE

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COMMANDE DU PRODUIT CHIMIQUE ET CONFIRMATION DE SA LIVRAISON

Fournisseur : Produit commandé : Alun liquideAdresse de livraison : 450 Ange-Gardien, L’Assomption UN (NIP) du produit : 1760Commande reçue par : Téléphone : 1 800 465-6171Quantité commandée : 30 000 kg Date de la commande : 8 mai 2007Date de livraison : 11 mai 2007 AM � PM � Numéro de commande :Date de livraison reportée : AM � PM � Confirmation reçue : OUI � NON �Motif du report de livraison : Téléphone d’urgence : 1 613 996-6666Remarque : S.V.P. prendre note si température du produit OK Signature du destinataire :

VÉRIFICATIONS DE LA LIVRAISON ET DES CONDITIONS PROPICES AU DÉCHARGEMENTOUI NON OUI NON

Livraison arrivée au moment planifié : � � Quantité du produit chimique livré : kgDate et heure de livraison : Volume du produit chimique livré : litresAdresse de livraison conforme : � � Volume contenu dans le réservoir : litresPrésentation de la carte d’identité TMD : � � Volume disponible dans le réservoir : litresNom du livreur : Périmètre de déchargement libre d’obstacle : � �

Vérification du bordereau de livraison : � � Point de déchargement correctement identifié : � �

Vérification de la fiche signalétique reçue : � � UN (NIP) placardé sur la citerne conforme : � �

Vérification du certificat d’analyses si reçu : � �

Température du produit entre 20°C et 40°C : � �

Vérification du certificat de pesée reçu : Numéro du scellé enlevé par le technicien :Numéro d’immatriculation de la remorque :Initiales du technicien : Initiales du livreur :

Remarque :

VÉRIFICATION DES MESURES DE PROTECTION INDIVIDUELLE

OUI NON TECHNICIEN LIVREURVêtements portés par le technicien et le livreur : � � Bottes avec embout protecteur : � �

Accès à l’intérieur de la station assuré : � � Vêtement imperméable : � �

Disponibilité d’un boyau d’arrosage : � � Lunettes de sécurité : � �

Fonctionnement des douches d’urgence : � � Casque muni d’une visière : � �

Raccords de déchargement propres : � � Gants protecteurs imperméables : � �

Boyaux et raccords en bonne condition : � �

Lien de communication d’urgence fourni : � �

Ouverture de la vanne d’isolement intérieure : � �

Point de déchargement décadenassé : � � Initiales du technicien : Initiales du livreur :

Remarque :

OPÉRATION ET INTERRUPTION DU DÉCHARGEMENT DU PRODUIT CHIMIQUESe référer aux étapes d) à r) annexées du point 14.1 de la procédure de réception sécuritaire des produits chimiquesCause de l’interruption du déchargement :Mesures palliatives entreprises :

ÉCHANTILLONNAGE ET VÉRIFICATION DE L’ÉCHANTILLONPrélèvement sécuritaire de l’échantillon après 5 minutes : � Température du produit chimique : °CLa réception se déroule normalement : � Concentration normale du produit chimique : �

Le technicien quitte les lieux de déchargement : � Apparence normale du produit chimique : �

Remarque :

FINALISATION DE LA RÉCEPTION DU PRODUIT CHIMIQUELe livreur a laissé les lieux propres et en bon état : � Les bordereaux de livraison sont signés : �

Le bouchon est cadenassé au point de livraison : � Volume effectif de la livraison effectuée : litresLien de communication d’urgence repris : �

Fermeture de la vanne d’isolement intérieure : � Remarque :

La réception a été effectuée et le formulaire témoigne des dérogations à la procédure :

Signature du livreur : Signature du technicien :

REGROUPEMENT D’ACHATS DES PRODUITS CHIMIQUES DE LA RIVE-NORDVILLE DE L’ASSOMPTION – CENTRE DE TRAITEMENT D’EAU JEAN-PERREAULT

FORMULAIRE DE RÉCEPTION D’ALUN LIQUIDE

Remerciements• Antoine Laporte, Ville de Repentigny, pour son leadership dans l’élaboration

de cette procédure.• Le comité paritaire du RACPRN.• Les villes et régies membres du Regroupement d’achats de produits

chimiques de la Rive–Nord (RAPCRN), soit L’Assomption, Joliette, Repentigny, Ste-Thérèse, St-Eustache, St-Jérôme, Rosemère, Deux-Montagnes, ainsi que les Régies d’aqueduc intermunicipales des Moulins et de Varennes–Ste-Julie–St-Amable.

• Mme Lysane Picard, APSAM.• Les entreprises Kemira et Brenntag Canada pour leurs commentaires

sur la pertinence de rendre commune cette procédure.

2e partie

Voilà la question !

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En 18 ans et quelques poussières decarrière dans le domaine de la vented’instrumentation, on m’a, à maintesreprises, demandé de fournir des instru-ments « précis »... En posant la questionsur ce que cette caractéristique repré-sentait aux yeux de l’utilisateur éventuel,j’ai dû me rendre à l’évidence que le mot« précis », en apparence tout simple,n’avait pas une signification très « précise »pour tous les utilisateurs. J’ai donc décidé,par le biais de cet article, de tenter deredonner sa précision au mot.

Il y a une quarantaine d’années, laprécision en instrumentation faisait toutsimplement référence à la fiabilité d’uninstrument alors que, aujourd’hui, elle aévolué pour donner naissance aux notionsconnexes d’exactitude et de reproductibi-lité, devenues tout aussi utilisées.

Comment s’y retrouver ?Afin de démystifier adéquatement la

terminologie française, il s’avère opportund’effleurer la terminologie anglaise. Ententant de chercher des définitions outraductions des mots « précision », « exacti-tude » ou « accuracy » dans certains dictionnaires (techniques ou non), on serend vite compte que, selon le champd’activité dans lequel on désire employerce concept, la définition et/ou traductionpeut varier de façon subtile, mais scienti-fiquement intrigante. Ainsi, on note que lemot « accuracy » se traduit globalementet généralement par « exactitude » ou « précision », et que le mot « précision » setraduit également par « precision ». Unequestion s’impose donc :

Y a-t-il une différence entre « précision »et « exactitude » et, si oui, quelle est-elle ?

La réponse à cette question est simplequoiqu’elle semble défier notre logiqueétant donné que les deux mots repré-sentent, pour le commun des mortels,des synonymes. Il existe bel et bien unedifférence entre « précision » (precisionen anglais) et « exactitude » (accuracyen anglais). Bien que ces deux termespermettent de fournir des éléments

d’évaluation de la performance d’un ins-trument et sont essentiels dans touteprocédure d’assurance-qualité, leurssignifications diffèrent considérablement.De façon sommaire, lorsqu’on fait réfé-rence à une mesure analytique, la précisionpeut se définir comme la différencenumérique entre des valeurs successives(notion de reproductibilité) et leur disper-sion autour de la moyenne. La précisionfait ainsi également référence à la déviationstandard, concept particulièrement utiliséen statistiques. L’exactitude, dans cemême contexte de mesure analytique,peut se définir pour sa part comme laproximité de la mesure obtenue ou de lamoyenne des mesures obtenues à lavaleur vraie de référence. Afin de bienillustrer cette distinction, l’image de lacible est communément utilisée.

Dans les exemples de cibles fournis, ilest possible de constater que même siune bonne précision présuppose souventune bonne exactitude, des résultats précispeuvent toutefois être inexacts !

Il est bien certain que la précision etl’exactitude s’avèrent toutes deux essen-tielles en instrumentation. Cependant,selon l’utilisation que l’on compte faire del’instrument de mesure, une plus grandeimportance peut être accordée à l’une ouà l’autre. Dans des domaines tels que lamétéorologie, la comptabilité ou la méde-cine, la recherche de l’exactitude est

incontestable alors que dans certainsautres domaines, la précision peut fournirun facteur de fiabilité non négligeable etplus spécialement lorsque la valeur ditevraie est difficile à déterminer.

Outre les définitions ci-haut, j’ai jugébon vous fournir certaines informationsafin de faciliter votre interprétation dedonnées techniques retrouvées dans lestableaux de spécifications de tout typed’instrument. Ceux d’entre vous ayantdéjà procédé à l’évaluation d’un modèled’instrument connaissent l’importanced’analyser attentivement le tableau despécifications accompagnant l’instru-ment. Pour les néophytes, il s’agit d’untableau répertoriant les spécificationstechniques telles que les paramètresanalysés, les gammes de mesures, larésolution de mesures, les méthodesutilisées, les dimensions, le poids et biensûr la précision. En fait, les tableaux despécifications en anglais présententhabituellement une valeur accuracy alorsque ceux en français indiquent une valeurde précision. Cette valeur représente enfait l’exactitude de l’instrument et nonsa précision. Celle-ci, appelée en réalité« erreur d’exactitude », peut être expriméeen valeur absolue ou en pourcentage etpeut se définir comme la différence(delta) entre la valeur de référence et lavaleur moyenne des valeurs mesurées.Prenons par exemple un instrument demesure de pH dont la gamme de mesuresserait de 0,0 à 14,0. L’erreur d’exactitudeindiquée (probablement inscrite sousl’appellation « précision ») pourrait êtrede ±0,2 pH, ce qui signifie que si une

mesure de pH de 2,0 est obtenue, celle-ci pourrait dans les faits se situer entre1,8 et 2,2 pH (coefficient de variation).L’interprétation de cette donnée s’avèreprimordiale pour bien qualifier la perfor-mance de l’instrument.

Il importe donc de bien identifier lecontexte d’utilisation d’un instrumentavant de pouvoir en valider la sélectionet de comprendre « précisément » sesspécifications. ■

PRÉCISION OU EXACTITUDE ?I N S T R U M E N T A T I O N

France GauvreauB.Sc., directrice nationaleVentes et marketingHanna Instruments Canada [email protected]

Bien que ces deux termes permettent de fournirdes éléments d’évaluation de la performance d’uninstrument et sont essentiels dans toute procédured’assurance-qualité, leurs significations diffèrentconsidérablement.

Tous les jours, nous sommes sollicités de toutes parts pouracheter des produits plus performants ainsi que des gadgetspour ces mêmes produits destinés à nous rendre leur utilisationplus simple ou plus agréable. Qui d’entre nous ne s’est jamaisdit, pendant le processus d’achat d’un bien ou d’un service : « Tantqu’à y être, je vais prendre celui-ci. » Le réflexe n’est pas toujoursmauvais, surtout lorsqu’il s’agit de la qualité. Or, quelquefois, la situa-tion mérite une réflexion pausée. Vaut-il vraiment le coup (et lecoût !) de payer beaucoup plus cher pour quelque chose qui,somme toute, ne nous sera pas vraiment utile ?

Nous ne vivons plus dans une société de consommation,mais bien de surconsommation. Personne ne contestera cetétat de fait, bien qu’une tendance à l’économie des ressourcessemble se dessiner. Les acteurs du monde municipal, qu’ilssoient maires, employés de la ville, d’un cabinet de génie-conseil ou autre, sont d’abord et avant tout des êtres humainsvivant dans la même société que nous et subissant les mêmesinfluences. Ils peuvent donc avoir la même propension à laconsommation, quelquefois déraisonnable. Mais à l’heure où lesdeniers publics se font de plus en plus rares mais que lesbesoins se font de plus en plus criants en matière d’investissement, ildevient d’autant plus important de faire des choix judicieux.

Le monde des compteurs d’eau n’échappe malheureusementpas à cette problématique. Différentes technologies extrêmementefficaces et utiles ont vu le jour au cours des dernières années.Les systèmes de lecture à distance en temps réel sont très prisés et

représente une avancée importante dans notre milieu. Quelgestionnaire de ville ne rêve pas de pouvoir mesurer en touttemps la consommation des usagers, secteur par secteur, et ce,dans le confort de son bureau ? La technologie au bout desdoigts !

Bien sûr, il s’agit d’outils performants et pratiques. Mais laquestion se pose : en avez-vous vraiment besoin ? Et, surtout,avez-vous la latitude budgétaire pour vous permettre une telletechnologie ? Vos réponses sont peut-être affirmatives dansvotre cas précis. Mais il serait très surprenant que toutes lesvilles québécoises puissent répondre « oui » à ces deux questions.

Jusqu’à présent, certaines villes sont demeurées réfractairesà l’implantation de compteurs d’eau sur leur territoire. Dansquelques cas, il s’agissait de craintes quant à la réaction del’électorat. Mais dans la plupart des cas, il s’agissait davantagedu coût relié à leur mise en place par rapport au bénéfice qu’ilsrapportent. Or, comme le coût réel de la production d’eaupotable commence à être connu, les décideurs municipaux prê-tent maintenant une oreille attentive aux solutions proposées.Cependant, la tendance à se payer toutes les options vientencore faire surface. Et c’est là que le bât blesse. Certainesvilles, maintenant convaincues de la nécessité des compteurs,ne bougent pas, car elles ne peuvent se payer toutes les trou-vailles technologiques.

Comprenez-moi bien, je ne critique aucunement les possibili-tés qu’offrent ces nouveaux systèmes, mais il est selon moi trèsdommage de se priver de l’essentiel sous prétexte que l’on nepeut se payer l’extra. Après tout, un simple compteur permetd’atteindre les mêmes objectifs : il permet une gestion efficacede la ressource en plus de contribuer à la diminution du gaspillage.Rappelons-nous que, dans la plupart des cas, les gadgets peuventtoujours être ajoutés au produit de base lorsque les fonds lepermettront… ■

T A R I F I C A T I O N

François Lecomteprésident de l’entreprise Les compteurs Lecomtef l e c om t e@lecom t e . c a

Propos recueillis par André Dumouchel, article rédigépar Annie Talbot.

« tant qu’à y être »SAVOIR QUAND S’ARRÊTER OU ÉVITER LES

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Illustration : oncle ’‘J’‘

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La question du prélèvement massif etde l’exportation d’eau à partir du Canadaa récemment refait surface avec latenue, les 26 et 27 avril derniers àCalgary, de rencontres à huis clos entre leCentre for Strategic and InternationalStudies (CSIS) des États-Unis, leConference Board du Canada et leCentro de Investigación y DocenciaEconómicas (CIDE) du Mexique, troisgroupes de réflexion en matière de poli-tique publique. Selon les médias, cesréunions auxquelles participaient des « pra-ticiens » des gouvernements et des chefsd’entreprises des trois pays s’inscriraientdans le cadre d’un projet intitulé NorthAmerican Future 2025 Project, qui auraitpour objectif d’aider les politiciens à pour-suivre l’intégration nord-américaine.Seraient inscrits à l’ordre du jour de cesréunions des sujets tels que l’instaurationd’un périmètre conjoint de sécurité, unpacte continental des ressources etl’exportation de l’eau en vrac.

Si cette annonce a suscité l’inquiétudede la population, elle ne constitue pourtantpas une première en matière de prélève-ment massif et d’exportation d’eau. En effet,plusieurs projets de cette nature avaient faitles manchettes au cours des années 1990.Parmi ceux-ci, citons celui de l’alliance SunBelt Water inc./Snowcap Water ltée, quiconsistait à acheminer l’eau de Colombie-Britannique à l’aide de supertankers versdes États de la côte ouest américaine, celuide Nova Group ltée. visant à prélever l’eaudes Grands Lacs pour l’exporter vers l’Asieégalement par tankers, ou encore celui duCanada Wet inc. à Terre-Neuve qui pré-voyait le remorquage d’eau potable à l’aided’immenses membranes à destination del’Asie. Sous la pression populaire, aucun deces trois projets n’avait cependant vu le jour.

Les tentations de prélèvement massifet d’exportation d’eau potable renvoientaux enjeux entourant le statut juridiqueinternational de l’eau potable. Depuisquelques années, l’eau apparaît pro-gressivement dans le droit commercialinternational. L’application du GATT ou del ’ALÉNA ont révélé des r isques de

« marchandisation » de l’eau, qui ont sus-cité de nouvelles préoccupations. Bienque la Commission mixte internationale,établie par le Traité sur les eaux limi-trophes, soit d’avis qu’il est peu probableque l’eau à l’état naturel, c'est-à-dire dansun lac, une rivière ou un aquifère, soitvisée par les accords commerciauxcomme le GATT ou l’ALÉNA, certainesdispositions de ces deux accords demeu-rent néanmoins critiques. L’eau ne peutêtre un bien marchand que si elle est sus-ceptible d’appropriation. Ainsi, si l’eau àl’état naturel n’est pas un produit, tel neserait pas forcément le cas de l’eauembouteillée, dans un tanker ou dans unpipeline. Dans ce contexte, d’aucunsavancent que des dispositions commel’article XI du GATT ou l’article 309 del’ALÉNA portant prohibition d’imposerdes restrictions quantitatives pourraientéventuellement viser cette eau « marchan-disable ». Par ailleurs, les dispositions duchapitre 11 de l’ALÉNA s’appliqueraientaux ressources en eau, ce qui inclurait ledroit d’accès à l’eau à l’état naturel : ainsi,dans l’hypothèse où un gouvernementautoriserait ses citoyens à prélever del’eau, les investisseurs d’une autre partiede l’ALÉNA pourraient se prévaloir desmêmes droits.

Bien que, selon la Commission mixteinternationale, les dispositions de cesdeux accords n’empêcheraient pas lesÉtats de prendre des mesures pour proté-ger leurs ressources en eau s’il n’y a pas dediscrimination à l’égard d’individus del’autre pays, les tentatives de mise enplace de projets d’envergure de prélève-ment massif et d’exportation d’eaudurant les années 1990 ont provoquéun mouvement de repli des deux côtésde la frontière. Le 9 février 1999, leParlement du Canada adoptait ainsi unerésolution visant notamment à modifier laLoi sur le traité des eaux limitrophes inter-nationales afin de prévenir le prélèvementà grande échelle. Du côté américain, unemod ifica t ion en 2000 du WaterResources Development Act de 1986permettait aux huit États américains rive-rains des Grands Lacs de convenir avecl’Ontario et le Québec d’une norme déci-sionnelle relativement à l’extraction et àl’utilisation des eaux du bassin desGrands Lacs. Le 13 décembre 2005, lespremiers ministres de l’Ontario et duQuébec ainsi que les gouverneurs de ceshuit États américains signaient à cette finl’Entente sur les ressources en eauxdurables du bassin des Grands Lacs et dufleuve Saint-Laurent.

À ce titre, l’annonce de rencontres à huisclos dans le cadre du North AmericanFuture 2025 Project survient alors que leConseil régional des ressources en eau desGrands Lacs et du fleuve Saint-Laurent,créé par l’Entente de 2005, a lancé offi-ciellement le 15 mars dernier desconsultations publiques visant à déterminerdes objectifs régionaux de conservation etd’utilisation efficace de l’eau à l’échelle dubassin des Grands Lacs et du fleuveSaint-Laurent. Il faut souligner qu’en vertude l’article 200 de l’Entente de 2005, lesparties se sont engagées à adopter et àmettre en œuvre des mesures pourinterdire les nouvelles dérivations d’eauou l’augmentation des dérivations exis-tantes, sauf exceptions particulièresprévues à l’article 201 visant les terri-toires près du bassin. Selon l’article304, le Conseil régional doit adopter auplus tard le 13 décembre 2007 desobjectifs généraux de conservation etd’utilisation efficace de l’eau. Le Conseilrégional a ainsi soumis à la consultationun document provisoire présentant ces objectifs afin de s’assurer qu’ils repré-sentent bien les intérêts des parties etrépondent aux attentes des populationsconcernées. Ces objectifs préliminaires, aunombre de cinq, consistent à :

• orienter les programmes vers l’utilisa-tion durable à long terme des eaux;

• adopter et mettre en œuvre une gestion de l’offre et de la demande quifavorise la conservation et l’utilisationefficace des ressources en eau;

• améliorer le suivi des programmes deconservation et d’utilisation efficacede l’eau et uniformiser les rapportsprésentés par les États et les provinces;

• encourager la science, la technologieet la recherche;

• développer des programmes éducatifset améliorer la diffusion de l’informa-tion pour tous les utilisateurs de l’eau.

Une fois adoptés, ces objectifs servirontà l’élaboration des programmes respectifsde conservation et d’utilisation efficace del’eau de chacune des parties. ■

Ces deux articles n’entreront cependanten vigueur que 60 jours après que la dernièredes parties ait notifié aux autres parties qu’ellea complété les mesures nécessaires à leurmise en œuvre.

L E J U R I D I Q U E

Me Hervé PageotAvocat en droit de l’environnementDaigneault, Cabinet d’[email protected]

PRÉLÈVEMENT MASSIF ET EXPORTATION D’EAU : entre tentation et tentatived’interdiction

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L E S B O N S C O N T A C T S

Spé cialiste du traitement des eaux municipales et industriellesServices offerts : gestion, exploitation et optimisation.Distributeur des compteurs d'eau Neptune.

20 275, Clark Graham, bureau 200 Baie d'Urfé, Québec, H9X 3T5

Télé. : 514-457-9991 • Téléc. : 514-457-9922 • Courr ie l : [email protected]

MAYA communication et marketing et le magazine SOURCE sont fiers de vous annoncer la présence de l’humoriste Guy Nantel à l’occasion de leur tournoi de golfannuel le jeudi 6 septembre prochain. Il s’agira encore une fois d’un véritable happening pourl’industrie de l’environnement. Avez-vous réservévotre départ ? Plus que quelques places disponibles.Formulaire au www.maya.cc.

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Le fléau desalgues bleuesDepuis quelques années, les cyanobactériesprolifèrent dans nos cours d’eau au point dedevenir un véritable problè-me pour la santé publique.Le l i v re de Rober tLapalme, Protéger et res-taurer les lacs, publié auxéd i t ions Ber t randDumont, détermine lanature du problème enplus de proposer dessolutions visant à nousdébarrasser de cetirritant qui affecteune nombre grandis-sant de lacs québécois. Pour vous procurer lelivre, visitez le www.jardinplaisir.com. Une bellelecture estivale, les pieds dans l’eau…

Un peu d’humour…– Bonjour, j’aimerais avoir une crèmeglacée dure s.v.p.– Désolé, monsieur, nous n’avons plusque de la molle…

Sources : L’équipe du magazine Source.

ET LE GAGNANT EST…À l’occasion de la soirée Reconnaissance des étudiantsde l’École Paul-Gérin-Lajoie, monsieur Dominic Rancourts’est vu octroyer une bourse d’excellence offerte parHanna Instruments Canada, remise à l’étudiant finissantayant excellé dans le programme de traitement d’eau. Ilest à noter qu’il a également mérité la bourse d’excellence(tous programmes confondus) pour avoir obtenu lesmeilleurs résultats scolaires durant sa formation. Cettebourse était offerte en collaboration avec John Meunier.Voilà un excellent candidat !

Pollutec HorizonsTout comme le marché de l’environnement, le salon Pollutec connaît de profondesmutations et devient Pollutec Horizons. L’objectif de la nouvelle édition du salon,qui se tiendra du 27 au 30 novembre 2007 à Paris, est d’élargir les thèmes autourde nouveaux enjeux liés à l’optimisation des ressources, aux énergies et change-ments climatiques et à l’impact sanitaire des pollutions. L’évènement attend plusde 40 000 visiteurs et quelque 1 500 exposants. Évènement à ne pas manquer s’ilen est un, vous pouvez toujours participer à la délégation québécoise en y réser-vant votre espace d’exposition. Pour ce faire, contactez Sylvain St-Cyr d’Exportenvironnement au 450 552-3222 ou à [email protected] de l’occasion pour démontrer au monde entier votre savoir-faire.

Spectacle de Guy Nantel SOURCE contre John Meunier :une lutte à finirLe jeudi 24 mai dernier, l’entreprise John Meunier invitait le magazineSOURCE à disputer un match amical à l’aréna Ronald-Caron du cégepde St-Laurent. La partie a été âprement disputée et s’est soldée par unevictoire très serrée de 2 à 1 de l’entreprise sur le magazine. Toutefois,lors de la compétition de tirs de barrage, le magazine a vaincu à son tour

l’entreprise au compte de 2 à 1. Lesparticipants ont eu tellement de plaisirqu’une prochaine partie est prévue àl’automne. Qui sera le gagnant ?Surveillez notre compte rendu. Ànoter : la performance de deux butsd’Alain Godin, acheteur chez JohnMeunier, de Raynald « Wayne » Royd’Ipex en tirs de barrage.

Daniel Rodrigue, acheteur, Marc Larivière, représentant chezJohn Meunier.

Geste de solidarité Le jeudi 14 juin dernier, la fondation Garnierkids.com tenait la troisième édition de sa soirée bénéfice. Sousle thème On écoute avec son cœur – rythme et passion, la soirée a permis d’amasser l’importante somme de 585 000 $. Par le passé, la fondation a appuyé financièrement plusieurs organismes pour des projetsspécifiques, notamment ceux de l’hôpital de Montréal pour enfants, de l’école Orale de Montréal pour lessourds ainsi que ceux de l’hôpital Sainte-Justine. Félicitations à toute l’équipe pour cette belle réussite !

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