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Langue médiévale, année 2015 (Nathalie Koble) La subordination en ancien français : aide-mémoire Il y a 3 moyens fondamentaux d’expansion d’un énoncé initial : juxtaposition, coordination et subordination. Cette dernière est une opération de nature syntaxique qui consiste à enchâsser une phrase (qui devient la sub) dans une phrase matrice (qui devient la principale). C’est donc un moyen économique qui permet à la langue d’exprimer le plus possible avec un matériel réduit. Par rapport à la coordination, qui repose sur une égalité des rôles syntaxiques, la subordination est une relation dissymétrique entre 2 phrases dont l’une, la subordonnée, reçoit sa fonction de l’autre, la principale, sans réciprocité. On classera les différents types de subordonnées selon la présence, la nature et la forme du mot subordonnant marquant l'enchâssement de la proposition dans une autre. La subordonnée se reconnaît en général à la présence d’un terme introducteur, qui marque la relation de dépendance : conjonction de subordination (ou locution conjonctive –que, quant, pour ce que), ou pronom relatif. Ces termes sont des subordonnants purs (que complétif), ou bien s’ajoute à leur fonction un rôle sémantique par rapport à la principale ou syntaxique dans la subordonnée (précision circonstancielle, fonction dans la sub pour les relatifs) En AF, pb des limites avec la coordination (notamment lorsque la subordination est assurée par que) et avec la juxtaposition (cas de parataxe) D’autre part, certaines subordonnées sont introduites par des adverbes, adj ou pronoms : les interrogatives partielles (quel, comment, pourquoi) plan en trois temps I Les subordonnées pour lesquelles le mot introducteur est une

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Langue mdivale, anne 2013

Langue mdivale, anne 2015(Nathalie Koble)

La subordination en ancien franais : aide-mmoire

Il y a 3 moyens fondamentaux dexpansion dun nonc initial: juxtaposition, coordination et subordination. Cette dernire est une opration de nature syntaxique qui consiste enchsser une phrase (qui devient la sub) dans une phrase matrice (qui devient la principale). Cest donc un moyen conomique qui permet la langue dexprimer le plus possible avec un matriel rduit. Par rapport la coordination, qui repose sur une galit des rles syntaxiques, la subordination est une relation dissymtrique entre 2 phrases dont lune, la subordonne, reoit sa fonction de lautre, la principale, sans rciprocit.

On classera les diffrents types de subordonnes selon la prsence, la nature et la forme du mot subordonnant marquant l'enchssement de la proposition dans une autre.

La subordonne se reconnat en gnral la prsence dun terme introducteur, qui marque la relation de dpendance: conjonction de subordination (ou locution conjonctive que, quant, pour ce que), ou pronom relatif. Ces termes sont des subordonnants purs (que compltif), ou bien sajoute leur fonction un rle smantique par rapport la principale ou syntaxique dans la subordonne (prcision circonstancielle, fonction dans la sub pour les relatifs)

En AF, pb des limites avec la coordination (notamment lorsque la subordination est assure par que) et avec la juxtaposition (cas de parataxe)

Dautre part, certaines subordonnes sont introduites par des adverbes, adj ou pronoms: les interrogatives partielles (quel, comment, pourquoi)

plan en trois temps

I Les subordonnes pour lesquelles le mot introducteur est une marque suffisante de subordination

1) le mot subordonnant est un pur marqueur de subordination: les subordonnes conjonctives pures

- outil introducteur : que: vide de sens

- Elles sont dites compltives car elles possdent une fonction essentielle (cod) par rapport aux principales dont elles dpendent. Elles ne peuvent tre ni supprimes ni dplaces.

- Question du mode (dpend du smantisme du verbe rgissant, voir cours sur le subj)

Annonce frquente par un pronom neutre (ce) ou par expressions indfinies (une rien)

=> origine des locutions conjonctives pour ce que sanz ce que = ce lment dappel cataphorique, noyau de locutions conjonctives plus ou moins figes :

2) le mot subordonnant exprime la modalit interrogative: la prop sub interrogative indirecte totale

= galement une compltive.

mot introducteur = se

3) le mot subordonnant est une conjonction dpourvue de fonction grammaticale mais jouant un rle smantique: les conjonctives circonstancielles

-Reprendre l'tude du mode

- Etudier les outils conjonctifs: QUE seul, QUE vicaire (quand X vint et que), conjonctions synthtiques hrites du latin (come < quomodo, quant) et locutions conjonctives souvent formes avec QUE (et signaler les cas de tmse : ains que)

Cause:

distinguer cause explicative (parce que, pour ce que) et justificative (puisque, quant = 2 actes de langage successifs)

Cas de QUE causal et de la limite avec la coordination: cf car.

Hypothse (voir cours sur le subjonctif)

comparaison

= Subordonne part: nest pas complment de phrase comme les autres: la circonstance en effet ne concerne pas lensemble de lnonc, mais le seul lment de celui-ci qui prcde la subordonne. Dailleurs celle-ci est trs peu mobile: elle est presque toujours postpose la principale.

temps

des que, tant que, tres que, ainz que, etc

4) le mot subordonnant marque la subordination et exerce une fonction grammaticale dans la subordonne: les relatives

Outils introducteurs: qui, cui, queQUOI est utilis derrire prp: ore na il de quoi il se deffendeattention : tendance de que devenir un relatif universel:

(Mnard 71) : que devient en AF une sorte dadverbe relatif qui marque librement diverses relations. Il peut dvelopper un complment de lieu ou de temps (que la place de ou)

Buridant rattache ce cas le cas limite o que explicite un antcdent circonstanciel aprs une principale ngative: Il norent mie quatre lieues al quen mi la voie ont un vilain trov

De manire plus gnrale tendance faire de que un relatif universelavec dcumul partiel des valeurs: que reste subordonnant et reprsentant mais nindique pas la fonction. Phnomne favoris par:

le mouvement gnral de rduction de la dclinaison au profit du CR

l'analogie de que pouvant remplir fonction de S neutre relatives adjectives: le pronom relatif reprsente un antcdent nominal ou pronominal (nous, qui) = emploi non autarciqueLe pronom est subordonnant + anaphorique + fonctionnel (prcise la fonction que le terme occupe dans relative)

Le relatif et son antcdent peuvent tre disjoints en AF (Buridant les appelle des "relatives non contactuelles")

Les relatives adjectives font partie des modificateurs du nom ; elles fonctionnent comme des complments du nom, avec lequel elles entretiennent un rapport restrictif (=dterminatives) ou appositif (=explicatives).

relatives substantives

Le pronom relatif remplace en lui-mme un nom ou un pronom absent du texte = relatif autarcique

La relative assume une fonction nominale.: Qui a cheval, si ceure tost

Le pronom peut tre prcd dun dterminant corrlatif (celui, tel) qui possde une valeur cataphorique ex. cil qui tiex nen set mot qui en sera iriez. Dans cette construction, la prop relative occupe une position marque en fin de phrase en exprimant le fait informativement le plus important. Le fait connu, thmatiquement pos, est dans la principale, et le prdicat dans la sub.

employ sans antcdent, que est un pronom neutre (FM ce que) qui peut tre sujet ou complment cf Que plaist a cels a cez ennuie (ce qui plat lun dplat lautre)

Cas particulier de lexpression faire que cortois; que croire : 1 prop relative elliptiquedu verbe et du S : "faire que hom cortois feroit". 1 cas limite de subordination dans la mesure o le tour en vient tre lexicalis (= agir en homme courtois).

relative indfinie valeur hypothtique

On peut rattacher ce type de relatives la relative valeur hypothtique o le relatif antcdent implicite sans rfrent dans la prop principale quivaut si lon

ex. Mes qui les assaudra, il se deffendront (mais si on les attaque).

Relative au subjonctif valeur dopposition

mes qui parlast, la roine fu tesant et coie (mais quel que soit celui qui parlt)

Relatives valeur concessive (avec relatifs composs)

Cest encore le relatif autarcique QUI qui fonctionne dans les propositions concessives en QUI QUE, QUI QUI (ex. ki quen plurt ni ki ken rie), CUI QUE, QUOI QUE + subj

- Pb de lorigine de ces constructions

lorigine des interrogatives indirectes dpendant dun verbe sous-entendu signifiant en substance peu importe ou sans se demander, sans chercher savoir. le 1e lment serait un pronom interrogatif et 2e lment 1 relatif

+ origine latine qui que, qui < quisquis

- Ces propositions relatives indfinies / indtermines valeur concessive sont au subj et sont formes avec des relatifs dits composs. Le 1e terme (quon qualifie faute de mieux, dit Moignet, dindfini), sert dantcdent au 2e. Assez vite dans l'histoire du franais l'ensemble est peru comme un relatif indfini (donc autarcique)

antcdent indf (pronom indf, relatif) + relatif

Qui que + subj : que quil en die

adj interro + relatif : quel part quil aille, quel que pes i face (quelque paix quil fasse)

pronom adv relatif + relatif : U que li reis dest aller

Il existe galement des relatifs en emploi coupl sans valeur concessive: ex. de quanque onques tint ton pere = quant (< latin quantum combien) + que tout ce que = locution relative sans antcdent en position de S ou de rgime.

Remarque : Ces relatives sont en fonction de complment circonstanciel de concession et donc parfois classes avec les circonstancielles

5) pbs spcifiques

CE QUE(voir cours sur les dmonstratifs)

Distinguer ce que relatif des ce que conjonctif:

FM Je moppose ce que tu viennes (compltive) vs Je moppose ce que tu viens de me dire (relatif)

- Ce que relatif: ce joue le rle de cod dans la principale = les choses que Fai ce que il te plait- Ce que conjonctif: la complmentation du verbe rgi (celui de la subordonne) est complte et le ce ny joue aucun rle. = ceci, savoir que

o sent Rollant que la mort li est pres

Dans le cas dun ce que relatif, le ce peut ne pas tre exprim en ancien franais: Oez, seignurs, que dit Marie

NB ce que peut introduire galement une interrogative indirecte (je ne sais ce qui marrive, je me demande ce qui se passe > cest ici le smantisme du verbe rgissant qui permet de faire la diffrence avec la relative substantive)

Que que, valeur distributive : que mors que pris = relatifs lexicaliss en syntagme valeur distributive marquant un paralllisme (lun lautre, les uns les autres).

II Les proposition subordonnes pour lesquelles le mot introducteur nest pas une marque suffisante de subordination

1) la prop interrogative indirecte partielle- mot introducteur = adv, adj, pronoms interrogatifs de linterrogation totale

pourpensent soi que il feront et comment il se contendront

ne sai coment te die pour quoi je sui

rappel: les interrogatives totales indirectes introduites par se (qui nest pas vide smantique, puisquil introduit linterrogation) sont des conjonctives; les partielles occupent une place part, ni relatives, ni conjonctives. Les termes introducteurs ne sont pas des marqueurs spcifiques de subordination

elles admettent le subj et lindicatif (ou linfinitif)

2) la prop subordonne exclamative indirecteVeez quel tor! = une prop exclamative indirecte elliptique du verbe

III Les prop subordonnes sans mot subordonnant

1) les participiales

Peu nombreuses en AF

2) les infinitives

3) le pb de la parataxe

Le terme soppose gnralement hypotaxe et subordination, mais il connat des df flottantes. On lemploie tantt pour des cas de juxtaposition de prop, pour des phnomnes de subordination implicite, et en cas dabsence de mots subordonnants (on parle alors de parataxe elliptique).

Distinguer 3 cas :

a) la parataxe comme juxtaposition agrgative de 2 prop non hirarchises

On peut la rigueur en parler dans une tude sur la sub lorsquil existe entre 2 prop une relation logique qui pourrait tre explicite

effacement du subordonnant: non expression du strument introduisant une prop sub dpendant dun verbe intro. Il faut donc les mentionner

Fait assez frquent en AF

Gnralement analys comme un fait de syntaxe archaque + comme lorigine 2 prop senties comme indpendantes. En fait, pas sr: cf anglais moderne I believe (that) he will come = conomie spontane dun morphme non indispensable

omission de que compltif: attention la ponctuation de lditeur

cil li prient por Dieu nel faceque conscutif: omission favorise par la prsence dun corrlatif (tant, si) dans la rgissante. Omission concide souvent avec la csure ou l'attaque du vers. La pause accentuelle permet la fois de souligner le dcoupage syntaxique en prop et dassurer la cohsion en dehors de tout outil de nature syntaxique.

qui relatif : ex. construction type ni a celui (qui)constructions particulires qui relvent formellement de la parataxe mais peuvent tre gloses par des sub

hypothtiques: "ntait son accent, on le prendrait "

Que fust seur aux la force moie, / mout volentiers men vengeroie!

A lorigine, tour qui traduit le regret avec un que bquille facultatif.

- hypothtique / concessive avec alternative

ou li soit bel ou li soit grief

= ANNEXE : LES TERMES DE BASE QU-

=Ce sont des signes polyfonctionnels, issus de thmes indo-europ en kwei et kweo. En latin pronoms adj relatifs qui / quae / quod, pronoms interro-indfinis quis / quae / quid, conj de sub quod / quia

En AF :

- Qui, cui, quoi: catgories des pronoms

- QUEL: adj

- Que: pronom + conjonction

Lequel pronom

Buridant propose dinclure dans cette tude sur le relatif-interro-conjonctif de base QU- les formes dont et ou (o