71
Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver Objet d’étude : la littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle Problématique : Comment la littérature et la presse luttent-elles contre la discrimination ? 1. Victor Schoelcher Abolition immédiate de l’esclavage (1842) GH 2. Pierre André Taguieff Pourquoi être anti raciste, 1997 GH 3. Henri Marrou, France ma patrie, 1956 Lecture cursive : Speed booking HDA : - Campagne de pub Benetton « Ange et démon » (1991) - Hergé, Tintin au Congo, 1946 - Man Ray Noire et blanche - Ousmane Sow, Guerrier massaï , Victor Hugo - Documents complémentaires : Nelson Mandela, discours de Stockholm, 1993 - Roland Barthes Mythologies, « Bichon chez les Nègres » (1957) Étude de la langue : - les outils de cohésion textuelle Méthode : - contraction de texte - paragraphe argumenté - Lecture linéaire : les procédés spécifiques à la prose. Activité proposée à la classe : Proposer un titre pour la séquence

Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Objet d’étude : la littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle

Problématique : Comment la littérature et la presse luttent-elles contre la

discrimination ?

1. Victor Schoelcher Abolition immédiate de l’esclavage (1842) GH

2. Pierre André Taguieff Pourquoi être anti raciste, 1997 GH

3. Henri Marrou, France ma patrie, 1956

Lecture cursive :

Speed booking

HDA :

- Campagne de pub Benetton « Ange et démon » (1991)

- Hergé, Tintin au Congo, 1946

- Man Ray Noire et blanche

- Ousmane Sow, Guerrier massaï , Victor Hugo

- Documents complémentaires : Nelson Mandela, discours de Stockholm, 1993

- Roland Barthes Mythologies, « Bichon chez les Nègres » (1957)

Étude de la langue :

- les outils de cohésion textuelle

Méthode :

- contraction de texte - paragraphe argumenté

- Lecture linéaire : les procédés spécifiques à la prose.

Activité proposée à la classe :

Proposer un titre pour la séquence

Page 2: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Speed booking des LC

Je ne sais pas où mettre :

- Illustration extraite d’un livre de lecture de 1877, Le Tour de la France par deux enfants, de Georges Bruno

- Dossier sur l’affaire Dreyfus, avec mention de « J’accuse »

Programme de la séquence :

✓ Séance 1 : Entrée dans le thème : trois textes à résumer (par ilôts,

retrouver les différentes idées) :

✓ Tzvetan Todorov, Nous et les autres – La réflexion française sur la diversité humaine, 1989

✓ Albert Memmi, Ce que je crois, 1985

✓ Claude Levi-Strauss, Race et Histoire, Unesco, 1961

✓ Séance 2 : LL Schoelcher

✓ Séance 3 : Intervention documentaliste : proposition speed booking

✓ Séance 4 : Les différents arguments

✓ Séance 5 : Proposition d’outils pour les différents arguments (demi

groupe) : outils procédés

✓ Séance 6 : LL Taguieff

✓ Séance 7 : Reprise méthode de contraction

- Séance 8 : Roland Barthes Mythologies, « Bichon chez les Nègres » (1957)

- Et Hergé, Tintin au Congo, 1946

✓ Séance 9 : LL France ma patrie

- Séance 10 : PUB sur l’autre et paragraphes argumentatif - Campagne de pub Benetton « Ange et démon » (1991)

- Séance 11 : Man Ray Noire et blanche

- Ousmane Sow, Guerrier massaï , Victor Hugo

✓ Séance 12 : Speed booking

✓ Séance 13 : Evaluation

Page 3: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 1 : Entrée dans le thème : trois textes à résumer (par ilots,

retrouver les différentes idées) :

Albert Memmi, Ce que je crois, 1985 (1)

Non, il nous faut admettre, en même temps, ces deux constats : le racisme est

insoutenable, par n'importe quel esprit, même médiocrement doué, et il y a en nous quelque

chose qui, presque malgré nous, nous pousse, sous une forme ou sous une autre, à le

soutenir. C'est contradictoire, embarrassant et assez terrible. Ce moteur inlassable,

inusable, jusqu'ici en tout cas, j'ai proposé de l'appeler, d'un terme qu'il m'a fallu forger

: l'hétérophobie ou la peur agressive d'autrui. Ce malaise diffus devant les autres, il est

aussi difficile d'en rendre compte que de l'amour d'autrui, avec lequel, heureusement, il

coexiste. C'est un fait aussi dense, aussi inesquivable, complémentaire, comme s'il n'y

avait guère de zone neutre. Une jeune femme essaye de me l'expliquer : « Tout homme

me semble toujours prêt à porter atteinte à ma liberté, à mon intégrité... sauf l'homme

que j'aime, mais alors il ne me semble plus exactement un homme ». En somme, il cesse

d'être un inconnu différent et dangereux. Pourtant cette force, cette inclination

à accuser autrui, à l'agresser, sous divers prétextes, nous la connaissons bien : nous en

avons une très fréquente expérience, même si son contenu est confus, plus émotionnel que

raisonnable. En gros, chaque fois que nous nous trouvons devant un individu ou un groupe

différent ou mal connu, nous en ressentons quelque malaise. Dans une entreprise comme

dans une armée ; même au sein d'un clergé ; ne parlons pas des artistes menés par leur

excessive sensibilité.

Albert Memmi, Ce que je crois, 1985 (2)

Notre inquiétude peut nous pousser à adopter des attitudes de méfiance et même de

refus hostile. Lesquelles n'excluent pas, du reste, des sentiments ambivalents d'attente

et d'espoir : on le voit chez l'enfant, toujours prêt, à la fois, à prendre peur et à sourire

(question classique : l'enfant est-il raciste ? Évidemment non, il n'en possède pas

l'argumentation, mais il est candidat à l'hétérophohie). On le voit dans le tourisme, où

l'inconnu nous fascine et nous inquiète. C'est pourquoi certains philosophes ont pu

affirmer que l'homme est un loup pour l'homme, et d'autres que l'homme est plein

d'amour pour l'homme : chaque partie a exprimé la moitié de la vérité. Plus grave : cette

réaction, à base de peur et de concurrence, ne relève pas seulement du délire : elle a une

fonction : elle fut et, en un sens, reste vitale pour l'espèce humaine. Pour

survivre, l'homme a dû souvent défendre son intégrité et ses biens et, à l'occasion,

s'approprier ceux d'autrui, biens mobiliers et immobiliers, aliments, matières premières,

Page 4: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

territoire, femmes, biens réels ou imaginaires, religieux, culturels et symboliques. De

sorte qu'il est à la fois agresseur et agressé, terrifiant et terrifié. Car, puisque chacun

en fait autant, on ne sait plus où commence ce cercle infernal de la défense et de

l'agression. Cela fait partie de notre histoire et de notre mémoire collective ; et avons-

nous vraiment changé depuis ?

D’après Albert Memmi, Ce que je crois, Grasset, 1985.

Claude Lévi-Strauss Race et Histoire, Unesco, 1952,

L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques

solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés

jans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes

culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles

auxquelles nous nous identifions. "Habitudes de sauvages cela n'est pas de chez nous ", "

on ne devrait pas permettre cela ", etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce

même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de

penser qui nous sont étrangères. Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait

pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation

occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or derrière ces

épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère

étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la

valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire " de la forêt ", évoque aussi

un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine.

Page 5: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Abolition immédiate de l’esclavage, Victor Schoelcher (1842)

Victor Schoelcher est entré dans l’histoire le 28 avril 1848, lorsqu’il fit adopter

l’abolition de l’esclavage aux colonies par le gouvernement de la Iie République.

Cette notoriété ne doit pas masquer le combat obstiné qu’il a mené

antérieurement. Le texte suivant, datant de 1842, expose quelques-uns des

innombrables arguments rassemblés par Victor Schoelcher en faveur de l’abolition

sans délai de l’esclavage.

Parce que le nègre et le blanc sont des rameaux divers de l’arbre humain, nous ne

voyons pas pourquoi on ferait l’un supérieur à l’autre, ni que l’un doive être mis au-

dessus ou au-dessous de l’autre. Il ne nous est point encore clairement démontré

qu’un tissu réticulaire [1] à sécrétion noire, ait plus de génie qu’un tissu réticulaire

à sécrétion blanche ; que des cheveux plats soient plus intelligents que des

cheveux crépus ; des lèvres épaisses et brunes, plus sottes que des lèvres minces

et rouges ; des sclérotides [2] jaunâtres, humides et injectées de sang, plus

grossières que des sclérotides mates et transparentes ; des talons élargis plus

incapables que des talons droits ; mais ces nombreuses infériorités fussent-elles

encore avérées, il nous serait impossible d’y voir une démonstration bien évidente

que le nègre doive être esclave, car elles pourraient faire que ce soit un autre

homme, mais elles ne l’empêcheraient pas d’être homme ; et cela étant, rien ne

peut excuser son esclavage. Voilà pourquoi, selon nous, c’est une proposition

exécrable au point de vue philosophique, impie [3] au point de vue providentiel, que

celle-ci : « Dieu n’a pas voulu que le nègre fût libre ». Le nègre a surabondamment

prouvé qu’il voulait être libre, en tuant ceux qui le faisaient esclave. Qu’on ne

s’enivre pas de folles rêveries d’orgueil. Jamais on ne vit les animaux domestiques

se révolter contre la puissance de l’homme. Son ascendant sur eux continuel et

perpétuel établit son droit de maître, tandis que les tentatives continuelles,

perpétuelles, et quelquefois heureuses des noires pour s’émanciper, confondent

chaque jour la prétendue supériorité des blancs.

Victor Schoelcher, Des colonies françaises. Abolition immédiate de l’esclavage

[1] Tissu réticulaire : tissu conjonctif de l’organisme

[2] Sclérotides : blancs de l’œil.

[3] Impie : étymologiquement, « qui n’est pas pieux », « qui offense la foi, la religion »

Page 6: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

LA Victor Schoelcher « Abolition immédiate de l’esclavage »

Introduction

(Situation de l’auteur) Né en 1804 Victor Schoelcher est le fils d'un négociant en

porcelaine parisien, d'origine alsacienne. Il s'intéresse dès le collège aux thèses anti-

esclavagistes. Devenu journaliste, il voyage aux Antilles, aux Etas-Unis, au Proche Orient

et en Afrique. Il milite pour une émancipation immédiate des esclaves, assortie d'une

indemnisation de leurs maîtres. Le discours abolitionniste de Schoelcher évolue au cours

de sa vie. En effet, au début de son engagement, il s'oppose à l'abolition immédiate de

l'esclavage. En 1830, dans un article de la Revue de Paris, « Des Noirs », il demande

ouvertement de laisser du temps aux choses. Cette vision de l'abolition qu'il a, se retrouve

en 1833, dans son premier grand ouvrage sur les colonies : De l'esclavage des Noirs et de

la législation coloniale. Pour lui, il serait dangereux de rendre instantanément la liberté

aux noirs, parce que les esclaves ne sont pas préparés à la recevoir. Il souhaite même le

maintien de la peine du fouet, sans laquelle les maîtres ne pourraient plus travailler dans

les plantations. Il faut attendre un nouveau voyage dans les colonies pour qu'il se tourne

vers une abolition immédiate.

ARAGO, Ministre provisoire de la Marine et des colonies, appelle auprès de lui Schoelcher

comme sous secrétaire d'Etat aux Colonies. Schoelcher reprend, à la demande d'Arago,

un projet de décret qu'il transforme en véritable décret du principe d'abolition. Le texte

est signé le 4 Mars 1848 Enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise, ses cendres

furent transférées au Panthéon le 20 mai 1949 en même temps que celles du Guyanais

Félix Éboué (premier noir à y être inhumé).

(Situation de l’extrait) Ce texte « Abolition immédiate de l’esclavage » date de 1842.

Victor Schoelcher expose quelques arguments en faveur de l’abolition.

(Problématique) : Comment son argumentation se développe-t-elle ?

Page 7: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Lignes 1 à 3 : _______________ = ________________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Parce que le nègre et le

blanc sont des rameaux

divers de l’arbre humain,

nous ne voyons pas

pourquoi on ferait l’un

supérieur à l’autre, ni que

l’un doive être mis au-

dessus ou au-dessous de

l’autre.

Page 8: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

lignes 3 à 12 : : _______________ = ________________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

. Il ne nous est point

encore clairement

démontré qu’un tissu

réticulaire [1] à

sécrétion noire, ait

plus de génie qu’un

tissu réticulaire à

sécrétion blanche ;

que des cheveux plats

soient plus intelligents

que des cheveux

crépus ; des lèvres

épaisses et brunes,

plus sottes que des

lèvres minces et

rouges ; des

sclérotides [2]

jaunâtres, humides et

injectées de sang, plus

grossières que des

sclérotides mates et

transparentes ; des

talons élargis plus

incapables que des

talons droits ;

Page 9: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

lignes 3 à 12 : : _______________ = ________________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

mais ces nombreuses

infériorités fussent-

elles encore avérées, il

nous serait impossible d’y

voir une démonstration

bien évidente que le

nègre doive être esclave,

car elles pourraient faire

que ce soit un autre

homme, mais elles ne

l’empêcheraient pas

d’être homme ;

Page 10: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

L12 à 13 = : _______________ = ________________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

et cela étant, rien ne

peut excuser son

esclavage.

Des lignes 13 à 14 : : _______________ = ___________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Voilà pourquoi, selon

nous, c’est une

proposition exécrable au

point de vue

philosophique,

Page 11: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 16 à fin : : _______________ = ___________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

impie au point de vue

providentiel, que celle-

ci : « Dieu n’a pas voulu

que le nègre fût libre ».

arg 2 : : _______________ = ____________________________________

____________________________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSES

au point de vue

providentiel, que celle-

ci : « Dieu n’a pas voulu

que le nègre fût libre ».

Page 12: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Qu’on ne s’enivre pas de

folles rêveries d’orgueil.

Jamais on ne vit les

animaux domestiques se

révolter contre la

puissance de l’homme.

Page 13: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Son ascendant sur eux

continuel et perpétuel

établit son droit de

maître, tandis que les

tentatives continuelles,

perpétuelles, et

quelquefois heureuses

des noires pour

s’émanciper, confondent

chaque jour la prétendue

supériorité des blancs.

Conclusion : : _________________________________________________

Page 14: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

____________________________________________________________

Page 15: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Lignes 1 à 3 : Réfutation = Blancs et noirs appartiennent à la même espèce

TEXTE PROCEDES ANALYSES

, Parce que le nègre et le

blanc sont des rameaux

divers de l’arbre humain,

nous ne voyons pas

pourquoi on ferait l’un

supérieur à l’autre, ni que

l’un doive être mis au-

dessus ou au-dessous de

l’autre.

Connecteur logique "parce que" (1) : la cause

« nous » à valeur

d’inclusion

« nous » à valeur

d’inclusion = VS cherche

à persuader le lecteur en

l’intégrant dans son

raisonnement avec la P4.

PP « on » Ce procédé est redoublé

par l’emploi du « on » à

valeur élargie. (l.2, 17, 17)

Les marques personnelles

de l’énonciation nous

montrent que l’on est

dans un discours qui

cherche à persuader.

Indicatif L’indicatif est le mode du

réel : Des lignes 1 à 9 :

l'indicatif (= Thèse de

Schoelcher) s'oppose au

subjonctif présent

(Thèse non fondée).

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

Conditionnel Le conditionnel est le

mode de l’hypothèse

Comparaison Cette comparaison

ramène les hommes à des

choses (réification) mais

établit également leur

fraternité (arbre humain

// arbre généalogique)

Page 16: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Répétition Schoelcher reformule

deux fois cette idée de

racisme de façon très

concrète, très spatiale

pour la deuxième

formulation.

REFUTATION Réfutation = Blancs et

noirs appartiennent à la

même espèce

lignes 3 à 12 : 2 réfutations = Pas de supériorité physique démontrée

= par l'absurde

TEXTE PROCEDES ANALYSES

. Il ne nous est point

encore clairement

démontré qu’un tissu

réticulaire [1] à

sécrétion noire, ait

plus de génie qu’un

tissu réticulaire à

sécrétion blanche ;

que des cheveux plats

soient plus intelligents

que des cheveux

crépus ; des lèvres

épaisses et brunes,

plus sottes que des

lèvres minces et

rouges ; des

sclérotides [2]

jaunâtres, humides et

injectées de sang, plus

grossières que des

sclérotides mates et

transparentes ; des

talons élargis plus

« nous » à valeur

d’inclusion

« nous » à valeur d’inclusion =

VS cherche à persuader le

lecteur en l’intégrant dans son

raisonnement avec la P4.

Indicatif L’indicatif est le mode du

réel : Des lignes 1 à 9 :

l'indicatif (= Thèse de

Schoelcher) s'oppose au

subjonctif présent (Thèse non

fondée).

Subjonctif Le subjonctif est le mode du

virtuel

CL des parties du

corps

Un vocabulaire biologique très

précis :

- Tissus réticulaire =

tissus conjonctif de

l’organisme

- Sclérotides = blanc de

l’œil.

Opposition et rythme

binaire

Toutes les mentions des

parties du corps donnent lieu

Page 17: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

incapables que des

talons droits ;

à des opposition

systématiques :

tissu

réticulaire

à sécrétion

noire

tissu

réticulaire à

sécrétion

blanche

cheveux

plats

cheveux

crépus

lèvres

épaisses et

brunes

lèvres minces

et rouges

sclérotides

jaunâtres,

humides et

injectées

de sang

sclérotides

mates et

transparentes

talons

élargis

talons droits

Opposition systématique des

particularités physiques des

blancs et des noirs

Personnification Schoelcher attribue à ces

parties du corps des capacités

intellectuelles ou morales =

par là même VS pointe du

doigt le racisme, càd le fait de

s’appuyer sur des différences

physiques (talons, œil, lèvres,

cheveux …) pour acter une

supériorité morale.

1ere Réfutation Pas de supériorité physique

démontrée

lignes 3 à 12 : 2 réfutations = Pas de supériorité physique démontrée

= par l'absurde

Page 18: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

TEXTE PROCEDES ANALYSES

mais ces nombreuses

infériorités fussent-

elles encore avérées, il

nous serait impossible d’y

voir une démonstration

bien évidente que le

nègre doive être esclave,

car elles pourraient faire

que ce soit un autre

homme, mais elles ne

l’empêcheraient pas

d’être homme ;

Connecteur logique "mais (9) : la concession

« nous » à valeur

d’inclusion

« nous » à valeur

d’inclusion = VS cherche

à persuader le lecteur en

l’intégrant dans son

raisonnement avec la P4.

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

Le conditionnel est le

mode de l’hypothèse

subjonctif et

conditionnel (aucune

adhésion de l'auteur).

Conditionnel

Parallélisme Raisonnement en deux

temps :

1) elles pourraient

faire que ce soit un

autre homme,

2) mais elles ne

l’empêcheraient

pas d’être homme ;

Le connecteur logique

« mais » articule le

raisonnement.

2nde réfutation Pas de supériorité

physique démontrée

= par l'absurde

Dans l’hypothèse où … le

raisonnement ne tient

toujours pas.

La thèse est donc centrale : l12 à 13 = L'esclavage n'est pas possible

Page 19: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

TEXTE PROCEDES ANALYSES

et cela étant, rien ne

peut excuser son

esclavage.

Connecteur logique "et cela étant" (12) :

l'adjonction

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

domine = affirmation des

propos

Pronom Rien, le pronom reprend

tous les arguments

racistes possibles. Avec

ce terme il englobe tous

les contre arguments.

THESE La thèse est donc

centrale = L'esclavage

n'est pas possible

Des lignes 13 à 14 : réfutation = Même s'il existe une différence entre les Hommes, le

noir est un homme. Des lignes 14 à 15 : = ref philosophique

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Voilà pourquoi, selon

nous, c’est une

proposition exécrable au

point de vue

philosophique,

Connecteur logique "voilà pourquoi" (13) : la

conséquence.

« nous » à valeur

d’inclusion

« nous » à valeur

d’inclusion = VS cherche

à persuader le lecteur en

l’intégrant dans son

raisonnement avec la P4.

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

Page 20: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

domine = affirmation des

propos

Vocabulaire subjectif Exécrable = qui fait

horreur : terme très

fort.= introduit un

jugement de façon nette.

REFUTATION réfutation = Même s'il

existe une différence

entre les Hommes, le noir

est un homme. :

réfutation philosophique

Des lignes 16 à fin : arg religieux

TEXTE PROCEDES ANALYSES

impie [3] au point de vue

providentiel, que celle-

ci : « Dieu n’a pas voulu

que le nègre fût libre ».

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

domine = affirmation des

propos

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

Rythme binaire Exécrable au point de vue

philosophique / impie au

point de vue providentiel

= Progression de

l’énumération :

philosophique et

religieux = regroupe

l’ensemble des penseurs

du racisme. Le point de

vue religieux = cf les

croisades.

Discours direct Reprend de façon naïve,

voire enfantine les

propos des religieux

REFUTATION

réfutation = Même s'il

existe une différence

Page 21: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

entre les Hommes, le noir

est un homme. :

réfutation philosophique

arg 2 : révolte à reformuler

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Le nègre a

surabondamment prouvé

qu’il voulait être libre, en

tuant ceux qui le

faisaient esclave.

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

domine = affirmation des

propos

Adverbe L’adverbe est très long

(5 syllabes) et en incise

entre le sujet et le verbe

= effet d’attente

Verbe de réflexion Verbe de réflexion dont

le sujet est le nègre. Cela

montre que le nègre est

capable de réflexion ( ce

qui n’est pas acquis pour

tout le monde à l’époque).

Périphrase Cette périphrase désigne

les colons.

ARGUMENT La capacité de révolte

des Noirs prouve leur

humanité

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Qu’on ne s’enivre pas de

folles rêveries d’orgueil.

PP « on » Ce procédé est redoublé

par l’emploi du « on » à

valeur élargie. (l.2, 17, 17)

Les marques personnelles

de l’énonciation nous

Page 22: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

montrent que l’on est

dans un discours qui

cherche à persuader.

CL de l’imagination Imagination au sens

négatif du terme

(opposée à la réflexion

rigoureuse du nègre

« prouvé ») = la

supériorité blanche est

une chimère.

*Orgueil = péché capital.

*« enivrer » = ivresse

condamnée là aussi

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

ARGUMENT La capacité de révolte

des Noirs prouve leur

humanité

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Jamais on ne vit les

animaux domestiques se

révolter contre la

puissance de l’homme.

PP « on » Ce procédé est redoublé

par l’emploi du « on » à

valeur élargie. (l.2, 17, 17)

Les marques personnelles

de l’énonciation nous

montrent que l’on est

dans un discours qui

cherche à persuader.

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

domine = affirmation des

propos

Présent de vérité

générale

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

Adverbe Valeur absolue de

l’adverbe = participe au

Page 23: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

raisonnement

axiomatique

Sous-entendu Donc le nègre n’est pas un

animal puisqu’il se

révolte.

Ce sous-entendu reste

sous silence car pour VS

il n’est pas dicible.

ARGUMENT La capacité de révolte

des Noirs prouve leur

humanité

TEXTE PROCEDES ANALYSES

Son ascendant sur eux

continuel et perpétuel

établit son droit de

maître, tandis que les

tentatives continuelles,

perpétuelles, et

quelquefois heureuses

des noires pour

s’émanciper, confondent

chaque jour la prétendue

supériorité des blancs.

PP « on » Ce procédé est redoublé

par l’emploi du « on » à

valeur élargie. (l.2, 17, 17)

Les marques personnelles

de l’énonciation nous

montrent que l’on est

dans un discours qui

cherche à persuader.

Indicatif L’indicatif est le mode

du réel : l'indicatif

domine = affirmation des

propos

Subjonctif Le subjonctif est le mode

du virtuel

répétition continuel et perpétuel :

répété pour les blanc et

pour les noirs.

Cependant, VS ajoute un

adjectif pour les noirs

« heureuses » : 3 mots =

supériorité

Vocabulaire subjectif VS dénonce encore

l’orgueil des blancs

Page 24: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

ARGUMENT La capacité de révolte

des Noirs prouve leur

humanité

Conclusion : L'argumentation de V Schoelcher cherche à convaincre autant qu'à

persuader sur la nécessité de l'abolition de l'esclavage.

L'argumentation progresse par réfutation et concession et s'appuie sur des tournures

négatives et des images.

Page 25: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 3 : Intervention documentaliste : proposition speed booking

Page 26: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 4 : Les différents arguments

Page 27: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 5 : Proposition d’outils pour les différents arguments (demi

groupe) : outils procédés

Page 28: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Pierre-André Taguieff Pourquoi être antiraciste ? (1997)

Pierre-André Taguieff a écrit de nombreuses études sur les formes contemporaines du racisme. Dans un petit livre destiné au grand public, il pose cette question simple en apparence : « Pourquoi être antiraciste ? » Dans ce passage, il montre que la réponse ne peut pas, et surtout ne doit pas, être tributaire d'une « vérité scientifique » qui prétendrait régler le problème.

Deuxième réponse, au nom de la vérité, voire de la vérité scientifique et du progrès de la

connaissance : pour lutter contre la puissance du faux et du mensonge. L'antiracisme se

définit, et par là s'autofonde, comme un discours de vérité, porté par le devoir de

combattre les idées fausses, les jugements erronés, les raisonnements incorrects, les

théories pseudo-explicatives ou les pseudo-théories scientifiques. Ce faisant,

l'antiracisme lie son destin à celui des vérités scientifiques, inséparables de théories qui

évoluent, varient, ou disparaissent pour faire face à d'autres théories. Cependant, s'il est

vrai qu'aujourd'hui rien ne permet, du point de vue de la génétique des populations, de

découper l'espèce humaine en races distinctes définies de façon typologique, rien ne nous

assure qu'il en sera de même demain.

Face à ceux qui croient pouvoir se contenter de lutter contre le racisme en expliquant aux

ignorants que les races humaines sont des fictions en ce qu'elles paraissent actuellement

dénuées de fondement génétique, le généticien Pierre-Henri Gouyon pose le vrai problème,

c'est-à-dire le reformule : « Et si elles en avaient un? Faudrait-il être raciste pour autant?

Non. Une part gigantesque de l'activité humaine consiste à se battre depuis toujours

contre ce que son environnement veut lui imposer. Quoi que l'on puisse démontrer, la

Nature n'a pas à dicter ma morale. » La récusation morale du racisme paraît plus solide,

indépendamment de toute référence à la scientificité actuelle ou future de telle ou telle

thèse « raciste ». L'impératif moral est inconditionnel1, et son message antiraciste d'une

grande clarté : en ce qu'il abolit ou nie la dignité humaine, le racisme doit être absolument

condamné. Encore faut-il préciser en quoi la dignité humaine est affectée par les diverses

expressions du racisme.

Pierre-André Taguierf, Le Racisme, © Flammarion, 1997.

Page 29: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

LL Pierre-André Taguieff "Pourquoi être antiraciste ?" (1997)

Introduction

(Situation de l’auteur) Philosophe et historien P.A. Taguieff est un specialiste du racisme.

Dans ce texte il remet en cause l'une des techniques de lutte contre le FN et crée la

surprise.

(Problématique) : Comment son argumentation se développe-t-elle ?

Des lignes 1 à 8 : ______________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Deuxième réponse, au nom

de la vérité, voire de la

vérité scientifique et du

progrès de la connaissance

: pour lutter contre la

puissance du faux et du

mensonge. L'antiracisme se

définit, et par là

s'autofonde, comme un

discours de vérité, porté

par le devoir de combattre

les idées fausses, les

jugements erronés, les

raisonnements incorrects,

les théories pseudo-

explicatives ou les pseudo-

théories scientifiques. Ce

faisant, l'antiracisme lie

son destin à celui des

vérités scientifiques,

inséparables de théories

qui évoluent, varient, ou

disparaissent pour faire

face à d'autres théories.

Page 30: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 8 à 11 ______________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Cependant, s'il est vrai

qu'aujourd'hui rien ne

permet, du point de vue de

la génétique des

populations, de découper

l'espèce humaine en races

distinctes définies de

façon typologique, rien ne

nous assure qu'il en sera de

même demain.

Des lignes 12 à 19 : ______________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Face à ceux qui croient

pouvoir se contenter de

lutter contre le racisme en

expliquant aux ignorants

que les races humaines sont

des fictions en ce qu'elles

paraissent actuellement

dénuées de fondement

génétique, le généticien

Pierre-Henri Gouyon pose

le vrai problème, c'est-à-

dire le reformule : « Et si

elles en avaient un?

Faudrait-il être raciste

pour autant? Non. Une part

gigantesque de l'activité

humaine consiste à se

Page 31: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

battre depuis toujours

contre ce que son

environnement veut lui

imposer. Quoi que l'on

puisse démontrer, la

Nature n'a pas à dicter ma

morale. »

Des lignes 19 à 21 : ______________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

La récusation morale du

racisme paraît plus solide,

indépendamment de toute

référence à la scientificité

actuelle ou future de telle

ou telle thèse « raciste ».

L21 à 23 ______________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

L'impératif moral est

inconditionnel, et son

message antiraciste d'une

grande clarté : en ce qu'il

abolit ou nie la dignité

humaine, le racisme doit

être absolument condamné.

Page 32: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 24 à 25 : _____________________________________________

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Encore faut-il préciser en

quoi la dignité humaine est

affectée par les diverses

expressions du racisme.

Conclusion :

Page 33: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 1 à 8 : Contre argument = Taguieff expose l'argument de la partie adverse

: il faut être antiraciste au nom de la vérité scientifique.

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Deuxième réponse, au

nom de la vérité, voire

de la vérité

scientifique et du

progrès de la

connaissance : pour

lutter contre la

puissance du faux et du

mensonge.

L'antiracisme se

définit, et par là

s'autofonde, comme un

discours de vérité,

porté par le devoir de

combattre les idées

fausses, les jugements

erronés, les

raisonnements

incorrects, les

théories pseudo-

explicatives ou les

pseudo-théories

scientifiques. Ce

faisant, l'antiracisme

lie son destin à celui

des vérités

scientifiques,

inséparables de

théories qui évoluent,

varient, ou

disparaissent pour

faire face à d'autres

théories.

Connecteur

logique

Notre extrait fait suite à une

argumentation déjà engagée

CL des Sciences Prédilection d’un raisonnement

scientifique et factuel : Que la

présence du locuteur soit quasi nulle

et que les termes abstraits

apparaissent en abondance montrent

que Taguieff appuie son

argumentation sur une réflexion

intellectuelle d'où toute tentative

de séduction est absente.

CL de la Morale Taguieff confronte les deux

concepts de la Science et la morale

= son propos est de démontrer que la

Morale ne doit absolument pas

s’appuyer sur la Science. Le CL

deviendra plus présent à la fin du

texte, alors que le CL de la Science

deviendra plus rare.

Chiasme La théorie porte fatalement la

possibilité de l’erreur en elle

(« pseudo » emprisonné par

« théories »)

L'indicatif L'indicatif mode du réel est

largement employé dans ce texte et

c'est surtout le présent que l'on

rencontre à valeur à valeur de vérité

générale. Taguieff cherche ainsi à

convaincre le lecteur de

l'authenticité de ses propos.

Métaphore L’image du destin (// la fatalité de la

tragédie) montre tout le danger de

ce point de vue

CONTRE

ARGUMENT

Taguieff expose l'argument de la

partie adverse : il faut être

antiraciste au nom de la vérité

scientifique.

Page 34: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 8 à 11 : Réfutation = la science n'est pas une donnée stable, elle ne peut suffire

à lutter contre le racisme.

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Cependant, s'il est vrai

qu'aujourd'hui rien ne

permet, du point de vue de

la génétique des

populations, de découper

l'espèce humaine en races

distinctes définies de

façon typologique, rien ne

nous assure qu'il en sera de

même demain.

Connecteur

logique

On relève un connecteur logique

l.8 qui marque une objection et

opère un basculement. Avant lui

Taguieff expose pourquoi

l'antiracisme est fondé sur des

données scientifiques, après lui

il réfute cette idée en en faisant

apparaître la faiblesse et le

danger.

Hypothèse Balancement du « s'il est vrai

qu'aujourd'hui (…) rien ne nous

assure qu'il en sera de même

demain. » : Avec l’opposition

temporelle aujourd’hui / demain

= La vérité doit être absolue et

éternelle.

PP 1ere pers du

pl

Un seul "nous"(11) marque la

présence du locuteur dans cet

extrait. Taguieff cherche ainsi à

intégrer le lecteur dans son

raisonnement.

L'auteur est donc peu présent

dans ce texte. Ils cherchent

plus à nous convaincre par des

arguments qu'à nous persuader

en jouant avec notre sensibilité.

CL des Sciences Prédilection d’un raisonnement

scientifique et factuel : Que la

présence du locuteur soit quasi

nulle et que les termes abstraits

apparaissent en abondance

montrent que Taguieff appuie

son argumentation sur une

réflexion intellectuelle d'où

Page 35: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

toute tentative de séduction est

absente.

Métaphore Vision péjorative de la science

REFUTATION Des lignes 8 à 11 : Réfutation = la

science n'est pas une donnée

stable, elle ne peut suffire à

lutter contre le racisme.

Des lignes 12 à 19 : Réfutation par l'absurde et au conditionnel. Cette réfutation s'appuie

sur la citation d'un généticien, un représentant de la science qui fait partie du camp de

Taguieff = Si la science montrait des différences entre les races, faut-il être raciste ?

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Face à ceux qui croient

pouvoir se contenter de

lutter contre le racisme en

expliquant aux ignorants

que les races humaines sont

des fictions en ce qu'elles

paraissent actuellement

dénuées de fondement

génétique, le généticien

Pierre-Henri Gouyon pose

le vrai problème, c'est-à-

dire le reformule : « Et si

elles en avaient un ?

Pronom

démonstratif

pluriel

Doxa = opinion commune.

Ici, l'antiracisme se fonde sur

des données scientifiques.

En refusant à la science sa

légitimité pour soutenir seule

l'antiracisme, Taguieff renverse

un lieu commun. Son audace est

d'autant plus remarquable qu'il

s'appuie sur une simple

hypothèse pour évacuer la

science du débat.

Discours direct Argument d’autorité avec le

témoignage de P H Gouyon. Cet

argument, venant d’un

scientifique qui plus est, suffit à

légitimer la position de Taguieff.

Opposition Taguieff dans cette longue

phrase oppose l’attitude

commune et celle de P H Gouyon

(qui est aussi la sienne).

Pluriel Ces pluriels laissent

volontairement dans le flou les

opposants à Taguieff et par là

même place « dans le même sac »

les racistes et les anti racistes

pour de mauvaises raisons.

Page 36: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Des lignes 12 à 19 :Réfutation

par l'absurde et au conditionnel.

Cette réfutation s'appuie sur la

citation d'un généticien, un

représentant de la science qui

fait partie du camp de Taguieff

= Si la science montrait des

différences entre les races,

faut il être raciste ?

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Faudrait-il être raciste

pour autant ? Non. Une part

gigantesque de l'activité

humaine consiste à se

battre depuis toujours

contre ce que son

environnement veut lui

imposer. Quoi que l'on

puisse démontrer, la

Nature n'a pas à dicter ma

morale. »

Question

rhétorique

La question interpelle le lecteur.

Par ailleur la réponse est donnée

par Taguieff « Non »

Majuscule La Nature est allégorisée : il

s’agit du concept de Nature.

CL de la Morale Taguieff confronte les deux

concepts de la Science et la

morale = son propos est de

démontrer que la Morale ne doit

absolument pas s’appuyer sur la

Science. Le CL deviendra plus

présent à la fin du texte, alors

que le CL de la Science deviendra

plus rare.

Le pronom "on" Le pronom "on" à valeur élargie

(18) = marque la présence du

locuteur dans cet extrait.

Taguieff cherche ainsi à

intégrer le lecteur dans son

raisonnement,

L'auteur est donc peu présent

dans ce texte. Ils cherchent

plus à nous convaincre par des

arguments qu'à nous persuader

en jouant avec notre sensibilité.

Conditionnel Mode de l’hypothèse : Taguieff

marque sa distance avec ce

propos.

Page 37: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Subjonctif Mode du virtuel :Taguieff

marque sa distance avec ce

propos.

Des lignes 19 à 21 : Argument 1 en faveur de la morale = La morale n'est pas soumise aux

changements. Elle est absolue et c'est sur elle qu'il faut s'appuyer pour lutter contre le

racisme.

TEXTE PROCEDES ANALYSE

La récusation morale du

racisme paraît plus solide,

indépendamment de toute

référence à la scientificité

actuelle ou future de telle

ou telle thèse « raciste ».

CL de la Morale Taguieff confronte les deux

concepts de la Science et la

morale = son propos est de

démontrer que la Morale ne doit

absolument pas s’appuyer sur la

Science. Le CL deviendra plus

présent à la fin du texte, alors

que le CL de la Science deviendra

plus rare.

Modalisateur Gouyon avance son raisonnement

philosophique avec une certaine

prudence. Cependant, il énonce

nettement son jugement. Ce

même jugement sera repris de

façon plus catégorique par

Taguieff dans sa thèse.

Des lignes 19 à 23 : Argument 1

en faveur de la morale = La

morale n'est pas soumise aux

changements. Elle est absolue et

c'est sur elle qu'il faut

s'appuyer pour lutter contre le

racisme.

L21 à 23 THESE

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Page 38: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

L'impératif moral est

inconditionnel1, et son

message antiraciste d'une

grande clarté : en ce qu'il

abolit ou nie la dignité

humaine, le racisme doit

être absolument condamné.

Présent Valeur de vérité générale

CL de la Morale Taguieff confronte les deux

concepts de la Science et la

morale = son propos est de

démontrer que la Morale ne doit

absolument pas s’appuyer sur la

Science. Le CL deviendra plus

présent à la fin du texte, alors

que le CL de la Science deviendra

plus rare.

Verbe

d’obligation

Sa thèse a valeur d’obligation,

d’impératif

THESE La thèse est presque finale dans

ce texte (23) : "le racisme doit

être absolument condamné", et

est précédé des différents

arguments.

Phrase longue et sans

modalisateur aucun : le message

est une vérité générale.

Si aux yeux de Taguieff la

morale l'emporte sur la Science

pour combattre le racisme, c'est

qu'elle le condamne de manière

absolue en étant inconditionnelle

et intemporelle.

De +, elle est garante d'une

dignité humaine que le racisme

affecte.

Des lignes 24 à 25 : conclusion ouverte : Taguieff se demande en quoi le racisme affecte

une dignité ouverte.

TEXTE PROCEDES ANALYSE

Transition Des lignes 24 à 25 : conclusion

ouverte : Taguieff se demande

en quoi le racisme affecte une

dignité ouvert : conduit à la suite

du raisonnement

Page 39: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Conclusion : En remettant en cause la science, Taguieff propose une nouvelle stratégie

et relance l'offensive contre le FN.

Pour lui le racisme est tout simplement une atteinte à la dignité humaine et ne peut

être accepté. Cette idée araît simple, elle responsabilise pourtant la pensée raciste

et la renvoie à sa bassesse.

Cette argumentation sur l'autre se prolonge avec ....

Page 40: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 7 : Reprise méthode de contraction

Page 41: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 8 : Roland Barthes Mythologies, « Bichon chez les Nègres » (1957)

Et Hergé, Tintin au Congo, 1946

Page 42: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Tintin au Congo

Voici un extrait de Tintin au Congo, bande dessinée parue en 1946.

___________________________________________________________________

Tintin au Congo

Voici un extrait de Tintin au Congo, bande dessinée parue en 1946.

___________________________________________________________________

Tintin au Congo

Voici un extrait de Tintin au Congo, bande dessinée parue en 1946.

Page 43: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver
Page 44: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Tintin au Congo

Objectifs : passer d’une observation à une analyse

Percevoir les connotations que peut porter une image.

Consigne : Montrez que ce document présente des connotations

racistes.

→ Une telle consigne implique que l’on produise une réponse

argumentée. Il faudra donc discerner quelle est la thèse à défendre et

quels arguments on peut utiliser.

Thèse : Ce document a des connotations racistes.

→ Il faudra donc commencer par observer le texte et les images pour avoir

des éléments de réponse. On les classera ensuite du moins important au

plus important.

On pourra choisir un plan en deux parties :

I. La représentation de l’Afrique s’appuie sur des clichés

II. Les vignettes tendent à dévaloriser les Noirs

Étapes du travail :

- Après l’analyse du sujet, une fois que l’on a repéré la thèse à défendre,

il faut commencer par construire le plan, i.e. choisir les arguments que l’on

va utiliser.

- C’est seulement après avoir fait le plan au brouillon que l’on écrira

l’introduction et la conclusion.

Page 45: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Construction du plan :

I. La représentation de l’Afrique s’appuie sur des clichés

1. Un décor « typique »

Le dessin a recours à l’imagerie traditionnelle des empires coloniaux

lorsqu’ils représentent l’Afrique.

Ex : on trouve une case en arrière plan.

Voie de chemin de fer → idée que la métropole apporte la civilisation dans

les colonies. D’ailleurs, une opposition nature/culture marquée par le

contraste entre la voiture et la maison (la voiture est plus grande que la

case, ce qui insiste sur son importance, et, de façon implicite, sur sa

supériorité).

2. Représentation caricaturale des Noirs

Bouche énorme. Cheveux crépus.

Dans la deuxième vignette : presque tous identiques.

➔ L’Autre n’est pas représenté fidèlement mais se réduit à des

stéréotypes ; une représentation simpliste.

Transition : Ces clichés véhiculent des connotations racistes

II. Les vignettes tendent à dévaloriser les Noirs

1. Les personnages noirs sont ridiculisés

Texte : nom du peuple (« les Babaoro’m ») = référence explicite à une

pâtisserie. → aucune crédibilité, ridicule

Image : les personnages noirs se sont vêtus de vêtements européens

mais ils semblent déguisés, comme si les vêtements « civilisés » n’étaient

pas faits pour eux. Ex : cravate sur torse nu, bottes trop grandes, homme

féminisé, plume qui évoque une animalisation…

Page 46: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

2. Les personnages noirs sont placés en situation d’infériorité

Texte : langage déstructuré → connote un manque d’intelligence.

Les personnages noirs portent le personnage blanc ; ils sont littéralement

à ses pieds. Composition de l’image : Tintin (blanc) dans partie

supérieure/ Noirs dans partie inférieure → semble indiquer une infériorité

de ces derniers. De plus, ils sont au même niveau que le chien : de façon

inconsciente, l’animalisation apparaît encore une fois.

Rédaction de l’introduction :

Il faut présenter le document puis évoquer la thèse à défendre et rappeler

les définitions des notions clés.

Rédaction de la conclusion :

Il faut rappeler les idées importantes que l’on a trouvées dans le cours du

devoir.

Page 47: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séquence 3 - L’autre e(s)t moi

Henri Marrou, « France, ma patrie », Le Monde, 5 avril 1956

Libres opinions

FRANCE, MA PATRIE…

Par Henri MARROU, professeur à la Sorbonne

Le gouvernement se montre très soucieux de parer à toute manœuvre malfaisante

de démoralisation de l’armée ; […] est-il aussi attentif à ce qui porte atteinte au moral de

la nation ?

Je ne suis ni journaliste professionnel ni homme politique : je témoigne ici en simple

citoyen que sa conscience tourmente et qui constate n’être pas le seul à éprouver cette 5 lourde gêne, cette inquiétude, cette angoisse.

Le moral du pays est atteint

En deux ou trois semaines une étrange torpeur s’est emparée de l’opinion ou de

ceux qui la manifestent. À la menace de voir exercer « un certain contrôle » sur la presse

et la radio, celles-ci ont réagi on s’imposant, semble-t-il, une sévère autodiscipline. Le 10 résultat c’est qu’à nouveau nous prenons l’écoute de la radio suisse et nous comptons

pour être informés sur la presse étrangère […].

Parlant, une fois encore en tant que simple citoyen, je dis que cela n’est pas très

bon pour le moral du pays. Aussi bien commence-t-on à entendre ici ou là d’étranges

voix chuchoter. Il y a les prétendus réalistes : l’Indochine perdue, il faut tenir l’Afrique du 15 Nord1 ; la Tunisie et le Maroc abandonnés à la légère, l’Algérie est notre dernière

tranchée, ou c’en est fait de la puissance française… Même les milieux religieux sont

atteints : je m’entends partout rappeler au devoir chrétien de dévouement à la patrie ;

d’autres s’avisant que l’islam implique la notion de guerre sainte, s’en vont dénicher dans

les greniers théologiques le thème poussiéreux de la croisade… […] 20

Double solidarité

Certes je me sais et me sens profondément solidaire de ceux qu’on appelle assez

étrangement « les Français d’Algérie », de la population algérienne d’origine et de

mœurs européennes, sans distinguer ceux dont les pères sont venus de France même,

d’Espagne, de Malte ou d’ailleurs. Ils sont mes frères français, et que leur caractère 25 m’inspire sympathie ou réserve c’est là un fait (quand mon frère ou mon fils seraient pour

moi un objet de honte ils n’en seraient pas moins mon fils ou mon frère). […]

Cela dit, comment ne me sentirais-je pas également solidaire de ceux que

l’ordonnance du 7 mars 19442 a appelés « les Français musulmans » ? Les ayant

1 Référence aux guerres de « décolonisation » : la guerre d’Indochine (1945-1954) aboutit à la séparation du Vietnam en deux états indépendants ; la Tunisie et le Maroc accèdent à l’indépendance en 1956. 2 L’ordonnance du 7 mars 1944 proclame « l’égalité des droits et devoirs entre Français musulmans et Français non musulmans » et confère l’électorat aux Algériens musulmans.

Page 48: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

conquis autrefois, nous les avons pris en charge ; aussi bien n’avons-nous jamais hésité 30 à les intégrer à notre nation, aussi longtemps qu’il s’agissait de travailler pour elle dans

nos usines et nos chantiers, de combattre ou de mourir ; hier encore, traversant la

Beauce, je me suis arrêté devant un cimetière militaire à dénombrer les tombes

marquées du croissant de l’Islam de soldats tombées pour la France, sacrifiés pour

retarder la retraite de l’été 1940… 35

Le fait que notre association ait pour origine la conquête n’est à mes yeux ni une

justification suffisante, comme le pensent les réalistes, ni une tare ineffaçable, comme

l’estiment les idéalistes, bien naïfs à mes yeux d’historien. Car enfin bien des provinces

françaises ont été à l’origine annexées par le fer et par le feu : pour ne pas remonter à la

croisade albigeoise, les Franc-Comtois n’ont pas oublié de quelles horreurs s’est 40 accompagnée la conquête de 1668-16741. Ce qui seul importe c’est que Toulouse et

Dôle sont aujourd’hui fières d’être françaises et que Chaouïas2, Kabyles et Arabes sont

en ce moment en révolte ouverte contre nous.

A qui fera-t-on croire que les fellagas3 ne sont qu’un ramassis hétéroclite de repris

de justice, de fanatiques religieux et d’agents de l’impérialisme égyptien ? Ce n’est pas 45 à nous en tout cas, les anciens résistants, qui savons ce qu’est un maquis et qu’il ne

peut tenir qu’avec la complicité profonde d’au moins une grande masse de la population.

[…]

On me demande de contribuer à maintenir la « présence française » en Afrique du

Nord : j’ai le droit, j’ai l’impérieux devoir de me demander si cette présence est 50 authentiquement française. Je redis que pour nous Français la France n’est pas la

France si elle se montre infidèle à l’image idéale qu’elle s’est proposé d’incarner.

Pas de moyens infects

[…] Historien, je me refuse à toute classification manichéenne4, comme s’il y avait

jamais eu un parti ou un peuple de Purs, affrontant les Puissances des Ténèbres. 55 Théologien5, j’ai appris de mon maître Saint Augustin, ce Berbère, que toutes les nations

qui se manifestent dans l’histoire sont nécessairement un mélange, pour nous

inextricable, de Cité du Bien et de Cité du Mal. Mais ce que la théologie, l’histoire et le

bon sens m’ont aussi appris, c’est que les civilisations qui laissent le fossé s’élargir entre

l’idéal dont elles se réclament et les réalisations qu’elles en proposent, ces civilisations-60 là meurent de leur hypocrisie.

Il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin des raisons de s’indigner […]. Je

ne prononcerai que trois mots, assez chargés de sens : camps de concentration, torture

et répression collective. […] Si les hommes du vingtième siècle doivent revenir à la

barbarie, nous attendons du moins de la France qu’elle soit la dernière à y résister. […] 65

Oui, la grandeur de la France est en péril. […] Oui, avant qu’on soit engagé plus

avant dans le cycle infernal du terrorisme et des représailles, il faut que chacun de nous

1 La croisade contre les Albigeois, appelés aussi cathares, aboutit au rattachement du Languedoc au royaume de France (1209-1229). La Franche-Comté n’est définitivement rattachée à la France qu’en 1678. 2 Les Chaouïas habitent la plaine du Maroc atlantique, les Kabyles vivent à l’est de l’Algérie. 3 Combattant algérien ou tunisien soulevé contre l’autorité française pour obtenir l’indépendance de son pays. 4 Qui apprécie les choses en termes de bien et de mal, sans aucune nuance intermédiaire. 5 Un théologien est une personne qui étudie la foi chrétienne. Saint Augustin : théologien du IVème siècle, auteur de La Cité de Dieu.

Page 49: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

entende au plus profond, au plus sincère de son cœur, le cri de nos pères : « la patrie

est en danger ! »

Page 50: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séquence 3 - L’autre e(s)t moi

Henri Marrou, « France, ma patrie », Le Monde, 5 avril 1956

Questions sur l’ensemble du document

I. Quel est le contexte de rédaction de ce texte ?

→ trois questions : quand, où, qui ?

1. Où ? → France/Algérie

2. Qui ? → Français métropolitains (« nous »)/ Français d’Algérie/ Français musulmans

(Chaouïas, Kabyles, Arabes)

3. Quand ? → 1954, pendant la guerre d’Algérie (1954-1962)

→ Autres époques évoquées :

• actualité immédiate (Vietnam, Tunisie, Maroc) ➔ la décolonisation

Quel est l’effet du rappel de ce contexte ? ➔ inscrit la guerre d’Algérie

dans un processus de décolonisation : pas seulement un événement

singulier

• 7 mars 1944 ➔ histoire de l’Algérie et de sa colonisation

• 2ème guerre mondiale ➔ dernière guerre sur le territoire français, relativement récente, donc qui est très marquante pour les lecteurs de l’époque

• Croisade des Albigeois, conquête de la France-Comté ➔ colonisation par le passé

➔ Convocation de plusieurs périodes historiques, qui se rattachent au

thème principal et serviront d’exemples dans l’argumentation.

II. Le genre et l’auteur du texte

1. Étude du paratexte

Pour déterminer la date, on a vu l’importance des informations notées au bas du texte : le

paratexte.

PARATEXTE : ensemble des éléments extérieurs au texte : titre, nom de l’auteur,

notes, préface, post-face…

Page 51: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Quelle information le paratexte nous donne-t-il sur la provenance de ce texte ? (= D’où ce texte

est-il tiré ?)

→ Le Monde

→ De quel genre de texte s’agit-il donc ? ➔ article de journal

2. L’auteur

À votre avis, l’auteur est-il un journaliste du Monde ?

→ C’est un professeur d’université, qui prend la parole en son nom.

Quels sont les éléments qui justifient cette idée ?

→ l’énonciation : forte présence de la 1ère personne ➔ implication de l’auteur

→ 2ème § : Henri Marrou se définit en tant qu’auteur de ce texte : c’est ce qu’on appelle

l’ethos

Rhétorique = ensemble des règles de l’art de la parole et des techniques de

l’argumentation (remonte à l’Antiquité gréco-romaine, dans le domaine politique et judiciaire).

À l’origine, un art oratoire.

ETHOS : la personnalité que se compose l’émetteur au cours du texte, afin de mieux

convaincre son public.

→ Quel ethos est créé ici ? Dans quel but ?

• « ni homme politique » → permet de prouver sa bonne foi, de montrer qu’il n’est pas partisan, qu’il n’est subordonné à aucun parti

• Simple citoyen → rapprochement avec le lecteur

• l 53-55 : historien (donc on peut faire confiance aux exemples qu’il donne) ; théologien (donc homme qui a l’habitude de penser, de réfléchir)

➔ Ce n’est pas un article comme les autres mais un témoignage : l’auteur prend la parole en

son nom, dans la rubrique « Libres opinions » du Monde. Il se présente comme un simple

citoyen afin de créer une proximité avec les lecteurs qu’il veut convaincre d’adopter son point

de vue au sujet de la guerre d’Algérie.

III. La thèse de l’article

Série de questions, à l’écrit :

1. Quelle thèse s’attend-on à voir développée à la lecture de ce titre ? (Pour répondre,

tenir compte du contexte de rédaction.)

Page 52: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

→ « Il faut préserver la grandeur de la France et faire en sorte qu’elle reste une puissance

coloniale » ou « Il faut défendre la grandeur de la France contre les terroristes qui réclament

l’indépendance. »

2. Quelle est, en réalité, la thèse d’Henri Marrou ? (Cette thèse est implicite, mais où

apparaît-elle le plus nettement ?)

→ La France doit accorder son indépendance à l’Algérie afin de ne pas perdre sa dignité.

L 51-52 : « Je redis que pour nous Français la France n’est pas la France si elle se montre

infidèle à l’image idéale qu’elle s’est proposée d’incarner. »

3. Quelle est la signification de l’expression qui clôt le texte, « la patrie est en

danger » ?

→ Même jeu sur « patrie » que pour le titre. Un détournement par rapport à une expression

courante, utilisée souvent dans un contexte de guerre.

Une sorte de jeu sur les mots, qui se fonde sur une redéfinition du mot « patrie ».

→ Comment cette redéfinition est-elle construite au cours du texte ?

§1 : « moral de l’armée »/ « moral de la nation »

+ l 14 : « moral du pays »

+ l 48-51 : « On me demande de contribuer à maintenir la « présence française » en

Afrique du Nord : j’ai le droit, j’ai l’impérieux devoir de me demander si cette présence est

authentiquement française. »

+ 2 derniers §

➔ Henri Marrou met en place une nouvelle idée de la grandeur de la France, non plus fondée

sur la puissance politique et coloniale, mais sur la force morale. Implicitement, évocation de la

France de la Révolution (liberté et tolérance).

4. Le texte se fonde sur d’autres renversements, plus provocateurs. Lesquels ? (des

comparaisons surprenantes pour le public de l’époque)

→ Le texte a une forte dimension polémique, fondée sur une comparaison provocatrice qui se

construit tout au long du texte : comparaison des fellagas aux résistants français et,

parallèlement, l’attitude des Français en Algérie à celle des Nazis.

• l 44-48 : « À qui fera-t-on croire… population. »

• l 62 : énumération « camps de concentration, torture et répression collective »

→ Pour justifier une prise de position si audacieuse, Marrou crée un double ethos d’historien

(donc apte à parler des événements historiques) et d’ancien résistant (héroïsme, lutte contre

l’oppression).

Page 53: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

→ Parallèlement : valorisation des Français musulmans, sur le plan militaire (héroïsme des

combattants algériens pendant la 2ème guerre mondiale) et culturel (« Saint Augustin, ce

Berbère »).

→ Condamnation du colonialisme français :

• exploitation des peuples colonisés (l 30-32 : gradation)

• critique morale des colons (l 24-25)

• réfutation des arguments adverses à l’aide d’adjectifs péjoratifs (l 19-20)

• censure volontaire (l 9-10) → on ment au pays

Bilan (à faire rédiger par les élèves) :

Proposition : Un texte dans lequel Henri Marrou expose sa conception du rôle idéal de la

France. Cette définition lui permet de s’opposer à l’attitude de la France en Algérie. Il prend

parti contre l’opinion commune, dans un journal. Il s’agit d’un manifeste.

MANIFESTE : le manifeste expose un projet et défend sa cause auprès d’un lecteur

dont il recherche l’adhésion. C’est une déclaration écrite, publique et solennelle. Le signataire

est le plus souvent un groupe, mais il peut s’agir d’un individu.

Page 54: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séquence 3 - L’autre e(s)t moi

Henri Marrou, « France, ma patrie », Le Monde, 5 avril 1956

Lecture linéaire des lignes 53 à 76

Dans les années 1950, alors que l’Algérie est une colonie française, plusieurs partis en

réclament l’indépendance. La métropole s’y oppose. En 1954 débute une guerre qui ne se

terminera qu’en 1962. Plusieurs intellectuels français, comme Jean-Paul Sartre ou Robert

Antelme, apportent leur soutien aux indépendantistes et dénoncent cette guerre. Le 5 avril

1956, le professeur d’université Henri Marrou les rejoint dans une tribune du Monde. Se

fondant sur ses connaissances d’historien, s’appuyant sur la morale chrétienne, il affirme que

cette colonisation n’est pas légitime et qu’elle nuit à l’identité même de la France. Dans les

dernières lignes de l’article, il rappelle sa thèse tout en s’efforçant d’emporter l’adhésion du

public. Comment blâme-t-il cette guerre ?

Citations Procédés Interprétations

« On me demande de

contribuer à maintenir la

« présence française » en

Afrique du Nord : j’ai le droit,

j’ai l’impérieux devoir de me

demander si cette présence

est authentiquement

française. »

Opposition des pronoms

« on » et « je »

Met en évidence la liberté

de pensée de l’individu, qui

choisit de s’opposer à

l’opinion commune, au poids

de la propagande

Emploi des guillemets Met à distance l’expression

présence française, pour

préparer le retournement de

la fin de la phrase

Ajout de l’adverbe

« authentiquement » à

l’expression « présence

française »

Emploi d’une interrogation

(indirecte)

Remise en question du bien-

fondé de la colonisation.

Pour Marrou, la France ne

correspond pas à un

territoire, mais à des

valeurs.

Antithèse entre « droit » et

« devoir »

Emploi de l’adjectif

hyperbolique « impérieux »

Mise en relief de la

nécessité de morale de

refuser la colonisation

« Je redis que pour nous

Français la France n’est pas

la France si elle se montre

infidèle à l’image idéale

Répétition et dérivation

(d’autant plus marquante

que l’on avait déjà deux

occurrences de l’adjectif

Insiste sur le patriotisme de

l’auteur (qui pourrait être

accusé, comme il l’indique

au début de l’article, de

porter atteinte au moral de

Page 55: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

qu’elle s’est proposé

d’incarner. »

« française » dans la phrase

précédente)

l’armée en remettant en

cause la guerre)

Personnification de la

France

Révèle l’importance que

l’auteur de l’article accorde à

son pays

Paradoxe Souligne la thèse de

l’auteur, selon laquelle la

France s’avilit au cours de la

guerre d’Algérie car elle

trahit ses valeurs

La longue périphrase… … donne de l’importance

aux valeurs de la

république.

Insistance sur la répétition

par l’emploi du préfixe

Manifeste l’engagement de

l’auteur

« Pas de moyens infects » Le sous-titre,

vraisemblablement choisi

par la rédaction, est une

négation et comporte un

adjectif péjoratif.

Il met en relief l’opposition

de l’auteur à ce qui se

produit en Algérie, pour des

raisons morales.

« Historien, je me refuse à

toute classification

manichéenne, comme s’il y

avait jamais eu un parti ou

un peuple de Purs,

affrontant les Puissances

des Ténèbres. Théologien,

j’ai appris de mon maître

Saint Augustin, ce Berbère,

que toutes les nations qui se

manifestent dans l’histoire

sont nécessairement un

mélange, pour nous

inextricable, de Cité du Bien

et de Cité du Mal. »

Parallélisme avec mise en

relief, en début de phrase,

d’une périphrase désignant

l’auteur

Forte présence de la

première personne du

singulier dans la phrase

Marque l’implication de

l’auteur de l’article

Passage du « je » au

« nous »

Certes, il s’agit d’un

« nous » à valeur de

singulier (tel que celui que

l’on utilise dans les

dissertations, par exemple).

Toutefois, le glissement d’un

pronom à l’autre permet

d’englober le lecteur dans le

propos, afin de le persuader.

Les deux phrases expriment

la même idée.

Cela permet de mettre en

relief l’argument.

Page 56: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Chaque phrase débute par

un nom précisant l’ethos de

l’auteur…

… pour montrer que

l’argument est doublement

valable, à la fois du point de

vue historique (argument

d’expérience) et du point de

vue religieux (argument de

valeur).

Argument d’autorité,

s’appuyant sur l’un des

pères de l’Église

Justifie le propos

argumentatif

Antithèses Permettent de contester

l’idée selon laquelle les

fellagas représenteraient un

mal à combattre. Elles

appellent à reconnaître

l’humanité de ceux que l’on

croit différents, à refuser

toute opposition qui

empêcheraient de voir en

l’autre un frère.

Périphrase pour désigner

Saint Augustin par son

origine

Joue sur les clichés pour

souligner la grande

proximité entre les Algériens

et les Français

métropolitains

« Mais ce que la théologie,

l’histoire et le bon sens

m’ont aussi appris, c’est que

les civilisations qui laissent

le fossé s’élargir entre

l’idéal dont elles se

réclament et les réalisations

qu’elles en proposent, ces

civilisations-là meurent de

leur hypocrisie. »

Connecteur logique Marque une étape du

raisonnement, pour ajouter

un nouvel argument.

(Le premier argument est

qu’il est faux de considérer

que Français et Algériens

s’opposent

fondamentalement. Le

deuxième argument est que

la France sera détruite si

elle continue la guerre

coloniale puisque cela est

contraire à ses valeurs.)

Énumération

Reprise de deux catégories

précédemment citées

Insiste sur la validité de

l’argument

Métaphore Cette métaphore met à la

fois l’accent sur la rupture et

sur le danger. Elle sert donc

Page 57: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

le propos de l’auteur, qui

affirme que la France à tout

à perdre à se couper de ses

valeurs.

Parallélisme Accentue l’opposition entre

les prétendues valeurs

françaises et la réalité de la

colonisation

Personnification et

hyperbole

Condamnent l’attitude du

gouvernement français qui

mène une guerre coloniale

et prétend contrôler l’opinion

publique

« Il n’est pas nécessaire

d’aller chercher bien loin

des raisons de s’indigner »

Litote Met en évidence les

scandales de cette guerre

d’Algérie, contraire à la

morale d’après l’auteur

Emploi du présent de vérité

générale

Permet de donner une plus

grande portée au propos, de

présenter l’opinion de

l’auteur comme

incontestable

« Je ne prononcerai que

trois mots, assez chargés

de sens : camps de

concentration, torture et

répression collective. »

Emploi de la première

personne

Retour à l’implication forte

de l’auteur

Énumération de crimes, qui

rappellent ceux des nazis

Établit une analogie entre

les crimes de guerre en

Algérie et les crimes nazis

→ blâme fortement marqué

des exactions de l’armée

française

Henri Marrou reprend ici,

implicitement, l’analogie qu’il

a établie plus haut entre les

fellagas et les résistants, si

bien qu’il légitime leur action

et condamne la position

française.

« Si les hommes du

vingtième siècle doivent

revenir à la barbarie, nous

attendons du moins de la

France qu’elle soit la

dernière à y résister. »

Terme fortement péjoratif

qui renvoie à l’énumération

précédente

Condamne les actes

commis par l’armée

française en Algérie

Emploi du verbe « résister »,

qui fait de la résistance une

valeur essentielle. Or cette

valeur a été présentée

comme celle des fellagas.

Légitime le mouvement

indépendantiste algérien

Page 58: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Emploi de connecteurs

logiques exprimant la

concession

Structure le raisonnement

pour mettre en évidence la

foi dans les valeurs

républicaines

À nouveau personnification

de la France

Marque l’attachement de

l’auteur à la France comme

symbole de valeurs morales

« Oui, la grandeur de la

France est en péril. […] Oui,

avant qu’on soit engagé

plus avant dans le cycle

infernal du terrorisme et des

représailles, il faut que

chacun de nous entende au

plus profond, au plus

sincère de son cœur, le cri

de nos pères : « la patrie est

en danger ! » »

Anaphore de « oui »,

tournure orale

Marque l’implication de

l’auteur, permet de

persuader

Emploi à deux reprises de la

première personne du pluriel

Emploi du pronom indéfini

« on » qui désigne ici un

collectif (tous les Français et

les Algériens)

Implique le lecteur pour

mieux le persuader

Périphrase péjorative

hyperbolique

Condamne la barbarie de la

guerre, qui se nourrit elle-

même

Verbe au présent de vérité

générale exprimant

l’obligation

Affirmation forte de la thèse

pour conclure l’article

Rythme binaire présentant

deux superlatifs

Accentue la volonté de

persuader, c’est-à-dire de

s’adresser aux sentiments

du public

Reprise d’expressions

convenues utilisées en

temps de guerre pour leur

donner un sens nouveau :

pour Henri Marrou, la

grandeur de la France ne se

mesure pas à l’aune de son

territoire mais de ses valeurs

Par ce renversement, Henri

Marrou provoque les

lecteurs pour leur faire

prendre conscience de la

gravité de cette guerre, qui

lui paraît illégitime.

Henri Marrou s’implique personnellement pour condamner la guerre d’Algérie, qui lui

paraît contraire aux valeurs républicaines, à la morale et au sens de l’histoire. Il montre qu’il

est illusoire de faire des combattants algériens les représentants du mal et, au contraire, établit

leur proximité avec les résistants français pendant la seconde guerre mondiale. Cette posture

est provocatrice à certains égards, puisqu’elle fait de l’armée française un équivalent des

nazis. Elle permet en réalité à Henri Marrou de proposer une nouvelle définition du patriotisme,

non plus fondée sur la défense d’un territoire mais sur la défense de valeurs communes à

toute l’humanité.

Page 59: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver
Page 60: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 10 : PUB sur l’autre et paragraphes argumentatif

Campagne de pub Benetton « Ange et démon » (1991)

Page 61: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Man RAY, Noire et blanche, 1926

Man Ray, né Emmanuel Rudzitsky (ou Rudnitsky ou Radnitzky), le 27 août 1890, à

Philadelphie, États-Unis, mort le 18 novembre 1976, à Paris, France, est un peintre,

photographe et réalisateur de films, acteur du dadaïsme à New York,puis du surréalisme

à Paris.

Déclaration de Picasso

« L'art nègre ? Connais pas ». Il précise : « Il n'y a pas d'art nègre, mais une

manifestation du génie humain qui, à la suite des circonstances, s'est exprimée et

développée en Afrique ».

Page 62: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

OUSMANE SOW

Déclaration d’OUSMANE SOW, sculpteur sénégalais

"Je représente l’Homme, c’est tout. Il y en a qui m’assimilent à tel ou tel sculpteur

européen, ce qui est inexact.

Sculpture africaine ? Mais quelle sculpture africaine ? Je sais que beaucoup de gens

comprennent ce qui m’anime. A partir de là, elles ne sont pas plus africaines

qu’européennes".

Question

En quoi la comparaison des deux oeuvres d’Ousmane Sow illustrent ses propos : « Je

représente l’Homme, c’est tout. [Mes sculptures] ne sont pas plus africaines

qu’européennes » ?

Afin de repérer les différences mais aussi (et surtout) les points communs entre ces deux

statues et ce qui les relie, vous pouvez vous servir au brouillon du tableau suivant :

Guerrier debout Victor Hugo

Société

d’appartenance

Vêtements, objets

Physique, gestes

Traits du visage,

attitude

Impression

générale

Page 63: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver
Page 64: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Document 2 : Ousmane Sow, Guerrier debout, série de statues Masaï (ethnie

africaine), 1988, exposée sur le pont des arts à Paris en 1999

Page 65: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Document 3 : Ousmane Sow, statue de Victor Hugo sur l'Esplanade des Droits de

l'Homme à Besançon

Page 66: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

REGARDS D’ARTISTES

Objectif :

- Identifier à travers les œuvres présentées ce qui relie les cultures et ce qu’elles

donnent à voir de l’universalité de chacune

- Analyser et comparer/confronter des œuvres d’art

Support :

- Photo de Man RAY, Noire et blanche, 1926, accompagné d’une déclaration de PICASSO

- Photos de deux sculptures d’Ousmane Sow, accompagnées de déclarations du sculpteur

Activités :

Document 1 :

- Projeter la photo de Man Ray, Noire et blanche. Inviter les élèves à faire le lien entre

cette photo et le thème de la séquence : une femme blanche (le modèle Alice Prin, dite «

Kiki de Montparnasse ») et un masque de femme africain

(masque baoulé de Côte d’Ivoire), la ressemblance étroite entre ces deux figures, le lien

entre deux cultures.

- Formulation de la problématique : En quoi l’art peut-il nous faire voir que l’un est

l’autre ?

- Passer à l’analyse du tableau. Demander aux élèves de proposer un plan pour organiser

cette analyse

I – Noire et blanche, de Man Ray

A – L’un et l’autre

- Faire remarquer comment ces deux figures sont mises en valeur : cadrage resserré, on

ne voit ni les bords du support ni l’extrémité du coude ni le reste du corps d’Alice, et la

Page 67: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

valeur de gris est quasiment identique et ininterrompue entre le support et l’arrière-

plan de la photographie.

- Faire relever par les élèves ce qui distingue ces deux figures : d’un côté, visage d’une

femme réelle, blanche, qui repose sur un support, allongé ; de l’autre, masque de bois

entièrement noir, « debout »

B – De l’un à l’autre

- Faire relever par les élèves les similitudes entre les deux figures : l’ovale des visages

et de leurs ombres portées, l’allongement des paupières, des cils et des sourcils, les

bouches petites, les chevelures peignées, l’aspect lisse des

peaux.

C – L’un est l’autre

- Le propos de Man Ray est-il de montrer simplement une ressemblance ? Qu’est-ce qui,

dans la photo, fait « passer » d’une figure à l’autre et suggère l’interversion des deux

figures, leur secrète identité ?

Faire observer les jeux de contraste entre le noir et le blanc générés par l’éclairage

: le volume du visage d’Alice est rendu visible par les ombres et les tracés noirs qui le

composent, alors que ce sont les éclats lumineux sur le masque qui en révèlent les

formes.

Les sillons très fins qui constituent la chevelure du masque accrochent la lumière au

point de lui conférer une valeur plus proche du blanc que celle de la chevelure du modèle.

De plus, le masque est comme « animé », mis en scène alors que le visage donne

l’impression d’une femme endormie, en retrait.

- Revenir au titre.

La photo a été publiée pour la première fois dans Vogue sous le titre « Visage de nacre

et masque d’ébène ». Pourquoi ce changement de titre ? « Noire et blanche » ne suggère

pas seulement une « addition » de deux figures, mais le fait que chacune d’elles est à la

fois noire et blanche, que leur identité est « plurielle » pourrait-on dire. A noter que

l’ordre des adjectifs dans le titre est l’inverse de celui des figures sur la photo (de

gauche à droite). C’est finalement la notion d’identités séparées qui est subvertie ici.

Page 68: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

- Lien avec la déclaration de Picasso : la beauté, comme celle des deux figures,

n’appartient à aucun peuple, elle est universelle

Documents 2 et 3

II – Les statues d’Ousmane Sow

- Distribution d’un corpus composé des documents 2 et 3 et d’une citation d’Ousmane

Sow. Les élèves sont invités à réutiliser la démarche employée précédemment pour

analyser « Noire et blanche » afin de répondre à la question

suivante :

En quoi la comparaison des deux œuvres d’Ousmane Sow illustrent ses propos : « Je

représente l’Homme, c’est tout. [Mes sculptures] ne sont pas plus africaines

qu’européennes » ?

Une aide peut être proposée : un tableau vide à compléter qui servira aux élèves à

repérer les différences mais surtout les similitudes entre les deux œuvres : par-delà les

différences dans l’apparence, dans la culture d’appartenance, ce sont deux modèles

exemplaires d’humanité, deux hommes universels, que nous donne à voir Ousmane Sow.

Guerrier debout Victor Hugo

Société

d’appartenance

Tribu Masaï France du 19e siècle

Vêtements, objets Pagne, lance et bouclier,

guerrier presque nu

Redingote, montre

Physique, gestes Debout, très droit, torse puissant, épaules très

larges, bras le long du corps et avant-bras

avancé, tête penchée, chevelure abondante, un peu

désordonnée pour le guerrier Masaï, qui

est immobile, Victor Hugo regarde sa montre

Page 69: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Traits du visage,

attitude

Lèvres fermées, yeux mi-clos, dirigés vers le bas,

mais comme tournés vers l’intérieur,

impression de concentration

Impression

générale

Impression de puissance et de calme (pas de

violence), de solennité, de dignité. Deux êtres

dont émane une grande force et qui suscitent

l’admiration et le respect

- Réponse à la problématique : L’art, en nous faisant accéder à l’universel, peut

permettre de nous faire voir la beauté et l’humanité propres à chaque peuple et

culture.

Page 70: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 12 : Speed booking

Page 71: Séquence 3 : SANS TITRE Citation à trouver

Séance 13 : Evaluation